Université de Liège
Faculté de Philosophie et Lettres
Département des sciences historiques
Histoire de l’art et archéologie, orientation musicologie
Toots Thielemans et la guitare
Adrien MALEMPREZ
Travail présenté sous la direction Madame Marie CORNAZ dans le cadre du cours de
Patrimoine musical belge. Questions de recherche
Première Master
Année académique 2019-2020
Table des matières
Table des matières .................................................................................................................... 1
Introduction .............................................................................................................................. 2
I.
La découverte de la guitare et Django Reinhardt .......................................................... 2
II. Le rôle de guitariste d’accompagnement… ................................................................... 4
1.
… en Belgique ............................................................................................................................. 4
2.
… à l’étranger .............................................................................................................................. 5
III. La guitare en tant qu’ornement....................................................................................... 7
IV. La guitare sur les devants de la scène ............................................................................. 8
V. L’esthétique et la technique guitaristique....................................................................... 9
VI. Héritage belge .................................................................................................................. 10
Conclusion ................................................................................................................................ 11
Bibliographie........................................................................................................................... 12
1.
Sources écrites ........................................................................................................................... 12
2.
Sources numériques et multimédia ............................................................................................ 12
Discographie ........................................................................................................................... 13
1.
Années quarante ........................................................................................................................ 13
2.
Années cinquante ...................................................................................................................... 13
3.
Années soixante ......................................................................................................................... 14
4.
Années septante ......................................................................................................................... 14
5.
Années quatre-vingt .................................................................................................................. 15
6.
Sans date .................................................................................................................................... 15
Annexes ................................................................................................................................... 16
1
Introduction
Jean-Baptiste dit « Toots » Thielemans (1922 – 2016) semble être considéré par beaucoup comme
étant l’un des harmonicistes les plus talentueux du monde du jazz. Néanmoins, d’aucuns ignorent
parfois que ce musicien bruxellois maîtrisait d’autres instruments que l’harmonica. Parmi ces derniers,
nous pouvons notamment citer la guitare, instrument qu’il découvrit à l’âge de 19 ans et qu’il dût
doucement abandonner dès ses 59 ans à la suite d’une attaque cérébrale.
Quelle place la guitare a-t-elle occupée dans la vie de Toots Thielemans ? Dans ce travail, nous
considérerons quarante années de la vie d’un des « meilleurs musiciens sur terre »1 à l’aune de cette
question.
I.
La découverte de la guitare et Django Reinhardt
Lorsqu’il avait 19 ans, Jean Thielemans fut alité à la suite d’une pneumonie. Gilbert Delange, l’un
de ses amis qui était également un percussionniste, lui rendait régulièrement visite. Celui-ci était
suffisamment fortuné que pour faire l’acquisition d’un nouvel instrument de musique chaque mois2.
Lors de l’une de ses visites, Delange présenta à Thielemans son nouvel achat : une guitare. Il se
plaignait de ne pas parvenir à jouer la mélodie du titre Hold Tight de Fats Waller (1904 –1943), l’un
des tubes de l’époque. Thielemans, qui connaissait déjà les notes de cette mélodie car il savait la jouer
à l’harmonica, lui affirma qu’il lui suffisait de dix minutes pour l’apprendre à la guitare. Quand le
temps fut écoulé, Jean Thielemans était en mesure de jouer la mélodie de Hold Tight sur une corde.
Delange était tellement impressionné qu’il lui laissa sa guitare. « C’est comme ça que je suis devenu
guitariste », racontait Thielemans dans une interview avec le journaliste et écrivain Marc Danval3.
« Dès cet instant et durant deux ans», ajoutait-il sur la pochette de l’album Old Friend, « j’oubliai
l’harmonica »4. Cette guitare demi-caisse est aujourd’hui conservée au Musée des Instruments de
Musique de Bruxelles. Elle porte la signature de Toots Thielemans ainsi que l’inscription « Ma
première guitare ! » (cf. annexe I). Son style se rapproche du modèle ES-150 de la compagnie Gibson
(cf. annexe II).
L’histoire du jeune Thielemans qui acquit sa première guitare en 1941 grâce à l’un de ses amis fut
racontée maintes fois, que ce soit dans des biographies, sur des pochettes de vinyles ou ailleurs. Ce
récit, devenu presque légende, diffère selon les versions. Dans son ouvrage biographique consacré à
Toots Thielemans, Marc Danval affirme qu’à l’époque où le jeune bruxellois était alité, il songeait
déjà à faire l’acquisition d’une guitare, instrument alors considéré par les jazzmen comme étant plus
sérieux que l’harmonica. Gilbert Delange, qui avait connaissance de l’attirance de Thielemans pour la
guitare, l’aurait lui-même défié d’apprendre à jouer la mélodie de Hold Tight, et ce, en trois jours et
non dix minutes. S’il y parvenait, Delange lui offrait sa guitare5. Dans sa notice biographique sur
Thielemans parue dans le Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie, Jean-Pol Schroeder écrit
quant à lui que le morceau dont il était question n’était pas Hold Tight de Fats Waller mais Sweet
Georgia Brown interprété par Django Reinhardt (1910 –1953)6. Sur les pochettes des disques Time
Out For Toots et Old Friend, il est également question d’un défi concernant Reinhardt7. Par ailleurs,
1
Quincy Jones et Toots Thielemans : un témoignage vidéo émouvant, 2016, interview de Quincy Jones par Stéphane Mercier,
disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 1’46.
2 DANVAL, Marc, Toots Thielemans, Bruxelles, Éditions Racine, 2006, p. 52.
3 Toots Thielemans se raconte. Episode 2 – La guitare et Django Reinhardt, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc
Danval, disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 3’09.
4
KBR Toots V/7/7 Mus. : Toots Thielemans. Old Friend, Polydor 2925 029, 1976.
5 DANVAL, Marc, op. cit., p. 52.
6 SCHROEDER, Jean-Pol, « Thielemans », dans Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Mardaga, 1991, p.
281.
7 KBR Toots V/7/4 Mus. : Jean ‘Toots’ Thielemans. Time Out For Toots, Decca DL 9204, 1958. – KBR Toots V/7/7 Mus. :
op. cit.
2
d’aucuns avancent que Jean Thielemans ne fut pas toujours autodidacte. Le Bruxellois, après avoir
acquis l’instrument de son ami, aurait pris cinq leçons avec un professeur de guitare espagnol8.
Bien qu’il soutienne dans son interview avec Danval qu’il s’agissait de Fats Waller et non de
Django Reinhardt, Toots fut fortement influencé en tant que guitariste – et plus largement en tant que
jazzman – par ce guitariste de jazz français. Il le découvrit avec son titre Sweet Georgia Brown dans
lequel celui-ci jouait avec le violoniste Stéphane Grappelli (1908 – 1997). Lorsqu’il écoutait Reinhardt
sur son phonographe, Thielemans prenait sa guitare et essayait de jouer en même temps que lui. Il
admet lui-même ne jamais avoir acquis la même vélocité guitaristique que le jazzman, mais être tout
de même parvenu à assimiler le contenu musical de son jeu9.
Quelques temps après avoir composé Nuages, Django Reinhardt vint jouer au Palais des BeauxArts de Bruxelles. C’est à cette occasion que Jean Thielemans rencontra pour la première fois son
idole. Avec d’autres admirateurs, il attendit le jazzman à la gare du Nord où ce dernier débarquait.
