HIDAIR Isabelle & ÉLIVILLE Fabienne,
2010. « Comment lutter contre le racisme dans nos écoles ? Constats et Perspectives », AILINCAI Rodica & CROUZIER Marie-Françoise (Coords.),
Pratiques de l’école en Guyane. Un exemple d’éducation pour un milieu pluriculturel et plurilingue. ERTÉ, CRDP Guyane, pp.183-194.
Comment lutter contre le racisme dans nos écoles ?
Constats et Perspectives
HIDAIR Isabelle, Chargée de cours à l’IUFM de la Guyane, Anthropologue sociale et ethnologue,
Cayenne, Guyane
ELIVILLE Fabienne, Professeur des écoles 1er degré, enseignement privé, formation CAPA-SH,
coordinatrice UPI collège dans les Côtes d’Armor
Résumé
En tant que département français et territoire européen sur le continent sud américain, la Guyane est
particulièrement attractive pour les ressortissants des pays sud-américains et caribéens cherchant à
améliorer leurs conditions de vie. De plus, en France, l’obligation d’accueil des élèves relevant du
droit commun, aucun titre de séjour régulier n’est exigé. Ainsi, les jeunes étrangers représentent
24,85% de l’ensemble des élèves (soit 6294 jeunes selon la préfecture) dont 3,6% d’élèves non
francophones (www.education.gouv.fr/stateval, 2005).
Les enquêtes de terrain démontrent que, paradoxalement, la Guyane est présentée comme une
société métissée, multiculturelle -d’où le racisme serait exclu- tout en étant composée de groupes
socioculturels repliés sur eux-mêmes. Constatant ceci, diverses interrogations se posent : Le choix
de la langue française répond-il aux attentes des élèves et des enseignants ? Quelle perception ont
les enseignants rencontrés des cultures non-occidentales ? Quelle place accordent-ils aux cultures et
langues maternelles au sein de la classe ? Quelle pédagogie peut-on proposer pour lutter contre le
racisme insidieux qui s’installe dans les classes ?
La présentation ici proposée tentera d’apporter des réponses à ces questions au regard des enquêtes
menées dans les écoles guyanaises depuis 1996. À l’issue de ces analyses, des activités
pédagogiques, visant à lutter contre les discriminations, seront proposées.
Introduction
La Guyane, département français depuis 1946 et territoire européen, attire des ressortissants
sud-américains et caribéens1 désireux d’une vie meilleure. Ainsi, depuis 1990, plus de la moitié des
naissances proviennent de femmes de nationalité étrangère2. L’étude du profil socioéconomique des
différentes populations immigrées3 en Guyane nous apprend que les femmes originaires du
Suriname4, d’Haïti et du Brésil ont un comportement nataliste assez proche des pays sous
développés alors que celui des familles françaises en Guyane a tendance à se rapprocher de celui de
la France hexagonale (Charrier 2002a, p.20-21)5.
En 2007, la population guyanaise est évaluée à 209 000 habitants par l’INSE et, en 2002, la
population clandestine, dont il faut souligner les difficultés d’évaluation statistique, est estimée à
30 000 personnes selon la Préfecture. Soulignons que cette croissance démographique a des
conséquences immédiates sur la scolarisation en Guyane. En effet, l’obligation d’accueil relevant du
droit commun et de l’obligation scolaire, aucun titre de séjour régulier n’est exigé aux élèves. Ainsi,
la possibilité d’accueil est largement dépassée6 (Hidair & Chicot 2008).
C’est dans ce contexte que les enseignants découvrent la multiculturalité guyanaise et
tentent de s’y adapter avec des conséquences souvent opposées aux objectifs visés. En effet, les
activités considérées comme « interculturelles » par les enseignants sont souvent réduites au
domaine linguistique, historique, géographique, folklorique, aux fêtes ou à l’artisanat (Hidair 2003).
Au lieu de former à l’esprit critique, cette pédagogie est une réduction de la culture aux formes les
plus facilement perceptibles. En conséquence, la culture est présentée à partir d’éléments isolés. Le
dynamisme interne inhérent à chacune n’apparaît pas dans ces différentes approches alors que ce
qui importe est de savoir comment les éléments s’intègrent à l’ensemble de la vie culturelle
(Abdallah-Pretceille 1992 & 1996). Nous verrons qu’il est important de ne pas axer la pédagogie
interculturelle sur la seule différence car le risque est de cultiver la différence pour elle-même et de
sombrer dans des nouvelles formes de racisme. À ce propos, nous soulignons que l’existence de
Aujourd’hui, la population guyanaise est composée des groupes socioculturels suivants : Africains, Amérindiens,
Brésiliens, Chinois, Créoles antillais, guyanais, réunionnais, haïtiens et sainte-luciens, Guyaniens (Guyana),
Dominicains, Hmong, Libanais, Métropolitains (Blancs nés en Métropole), Noirs marrons (descendants d’esclaves
marrons), Péruviens, Surinamais (ou Surinamiens, sont ressortissants du Suriname), Vénézuéliens….
2
En 2003, cette proportion s’élevait à 58,8% (Charrier 2002a, p.20).
3
Dans l’article ici proposé, nous qualifions ainsi l’immigration de personnes de nationalité étrangère.
4
24% des naissances en Guyanes sont le fait des Surinamaises (Charrier 2002b, p.16).
5
Le taux de natalité est de 14 %0 en France, de 38%0 en Guyane et plus particulièrement dans l’ouest où il est de 45%0
(Recensement 1999, INSEE).
6
À ce propos, entre 1990 et 2001, les effectifs des enfants scolarisés dans l’Académie ont crû de 72,5% (Recensement
1999).
1
discriminations au sein du système éducatif français ne fait pas débat dans le champ socioanthropologique aujourd’hui. En effet, en France, en dépit des multiples études qui lui ont été
consacrées, la question du racisme demeure confuse et controversée. Souvent racisme et
xénophobie se confondent (Wieviorka 1994) ou, au contraire, l’antisémitisme et le racisme sont
distingués (Rufin 2004). La lutte contre le racisme n’est pas un phénomène nouveau, les
résurgences régulières de ce fléau suffisent à prouver le peu d’efficacité et le caractère inopérant de
toutes les campagnes, les conférences et les journées de sensibilisation. À l’école, de nombreux
chercheurs constatent que la lutte contre le racisme n’a pas dépassé le stade des déclarations
verbales sous forme de cours de morale ou d’instruction civique (Duraffour & Guittonneau 1991 ;
Abdallah-Pretceille 1992 & 1996). Une approche didactique formalisée n’a jamais été entreprise et
les luttes antiracistes échouent car elles s’inscrivent toutes dans un cadre théorique. En effet, elles
cherchent à réfuter une théorie en s’adressant à la raison, à l’intellect alors que le racisme est une
idéologie.
De nombreuses interrogations sont à l’origine du choix du terrain sur lequel des entretiens
semi-directifs ont été menés auprès des élèves et des enseignants depuis 1996 : L’usage la langue
française répond-il aux attentes des élèves et des enseignants ? Quelles sont les représentations et
rapports au savoir des élèves comparées à celles des enseignants ? Quelle perception ont les
enseignants rencontrés des cultures non-occidentales ? Quelle place accordent-ils aux cultures et
langues maternelles au sein de la classe ? Quelle pédagogie peut-on proposer pour lutter contre le
racisme qui s’installe insidieusement dans les classes ?
