Defauconpret,
ou le demi-siècle d’Auguste
Pauvres traducteurs ! Ces grands oubliés de la littérature, lors même qu’on s’intéresse à
leur production, demeurent négligés par la critique comme par l’histoire littéraire. Il
arrive, certes, que leur travail fasse l’objet d’études savantes, le plus souvent
soucieuses d’établir certains critères de comparaison entre l’original et sa version
traduite, de distribuer les éloges ou les reproches au nom d’une fidélité bien chimérique
et d’une élégance toute subjective, de repérer derrière la pratique une théorie plus ou
moins consciente. Mais des traducteurs, des traductrices, nous ne savons presque rien.
Les questions pourtant se pressent, multiples et dignes de notre intérêt. Qui sont les
traducteurs du XIXe siècle ? D’où leur vient leur connaissance de la langue ? D’où leur
soif ou leur besoin de traduire ? Quel est leur statut dans la France romantique ? Enfin
et surtout : se trouvent-ils en amont ou en aval des évolutions théoriques qui, d’un
siècle à l’autre, ont bouleversé la notion même de traduction ? Traduction interlinéaire,
version, adaptation, traduction littérale, paraphrase, imitation, traduction libre : autant
de conceptions que l’on voit se succéder, ou se chevaucher, sans toujours savoir si de
tels changements sont dictés par l’époque, par l’éditeur ou par le choix personnel du
traducteur – sans savoir, en d’autres termes, si ce dernier suscite ou subit les mutations
survenues dans l’art de traduire entre le début et le milieu du XIXe siècle.
Il y a trente ans déjà. George Steiner déplorait que le traducteur commence tout
juste à « se dégager d’un arrière-plan de grisaille et de servitude. Et encore tient-il
souvent lieu de cible : on découvre qui a donné accès à Proust et à Dostoïevski quand
on s’aperçoit que le travail demande à être refait ». De même, poursuit Steiner,
on parle de « l’influence énorme » de Werther, et de la façon dont les romans de
Walter Scott ont remodelé la conscience que l’Europe avait du passé. Que sait-on
encore de ceux qui ont traduit Goethe et Walter Scott, qui ont été les vrais messagers
de cette influence ? L’histoire [...] n’a pas un mot pour Auguste-Jean-Baptiste
Defauconpret dont les traductions sont l’instrument de ce choc1.
Or, l’histoire n’est pas restée tout à fait muette au sujet d’Auguste Defauconpret.
Le plus prolifique des traducteurs de son temps – on lui attribue entre cent dix et quatre
cents ouvrages – a bien laissé quelques traces, relevées et suivies notamment par le
comparatiste Jacques Béreaud2. Dans un article fort documenté, celui-ci retrace la
carrière intellectuelle de Defauconpret pour étayer sa théorie : puisque les traductions
de l’époque romantique sont en grande partie des adaptations, c’est le style des
traducteurs eux-mêmes qui a influencé la littérature française – et non le style propre
de Walter Scott ou de Fenimore Cooper. Nous reviendrons sur les conclusions,
surprenantes et judicieuses, que tire Béreaud de sa comparaison raisonnée entre Scott
et sa traduction par Defauconpret ; pour l’heure, c’est à l’homme lui-même que nous
voudrions accorder une fugitive résurrection.
1
George Steiner, Après Babel [1975], trad. fr. Lucienne Lotringer, Paris, Albin Michel,
1978, p. 253-254.
2
Jacques G. A. Béreaud, « La traduction en France à l’époque romantique », Comparative
Literature Studies, n° 8, 1971, p. 224-244.
