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L’Aquitaine de Prosper

2021, Connaissance des Pères de l’Église, 162 (Bordeaux et l’Aquitaine), p. 36-47

L’Aquitaine de Prosper Jérémy Delmulle To cite this version: Jérémy Delmulle. L’Aquitaine de Prosper. Connaissance des Pères de l’Eglise, Desclée de Brouwer, 2021, Bordeaux et l’Aquitaine, 162, pp.36-47. ฀halshs-03154173฀ HAL Id: halshs-03154173 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03154173 Submitted on 16 Oct 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’AQUITAINE DE PROSPER La Bordeaux florissante des Ausone, Pacatus et Delphidius, qu’avaient encore connue le futur évêque de Nole Paulin et Sulpice Sévère, ne devait pas survivre longtemps à ces grands maîtres. La génération de leurs derniers élèves dut faire face coup sur coup, comme on sait, aux assauts des Vandales et des Alains à partir de 407 et à l’installation des Goths fédérés dans la décennie suivante, qui mirent à feu et à sang la riche province de l’Aquitaine, incendièrent Bordeaux et contraignirent ainsi les riches propriétaires de la région à abandonner leurs possessions pour aller chercher dans des contrées plus lointaines un refuge au moins temporaire1. Parmi les terres d’élection de ces nouveaux exilés, les villes d’Arles et de Marseille présentaient de nombreux atouts : elles avaient jusqu’alors réussi à échapper aux raids gothiques, les activités, commerciales et intellectuelles, continuaient d’y prospérer, et s’y développait enfin, surtout à Marseille, une forme de spiritualité qui dut attirer nombre de conversi aquitains2. Parmi eux, il en est un, Prosper, au nom duquel l’histoire littéraire devait accoler le surnom d’« Aquitain », mais dont les rapports avec sa région d’origine restent en définitive assez flous. D’arrivée sans doute encore assez récente dans la « ville de saints » qu’était devenue, aux dires de Paulin de Pella, la Marseille des années 4203, Prosper s’y illustra surtout comme le champion de la doctrine augustinienne de la grâce contre ses détracteurs, avant d’être appelé à Rome, vers 440, en tant que conseiller et secrétaire – pense-t-on – du pape Léon le Grand4. Des années qui précédèrent son arrivée sur les bords de la Méditerranée, Prosper, comme nous le verrons, ne dit rien ; et les données habituellement retenues dans la bibliographie reposent sur les acquis d’une historiographie vieillie et sur des bases que des études plus récentes ont réussi à déconstruire. Les pages qui suivent entendent donc proposer une mise au point sur cette question biographique en tirant profit des avancées obtenues durant le dernier demi-siècle dans le domaine des études prospériennes5. LES ORIGINES DE PROSPER D’APRÈS LES SOURCES ANCIENNES 1. Sur le sort des artistocrates gallo-romains lors de l’installation des Goths, voir surtout R.W. MATHISEN, Roman Aristocrats in Barbarian Gaul: Strategies for survival in an age of transition, Austin (Tex.), University of Texas Press, 1993. 2. Voir, par exemple, pour une mise à jour récente, G. TRAINA, 428. Une année ordinaire à la fin de l’Empire romain, trad. G. MARINO, Paris, Les Belles Lettres, 2010, p. 109-112. Sur les conversi, on se reportera encore à P. GALTIER, « Pénitents et “convertis”. De la pénitence latine à la pénitence celtique », Revue d’histoire ecclésiastique 33 (1937), p. 5-26 et 277-305 et É. GRIFFE, « La pratique religieuse en Gaule au Ve siècle. Saeculares et sancti », Bulletin de littérature ecclésiastique 63 (1962), p. 241-267 et Id., La Gaule chrétienne à l’époque romaine, nouv. éd. rev. et augm., 3 tomes, Paris, Letouzey et Ané, 1964-1966 ; t. III, p. 128-148. 3. PAULIN DE PELLA, Eucharisticos, 520-521 (SC 209, p. 92-93) ; voir infra. 4. Pour une biographie de Prosper et une présentation générale de son œuvre, voir, pour compléter et corriger la thèse classique de L. VALENTIN, Saint Prosper d’Aquitaine. Étude sur la littérature latine ecclésiastique au cinquième siècle en Gaule, Paris/Toulouse, Alphonse Picard et Fils / Édouard Privat, 1900, les monographies d’A. ELBERTI, Prospero d’Aquitania. Teologo e discepolo, Roma, Ed. Dehoniane, I padri della chiesa, 1999 et d’A.Y. HWANG, Intrepid Lover of Perfect Grace: The Life and Thought of Prosper of Aquitaine, Washington, The Catholic University of America Press, 2009. Je n’ai pu consulter le mémoire inédit d’È. L. POUILLE, Prosper d’Aquitaine, un intellectuel gaulois au temps des invasions barbares, Lille-III, 1989. 