À partir de ces interrogations, la réflexion portera sur la transmission d’outils nécessaires à
une meilleure compréhension de l’altérité vécue, non plus comme biologique et folklorique, mais
comme vecteur d’une pédagogie interculturelle. L’originalité de notre démarche est de proposer des
outils scientifiques de lutte contre le racisme qui doit passer par la lutte contre les préjugés, les
stéréotypes et l’ethnocentrisme (Abdallah-Pretceille 1996). Il faut déceler l’origine authentique du
mythe afin de comprendre comment cette somme d’images de l’Autre fantasmé est à la base
d’attitudes racistes (Taguieff 1991 ; Yvanoff 2005).
Contexte théorique des recherches
En 1950, la théorie de la « personnalité autoritaire » d’Adorno, même si elle néglige la
dimension sociale du phénomène, présente toutefois l’intérêt de placer l’identité au cœur de l’étude
des comportements racistes. L’analyse anthropologique confirme en effet que les sociétés sont
partagées entre « la nostalgie du paradis fusionnel et la nécessité d’un ordre classificatoire inclusif.
Entre les « structures de communication » au moyen desquels peut être traduit l’« autre » du
« nôtre » et assurent la soumission sociale (Lévi-Strauss [1952] 1987), il existe des formules
intermédiaires (totémisme, systèmes de castes, ethnocentrisme) » (Adam 1984). Dès lors, le
racisme, stricto sensu, est l’expression d’une identité pathologique. À ce propos, le racisme
colonial, auquel nous sommes confrontés dans les sociétés créoles, a essentiellement une fonction
de domination (Bonniol 1992, p.43). Sur ce thème, Memmi a développé l’idée qu’« il n’existe guère
de relation coloniale d’où le racisme soit totalement absent, et non intimement lié à cette relation.
(...) Le racisme illustre, résume et symbolise la relation coloniale » (1985, p.93).
Ainsi, les manifestations racistes observées dans les salles de classes sont historiques et
constituent le socle sur lequel se sont fondées les sociétés créoles. Tel est le contexte théorique sur
lequel nous appuierons notre recherche, mais avant, il nous faut revenir sur les raisons qui nous ont
fait nous intéresser au racisme au sein du système éducatif français en Guyane. Les sociétés créoles
sont présentées comme issues du métissage de populations qui se sont rencontrées dans le contexte
colonial. De ce fait, des mélanges et des brassages aurait émergé une société multiculturelle
nouvelle d’où le racisme serait exclut. Ainsi, en Guyane, le métissage est souvent perçu comme la
meilleure réponse à la lutte contre le racisme. En d’autres termes, les sociétés créoles seraient
épargnées par le racisme du fait de l’intense pratique du « métissage » (Hidair 2003 & 2007). Cette
perception idéalisée et tronquée des sociétés créoles empêche la prise en compte du racisme bien
concret qui s’égraine au quotidien dans les salles de classes.
Plusieurs manifestations de rejet ont été observées entre les élèves, mais aussi entre les
élèves et les enseignants7. Les observations ont eu lieu de 1996 à 2008 dans des établissements
relevant des enseignements public et privé. Différentes méthodes, adaptées aux publics rencontrés,
ont permis de recueillir les informations. Ainsi, l’observation participante a été appliquée aux élèves
de 3 à 5 ans, ce qui correspond aux classes maternelles. Les observations ont été complétées par des
entretiens semi-directifs pour les élèves des classes élémentaires.
Après avoir présenté les statistiques de l’INSEE et celles du Rectorat concernant la
scolarisation des élèves de nationalité étrangère, nous insisterons sur deux particularités de la
Guyane en matière d’enseignement que sont la non-francophonie des natifs et l’extranéité du corps
enseignant. Puis, il conviendra d’analyser les discours tenus par les enseignants sur la
multiculturalité guyanaise. Pour finir, nous nous apporterons des réponses concrètes pour lutter
contre le racisme à travers la proposition de trois activités qui concernent les élèves des trois cycles
élémentaires.
Des jeunes issus de l’immigration peu qualifiés
En 2000, l’Académie a identifié trois bassins de formation : Cayenne, Kourou et l’ouest.
Animés par des inspecteurs ou des chefs d’établissements, ils ont pour mission d’impulser les
grandes orientations pédagogiques et de mutualiser les ressources mises en œuvre dans les
établissements scolaires. Au cours des années 1990, le bassin de l’ouest a connu une très forte
poussée démographique qui lui a permis d’être, après Cayenne, le deuxième pôle de scolarisation du
département (Lermitus 2002, pp.26-27). Depuis, la circonscription des fleuves, Oyapock et Maroni,
a été ajoutée.
Carte 1 : Les bassins de scolarisation
Source : Rectorat-http://www.ac-guyane.fr/IMG/jpg/bassins.jpg
En 1999, « plus de 7 200 immigrés de moins de 25 ans étaient scolarisés » (Atlas 2006,
p.21). Cependant, leur taux de scolarisation de 54% est inférieur de 11 points au taux régional 8. En
janvier 2006, 3383 élèves en âge d’intégrer le premier degré ne sont pas scolarisés9. À titre
Les attitudes et comportements racistes sont observables également entre les enseignants, mais ceci ne fera pas l’objet
d’une analyse dans cet article.
8
Hormis les jeunes Surinamais, les jeunes immigrés sont en moyenne aussi souvent scolarisés que les autres (64%). Les
moins de 25 ans originaires d’Haïti sont les plus scolarisés (72%). Ceux originaires de Chine le sont aussi à près de
64%, les Brésiliens à 59%, les jeunes immigrés originaires du Guyana et de Sainte-Lucie sont 54% et 52% à suivre une
formation scolaire (Atlas 2006, p.21).
9
C’est le chiffre officiel annoncé par l’Observatoire de la non scolarisation créé par la Rectorat en 2004 (Académie de
la Guyane 2004).
7
comparatif, il faut souligner que le taux de scolarisation des 16–29 ans, en 2003, était de 35% en
Guyane10, de 44% aux Antilles et de 75% en France hexagonale.
Avec 68,8% de bacheliers à la session 2006, toutes sections confondues, le résultat de
l’académie de la Guyane est le plus bas de France (Ministère de l’Éducation Nationale)11. De plus,
« la Guyane, qui se caractérise par de faibles niveaux de formation, attire une immigration peu
qualifiée : elle compte une très forte proportion de personnes sans diplôme, mais aussi un faible
nombre de diplômés du supérieur (…) » (Atlas 2006, p.19)12.
Plusieurs facteurs contribuent aux difficultés de scolarisation rencontrées : implantation
géographique des écoles, manque d’infrastructures scolaires, nécessité du développement d’un
enseignement secondaire, équipements insuffisants, problèmes de transports scolaires, écarts
linguistico-culturels importants entre les enfants et l’école, dévalorisation de certaines zones par les
enseignants et manque de qualification des enseignants en poste (Rectorat-DARIC).