Parmi les notices biographiques consacrées à Auguste Defauconpret, la plus
longue demeure assez sommaire :
Né à Lille le 12 juillet 1867, il vint à Paris faire ses études au collège Mazarin et, dès
l’âge de vingt ans, s’essaya en littérature. En 1795 toutefois, il acquit une étude de
notaire à Paris et la conserva jusqu’en 1814 ou 1815. Ruiné alors par de mauvaises
spéculations ou par l’inexactitude de ses subordonnés, il dut abandonner son étude et
se réfugier à Londres, probablement pour fuir ses créanciers. En 1802, il avait déjà
fait imprimer un Nouveau barême, ou tables de réduction des monnaies et mesures
anciennes en monnaies et mesures républicaines, qui avait eu du succès. À Londres,
il commença par donner quelques œuvres originales : Quinze jours à Londres à la
fin de 1815 (1816) ; Londres et ses habitants (1817) ; Anecdotes sur la cour et
l’intérieur de la famille Napoléon, 1818 ; Voyage vers le pôle arctique. Une année à
Londres, 1819 ; Londres en 1819 (1824), Londres en 1820 en 6 vol. et des romans
historiques. Peu après, avec la collaboration de son fils, il entreprit un immense
travail de traduction de romans anglais : tout Walter Scott, tout Fenimore Cooper,
qu’il fit, l’un et l’autre, connaître en France ; des œuvres de John Banim, de Wash
Irving, de Horatio Smith, de Fred. Marryat, de Ch. Dickens, de bien d’autres
romanciers encore, soit environ 500 volumes. Defauconpret rentra en France
lorsqu’il fut, sans doute, à l’abri de toute poursuite, et mourut à Fontainebleau le 11
mars 18433.
D’autres sources nous apprennent que les études de Defauconpret furent brillantes,
qu’il a écrit dans sa jeunesse des poésies latines et traduit quelques pages des
classiques, enfin qu’il s’est, « comme chaque débutant, [livré] à la composition de tous
les genres, depuis le madrigal et le vaudeville jusqu’à la tragédie. Ces différents essais
restèrent inédits »4. Même après son départ pour l’Angleterre, il manifeste un goût très
classique, dont le style de ses traductions se ressent à l’évidence.
Que pouvons-nous tirer de ce bref résumé d’une vie de soixante-seize ans, et d’une
carrière qui s’étend sur un demi-siècle ? D’abord que le métier de traducteur fut moins
un choix pour lui qu’une nécessité : voici Defauconpret, notaire en faillite et en cavale,
qui passe la Manche afin de fuir ses créanciers et s’installe à Londres pour un exil
involontaire. Il y observe ses contemporains étrangers avec l’œil candide et acerbe
d’un Persan de Londres. Ses diverses études de mœurs sur la société londonienne
révèlent ainsi un homme charmant, spirituel, manifestant à l’endroit des Anglais une
ironie pleine de tendresse, et à son propre égard un humour sans doute récolté en
voyage. Dans une lettre à un ami anglais, il annonce son retour prochain et un
troisième ouvrage sur les bizarreries d’Albion :
Il y a longtemps que je jouis [en France] d’une atmosphère sans brouillards, j’y
respire trop librement, mes poumons sont trop dilatés ; il faut que l’air épais de la
Grande-Bretagne comprime leur trop grande élasticité. [...] J’avoue qu’après avoir
récolté deux fois dans le champ du ridicule, ce n’est pas sans quelque crainte que je
forme le projet de chercher à y faire une troisième moisson : mais dans une terre si
fertile, il me semble qu’on peut toujours espérer de trouver à glaner5.
Tout à ses piques contre l’Angleterre, Defauconpret omet de mentionner qu’il
vient y faire oublier ses dettes... Une fois installé à Londres, il se tient au courant de
3
Roman d’Amat (dir.), Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey, 18 vol.,
1965.
4
Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, Paris, Desplaces, 24 vol., 1855. art.
Defauconpret.
5
Auguste Defauconpret, Une année à Londres, Paris, 1819, p. 1-3.
l’actualité littéraire, s’en fait le chroniqueur et entreprend de traduire deux des grands
romanciers en vogue, Scott et Cooper ; il ne s’arrêtera plus. Il publie en même temps
ses études de mœurs, qui plaisent assez pour mériter plusieurs rééditions, et divers
romans historiques imités de Walter Scott.