5. La présente mise au point entend également corriger en passant quelques erreurs qui se sont glissées dans la notice de V. ESSOUSSI, in : L. PIETRI & M. HEIJMANS (dir.), Prosopographie chrétienne du Bas-Empire, 4 : Prosopographie de la Gaule chrétienne (314-614), 2 vol., Paris, Association des amis du Centre d’histoire et civilisation de Byzance, 2013 ; ici vol. 2, s.v. PROSPER 1, p. 1553-1556. Je développe ainsi les quelques pages que j’ai consacrées à la question dans J. DELMULLE, Prosper d’Aquitaine contre Jean Cassien. Le Contra collatorem, l’appel à Rome du parti augustinien dans la querelle postpélagienne, Barcelona/Roma, Fédération Internationale des Instituts d’Études Médiévales, Textes et études du Moyen Âge 91, 2018, p. 37-40. 1 Que sait-on de certain sur les années aquitaines de Prosper, qui précédèrent le début de son activité littéraire et polémique à Marseille, puis à Rome, à partir du milieu des années 420 ? Que dire d’éventuels liens qu’il put conserver avec son Aquitaine natale tout au long de sa vie ? La question est délicate, et il n’est jusqu’à l’appellatif même de Prosper « d’Aquitaine » qui ne fasse difficulté. Pour éclairer cette question biographique, un retour aux sources s’impose. Le nom de Prosper Aquitanus (ou Aquitanicus) auquel nous ont habitué surtout les éditeurs modernes6 n’est, à ma connaissance, pas antérieur à l’époque carolingienne. Il se lit pour la première fois dans un traité de comput daté de 805, au sein d’une liste d’auteurs de cycles pascaux héritée en droite ligne des Étymologies d’Isidore de Séville qui le désignaient comme Prosper quoque natione Aquitanus7, formule que le compilateur aura reproduite en en retranchant les deux mots centraux8. On le rencontre très rarement ensuite, et uniquement chez des chroniqueurs : Robert de Torigni, Raoul de Diceto, Sicard de Crémone9. Au Moyen Âge, les manuscrits des œuvres de Prosper ne font, de même, qu’exceptionnellement allusion à ce qualificatif d’Aquitain, se contentant du seul nom de Prosper, tout au plus qualifié de sanctus ou de beatus et parfois associé à des fonctions pour la plupart erronées (presbyter, episcopus10). L’association de Prosper à l’Aquitaine remonte, en dernière instance, à une source unique : la notice que lui consacra, vers 480, son concitoyen Gennade de Marseille dans son De viris illustribus. Ce dernier le présente, d’une manière du reste assez générale, comme un « homme de la région d’Aquitaine (homo Aquitanicae regionis), très exercé à l’éloquence et vigoureux dans ses affirmations11 », sans d’ailleurs établir un lien quelconque avec Bordeaux ou toute autre ville d’une province qui s’étendait alors de Poitiers à Agen12. Les tentatives pour rattacher Prosper à une ville en particulier sont toutes tardives et sujettes à caution. En particulier, sa naissance au diocèse, voire dans la ville de Limoges, revendiquée par le Limousin Bernard Gui et partagée par Pierre de Natalibus, en dépendance peut-être du précédent, ne trouve d’appui ni dans les sources littéraires et historiques, ni dans le culte, ni dans la toponymie locale13. 6. Au moins depuis l’édition aldine du Liber epigrammatum dans les Poetae christiani veteres (Venise, 1501) : Prosperi Aquitanici Epigrammata. 7. ISIDORE DE SÉVILLE, Etymologiae 6, 17, 1 : Post quem probatissimi auctores Eusebius Caesariensis, Theophilus Alexandrinus, Prosper quoque natione Aquitanus atque Victorius, amplificatis eiusdem festiuitatis rationibus, multiplices circulos ediderunt. Le mot natione pour désigner l’Aquitaine est certainement tiré de GENNADE DE MARSEILLE, De viris illustribus, 89 (Victorius) ; voir infra. 8. Computus Coloniensis, 5, 12 (MGH. QQ 21/2, p. 942). Dans un traité antérieur, daté de 737, le nom Prosper est omis : Dialogus de computo Neustriae, 19a (MGH. QQ 21/1, p. 402) ; le même passage d’Isidore avait déjà été reprouit, en 721, dans un traité de comput aquitain, mais avec l’omission de plusieurs mots : Prologus Aquitanus, 4 (MGH. QQ 21/1, p. 347). 9. ROBERT DE TORIGNI, Chronica (MGH. SS 6, p. 480) : Prosper Aquitanus ; RAOUL DE DICETO, Abbreviatio chronicorum (MGH. SS 27, p. 256) : Prosper Aquitanicus ; SICARD DE CRÉMONE, Chronica (MGH. SS 31, p. 133) : Prosper Equitanicus. 10. Par confusion avec son homonyme évêque de Reggio Emilia († 466) : voir G. MORIN, « Saint Prosper de Reggio. Consultation historique et liturgique », Revue bénédictine 12 (1895), p. 241-257. 