Plusieurs années plus tard, lorsque Jean Thielemans – devenu alors « Toots » Thielemans – faisait
partie de la formation de Benny Goodman (1909 – 1986), il fit à nouveau la rencontre du guitariste
français au Hot Club de Rome. Enfin, chez le pianiste Armando Trovajoli (1917 – 2013), Thielemans
eut l’occasion de jouer devant Reinhardt et d’échanger quelques mots avec lui10. Lorsqu’il acquit ses
autorisations et papiers d’immigration pour les États-Unis, Toots reçut une lettre du célèbre producteur
et éditeur français Eddie Barclay (1921 – 2005) lui demandant de venir enregistrer douze faces avec
Django. Au vu du coût des voyages transatlantiques, il dût refuser11. Philip Catherine (1942 –
aujourd’hui), guitariste de jazz belge et ami de Thielemans, explique dans une émission radio que
Toots pensait avoir d’autres occasions d’enregistrer avec son idole, n’imaginant pas que cette dernière
mourrait si jeune. Il fut attristé d’avoir manqué une telle opportunité12.
Tout au long de sa carrière, Thielemans présenta Reinhardt comme l’une de ses influences
majeures, notamment au niveau du lyrisme. « Il parvenait à me faire pleurer »13, explique-t-il sur la
pochette de son album The Sound. Pour Toots, Reinhardt était en avance sur son temps. Bien que son
approche du rythme ne fût pas jazzy, ses constructions harmoniques et mélodiques, elles, étaient déjà
proches du style américain. Lorsque Thielemans reprit Nuages sur son album The Soul Of Toots
Thielemans, il présenta ce titre comme son « humble tribut à son éternelle idole »14.
KBR Toots V/7/4 Mus. : op. cit. – KBR Toots V/8/4 Mus. : Toots Thielemans. Road To Romance, Polydor 46 356, s.d.
Toots Thielemans se raconte. Episode 2 – La guitare et Django Reinhardt, 5’08.
10
Id., 7’29.
11 Id., 10’03.
12 Puisque vous avez du talent. Toots Thielemans : l’immortel, 2019, interview de Philip Catherine par Laurent Graulus,
disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consulté le 8 mai 2020, 15’59.
13 KBR Toots V/8/8 Mus. : The Sound. The Amazing Jean ‘Toots’ Thielemans, Columbia CL 658, 1955.
14 KBR Toots V/8/7 Mus. : The Soul Of Toots Thielemans, Signature SM 6006, 1959.
8
9
3
II.
Le rôle de guitariste d’accompagnement…
0
1. … en Belgique
Quelques temps après avoir découvert la guitare, Jean Thielemans put peu à peu s’investir d’un
rôle d’accompagnateur de jazz grâce à ses nouvelles connaissances musicales et instrumentales. Il fit
son premier pas au milieu des professionnels de la musique à l’Écu de France, restaurant bruxellois se
situant juste à côté du magasin d’instruments Azzato où il fit l’acquisition de « Zezette », sa nouvelle
guitare. À la demande du chef d’orchestre Jack Say (1922 – 2017) – le petit-fils du célèbre Eugène
Ysaÿe (1858 – 1931) –, Thielemans fut engagé en tant que guitariste et harmoniciste pour jouer lors
des dîners-spectacles qu’organisait le restaurant15.
À l’âge de 21 ans, le Bruxellois intégra le Hot Trio avec son ami Gilbert Delange qui, deux ans
auparavant, lui fit découvrir la guitare. Il y tint le rôle de guitariste et Delange celui de percussionniste.
Le trio fut complété par l’harmoniciste Charles Bruylants. C’est avec ce groupe de jazz
qu’apparaissent les premières traces discographiques du futur Toots Thielemans. Au mois de mars
1943, le Hot Trio enregistra en effet deux acétates dans les studios Polyvox à Bruxelles. Sur le premier
se retrouvent les titres Les Yeux noirs et Solitude ; sur le second, Dixieland Detour et St. Louis Blues16.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les premières traces discographiques du jazzman bruxellois,
connu pour être l’un des plus grands harmonicistes du monde, dévoilent finalement un jeune
Thielemans à la guitare accompagnant un autre harmoniciste.
Les deux acétates du Hot Trio ne peuvent être considérés comme les premiers enregistrements
professionnels de Jean Thielemans. En effet, tout le monde pouvait avoir facilement accès aux studios
de Polyvox. Que ce soit un politicien qui souhaite diffuser un discours ou un musicien amateur qui
s’essaye à l’enregistrement, il suffisait de téléphoner à l’entreprise pour pouvoir réserver un studio et
ainsi enregistrer ce que l’on désirait17. Sa première session d’enregistrement professionnelle,
Thielemans la réalisa entre les mois de janvier et février 1946. À cette époque, il intégrait en tant que
guitariste l’orchestre du belge Robert de Kers (1906 – 1987). C’est avec ce dernier que Thielemans
enregistra à Bruxelles Modern Mood, bande originale d’un film du même nom18. Au même moment et
toujours dans la capitale, il prêtait ses talents de guitariste à l’accordéoniste hollandais Rud Wharton et
son groupe le temps d’un enregistrement19. Deux mois plus tard, Jean Thielemans enregistrait pour la
troisième fois de l’année avec le pianiste Ivon de Bie (1914 – 1989) et son orchestre20. Sur ces disques
également réalisés à Bruxelles, Thielemans se retrouva de nouveau à la guitare. Au mois de février de
l’année suivante, il enregistra la partie de guitare solo sur un album du chanteur belge Fud Leclerc
(1924 – 2010) accompagné de son orchestre21. Enfin, la guitare de Jean Thielemans se retrouve aux
côtés de la trompette de Gus Deloof (1909 – 1974) à l’occasion d’un autre enregistrement réalisé à
Bruxelles après le mois de mai 194722.
Étant poussé par le tourbillon musical que suscitait la présence des Américains23, Thielemans, qui
venait de marquer ses premiers pas dans le monde professionnel de la musique, ne tarda pas à tracer
les suivants. Lorsque l’occasion s’offrait à lui, il emprunta plusieurs fois le tram qui desservait la côte
belge afin d’auditionner dans des endroits à la mode – notamment à Knokke24 – avec sa guitare et son
15
DANVAL, Marc, op. cit., p. 62.
PERNET, Robert, Belgian Jazz Discography, Bruxelles, Musée des Instruments de Musique, 2004, p. 341.
17 DANVAL, Marc, op. cit., p. 62.
18 PERNET, Robert, op. cit., p. 205.
19 KBR Danval V/233/12 Mus. + MIM FP : Don’t Fence Me In, Omega 0.5003, 1946. – KBR Danval V/286/1 Mus. + MIM
FP : Kiss Me, Omega 0.5004, 1946. – PERNET, Robert, op. cit., p. 746.
20 KBR Danval V/77/2 Mus. + MIM FP : Rose Room, Decca 9225, 1946. – MIM FP : The Song Is Ended, Decca 9226,
1946 – PERNET, Robert, op. cit., p. 192.
21 PERNET, Robert, op. cit., p. 422.
22 KBR Danval V/720/2 Mus. + MIM FP : My Melody, Victory 9092, s.d. – MIM FP : Lucky Be Bop, Victory 9239, s.d.
23 SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 281.
24 Toots Thielemans se raconte. Episode 3 – Le Jazz Hot et les USA, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc Danval,
disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 3’00.
16
4
ampli25. À l’heure de la Libération, Jean Thielemans commençait vaguement à faire parler de lui. Son
succès, il le dût entre autres à son style musical américanisé26. Il eut alors l’occasion d’être auditionné
par le jazzman belge Herman Sandy (1921 – aujourd’hui) pour devenir le nouveau guitariste du Jazz
Hot, l’une des trois « meilleures formations du pays avec les Internationals et les Bob-Shots »27. Il
réussit son audition et intégra le combo. C’est à cette époque qu’il abandonna son prénom pour
devenir « Toots » Thielemans, estimant que « "Jean" Thielemans, ça ne swing pas »28. Avec le Jazz
Hot, Toots eut notamment l’occasion de jouer à Blankenberge et à Bruxelles. Sa réputation fut
florissante. Dès cette époque, il fut en effet considéré comme « l’un des bons guitaristes de la
capitale »29. Un an plus tard, il intégra une nouvelle formation en tant que guitariste : celle du pianiste
Rudy Bruder (1914 – ?). Avec cette dernière, il se produisit à la Malmaison de Bruxelles30.