C’est précisément ici, quand il s’agit pour Defauconpret de distinguer entre son
œuvre propre et ses traductions, que l’on relève une série d’inexactitudes et
d’appropriations éloquentes. En voici quelques-unes, de plusieurs genres :
1°) En tête de son troisième roman, Robert Fitzooh (1828), Defauconpret propose
une « liste complète de ses ouvrages » où il range, parmi les productions originales,
trois volumes intitulés L’Hermite de Londres, L’Hermite en Écosse et L’Hermite en
Irlande (de 1819 à 1826). Dans sa France littéraire, Joseph Quérard montre que ces
trois livres sont en réalité traduits de l’anglais : « Comme les Français ne connaissent
guère de la littérature anglaise que ce que les traducteurs veulent bien leur faire
connaître, il est bien facile d’abuser de leur crédulité, en leur présentant des traductions
comme des ouvrages originaux, et vice versa. » Il s’agirait en l’espèce de cinq livres de
Thomas Skinner, The Hermit in London, etc., qui « ont paru en anglais, presque
toujours deux ans avant ceux de M. Defauconpret »6.
2°) Dans une notice adressée au même Quérard, pour les besoins d’une
bibliographie, le voleur d’œuvres se fait pilleur de traductions : « M. Defauconpret a
traduit, ou plus vraisemblablement fait traduire sous sa direction, de 1815 jusqu’à la fin
de 1828, un très-grand nombre d’ouvrages anglais [sans] autre collaborateur que son
fils, qui l’aide quelquefois dans ses travaux : ce qui paraîtra incroyable aux personnes
qui remarqueront que depuis 1815, M. Defauconpret, dans une liste qu’il m’a donnée
lui- même et qui n’est pas complète, a publié 422 vol., dont 47 dans le cours de l’année
1828 ! »
3°) Sans omettre ses sources, cette fois, Defauconpret a publié en 1818 des
Anecdotes sur la cour et l’intérieur de la famille Napoléon d’après les souvenirs de
Madame Durand, femme de chambre de l’impératrice Marie-Louise, en 1819 un
Voyage vers le pôle arctique inspiré des récits de voyage de Ross et Perry, et par la
suite de nombreux voyages publiés sous son nom avec la mention : « d’après...», signe
qu’un traducteur parfois plagiaire sait aussi, à l’occasion, distinguer entre son œuvre
propre, celle qu’il traduit et celle qu’il ne fait qu’adapter.
4°) Sur la couverture de ses propres romans, Defauconpret fait imprimer la
mention suivante : « par le traducteur des romans historiques de Walter Scott ».
Mieux : dans certains cas, ce modeste descriptif se substitue à son nom ! On hésite
entre aliénation et appropriation. Effacement devant l’auteur original ? Certitude, au
contraire, que d’avoir traduit Scott fait de lui, Defauconpret, un auteur à part entière ?
Imaginons que cette pratique se soit répandue : Les Fleurs du Mal, par le traducteur des
nouveaux poèmes d’Edgar Poë, Mémoires d’outre-tombe, par le traducteur de l’épopée
de Milton, Le Hussard sur le toit, par le traducteur des romans épistolaires de
Smollett... Autant d’œuvres restées anonymes, qui se prévaudraient moins d’un auteur
que d’un traducteur.
Encore convient-il de comprendre ce qu’entendait Defauconpret par une
« traduction ». L’angliciste moderne serait certes surpris par la foule d’omissions, de
contresens ou de rajouts repérés dans un travail au demeurant très honorable, voire
admirable. Comment comprendre, dès lors, les louanges sans réserve que ses
6
La France littéraire, Joseph-Marie Quérard, Paris, 1827-1857, t. Il, art. Defauconpret.
contemporains sont nombreux à lui accorder ? De ses traductions, on écrit ainsi
qu’elles « ne se ressentent nullement de la précipitation du travail, et lui ont acquis en
France une réputation méritée »7, mais aussi qu’elles sont « généralement exactes »8 ;
du traducteur lui-même, que « nous lui devons de posséder dans notre littérature les
œuvres immortelles de Walter Scott et de Cooper presqu’aussi parfaites que dans leur
langue originale »9, qu’il « se fit connaître par des traductions estimées pour leur
élégance et leur fidélité »10 ; de Scott et de Cooper, enfin, qu’ils doivent beaucoup « au
soin et à l’intelligence de leur traducteur qui a su les adapter au goût de son pays, et
donner souvent à leurs récits la rapidité qui manque quelquefois aux écrits originaux de
ces deux romanciers. Le style de Defauconpret, sans être brillant, est simple, clair et
facile11 » Ne lisons qu’avec prudence de pareils avis, sans doute de seconde main et
formés d’après des critères qui ne sont plus les nôtres : qu’un contemporain estime
Defauconpret « fidèle » – à supposer qu’il ait bien pris la peine de comparer le français
à l’original – nous en dit moins sur les traductions elles-mêmes que sur la réputation de
leur auteur et les critères de jugement de l’époque : « fidèle » à Scott et à Cooper,
Defauconpret n’a-t-il pas su les « adapter au goût de son pays » ?