Écarts entre l’École et l’élève
Les conditions particulières d’enseignement expliquent, en partie, l’important turn-over13
des équipes pédagogiques. Ce renouvellement rapide ne permet pas de former un nombre suffisant
de professionnels adaptés aux particularités sociolinguistiques de la Guyane. En effet, d’après nos
observations de terrain, la majorité des enseignants proviennent de la France métropolitaine et des
Antilles françaises. D’une manière générale, le déficit de main-d’œuvre subi par la Guyane attire
des travailleurs en provenance de l’étranger et d’autres départements français (Hidair 2007). Il faut
ajouter à cela, pour quelques-uns, la quête d’exotisme. La Guyane vue de l’hexagone est souvent
présentée comme un pays sauvage peuplé de « purs autochtones » 14 où « tout reste à faire » (Hidair
2007). Bien sûr, ces enseignants rêveurs se heurtent à la réalité moins idyllique du terrain.
Progressivement, l’angoisse émerge chez les nouvelles recrues qui, afin de parer à l’inconnu,
10
Sur les 1400 collégiens supplémentaires au cours de ces cinq dernières années, 86% sont originaires du bassin de
l’ouest, ce qui a entraîné l’ouverture de 3 nouveaux collèges à Saint-Laurent-du-Maroni et Apatou. Dans les 6 mois qui
ont suivi, il a été nécessaire de construire un 4ème collège à Saint-Laurent-du-Maroni et ce, avant la livraison du 3ème
(Conseil Général 2005).
11
63% des élèves du collège ont un retard scolaire d’au moins un an en 2002 et 33% des élèves de 3 ème ont un retard de
deux ans et plus (Ministère de l’Éducation Nationale 2007b).
12
Dans l’ensemble, 79,3% des personnes âgées de plus de 15 ans issues de l’immigration n’ont aucun diplôme (Atlas
2006, pp.20-21).
13
En 2003, les demandes de sorties accordées est de 15% en Guyane (Ministère de L’Éducation Nationale 2007a)
14
Parues dans la presse locale et nationale, ces publicités mettent en scène la forêt guyanaise présentée comme
« mystérieuse », « envoûtante », « étrange » et « captivante ». Ces images d’expéditions et de forêts vierges répondent
aux fantasmes de pionniers récurrents dans l’imaginaire occidental et font passer la Guyane pour un terrain de jeu à
conquérir et non pas un pays où la matière grise est présente. L’énumération de la faune amazonienne est comparable à
celle des « ethnies qui vivent le long du fleuve » : les noms cités font appel aux fantasmes d’aventuriers (Hidair 2003,
p.127).
s’échangent des a priori sur les écoles guyanaises. De plus, les enseignants natifs montrent peu
d’intérêt pour les communes des circonscriptions du fleuve. À ce propos, l’analyse des données
obtenues montre que la grande majorité des enseignants rencontrés ont du mal à se défaire des
préjugés. L’étude laisse apparaitre qu’ils interprètent souvent les comportements des élèves à
travers une grille de perception culturelle sclérosée.
Premier constat : Prédominance de la langue française
En matière d’enseignement interculturel, nombreuses sont les tentatives de prise en compte
de la diversité guyanaise qui se soldent par des représentations stéréotypées de la réalité (Hidair &
Chicot 2008). En effet, deux modèles dominants sont proposés : d’une part, l’énumération des
principaux groupes socioculturels15 juxtaposés et différenciés et, d’autre part, la convergence de ces
derniers vers une culture de référence16. Soulignons que le déficit d’ouvrages de littérature enfantine
relatifs à la Guyane laisse peu de choix aux enseignants qui sont en quête permanente de supports
pédagogiques faisant références à l’environnement culturel guyanais. Ainsi, ils ont tendance à se
fier aveuglément à tout ce qui est publié. Par ailleurs, force est de constater que la multiculturalité et
le multilinguisme guyanais sont peu souvent pris en compte dans la pédagogie. En effet, le français
n’est pas la langue maternelle de la majorité des enfants scolarisés en Guyane. Sur ce point, la
linguiste Isabelle Léglise (2004) souligne qu’en Guyane, « outre le français, langue officielle, on
compte une dizaine de langues ayant les caractéristiques de citoyenneté et territorialité des langues
régionales (Launey 1999, Camargo et al. 2003) : le créole guyanais, des langues amérindiennes
(kali’na, wayana, wayampi, émerillon, arawak et palikur), des créoles de base lexicale anglaise (ou
nenge sous trois variantes dialectales : aluku, ndjuka et pamaka) et de base anglaise relexifiée
partiellement en portugais (le saamaka) » ; et enfin, toutes les langues d’immigration comme le
brésilien, l’anglais, l’espagnol, le néerlandais, le hakka, le shami, le hmong blanc…. Ainsi, le
modèle culturel est le même pour tous alors que 10 langues répondent aux critères de la Charte
européenne pour la France ce qui place ce département en deuxième position dans les Départements
et territoires d’Outre-mer, juste après la Nouvelle-Calédonie. Mais si, d’après le linguiste Michel
J’utilise les termes « groupe socioculturel » car ils rendent compte de la dynamique interne aux groupes et des
interactions entre les groupes qui se produisent lors des rencontres interculturelles.
16
Dans la bande dessinée « Ti zouk » (Boutard & Darl’Mat 2001) au lieu de rendre compte des interactions de la
diversité, les auteurs juxtaposent des groupes socioculturels dans un environnement occidental. La réalité se retrouve
ainsi simplifiée et sclérosée. D’une part, chaque groupe socioculturel se trouve porteur de caractéristiques propres et
fixes. Par exemple, l’ensemble du groupe socioculturel noir marron est symbolisé par les Saramaka. Ainsi, les
différences linguistico-culturelles n’apparaissent pas. De plus, ils sont représentés torse nu, ce qui est bien loin de la
réalité de la vie des bourgs où les jeunes succombent aux canons de la mode Hip-Hop Nord américaine. D’autre part,
dans l’épisode choisi (« Le nwel de Ti’Zouk. Comment Ti’Zouk apporte la neige en Guyane »), les personnages
célèbrent un Noël enneigé comme en France.
15
Launey, « les 28 langues de ce dernier territoire appartiennent toute au groupe kanak, la situation est
beaucoup plus contrastée en Guyane, tant du point de vue génétique que du point de vue
sociolinguistique. La Guyane française offre donc un cas typique de grand plurilinguisme pour une
population restreinte (…) » (Laboratoire de linguistique). D’une façon générale, les langues
maternelles sont absentes de la pédagogie des professeurs des écoles pour plusieurs raisons manque de formateurs agréés en langues régionales dans les IUFM, locuteurs natifs minoritaires
parmi les enseignants, réticences de certains à apprendre ces langues dévalorisées et désintérêt pour
le sujet de la part de quelques inspecteurs d’académie - alors que selon Michel Launey,
La présence de la langue maternelle à l’école donne des résultats plus satisfaisants que son absence
systématique (…). Les élèves dont la langue maternelle est présente à l’école apprennent plus facilement et ont
souvent des résultats meilleurs dans les matières qui mettent en jeu l’abstraction comme les langues étrangères
ou les mathématiques. Si l’on entretient chez l’élève l’idée que sa langue est moins digne d’intérêt et de respect
que la langue nationale, on affirme par là que la connaissance qu’il en a est sans valeur. (…) Par cette
exclusion symbolique, (…) on construit d’emblée un handicap que peu d’élèves surmonteront. Si l’élève
trouve dans sa classe l’aide nécessaire pour apprendre à construire et à structurer dans sa langue maternelle des
opérations mentales et leurs expressions, il aura un meilleur accès aux connaissances de tout ordre, et plus
généralement au plein exercice de la citoyenneté (…). (Idid)
De plus, soulignons qu’il ne suffit pas d’enseigner la langue ou d’enseigner dans la langue
pour adopter une démarche interculturelle, mais il faut prendre en compte le contexte social,
historique, géographique, esthétique et économique des élèves. À ce sujet, Abdallah-Pretceille
(1992, p.79) souligne que « si l’apprentissage d’une langue était réduit à la seule acquisition de
règles grammaticales, de structures syntaxiques et de vocabulaire, les progrès de la didactique
permettraient de résoudre le problème. Nier la charge affective, sociale, symbolique des langues,
c’est d’emblée s’enfermer dans la technologisation des enseignements et donc accepter de ne pas
atteindre l’objectif de maîtrise du langage ». L’auteur conclut en insistant sur le fait que la négation
de la diversité linguistique et culturelle produit un « retour à un monolinguisme volontariste et
normatif ».
