Rééducation posturale globale
RPG
Chez le même éditeur
Du même auteur :
Les scolioses, par M. Ollier et P. Souchard. Masson, 2002, 202 pages.
Rééducation
posturale globale
RPG
Philippe Souchard
Avec la collaboration de :
Orazio Meli
Diego Sgamma
Iñaki Pastor
Mario Korell
Bernard Michel
DANGER
LE
PHOTOCOPILLAGE
TUE LE LIVRE
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout
particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photo-copillage ».
Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de
créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont
passibles de poursuites. Les demandes d'autorisation de photocopier doivent être adressées à
l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins,
75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans
le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées,
d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans
laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
2011, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
ISBN : 978-2-294-71296-8
Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex
www.elsevier-masson.fr
Dépôt légal : octobre 2011
Composition : SPI
Imprimé en Italie par Legoprint
Liste des collaborateurs
Orazio Meli – Diego Sgamma
Les fibres musculaires
Le tonus musculaire – Les réflexes
Iñaki Pastor – Mario Korell
Les mécanismes de contrôle de l'quilibre
Le développement moteur
Bernard Michel
Le fluage
La rédaction de cet ouvrage n'a pu être envisagée que grâce aux attentions inestimables
de Sonia Pardella et Rita Loriga
L' innovation est une bénédiction car elle permet à beaucoup de s'en attribuer
la paternité et à tous les autres d'en critiquer la validité
Pipe (Roses Grises 2009)
Remerciements
Norbert Grau
Giovanni Onida,
Altair Souza de Assis,
Muriel Gruy,
Carina Rodriguez
Dessins :
Marie-Claire d'Armagnac
Serge Cap,
Sophie Duclavé,
Sonia Pardellas
Documentation :
Soraia Guerra
Julieta Rubinetti,
Marcia Simões,
Débora Pereira,
Maria Novella Pompa,
Rubén Fernández
Photographies :
Silvia Terraciano
Monica Lal,
Hector Maragna,
Marcelo Zarate,
Alessandro Mascia
De la méthode…
La kinésithérapie ou physiothérapie, pour qui ne
pratique pas la langue de Molière ou de Cervantes,
est née officiellement au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale. C'est dire qu'il s'agit d'une
toute jeune fille, soumise encore parfois à des
pressions identitaires mais qui a su immédiatement
se rendre indispensable et démontrer une rare
capacité d'évolution.Dès sa création surgit très
vite une pléthore de « méthodes de traitement »
dont le pic culmina, sans doute, dans les années
1960-1970. Les jeunes physiothérapeutes de
l'époque, avides et émerveillés, se trouvaient
transportés dans un marché africain bruyant et
coloré où chaque étal proposait sa propre version
de la panacée universelle. Rien que de très normal,
tout était à découvrir.
Peu à peu les choses se sont calmées et, surtout là
où la profession s'est structurée en premier, nous
avons appris à raisonner, à comparer et à sélectionner, même s'il y a encore beaucoup à faire dans ce
domaine. Le culte des gourous n'est pas mort.
Des modes étranges voient encore le jour. Les
« emprunts » sont monnaie courante et la falsification n'est pas éradiquée.Des méthodes encensées
dans un premier temps ont sombré dans l'oubli.
Les créateurs de certaines autres se retourneraient
dans leur tombe s'ils voyaient l'usage mercantile
qui est fait de leur nom et le dévoiement des principes qu'ils ont prônés. Toutefois, ceci n'est pas
l'apanage de notre profession et il n'y a encore là
rien que de très banal.
Mais l'expression « méthode » continue à s'appliquer
avec constance lorsqu'il s'agit de qualifier certains
types de traitement, en particulier lorsque ceux-ci
se démarquent des façons de faire académiques.
Il n'est donc pas inutile de se pencher sur la réelle
signification de ce mot et sur la justification de
l'usage qui en est fait.
Le dictionnaire nous apprend qu'une méthode
consiste en une démarche rationnelle de l'esprit
pour arriver à la connaissance ou à la démonstration d'une vérité. Ou encore, qu'il s'agit d'un
ensemble ordonné de manière logique de principes, de règles, d'étapes permettant de parvenir à
un résultat.
Ces critères sont suffisamment précis pour qu'on
ne puisse confondre méthode et technique (qui a
trait à la pratique ou au savoir faire dans une activité). On voit par ailleurs que, dans ces définitions,
le caractère innovant de cette vérité démontrée
n'est qu'implicite, alors que dans l'inconscient
collectif des physiothérapeutes l'expression
méthode sous-entend une originalité certaine
dont découlent des applications pratiques distinctes des canons classiques.
D'où viendrait cette originalité si ce n'est d'observations inédites, d'idées novatrices ? On objectera
que tout changement d'orientation a des références. La connaissance est rarement absente, elle est
lacunaire. C'est pourquoi il est toujours difficile
de faire admettre que la singularité de l'évolution
peut surgir aussi bien de l'interprétation d'une
somme d'éléments que de l'approfondissement de
leur connaissance isolée.
Reprocher à une innovation d'être inaboutie est
un non-sens. Ce qui est coupable c'est de ne pas
faire le nécessaire pour sortir d'un empirisme dont
il est tentant de s'accommoder.L'inlassable curiosité de l'homme se trouve en effet contrebalancée
par la conscience des efforts colossaux qu'il faudra
consentir pour arriver à une ébauche de
justification.C'est beaucoup pour un homme seul
et il ne faut pas s'étonner d'entendre toujours parler d'équipes de chercheurs. Le chemin est long
qui mène à l' « evidence based practice ».Faisant fi
de la levée de boucliers de la faculté qui est, bien
XIV
De la méthode
entendu, dans son rôle lorsqu'elle fait preuve de
prudence et qu'elle condamne, l'empirisme est
parfois assumé et même revendiqué. Cela ne manque pas de confort et permet de mettre en exergue
avec toute la virulence souhaitable les propres faiblesses d'adversaires qui n'en manquent pas.En
affirmant « Les fous ouvrent les voies qu'empruntent ensuite les sages », Carlo Dossi (1849-1910)
semble donner quitus aux pionniers de toute justification… tôt ou tard les sages viendront.
La réalité est plus cruelle. Car s'il veut étayer ses
intuitions et donner un sens à des observations
qui, prises individuellement n'en ont pas, le fou
doit s'astreindre lui-même à un travail méthodologique l'amenant ultérieurement à la preuve
scientifique. Les sages aiment les chemins balisés.
Une fois franchi l'obstacle des résultats cliniques,
le second écueil, sans doute un des plus difficiles à
surmonter, consiste à convaincre quelques esprits
universitaires éclairés d'ouvrir les portes de leurs
laboratoires d'expérimentation.
S'il s'agit en outre d'un libre penseur, ce qui est
probable, il ne s'astreindra au dur labeur menant à
la justification scientifique qu'avec la distanciation
de celui qui sait que le progrès scientifique n'est
pas gravé dans le marbre mais qu'il se gribouille
sur le sable humide d'une plage.
Il le fera convaincu que le caractère strictement
individuel de réaction du patient à la pathologie et
au traitement rend le principe fondamental de
reproductivité scientifique difficilement ajustable
aux différents aspects de notre profession. Comment
quantifier le fonctionnel ?
Il ne pourra ignorer qu'une certaine technoscience dérégulée a entraîné, via la consomma-
tion, notre malheureuse planète à la situation que
l'on sait.
Enfin conscient qu'il risque fort d'être crucifié au
pilori de sa propre ignorance, il ne manquera pas
de tirer une amère délectation du fait que ses juges
sont membres du cénacle, gardiens du temple des
acquis, ce qui l'amènera à s'interroger, impertinence suprême, sur un possible conflit d'intérêt.
Tout ceci lui permettra de résister, autant que faire
se peut, aux éventuelles dérives castratrices de certains censeurs particulièrement chatouilleux et
devrait logiquement l'immuniser contre la vanité,
dans le cas improbable où on reconnaîtrait quelque valeur à ses travaux.
Mais cela ne réglera pas pour autant son problème,
il n'y a pas de méthode sans démarche scientifique.
Pourtant en ce qui concerne la Rééducation
Posturale Globale le terme méthode a été employé
dès sa création en 1981.
La passion pour ce métier, l'appel des voies inexplorées, les inexactitudes flagrantes de certains
principes classiques et la nécessité d'une plus
grande efficacité thérapeutique, ne plaidaient pas à
l'époque pour la prudence.
L'ivresse des premières avancées l'a, de toute
évidence, emporté sur l'approfondissement de la
réflexion… il faut bien que jeunesse professionnelle se passe.
Bien des années après, il appartient aux lecteurs de
ce livre de se forger une opinion sur l'ordonnancement cohérent des principes de la RPG, ainsi que
sur l'originalité et la logique des modes de traitement qui en découlent, ainsi que sur les recherches qui l'ont apparemment corroborée.
Le fil rouge
Même lorsqu'on est sincèrement désireux de faire
preuve d'une démarche ordonnée susceptible
d'éclairer le lecteur, il n'est pas facile de faire transparaître celle-ci dans le sommaire d'un livre, ni
même au sein des chapitres qui le constituent, car
l'argumentation risque toujours de se perdre dans
les détails.
Il n'est donc peut-être pas inutile de préciser dès à
présent l'intention d'organisation qui a présidé à
la rédaction de cet ouvrage.
La pathologie étant une déviance de la physiologie, seule une connaissance approfondie de celle-ci
permet d'en observer les altérations.
C'est l'objectif de toute la première partie de ce
livre, du chapitre 1 au chapitre 7 inclus.
Une fois identifiées les constantes pathogéniques,
il devient possible de proposer un schéma général
de principes de traitement qu'il appartient, bien
entendu, à chacun d'apprécier.
Cela se retrouve dans la deuxième partie, chapitres
8 et 9.
Après le pourquoi vient le comment. C'est ce
qu'évoque la troisième partie d'une façon qui, à
l'évidence, ne peut pas rendre totalement compte
de tous les volets pratiques de la thérapie, dont
l'un des aspects essentiels est la manualité. L'autre
difficulté est liée au caractère essentiellement individuel de chaque pathologie et de la nécessité dans
laquelle se trouve le thérapeute d'ajuster ses principes de traitement à chaque cas particulier (chapitres 10, 11 et 12).
Enfin il est impossible de conclure sans parler de
l'importance de la prévention et du maintien, ce
qui occupe la quatrième partie.
Se trouve alors bouclé un cycle qui peut espérer
remédier, avec quelque logique, aux pathologies
qui sont l'apanage de notre profession (Fig. 0.1).
PHYSIOLOGIE
TRAITEMENT
PERSONNALISÉ
RÈGLES
D’APPLICATION
THÈRAPEUTIQUE
PHYSIOPATHOLOGIE
INDUITE
(constantes)
PRINCIPES DE
TRAITEMENT
Chapitre 1
Fonction statique
L'organisation musculo-squelettique de l'homme
force l'admiration. Elle a fait l'objet d'innombrables études qui constituent les bases de la
physiothérapie.
C'est à juste titre que la fonction contractile des
muscles a suscité, dès le départ, le plus grand intérêt. Les progrès dans la connaissance de la fonction dynamique ont très vite associé les caractéristiques biochimiques du muscle strié humain à
ses finalités fonctionnelles. Les avancées réalisées en neurologie, surtout depuis Sherrington,
ont été mises en rapport avec les nécessités de la
contraction musculaire et de la coordination
motrice. Les évolutions ont été remarquables.
En rééducation, la potentialisation musculaire est
devenue, non sans quelque logique, la seule alternative au concept de faiblesse. Dès lors, la musculation n'a plus guère été remise en cause.
Malheureusement, la fonction statique n'a pas
bénéficié de la même prise en considération. Non
pas que le tonus neuromusculaire, que les propriétés des fibres musculaires lentes, ou celles du tissu
conjonctif sont méconnues mais parce que la physiopathologie rétractile des muscles de la statique
n'a pas été clairement identifiée. Son effet sur l'ensemble' de l'activité musculaire et ses conséquences particulièrement lourdes au niveau de la
morphologie ont été ignorés.
Sa prise en compte est pourtant indispensable
pour qu'il soit enfin admis qu'un muscle peut être
faible d'être trop raide et que les dysmorphismes
sont liés aux raccourcissements musculaires
chroniques.
Ne seront envisagés dans ce chapitre que les principaux éléments structurels impliqués dans le
maintien de la posture.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Les différents types de fibres
musculaires
Du point de vue cinétique, deux types de fibres
musculaires ont été identifiés. Sur le plan métabolique, des différences plus nettes et plus
détaillées sont apparues. Elles concernent les
caractéristiques biochimiques et, par conséquent,
fonctionnelles du muscle strié (Bosco C., 1997)
(Fig. 1.1).
Or, la force de contraction musculaire est
conditionnée par le type de fibre dont chaque
muscle est constitué et non seulement par le
nombre et la synchronisation des unités motrices recrutées.
Il existe plusieurs moyens de classifier les fibres
musculaires volontaires, basés donc sur leurs
caractéristiques biologiques, mais aussi sur leur
composition histochimique et leur phénotype.
Quelle que soit la méthode employée, le résultat
montre la présence de fibres qui vont de celles
de contraction lente, résistantes à la fatigue, à
celles de contraction rapide, facilement fatigables (Yang H., Alnaqeeb M., Simpson H.,
Goldspink G., 1997).
Un système de classification commun les subdivise
en type I (lentes – slow twitch – rouges) ; type IIa
(intermédiaires, modérément rapides) ; type IIb
(rapides – fast twitch – blanches). (Tableau 1.1)
Les fibres lentes de type I sont de faible diamètre,
bien irriguées, elles privilégient la filière aérobie.
Elles entrent en jeu dans la plupart des mouvements qui ne réclament pas plus de 20 % de la
production maximale de force (Burke R.E. et
Edgerton V.R., 1975).
4
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Endomysium
Muscle
Périmysium
Épimysium
Myofibrille
Fibre
musculaire
Fig. 1-1. Le muscle strié.
Tableau 1-1 Caractéristiques anatomo-physiologiques des fibres musculaires.
Type I
Type IIa
Type IIb
Vitesse de contraction
Lentes (5–15 Hz)
Modérément rapides (15–40 Hz)
Rapides (50–100 Hz)
Force de contraction
Légère
Variable
Haute
Fatigabilité
Résistantes à la fatigue
Plutôt résistantes à la fatigue
Rapidement fatigables
Longueur des fibres
+
++
+++
Longueur des sarcomères
+
+++
+++
Nombre de myofibrilles par fibre
+
++
+++
Nombre de fibres de l'unité motrice
+
++
+++
Temps de contraction de la fibre (ms)
100–150
50–90
40–80
●
Points clés
Les muscles constitués en majeure partie de fibres
lentes, de type I, sont à vocation statique, grâce à
leur contraction maintenue dans le temps, peu
sujette à la fatigue et donc propre à la résistance.
C'est ainsi que le soléaire est presque entièrement
constitué de fibres lentes, alors que le quadriceps
présente une composition mélangée.
Les fibres rapides de type IIb sont de gros diamètre, peu irriguées, mais disposent de réserves
importantes en glycogène et d'un réticulum sarcoplasmique développé. Elles privilégient la filière
anaérobie.
Les fibres rapides de type IIb sont capables d'exprimer plus de force dans un laps de temps limité
(Moss C.L., 1991).
Les fibres intermédiaires de type IIa témoignent
d'un continuum dans la mise en jeu progressive
des fibres lentes puis rapides (Greenhaff P. et
Timmons J., 1998).
Pour certains auteurs, entrent en jeu successivement les fibres lentes, puis les intermédiaires et
enfin les rapides, dans les activités qui vont de la
course lente (jogging) aux mouvements à caractère explosif (saut) (Stuart D.G. et Enoka R.M.,
1983).
La loi de Henneman (size principle) établit que les
fibres lentes sont recrutées avant les rapides, quel
que soit le type de mouvement.
Si les fibres de type IIb sont globalement capables
de produire plus de force que celles de type I, il ne
semble pas, en revanche, qu'elles soient plus puis-
Chapitre 1. Fonction statique
santes individuellement. La différence serait due,
en réalité, au nombre de fibres recrutées. Les
motoneurones affectés aux fibres lentes sont de
petit diamètre et innervent de 10 à 180 fibres.
Ceux des fibres rapides possèdent un plus gros
diamètre et concernent de 300 à 800 fibres
musculaires.
L'organisation en « mosaïque » entraîne une distribution en pourcentage qui contribue à définir
la fonction de chacun des muscles striés (Tableau
1.2).
Les fibres musculaires mesurent en moyenne de 3
à 4 cm et sont en général capables de se raccourcir
dans une proportion de 2/3 de leur longueur.
L'activité musculaire statique constante provoque
une augmentation de la section transversale des
fibres musculaires, une hypertrophie sélective
des fibres lentes et une évolution métabolique des
fibres de type IIb en type I (Gollnick P. D. et coll.,
1972 ; Eisenberg B. R., Salmon S., 1981).
L'âge entraîne une amyotrophie et les fibres rapides régressent au profit des lentes (Maton et
Bouisset, 1996).
Tableau 1-2 Pourcentage de fibres lentes (type I),
intermédiaires (type IIa), rapides (type IIb) dans quelques
muscles striés (Johnson et coll., 1973 ; Pierrynowski
et Morrison, 1985).
Muscles
Type I
Lentes %
Type IIa
Intermédiaires %
Type IIb
Rapides %
Soléaire
75
15
10
Tenseur du fascia
lata
70
10
20
Grand adducteur
55
15
30
Grand fessier
50
20
30
Psoas
50
20
30
15
35
Iliaque
50
Semi-membraneux
50
50
Grand dorsal
50
50
Deltoïde
60
40
Trapèze
54
46
Rhomboïde
45
55
Biceps brachial
50
50
La grande majorité des muscles striés possède plus de fibres lentes
que de fibres rapides
5
Les tissus
Trois éléments possèdent des propriétés élastiques
susceptibles de résister aux sollicitations en étirement et donc de garantir la stabilité (Proske et
Morgan, 1999) :
• le tissu conjonctif ;
• les structures élastiques du sarcomère ;
• les ponts d'actine et de myosine.
Le modèle proposé par Hill en 1957, et souvent
agrémenté par la suite, distingue une composante
contractile, une composante élastique en série et
une autre en parallèle. La composante contractile
se subdivise en un générateur de force (les protéines actine-myosine) et un élément visqueux
(résistance passive symbolisée par un piston)
(Fig. 1.2).
Les composantes élastiques en série regroupent les
myofilaments eux-mêmes, leurs liaisons longitudinales, les attaches entre les filaments et le tendon,
le tendon lui-même.
Les structures en parallèle sont surtout représentées par l'endomysium, le périmysium et l'épimysium (voir fig. 1.1). La contraction musculaire
met en tension les éléments élastiques qui transmettent la force au tendon. Dans l'étirement,
tous les éléments, en série et en parallèle, sont
mis en traction (Labeit et coll., 1997 ; Zalpour,
2002).
Huijing (1994) a schématisé tous les acteurs de
l'élasticité musculaire en série et en parallèle.
Y apparaissent les structures intimes du muscle
(pontage actine-myosine et myofilaments), ainsi
que l'organisation des structures conjonctives parvenant au tendon puis à l'insertion terminale
(Fig. 1.3).
La proportion entre les éléments en série et en
parallèle varie suivant la structure anatomique et la
forme des muscles.
La transmission de l'activité musculaire sous forme
de contraction ou de résistance ne peut se faire
uniquement en série. Winegrad et Robinson
(1978), Patel et Lieber (1997), Huijing (1999)
l'ont prouvé. Mais le modèle de l'attelage permettait de l'anticiper. Le corps musculaire a une section ventrale plus importante que celle de ses
6
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Composante élastique en parallèle
Composante visqueuse
Composante élastique en série
Composante contractile
Fig. 1-2. D'après le modèle de Hill.
Structures intrafibre
Composante contractile
(ponts actine-myosine)
cc
cc
Myofilaments
Aponévrose
Tendon
Fibre et tissu conjonctif des faisceaux
Fascia musculaire
Fig. 1-3. Représentation de l'unité musculo-fibreuse (d'après Huijing, 1994).
attaches au niveau du tendon terminal, principalement lorsqu'il s'agit de muscles triangulaires ou
fusiformes. La transmission de force de chaque
unité motrice mise en jeu ne peut parvenir intégralement et sans dommage au tendon, puis à
l'os, que grâce à une organisation de timon en
parallèle.
La quantité et les proportions du tissu conjonctif
varient avec la fonction du muscle (Shadwick
1990).
●
Points clés
Les muscles de la statique sont particulièrement
riches en tissu conjonctif.
Le collagène
Les protéines collagènes (du grec : colle) sont les
plus répandues du monde animal. Fibreuses, peu
élastiques, appelées également structurales, elles
constituent la majeure partie du tissu conjonctif
modelé (80 % du poids total). On en répertorie à
l'heure actuelle 25 types, divisés en six groupes.
Le collagène de type 1 se retrouve dans la plupart
des tissus conjonctifs.
Les fibres de collagène baignent dans la substance
fondamentale du tissu conjonctif, sorte de gel
contenant de nombreuses molécules d'eau.
Chapitre 1. Fonction statique
La molécule de base du collagène est formée de
trois chaînes polypeptidiques enroulées en triple
hélice. Les multiples brins sont, à leur tour, torsadés en sens inverse, ce qui les comprime et leur
donne l'apparence d'un cordage tressé. (Fig. 1.4 a)
Les liaisons croisées (ponts ou liaisons covalentes) entre les brins freinent leurs glissements relatifs. Leur nombre conditionne la cohérence et la
résistance de l'ensemble. Ce principe de renforcement transversal se retrouve à tous les niveaux du
muscle.
●
Points clés
À l'étirement, les fibres de collagène glissent les
unes par rapport aux autres. Leur résistance dépend
du nombre de liaisons croisées (Fig. 1.4 a, b et c).
7
Bien que peu extensibles, les fibres de collagène
sont donc capables de se réorganiser après étirement (Viidik, 1973 ; Sapega, 1981). En outre,
leur structuration en torsion, en ondulation, en
maillage (trame grillagée) est une des explications
de cette propriété déjà notable au niveau des acides aminés qui les constituent.
La résistance à l'étirement varie en fonction de la
disposition des fibres (Fig. 1.5).
●
Points clés
La force d'inertie développée par le collagène est
essentielle à un maintien économique de la station
érigée.
Plus le tissu conjonctif est riche en eau, plus il est
déformable (Sasaki et Enyo, 1995).
Liaisons croisées
(ponts)
b – fibres de collagène au repos
a - les trois chaînes
polypeptidiques a d’acides aminés
constituant le collagène
c – fibres de collagène
en étirement
Fig. 1-4. a, b et c.
CONTRAINTE
A
A
B
C
B
C
DÉFORMATION
Fig. 1-5. Résistance à l'étirement du tissu conjonctif (d'après Viidik et Vuust, 1980).
A – La disposition unidirectionnelle axiale des fibres augmente la résistance. B et C – Les structurations tridimensionnelles ont un
effet de ressort en rapport avec leur orientation.
8
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
La concentration de collagène est plus élevée dans
les muscles à fibres lentes (Kovanen et coll., 1984), ce
qui contribue à améliorer leur fonction de maintien.
Les liaisons inter-fibres cessent d'augmenter à partir de 20 ans environ (Viidik, 1982).
Les fibres de collagène perdent leur souplesse avec
l'âge (Cotta, 1978).
Un muscle soumis à un raccourcissement augmente sa proportion de collagène au niveau du
périmysium après seulement 48 heures. Il en est
de même au niveau de l'endomysium après 7 jours.
(Huet de La Tour E., Tardieu C., Tabary J.C.,
Tabary C., 1979 ; Williams P., Catanese T., 1988).
●
Points clés
La proportion de collagène augmente à l'immobilisation.
L'élastine
Il s'agit d'une autre protéine fibreuse structurale.
À l'inverse du collagène, elle possède des propriétés élastiques lui permettant de s'étirer jusqu'à
150 % de sa longueur au repos. L'élastine représente 90 % des fibres élastiques.
Il est intéressant de remarquer que les acides aminés constituant les protéines des tissus les plus
élastiques ne sont pas organisés d'une façon
linéaire. Dans le règne animal il en est ainsi de la
soie d'araignée (tresse hélicoïdale et feuillet en
accordéon) et de la résiline de certains insectes
(chaîne protéique en U). La soie d'araignée est
plus résistante que l'acier, tout en présentant un
taux étonnant d'allongement avant rupture de
40 %. La résiline, absente chez l'homme, est plus
élastique que le meilleur caoutchouc synthétique.
Les protéines humaines dans leur forme tertiaire
tridimensionnelle associent, en proportions variées,
feuillet bêta, hélice alpha et forme indéterminée.
Outre le taux de viscoélasticité des molécules, la
forme des composants des chaînes protéiques
conditionne leurs propriétés élastiques.
Sécrétée principalement durant la croissance, la
synthèse de l'élastine s'arrête vers la puberté
(Butel, 1980). Avec l'âge, l'élastine est remplacée
progressivement par du collagène (Goldberg,
1984 ; Micheli, 1986).
●
Points clés
Les tissus conjonctifs (aponévroses, tendons, ligaments) sont formés principalement d'élastine souple et de collagène plus résistant. Avec l'âge,
l'élastine régresse au profit du collagène. Leurs
propriétés élastiques respectives diminuent.
Les aponévroses
Les aponévroses d'enveloppe (épimysium) sont
constituées de plusieurs plans de fibres de collagène micro-vacuolaire. Celles-ci sont parallèles entre
elles pour un niveau donné. Mais, d'un plan à l'autre,
l'orientation des fibres change, créant ainsi un système entrecroisé. Cette organisation de maillage leur
permet d'accompagner aussi bien l'amincissement
du corps musculaire, en cas d'étirement que son
gonflement, en cas de contraction.
Elles cloisonnent les muscles qu'elles entourent et
favorisent leur glissement. Elles prennent le nom
d'aponévrose d'intersection lorsqu'elles se rejoignent (ligne blanche de l'abdomen) ou d'insertion lorsqu'elles contribuent à l'attache du muscle
sur l'os en fusionnant avec le tendon.
●
Points clés
Les aponévroses séparent les muscles, facilitent
leur glissement, renforcent leur résistance et
accompagnent leurs modifications de volume.
Les fascias
L'expression fascia (du latin : bande) est souvent
donnée comme synonyme d'aponévrose et parfois
employée indifféremment (aponévrose plantaire
ou fascia plantaire).
En réalité, elle qualifie plutôt les expansions
fibreuses des enveloppes musculaires, créant une
continuité et des relais préférentiels au sein du
tissu conjonctif. Les fascias couvrent une bonne
partie du spectre de l'élasticité du collagène. Ils
vont des plus souples aux plus résistants.
Le fascia superficialis, qui est une couche celluleuse englobant tout le corps sans aucune interruption, entre dans la première catégorie. Très
mince dans certaines parties du corps, il s'épaissit
en particulier au niveau du pubis.
Chapitre 1. Fonction statique
Les autres fascias (lombaire, cervico-abdominopelvien, etc.) sont, à des degrés divers, peu extensibles. Le fascia lata et le fascia plantaire sont
parmi les plus épais et les plus rigides (Fig. 1.6 a,
b et c).
La mise en évidence de l'omniprésence de cette
charpente fibreuse, de son caractère plurisegmentaire et de ses renforcements a indubitablement
contribué à asseoir l'idée de l'importance des corrélations fasciales ou myofasciales.
Ce réseau s'étend aux viscères dont il assure la suspension et la stabilité. Une interdépendance structurelle viscéro-squelettique est ainsi créée.
●
Points clés
Le système fascial profond constitue un réseau
fibreux peu extensible. Sa résistance passive joue
un grand rôle dans la fonction statique.
a – Fascia thoraco-lombaire
Fig. 1-6. a, b et c.
9
Les tendons
Ils sont constitués de 70 % à 80 % de collagène
(Kastelic et coll., 1978) ce qui les rend particulièrement résistants à l'étirement. Les fibres sont
structurées en parallèle (cinq superpositions de
faisceaux).
Chaque couche possède sa propre enveloppe, ce
qui renforce l'ensemble (Fig. 1.7).
Pour Viidik (1973) un tendon passe d'une position initiale ondulée à une disposition linéaire,
lorsque sa déformation est de 1 % à 2 %. Des ruptures partielles apparaissent entre 3 % et 8 %, la
rupture totale est atteinte au-delà de 8 % (Buttler
et coll, 1978) (Fig. 1.8).
La résistance des tendons à la charge varie en fonction de leur épaisseur (Fig. 1.9 a).
b – Fascia plantaire
(D’après WernerPlatzer)
c – Tractus iliotibial du fascia lata
10
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 1-7. Les différentes épaisseurs du tendon (d'après Kastelic et coll., 1978).
Tension
0
1% 2% 3%
8%
Déformation (%)
Fig. 1-8. De 1 % à 2 % - les fibres perdent leur forme ondulée et deviennent linéaires.
De 3 % à 8 % - des microruptures apparaissent.
À partir de 8 %, rupture totale. (d'après Butler et coll. 1978)
Leur capacité d'allongement à contrainte égale
dépend de leur longueur d'origine au repos
(Fig. 1.9 b).
La transmission de force du muscle au tendon se
fait par le biais d'une structure transversale : la
lame de base. Elle possède de nombreux replis
permettant d'amortir les tensions et de lui faire
jouer un rôle intermédiaire de tympan.
Au niveau de son insertion osseuse, les fibres les
plus périphériques du tendon se mêlent à celles
du périoste, les fibres centrales pénètrent la
corticale.
●
Points clés
Les tendons sont très peu extensibles. L'organisation parallèle de leurs fibres permet une transmission directe entre le muscle et l'os.
Les capsules articulaires
Il s'agit de manchons fibreux hermétiques entourant
complètement les articulations et composés d'une
membrane interne synoviale et externe fibreuse.
La membrane synoviale est riche en fibres élastiques, en vaisseaux et en nerfs.
11
Chapitre 1. Fonction statique
Contrainte
Contrainte
Tendon épais
Rupture
Tendon court
Tendon long
Rupture
Rupture
Tendon mince
Rupture
a
Déformation
b
Déformation
Fig. 1-9. a et b D'après Butler et coll, 1978.
La membrane fibreuse présente peu d'élastine
mais une forte proportion de collagène. Elle est
très résistante.
Les capsules peuvent être renforcées par des ligaments capsulaires, des fascias ou des attaches musculaires. C'est ainsi qu'au niveau de l'épaule le
sous-scapulaire, le sus-épineux, le petit rond et le
tendon du long triceps adhèrent à la capsule.
L'épaisseur et l'orientation des fibres dépendent
de l'importance des contraintes, à savoir : liberté
d'amplitude physiologique du mouvement ou
passage de la ligne de gravité.
●
Points clés
Les capsules résistent en particulier aux contraintes de traction, contribuant ainsi au maintien de la
coaptation articulaire.
En 1984 Johns et Wright ont établi un classement de résistance à la mobilisation articulaire
de différentes structures présentant des fibres
collagènes. Les ligaments n'y apparaissent pas
(Tableau 1.3).
La limitation des amplitudes articulaires physiologiques entraîne la rétraction de la capsule.
Les ligaments
Ils peuvent être fondus dans la capsule (intrinsèques) ou extra-capsulaires (extrinsèques). Même
lorsqu'ils sont distants de la capsule on peut les
Tableau 1-3 Taux de résistance par rapport à la
résistance articulaire totale (d'après Johns et Wright, 1984).
Éléments anatomiques
% de résistance
Capsule articulaire
47 %
Muscle
41 %
Tendon
10 %
Peau
2%
rencontrer à l'intérieur de l'articulation. C'est le
cas des ligaments croisés du genou.
70 % à 80 % de leur poids sec sont du collagène, en
particulier du type I (Burgeson et Nimni, 1992).
L'élastine représente 3 % à 5 % du total. Les ligaments intrinsèques présentent un peu plus de
collagène de type III. Leurs propriétés sont plus
fibro-cartilagineuses, ce qui les rend encore plus
résistants.
Hoffmann et Grigg (1989) ont montré l'importance frénatrice des ligaments. Lors d'expériences
réalisées sur le ligament postérieur du genou du
chat, seuls 4 % de la contrainte totale en extension
parviennent à la capsule.
La capacité d'allongement des ligaments serait
environ de 10 % (Thein, 1999). Mais, suivant leur
localisation et la variation des proportions entre
collagène et élastine, les propriétés mécaniques
changent. C'est ainsi que le ligament jaune de la
colonne vertébrale est plus extensible.
La composition des ligaments s'apparente donc à
celle des tendons. Ils diffèrent de ceux-ci par
12
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
l'orientation des fibres. Contrairement aux tendons, les fibres des ligaments sont multidirectionnelles, de façon à pouvoir toujours opposer une
résistance à chaque type de contrainte, quelle
qu'en soit l'orientation.
Cela signifie que la résistance du tendon est indissociable de la tension musculaire. Celle des ligaments en est plus indépendante.
●
Après huit semaines d'immobilisation plâtrée un
ligament voit sa capacité d'absorption de la charge
avant rupture diminuer de 39 % (Noyes, 1977).
Le diamètre des fibres de collagène se réduit
(Newton et coll., 1995).
Les éléments élastiques
du sarcomère
Points clés
Les ligaments sont des freins passifs multidirectionnels. Leur action est déterminante lorsque la
tension musculaire est minimale.
Il est toutefois arbitraire de mettre systématiquement en opposition l'orientation parallèle unidirectionnelle des fibres tendineuses avec celle
multidirectionnelle des ligaments. Lorsqu'une
articulation est desservie par différents muscles,
ceux-ci forment un réseau aux orientations multiples. Les tendons peuvent pénétrer la capsule ; fascias et aponévroses d'insertion sont souvent
intimement liés au tissu conjonctif périarticulaire.
Mais il est juste de souligner l'importance cruciale
des capsules et des ligaments au niveau des articulations dépourvues de muscles courts, par exemple les phalanges des doigts.
La mobilité améliore la résistance à la rupture des
tendons et des ligaments (Woo et coll, 1981).
L'immobilisation a l'effet inverse (Walsk et coll.,
1993 ; Newton et coll., 1995).
Filament fin : actine
troponine, tropomyosine
La titine (connectine) retient particulièrement
l'attention. Il s'agit de la plus grosse protéine
connue. Elle est disposée en série depuis la strie Z
(disque Z) jusqu'à la myosine. Elle est particulièrement sollicitée lors des étirements (Wang et
coll., 1979 ; Wydra, 1997 ; Labeit et coll., 1997 ;
Vieman et Klee, 2000) et en particulier dans les
grandes longueurs (Whithead et coll., 2002). Elle
est composée de deux parties, la moins extensible
est liée à la myosine (Patel et Lieber, 1997).
Son élasticité a pour rôle de ramener le sarcomère dans sa position d'origine après allongement (Cazorla et coll., 2001) (Fig. 1.10 a et
Fig. 1.10 b).
Les stries Z transversales sont attachées aux costamères du sarcolemme par une protéine, la desmine, qui assure ainsi la stabilité latérale de la fibre
musculaire (Patel et Lieber, 1997) (Fig. 1.11 a).
Les myofibrilles sont donc reliées latéralement au
sarcolème, les fibres à l'endomysium, les faisceaux
Filament épais : myosine
Connexion entre deux
sarcomères : desmine
Nebuline
Strie Z
a
Ligne M
Stries C
Filaments élastiques : Titine
Fig. 1-10. a. Les éléments élastiques du sarcomère (d'après Billeter R. et Hoppeler H., 1994).
Chapitre 1. Fonction statique
13
Titine
Ligne M
Myosine
Actine
Longueur du sarcomère (2.7 µm)
Longueur du sarcomère (4 µm)
b
Fig. 1-10. b. La titine, élément élastique reliant la myosine à la strie Z (d'après Horowitz R. et Podolsky R., 1987).
En haut, muscle en repos ; en bas, muscle en allongement.
Sarcolemme
Costamère
Desmine
Myosine
a
Strie Z
Desmine
Actine
Allongement
b
Fig. 1-11. a et b. Modification de l'orientation des fibres de la desmine (d'après Friden et Lieber, 2001).
a. Muscle au repos. b. Muscle étiré.
de fibres au périmysium et les muscles à l'épimysium ou aponévrose d'enveloppe.
En cas d'allongement, le glissement des sarcomères modifie l'orientation des fibres de la desmine.
En s'étirant, elles deviennent plus longitudinales
et participent donc, dans ce cas, elles aussi, au rappel axial (Komi, 2003) (Fig. 1.11 b).
La nébuline est une autre protéine disposée axialement le long de l'actine.
●
Points clés
Des protéines intrafibres assurent le rappel élastique du sarcomère.
Les ponts d'actine
et de myosine
Lors d'un étirement passif, l'actine et la myosine
sont également concernées.
Des mesures effectuées par Magid et Law (1985)
montrent que la tension passive du muscle est liée
à ses structures internes, plus qu'à la résistance du
tissu conjonctif (endomysium, périmysium, épimysium). Hutton (1994) insiste sur le rôle des
sarcomères et des ponts entre filaments d'actine et
têtes de myosine, et Lakie (1998) privilégie les
ponts.
14
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Tension passive
Tissu conjonctif
Titine : élément
élastique du sarcomère
Ponts
d´actine-myosine
Fig. 1.12. D'après Proske et Morgan.
Proske et Morgan (1999) ont proposé à leur tour
une classification, tenant compte des éléments
constitutifs propres au muscle. Ils insistent sur le
rôle de l'actine-myosine et sur celui des éléments
élastiques du sarcomère.
Au sein de cet ensemble ils privilégient les ponts
entre l'actine et la myosine, qui maintiennent une
activité minimale stable, même au repos. (Fig. 1.12)
Un muscle présente toujours une tension minimale (longueur dite de repos). Il se raccourcit
lorsqu'il est désinséré (longueur dite d'équilibre).
La longueur de repos lorsqu'il est en place représente 125 % de la longueur d'équilibre.
●
Points clés
La stabilité au repos des ponts actine-myosine du
muscle inséré est donc le résultat d'une activité
contractile de fond s'opposant à une charge de
base constante.
L'effet de transmission/rappel des éléments élastiques intra-fibres contribue à maintenir et à rétablir
les distances longitudinales entre la fibre Z et la
myosine. Ils déterminent donc l'importance du
recouvrement entre actine et myosine (nombre de
ponts en contact) (voir fig. 1.10 a et b).
●
Points clés
Les tissus élastiques du sarcomère jouent un rôle
fondamental dans le maintien de la position de l'actine par rapport à la myosine. Ils sont essentiels
dans la stabilisation du nombre de ponts au repos.
Les tensions musculaires post-mortem sont différentes. Le corps entre d'abord dans une période de
flaccidité qui dure environ trois heures. Apparaît
ensuite la rigidité cadavérique, qui n'est pas accom-
pagnée de raccourcissement musculaire. Elle est
due à l'arrêt des pompes ATPasiques entraînant
une accumulation de Ca++ dans le réticulum endoplasmique. Des ponts se forment en position figée.
L'optimisation de la force active
La force myotensive que peut développer le muscle strié est variable.
En 1954 H.E. Huxley, J. Hanson et A.F. Huxley,
R. Niedergerke ont élaboré la théorie des filaments glissants qui a été démontrée par Gordon et
coll. en 1966. La force développée par le sarcomère dépend du nombre de ponts établis (importance du recouvrement) entre les filaments d'actine
et de myosine (Fig. 1.13).
La courbe de tension/longueur du sarcomère
(force disponible en fonction des différentes positions) rend compte des situations favorables ou
défavorables (Gordon et coll., 1966) (Fig. 1.14).
Le maximum de force que le muscle peut développer en conditions isométriques est donc centralisé autour de sa longueur au repos (position A).
Sachant par ailleurs que les dimensions des différents composants des sarcomères sont conservées
au cours de l'évolution des vertébrés et que l'actine et la myosine ne varient pas de dimensions,
quelle que soit l'augmentation de longueur ou de
volume du muscle, Goldspink s'est appuyé sur ces
données pour justifier la création de sarcomères en
série constatée sur l'animal immobilisé sous plâtre en allongement (Goldspink, C. Tabary, J.C.
Tabary, C. Tardieu et G. Tardieu, 1974 ; Williams
et Goldspink, 1971).
Chapitre 1. Fonction statique
Ces expérimentations ont été corroborées sur
l'homme (Proske et Morgan, 2000 ; Beckett et
coll., 2001).
●
Points clés
L'immobilisation en allongement crée des sarcomères en série.
Suivant le principe de Goldspink, pour que le sarcomère puisse fonctionner en position de pontage
le plus favorable (Sommet de la courbe de la
fig. 1.14), le muscle doit adapter sa longueur en
fonction des positions où il est le plus fréquemment sollicité.
Les nécessités fonctionnelles, dont une des composantes est le maintien de la posture, influencent
la structure.
Muscle au repos
●
Points clés
Le nombre de sarcomères en série varie pour optimiser le fonctionnement de chacun d'entre eux. La
longueur totale du muscle évolue.
Contraction concentrique
Muscle en allongement
Fig. 1.13 Force myotensive et recouvrement entre actine
et myosine.
Cela peut expliquer pourquoi un muscle, même
très fortement raccourci, peut encore développer
une certaine force active. Il a « sacrifié » des sarcomères en série plutôt que de créer un chevauchement incapacitant la fonction contractile (Position
C de la fig. 1.14).
A
C
Tension (% du maximum)
100
B
80
60
40
20
Longueur
µm
0
1
1.5
15
2
2.5
3
3.5
Fig. 1-14. En A - nombre de ponts maximum - force maximum
En B - nombre de ponts réduit - force décroissante
En C - nombre de ponts réduit (chevauchement de l'actine) - force décroissante .
D'après Gordon et coll., 1966.
4
16
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
La force passive
Elle dépend fondamentalement des tissus conjonctifs, dont les propriétés sont plus ou moins
élastiques ou résistantes suivant la fonction du
muscle auquel ils appartiennent.
Le rôle stabilisateur articulaire des tissus fibroélastiques est à mettre en parallèle avec la contraction
musculaire isométrique, leur capacité d'amortissement avec la contraction isotonique excentrique.
Mais le tissu conjonctif joue également un rôle essentiel de rappel élastique après étirement, qui augmente
l'action isotonique concentrique des myofibrilles.
Un élastique emmagasine en effet l'énergie de la
force d'étirement qui lui est appliquée, pour la restituer ensuite lorsque cesse la contrainte. La force
engendrée est proportionnelle à l'allongement
(Hooke : F = - K Δl ; K pour contrainte de raideur,
Δl pour allongement). C'est le cycle étirementraccourcissement (Stretch Shortening Cycle). Hendel
(1997) et McHugh (1999) confirment que la souplesse augmente le stockage d'énergie lors de la
mise en tension du muscle.
Dans l'étirement, la force de résistance, ou tension
passive du muscle, augmente en fonction de l'allongement, suivant une courbe exponentielle caractéristique des matériaux viscoélastiques (Fig. 1.15).
Il s'agit d'une situation inverse de celle des myofibrilles, dont la force active diminue à l'étirement
(voir fig. 1.14 position B).
La superposition des courbes montre qu'à la
décroissance de la force active se substitue l'augmentation de la force passive. La pointe de la
courbe correspond à la force de tension totale
(Fig. 1.16). Le début de force passive (D) varie
suivant les muscles (Wilkie, 1968).
La loi de Franck Starling stipule que la pré-tension
facilite le raccourcissement. Il est vrai que l'étirement musculaire amincit le muscle au niveau de sa
section transversale, ce qui diminue l'espace latéral
entre actine et myosine et augmente leurs probabilités d'inter-action (Moss, 2002). La sensibilité
au Ca++ croît.
Mais à l'inverse il n'en demeure pas moins qu'un
pré-allongement diminue le nombre, donc l'efficacité, des ponts actine-myosine. En l'absence
d'action réflexe la facilitation ne peut donc venir
que de la restitution de la force passive.
●
Points clés
L'élasticité du tissu conjonctif conditionne la restitution de force passive en raccourcissement.
La chronologie des mises en jeu
On sait que la contraction isotonique concentrique rencontre une certaine inertie et doit d'abord
mettre en tension les éléments élastiques avant de
pouvoir déplacer la charge.
80
D
Force (N)
60
40
Tension Passive
C
20
B
A
0
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
Longueur (cm)
Fig. 1-15 Au début de la mise en traction les tissus présentent peu de résistance (A–B). Ensuite, la force doit auguenter pour
obtenir le même gain de longueur (B–C). À partir du point C le comportement est pratiquement linéaire. Le point de ruptune
est atteint en D.
Chapitre 1. Fonction statique
80
Tension totale :
active + passive
17
B
Force (N)
60
A
40
Tension Passive
Tension Active
croissante
20
Tension Active
décroissante
D
0
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
Longueur (cm)
Fig. 1-16. À partir du point A, la force actives des myofilaments décroît (en pointillé). Elle est relayée par la restitution de la
force passive élastique.
L'ordre de mise en jeu est le suivant :
1. contraction musculaire
2. mise en tension des structures élastiques
3. déplacement de la charge, la force passive
s'additionnant à la force active (Fig. 1.17)
On peut en déduire qu'en contraction isotonique excentrique et en l'absence d'activation
nerveuse anticipée liée à des mouvements
mémorisés, la chronologie mécanique s'établit
ainsi :
1. éloignement de la charge
2. mise en tension des éléments élastiques, amortissement
3. contraction musculaire résistante (Fig. 1.18)
P+
P+
P
P
P
A
B
C
Fig. 1-17. Contraction isotonique concentrique.
A – Position de repos. B – Contraction concentrique – mise
en tension des éléments élastiques – temps de latence.
C – Déplacement de la charge.
P+
A
B
C
Fig. 1-18. Contraction isotonique excentrique.
A – Position de repos. B – Mise en tension des éléments élastiques. C – Contraction excentrique.
18
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Dans les deux cas les structures élastiques s'interposent en tampon. Lorsqu'il s'agit de résistance à
l'étirement, la dépense énergétique est moindre. À
charge égale, le travail excentrique est, en moyenne,
trois fois plus économique que le concentrique
(descendre les escaliers, plutôt que les monter).
●
Points clés
L'élasticité des tissus conjonctifs offre une double
économie d'énergie par :
• l'amortissement des contraintes arrivant aux myofibrilles, à l'étirement ;
• l'aide à la contraction lorsque cesse l'étirement.
Fig. 1-19. Formes musculaires (d'après Barbara D. Commings).
Texture musculaire
Forme, structure et fonction sont indissociables.
Sur le plan structurel, on peut parler d'architecture fasciculaire. La classification morphologique
distingue des muscles longs, courts, plats ou larges, et annulaires (Fig. 1.19).
L'orientation des fibres change suivant la forme
du muscle. Dans les muscles plats les fibres sont
orientées dans la même direction. Les muscles
fusiformes ont des fibres disposées longitudinalement et qui convergent vers le tendon. Dans les
Chapitre 1. Fonction statique
Fig. 1-20. Action des muscles longitudinaux.
deux cas et à condition de se rappeler que la transmission de force ne se fait pas uniquement en série
mais également en parallèle, on peut en déduire
une résultante de force dirigée principalement vers
les insertions (Fig. 1.20).
Les muscles à disposition longitudinale permettent donc des mouvements amples et rapides. Ils
ne disposent pas d'une grande capacité d'amortissement en allongement.
Les muscles penniformes (de penna : plume) possèdent des fibres disposées obliquement (Fig. 1.21).
On distingue les semi-penniformes, les penniformes et les multi-penniformes.
Dans les deux derniers cas les tendons pénètrent
profondément dans les muscles, renforçant considérablement leur résistance.
La force résultante au niveau du tendon terminal
de ces fibres obliques dépend de l'importance de
l'angle de pennation (Fig. 1.22 a et b).
Ils sont puissants, mais dans des amplitudes plus
réduites. Ils assurent un freinage progressif en étirement. Ils sont à vocation statique.
La raison de ces caractéristiques physiologiques
vient de la modification de l'angle de pennation.
19
Fig. 1-21. Action des muscles penniformes ou semipenniformes.
a
b
Fig. 1-22. a et b. En contraction concentrique la force
transmise au tendon est plus importante en a qu'en b.
Invesement, I'amortissement à l'allongement est plus progressif en b qu'en a.
En contraction concentrique les fibres s'orientent
de façon plus transversale, perdant ainsi une partie
de leur efficacité axiale, ce qui est en accord avec des
nécessités de mouvements de moindre amplitude.
20
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
À l'inverse, en étirement elles perdent de leur disposition transversale et se placent progressivement
dans l'axe du tendon, assurant un amortissement
modulé devenant de plus en plus résistant au fur et
à mesure de l'allongement. L'efficacité de ces
muscles croît en contraction isométrique excentrique ou isotonique excentrique (Fig. 1.23).