Fidélité, adaptation : tout est là, dans le choix de l’une ou l’autre école, dans la
volonté de plaire au prix de compromis ou le noble désir de transmettre en l’état. Les
éloges dont s’honore notre traducteur ne font pas oublier que mainte critique sévère, et
d’ailleurs incomprise, lui fut adressée par les tenants d’une fidélité accrue. S’il séduit
Chateaubriand et des milliers d’autres lecteurs, Defauconpret indispose Hugo comme
Stendhal ; à bien d’autres encore, sa conception de la traduction apparaît dépassée, et
plus d’une voix s’élève pour réclamer davantage de scrupule12. Avec une belle
assurance, qui montre combien le débat était ouvert, Defauconpret présente une
manière d’art poétique du traducteur dans cette lettre adressée en 1819 au Journal des
débats :
Je crois qu’en faisant passer un roman d’une langue dans une autre, le premier
devoir d’un traducteur est de le mettre en état de plaire aux nouveaux lecteurs qu’il
veut lui procurer. Le goût des Anglais n’est pas toujours conforme au nôtre [...]. J’ai
donc supprimé quelques détails qui auraient pu paraître oiseux à des lecteurs
français et j’ai raccourci les portraits de quelques personnages qui ne sont
aucunement liés à l’action13.
À quoi bon s’indigner d’une attitude si franche, et surtout si partagée ? À
l’évidence, le respect dû à l’original ne fait pas encore partie des mœurs littéraires du
siècle. Retrancher ou raccourcir, ajouter ou expliciter, modifier ou altérer sont autant
de pratiques courantes à l’époque romantique, même si l’on assiste à une lente
mutation dans l’art de traduire.
Trois ans avant la lettre de Defauconpret, Madame de Staël prônait en ces termes
d’autres méthodes, au nom de la nécessaire diversité des cultures et des styles :
7
C.-A. Lefèvre, La Littérature française contemporaine, Paris, 1849.
Louis Charles Dezobry, Dictionnaire général de biographie et d’histoire, 2 vol., Paris,
1869.
9
Hippolyte Verly, Essai de biographie lilloise contemporaine, 1800-1869, Lille, 1869.
10
Alfrès Dantès, Dictionnaire biographique et bibliographique, Paris, 1875.
11
L.-G. Michaud, Biographie universelle, ouvr. cité.
12
Voir à ce sujet J. Béreaud, « La traduction en France », art. cité, p. 226-227.
13
A. Defauconpret, lettre au rédacteur du Journal des débats, 3 février 1819. On en
trouvera le texte intégral dans J. Béreaud, « La traduction en France [...] », art. cité, p. 232.
8
Il ne faut pas, comme les Français, donner sa propre couleur à tout ce qu’on traduit ;
quand même on devrait par là changer en or tout ce que l’on touche, il n’en
résulterait pas moins que l’on ne pourrait pas s’en nourrir ; on n’y trouverait pas des
aliments nouveaux pour sa pensée, et l’on reverrait toujours le même visage avec
des parures différentes14.
Nous touchons ici à un point essentiel dans l’histoire de la traduction : le décalage
entre la théorie et la pratique, entre la parole du théoricien et l’acte du traducteur.
Comme le rappelle José Lambert, non seulement l’avis de Madame de Staël ne reflète
pas celui de ses contemporains, mais elle-même n’applique guère ses beaux préceptes à
ses propres traductions. Il en découle un notable « écart entre les intentions et les
travaux des traducteurs »15.