2. … à l’étranger
En 194731, Toots accompagna son oncle Théophile Thielemans qui dut effectuer un voyage
d’affaires aux États-Unis. À Miami, il rencontra le guitariste Chuck Wayne (1923 – 1997). Ce dernier
l’invita à jouer sur sa guitare. À cette époque, Toots était déjà totalement « be-bopisé »32. Il était en
effet rapidement parvenu à maîtriser le be-bop, musique alors nouvelle. Lorsqu’il en fit une
démonstration à Wayne, l’Américain fut épaté33. Billy Shaw, l’imprésario de Benny Goodman, fut
également séduit lorsqu’il eut l’occasion d’écouter Thielemans. Il lui promit alors d’en faire, du haut
de ses 25 ans, « le roi belge du be-bop »34. Lors de ce séjour, le Bruxellois eut également l’opportunité
de jouer avec le trio du pianiste Lennie Tristano (1919 – 1978). Sur une photographie capturée pour
l’occasion, force est de constater que les rôles s’inversèrent peu à peu. Alors que Thielemans se
retrouvait aux devants de la scène avec son harmonica, le rôle de guitariste d’accompagnement fut
tenu par un autre musicien (cf. annexe IV).
Le voyage de Toots Thielemans aux États-Unis ne manqua pas d’accroitre sa réputation en
Occident. Benny Goodman lui-même, considéré à l’époque comme le « King of Swing »35, proposa à
Toots de l’accompagner sur la scène du Paramount Theater de New York. Malheureusement pour le
jazzman belge, Goodman ne parvint pas à obtenir le visa de Toots, ce qui empêcha ce dernier de
travailler aux États-Unis36. En 1949, Thielemans fut à l’affiche du Festival de Paris aux côtés de
Charlie Parker et Miles Davis (cf. annexe V). Pour l’occasion, une jam session fut enregistrée le 15
mai. Sur ce disque, nous retrouvons une fois de plus le Bruxellois à la guitare37. Deux jours plus tôt,
Toots participait à une autre session d’enregistrement en compagnie de son quartet du Hot Club de
Belgique38. Ainsi, en 1949, l’intégralité de la discographie de Toots Thielemans – longue de six
années d’enregistrements – présentait le musicien belge comme étant principalement guitariste.
Toujours en 1949, Thielemans fit pour la seconde fois la rencontre de Benny Goodman. Ce dernier
lui renouvela la proposition qu’il lui avait faite quelques temps auparavant. La formation Goodman
effectuant une tournée européenne, Toots put cette fois-ci accepter l’offre sans se soucier de problèmes
de visa et de permis de travail ; il devint officiellement le nouveau guitariste et harmoniciste du combo
25
DANVAL, Marc, op. cit., p. 63.
Toots Thielemans se raconte. Episode 3 – Le Jazz Hot et les USA, 3’35.
27 SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 281.
28 Toots Thielemans se raconte. Episode 3 – Le Jazz Hot et les USA, 3’55.
29 SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 281.
30 LEGROS, Bernard, « Bruder », dans Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Mardaga, 1991, p. 88.
31 La date inscrite au dos de l’annexe III laisse penser que Thielemans était déjà aux États-Unis en 1946. C’est néanmoins la
seule source qui témoigne d’un tel fait ; sa véracité en est fragilisée.
32 Toots Thielemans se raconte. Episode 3 – Le Jazz Hot et les USA, 5’42.
33 SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 282.
34
Ibid.
35 Toots Thielemans se raconte. Episode 3 – Le Jazz Hot et les USA, 7’38.
36
SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 282.
37 PERNET, Robert, op. cit., p. 362.
38 KBR Toots V/3/7 Mus. + Danval V/221/4 Mus. + MIM FP : Fhe’s [sic] Funny That Way, Pacific 2324, 1949. – KBR
Toots V/3/15 Mus. + Toots V/4/10 Mus. : Boppin’ At The Doge, Pacific 2327, 1949. – PERNET, Robert, op. cit., p. 658.
26
5
du « King of Swing ». C’est alors le début d’une vie faite de pérégrinations. En 1950, Benny Goodman
et son orchestre vinrent jouer à Knokke. Sur l’une des affiches du concert, Thielemans est uniquement
référencer en tant que guitariste (cf. annexe VI). Avec Goodman, Thielemans voyagea également dans
différentes régions d’Europe, dont la Scandinavie. En Suède, il trouva sa place et eut l’occasion de se
lier d’amitié avec Charlie Parker. À l’âge de 30 ans, Toots Thielemans prit la décision de repartir pour
les États-Unis39.
Entre son entrée dans le combo de Benny Goodman et son second départ pour l’Amérique, les
occasions ne manquèrent pas à Thielemans de produire ses propres albums, que ce soit à Bruxelles ou
Stockholm. Durant cette période, la Belgian Jazz Discography de Robert Pernet ne recense pas moins
de onze enregistrements sous le nom « Toots Thielemans »40. Peu à peu, le jazzman privilégia son rôle
d’harmoniciste face à celui de guitariste. En effet, seuls trois de ces enregistrements indiquent
Thielemans en tant que tel. En outre, ce rôle fut tenu par un autre musicien du nom de Bill Alexandre
(1922 – ?) sur l’un de ces enregistrements41.
Dès son arrivée aux États-Unis, Toots continua de favoriser son harmonica, bien que nous le
retrouvions à la guitare – sous le nom de « Jon Tilmans » – sur ses deux premiers enregistrements
réalisés en terres américaines42. Un soir, alors qu’il venait de jouer de l’harmonica lors d’une jam
session au club de jazz new-yorkais Birdland, le clarinettiste américain Tony Scott (1921 – 2007)
l’approcha. Scott connaissait Thielemans de réputation et savait que ce dernier était guitariste. Il
annonça alors à Thielemans que Dick Garcia (1931 – aujourd’hui), guitariste du quintette de Georges
Shearing (1919 – 2011), venait de quitter le combo ; Shearing était à la recherche d’un nouveau
guitariste. Tony Scott fit se rencontrer Toots et le maître du quintette. Après avoir prouvé ses talents
de guitariste mais aussi d’harmoniciste, Georges Shearing, convaincu, proposa à Thielemans
d’intégrer son combo43. Dans ce quintette, Toots retrouva le plaisir de la guitare comme il le
proclamait lui-même : « Au début, j’ai eu un petit coup de feu à la guitare que je n’avais plus touchée
depuis la tournée Goodman. Après une quinzaine de jours, j’ai eu tous les arrangements dans les
doigts, quoique certains soient assez compliqués »44. Durant environ sept années, Thielemans
accompagna Shearing à travers l’Amérique (cf. annexes VII, VIII et IX). Bien qu’il lui arrivait de
jouer de l’harmonica, le « noyau de son travail »45 fut de jouer de la guitare. Avec sa formation,
Georges Shearing inventa un nouveau son. À l’heure actuelle, la formule à cinq instruments piano,
basse, batterie, vibraphone et guitare est appelée « Shearing »46. Le pianiste lui-même affirma qu’il
n’eut jamais de meilleur quintette47.
