SUR LES INDIVISIBLES CHEZ PASCAL1
Pascal est un génial penseur de l’infini comme il est un mathématicien virtuose des « méthodes
des indivisibles ». On trouverait pourtant difficilement dans son œuvre de lien explicite d’un
aspect à l’autre. Pis, les rares fois où il entreprend d’expliciter ses vues sur l’infini et les
« indivisibles », dans l’opuscule De l’esprit géométrique2, c’est pour soutenir des thèses qui
semblent aller contre leur usage en mathématiques. Critiquant ces hommes « très habiles » qui
pensent qu’un espace pourrait être divisé en parties indivisibles, il se place sous la définition
euclidienne des grandeurs homogènes pour rappeler qu’un indivisible ne saurait être homogène
à une étendue et qu’on ne pourrait donc pas en faire une partie composant une étendue (OC III,
409). « Ceux qui ne seront pas satisfaits de ces raisons, et qui demeureront dans la créance que
l’espace n’est pas divisible à l’infini, conclue-t-il, ne peuvent rien prétendre aux démonstrations
géométriques » (OC III, 411). « Chose surprenante », commente Claude Merker, « le même
auteur, Pascal, qui dénie toute existence aux indivisibles dans De l’esprit géométrique, affirme
dans le célèbre avertissement de la Lettre à Carcavi : (...) C’est pourquoi je ne ferai aucune
difficulté dans la suite d’user de ce langage des indivisibles »3. Abordant cette difficulté du
commentaire, Dominique Descotes a proposé d’y discerner les traits d’une technicisation
progressive de la notion qui aurait permis de la redéfinir selon une caractérisation d’apparence
paradoxale, mais néanmoins rigoureuse4. Les définitions mathématiques étant libres, comme le
rappelle justement De l’esprit géométrique, Pascal serait fondé à faire évoluer le sens du mot
« indivisible » pour qu’il acquière cette nouvelle acception, sous réserve néanmoins et d’en
avertir le lecteur et d’en appuyer l’usage sur des justifications. Dans cet article, nous nous
proposons d’approfondir cette question et d’en tirer profit pour éclaircir les vues de Pascal sur
les indivisibles.
1. Être un indivisible, être un néant
Une partie des difficultés liées à l’usage des indivisibles chez Pascal provient de ce qu’on utilise
1
Textu paru dans Rabouin, D. et Cortese, J. F. N. “Sur les indivisibles chez Pascal”. In: Agnès Cousson (org.),
Passions géométriques. Mélanges en l'honneur de Dominique Descotes. Paris: Honoré Champion, pp. 425-439.
2
OC III, 390-412. Les datations proposées pour cet opuscule sont incertaines et varient de 1655 à 1658. L’édition des
Œuvres Complètes de Pascal par J. Mesnard, sera citée OC, suivie du numéro du volume et de la page. La
numérotation des fragments des Pensées est donnée selon les éditions Sellier (Sel.) et Lafuma (Laf.).
3
C. Merker, Le chant du cygne des indivisibles, Presses universitaires de Franche-Comté, 2001, p. 39.
4
« La rédaction des Lettres de A. Dettonville de 1658 conduit Pascal à s’expliquer à fond sur sa conception des
indivisibles. Il y est contraint par le fait que les thèses de L’esprit géométrique, à supposer qu’elles soient interprétées
étroitement par quelque demi-habile, risquent de stériliser l’invention mathématique. Il est donc conduit à élaborer,
sans contredire L’esprit géométrique, mais au contraire à partir de l’Esprit géométrique, une théorie dans laquelle le
mot indivisible revêt non plus son sens strict, mais un sens technique, paradoxal en apparence, dans la mesure où
l’indivisible est présenté à la fois comme homogène aux grandeurs d’ordre supérieur et comme divisible, mais tout
aussi rigoureuse. Et pour accoutumer l’esprit de son lecteur à cette nouvelle rhétorique mathématique, il s’explique
dans la Lettre à Carcavy par une série d’Avertissements qui, parallèlement à la marche de la démonstration,
progressent par généralisation graduelle, partant des cas les plus simples et intuitivement évidents, à des cas plus
complexes, et parfois difficiles à saisir. Insensiblement, la notion des indivisibles, qui est au départ presque purement
intuitive, se transforme en un concept de plus en plus abstrait, à une opération quasi arithmétique, qui conduit le
lecteur à raisonner sans plus s’attacher à la réalité concrète de la figure, mais à penser en termes de pure “géométrie
calculante” » (D. Descotes, « Pascal’s indivisibles », dans V. Jullien (éd), Seventeenth Century Indivisibles Revisited,
Birkhauser, 2015, p. 216-217. Nous remercions l’auteur de nous avoir aimablement communiqué la version française
originale).
