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Mentalisation efficiente du trauma

Cet article est la deuxième partie d’un travail en deux volets s’intéressant à la mentalisation chez les victimes de maltraitance durant l’enfance. Alors que le volet précédent s’intéressait spécifiquement aux échecs de mentalisation dans le discours, le présent article se concentre sur les indices suggérant une capacité de mentalisation préservée à l’égard des expériences traumatiques. Développer une capacité de réflexion complexe et efficiente à l’égard de ses propres expériences de maltraitance et des états mentaux associés est un défi de taille. Certains individus accomplissent ce fait d’arme développemental, ce qu’illustrent les exemples cliniques suivants. Il est essentiel pour les intervenants en maltraitance d’identifier ces indices positifs, et de favoriser leur essor, puisqu’une mentalisation efficiente est conceptuellement associée à la résilience suite au trauma et augmente les chances de bénéficier des interventions cliniques.

MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Nicolas Berthelot et al. Office de la Naissance et de l'Enfance | Carnet de notes sur les maltraitances infantiles 2013/2 - N° 3 pages 6 à 20 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-carnet-de-notes-sur-les-maltraitances-infantiles-2013-2-page-6.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Berthelot Nicolas et al., « Mentalisation efficiente du trauma », Carnet de notes sur les maltraitances infantiles, 2013/2 N° 3, p. 6-20. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Office de la Naissance et de l'Enfance. © Office de la Naissance et de l'Enfance. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance ISSN Article MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Cet article est la deuxième partie d’un travail en deux volets s’intéressant à la mentalisation chez les victimes de maltraitance durant l’enfance. Alors que le volet précédent s’intéressait spécifiquement aux échecs de mentalisation dans le discours, le présent article se concentre sur les indices suggérant une capacité de mentalisation préservée à l’égard des expériences traumatiques. Développer une capacité de réflexion complexe et efficiente à l’égard de ses propres expériences de maltraitance et des états mentaux associés est un défi de taille. Certains individus accomplissent ce fait d’arme développemental, ce qu’illustrent les exemples cliniques suivants. Il est essentiel pour les intervenants en maltraitance d’identifier ces indices positifs, et de favoriser leur essor, puisqu’une mentalisation efficiente est conceptuellement associée à la résilience suite au trauma et augmente les chances de bénéficier des interventions cliniques. Mots-clés : mentalisation; fonctionnement réflectif; trauma; abus; résilience. Keywords : mentalisation; reflective function; trauma, abuse, resilience. MENTALISATION ET RESILIENCE La mentalisation réfère à l’activité mentale permettant aux individus de saisir le sens de leurs actions et de celles des autres en se référant aux états mentaux régissant les comportements, tels que les croyances, les intentions, les sentiments, les désirs et les pensées (Fonagy et al., 2002; Holmes, 2006). Il s’agirait entre autres d’une capacité intrinsèque à la régulation des affects et des comportements (Bouchard et al., 2008; Fonagy & Bateman, 2008; Fonagy & Target, 1997, Fonagy, et al., 2002).) Alors que nous avons précédemment illustré que la maltraitance durant l’enfance interfère avec le développement de la mentalisation (Berthelot et al., 2013), il semble à la fois qu’une capacité de mentalisation préservée soit un facteur de protection important dans un contexte de maltraitance. Il est à cet effet suggéré que la mentalisation soit conceptuellement associée à la résilience suite à l’exposition à des stresseurs interpersonnels de l’ordre Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 6 Nicolas Berthelot, Ph.D., Psychologue, Professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières Karin Ensink, Ph.D., Psychologue, Professeur à l’Université Laval Lina Normandin, Ph.D., Psychologue, Professeur à l’Université Laval Exemples de réflexion rudimentaire Les exemples suivants reflètent un degré de réflexion rudimentaire, en ce sens que les participants démontrent une certaine considération des états mentaux en lien avec leurs expériences de maltraitance durant l’enfance. Toutefois, ces passages demeurent élémentaires et sont le produit d’une activité mentale réflective peu complexe et de surface à l’égard de l’impact de la maltraitance sur les états mentaux. 