Au long des sept années qu’il passa avec Georges Shearing, Toots Thielemans enregistra plus de
vingt albums48. En dehors du quintette, il eut neuf occasions d’enregistrer sous son nom, et ce,
principalement à New York mais également à Los Angeles et Chicago49. Tout comme ce fut le cas
avant qu’il ne revienne aux États-Unis, le musicien bruxellois fit primer son harmonica lors de ces
sessions d’enregistrement. Depuis 1950 avec le Sphinx Studio Orchestra50, Thielemans n’enregistra
aucun album sous son nom sans son instrument à vent. Sa guitare, quant à elle, fut incontestablement
39
SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 283.
PERNET, Robert, op. cit., p. 659-660.
41 KBR Toots V/3/11 Mus. + Toots V/4/8 Mus. + Danval V/221/11 Mus. + MIM FP: Toots Boogie. Play Harmonica Play,
Sphinx S6036, 1950. – KBR Danval V/221/12 Mus. + MIM FP: Latin Quarter. Tootsin’ The Mambo, Sphinx S6039, 1950. –
PERNET, Robert, op. cit., p. 659.
42 KBR Toots V/1/15 Mus. + Toots V/4/1 Mus. : Dynamite, MGM Records 11373, 1952. – KBR Toots V/4/2 Mus. : The
Jazz Me Blues, MGM Records 11289, 1952. – PERNET, Robert, op. cit., p. 661.
43 Toots Thielemans se raconte. Episode 6 – Georges Shearing, rencontre et engagement, 2016, interview de Toots
Thielemans par Marc Danval, disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 4’09.
44 Cité par SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 284.
45 Toots Thielemans se raconte. Episode 6 – Georges Shearing, rencontre et engagement, 9’34.
46
Id., 1’02.
47 KBR Toots II/1B/8 Mus. : « Georges Shearing : "Je n’ai jamais eu de meilleur quintette." », s.d.
48 SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 285.
49 PERNET, Robert, op. cit., p. 661-663.
50 KBR Danval V/221/10 Mus. + MIM FP : Obsession ; A Russian Rag Vladivostok, Sphinx S6053, 1950. – KBR Danval
V/221/14 Mus. + MIM FP : La petite gavotte ; Low Down Blues, Sphinx S6060, 1950. – PERNET, Robert, op. cit., p. 659.
40
6
laissée peu à peu de côté dans ce genre de production, bien qu’elle trouvait toujours son utilité dans
l’harmonie en temps voulus.
En 1959, Toots quitta le quintette de Georges Shearing. Bien qu’il ne fût pas encore au faîte de sa
carrière, il avait acquis assez d’expérience pour mener son propre chemin. Thielemans parvint ainsi à
gagner sa vie en s’engageant dans divers petits boulots, aussi bien en Amérique qu’en Suède où sa
popularité lui servit51.
III. La guitare en tant qu’ornement
0
Durant les années cinquante, Toots Thielemans s’était lentement retiré de son rôle de sideman à la
guitare pour se tourner vers les devants de la scène avec son harmonica. À partir des années soixante,
la guitare prit une nouvelle place dans la vie du Bruxellois et s’avéra l’ornement de ses multiples
talents.
Dans sa loge, avant un concert donné à Bruxelles en 1962 en compagnie de Stéphane Grappelli,
Thielemans conçut une suite d’accords à la guitare. Tout en sifflant sur sa fraîche trouvaille, il
composa ce qui allait devenir un standard de jazz : Bluesette52. Le morceau fut enregistré un an plus
tard à Stockholm, en même temps que le titre The Moutain Whistler53. Sur cet enregistrement,
Thielemans laissa l’organiste exécuter la suite d’accords tandis que lui, avec sa guitare, doublait la
mélodie qu’il sifflait « avec une troublante justesse »54. Morceau en si bémol majeur, Bluesette
comporte vingt-quatre mesures, soit le double de mesures d’un blues traditionnel. Sa structure
harmonique s’articule autour de quatre tonalités différentes (cf. annexe X). La Bibliothèque royale de
Belgique possède une partition autographe du morceau sur laquelle la structure diffère quelque peu de
ce qu’enregistra Toots en 1963 (cf. annexe XI). L’accord de mi bémol majeur de la seconde mesure de
l’autographe, par exemple, est remplacé dans la version enregistrée par une répétition du si bémol
majeur qui, quant à lui, se voit agrémenté d’une septième. Ce manuscrit comporte d’autres légères
différences. Thielemans y nota également, sur le bas de la partition, la proposition d’une introduction
qui consiste en une descente harmonique du sixième degré vers la tonique sur huit mesures55.
Bluesette connaitra un véritable succès. Rapidement, les disc-jockeys, les magasins de disques et
les amateurs de jazz réclamèrent un album entier de ce « son inhabituel et agréable »56 qui mêle
sifflement et guitare. L’année qui suivit la composition de son tube, Toots Thielemans développa ainsi
sa formule « sifflet et guitare » à l’occasion de deux enregistrements57. Fut alors produit l’un des
albums les plus emblématiques de sa carrière : The Whistler And His Guitar58. Sur ce trente-trois tours
par minute, Toots enregistra d’une part des titres inédits, tels que The Valley Whistler ; d’une autre
part des titres qu’il jouait depuis le début de sa carrière, tels que Star Dust. Ces derniers, il les
interpréta uniquement en sifflant et en s’accompagnant à la guitare. Pour le jazzman, cette association
entre le sifflet et l’instrument à six cordes fut donc un moyen de se renouveler et d’interpréter à
nouveau certains titres. Cependant, ce ne fut pas avec Bluesette que Thielemans utilisa cette formule
pour la première fois. En 1959 déjà, soit trois ans avant la composition de son blues, Toots sifflait,
jouait de l’harmonica et s’accompagnait la guitare sur son album The Soul Of Toots Thielemans59.
C’est avec le Suédois Reinhold Svensson (1919 – 1968) que Toots laissa de côté son harmonica pour
Toots Thielemans se raconte. Episode 7 – Georges Shearing, la thèse, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc
Danval, disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 7’24.
52 Toots Thielemans se raconte. Episode 8 – Le compositeur de Bluesette, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc
Danval, disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 0’54. – SCHROEDER, Jean-Pol, op. cit., p. 285.
53 PERNET, Robert, op. cit., p. 664.
54 Toots Thielemans se raconte. Episode 9 – Le sifflet, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc Danval, disponible sur
https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 0’55.
55 KBR Toots IV/9B Mus. : « Bluesette », s.d.
56 KBR Toots V/10/1 Mus. : Toots Thielemans. The Whistler And His Guitar, ABC Paramount 482, 1964.
57 PERNET, Robert, op. cit., p. 665.
58 KBR Toots V/10/1 Mus. : op. cit.
59 KBR Toots V/8/7 Mus. : op. cit. – PERNET, Robert, op. cit., p. 663.
51
7
la première fois afin d’enregistrer un album sur lequel il ne fit que siffler et jouer de la guitare60. Par la
suite, Thielemans réutilisa la formule à trois instruments – i.e. guitare, harmonica et sifflet – sur trois
de ses albums avant d’enregistrer Bluesette pour la première fois61.
Sans conteste, l’harmoniciste révolutionna l’art du sifflement dans le monde du jazz et de la
variété. Cette idée qu’il eut de siffler une octave plus haut les notes qu’il jouait à la guitare lui vint du
bassiste Slam Stewart (1914 – 1987). Ce dernier, lorsqu’il se représentait avec le guitariste Slim
Gaillard (1916 – 1991), jouait de la contrebasse avec son archet tout en chant les mêmes notes une
octave plus haut. Inspiré, Thielemans proposa au célèbre producteur Phil Ramone (1934 – 2013), avec
lequel il travaillait, de mêler cette technique qu’il se réappropria à une fraîche invention : la stéréo.