souvent pour décrire sa pratique un vocabulaire qui n’est pas le sien. Ainsi doit-on commencer
par rappeler qu’on trouve dans les Lettres de A. Dettonville des références aux « véritables
règles », au « langage », à la « doctrine »5 ou à la « science » des indivisibles (10e
Avertissement)6, mais que le mot « indivisible » lui-même n’y apparaît de manière isolée qu’une
seule fois. Bien plus, pour désigner les éléments qui apparaissent dans les sommes et qui
composent les dimensions supérieures, Pascal n’utilise jamais ce terme et parle de « portions
régulières » ou de « petites portions égales »7. Or ces « petites portions » sont homogènes à la
grandeur proposée. Les critiques classiques portées contre les indivisibles, à savoir que des
éléments d'une dimension inférieure à une grandeur ne sauraient la constituer, ne s’y appliquent
donc pas. Ainsi, héritant de l’appellation « science des indivisibles » pour un certain type de
pratique mathématique, Pascal reste prudent sur la réalité des entités qui y sont impliquées.
Penseur soucieux de la langue, il accepte de définir les termes librement en géométrie et en
prévient d’ailleurs son lecteur :
Je ne ferai aucune difficulté d’user de cette expression : la somme des ordonnées, qui semble
n’être pas géométrique à ceux qui n’entendent pas la doctrine des indivisibles, et qui
s’imaginent que c’est pécher contre la géométrie que d’exprimer un plan par un nombre
indéfini de lignes ; ce qui ne vient que de leur manque d’intelligence, puisqu’on n’entend autre
chose par là sinon la somme d’un nombre indéfini de rectangles faits de chaque ordonnée avec
chacune des petites portions égales du diamètre, dont la somme est un plan, qui ne diffère de
l’espace du demi-cercle que d’une quantité moindre qu’aucune donnée. (OC IV, 424)
L’occurrence du mot « indivisible » isolé apparaît lors d’un résultat proposé juste après
l’introduction des sommes pyramidales8. La somme des quantités A, B, C… multipliées chacune
par le carré correspondant à sa position (1², 2², 3²…) est égale, écrit Pascal, à deux fois la
somme pyramidale de ces quantités, moins leur somme triangulaire – ce que l’on peut
représenter, avec des notations modernes, de la manière suivante :
Dans cette somme, quand il y a « tant de quantités qu’on voudra » (OC IV, 430), on peut
négliger le dernier terme, ce que Pascal exprime comme suit :
Car ces carrés étant 1, 4, 9, etc., il s’ensuit que la somme des ordonnées, multipliées chacune
par chacun de ces carrés, est la même chose que leur somme pyramidale prise deux fois, moins
leur somme triangulaire prise une fois. Or cette somme triangulaire n’est qu’un indivisible à
l’égard des sommes pyramidales. (OC IV, 431)
Chose remarquable, l’unique occurrence du mot « indivisible » seul le fait donc apparaître dans
un contexte purement relationnel. La somme triangulaire n’est pas un indivisible en soi. Elle ne
le devient que par rapport à une autre somme. Dettonville justifie cette assertion du fait que la
première possède « une dimension de moins » que la seconde. Il donne alors un certain nombre
5
Ces trois expressions apparaissent dans le 5e Avertissement de la Lettre de Monsieur Dettonville à Monsieur de
Carcavy. C. Merker interprète ce passage comme témoignant d’un Pascal « nominaliste », utilisant une méthode des
indivisibles sans indivisibles (op. cit., p. 39).
6
Si l’expression « méthode des indivisibles » ne se trouve pas, à proprement parler, les « véritables règles des
indivisibles » sont bien qualifiées de « méthode » (OC IV, 424).
7
Autres désignations utilisées : « portions égales et indéfinies », « petites distances égales d'entre les plans voisins »,
« petites parties » ou « parties égales ».
8
Les sommes triangulaires et pyramidales sont construites par Pascal dans un contexte arithmético-géométrique. La
somme triangulaire des quantités A, B, C à partir de A est égale à A+ B + C, plus B + C, plus C. De manière que la
somme triangulaire de A, B, C… à partir de A est équivalente à 1.A + 2.B + 3.C ... . Quant à la somme pyramidale,
elle est une somme simple de sommes triangulaires. La somme pyramidale des quantités A, B, C à partir de A est
donc égale à la somme triangulaire de A, B, C, plus la somme triangulaire de B, C, plus la somme triangulaire de C,
c’est-à-dire 1.A + 3.B + 6.C ...
d’équivalents justifiant cette comparaison :
Or cette somme triangulaire n’est qu’un indivisible à l’égard des sommes pyramidales,
puisqu’il y a une dimension de moins, et que c’est la même chose qu’un point à l’égard d’une
ligne, ou qu’une ligne à l’égard d’un plan, ou qu’un plan à l’égard d’un solide, ou enfin qu’un
fini à l’égard de l’infini ; ce qui ne change point l’égalité. (OC IV, 431)
Or si en effet « c’est la même chose », du point de vue dimensionnel, qu’un point à l’égard
d’une ligne (ou une ligne à l’égard d’un plan, un plan à l’égard d’un solide), il n’en va pas de
même du fini par rapport à l’infini. De fait, un segment fini et une ligne infinie, par exemple,
ont la même dimension géométrique. On voit à nouveau l’importance du point de vue
relationnel (« être un indivisible à l’égard de »), qui autorise à étendre l’expression « une
dimension de moins » à des grandeurs qui ne sont pas de dimension différente du strict point de
vue géométrique, mais relèvent plutôt de différents ordres de grandeurs.