Deuxième constat : Racisme stricto-sensu et identité
Tout d’abord, il faut rappeler que « le sentiment de différence est essentiel à la prise de
conscience de son identité » (Mucchielli [1980] 1982, p.73), c’est ce que Erickson ([1968] 1972)
appelle la conscience de « l’identité négative » : l’individu perçoit l’identité d’autrui sur des bases
différenciatrices, son existence, son sentiment d’appartenance émerge de l’opposition à d’autres
identités. C’est ce va-et-vient entre la différence et la ressemblance qui favorise la construction
identitaire. Par ces différenciations, l’individu reconnaît ses semblables au partage de caractères
communs. Mais la conscience qu’ont les acteurs sociaux d’appartenir à une culture homogène est
essentiellement fictive. Ces traits de différenciation ou de ressemblance ne sont pas objectifs car ce
sont ceux que les acteurs eux-mêmes considèrent comme significatifs. Ainsi, l’accumulation des
caractères semblables ou distinctifs est socialement construite. En tout cas, les exemples suivants le
montrent, le racisme intervient activement dans le processus de différenciation. D’une façon
générale, le racisme est perceptible dans la société guyanaise et l’École n’est pas un sanctuaire. En
effet, nous verrons que lors des rencontres interculturelles, une large place est faite à la
hiérarchisation raciale.
Les observations que nous rapportons dans cet article étayent ce constat et elles sont loin
d’être exhaustives. Soulignons que les cas rapportés, ont éveillé quelques réactions personnelles
d’indignation, mais elles ont été traitées par les équipes pédagogiques comme des faits sans grande
importance sur lesquels il n’était pas utile de s’attarder et n’ont donc pas fait l’objet d’une analyse
et d’une réflexion en équipe. En effet, les manifestations de racisme stricto sensu, c’est-à-dire la
hiérarchisation raciale et le rejet, sont souvent perçues par les enseignants comme anecdotiques et
ne font donc pas l’objet d’une pédagogie adaptée aux réalités des enfants scolarisés dans nos écoles.
Le premier cas a été observé dans une classe de moyenne section où une fillette d’origine
métropolitaine a affirmé que sa mère a trouvé son dessin laid et qu’elle lui a demandé de le
recommencer. L’élève explique à l’enseignante qu’il lui faut enlever de son dessin tout ce qui est en
noir. Il est utile de préciser que le dessin en question était un dessin libre, très coloré et que, selon
l’élève, le noir utilisé pour les contours le mettait en valeur. Lors d’un entretien avec les parents de
cette élève, il s’est avéré que sa mère avait peur des Noirs et qu’elle vivait très mal son installation
en Guyane à la suite de la mutation professionnelle de son mari. Elle transmettait cette phobie à sa
fille laquelle, selon le père, se cachait quand elle voyait une personne noire. Lors de cette rencontre,
la mère a affirmé que le noir n’était pas une couleur et que par conséquent sa fille ne devait pas
l’utiliser.
Un autre cas a été relevé dans une classe de maternelle grande section où, au moment de se
ranger, un élève de grande section refuse systématiquement de donner la main à un enfant noir. Les
élèves auxquels il refuse de donner la main viennent se plaindre à l’enseignante. Cet enfant de 5 ans
est capable d’expliquer que son père lui a recommandé de ne pas « donner la main aux négrillons ».
Le troisième cas se déroule lors d’un repas à la cantine. Un élève de CM2 devient agressif à
l’égard de ses camarades. Il est incapable de se calmer en dépit des admonestations des adultes et
finit par se faire punir. Plus tard, il expliquera qu’il s’est énervé car les camarades en question
racontaient des blagues racistes sur les Noirs. L’atmosphère devenant insupportable pour lui, il leur
a demandé d’arrêter, ce qu’ils n’ont pas fait, alors il a violemment manifesté son mécontentement.
Il convient à ce stade de la présentation de quelques cas, de s’arrêter sur l’importance d’une
démarche pédagogique. Tout d’abord, cette vision des Noirs est peu flatteuse et – si l’on se réfère à
de nombreuses études (notamment Blanchard et al. 1995 ; Chalaye 1998, Monnier 1999) – l’image
des Africains noirs, intégrée par les Français blancs, est largement négative. À ce propos, Dewitte
affirme que chaque période historique a contribué à façonner une image du Noir et le retour de ces
clichés « serait plutôt risible s’il ne démontrait que le vieux fonds de mépris qui depuis la nuit des
temps marque les rapports entre Noirs et Blancs n’a pas disparu » (1995, p.32). L’historien conclut
que cela ne porterait pas à conséquence si aujourd’hui les Noirs et les Blancs ne vivaient pas
ensemble, ne se côtoyaient pas.
Bien entendu, le racisme n’est pas unilatéral. Plus précisément, le nombre des transactions
interculturelles possibles est considérable, compte tenu du fait que chaque communauté ne
s’individualise que par une logique de comparaison entre soi et les autres. Les stratégies
d’identification situationnelle concernent tous les groupes socioculturels vivants en Guyane
(Chalifoux 1997, p.100). L’identité n’est donc pas figée et Jolivet souligne que « le racisme est
modulé selon la place qu’occupe dans la société guyanaise le groupe rejeté et peut aller du mépris
tranquille à l’agressivité la plus marquée. Nulle minorité n’échappe à ce processus mais certaines y
ont un rôle privilégié » (1982, p.403). À ce propos, le racisme envers les populations immigrées est
fortement perceptible, quels que soient les degrés d’intégration et de réussite sociale. Par exemple,
lors d’un débat sur le thème de la différence, dans une classe de CE2, un élève d’origine chinoise –
un groupe socioculturel intégré économiquement17 - raconte que des camarades de la classe refusent
de jouer avec lui parce qu’il est Chinois. Il explique qu’on se moque de lui en l’interpellant avec le
mot « chichine ». Il précise que cela le met très en colère et qu’il voudrait que le harcèlement cesse.