11. GENNADE DE MARSEILLE, De viris illustribus, 85 (éd. E.C. RICHARDSON, TU 14/1a, p. 90) : Prosper, homo Aquitanicae regionis, sermone scholasticus et adsertionibus nervosus. 12. L’Aquitania secunda constitue en effet la plus vaste province du diocèse de Viennoise ; voir A.-M. WITTKE, E. OLSHAUSEN & R. SZYDLAK, Historischer Atlas der antiken Welt, Stuttgart/Weimar, Verlag J.B. Metzler, Der Neue Pauly. Supplemente Band 3, 2007, p. 224-225. 13. BERNARD GUI, Chronica imperatorum Romanorum (ms. Paris, BNF, lat. 5407, f. 113ra) ; PIERRE DE NATALIBUS, Catalogus sanctorum et gestorum eorum, VI, 7 (éd. Venise, 1506, f. 122vb). Sur ces deux témoignages, voir déjà L. VALENTIN, Saint Prosper d’Aquitaine…, p. 126-127 ; A. SOLIGNAC, « Prosper d’Aquitaine », Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique. Doctrine et histoire, t. XII/2, Paris, Beauchesne, 1986, col. 24462456 (ici col. 2447), propose d’expliquer la précision de Bernard Gui par une tradition locale. 2 C’est, de toute évidence, sur la base exclusive de la notice de Gennade que les auteurs et copistes des siècles suivants construisirent leur connaissance des origines de Prosper comme de ses activités à Rome des dernières années. L’un des relais les plus efficaces de ce détail biographique fut un accessus ajouté, au plus tard au XIe siècle, en tête de l’ouvrage le plus diffusé de Prosper, son Liber epigrammatum, inscrit au canon scolaire médiéval : commençant par les mots Iste Prosper fuit equitanicus, il reproduit plusieurs informations empruntées à Gennade, sans rien y ajouter de substantiel, sinon une lecture symbolique de ce double nom, qui ne saurait mieux traduire les deux principales qualités de l’auteur, sa prosperitas et son equitas14. Un seul commentateur, à ma connaissance, innove en présentant – mais sur quelle base ? – Prosper comme un Hispanus. Une autre question liée à l’identité et aux origines de Prosper regarde le nom de Tiro qui lui fut parfois attribué dans des manuscrits de son Chronicon, au point de faire croire à l’existence de deux auteurs distincts, l’un théologien poète et l’autre chronographe. Ce qualificatif de Tiro, qui n’est en aucun cas un surnom revendiqué par Prosper15, semble bien être une création tardive : le nom Prosper Tiro se rencontre pour la première fois chez Bède16, au sujet non du Chronicon, mais du poème Ad coniugem, qui circulait dès haute époque avec les Libri sententiarum et epigrammatum. Je me demande même si ce n’est pas le qualificatif gennadien d’equitanicus ou equitanus, peut-être déjà repris par le responsable de l’accessus précédemment cité, qui, mal compris, aurait donné lieu à cette reformulation trompeuse17. DES SOUVENIRS D’AQUITAINE DANS LES ŒUVRES DE PROSPER ? On le voit, les sources sont peu loquaces, et pareil silence devrait imposer la prudence. Prosper étant dit – toujours par Gennade – à la fois Aquitain et scholasticus, on a voulu faire de lui un illustre représentant des écoles bordelaises ; et l’époque supposée de sa naissance a conduit à expliquer son arrivée à Marseille par sa qualité de réfugié fuyant les hordes barbares. Notre Aquitain a assurément vécu la période la plus troublée de l’histoire de sa province natale, et les voix n’ont pas manqué, parmi ses contemporains, pour se lamenter sur la dévastation de cette riante région18. Pour ce qui est de Prosper lui-même, les œuvres dans lesquelles on a voulu reconnaître des allusions à des souvenirs personnels sont problématiques : deux sont d’authenticité douteuse, et une assurément inauthentique. Il convient, d’abord, d’écarter définitivement le témoignage du De prouidentia Dei. C’est sur la base des indications fournies par son auteur que le dernier biographe de Prosper, Alexander Y. Hwang, a cherché à reconstituer à rebours une chronologie des premières années de la vie et de la carrière de Prosper : ce dernier, né au plus tard en 388, aurait été fait prisonnier des Goths après 406 pour n’être libéré qu’en 415 au plus tôt et commencer seule14 . Accessus siglé « acc. 2 » par A.G.A. HORSTING (éd.), Prosper Aquitanus, Liber epigrammatum, Berlin/Boston, Walter de Gruyter, CSEL 100, 2016, p. 25. Le plus ancien témoin connu en est le ms. München, BSB, Clm 14569 (Saint-Emmeran, XIe s.). 15. Comme le prétend la notice de la PCBE, renvoyant à l’introduction de Th. MOMMSEN (MGH. AA 9/1, 1892, p. 343 et 346-347) qui ne soutient rien de tel. 16. BÈDE LE VÉNÉRABLE, De arte metrica, 22 (De metro Anacreontio) (CCSL 123A, p. 136). 