Pour comprendre cette extension, il faut se souvenir que c’est un principe maintes fois répétés
par Pascal que le fini est un néant par rapport à l’infini. Une telle vue règle la hiérarchisation de
valeurs mise en œuvre dans les Pensées, notamment dans le célèbre fragment sur la
Disproportion de l’homme (Sel. 230, Laf. 199) :
Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est au prix de ce qui est, qu’il se regarde
comme égaré dans ce canton détourné de la nature, et que de ce petit cachot où il se trouve
logé, j’entends l’univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même,
son juste prix.
Qu’est-ce qu’un homme, dans l’infini ?
Identifiant les deux infinis dans la nature, Pascal demande: « car enfin qu’est-ce que l’homme
dans la nature ? ». La réponse est bien connue : « Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard
du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes ». On voit
bien ici le caractère relationnel de ce qui peut être tantôt un rien, tantôt un tout, en fonction de
ce à quoi il est comparé9. Le fragment « Infini rien » nous rappelle que « L’unité jointe à l’infini
ne l’augmente de rien, non plus qu’un pied à une mesure infinie. Le fini s’anéantit en présence
de l’infini et devient un pur néant » (Sel. 690, Laf. 418). Des éléments d’un ordre de grandeur
inférieur peuvent être négligés par rapport à un ordre supérieur, ce qui apparaît également dans
le fragment des trois ordres (Sel. 339, Laf. 308), aussi bien que dans la conclusion du traité de la
Sommation des puissances numériques, sur laquelle nous reviendrons.
2. « Indivisibles » et méthode
Pour poursuivre l’enquête sur le sens des « indivisibles » dans la pratique mathématique de
Pascal, il nous faut donc considérer leur contexte d’apparition privilégié, soit la « méthode »
dans laquelle ils prennent sens. Il est courant de tracer une ligne d’opposition entre les méthodes
des Anciens, dites « d’exhaustion », comme on les trouve chez Euclide ou Archimède, et la
méthode des Modernes qui procède de manière « directe », par « passage à la limite ». La
première propose des suites de figures inscrites et circonscrites, pour montrer ensuite, par une
double reductio ad absurdum, et en les comparant à une aire égale à la figure qu'on cherche à
mesurer, que celle-ci ne peut être ni plus petite que l'inscrite ni plus grande que la circonscrite,
quand on prolonge les deux suites autant qu'on veut. La méthode des limites, au contraire, ne
nécessite pas de passer par un procédé d’inscription et de circonscription : son approche directe
permet de s’approcher indéfiniment de l’aire de la figure cherchée sans passer par des
9
Voir le commentaire de D. Descotes au fragment Sel. 540, Laf. 656 (Édition électronique des Pensées de Blaise
Pascal, http://www.penseesdepascal.fr/, consulté le 25 février 2017).
considérations par l’absurde.
E. J. Dijksterhuis a proposé de qualifier la méthode ancienne de « passage indirect à la limite »,
car elle repose dans son principe sur l’inexhaustibilité de l’infini et ne devrait donc pas être
qualifiée de méthode d’« exhaustion »10. Il montre d’ailleurs qu’il y a plusieurs formes de cette
méthode chez Archimède : la méthode de compression, qu’on trouve le plus souvent, et la
méthode d’approximation au moyen d’une seule suite convergente – qui ressemble beaucoup à
la méthode moderne !11 Identifier une « méthode des anciens » n’est donc pas aussi simple qu’il
y paraît. La chose est importante, car si Pascal utilise généralement une approche directe, il
insiste sur le fait que l’expression des méthodes des indivisibles en termes de grandeurs
homogènes permet de procéder d’une manière équivalente à « la manière des anciens » :
J’ai voulu faire cet avertissement pour montrer que tout ce qui est démontré par les véritables
règles des indivisibles se démontrera aussi à la rigueur et à la manière des anciens ; et qu’ainsi
l’une de ces méthodes ne diffère de l’autre qu’en la manière de parler. (OC IV, 424)
La différence entre les deux méthodes n’est donc pas substantielle à ses yeux. De fait, il est un
premier point où la méthode de Pascal est encore très proche de celle des Anciens, c’est par son
recours à un infini qui reste délibérément potentiel. Ainsi quand Pascal présente sa méthode
générale pour les centres de gravité, il propose que la balance soit divisée « en tant de parties
égales qu’on voudra » (OC IV, 417). Cette division se fait alors dans une multitude « indéfinie »
de parties (OC IV, 423), c’est-à-dire en « une multitude ou un nombre plus grand qu’aucun
nombre donné » (OC IV, 440)12.