Pour ce faire, il enregistra en plaçant un microphone au niveau de sa bouche et un autre devant
l’amplificateur de sa guitare62.
En outre, la capacité du jazzman belge à siffler à l’unisson de ce qu’il jouait à la guitare lui valut
succès et argent. En effet, certaines chaînes commerciales demandèrent à Toots d’animer leurs
publicités en sifflant, voire chantant, et en se doublant à la guitare. En échange, le musicien était payé
cinquante dollars par émission63. Conscient de son talent et de son succès, et appréciant cela pardessus tout, Thielemans continua de produire des albums dans lesquels il sifflait tout en jouant de la
guitare. Jusqu’à ce qu’il soit malheureusement victime d’une thrombose en 1981, Toots Thielemans
enregistra à son nom dix-sept disques sous cette formule64.
Lorsqu’il n’utilisait pas sa guitare pour accompagner son sifflet, Toots Thielemans faisait usage de
son instrument à cordes pour harmoniser les mélodies qu’il jouait à l’harmonica. Ainsi en témoigne
cinq albums enregistrés à son nom entre son départ du quintette de Georges Shearing et sa
thrombose65. Bien qu’il ait incontestablement favorisé son harmonica durant cette période, la guitare
n’en fut pas pour autant totalement éloignée. Dans les années septante, la guitare de Thielemans eut
une autre utilité. En effet, Toots fut engagé pour composer la musique d’un dessin animé suédois :
Dunderklumpen !66. Pour animer le film, il se servit de sa guitare67. Par ailleurs, le Bruxellois prêta sa
voix à l’un des personnages du dessin animé68.
IV. La guitare sur les devants de la scène
0
Bien que Toots Thielemans ait d’abord été connu en tant que guitariste, il troqua cette réputation
contre celle d’harmoniciste professionnel au fil de sa carrière. Cependant, il lui arriva à plusieurs
reprises de revenir sur les devants de la scène avec sa guitare comme unique instrument. Ce fut
notamment le cas en 1968 avec son album Guitar And Strings... And Things69, véritable tribut à
l’instrument qui le lança dans le monde professionnel de la musique. Sur ce disque, la guitare de
Thielemans est accompagnée du chant de trois choristes et d’une flûte. Tandis qu’un ensemble de
cordes frottées soutient l’harmonie, le tout est animé par un groupe de percussions contemporaines.
Avec Guitar And Strings... And Things, Toots dévoile une pluralité de styles guitaristiques et délivre à
60
PERNET, Robert, op. cit., p. 663.
Id., p. 664.
62
Toots Thielemans se raconte. Episode 9 – Le sifflet, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc Danval, disponible sur
https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 1’19.
63 Id., 3’28. – Toots Thielemans se raconte. Episode 15 – Le travail et l’argent, 2016, interview de Toots Thielemans par
Marc Danval, disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 6’04.
64 PERNET, Robert, op. cit., p. 664-669.
65 Ibid.
61
66
KBR Toots V/12/2 Mus. : Dunderklumpen, Polydor 2379 072, 1974.
Toots Thielemans se raconte. Episode 4 – La Suède, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc Danval, disponible sur
https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 4’24. – KBR Toots V/12/2 Mus. : Dunderklumpen, Polydor 2379 072,
1974.
68
Dunderkumpen ! (1974), disponible sur le site de l’Internet Movie Database https://www.imdb.com/, consulté le 15 mai
2020
69 KBR Toots V/6/1 Mus. : Toots Thielemans And His Orchestra. Guitar And Strings... And Things, Command RS 918 SD,
1968.
67
8
ses auditeurs un son chaleureux. Néanmoins, il n’en efface pas pour autant les performances des autres
musiciens et parvient à mêler sa guitare à l’ensemble harmonique70.
Quelques années plus tôt, en 1961, Thielemans laissait de côté son harmonica et usait uniquement
de sa guitare pour produire un album des plus romantiques : Try A Little Tenderness71.
V.
L’esthétique et la technique guitaristique
0
Comme cela fut précisé précédemment (cf. chapitre I : La découverte de la guitare et Django
Reinhardt), Django Reinhardt exerça une forte influence sur le développement de l’esthétique
guitaristique de Toots Thielemans, particulièrement lorsqu’il découvrit l’instrument à six cordes.
D’aucuns n’hésitaient pas à comparer les deux musiciens72. De sa passion pour la musique du jazzman
français, Thielemans sut en tirer d’utiles enseignements. D’après Michel Herr (1949 – aujourd’hui),
pianiste qui accompagna régulièrement Toots sur scène ou en studio, si celui-ci jouait de l’harmonica
de manière raffinée, c’est parce qu’il était guitariste et qu’il avait exploré le monde des harmonies 73, et
ce, notamment à travers la musique de Reinhardt. En outre, sa connaissance harmonique et son
intelligence musicale lui permit de construire des accords et d’harmoniser les mélodies gracieusement.
Cependant, en dépit de son admiration pour Django Reinhardt, Jean Thielemans prit rapidement
conscience qu’à force d’imitation, il risquait de ne devenir rien d’autre qu’une pâle copie de celui-ci. Il
s’intéressa alors au langage d’autres guitaristes tels qu’Al Casey (1915 – 2005), qu’il avait entendu au
sein du combo de Fats Waller ; ou Slim Gaillard, jazzman américain. Après avoir assimilé toutes
sortes de jeux différents, Toots rechercha une sonorité qui lui aurait été propre. Sa quête de singularité
eut pour résultat un métissage de plusieurs tendances. Ainsi en témoigna l’organiste Lou Bennett
(1926 – 1997) qui exprima un jour à propos de Toots : « C’est très curieux [...], ce type a assimilé
toutes les tendances de la musique américaine. S’il a bien assimilé le feeling du jazz à la guitare, je
suis certain qu’il a écouté du country western, le folksong, le blues rural et les expériences des gars du
rock et de la musique pop. Cette musique lui a permis de mélanger judicieusement les genres et d’en
faire un produit parfaitement américain métissé des apports de l’Europe et inévitablement, celui
essentiel de Django »74.
Toots Thielemans prétendait ne jamais avoir eu une grande vélocité à la guitare mais, comme le
racontait le musicien, il lui arrivait de jouer « une belle note bien en place »75. Si ses connaissances
harmoniques et sa capacité à accompagner les solistes à la guitare ne furent jamais critiqués,
Thielemans lui-même doutait de sa virtuosité et sa célérité, en particulier lorsqu’il s’agissait d’exécuter
des soli. Pour lui, il était plus aisé de jouer un trait mélodique difficultueux à l’harmonica qu’à la
guitare76. Par ailleurs, le Bruxellois fut davantage connu pour les airs qu’il élaborait à l’aide de son
instrument à vent ainsi que pour la manière qu’il avait de les phraser.
Pour autant, les talents guitaristiques de Toots ne furent pas à sous-estimer, même lorsqu’il
s’agissait d’entreprendre des riffs complexes. Marc Danval, dans son autobiographie consacrée à
Thielemans, n’en affirme pas moins : « Si René Thomas et Philip Catherine demeurent les guitaristes
belges les plus représentatifs, il ne faut guère hésiter à leur adjoindre Toots »77. Le célèbre trompettiste
Dizzy Gillespie (1917 – 1993), lui, admirait Thielemans à la guitare plus encore qu’à l’harmonica78.
70
Ibid.
KBR Toots V/5/2 Mus. : Toots Thielemans. Blues pour flirter, Polydor 46114, 1961. – KBR Toots V/9/5 Mus. : Try A
Little Tenderness. "Toots" Thielemans With Rhythm Accompaniment, Polydor 46 359, 1961.