17. L’apparition, dans un manuscrit de Moissac du XIe siècle, le ms. Paris, BNF, lat. 2399 (et non « 2349 », comme l’écrit L. VALENTIN, Saint Prosper d’Aquitaine…, p. 152), de l’appellation Prosper miles, toujours à propos de l’Ad coniugem, s’explique elle aussi, selon moi, par une tentative de simplification – en l’occurrence ici probablement de tiro (!). 18. On connaît le tableau qu’en brosse Jérôme dans une lettre pleine d’amertume et de compassion envoyée depuis Bethléem : « Les provinces d’Aquitaine, de Novempopulanie, la Lyonnaise et la Narbonnaise, à part quelques villes, sont toutes dévastées ; ces villes mêmes, la guerre au-dehors, à l’intérieur la famine les dépeuplent » (Epist. 123, 15 ; CUF-L 162, p. 92). Voir le dossier rassemblé par P. COURCELLE, Histoire littéraire des grandes invasions germaniques, 3e éd. augm., Paris, Études augustiniennes, Collection des Études augustiniennes. Série Antiquité 19, 1964, p. 79-114 et É. GRIFFE, La Gaule chrétienne…, t. II, p. 3-17. 3 ment alors sa « formation théologique »19. S’il est vrai que, en 1900, le chanoine Valentin s’était prononcé plutôt en faveur de l’authenticité de la pièce20, une étude approfondie de ce long poème, menée à nouveaux frais, a amené les deux derniers éditeurs du texte à rejeter avec certitude l’attribution du poème à Prosper, et ainsi à ôter toute valeur au témoignage du poème pour la reconstruction de la biographie de Prosper21. Une autre pièce, en revanche, est susceptible d’apporter des informations plus décisives sur la jeunesse et la vie familiale de Prosper, du moins si l’on s’accorde sur son authenticité, comme c’est la tendance actuelle de la recherche : le Carmen ad coniugem, adressé par un mari à son épouse, brosse de son auteur le portrait d’un « converti » comme l’Aquitaine du tournant du Ve siècle en produisit beaucoup, qui invite son épouse à vivre avec lui une vie d’ascèse entièrement vouée à Dieu22. Surtout, ce mari poète est celui qui nous a laissé l’un des tableaux les plus saisissants de la mise à sac d’une terre dont tout porte à croire qu’il s’agit de l’Aquitaine de la fin des années 400, en un passage aux tonalités très virgiliennes : « Rien dans les campagnes, rien dans les villes ne conserve son état premier ; toutes choses se précipitent vers leur terme. Par le fer, la peste, la famine, les souffrances de la captivité, le froid et la chaleur, la mort possède mille moyens d’anéantir d’un coup la misérable humanité. De tous côtés, les cris de guerre retentissent ; la fureur agite tous les cœurs ; les rois fondent sur les rois avec des armées innombrables ; la discorde impie sévit au milieu de la confusion du monde ; la paix a quitté la terre ; tout ce que tu vois touche à sa fin23. » À ce témoignage de l’Ad coniugem on aimerait, enfin, pouvoir ajouter les quelques notations allusives qui se lisent dans une Confessio Prosperi imitée de celles d’Augustin, peu étudiée jusqu’ici24 et dont l’authenticité et l’antiquité même ne sont pas encore clairement assurées25. Dans ce récit à la première personne, dans lequel un pénitent décrit avec force images la misérable condition de l’homme pécheur et son cheminement vers la rédemption, on réussit à deviner, sous le filtre des métaphores et des réminiscences bibliques exprimant la sujétion de l’homme à ses péchés, les souvenirs personnels d’un exilé fuyant les atrocités barbares : 19. A.Y. HWANG, Intrepid Lover…, p. 37-51. 20. Voir la longue analyse qu’il donne du poème dans la cinquième partie, consacrée aux ouvrages douteux : L. VALENTIN, Saint Prosper d’Aquitaine…, chap. VI-IX, p. 767-831. 21. R. VILLEGAS MARÍN (éd.), Pseudo-Próspero de Aquitania, Sobre la providencia de Dios, Barcelona, Publicacions i edicions de la Universitat de Barcelona, 2011, p. 55-70 ; M. CUTINO (éd.), Ps.-Prospero di Aquitania, La Provvidenza divina, Pisa, Edizioni ETS, Pubblicazioni della Facoltà di lettere e filosofia dell’Università di Pavia. Dipartimento di lingue e letterature straniere moderne, 2011, p. 81-82. 22. Voir l’édition de cette œuvre, avec commentaire, par S. SANTELIA (éd.), Prospero d’Aquitania, Ad coniugem suam. In appendice: Liber epigrammatum, Napoli, Loffredo Editore, Studi latini 68, 2009. 