●
Points clés
Les muscles fusiformes sont très réactifs à l'étirement.
Les muscles penniformes jouent un rôle essentiel
dans l'amortissement des contraintes en allongement.
Mais un élastique préalablement étiré restitue
une force égale, qu'on le relâche immédiatement
ou de façon retardée. Il faut donc prendre en
considération le facteur temps pour expliquer
que, lorsqu'on réalise des flexions de genoux à
partir de la position debout, il est plus facile de se
relever si l'on n'observe pas de pause en position
accroupie (économie de 30 % à 40 % chez
l'homme).
Afin de réduire le temps de pontage défavorable
des myofibrilles et synchroniser la contraction
musculaire concentrique avec le retour de force
passive, on ne peut que conclure à l'importance
d'un autre facilitateur : le réflexe myotatique
direct.
Dans les activités de maintien, lorsqu'il s'agit de
contrôler de fortes contraintes en traction, entrent
en jeu les réflexes d'inhibition.
Les leviers
Fig. 1-23. Les muscles penniformes en étirement.
La tension passive augmente à l'allongement.
La force musculaire dépend également de la surface de section transversale du muscle (Cross
Sectional Area), c'est-à-dire, du nombre de
fibres disposées en parallèle ou, pour simplifier,
de l'épaisseur du ventre musculaire (entre 25 et
35 Newtons par cm2).
Élasticité et rebond
La restitution de force élastique passive et la
chronologie des mises en jeu de la contraction visà-vis des éléments élastiques appuient la thèse de
Franck Starling : la pré-tension facilite le raccourcissement.
Seul un rappel succinct de leurs principes de fonctionnement s'impose ici pour comprendre basiquement comment s'organisent les forces qui
produisent ou résistent à un mouvement.
Un levier est constitué d'un segment rigide, en
l'occurrence un os, articulé de part et d'autre d'un
point d'appui et soumis à deux forces qui tendent
à le faire tourner en sens opposé.
La force musculaire appliquée peut déplacer,
maintenir ou freiner un segment.
Le vecteur représente la direction, le sens et l'intensité de la force. Sa valeur s'exprime en Newtons.
Un Newton (N) permet de communiquer à un
kilogramme une augmentation de vitesse de 1 mètre
par seconde, chaque seconde.
L'intensité d'une force définit l'efficacité de son
action.
Le bras de levier est la droite perpendiculaire au
vecteur force tirée depuis l'axe de rotation.
Le moment de la force est le produit de l'intensité
de la force par la longueur de son bras de levier :
c'est l'efficacité de la force de rotation (Fig. 1.24).
Si le vecteur force passe par l'axe, il n'engendre
pas de rotation.
Chapitre 1. Fonction statique
21
F
F
d´
α
d
d
Moment de force = F x d´ sin α
Moment de force = F x d
Fig. 1-24. Le moment de la force.
À l'équilibre, la somme des moments de force est
nulle, il n'y a aucun déplacement (action isométrique, travail statique).
La force engendrée dépend donc fondamentalement de la distance entre l'insertion du muscle et
l'axe articulaire et de l'angulation de ce dernier
par rapport au segment.
Fig. 1-26. Disposition des muscles postérieurs des membres inférieurs et de la colonne vertébrale.
Types de leviers
Leviers inter-appui, 1er genre
(modèle : balance de Roberval)
(Fig. 1.25)
Ce type de levier est donné comme peu fréquent
chez l'homme, alors qu'en réalité il est très répandu
lorsqu'il s'agit d'assurer la position érigée.
F
A
A
Force
Résistance
ou gravité
Fig. 1-27. Distribution force-résistance.
R
Fig. 1-25. Levier inter-appui.
Nos muscles antigravitaires sont quasiment verticaux et fonctionnent à partir de points fixes inférieurs (les pieds, en position debout ; le bassin, en
position assise) (Fig. 1.26).
L'inter-appui est indispensable pour transformer
leur action en force antigravitaire (Fig. 1.27).
C'est ainsi que le soléaire assure la verticalité de la
jambe, les ischio-jambiers la stabilité en rétroversion du bassin, les spinaux le maintien de la
colonne dorsale et de l'occipital (Fig. 1.28, 1.29
et 1.30).
Fig. 1-28. Exemple anatomique de levier inter-appui.
22
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
une force importante pour compenser la longueur
de bras de levier AR (Fig. 1.31).
Grande
amplitude
R
A
Fig. 1.29. Exemple anatomique de levier inter-appui.
F
Fig. 1-31. Levier inter-appui "défavorable".
À l'inverse, lorsque le point d'appui est proche de
la résistance, la distance AR diminue. Le mouvement est plus lent, de plus petite amplitude et plus
puissant. La force motrice nécessaire est plus faible
(Fig. 1.32).
Petite
amplitude
R
F
A
Fig. 1-32. Levier inter-appui "favorable".
Fig. 1-30. Exemple anatomique de levier inter-appui.
Si le point d'appui se rapproche du point d'application de la force, le levier réalise des mouvements
rapides et de grande amplitude, mais doit employer
Mais si, en contraction concentrique, la position
du point d'appui conditionne l'amplitude du
mouvement, il convient d'envisager également
l'effet de balancier produit sur l'autre bras (FA),
dans le cas où la résistance l'emporte sur la force
(contraction isotonique excentrique).
Lorsque le point d'appui se situe près de la force,
la dépense énergétique (maintenant résistante)
se doit toujours d'être importante, mais l'amplitude de déplacement du petit bras est réduite
(Fig. 1.33).
Un bras de levier raccourci entre l'appui et la
force peut donc être contrôlé en contraction
23
Chapitre 1. Fonction statique
L'angle de traction
A
Fig. 1-33. Amplitude du balancier en fonction de la position
du point d'appui.
isométrique ou isotonique faiblement excentrique par des muscles courts et profonds de la
statique.
Leviers inter-résistants, 2e genre
(modèle : la brouette) (Fig.1.34)
La résistance se situe entre la force et l'axe. Ce
type de levier permet, par exemple, aux intercostaux de maintenir l'élévation du thorax ou de marcher sur la pointe des pieds.
Le moment de la force est maximum lorsque l'angle d'insertion du tendon sur l'os est à 90°. Si le
déplacement s'en rapproche, le moment de force
augmente (Fig. 1.36 a). S'il s'en éloigne, il
diminue.
Dans les leviers du 3e genre, en dessous de 90°
le muscle exerce, en plus, une composante de
stabilisation en coaptation articulaire, qui augmente lorsque l'angle s'approche de 0°
(Fig. 1.36 b).
Les angles d'insertion varient en fonction des os,
des muscles et des articulations.
F
F
F
A
R
a
R
Fig. 1-34. Levier inter-résistant.
Leviers inter-puissants, 3e genre
(modèle : la grue) (Fig. 1.35)
La force s'applique entre la résistance et l'axe. Ces
leviers sont extrêmement répandus dans le corps
humain. Ils permettent de produire des mouvements de grande amplitude. Ils sont aussi présents
lorsqu'il s'agit de soutenir une élévation, par
exemple les première et deuxième côtes, grâce aux
scalènes.
F
A
Fig. 1-35. Levier inter-puissant.
R
b
R
Fig. 1-36. a. Moment de force maximum. b. Moment de
force et coaptation articulaire.
Le travail mécanique
Il est égal au produit de la force par le raccourcissement (T = F x R). La force est proportionnelle à
la surface de la section transversale du muscle
(Cross Sectional Area). Le raccourcissement
dépend de sa longueur. En raccourcissement longitudinal (sans intervention de levier) un muscle
court et épais déplace un poids lourd sur une
courte distance ; un long et mince, un poids léger
sur une longue distance (Loi de Weber et Fick,
Loi de Schann).
24
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
La vitesse
Elle dépend du rapport entre la puissance et la
résistance (2e loi de Newton : Accélération = Force/
Masse ou Résistance).
La vélocité du mouvement est également liée à la
longueur du bras de levier (Fig. 1.37).
V2
V1
A
B
Fig. 1-37. Vélocité du mouvement et bras de levier.
Pour un même déplacement angulaire, la vitesse est plus
grande en B qu'en A.
Les trois fonctions statiques
Avant même d'aborder les chapitres traitant de
physiologie neuromusculaire, certaines caractéristiques propres aux muscles de la statique sont déjà
apparues clairement :
• la proportion élevée de fibres lentes ;
• les motoneurones de petit diamètre ;
• leur richesse en tissu conjonctif et la forte présence du collagène par rapport à l'élastine ;
• l'importance des renforcements fasciaux ;
• l'épaisseur et la brièveté des tendons ;
• la forme, la texture et la faible longueur de ces
muscles ;
• le type de levier qu'ils emploient et leurs angles
de traction.
Sachant que la stabilité est garantie lorsque la
puissance musculaire équilibre la résistance, il est
possible d'identifier trois fonctions qui réclament
particulièrement l'intervention des muscles à
vocation statique.
●
Points clés
Les trois fonctions statiques sont :
• la fonction d'érection ;
• la fonction de suspension ;
• la fonction de tensions réciproques.
Les deux premières nécessitent l'emploi d'une
force plus conséquente.
Pour ériger et maintenir verticalement les segments contre le passage de la ligne de gravité qui
tombe, en général, en avant des axes articulaires,
la présence des muscles postérieurs est nécessaire.
C'est principalement le rôle des muscles plantaires, triceps sural, ischio-jambiers, pelvi-trochantériens et spinaux.
La seconde fonction, de suspension, dépend de la
première par le fait que celle-ci lui offre des points
fixes supérieurs pour remplir son office (modèle de
la grue, dont le bras est suspendu à la pointe de
l'axe vertical). Elle s'exerce au niveau de la ceinture
scapulaire, des membres supérieurs, de la cage thoracique et, par son intermédiaire, jusqu'aux organes internes. La loge antérieure de la jambe, et
particulièrement le jambier antérieur, joue également un rôle dans le maintien des arcs plantaires.
Il s'agit donc, cette fois, d'une disposition supérieure et antérieure.
L'équilibre des tensions réciproques permet la stabilisation des segments, dans les plans frontal,
sagittal et horizontal.
Si cette simple énumération préalable indique déjà
que certains muscles ou ensembles musculaires
ont un rôle plus essentiel dans la fonction statique,
elle montre également que celle-ci concerne des
activités musculaires plus variées que ce qu'on
imagine habituellement.
Chapitre 2
Le tonus neuromusculaire –
Les réflexes
Le tonus : définition et rôle
Le tonus est l'état de contraction des muscles,
quelles que soient leur longueur, les conditions de
la contraction et quelle que soit la position dans
l'espace des segments sur lesquels ils s'insèrent.
Le tonus neuromusculaire pourrait donc être
défini comme l'état de contraction-tension des
muscles au moment de leur observation.
À la suite des premiers travaux de Bernstein (1935)
sur l'organisation motrice, le tonus neuromusculaire a été considéré comme un système d'adaptation
musculaire physiologique permanent, non pas du
point de vue de l'élasticité, mais de la promptitude.
Les relations entre la régulation du tonus et la
commande motrice ont été bien illustrées par
Bernstein, grâce à l'exemple du musicien qui
appuie un doigt sur les cordes de son violon. Cette
pression ne provoque aucun son mais anticipe
celui que pourra produire l'archet.
On pourrait la qualifier de condition nécessaire, à
défaut d'être suffisante.
Le tonus joue un rôle de feed-back dans le maintien postural et les activités motrices (Gurfinkel,
1974).
Il prépare le mouvement, fixe l'attitude. Il soutient le geste, en contribuant au maintien de
l'équilibre.
●
Points clés
Le tonus n'est pas seulement une caractéristique du muscle, mais la condition nécessaire au
fonctionnement de l'ensemble du système neuromusculaire.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Bernstein a émis l'hypothèse de l'existence de
deux systèmes de contrôle synergique (Rappel
historique de Mark L. Latash, 1998). Un est à
commande directe et provoque le mouvement ;
l'autre, à commande indirecte et module le système moteur.
En 1992 une relecture de Davidoff montre que les
approches modernes rendent obsolète la théorie
qui veut que le tonus soit uniquement lié à des
réflexes monosynaptiques.
Les éléments actuellement disponibles montrent
une situation autrement complexe, caractérisée
par des activations parallèles issues des voies
médullaires et supra spinales.
Cette révision suppose que :
• Le tonus neuromusculaire n'est pas uniquement
dépendant du réflexe myotatique direct monosynaptique ou Stretch Reflex (Newsom Davis J.,
Sears T. A., 1970 ; Melville Johns G., Watt D. G. D,
1971 ; Evarts E. V., 1973 ; Vallbo A. B., 1974 ;
Crago P. E. et coll., 1976 ; Bizzi E. et coll., 1978 ;
Allum J. H. J., Budingen H. J., 1979).
• L'activité des fuseaux neuromusculaires est
nécessaire à son déclenchement.
• Le maintien de la posture ne dépend pas exclusivement du tonus neuromusculaire des muscles
antigravitaires des membres inférieurs.
En outre, cette révision met en évidence que :
• Des actions mécaniques non réflexes interviennent dans le maintien du tonus musculaire au
repos.
• Les réponses réflexes médullaires ne sont pas
stéréotypées, mais sont conditionnées par l'activité en cours au niveau des interneurones vers
26
•
•
•
•
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
qui convergent des informations venant de
quantité de récepteurs périphériques et des éléments supra-médullaires.
L'inertie et la résistance viscoélastique musculaire peuvent s'opposer à des petites oscillations
corporelles en station érigée (Gurfinkel V. S. et
coll., 1976).
Les modulations du tonus, augmentation ou
diminution, dépendent des messages issus du
cervelet et de la moelle épinière.
L'étirement musculaire provoque des réponses
transcorticales de latence prolongée, particulièrement notables dans les grands déplacements
(Nashner L. M., 1976 ; Diener H. C. et coll.,
1983 ; Dietz V. et coll., 1987).
La réponse du muscle aux sollicitations n'est pas
standardisée mais peut s'adapter aux exigences
du moment (Davidoff, 1992).
●
Une hypotonie est observable chez l'adulte pendant le sommeil physiologique et dans le coma.
On la rencontre en cas de pathologie cérébrale, en
association avec une ataxie.
Dans les parésies musculaires, l'hypotonie chronique implique le système nerveux périphérique
(Alain Maertens et coll., EMC, Éd. ElsevierMasson).
Organisation de base
du tonus neuromusculaire
L'activité réflexe y est déterminante. Les réflexes
médullaires sont de caractère proprioceptif et
nociceptif. Ils sont de type monosynaptique, bisynaptique ou poly-synaptique.
Points clés
Le tonus est lié à l'activité des fuseaux neuromusculaires. Il est de caractère réflexe et de contrôle
supra-médullaire (Fig. 2.1).
Clinique
Les modulations du tonus, augmentation ou
diminution, dépendent des messages issus du cervelet et de la moelle épinière.
Le tonus neuromusculaire s'évalue par la résistance que rencontre l'examinateur lors d'une
mobilisation passive d'un segment de membre
(Basmajian et De Luca, 1985). Une excessive
résistance qualifie une hypertonie, son insuffisance, l'hypotonie. La sensation est subjective et
difficilement quantifiable.
Dans les hypertonies on distingue :
• La spasticité, lorsque la résistance au mouvement passif augmente en fonction de la vélocité
du mouvement imposé.
• La rigidité, quand l'hypertonie qui résiste à la
mobilisation est indépendante de la vitesse de
celle-ci.
• Les contractions d'opposition, qui correspondent à une résistance croissante chez le patient,
qui se montre incapable de relâcher sur commande le segment testé.
Le réflexe myotatique direct
C'est le seul réflexe monosynaptique connu. Il a
pour origine les fuseaux neuromusculaires. Il est
véhiculé par des fibres nerveuses sensitives de gros
calibre, du groupe Ia.
Son temps de latence est très court (0,30 ms)
(D. J. Whurst, 1967). Il concerne aussi bien les
muscles extenseurs que fléchisseurs.
Le réflexe myotatique inverse
(réflexe tendineux)
Il est bi-synaptique. Il prend sa source dans les
organes tendineux de Golgi. Il emprunte des
fibres sensitives de gros calibre du groupe Ib.
Le réflexe poly-synaptique
(par exemple, nociceptif)
Il a pour origine les fibres nerveuses A delta, présentes dans tout le tissu conjonctif lisse : capsules,
ligaments et, en particulier, au sein des fibres
conjonctives du derme, des vaisseaux, des viscères
et du périoste. Il est de réponse lente et prolongée.
Chapitre 2. Le tonus neuromusculaire – Les réflexes
27
Action
consciente
Aires motrices
corticales
Thalamus
Tronc
cérébral
Cervelet
Voies
descendantes
Voies
ascendantes
Fibres musculaires
Motoneurone
somatique
Fuseaux
neuromusculaires
Organe tendineux
de Golgi
Neurones
sensitifs
Tendon
Fig. 2-1. Voies afférentes et efférentes médullaires et supra-spinales.
Le réflexe myotatique direct
ou réflexe d'étirement
(Stretch Reflex)
Le réflexe myotatique direct provoque la contraction du muscle étiré.
Récepteurs
Les fuseaux neuromusculaires sont répartis dans le
corps musculaire et sont entourés d'une capsule
de tissu conjonctif qui les relie aux myofibrilles et
plus rarement aux tendons. Ils sont sensibles aux
différences de longueur du muscle.
Chaque fuseau est formé de deux à douze fibres.
Les fibres intrafusales sont de deux types : à sac ou
à chaîne :
• Les fibres à sac sont plus longues. Leurs noyaux
se situent approximativement dans la zone
équatoriale du fuseau. Leurs extrémités ont une
structure semblable aux fibres musculaires extrafusales et sont contractiles, alors que cela ne
semble pas être le cas de la région centrale. Les
28
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
fibres à sac sont subdivisées en deux groupes :
dynamiques et statiques.
• Les fibres à chaîne sont plus nombreuses. Elles
se situent dans la partie centrale du fuseau.
Leurs noyaux sont disposés sur toute la longueur de la fibre de façon identique aux fibres
extra-fusales (Fig. 2.2).
Afférences
Les fibres afférentes sont de deux catégories :
• Les fibres à gros diamètre, dites primaires (anulospirale type Ia), entourent la partie équatoriale
du fuseau. Chaque fuseau reçoit une afférence
de type Ia, qu'il s'agisse d'une fibre à sac ou à
chaîne. Les fibres afférentes Ia répondent en
particulier à des sollicitations brusques d'étirement (Pearson K., Gordon J., 2000).
• Les fibres de diamètre moyen (secondaires type
II) entourent également la partie centrale du
fuseau, mais de façon plus distante. Chaque
fuseau présente de zéro à cinq afférences de
type II. Elles sont prédominantes au niveau des
fibres à chaîne. Elles ont une fréquence de
décharge qui dépend du changement de longueur du muscle.
Ces implantations préférentielles entraînent qu'il
est possible de considérer que les fibres à sac sont
des récepteurs sensibles à la longueur de l'allongement et à sa vélocité (récepteurs dynamiques).
Les fibres à chaîne sont uniquement des indicateurs de longueur (récepteurs statiques).
●
Points clés
Les fibres neuromusculaires à sac sont des récepteurs dynamiques.
Les fibres à chaîne sont des récepteurs statiques.
Les fibres du premier groupe et une partie de
celles du groupe II cessent d'émettre lorsque les
muscles dont elles font partie se contractent.
Efférences
Les fibres efférentes du fuseau neuromusculaire
sont les fibres gamma. Elles sont de faible diamètre
et constituent 30 % du total des efférences du muscle. Elles sont reliées à un motoneurone gamma.
Les motoneurones gamma sont de deux types :
• Les motoneurones gamma dynamiques provoquent des contractions rapides et brèves. Ils
sont uniquement destinés aux fibres à sac de
type dynamique.
• Les motoneurones gamma statiques concernent
les fibres à sac de type statique et les fibres à
chaîne. Leur temps de latence est plus important, leur action est plus durable.
Afférences
Type Ia
Type II
Motoneurone gamma
(statique)
Fibres
à chaîne
Fibres
à sac
Motoneurone gamma
(dynamique)
Fig. 2-2. Le fuseau neuromusculaire : les fibres à sac et à chaîne.
Chapitre 2. Le tonus neuromusculaire – Les réflexes
Les fibres efférentes des myofibrilles (70 % du
total) sont les fibres alpha, reliées à un motoneurone alpha.
Rôle : excitation monosynaptique
des fibres Ia
Les afférences Ia sont en contact monosynaptique
avec la plus grande partie des motoneurones du
muscle lui-même et avec certains de ceux des muscles synergiques (Eccles et coll., 1957 ; Meunier et
coll., 1993 ; Pierrot-Deseilliny, 2005 ; Hulborn,
2006).
●
Points clés
Le réflexe myotatique direct a pour effet de provoquer la contraction du muscle étiré et accessoirement des muscles synergiques.
Cette contraction est brève (Liddell et Sherrington,
1924 ; Sinkjaer, 1997 ; Lewis et coll., 2006).
Le réflexe myotatique comporte, pour le moins,
deux composantes (Mattews, 1991) :
• La réponse la plus rapide vient des afférences Ia
(30 ms).
• La seconde composante a une latence un peu
plus longue, soit 50 à 80 ms (Evarts E. V.,
1973 ; Marsden et coll., 1983 ; Schiepparti et
Nardone, 1999 ; Lewis et coll., 2006). Son origine est plus complexe et modulable, car elle
peut faire intervenir le cortex moteur et dépendre des conditions ambiantales, d'où son nom
de Functional Stretch Reflex.
Le réflexe myotatique direct est observable partout et dans les activités les plus diverses.
Il est présent aussi bien dans les gestes fins de la
main qu'au niveau des muscles de la jambe, en
activité statique ou dynamique (Dietz et coll.,
1979 ; Diener et coll., 1984 ; Voigt et coll., 1988 ;
Avela et coll., 1999 ; Grey et coll., 2001).
●
Points clés
Le réflexe myotatique direct permet le contrôle de
la longueur du muscle.
Il intervient constamment dans le maintien de la
posture.
29
Circuit d'inhibition réciproque
des fibres Ia
Les afférences Ia sont connectées à un neurone
inhibiteur post-synaptique du motoneurone qui
innerve les muscles antagonistes. Cette inhibition porte le nom d'innervation réciproque Ia
(Sherrington, 1897 ; Lloyd, 1946 ; Hultborn,
2006). Son rôle est d'associer l'inhibition du muscle antagoniste à la contraction d'un muscle agoniste afin d'en faciliter l'action dans les mouvements
de flexion-extension. Cette inhibition empêche a
fortiori le déclenchement d'un réflexe myotatique direct dans la musculature antagoniste à un
mouvement.
Elle a été démontrée par stimulation électrique
des muscles jambier antérieur/soléaire et triceps/
biceps brachial (Pierrot-Deseilligny et coll., 1981 ;
Mas et coll., 1984 ; Katz et coll. 1991 ; Perez et
coll., 2003).
●
Points clés
Lorsque le muscle étiré se contracte, suite à un
réflexe myotatique direct d'étirement, les muscles
antagonistes se détendent (Fig. 2.3).
En premier lieu, le principe de l'inhibition réciproque s'applique à toutes les actions dont la finalité est le mouvement. La quasi-totalité des voies
descendantes active en effet aussi bien les motoneurones que les interneurones inhibiteurs, de
façon à éviter toute action frénatrice.
Ce mécanisme est fondamental dans les mouvements réclamant à la fois puissance et fluidité. Son
niveau d'activation est l'aboutissement des mécanismes d'apprentissage.
L'inhibition réciproque peut être facilitée par
effet de feed-back en provenance des récepteurs
cutanés.
L'inhibition réciproque diminue dans les actions
nécessitant la mise en jeu synergique des muscles antagonistes, augmente dans les activités
posturales et est modulée dans la marche, entre
muscles fléchisseurs et extenseurs de la cheville.
Elle diffère dans la course, la marche ou en position debout (Stein R. B. et Thomson A. K.,
2006).
30
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Interneurone inhibiteur
Afférences la
Fuseaux
neuromusculaires
Motoneurones alpha
Fig. 2-3. Le réflexe myotatique direct provoque la contraction du muscle étiré et inhibe les antagonistes.
L'inhibition récurrente
par les cellules de Renshaw
Le flux de feed-back afférent est influencé au
niveau de la moelle par un interneurone inhibiteur : la cellule de Renshaw (1941).
Les cellules de Renshaw peuvent être activées par
une branche de l'axone alpha-moteur, par les afférences (du groupe II au groupe IV) et par les voies
descendantes (Baldissera et coll., 1981 ; Windhorst
U., 1996–2007).
Les cellules de Renshaw ont une action postsynaptique inhibitrice sur les alpha-neurones, sur
les interneurones inhibiteurs Ia et sur les motoneurones gamma.
Il s'agit d'un système de contrôle de l'activité des
motoneurones, permettant des réponses musculaires d'intensité variée.
●
Points clés
L'inhibition récurrente due aux cellules de Renshaw
permet un rétrocontrôle inhibiteur pour la régulation du mouvement.
Cette inhibition a été observée aussi bien au niveau
des membres inférieurs que supérieurs, à l'exception des muscles du pied et de la main (Pierrot-
Deseilligny et coll., 1981). Il en est ainsi de
certains muscles qui partagent des activités synergiques variées et qui se montrent concernés par la
même excitation afférente Ia, mais non pas par
l'inhibition récurrente.
L'inhibition de l'interneurone Ia produite par la
cellule de Renshaw est décrite comme facilitation
récurrente des motoneurones du muscle antagoniste.
Cette facilitation récurrente diminue l'innervation
réciproque Ia (Barrett et coll., 2003).
Les voies cortico-spinales peuvent inhiber la cellule
de Renshaw et diminuer ainsi l'effet de l'inhibition
récurrente (Mazzochio et coll., 1994).
La boucle gamma
En cas de contraction musculaire, les fuseaux se
trouvent raccourcis, ce qui pourrait entraîner
qu'ils cessent d'émettre et donc d'informer sur la
longueur du muscle.
En réalité, les motoneurones gamma qui les innervent dépendent des centres supérieurs (en particulier de la formation réticulaire), ce qui a pour effet
de maintenir en contraction les extrémités des
fibres intrafusales et en tension la partie centrale.
Chapitre 2. Le tonus neuromusculaire – Les réflexes
Les motoneurones gamma permettent donc
l'ajustement du fuseau à la longueur du muscle
pendant la contraction de celui-ci. Les fibres Ia
peuvent demeurer actives et signaler tout changement relatif de longueur des muscles lors de
contractions réflexes ou volontaires, nommé également gain du réflexe (Hunt et Kuffler, 1951)
(Fig. 2.4).
Cela signe également la présence d'une activité
tonique constante supervisée par les centres nerveux supérieurs.
La co-activation alpha-gamma concerne particulièrement les motoneurones destinés aux fibres
musculaires lentes quand il s'agit de récupérer les
petits déséquilibres en cours d'activité statique et
les motoneurones des fibres rapides dans les activités dynamiques.
Pour Aniss, l'organisation alpha-gamma est « à
boucle », afin de permettre la communication
entre le système nerveux central et l'appareil
locomoteur.
●
Points clés
Les fuseaux neuromusculaires sont en activité
permanente, grâce aux motoneurones gamma.
Ils sont au centre de l'activité tonique et de l'activation des fibres extra-fusales.
Le fait que les motoneurones gamma soient de deux
types veut dire que la variation de longueur d'un
muscle ne produit pas la même quantité d'information à destination du système nerveux central
(Prochazka, 1996 ; Proske, 1997 ; Pearson, 2000).
En réalité, c'est le système nerveux central qui prescrit le seuil de feed-back afférent dont il a besoin
dans un mouvement particulier. Les motoneurones
gamma sont alors activés, pour imposer un niveau
de sensibilité aux fuseaux neuromusculaires (Kakuda
N., Nagoaka M., 1998 ; Taylor, 2002).
L'activation des afférences Ia dépend de l'amplitude et de la vitesse d'allongement (Kakuda et
Nagoaka, 1998 ; Jons et coll., 2001 ; Cordo et
coll., 2002).
En cas de changement de longueur du muscle, les
motoneurones gamma statiques augmentent la
réactivité à l'allongement des afférences Ia, et les
motoneurones gamma dynamiques, leur réactivité
à la vitesse d'allongement (Pearson, 2000).
Le réflexe myotatique inverse
ou réflexe tendineux
Alors que le réflexe myotatique direct agit sous
forme de rétroaction contractile pour ajuster la
Fibres
extra-fusales
Fuseaux
Afférences
Motoneurone
gamma
Mononeurone
alpha
Muscle en contraction concentrique : Activation des fuseaux par
les motoneurones gamma :
si les fuseaux sont détendus
ils peuvent émettre
ils cessent d’émettre
a
Muscle au repos :
les fuseaux peuvent émettre
Fig. 2-4. a, b et c. La boucle gamma.
b
31
c
32
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
longueur du muscle, le réflexe tendineux régule,
pour sa part, la tension musculaire en provoquant
l'inhibition du muscle étiré.
Récepteurs et afférences
Ils sont formés par les organes tendineux de Golgi,
qui se situent dans le tendon, au niveau de la jonction myo-tendineuse. Ils sont du groupe Ib et disposés en série par rapport au muscle et sont reliés
à 15 à 20 fibres musculaires.
Ils sont sensibles à des forces de traction allant de
2 à 25 grammes (Fig. 2.5).
tes tensions, permettant ainsi de protéger le
muscle en cas de tension excessive (réflexe en
canif).
Mais le fait qu'ils sont disposés non seulement
en série et au contact des fibres musculaires,
mais également au sein des tendons, en fait des
récepteurs de la modification de la tension, que
celle-ci soit liée à l'étirement passif ou à la
contraction.
À l'heure actuelle il est acquis que les organes tendineux de Golgi sont sensibles à des faibles modifications de tension.
●
Points clés
Les organes tendineux de Golgi permettent d'ajuster constamment la réaction du muscle à la tension
auto-générée par sa propre contraction.
Rôle
Le neurone sensitif stimulé par les fibres Ib de
l'organe tendineux de Golgi est en contact synaptique avec un neurone inhibiteur Ib. Celui-ci
hyperpolarise (inhibe) les neurones moteurs du
muscle étiré et des muscles synergiques (Laporte
et Lloyd, 1952) et facilite ceux des antagonistes.
Les organes tendineux de Golgi modulent leur
réponse en fonction de la fatigue. Lorsque celle-ci
augmente et que la tension se réduit, la réponse
des organes tendineux de Golgi baisse, diminuant
ainsi l'effet inhibiteur (Patton et coll., 1989 ;
Pearson et Gordon, 2000).
●
●
Points clés
Le réflexe tendineux inhibe le muscle étiré et facilite la contraction des antagonistes (Fig. 2.6).
Anciennement, les organes tendineux de Golgi
étaient décrits comme des régulateurs des for-
Points clés
Le circuit d'inhibition réciproque du réflexe
myotatique direct, l'inhibition récurrente et
l'innervation réciproque du réflexe myotatique
inverse contribuent à la régulation des activités
musculaires.
Afférences lb
Fibres
musculaires
Fig. 2-5. L'organe tendineux de Golgi.
Tendon
Chapitre 2. Le tonus neuromusculaire – Les réflexes
Interneurone inhibiteur
33
Afférences lb
Organes tendineux
de Golgi
Motoneurones alpha
Fig. 2-6. Le réflexe myotatique inverse inhibe le muscle étiré.
Les récepteurs articulaires
Ils participent également à la régulation des activités musculaires.
Ils sont essentiellement composés par les récepteurs de Ruffini et les terminaisons libres.
Ils sont situés dans les capsules articulaires, les
ligaments et le tissu conjonctif. Leurs afférences
sont de type II, III et IV. Pour Burgess et Clark
(1969), les récepteurs articulaires sont actifs en fin
de mouvement, constituant ainsi des informateurs
de danger.
À l'heure actuelle il est considéré que les corpuscules de Ruffini sont dynamiques et statiques et
que certains récepteurs articulaires sont sensibles à
un degré de mouvement. Ils sont mis en jeu successivement (Range Fraction Action). Ces informations sont importantes pour le contrôle du
mouvement (Burgess et coll., 1987 ; Gandevia,
1996) et contribuent également à la perception de
la position dans l'espace.
Morphologiquement, ils possèdent les mêmes
caractéristiques que certains autres récepteurs.
Ceux qui sont situés dans les ligaments sont identiques aux organes tendineux de Golgi ; ceux de
type paciniforme sont semblables aux corpuscules
de Pacini, situés dans la peau.
Les informations transmises concernent la position, le déplacement, la vitesse de celui-ci et
son accélération, les perceptions nociceptives
(Johansson et coll., 1991 ; Hogervorst et Brand,
1998 ; Dyhre-Boulsen et Krogsgaard, 2000 ; Gigg,
2001 ; Sjolander et coll., 2002).
Il semble qu'au niveau rachidien les récepteurs
articulaires (en particulier ceux qui sont situés
dans le ligament jaune) sont reliés aux motoneurones gamma et alpha.
D'autres corrélations ont été mises en évidence :
• l'inhibition importante du quadriceps après une
injection de liquide dans l'articulation du genou
(Stokes et Young, 1984 ; Young et coll., 1987) ;
• une diminution de la force du quadriceps et
des ischio-jambiers chez des patients présentant d'anciennes lésions de ligament croisé
(Johansson et coll., 1991 ; Grabiner et coll.,
1992) ;
• un déficit fonctionnel après reconstruction
chirurgicale du ligament lésionné (De Vita et
coll., 1998 ; Holder, Powel et coll. 2001) ;
• la stimulation électrique du ligament croisé
postérieur inhibe l'activité des alpha-neurones
34
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
du quadriceps et des ischio-jambiers (Fisher,
Rasmussen et coll., 2001).
●
Points clés
En général, les messages générés par les récepteurs articulaires s'étendent à un ensemble de
voies réflexes et ascendantes. Ils s'additionnent au
feed-back provenant de la peau et des muscles
(Sjolander et coll., 2002).
Les récepteurs cutanés
Ils comportent des mécanorécepteurs : les corpuscules de Meisner, de Merkel, de Pacini, les terminaisons libres (Horch et coll., 1977 ; Iggo et
Andrès, 1982), ainsi que les thermorécepteurs et
les nocicepteurs.
Ces derniers sont très présents au niveau de la
peau, par exemple à la pointe des doigts où on
en dénombre environ 2 500 par centimètre carré
(Gardner et coll., 2000).
Au niveau spinal, les messages en provenance
d'une seule afférence peuvent modifier la décharge
des motoneurones, malgré la présence des interneurones s'interposant entre eux (Mc Nulty et
Macfields, 2001 ; Fallon et coll., 2005).
Les informations afférentes des mécanorécepteurs
cutanés sont largement distribuées au niveau de
tout le système nerveux central et relayées de
façons diverses à plusieurs niveaux :
• à l'étage inférieur elles entraînent des réponses
réflexes variées suivant le type de stimulation
comme, par exemple, le réflexe d'évitement ;
• au niveau supérieur elles contribuent à l'orientation vis-à-vis du milieu ambiant.
Étant donné que les stimuli sensitifs sont transmis
au niveau du lobe pariétal, le feed-back généré par
les mécanorécepteurs cutanés peut influencer le
cortex moteur (Maertens de Noordhout et coll.,
1992).
●
Points clés
Même s'il s'agit de réflexes stéréotypés, les réflexes
cutanés sont donc modulés par les centres supérieurs en fonction des actions et du contexte.
C'est ainsi que le classique réflexe de flexion d'un
membre dû à un message nociceptif peut être
remplacé par une action plus adaptée aux circonstances.
Motoneurones, unités motrices
et recrutement musculaire
Les différents arcs réflexes intervenant dans le
contrôle des actes moteurs s'expriment par une
seule voie commune : le motoneurone (Sherrington, 1906).
Les motoneurones alpha sont responsables de la
production de force par le muscle. Un motoneurone et toutes les fibres musculaires qu'il innerve
représentent l'unité motrice.
Les fibres musculaires innervées par un motoneurone alpha sont toutes du même type (lent ou
rapide). Il y a donc des unités motrices de type I
lentes et de type II rapides.
Plus grand est le diamètre d'un motoneurone et
plus nombreuses sont les fibres qu'il innerve. En
revanche, une fibre musculaire n'est innervée que
par un seul motoneurone.
Les unités motrices de petite taille contrôlent les
mouvements fins (2 à 3 fibres pour les muscles
moteurs oculaires ; 3 fibres, en général, pour les
muscles des doigts). Celles de grande taille concernent les muscles dont les fonctions sont moins
précises (près de 2 000 fibres pour le quadriceps).
Les motoneurones de petit diamètre, à conduction lente, sont affectés aux muscles posturaux. Ils
provoquent des contractions de force moyenne et
sont résistants à la fatigue.
Les motoneurones de grande taille innervent un
grand nombre de fibres musculaires phasiques. Ils
sont à l'origine des contractions rapides, de grande
force mais rapidement fatigables.
L'expérience d'innervation croisée (John Eccles et
coll., Buller et coll., 1960) montre le caractère
prééminent de l'innervation dans la physiologie
musculaire. Après suture croisée des motoneurones de muscles de composition différente (muscles
Chapitre 2. Le tonus neuromusculaire – Les réflexes
à fibres lentes ou à fibres rapides), les caractéristiques contractiles de ceux-ci sont modifiées.
Les muscles lents deviennent rapides et inversement. Toutefois, cette conversion n'est pas complète et varie suivant les espèces (Edgerton V. R.
et coll., 1996).
Ces modifications portent également sur les caractéristiques biochimiques de la myosine. On
constate un changement de phénotype des fibres
musculaires.
Terje Lomo et coll. (1966) ont montré que ce
changement de phénotype peut être provoqué en
modifiant simplement les caractéristiques de
décharge du motoneurone (passer d'une décharge
à haute fréquence à une décharge lente et
régulière).
●
Points clés
La physiologie musculaire est liée au type de
motoneurone alpha.
Activité neuromusculaire,
contrôle sensori-moteur
et stabilité articulaire
Les terminaisons libres et les mécanorécepteurs
musculaires (fuseaux, appareil de Golgi) fournissent, grâce à un système afférent de feed-back, des
informations proprioceptives en flux continu sur
les degrés de tension, les positions et les mouvements, essentiels au contrôle du tonus musculaire
et nécessaires pour garantir la stabilité et la coordination articulaire de l'activité motrice (Mc Kloskey,
1978).
Les afférences fusoriales sont en corrélation directe
avec les motoneurones responsables de l'activation des muscles synergiques et avec les interneurones inhibiteurs des antagonistes.
Cette organisation permet aux muscles d'agir de
manière finalisée et globale afin d'assurer la stabilité articulaire au cours des activités motrices.
Ils utilisent pour cela des schémas de mouvements
activés par les stimuli sensoriels et/ou par des
35
messages en provenance du tronc cérébral et du
cortex.
●
Points clés
Dans l'état actuel des connaissances, il est possible de comparer le fonctionnement musculaire à
un système de ressort par sa capacité à résister
aux forces internes ou externes agissant sur les
articulations et par sa tendance à reprendre sa
longueur d'origine après allongement.
Cette faculté résistante se trouve résumée dans
l'expression « stiffness musculaire ».
La stiffness d'une structure correspond à la résistance de celle-ci à la déformation et peut être
mesurée par la force nécessaire pour produire son
allongement et sa déformation.
Au niveau musculaire la stiffness présente deux
composantes. La première est liée aux propriétés
visco-élastiques du muscle et aux ponts actinemyosine. La seconde dépend de l'activité réflexe
(Johansson et coll. 1991) (Fig. 2.7).
La stiffness musculaire est intimement liée à la
sensibilité des organes proprioceptifs contenus
dans le muscle (Johansson, 1991).
Elle est considérée responsable de la stabilité articulaire (Cholewicki et McGill, 1996 ; Chinchalkar
S. J., Szekeres M., 2004 ; Brown S. H., Mc Gill S.
M., 2005 ; Blackburn J. T. et coll., 2006).
Elle est liée à l'activation des unités motrices toniques (Burke et Edgerton, 1975).
Les afférences primaires des muscles influencent
grandement les motoneurones gamma reliés aux
fibres lentes (Johansson et Sojka, 1991).
Les muscles antigravitaires présentent une grande
quantité de motoneurones gamma représentés au
niveau cortical (Guyton, 1981) ce qui peut faire
penser que l'activité fusimotrice est caractéristique
du muscle en activité antigravitaire.
Pour Pope (1979), l'activité réflexe est trop lente
pour prévenir les traumatismes articulaires. Mais
Johansson et d'autres auteurs avancent que la stiffness varie et est contrôlée en permanence, ce qui
contribue à la protection articulaire.
Il a été démontré que les récepteurs ligamentaires
sont reliés au système fusimoteur.
36
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Tension intrinsèque passive
de repos
(silencieuse à l´EMG)
Élasticité
Système nerveux central activé
(EMG actif)
Activité volontaire
ou réflexe
(normale)
Viscosité
(la vélocité
en dépend)
Viscoélasticité
(base moléculaire)
Rigidité
Spasticité
(lésion SNC)
Contractilité
(SNC activé)
Tonus
musculaire
Fig. 2-7. D'après Masi (2008). Modifié.
Pour Salomonow (1998), la stimulation des mécanorécepteurs du ligament sus-épineux de l'articulation zigoapophysaire et du disque entraîne le
recrutement réflexe du muscle multifidus pour
stabiliser la colonne.
●
Points clés
La résistance aux déplacements nécessaire à la
fonction statique dépend des ponts actine-myosine,
des propriétés élastiques des tissus, du tonus neuromusculaire et de son contrôle.
Chapitre 3
Les mécanismes de contrôle
de l'équilibre
La position bipédique de l'homme permet de libérer le membre supérieur au prix d'une organisation posturale complexe.
L'appareil locomoteur est multi articulaire, le centre de gravité du corps est situé très haut (environ
au niveau de la 3e vertèbre lombaire) et le polygone de sustentation est réduit. Le risque de déséquilibre est permanent.
Pourtant le contrôle de l'équilibre corporel, qu'il
s'agisse du maintien ou de la récupération instantanée de celui-ci, est si efficace qu'il peut faire
penser, parfois, que le déséquilibre n'existe pas. Il
ne devient évident que lorsque des désordres
occasionnels ou chroniques de la stabilité dépassent les capacités gestionelles du système de
contrôle ou quand ses propres composants sont
atteints.
Ce système gère les déséquilibres potentiels ou
réels, grâce à l'élaboration de stratégies anticipées
ou retardées, permettant ainsi d'assurer ou de
récupérer le contrôle de la position au repos ou en
mouvement.
Il est composé de récepteurs, de circuits, de structures intégrant les informations et élaborant les
réponses, de voies efférentes. Il est en interaction
permanente avec le milieu ambiant. Le contrôle
postural constitue donc un système ouvert.
Équilibre ou déséquilibre stable
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'être
humain est physiologiquement en déséquilibre
mais en déséquilibre contrôlé. L'expression « dés-
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
équilibre stable » se justifie lorsque les oscillations
permanentes du corps sont maintenues dans le
cadre restreint du polygone de sustentation. Les
enregistrements sur plateforme stabilométrique
montrent que ces oscillations sont de l'ordre de
100 mm2 pour un sujet normal (Gagey, 1999).
Outre le respect des limites du polygone de sustentation, les mécanismes de contrôle doivent être
économiques, ce qui exige de leur part une grande
rapidité d'intervention préventive ou corrective.
Deux aspects sont à prendre en compte : la stabilité structurelle, appelée également mécanique, et
la stabilité fonctionnelle.
La première concerne les superficies articulaires et
leurs moyens de contention. La deuxième implique les informations sensorielles, leur intégration
et les réponses apportées par le système efférent.
Les éléments qui contribuent à la stabilité fonctionnelle sont les tissus, avec leurs propriétés fibroélastiques, le contrôle musculaire et la résultante
des forces s'exerçant à un moment donné
(Johansson et coll., 1991).
La stabilité structurelle est la condition de base
nécessaire à l'équilibre, la stabilité fonctionnelle
est indispensable à sa régulation.
●
Points clés
Le contrôle de la posture et de l'équilibre n'est plus
considéré aujourd'hui comme la simple somme de
divers réflexes, mais comme une activité complexe
basée sur les interactions de processus dynamiques, sensitifs et moteurs.
L'objectif principal du contrôle postural est l'alignement actif de la tête et du tronc vis-à-vis de la
38
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
vestibulaire bilatérale, les suppléances peuvent venir
de la vision et des informations proprioceptives.
Les mécanismes d'intégration des messages provenant de ces différentes sources ne sont pas encore
parfaitement connus à ce jour.
La vision – le système
vestibulaire – le système
somato-sensoriel
Fig. 3-1. Maintien de l'équilibre vis-à-vis de la ligne de gravité ; en fonction des surfaces d'appui, des informations
visuelles et somato-sensorielles.
ligne de gravité. Il doit être atteint en tenant compte
de l'environnement visuel, des informations internes et des surfaces d'appui changeantes (Fig. 3.1).
Le tonus neuromusculaire y joue un rôle essentiel.
Afférences – centres
de contrôle – efférences
Le corps dispose de différents senseurs ou récepteurs informant sur le sens de la gravité (système
vestibulaire), l'environnement (informations visuelles ou rétiniennes), les superficies d'appui (plante
du pied), la disposition musculo-squelettique (système somato-sensoriel).
L'importance relative de ces différentes sources
d'information peut varier suivant les individus,
l'âge, les circonstances personnelles ou ambiantales. Dans un environnement obscur, les messages
provenant des systèmes vestibulaire et somatosensoriel sont essentiels. En cas de sévère atteinte
L'information visuelle vient des photorécepteurs
rétiniens, passe par le nerf optique et parvient au
lobe occipital.
Le centre de la rétine et plus particulièrement sa
périphérie fournissent des informations abondantes et précises sur l'environnement. Mais la vision
à elle seule est insuffisante. Le cerveau ne peut
savoir si c'est le corps ou l'objet qui se déplace
(par exemple, voir un train bouger depuis un autre
train). Une information comparative ou de
contraste est nécessaire. Elle est fournie par le système somato-sensoriel.
Lorsque la rétine détecte un mouvement, les
récepteurs des muscles moteurs oculaires peuvent
confirmer si celui-ci vient des yeux ou de l'environnement. Les récepteurs proprioceptifs nucaux
permettent de savoir si c'est la tête qui s'est déplacée ; ceux du reste du corps, si c'est le corps, dans
son ensemble, qui a bougé. Le cerveau analyse en
permanence les informations visuelles et proprioceptives (Roll, 1987).
L'information vestibulaire vient de l'utricule et du
sacculum quand il s'agit d'accélérations linéaires
de la tête et est issue des canaux semi-circulaires
en cas d'accélérations angulaires.
Les messages parviennent aux noyaux vestibulaires, centres importants du contrôle de l'équilibre
et à l'origine de réponses réflexes ou élaborées,
avant même que soit perceptible le moindre mouvement de la tête. C'est un système archaïque et
prioritaire.
Mais l'information vestibulaire, prise isolément,
n'est pas suffisante. Une inclinaison de la tête provoque un stimulus équivalant à l'inclinaison du
tronc ou de tout le corps. Les récepteurs muscu-
Chapitre 3. Les mécanismes de contrôle de l'équilibre
39
Environnement
Système
somatosensoriel
Centres
nerveux
dintégration
Informations
visuelles
Système
vestibulaire
Fig. 3-2. Les informations vestibulaires, visuelles et somato-sensorielles constituent un système ouvert.
laires et articulaires du cou doivent informer de la
différence par rapport aux messages proprioceptifs
venant du reste du corps. Ils sont prééminents
mais n'agissent donc pas seuls. Toutefois, leur
importance entraîne qu'ils sont fréquemment
impliqués dans les perturbations de l'équilibre
(Jull et coll., 2008) (Fig. 3.2).
●
Points clés
Le système somatosensoriel est fondamental pour
offrir le contraste nécessaire à l'intégration des
autres informations.
Simoneau a étudié les augmentations d'oscillation
du centre de pression en altérant, suivant les cas,
un, deux ou les trois systèmes (vestibulaire, visuel
et somatosensoriel). La perturbation du système
somatosensoriel augmente les oscillations de façon
nettement plus importante que celle de la vision,
du système vestibulaire et même des deux réunis
(Simoneau et coll., 1995).
Contrôle des déséquilibres
posturaux – Planification
anticipée et retardée
La quasi-totalité des activités corporelles occasionne des réponses adaptatives qui cherchent à
réduire ou à neutraliser toute perturbation de la
posture. Ces mécanismes musculaires peuvent
intervenir de façon anticipée (feed-forward) ou
retardée (feed-back) (Fig. 3.3).