Nous nous écartons sur ce point de l’intéressante étude d’Antoni Malet13 : si effectivement il y a
glissement de sens du mot « indivisible » au XVIIe siècle, le terme étant parfois compris comme
un « infinitésimal » (une entité actuellement infiniment petite), cela ne semble pas être le cas
chez Pascal. Les petites portions pascaliennes sont associées à des divisions indéfinies. Pourraiton leur donner un autre nom ? Une recension de 1864 sur deux livres de Hamilton propose de
bannir des termes comme « infini » et « infinitésimal » des traités mathématiques, au profit
d’« indéfini » et « indéfinitésimal »14. On pourrait ainsi déclarer que les petites portions avec
lesquelles Pascal opère sont des « indéfinitésimaux ». Le point à noter est qu’il ne s’agit de
calculer ni avec des « indivisibles » au sens propre (si par ceux-ci on entend des éléments nondivisibles, sans parties), ni avec des « infinitésimaux » (si par ceux-ci on comprend des éléments
issus d’une division actuellement infinie).
On peut également considérer un passage de Carnot à propos de la méthode de Pascal que
rappelle la recension de 1864 :
Il est clair […] qu’il [Pascal] attachait au mot indéfini la même signification que nous attachons
au mot infini, qu'il appelait simplement petit ce que nous appelons infiniment petit, et qu'il
négligeait sans scrupule ces petites quantités vis-à-vis des quantités finies15.
10
Archimedes [1956], Princeton University Press, 1987, p. 130-133.
Pour cette dernière, une seule occurrence est préservée dans La Quadrature de la parabole (18-24).
12
« Aucun » doit s’entendre ici dans le sens qu’il avait encore au XVIIe siècle et qui correspond à son étymologie
(aliquis unus) : un quelconque. Il s’agit donc de faire valoir que pour tout nombre fixé, il est possible d’en prendre un
plus grand. Le caractère relationnel de cet infini est bien marqué du fait que Pascal utilise systématiquement pour s’y
référer le terme « indéfini ».
13
From Indivisibles to Infinitesimals, Universitat Autonoma de Barcelona, 1996.
14
« The Conditioned and the Unconditioned », North American Review, Review 99, n. 205, oct. 1864, p. 431. La
recension, publiée comme anonyme, a été postérieurement attribuée à F. E. Abbot (The collected essays of Francis
Ellingwood Abbot (1863-1903), American philosopher and free religionist, vol. IV, New York, Edwin Mellen, 1996,
p. 418).
15
Réflexions sur la métaphysique du calcul infinitésimal, 3 éd., Paris, 1839, p. 145-146.
11
Carnot a raison sur le fait qu’il faut négliger ces quantités, mais doit-on pour autant considérer
que l’indéfini pascalien est équivalent au sens que « nous » attachons au mot infini ?
Uniquement si « nous » entendons par là un infini « potentiel ».
Quant à la traduction complète dans la méthode des Anciens, c’est-à-dire à l’aide d’un
raisonnement par l’absurde, Pascal l’a lui-même entreprise dans la dernière des Lettres de A.
Dettonville16. Il s’agit de démontrer que la spirale archimédienne est égale à une certaine
parabole, fait déjà observé par Roberval et par Torricelli (dans un manuscrit non publié). La
démonstration, dit Pascal, sera faite sans s'arrêter « ni aux méthodes de mouvements, ni à celles
d'indivisibles, mais en suivant celles des anciens, afin que la chose pût être désormais ferme et
sans dispute » (OC IV, 543. Nous soulignons).
La résolution procède par figures inscrites et circonscrites, et compte trois parties. On suppose
tout d’abord que la différence entre les deux lignes est égale à 3Z (Z étant une ligne fixée qu’on
se donne pour mesurer l’erreur). On montre alors : 1. que la différence entre l’inscrite à la
parabole et l’inscrite à la spirale peut être rendue moindre que Z ; 2. que la différence entre la
circonscrite à la parabole et la circonscrite à la spirale peut être rendue moindre que Z ; 3. que la
différence entre l’inscrite à la parabole et la circonscrite à la parabole peut être rendue moindre
que Z17. Dans la démonstration, on retrouve plusieurs raisonnements a fortiori, qui peuvent être
traduits sous la forme : si une quantité B est moins grande que A, et si C est moins grande que
B, alors à plus forte raison C est moins grande que A. Cela va avec l’approximation successive
de la grandeur à calculer. Pour la démonstration finale, Pascal somme ces trois différences pour
conclure que l’ensemble (qui représente la différence entre la parabole et la spirale) est moindre
que 3Z. L’absurdité à laquelle on parvient (3Z est plus petit que lui-même) indique que cette
différence ne peut donc être que nulle.