23. PROSPER, Ad coniugem, 23-30 (éd. S. SANTELIA, p. 56.58) : Non idem status est agris, non urbibus ullis: / omniaque in finem praecipitata ruunt. / Ferro peste fame vinclis algore calore: / mille modis miseros mors rapit una homines. / Undique bella fremunt, omnes furor excitat, armis / incumbunt reges regibus innumeris. / Impia confuso saevit discordia mundo, / pax abiit terris: ultima quaeque vides ; traduction de P. COURCELLE, Histoire littéraire…, p. 86. Pour les réminiscences classiques de ce passage, voir le commentaire de S. SANTELIA in : Prospero d’Aquitania, Ad coniugem suam, p. 78-80. 24. Elle a, en particulier, curieusement échappé à l’ample enquête de P. COURCELLE, Recherches sur les Confessions de saint Augustin, Paris, E. de Boccard, 1950 (nouv. éd. augm. : 1968) et Id., Les Confessions de saint Augustin dans la tradition littéraire. Antécédents et Postérité, Paris, Études augustiniennes, Collection des Études augustiniennes. Série Antiquité 15, 1963. 25. Sur les œuvres d’authenticité douteuse, voir J. DELMULLE, « Establishing an Authentic List of Prosper’s Works », in : M. VINZENT (éd.),: Papers presented at the Sixteenth International Conference on Patristic Studies held in Oxford 2011, vol. 17 : Latin Writers, Nachleben, Leuven/Paris/Walpole (MA), Peeters, Studia Patristica 69, 2013, p. 213-232 ; ici p. 225-229 (p. 229 pour la Confessio). 4 Mais, ah ! malheureux que je suis ! une fois abandonnée la maison du Père, je m’en suis allé, déserteur, dans un exil volontaire, et sous la conduite de la multitude de tous les vices, abusé, j’ai suivi les pentes de spacieux chemins pour pénétrer au fin fond de l’Égypte. […] Terrassé sous le long et lourd empire des vices, je suis même passé sous la loi des Babyloniens. […] Je reviendrai vers celui qui m’a acheté pour que je vive. Et afin que je trouve sans tarder le moyen de revenir, parce que je me trouve au milieu d’un peuple étranger et que le barbare a disposé ses sentinelles pour garder les limites de son royaume […]26. La rencontre, en l’espace de quelques lignes, de deux motifs certes topiques – l’exilé et le barbare – est loin d’être anodine dans un opuscule qui, par son inscription dans la tradition littéraire des « confessions », repose en grande partie sur une volonté autobiographique et que plusieurs parallèles rapprochent de l’Ad coniugem tout en le distinguant des autres « confessions » connues pour la même époque27. Quand même ces deux opuscules, dont la parenté semble indéniable, sortiraient sans conteste de la plume de Prosper, ils ne feraient tout au plus que confirmer les liens déjà connus de Prosper avec l’Aquitaine, sans apporter d’indice décisif sur sa ville d’origine. Que Prosper ait fréquenté l’une des grandes écoles de l’Aquitaine du tournant du Ve siècle est hors de doute : l’adjectif scholasticus dont le gratifie Gennade correspond parfaitement aux qualités que fait ressortir la lecture de ses œuvres et son goût manifeste pour la poésie. Quant à savoir si c’était celle de Bordeaux, d’Auch, d’Angoulême, de Poitiers, voire de Toulouse28, il est impossible de l’affirmer sur cette seule base ; la préférence pour Bordeaux, avancée hypothétiquement par Louis Valentin29, n’est tout au plus qu’une possibilité, et risquerait de n’être due qu’à l’effet aveuglant de certaines sources, en l’occurrence ausoniennes, qui ont fait voir dans les écoles bordelaises les premières universités à rayonnement international, mais dont le prestige et le rayonnement ne devait dépasser qu’exceptionnellement les limites de la province30. Une autre œuvre de Prosper, pourtant la moins personnelle de toutes, est susceptible d’apporter sur cette question quelques informations supplémentaires dont on n’a pas encore, à mon sens, suffisamment mesuré la valeur. LE TÉMOIGNAGE DE L’EPITOMA CHRONICORVM (433) En dehors de l’Ad coniugem et la Confessio, l’œuvre en prose comme en vers de Prosper, marquée avant tout par sa forte dimension polémique et un intérêt presque exclusivement doctrinal, est trop impersonnelle pour que l’on espère y trouver des références, même allusives, aux années passées par l’auteur en Aquitaine ou au maintien d’éventuelles relations avec cette région. C’est finalement dans l’activité de chronographe de Prosper que transparaissent le 26. PROSPER (?), Confessio (PL 51, col. 609A-610A) : Sed, heu me miserum! relicta Patris domo, abii in uoluntarium desertor exsilium; et duce uitiorum omnium multitudine, intima quaeque Aegypti per spatiosorum itinerum procliuia deceptus intraui. […] Sub quorum (= uitiorum) longo et graui confectus imperio, in Babyloniorum etiam jura transiui. […] Reuertar ad eum qui me emit ad uitam. Ac ne me reuertendi moretur facultas, quia in medio gentis alienae sum, et regni sui limites barbarus dispositis seruat excubiis […]. 