Les réactions de rééquilibration ne se produisent
pas uniquement en cas de situation imprévue mais
interviennent également dans le cadre des mouvements appris. Tout geste simple comme, par exemple, l'abduction du bras en position debout, crée
un déséquilibre qui doit être contrôlé (Nashner,
1979 ; Hay et Redon, 2001).
Ces ajustements posturaux liés à des mouvements
volontaires semblent faire partie du même
40
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Déséquilibre
postural
Mouvement
des extrémités
Contrôle
central
Déséquilibres prévus
réponse anticipée
Ajustements
posturaux
Déséquilibres imprévus
réponse retardée
Fig. 3-3. Contrôle en feed-back et en feed-forward.
Tableau 3.1 Le contrôle d'équilibre (d'après Nashner, 2001).
Système moteur
Propriétés du système
Réflexe
Automatique
Volontaire
Voies
Spinale
Tronc encéphalique
Corticale
Activation
Stimuli externes
Stimuli externes
Stimuli externes
autogénérés
Réponse
Locale-point de stimulation
et stéréotypée
Coordonnée et stéréotypée
Variété illimitée
Róle dans l'équilibre
Régulation de la force musculaire
Résistance aux dérangements
Mouvements volontaires
Latence enregistrée au niveau
des jambes
Fixe 35–45 ms
Fixe, latence moyenne (moyenne
95 ms) ou latence longue
(moyenne 120 ms)
Variable 150 + ms
programme moteur (Lee et coll., 1987 ; Zattara et
Bouisset, 1988).
Les réponses stabilisatrices associées à des mouvements mémorisés ont pour habitude d'anticiper
les déséquilibres (mécanisme de feed-forward).
Ces ajustements posturaux anticipés peuvent donc
se résumer de la façon suivante : modification de
l'activité des muscles posturaux destinée à assurer
la plus grande sécurité au contrôle de la posture,
en prévision d'une action perturbatrice (Belen'Kii
et coll., 1967 ; Mardsden et coll., 1979 ; Cordo et
Nashner, 1982 ; Krishnamoorthy et coll., 2005).
9 mois, ceux qui sont anticipés, après l'âge de 4 ans.
Les uns comme les autres continuent à se développer jusqu'à l'adolescence (Hass et coll., 1989).
Les déséquilibres peuvent parvenir à la conscience
mais les principaux responsables de la gestion des
informations relatives à la posture et des réponses
à y apporter sont sous-corticaux.
Les contrôles impliquent essentiellement trois
niveaux : médullaire, tronc cérébral, cortical (Diener
et Dichens, 1986 ; Schmidt, 1991 ; Schmidt et Lee,
1999 ; Nashner, 2001) (Tableau 3.1).
●
Le contrôle médullaire
Points clés
Les activités mémorisées peuvent bénéficier
d'ajustements posturaux anticipés.
Les réactions de rééquilibration retardée concernent les situations imprévues.
Au cours du développement moteur de l'enfant
les ajustements retardés apparaissent entre 7 et
La moelle épinière est le premier niveau de
contrôle d'équilibre. Les réponses sont du type
réflexe (Nashner, 2001). Les efférences provoquent l'activation ou l'inhibition des motoneurones sous forme directe ou indirecte (synaptique).
Chapitre 3. Les mécanismes de contrôle de l'équilibre
Le rôle du réflexe myotatique direct est de s'opposer aux déplacements et de rétablir la stabilité posturale face au plus minime déséquilibre (Rothwell,
1994). Il s'agit d'une réaction stéréotypée de
court temps de latence.
La détection de l'étirement vient des capteurs
intramusculaires et tendineux. Cette activité réflexe
de base ne peut à elle seule récupérer l'équilibre.
D'autres systèmes doivent apporter une réponse
plus élaborée.
Le tronc cérébral
C'est, avec le cervelet, le deuxième niveau de
contrôle. On y trouve en particulier la formation
réticulaire, les centres vestibulaires, les ganglions
basaux.
La formation réticulaire
Elle est constituée d'un réseau complexe de neurones situés au centre du tronc encéphalique et
qui s'étend depuis le mésencéphale jusqu'au bulbe
rachidien. Elle possède de nombreuses fonctions,
parmi lesquelles certaines concernent le contrôle
moteur.
En corrélation avec le noyau vestibulaire, elle
intervient sur les muscles axiaux et proches des
extrémités. À travers des voies réticulospinales et
réticulobulbaires, la formation réticulaire agit sur
l'activité des motoneurones alfa et gamma.
Cela lui permet de moduler le tonus musculaire,
l'activité réflexe et d'innervation réciproque.
La formation réticulaire, aidée en cela par le système vestibulaire, exerce un rôle important dans le
maintien du tonus des muscles antigravitaires en
situation bipédique.
Les centres respiratoires du tronc encéphalique,
connus pour leur contrôle des muscles inspirateurs, sont à l'heure actuelle considérés comme
faisant partie de la formation réticulaire (Snell,
2003).
La formation réticulaire reçoit des informations
supérieures venant du cerveau et de l'hypothala-
41
mus. Elle coordonne la stratégie posturale anticipée, face aux déséquilibres d'origine interne.
Les noyaux vestibulaires
Ils constituent le point d'arrivée des axones en
provenance du VIIIe nerf crânien. Ils sont situés
dans le ganglion du nerf vestibulaire (ganglion de
Scarpa) et sont reliés aux centres des IIIe, IVe,
VIe et XIe nerfs crâniens.
Leurs connexions sont à la base du réflexe vestibulo-oculaire, dont l'action permet de maintenir
le contrôle de la position des yeux et la stabilisation de la vision lors des mouvements de la tête.
Ils sont reliés à la voie vestibulo-spinale, destinée
aux muscles des jambes, du tronc et du cou
(Allum, 1993).
Les centres vestibulaires interviennent de façon
retardée sur les déséquilibres d'origine externe
détectés par le système vestibulaire périphérique.
Les ganglions de la base
Ils sont composés d'agglomérats de cellules
nerveuses situées dans le télencéphale. Les ganglions de la base sont impliqués dans les mouvements routiniers, principalement inconscients,
qui concernent l'ensemble du corps, et dans le
contrôle inconscient de la posture.
Ils sont responsables de l'organisation d'activités
automatiques et semi-automatiques sur lesquelles se superposent des mouvements volontaires
conscients. Ils reçoivent les informations du
cortex et agissent ensuite sur les mouvements,
modulant l'ordre reçu depuis l'aire motrice
cérébrale.
Les ganglions basaux et le cervelet sont impliqués
dans divers aspects de la planification et du
contrôle du mouvement mais ils ne possèdent pas
de voies efférentes qui leur sont propres les reliant
à la moelle épinière.
Outre l'ajustement des mouvements routiniers, ils
joueraient un rôle dans le maintien de l'équilibre
entre les influences excitatrices et inhibitrices
(Goddard, 2005).
42
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Le cervelet
Le cortex
Même s'il n'est pas, à lui seul, à la base de l'activité
motrice, le cervelet la supervise. C'est ainsi qu'en
cas de lésion cérébelleuse le tonus est maintenu,
mais connaît un déficit de contrôle.
Il réorganise les informations et module les réponses, pour augmenter l'efficacité des mouvements
et des réactions de rééquilibration.
Le cervelet agit sur le système vestibulaire et, de
forme induite, sur les muscles du tronc et des membres inférieurs.
En dernière instance, le cervelet est responsable
de la régulation des réflexes posturaux et du tonus
neuromusculaire (Bloedal et Bracha, 1997). Son
rôle est donc fondamental dans le contrôle postural et l'équilibre du corps.
Bien qu'ayant une responsabilité très limitée dans
le contrôle de l'équilibre, le cerveau y joue un certain rôle. Des mesures effectuées sur la stabilité
montrent une diminution de l'efficacité du
contrôle postural en cas d'activité cognitive simultanée (Quant S. et coll, 2004).
Par ailleurs, le cortex semble optimiser les réponses posturales dans les cas de déséquilibres anticipés en corrélation avec le cervelet (Jacobs J. V.,
Horak F. B., 2007).
Des expérimentations réalisées par stimulation
magnétique transcranienne (TMS) montrent également la présence d'interventions corticales dans
les réponses anticipées des déséquilibres posturaux
(Tue Hvass Petersen et coll., 2009) (Fig. 3.4).
Chapitre 3. Les mécanismes de contrôle de l'équilibre
Cortex
43
Réponses posturales lentes
Contrôle conscient
Ganglions
basaux
Réponses de latence
moyenne
Cervelet
Noyaux
vestibulaires
Voie vestibulo-spinale
Formation
réticulaire
Synergies posturales
Régulation du tonus
des muscles posturaux
Voie réticulo-spinale
Moelle
épiniére
Fig. 3-4. Les différents niveaux du contrôle de l'équilibre.
Réponses automatiques
rapides (réflexe myotatique)
Chapitre 4
Les phases de la construction
Le développement moteur
Le contrôle postural de l'être humain puise ses
racines dans la phylogenèse (Gramsbergen, 2005).
Au cours de la phylogenèse les membres antérieurs
ont progressivement abandonné le rôle statique
qui était le leur en quadrupédie pour développer
des capacités manuelles rendues possibles par la
bipédie (Fig. 4.1). Le système nerveux s'est plus
impliqué dans le contrôle de la posture (Hadders
– Algra 2005). La complexité des mécanismes qui
ont permis cette évolution explique pourquoi le
contrôle postural a besoin de temps pour se mettre en place chez l'enfant (Schmitz et coll. 2002 ;
Roncesvalles et coll. 2004).
Bernstein (1935) a suggéré que l'organisation
motrice est basée sur des synergies permettant
au système nerveux de réduire les efférences
nécessaires au contrôle des gestes. Le cerveau
peut alors gérer des mouvements au service
Amphibiens
Reptiles
Pré-mammifères
Fig. 4-1. D'après Rash et Burke (1976).
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
d'objectifs grâce à un répertoire de représentations pré-structurées sans être impliqué spécifiquement dans la contraction individuelle de
chaque muscle. Ces synergies servent au contrôle
postural et peuvent s'acquitter de tâches spécifiques (Massion et coll., 2004).
●
Points clés
Le cerveau se préoccupe de mouvements et non
de muscles.
L'ontogénie définit le développement d'une fonction au sein d'une espèce. Dans le cas présent elle
concerne les étapes de l'acquisition de la marche
autonome depuis la naissance. C'est un des trois
aspects de l'évolution ontogénique, avec la pince
et le langage.
Diverses théories proposent des explications au
développement du contrôle moteur et à l'organisation de la posture de l'être humain ; le « modèle
réflexe », avec comme précurseurs Sherrington et
Mammifères
archaïques
Primates
archaïques
Homme
Primates humanoïdes
Grands singes
46
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Magnus, le « modèle hiérarchisé » de Jackson en
1932, le « modèle systémique » du neurologue
russe Bernstein. Le modèle hiérarchisé établit que
le développement du système nerveux se fait du
centre vers la périphérie et du crânien vers le caudal.
Le nouveau-né passe :
• de mouvements globaux à des mouvements
précis et volontaires ;
• de l'asymétrie et de l'instabilité à la symétrie et
la stabilité ;
• de grandes superficies d'appui à des polygones
de sustentation réduits.
Mais il convient d'ajouter l'acquisition d'habilités
à ces processus de maturation du système nerveux
central. Les modèles actuels de contrôle moteur
considèrent que le mouvement s'organise en fonction des tâches à accomplir (Fig. 4.2).
●
Points clés
Par définition, la coordination est inséparable des
objectifs à atteindre.
Selon la loi de Haeckel, l'enfant revit brièvement
les phases de l'évolution de l'espèce.
Pour Hadders-Algra, quatre périodes peuvent être
observées :
• à trois mois ;
• à six mois ;
• à neuf/dix mois ;
• à treize/quatorze mois.
L'évolution des réflexes
Les mouvements du nouveau-né viennent de
réflexes primitifs sans implication corticale. On
peut citer le réflexe de Moro, le réflexe palmaire et
le réflexe tonique asymétrique cervical.
Les réflexes primitifs doivent être progressivement
inhibés et contrôlés par le système céphalique,
pour aboutir à un contrôle gestuel volontaire
(Goddard, 2005).
Ils font place aux réflexes posturaux, contrôlés en
grande partie par le tronc cérébral. Ils sont basiquement de redressement et de contrôle de
l'équilibre.
Les réflexes de redressement apparaissent entre
trois et douze mois : réflexe oculaire, labyrinthique, de redressement cervical, réflexe de Landau
et de rotation segmentaire (Goddard, 2005).
La spécification fonctionnelle –
le regroupement
Dès la naissance, le nouveau-né entre dans une
phase accélérée de son évolution fonctionnelle,
basée sur la différenciation musculaire. Après une
période de repli intra-utérin, il se place naturellement dans une position « déployée » qui ne lui
autorise aucune activité statique, mais lui permet
Caractères
génétiques
Organisation
neuromusculaire
Développement
moteur
Éléments
biomécaniques
Fig. 4-2. Le développement moteur et ses facteurs.
Facteurs
ambiantaux
Chapitre 4. Les phases de la construction
des mouvements qui vont devenir des gestes de
plus en plus ciblés (Fig. 4.3).
●
Points clés
Dans la chronologie de différenciation fonctionnelle, le geste précède le maintien.
Mais il ne faut pas oublier que la force d'un muscle s'exerce de façon égale à ses deux extrémités.
Ce qui détermine le point fixe est la force stabilisatrice des muscles synergiques ou la masse à
déplacer. À ce stade, le poids du tronc et de la tête
l'emporte.
Chez le nouveau-né, le tonus neuromusculaire est
concentré dans les parties du corps en appui.
Les premiers redressements se mettent en place
entre trois et six mois, avec les expériences initiales
de maintien de la tête et d'extension du dos
(Fig. 4.4 et 4.5).
Les positions d'abduction-rotation externe des
membres supérieurs et de flexion-abduction-rotation externe des membres inférieurs s'effacent.
La liberté articulaire qui, à la naissance, n'est limitée que par l'anatomie ostéo-articulaire et les
résistances capsulo-ligamentaires, passe progressivement sous le contrôle stabilisateur des muscles
(Smith, 1954), qui vont en devenir le premier
frein.
Le regroupement permet d'autres avancées. Après
une période de marche à quatre pattes (Fig. 4.6),
il autorise la position érigée, puis le déplacement
(Fig. 4.7 et 4.8).
Fig. 4-3. « Le bébé déployé ».
Fig. 4-5. Extension de la tête et du dos (reptile).
Fig. 4-4. Le maintien de la tête.
47
Fig. 4-6. Quadrupédie (pré-mammifère).
48
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
La fonction statique des muscles est en place
(Fig. 4.9). Elle permet une conquête : la bipédie.
Elle en contrôle les déséquilibres. Elle sert de base
au mouvement, par la stabilisation articulaire et
l'ajustement postural anticipé.
Fig. 4-7. Bipédie avec appui (primate).
Fig. 4-9. « L'enfant regroupé ».
Fig. 4-8. Déplacement autonome et libération du geste
(humanoïde).
L'appui du pied au sol marque une étape fondamentale sur le plan sensitivo-réflexe et moteur.
Il est inutile de souligner que la tête, point de
départ de la construction, est destinée à conserver
une importance cruciale par son rôle dans la coordination oculo-vestibulo-motrice.
Le jeune enfant est effectivement repassé par
toutes les phases de l'évolution, depuis la reptilienne jusqu'à la bipédique, en passant par la
quadrupédique.
La fonction dynamique, quant à elle, privilégie
les membres et en particulier les extrémités.
Celles-ci sont allégées grâce à la présence de
muscles pluri-articulaires prenant leur insertion à
distance. Les mouvements de flexion-extension y
sont privilégiés.
Les muscles courts et massifs concernent préférentiellement le tronc et la racine des membres. Les
mouvements latéraux et de rotation y sont plus
développés.
La structuration définitive associe centralisation
des moyens et libération spatiale du geste.
Pour passer de la position « déployée » du nouveau-né (voir fig. 4.3) à celle du jeune enfant stable en position bipédique (voir fig. 4.9), il est
évident, en première approche, qu'une spécifica-
Chapitre 4. Les phases de la construction
tion fonctionnelle statique s'est mise en place au
niveau des muscles du cou, de la colonne vertébrale, des membres inférieurs et des adducteursrotateurs internes de la racine des membres.
●
Points clés
La fonction statique est synonyme de concentration.
Une fois commencé, le processus est irréversible.
Fonctions hégémoniques
et implantations musculaires
Certaines fonctions dévolues aux muscles striés
sont plus essentielles que d'autres. Elles peuvent
être qualifiées de fonctions hégémoniques. Elles
se développent chronologiquement en fonction
de leur importance au cours de l'évolution psychomotrice de l'enfant.
La respiration
Il s'agit d'une fonction mixte de contrôle, à la fois
automatique et volontaire.
L'inspiration
L'inspiration marque le passage à la vie extra-utérine. Le moteur fondamental en est le diaphragme,
responsable de la respiration de petite amplitude.
En cas de nécessité, le diaphragme accentue sa
contraction et les inspirateurs accessoires entrent
en jeu. Ils sont en très grand nombre et d'implantation anatomique variée, ce qui leur permet
d'offrir diverses alternatives en fonction des circonstances (positions corporelles ou gestes).
On dénombre donc :
• le diaphragme ;
• les inspirateurs thoraciques – intercostaux et
surcostaux ;
• les inspirateurs nucaux – sternocléidomastoïdiens et scalènes ;
• les inspirateurs scapulaires – petit pectoral,
grand pectoral, grand dentelé ;
• les inspirateurs spinaux – les muscles des gouttières sont inspirateurs par leur physiologie de
49
postéro-flexion dorsale, qui élève le thorax ; le
long dorsal et l'iléocostal (sacro-lombaire) le
sont par action rotatrice sur le petit bras de la
côte, ce qui a pour effet d'élever le grand
bras1.
Les scalènes, les intercostaux et les spinaux
sont des muscles particulièrement statiques. Le
diaphragme est un muscle mixte (fibres lentes et
rapides) et non pas purement dynamique comme
il est souvent présenté. Il convient en outre de différencier le rôle de la partie musculaire des coupoles et celui du centre phrénique, exclusivement
fibreux.
Depuis Duchenne de Boulogne le rôle freinateur
de la masse viscérale lors de la descente du
diaphragme n'a plus été questionné. Il est pourtant difficile d'imaginer que les viscères soient
capables, à eux seuls, de bloquer la contraction
d'un des muscles les plus puissants du corps.
Ceci d'autant plus que, s'ils sont effectivement
comprimés quand le diaphragme descend en inspiration, ils n'en possèdent pas moins des possibilités
d'expansion antérieure et inférieure (gonflement
de la paroi abdominale et du périnée).
Un retour aux sources s'impose. Dans les expériences de Duchenne de Boulogne, après éviscération, les coupoles diaphragmatiques s'aplatissent
lors de l'inspiration. Mais le centre phrénique ne
descend pas jusqu'au niveau des dernières côtes.
Sa position reste la même qu'avant l'éviscération.
Le diaphragme prend la forme d'un cône tronqué
(Physiologie des mouvements, Duchenne de
Boulogne, 1867, paragraphe 595).
Il en a conclu que les viscères servent de point
d'appui, sans tenir compte de la position inchangée du centre phrénique, ce qui n'est pas
conforme à la réalité de l'expérimentation (Fig. 4.10
a, b et c).
Cette dernière ne l'oppose pas non plus, comme il
le croit, aux travaux de Beau et Maissiat qui, déjà
en 1843, avaient attribué au péricarde un rôle freinateur et qu'ils avaient baptisé « le tendon creux
du diaphragme ».
1 Du même auteur, Les Scolioses, Éd. Masson, 2003.
50
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
a − Forme des coupoles
et position du centre phrénique
dans l’inspiration, viscères
en place.
b − Forme des coupoles
dans l’inspiration, après
éviscération. Le centre
phrénique ne descend
pas plus bas.
c − Position que devrait prendre le
diaphragme en inspiration et après
éviscération, s’il était exclusivement
freiné par la masse viscérale.
Fig. 4.10a, b, c Relecture de l'expérimentation de Duchenne
de Boulogne.
La descente du centre phrénique ne peut donc être
limitée que par une force résistante s'exerçant à
partir du haut. Il convient dès lors d'attribuer à la
masse viscérale la responsabilité de maintenir la
forme des coupoles, leur permettant d'élever les
côtes au lieu de les attirer vers l'intérieur, et aux
éléments médiastinaux agissant comme un tendon,
le blocage du centre phrénique dans l'inspiration
(Fig. 4.11 a, b, c et d).2
La mise en évidence d'un « tendon » du diaphragme
permet de comprendre le rôle suspenseur qu'exerce
le centre phrénique vis-à-vis des viscères supérieurs.
●
Points clés
Les éléments médiastinaux forment, avec le centre
phrénique et les piliers du diaphragme, un système
musculo-fibreux très résistant qui relie la base du
crâne à la colonne lombaire.
Dans le plan antérieur, sa tension s'ajoute à celle
des scalènes et des intercostaux.
Des observations radioscopiques montrent que,
dans l'inspiration, les piliers du diaphragme s'aplatissent, alors que les côtes s'élèvent. Les radiologues l'ont qualifié de « mouvement semi-paradoxal
du diaphragme ». Cette descente relative des
piliers est due à l'inextensibilité du système médiastinal suspenseur du centre phrénique (Fig. 4.12 et
Tableau 4.1).
Tableau 4-1 Points fixes et temps respiratoires.
Centre
phrénique
Côtes
Région lombaire
Respiration de
petite amplitude
Mobile
Fixes
Fixe
Respiration
de moyenne
amplitude
Semi-fixe
Mobiles
Fixe
Respiration
de grande
amplitude
Fixe
Mobiles
L3-L4-L5 Fixes
D11-D12-L1-L2
Semi-fixes
L'ensemble des muscles contribuant à l'inspiration peut être qualifié de « chaîne inspiratoire »
(Fig. 4.13).
2 Du même auteur, Le Diaphragme, Éd. Le Pousoë, 1982.
Chapitre 4. Les phases de la construction
Fig. 4-11. A. Système de suspension cervico-thoraco-phrénique.
B. Détail du tractus œsophagien, du péricarde et de son insertion sur le centre phrénique.
(Photo originale MC Minn, RT Hutching)
C. Détail de l'aponévrose de l'aorte, du péricarde et de son insertion sur le centre phrénique.
D. Schématisation des éléments suspenseurs du diaphragme et de la masse viscérale.
51
52
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 4-12. Dans l'inspiration, les piliers et le système suspenseur du diaphragme se tendent. Les viscères maintiennent la
forme des coupoles.
L'expiration
Fig. 4-13. La « chaîne inspiratoire ».
L'expiration, quant à elle, peut être obtenue par le
simple relâchement des inspirateurs. Les muscles
expirateurs peuvent donc être qualifiés d'expirateurs accessoires. Comme leurs homologues
inspirateurs, ils n'interviennent qu'en fonction
des besoins. Ils sont peu nombreux.
On dénombre :
• le triangulaire du sternum ;
• les abdominaux : grands droits, grands et petits
obliques, transverse de l'abdomen ;
• le carré des lombes.
Ils agissent dans le sens de la gravité. Leur fonction essentielle est dynamique.
Chapitre 4. Les phases de la construction
●
Points clés
Les inspirateurs sont nombreux et à vocation préférentiellement statique.Les expirateurs sont peu
nombreux et dynamiques.
Dans la mécanique respiratoire la suspension du
thorax et l'acte inspiratoire sont privilégiés. Ils
dépendent des mêmes muscles.
• les fléchisseurs et adducteurs rotateurs internes
de l'humérus ;
• les fléchisseurs et les pronateurs du coude ;
• les fléchisseurs du poignet et des doigts ;
• l'opposant du pouce (Fig. 4.14, 4.15 et 4.16).
Prendre et porter à soi
Après l'exigence respiratoire s'impose la nutrition.
D'abord complètement dépendant de la mère, le
jeune enfant va tenter de s'en affranchir en prenant ce qui lui est proche et en le portant à la
bouche. Pour ce faire il doit élever la ceinture scapulaire et abducter légèrement le bras, pour
faciliter la circumduction (antépulsion-adductionrotation interne). Il peut alors accéder à la bouche grâce à un mouvement coordonné incluant
également la flexion-pronation du coude, la
flexion du poignet et des doigts et l'opposition
du pouce.
Interviennent principalement les muscles suivants :
• le trapèze supérieur ;
• le sus-épineux ;
• le deltoïde ;
Fig. 4-14. Chaîne supérieure de la ceinture scapulaire.
53
Fig. 4-15. Chaîne antéro-interne d'épaule.
Fig. 4-16. Chaîne antérieure du membre supérieur.
54
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Comme ce fut le cas pour l'inspiration, on
constate que cette coordination gestuelle hégémonique est réalisée par des muscles nombreux
et puissants : les élévateurs de la ceinture scapulaire d'une part, et les adducteurs-rotateurs
internes du bras, d'autre part. Ces derniers sont
plus nombreux que les abducteurs-rotateurs
externes.
La prééminence est encore plus marquée pour les
fléchisseurs du coude et des doigts et pour l'éminence thénar.
Tous ces muscles participent en outre à la fonction
de suspension du membre supérieur.
●
• de l'intertransversaire du cou ;
• des scalènes.
Les muscles situés dans le plan postérieur sont
extrêmement nombreux (Fig. 4.17).
La statique de la colonne vertébrale au niveau dorsal et lombaire dépend essentiellement des muscles spinaux, également en très grand nombre
(Fig. 4.18).
Au niveau de la ceinture pelvienne, les fessiers,
pelvi-trochantériens, ischio-jambiers et 3e faisceau
du grand adducteur assurent la verticalité du
bassin.
Points clés
Dans le fait de prendre et de porter à la bouche, l'hégémonie fonctionnelle impose, là
encore, une prédominance quantitative et une
différenciation qualitative des implantations
musculaires.
La position érigée
Elle est indispensable à la locomotion et donc à la
survie dans des conditions non assistées. Le
contrôle de l'équilibre conditionne non seulement
la station bipédique et la marche mais aussi, en
partie, les mouvements au niveau des membres
supérieurs, de la tête et du cou.
Comme il vient d'être dit, la bipédie nécessite une
spécification des muscles et un regroupement. Il
reste à identifier les groupes musculaires qui, progressivement, la rendent possible et qui assurent
ensuite sa pérennité.
La position debout est l'expression même de la
fonction statique. Tous les muscles qui la permettent présentent donc les caractéristiques générales
anatomo-fonctionnelles des muscles antigravitaires.
Le maintien de la tête et du cou nécessite l'action
de tous les muscles du rachis cervical mais principalement :
• des spinaux nucaux et en particulier du grand
complexus ;
• du long du cou ;
Fig. 4-17. Importance des muscles postérieurs au niveau
cervical (coupe en C7 d'après Kapandji).
Fig. 4-18. Importance des muscles postérieurs au niveau
lombaire (coupe en L2 d'après Kapandji).
Chapitre 4. Les phases de la construction
55
Après une période provisoire d'apprentissage de
l'équilibre et de marche genoux fléchis réclamant
la contraction phasique constante, donc peu
économique, du quadriceps, l'enfant accède à
l'extension complète du membre inférieur. La
ligne de gravité passe alors au niveau de la rotule,
permettant aux muscles postérieurs de participer
au maintien de l'articulation en extension et de
limiter l'action du quadriceps à l'activité du droit
fémoral (Fig. 4.19).
Fig. 4-20. Chaîne latérale du membre inférieur.
Le regroupement que le nouveau-né doit effectuer au niveau de la hanche depuis sa position
déployée en abduction-rotation externe est rendu
possible par l'importance et le nombre des muscles adducteurs-rotateurs internes de l'articulation
coxo-fémorale (Fig. 4.21).
Fig. 4-19. Acquisition de la posture bipédique définitive,
posture genoux en extension. Fixation de la lordose
lombaire.
Au niveau de la jambe, le triceps sural n'a pas de
muscle antagoniste de puissance équivalente dans
le plan antérieur. Les muscles plantaires sont très
nombreux et renforcés par l'aponévrose plantaire.
Ils permettent l'apparition puis le maintien des
voûtes. (La face dorsale du pied ne possède qu'un
muscle court : le pédieux).
●
Points clés
La lutte contre la gravité requiert la présence
spécifique de muscles de la statique nombreux et
puissants dans le plan postérieur.
L'équilibre latéral externe des membres inférieurs
dépend du très résistant fascia-lata, prolongé par
les muscles péroniers latéraux (Fig. 4.20).
Fig. 4-21. Chaîne antéro-interne de hanche.
Se trouvent alors constitués deux ensembles musculo-fibreux puissants :
• une chaîne maîtresse postérieure, réunissant la
majeure partie des muscles nécessaires à la station érigée et situés dans le plan postérieur
(Fig. 4.22) ;
• une chaîne maîtresse antérieure, permettant la
suspension et le regroupement (Fig. 4.23).
56
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 4-22. La chaîne maîtresse postérieure.
Fig. 4-23. La chaîne maîtresse antérieure.
Implantations musculaires
hégémoniques et spasticité
L'observation de l'hémiplégique spastique apporte
une confirmation de la suprématie de certains
groupes musculaires. Sous réserve du caractère
éminemment personnel des pathologies neurologiques, le comportement traditionnel du spastique est :
• une légère abduction du bras ;
• une rotation interne de l'humérus ;
• une flexion-pronation du coude ;
• une flexion des doigts ;
• l'opposition du pouce ;
• l'extension du membre inférieur ;
• le varus-équin du pied (Fig. 4.24).
Il est intéressant d'établir un parallèle avec l'installation de la rigidité cadavérique. Elle commence
au niveau du masséter, des muscles du cou et de la
nuque, pour s'étendre au tronc, aux membres
supérieurs et aux membres inférieurs.
Elle prédomine au niveau :
• des fléchisseurs des membres supérieurs ;
• des extenseurs des membres inférieurs.
Fig. 4-24. Implantation musculaire hégémonique et spasticité.
Ces muscles seraient donc plus sensibles aux ions
calcium Ca++, confirmant ainsi l'importance des
groupes musculaires précédemment identifiés.
Chapitre 4. Les phases de la construction
Les chaînes de coordination
neuromusculaire
Les ensembles musculaires à caractère hégémonique qui ont présidé à la maturation musculosquelettique de l'enfant peuvent prendre le nom
de « chaînes », à condition d'être placés dans leur
contexte neuromoteur.
Hermann Kabat, qui a été un des premiers à
employer le terme en 1946, ne s'y était pas
trompé, lui qui a parlé de chaînes de coordination
neuromusculaire. Cela a été à l'origine de la
méthode de facilitation neuromusculaire proprioceptive (PNF), visionnaire pour l'époque (Margaret
Knott et Dorothy E. Voss, Proprioceptive Neuromuscular Facilitation, 1968).
C'est la voie qu'il faut s'efforcer de suivre, quelles
que soient les difficultés d'analyse des mécanismes
synergiques et de leurs subtilités. L'efficacité des
modes opératoires qu'il convient de mettre en œuvre
pour remédier à leur disfonctionnement en dépend.
Car sortir de ce cadre expose au risque de perdre
la référence physiologique qui, dans tous les cas,
doit demeurer le juge de paix. Sans ce lien, il peut
y avoir autant de chaînes que d'auteurs, d'écoles
ou de chapelles.
Notre profession en a déjà connu de différents
types, qu'elles soient des muscles postérieurs,
musculo-articulaires, fasciales, de la dure-mère…
Elles ont contribué à faire évoluer les mentalités,
tournées majoritairement vers l'analytique. Mais
il n'a pas été possible pour autant d'élargir leurs
spécificités ou d'établir des relations indiscutables
entre elles. Des contradictions sont même apparues.
●
Points clés
Il faut se convaincre que le dénominateur commun
est neurofonctionnel, que l'activité neuromusculaire est à la base d'une coordination motrice
régissant deux fonctions, statique et dynamique,
certes absolument complémentaires mais aux
impératifs distincts.
Les répliques de ces cohérences fonctionnelles
sont, bien entendu, observables à tous les niveaux :
fascial, ligamentaire, capsulaire, articulaire. Les
interactions sont constantes. Mais aucun élément
fibro-articulaire ne peut suppléer l'activité neuromusculaire, si celle-ci s'interrompt.
57
Sans référence au moteur originel et à ses finalités,
l'idée même de corrélation ordonnancée que véhicule le mot « chaîne » perd sa justification.
La chaîne inspiratoire qui vient d'être schématiquement décrite l'illustre. Elle comporte un muscle
central (le diaphragme), des muscles postérieurs
(les spinaux), supérieurs (inspirateurs scapulaires et
nucaux), et entourant le thorax (les intercostaux).
On est très loin d'une chaîne faite de maillons reliés,
telle qu'on se la représente habituellement, ou
même d'une suite de muscles s'enjambant les uns
les autres et renforcée par des jonctions fasciales.
Il faut donc comprendre : chaîne de coordination
neuromusculaire, de suspension du thorax en activité statique et inspiratoire en activité dynamique.
Les relais musculaires axiaux n'apparaissent clairement du point de vue anatomique qu'au niveau
postérieur des membres inférieurs, antérieur et
postérieur du rachis et sur la face antérieure des
membres supérieurs.
Ces dispositions apparemment claires offrent une
intéressante illustration conformationnelle représentative du concept de chaîne par leur continuité
longitudinale.
Mais elles ne sont simples qu'en apparence, car il
leur faut couvrir tout le spectre multidirectionnel
des fonctions dynamique et statique. Elles doivent
en outre être reliées de façon cohérente aux
ensembles musculaires régissant la physiologie de
la racine des membres.
●
Points clés
Par « chaîne musculaire » il faut entendre chaîne de
coordination neuromusculaire. Certaines sont de préférence statique, d'autres à vocation plus dynamique.
L'identification des muscles qui les composent doit
s'établir à partir de leur typologie (statique ou dynamique), de leur implantation et de leur participation à
une fonction musculo-squelettique dont l'importance
et la finalité sont clairement identifiables (hégémonies) et enfin, des synergies qu'ils se doivent d'entretenir pour la réaliser de façon coordonnée.
Par commodité, l'expression « chaîne musculaire »
continuera à être utilisée dans les pages qui suivent
mais assortie de guillemets destinés à rappeler le
sens réel qu'il faut lui donner.
Les schémas de coordination statiques et dynamiques seront traités dans le chapitre 7.
Chapitre 5
Les mécanismes d'adaptation
et de défense
Nécessité – Organisation – Limites
Importance du système
automatique
Nos fonctions vitales sont autonomes. Certaines
fonctions automatiques gèrent l'activité contractile de muscles striés : battements cardiaques, respiration diaphragmatique (également contrôlée
volontairement, par l'intermédiaire des nerfs phréniques). Le système automatique régit, par ailleurs,
la fonction statique au travers du tonus. Il convient
donc d'en examiner attentivement les réactions
face aux agressions et les conséquences que celles-ci peuvent avoir au niveau musculaire. Ce n'est
qu'à ce prix que l'on peut comprendre l'apparition, la diffusion, la fixation et la constance des
dysmorphismes.
Cette gestion des messages nociceptifs est indispensable au maintien d'une vie qualitativement
acceptable et s'opère d'une façon remarquable
mais elle n'est pas dépourvue d'inconvénients liés
à ses impératifs et à sa propre complexité.
Les trois règles hiérarchisées
Les mécanismes d'adaptation et de défense répondent à une programmation que l'on pourrait qualifier de « politique de la terre brûlée ». Ils montrent
une capacité de calibrage des réponses à l'agres3 Voir aussi les lois de la robotique d'Isaac Azimov.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
sion tout à fait étonnante. Pour ce faire ils respectent trois règles hiérarchisées3.
●
Points clés
Première règle :
Sauvegarder les fonctions essentielles
Deuxième règle :
Supprimer les douleurs et les gênes, si ce n'est
pas en contradiction avec la première règle.
Troisième règle :
Respecter la loi du moindre effort et s'autoprotéger, si ce n'est pas en contradiction avec la
première et la deuxième règle.
Les altérations des fonctions autonomes les plus
essentielles ne sont pas du domaine de la physiothérapie. Pour ce qui concerne notre profession,
nous avons vu que la fonction statique est aussi
importante que la fonction dynamique.
La finalité de l'équilibre en position debout ou
assise se traduit par l'obtention de la concordance d'informations provenant des récepteurs
vestibulaires, proprioceptifs et de la perception
d'une image stable et claire au niveau de la
rétine.
Pour la fonction dynamique, les gestes doivent
s'effectuer de façon coordonnée, en accord avec
les objectifs et dans leur amplitude physiologique
normale.
Voilà pour ce qui concerne la sauvegarde des fonctions essentielles (1re règle).
60
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
I
Maintenir
l’équilibre
Garantir
les mouvements
II
Supprimer
les douleurs
et les gênes
III
Être confortable
et
économique
On en voit tout de suite l'intérêt : l'agression ne
parviendra jamais à la conscience. Le prix à payer
est tout aussi évident puisque, si elles se fixent, ces
défenses peuvent créer des pathologies de cause
inconnue. La troisième règle n'est plus en accord
avec la deuxième.
Ce sont les activités professionnelles qui, par la
répétition des gestes ou des positions, sont les plus
gros pourvoyeurs de ce genre de problèmes. Dans
ce cas, l'anamnèse ne sera d'aucun secours.
Les agressions liminales
Elles sont suffisamment fortes pour parvenir à la
conscience mais, en s'affinant, les mécanismes de
défense peuvent parvenir à les enfouir au niveau
inconscient. Les trois règles sont en accord. Là
encore le bénéfice est aussi net que l'inconvénient.
La cause n'est pas traitée malgré un apparent
retour à la normale. À terme il y aura discordance
entre la deuxième et la troisième règle. Par ailleurs,
là encore, à l'interrogatoire, le patient ne sera
d'aucune aide. Il ne peut faire le rapport entre un
vieux problème qu'il croit résolu et une éventuelle
pathologie apparue postérieurement.
Fig. 5-1. La hiérarchisation des priorités.
En statique comme en dynamique, les objectifs
fonctionnels doivent être atteints, sans limitation
et, surtout, sans douleur, au niveau musculo-squelettique (2e règle).
Enfin, le système nerveux automatique doit permettre d'échapper à moindre coût aux agressions
pouvant perturber l'équilibre ou le mouvement
(3e règle) (Fig. 5.1).
Les agressions subliminales
Nos mécanismes de défense et d'adaptation ont la
capacité de se mobiliser face à des agressions infraliminales. Ce serait le rôle spécifique de cellules
inhibitrices se situant dans la corne postérieure de
la moelle.
Les trois règles sont respectées.
Les agressions massives
ou aiguës
Malgré leur efficacité, les mécanismes de défense
et d'adaptation ne parviennent plus à masquer
l'agression. Le conscient est alerté en permanence,
la consultation devient nécessaire. La deuxième
règle, et pour les cas les plus sévères la première,
ne sont plus respectées. Sur le plan musculo-squelettique, la position debout est altérée, les mouvements deviennent impossibles.
Les moyens
Les rétractions musculaires dues aux réflexes de
défense doivent obéir, si possible, à la troisième
règle : éviter d'être elles-mêmes génératrices de
douleurs dues à leur mise en jeu.
Chapitre 5. Les mécanismes d'adaptation et de défense
Posture présentant une hypercyphose
dorsale avec projection de
la tête en avant
La correction de la projection antérieure
de la tête entraîne une élévation
du thorax et une hyperlordose lombaire
61
La correction de l’hyperlordose
lombaire ramène la tête à sa position
d’origine et fléchit la coxo-fémorale
Photographies : Institut de Rééducation Posturale Globale − S. Paulo-Brasil
Fig. 5-2. a, b et c.
a. Projection de la tête en avant avec hypercyphose dorsale haute. b. La correction entraîne une élévation du thorax et une hyperlordose lombaire. c. La correction lombaire ramène la tête à sa position d'origine et fléchit la coxo-fémorale.
Pour cela, deux moyens sont utilisés. Le premier
est local : nos muscles n'étant pas antagonistes
mais antagonistes et complémentaires et possédant en général trois physiologies : flexion-extension (ou latéroflexion), adduction-abduction,
rotation, un muscle risquant d'être étiré douloureusement par son antagoniste a toujours la possibilité de s'échapper dans une fonction synergique
qu'il possède avec celui-ci (voir aussi la composante de tassement chapitre 6).
●
Points clés
Les antagonismes à caractère conflictuel entraînent une recherche de la synergie.
C'est ainsi qu'à l'interrogatoire un adolescent scoliotique ne ressent pas d'étirements désagréables
des muscles de ses convexités, malgré la rétraction
offensive de ceux de la concavité4.
L'autre possibilité est, bien entendu, celle des
compensations à distance. Toujours au nom du
même principe, l'antagonisme vrai n'existe pas, un
muscle plurisegmentaire peut récupérer à une
extrémité la longueur qui lui est prise à l'autre
(Fig. 5.2).
4 Voir du même auteur, Les Scolioses, Éd. Masson, 2003.
●
Points clés
La notion de propagation en chaîne s'impose en
cas de mise en jeu des mécanismes d'adaptation
et de défense.
La propagation des compensations peut s'effectuer en étoile. Lorsque des muscles possédant une
insertion commune se terminent sur des segments
osseux différents, la correction de l'insertion commune crée des compensations au niveau de toutes
les terminaisons.
C'est le cas de l'apophyse coracoïde de l'omoplate,
qui reçoit le petit pectoral, le coraco-brachial et le
court biceps.
La rétraction d'un seul de ces muscles charge
l'omoplate sur le thorax, ce qui entraîne la rétraction des deux autres.
Inversement, le désenroulement de l'omoplate
(décharge) peut entraîner une élévation du thorax
supérieur, due au petit pectoral, une rotation
externe de l'humérus, liée au coraco-brachial et
une flexion du coude, due au court biceps (Fig. 5.3
a et b).
Les muscles axiaux présentent fréquemment des
terminaisons multiples. Leur rétraction concerne
donc plusieurs segments et les affecte en général
de façon pluridimensionnelle.
62
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Petit
pectoral
Petit
pectoral
Coracobrachial
a
Coracobrachial Court
biceps
Court
biceps
a. La rétraction du petil pectoral, du coracobrachial et du court biceps charge l’omoplate
sur le thorax.
b
b. La correction de l’omoplate peut
entraîner des compensations au niveau
du thorax, du bras et de l’avant-bras.
Fig. 5-3. a et b.
Le transversaire épineux est, à ce titre, un muscle
très caractéristique (Fig. 5.4).
Lorsqu'il s'agit de simple adaptation, les compensations s'enchaînent consécutivement en fonction
de la succession des terminaisons musculaires. En
cas de tentative d'échappement à la douleur, les
comportements antalgiques peuvent concerner
directement des segments corporels plus distants.
Quand une articulation est fortement mobile en
rotation (scapulo-humérale, coxo-fémorale), c'est
dans cette physiologie que s'expriment préférentiellement les compensations, car elles s'y montrent
moins pénalisantes fonctionnellement que les fixations en flexion-extension ou adduction-abduction.
Le coût : augmentation générale
et spécifique du tonus
neuromusculaire
L'entrée en action des mécanismes de défense
est synonyme d'augmentation du tonus. En cas
d'agression, cette suractivité, occasionnelle ou
chronique, est inévitable.
Elle est d'origine réflexe et peut impliquer également les centres automatiques supérieurs et les
réponses du réflexe myotatique direct.
Fig. 5-4. Le transversaire épineux, représentation schématique au niveau dorsal.
Chapitre 5. Les mécanismes d'adaptation et de défense
Il a été en effet prouvé que l'excitabilité du système gamma augmente en cas d'inflammation
musculaire. Pour Johansson et Sojka (1991)
l'augmentation des activités des afférences élève
le seuil d'excitabilité des motoneurones alpha,
créant un cercle vicieux de raideur. Ce modèle a
été également prouvé par Knutson (2000). Pour
Lund et coll. (1991), l'hyperactivité en cas de
douleur concerne les muscles antagonistes. Ils
l'ont définie comme « modèle d'adaptation à la
douleur ».
En cas de douleur lombaire, les muscles spinaux
augmentent leur activité, tandis que les abdominaux la baissent dans les mouvements de flexion
lombaire (Nouwen et coll., 1987).
Les agressions de caractère somatique peuvent
affecter indifféremment n'importe quelle partie
du corps. Les rétractions musculaires qui s'ensuivent concernent donc telle ou telle chaîne neuromusculaire, suivant sa localisation.
Mais il a été vu que l'activité tonique est supervisée par les centres nerveux supérieurs. L'adaptabilité
du tonus à toutes les conditions environnementales amène donc à une autre différenciation entre
les muscles des membres inférieurs (en particulier
extenseurs), qui ont des caractéristiques antigravitaires notables et ceux de la partie supérieure du
corps, à vocation dynamique plus marquée et dont
la conduction nerveuse est plus rapide.
Ces derniers se montrent plus réactifs aux agressions à connotation psychique.
●
Points clés
Les muscles de la nuque, ceux de la ceinture scapulaire et les inspirateurs sont plus sensibles aux
agressions de caractère émotionnel.
Le coût – suite : le principe
de précaution
La prépondérance qu'exerce la deuxième règle sur
la troisième entraîne que nos mécanismes de compensation, et particulièrement ceux de défense,
sont toujours exagérés, ce qui peut les mettre en
contradiction avec la troisième règle.
●
63
Points clés
Un mouvement est limité automatiquement dans
son amplitude avant même de risquer de franchir
la frontière fixée par la douleur.
En statique, une scoliose antalgique lombaire présente un décalage latéral (signe de la baïonnette
ou side-shift) en général excédentaire.
Il y a une marge entre la position pathologique
masquant la douleur et l'apparition de celle-ci
lorsqu'on opère la correction.
Le coût – suite : le recours
à la facilité
Le principe d'économie impose d'utiliser au mieux
les disponibilités physiologiques. Au niveau dorsal, par exemple, la flexion antérieure est facilitée,
ce qui n'est pas le cas de l'extension.
Si celle-ci devient difficile, les mouvements en
postéro-flexion se font préférentiellement au
niveau lombaire ou cervical. La zone dorsale n'est
plus sollicitée, d'autres peuvent l'être trop.
Les problèmes prennent une autre forme, qui est
fréquemment prévisible.
Le coût – suite : l'excès
compensatoire
Les agressions qualitatives sont à l'origine de réactions exagérées à rapprocher des effets du principe
de précaution.
En 1955 Jean-Bernard Baron a fait état d'un paradoxe. La déviation expérimentale de l'axe visuel
de poissons et de rats en dessous de 4° entraîne
une modification du tonus et de la coordination
motrice de ces animaux, qui commencent à tourner sur eux-mêmes dans le sens de l'œil affecté.
Au-delà de 5° on ne note aucune modification du
comportement.
Pour avancer une interprétation il faut encore en
revenir à la notion d'hégémonie qui, dans le cadre
de la vision, doit garantir une vision unique, claire
et stable.
64
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Afin de préserver la règle numéro 1, toute compensation est acceptable. La facture est disproportionnée. Lorsque malheureusement la fonction essentielle elle-même ne peut plus être
assurée, les mécanismes d'adaptation peuvent
connaître une relative désaccélération de leurs
propres excès.
La symptomatologie est le prix de l'effort consenti
pour compenser la pathologie5.
●
Points clés
Les mécanismes d'adaptation sont intensément
mobilisés en cas d'agressions qualitatives.
Ceci ne peut faire oublier que les agressions quantitatives ou aiguës, sont également à l'origine de
compensations disproportionnées.
C'est ainsi que des parésies peuvent avoir la douleur pour origine. La dorsiflexion du pied peut
être inhibée en cas de sciatique sévère de type
L4-L5 ou L5-S1.
La position bipédique est encore heureusement
possible, mais la fonction dynamique est affectée.
Un traitement efficace de la sciatique peut résoudre spectaculairement ce type de pathologie, à la
condition qu'il soit administré promptement. La
chronicité peut rendre l'inhibition difficilement
réversible.
Il est également fréquent de constater des parésies du membre supérieur dues à la compression
du plexus brachial au niveau du défilé des scalènes. La fréquente rétraction de ces muscles en est
la cause. Leur allongement peut résoudre la
symptomatologie. Il s'agit, là encore, d'une simple inhibition.
Dans le même ordre d'idée, face à une cunéiformisation de L5 créant une inclinaison de son
plateau supérieur de 15°, il serait normal de pronostiquer une scoliose lombaire de 30°. Si ce principe est a priori indiscutable, à terme cette scoliose
présentera une angulation plus importante et
sera à l'origine éventuelle d'une contre-courbure
dorsale. Ceci laisse la place à l'action thérapeu5 Iñaki Pastor, Traitement physiothérapique des pathologies
crânio-cervicales par la correction du système oculomoteur.