Dominique Descotes écrit à ce sujet :
L’inconvénient de cette méthode est qu’elle exige de très longues démonstrations ; les
indivisibles au contraire vont directement à ce que Montucla appelle le « dernier terme de ces
divisions et sous-divisions continuelles », où la différence des figures peut être considérée
comme nulle18.
De fait, la méthode des Anciens concerne une suite d’inégalités de rapports. La méthode des
indivisibles, elle, est « directe » au sens où l’on n’a pas à considérer une suite de valeurs : on se
donne dès le départ un élément suffisamment petit (mais quelconque) pour que le calcul soit
valable. Dans le cas des Lettres de A. Dettonville, il s’agit d’une division « indéfinie » qui arrive
à des « petites portions ». Mais contrairement à Montucla, nous ne pensons pas qu’il faille alors
parler d’un « dernier terme », comme pourrait l’être un élément issu d’une division actuellement
infinie. Ce serait reproduire tous les paradoxes des indivisibles sur lesquels Pascal a justement
mis en garde et sur lesquels nous allons revenir dans la troisième section. Il nous semble plus
important de remarquer que la Lettre à ADDS ne reprend en fait la « méthode des anciens »
qu’à l’enrichir d’un traitement nouveau, centrée sur l’idée de différence19. Ce traitement est
La Lettre à M. ADDS en lui envoyant la démonstration à la manière des anciens de l’égalité des lignes spirale et
parabolique (OC IV, 542-558), ADDS étant « Arnauld, docteur de la Sorbonne ».
17
Pour le détail des calculs, voyez Descotes, art. cit., p. 241-245. Comme le rappellent Descotes et Mesnard (OC IV,
558), des critiques à la démonstration de Pascal ont été faites par Sluse, Fermat et Huygens. En effet, la deuxième
partie de la démonstration – montrer que la différence entre les figures circonscrites est moindre que Z – n’intervient
nulle part. D’ailleurs, Pascal se sert du fait que la différence entre l’inscrite et la circonscrite à la spirale est moindre
que Z sans le démontrer.
18
D. Descotes, L’argumentation chez Pascal, P.U.F., 1993, p. 214. La référence est à Montucla, Histoire des
mathématiques, t. 2, IV, I, 2e éd, Paris, 1799, p. 27.
19
Whiteside indique également que l'originalité de l'approche pascalienne dans la Lettre à ADDS par rapport à la
méthode archimédienne de l' « exhaustion » réside dans son usage de la notion de « différence » (« Patterns of
Mathematical Thought in the later Seventeenth Century », Archive for History of Exact Sciences, vol. 1, 1961, p.
16
également un aspect essentiel de la méthode « des indivisibles » utilisée dans la plupart des
Lettres de A. Dettonville – lesquelles ne procèdent pas en général par double réduction à
l'absurde comme la Lettre à ADDS, mais sont néanmoins fondées sur le fait que la différence
peut être faite « moindre qu'aucune grandeur donnée ».
3. De l’esprit géométrique
Maintenant que nous avons une vue plus claire sur la manière dont les « indivisibles »
interviennent dans la terminologie et la pratique de Pascal, il devient possible de lire avec des
yeux nouveaux le célèbre passage de l’opuscule De l’esprit géométrique qui leur est consacré.
En première apparence, on l’a rappelé, il contredit très directement l’esprit des « méthodes des
indivisibles ». Pascal entre dans la question en demandant : « Ainsi un espace, quelque petit
qu’il soit, ne peut-il pas être divisé en deux, et ces moitiés encore ? Et comment se pourrait-il
faire que ces moitiés fussent indivisibles sans aucune étendue, elles qui, jointes ensemble, ont
fait la première étendue ? » (OC III, 403). Est donc posé d’emblée qu’il n’est pas possible
d’atteindre des « indivisibles » en prenant des « petites portions » d’un espace sous peine de ne
plus pouvoir les recomposer ensuite en une étendue. C’est clairement pour les besoins de
l’argumentation que Pascal va néanmoins s’engager dans une discussion avec des hommes
« très habiles » qui ont pu défendre l’existence d’indivisibles conçus comme parties ultimes et
dont il va montrer que leur réticence provient des mystères liés à la composition du continu20. Il
va alors s’employer à montrer que l’existence d’indivisibles en lesquels la division du continu
géométrique s’achèverait ne serait pas moins mystérieuse et qu’il n’y a donc pas de raison de
refuser un mystère qui fonde les démonstrations géométriques au profit d’un mystère qui les
empêche.