27. Celles de Paulin de Pella, de saint Patrick, d’Ennode de Pavie : voir P. COURCELLE, Les Confessions…, p. 206-217 ; voir aussi C. MOUSSY, « Introduction », in : C. MOUSSY (éd.), Paulin de Pella, Poème d’action de grâces et Prière, Paris, Éditions du Cerf, SC 209, 1974, p. 7-48 ; p. 19-22. 28. Objection de L. COUTURE, « Saint Prosper d’Aquitaine. II », Bulletin de littérature ecclésiastique 3 (1901), p. 33-43 (ici p. 34), rappelée par A.Y. HWANG, Intrepid Lover…, p. 47. 29. L. VALENTIN, Saint Prosper d’Aquitaine…, p. 127. 30. Voir, par exemple, les pages consacrées à « l’École de Bordeaux » dans C. JULLIAN, Ausone et Bordeaux. Études sur les derniers temps de la Gaule romaine, Bordeaux, 1893, p. 49-104. Un possible « effet de source » avait déjà été signalé par H.-I. MARROU, Histoire de l’éducation dans l’Antiquité, Paris, Éditions du Seuil, 1948, p. 397 et n. 10 p. 558, qui stigmatisme aussi le « patriotisme de clocher » de Jullian. 5 plus certaines accointances avec sa région d’origine, à travers une connaissance personnelle de faits et d’événements circonscrits à Bordeaux et à sa région31 et pour lesquels il est même parfois l’unique témoin connu. L’Epitoma Chronicorum est, rappelons-le, un résumé en même temps qu’une continuation du Chronicon de Jérôme, qui se présentait lui-même comme la traduction augmentée et mise à jour de celui d’Eusèbe de Césarée. Un premier état en fut probablement publié par Prosper à Marseille dès 433, avant que le projet ne renaisse, à Rome, dans les années 440 pour être poursuivi jusqu’en 44532. Dans le Chronicon de 433, les interventions personnelles de Prosper, qui concernent surtout la période postérieure à l’an 378, où s’arrêtait Jérôme33, sont doublement caractérisées par une attention plus prononcée que chez son devancier pour les événements qui marquent les Gaules en cette période décisive de leur histoire, et par une place spéciale accordée aux hérésies. Ainsi, pour la décennie 400-420, il n’est pour ainsi dire aucune entrée qui ne regarde la progression des peuples barbares dans les différentes parties de l’Empire : d’abord, les Goths, avec leur invasion de l’Italie, la bataille de Pollentia et la défaite de Stilicon ; puis les Vandales et les Alains, depuis le franchissement du Rhin le 31 décembre 406 – c’est à Prosper que l’on doit la précision de cette date devenue fameuse – jusqu’à leur invasion de l’Espagne en 409 ; enfin, de nouveau les Goths, suivis dans leur avancée à travers la Gaule (412) jusqu’en Espagne (415)34. Plusieurs événements concernant en particulier l’Aquitaine seconde ou les Espagnes sont relatés avec des détails qui trahissent sans doute le recours à des informateurs de première main 35 . De même, si les hérésies n’étaient pas absentes de l’histoire du monde dans les compilations eusébienne et hiéronymienne, elles prennent une tout autre ampleur dans le Chronicon de Prosper, qui veille à en donner une présentation développée en incorporant dans la trame chronographique de Jérôme, pour compléter les brèves notations de son modèle, les notices correspondantes empruntées au De haeresibus d’Augustin36. Ce double intérêt, régional et idéologique, explique sans doute le sort réservé dans le Chronicon à la répression du priscillianisme, qui fait l’objet de plusieurs entrées pour les années 379 à 389. La « première hérésie occidentale » y est d’abord présentée à travers les mots d’Augustin, dans ce qui forme la deuxième entrée propre à la continuation de Prosper37 ; mais le témoignage de Prosper se révèle surtout intéressant pour la mention qu’il contient du synode de Bordeaux de 385, de l’audition, qui s’ensuivit, de Priscillien à Trèves par le préfet 31. Voir déjà la remarque de T. MOMMSEN, MGH. AA 9/1, p. 343. On se reportera aussi avec profit à la projection cartographique des noms de lieux cités par Prosper établie par S. MUHLBERGER, The Fifth-Century Chroniclers: Prosper, Hydatius, and the Gallic Chronicler of 452, Leeds, Francis Cairns, ARCA. Classical and Medieval Textes. Papers and Monographs 27, 1990, p. 79. 32 . Je cite l’édition de T. MOMMSEN (MGH. AA 9/1, 1892) ; une nouvelle édition a paru récemment : M. BECKER & J.-M. KÖTTER, Prosper Tiro, Chronik. Laterculus Regum Vandalorum et Alanorum, Paderborn, Ferdinand Schöningh, Kleine und fragmentarische Historiker der Spätantike G 5-6, 2016. Pour la datation des deux versions, voir la démonstration de S. MUHLBERGER, The Fifth-Century Chroniclers, p. 55-60. 