Elsevier Espagne.
tique même lorsque la cause est de caractère
irréversible.
Le coût – suite : la fixation
des compensations
Un mouvement qui s'effectue avec difficulté est
obligatoirement compensé au moment où il s'exécute. Pour être efficace, cette compensation doit
se produire de façon simultanée et être provisoire.
Son emploi répétitif raccourcit les muscles qui la
commandent et la fixent, lui faisant perdre sa disponibilité de facilitation.
Ce sont les pathologies neurologiques qui, par les
contorsions obligatoires qu'elles imposent, l'illustrent le mieux. Même en l'absence de tout caractère évolutif de l'affection, c'est un des facteurs
qui, sur la durée, est le plus pénalisant chez les
spastiques.
●
Points clés
Dans les activités dynamiques, une compensation,
pour être efficace, se doit d'intervenir momentanément et d'être réversible.
Le coût – suite : le paradoxe
des effets permanents
et des causes évanouies
Dans ce cas, la mise en jeu des défenses a permis
une mise au repos puis une guérison des structures
musculo-squelettiques responsables de la pathologie d'origine, mais l'importance et la durée de
cette mobilisation ont fixé les compensations. Il y
a conflit entre la deuxième et la troisième règle. La
symptomatologie demeure, malgré la disparition
de la cause (Fig. 5.5).
Le conflit conscient-inconscient
Les mécanismes de défense peuvent se trouver
en porte-à-faux vis-à-vis de la première règle ellemême. Un plongeur en panne de bouteille d'oxygène par vingt mètres de fond sait très bien qu'il
Chapitre 5. Les mécanismes d'adaptation et de défense
Cause
Compensations
Symptomatologie
Cause
disparue
Compensations
fixées
Permanence de la
symptomatologie
65
Fig. 5-5. Le paradoxe des effets permanents et des causes évanouies.
ne doit pas respirer sous peine d'inhaler de l'eau.
Il le fera quand même au nom de la sauvegarde de
l'oxygénation du sang. Les défenses automatiques
s'opposent, dans ce cas, à la volonté.
Dans un domaine moins dramatique, certaines
douleurs ostéoarticulaires de forte intensité, certaines déformations peuvent interdire tout mouvement ou même la position érigée.
L'auto-guérison
Suffisamment efficaces pour la permettre, les
mécanismes de défense se démobilisent une fois
qu'elle est obtenue. Il n'y a pas de conséquence.
Les trois règles sont en accord. Mais dans ce cas,
une fois de plus, pour éviter les séquelles compensatoires, la notion de temps est fondamentale
(paradoxe des effets permanents et des causes
évanouies).
Conclusion
Force est donc de constater que dans la plupart
des cas, nos défenses déplacent les problèmes sans
les traiter et sont à l'origine, au niveau musculosquelettique, qui est celui qui nous intéresse ici, de
nombreux inconvénients qui, à terme, peuvent
dépasser ceux de l'agression primaire.
S'il est indiscutable que l'organisme possède des
facultés d'auto-guérison, celles-ci devront, le plus
souvent, être activées par un traitement adapté.
Si nous admettons que des compensations fixées
peuvent être à l'origine d'un tableau clinique
n'ayant plus rien à voir avec la cause, et que dans
certains cas celle-ci peut même avoir disparu,
quelle conduite adopter ?
Orientations thérapeutiques
À ce stade du raisonnement il convient, tout
d'abord, de remettre en cause les traitements
symptomatiques et analytiques qui ne peuvent, en
aucun cas, dénouer l'écheveau des mécanismes de
défense ni remonter de la conséquence à la cause
des problèmes. Ils ne seront opérants que s'ils sont
appliqués immédiatement après une agression
identifiée, c'est-à-dire avant la mise en jeu et la
fixation des compensations.
Certains prônent le traitement directement causal.
Malheureusement cette démarche se heurte à des
obstacles insurmontables. Y a-t-il une ou plusieurs
causes ? Est-on sûr de leur implication ?
Il arrive que l'interrogatoire, l'examen et la compétence permettent un diagnostic indiscutable ou,
à tout le moins, d'orienter les soupçons.
Mais la louable intention de thérapie causale s'effondre en cas d'agressions infraliminales, lorsque
les mécanismes de défense sont fixés ou encore dès
qu'il s'agit du paradoxe des effets permanents et
des causes évanouies.
Les traitements physiothérapiques sont quotidiennement confrontés à ce problème. Une bascule de
bassin a créé une scoliose lombaire mais, une fois
celle-ci fixée, la correction du bassin n'aura aucun
effet durable sur la courbure scoliotique car elle
crée immédiatement une compensation supérieure causant ou aggravant une contre-courbure
dorsale.
Il semble donc que rien ne puisse remplacer le
cheminement spatiotemporel patient qui, en partant de la correction de la symptomatologie (« ici
et maintenant »), permet de remonter de l'abolition des compensations à la correction des fixations, jusqu'au mécanisme causal.
66
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Tableau 5.1 Les mécanismes d’adaptation et de défense.
Rôles positifs
lnconvénients
Face aux agressions en général
Indispensables
Efficaces
Économiques
Vigilance permanente entraînant une
tendance à l'hypertonicité chronique.
Principe de précaution : comportements
défensifs exagérés par rapport à la
cause
Face aux agressions infraliminales
Gèrent les affaires courantes. Évitent qu'elles
parviennent au niveau conscient
Compensations, déformations et raideurs
de toutes sortes sans pouvoir
en déterminer l’origine
Face aux agressions qui sont déjà parvenues
à la conscience
Réenfouissement au niveau inconscient
La cause est analgésiée sans être
traitée. Là encore, les compensations
peuvent se fixer, même si la cause
disparaît
Face aux agressions qualitatives
Sauvegardent efficacement les fonctions
hégémoniques
Mobilisations compensatoires
disproportionnées
Face aux agressions de caractère
neuropsychique
Renforcement de la vigilance
Hypertonie préférentielle des muscles
inspirateurs, de ceux de la ceinture
scapulaire et de la nuque
Face aux agressions massives ou aiguës
Font ce qu'ils peuvent pour diminuer la douleur
Très fortes déformations manquant
d'efficacité
Invalidités
Face aux causes irréversibles
S'adaptent au mieux
Compensations excessives par rapport
à la cause
Chapitre 6
Les inconvénients incontournables
de l'activité musculaire
Tout système énergétique produit des déchets,
aucun n'échappe au vieillissement et à l'usure.
L'appareil musculo-squelettique ne fait pas exception. Dans l'incapacité de se régénérer éternellement, les tissus périclitent et meurent, en l'absence
même de quelque type d'agression interne ou
externe. Celles-ci ne font qu'accélérer et focaliser
un processus dégénératif programmé.
Outre cette évolution biologique inexorable, il
existe un certain nombre de facteurs pathogènes
inhérents à l'activité musculaire qui contribuent à
l'altération anticipée de ses fonctions. Leur identification permet d'en déduire les conséquences.
Celles-ci sont d'une constance et d'une convergence troublante.
Les inconvénients identifiés
Installation et effets
de la rétraction musculaire
Il suffit, dans cette première partie, de reprendre
les différents mécanismes physiologiques précédemment évoqués pour mettre en évidence leurs
limites. Celles-ci affectent l'appareil musculosquelettique dans toutes ses composantes.
Dans l'ordre des sujets abordés dans le chapitre 1 :
• Les fibres musculaires lentes sont toujours sollicitées, quelle que soit l'activité. Elles entrent en
jeu avant les rapides.
• Avec l'âge, les fibres rapides régressent par rapport aux lentes. Il en est de même de l'élastine
vis-à-vis du collagène.
• La concentration de ce dernier est plus élevée
dans les muscles à fibres lentes.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
• Les activités statiques constantes provoquent
une augmentation de la section transversale des
fibres, une hypertrophie des fibres lentes et une
régression des fibres rapides.
• La proportion de collagène augmente en cas de
raccourcissement. L'élasticité du tissu conjonctif diminue avec l'immobilité.
• Les muscles adaptent leur longueur en fonction des activités où ils sont le plus sollicités.
Le sédentarisme, les activités professionnelles
répétitives, la position assise, etc. les fixent en
raccourcissement.
• La pré-tension facilite le raccourcissement.
Inversement, le pré-raccourcissement facilite la
résistance. La statique appelle à la statique.
La perte de l'élasticité provoque :
• une baisse des amortissements en allongement ;
• une diminution de la restitution de la force passive en raccourcissement ;
• une dépense énergétique supplémentaire en
contraction isotonique, qu'elle soit concentrique ou excentrique ;
La rétraction musculaire entraîne :
• une diminution de la distance de déplacement
des charges ;
• une restriction des amplitudes articulaires, la
rétraction des capsules ;
• une baisse de la vitesse angulaire due à la limitation de l'amplitude et à l'augmentation de la
résistance au déplacement.
●
Points clés
Les muscles de la statique sont victimes de
raccourcissement.
Les composants fibreux perdent leur élasticité.
La restitution de force passive et les amplitudes
articulaires diminuent.
68
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Les pathologies neurologiques flasques ont une
autre étiologie. Par ailleurs, la laxité articulaire ne
doit pas être confondue avec la souplesse musculaire. Elle est génétique, alors que la raideur musculaire s'acquiert. La laxité ligamentaire ne peut
s'exprimer qu'en l'absence de tension musculaire
ou en cas de compensations permettant d'y
échapper.
Le chapitre 2 montre que :
• Le réflexe myotatique direct intervient constamment dans le contrôle de la posture.
• Les fuseaux neuromusculaires sont en activité
permanente, ils s'adaptent par co-activation à la
longueur du muscle.
• La tension musculaire dont les organes tendineux de Golgi rendent compte n'augmente pas
lorsque la rétraction musculaire s'accompagne
de déformation morphologique.
●
Points clés
La sensibilité des mécanorécepteurs s'adapte à
l'évolution de la rétraction musculaire.
• La stiffness peut augmenter exagérément. Dans
ce cas, les éléments musculo-fibreux présentent
un défaut d'extensibilité. La frontière de la raideur excessive, ou point de rigidité, peut être
évaluée par le degré de limitation des amplitudes articulaires en l'absence de compensations,
et par l'excès de résistance des muscles à la traction axiale.
Le chapitre 3 met en avant que :
• Les récepteurs du cou sont fréquemment impliqués dans les perturbations de l'équilibre.
• Les altérations du système somato-sensoriel
affectent l'équilibre.
• Les informations actualisées en provenance des
mécanorécepteurs parviennent aux centres nerveux de contrôle, qui les intègrent.
●
Points clés
Les informations en provenance des mécanorécepteurs sont intégrées en l'état.
Le chapitre 4 fait apparaître que :
• La fonction statique a un effet de concentration.
• Elle exige la présence de groupes musculaires
nombreux et puissants.
• Il en est de même pour la fonction inspiratoire.
• Les groupes musculaires hégémoniques sont
organisés sous forme de « chaînes ».
●
Points clés
Les chaînes de coordination neuromusculaires
à caractère hégémonique sont particulièrement
sujettes à rétraction.
Le chapitre 5 met en évidence que les mécanismes
d'adaptation et de défense ne sont pas sans inconvénients. Ils entraînent :
• des rétractions musculaires et des limitations
d'amplitude articulaire ;
• la création de compensations ;
• leur caractère excessif ;
• la propagation et la fixation de celles-ci ;
• la création de pathologies secondaires ;
• la permanence de celles-ci, même lorsque l'agression primaire disparaît.
●
Points clés
Les mécanismes d'adaptation et de défense
contribuent à l'installation, la propagation et la
fixation des rétractions musculaires.
Autres inconvénients
identifiables
La composante de tassement
Il a déjà été souligné que, pour garantir la station
érigée, les leviers inter-appui sont fréquemment
utilisés. La disposition de la force s'oppose au passage de la ligne de gravité.
Cet agencement, au demeurant nécessaire, entraîne
la compression du point d'appui. Elle peut prendre
le nom de « composante de tassement ».
L'exemple choisi correspond au système interappui au niveau des vertèbres dorsales (Fig. 6.1).
L'intensité de l'action de l'os sur le disque est
donc la somme du poids du thorax et de l'action
du muscle.
Dans l'exemple choisi, nous sommes dans une
situation de levier défavorable. Le point d'application du muscle est proche du point d'appui
qui, à l'inverse, est éloigné du poids contre
69
Chapitre 6. Les inconvénients incontournables de l'activité musculaire
Action
du disque
Fd
Fd
Ft
a
b
Poids du thorax
Action
des spinaux
Sens positif
de rotation
Ft
A
Fm
Fm
Fig. 6-1. La composante de tassement. L'os (ou levier) est soumis à :
Ft = Action du poids du thorax
Fd = Action du disque sur l'os
Fm = Action du muscle
À l'équilibre on a : Ft + Fd + Fm = 0
En valeur absolue : Fd = Ft + Fm
L'action sur le disque est : Fd = a + b. Ft
(composante de tassement)
b
lequel il faut lutter. La longueur a est très supérieure à b, ce qui est encore plus pénalisant pour
le tassement car :
Fd
a+b
>1
b
b
a
A
●
Fm1
Ft
Sens positif
de rotation
Points clés
Fm2
Pour un système en équilibre, la pression sur le
point d'appui s'accroît en fonction de l'augmentation de la masse, de son éloignement du point
d'appui et de la tension musculaire.
Fig. 6-2. La composante de tassement dépend de la
masse, de la disposition du point d'appui et des forces
musculaires en présence.
Enfin, les muscles spinaux dorsaux doivent
lutter non seulement contre G, mais également contre leurs antagonistes complémentaires. Ils sont en effet opposés au système de
suspension musculo-fibreux antérieur et aux
abdominaux.
Dans l'exemple choisi, à la force Ft (poids du thorax) il faut ajouter une force Fm1 représentant la
résistance musculo-fasciale antérieure. La force
que les spinaux doivent leur opposer augmente
(Fm devient Fm2), la compression au niveau du
disque croît (Fig. 6.2).
La composante de tassement affecte le fonctionnement normal de la pompe élasto-hydrodynamique
chondroprotectrice qui entretient la nutrition des
cellules cartilagineuses. Ses conséquences sont particulièrement néfastes sur le cartilage de croissance.
Le déséquilibre des tensions
réciproques
En isotonie il est facile d'évoquer un déséquilibre
provisoire des tensions réciproques musculaires
70
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
lorsqu'un segment s'approche ou s'éloigne du
point fixe d'insertion musculaire.
Dans les activités isométriques, nécessaires au
maintien des équilibres posturaux, si la masse
n'augmente pas, cette expression prend une autre
signification. Pour que le système demeure en
équilibre, toute augmentation de tension au
sein d'un muscle (muscle offensif) entraîne une
augmentation de celle de son antagonistecomplémentaire (muscle défensif). La tension
générale et la compression articulaire augmentent,
la déviation des segments osseux, due au muscle
offensif, est stabilisée (Fig. 6.3 a et b).
●
Points clés
En statique, l'expression « déséquilibre des tensions réciproques » signifie, en réalité, augmentation générale des tensions, compression articulaire
et déformation morphologique.
Si l'augmentation des tensions antagonistes est
égale et simultanée, il n'y a pas de déplacement.
Il est ainsi fréquent de constater que des sujets
qui présentent, en observation debout de profil,
un bassin ni trop antéversé ni trop rétroversé
sont, en réalité, très raides postérieurement de
leurs pelvitrochantériens et ischio-jambiers et
antérieurement des grands droits antérieurs et
des adducteurs pubiens. Ils sont pathologiquement équilibrés.
Afin de déterminer le degré de tension musculaire,
l'observation doit donc toujours être complétée
par des tests de mobilité.
En contraction concentrique, un muscle défensif
doit s'opposer non seulement au moment de force
de la masse mais également à la résistance imposée
par l'offensif.
●
Points clés
En cinétique, le raccourcissement d'un muscle
impose un effort supplémentaire à son antagoniste.
Équilibre statique, déséquilibre
cinétique
Si l'on prend l'exemple de la jambe, on constate
qu'apparemment certains des muscles disposés
dans le plan antéro-postérieur présentent une
symétrie anatomo-physiologique certaine :
• jambier antérieur/jambier postérieur
• extenseur commun des orteils/fléchisseur commun des orteils
• extenseur propre du premier orteil/fléchisseur
propre du premier orteil
Mais, en position debout, le maintien de la verticalité de la jambe face à une ligne de gravité qui
passe en avant de l'articulation tibio-astragalienne
exige la présence « surnuméraire » postérieure du
triceps sural (voir chapitre 1 - Fig. 1.28).
Fm3 - Muscle « offensif »
Fm1
Fm2
a
Équilibre de tensions musculaires, Fm1 = Fm2
et axation des segments
Fm4 - Muscle « défensif »
b
Équilibre de tensions musculaires, Fm3 = Fm4
et désaxation stabilisée des segments
Fig. 6-3. a et b. Le paradoxe du "déséquilibre des tensions réciproques".
Chapitre 6. Les inconvénients incontournables de l'activité musculaire
En dynamique, la force développée en flexion
plantaire (équin) l'emporte donc sur la flexion
dorsale (talus).
On retrouve ce déséquilibre en pathologie. Les
rétractions affectent particulièrement le triceps. Le
mouvement en flexion dorsale du pied est limité
après une immobilisation plâtrée de la cheville.
Dans les pathologies neurologiques spastiques frappant le membre inférieur, le pied se fixe en équin, la
dorsiflexion est particulièrement pénalisée.
●
Points clés
La force que certains muscles de la statique doivent opposer à la gravité se retrouve dans les activités cinétiques. Ils s'y montrent plus puissants. Ils
se manifestent de façon hégémonique dans les
pathologies rétractiles.
Regroupement statique
et éloignement du point
d'équidistance dynamique
Le regroupement statique qu'effectue le jeune
enfant n'est rendu possible au niveau de la racine
des membres que grâce aux groupes musculaires
adducteurs. Les bras se disposent le long du corps,
les genoux se placent au contact l'un de l'autre.
Ces positions sont très proches de l'adduction
complète et très éloignées des amplitudes totales
d'abduction. Elles ne peuvent que favoriser la
rétraction des adducteurs. Le maintien de l'activité dynamique d'abduction s'avérera difficile.
71
En station érigée, chaque segment corporel doit
rééquilibrer sa masse par rapport à son propre
point d'appui, grâce à une force adaptée.
Mais en cas de charges s'exerçant dans le même
sens au niveau des différents segments, le muscle
qui s'y oppose au niveau inférieur doit produire
une force rééquilibrant leur somme. Cela peut
dépasser ses capacités de puissance. Une personne
qui veut s'incliner en avant, comme un piquet, en
faisant jouer seulement son articulation tibioastragalienne, ne peut opposer longtemps la force
de son triceps à ce déséquilibre antérieur total de
sa masse corporelle (Fig. 6.4).
Les segments doivent donc être organisés en déséquilibres opposés. Suivant l'importance de chacun
de ces déséquilibres, la force à déployer localement
pour les stabiliser doit augmenter. Mais, s'ils sont
en sens inverse et de valeur égale, l'objectif final
d'équilibre général peut être maintenu (Fig. 6.5).
Dans ce cas il y a inadéquation entre perfection
morphologique, économie et confort.
La disponibilité de tel ou tel segment à compenser
un déséquilibre, dans un sens ou dans un autre en
isométrie posturale est comparable à ce qui se produit en cinétique. La colonne dorsale, de par sa
cyphose naturelle, est particulièrement apte à la
flexion antérieure. L'évolution vers une hypercyphose fixée s'en trouve facilitée. Il en est de même
pour la projection de la tête en avant.
Organisation des déséquilibres
et gestion des coûts
Pour un système en équilibre, le moment de force
du poids doit être compensé par un moment de
force inverse, actif (myofibrille et tonus) et/ou
passif (tissu conjonctif).
La charge peut s'approcher de la capacité maximum de la force musculaire qui s'y oppose. Il est
alors obligatoire d'user de balanciers. C'est ainsi
que, dans le système de levier inter-appui, une personne qui porte une valise trop lourde se déhanche et écarte le bras du côté opposé pour tenter de
recentrer la charge sur ses appuis lombaires.
Fig. 6-4. Contrôle d'une somme de déséquilibres unidirectionnels par une forte activité musculaire.
72
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 6-5. Contrôle de déséquilibres opposés - inadéquation
entre équilibre, économie et perfection morphologique.
●
Points clés
Les prédispositions pathologiques segmentaires
allant dans le sens de la facilité sont identifiables et peuvent être classifiées en familles de
dysmorphismes.
Lorsque la pathologie morphologique est organisée, les activités cinétiques ne font que l'aggraver.
Un patient qui présente une scoliose thoracique
droite et lombaire gauche s'incline latéralement à
droite en aggravant sa courbure lombaire, sans
corriger la dorsale (test de sidebending).
●
Points clés
L'activité dynamique spontanée ne peut qu'accentuer les déformations morphologiques.
Emploi, contre-emploi
Pour définir si un muscle est préférentiellement
statique ou dynamique, de nombreux critères
entrent en jeu.
Dans l'ordre des facteurs abordés dans les premiers chapitres, cela dépend :
• de la proportion de fibres lentes ou rapides ;
• de l'importance relative des éléments élastiques
(collagène par rapport à l'élastine…) ;
• de la présence de renforcements fibreux (tendon interne, fascia) ;
• de la longueur du muscle et de son type (fusiforme, penniforme, semi-penniforme) ;
• de son caractère mono- ou pluri-articulaire ;
• de son implantation profonde ou superficielle ;
• de son caractère hégémonique ;
• de la longueur de son tendon ;
• de la distance de son insertion par rapport à
l'axe articulaire ;
• de son angle de traction ;
• du type de levier qu'il emploie ;
• du type de fibre neuromusculaire (à sac ou à
chaîne) ;
• de la proportion de motoneurones, statiques ou
phasiques ;
• des voies nerveuses empruntées, des centres de
contrôle.
Si, de toute évidence, le système musculaire est
bipolarisé, le nombre et la variété de ces éléments
soulignent, bien évidemment, la mixité fonctionnelle de chaque muscle, tout à la fois statique et
dynamique.
L'éventail va du muscle le plus statique et moins
dynamique au plus dynamique et moins statique.
Pour compliquer l'analyse, lorsqu'un muscle est
constitué de plusieurs faisceaux, certains peuvent
présenter des qualités spécifiques distinctes de
l'ensemble. Il en est ainsi du droit fémoral, du deltoïde moyen, du trapèze supérieur et du faisceau
claviculaire du grand pectoral, de vocation plus
statique.
La fonction principale ne peut être que relative.
L'efficacité du muscle dans telle ou telle activité
dépend de la convergence des caractéristiques qui
viennent d'être énoncées (Tableau 6.1).
Lorsque la caractéristique fonctionnelle d'un
muscle, statique ou dynamique, se dégage assez
clairement, cela veut dire qu'il s'exprimera avec
une efficacité maximum dans celle-ci et avec
moins de facilité dans l'autre. L'exemple des
ischio-jambiers vient immédiatement à l'esprit.
Ils possèdent quelques-unes des caractéristiques
des muscles dynamiques. Ils sont minces, pluriarticulaires, de tendon long et utilisent un levier
inter-puissant. Leur fonction dynamique est axée
sur la flexion ample, puissante et rapide de la
jambe (Fig. 6.6).
Chapitre 6. Les inconvénients incontournables de l'activité musculaire
73
Tableau 6-1 Caractéristiques neuromusculaires
et orientations fonctionnelles.
Caractéristiques
Fibres musculaires :
lentes
rapides
Forte proportion
de collagène
Faible proportion
de collagène
(plus d'élastine)
Préférence
Statique
+
+
+
+
Motoneurones :
petit diamètre
gros diamètre
+
Fibres neuromusculaires :
à chaîne
à sac
+
Forme du muscle :
épais
court
penniforme
semi-penniforme
monoarticulaire
+
Fig. 6-6. Action dynamique des ischio-jambiers.
+
+
mince
long
plat
fusiforme
pluriarticulaire
+
Situation :
profond
superficiel
+
Tendon :
court – épais
long – mince
+
Leviers :
inter-appui.
1er. genre
inter-résistant,
2e. genre
inter-puissant,
3e. genre
Préférence
dynamique
+
+
+
+
+
+
Fig. 6-7. Action isométrique des ischio-jambiers en charge,
genoux en extension et en fonction des points fixes.
Mais en position debout, ils participent à la stabilisation en extension du genou et au maintien de
la rétroversion du bassin, grâce à leur traction sur
l'ischion. Ces deux actions à caractère isométrique réclament une forte tension de leur part
(Fig. 6.7).
Il faut voir, dans l'importance de cette plurifonctionnalité et dans la force que les ischio-jambiers
doivent exercer dans leur physiologie secondaire
statique, la raison principale de leur rétraction
chronique.
C'est le cas, quoiqu’à un titre moindre, du droit
fémoral. Son action phasique est notable. Il est le
muscle du coup de pied, puisqu'il fléchit l'articulation coxo-fémorale et étend le genou.
74
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Hammer (2003) lui attribue un pourcentage relativement élevé de fibres rapides.
Mais il participe également à la stabilité antérieure
du bassin et au maintien en extension du genou en
position érigée. Il est particulièrement sollicité en
excentricité pour freiner la flexion de ce dernier
lorsque le pied appuie au sol.
●
Points clés
Les muscles pluri-articulaires ont pour rôle principal de « faire les mouvements ». Ils se montrent
plus brutaux pour les freiner, avec pour conséquence des rétractions qui peuvent être spectaculaires.
●
Points clés
Les muscles mono-articulaires sont particulièrement destinés à « freiner et amortir les mouvements ». Ils sont moins prompts en dynamique. Il
n'en est pas moins vrai que leurs rétractions peuvent être également très importantes.
L'implication du sous-scapulaire, dans la pathologie de l'épaule gelée, est un excellent exemple de
rétraction de muscle mono-articulaire.
Altérations morphologiques
et lésions articulaires
Une force qui s'applique à un corps peut provoquer un mouvement de ce corps et/ou des
déformations des constituants de ce corps. C'est
ainsi que le disque intervertébral se déforme
provisoirement lorsqu'une vertèbre change de
position.
Les contraintes sont la traction, la compression et
le cisaillement, dont la torsion est une manifestation particulière.
Ces contraintes peuvent prendre une forme pathologique en cas de traumatisme, de mouvement
intempestif, de modification de la morphologie,
de tensions musculo-fibreuses, etc.
Elles affectent alors le sens et l'intensité des forces
s'exerçant sur les constituants biomécaniques articulaires : cartilages, disques, ménisques, capsules,
ligaments… créant ainsi un cadre clinique.
Une lésion articulaire peut se définir ainsi : microrestriction de mobilité avec modification de l'axe
articulaire physiologique, composante de tassement et douleur.
Elle peut être simplement fonctionnelle ou devenir structurelle lorsqu'elle affecte anatomiquement un des composants articulaires. La restriction
de mobilité peut incapaciter totalement certains
mouvements. Le patient l'exprime souvent en une
phrase : « Je suis bloqué ».
Pour tous ceux pour qui les lois de Fryette sont
encore d'actualité, une lésion dérange la chronologie de mobilité physiologique d'une articulation
en flexion ou extension, latéroflexion et rotation
(FSR pour flexion, sidebending, rotation ; ERS
pour extension, rotation, sidebending).
La composante de tassement introduit une quatrième dimension : celle de la compression articulaire. La coaptation articulaire augmente, que le
surcroît de tension musculaire soit la cause ou la
conséquence d'un déplacement stabilisé de
masse.
Il faut rappeler que, lorsqu'il s'agit de la rétraction
d'un muscle longitudinal dont l'angle de traction
se situe entre 45° et 0°, la force génère plus de
compression que de rotation (voir chapitre 1 fig. 1.36 b).
La douleur augmente la tension musculaire dans
des proportions considérables.
●
Points clés
La compression articulaire est omniprésente en
cas de lésion articulaire.
Les activités répétitives entraînent des modifications posturales (Pynt J. et coll., 2008 ; Yuk Szeto
G. P. et coll., 2009) qui sont, à leur tour, à l'origine de pathologies articulaires d'ordre mécanique. Sur le sujet, la littérature est abondante mais
spécifique : lombalgie de la position assise, cervicalgie des usagers de l'ordinateur, etc. Si la fréquence de ces corrélations est indiscutée, il est
impossible d'en établir la somme. Mais il est, à
l'heure actuelle, assez communément avancé que
les lésions articulaires viennent d'altérations posturales dans 80 % des cas.
●
Points clés
Les dysmorphismes sont à l'origine de lésions
articulaires.
Chapitre 6. Les inconvénients incontournables de l'activité musculaire
Le décalage des échanges
respiratoires
Dans la respiration de petite amplitude, seule
l'inspiration est active. Elle est assurée par la
contraction du diaphragme. L'expiration est due à
son relâchement.
L'inspiration de grande amplitude nécessite une
contraction plus importante du diaphragme,
accompagnée de celle des inspiratoires accessoires.
Leur relâchement permet un retour automatique
à la position de repos (Coirault et coll., 1999).
L'action contractile des abdominaux n'est pas
nécessaire à la récupération de la position d'équilibre. Ils interviennent activement uniquement de
façon épisodique, en cas d'effort.
L'amplitude de cette expiration passive dépend
donc de l'extensibilité des muscles inspirateurs et
de l'équilibre des tensions qu'ils entretiennent
avec les expirateurs. Or, ils sont plus nombreux
(diaphragme, intercostaux, inspirateurs nucaux,
inspirateurs scapulaires, spinaux) et à fonction
statique par le fait qu'ils suspendent le thorax.
Leur physiopathologie est le raccourcissement
(Shirley D. et coll., 2003).
Par contre les expirateurs, représentés principalement par les abdominaux, sont moins nombreux et n'ont pas de rôle antigravitaire. Leur
action de rappel ne peut contrebalancer la rétrac-
75
tion des inspirateurs. En cas de raccourcissement
de ceux-ci, l'amplitude de l'expiration passive
diminue.
Lorsque le point d'équilibre du thorax au repos se
trouve décalé vers l'inspiration, cela signifie que la
course totale entre le point de départ de l'inspiration et son maximum d'expansion se trouve réduite.
L'amplitude inspiratoire diminue donc également.
Le volume total des échanges se restreint.
●
Points clés
Le raccourcissement des inspirateurs limite l'expiration et l'inspiration.
Ceci est un excellent exemple de l'engrenage
pathologique que peut provoquer l'installation de
la raideur musculaire.
Le prix de la complexité
La physiologie neuromusculaire peut donc présenter, à quelque étage que ce soit de son organisation, des disfonctionnements liés à sa propre
complexité. Il est utopique de penser que ceux-ci
peuvent être résolus par des actions simples.
●
Points clés
Toute thérapie doit se hisser au niveau de complexité des mécanismes pathologiques présentés.
Chapitre 7
Identification des dysmorphismes
Normalité et posture corporelle
La posture est le résultat de la disposition des différents segments corporels en équilibre stable.
Elle est donc indissociable de la morphologie,
même si elle est également le reflet d'une « attitude », dans le sens psychique du terme. Elle est
variée par le fait que, tout en étant commune à
l'espèce, elle dépend aussi de caractéristiques personnelles. Elle est variable pour un même individu, en fonction de la fatigue, de l'âge et, bien
sûr, de la pathologie.
Ce bref préambule montre à quel point il est
difficile d'établir une règle de normalité synonyme de perfection. Le problème n'est pas nouveau. La diversité impose des critères de
normalité basés sur le plus petit dénominateur
commun.
Des caractéristiques basiques peuvent toutefois
être dégagées :
• de profil :
– le regard doit être horizontal ;
– l'occipital, la région médiodorsale et le sacrum
sont alignés ;
– les courbures vertébrales, en cyphose et en
lordose, sont respectées ;
– les épaules ne sont pas enroulées ;
– le bassin ne doit être ni rétroversé ni
antéversé ;
– les genoux ne peuvent être fléchis ou en
recurvatum (Fig. 7.1).
• de dos :
– l'occipital, la région médiodorsale, le sacrum,
les genoux et les malléoles doivent être alignés verticalement ;
– la tête est droite ;
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
– la ceinture scapulaire et les épaules sont au
même niveau – les bras le long du corps ;
– les iliaques sont alignés horizontalement ;
– les genoux et les calcanéums ne doivent pas
apparaître en varus ou en valgus (Fig. 7.2).
Fig. 7-1. Normalité posturale de profil.
78
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Les règles de l'observation
S'il est admis qu'en position debout ou assis le
maintien dépend des muscles de la statique, et que
la physiopathologie de ceux-ci est la rétraction,
l'observation de la morphologie doit se faire sur
ces critères.
Cela signifie que, si un segment est dévié dans un
sens, il le doit au raccourcissement du ou des
muscle(s) qui le sous-tend(ent). La rétraction musculaire étant assimilable à une contraction permanente, il est possible de simplifier encore plus : le
muscle dont la contraction déplace un segment
dans une certaine direction le fixe dans cette position par sa tension. L'observation morphologique
est alors à lecture directe (voir également Le déséquilibre des tensions réciproques - Chapitre 6).
●
Points clés
Le sens de déviation d'un segment dépend du raccourcissement du muscle qui l'a provoquée et non
de la faiblesse de son antagoniste. En statique, on
ne peut observer que des rétractions (Fig. 7.3).
Fig. 7-2. Normalité posturale de dos.
Même si, à terme, les déformations morphologiques entraînent fréquemment des algies, le fait
qu'elles ne constituent, somme toute, que la fixa-
Fig. 7-3. Traité de la peinture (Léonard de Vinci). Détail.
Au travers de ce dessin publié en 1651 et de sa légende, Leonard de Vinci posait la question de savoir qui développe la plus
grande force, celui qui tire ou celui qui pousse.
Si l'on imagine que les deux hommes tirent, cette gravure peut illustrer également le principe fondamental qui régit l'observation
des rétractions en statique.
Une tension supérieure du bras du côté de l'inclinaison du levier est à l'origine de sa déviation. Sa rétraction la fixe.
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
tion pathologique d'un mouvement initialement
physiologique, explique qu'elles ne soient pas
systématiquement douloureuses.
Un joueur de golf impose une torsion de type scoliotique à sa colonne dorsale, chaque fois qu'il réalise un « swing » (rotation des épineuses dans la
concavité). Un danseur de charleston déplace alternativement ses genoux en varum et en valgum.
●
Points clés
Ce que la physiologie fait, la pathologie le fixe
facilement.
Comportements
de type antérieur ou postérieur
Suivant le degré de raccourcissement de la « chaîne
maîtresse » antérieure ou postérieure, deux attitudes de base se dégagent. Elles sont particulière-
a
Fig. 7-4. Comportement de type postérieur.
79
ment identifiables au niveau de la colonne
vertébrale.
Lorsque la tension des spinaux dorsaux est prédominante, le sujet est de type postérieur (Fig. 7.4).
Lorsque la rétraction de la chaîne antérieure l'emporte, il est de type antérieur (Fig. 7.5).
Il est non seulement naturel d'aborder la classification des dysmorphismes à partir du rachis, mais
c'est en outre une nécessité emblématique. Il est en
effet communément admis qu'une hypercyphose
dorsale est liée à une faiblesse des muscles spinaux.
L'indication thérapeutique est de les renforcer par
des exercices de musculation concentrique.
En réalité, cette attitude est due à la rétraction
plus importante de la « chaîne maîtresse antérieure », suivant le principe muscle offensif-muscle
défensif exposé dans le chapitre 6 et rappelée dans
le paragraphe précédent.
Une simple expérience le prouve. Un hypercyphotique ne modifie pas sa courbure en position
80
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 7-5. Comportement de type antérieur.
couchée. Le patient est toujours enroulé vers
l'avant, même lorsque ses spinaux dorsaux ne doivent plus lutter contre la gravité (Fig. 7.6 a et b).
Cela doit entraîner, bien entendu, une remise en
question complète des procédures de traitement.
La correction ne peut venir que de l'allongement
de la corde musculo-fibreuse antérieure.
●
Points clés
L'hypercyphose dorsale est due à la rétraction du
système musculo-fibreux antérieur.
Organisation segmentaire
de la colonne vertébrale
Dans le plan sagittal les muscles spinaux sont
lordosants au niveau lombaire et nucal (Fig. 7.7
et 7.8). Ils rectifient la colonne dorsale
(Fig. 7.9).
Ils sont unitendus du sacrum jusqu'à l'occipital. Il
s'agit là de l'un des ensembles musculo-fibreux
illustrant au mieux le concept de chaîne
fonctionnelle.
La figure 5.2 du chapitre 5 montre qu'une traction exercée à une extrémité quelconque de cette
chaîne se transmet à l'ensemble.
De la même façon, en position érigée, et en cas de
raccourcissement de cet ensemble, les muscles spinaux peuvent s'organiser localement sur le principe de crédit-débit de longueur.
La rétroversion du bassin due à une rétraction
des muscles postérieurs de la hanche provoque
une rectification lombaire contraire à la physiologie lordosante des spinaux à cet étage.
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
81
Fig. 7-6. a et b. L'hypercyphose ne se corrige pas en décubitus dorsal, malgré le fait que la force représentée par la masse
du thorax s'exerce en direction favorable.
Fig. 7-7. Rétractions sectorielles des
muscles spinaux.
Fig. 7-8. Rétractions sectorielles
des muscles spinaux.
Fig. 7-9. Rétractions sectorielles
des muscles spinaux.
82
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Dans ce cas, ils peuvent récupérer la longueur
prise, au niveau dorsal et/ou cervical (Fig. 7.10
et 7.11).
En cas d'hypercyphose dorsale, liée à la rétraction
de la « chaîne maîtresse antérieure », la récupération peut se faire à l'étage lombaire et/ou cervical
(Fig. 7.12).
Le thorax
Le blocage inspiratoire se manifeste par une élévation du thorax et par sa difficulté à redescendre
lors de l'expiration. Cette élévation peut concerner l'ensemble de la cage thoracique ou plus particulièrement les six premières côtes (rétraction
des inspirateurs accessoires) ou les six dernières
(blocage diaphragmatique).
Dans le premier cas, elle est fréquemment associée
à une rectification dorsale. Dans le deuxième, le
bas du thorax apparaît en tonneau et peut présenter des ailerons de Sigaud.
Par le fait que les attaches supérieures lombaires
des piliers du diaphragme sont orientées oblique-
Fig. 7-10. Types de compensations
en raccourcissement des muscles spinaux en cas de rétroversion du bassin.
ment en avant et qu'elles sont relayées par les
insertions du petit et du grand psoas, leur tension
peut créer une hyperlordose en D11, D12, L1, L2
(lordose diaphragmatique).
La ceinture scapulaire – l'épaule
– le membre supérieur
Les groupes musculaires hégémoniques au service
de la suspension du membre supérieur et de la
fonction de prendre et porter à soi créent, par leur
raccourcissement, des modifications de positionnement des segments au repos.
La rétraction des muscles de la « chaîne supérieure
de la ceinture scapulaire » crée :
• un enroulement vertical de l'omoplate (Fig.
7.13) ;
• une fixation en légère abduction du bras.
Le raccourcissement de la « chaîne antéro-interne
d'épaule » entraîne :
• un enroulement transversal de l'omoplate ;
• une rotation interne de l'humérus (Fig. 7.14).
Fig. 7-11. Types de compensations
en raccourcissement des muscles spinaux en cas de rétroversion du bassin.
Fig. 7-12. Types de compensations
en raccourcissement des muscles spinaux en cas de rétraction antérieure.
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
Fig. 7-13. « Chaîne supérieure de la ceinture scapulaire »
et enroulement vertical de l'omoplate.
83
Fig. 7-14. « Chaîne antéro-interne d'épaule » et enroulement transversal de l'omoplate avec rotation interne de
l'humérus.
Fig. 7-15. « Chaîne antérieure du membre supérieur » et flexion du coude avec pronation, flexion des doigts, opposition du
pouce.
La légère abduction des bras créée par la rétraction de la « chaîne supérieure de la ceinture scapulaire » n'est pas antagoniste de l'adduction-rotation
interne de l'humérus que provoque celle de la
« chaîne antéro-interne d'épaule ». Car dans le
geste de porter à la bouche, le bras doit, d'abord,
décrire un léger mouvement d'abduction, destiné
à le dégager du corps, avant de procéder à une
circumduction combinant flexion-adduction-rotation interne.
La rétraction de la « chaîne antérieure des membres supérieurs » crée :
• une flexion du coude ;
• une pronation ;
• la flexion des doigts ;
• l'opposition du pouce (Fig. 7.15).
Au niveau du coude, la suprématie que la pronation exerce sur la supination est moins caractérisée
que celle de la flexion sur l'extension. Dans le
geste de prendre et de porter à la bouche, la prise
84
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
initiale peut s'effectuer indifféremment en pronation ou en supination. L'ajustement final dépend
du brachio-radial.
Les membres inférieurs
Les rétractions musculaires de type antérieur ou
postérieur ne se limitent pas aux altérations posturales de la colonne vertébrale. Parmi les rétractions
postérieures on note :
• une rétroversion du bassin ;
• un genu varum ;
• un calcanéum varus ;
• un pied creux (Fig. 7.16 a).
Les rétractions antérieures peuvent entraîner :
• une antéversion du bassin ;
• un genu valgum ;
• un calcanéum valgus ;
• un pied en pronation (Fig. 7.16 b).
Dans un cas comme dans l'autre, ces désaxations
latérales sont associées à des rotations.
Les inversions
d'actions musculaires
La physiologie cinétique d'un muscle change évidemment en fonction du point fixe à partir duquel
il se contracte.
En isométrie, la tension s'exerce aux deux extrémités.
Les variations de l'angle de traction d'un muscle
en fonction des positions articulaires modifient,
non seulement, le moment de sa force mais peuvent, également, inverser sa physiologie.
L'axe de rotation lui-même peut changer et, suivant les cas, se placer d'un côté ou de l'autre du
point d'application de la force. Cette singularité se
retrouve lorsque se produit une modification de
point fixe. C'est le cas dans la marche.
Certaines inversions d'action musculaire sont
connues.
Fick (1911) a individualisé sept faisceaux fonctionnels au niveau du deltoïde. Kapandji (Physiologie
musculaire, 4e éd., 1970) a fort bien illustré que
Fig. 7-16. a. Comportements rétractiles des muscles postérieurs des membres inférieurs. b. Comportements rétractiles des
muscles antérieurs des membres inférieurs.
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
certains d'entre eux peuvent passer d'une action
d'adduction à une physiologie d'abducteurs, en
fonction de la position du bras, le long du corps ou
en abduction.
Le nom de brachio-radial a été opportunément
substitué à celui de long supinateur, ce muscle
pouvant être également pronateur.
Kapandji (1985) a également illustré les inversions
d'action musculaire des adducteurs de la hanche :
fléchisseurs du fémur lorsque celui-ci est en extension et extenseurs lorsque la coxo-fémorale est en
flexion maximum.
Il a encore montré que le pectiné et l'obturateur
externe peuvent changer d'action rotatoire et que
le piriforme inverse doublement sa physiologie en
flexion-extension et en rotation.
L'efficacité en rotation externe du grand fessier
varie en fonction du degré de flexion de l'articulation coxo-fémorale (Mansour et Pereira, 1987 ;
Pressel et Langsfeld, 1998 ; Delp et coll., 1999).
La composante de rotation du psoas-iliaque a été
l'objet de nombreuses discussions. Stasser (1917),
Platzer (1975), Kapandji (1985), Tillmann et
Tondury (1987), Gray's Anatomy (1999) le décrivent rotateur externe. Par contre, pour Destal et
coll. (1986), Hanssens (1991), Pressel et Langsfeld
(1998), Delp et coll. (1999), il est rotateur interne.
Cette énumération, qui n'est certes pas exhaustive, souligne la complexité de la physiologie musculo-articulaire.
●
Points clés
Les inversions d'action musculaire constituent,
sans aucun doute, l'aspect le plus abouti de la physiologie musculaire. Elles repoussent les limites
des synergies et permettent de réduire le nombre
de muscles nécessaires à l'accomplissement de
fonctions variées.
Inversion d'action musculaire
au niveau de l'articulation
coxo-fémorale
Dans le cadre de la bipolarisation statique-dynamique dont il est question dans cet ouvrage, une
inversion d'action rotatoire de la hanche est une
85
des clés fondamentales du passage de la coordination cinétique à la coordination statique.
De nombreux muscles de la hanche sont décrits
classiquement rotateurs externes du fémur (à
des degrés variés et variables en fonction des
positions).
Leur somme signe une prédominance certaine
sur la rotation interne qui pourtant ne se vérifie pas à l'observation en position debout
(Tableau 7.1).
Tableau 7-1 Liste en première approche des muscles
rotateur s de la hanche.
Rotateurs externes
Rotateures internes
Psoas-iliaque.
Adducteurs pubiens
Grand fessier profond
Piriforme
Obturateur interne
Obturateur externe
Pectiné
Tenseur du fascia lata
Petit fessier
Cette classification ne pourrait se justifier qu'en
prenant pour référence l'axe diaphysaire du fémur
(Fig. 7.17). Mais il faut déjà noter que les rotations diaphysaires sont limitées aux possibilités de
rotation de la tête du fémur au niveau de l'acetabulum et dépendantes du caractère personnel de
l'angle cervico-diaphysaire. Cet angle est de 126°
à 128° environ chez l'adulte mais varie en cas de
coxa valga ou coxa vara.
Plus l'angle de coxa valga augmente, plus la
rotation diaphysaire pourrait se confondre avec
celle de la tête du fémur, principalement lorsque
la flexion coxo-fémorale diminue la composante de coaptation et augmente la composante
rotatoire.
Mais en cas de coaptation articulaire (angle de
traction défavorable) et a fortiori lorsque le pied
est en appui, la question ne se pose pas : la rotation du fémur s'effectue autour d'un axe de
potence (ou axe de charge) reliant la tête du fémur
à la plante du pied (Fig. 7.18).
Axe diaphysaire et axe de charge se situent de part
et d'autre du point d'application de la force du
psoas-iliaque et des adducteurs pubiens. Leur
86
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 7-18. Disposition du psoas-iliaque et des adducteurs
pubiens en fonction des axes.
Fig. 7-17. Axe diaphysaire du fémur et axe de charge.
action rotatoire change en fonction de l'axe
(Fig. 7.18 et 7.19).
En position debout, pieds en appui, genoux en
extension et bassin maintenu en place verticalement par l'action des muscles postérieurs (ischiojambiers et troisième faisceau du grand adducteur,
grand fessier, pelvitrochantériens), la tension des
psoas-iliaques et des adducteurs du pubis impose
une rotation interne au fémur.
Dans ces conditions, la tension des muscles antérieurs s'exerce en rotation interne, celle des postérieurs en rotation externe et celle des muscles dont
Fig. 7-19. Inversion d'action musculaire en rotation du
psoas-iliaque et des adducteurs en fonction des axes.
le vecteur force passe par l'axe n'engendre pas de
rotation (Fig. 7.20 et 7.21).
Le tableau des actions rotatoires s'en trouve
modifié (Tableau 7.2).
●
Points clés
Au niveau de l'articulation coxo-fémorale, en position debout, pied en appui, genou en extension, la
tension musculaire prédominante est la rotation
interne.
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
87
Rotation interne
Muscles rotateurs
internes
Rotation externe
Muscles rotateurs
externes
Fig. 7-20. Vis-à-vis de l'axe de charge, la rotation interne
du fémur s'accompagne d'une adduction ; la rotation
externe d'une abduction.
Fig. 7-21. Action rotatrice des muscles antérieurs et postérieurs du fémur.
Tableau 7-2 Inversion d'action musculaire du psoas-iliaque et des adducteurs pubiens en appui.
Rotateurs internes
Rotateurs externes
Psoas-iliaque
Adducteurs pubiens
Psoas-iliaque
Adducteurs pubiens
Obturateur externe
Pectiné
Si, en cinétique, la flexion-abduction-rotation
externe de la hanche est facilitée, en revanche, en
statique ces inversions d'action musculaire permettent le regroupement en rotation interne
nécessaire à la bipédie.
Correspondances musculaires
et ostéoarticulaires
La fixation du bassin en position exagérément
antéversée ou trop rétroversée dépend des tensions réciproques développées par les groupes
musculaires statiques, antérieurs et postérieurs,
qui le sous-tendent.
En station bipédique, la rétraction des psoas-iliaques et des adducteurs pubiens fixe le bassin en
antéversion et provoque la rotation interne du
fémur. Dans ce cas, le recul de l'acetabulum appuie
sur la face antérieure de la tête fémorale et entraîne
également une rotation interne (Fig. 7.22).