Avant d’entrer dans les détails de cette discussion, il ne sera pas inutile de rappeler le
mouvement d’ensemble où elle prend sens. L’opuscule De l’esprit géométrique peut, à certains
égards, être considéré comme une sorte de Contre-Discours de la Méthode. Partant du même
constat que Descartes, selon lequel on ne peut comprendre ce qu’est une démonstration sans se
référer au modèle de la géométrie (OC III, 391-392) et selon lequel il faut s’efforcer de partir,
autant que faire se peut, d’idées qu’on ne peut éclaircir plus avant, Pascal va mettre ce modèle à
l’épreuve en montrant qu’il est « absolument impossible » à réaliser. Pour cela, il va procéder
par l’absurde en supposant donnée la « véritable méthode » qui « consisterait en deux choses
principales : l’une, de n’employer aucun terme dont on n’eût auparavant expliqué nettement le
sens ; l’autre, de n’avancer jamais aucune proposition qu’on ne démontrât par des vérités déjà
connues ; c’est-à-dire, en un mot, à définir tous les termes et à prouver toutes les propositions »
(OC III, 393). Après avoir précisé ce qu’il entend par définition (et qui correspond à ce que les
géomètres appellent « définition de nom »), Pascal délivre sa démonstration en reprenant
l’argument ancien de la régression à l’infini :
Aussi, en poussant les recherches de plus en plus, on arrive nécessairement à des mots primitifs
qu’on ne peut plus définir, et à des principes si clairs qu’on n’en trouve plus qui le soient
davantage pour servir à leur preuve.
D’où il paraît que les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter
quelque science que ce soit dans un ordre absolument accompli. (OC III, 395)
Le premier constat ne serait pas contesté par Descartes qui a toujours critiqué la manie de
341).
« Je n’ai jamais connu personne qui ait pensé qu’un espace ne puisse être augmenté. Mais j’en ai vu quelques-uns,
très habiles d’ailleurs, qui ont assuré qu’un espace pouvait être divisé en deux parties indivisibles, quelque absurdité
qu’il s’y rencontre. Je me suis attaché à rechercher en eux quelle pouvait être la cause de cette obscurité, et j’ai trouvé
qu’il n’y en avait qu’une principale, qui est qu’ils ne sauraient concevoir un continu divisible à l’infini : d’où ils
concluent qu’il n’y est pas divisible » (OC III, 404).
20
vouloir définir à tout prix ce dont nous avons une idée claire et distincte21. Mais la force de
Pascal, comme on le voit dans la seconde phrase, est de retourner ce raisonnement contre luimême. De fait, l’absence de définition, et donc de traits distinctifs, obligent à qualifier les
notions primitives de « constantes » (au sens d’« entendues de tous les hommes ») et non de
« distinctes » (au sens où l’on pourrait en exhiber des marques distinctives). L’ordre
géométrique, avance-t-il, ne suppose donc « que des choses claires et constantes par la lumière
naturelle, et c’est pourquoi il est parfaitement véritable, la nature le soutenant au défaut du
discours » (OC III, 395).
Le déplacement peut sembler insensible, mais il enferme une contestation d’importance : les
notions dont on part peuvent bien être claires, et même parfaitement « évidentes »22, sans être
pour autant distinctement comprises. C’est en ce point que Pascal va porter le fer d’une
deuxième attaque. Car les trois principaux objets des mathématiques qu’on ne saurait définir :
« mouvement, nombre, espace » (décalqué du Deus fecit omnia in pondere, in numero, et
mensura de Sagesse 11, 21) ont également « une liaison réciproque et nécessaire » et même des
« propriétés communes, (…) dont la connaissance ouvre l’esprit aux plus grandes merveilles de
la nature ». Or, à la surprise du lecteur, le premier (et le seul) exemple de telle propriété
commune est donné par… l’infini (OC III, 402).