33. Cf. PROSPER, Chronicon, 1166 [a. 378] (MGH. AA 9/1, p. 460) : Hucusque Hieronymus presbyter ordinem praecedentium digessit annorum : nos quae consecuta sint adicere curavimus. 34. PROSPER, Chronicon, 1246, 1254, 1256, 1257 (MGH. AA 9/1, p. 466-468). 35. C’est notamment le cas pour l’expédition conduite par Castinus contre les Vandales en Espagne en 422, dont Prosper fait dans sa Chronique (1278) un « drame en miniature » : voir, sur cette entrée, S. MUHLBERGER, The Fifth-Century Chroniclers, p. 92-94. 36. Cf. PROSPER, Chronicon, 617 (basilidiens), 618 (gnostiques), 634-635 (valentiniens), 636 (marcionites), 686 (cataphrygiens), 689 (tatianites = encratites), 691 (bardesanites), 796 (sabellianistes), 856 (novatiens), 890 (Pauliani, disciples de Paul de Samosate), 919 (manichéens), 1010 (ariens), 1026 (donatistes), 1059 (audianiens = anthropomorphites), 1063 (macédoniens = pneumatomaques), 1130 (apollinaristes), 1149 (eunomiens). La concordance est donnée par l’éditeur. Hormis pour le deux derniers cas, l’ajout de Prosper vise à compléter une mention de l’hérésie déjà présente chez Jérôme. 37. PROSPER, Chronicon, 1171 = AUGUSTIN, De haeresibus, 70 (MGH. AA 9/1, p. 460). L’entrée précédente, 1170, concerne l’accession au pouvoir de Théodose. 6 Evodius, puis de la mise à mort de l’hérésiarque et de plusieurs de ses compagnons, parmi lesquels il mentionne Euchrotia, femme de Delphidius, et Latronianus38. L’intérêt que Prosper semble porter à l’issue de l’affaire priscillianiste, qu’il suit d’ailleurs jusqu’à ses derniers sursauts, le rapproche de plusieurs auteurs aquitains contemporains des faits : la fin tragique d’Euchrotia, en particulier, avait ému plus d’un ancien collègue ou ami de son époux, et l’on se rappelle les lignes que lui avaient consacrées Ausone, Pacatus Drepanius et Sulpice Sévère39. En ce sens également, l’œuvre de Prosper se présente, tout autant que comme la continuation de celle de Jérôme, comme celle d’un autre Aquitain, Sulpice Sévère, dont les deux livres de Chroniques s’achevaient précisément avec l’exécution de Priscillien et le récit de l’accueil presque glorieux que l’Espagne avait réservé à celui qu’elle considérait comme un martyr40. Le chronographe, qui révèle un intérêt pour les suites de l’affaire Priscillien, est également le seul à faire mention d’un concile probablement espagnol tenu en 388 qui excommunia les évêques Itace et Ursace, responsables de la condamnation de Priscillien41. Ailleurs, il montre une connaissance plus précise d’événements survenus en particulier à Bordeaux : ainsi, dans son récit de la condamnation et de l’exécution de Priscillien et de ses supporters, il est encore le seul à nous avoir conservé le nom et le souvenir d’Urbica, une disciple de l’évêque d’Ávila lapidée par une sédition de Bordelais, vraisemblablement en 38542. On ne peut que supposer, à lire le rappel d’événements survenus peu avant sa naissance, combien le souvenir devait en être resté vif dans les années de sa jeunesse. BORDEAUX-MARSEILLE : EN GUISE DE CONCLUSION Ce bref tour d’horizon autorise à mettre à jour quelques éléments de la « fiche d’identité » de Prosper. S’il faut, selon toute vraisemblance, renoncer à connaître le lieu de sa naissance, l’hypothèse que notre auteur ait reçu sa première formation à Bordeaux semble sortir renforcée de la conjonction de plusieurs indices : elle ne repose plus sur la seule base de sa culture scolaire, mais expliquerait avantageusement à la fois sa connaissance précise d’événements ayant eu lieu dans cette ville et certaines affinités d’intérêts avec des auteurs bordelais de la génération précédente, de la fin du IVe siècle et du début du Ve. Cette probable appartenance à un milieu bien connu par ailleurs amène à poser la question des éventuelles relations que Prosper aurait maintenues avec d’autres Bordelais ou Aquitains partis, comme lui, s’établir dans le sud-est de la Gaule. On a ainsi proposé d’expliquer par des relations personnelles l’installation à Marseille de Prosper et de Paulin de Pella, petit-fils 38. D’après JÉRÔME, De viris illustribus, 122 (TU 14/1a, p. 53), Latronianus était d’origine espagnole ; le fait que Prosper le mentionne a fait penser, vu l’intérêt de Prosper pour Bordeaux, qu’il était aquitain : voir E.C. BABUT, Priscillien et le priscillianisme, Paris, Librairie Honoré Champion, 1909, p. 182, n. 2. 