Lorsque la rétraction prédomine au niveau des
muscles postérieurs (grand fessier, pelvitrochantériens, ischio-jambiers et 3e faisceau du grand
adducteur), les iliaques se placent en position verticale. L'avancée de l'acetabulum crée alors une
rotation externe du fémur (Fig. 7.23).
Ces interrelations ostéoarticulaires entre la rotation de la tête fémorale et le positionnement
antéropostérieur de la ceinture pelvienne peuvent
avoir pour origine la rotation du fémur6.
6 Bulletin de RPG n° 59, septembre 1997. Ed. Le Pousoë.
88
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 7-22. L'antéversion du bassin provoque une rotation
interne du fémur.
Fig. 7-23. La rétroversion du bassin provoque une rotation
externe du fémur.
Vissage du genou :
inversion d'action musculaire
des ischio-jambiers
et des gastrocnémiens
au niveau du genou
Il a été dit que les ischio-jambiers et les gastrocnémiens participent au maintien en extension du
genou lorsqu'il est aligné verticalement, pied en
appui. Ceci est dû au fait que, dans ce cas, les deux
segments, tibia-péroné d'une part et fémur d'autre
part, sont verrouillés grâce à l'action de vissage en
rotation interne du fémur. Cette action de rotation, qui est prédominante en charge, recule le
condyle interne du fémur et le fixe en appui sur la
partie la plus basse du plateau tibial interne
(Fig. 7.24 a et b).
Fig. 7-24. a et b. Le "vissage" du genou.
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
89
Fig. 7-25. Participation des muscles postérieurs au maintien du genou en extension.
Fig. 7-26. La rétraction des muscles postérieurs provoque
un recurvatum du genou lorsqu'elle s'accompagne d'une
rotation interne du fémur et d'une laxité ligamentaire.
Les deux segments répondent alors comme un tout
aux tensions musculaires exercées en direction postérieure depuis l'ischion et le calcanéum, vis-à-vis
d'une ligne de gravité qui passe au niveau de la
rotule (Fig. 7.25). Lorsque le fémur est en excessive
rotation interne, la rétraction de ces deux groupes
musculaires provoque un recurvatum (Fig. 7.26).
Le recurvatum de genou est indubitablement
associé à une laxité ligamentaire. Mais encore une
fois, il n'y a aucune raison pour que la déviation se
produise dans ce sens, si elle n'est pas provoquée
et maintenue par les tensions musculaires.
Le recurvatum éloigne l'articulation du passage
antérieur de la ligne de gravité. Il est confortable
pour le quadriceps et particulièrement le droit
fémoral, car il lui permet d'économiser les interventions stabilisatrices en extension.
Inversion d'action musculaire
du triceps sural au niveau
du calcanéum
Le triceps sural provoque le varus-équin du pied.
L'action varisante se produit par rapport à l'axe
de Henkel. Mais, en appui au sol, suivant le positionnement en rotation externe ou interne du
membre inférieur, l'articulation sous-astragalienne
opère une translation de la charge, du thalamus
vers le sustentaculum tali ou inversement. L'appui
postérieur du calcanéum au sol se fait alors sur le
tubercule externe, entraînant un varus ; ou interne,
provocant un valgus, en accord avec la rotation de
la jambe. Il est possible de le vérifier en position
debout, grâce à des mouvements alternés du
genou, en varus ou en valgus (Fig. 7.27 a et b).
90
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Rotation
externe
Rotation
interne
Action
valgisante
du triceps
Action
varisante
du triceps
b - Appui sur le tubercule interne
du calcanéum
(valgus)
a - Appui sur le tubercule externe
du calcanéum
(varus)
Fig. 7-27. a et b. Faces postérieures de jambe droite.
Cela signifie que, morphologiquement, un calcanéum valgus n'est pas lié à la faiblesse, dans le sens
de l'hypotonie, du triceps sural.
Ces quelques exemples, parmi tant d'autres,
démontrent, d'une part, l'importance de la
connaissance des règles de la fonction statique
et, d'autre part, la valeur de l'observation et de
la connaissance anatomo-physiologique. Elles
conditionnent le choix thérapeutique. Une mauvaise interprétation peut conclure à la nécessité
d'un renforcement musculaire, alors qu'il convient
d'étirer des rétractions.
Schémas de coordination
motrice
Au niveau de la colonne vertébrale comme au
niveau des membres, des schémas de coordination
motrice se dégagent et s'inscrivent au sein de la
bipolarité statico-dynamique (Tableau 7.3).
Sur le plan statique, il se confirme qu'au niveau
des membres inférieurs et de la colonne vertébrale
nous sommes en face d'un système d'extension
postérieur dont la base est la « chaîne maîtresse
Tableau 7-3 Schémas de coordination motrice.
Colonne vertébrale
Orientation statique
• Postéroflexion (extension)
• Latéroflexion avec rotation des épineuses dans la concavité
Orientation dynamique
• Antéflexion
• Latéroflexion avec rotation des épineuses dans la convexité
Membres supérieurs
Orientation statique
Regroupement et suspension
Épaule :
• Flexion
• Adduction
• Rotation interne
Poignet :
• Flexion
Coude :
• Flexion
• Pronation
Pouce :
• Flexion
• Opposition
Doigts :
• Flexion
Orientation dynamique
Épaule :
• Extension
• Abduction
• Rotation exterme
Poignet :
• Extension
Coude :
• Extension
• Supination
Pouce :
• Extension
• Abduction
Doigts :
• Extension
u
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
u
91
Membres inférieurs
Orientation statique
Regroupement et extension
Orientation dynamique
Hanche :
• Extension
• Adduction
• Rotation interne
Hanche :
• Flexion
• Abduction
• Rotation exterme
Genou :
• Extension
Genou :
• Flexion
Pied :
• Varus
• Equin
• Pied :
• Valgus
• Tallus
Orteils :
• Flexion
Orteils :
• Extension
postérieure », à laquelle il convient d'ajouter le
droit fémoral et le long du cou.
Suspension et regroupement sont antérieurs et
centralisés autour de la « chaîne maîtresse antérieure ».
Mixité des comportements
Pour un individu capable de tenir debout, les
rétractions, soit de la chaîne maîtresse antérieure,
soit de la chaîne maîtresse postérieure, ne peuvent
être totales. L'addition des effets postérieurs
entraînerait une chute en arrière ; celle des antérieurs, un retour à la position fœtale.
Les déplacements segmentaires occasionnés par
les rétractions offensives de l'une ou de l'autre
« chaîne » doivent donc s'ordonnancer en respectant la finalité essentielle de l'équilibre, sans
douleur et de la façon la plus économe possible (Mécanismes d'adaptation et de défense,
Chapitre 5).
Ils se rééquilibrent en utilisant de préférence leur
prédisposition fonctionnelle et en suivant les règles
d'organisation des déséquilibres de tensions réciproques (Chapitre 6).
Le diagnostic se doit donc d'être nuancé et de
faire état d'une posture générale, plutôt antérieure
ou plutôt postérieure.
Antagonismes
et complémentarités
antéropostérieurs
Les muscles n'étant pas antagonistes, mais antagonistes et complémentaires, aucune déformation
venant d'une rétraction caractérisée ne demeure
exclusivement liée à ce raccourcissement.
Une hyperlordose lombaire avec bascule du bassin
en avant est due à la rétraction postérieure des spinaux lombaires et antérieure du psoas-iliaque, des
adducteurs du pubis et du droit fémoral, quel que
soit le groupe musculaire à l'origine du dysmorphisme (Fig. 7.28).
En cas de raccourcissement postérieur du grand
complexus (semi-spinalis capitis), les muscles antérieurs sterno-cléido-mastoïdiens et scalènes
Muscles spinaux
lombaires
Muscle psoas
Muscle iliaque
Muscle droit antérieur
Muscles adducteurs pubiens
Fig. 7-28. Les groupes musculaires responsables de l'hyperlordose lombaire.
92
Physiologie et physiopathologie des muscles de la statique
Fig. 7-29. a. L'angle A représente une position schématiquement
normale de la tête par rapport au rachis cervical.
b. L'angle B démontre une rétraction des spinaux principalement du
grand complexus, avec perte de l'horizontalité du regard.
c. L'angle C est égal à l'angle B, avec récupération de l'horizontalité du
regard par l'action des muscles antérieurs.
décalent la tête et le cou vers l'avant pour sauvegarder l'horizontalité du regard (Fig. 7.29 a, b et c).
Inversement, le grand complexus raccourcit sa
longueur en cas de déplacement antérieur de la
tête. Ce mécanisme compensatoire est très fréquent. Il affecte particulièrement les personnes
travaillant devant écran ou victimes d'un coup du
lapin (Fig. 7.30 a et b).
Il ne s'agit que d'exemples. Le phénomène est
général et concerne également les déformations
morphologiques en adduction ou abduction,
inclinaison ou rotation interne ou externe. La
Chapitre 7. Identification des dysmorphismes
93
Il n'en est pas moins vrai que des préférences chronologiques dans l'installation des dysmorphismes
peuvent apparaître. Les rétractions affectant le système musculo-fibreux cervico-thoraco-phrénique
contraignent les spinaux à une suractivité réactionnelle.
On retrouve fréquemment ce phénomène dans les
pathologies scoliotiques.
Le caractère individuel des
déformations morphologiques
Les altérations posturales sont donc identifiables et même classifiables. Cela ne doit pas faire
oublier la multiplicité de formes qu'elles peuvent prendre.
Les principes de la physiopathologie rétractile
musculaire sont immuables mais les combinaisons
sont infinies.
Tests d'allongement
Fig. 7-30. a. La rétraction conjointe du long du cou, du grand
droit antérieur, des scalènes et des sternocléidomastoïdiens
fait perdre l'horizontalité du regard.
b. Le grand complexus peut la rétablir par son raccourcissement. La lordose se localise au niveau occipital-C1, C1-C2
connaissance de l'anatomie et de la physiologie est
donc indispensable à une bonne interprétation de
la position de chaque segment, chacun d'entre
eux étant sous-tendu par différents muscles
pouvant avoir causé, individuellement ou ensemble, la malposition.
Pour le thérapeute, le simple fait de corriger la
mauvaise attitude posturale d'un patient ou de
lui demander d'effectuer un geste d'amplitude
physiologique normale, confirme l'identité des
muscles impliqués dans la pathologie et leur
raideur.
Ces corrections précisent l'importance des rétractions musculo-fibreuses.
Elles se traduisent par la limitation du mouvement
et/ou par le caractère massif des compensations
apparaissant lors de la correction.
Cela permet également de comparer le degré
de raccourcissement des différentes « chaînes »
conjointement impliquées dans une même pathologie. Dans les deux exemples précédemment
choisis, au niveau lombaire et nucal (voir Fig. 7.28,
7.29 et 7.30), la responsabilité soit de la « chaîne
maîtresse antérieure », soit de la « chaîne maîtresse
postérieure », apparaît alors plus engagée.
Chapitre 8
La globalité restreinte
Dans le domaine thérapeutique, prétendre être
global suscite immédiatement la polémique. La
globalité est-elle partout, n'est-elle nulle part ?
L'aspiration holistique est-elle une utopie ? 7
Comme souvent, il faut chercher les racines d'impitoyables batailles fratricides dans l'ignorance de
ce qu'implique exactement le terme en lui-même.
L'emploi fantaisiste qui en est fait par certains thérapeutes en découle. Ceux-ci ouvrent malheureusement une voie royale à des adversaires qui n'en
demandaient pas tant mais qui prouvent le plus
souvent par leurs argumentations arbitraires, la
même méconnaissance.
Un retour aux définitions et une explication de
texte s'imposent.
Le dictionnaire Larousse nous apprend :
• Analyse : décomposition d'un corps dans ses
éléments constitutifs ;
• Analytique : qui procède par voie d'analyse.
C'est la base de démarches scientifiques indispensables permettant l'étude d'éléments spécifiques
en les séparant de leur contexte.
• Global : qui est considéré dans sa globalité ;
• Globalisme : conception selon laquelle un ensemble possède des propriétés que ses composants
n'ont pas.
Autre principe apparemment indiscutable.
Sur quelles bases concilier ces deux définitions à
première vue antagonistes, lorsqu'on doit analyser
finement les caractéristiques d'une pathologie,
tout en sachant parfaitement qu'elles sont inséparables de l'unicité psychosomatique, de l'hérédité,
de l'histoire, de la profession, du contexte familial
ou socioculturel, etc. de celui qui les présente ?
7 Du même auteur, Vous avez dit holistique ? , Éditions Le
Pousoë, 1991.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
L'unicité psychosomatique
Unique et indivisible sur le plan psychosomatique,
l'homme forme un ensemble articulé autour d'une
structure musculo-squelettique qui détermine les
formes et protège les fonctions. Tous ces éléments
sont interdépendants les uns des autres.
Cette prodigieuse machine est dotée d'un patrimoine héréditaire, et est alimentée en énergie
carburante (alimentation) et comburante (respiration). Elle est pourvue de moyens d'auto-régulation, de reproduction et est en communication
interactive avec l'extérieur par les organes des sens
(Fig. 8.1).
Il est inutile et il serait surtout prétentieux d'entrer
plus avant dans la démonstration de l'unicité de
l'être humain et de ses interdépendances fonctionnelles, tant les ouvrages qualifiés abondent sur le
sujet, émanant d'auteurs spécialisés dans l'humain
depuis les généticiens jusqu'aux psychiatres.
C'est un fait, l'homme est un tout et, s'il possède
les caractéristiques de l'espèce, il n'en est pas
moins singulier.
Il est également évident qu'il est formé, à l'état
mature, d'éléments très différenciés anatomiquement et fonctionnellement, ce qui justifie l'existence de spécialités médicales ou paramédicales.
La connaissance spécifique y gagne… au risque de
faire perdre l'esprit de l'ensemble.
Panacée et réalité
Tous ceux qui se revendiquent de la globalité ne
manquent pas une occasion de rappeler que chaque élément constitutif d'un être humain fait donc
98
Principes de traitement
Sensibilité
Énergie
Y
Psychique
Formes
Structure
Fonctions
Somatique
j
Fig. 8-1. « L'homme global ».
partie d'un tout. Le macrocosme ne se retrouvet-il pas dans le microcosme et inversement ?
Une dent est aussi traçable qu'un rein ou une vertèbre lombaire appartenant au même individu, les
tests ADN en témoignent.
En modifiant un élément on modifie l'ensemble.
Si ce principe ne paraît pas discutable, en revanche
certaines prétentions thérapeutiques qui le prennent pour unique base le sont. La tentation est
grande d'avoir accès au tout à partir du particulier.
Qui n'a pas entendu vanter l'effet miraculeux de la
mobilisation de telle ou telle articulation ou celui
de semelles correctrices des dysmorphismes, sous
prétexte que la plante du pied constitue une zone
d'entrée d'informations proprioceptives particulièrement riche ?
Les exemples sont légions.
Cela ne résiste pas à l'analyse, car c'est faire peu de
cas des différenciations et des spécifications structurelles et fonctionnelles qui ont commencé à
s'opérer dès la période embryonnaire, comme cela
vient d'être souligné.
Comment peut-on espérer qu'agir sur un élément
puisse avoir un effet ciblé sur un autre, s'ils ne sont pas
liés directement par des relations de cause à effet ?
Par ailleurs, dans le chapitre traitant des mécanismes de défense, un autre problème a été évoqué :
celui de la fixation des compensations. Le paradoxe des effets permanents et des causes évanouies
montre même que l'agression primaire peut avoir
disparu sans que cela en modifie les conséquences.
Le temps a fait son œuvre.
●
Points clés
Il est possible de conclure, d'une façon ironique,
que tout est dans tout mais pas réciproquement.
La déesse Panacea a la vie dure mais il n'est pas
interdit d'aider à creuser sa tombe.
Individualité – Causalité –
Globalité
Uniques nous sommes, uniques nous demeurons dans le domaine de la pathologie. La réaction de chacun à l'agression est personnelle. Il
n'existe pas deux scolioses ni deux lombalgies
identiques.
En thérapie il ne peut donc y avoir de recettes
mais seulement des règles, qu'il convient d'ajuster
en fonction de chaque patient.
●
Points clés
Nous devons traiter des malades et non pas seulement des maladies.
Chapitre 8. La globalité restreinte
Dans le domaine de la Physique et de la Mathématique la théorie du chaos fait état d'effets aléatoires. Depuis Henri Poincaré, en passant par
Einstein et Langevin pour aboutir à Edward
Lorenz (effet papillon), des scientifiques ont montré qu'un changement des conditions initiales
entraîne non seulement un bouleversement dans
l'évolution future d'un système, mais qu'en outre
ce changement n'entre pas systématiquement dans
le cadre des équations régissant le système.
En kinésithérapie comme dans toutes les disciplines, les causes d'un problème ne sont pas toujours
connues. Elles sont bien sûr innombrables, même
si les statistiques sont là pour montrer qu'il existe
des disparités dans leurs fréquences.
Cela rend irrecevable l'expression trop souvent
entendue de la bouche de thérapeutes voulant
faire entrer de force la variété et la complexité des
pathologies dans leur domaine préférentiel de
compétence : « cela vient toujours de là »8.
Prenons un exemple simple. Un patient se plaint
soudain des muscles de la ceinture scapulaire d'un
côté. Ceci parce que des années auparavant il a
souffert d'une entorse de cheville qui l'a obligé
à élever, pendant un certain temps, l'épaule
opposée afin de soulager l'appui douloureux du
pied. La position s'est fixée, entraînant une
symptomatologie.
À l'anamnèse le physiothérapeute ne peut attendre aucune aide de son patient, naturellement
incapable de faire le rapport entre sa douleur
actuelle et sa vieille lésion de la cheville. Aucun
examen ne pourra objectiver la relation entre les
deux.
Pourtant, à la suite de l'entorse c'est bien toute
une « chaîne musculaire » qui s'est mise en action
puis rétractée pour éviter les mouvements intempestifs de la cheville. Les gastrocnémiens et les
ischio-jambiers ont limité les mouvements du
genou, protégeant ainsi la tibio-astragalienne. Les
spinaux du même côté ont compensé. Le trapèze
supérieur de l'autre côté s'est mobilisé pour alléger l'appui.
8 Voir aussi « Le protocole de l'entonnoir », Bulletin de
Rééducation Posturale Globale, no 63, Novembre 1998.
99
À ce stade de fixation, un traitement symptomatologique est inefficace. La rechute est programmée.
Mais il existe un moyen de corriger la symptomatologie de l'épaule tout en remontant jusqu'à la
cheville.
L'étirement lent et progressif du trapèze supérieur
entraîne une compensation nucale dont la correction met en évidence la rétraction des spinaux.
L'allongement de ceux-ci fait apparaître la raideur
des ischio-jambiers, puis des gastrocnémiens,
jusqu'au pied.
La globalité, qui est une nécessité dans les étirements, permet de remonter de la conséquence à la
cause d'un problème, en suivant le fil d'Ariane des
rétractions fixées et en les abolissant au fur et à
mesure.
Mais, on l'aura compris, cette globalité indispensable est limitée, dans notre cas, à l'appareil musculo-squelettique.
●
Points clés
L'usage de la globalité en temps que moyen thérapeutique ne peut s'exercer que dans les limites
d'un système cohérent.
Il est pourtant fréquent d'entendre qualifier d'holistique l'association de diverses techniques (par exemple : relaxation, diététique et soins corporels) sous
prétexte qu'elles englobent différents aspects de
l'humain. La variété des combinaisons proposées qui
pourtant se prévalent toutes de la même ambition
montre la vanité de l'entreprise et combien il est utopique de prétendre tout embrasser.
Sélectivité
Chaque séance de traitement doit s'assortir d'une
intention thérapeutique. Le souci de résoudre la
symptomatologie, qu'elle soit lésionnelle ou morphologique (ici et maintenant), réduit encore le
champ d'action de cette conception de la
globalité.
À partir de la correction initiale de la pathologie
choisie, seuls les éléments en corrélation avec elle
vont apparaître lors de la mise en tension progressivement globale.
100
Principes de traitement
Ce sont eux qui sont diagnostiqués partie intégrante du cadre pathologique.
Cette façon de faire est nécessaire lorsque la cause
pathogène n'est pas identifiable par d'autres
moyens.
●
Points clés
La mise en globalité est un moyen qui permet de
porter remède à une pathologie dans le cadre de
ses interactions. Elle ne permet pas de tout traiter
à la fois.
Simultanéité
Il est commun de confondre succession de corrections analytiques, même complétées, et traitement
global.
Si l'on reprend l'exemple du pied qui peut être à
l'origine d'une douleur au niveau de la ceinture
scapulaire, il est clair qu'il est nécessaire de parvenir à étirer en même temps tous les muscles rétractés de la chaîne, sous peine de perdre la continuité
de la tension. C'est uniquement grâce à cette
simultanéité qu'il est possible d'éviter les compensations et de remonter en sens inverse la chronologie : cause – fixation – symptôme.
Un manquement à ce principe est comparable à la
rupture d'un maillon. Cela remet en jeu le diagnostic et le caractère définitif du traitement.
●
Points clés
Sur le plan musculo-squelettique, il faut corriger
en même temps les différents éléments impliqués
dans une pathologie.
Globalité élargie et restriction
de compétence
Par son caractère structurel l'appareil musculosquelettique influence fortement les formes et
peut altérer les fonctions.
Inversement une souffrance d'origine viscérale
peut en modifier l'harmonie, ne serait-ce qu'en
imposant, par exemple, une position antalgique à
la colonne vertébrale.
Dans ce cas la correction morphologique de celleci peut désocculter la douleur viscérale d'origine…
nécessitant alors l'intervention d'un autre professionnel compétent en la matière.
Il en est de même lorsqu'il s'agit d'agressions de
caractère neuropsychique affectant principalement, comme cela a été vu, la tension des muscles
de l'étage sus-diaphragmatique.
Conclusion
Il ne semble pas qu'il existe de moyen terme
sémantique entre analytique et global.
L'expression globalité restreinte tente de rendre
compte d'une réalité complexe.
Dans le domaine des pathologies musculoarticulaires et morphologiques traitées en physiothérapie les règles en sont précises et limitatives.
Leur connaissance est indispensable à qui désire
appliquer un traitement qualifié de global comme
à qui prétend s'y opposer.
Chapitre 9
Les principes physiques
de l'allongement
L'élasticité
L'élasticité est la capacité que possède un corps à
reprendre sa longueur d'origine lorsque cesse
l'étirement.
Le coefficient d'élasticité dépend de caractéristiques intrinsèques mais aussi circonstancielles du
matériau, en particulier sa température.
Nous avons vu que l'élasticité musculaire est à la
fois résistante par sa capacité d'amortissement des
contraintes et réactive par restitution d'énergie
passive lorsque cesse la traction (Loi de Hooke –
État solide de la matière).
Les tissus musculaires présentent des caractéristiques de modèle viscoélastique mais également
plastique.
Durant l'allongement musculaire, diverses structures sont concernées. Leur résistance s'exerce en
série et en parallèle (voir Chapitre 1).
En dessous d'une certaine intensité de traction,
l'allongement obtenu est totalement réversible,
le muscle reprend sa longueur initiale (Fig. 9.1 a
et b).
Dans un premier temps, soumis à une contrainte
σ, d'intensité moyenne, pendant un temps donné
(Fig. 9.1 a), le muscle acquiert immédiatement
une déformation (Bouisset et Maton, 1996), qui
s'arrête quand la courbe apparaît (sommet de la
ligne verticale ε-0) (Fig. 9.1 b). À partir de ce
moment, la résistance élastique freine l'allongement. L'arrêt de la traction en t1 provoque une
recouvrance instantanée, puis apparaît une
courbe inverse à la première, qui rejoint l'axe de
l'abscisse. Il ne subsiste aucune déformation
résiduelle.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Contrainte
σ
σ0
a
t0
t1
Temps
Déformation
ε
ε0
ε0
b
t0
t1
Temps
Fig. 9-1. a,b. Le cycle de l'élasticité.
C'est un phénomène totalement réversible, décrivant une boucle d'hystérésis (Fig. 9.2) (Buchthal
et Rosenfalk, 1957).
Le décalage de la courbe de retour de b vers a
s'explique par la résistance visqueuse qu'offre le
frottement des filaments d'actine et de myosine
102
Principes de traitement
Tension (g)
b
500
400
300
200
ment pas concerner les tissus musculaires, dont le
fluage ne peut s'obtenir qu'à froid.
Le modèle retenu, s'agissant de protéines structurales et des tissus conjonctifs, est celui des polymères fibreux peu réticulés.
Pour J. Lecomte-Beckers (2009), les propriétés
mécaniques des polymères sont plus faibles que
celles des métaux hormis une ductibilité qui peut
être du même ordre. Le fluage des polymères est
comparable à celui des métaux, à ceci près qu'il se
produit à des températures plus basses.
100
Fluage et contrainte
a
10
11
12
13
14
15
16 17 18
allongement (%)
Fig. 9-2. Boucle d'hystérésis.
entre eux. Elle marque la dissipation d'énergie.
Ces deux courbes sont représentatives du comportement viscoélastique des structures musculaires.
La proportion de déformation permanente obtenue par fluage est représentée par les figures 9.3 a
et b.
Contrainte
σ
σ0
Le Fluage (« Creep »)
À l'inverse de l'élasticité, le fluage est un phénomène physique à l'origine de la déformation définitive d'un matériau soumis à une traction
constante pendant une durée suffisante. La
connaissance des règles de son fonctionnement est
nécessaire au traitement des raccourcissements
musculaires.
Le fluage concerne les matériaux viscoélastiques et
plastoélastiques ductiles (c'est-à-dire : malléables,
souples ou encore flexibles, étirables). C'est le cas
des métaux doux, comme l'aluminium ou le fer.
Ce sont les plus sensibles au fluage.
Le taux de déformation dépend des propriétés du
matériel, du temps de traction, de la tension imposée et de la température. C'est ainsi que le métal
chauffé devient malléable et adopte un comportement viscoélastique. Ce modèle ne peut évidem-
a
t0
t1
Temps
Déformation
ε
ε0
b
t0
t1
Fig. 9-3. a,b. Le cycle du fluage.
Temps
Chapitre 9. Les principes physiques de l'allongement
Alors que dans le cas de l'élasticité le matériau
reprend sa forme initiale à l'arrêt de la contrainte
en t1 (voir Fig. 9.1), on constate que, soumis à
une contrainte supérieure, la courbe ascendante
témoigne d'une résistance accrue, tandis que la
descendante ne rejoint pas l'axe d'abscisse, laissant
apparaître une différence de longueur résiduelle
ou gain de longueur après traction.
103
retour en arrière calqué sur la courbe initiale, mais
le départ d'un nouveau cycle, illustré par la ligne
D'H.
●
Points clés
La déformation peut continuer à progresser même
en cas de diminution relative de la contrainte.
Fluage et temps de traction
●
Points clés
Le taux de fluage dépend de la contrainte.
Mais le caractère irréversible de la déformation
peut s'accompagner d'une diminution relative de
la contrainte pour une déformation continuant à
progresser (Fig. 9.4).
Soumis à une tension donnée σ, le matériau s'allonge de manière linéaire du point 0 au point B,
c'est la plage élastique, totalement réversible
(Massonnet et Cescotto, 2001). Ensuite la déformation continue à progresser, alors que la
contrainte σ augmente beaucoup moins. C'est la
phase plastique (points B, C, D, E, F).
Si la contrainte cesse après le point B, on peut
observer un gain permanent de longueur. Si la
contrainte devait cesser en D', il n'y aurait pas de
Plus la vitesse d'étirement s'accroît, plus la force
utilisée pour vaincre la résistance doit être augmentée (Dufour et Pillu, 2006, Masson) (Fig. 9.5).
Par contre, plus le matériau est soumis à une
contrainte prolongée, plus la déformation est
importante (Fig. 9.6).
●
Points clés
La longueur gagnée dépend du temps de traction.
Rapport contrainte-temps
Au regard des figures 9.4, 9.5 et 9.6, il est donc
possible de diminuer l'intensité de la contrainte, à
condition d'augmenter le temps de traction.
Contrainte σ
Hooke σ
E
F
D’
B
C D
A
ε
Déformation en %
0
H
10 %
20 %
30 %
Fig. 9-4. La déformation continue à progresser, même lorsque la contrainte diminue.
40 %
104
Principes de traitement
Force (N)
10 cm/s
7
1 cm/s
0.1 cm/s
0.01 cm/s
e
Déformation en %
0
5
10
Fig. 9-5. La résistance à l'étirement augmente avec la vitesse.
Déformation
ε
primaire
secondaire
tertiaire
Contrainte
Tension
maximum
Point
de rupture
Limite
d’élasticité
Plage
plastique
ε0
Plage
Elastique
t0
Déformation
Allongement
maximum
Temps
Fig. 9-6. Les trois phases du fluage.
Fig. 9-7. Module de Young.
●
C'est le cas des déformations régies par la loi de
Hooke, selon laquelle la déformation est proportionnelle à la traction et entièrement réversible.
Dans le module de Young, la droite qui précède la
courbe, et qui représente la phase élastique réversible, se prolonge plus le corps est élastique
(Fig. 9.7).
Un matériau souple, au grand coefficient, flue
donc peu. Par contre, plus il est raide (petit coefficient), plus il peut afficher un fort taux de longueur
gagné après traction. Le principe est applicable aux
tissus musculaires.
Cela corrobore des expérimentations effectuées
sur les muscles, qui montrent que les tissus sont
Points clés
L'augmentation du temps d'étirement permet de
diminuer la force de traction.
Fluage et coefficient
d'élasticité
Le coefficient d'élasticité (ou propriétés du matériel) présente un paradoxe. Il est d'autant plus
élevé qu'un matériau est plus élastique. Si celui-ci
est idéalement élastique, il peut théoriquement
revenir indéfiniment à sa position d'origine lorsque la force de traction cesse.
Chapitre 9. Les principes physiques de l'allongement
plus extensibles à température élevée (Lehmann et
coll., 1970 ; Warren et Lehmann, 1976 ; Woo et
coll., 1987 ; Safran et coll., 1988 ; Nooman et
coll., 1993).
De même l'amplitude articulaire augmente
après échauffement (Wiktorsson et coll., 1983 ;
Henricson et coll., 1984 ; Taylor et coll., 1995 ;
Stewart et coll., 1998). Mais les allongements
obtenus dans ces conditions sont temporaires.
Pour un même niveau de tension, la déformation
n'est durable que si le tissu musculaire est allongé
« à froid » (Sapega et coll., 1981).
Tout échauffement musculaire avant étirement est
donc à éviter.
●
Points clés
Plus un muscle est raide, plus il est susceptible de
fluer.
En fonction des critères de contrainte, de temps et
de coefficient d'élasticité, il est possible de formuler l'allongement gagné par fluage de la façon suivante9 :
Taux
Temps
d'allongement ´
Taux
d'étirement
temporaire
de longueur =
Coefficient d'élasticité
gagnée
Fluage et hétérogénéité
musculaire
Les divers constituants du muscle présentent des
caractéristiques visqueuses, élastiques et plastiques différentes, conditionnant leurs réactions à
l'étirement.
En ce qui concerne l'élasticité, nous avons vu qu'à
l'allongement, les filaments d'actine et de myosine
se désengagent. Les différents feuillets des tissus
conjonctifs glissent les uns par rapport aux autres.
Les liaisons transversales sont étirées à tous les
9 Du même auteur : Le champ clos, Éditions le Pousoë,
1981.
105
étages, depuis l'endomysium jusqu'à l'aponévrose
d'enveloppe (Chapitre 1).
Lorsque la traction dépasse le seuil d'élasticité, les
liaisons croisées transversales entre les brins de
collagène cèdent (Lieber et coll, 1996 ; Lieber et
Friden, 2002), entraînant une modification structurelle.
La titine et la nébuline sont altérées au niveau de
leurs liaisons chimiques (Wydra, 1997 ; Wiemann
et Klee, 2000 ; Trappe et coll., 2002). Des microruptures apparaissent au niveau des tendons entre
3 % et 8 % de déformation (Butler et coll., 1978).
Tous ces éléments se reconstituent après allongement.
Pour Babash et coll. (2002), la rupture de la desmine est maximale 12 heures après étirement mais
la régénération en plus grande quantité est totale
entre 72 et 168 heures.
Les tendons et, à titre moindre les fascias, sont
très résistants à l'étirement grâce à l'organisation
longitudinale de leurs fibres et à leur caractère
peu réticulé. Nous sommes en face d'un matériau
plus « sec », s'approchant des caractéristiques plastoélastiques et donc plus susceptible de fluer.
La viscosité, quant à elle, dépend essentiellement
de la capture de l'eau au sein des structures réticulaires. Le modèle est celui de la seringue. Pour une
force constante exercée sur le piston, le degré de
viscosité influence la vitesse de remplissage ou
d'évacuation.
Le caractère plus ou moins visqueux dépend fondamentalement du poids moléculaire.
●
Points clés
Le but du fluage est de provoquer un réarrangement conformationnel des chaînes macromoléculaires dans une position de plus grande longueur
(Fig. 9.8 a et b).
●
Points clés
Les matériaux organiques n'étant pas homogènes,
leurs divers éléments présentent des différences
de résistance à l'étirement et de capacité d'allongement par fluage.
À l'étirement, la tension augmente en premier lieu
dans les structures musculo-fibreuses qui, par nature
ou pathologiquement, sont les moins extensibles.
106
Principes de traitement
300nm
(plus de 1000 acides aminés)
Fibrille de collagène
50nm
Lysines
Enzymes de pontage
a
b
Fig. 9-8. Réarrangement des ponts dans une position de plus grande longueur.
a. Ponts ou liaisons croisées, d'après Darnell, Lodish et Baltimore, 1990 (voir aussi Fig. 1.4 a).
b. Glissement des chaînes macromoléculaires à l'étirement.
Chapitre 10
Les postures de traitement
Définition
La mise en tension globale ne peut être obtenue
immédiatement. Par ailleurs, certains patients présentent un cadre douloureux ou sont très fragiles.
Les corrections ne peuvent donc être imposées
rapidement.
L'expression « postures de traitement » – on pourrait également dire « positions de traitement » –
veut rendre compte du caractère très progressif
des tractions manuelles et de la lenteur de la progression angulaire des segments.
Une posture de traitement dure environ une
demi-heure, entrecoupée, bien entendu, de périodes de repos.
« Chaînes musculaires »
et familles de postures
de traitement
Suivant les activités, différents groupes musculaires synergiques sont mis en jeu. Diverses chaînes
de coordination neuromusculaire peuvent donc
être affectées, dans des associations variées. Les
postures de traitement doivent en tenir compte et
couvrir tout le spectre des connexions qu'elles
peuvent établir entre elles.
C'est ainsi que l'on peut regrouper les postures de
traitement en quatre familles. Chacune d'entre
elles permet d'associer plusieurs « chaînes musculaires » (Tableau 10.1).
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Tableau 10.1 Familles de postures.
Familles de postures
« Chaînes musculaires » allongées
1. Ouverture coxo-fémorale
Bras adductés
Inspiratoire
Maîtresse antérieure
Antéro-interne de hanche
Supérieure de la ceinture scapulaire
Antérieure de bras
Latérale de hanche
2. Ouverture coxo-fémorale
Bras abductés
Inspiratoire
Maîtresse antérieure
Antéro-interne de hanche
Antéro-interne d'épaule
Antérieure de bras
Latérale de hanche
3. Fameture coxo-fémorale
Bras adductés
Inapiratoire
Maîtresse postérieure
Supérieure de la ceinture scapulaire
Antérieure de bras
Latérale de hanche
4. Fermeture coxo-férnorale
Bras abductés
Inspiratoire
Maîtresse postérieure
Antéro-interne d'épaule
Antérieure de bras
Latérale de hanche
Les postures de traitement
Au sein d'une même famille existent, en général,
diverses postures. Cette variété a deux intérêts
principaux :
• elle offre la possibilité de placer le patient soit en
position de décubitus dorsal, soit en charge
(assis ou debout) ;
• elle permet au thérapeute d'intervenir manuellement plus spécifiquement au niveau d'un segment ou d'un autre.
110
Règles d'application thérapeutique
Les postures de traitement en décubitus sont particulièrement indiquées, voire indispensables en
cas de pathologie articulaire, en fonction de la fragilité, de l'âge, ou encore de l'intensité de la douleur du patient.
Les postures en charge sont plus actives mais sont
également plus exigeantes.
Les postures d'abduction des bras, destinées à étirer la « chaîne antéro-interne d'épaule », ne sont
pas réalisables en position assise ou debout car il
est impossible, dans ce cas, d'éviter la contraction
concentrique des muscles de la ceinture scapulaire.
Elles sont donc exclusivement pratiquées en décubitus dorsal.
Familles de postures
Première famille : ouverture coxo-fémorale, bras adductés
Postures :
• en décubitus dorsal (Fig. 10.1 a) ;
• debout contre le mur (Fig. 10.1 b) ;
• debout au milieu (Fig. 10.1 c).
Fig. 10.1. a, b, c.
Chapitre 10. Les postures de traitement
Deuxième famille : ouverture coxo-fémorale, bras abductés
Postures :
• en décubitus dorsal (Fig. 10.2).
Fig. 10.2.
Troisième famille : fermeture coxo-fémorale, bras adductés
Postures :
• en décubitus dorsal (Fig. 10.3 a) ;
• assis (Fig. 10.3 b) ;
• debout penché en avant (Fig. 10.3 c).
Fig. 10.3. a, b, c.
111
112
Règles d'application thérapeutique
Quatrième famille : fermeture coxo-fémorale, bras abductés
Postures :
• en décubitus dorsal (Fig 10.4).
Fig 10.4
Le choix de postures
Il convient de rappeler qu'être global ne signifie
pas prétendre tout corriger à la fois mais, au
contraire, traiter une pathologie dans le cadre de
ses tenants et de ses aboutissants, c'est-à-dire dans
le contexte de sa globalité restreinte.
Seule la mise en tension progressive du système
musculo-fibreux, à partir de la correction de la
symptomatologie, peut mettre en évidence de
façon précise les corrélations de celle-ci avec
d'autres éléments particuliers de l'appareil musculo-squelettique et révéler l'importance des
rétractions, des lésions et des douleurs occultées.
Mais il est possible, dans une large mesure, d'anticiper ces corrélations grâce à un diagnostic bien
conduit.
Il est alors possible de choisir, à bon escient, les
postures les plus à même de résoudre le problème
posé. Certaines postures sont plus généralistes,
d'autres plus spécifiques. Ces dernières sont donc
moins souvent utilisées. Elles peuvent toutes se
révéler indispensables.
Le choix de postures dépend de l'anamnèse, de
l'étude des documents présentés, d'un examen
approfondi de la morphologie, de tests de la mobilité articulaire et d'amplitude des mouvements.
Le principe de causalité impose de choisir la ou les
posture(s) révélatrice(s) de la pathologie. Si une
douleur lombaire apparaît en position assise, elle
devra être traitée en fermeture d'angle coxo-fémoral. Une symptomatologie douloureuse ou une
limitation d'amplitude de l'articulation scapulohumérale dans les mouvements d'abduction, doit
l'être en posture d'écartement des bras.
Une déformation morphologique due à la rétraction d'une chaîne spécifique doit être corrigée
dans la posture permettant l'allongement le plus
efficace de celle-ci.
Les corrélations qu'établissent entre elles les
« chaînes musculaires » d'une part, la multiplicité
des compensations et leur fixation d'autre part,
imposent souvent de devoir employer des postures appartenant à diverses familles pour traiter la
pathologie présentée.
Il est en particulier fréquent, surtout dans les cas
chroniques, d'être contraint d'utiliser des postures
en ouverture d'angle coxo-fémoral pour la « chaîne
maîtresse antérieure » et de fermeture pour la
« chaîne maîtresse postérieure ».
Chapitre 10. Les postures de traitement
113
Première famille
Posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral, bras adductés,
en décubitus dorsal (Fig. 10.5 a, b et c)
Il s'agit de la posture la plus généraliste de la première famille .
Elle permet les décoaptations et les
détorsions articulaires les plus fines.
Elle est très utilisée en cas de cervicalgies, dorsalgies, lombalgies, dans
les scolioses et pour les corrections
thoraciques.
L'ouverture progressive de l'angle
coxo-fémoral peut permettre d'étirer, en fonction des besoins, les
adducteurs pubiens et les muscles
antérieurs de la jambe, le psoas-iliaque, le grand adducteur, le droit
antérieur. Elle autorise la rééducation
de l'équin du pied.
Elle permet toutes les corrections des
membres supérieurs. C'est la posture
de la rééducation de la supination.
Elle permet au thérapeute d'insister
particulièrement sur :
• la nuque ;
• le thorax et la respiration ;
• la colonne dorsale ;
• la ceinture scapulaire ;
• les épaules ;
• les coudes ;
• les poignets ;
• les mains ;
• les doigts ;
• le bassin et la région lombaire ;
• les genoux ;
• les pieds ;
• les orteils.
Fig. 10.5. a, b et c.
114
Règles d'application thérapeutique
Première famille
Posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral – variante
impliquant également le grand adducteur (Fig. 10.6)
Fig. 10.6.
Première famille
Posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral – variante
impliquant également le droit fémoral (Fig. 10.7)
Fig. 10.7.
Chapitre 10. Les postures de traitement
Première famille
Posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral,
debout contre le mur (Fig. 10.8 a, b et c)
C'est la grande posture des problèmes morphologiques de la ceinture scapulaire (élévation, enroulement, et fixation des bras en abduction) et des
déformations des membres inférieurs lorsque
ceux-ci sont de caractère antérieur (valgum des
genoux, pieds en pronation).
Elle n'est pas utilisée en cas de douleur.
Elle permet d'insister particulièrement sur :
• la ceinture scapulaire ;
• les épaules ;
• les hanches ;
• les genoux ;
• les pieds.
Fig. 10.8. a, b et c.
115
116
Règles d'application thérapeutique
Première famille
Posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral,
debout au milieu (Fig. 10.9 a, b et c)
Elle est destinée aux déviations complexes de la
colonne vertébrale. Elle permet de mettre en
rapport leur correction avec le maintien de
l'équilibre.
Elle n'est pas pratiquée en cas de douleur.
Fig. 10.9. a, b et c.
Elle permet une meilleure précision sur :
• la colonne vertébrale ;
• le bassin ;
• les genoux ;
• les pieds ;
• l'équilibre.
Chapitre 10. Les postures de traitement
Deuxième famille
Posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral,
bras abductés (Fig. 10.10 a, b et c)
C'est l'unique posture de la famille.
Elle est particulièrement nécessaire dans
les pathologies de l'articulation scapulohumérale et du membre supérieur. C'est
la posture de la pronation.
Comme la posture d'ouverture d'angle
coxo-fémoral, bras serrés, en décubitus
dorsal, elle est très polyvalente et permet
toutes les corrections articulaires. Elle est
fréquemment utilisée dans les déformations thoraciques et dans les blocages
inspiratoires.
Particulièrement efficace sur :
• la nuque ;
• le thorax et la respiration ;
• la colonne dorsale ;
• les épaules ;
• les coudes ;
• les poignets ;
• les mains ;
• les doigts ;
• le bassin et la région lombaire ;
• les hanches ;
• les genoux ;
• les pieds ;
• les orteils.
Fig. 10.10. a, b et c.
117
118
Règles d'application thérapeutique
Troisième famille
Posture de fermeture d'angle coxo-fémoral,
bras adductés, en décubitus dorsal (Fig. 10.11 a, b et c)
Par le fait que le thérapeute peut intervenir aisément au niveau de tous les segments corporels,
c'est la plus complète de la troisième famille.
Elle convient pour toutes les douleurs et lésions
articulaires. Elle est à la « chaîne maîtresse postérieure » ce que la posture d'ouverture d'angle
coxo-fémoral, bras adductés, en décubitus est à la
« chaîne maîtresse antérieure ».
Elle insiste particulièrement sur :
• la nuque ;
• le thorax et la respiration ;
• la colonne dorsale ;
• la ceinture scapulaire ;
• les épaules ;
• les coudes ;
• les poignets ;
• les mains ;
• les doigts ;
• le bassin et la région lombaire ;
• les hanches ;
• les genoux ;
• les pieds ;
• les orteils.
Fig. 10.11. a, b et c.
Chapitre 10. Les postures de traitement
Troisième famille
Posture assis
(Fig. 10.12 a, b et c)
Elle est indiquée en cas de déformations non algiques de la colonne vertébrale.
C'est une grande posture de la scoliose, par l'importance des tractions qu'elle exerce au niveau des
muscles spinaux et par le fait que le thérapeute est
en mesure, à chaque instant, de contrôler visuellement son action.
C'est aussi une posture de l'équilibre en position
assise.
Elle permet d'insister sur :
• la colonne vertébrale ;
• les hanches ;
• l'équilibre pondéral d'appui sur les ischions.
Fig. 10.12. a, b et c.
119
120
Règles d'application thérapeutique
Troisième famille
Posture assis – variante impliquant également
les pelvitrochantériens (Fig. 10.13 a et b)
Les pelvitrochantériens et, en particulier, le piriforme (ou pyramidal), sont très fréquemment
rétractés.
Les scolioses à courbure unique et, en particulier,
les scolioses lombaires, réclament fréquemment
l'emploi de cette version de la posture assis.
Elle est particulièrement efficace sur :
• la colonne vertébrale ;
• le grand fessier ;
• les pelvitrochantériens ;
• la cyphose lombaire de la position assise.
Fig. 10.13. a et b.
Chapitre 10. Les postures de traitement
Troisième famille
Posture debout penché en avant
Cette posture a été, dès l'origine, destinée principalement à l'allongement des muscles postérieurs
des membres inférieurs. C'est encore aujourd'hui
son rôle, surtout en cas de comportement de type
postérieur : bassin retroversé, varus des genoux,
calcanéum varus, pieds creux.
Mais la possibilité de commencer la posture avec
appui des mains du patient sur la table de traitement libère la colonne lombaire de toute compression. Elle permet au thérapeute de décoapter
et de corriger manuellement les vertèbres lombaires avec toute la précision voulue.
C'est une posture précieuse en cas de lombalgies
avec ou sans discopathie et des lésions sacro-iliaques. La fréquence de ces pathologies fait qu'elle
est très souvent utilisée.
Elle permet une insistance particulière sur :
• les vertèbres lombaires ;
• les articulations sacro-iliaques ;
• le bassin ;
• les hanches ;
• les genoux ;
• les pieds.
Fig. 10.14. a, b et c.
(Fig. 10.14 a, b et c)
121
122
Règles d'application thérapeutique
Quatrième famille
Posture de fermeture d'angle coxo-fémoral,
bras abductés (Fig. 10.15 a, b et c)
Unique posture de la quatrième famille, elle est
aussi complète que son homologue en ouverture
d'angle coxo-fémoral, bras écartés.
Elle permet cette fois de combiner l'abduction des
bras avec la flexion coxo-fémorale.
Elle permet de travailler avec précision sur :
• la nuque ;
• le thorax et la respiration ;
• la colonne dorsale ;
• les épaules ;
• les coudes et la pronation ;
• les poignets ;
• les mains ;
• les doigts ;
• la région lombaire et le bassin ;
• les hanches ;
• les genoux ;
• les pieds ;
• les orteils.
Fig. 10.15 a, b et c.
Chapitre 11
La mise en tension –
Les corrections – Les contractions
isométriques de faible intensité –
Les indications
Les objectifs généraux
Vis-à-vis de la fonction statique l'objectif est, bien
entendu, de récupérer une posture correcte tant
sur le plan frontal que sagittal ou horizontal, tel
que cela a été exposé dans le chapitre 7 (voir
Fig. 7.1 et 7.2).
La restitution d'une longueur normale des différentes chaînes de coordination neuromusculaire doit permettre en outre à la colonne
vertébrale de réaliser, à tous les étages, les mouvements physiologiques dans leurs amplitudes
normales.
Il en est de même au niveau de toutes les articulations, qu'il s'agisse d'abduction-adduction, de
flexion-extension ou de rotation.
Ces amplitudes segmentaires physiologiques doivent être récupérées sans gêne et sans douleur et
les lésions corrigées. Aucun mouvement ne peut
donner lieu à compensation.
●
Points clés
Sur le plan physiologique en général, l'objectif
est de permettre à chaque muscle pris intrinsèquement de retrouver sa longueur et sa tension
idéales.
La force musculaire active et passive disponible et
adaptée aux activités du patient en dépend.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
L'ambition du projet relève, bien entendu, de
l'utopie. Mais faut-il encore établir des critères de
normalité pour tenter de s'en approcher.
Les objectifs par posture
La limite ultime d'amplitude de chacune des postures ne va pas au-delà de la physiologie articulaire
idéale de chacune des articulations impliquées
dans son évolution ni de la longueur normale des
muscles qui leur permet de l'atteindre.