1. Identification d’états mentaux dans un contexte de maltraitance Exemple A « Tu sais, quand il prenait sa ceinture puis qu’il la pliait en deux, puis qu’il faisait du bruit pour nous faire peur - mais il ne nous a jamais frappé avec la ceinture - tout de même, ça faisait vraiment peur, surtout quand il disait : « Vous voulez une raison pour pleurer ? » Puis là, il se mettait à prendre sa ceinture puis…. Ah! On pleurait plus encore. Ça nous faisait peur. Il était sévère. » 1 Pour plus de détails sur l’instrument, les participants, la méthodologie et les résultats des études, le lecteur est invité à contacter les auteurs.. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance LA MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA : . ILLUSTRATIONS CLINIQUES Les illustrations suivantes découlent du travail d’élaboration d’une grille de cotation du fonctionnement réflectif spécifique au trauma à partir d’entrevues d’attachement adulte (AAI : George et al., 1985) dans le cadre d’une étude portant sur 100 mères victimes de maltraitance durant l’enfance 1. Dans la grille de cotation, chaque type de mentalisation est associé à un score entre -1 et 9 reflétant le degré de sophistication de la mentalisation. Des scores de -1 reflètent une attaque au processus de mentalisation alors que des scores de 9 indiquent une mentalisation très sophistiquée. Les exemples suivants sont répartis en deux groupes : les exemples d’une réflexion rudimentaire (scores de 3 ou 4 à l’échelle) et les exemples d’une réflexion efficiente (score d’au moins 5 à l’échelle). Les exemples de mentalisation dans ces catégories n’ont cependant pas d’ordre hiérarchique. Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA d’adversité familiale durant l’enfance (Fonagy et al., 1994). Une capacité efficace à réfléchir en termes d’états mentaux permettrait notamment de réduire la pression à recourir à des comportements défensifs et favoriserait un sens cohérent d’identité (Fonagy et al., 1994). Il s’agit donc d’une aptitude cruciale dans le contexte désorganisant que représente la maltraitance durant l’enfance (Cicchetti, 1990). Le présent article vise à outiller les cliniciens à reconnaître les indices d’une mentalisation efficiente à l’égard des expériences traumatiques. 7 2. Prise de perspective par rapport aux comportements . de maltraitance Exemple B « Tu sais, je me questionnais beaucoup à savoir pourquoi ça m’était arrivé à moi. Pourquoi il m’avait fait ça. J’étais convaincue que j’avais fait quelque chose de mal pour mériter ça. Avec le temps, j’ai compris que ça n’avait rien à voir avec moi ou avec ce que j’avais bien pu faire. Que le problème, ce n’est pas moi, c’est lui. » La mentalisation implique une curiosité par rapport aux états mentaux soutenant les comportements. Cette attitude permet notamment de rendre les comportements signifiants et prévisibles. Dans cette optique, les victimes de traumas au cours de l’enfance tendent typiquement à mentaliser les sévices vécus en cherchant à identifier rétrospectivement les causes de ceux-ci. Ce questionnement est effectué dans une tentative désespérée de retrouver un certain sentiment de contrôle sur les gestes incompréhensibles, inattendus et imprévisibles dont elles furent victimes (Terr, 1991). Les victimes de traumas qui parviennent à trouver une explication leur permettant de donner du sens à l’événement tendent toutefois à se sentir terriblement coupables (Terr, 1991), s’attribuant à tort des états mentaux de l’agresseur. L’exemple B illustre bien comment une jeune femme victime d’agression sexuelle parvient, dans un effort réflectif, à prendre une nouvelle distance par rapport aux causes de l’agression. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 8 La mentalisation implique de chercher à identifier avec discernement des états mentaux à la source des comportements (Fonagy et al., 1998). L’intérêt et la capacité à identifier ses propres états mentaux est donc une étape de base du processus réflectif. Dans un contexte peu chargé émotivement, le simple fait de mentionner ses sentiments par rapport à une situation donnée relève d’une activité réflective ordinaire, voire peu signifiante. Il en est tout autre dans des contextes aussi chargés affectivement que l’exposition à des traumatismes interpersonnels. Dans ces situations où la charge émotive est tellement grande qu’elle s’avère menaçante pour l’équilibre de l’individu, le recours à des mécanismes de défense qui viennent modifier l’expérience interne est fréquent. Plusieurs victimes de maltraitance en viennent ainsi à dénier la maltraitance ou ses impacts (voir Berthelot et al., 2013). Le fait d’être en mesure d’identifier et de nommer avec authenticité les sentiments vécus dans un contexte de maltraitance s’avère ainsi un indice d’une mentalisation efficiente, quoique rudimentaire. 