39. Cf. AUSONE, Commemoratio professorum Burdigalensium, 5, 37-38 (éd. S. Prete, Teubner, 1978, p. 38) ; PACATUS DREPANIUS, Panegyrici Latini XII, 29, 2 (CUF-L 147, p. 95-96) ; SULPICE SÉVÈRE, Chroniques, II, 51, 2 (SC 441, p. 344-345). 40. SULPICE SÉVÈRE, Chroniques, II, 51, 4 (SC 441, p. 346-347). L’hérésie priscillianiste fait l’objet d’un long développement dans les chap. 46-51 du second livre. 41. PROSPER, Chronicon, 1193 (MGH. AA 9/1, p. 462) : Itacius et Ursacius episcopi ob necem Priscilliani, cuius accusatores fuerant, ecclesiae communione privantur. Un rapprochement avec un synode auquel fait allusion AMBROISE (Ep. extra coll. 11, 6 ; CSEL 82/3, p. 214) est proposé par A. VECCHIO, « La strage di Tessalonica », in : S. FELICI (éd.), Humanitas classica e sapientia cristiana. Scritti offerti a Roberto Iacoangeli, Roma, LAS, Biblioteca di scienze religiose 100, 1992, p. 115-144 ; p. 139-140 ; voir aussi le commentaire de J.M. KÖTTER, in : Prosper Tiro, Chronik, p. 163-164. 42. PROSPER, Chronicon, 1187 (MGH. AA 9/1, p. 462) : Burdigalae quaedam Priscilliani discipula nomine Urbica ob impietatis pertinaciam per seditionem vulgi lapidibus extincta est. Il n’est pas certain que cette Urbica (PCBE, s.v. VRBICA 2, p. 2006) doive être identifiée avec Pomponia Urbica, veuve de Severus Censor Julianus et mère de Thalassius (PCBE, s.v. VRBICA 1, ibid., p. 2005-2006). 7 d’Ausone43. De fait, ces deux auteurs, strictement contemporains, présentent plus d’un point commun et mériteraient une étude comparative serrée : tous deux élevés en Aquitaine et ayant reçu une formation classique à Bordeaux (certainement dans le cas de Paulin, probablement dans celui de Prosper) dans les années 390 et 400, ils partagent la même expérience de conversi, le même attrait pour la vie ascétique, en faveur tout autant dans leur région d’origine qu’à Marseille44, un goût prononcé pour une poésie érudite farcie d’échos classiques45, en même temps que (si l’authenticité de la Confessio Prosperi était confirmée) une proximité significative – unique pour l’époque – dans l’appropriation du genre renouvelé des « confessions » suivant une claire ligne augustinienne. Ce dernier point, d’importance dans le contexte de la controverse « augustinienne » qui anima les milieux ascétiques marseillais et provençaux dans les années 420-430, prendrait encore un relief supplémentaire si l’on acceptait de voir, comme cela a été proposé, dans plusieurs figures liées à cette controverse (Honorat et Hilaire d’Arles), d’autres descendants d’Ausone liés familialement à Paulin46, dont Prosper pouvait dès lors très bien connaître les idées et les enseignements… Jérémy DELMULLE, Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (Paris-Aubervilliers) Jérémy Delmulle est chargé de recherche au CNRS (IRHT, UPR 841). Spécialiste d’Augustin et de sa réception tardoantique et médiévale, il est l’auteur de Prosper d’Aquitaine contre Jean Cassien. Le Contra collatorem, l’appel à Rome du parti augustinien dans la querelle postpélagienne (2018). 43. Hypothèse formulée par É. GRIFFE, La Gaule chrétienne…, t. II, p. 28 et reprise par C. MOUSSY, « Introduction », p. 33. 44. Voir supra, n. 2 et J. FONTAINE, « Société et culture chrétienne sur l’aire circumpyrénéennes au siècle de Théodose », Bulletin de littérature ecclésiastique 75 (1974), p. 241-282 ; Id., « L’ascétisme chrétien dans la littérature gallo-romaine d’Hilaire à Cassien », in Atti del Colloquio sul tema : La Gallia romana, promosso dall’Accademia nazionale dei Lincei, in collaborazione con l’École française de Rome (Roma, 10-11 maggio 1971), Roma, Accademia nazionale dei Lincei, Problemi attuali di scienza e cultura 158, 1973, p. 87-115. 45. Paulin et Prosper, qui donnent tous deux à leur poème un titre grec (Eucharisticos, Peri akharistôn), partagent également une même culture classique : comparer les remarques de C. MOUSSY, « Introduction », p. 37-41, pour Paulin et, pour Prosper, les nombreux échos classiques relevés par L. VALENTIN, Saint Prosper d’Aquitaine…, excursus n° 13, p. 862-863 et C.T. HUEGELMEYER (éd.), Carmen de ingratis s. Prosperi Aquitani. A Translation with an Introduction and a Commentary, Washington, The Catholic University of America Press, PS 95, 1962, p. 104-209. 46 . Voir D. WOODS, « The Origin of Honoratus of Lérins », Mnemosyne 46/1 (1993), p. 78-86, qui fait d’Honorat de Lérins un frère de Paulin et d’Hilaire un arrière-petit-fils d’Ausone, issu de son premier fils. 8