L’évolution des traductions publiées par Defauconpret, entre les années 1810 et les
années 1830, permet de mesurer assez précisément cet écart. Au moyen d’un tableau
comparatif relevant les contresens, les faux sens, les omissions de mots, de phrases ou
de paragraphes, mais aussi les additions au texte, Béreaud montre une indéniable
prgression chez Defauconpret : sur un même nombre de pages, Les Puritains d’Écosse
de Scott (1817) présentent quatorze contresens, le Tom Jones de Fielding (1835), un
seul ; pour quarante-quatre omissions de paragraphes dans le premier roman, on n’en
relève aucune dans le second. Entre le début et la fin de sa carrière de traducteur,
Defauconpret a donc profondément modifié son approche du texte original. Aucun
document, hélas ! n’en indique les raisons. On peut seulement supposer que sa connaissance de l’anglais s’est affinée avec ses années londoniennes, et qu’il ne méritait plus
les reproches formulés contre lui (et contre ses pairs) par un auteur anonyme :
Mais, dira-t-on, comment traduire si l’on ne comprend pas l’original ? Le problème
paraît en effet difficile à résoudre ; mais l’industrie des traducteurs est grande. [...]
Sa science va-t-elle jusqu’à lui faire entrevoir à peu près le sens de la phrase,
deviner à demi l’idée de son auteur, il a recours à l’équivalent, à la paraphrase, à
l’interprétation ; ne comprend-il point, tout en s’imaginant comprendre, il use alors
du contresens ; se trouve-t-il enfin complètement en défaut, sans pouvoir se faire
aucune illusion, il lui reste encore la double ressource du non-sens et de la
suppression16.
Ainsi un traducteur à peine frotté d’anglais peut-il « accoler [son] nom à celui de
Walter Scott »... L’attaque est féroce. Elle est, surtout, parfaitement imméritée lors de
la parution de l’article en 1836. Defauconpret n’a-t-il pas de lui-même, en 1835, choisi
de réviser sa propre traduction des Puritains d’Écosse ! Entre l’une et l’autre mouture,
le traducteur a visiblement changé son approche en améliorant son anglais.
Il est également permis de supposer que les critiques à son endroit ou, plus
largement, les divers débats sur la traduction à l’époque romantique, l’ont incité à
respecter davantage l’esprit comme la lettre du texte. Autre hypothèse, qui n’exclut pas
les deux précédentes : de formation et d’esprit classiques, Defauconpret s’est encore
14
Madame de Staël, « De l’esprit des traductions » [1816], dans Lieven D’Hulst, Cent ans
de théorie française de la traduction, Lille, 1990, p. 87.
15
José Lambert, « La traduction en France à l’époque romantique : à propos d’un article
récent », Revue de littérature comparée, n° 3, 1975, p. 396-412.
16
« Des traductions », auteur anonyme, Bibliothèque universelle de Genève, juin 1836,
t. III, p. 244- 249, dans Lieven D’Hulst, Cent ans de théorie, ouvr. cité, p. 222-223.
Defauconpret n’essuie pas seul les critiques de l’anonyme pourfendeur de demi-savants,
qui s’en prend aussi à Madame de Staël pour ses traductions de Goethe, à Pichot pour son
Byron, à Guizot pour son Shakespeare...
mieux reconnu dans Fielding que dans Scott. Chez ce dernier, du reste, les passages les
mieux rendus sont précisément ceux dont le style est le moins moderne : « Dans la
mesure où la langue néo-classique de Defauconpret était, en 1820, en passe de devenir
archaïque, elle constituait donc la transposition linguistique idéale du texte de Scott »17.
Cette rencontre fortuite de sensibilités, alliée à la nécessité historique de traductions
plus fidèles, est sans doute à l’origine de l’évolution méthodologique de Defauconpret ;
son œuvre de traducteur nous apprend ou nous confirme donc ceci, qui ne doit pas
surprendre, moins encore irriter : le grand auteur est de son temps, ou en avance sur
son temps ; le traducteur, lui, est toujours (un peu) en retard.
17
J. Béreaud, « La traduction en France », art. cité, p. 235-236.