Cette caractérisation de la « liaison » des objets mathématiques se retrouve en plusieurs endroits
de l’œuvre pascalienne. Elle apparaît notamment dans le traité sur la Sommation des puissances
numériques dans un passage qu’il nous faut citer en son entier puisqu’y interviennent justement
et les questions d’incomparabilité entre ordre de grandeurs et l’étude des indivisibles :
… dans le cas d’une quantité continue, des quantités d’un genre quelconque, ajoutées, autant
qu’on veut, à une quantité d’un genre supérieur, ne lui ajoutent rien de plus. Ainsi les points
n’adjoignent rien aux lignes, les lignes aux surfaces, les surfaces aux solides, ou, pour
employer le langage des nombres dans un traité consacré aux nombres, les racines n’apportent
rien par rapport aux carrés, les carrés par rapport aux cubes, les cubes par rapport aux carréscarrés, etc. C’est pourquoi les degrés inférieurs, se révélant comme de valeur nulle [nullius
valoris existentes], ne doivent pas être considérés. Ces points sont familiers à ceux qui ont
étudié les indivisibles, mais j’ai cru bon de leur consacrer cette addition, afin que la liaison,
jamais suffisamment admirée, par laquelle la nature amoureuse d’unité engage vers l’un les
choses les plus éloignées en apparence, ressorte de cet exemple, où l’on peut voir la dimension
d’une quantité continue couplée avec la sommation des puissances numériques. (OC II, 1271 1272 ; italiques dans l’original ; traduction modifiée)
On ne saurait être plus loin de Descartes en posant ainsi au titre des notions claires et connues
par la lumière naturelle, qui font la liaison des nombres et des grandeurs, ce qui aurait été pour
lui le lieu par excellence de l’incompréhensibilité. Cette conviction était d’ailleurs pour
Descartes au principe de sa caractérisation des objets acceptables en géométrie et de son refus
des techniques infinitésimales (dont sa correspondance nous montre qu’il les maîtrisait
pourtant). Or c’est précisément en ce point que s’engage dans De l’esprit géométrique la
discussion sur les indivisibles. Le cœur de l’argument est de contester qu’un principe
incompréhensible ne puisse pas être clair :
C’est une maladie naturelle à l’homme de croire qu’il possède la vérité directement ; et de là
vient qu’il est toujours disposé à nier tout ce qui lui est incompréhensible ; au lieu qu’en effet il
ne connaît naturellement que le mensonge, et qu’il ne doit prendre pour véritables que les
Voyez par exemple Principes de la philosophie I, 10 : « Qu’il y a des notions d’elles-mêmes si claires qu’on les
obscurcit en les voulant définir à la façon de l’École, et qu’elles ne s’acquièrent point par étude, mais naissent avec
nous ».
22
« De sorte que le manque de définition est plutôt une perfection qu’un défaut, parce qu’il ne vient pas de leur
obscurité, mais au contraire de leur extrême évidence » (OC III, 401).
21
choses dont le contraire lui paraît faux. (OC III, 404)
D’où une stratégie qui va consister à montrer que ceux qui soutiennent l’existence de « parties
indivisibles » au motif de l’incompréhensibilité de la division à l’infini du continu se trouvent
en fait défendre une position non moins incompréhensible.
Le reste de la démonstration est alors classique. Il s’agit tout d’abord de montrer l’absurdité qui
résulterait du fait qu’on considère un continu composé d’un nombre fini d’indivisibles23. On
pourrait croire que la difficulté provient simplement du fait de n’avoir pas su considérer un
nombre infini d’indivisibles24. Mais la suite montre que le problème est bien à situer dans la
question de l’hétérogénéité et dans le principe, plusieurs fois répété par Pascal, que deux néants
d’étendue ne sauraient composer une étendue. Pour cela, il doit alors affronter l’objection que
les unités, elles-mêmes non divisibles, ne sont pas des nombres (ainsi qu’on le considérait
depuis les Anciens), alors que leur composition permet bien de produire des quantités (OC III,
407). Pascal, poursuivant des arguments déjà avancés par Stevin au début de son Arithmétique25,
montre alors que le parallèle entre l’unité et l’indivisible repose sur une équivoque et masque
leur profonde différence de nature, l’une étant homogène et l’autre hétérogène. Cette
clarification faite, il devient possible d’« achever et consommer la démonstration » en montrant
finalement que deux indivisibles ne sauraient former une étendue sous peine d’avoir des parties
communes et donc de n’être pas indivisibles. De fait, un « indivisible, multiplié autant qu’on
voudra, ne fera jamais une étendue. Donc il n’est pas de même genre que l’étendue, par la
définition des choses du même genre ». Si donc on veut opérer un parallèle avec le traitement
des nombres, c’est face au zéro qu’il devrait figurer (OC III, 410).
Comme on l’a vu, une lecture répandue de ce développement y voit une critique pure et simple
de l’existence des indivisibles conçus en termes de parties infiniment petites26. Mais une chose
est de critiquer la composition du continu à partir d’indivisibles, autre chose de leur dénier toute
existence. Ce serait nier, en effet, l’existence de grandeurs hétérogènes les unes aux autres,
comme peuvent l’être justement le point et la ligne, ce que Pascal se garde bien de faire.