Nous pouvons ajouter qu’aucun groupe socioculturel ne détient le monopole de l’interprétation du
rôle du raciste. Il existe des échelles d’hégémonies où les interactions se modifient en fonction des
groupes en présence (Hidair 2008a et 2008b).
L’analyse du racisme faite par Taguieff (1997), à propos de la France métropolitaine, est
aussi valable pour la Guyane. L’auteur met en évidence que les individus immigrés sont catégorisés
et porteurs de stéréotypes négatifs, ils sont l’« incarnation de la menace, voire d’une menace de
mort, la catégorie extranéisée dérive de celle de l’ennemi absolu face auquel toutes les mesures
17
Le taux de chômage des immigrés natifs de la Chine présents sur le marché du travail en Guyane est de 7,2% (Atlas
2006, p.23)
d’autodéfense sont justifiées, voire prônées » (pp.67-68). De ce fait, l’intégration des personnes
perçues comme étrangères est rendue difficile.
Dans la vie quotidienne guyanaise, l’acceptation ou le refus des catégories culturelles et
sociales se manifestent par le choix du lieu de résidence, la façon d’éduquer les enfants, le cynisme
politique ou les formes d’humour (Chalifoux 1997, p.94) et exposent au racisme. Les Hommes sont
ethnocentristes et on sait que le racisme s’y développe (Lévi-Strauss [1952] 1987). Adam souligne
que l’ethnocentrisme est la part de la culture – c’est-à-dire l’altérité symbolique perçue comme un
vide symbolique – pour induire la nature, tandis que le racisme est la part de la nature – c’est-à-dire
la différenciation somatique – pour déduire la culture (1984, p.90). Ces manifestations
ethnocentristes se retrouvent dans les affirmations proférées par les enseignants à propos des
habitudes culturelles de certains élèves.
Troisième constat : Déterminisme culturel
À la prédominance de la langue nationale, il faut ajouter le fait que des enseignants
manifestent une forte propension au déterminisme culturel. En effet, ils reçoivent « une formation
pour l’essentiel indifférenciée par rapport à celle qui est proposée en France métropolitaine : la
seule originalité est un petit module d’introduction au milieu18. La première affectation des jeunes
diplômés est souvent une école d’une commune (…) du [fleuve] Maroni (…) ». La principale
difficulté rencontrée par les enseignants dans ces zones est le très haut degré d’altérité culturelle
dans lequel leur enseignement doit prendre place. « Seuls quelques rares instituteurs développent
une vraie passion pour leur métier dans ces conditions et bien souvent, cette première expérience
très mal vécue se solde par une mutation, ce qui empêche la formation d’équipes stables et
efficaces » (Laboratoire de linguistique).
En conséquence, parmi les enseignants rencontrés durant l’enquête la plupart interprètent les
comportements et résultats scolaires des d’élèves sous l’influence d’idées reçues. Cette description
statique s’entend lorsque les raisons de l’échec scolaire trouvent leur explication dans « le
culturel ». Tout ce qui ne correspond pas à la norme est exclu et on observe même, dans ces idées
reçues, des contradictions. En effet, soulignons que ce sont à la fois l’éducation jugée stricte, du fait
que les enfants subissent des punitions corporelles, et la liberté d’agir de ces derniers qui sont
Depuis 2002, Isabelle Hidair dispense 2h à 6h d’anthropologie interculturelle par an aux professeurs des écoles de
deuxième année. Pour la majorité d’entre eux, c’est l’occasion de découvrir la discipline. Les interventions sont
scindées en deux parties. L’une consacrée à l’exposé théorique des recherches sur l’identité, le racisme et l’interculturel.
L’autre, d’une durée de 45 minutes, donne la parole aux professeurs des écoles. Certains cours ont fait l’objet d’un
enregistrement vidéo.
18
accusées de l’échec scolaire. Bon nombre des enseignants affirment que le mode de vie des parents
n’est pas « normal ». La norme étant l’organisation sociale judéo-chrétienne. D’autres stéréotypes
récurrents sont les jugements portés sur le caractère de certains élèves perçus en fonction de leur
origine socioculturelle supposée. Ainsi, des qualificatifs sont souvent associés aux groupes
socioculturels19. Nous mentionnerons ici les stéréotypes négatifs et positifs récurrents : les
Brésiliens sont jugés « dépravés/futés », les Noirs marrons « indisciplinés/courageux », les Créoles
guyanais
« indolents/fêtards »,
« violents/débrouillards »,
les
les
Métropolitains
Amérindiens
« racistes/intelligents»,
« soumis/pacifiques »,
les
Guyaniens
les
Chinois
« renfermés/rationnels », les Hmong « introvertis/travailleurs ». Ces représentations mettent en
évidence l’ethnocentrisme des enseignants et ces explications arbitraires cloisonnent les élèves dans
un monde imaginaire. À ce propos, Abdallah-Pretceille (1992, p.153) rappelle que « rien ne sert
(…) d’appréhender d’autres cultures, d’autres modes, si le point de référence reste toujours le
même. Il ne s’agit pas de savoir comment les autres s’ordonnent par rapport à soi mais d’être
capable d’une certaine ubiquité. La connaissance de l’aspect multiple des êtres, des situations, n’est
opérationnelle, dans une visée interculturelle, que si elle s’accompagne d’une série de mises en
perspective diversifiées ». Les interprétations erronées des modes de vie sont reprises en cœur par
les équipes pédagogiques persuadées d’adopter une attitude interculturelle donc « ouverte d’esprit »
par le simple fait de mettre en évidence les « différences culturelles des Autres ». Ainsi, à partir de
leur vécu, les enseignants jugent des possibilités et des manques de l’ensemble du groupe
socioculturel. Cette recherche systématique de cohérence et d’explication « dans le culturel »
conduit à une schématisation réductrice, préjudiciable à l’élève qu’ils cherchent à aider (AbdallahPretceille 1996). Au lieu du résultat escompté, à savoir la stimulation à l’apprentissage, l’effet
produit sur les élèves est souvent l’intériorisation d’une image négative du mode de vie des parents,
voire du groupe socioculturel d’appartenance, qui sont tous deux progressivement perçus comme
non-conformes. Sur ce thème, Fourez (1990, p.29) souligne que les propos des enseignants trouvent
leur légitimité dans le fait qu’il s’agit de « modèles de réussite » ayant suivi les règles.
Cependant, interpréter la plupart des comportements des enfants en fonction de leur
appartenance masque les potentialités où les difficultés individuelles. De plus, ces préjugés
généralisateurs ne permettent pas aux enseignants de prendre conscience des réelles différences. Par
exemple, le rapport particulier au savoir des élèves non occidentaux n’apparaît pas dans la
pédagogie de la majorité des enseignants qui construisent leur pédagogie sur le modèle
19
Des enquêtes ont été menées par les étudiants de Licence Lettres, Arts et Sciences Humaines de 2000 à 2006. Isabelle
Hidair dirigeait l’unité d’enseignement appelée « projet de recherche en anthropologie ». À partir d’un guide
d’entretien, les étudiants devaient enquêter dans les établissements scolaires de leur choix. À partir de 2006, et jusqu’en
2008, ce sont les enseignants qui ont fait l’objet des recherches. Les discours des élèves et des enseignants ont été
fidèlement retranscrits puis analysés.
d’apprentissage français. Ainsi, bon nombre d’entre eux considèrent que certains élèves ne
répondent pas aux représentations qu’ils se font du « bon élève ». Sur ce thème, les analyses de
Duraffour et Guittonneau (1991, p.171), à propos du niveau scolaire des enfants issus de
l’immigration en France métropolitaine, sont aussi valables pour la Guyane. Les auteurs mettent en
évidence que « les enfants d’immigrés sont plus souvent en péril dans l’Éducation nationale que la
moyenne des enfants scolarisés, comme le sont d’ailleurs les enfants français des couches sociales
défavorisées. (…) Le processus de ségrégation scolaire reflète les ségrégations sociales et spatiales.