72 KBR Toots V/8/4 Mus. : op. cit.
73 Puisque vous avez du talent. Toots Thielemans : l’immortel, 2019, interview de Michel Herr par Laurent Graulus, 20’30.
74
Cité par DANVAL, Marc, op. cit., p. 54.
75 KBR Toots V/7/6 Mus. : Toots Thielemans. Ne me quitte pas, Milan A 303, 1986.
76 KBR Toots V/8/6 Mus. : Toots Thielemans. Slow Motion, Jazzman 5016, P 1981, 1978.
77 DANVAL, Marc, op. cit., p. 54.
78 Toots Thielemans se raconte. Episode 15 – Le travail et l’argent, 2016, interview de Toots Thielemans par Marc Danval,
disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020, 2’49.
71
9
Nombre de disques ont enregistré le guitariste exécutant l’un ou l’autre solo. Alors que le titre Soul
Station parut sur l’album Man Bites Harmonica !79 dévoile une habileté guitaristique des plus
honorables ; le solo du titre Lonesome Road qu’enregistra Thielemans sur l’album The Soul Of Toots
Thielemans80 divulgue une virtuosité et une énergie indiscutables. Le disque The Sound81, quant à lui,
compte plusieurs riffs de la main du jazzman bruxellois qui témoigne d’une intelligence musicale
évoluée. En effet, Thielemans parvint, grâce à sa guitare, à peindre toutes sortes de couleurs tonales
par-dessus l’accompagnement harmonique. En outre, la capacité de Toots Thielemans à siffler et jouer
les mêmes notes à la guitare dans une harmonie rigoureuse fut une preuve supplémentaire d’un savoirfaire littéralement extraordinaire82.
De manière générale, l’esthétique guitaristique de Thielemans fut simple et éloquente83. Comme
cela fut très bien décrit sur la pochette de l’album Toots On Tour, « en swing et en improvisation solo,
il était proche du guitariste de Count Basie Freddie Green [(1911 – 1987)], contre la formation
mystérieuse et sonore de Django, et parfois aussi proche du virtuose Charlie Christian [(1916 – 1942)]
»84. Thielemans ne se perdait jamais dans des démonstrations d’une virtuosité pompeuse et brutale. Au
contraire, une fluidité maîtrisée régnait sur son esthétique. Par-delà son savoir-faire technique, Toots
était pourvu d’un « feeling »85 particulier. Ses mélodies « avaient [...] quelque chose qui faisait siffler
les gens »86.
VI. Héritage belge
0
Le Musée des Instruments de Musique de Bruxelles et la Bibliothèque royale de Belgique ont
hérité de divers documents et instruments liés à Toots Thielemans. Outre sa première guitare (cf.
chapitre I : La découverte de la guitare et Django Reinhardt), le Musée des Instruments de Musique
possède deux autres guitares ayant appartenu au jazzman. La première (cf. annexe XII) est une guitare
d’étude semi-acoustique87 de la marque Yamaha et de modèle APX. La seconde (cf. annexe XIII) est
une guitare demi-caisse électrique de la marque Gibson. Cette dernière pourrait facilement être
confondue avec la guitare qui apparait aux bras de Thielemans sur deux photographies (cf. annexes
XIV et XV). Cependant, les deux instruments sont différents. En effet, la caisse de la guitare détenue
par le Musée des Instruments de Musique de Bruxelles a une forme différente dans sa partie
inférieure ; c’est en réalité une Gibson de modèle ES-17588. La guitare visible sur les photographies de
Thielemans est, quant à elle, de modèle ES-35089.
La Bibliothèque royale de Belgique a en sa possession plusieurs photographies de Toots
Thielemans, une guitare à la main. Si la majeure partie d’entre elles ont été citées précédemment dans
le présent travail, d’autres (cf. annexes XIV à XVIII) n’ont pu être rattachées à une période précise de
la vie de Thielemans – et ne peuvent donc être intégrées au corps de texte des chapitres précédents –
par manque de datation. Toots tient, sur plusieurs de ces photographies (cf. annexes VII à IX, XVII et
XVIII) une guitare électrique de la marque Rickenbacker. Cet instrument, Thielemans en usa en 1960
lors d’un concert à Hambourg avec le quintette de George Shearing90. Dans le public se trouvait les
79
KBR Toots V/15/6 Mus. : Pepper Adams, Jean Thielemans. Man Bites Harmonica !, Riverside 12- 257, 1957.
KBR Toots V/8/7 Mus. : op. cit.
81 KBR Toots V/8/8 Mus. : op. cit.
82 KBR Toots V/9/3 Mus. : Too much ! Toots, Philips PHS 600-188, s.d.
83 KBR Toots V/8/8 Mus. : op. cit.
84 KBR Toots V/9/4 Mus.: Toots On Tour, Philips 855 835 XPY, 1969.
85 KBR Toots V/8/7 Mus. : op. cit.
86 KBR Toots V/9/4 Mus. : op. cit.
87 ANONYME, Instruments de Toots Thielemans, disponible sur le site du Musée des Instruments de Musique
http://www.mim.be/fr, consulté le 8 mai 2020.
88
LAUKENS, Dirk, « The Gibson ES-175 », dans Jazz Guitar [en ligne], s.d., disponible sur https://www.jazzguitar.be/,
consulté le 15 mai 2020.
89 VAN WAARDENBURG, Erwin, A Quest For The Gibson ES-350N 1952, s.d., disponible sur le site de la Guitar Company
https://theguitarcompany.nl/en/, consulté le 15 mai 2020.
90 GOLDMAN, T.R., « "Toots" Thielemans, master of the jazz harmonica, dies at 94 », dans le Washington Post [en ligne], 22
août 2016, disponible sur https://www.washingtonpost.com/, consulté le 15 mai 2020.
80
10
quatre membres des Beatles, encore inconnus à l’époque. John Lennon, en admiration, voulut
s’acheter la même guitare que Toots, ce qu’il fit. Cette guitare est aujourd’hui exposée au Hard Rock
Cafe de Londres91.
Enfin, la Bibliothèque royale de Belgique et le Musée des Instruments de Musique de Bruxelles
possèdent à leur deux un ensemble considérable de disques enregistrés sous le nom de Jean, Jon ou
Toots Thielemans. En y ajoutant la discographie de Robert Pernet, nous comptabilisons un total de
cinquante-six disques enregistrés entre 1943 et 1981 et sur lesquels le musicien joue de la guitare (cf.
Discographie).
Conclusion
0
Pour Toots Thielemans, la guitare ne fut pas qu’un instrument pour lequel il se prit de passion ;
elle fut l’une des principales raisons de son succès et le moteur de son entrée dans le monde
professionnel de la musique. C’est en effet en tant que guitariste que le musicien belge se fit connaître
dans les années quarante. Lorsqu’il fut suffisamment populaire et expérimenté que pour passer sur les
devants de la scène, Thielemans le fit en tant qu’harmoniciste. Dès cette époque, l’harmonica prit le
dessus sur la guitare dans la vie de Toots, mais celle-ci n’en fut pas pour autant délaissée. Au
contraire, elle devint dès cet instant l’ornement de ses multiples talents. Le musicien usa de sa guitare
pour composer Bluesette, son titre le plus célèbre. Par la suite, il développa sa formule « sifflet et
guitare », ce qui participa, à travers les enregistrements et les publicités, à l’essor de sa fortune. En
outre, la guitare fut continuellement présente dans les divers projets de Toots Thielemans. Quand elle
ne servait pas à animer l’une ou l’autre production, le jazzman l’employait pour magnifier ses propres
enregistrements. Éperdument passionné par son instrument à six cordes, Thielemans lui consacra un
album entier : Guitar, And Strings... And Things.