Une part des malentendus provient ici de la lecture suivante : sur la base des critiques contenues
dans De l’esprit géométrique, il paraît que les « indivisibles » dont il s’agit de prendre les
« sommes » dans la « doctrine des indivisibles » ne sauraient être des grandeurs hétérogènes,
puisqu’une somme de tels indivisibles ne produirait jamais une étendue. On en conclut alors
qu’« indivisibles » doit se comprendre comme une grandeur homogène prise « aussi petite
qu’on voudra », comme semble en avertir Pascal en ouverture de ses Lettres de A. Dettonville et
qu’il en a donc a minima changé le sens. Mais c’est là une lecture un peu rapide. Que nous dit,
en effet, Pascal ? Que par « somme de lignes », il ne faut rien entendre d’autre que « la somme
d’un nombre indéfini de rectangles faits de chaque ordonnée avec chacune des petites portions
égales du diamètre, dont la somme est un plan, qui ne diffère de l’espace du demi-cercle que
d’une quantité moindre qu’aucune donnée ». L’argument a donc deux parties : tout d’abord, le
langage des indivisibles utilise un vocabulaire de surface qui renvoie en apparence à des
Pour cela Pascal prend l’exemple de deux carrés qu’on supposerait constitués d’un nombre fini d’indivisibles et
dont l’un serait le double de l’autre – situation impossible puisque le plus grand devrait être de côté √2 le côté du plus
petit (OC III, 407).
24
C’est ce que semble d’ailleurs avoir compris un des copistes du manuscrit qui a substitué « indivisibles » à
« divisibles » dans le raisonnement qui suit : « il faut les avertir qu’ils ne doivent pas comparer des choses aussi
disproportionnées qu’est l’infinité des divisibles avec le peu de temps où ils sont parcourus ; mais qu’ils comparent
l’espace entier avec le temps entier, et les infinis divisibles de l’espace avec les infinis instants de ce temps ; et ainsi
ils trouveront que l’on parcourt une infinité de divisibles en une infinité d’instants, et un petit espace en un petit
temps ; en quoi ils ne trouvent plus la disproportion qui les avait étonnés » (OC III, 406).
25
Simon Stevin, The Principal Works of Simon Stevin, vol. II B, p. 498.
26
Voyez la citation de C. Merker, op. cit., rappelée dans notre introduction (et note 2).
23
hétérogènes (typiquement des « somme de lignes ») alors que ce qu’on manipule consiste en fait
en « petites portions » homogènes. Ceci règle le problème de la composition (ou de la
sommation). Mais ces « petites portions », Pascal ne les qualifie jamais d’« indivisibles » et ce
sont les commentateurs qui y voient une redéfinition de ce terme. Bien plus, les rares fois où il
emploie le mot « indivisible » seul, que ce soit dans les Lettres de A. Dettonville ou dans le
traité sur la Sommation des puissances numériques, c’est toujours selon une acception
relationnelle (une grandeur dont l’ordre est négligeable par rapport à celui d’une autre). Or ce
sens relatif apparaît dans la deuxième partie de la définition, où il s’agit d’identifier la « somme
des lignes » à la surface considérée. Ceci ne peut fonctionner, nous dit Pascal, qu’à montrer que
la différence entre les deux surfaces produites ne diffère que d’une quantité moindre qu’aucune
donnée – un procédé dont on a vu qu’il est au cœur de sa réinterprétation de la méthode des
anciens et fonde sa conviction que les deux méthodes sont équivalentes.
Le passage à la limite suppose, en effet, de produire une différence qui peut être rendue plus
petite qu’aucune grandeur donnée et qui apparaît donc, pour reprendre l’expression de la
Sommation des puissances numériques, de « valeur nulle » (nullius valoris existens). Si
indivisible il y a, c’est donc plutôt du côté de la différence et dans une situation relationnelle très
proche de celle que nous utilisons aujourd’hui pour définir les limites : on peut toujours prendre
les « petites portions » suffisamment petites pour que la différence entre les deux quantités
considérées soit plus petite qu’une grandeur quelconque donnée. Tel semble être le vrai cœur de
la méthode « des indivisibles ».
Ainsi il s’agirait moins de changer le sens du mot « indivisible » que de faire valoir deux
utilisations du terme : l’un absolu, où il renvoie à des entités géométriques qu’on ne saurait
diviser (typiquement des points sur une ligne), l’autre relatif où il renvoie à ces « zéros
d’étendue » sans lesquels la « méthode des indivisibles » ne peut pas opérer ses passages à la
limite. A mettre trop vite les « petites portions » sur le même plan que les « différences », on
manque cette articulation subtile des acceptions pascaliennes et la façon très moderne dont elle
dote la manipulation des « infiniment petits » d’un caractère relationnel. Or, comme nous avons
essayé de le montrer, ce sens relationnel n’entre nullement en tension avec les explications
contenues dans De l’esprit géométrique. Il l’accompagne au contraire naturellement à partir du
moment où l’on accepte que quelque chose puisse se comporter « comme » un indivisible,
quand il peut être considéré « de valeur nulle », et y agit donc comme un « zéro d’étendue ».
João F. N. CORTESE
Laboratoire SPHERE UMR 7219, Université Paris Diderot, et
Universidade de São Paulo
David RABOUIN
Laboratoire SPHERE UMR 7219, Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, CNRS
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