(…) ». Ainsi, l’échec dans notre système scolaire tient plus de l’origine sociale que de l’origine
culturelle.
Pour les parents qui n’ont pas été scolarisés, leur intervention à l’école se limite aux
questions disciplinaires, mais, bien entendu, ils jugent très rarement les contenus pédagogiques. Sur
ce sujet, Duru-Bellat (2003), rappelle que « tous les parents visent une ascension sociale pour leurs
enfants, même si cette visée est rationnellement inégale ». Ainsi, ces élèves se retrouvent contraints
d’intégrer à leur tour, comme les enseignants avant eux, et pour leurs parents -ceux qui n’ont pas été
scolarisés- les valeurs de l’école même si celles-ci sont en contradictions avec leurs valeurs
familiales. Dans le but de stimuler les enfants au travail, les enseignants agitent les épouvantails de
la pauvreté, de l’inactivité - auxquelles ils associent la vie des parents agriculteurs – et dénigrent
involontairement le mode de vie des familles. À ce propos, un enseignant interviewé sur le terrain a
conseillé à ses élèves de travailler à l’école « pour ne pas finir à l’abattis20 » comme leurs parents.
Une autre enseignante, en dressant le profil des élèves de son groupe classe - constitué d’enfants
non francophones d’origines diverses et de niveaux variés - affirme qu’ils sont intellectuellement
limités et qu’ils n’apprendront jamais à lire. Plus tard, une élève de CE2 raconte lors d’une
discussion dans la classe que l’enseignante de sa sœur, scolarisée au CM2, va emmener les élèves
voir « les Indiens alcooliques ». Cette enseignante a affirmé aux élèves de CM2 que les « Indiens
sont tous des alcooliques ».
Ces observations, nous montrent que la lutte contre le racisme dans nos écoles doit faire
partie des objectifs pédagogiques des enseignants. Cette lutte peut s’inscrire dans une pédagogie
active d’éducation à la citoyenneté avec des actions précises visant à déconstruire les clichés
réducteurs des identités culturelles diverses. En voici quelques propositions.
Propositions pédagogiques
20
Terme qui désigne l’agriculture sur brûlis.
La partie suivante concerne la présentation de trois activités de lutte contre le racisme21 qui
pourront être menées par les enseignants dans leurs classes. Pour chaque thème, nous indiquons le
public et les compétences visés, ainsi que le matériel nécessaire. Puis, nous détaillons le contenu des
activités en annexe. Par ailleurs, il est important de rappeler que pour chaque activité la culture
française et ses variétés internes doivent être étudiées au même titre que la diversité des cultures
issues de l’immigration.
Thème 1: « Nos différences nous rassemblent »
Public : Cycle 1
Compétences :
Les objectifs sont :
-de sensibiliser les élèves à l’antiracisme et à la tolérance ;
-de leur apprendre qu’on est tous différents mais semblables et égaux en droits et dignité ;
-de leur apprendre à ne plus avoir peur des différences, celles des autres ou les siennes ;
-de leur apprendre à les utiliser pour mieux vivre en groupe et dans la société ;
-d’apprendre à écouter les différences de l’autre et à les apprécier, afin de vivre « avec » et
non « à côté » des autres ;
-de créer des passerelles culturelles pour prendre conscience de nos ressemblances.
Matériel pour la classe :
-demander aux élèves d’apporter des objets qu’ils considèrent comme les symboles d’une culture.
Ceux-ci peuvent être issus de leur culture, celle de leurs parents ou tout autre culture qui les
inspire ;
-faire circuler les objets (vêtements, jouets, instruments de musique, hamac,...) ou des photos
(maisons, plats, pâtisseries…) de différents groupes socioculturels ;
-demander qu’un petit exposé accompagne la présentation de l’objet (son origine et dans quel
contexte il est employé, la recette pour un plat ou une pâtisserie) ;
-poursuivre par des ateliers (réalisation de tambours créoles ou noirs marrons, de lampions chinois,
apprentissages de chansons hmong, chinoises, françaises de métropole, lecture de contes, dessins...)
impliquant l’objet.
Remarque :
Ces activités sont largement inspirées des propositions faites par l’École sans racisme belge. Elles méritent d’être
testées en Guyane. Les contenus des ateliers sont donc adaptés au contexte guyanais.
21
Il est important de ne pas considérer les objets hors de leur contexte culturel. Présenter les éléments
sans explications reviendrait à figer des pratiques et à obtenir des résultats opposés aux attentes. La
différence ressemblerait à un inventaire inconsistant d’une réalité pourtant dynamique.
Thème 2 : « Tout bouge ! »
Public visé : Cycle 2
Compétences :
Les objectifs sont :
-d’aborder
les
migrations
en
tant
que
phénomène
naturel
et
positif ;
-Tout bouge, migrer est naturel : les plantes, les animaux et les êtres humains se sont eux
Aussi déplacés. Ainsi, nous montrerons que l’histoire de l’humanité est une histoire migratoire, que
la France hexagonale, est un pays multiculturel pour ensuite présenter la Guyane et sa diversité ;
-Bien d’autres pays pourront compléter la présentation car il n’existe pas de sociétés « monoculturelles », c’est-à-dire culturellement homogènes.
Matériel :
-Cartes du monde et localisation géographique des migrants en fonction de leurs origines.
Remarque :
Dans un souci de rigueur scientifique et afin de d’éviter tout cloisonnement entre les étrangers et les
nationaux, il est indispensable d’inclure les Amérindiens dans cette histoire de peuplement au même
titre que n’importe quelle autre population immigrée. En effet, il est important de rappeler que tous
les Amérindiens de Guyane proviennent d’autres pays sud-américains.
-Idem pour les populations de nationalité française, les Métropolitains et les Antillais, dont on
oublie souvent qu’ils ont migré vers la Guyane.
-En conclusion, insister sur le fait que le phénomène migratoire ne concerne pas uniquement les
populations de nationalité étrangère.
Thème 3 : « Je, Nous et les Autres »
Public visé : Cycle 3
Compétences :
Les objectifs sont :
-de faire prendre conscience des préjugés et des stéréotypes (sur les hommes, les femmes, le Nord et
le Sud, les Chinois doués pour les mathématiques, l’Amérindien écologiste, le Noir sportif, le Blanc
intelligent, le Hmong travailleur acharné, etc.) ;
-d’aider à les déconstruire et permettre aux enfants, au départ d’un mot, d’une image de prendre
conscience de ces stéréotypes, de débattre et de confronter des opinions.
Matériel :
-Les cartes postales, vendues dans le commerce, sont un support intéressant pour cet exercice.