C'est ainsi que l'abduction des bras va jusqu'à
180° ou qu'en fermeture d'angle coxo-fémoral il
n'est pas demandé aux membres inférieurs de dépasser la dorsiflexion du pied à 70°, l'extension
complète des genoux (en bonne correction latérale et de rotation) et la fermeture de l'angle coxofémoral à 35/40°, etc. (Fig. 11.1 et 11.2)
Pour une « chaîne musculaire » considérée ou une
combinaison de chaînes, la difficulté réside dans la
simultanéité des corrections.
La personnalisation
du traitement
Elle constitue l'aboutissement de tout ce qui précède. Les principes de traitement doivent être
124
Règles d'application thérapeutique
dit d'appliquer une tension trop forte à chacun
d'entre eux.
●
Points clés
Un travail analytique peut être quantitatif.
La globalité exige une action qualitative.
Le travail causal
Il faut rappeler que les mécanismes d'adaptation
et de défense sont fondamentalement automatiques. S'ils atteignent leurs objectifs, à savoir sauvegarder les fonctions essentielles tout en évitant la
douleur, ils sont alors engrammés.
Ce qui revient à dire qu'une déformation morphologique peut être vécue comme normale.
C'est ainsi qu'un adolescent scoliotique a la sensation d'être parfaitement droit. Des mouvements
limités ou compensés n'attirent pas forcément
l'attention.
Il s'en suit que, par essence, une action rééducative est dérangeante lorsqu'elle prétend s'attaquer
aux racines d'un problème.
Les mécanismes automatiques d'adaptation et de
défense s'opposent à l'action thérapeutique causale.
●
Points clés
Il faut composer avec un appareil musculosquelettique rebelle à sa propre correction.
L'intention thérapeutique
Fig. 11-1. Exemples d'amplitudes articulaires physiologiques,
constituant l'objectif des postures.
respectés mais adaptés en permanence au patient,
aux pathologies et à l'évolution du traitement.
Thérapie qualitative
Tout ce qui vient d'être exposé amène à conclure
à la nécessité d'un travail basé sur la sensibilité et
la progressivité. Le simple fait de se trouver dans
l'obligation d'étirer en même temps différents
groupes musculaires organisés en « chaînes » inter-
Il est évidemment indispensable de porter une
attention particulière à la pathologie présentée. En
kinésithérapie, la majeure partie des patients souffre d'un problème douloureux. Sa résolution est
alors prioritaire. La RPG, en cela, ne diffère pas des
autres approches thérapeutiques. En cas de déformation morphologique, l'action corrective se porte
particulièrement sur les segments les plus affectés.
Mais il a été dit que les altérations morphologiques macroscopiques et les lésions articulaires
microscopiques sont intimement liées. Les dysmorphismes créent des problèmes articulaires qui
peuvent devenir douloureux. Les lésions entraînent raideur, blocage et compensations morpho-
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
125
Fig. 11-2. Exemples d'amplitudes articulaires physiologiques, constituant l'objectif des postures.
logiques à l'origine d'autres pathologies articulaires
(Fig. 11.3).
Une des premières exigences de la globalité au
niveau musculo-squelettique est de corriger en
même temps les problèmes micro-lésionnels et
macro-morphologiques.
●
Points clés
Quelle que soit la priorité, et il s'agit souvent de la
douleur, la correction morphologique doit accompagner celle de la lésion.
Il s'agit là d'un principe clé qui doit être respecté
en cours de séance. La pérennité du traitement en
dépend.
L'intention thérapeutique varie naturellement en
fonction de l'évolution de la situation pathologique.
La position au début
de la séance
Quelle que soit la posture de traitement choisie, la
position de départ ne peut être que celle que peut
accepter le patient sans effort et sans douleur. En
fonction de l'importance de la pathologie, cette
position peut être fort éloignée de la normale.
Fig. 11-3. Les micro-lésions articulaires et les macrodéformations morphologiques sont liées.
●
Points clés
Tout est acceptable au départ.
Théoriquement, rien ne l'est à l'arrivée.
La douleur – l'apprivoisement
Quelle qu'en soit la progressivité, toute tentative
d'allongement musculaire est désagréable. Par
ailleurs, les lésions articulaires sont réfractaires à la
correction qui, dans la quasi-totalité des cas, provoque la douleur. Les myalgies, les tendinites, sont
hypersensibles à l'étirement.
La louable intention de résoudre les causes lésionnelles et morphologiques affectant l'appareil
musculo-squelettique, doit donc prendre en considération les douleurs du patient et les désagréments inhérents au traitement.
126
●
Règles d'application thérapeutique
Points clés
La domination de la douleur est la condition nécessaire à l'évolution d'une posture de traitement.
L'application de moyens analgésiques palliatifs
locaux étant exclue, l'apprivoisement des réflexes
de défense est le maître mot présidant à toute
séance de RPG.
Dialogue avec le patient
Dans l'esprit de ce type de travail, l'analgésie ne
peut venir que de la résolution du problème, qu'il
s'agisse de la libération de l'articulation en lésion,
du relâchement d'un muscle contracturé ou de
gain d'amplitude articulaire. Cela signifie que le
thérapeute doit demander à son patient de l'aviser
dès l'apparition de la moindre douleur, afin d'arrêter la progression et de procéder à la correction.
Il en est de même lorsqu'il s'agit d'une sensation
d'étirement devenant pénible à supporter ou de
quelque autre forme de symptomatologie.
Il peut être utile de convenir d'une notation de 1 à
10, ce qui permet d'adapter la correction à l'évolution de l'intensité des messages nociceptifs.
La traction passive
Il n'est peut-être pas inutile d'insister sur le fait
qu'un mouvement actif qualifié d'excentrique
comme, par exemple, l'abduction des bras est dû,
en réalité, à une contraction musculaire concentrique. Lorsqu'il s'agit d'étirer des muscles enraidis
au-delà de leur point de raideur, l'excentricité
dépend de la main du thérapeute. Ceci commence
dès que la traction manuelle produit un allongement d'un millimètre au-delà du point d'inextensibilité. Il est donc possible d'agir avec la plus
grande délicatesse et en totale sécurité.
La mise en tension passive s'obtient par le progrès
angulaire au niveau des articulations dont l'amplitude est limitée et par la traction axiale des
muscles raccourcis.
L'étirement diminue l'excitabilité des motoneurones
(Moore et Hutton, 1980 ; Guissard et coll., 1988).
Gurfinkel a démontré en 2006 que l'étirement des
muscles axiaux entraîne une diminution de l'activité des muscles étirés et une augmentation de
celle des muscles antagonistes en accord avec les
travaux de Sherrington.
L'identification des
compensations et leur contrôle
Deux exemples suffisent pour rendre compte du
souci de globalité lors des étirements. Le premier
concerne la « chaîne maîtresse postérieure ».
Une tentative d'allongement des muscles postérieurs des membres inférieurs entraîne une rétroversion du bassin et une compensation cyphotique
lombaire (Fig. 11.4 a et b).
Fig. 11-4. a. La traction sur des gastrocnémiens enraidis se transmet aux ischio-jambiers, qui basculent le bassin en arrière.
b. Le bassin fait office de poulie, la tension entraîne une cyphose lombaire.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
Inversement, la tentative d'allongement des spinaux antéverse le bassin. Les ischio-jambiers plient
alors les genoux. Les gastrocnémiens placent les
pieds en équin (Fig. 11.5 a et b).
Dans un cas comme dans l'autre, des compensations sont apparues. L'exercice d'étirement
ne sera efficace que si celles-ci sont corrigées
(Fig. 11.6 a et b).
127
Un deuxième exemple simple illustre la nécessité
de contrôle global des allongements. Il concerne,
cette fois, la « chaîne maîtresse antérieure ».
Une tentative d'étirement des adducteurs bascule
le bassin en avant, lordose la colonne lombaire et
élève le thorax (Fig. 11.7).
Pour être efficace, l'exercice d'étirement doit
donc s'accompagner d'une délordose lombaire,
Fig. 11-5. a. La traction exercée sur les spinaux redresse le bassin. La tension se transmet aux ischio-jambiers et aux
gastrocnémiens.
b. La poulie constituée par le bassin opère en sens inverse.
Fig. 11-6. a et b. Mise en tension de la « chaîne maîtresse postérieure » dans sa totalité.
128
Règles d'application thérapeutique
Fig. 11-7. Une tentative d'allongement des adducteurs et du psoas-iliaque entraîne des compensations au niveau du bassin,
des lombes et du thorax.
Fig. 11-8. Contrôle du pubis par les abdominaux et expiration thoracique profonde.
maintenue par l'action des abdominaux et d'une
descente du thorax grâce à une expiration profonde, en général accentuée par l'action manuelle
du thérapeute (Fig. 11.8).
La décoaptation
L'obliquité des muscles dans différents plans de
l'espace fait que les rétractions musculaires, qu'elles soient macro-morphologiques ou microlésionnelles, s'expriment, la plupart du temps, par
une torsion articulaire.
Une fois le problème identifié, il convient de procéder manuellement à sa correction sans, pour
autant, perdre la traction. Étant donné que la
rétraction musculaire entraîne un tassement articulaire, la traction passive doit être en mesure de
produire une décoaptation.
Mais l'allongement passif ayant pour effet d'augmenter la tension au sein des muscles étirés, cette
décoaptation doit précéder l'étirement et être
maintenue pendant celui-ci.
C'est particulièrement indispensable en cas de discopathie, de lésion articulaire et même dans le
traitement des scolioses, puisque la torsion vertébrale a pour effet d'excentrer le nucléus.
●
Points clés
La décoaptation articulaire est le préalable à tout
étirement musculaire. Son maintien conditionne
l'efficacité de l'allongement et des corrections.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
Le temps
Laisser le temps au temps est fondamental.
• Cela permet de traiter les personnes les plus fragiles et les patients présentant les douleurs les
plus sévères.
• Le temps est nécessaire à la mise en tension progressive de tous les éléments d'une « chaîne
musculaire » concernée par la pathologie.
• On peut ainsi voir apparaître peu à peu les compensations les plus subtiles.
• Cela autorise de maintenir la décoaptation et de
réaliser avec délicatesse les détorsions articulaires.
• Le temps de traction augmente l'allongement
gagné par fluage et permet de diminuer la
contrainte.
• Il s'accompagne d'une diminution de la résistance
musculo-fibreuse à l'allongement, contrairement
aux étirements rapides et répétés (augmentation
de la raideur à partir de la dixième alternance,
décrit par Magnusson et coll., 1998).
• Les propriétés mécaniques des tendons à la
charge diminuent en fonction de la vélocité de
l'application de celle-ci (Hersberg et coll.,
1985). Le temps d'allongement permet donc
d'éviter les risques d'accident à leur niveau.
• La lenteur des tractions permet d'éviter le
déclenchement du réflexe myotatique direct.
• Les inhibitions synaptiques sont d'autant plus
importantes que le temps de traction augmente
(Guissard et coll., 2001).
• Enfin, ce n'est qu'à cette condition qu'il est possible de maintenir les douleurs et les sensations
pénibles d'étirement au niveau le plus bas.
●
Points clés
Tous les arguments convergent vers la nécessité
d'appliquer ce type de traitement avec lenteur,
délicatesse et progressivité.
Les pauses
Elles sont indispensables, à défaut d'être souhaitables sur le plan de l'efficacité de l'allongement.
Plus le temps de repos augmente entre deux phases
d'étirement, plus la raideur musculaire s'accroît
(Hufschmidt et Mauritz, 1985 ; Lakie et Robson,
129
1988 ; Kilgore et Mobley, 1991). Il convient donc
de ne pas les prolonger inutilement.
La progressivité
On l'aura compris, le temps est un moyen et non
une fin en soi. Au début d'un traitement, la vigilance des défenses automatiques du patient impose
la patience. Au fur et à mesure de l'apprivoisement, le rythme de progression peut s'accélérer…
jusqu'à ce que cette propre progression bute à
nouveau sur la douleur ou sur une nouvelle frontière d'inextensibilité des tissus. C'est alors qu'entre en jeu la manualité, qui est un autre élément
fondamental de la thérapie.
La manualité
Elle doit remplir trois conditions, dans l'ordre
chronologique : sentir, faire et obtenir.
Il faut qu'elle soit suffisamment insistante pour
parvenir à décoapter les articulations et à faire
relâcher les tensions musculaires. Cela impose
d'adhérer suffisamment à la peau, pour produire
une action en profondeur.
Lors d'une posture de traitement, la main du thérapeute doit intervenir là où elle est précisément
nécessaire. Le patient maintient alors la position,
ce qui permet au physiothérapeute RPGiste d'intervenir manuellement où il le désire (voir exemples en fin de chapitre).
Toujours dans l'optique de saturer peu à peu les
défenses corporelles, le rythme de l'intervention
manuelle est important. Les gestes brusques sont
à proscrire.
●
Points clés
La manualité permet un modelage, une sculpture
sur le vivant.
La contraction isométrique
dans des positions
de plus en plus excentrées
Cette contraction doit, en premier lieu, être de faible intensité. Les contractions isotoniques excentriques ou isométriques en position d'allongement,
130
Règles d'application thérapeutique
contre forte charge, peuvent provoquer des ruptures fasciculaires. Elles sont dangereuses (Clarkson
et Newham, 1995).
Malgré leur intensité, elles n'augmentent pas la
durée d'inhibition des motoneurones, même si
elles sont maintenues dans le temps.
Elles sont par ailleurs inutiles, car la tension apparaît à des niveaux relativement bas d'une contraction musculaire maximum (Hoffer et Andreassen,
1981).
Ce travail actif semble répondre à toutes les exigences de correction qu'imposent les différents
aspects physiopathologiques précédemment identifiés du système musculo-squelettique.
• L'allongement passif provoque un dépontage
des filaments actine-myosine. La contraction
tend à reponter mettant ainsi en traction les
protéines élastiques intra-fibres.
• Les fibres musculaires, pour leur part, mettent
en tension le tissu conjonctif associatif disposé
en série et en parallèle (Fig. 11.9).
• L'augmentation de tension provoquée au niveau
du tissu conjonctif focalise l'action du fluage.
•
•
•
•
•
•
•
•
Il est ainsi possible d'espérer une diminution de
l'influence de la composante visqueuse et atteindre la plasticité des tissus inertes (conjonctif, collagène et protéines structurales), sans soumettre
le muscle à des tractions quantitatives.
La contraction isométrique dans des positions
excentrées met en jeu les organes tendineux de
Golgi. Ils inhibent le muscle étiré.
Cette contraction musculaire, aussi qualitative
qu'elle soit, ne peut que favoriser la création de
sarcomères en série (principe de Goldspink).
Les différentes plaques motrices et les fibres
musculaires qui en dépendent sont mises en
jeu en fonction de l'évolution de l'amplitude
articulaire.
Elle permet au patient d'auto-gérer la douleur.
L'activité volontaire ciblée permet une réappropriation du contrôle musculaire.
Au niveau cognitif, elle doit s'inscrire dans l'évocation d'un mouvement coordonné finalisé.
Cette contraction doit être maintenue, au minimum, pendant trois secondes.
Elle doit être synchronisée avec le moment
d'expiration le plus profond.
●
Points clés
La contraction isométrique de faible intensité dans
des positions de plus en plus excentrées est, au
même titre que la globalité des étirements et le
fluage, une des bases de la Rééducation Posturale
Globale.
Fibres
musculaires
Le proprioceptif d'inhibition
Allongement
du conjonctif
Les étirements soutenus contre résistance active
de basse intensité pratiqués en RPG permettent
donc l'allongement des structures musculofibreuses rétractées en s'appuyant également sur
des principes issus de la neurologie, à savoir, la
mise en jeu du réflexe myotatique inverse.
●
Points clés
La Rééducation Posturale Globale est une méthode
proprioceptive d'inhibition.
Fig. 11-9. Contraction isométrique en position excentrée
et allongement du tissu conjonctif du muscle.
Mais il est évident que l'inhibition des actions frénatrices a également pour effet la libération du
mouvement.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
La correction des raccourcissements fibromusculaires permet :
• la récupération des amplitudes articulaires physiologiques ;
• une amélioration du rapport des forces aux
allongements, donc de la force active des muscles antérieurement raccourcis ;
• l'augmentation de l'élasticité, donc de la restitution de la force passive ;
• une ré-harmonisation des relations musculaires
antagonistes ;
• une économie d'énergie au niveau des muscles
antagonistes complémentaires ;
• une réorganisation du système somato-sensoriel
et réflexe sur des nouvelles bases.
●
Points clés
Le proprioceptif d'inhibition est également un
moyen d'accéder à la facilitation du mouvement.
Travail actif et apprentissage
Ce n'est qu'au travers d'une action participative
que le patient peut aboutir à une réappropriation
de son système somato-sensoriel et moteur sur
des bases s'approchant de la normalité.
L'évolution progressive de la mise en tension fait
immanquablement apparaître des compensations
répétitives. Leurs corrections doivent l'être tout
autant.
La répétition des phases essai-erreur, par son effet
comparatif, est indispensable à l'apprentissage.
L'expiration
Nous avons vu que la fonction inspiratoire utilise
des muscles qui lui sont propres mais qui s'inscrivent également au sein de différentes chaînes de
coordination neuromusculaire.
Lorsqu'il s'agit de résoudre la composante musculaire d'une pathologie respiratoire, il peut donc
être nécessaire d'employer toutes les familles de
postures de traitement.
L'ouverture d'angle coxo-fémoral permet l'allongement des inspirateurs antérieurs et surtout du
système de suspension du diaphragme. La ferme-
131
ture de l'angle coxo-fémoral est plus efficace au
niveau des spinaux, le resserrement des bras pour
les inspirateurs nucaux et scapulaires ; l'abduction des bras l'est en particulier pour le grand
pectoral.
Étant donné que la « chaîne inspiratoire » utilise
des muscles qui font partie d'autres « chaînes »,
cela signifie également qu'il ne sera possible d'allonger efficacement chacune de celles-ci que si
l'on corrige le blocage inspiratoire qui est une des
expressions de leur raccourcissement.
Quelle que soit la posture employée, l'expiration
doit être suffisamment profonde et prolongée,
pour dépasser le point de raideur des inspirateurs.
Le thérapeute doit donc insister manuellement sur
la descente du thorax en fin d'expiration et principalement sur les parties de celui-ci les plus bloquées en inspiration.
L'allongement du système musculo-fibreux médiastinal suspenseur du centre phrénique ne peut être
obtenu efficacement que grâce à des expirations
paradoxales. Il faut entendre par cette expression
un abaissement volontaire du diaphragme par
l'action des nerfs phréniques, alors que le thérapeute maintient manuellement une traction axiale
excentrique au niveau des insertions supérieures
(tête et cou) de ce système suspenseur10.
●
Points clés
Les postures de traitement insistent toujours sur
l'approfondissement de l'expiration.
Les quatre piliers du traitement –
La sommation des effets
●
Points clés
Cette méthode thérapeutique additionne des
actions dont la justification est issue de domaines
appartenant à la physiologie musculaire (globalité
des étirements et création de sarcomères en série),
à la neurologie (réflexe myotatique inverse) et à la
physique des matériaux élastiques (fluage). Il est
donc possible d'en attendre un effet cumulatif
optimisant le résultat obtenu par chacune d'entre
elles.
10 Du même auteur, La Respiration, Éd. Le Pousoë, 1987.
132
Règles d'application thérapeutique
Les spinaux
Leur allongement justifie un paragraphe particulier, même si celui-ci n'a pour intention que d'aborder, de façon très résumée, leurs compensations
sagittales et leurs corrections11.
Si l'on reprend l'exemple de fermeture d'angle
coxo-fémoral du paragraphe d'identification des
compensations, il est évident que la création d'une
cyphose lombaire lors des étirements des ischiojambiers a déjà été observée en physiothérapie
comme dans le monde du sport. Son contrôle fait
11 Les compensations pluridimensionnelles ont été traitées
dans le livre Les Scolioses, du même auteur, Éd. Masson, 2003.
partie du quotidien des assouplissements des danseurs, gymnastes, athlètes…
Mais l'activation des muscles spinaux, nécessaires
au maintien de la rectitude lombaire, est récupérée en lordose dorsale.
Une traction exercée à partir de la tête est également compensée en rectification dorsale et élévation du thorax. Dans un cas comme dans l'autre,
les spinaux ne sont pas étirés (Fig. 11.10).
●
Points clés
Le respect des courbures physiologiques, ainsi que
l'alignement de la région médiodorsale avec l'apex
du sacrum et l'occipital, est indispensable à l'étirement des muscles spinaux (Fig. 11.11).
Fig. 11-10. La mise en traction des spinaux lombaires et nucaux tend à effacer la cyphose dorsale.
Fig. 11-11. En fermeture comme en ouverture d'angle coxo-fémoral, la traction axiale opérée manuellement par le thérapeute doit s'accompagner d'une récupération des courbures vertébrales physiologiques et de l'alignement des trois points.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
133
Pour maintenir ou retrouver une cyphose dorsale normale lorsque celle-ci tend à s'effacer, la
posture doit s'accompagner d'une expiration
profonde réclamant, la plupart du temps, une
insistance manuelle de la part du thérapeute sur
le thorax supérieur.
De la globalité à l'efficacité
analytique
Un allongement raisonné des muscles postérieurs
des membres inférieurs ne peut se résumer à la
correction d'une éventuelle cyphose lombaire lors
des flexions coxo-fémorales genoux tendus.
La biomécanique indique que, si le triceps sural,
dans son ensemble, provoque l'équin du pied, le
soléaire quant à lui est extenseur de la jambe, tandis que les gastrocnémiens sont fléchisseurs du
genou. Le grand fessier et les pelvitrochantériens
d'une part, les ischio-jambiers d'autre part, opèrent la rétroversion du bassin. Mais les premiers
sont extenseurs du fémur, tandis que les seconds
sont fléchisseurs du genou.
La mise en tension de l'ensemble de ces quatre
groupes suppose donc la dorsiflexion du pied,
l'extension du genou et la flexion coxo-fémorale
(Fig. 11.12).
Mais en fonction de l'intention thérapeutique, l'allongement du soléaire et de l'ensemble grand fessier-pelvitrochantériens demande de privilégier la
dorsiflexion des pieds et la flexion coxo-fémorale,
avec contrôle de la région lombaire, sans insister
de façon exagérée sur l'extension des genoux.
À l'inverse, l'étirement des gastrocnémiens et des
ischio-jambiers réclame en plus de la dorsiflexion
du pied, de la flexion coxo-fémorale et du contrôle
du bassin, une insistance particulière sur l'extension des genoux sans toutefois en accepter le
recurvatum.
Il ne s'agit là que d'un exemple. Cette complexité
se retrouve à tous les niveaux et est observable
dans tous les plans de l'espace. Mais l'observation
alliée à la connaissance de l'anatomie et de la physiologie musculaire permet non seulement d'établir une tension globale en cours de posture
comme d'agir avec plus d'efficacité au niveau de
tel ou tel segment.
Fig. 11-12. Étirement des muscles postérieurs des membres inférieurs, par la dorsiflexion du pied, l'extension du
genou, la flexion coxo-fémorale, l'appui du bassin au sol et
le contrôle de la rectitude lombaire
●
Points clés
Au sein d'une mise en tension progressivement
globale il est possible d'insister spécifiquement
sur les muscles les plus rétractés.
La position assise
Elle est emblématique des problèmes que ne
manquent pas de poser les positions maintenues
durablement et les activités répétitives. Elle permet également de démontrer, de la façon la plus
claire, à quel point une position apparemment
facilement caractérisable dépend de différentes
« chaînes musculaires », combien elle peut affecter leur longueur et nécessiter un traitement
plus complexe que celui auquel on pourrait
s'attendre.
La position assise, surtout lorsqu'elle s'accompagne d'attention visuelle, revêt un caractère « fœtal »,
dans la mesure où elle crée un enroulement antérieur. La flexion coxo-fémorale maintenue favorise
la rétraction des muscles psoas-iliaque et adducteurs du pubis, la projection de la tête vers l'avant,
134
Règles d'application thérapeutique
celle de tous les muscles antérieurs du cou
(Fig. 11.13).
C'est dans son ensemble la « chaîne maîtresse
antérieure » qui se trouve raccourcie.
Fig. 11-13. Les inconvénients de la position assise.
Cela requiert des postures en ouverture d'angle
coxo-fémoral, éventuellement associées à des
écartements des bras (Fig. 11.14 et 11.15).
Mais si en position assise, de par la flexion des
genoux, ni les gastrocnémiens ni les ischiojambiers ne sont mis en tension, par contre les
grands fessiers et les pelvitrochantériens le sont, à
cause de la flexion coxo-fémorale. En cas de raideur, ils postériorisent le bassin et cyphosent la
région lombaire. La tête doit alors compenser par
une projection antérieure.
Une bonne longueur des muscles postérieurs de la
hanche est donc, non seulement, nécessaire pour
éviter les lombalgies dues à la cyphose de la position assise, mais également pour éviter la propulsion de la tête en avant et la rétraction des muscles
antérieurs du cou qui s'en suit.
Les positions assises qui entraînent une cyphose
lombaire nécessitent donc également des postures
de fermeture d'angle coxo-fémoral, insistant sur
l'allongement des muscles grands fessiers et
pelvitrochantériens.
Fig. 11-14. Modèles de postures utilisées pour remédier aux méfaits de la position assise.
Fig. 11-15. Modèles de postures utilisées pour remédier aux méfaits de la position assise.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
Les dysfonctionnements
qualitatifs et la nécessité
de leur correction
En fonction du tableau clinique présenté ou des
révélations qu'occasionnent les mises en globalité,
l'intention thérapeutique peut amener à opérer
des corrections extrêmement délicates : problèmes
crânio-cervicaux en relation avec les muscles
moteurs oculaires, pathologies des doigts de la
main, de la plante du pied. Dans ce cas, l'importance des compensations qui se créent immédiatement et qu'il convient, bien évidemment, de
corriger conjointement, démontre à quel point
le système neurophysiologique musculaire possède une coordination hiérarchiquement finalisée
se manifestant par une très grande qualité fonctionnelle au niveau de la tête et des extrémités
des membres.
Les déséquilibres tensionnels des muscles moteurs
oculaires créent immédiatement des compensations céphaliques et cervicales spectaculaires
(Fig. 11.16 a et b12).
L'extension des poignets et des doigts associée à
l'abduction du pouce entraîne une rotation
12 Photographies : cours de RPG - Buenos Aires,
août 2010.
135
externe du membre supérieur très importante, en
accord avec la facilitation de coordination gestuelle d'ouverture de la main pour donner un
objet (Fig. 11.17 a et b13).
En fin de posture d'ouverture d'angle coxo-fémoral
en décubitus, le fait d'axer la tête du premier métatarsien dans le plan vertical, plaçant ainsi l'ensemble
de la plante du pied dans la situation physiologique
qui est la sienne en position d'appui au sol, provoque
une forte rotation interne des membres inférieurs.
Elle confirme la prépondérance, en coordination
statique, de l'adduction-rotation interne lors de la
station érigée (Fig. 11.18 a et b14).
Il convient donc d'être très attentif aux déséquilibres statiques et aux dysfonctionnements dynamiques qualitatifs des muscles moteurs oculaires,
de ceux de la main et du pied. Leurs pathologies
sont lourdes de conséquences.
●
Points clés
En cours de posture, il est fréquent de devoir opérer de très fines corrections au niveau crâniocervical, de la main ou du pied, soit parce que des
disfonctionnements à ce niveau font partie du
cadre clinique, soit parce qu'ils sont affectés par
l'évolution de la mise en tension.
13 Idem.
14 Photographies : cours de RPG - Buenos Aires, août
2010.
Fig. 11-16. a. Mouvement oculaire sans compensation. b. Mouvement oculaire avec compensation de la tête et du cou.
136
Règles d'application thérapeutique
b
Fig. 11-17. a. Axation normale de l'humérus en rotation. b. Rotation externe de l'humérus lors de l'extension du poignet et
des doigts et de l'abduction du pouce.
b
Fig. 11.18. a. Le positionnement des genoux en bonne rotation crée une compensation en supination des pieds. b. L'appui
correct des pieds entraîne une forte rotation interne des genoux.
Modélisation de l'ordre de
correction en cours de séance
A
Cette modélisation schématique ne peut évidemment rendre compte de la pluridimensionalité
des pathologies musculo-squelettiques. Elle ne
donne qu'une idée générale de la chronologie
habituelle d'évolution d'une séance.
La figure 11.19 représente trois segments osseux
A, B, C et les muscles qui les sous-tendent, dans
leur disposition agoniste et antagoniste normale.
B
C
Fig. 11-19. Situation normale.
La figure 11.20 symbolise une déformation
morphologique.
En cas de lésion articulaire, matérialisée par le
point de contact entre l'os A et l'os B, les inter-
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
137
D
F
D
O
O
F
O
A
T
B
C
A
Fig. 11-20. Déformation morphologique.
A : os de référence. O : muscle rétracté offensif. D : Muscle
défensif. T : muscle transmetteur. F : muscle fixateur.
actions musculaires sont schématiquement les
mêmes (Fig. 11.21).
La figure 11.22 montre le maintien de l'os de
référence A, associé à la correction passive de l'os
B. Celle-ci entraîne la compensation de l'os C.
Maintien de A et correction simultanée de B et C,
en décoaptation (Fig. 11.23).
La figure 11.24 représente la contraction isométrique en position excentrée du muscle offensif O
et du muscle fixateur F.
D
F
O
B
T
C
Fig. 11-24. Contraction isométrique en position excentrée
du muscle offensif O, puis du muscle fixateur F.
Indications thérapeutiques
La Rééducation Posturale Globale s'adresse à
toutes les pathologies du ressort de la physiothérapie.
Problèmes morphologiques
Il s'agit de la vocation première de la RPG, qui
s'applique à tous les dysmorphismes, de la colonne
vertébrale ou des membres.
O
A
T
B
C
Lésions articulaires
Tous les problèmes articulaires de caractère
mécanique doivent être traités conjointement à
la morphologie. Les cervicalgies et les lombalgies, s'accompagnant ou non de discopathies,
sont les pathologies le plus fréquemment
rencontrées.
Fig. 11-21. Lésion articulaire.
D
F
T
B
C
O
A
Problèmes post-traumatiques
Fig. 11-22. La correction manuelle de l'os B met en tension
passive le muscle offensif O mais provoque une compensation de l'os C, due au muscle fixateur F.
D
A
Que ceux-ci aient donné lieu à immobilisation ou
non, ils s'accompagnent de rétractions musculaires et de limitations d'amplitudes articulaires qui
doivent être corrigées.
F
O
B
T
C
Fig. 11-23. Correction manuelle de l'os C. Allongement
passif du muscle F. Maintien de la traction axiale et de la
décoaptation.
Pathologies neurologiques
spastiques
Elles constituent l'archétype des pathologies
rétractiles organisées.
138
Règles d'application thérapeutique
Pathologies respiratoires
Quelle que soit leur étiologie, elles se manifestent
mécaniquement par un blocage respiratoire qui
réduit les échanges.
Durée et rythme des séances
Chaque séance de RPG comporte, en général,
deux postures d'une durée d'environ une demiheure chacune, entrecoupées de périodes de repos.
Tout dépend, en dernier ressort, du patient et de
la pathologie présentée. Ces séances sont évidemment individuelles.
Lorsqu'il s'agit de rééducation (dysmorphismes,
pathologies neurologiques, post-traumatiques
ou respiratoires), le rythme est, en général, hebdomadaire.
Dans le cas de problèmes douloureux ou de risque
évolutif rapide de la pathologie, les séances peuvent être renouvelées plusieurs fois par semaine,
sans inconvénient.
Cas spécifiques
Certaines rétractions concernent le tissu conjonctif périarticulaire ou cutané. Les rétractions s'y
manifestent de façon encore plus importante
qu'au niveau du tissu musculo-fibreux.
Lors de la mise en tension, la résistance apparaît
en premier lieu à leur niveau. Cela ne rend que
plus précieux la lenteur des étirements, les décoaptations et le fluage.
Réactions et limites
Il est parfois possible de noter des légères réactions de type parasympaticotoniques.
Les limites sont celles de la physiothérapie.
Arrêt de traitement
Au nom de la recherche de la perfection, un traitement pourrait être maintenu indéfiniment…
entraînant des abus qui sont connus. Une bonne
thérapie se doit non seulement d'être efficace mais
également, dans la mesure du possible, rapide et
définitive. Si ce n'est pas le cas, elle doit être modifiée ou substituée.
Lorsque le cadre clinique est corrigé, la morphologie améliorée et stabilisée, le traitement peut
être interrompu. En fonction des circonstances,
des contrôles périodiques doivent être organisés.
Ils sont particulièrement précieux dans les cas de
pathologies neurologiques spastiques, qui ont
tendance à régresser et quand il s'agit de scolioses
d'adolescents, qui s'aggravent spontanément, surtout en période pré-pubertaire.
Dans les commentaires faits au patient, aucun
cadre ne doit être noirci de façon injustifiée.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
139
Exemples de positionnements et d'interventions
manuelles du thérapeute, en fonction
des besoins et des postures15
Fig. 11-25. Traction de l'occipital et de la nuque, main en opposition sur le thorax, en ouverture d'angle coxo-fémoral,
bras serrés.
Fig. 11-26. Correction de cervicales dans la même posture.
▲
15 Photographies : Centro di rieducazione posturale globale, Casa di cura Pio XI, Rome.
140
Règles d'application thérapeutique
▲
Fig. 11-27. Correction de l'enroulement de l'épaule avec traction de nuque.
Fig. 11-28. Correction cervico-scapulaire.
Fig. 11-29. Décoaptation scapulo-humérale et traction axiale du bras, dans un syndrome d'impact.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
141
Fig. 11-30. Correction de l'épaule, du coude, du poignet et des doigts, en adduction des bras.
Fig. 11-31. Décoaptation lombaire par pompage du sacrum – contrôle de la région lombaire.
▲
Fig. 11-32. Correction lombaire, en décoaptation par pompage du sacrum.
142
Règles d'application thérapeutique
▲
Fig. 11-33. Mise en tension des adducteurs pubiens
avec contrôle lombaire.
Fig. 11-34. Correction des pieds en équin avec contrôle du
genou.
Fig. 11-35. Étirement du droit fémoral, pieds en équin, avec contrôle de la lordose lombaire par propulsion du pubis.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
143
Fig. 11-36. Traction-décoaptation des vertèbres dorsales permettant éventuellement la détorsion en cas de scoliose.
Fig. 11-37. Décoaptation scapulo-humérale, en posture de bras en abduction.
▲
Fig. 11-38. Correction de l'épaule, du coude, du poignet et des doigts, en abduction des bras.
144
Règles d'application thérapeutique
▲
Fig. 11-39. Décoaptation lombaire par pompage du sacrum, en fermeture d'angle coxo-fémoral, bras serrés.
Fig. 11-40. Correction de la rotation des genoux, en fermeture d'angle coxo-fémoral, pieds en dorsiflexion.
Fig. 11-41. Correction des pieds en fermeture coxofémorale.
Chapitre 11. La mise en tension – Les corrections…
145
Fig. 11-42. Traction de la nuque, main en opposition sur le thorax, en fermeture d'angle coxo-fémoral, bras en
abduction.
Fig. 11-44. Posture assis avec resserrement des genoux
– variante pelvitrochantériens.
▲
Fig. 11-43. Traction des spinaux à partir de la tête, associée à une correction de la rectification dorsale, en posture assis.
146
Règles d'application thérapeutique
▲
Fig.11-45. Traction axiale à partir de la tête, dans la posture debout contre le mur.
Fig. 11-46. Traction à partir de l'occipital, avec correction de l'hyperlordose lombaire, posture debout au milieu.
Fig. 11-47. Décoaptation et correction lombaire
dans la posture penché en avant.
Fig. 11-48. Traction à partir de la tête, dans la posture
debout penché en avant.
Chapitre 12
L'intégration des résultats
Proprioceptivité – Posture
et Mouvement
Les messages transmis par les mécanorécepteurs
sont utilisés aussi bien dans les activités gestuelles
volontaires que dans le maintien automatique de
la posture.
Or, si les nocicepteurs sont discriminatifs au regard
de la pathologie, les fuseaux neuromusculaires et
les organes tendineux de Golgi transmettent en
temps réel des informations sur des modifications
de longueur ou de tension à partir de situations
d'origine auxquelles ils sont capables de s'adapter,
qu'elles soient physiologiques ou pathologiques.
En effet, la co-activation fibre musculaire-fuseau
entraîne que leur longueur, donc leur éventuel
raccourcissement, évolue de façon conjointe.
Par ailleurs, la tension musculaire dont rendent
compte les organes tendineux de Golgi n'augmente pas si le raccourcissement d'un muscle a
donné lieu à une désaxation segmentaire
stabilisée.
Le système nerveux central fixe alors le niveau de
feed-back dont il a besoin pour accomplir ses
tâches, à partir d'informations ne correspondant
plus à la normalité. Un cercle vicieux est créé.
●
Points clés
La proprioceptivité est omniprésente et dépendante de ses sources.
Posture et automaticité
Après l'application d'un traitement, ce n'est donc
que lorsque les rétractions musculaires ont été
corrigées et que la modification posturale peut
être maintenue sans intervention de la volonté et
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
en accord avec les règles des mécanismes de
défense, qu'il devient possible d'envisager qu'elle
soit engrammée.
Aussi précieuse que soit la participation active du
patient en cours de séance et indispensables les
contractions musculaires isométriques, elles ne
sont qu'un moyen provisoire d'atteindre les objectifs fixés.
●
Points clés
La gestion de la posture est indépendante de la
volonté. Rien de nouveau ne peut être enregistré
au niveau des centres de contrôle qui n'ait été
préalablement corrigé.
Geste et contrôle volontaire
Les informations fournies par les mécanorécepteurs sur la disponibilité de l'appareil musculosquelettique à produire un geste doivent également
passer par le filtre des mécanismes d'adaptation et
de défense.
Un mouvement ne peut s'effectuer normalement
s'il est freiné ou douloureux.
●
Points clés
La coordination gestuelle dépend également de la
résolution préalable des disfonctionnements musculo-articulaires.
Qu'il s'agisse d'altération de la posture ou du
mouvement, un traitement ne peut être qualifié
de « proprioceptif » que si les éléments musculoarticulaires à la base de ces informations proprioceptives sont corrigés.
Dans tous les cas, le principe de causalité est
récurrent.
148
Règles d'application thérapeutique
Les causes de retard
à l'intégration
Outre le fait que le problème causal n'est pas
résolu, divers inconvénients sont identifiables.
Conscience corporelle
Certains patients présentent préalablement des
difficultés lorsqu'il s'agit de coordination fine.
La chronicité
Plus une pathologie est ancienne, plus elle est évidemment engrammée.
La persistance d'une frontière
de douleur
Après une séance de traitement, il est fréquent de
constater le progrès angulaire d'une articulation
douloureuse sans qu'il ait été possible de libérer la
totalité de son amplitude. Le mouvement est
encore sanctionné par une douleur à un autre
niveau.
Dans ce cas, le principe de précaution des mécanismes de défense impose une position antalgique
ou un arrêt du mouvement à une distance respectueuse de la frontière de la douleur.
L'intégralité du progrès constaté ne sera pas maintenue d'une séance à l'autre.
Les résultats spectaculaires
Plus les progrès sont notables entre le début et la
fin de la séance, plus ils peuvent poser problème
en vue d'une intégration immédiate.
Les spécifications fonctionnelles
Les objectifs fonctionnels ont été identifiés et
amplement développés dans les chapitres précédents. Il en ressort une cohérence absolue de l'ensemble du système neuromusculaire mais aussi
une hiérarchisation des fonctions et de la richesse
des informations qui y sont attachées.
La finalité de la bipédie, matérialisée par l'horizontalité du regard et l'appui du pied au sol, bénéficie des informations visuelles, vestibulaires et
proprioceptives nucales d'une part, et des nombreux récepteurs plantaires d'autre part.
La main, aboutissement du geste, est particulièrement riche en récepteurs tactiles (sensibilité thermique et à la douleur de la pointe des doigts).
D'autres segments corporels ont des spécifications
moins élaborées et ne véhiculent que des informations proportionnées à leur fonction.
Nous avons vu que leurs pathologies sont moins
lourdes de conséquences. Elles n'en sont que plus
facilement acceptées.
C'est ainsi que des adolescents hyper-cyphotiques
se retrouvent en rupture d'information et de
contrôle au niveau du rachis dorsal et peuvent se
montrer incapables d'effectuer une postéro-flexion
dorsale, même en l'absence de toute douleur.
En fin de séance, quelques minutes consacrées aux
intégrations peuvent donc être nécessaires.
Suivant le type de la pathologie, elles sont dynamiques ou statiques.
Il ne faut pas perdre de vue que la RPG a pour but
d'inhiber les inhibitions que constituent les rétractions musculo-fibreuses. En dernier ressort, l'objectif est donc de libérer les mouvements et de
récupérer la force active et passive des muscles
anciennement raccourcis.
Les intégrations sont un bon moyen de contrôler
les progrès. Leur effet psychologique n'est pas
négligeable et elles sont le premier pas sur la voie
de la mémorisation.
Intégrations dynamiques
Objectif
Permettre au patient de réaliser et reproduire le
mouvement physiologique désiré, dans un geste
global finalisé, de grande vélocité.
Chapitre 12. L'intégration des résultats
149
Estimation de fin de traitement
Choix des positions d'intégration
La nécessité de l'intégration s'évalue en fonction
des éventuelles causes de retard rencontrées.
Le geste sélectionné doit être d'usage courant,
ce qui peut nécessiter un choix d'exercices
personnalisés.
L'intégration se fait patient debout, assis ou dans
les deux positions, en accord avec l'importance
des problèmes posturaux présentés initialement,
dans un cas ou dans un autre.
Progression
Des aides extéroceptives sont acceptables au départ :
• auto-observation devant un miroir ;
• sollicitation manuelle du thérapeute ;
• etc.
Ces aides doivent être abolies au fur et à mesure.
Le geste souhaité doit se réaliser sans douleur et
sans compensation. La progression ne peut s'effectuer qu'en fonction de la capacité du patient à
contrôler son propre mouvement. L'accélération
du rythme permet de diminuer l'importance du
contrôle cortical.
Répétitions personnelles
Elles sont évidemment souhaitables, au rythme de
quelques minutes par jour.
Les autopostures de RPG permettant de pérenniser les résultats seront traitées dans la quatrième
partie.
Intégrations statiques
Objectif
Elles doivent permettre d'obtenir la posture la plus
proche possible du résultat espéré, sans effort du
patient et avec sensation d'équilibre confortable.
Évaluation de fin de traitement
Le patient en position debout ou assis doit montrer une posture en accord avec les objectifs fixés
en début de séance. Si ce n'est pas le cas, ou si le
patient ne se sent pas parfaitement bien dans cette
position, une intégration de quelques instants doit
avoir lieu.
Progression
Le thérapeute procède à un balancement manuel
correctif très délicat des segments vertébrothoraciques présentant encore des difficultés. Le
déséquilibre pondéral d'appui occasionné est
récupéré en demandant au patient de rééquilibrer
la pression au niveau de ses plantes du pied ou des
ischions.
L'évolution se fait :
• devant le miroir ;
• sans le miroir ;
• yeux fermés.
Si la main du thérapeute rencontre une résistance,
cela traduit la présence de rétractions musculaires
non corrigées. L'intégration est inutile au-delà de
cette frontière.
Ce balancement se répète, en général, trois fois au
maximum. Il est suivi d'une nouvelle observation
et d'un nouveau questionnement du patient sur le
confort de sa position.
Analyse des insuffisances
des résultats
Qu'il s'agisse de problème de rééducation posttraumatique, neurologique ou respiratoire, de
traitement de douleurs musculo-articulaires ou
d'altération de la posture, les causes de l'échec
d'une séance sont basiquement de trois types.
Dans l'ordre d'importance :
• la cause n'a pas été résolue ;
• le choix de posture de traitement n'est pas le
bon ;
• la mise en globalité et/ou le travail actif ont été
insuffisants.
La suite du traitement doit, bien entendu, être
ajustée en fonction de cette analyse critique.
Chapitre 13
Les autopostures de la
Rééducation Posturale Globale
Principes et applications
du Stretching Global Actif SGA
Définition
Les autopostures de la RPG, comme leur nom
l'indique, se pratiquent sans l'intervention manuelle du physiothérapeute. Elles ne sont donc pas
thérapeutiques. Elles ont pour rôle la prévention,
l'entretien et la préparation physique.
De façon à éviter toute confusion, elles ont donc
été regroupées sous le vocable de Stretching
Global Actif.
Cette expression a en outre pour but de mettre
immédiatement en évidence les deux principales
originalités de ces autopostures dérivées de la
RPG : la globalité des étirements et la résistance
que le pratiquant doit opposer à ceux-ci.
La validité d'une méthode de stretching se mesure
évidemment à l'aune des allongements obtenus
mais également, d'une façon plus large, à sa capacité de facilitation et d'harmonisation des activités
contractiles agonistes-antagonistes.
Nous avons vu que la capacité de passer de l'inhibition provisoire, liée aux étirements, à la facilitation, suppose un travail actif puisant ses sources
dans la neurophysiologie.
●
Points clés
Dans le cadre plus restreint qui est le sien, le
Stretching Global Actif est fondé sur tous les principes de la Rééducation Posturale Globale.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
En fonction de quoi le SGA se distingue particulièrement sur les points suivants :
• la lenteur des progressions ;
• le temps de maintien de l'allongement ;
• la globalité des étirements et leur cohérence en
fonction de l'organisation des chaînes de coordination neuromusculaire ;
• le contrôle des compensations ;
• les contractions de basse intensité des muscles
étirés ;
• le soin apporté à l'étirement des muscles de la
colonne vertébrale ;
• l'expiration profonde.
La prévention
D'une façon générale, la prévention prend chaque
jour, et à juste titre, une place plus importante
dans notre société. Son importance vis-à-vis des
accidents du travail est connue. La prévention
des stress psychologiques est de plus en plus
évoquée.
Mais elle devrait également concerner toutes les
pathologies musculo-articulaires causées ou favorisées par les activités professionnelles.
Le coût de ces pathologies en matière de souffrance n'a jamais été acceptable ; leur poids économique est devenu ingérable.
154
Les autopostures
Les améliorations apportées au mobilier scolaire,
les aménagements des postes de travail, l'ergonomie en général, constituent des avancées remarquables mais qui ont, elles aussi, un prix qui ne les
rend malheureusement pas accessibles à tous.
Quoi qu'il en soit, l'outil le plus précieux est le
corps même du travailleur et il est impossible de le
mettre à l'abri de tous les incidents. Il y aura toujours un stylo qui glissera sous une table, un tiroir
situé en hauteur ou un siège inadapté.
La pénibilité au travail est souvent inévitable. Elle
ne se mesure pas uniquement selon l'importance
des efforts physiques consentis mais, également,
en fonction du caractère répétitif des gestes et du
temps passé dans les positions qu'impose l'activité : debout, penché en avant ou assis.
Dans certains cas, la bipédie n'est plus qu'un souvenir. D'Homo erectus, l'homme est devenu Homo
sedutus de tant d'heures passées vissé sur un
siège.
C'est par trop optimiste de penser que cela peut
être sans incidence sur la physiologie musculaire.
Les activités professionnelles doivent être considérées, sans doute, comme le principal élément accélérateur du processus vicieux qui mène de la
rétraction musculaire aux altérations morphologiques puis aux douleurs articulaires. La colonne
vertébrale est particulièrement visée.
Les activités physiques sont présentées comme
l'alternative à cet engrenage.
Elles ne sont pas à remettre en question si ce n'est
qu'elles ne s'opposent pas en tout point aux
méfaits du sédentarisme.
La contraction musculaire concentrique est en
effet l'essence de toute activité sportive, aussi
recommandable qu'elle soit. Cela ne peut
donc, en aucun cas, résoudre le problème de la
rétraction musculaire, dont il faut rappeler
qu'elle est comparable à un état de contraction
permanente. Elle peut même l'aggraver, suivant
le type d'activité physique, son intensité et sa
fréquence.
L'allongement musculaire est indispensable dans
tous les cas.
Il permet l'adaptabilité du corps aux conditions de
travail, en évitant la fixation de raideurs ankylosan-
tes. Il gomme les inconvénients des activités sportives, leur permettant ainsi de conserver leurs
vertus intrinsèques.
L'entretien
Le maintien ou l'entretien qualifie plus particulièrement la prévention de rechutes pour des patients
ayant déjà présenté des épisodes pathologiques.