À l’âge de 59 ans, Toots Thielemans fut victime d’une attaque cérébrale, ce qui le contraignit à
renoncer peu à peu à la guitare. Néanmoins, le guitariste ne s’avoua pas instantanément vaincu. Bien
qu’il ait dès cet instant ralentit sa pratique de la guitare, Thielemans continua d’enregistrer plusieurs
titres à l’aide de son instrument à cordes92. Incontestablement, la guitare tint une place considérable
dans le cœur et la vie de Toots Thielemans.
PRZYBYLSK, Eddy, « Le premier instrument de Toots Thielemans était l’accordéon », dans la DH [en ligne], 28 août 2016,
disponible sur https://www.dhnet.be/, consulté le 15 mai 2020.
92 PERNET, Robert, op. cit., p. 669-673.
91
11
Bibliographie
1. Sources écrites
-
DANVAL, Marc, Toots Thielemans, Bruxelles, Éditions Racine, 2006.
HAINE, Malou (dir.), Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Mardaga,
1991.
PERNET, Robert, Belgian Jazz Discography, Bruxelles, Musée des Instruments de Musique,
2004.
2. Sources numériques et multimédia
-
-
e
ANONYME, Instruments de Toots Thielemans, disponible sur le site du Musée des Instruments
de Musique http://www.mim.be/fr, consulté le 8 mai 2020.
GOLDMAN, T.R., « "Toots" Thielemans, master of the jazz harmonica, dies at 94 », dans le
Washington Post [en ligne], 22 août 2016, disponible sur https://www.washingtonpost.com/,
consulté le 15 mai 2020.
GRAULUS, Laurent, Puisque vous avez du talent. Toots Thielemans : l’immortel, 2019,
disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consulté le 8 mai 2020.
LAUKENS, Dirk, « The Gibson ES-175 », dans Jazz Guitar [en ligne], s.d., disponible sur
https://www.jazzguitar.be/, consulté le 15 mai 2020.
PRZYBYLSK, Eddy, « Le premier instrument de Toots Thielemans était l’accordéon », dans la
DH [en ligne], 28 août 2016, disponible sur https://www.dhnet.be/, consulté le 15 mai 2020.
Quincy Jones et Toots Thielemans : un témoignage vidéo émouvant, 2016, interview de
Quincy Jones par Stéphane Mercier, disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8
mai 2020.
Toots Thielemans se raconte, 2016, interviews de Toots Thielemans par Marc Danval,
disponible sur https://www.rtbf.be/auvio, consultée le 8 mai 2020.
VAN WAARDENBURG, Erwin, A Quest For The Gibson ES-350N 1952, s.d., disponible sur le
site de la Guitar Company https://theguitarcompany.nl/en/, consulté le 15 mai 2020.
12
Discographie
La discographie ci-dessous a été élaborée à partir de plusieurs sources : les enregistrements que
détiennent la Bibliothèque royale de Belgique et le Musée des Instruments de Musique de Bruxelles ;
et la discographie de Robert Pernet93. Elle reprend les disques enregistrés entre 1943 et 1949 sur
lesquels Thielemans est mentionné en tant que guitariste ainsi que les disques enregistrés entre 1949 et
1981 sous le nom de Thielemans sur lesquels ce dernier est mentionné en tant que guitariste. À cela
furent ajoutés les disques sur lesquels Thielemans joue de la guitare et dont les dates de réalisation
restent inconnues.
Lorsqu’une cote fait référence à un disque de septante-huit tours par minute, elle est accompagnée
d’un astérisque. Dans le cas contraire, la cote fait référence à un disque de trente-trois tours par
minute. Lorsqu’un disque n’apparaît pas dans la discographie de Pernet, la référence est accompagnée
d’un double astérisque. Lorsqu’un disque n’est pas conservé par la Bibliothèque royale de Belgique, la
mention « KBR » et la cote n’apparaissent pas dans la référence. Lorsqu’un disque n’est pas conservé
par le Musée des Instruments de Musique de Bruxelles, la mention « MIM » n’apparait pas dans la
référence.
1. Années quarante
-
Hot Trio, Bruxelles, Polyvox P343, 1943.
Modern Mood. Robert de Kers And His Orchestra, Bruxelles, Animated Cartoons, 1946.
KBR Danval V/233/12 Mus.* + KBR Danval V/286/1 Mus.* + MIM FP* : Rud Wharton And
His Band, Bruxelles, Om 0.5003-0.5004, 1946.
KBR Danval V/77/2 Mus.* + MIM FP* : Ivon De Bie And His Orchestra, Bruxelles, De
9225-9226, 1946.
Fud Leclerc et son orchestre, Bruxelles, OI 5292, 1947.
KBR Danval V/720/2 Mus.* + MIM FP* : My Melody. Lucky Be Bop, Bruxelles, Victory
9092-9239, 1947.
(Jam Session) (Paris, Jazz Festival, Pleyel), Paris, Acétate, 1949.
KBR Toots V/3/7 Mus.* + KBR Toots V/3/15 Mus.* + KBR Toots V/4/10 Mus.* + KBR
Danval V/221/4 Mus.* + MIM FP* : Toots Thielemans’ Quartet du Hot Club de Belgique,
Paris, Pac(F) 2324-2327, 1949.
2. Années cinquante
-
93
KBR Danval V/221/14 Mus.* + MIM FP* : Toots Thielemans With The Sphinx Studio
Orchestra, Bruxelles, Sphinx S6060, 1950.
Toots Thielemans, Bruxelles, Acétate, 1950.
Toots Thielemans’ Session, Bruxelles, Acétate, 1951.
KBR Danval V/85/13 Mus.* + MIM FP* : Jezebel, Bruxelles, Decca 21540, 1951.
KBR Toots V/1/15 Mus.* + Toots V/4/1 Mus.* + KBR Toots V/4/2 Mus.* : Jon Tilmans Trio,
New York, MGM 11289-11373, 1952.
KBR Danval V/210/4 Mus.* + KBR Danval V/209/17 Mus.* + KBR Danval V/210/3 Mus.* +
KBR Danval V/209/18 Mus.* + MIM FP* : The Lady Is A Tramp. Body And Soul. Rap Your
Troubles IN Drums, Los Angeles, MGM 638-651-661-680-721-741, 1953.**
KBR Toots V/4/5 Mus.* + Mim FP* : Tiempo de cencerro, New York, MGM 11639, 1953.**
KBR Danval V/209/16 Mus.* + MIM FP* : I’ve Never Been In Love Before. Mambo Inn.
Lullaby Of Birdland. Get Off My Bach. Basso Profundo. Nothing New Under The Sun.
Caravan, Los Angeles, MGM 782-795-825-11754, 1954.**
PERNET, Robert, Belgian Jazz Discography, Bruxelles, Musée des instruments de musique, 2004.
13
-
MIM FP* : Nothing New Under The Sun. Caravan. Midnight Belongs To You. Adieu, New
York, MGM 825-867, 1954.
KBR Toots V/8/8 Mus. : The Sound. The Amazing Jean "Toots" Thielemans, New York, Co
CL658, 1955.
KBR Toots V/15/6 Mus. : Man Bites Harmonica ! Jean Thielemans, New York, Riv RLP 12157, 1957-1958.
KBR Toots V/7/4 Mus. : Time Out For Toots. Jean "Toots" Thielemans Harmonica With
Orchestra, New York, De DL9204, 1958.
Toots Thielemans Quartet, Chicago, 195894.
KBR Toots V/8/7 Mus. : The Soul Of Toots Thielemans, New York, Sig SM6006, 1959.
Toots Thielemans With Reinhold Svensson, Stockholm, Met J45545-45546, 1959.