Remarque :
Faire circuler les photos ou les cartes postales de populations vivant en Guyane.
Laisser s’exprimer chez les élèves des stéréotypes et des idées préconçues.
Par ailleurs, cet exercice doit montrer la distance entre ses perceptions spontanées et la réalité. Une
discussion est ensuite animée par l’enseignant.
Conclusion
En Guyane, une revalorisation des cultures non occidentales semble indispensable dans le
cadre d’une pédagogie interculturelle. Interpréter la plupart des comportements des enfants en
fonction de leur appartenance risque de masquer les potentialités où les difficultés individuelles. Par
ailleurs, ces préjugés généralisateurs ne permettent pas aux enseignants de prendre conscience des
réelles différences culturelles, mais des possibles ressemblances entre « l’Autre » et « Nous ». En
d’autres termes, pour concrétiser un projet de pédagogie interculturelle, il est indispensable que
l’enseignant prenne avant tout conscience de l’ethnocentrisme qui forge sa perception du monde.
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THÈME 1: NOS DIFFÉRENCES NOUS RASSEMBLENT
Activité : Céramiques et de calebasses amérindiennes
SÉQUENCE N°1 : La fabrication
Source : http://www.parc-guyane.gf
-Localisation : haut Oyapock.
-Mode d'extraction :
L'extraction de l’argile peut avoir lieu à n'importe quel moment de l'année.
La séance d'extraction est une opération exclusivement féminine. L'argile est récoltée dans le lit et
sur les berges de la crique.
Une fois ramassée, l'argile est malaxée, nettoyée des brindilles d'herbe et fragments minéraux.
On lui donne la forme de pains longs d’une quinzaine de centimètres.
L'argile récoltée est laissée détremper 24 heures environ et utilisée ensuite telle quelle.
-Mode de fabrication d’un vase :
1. une petite surface de terre est nettoyée à l'aide d'un couteau ;
2. l'argile est malaxée ;
3. la base du pot est mise en place à partir d'un petit disque épais d'argile ;
4. les rondins d’argiles sont enroulés sur la planchette en bois ;
5. l'intérieur est lissé avec les doigts d'abord et ensuite avec le tesson de calebasse trempé dans
l'eau ;
6. la panse est montée en élargissant les parois avec les doigts et le tesson de calebasse ;
7. la lèvre est réalisée en lissant le bord avec la lamelle du champignon pliée
en deux ;
8. la finition advient en deux temps : d'abord un lissage est effectué général avec le
fragment de calebasse ou un fragment de bois et l'opération est ensuite complété par
un lissage plus fin, à l'aide de la lamelle de champignon trempée dans l'eau
Durée des opérations 1 à 8 : 1 heure environ) ;
9. la poterie est laissée sécher un ou deux jours ;
10. après deux jours, la poterie est lustrée à l'aide d'un petit galet rond ;
11. la cuisson sera effectuée dix jours plus tard environ ; la poterie sera alors posée sur un
feu d'écorce.
-Pratiques et interdits :
La production de la céramique chez les Wayãpi est un univers exclusivement féminin. En
outre, seules les femmes des notables sont potières.
La manipulation de l'argile est interdite aux hommes.
-Apprentissage :
Le savoir-faire céramique se transmet traditionnellement de mère en fille. Il s'agit surtout d'un
apprentissage effectué par l'observation. Les enfants sont souvent présents quand les parents
accomplissent une activité artisanale, qui se déroule dans le carbet familial ou le carbet collectif
destiné aux réunions.
Source : www.parc-guyane.gf/
SÉQUENCE N°2 : Ouverture sur le monde
De nombreux peuples à travers le monde fabriquent des poteries.
Poterie Falasha d’Ethiopie
Source : http://www.daddis-et-dailleurs.com
Poterie japonaise Raku en grès émaillé.
Source : http://www.fude2katana.com
SÉQUENCE N°3 : Activités proposées
Illustration en chanson, contes, dessins, cuisine :
-Dessine une poterie wayana ou Wayãpi.
-ou ateliers de fabrication de poterie dans la classe.
THÈME 2 : TOUT BOUGE !
Activité : Comment et pourquoi les êtres humains passent-ils d’un continent à un autre ?
SÉQUENCE N°1 : Les migrations préhistoriques
L'histoire des migrations humaines commence avec les déplacements d'Homo erectus hors de
l'Afrique à travers l'Eurasie il y a environ un million d'années. Homo sapiens a colonisé toute
l'Afrique il y a 150 000 ans. Il commence à sortir d'Afrique il y 80 000 ans puis, il y a 40000 ans, il
s'est répandu à travers l'Eurasie et l'Australie.
Carte des migrations préhistoriques d'homo sapiens sur la base de l’ADN
(datations en milliers d'années avant le présent)
SÉQUENCE 2 : Le peuplement du continent Américain
Pendant longtemps, on a pensé que l'Amérique a été peuplée par des groupes venus d'Asie et ayant
traversé le détroit de Béring pendant la période glaciaire.
Les découvertes récentes montrent que l'histoire du peuplement de l'Amérique est plus complexe.
l'Homme de Kennewick, retrouvé dans le nord-ouest des États-Unis en 1996, aurait un profil
européen.
Luzia ainsi que des dizaines autres squelettes découverts à Cerca grande et sur le site de Pedra
Furada, au Brésil, indiquent une origine australoïde.
Les squelettes mis au jour dans l'État de Mexico, la Femme de Peñon et l’Homme de Tlapacoya
auraient une morphologie à la fois proche du type européen et australoïde.
Source : http://fr.wikipedia.org
Source : http://www.canalacademie.com
Notre séquence ADN est la même que celle de l’homme moderne, preuve que nous sommes tous
d’origine africaine.
Il prouve par la même occasion qu’il n’existe pas à proprement parler de race humaine. Notre
couleur de peau, notre morphologie n’est que le fait d’une adaptation de l’homme à son
environnement (Source : Henry de Lumley-professeur émérite au Muséum national d’histoire
naturelle de Paris, Directeur de l’Institut de paléontologie humaine, membre de l’académie des
inscriptions et belles lettres et correspondant de l’Académie des sciences).
SÉQUENCE N°3 : Les différentes migrations humaines
On distingue notamment :
1.
-les migrations économiques (déplacement de travailleurs)
2.
-les migrations contraintes (fuite de persécutions, famines résultant souvent de guerres ; on
parle aussi de conquête, d'invasion, d'exode, de colonisation…).
La migration peut correspondre à un changement définitif de résidence, ou à des migrations
saisonnières liées au phénomène des vacances.
On parle alors, selon le point de vue, d’émigration (sortie du pays d'origine) ou d'immigration
(entrée dans le pays de destination).
Source : Source : http://fr.wikipedia.org
SÉQUENCE N°4 : Activités dans la classe
Sur la carte ci-dessous indique : l’Afrique de l’Ouest, le Brésil, la Chine, la France, la Guadeloupe,
la Guyane, Haïti, l’Inde, l’Indonésie, le Laos, le Liban, la Martinique, la République Coopérative
de Guyana, la Réunion, Saint-Domingue, Sainte-Lucie, le Surinam,….