Sachant qu'il ne sera pas possible d'exonérer le
patient de futures agressions, surtout lorsque la
pratique professionnelle ou sportive est génératrice de risques, la pérennité des résultats passe en
partie par la pratique des autopostures. Plus un
épisode a été douloureux, plus celui qui en a été
victime est demandeur de ce travail d'entretien.
La préparation physique
Elle est la condition sine qua non de la performance athlétique. Il lui faut privilégier, suivant les
cas, la force, l'endurance, la vitesse ou l'explosivité. Pour cela elle doit répondre fondamentalement à deux exigences : le développement de la
force active et l'amélioration de la souplesse.
Ces deux paramètres ne peuvent être abordés sous
une forme antagoniste simpliste au risque d'insulter la complexité de la physiologie neuromusculaire.
La suprématie que le dogme du renforcement
musculaire à tout prix a exercée, pendant des
décennies, sur le monde de la rééducation et du
sport méritait un réexamen. Sa responsabilité dans
le raccourcissement musculaire devait être identifiée. Cela a fait l'objet des premiers chapitres de
cet ouvrage.
Mais un excès ne doit pas se substituer à un autre
et une discussion raisonnée peut avoir pour point
de départ la mise en évidence basique des limites
réciproques des deux concepts : la musculation et
la répétition des activités concentriques n'allongent pas, elles enraidissent ; le stretching n'augmente pas la surface de section transversale du
muscle (cross section area). Le bon sens n'est pas
un vilain défaut.
Chapitre 13. Les autopostures de la Rééducation Posturale Globale
Si des allongements musculaires bien conduits
sont indispensables à la préparation physique, ils
ne sont donc pas les seuls éléments à prendre en
considération. Mais dans le cadre de leur responsabilité, ils doivent être de la plus grande efficacité,
ce qui amène à remettre en question les exercices
traditionnels.
C'est dans ces conditions différentes qu'ils se
montrent les plus facilitateurs des activités dynamiques.
Adaptation des principes
La nécessité d'une mise en tension progressivement globale a été précédemment justifiée. La
façon de procéder pour l'obtenir a été explicitée.
Mais la pratique des autopostures impose des restrictions et des aménagements par rapport aux
séances de RPG.
En l'absence de la main du thérapeute, les décoaptations et les fines détorsions articulaires ne sont
plus assurées.
Les analgésies liées aux corrections manuelles ne
sont plus possibles.
Les progrès en amplitude articulaire et en allongement musculaire dépendent exclusivement de
l'action du pratiquant.
Ces trois points suffisent, à eux seuls, à marquer la
différence avec la thérapie. Mais pour l'essentiel il
est possible de conserver le type de postures
employées dans les traitements.
155
cieux dans le monde du travail. Cette évolution
n'a réclamé aucune modification des principes
d'application ni des autopostures. Mais les besoins
d'un sédentaire ne sont pas ceux d'un sportif.
Il est donc évident que le rythme, l'intensité et la
durée des séances dépendent des possibilités du
pratiquant lui-même et de ses attentes.
Si, en l'absence de contre-indication médicale,
rien n'empêche la pratique de ces autopostures
qui ont d'ailleurs été déjà détaillées et illustrées17,
il est préférable qu'elles soient sélectionnées et
dirigées par un professionnel formé à la
méthode.
Comme dans quelque type d'activité que ce soit, la
pratique en groupe peut favoriser la motivation.
La pratique du SGA
Comme son nom l'indique, le Stretching Global
Actif peut prendre en compte tous les raccourcissements musculaires, quelle qu'en soit la localisation.
À ses débuts, le SGA était destiné à la préparation
physique athlétique16. Il s'est révélé tout aussi pré-
Dans tous les cas, la présence d'une personne formée à la méthode, capable de diriger la séance
d'autopostures, est donc souhaitable.
Cela permet :
• de choisir les autopostures et de les alterner ;
• d'adapter la durée de la séance ;
• de contrôler son rythme ;
• d'ajuster les plages de repos ;
• d'inciter les pratiquants à auto-corriger les
compensations ;
• d'éviter toute action intempestive ;
• de prendre en compte la sensibilité de chacun ;
• etc.
Le SGA peut se pratiquer sur un tapis de gymnastique de consistance semi-dure.
Les étirements doivent être maintenus le plus
longtemps possible, en fonction des possibilités de
chacun.
Les contractions isométriques de faible intensité
en cours d'allongement doivent être réalisées
lorsque le progrès n'est plus possible. Le relâchement qu'elles provoquent permet de continuer
l'évolution.
16 Du même auteur, De la Perfection musculaire à la
Performance sportive, Éd. Désiris, 1994.
17 Du même auteur, Le Stretching Global Actif,
Éd. Désiris, Distribution Le Pousoë, 1996.
Les besoins spécifiques
156
Les autopostures
Les séances de groupe permettant de former des
couples de travail, ces contractions sont obtenues
avec ou sans l'aide d'un partenaire. Mais il doit
être bien clair que l'assistant ne fait que maintenir,
sans forcer, la position d'étirement obtenue par le
pratiquant lui-même, lorsque survient le moment
de la contraction isométrique.
Comme c'est le cas en RPG, celle-ci doit être
maintenue pendant trois secondes, à la fin d'une
expiration profonde.
Le temps d'une séance de SGA peut varier de
15 min. à 1 heure, en fonction des conditions et
des besoins.
●
Points clés
Les évolutions sont lentes.
Les compensations doivent être contrôlées.
Les contractions isométriques interviennent, à la
fin d'une expiration profonde, lorsque l'évolution
n'est plus possible.
Elles sont de basse intensité et doivent être maintenues trois secondes.
Aucun exercice ne doit être forcé.
Limites
Par le fait même que les mises en tension progressivement globales se font en évitant les compensations, elles peuvent révéler d'anciens problèmes
ou douleurs occultés grâce à des défenses musculaires fixées.
Il convient alors d'envisager des séances de
Rééducation Posturale Globale, avec physiothérapeute RPGiste.
Chapitre 14
La préparation sportive
Importance des étirements
dans la préparation physique
Aucune activité sportive ne peut s'exonérer d'une
bonne extensibilité musculaire. Certaines réclament des amplitudes articulaires particulièrement
importantes (gymnastique, danse, patinage, etc.)
Le SGA a pour but d'obtenir, de retrouver ou de
maintenir la longueur musculaire nécessaire à l'accomplissement des activités déployées.
Cette notion d'extensibilité (ou compliance) est à
opposer à celle de raideur, qui peut se définir par
l'importance de la force de tension que le muscle
oppose à son allongement. Elle dépend de l'élasticité des tissus telle qu'elle a été définie dans le chapitre 9. Dans le monde sportif, le terme de
souplesse lui est fréquemment préféré.
Les différentes approches
On dénombre :
• le stretching passif ;
• le stretching accompagné de la contraction
volontaire maximale du muscle antagoniste
pendant l'étirement de l'agoniste, ou précédé
de celle également maximale du muscle agoniste
(type PNF). Ces étirements sont généralement
considérés plus efficaces grâce à leur action inhibitrice sur les motoneurones (Enoka et coll.,
1980 ; Guissard et coll., 1988 ; Moore et Kukuka,
1991 ; Magnusson et coll., 1995) ;
• les alternances souples ;
• les étirements dynamiques contre résistance
(type Pilates) ;
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
• le Stretching Global Actif (SGA), qui se pratique avec contractions soutenues, de basse intensité, des muscles étirés.
La relation force-élasticité –
Le cycle étirementraccourcissement
La force musculaire globalement développée est
liée, pour partie, à l'élasticité musculaire.
L'histoire et l'actualité des travaux sur le cycle étirement-raccourcissement ou « stretch shortening
cycle » ont été bien synthétisées par Gilles Cometti,
au travers de différents articles.
On parle de stretch shortening cycle lorsqu'un muscle en tension est soumis à un étirement suivi
immédiatement d'une contraction concentrique.
À la suite des travaux de Bosco (1985) et de l'école
italienne sur des sauts réalisés dans différentes
conditions et impliquant la flexion des membres
inférieurs, l'expression Pliométrie a également été
employée. Elle continue à l'être pour qualifier certains types d'entraînement.
Quelle que soit l'étymologie de ce mot, il convient
de remarquer que ce cycle de pré-tension suivi de
contraction concerne, bien évidemment, aussi les
membres supérieurs et qu'à leur niveau les préétirements précédant la contraction se font en
extension.
Il est donc préférable dans tous les cas de parler de
cycle étirement-raccourcissement.
Zatsiorski, en 1966, avait déjà souligné l'efficacité
des enchaînements dans les sauts en contrebas. La
force développée y est d'une fois et demie à deux
158
Les autopostures
fois supérieure à la force maximale en isométrie
(Fig. 14.1).
Deux pistes capables d'expliquer cette différence
se sont dégagées :
• la restitution de force passive élastique ;
• le réflexe myotatique.
Bosco, en 1985, a établi la relation force-vitesse au
niveau du genou entre les squat-jumps (sauts
départ genoux fléchis à 90 degrés) et les dropjumps (sauts en contrebas). La force et la vitesse
sont nettement supérieures dans le deuxième cas.
Il en a attribué la responsabilité pour 70 % à l'élasticité musculaire et pour 30 % au réflexe myotatique direct.
L'importance de ce dernier a été également mise
en évidence par Smidtbleicher (1985).
Pour Fukunaga et coll. (1996), l'essentiel de la
restitution de force passive vient des tendons.
Komi (2003) relève que l'importance relative des
actions élastiques des fibres musculaires ou des
tendons dépend du muscle considéré (voir aussi
Chapitre 1).
●
Points clés
L'efficacité du cycle étirement-raccourcissement
dépend de l'élasticité des tissus musculo-fibreux
et du réflexe myotatique direct.
Smidtbleicher a également démontré l'influence
de l'entraînement sur la contraction musculaire
dans les sauts en contrebas. L'athlète entraîné
opère une pré-activation musculaire avant impact,
lui permettant de mieux synchroniser la contraction volontaire avec le réflexe myotatique.
Il distingue également des cycles d'étirementraccourcissement à caractère plus lent, de 300 à
500 ms (saut en contre en volley-ball ou tir en
basket) ou plus rapide, de 100 à 200 ms (course,
saut en hauteur ou en longueur).
Kamen (2005) identifie trois facteurs nerveux
contribuant à l'efficacité du cycle étirementraccourcissement :
• le recrutement spatial des unités motrices ;
• leur recrutement temporel (augmentation de la
fréquence de décharge) ;
• la synchronisation des unités motrices (Fig. 14.2).
Fig. 14-1. La force développée lors d'un saut en contrebas représente de 150 % à 200 % de la force maximale isométrique.
Chapitre 14. La préparation sportive
159
Recrutement :
activation plus
rapide
Facteurs
nerveux et
entraînement
dynamique
Augmentation
de la
fréquence des
impulsions
Amélioration
de la
synchronisation
MUSCLE
Élasticité
TENDON
Réflexe
myotatique
direct
d’étirement
Fig. 14-2. Les mécanismes intervenant dans le cycle étirement-raccourcissement (d'après Gilles Cometti).
Si beaucoup de disciplines sportives bénéficient
du cycle étirement-raccourcissement, certaines en
sont exclues (un haltérophile doit se stabiliser
avant de produire son effort). Ces activités de
force dépendent plus de la surface de section
transversale du muscle (cross section area).
Cycle étirementraccourcissement
et raideur musculaire
Depuis les travaux de Wilson et coll. (1992 et
1994), l'intérêt d'une certaine raideur musculaire
a été évoqué. Son rôle serait de réduire le temps
de latence de mise en tension des structures élastiques dans les contractions concentriques et donc
d'accélérer la vitesse de transmission des forces
(voir Fig. 1.17).
C'est oublier que le tissu conjonctif est disposé
non seulement en série mais également en parallèle, que la raideur fragilise les tendons et surtout qu'elle ne permet pas une bonne restitution
de la force passive. Elle diminue en outre les
amortissements, augmentant ainsi le risque
d'accidents.
C'est nier le fait qu'un muscle est toujours soumis
à une tension de base, liée aux ponts actinemyosine et aux fuseaux neuromusculaires. C'est
remettre en cause la valeur des entraînements qui
permettent à un athlète préparé d'opérer une préactivation musculaire (mécanisme anticipé des
mouvements mémorisés – feedforward). Cette
pré-activation optimise la synchronisation du
retour élastique et du réflexe myotatique, avec la
contraction musculaire, lors des cycles étirementraccourcissement, des efforts excentriques ou des
impacts.
160
●
Les autopostures
Points clés
Il n'est pas raisonnable d'encourager la raideur
musculaire, à moins de prétendre qu'une évolution
pathologique correspondant à un vieillissement
prématuré des tissus peut améliorer la performance.
Ce qui n'est pas souhaitable, et il s'agit là de quelque chose de bien différent, est la dispersion
incontrôlée de mouvements au niveau de muscles
et d'articulations ne participant pas directement à
l'effort.
Nous avons vu que, plus les actions sont répétitives, plus le raccourcissement musculaire est conséquent. Les activités sportives n'échappent pas à cet
inconvénient.
Par ailleurs, une expérience de McHugh et coll.
(1999), menée sur des personnes présentant des
taux de raideur musculaire allant du type compliant au normal ou à l'excessif, a montré que les
personnes possédant la masse musculaire la plus
importante étaient les plus raides.
●
Points clés
Les étirements musculaires sont d'autant plus
nécessaires lorsque les efforts sont fréquents, intenses, à prédominance concentrique, et qu'ils favorisent le développement du volume musculaire.
Le stretching, partie intégrante
du travail foncier
Les étirements doivent être incorporés dans la
préparation de base à l'activité sportive au même
titre que les exercices dynamiques et l'entraînement technique, si celui-ci est nécessaire. Leur
pratique doit être programmée, comme l'est tout
travail d'entraînement foncier.
Les besoins athlétiques ne sont pas les mêmes suivant la discipline. Les étirements doivent présenter une gamme de variété leur permettant de
s'adapter à la singularité de l'activité et, chaque
fois que c'est possible, à l'individualité du sportif.
Le Stretching Global Actif a déjà connu des évolutions spécifiques plus particulièrement ciblées18.
18 Norbert Grau, Le Stretching Global Actif-SGA au
service du geste sportif, 2e édition, 2008.
Les étirements
avant la performance
Ils ne sont utiles que dans un cadre restreint :
retrouver le niveau d'allongement musculaire
et le degré d'amplitude articulaire préalablement
obtenu par les étirements fonciers.
Avant compétition, des longues séances de stretching, dont l'ambition serait un gain de longueur
par rapport à une situation de raccourcissement
chronique, ne sont pas souhaitables.
De nombreux travaux abondent dans ce sens
(Henning et Podzielny, 1994 ; Wiemann et Klee,
2000 ; Fowles et coll., 2000 ; Kokkonen et coll.,
2001 ; Knudson et coll., 2001 ; Church et coll.,
2001 ; Comwell et coll., 2002).
Les études ont porté sur des séances de stretching
passif ou de facilitation neuromusculaire proprioceptive (PNF) et non sur le SGA, dont les principes
sont différents. Mais la Rééducation Posturale
Globale, qui est à l'origine de ce dernier, est une
méthode proprioceptive d'inhibition dont l'effet
est une baisse provisoire de l'activité motoneurale.
Ce seul argument incite à un emploi d'intensité
modérée et de brève durée du Stretching Global
Actif avant l'effort, allant dans le sens de la vérification des disponibilités en extensibilité musculaire et en amplitude articulaire pré-acquises, et
non de gain.
●
Points clés
Le SGA avant performance se limite à la réacquisition de longueurs et d'extensibilités préétablies.
Les étirements après l'effort
Les travaux portant sur les capacités du stretching
(passif ou précédé de contraction) vis-à-vis de la
récupération sont également nombreux. Ils sont
peu concluants lorsqu'il s'agit des courbatures
(Herbert et Gabriel, 2002). En ce qui concerne la
vascularisation, les effets du stretching passif semblent négatifs (Freiwald et coll. 1999).
Il en est de même pour Schober et coll. (1990),
qui ne voient d'amélioration que lorsque les étire-
Chapitre 14. La préparation sportive
ments sont entrecoupés de phases dynamiques et
de contractions contre résistance.
Il faut en revenir aux principes fondamentaux physiopathologiques et définir de quel type de récupération il peut s'agir.
L'activité physique provoque des microtraumatismes musculo-tendineux (Chapitre 9). Ils sont à
l'origine des courbatures. Les mécanismes de
défense entrent alors en jeu et freinent les contractions musculaires, en particulier celles qui sont
excentriques. Le système musculaire se retrouve en
état de « rigidification antalgique » (Chapitre 5).
La régénération des micro-ruptures, et donc la
cessation des courbatures, peut réclamer jusqu'à
72 heures. La fixation des rétractions au niveau du
collagène n'a besoin que de 48 heures (Chapitre 1).
Une course contre la montre est engagée dont
l'objectif est de sauvegarder les acquis. Il y a beaucoup à perdre dans le fait de ne pas pratiquer des
étirements après la performance.
●
Points clés
La récupération, pour ce qui est de la responsabilité du SGA, se résume à la possibilité de retrouver,
le plus rapidement possible, la longueur et l'extensibilité musculaire antérieures à l'effort.
L'hypersensibilité des tissus fait que le début de
séance peut être plus désagréable qu'à l'ordinaire.
Une sensation de soulagement s'y substitue assez
rapidement.
161
Le fluage et le réflexe myotatique inverse opèrent
plus sur les muscles raides et tendus, à savoir, dans
ce cas, ceux qui sont victimes de courbatures.
Tolérance à l'étirement
et progrès
Pour Magnusson (1998), le progrès significatif de
l'amplitude articulaire dû au stretching est lié à la
tolérance à l'étirement (stretch tolerance). Il note
que, pendant un programme de stretching, de
répétition en répétition, la tension maximale tolérée est plus élevée.
Shier (1999), pour sa part, attribue un effet antalgique aux étirements. Ces constatations démontrent
encore l'influence des interactions neurologiques
dans les allongements.
Cela dénote en outre l'importance d'un entraînement soutenu, destiné à améliorer et à maintenir
l'extensibilité musculaire.
●
Points clés
Le Stretching Global Actif s'inscrit dans le travail
foncier.
Comme pour tout type d'entraînement, les possibilités de travail de fond sont plus restreintes lorsque les efforts doivent se répéter dans de brefs
intervalles de temps.
Le fil rouge – Conclusions
La principale raison d'être de la Rééducation
Posturale Globale réside dans la prise en compte
de l'importance de la fonction statique et du système nerveux automatique dont elle dépend pour
l'essentiel.
Cette fonction est responsable de la station érigée,
de la suspension de divers segments et de leur stabilisation dans tous les plans de l'espace.
Elle détermine la morphologie. Elle garantit l'intégrité articulaire pour ce qui concerne ses composantes mécaniques.
Elle conditionne les activités dynamiques dont elle
détermine les points fixes et garantit la stabilité
corporelle, de façon anticipée ou retardée.
La fonction statique mérite donc une considération égale à celle dont bénéficie la fonction
dynamique.
Elle est servie par des muscles nombreux et puissants, par un système nerveux et des tissus adaptés aux exigences de résistance aux déplacements.
Leur coordination neuromotrice finalisée nécessite une organisation synergique qui peut prendre le nom de chaînes neuromusculaires. La
puissance de celles-ci se reconnaît également au
travers d'activités cinétiques d'importance particulière.
Les muscles à vocation plus spécifiquement statique sont en activité permanente, soit à minima,
pour assurer la stabilisation, soit en contraction
dynamique lors des mouvements et des déplacements.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
En l'absence de pathologie neurologique flasque,
il est donc possible de conclure à une vigilance
hyperactive de leur part ne pouvant entraîner que
des pathologies assimilables au surmenage, à
savoir, augmentation de la tension, elle-même à
l'origine de raccourcissements et de raideurs.
Les conséquences en sont lourdes, non seulement
au niveau morphologique et articulaire mais également du point de vue de la fonction dynamique
dont elles freinent l'amplitude des mouvements,
diminuent la force et augmentent la dépense
énergétique.
Ces rétractions inévitables présentent donc une
constante : elles affectent des groupes musculaires
dont la fonction statique est particulièrement
notable, mais leur localisation ou leur importance
revêt un caractère individuel.
Pour allonger des groupes musculaires rétractés et
coordonnés sous forme de chaîne, il convient
donc de procéder à des étirements correspondant
à leur organisation anatomo-fonctionnelle et sans
en accepter les compensations. Cela nécessite leur
identification et une mise en traction progressivement globale, adaptée à leur cohérence.
Le traitement doit prendre en compte les dysmorphismes et les disfonctionnements articulaires.
Les corrections doivent s'adresser aux trois composantes de la pathologie : musculaire, neurologique et fibreuse. Pour cela, il est nécessaire que des
contractions résistantes isométriques de faible
intensité accompagnent l'évolution de la traction
passive, qui doit être maintenue dans le temps.
Recherches
Diverses expérimentations ont accompagné l'évolution de la Rééducation Posturale Globale, surtout ces dernières années. Beaucoup ont servi de
support à des thèses et n'ont pas donné lieu à
publications autres que dans les annales des universités où elles ont été soutenues.
Celles qui sont brièvement regroupées ici ont été
publiées au niveau international. La dernière en
date, réalisée à L'Université Tor Vergata de
Rome, est particulièrement importante dans la
mesure où elle ne concerne pas de simples résultats cliniques mais la mise en évidence des effets
neurophysiologiques de la méthode, par
Stimulation Magnétique Transcranienne (TMS).
Il convient de remercier tous ceux qui ont effectué
des recherches sur la RPG et de leur demander
d'excuser le fait qu'il n'était pas possible de les
faire tous apparaître ici.
Innovative Physical Therapy Relieves Back Pain
Researchers Say Technique Works When All Else Fails
Charlene Laino, WebMD Health News
April 14, 2005 (Miami Beach, Fla.) – An innovative physical therapy technique may relieve
back pain even when all other treatments fail.
The technique, called Souchard's global postural re-education – or GPR for short – employs a
series of gentle movements to realign spinal
column joints and strengthen and stretch muscles that have become tight and weak from
underuse.
« GPR corrects the patient's posture and decompresses the spinal canal, » says Conrado Estol,
MD, PhD, of the Neurologic Center for
Treatment and Rehabilitation in Buenos Aires,
Argentina. He presented his study at the
American Academy of Neurology 57th Annual
Meeting.
Rééducation posturale globale
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
▲
Return to Daily Activities
« In our study, nine in 10 people with chronic
back pain due to disc disease significantly improved and were able to return to their usual daily
activities – usually within five months. »
GPR can also help the 95 % of adults who will
suffer acute back pain injury at some point in
their lives, he tells WebMD.
Patient, Therapist Work Together
A person with chronic back pain is in too much
discomfort to perform the exercise on his own.
A physical therapist guides the process, stretching the muscles along the spinal column while
the patient is in the specified positions.
There are two basic positions : standing up and
lying down with the knees bent. While in each
of these positions, the patient places his arms
at his side and tries to open them wider and
wider.
« The therapist helps you to find the level you're
comfortable with, as you keep increasing the
range of motion, » Estol says.
Estol says medications and surgery for severe
and chronic back pain typically have limited or
no benefit.
That's why he decided to try the new method
on 102 patients with chronic back pain associated with severe degenerative disc disease of the
spine. Patients with degenerative disc disease
can experience back pain so debilitating that
they can't bend, stretch or, sometimes, even get
out of a chair without help.
168
Annexes
▲
5 Months of Treatment
The participants had severe pain for an average
of seven months ; 82 had lower back pain and
20 had neck pain. About half were women.
« The patients had tried almost all combinations
of treatments you could think of, including
regular physical therapy, bed rest, anti-inflammatory medications, acupuncture, and epidural
injections, » Estol says. « Quite a few had already
had surgery and others were scheduled for surgery when we treated them. »
Importantly, three-fourths couldn't walk more
than 10 blocks without stopping, he says.
Thirty-five percent had pain so severe they
couldn't walk more than five blocks and had to
stop working or playing sports.
The treatment included two GPR sessions
during the first week, then one session a week
for an average of five months. Participants also
practiced breathing techniques and were given a
home exercise program.
The findings showed that 92 of the 102 people
reported pain relief and were able to return fully
to their daily activities.
For 85 % of the patients, the improvement was
noted after just three weeks of treatment. And
after an average of almost two years, the pain
has not recurred, Estol says.
Cautious Optimism
Other researchers at the meeting were cautiously optimistic.
Albert Lo, MD, PhD, assistant professor of
neurology at Yale University in New Haven,
Conn., and a moderator of the session at which
the findings were presented, says a success rate
of 90 % in patients with chronic back pain « is
very unusual and begs for further investigation. »
« If the findings are reproducible in [future studies], GPR could be a very exciting adjunctive
therapy for patients with chronic neck and back
pain, » he tells WebMD.
Sources : American Academy of Neurology 57th Annual Meeting, April 9–16, 2005, Miami Beach, Fla. Conrado Estol,
MD, PhD, Neurologic Center for Treatment and Rehabilitation, Buenos Aires, Argentina. Albert Lo, MD, PhD, assistant professor of neurology, Yale University, New Haven, Conn.
Two exercise interventions for the management of patients with ankylosing
spondylitis : a randomized controlled trial
Fernández-de-Las-Peñas C, Alonso-Blanco C, Morales-Cabezas M, Miangolarra-Page JC.
Research and Teach Unit of Physical Therapy,
Occupational Therapy, Physical Medicine and
Rehabilitation, Universidad Rey Juan Carlos,
Madrid, Spain.
Objective
The purpose of this clinical trial was to evaluate
the impact of a 4-month comprehensive protocol of strengthening and flexibility exercises
developed by our research group versus conventional exercises for patients with Ankylosing
Spondylitis (AS) on functional and mobility
outcomes.
▲
Design
Randomized controlled trial. Forty-five patients
diagnosed with AS according to the modified
criteria of New York were allocated to control or
experimental groups using a random numbers
table. The control group was treated with a
conventional protocol of physical therapy in AS,
whereas the experimental group was treated
with the protocol suggested by our research
group. The conventional intervention consisted
of 20 exercises : motion and flexibility exercises
of the cervical, thoracic, and lumbar spine ; stretching of the shortened muscles ; and chest
expansion exercises. The experimental protocol
is based on the postural affectation of the AS and
the treatment of the shortened muscle chains in
these patients according to the Global Posture
Reeducation (GPR) method. This intervention
employs specific strengthening and flexibility
exercises in which the shortened muscle chains
are stretched and strengthened. The study lasted
Recherches
▲
4 months. During this period, patients received
a weekly group session managed by an experienced physiotherapist. Each session lasted an hour,
and there were 15 total sessions. Changes in
activity, mobility, and functional capacity were
evaluated by an assessor blinded to the intervention, using the following previously validated
scores from the Bath group : BASMI (tragus to
wall distance, modified Schober test, cervical
rotation, lumbar side flexion, and intermalleolar
distance), BASDAI (The Bath Ankylosing
Spondylitis Disease Activity Index), and BASFI
(The Bath Ankylosing Spondylitis Functional
Index).
Results
Both groups showed an improvement (prepost
scores) in all the outcome measures, mobility
measures of the BASMI index, as well as in
BASFI and BASDAI indexes. In the control
group, the improvement in tragus to wall distance (P = 0.009) and in lumbar side flexion
(P = 0.02) was statistically significant. Although
169
the rest of the outcomes also improved, they
did not reach a significant level (P > 0.05). In
the experimental group, the improvement in all
the clinical measures of the BASMI index
(P < 0.01) and in the BASFI index (P = 0.003)
was statistically significant. The intergroup
comparison between the improvement (prepost
scores) in both groups showed that the experimental group obtained a greater improvement
than the control group in all the clinical measures of the BASMI index, except in tragus to wall
distance, as well as in the BASFI index.
Conclusions
The experimental protocol developed by our
research group, based on the GPR method and
specific strengthening and flexibility exercises of
the muscle chains, offers promising results in
the management of patients suffering from AS.
Further trials on this topic are required.
Source : Am J Phys Med Rehabil. 2005 Jun ; 84(6) :
407–19.
Effect of a muscle stretching program using the Global Postural
Reeducation method on respiratory muscle strength and thoracoabdominal
mobility of sedentary young males
Marlene Aparecida Moreno, Aparecida Maria Catai, Rosana Macher Teodori,
Bruno Luis Amoroso Borges, Marcelo de Castro Cesar, Ester da Silva
Objective
To evaluate the effect that respiratory muscle
stretching using the global postural reeducation
(GPR) method has on respiratory muscle
strength, thoracic expansion and abdominal
mobility in sedentary young males.
Results
The initial and final values for maximal respiratory pressures, thoracic expansion and abdominal mobility for the control group showed no
significant differences (p > 0.05). However, for
the GPR group, all values increased after the
intervention (p < 0.05).
Conclusions
Respiratory muscle stretching using the GPR
method was efficient in promoting an increase
in maximal respiratory pressures, thoracic
▲
Methods
This was a randomized study involving 20
sedentary volunteers, aged 22.7 ± 2.5 years,
divided into two groups of 10 : a control group,
composed of subjects not performing any exercises, and a group of subjects submitted to the
GPR method. The protocol consisted of a program to stretch the respiratory muscles with
participants in the « open-arm, open hip joint
angle » position, which was regularly performed
twice a week for 8 weeks, totaling 16 sessions.
The two groups were submitted to measurements of maximal inspiratory pressure, maximal
expiratory pressure, thoracic expansion and abdominal mobility, prior to and after the intervention period.
170
Annexes
▲
expansion and abdominal mobility, suggesting
that it could be used as a physiotherapy resource
to develop respiratory muscle strength, thoracic
expansion and abdominal mobility.
Keywords : Posture ; Muscle Strength ; Respiratory Muscles ; Muscle Stretching Exercises.
Study conducted in the Laboratory for Cardiovascular Therapy Research and Functional Testing at the Faculdade de
Ciências da Saúde – FACIS, School of Health Sciences – of the Universidade Metodista de Piracicaba – UNIMEP,
Methodist University of Piracicaba – Piracicaba, Brazil.
Submitted : 28 November 2006. Accepted, after review : 14 March 2007.
J Bras Pneumol. 2007 ; 33(6) : 679–686
Rééducation Posturale Globale in musculoskeletal diseases :
scientific evidence and clinical practice
C. Vanti, A. Generali, S. Ferrari, T. Nava, D. Tosarelli, P. Pillastrini
Summary
Several studies on the treatment of musculoskeletal diseases with physiotherapy and clinical
experiences on the basis of a method called
Rééducation Posturale Globale (RPG), have
highlighted the usefulness of this treatment.
Although such treatment technique is commonly used in physical therapy practice, only
few studies support its therapeutic effectiveness.
Objective
To search the literature for evidence of RPG
effectiveness, in order to identify the most
appropriate therapeutic contexts for its use.
Methods
A review of the literature through the following
databases : PubMed, Embase, Cinahl, Pedro,
and Medscape.
The keywords used for the search in the databases
are : Rééducation Posturale Globale, Souchard,
Posture, and Manual Therapy. The following clinical studies were selected : randomized controlled studies, non-randomized controlled studies,
observation studies, and case reports, in English,
Spanish, Portuguese, and Italian.
Results
Out of 18 studies found, 9 were analyzed :
2 randomized controlled studies, 2 non-randomized controlled studies, 3 non-controlled studies, and 2 case reports.
Conclusions
The RPG method has been shown to be an
effective treatment technique for musculoskeletal diseases, in particular for ankylosing spondylitis, acute and chronic low back pain, and
lumbar discherniation. Although the scarcity of
rigorous experimental trials on a large scale does
not allow the drawing of undisputable conclusions, the results gathered up to now are an
encouragement to carry on research in the field
of conservative treatment.
Reumatismo, 2007 ; 59(3) : 192–201
Recherches
171
Global Postural Reeducation : an alternative approach for stress urinary
incontinence ?
Celina Fozzatti, Viviane Herrmann, Thaís Palma, Cassio L.Z. Riccetto and Paulo C.R. Palma
Department of Urology, Division of Female Urology, State University of Campinas, Campinas, São Paulo, Brazil
Objective
The aim of this study was to evaluate the impact
of Global Postural Re-education (GPR) on stress
urinary incontinence symptoms and to compare
it to Pelvic Floor Muscle Training (PFMT).
Study design
Fifty-two women with stress urinary incontinence
were distributed into two groups : Group 1 (G1)
was submitted to weekly sessions of GPR for
three months and Group 2 (G2) performed
Pelvic Floor Muscle Training four times a week
for three months. Patients were evaluated through
the King's Health Questionnaire, a three-day
voiding diary including daily pad use and a
Functional Evaluation of the Pelvic Floor (FEPF),
before treatment (T0), at the end of treatment
(T1) and six months after treatment (T2).
Results
The number of leaking episodes dropped significantly in both groups at the end of treatment
and at six months follow-up, with a significantly
greater decrease in G1. Daily pad use dropped
significantly in both groups. At the end of treatment, 72 % of the patients in G1 and 41 % of the
patients in G2 needed no pads and at six-month
follow-up, 84 % and 50 %, respectively. FEPF
improved significantly in both groups, with no
significant difference between the groups
(P = 0.628). The King's Health Questionnaire
demonstrated significant improvement in both
groups and in all domains. The GPR group presented higher adherence to treatment, with no
dropouts.
Conclusions
GPR could represent an alternative method to
treat stress urinary incontinence in women,
should the results be long lasting.
Keywords : Global Postural Re-education ;
Pelvic Floor Muscle Training ; Stress urinary
incontinence
AUA Annual Meeting Program Abstracts, 2008 AUA Annual Meeting
Received 20 November 2009 ; revised 21 May 2010 ; accepted 22 June 2010.
Available online 18 July 2010.
The Journal of Urology – Volume 179, Issue 4, Supplement 1, April 2008, Page 487
Effectiveness of a « Global Postural Reeducation » program for persistent
Low Back Pain : a non-randomized controlled trial
Francesca Bonetti, Stefania Curti, Stefano Mattioli, Raffaele Mugnai, Carla Vanti, Francesco S Violante, Paolo Pillastrini
Corresponding Author : Professor Paolo Pillastrini, Unità Operativa di Medicina del Lavoro,
Policlinico S. Orsola-Malpighi, Bologna, Italy
Methods
According to inclusion and exclusion criteria,
100 patients with a primary complaint of persistent LBP were enrolled in the study : 50 were
allocated to the GPR group and 50 to the SE
group. Primary outcome measures were Roland
and Morris Disability Questionnaire (RMDQ)
and Oswestry Disability Index (ODI). Secondary
▲
Background
The aim of this non-randomized controlled trial
was to evaluate the effectiveness of a Global
Postural Reeducation (GPR) program as compared to a Stabilization Exercise (SE) program
in subjects with persistent low back pain (LBP)
at short- and mid-term follow-up (ie. 3 and
6 months).
172
Annexes
▲
outcome measures were lumbar Visual Analogue
Scale (VAS) and Fingertip-to-floor test (FFT).
Data were collected at baseline and at 3/6
months by health care professionals unaware of
the study. An intention to treat approach was
used to analyze participants according to the
group to which they were originally assigned.
Results
Of the 100 patients initially included in the
study, 78 patients completed the study : 42 in
the GPR group and 36 in the SE group. At
baseline, the two groups did not differ significantly with respect to gender, age, BMI and
outcome measures. Comparing the differences
between groups at short- and mid-term followup, the GPR group revealed a significant reduction (from baseline) in all outcome measures
with respect to the SE group.
The ordered logistic regression model showed
an increased likelihood of definitive improvement (reduction from baseline of at least 30 %
in RMDQ and VAS scores) for the GPR group
compared to the SE group (OR 3.9, 95 %
CI 2.7 to 5.7).
Conclusions
Our findings suggest that a GPR intervention in
subjects with persistent LBP induces a greater
improvement on pain and disability as compared to a SE program. These results must be
confirmed by further studies with higher methodological standards, including randomization,
larger sample size, longer follow-up and subgrouping of the LBP subjects.
Biomed Central Musculoskeletal Disorders, 2010–11; 285.
Effect of global posture reeducation (GPR) program on respiratory muscle
strength
P. Buonpensiero, A. Di Pasqua, O. Sepe, P. Ferri, V. Raia. CF Center, Università degli Studi di Napoli Federico II, Napoli, Italy
The survival improvement in CF patients predispose to the onset of posture problems. New
research showed interactions of breathing and
posture. Trunk muscles have important role in
respiration and in posture control. If respiratory
demand increases the postural activity of these
muscles may decrease. Painful conditions cause
ineffective neuromotor activation. In CF
patients, airway obstruction and hyerinflation
may dearrange the normal time length index of
the inspiratory muscles with shortening of the
same muscles less ability to produce pressures
and further musculoskeletal deformities. GPR is
based on the treats shortened muscles with
flexibilityexercises selective lengthening postures and the myotactic inhibition reflex (M.I.R.).
Objective
To assess the effects of one month GPR exercise
program on maximal inspiratory and expiratory
pressure.
Methods
18 CF patients (9 males, age 14.8 ± 5 yrs),
PsA+, were enrolled to perform five GPR sessions, for one month (one session a week, session time 30 min). All patients during this study
had their physio session regularly (PEP mask
twice a day).All the evaluations (pulmonary
function test, MIP, MEP and posture evaluation) were taken before the GPR session and
15 min after the GPR session.
Results
Respiratory muscle pressures showed significant
variations MIP (60.4 ± 2.975 vs 101.2 ± 4.383
cm H20 p<0.001), MEP (62.2 ± 2.222 vs
97.1±5.269 cm H20 p<0.001).Although pulmonary function tests showed no significant
variations, it was possible to show a light improvement of FVC and FEV1%. Morphological
evaluation showed improvement of basic posture pattern.
Conclusion
The preliminary data of this study shows us that
it is possible to interact on the posture problems
in CF patients also affecting on the respiratory
muscle strength.
Journal of Cystic Fibrosis, Volume 6, Supplement I,
June 2007, 10. Physiotherapy 64.
Recherches
173
Reorganization of cortical motor circuits following postural
physiotherapic treatment
Massimiliano Oliveri, MD PhD ; Carlo Caltagirone, MD ; Rita Loriga ; Maria Novella Pompa ; Viviana Versace, MD ;
Philippe Souchard, Massimiliano Oliveri, MD, PhD, Dipartimento di Psicologia, Universita' di Palermo,
Viale delle Scienze, Edificio 15, 90133 Palermo, Tel : 09123897736
Abstract
Background and aims. Postural reactions are
associated with changes in the excitability of the
motor system. In the present study we investigated the presence of neurophysiological changes of motor cortical areas targeting muscles of
the superior and inferior limbs following treatment with a physiotherapy technique aimed
to treat postural dysfunctions by stretching postural muscles, reeducation posturale globale
(RPG).
Methods
Twenty-two healthy subjects were evaluated
with paired-transcranial magnetic stimulation
(TMS) of the motor cortex and recording of
motor evoked potentials (MEPs) from periphe-
ral muscles of superior and inferior limb before
and after RPG manoeuvres.
Results
The main results showed that RPG increased
intracortical inhibition and or reduced intracortical facilitation of motor areas targeting muscles affected by treatment.
Conclusions
These findings provide a neurophysiological
basis to the clinical benefits associated to physiotherapy and suggest potential applications of
treatments based on postural changes on motor
cortical disorders.
Archives of Physical Medicine and rehabilitation, 2011,
in press.
Références bibliographiques
Allum, J.H.J., Budingen, H.J., 1979. Coupled stretch
reflexes in ankle muscles : an evaluation of the contributions of active muscle mechanisms to human posture. In : Granit, R., Pompeiano, O. (Eds.), Progress
in brain research. Elsevier/North-Holland Press, New
York, pp. 185–196.
Aniss, A.M., Diener, H.C., Hore, J., Burke, D., Gandevia, S.C.
Reflex activation of muscle spindles in human pretibial
muscles during standing. J. Neurophysiol. 671–679.
Avela, J., Kryolainen, H., Komi, P.V., Rama, D., 1999.
Reduced stretch reflex sensitivity persist several days
after long-lasting stretch-shortening cycle exercise.
J. Appl. Physiol. 1292–1300.
Baldissera, F., Hultborn, H., Illert, M., 1981. Integration
of spinal neuronal system. In : Brooks, V.B. (Ed.),
Handbook of Physiology, The Nervous System.
American Physiological Society, Bethesda MD,
pp. 509–595.
Barash, I.A., Peters, D., Friden, J., Lutz, G.J., Lieber, R.L.,
2002. Desmin cytoskeletal modifications after a bout
of eccentric exercise in the rat. Am. J. Physiol. Regul.
Integr. Comp. Physiol. 958–963.
Baron, J.B., 1950. Relations entre les muscles moteurs
oculaires, les nageoires et l'équilibre des poissons.
Extraits des comptes-rendus des séances de l'Académie
des Sciences 1087–1089.
Baron, J.B., Cernacek, J., Niederlandova, Z., Ushio, N.,
1976. Réflexe optomoteur et activité tonique
postu rale orthostatique. Kyoto Pract. Otolog.
1246–1249.
Basmajian, J., De Luca, C.J., 1985. Muscles alive. William
and Wilkins (Eds), Baltimore.
Baumann, W. Institute for Biomechanics, Deutsche Sporthochschule, Koln.
Belen'kiı̆, V.E., Gurfinkel', V.S., Pal'tsev, E.I., 1967.
Control elements of voluntary movements. Biofizika
135–141.
Bernstein, N., 1935. The problem of interrelation of coordination and localization. Arch. Biol. Sci. 38, reproduced in Whiting, H.T.A. (Ed.), 1984. Human Motor
Actions. Amsterdam, pp. 77–119.
Billeter, R., Hoppeler, H., 1994. Muscular basis of strength. In : Komi, P.V. (Ed.), Kraft un Schnellkraft im
Sport. Colonia, pp. 39–63.
Billeter, R., Hoppeler, H., 1994. Basis of muscle contraction. Schweiz. Z. Med. Traumatol. Germany, 6–20.
Bizzi, E., Dev, P., Morasso, P., Polit, A., 1978. The effect
of load disturbances during centrally initiated movements. J. Neurophysiol. 542–556.
Blackburn, J.T., Padua, D.A., Weinhold, P.S., Guskiewicz,
K.M., 2006. Comparison of triceps surae structural
stiffness and material modulus across sex. Clin.
Biomech. (Bristol, Avon) 159–167.
Bloedel, J.R., Bracha, V., 1997. Duality of cerebellar motor
and cognitive functions. Int. Rev. Neurobiol. 613–634.
Bosco, C., L´effetto del pre-stiramento sul comportamento
del muscolo scheletrico e considerazioni fisiologiche sulla forza esplosiva. In : Atleticastudi (traduction
Insep) pp. 7–117.
Bosco, C., 1997. La forza muscolare : Aspetti fisiologici ed
applicazione pratiche. Società Stampa Sportiva.
Bouisset, S., Maton, B., 1996. Muscles, posture et mouvement. Hermann, Paris.
Brown, S.H., McGill, S.M., 2005. Muscle force-stiffness
characteristics influence joint stability. Clin. Biomech.
917–922.
Buchthal, F., Rosenfalk, P., 1957. Elastic proprieties of
striated muscle. In : Rewington, J.W. (Ed.), Tissue
elasticity. Waverly Press, Londres, pp. 73–97.
Buller, A.J., Eccles, J.C., Eccles, R.M., 1960. Differentiation of fast and slow muscles in the cat hind limb.
J. Physiol. 339–416.
Buller, A.J., Eccles, J.C., Eccles, R.M., 1960. Interactions
between motoneurones and muscles in respect of the
characteristic speeds of their responses. J. Physiol.
417–439.
Burgeson, R.E., Nimni, M.E., 1992. Collagen types,
Molecular structure and tissue distribution. Clin.
Orthop. 250–272.
Burgess, P.R., Clark, F.J., 1969. Characteristics of knee-joint
receptors in the cat. J. Physiol. (London) 317–325.
Burgess, P.R., Horch, K.W., Tuckett, R.P., 1987.
Mechanoreceptors. In : Adelman, G. (Ed.), Encyclopedia of Neuroscience. Birkhauser Boston, pp. 620–621.
Burke, R.E., Edgerton, V.R., 1975. Motor Unit Properties
and Selective Involvement in Movement. In : Wilmore,
J.H., Keogh, J.F. (Eds.), Exercise and Sports Science
Reviews. Academic, New York, pp. 31–81.
176
Références bibliographiques
Butel, J., Borgi, R., Oberlin, P., 1980. The association of
surgical treatment with ambulatory discharge in LeggCalvé-Perthes disease, 15-year experience concerning
112 cases. Acta Orthop. Belg. 423–427.
Butler, D.L., Grood, E.S., Noyes, F.R., Zernicke, R.F.,
1978. Biomechanics of ligaments and tendons. Exerc.
Sport Sci. Rev. 125–181.
Campbell, K.S., Lakie, M., 1998. A cross-bridge mechanism can explain the thixotropic short-range elastic
component of relaxed frog skeletal muscle. J. Physiol.
941–962.
Cazorla, O., Wu, Y., Irving, T.C., Granzier, H., 2001.
Titin-based modulation of calcium sensitivity of active
tension in mouse skinned cardiac myocytes. Circ. Res.
1028–1035.
Cholewicki, J., McGill, S.M., 1996. Mechanical stability of
the in vivo lumbar spine : implications for injury and
chronic and low back pain. Clin. Biomech. 1–15.
Chinchalkar, S.J., Szekeres, M., 2004. Rehabilitation of
elbow trauma. Hand Clin. 363–374.
Church, J.B., Wiggins, M.S., Moode, F.M., Crist, R.,
2001. Effect of warm-up and flexibility treatments on
vertical jump performance. J. Strength Cond. Res.
332–336.
Clarkson, P.M., Newham, D.J., 1995. Associations between
muscle soreness, damage and fatigue. Adv. Exp. Med.
Biol. 457–469.
Coirault, C., Samuel, J.L., Chemla, D., et al., 1998.
Increased compliance in diaphragm muscle of the cardiomyopathic Syrian hamster. J. Appl. Physiol.
1762–1769.
Coirault, C., Chemla, D., Lecarpentier, Y., 1999.
Relaxation of diaphragm muscle. J. Appl. Physiol.
1243–1252.
Cometti, G., 1987. La pliométrie. Université de Bourgogne
(Ed.).
Cometti, G., 1988. Les limites du stretching pour la performance sportive, 2e partie : les effets physiologiques
des étirements. Consultable sur le site : http://www.u-bourgogne.fr.
Cordo, P., Nashner, L., 1982. Properties of postural adjustments associated with rapid arm movements.
J. Neurophysiol. 287–302.
Cordo, P.J., Flores-Vieira, C., Verschueren, S.M.P., Inglis,
J.T., Gurfinkel, V., 2002. Position sensitivity of human
muscle spindles : single afferent and population representations. J. Neurophysiol. 1186–1195.
Cornwell, A., Nelson, A.G., Sidaway, B., 2002. Acute
effect of stretching on the neuromechanical properties
of the triceps surae muscle complex. Eur. J. Appl.
Physiol. 428–434.
Cotta, H., 1978. Morpho-pathogenetic considerations on
prearthrosis and prearthrotic deformity. Z. Orthop.
Ihre Grenzgeb. 422–428.
Crago, P.E., Houk, J.C., Hasan, Z., 1976. Regulatory
actions of human stretch reflex. J. Neurophysiol.
925–935.
Darnell, Lodish, Baltimore, 1990. Molecular Cell Biology.
Scientific American Books, New York.
Davidoff, R.A., 1992. Skeletal muscle tone and the misunderstood stretch reflex. Neurology 951.
Delp, S.L., Hess, W.E., Hungerford, D.S., Jones, L.C.,
1999. Variation of rotation moment arms with hip
flexion. J. Biomech. 493–501.
DeVita, P., Hortobagyi, T., Barrier, I., 1998. Gait biomechanics are not normal after anterior cruciate ligament
reconstruction and accelerated rehabilitation. Med.
Sci. Sports Exerc. 1481–1488.
DeVita, P., Lassiter, T., Hortobagyi, T., Torry, M., 1998.
Functional knee brace effects during walking in subjects with anterior cruciate ligament reconstruction.
Am. J. Sports Med. 778–784.
Dewhurst, D.J., 1967. Neuromuscular control system.
IEEE Trans. Biomed. Eng. 167–171.
Diener, H.C., Bootz, F., Dichgans, J., Bruzek, W., 1983.
Variability of postural reflex in humans. Exp. Brain
Res. 423–428.
Diener, H.C., Dichgans, J., Bootz, E., Bacher, M., 1984.
Early stabilization of human posture after a sudden
disturbance : influence of rate and amplitude of displacement. Exp. Brain Res. 126–134.
