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CHAIR & ESPRIT : PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA CONJONCTION Voir c’est incorporer, soit faire passer du dehors au dedans, cela est un problème topologique. La danse des abeilles n’est pas un langage informatif, mais une transposition active du dehors en dedans, une transe de passage entre deux mondes séparés et pourtant unis, l’abeille dansante faisant le lien, incarnant de façon dynamique, vivante, le lien. Dans les grottes ornées du paléolithique, ou plutôt de la fin du paléolithique, le regard sert à capturer des proies pour de même se les incorporer, c’est-à-dire faire passer du dehors au dedans. Le regard vise à une capture. C’est soit la femme, soit un animal qui est visé, parce qu’on est dans une relation de même nature: s’approprier l’autre, sa force, sa chair, son ventre, son pouvoir fécond, sa vie, son sang. Tout ce qui me constitue et dont j’ai besoin pour vivre, tout ce qui est à l’intérieur de moi, se trouve dispersé à l’extérieur. L’image se propose donc de faire, de produire, une incorporation qui doit avoir une valeur mystique de participation spirituelle. Mais ici on est arrivé à la rencontre de la chair et de l’esprit, soit à la solution de leur opposition. L’homme est le monde incarné: le monde devenu conscience du monde. L’image sert à transcender les oppositions dedans/dehors, moi/autre, sujet/monde; elle a une fonction de transposition matérielle des êtres; elle opère un passage, elle crée un pont, un lien, elle ouvre une porte. Le monde devient un monde connecté. Pas simplement un monde conscient, mais un monde relié, allié. Encore une fois, c’est d’être ensemble et de participation qu’il s’agit. Je n’irai pas plus loin aujourd’hui, je me contente de proposer des pistes de réflexion. Si vous cherchez des références, vous pouvez aller voir chez Merleau Ponty, ou chez Castoriadis, ou sinon partout, puisque nous sommes tous connectés et qu’il n’y a pas d’origine dans la pensée ni ailleurs et qu’il n’y a pas d’inventeur au sens strict.