∆ Remarques à l’enseignant :
Insister sur le fait que :
-les Amérindiens de Guyane viennent du Surinam et du Brésil ;
-les Créoles (haïtiens, guyanais, réunionnais, brésiliens, martiniquais, sainte-luciens, surinamais,
guadeloupéens, guyaniens…) et les Noirs marrons sont originaires d’Afrique de l’Ouest ;
-les Chinois sont originaires du Sud de la Chine ;
-les Libanais descendants des Phéniciens viennent du Liban ;
-les Hmong originaires de Chine proviennent du Laos ;
-les Javanais d’Indonésie ;
-les Hindous et Coolies d’Inde ;
-les Métropolitains de France ;
-etc.
Puis, il est indispensable de montrer les migrations en précisant qu’il existe des Haïtiens blancs,
des Métropolitains noirs, des Asiatiques surinamais, des Libanais français, des Brésiliens aux traits
asiatiques, des Hmong américains, des Guyanais amérindiens, blancs, noirs, métis….
Source : http://www.carte-du-monde.net/
SÉQUENCE N°5 : Les migrations animales
Elles se produisent en général à des périodes de changements de conditions climatiques, mais elles
sont, en réalité, dues aux variations dans la disponibilité de la nourriture.
Ainsi, en Europe, les oiseaux migrateurs ne partent pas pour chercher le soleil mais pour trouver
une nourriture abondante.
Le retour des oiseaux migrateurs dans les régions tempérées pour y nicher et se reproduire
s'explique par la présence moindre de prédateurs et une moindre concurrence, lors de la collecte de
la nourriture, avec les autres espèces.
Le principe de la migration pour les poissons et les mammifères marins est le même : l'espèce va
chercher la ressource alimentaire et la sécurité là où elles se trouvent, en fonction des saisons.
D'autres animaux migrent également : des grands mammifères (caribou) ainsi que certains
papillons.
Les animaux en migration doivent parcourir de nouveaux territoires, affronter des prédateurs et des
aléas météorologiques, et de plus en plus d'artéfacts humains (barrages, routes, villes, lignes à
haute tension, zones polluées, tirs de chasse, etc.) facteurs de fragmentation écologique des routes
migratoires.
SÉQUENCE N°6 : Le suivi de la migration des tortues luths
-Son nom scientifique : Dermochelys coriacea.
-Autre nom : tortue cuir géante.
-Sa taille moyenne : longueur 1,60 m, largeur 0,92 m pour la femelle, pour les mâles (estimation)
2,50 m de long et 3,60 m d'une nageoire à l'autre.
-Son poids moyen : femelle 400 à 700 kg, mâle jusqu'à 800 kg.
-Son origine : elle faisait partie des reptiles primitifs et vivait sur terre il y a déjà 200 millions
d'années. Ces tortues vivent au moins 100 ans.
-Sa classification : elle appartient au règne animal, des vertébrés, classe des reptiles.
-Sa carapace : elle n'est pas osseuse, elle est plutôt souple et composée de plusieurs morceaux, elle
fait partie du corps de la tortue, donc elle ne peut pas y rentrer sa tête ou ses pattes.
-Son régime alimentaire : elle se nourrit d'une très grande quantité de méduses, elle plonge jusqu'à
1000 mètres de profondeur pour les attraper.
-Sa reproduction : elle pond des œufs dans un nid qu'elle fabrique surtout sur les plages de Guyane
de la fin du mois de février jusqu'en juin. La femelle revient sur la plage où elle est née pour
pondre, le mâle lui ne revient jamais sur terre.
La tortue luth est un animal en voie de disparition, connaître ses routes migratoires et son régime
alimentaire permet de prendre des mesures pour la protéger (notamment des filets de pêche) en
créant des zones sensibles de pêche. Pour attacher la balise Argos sans blesser la tortue, un harnais
a été inventé. La balise fonctionne grâce à une pile qui doit permettre l'envoi du signal pendant 14
mois.
Activités dans la classe :
Les élèves reportent sur un planisphère les courants chauds de cette zone (flèches noires),
l'emplacement de la dorsale océanique (flèches grises) et la route suivie par une tortue équipée
d’une balise par le CNES au départ d’Awala Yalimapo (pointillés rouges).
Source : http://lamap93.free.fr/
∆ Ne pas hésiter à faire intervenir des scientifiques responsables du projet de suivi des tortues
luths. Prévoir une sortie à Awala-Yalimapo et un jumelage avec une classe située dans cette zone.
THÈME 3 : JE, NOUS ET LES AUTRES
Activité : Ti zouk et ses amis
SÉQUENCE N°1 :
Consigne : Après avoir attentivement regardé cette image, réponds aux questions suivantes
oralement.
1°) D’après-toi quelle langue parle chacun des enfants ?
2°) Pourraient-ils parler d’autres langues ?
∆ Objectifs de la discussion : Décloisonner les représentations figées de ces personnages car la
majorité des enfants de Guyane sont au moins bilingues.
3°) Qu’est-ce qui différencie ces personnages ?
4°) Ont-ils des points communs ?
∆ Objectifs de la discussion : Laisser décrire les différences physiques pour amener aux
ressemblances de ces personnages puis des élèves (langues parlées, musiques écoutées, pays où ils
vivent, aliments consommés, vêtements portés…).
5°) Selon-toi où sont nés ces personnages ?
6°) Pourraient-ils être nés ailleurs ?
∆ Objectifs de la discussion : Montrer qu’au-delà des origines géographiques des ancêtres, tous ces
enfants pourraient, tout aussi bien, être nés dans le même pays.
7°) Imagine une journée de Ti Kimbé et Ti Saka.
8°) Pourraient-ils pratiquer d’autres activités ?
∆ Objectifs de la discussion : Dépasser la division ethnique des activités professionnelles. Les
stéréotypes accolent aux Amérindiens une image d’écologistes pacifiques ou, aux Noirs marrons,
une qualité de peuple courageux de vivre dans le milieu hostile de la forêt.
Insister sur le fait que la ville comme la forêt sont des milieux dans lesquels il faut être socialisé.
Vivre en ville s’apprend, comme vivre en forêt, dans le désert ou au Groenland.
9°) Certains d’entre vous ont-ils trouvé des ressemblances physiques avec certains
personnages ? (Les choix peuvent être multiples).
∆ Objectifs de la discussion :
A) Il s’agit de faire une place aux élèves issus de deux cultures. La notion de métissage doit être
étendue aux enfants dont les parents présentent des similitudes phénotypiques. Le métissage ne se
limite pas aux couleurs de peaux, mais il concerne aussi des populations noires qui possèdent des
modes de vie différents. Par exemple, un enfant issu d’un parent créole guyanais et d’un autre
aluku est métis. De même pour un enfant dont l’un des parents serait créole haïtien et l’autre créole
martiniquais. Les exemples sont multiples et doivent être étendus à d’autres peuples comme les
métissages entre les Bretons, les Basques, les Alsaciens, etc.
B) Dans ce deuxième objectif, il s’agit d’approfondir la notion de métissage. En effet, elle signifie
mélange de races d’un point de vue biologique. Or, nous savons que cette notion est
scientifiquement fausse. Il convient donc d’insister sur nos idées reçues et de montrer qu’il existe
un écart entre la réalité scientifique et nos savoirs populaires.