Diener, H.C., Dichgans, J., Guschlbauer, B., Bacher, M.,
1986. Role of visual and static vestibular influences
on dynamic posture control. Hum. Neurobiol.
105–113.
Dietz, V., Schimdtbleicher, D., Noth, J., 1979. Neuronal
mechanisms of human locomotion. J. Neurophysiol.
1212–1222.
Dietz, V., Quintern, J., Sillen, M., 1987. Stumbling reactions in man : significance of proprioceptive and programmed mechanism. J. Physiol. 149–163.
Donaldson, C.C.S., Nelson, D.V., Schulz, R., 1998.
Disinhibition in the gamma motoneuron circuitry :
a neglected mechanism for understanding myofacial
pain syndromes ? Appl psycho physiol biofeedback.
43–57.
Dostal, W.F., Soderberg, G.L., Andrews, J.G., 1986.
Actions of hip muscles. Phys. Ther. 351–361.
Duchenne de Boulogne, 1867. Physiologie des mouvements. pp. 630 ; 594–596 ; 599–600.
Duncan, A., McDonagh, M.J.N., 2000. Stretch reflex distinguished from pre-programmed muscle activations following landing impacts in man. J. Physiol.
456–468.
Dufour, M., Pillu, M., 2005. Biomécanique fonctionnelle : membres, tête, tronc. Rappels anatomiques,
stabilité, mobilités, contraintes. Éditions Masson.
Dyhre-Boulsen, P., Krogsgaard, M.R., 2000. Muscular
reflexes elicited by electrical stimulation of the anterior
cruciate ligament in humans. J. Appl. Physiol.
2191–2195.
Eccles, J.C., Eccles, R.M., Lundberg, A., 1957. Synaptic
actions on motoneurones caused by impulses by Golgi
tendons organ afferents. J. Physiol. 227–252.
Références bibliographiques
Edgerton, V.R., Bodine-Fowler, S., Roy, R., Ishihara, A.,
Hodgson, J.A., 1996. Neuromuscular Adaptation in
Exercise : Regulation and Integration of Multiple
Systems (Rowell, L.B., Shepherd, J.T. Eds.). Oxford
University Press, New York, pp. 54–88 128–172.
Eisenberg, B.R., Salmons, S., 1981. The reorganisation of
subcellular structure in muscle undergoing fast-toslow type transformation : a stereological study. Cell
Tissue Res. 449–47l.
Elson, L.M., 1990. The jolt syndrome, Muscle dysfunction
following low-velocity impact. Pain Management
317–326.
Enoka, R.M., 1997. Neural strategies in the control of
muscle force. Muscle Nerve Suppl. 66–69.
Enoka, R.M., Hutton, R.S., Eldred, E., 1980. Changes in
excitability of tendon tap and Hoffmann reflexes following voluntary contractions. Electroencephalogr.
Clin. Neurophysiol. 664–672.
Evarts, E.V., 1973. Motor cortex reflexes associated with
learned movement. Science 501–503.
Evarts, E.V., 1973. Motor cortex reflexes associated with
learned movement. Science N.Y. 1039–1042.
Fallon, J.B., Bent, L.R., McNulty, P.A., Macefield, V.G.,
2005. Evidence for Strong Synaptic Coupling Between
Single Tactile Afferents From the Sole of the Foot and
Motoneurons Supplying Leg Muscles. J. Neurophysiol.
3795–3804.
Fick, R., 1911. Handbuch der Anatomie des Menschen.
Erste Abteilung : Anatomie und Mechanik der Gelenke
unter Berücksichtigung der bewegenden Muskeln.
Fischer-Rasmussen, T., Krogsgaard, M., Jensen, D.B.,
Dyhre-Poulsen, P., 2001. Inhibition of dynamic thigh
muscle contraction by electrical stimulation of the posterior cruciate ligament in humans. pp. 1482–1488.
Fowles, J.R., Sale, D.G., MacDougall, J.D., 2000. Reduced
strength after passive stretch of the human plantarflexors. J. Appl. Physiol. 1179–1188.
Freiwald, J., Engelhardt, M., 1997. Beweglichkeit und
Dehnung in Sport und Therapie. Lesenswerte Literatur
16–18.
Freiwald, J., Engelhardt, M., Konrad, P., Jäger, M.,
Gnewuch, A., 1999. Dehnen. Manuelle Medizin.
Springer-Verlag, [lieu]. pp. 3–10 .
Friden, J., Lieber, R.L., 2001. Eccentric exercise-induced
injuries to contractile and cytoskeletal muscle fiber
components. Acta Physiol. Scand. 321–326.
Fukunaga, T., Ito, M., Ichinose, Y., Kuno, S., Kawakami,
Y., Fukashiro, S., 1996. Tendinous movement of a
human muscle during voluntary contractions determined by real-time ultrasonography. J. Appl. Physiol.
1430–1433.
Gandevia, S.C., 1996. Kinesthesia : Roles for afferents
signals. In : Rowell, L.B., Shepherd, J.T. (Eds.),
Handbook of Physiology. Oxford University Pres,
New York, pp. 128–172.
Gagey, P.M., 1999. Posturologie, Régulation et dérèglements de la station debout. Masson.
177
Gardner, E.P., Kandel, E.R., 2000. Principles of neural
science. In : Kandel, E.R., Schwartz, J.H., Jessell, T.M.
(Eds.) McGraw-Hill, New York, pp. 451–471.
Goddard, S., 2005. Reflejos, aprendizaje y comportamiento. Editorial Vida Kinesiología.
Goldberg, L., Elliot, D.L., 1984. Prescribing exercise.
West J. Med. 383–386.
Goldspink, G., Tabary, C., Tabary, J.C., Tardieu, C.,
Tardieu, G., 1974. Effect of denervation on the adaptation of sarcomere number and muscle extensibility
to the functional length of the muscle. J. Physiol.
733–742.
Gollnick, P.D., Armstrong, R.B., Saubert, C.W., Piehl, K.,
Saltin, B., 1972. Enzyme activity and fibers composition in skeletal muscle. J. Appl. Physiol. 312–318.
Golnick, P.D., Pihel, K., Saltin, B., 1974. Selective glycogen depletion pattern in human muscle fibers after
exercise of varying intensity and at a varying pedaling
rates. J. Physiol. 45–57.
Gordon, A.M., Huxley, A.F., Julian, F.J., 1966. The variation in isometric tension with sarcomere length in vertebrate muscle fibers. J. Physiol. (London) 170–192.
Grabiner, M., Koh, T., Ghazawi, A.E., 1992. The coupling
of bilateral paraspinal excitation in subjects with low
back pain. Spine 1219–1223.
Gramsbergen, A., 2005. Postural control in man : the phylogenetic perspectiv. Neural Plast. 77–88 ; discussion
263–72.
Greenhaff, P.L., Timmons, J.A., 1998. Interaction between
aerobic and anaerobic metabolism during intense muscle contraction. Exerc. Sport Sci. Rev. 1–30.
Grey, M.J., Landouceur, M., Andersen, J.B., Nielsen, J.B.,
Sinkjaer, T., 2001. Group II muscle afferents probably
contribute to the medium latency soleus stretch reflex
during walking in humans. J. Physiol. 925–933.
Grigg, P., 2001. In : Properties of sensory neurons innervating synovial joints, Cells, Tissues and organs.
pp. 218–225.
Guissard, N., 2000. Rôle de l´étirement lors de la préparation du muscle à l´effort. In : La planification de la
préparation physique. Editions UFRSTAPS, Dijon.
Guissard, N., 2000. Méthodes d´étirement musculaire :
bases scientifiques et aspects pratiques. In : La planification de la préparation physique. Editions UFRSTAPS,
Dijon.
Guissard, N., Duchateau, J., Hainaut, K., 1988. Muscle
stretching and motoneuron excitability. Eur. J. Appl.
Physiol. Occup. Physiol. 47–52.
Guissard, N., Duchateau, J., Hainaut, K., 2001. Mechanisms
of decreased motoneurone excitation during passive
muscle stretching. Exp. Brain Res. 163–169.
Guyton, A.C., 1981. Textbook of medical physiology.
Saunders, Philadelphia PA.
Gurfinkel, V.S., Lipshits, M.I., Popov, K.Y., 1974. Is the
stretch reflex the main mechanism in the system of
regulation of the vertical posture of man ? Biophysics
761–766.
178
Références bibliographiques
Gurfinkel, V.S., Lipshits, M.I., Mori, S., Popov, K.E.,
1976. The state of stretch reflex during quiet standing
in man. Prog. Brain Res. 473–486.
Gurfinkel, V., Cacciatore, T.W., Cordo, P., Horak, F.,
Nutt, J., Skoss, R., 2006. Postural muscle tone in the
body axis of healthy humans. J. Neurophysiol.
2678–2687.
Hadders-Algra, M., 2005. Development of postural
control during the first 18 months of life. Neural Plast.
99–108.
Hammer, A., 2003. Shift work : living against biological
rhythm. Pflege Z. 132.
Handel, M., Hortmann, T., Dickhuth, H.H., Gülch, R.W.,
1997. Effects of contract-relax stretching training on
muscle performance in athletes. Eur. J. Appl. Physiol.
400–408.
Hanssens, C., 1991. Modélisation du psoas au niveau de la
hanche, Mémoire de Licence en Kinésithérapie
Ostéopathique. Université Libre de Bruxelles.
Hasan, Z., 2005. The human motor control system's response to mechanical perturbation : should it, can it,
and does it ensure stability ? J. Mot. Behav. 484–493.
Hass, G., Diener, H.C., Rapp, H., Dichgans, J., 1989.
Development of feedback and feedforward control of
upright stance. Dev. Med. Child Neurol. 481–488.
Hay, L., Redon, C., 2001. Development of postural adaptation to arm raising. Exp. Brain Res. 224–232.
Henning, E., Podzielny, S., 1994. Die Auswirkung von dehn
– und Aufwärmübungen auf die Vertikalsprungleistung.
Deutsche Zeitschrift für Sportmedizin 253–260.
Henricson, A.S., Fredriksson, K., Persson, I., et al., 1984.
The effect of heat and stretching on the range of hip
motion. J. Orthop. Sports Phys. Ther. 11 & 115.
Herbert, R.D., Gabriel, M., 2002. Effects of stretching
before and after exercising on muscle soreness and risk
of injury : systematic review. BMJ 468.
Hersberg, G., Gregoire, O., Comtet, J.J., 1985. Anatomie
et Physiologie du tendon normal. Ency. Med. Chir.
Elsevier, Paris.
Hides, J.A., Stokes, M.J., Saide, M., Jull, G.A., Cooper,
D.H., 1994. Evidence of lumbar multifidus muscle
wasting ipsilateral to symptoms in patients with acute/
subacute low back pain. Spine 165–172.
Hides, J.A., Richardson, C., Jull, G.A., 1996. Multifidus
recovery is not automatic following resolution of acute
first episode low back pain. Spine 2763–2769.
Hodges, P.W., Richardson, C., 1996. Inefficient muscular
stabilization of lumbar spine associated with low back
pain, A motor control evaluation of transverses abdominis. Spine 2640–2650.
Hoffer, J.A., Andreassen, S., 1981. Regulation of soleus
muscle stiffness in premammillary cats : intrinsic and
reflex components. J. Neurophysiol. 267–285.
Hoffman, A.H., Grigg, P., 1989. Measurement of joint
capsule tissue loading in the cat knee using calibrated
mechanoreceptors. J. Biomech. Elsevier, Kidlington,
787–791.
Hogervorst, T., Brand, R.A., 1998. Mechanoreceptors in
joint function. J. Bone Joint Surg. Am. 1365–1378.
Holder-Powell, H., Di Matteo, G., Rutherford, O.M.,
2001. Do knee injuries have long-term consequences
for isometric and dynamic muscle strength ? Eur.
J. Appl. Physiol. 310–316.
Hooke, R., 1678. Loi de comportement élastique linéaire
des solides.
Horak, F.B., 2006. Postural orientation and equilibrium :
what do we need to know about neural control of
balance to prevent falls ? Age Ageing 7–11.
Horch, K.W., Cktuckett, R.P., Burgess, P.R., 1977. A key
to the classification of cutaneous mechanoreceptors.
J. Invest. Dermatol. 75–82.
Horowitz, R., Podolsky, R.J., 1987. The positional stability of thick filaments in activated skeletal muscle
depends on sarcomere length : evidence for the role of
titin filaments. J. Cell Biol. 2217–2223.
Huet de la Tour, E., Tardieu, C., Tabary, J.C., Tabary, C.,
1979. Decrease of muscle extensibility and reduction
of sarcomere number in soleus muscle following a
local injection of tetanus toxin. J. Neurol. Sci.
123–131.
Hufsmith, A., Mauritz, K., 1985. Chronic Transformation
of Muscle in Spasticity : a Peripheral Contribution to
Increased Tone. J. Neurol. Neurosurg. Psychiatry
676–685.
Huijing, P.A., 1994. Mechanische Muskelmodelle. In :
Komi, P.V. (Ed.), Kraft und Schnellkraft im Sport.
Colonia, pp. 135–154.
Huijing, P.A., 1999. Muscle as a collagen fiber reinforced
composite : a review of force transmission in muscle
and whole limb. J. Biomech. 329–345.
Hulborn, 2006. Spinal Reflexes, mechanisms and concepts :
From Eccles to Lundberg and Beyond. Progress in
Neurobiology 125–232.
Hutton, R.S., 1994. Neuromuskulare Grundlagen des
Stretching. In : Komi, P.V. (Ed.), Kraft und Schnellkraft
im Sport. Colonia, pp. 41–50.
Huxley, A.F., Niedergerke, R., 1954. Structural changes in
muscle during contraction ; interference microscopy of
living muscle fibers. Nature 971–973.
Huxley, A.F., Niedergerke, R., 1954. Measurement of
muscle striations in stretch and contraction. J. Physiol.
46–7P.
Huxley, A.F., Simmons, R.M., 1971. Proposed mechanism of force generation in stried muscle. Nature
533–538.
Huxley, H., Hanson, J., 1954. Changes in the cross-striations of muscle during contraction and stretch and
their structural interpretation. Nature 973–976.
Huxley, H.E., 1969. The mechanism of muscular contraction. Science 1356–1366.
Iggo, A., Andres, K.H.,. Morphology of cutaneous receptors. Annu. Rev. Neurosci. 1–31, 198.
Jacobs, J.V., Horak, F.B., 2007. Cortical control of postural responses. J. Neural Transm. 1339–1348.
Références bibliographiques
Johansson, H., Sojka, P., 1991. Pathophysiological mechanisms involved in genesis and spread of muscular tension in occupational muscle pain and in chronic
musculoskeletal pain syndromes : A hypothesis. Med.
Hypotheses 196–203.
Johansson, H., Sjolander, P., Sojka, P., 1991. Receptors in
the knee joint ligaments and their role in the biomechanics of the joint. Crit. Rev. Biomed. Eng.
341–368.
Johansson, H., Sjolander, P., Sojka, P., 1991. A sensory
role for the cruciate ligaments. Clin. Orthop.
161–178.
Johansson, H., Sjolander, P., Sojka, P., 1991. Receptors in
the knee joint ligaments and their role in the biomechanics of the joint. Crit. Rev. Biomed. Eng.
341–368.
Johns, W., 1984. The physiological basis of physical
education and athletics. In, Fox, Mathews (Eds.),
Saunders.
Johnson, B.L., 1972. Eccentric vs concentric muscle training for strength development. Med. Sci. Sports
111–115.
Johnson, M.A., Sideri, G., Weightman, D., Appleton, D.,
1973. A comparison of fibre size, fibre type constitution and spatial fibre type distribution in normal
human muscle and in muscle from cases of spinal muscular atrophy and from other neuromuscular disorders. J. Neurol. Sci. 345–361.
Jones, K.E., Wessberg, J., Vallbo, A.B., 2001. Directional
tuning of human forearm muscle afferents during
voluntary wrist movements. J. Physiol. 635–647.
Jull, G., Sterling, M., Falla, D., Treleaven, J., O'Leary, S.,
2008. Disturbances in postural stability, head and eye
movement control in cervical disorders. In : Whiplash,
headache and neck pain. Churchill Livingstone
Elsevier.
Kahle, W., Leonhardt, H., Platzer, W., 1979. Anatomie,
Appareil locomoteur. Flammarion-Médecine-Sciences,
[lieu/pages].
Kakuda, N., Nagaoka, M., 1998. Dynamic response of
human muscle spindle afferents to stretch during
voluntary contraction. J. Physiol. 621–628.
Kamen, G., 2005. Aging, resistance training and motor unit
discharge behavior. Can. J. Appl. Physiol. 341–351.
Kapandji, 1970. Physiologie Musculaire. Maloire, Paris.
Kastelic, J., Galeski, A., Baer, E., 1978. The multicomposite structure of tendon. Connect. Tissue Res.
11–23.
Katz, R., Pénicaud, A., Rossi, A., 1991. Reciprocal Ia inhibition between elbow flexors and extensors in the
human. J. Physiol. 269–286.
Kilgore, J.B., Mobley, B.A., 1991. Additional force during
stretch of single frog muscle fibers following tetanus.
Exp. Physiol. 579–588.
Knott, M., Voss, D.E., 1968. Proprioceptive Neuromuscular Facilitation, Patterns and Techniques.
Hoeber Medical Division. Harper & Row, New York.
179
Knutson, G.A., 2000. The role of the γ-motor system in
increasing muscle tone and muscle pain syndromes :
A review of the Johansson/Sojka Hypothesis. J. Manipulative Physiol. Ther. 564–572.
Kokkonen, J., Nelson, A.G., Tarawhiti, T., Buckingham,
P., Glickman-Weiss, E., 2000. Stretching combined
with weight training improves strength more than weight training alone. Med. Sci. Sports Exerc. 649.
Kokkonen, J., Nelson, A.G., Arnall, D.A., 2001. Acute
stretching inhibits strength endurance performance.
Med. Sci. Sports Exerc. 53.
Komi, P.V., Gollhofer, A., 1997. Stretch reflexes can have
an important role in force enhancement during SSC
exercise. J. Appl. Biomech. 451–460.
Komi, P.V., 2003. Stretch-shortening Cycle. In : Komi,
P.V. (Ed.), Strength and Power in Sport. Blackwell
Science Limited, Oxford, pp. 184–202.
Kovanen, V., Suominen, H., Heikkinen, E., 1984. Collagen
of slow twitch and fast twitch muscle fibres in different
types of rat skeletal muscle. Eur. J. Appl. Physiol.
Occup. Physiol. 235–242.
Kovanen, V., Suominen, H., Heikkinen, E., 1984.
Mechanical properties of fast and slow skeletal muscle
with special reference to collagen and endurance training. J. Biomech. 725–735.
Krishnamoorthy, V., Latash, M.L., 2005. Reversals of anticipatory postural adjustments during voluntary sway
in humans. J. Physiol. 675–684.
Labeit, S., Kolmerer, B., Linke, W.A., 1997. The giant protein titin : emerging roles in physiology and pathology.
Circ. Res. 290–294.
Lakie, M., Robson, L.G., 1988. Thixotropic changes in
human muscle stiffness and the effects of fatigue.
Q. J. Exp. Physiol. 487–500.
Laporte, Y., Lloyd, D.P.C., 1952. Nature and significance
of the reflex connections established by large afferent
fibres of muscular origin. Am. J. Physiol. 609–621.
Latash, M.L., Jaric, S., 1998. Instruction-dependent
muscle activation patterns within a two-joint
synergy : Separating mechanics from neurophysiology. J. Mot. Behav. 194–198.
Lecomte-Beckers, J., 2009. Physique des matériaux : partie
polymères. Université de Liège, Belgique.
Lee, W.A., Buchanan, T.S., Rogers, M.W., 1987. Effects of
arm acceleration and behavioral conditions on the
organization of postural adjustments during arm
flexion. Exp. Brain Res. 257–270.
Lee, W.A., Boughton, A., Rymer, W.Z., 1987. Absence of
Stretch Reflex Gain Enhancement in Voluntarily
Activated Spastic Muscle. Exp. Neurol. 317–335.
Lehmann, J.F., Masock, A.J., Warren, C.G., Koblanski, J.N.,
1970. Effect of therapeutic temperatures on tendon
extensibility. Arch. Phys. Med. Rehabil. 481–487.
Lewis, G.N., MacKinnon, C.D., Perreault, E.J.l., 2006.
The effect of task instruction on the excitability of spinal and supraspinal reflex pathways projecting to the
biceps muscle. Exp. Brain Res. 413–425.
180
Références bibliographiques
Liddell, E.G.T., Sherrington, C.S., 1924. Reflexes in response to strech (Myotatic reflexes). Proc. R. Soc.
Lond. B. Biol. Sci. 96, 212–242.
Lieber, R.L., Thornell, L.E., Friden, J., 1996. Muscle
cytoskeletal disruption occurs within the first 15 min
of cyclic eccentric contraction. J. Appl. Physiol.
278–284.
Lieber, R.L., Shah, S., Friden, J., 2002. Cytoskeletal
disruption after eccentric contraction-induced muscle
injury. Clin. Orthop. 90–99.
Lloyd, D.P.C., 1946. Facilitation and inhibition of spinal
motoneurons. J. Neurophysiol. 421–438.
Lømo, T., Westgaard, R.H., Dahl, H.A., 1974. Contractile
properties of muscle : control by pattern of muscle
activity in the rat. Proc. R. Soc. Lond. B. 99–103.
Lund, J.P., Donga, R., Widmer, C.G., Stohler, C.S., 1991.
The pain-adaptation model : a discussion of the relationship between chronic musculoskeletal pain and
motor activity. Can. J. Physiol. Pharmacol. 683–694.
Maertens De Noordhout, A., Delvaux, V., Delwaide, P.J.,
[date]. Il tono muscolare e i suoi disturbi. EMC Elsevier Masson, Paris, 17-007-A-20.
Maertens de Noordhout, A., Rothwell, J.C., Day, B.L.,
Dressler, D., Nakashima, K., Thompson, P.D., et al.,
1992. Effect of digital nerve stimuli on responses to
electrical or magnetic stimulation of the human brain.
J. Physiol. 535–548.
Magid, A., Law, D.J., 1985. Myofibrils bear most of the
resting tension in frog skeletal muscle. Science
1280–1282.
Magnusson, S.P., 1998. Passive properties of human skeletal muscle during stretch maneuvers. Scand. J. Med.
Sci. Sports 65–77.
Magnusson, S.P., Simonsen, E.B., Aagaard, P., Gleim,
G.W., McHugh, M.P., Kjaer, M., 1995. Viscoelastic
response to repeated static stretching in the human
hamstring muscle. Scand. J. Med. Sci. Sports
342–347.
Magnusson, S.P., Simonsen, E.B., Aagaard, P., Kjaer, M.,
1996. Biomechanical responses to repeated stretches
in human hamstring muscle in vivo. Am. J. Sports
Med. 622–628.
Magnusson, S.P., Aargaard, P., Simonsen, E.B., BojsenMoller, F., 1998. A biomechanical evaluation of cyclic
and static stretch in human skeletal muscle. Int. J.
Sports Med. 310–316.
Mansour, J.M., Pereira, J.M., 1987. Quantitative functional anatomy of the lower limb with application to
human gait. J. Biomech. 51–58.
Mao, C.C., Ashby, P., Wang, M., McCrea, D., 1984.
Synaptic Connections from large muscle afferents to
the motoneurons of various leg muscles in man. Exp.
Brain Res. 341–350.
Marsden, C.D., Merton, P.A., Morton, H.B., 1979.
Anticipatory postural responses in the human subject.
J. Physiol. 47P–48P.
Marsden, C.D., Rothwell, J.C., Day, B.L., 1983. Long
latency automatic responses to muscle stretch in man :
origin and function. In : Desmedt, J.E. (Ed.), Motor
Control mechanisms in Health and Disease. Raven
Press, New York, pp. 509–539.
Masi, A.T., Hannon, J.C., 2008. Human resting muscle
tone : narrative introduction and modern concepts.
J. Bodyw. Mov. Ther. 320–332.
Massion, J., Alexandrov, A., Frolov, A., 2004. Why and
how are posture and movement coordinated ? Progr.
Brain Res. 13–27.
Massonnet, C., Cescotto, S., 2001. Mécanique des matériaux. De Boeck, Paris-Bruxelles.
Mattews, P.B.C., 1991. The human stress reflex and the
motor cortex. Trends Neurosci. 87–91.
Mazzochio, R., Rossi, A., Rothwell, J.C., 1994. Depression
of Renshaw recurrent inhibition by activation of corticospinal fibres in human upper and lower limb.
J. Physiol. 487–498.
McHugh, M.P., Connelly, D.A.J., Esron, R.G., Kremenie,
I.J., Nicholas, S.J., Gleim, G.W., 1999. The role of passive muscle stiffness in symptoms of exercise-induced
muscle damage. Am. J. Sports Med. 594–599.
McKloskey, D.I., 1978. Kinesthetic sensibility. Physiol.
Rev. 763–820.
McNulty, P.A., Macefield, V.G., 2001. Modulation of
ongoing EMG by different classes of low-threshold
mechanoreceptors in the human hand. J. Physiol.
1021–1032.
Melvill Johns, G., Watt, D.G.D., 1971. Muscular control
of landing from unexpected falls in man. J. Physiol.
729–737.
Meunier, S., Pierrot-Deseilligny, E., Simonetta, M., 1993.
Pattern of monosynaptic heteronymous Ia connections
in the human lower limb. Exp. Brain Res. 534–544.
Micheli, L.J., 1986. Lower extremity overuse injuries. Acta
Med. Scand. Suppl. 171–177.
Micheli, L.J., 1986. Pediatric and adolescent sports injuries :
recent trends. Exerc. Sport Sci. Rev. 359–374.
Moore, M.A., Kukulka, C.G., 1991. Depression of
Hoffmann reflexes following voluntary contraction
and implications for proprioceptive neuromuscular
facilitation therapy. Phys. Ther. 321–329 ; discussion
329–33.
Morgan, D.L., Whitehead, N.P., Wise, A.K., Gregory, J.E.,
Proske, U., 2000. Tension changes in the cat soleus
muscle following slow stretch or shortening of the
contracting muscle. J. Physiol. 503–513.
Moss, C.L., 1991. Comparison of histochemical and
contractile properties of human gastrocnemius muscle. J. Orthop. Sports Phys. Ther. 322–327.
Nashner, L.M., 1976. Adapting reflexes controlling the
human posture. Exp. Brain Res. 59–72.
Nashner, L.M., 1979. Organization and programming of
motor activity during posture control. Prog. Brain
Res. 177–184.
Références bibliographiques
Nashner, L.M., 2001. Computerized dynamic posturography. In : Goebel, J.A. (Ed.), Practical management of
the dizzy patient. Lippincott Williams & Wilkins,
Philadelphia, pp. 143–170.
Newsom Davis, J., Sears, T.A., 1970. The proprioceptive
reflex control of the intercostals muscles during their
voluntary activation. J. Physiol. 711–738.
Newton, P.O., Woo, S.L., MacKenna, D.A., Akeson, W.H.,
1995. Immobilization of the knee joint alters the
mechanical and ultrastructural properties of the rabbit
anterior cruciate ligament. J. Orthop. Res. 191–200.
Nielsen, L.E. Mechanical Properties of Polymers. Reinhold
Publishing Corporation. Library of Congress.
Noonan, T.J., Best, T.M., Seaber, A.V., Garrett Jr., W.E.,
1993. Thermal effects on skeletal muscle tensile behavior. Am. J. Sports Med. 517–522.
Nouwen, A., Akkerveeken, P., Versloot, J., 1987. Patterns
of muscular activity during movement in patients with
chronic low back pain. Spine 777–782.
Noyes, F.R., 1977. Functional properties of knee ligaments
and alterations induced by immobilization : a correlative biomechanical and histological study in primates.
Clin. Orthop. Relat. Res. 210–242.
Oie, K.S., 2002. Multisensory fusion : simultaneous rewighting of vision and touch for the control of human
posture. Cogn. Brain Res. 164–176.
Patel, T.J., Lieber, R.L., 1997. Force transmission in skeletal muscle : from actomyosin to external tendons.
Exerc. Sport Sci. Rev. 321–363.
Patton, H.D., Fuchs, A., Hille, B., et al., 1989.
Textbook of Physiology. Saunders, Philadelphia.
Pearson, K., Gordon, J., 2000. Locomotion. In : Kandel,
E., Schwartz, J.H., Jessell, T.M. (Eds.), Principles of
neural science. McGraw Hill, New York, pp. 737–755.
Pearson, K., Gordon, J., 2000. Spinal Reflexes. In : Kandel,
E., Schwartz, J.H., Jessell, T.M. (Eds.), Principles of
neural science. Elsevier, New York, pp. 713–736.
Perez, M.A., Field-Fote, E.C., Floeter, M.K., 2003.
Patterned sensory stimulation induce plasticity in reciprocal Ia inhibition in human. J. Neurosci. 2014–2018.
Peterka, R.J., 2002. Sensorimotor integration in human
postural control. J. Neurophys. 1097–1118.
Petersen, T.H., Rosenberg, K., Petersen, N.C., Nielsen,
J.B., 2009. Cortical involvement in anticipatory postural reactions in man. Exp. Brain Res. 161–171.
Pierrot-Deseillgny, E., Morin, C., Bergego, C., Tankov, N.,
1981. Patterns of group I fiber projections from ankle
flexor and extensor muscles in man. Exp. Brain Res.
337–350.
Pierrot-Deseilligny, E., Burke, D., 2005. The Circuitry of
the Human spinal cord. Cambridge University press,
Cambridge.
Pierrynowski, M.R., Morrison, J.B., 1985. A Physiological
Model for the Evaluation of Muscular Forces in
Human Locomotion : Theoretical Aspects. Math. Biosci.
69–101.
181
Pope, M.H., Johnson, R.J., Brown, D.W., Tighe, C.,
1979. The role of the musculature in injuries to the
medial collateral ligament. J. Bone Joint Surg. Am.
398–402.
Pressel, T., Lengsfeld, M., 1998. Functions of hip joint
muscles. Med. Eng. Phys. 50–56.
Prochazka, A., 1996. Proprioceptive feedback and movement regulation. In : Rowell, L.B., Shepherd, J.T.
(Eds.), Handbook of Physiology, Exercise : Regualtion
and Integration of Multiple Systems. Oxford University
Press, New York, pp. 89–127.
Proske, U., Morgan, D.L., 1999. Do cross-bridges contribute to the tension during stretch of passive muscle ?
J. Muscle Res. Cell. Motil. 433–442.
Pynt, J., Mackey, M.G., Higgs, J., 2008. Kyphosed seated
postures : extending concepts of postural health
beyond the office. J. Occup. Rehabil. 35–45.
Quant, S., Adkin, A.L., Staines, W.R., Maki, B.E., McIlroy,
W.E., 2004. The effect of a concurrent cognitive task
on cortical potentials evoked by unpredictable balance
perturbations. BMC Neurosci. 18.
Renshaw, B., 1941. Influence of discharge of motoneurons upon excitation of neighboring motoneurons.
J. Neurophysiol. 167–183.
Richard, D., Orsal, D., 2001. Neurophysiologie,
Organisation et fonctionnement du système nerveux.
Dunod, Paris.
Roll, J.P., Roll, R., 1987. La proprioception extra-oculaire
comme élément de référence posturale et de lecture
spatiale des données rétiniennes. Agressologie
905–912.
Roll, J.P., Vedel, J.P., Ribot, E., 1989. Alteration of proprioceptive messages induced by tendon vibration in
man : a microneurographic study. Exp. Brain Res.
213–222.
Roll, J.P., Vedel, J.P., Roll, R., 1989. Eye, head and skeletal
muscle spindle feedback in the elaboration of body
references. Prog. Brain Res. 113–123.
Roncesvalles, M.N., Woollacott, M.H., Brown, N., Jensen,
J.L., 2004. An emerging postural response : is control
of the hip possible in the newly walking child ? J. Mot.
Behav. 147–159.
Rossi-Durand, C., 2006. Proprioception and myoclonus.
Neurophysiol. Clin. 299–308.
Rothwell, J.C., Colebatch, J.G., Bronstein, A., Ludman, H.,
1994. Click-evoked vestibular activation in the Tullio
phenomenon. J. Neurol. Neurosurg. Psychiatry
1538–1540.
Roy, S., Deluca, C., Casavant, D., 1989. Lumbar muscle
fatigue and chronic low back pain. Spine 992–1001.
Safran, M.R., Garrett Jr., W.E., Seaber, A.V., Glisson, R.R.,
Ribbeck, B.M., 1988. The role of warm-up in muscular injury prevention. Am. J. Sports Med. 123–129.
Sapega, A.A., Nicholas, J.A., 1981. The Clinical Use of
Musculo skeletal Profiling in Orthopaedic Sports
Medicine. Phys. Sportsmed. 80–88.
182
Références bibliographiques
Sapega, A.A., Quedenfeld, T.C., Moyer, R.A., Butler, R.A.,
1981. Biophysicalfactors in range-of-motion exercise.
Phys. Sportsmed. 57–65.
Sasaki, N., Enyo, A., 1995. Viscoelastic properties of bone
as a function of water content. Division of Biological
Sciences, Graduate School of Science Hokkaido
University, Sapporo, Japan. J. Biomech. 809–815.
Schieppati, M., Nardone, A., 1999. Group II spindle afferent fibers in humans : Their possible role in the reflex
control of the stance. In : Binder, M.D. (Ed.), Progress
in Brain Research. Elsevier Science, Amsterdam,
pp. 461–472.
Schleip, R., Naylor, I.L., Ursu, D., Melzer, W., Zorn, A.,
Wilke, H.J., et al., 2006. Passive muscle stiffness may
be influenced by active contractility of intramuscular
connective tissue. Med. Hypotheses 66–71.
Schmidtbleicher, D., 1985. L´entraînement de force ;
1re partie : classification des méthodes. Sciences du
Sport.
Schmidtbleicher, D., 1985. L´entraînement de force ;
2e partie : l´analyse structurelle de la force motrice et
de son application à l´entraînement. Sciences du
Sport.
Schmidt, R.A., Lee, T.D., 1999. Motor control and learning : a behavioural emphasis. Human Kinetics
Publishers, Champaign.
Schmidt, R.A., Teasdale, N., 1991. Deceleration requirements and the control of pointing movements. J. Mot.
Behav. 131–138.
Schmitz, C., Martin, N., Assaiante, C., 2002. Building
anticipatory postural adjustment during childhood :
a kinematic and electromyographic analysis of unloading in children from 4 to 8 years of age. Exp. Brain
Res. 354–364.
Schober, H., Kraif, W., Wittekop, G., Schmidt, H., 1990.
Beitrag zum Einfluß verschiedener Dehnungsformen
auf das muskuläre Entspannungsverhalten des M. quadrizeps femoris. Medizin und Sport 88–91.
Shadwick, R.E., 1990. Elastic energy storage in tendons :
mechanical differences related to function and age.
Department of Biology, University of Calgary, Alberta,
Canada. J. Appl. Physiol. 1033–1040.
Sherrington, C.S., 1897. On reciprocal innervation of
antagonist muscles. Proceeding of the Royal Society
408–417.
Sherrington, C.S., 1906. The integrative action of the nervous system. University Press, Cambridge.
Sherrington, C.S., 1909. On plastic tonus and proprioceptive reflexes. Quart. J. Exp. Physiol. 109–156.
Sherrington, C.S., 1915. Postural activity of muscle and
nerve. Brain 191–234.
Shirley, D., Hodges, P.W., Eriksson, A.E., Gandevia, S.C.,
2003. Spinal stiffness changes throughout the respiratory cycle. J. Appl. Physiol. 1467–1475.
Simoneau, G.G., Ulbrecht, J.S., Derr, J.A., Cavanagh,
P.R., 1995. Role of somatosensory input in the control
of human posture. Gait Posture 115–122.
Sinkjaer, T., 1997. Muscle reflexes and central components
in the control of the ankle joint in healthy and spastic
man. Acta Neurol. Scand. 1–28.
Sjölander, P., Johansson, H., Djupsjobacka, M., 2002.
Spinal and supraspinal effects of activity in ligament
afferents. J. Electromyogr. Kinesiol. 167–176.
Smith, J.W., 1954. Muscular control of the arches of the
foot in standing ; an electromyographic assessment.
J. Anat. 152–163.
Snell, 2003. Neuroanatomía Clínica. Editorial Panamericana.
Solomonow, M., Zhou, B.H., Harris, M., Lu, Y.,
Baratta, R.V., 1998. The ligamento-muscular stabilizing system of the spine. Spine 2552–2562.
Stein, R.B., Thomson, A.K., 2006. Muscles reflexes in
motion : how, what & why ? Exerc. Sport Sci. Rev.
145–153.
Stewart, R.J., Semerjian, J., Schmidt, C.F., 1998. Highly
processive motility is not a general feature of the kinesins. Eur. Biophys. J. 53–60.
Stokes, M., Young, A., 1984. The contribution of reflex
inhibition to arthrogenous muscle weakness. Clin. Sci.
7–14.
Strasser, H., 1917.
Lehrbuch der Muskel und
Gelenkmechanik, Bd III : Teil untere Extremität
Berlin.
Stuart, D.G., Enoka, R.M., 1983. Motoneurons, motor
units and the size principle. In : Willis Jr., W.D. (Ed.),
The clinical neurosciences. Churchill Livingstone,
New York, pp. 471–517.
Szeto, G.P., Straker, L.M., O'Sullivan, P.B., 2009. Neckshoulder muscle activity in general and task-specific
resting postures of symptomatic computer users with
chronic neck pain. Man. Ther. 338–345.
Taylor, A., 2002. Give proprioceptors a chance. Adv. Exp.
Med. Biol. 508, 327–334.
Taylor, B.F., Waring, C.A., Brashear, T.A., 1995. The
effects of therapeutic application of heat or cold followed by static stretch on hamstring muscle length.
J. Orthop. Sports Phys. Ther. 283–286.
Thein, R., Eichenblat, M., 1999. Concealed knee cartilage
lesions : is arthroscopic probing therapeutic ? Am.
J. Sports Med. 495–499.
Tillmann, B., Töndury, G., 1987. Anatomie des Menschen.
Thieme, Stuttgart.
Trappe, T.A., Carrithers, J.A., White, F., Lambert, C.P.,
Evans, W.J., Dennis, R.A., 2002. Titin and nebulin
content in human skeletal muscle following eccentric
resistance exercise. Muscle Nerve 289–292.
Vallbo, A.B., 1974. Human muscle spindle discharge
during isometric voluntary contractions, Amplitude
relations between spindle frequency and torque. Acta
Physiol. Scand. 319–336.
Viidik, A., 1968. Elasticity and tensile strength of the anterior cruciate ligament in rabbits as influenced by training. Acta Physiol. Scand. 372–380.
Viidik, A., 1968. An apparatus for the measurement of
small tensions. Experientia 861–862.
Références bibliographiques
Viidik, A., 1968. A rheological model for uncalcified
parallel-fibred collagenous tissue. J. Biomech. 3–11.
Viidik, A., 1973. Functional properties of collagenous tissues. Int. Rev. Connect. Tissue Res. 127–215.
Viidik Andrus (Editor), Vuust Jens (Editor) Statens
Lgevidenskabelige Forskningsrad (Denmark) (Author),
Aarhus Universitet Forskningsfondet (Corporate
Author), Denmark Universitet Lgevidenskabelige
Fakultet Aarhus (Corporate Author), 1980. Biology of
Collagen.
Viidik, A., Danielsen, C.C., Oxlund, H., 1982. On fundamental and phenomenological models, structure and
mechanical properties of collagen, elastic and glycosaminoglycan complexes. Fourth International Congress
of Biorheology Symposium on Mechanical Properties
of Living Tissues. Biorheology 437.
Voigt, M., Dhyre-Poulsen, P., Simonsen, E.B., 1998.
Modulation of short latency stretch reflexes during
human hopping. Acta Physiol. Scand. 181–194.
Walsh, S., Frank, C., Shrive, N., Hart, D., 1993. Knee
immobilization inhibits biomechanical maturation of
the rabbit medial collateral ligament. Clin. Orthop.
253–261.
Walsh, L.D., Smith, J.L., Gandevia, S.C., Taylor, J.L.,
2009. The combined effect of muscle contraction history and motor commands on human position sense.
Exp. Brain Res. 603–610.
Wang, K., McClure, J., Tu, A., 1979. Titin : major myofibrillar components of striated muscle. Proc. Natl.
Acad. Sci. U.S.A. 3698–3702.
Warren, C.G., Lehaman, J.F., Koblanski, J.N., 1976. Heat
and stretch procedures : an evaluation using rat tail
tendon. Arch. Phys. Med. Rehabil. 122–126.
Weber, B., Gagey, P.M., 1999. Posturologie, Régulation et
dérèglements de la station debout. Masson Collection,
Bois-Larris.
Whitehead, N.P., Gregory, J.E., Morgan, D.L., Proske, U.,
2001. Passive mechanical properties of the medial gastrocnemius muscle of the cat. J. Physiol. 893–903.
Wiemann, K., Klee, A., 2000. Die Bedeutung von
Dehnen und Stretching in der Aufwärmphase vor
Höchsstleistungen. Leistungssport 5–9.
Wiktorsson-Moeller, M., Oberg, B., Ekstrand, J., et al.,
1983. Effect of warming up, massage, and stretching
on range of motion and muscle strength in the lower
extremity. Am. J. Sports Med. 249–252.
Wilkie, D.R., 1966. Muscle. Annu. Rev. Physiol. 17–38.
Wilkie, D.R., 1968. Symposium on Muscle. In : Symposia
Biologica Hungarica. Ernst, E., & Straub, F.B.,
Budapest.
Williams, P.E., Goldspink, G., 1971. Longitudinal growth
of striated muscle fibers. J. Cell Sci. 751–767.
183
Williams & Warwick, 1985. Gray Anatomia. Editorial
Salvat, España.
Williams, P.E., Catanese, T., Lucey, E.G., Goldspink, G.,
1988. The importance of stretch and contractile activity in the prevention of connective tissue accumulation in muscle. England J. Anat. 109–114.
Wilson, G.J., Elliot, B.C., Wood, B.A., 1992. Stretch shorten cycle performance enhancement through flexibility training. Med. Sci. Sports Exerc. 116–123.
Wilson, G.J., Murphy, A.J., Pryor, J.F., 1994. Musculotendinous stiffness : its relationship to eccentric, isometric, and concentric performance. J. Appl. Physiol.
2714–2719.
Windhorst, U., 1996. On the role of recurrent inhibitory feedback in motor control. Prog. Neurobiol.
517–587.
Windhorst, U., 2007. Muscle proprioceptive feedback and
spinal networks. Brain Res. Bull. 155–202.
Winegrad, S., Robinson, T.F., 1978. Force generation
among cells in the relaxing heart. Eur. J. Cardiol.
63–70.
Woo, S.L., Gomez, M.A., Amiel, D., Ritter, M.A.,
Gelberman, R.H., Akeson, W.H., 1981. The effect of
exercise on the biochemical and biochemical properties of swine digital flexor tendons. J. Biomech. Eng.
51–56.
Woo, M., Tanabe, Y., Ishii, H., Nonaka, I., Yokoyama, M.,
Esaki, K., 1987. Muscle fiber growth and necrosis in
dystrophic muscles : a comparative study between dy
and mdx mice. J. Neurol. Sci. 111–122.
Wright, J.C., Jones, R.O., 1983. Revisional left ankle
arthrodesis for pseudoarthrosis. J. Foot Surg. 57–59.
Wydra, G., 1997. Stretching, ein Überblick über den
aktuellen Stand der Forschung. Sportwissenschaft
409–427.
Wydra, G., Bös, K., Karisch, G., 1991. Zur Effectivität
verschiedener Dehtechniken. Deutsche Zeitschrift für
Sportmedizin 386–400.
Yang, H., Alnaqeeb, M., Simpson, H., Goldspink, G.,
1997. Changes in muscle fiber type, muscle mass and
IGF-I gene expression in rabbit skeletal muscle subjected to stretch. J. Anat. 613–622.
Young, A., Stokes, M., Iles, J.F., 1987. Effects of joint
pathology on muscle. Clin. Orthop. Relat. Res. 21–27.
Zalpour, C., 2002. Physiology Anatomy. Urban and
Fischer, Munich.
Zatsiorski, V.M., 1966. Les qualités physiques du sportif.
Insep.
Zattara, M., Bouisset, S., 1988. Posturo-kinetic organisation during the early phase of voluntary upper limb
movement. J. Neurol. Neurosurg. Psychiatry
956–965.
Index
A
Actine-myosine, 5
Actions répétitives, 160
Amplitudes segmentaires, 123
Analytique, 97
Angle de pennation, 19
Aponévroses d’enveloppe, 8
Architecture fasciculaire, 18
C
Caractéristique fonctionnelle
d’un muscle, 72
Cellule de Renshaw, 30
Centralisation des moyens, 48
Centre phrénique, 49
Centres vestibulaires, 41
Cervelet, 42
Chaîne maîtresse antérieure, 55
Chaîne maîtresse postérieure, 55
Chaînes de coordination neuromusculaire, 57
Coefficient d’élasticité, 101
Cohérences fonctionnelles, 57
Collagène, 6
Commande motrice, 25
Compensations, 127
Composante de tassement, 68
Compression articulaire, 70
Contraction isotonique concentrique, 16
Contraction isotonique excentrique, 17
Contraction permanente, 78
Contrainte, 103
Corpuscules de Pacini, 33
Corpuscules de Ruffini, 33
Coupoles diaphragmatiques, 49
Critères de normalité, 77
Cyphose de la position assise, 134
D
Décubitus, 109
Déformation définitive, 102
Déséquilibres opposés, 71
Dogme du renforcement musculaire, 154
E
Échappement à la douleur, 62
Effet cumulatif, 131
Élastine, 8
Endomysium, 5
Épimysium, 5
Évolution de l’espèce, 46
Excentricité, 126
Expirations paradoxales, 131
Extensibilité musculaire, 157
F
Facteurs pathogènes inhérents
à l’activité musculaire, 67
Fascias, 8
Feed-back, 39
Feed-forward, 39
Fibres à chaîne, 28
Fibres à sac, 27
Fibres lentes, 3
Fibres rapides, 4
Fonctions hégémoniques, 49
Formation réticulaire, 41
Fuseaux neuromusculaires, 27
G
Ganglions basaux, 41
Global, 97
Globalité restreinte, 100
Groupes musculaires hégémoniques, 82
H
Hémiplégique spastique, 56
Holistique, 99
Hypercyphose dorsale, 79
Hypertonie, 26
Hypotonie, 26
I
Informations visuelles, 38
Inhibition réciproque, 29
Insistance particulière, 133
Inversions d’action musculaire, 84
186
Index
L
Lésion articulaire, 74
Liaisons croisées, 7
Liaisons transversales, 105
Libération du mouvement, 130
Libération spatiale du geste, 48
M
Messages nociceptifs, 59
Messages proprioceptifs, 39
Mise en tension progressive, 112
Modifications, 147
Moment de la force, 20
Motoneurones alpha, 34
Motoneurones gamma, 28, 31
Mouvements physiologiques, 123
Muscles penniformes, 19
Muscles spinaux, 54
O
Objectifs fonctionnels, 60, 148
Ontogénie, 45
Organes tendineux de Golgi, 32
Organisation des déséquilibres, 91
P
Panacea, 98
Pénibilité, 154
Perfection morphologique, économie
et confort, 71
Périmysium, 5
Perte de l’élasticité, 67
Phylogenèse, 45
Plastoélastiques, 102
Point d’équilibre du thorax, 75
Ponts, 13
Positions de traitement, 109
Postures en charge, 110
Pré-tension, 16
Principes de la physiopathologie rétractile musculaire, 93
Problèmes micro-lésionnels
et macro-morphologiques, 125
Progressivité, 124
Propagation des compensations, 61
R
Rappel élastique, 16
Réflexe myotatique direct, 27
Réflexe tendineux, 32
Regroupement, 47
Regroupement statique, 71
Régulation du tonus, 25
Rétraction musculaire, 67
S
Sauvegarder les acquis, 161
Sentir, faire et obtenir, 129
Simple adaptation, 62
Stabilité fonctionnelle, 37
Stabilité structurelle, 37
Stretch shortening cycle, 157
Superficies d’appui, 38
Surface de section transversale du muscle, 20
Suspension et regroupement, 91
Système d’extension postérieur, 90
Système médiastinal, 50
Système somato-sensoriel, 38
T
Temps de traction, 129
Tendon, 9
Terminaisons libres, 33
Tissus conjonctifs, 16
Titine, 12
Traction passive, 128
U
Unité motrice, 34
V
Validité, 153
Viscoélastiques, 102
Vitesse d’étirement, 103