3. Années soixante
-
Jazz Pour Flirter. Try A Little Tenderness. Toots Thielemans With Rhythm Accompaniment,
Paris, Po 237559, 1960.
KBR Toots V/5/2 Mus. : Toots Thielemans. Blues pour flirter, Polydor 46114, 1961.**
Toots Thielemans, Allemagne (?), Ph 424321BE, 1961.
Toots. One More Toots. Toots Thielemans Whistles, Plays Guitar And Harmonica, Stockholm,
Met MEP9071-9072, 1961.
KBR Toots V/10/2 Mus. : Toots Thielemans Whistles, Plays Guitar And Harmonica, Met
MLP15089, 1961.**
Toots Thielemans, Stockholm, Met MEP9105, 1963.
Toots Thielemans, Stockholm, ABC 45-10500, 1963.
Toots Thielemans, New York, Acétate et ABC non numéroté, 1964.
KBR Toots V/10/1 Mus. : The Whistler And His Guitar. Toots Thielemans, New York, ABC
ABC482, 1964.
KBR Toots V/5/7 Mus. : Contrasts. The Provocative Musical Genius Of Toots Thielemans
And His Orchestra, New York, Com RS906SD, 1966.
KBR Toots V/6/1 Mus. : Guitar And Strings... And Things. Toots Thielemans And His
Orchestra, Command RS918SD, 1968.
KBR Toots V/10/3 Mus. : Toots Thielemans... You Never Heard Anything Like Him In Your
Life. Toots – Toots Thielemans & His Orch., New York, Com RS930SD, 1968.
KBR Toots V/9/4 Mus. : Toots On Tour. A Taste Of Toots. Toots Thielemans Harmonica,
Guitar, Whistling, And Vocal With Orchestra Directed By Bert Paige, Hilversum, Ph
855835XPY-973039UBY, 1969-1970.
4. Années septante
94
North Sea Jazz Sessions Volume 4. Toots Thielemans With The Louis Vandyke Trio,
Hilversum, Jazz World JWD102204ADD, 1972-1973.
KBR Toots V/11/5 Mus. : Toots And Svend. Toots Thielemans-Svend Asmussen, Stockholm,
Sonet SNTF822, 1972.
KBR Toots V/5/4 Mus. : Toots Thielemans. Bluesette, s.l., Dunhill 5C052 94578, 1973.**
KBR Toots V/7/1 Mus. : Live. Toots Thielemans, Laren, Po 2491003, 1974.
KBR Toots V/15/1 Mus. + KBR Danval Jazz/33/281 Mus. : Toots Thielemans, Philip
Catherine And Friends, Weesp, Keytone KT44057-KYT702CD, 1974.
KBR Toots V/7/2 Mus. : Live 2. Toots Thielemans, Laren, Po 2441063, 1975.
KBR Toots V/15/3 Mus. : Toots Möter Taube. Toots Thielemans, Stockholm, Sonet SLP2617,
1978.
KBR Toots V/11/9 Mus. : Toots Meets [Evert] Taube, Suède, SJ27-5002, 1978.**
KBR Danval Jazz/33/281 Mus. : Slow Motion. Toots Thielemans, London, CBS 82692, 1978.
Pernet ne fait précision d’aucun label et numéro.
14
-
Apple Dimple. Toots Thielemans, Tokyo, Denon 33C38-7578, 1979.
5. Années quatre-vingt
-
KBR Danval Jazz/33/282 Mus. : Toots Thielemans. Apple Dimple, s.l., Nippon Columbia,
1980.**
KBR Toots V/11/3 Mus. : Nice To Meet You. Jean "Toots" Thielemans/Eugen Cicero
Quartet/Quintet, Allemagne (?), Intercord 145034, 1980.
Live In The Netherlands. Toots Thielemans + Joe Pass, Niels-Henning, Ørsted-Pedersen, La
Haye, Pablo Live 2308233, 1980.
KBR Toots V/9/2 Mus. : Toots In Tivoli. Jean "Toots" Thielemans Live !, Rijen, Rijense Jazz
Stichting RCS473, 1981.
6. Sans date
-
0
KBR Toots V/5/3 Mus. : Toots Thielemans. Bluesette, Po 2482218, s.l.n.d.**
KBR Toots V/9/1 Mus. : A Taste Of Toots, Ph 873029, s.l.n.d.**
KBR Toots V/8/6 Mus. : Toots Thielemans. Slow Motion., Jazzman 5016, s.l.n.d.**
KBR Toots V/9/5 Mus. : Try A Little Tenderness. "Toots" Thielemans With Rhythm
Accompaniment, Po 46359, s.l.n.d.**
KBR Danval Jazz/33/279 Mus. : The Sound. The Amazing Jean "Toots" Thielemans, Ph
B07083L, s.l.n.d.**
KBR Danval Jazz/33/281 Mus. : The Soul Of Toots Thielemans, Heliodor 474003, s.l.n.d.**
15
Annexes
I.
Annexe I Guitare de Jean « Toots » Thielemans, Musée des Instruments de Musique de Bruxelles, s.d.
Inscriptions : « Ma première guitare ! » ; Signature « Toots » ; « Revue en janvier 82 » (MIM :
2017.0019.002).
16
II.
Annexe II Guitare de la marque Gibson, modèle ES-150, 1936, téléchargée le 8 mai 2020 sur le site
de Wikipédia https://fr.wikipedia.org/.
III.
Annexe III Photo de Jean « Toots » Thielemans, Hickory House club, New York, 1946 (?),
Bibliothèque royale de Belgique (KBR Toots VI/36B Mus.).
17
IV.
Annexe IV Photo de Jean « Toots » Thielemans avec le trio de Lennie Tristano, New York, 1948,
Bibliothèque royale de Belgique (KBR Toots VI/31B2 Mus.).
V.
Annexe V Affiche du Festival international de jazz, Paris, 1949, Bibliothèque royale de Belgique
(KBR Toots II/2C Mus.).
18
VI.
Annexe VI Affiche des Nuits fleuries, Knokke, 1950, Bibliothèque royale de Belgique (KBR Toots
II/2C Mus.).
VII.
Annexe VII Photo de Jean « Toots » Thielemans avec Georges Shearing, s.l.n.d., Bibliothèque royale
de Belgique (KBR Toots VI/8B15 Mus.).
19
VIII.
Annexe VIII Photo du quintette de Georges Shearing, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots VI/8B11 Mus.).
IX.
Annexe IX Photo du quintette de George Shearing, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots VI/32B Mus.).
20
X.
Annexe X Structure harmonique de Bluesette, téléchargée le 8 mai 2020 sur https://improvisationmusique.fr/.
XI.
Annexe XI Partition manuscrite autographe de Bluesette, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique
(KBR Toots IV/9B Mus.).
21
XII.
Annexe XII Guitare de Jean « Toots » Thielemans, Musée des Instruments de Musique de Bruxelles,
s.d. (MIM : 2017.0019.004).
22
XIII.
Annexe XIII Guitare de Jean « Toots » Thielemans, Musée des Instruments de Musique de Bruxelles,
s.d. (MIM : 2017.0019.004).
23
XIV.
Annexe XIV Photo de Jean « Toots » Thielemans, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots VI/323B2 Mus.).
XV.
Annexe XV Photo de Jean « Toots » Thielemans, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots VI/7B7 Mus.).
24
XVI.
Annexe XVI Photo de Jean « Toots » Thielemans, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots VI/7338B Mus.).
XVII.
Annexe XVII Photo de Jean « Toots » Thielemans, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots VI/7325B Mus.).
25
XVIII.
Annexe XVIII Photo de Jean « Toots » Thielemans, s.l.n.d., Bibliothèque royale de Belgique (KBR
Toots II/2C Mus.).
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