3. Reconnaissance de l’influence de la maltraitance . sur les états mentaux 4. Reconnaissance du caractère inapproprié du recours . à des stratégies défensives Exemple D En parlant de son vécu de maltraitance « […] je ris, mais ce n’est pas drôle. » Dans l’exemple D, alors qu’elle discute son vécu de maltraitance durant l’enfance, la participante identifie de façon spontanée que son affect ne correspond pas à sa charge émotive ainsi qu’à la gravité de ses propos. Toutefois, elle ne va pas plus loin dans sa réflexion à ce sujet. Cette prise de conscience spontanée du caractère étonnant de sa réaction en abordant le thème de la maltraitance constitue une amorce réflective. 5. Admission du recours à des stratégies défensives Exemple E « Oui mon père était violent oui. Ça m’a pris bien du temps à même vouloir le voir parce qu’on n’aime pas ça dire que – la violence tu sais – d’admettre qu’un de nos parents est violent, on n’aime pas ça. Mon père était très violent. » Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Dans l’exemple précédent, le sujet décrit brièvement de nombreux symptômes psychologiques fréquemment rapportés chez les victimes d’agression sexuelle. En identifiant que sa peur, son hypervigilance, ses cauchemars et son inconfort face à l’intimité sexuelle prenaient naissance dans une série d’événements passés qui ont laissé des séquelles psychiques importantes, le sujet laisse entendre qu’elle comprend bien qu’il s’agit là d’états mentaux et fait ainsi preuve d’un degré de mentalisation rudimentaire. Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Exemple C « Ça (abus sexuel) m’a affecté beaucoup avant, j’ai eu beaucoup de cauchemars, je pensais souvent que, pas que lui allait revenir, mais que quelqu’un allait venir me le refaire, que quelqu’un allait venir me faire du mal. Aussi, quand j’avais des relations, j’étais portée à ne pas être à l’aise, c’était différent […] mais avec le temps, ça a changé, puis les cauchemars la même chose. Avant j’avais beaucoup peur dehors le soir, la noirceur, maintenant, je suis correcte, je peux être toute seule dans la maison jusqu’à une certaine heure. » 9 Alors que la participante de l’exemple D observe qu’elle a une curieuse réaction en parlant du trauma et interrompt instantanément sa réflexion, les sujets des exemples E et F poussent cette amorce réflective un peu plus loin. En se laissant immerger par leurs souvenirs tout en maintenant une position d’observatrice par rapport à leurs réactions, ces participantes parviennent à élaborer sur des défenses complexes telles que le déni (exemple E) et la dissociation (exemple F) en attribuant un sens à ces mécanismes psychologiques. Ces défenses sont parfois effrayantes pour les personnes traumatisées, celles-ci craignant d’être « folles ». Il est ainsi important pour les cliniciens qu’ils aident les victimes à donner du sens à leur expérience, notamment en les informant sur la normalité de ces réactions compte tenu de l’anormalité de la situation. Exemples de réflexion complexe Les exemples suivants sont le reflet d’une mentalisation plus élaborée. Ici, les participantes font état d’un processus réflectif qui reflète une bonne connaissance de la nature des états mentaux ainsi qu’un effort explicite à élaborer les états mentaux soutenant les comportements. 6. Contribution au contexte de maltraitance Exemple G « […] je cassais tout le temps de quoi dans la semaine. Je pense que je faisais exprès pour attirer son attention. Maintenant je crois ça. » Le fait de reconnaître des processus interactionnels complexes dans la relation parent-enfant relève d’une activité réflective évoluée, surtout lorsque l’interaction en question était traumatique. Dans l’exemple G, la participante revisite, avec son regard d’adulte, la relation empreinte de négligence et de violence qu’elle entretenait avec son père au cours de l’enfance. Elle parvient ainsi à identifier une motivation relationnelle inconsciente (attirer l’attention d’un père distant) à un comportement particulier. Ce faisant, elle identifie implicitement qu’elle pouvait provoquer son père, et ainsi entretenir une relation de violence psychologique et physique, puisque cela était plus tolérable que l’absence de relation, sans jamais laisser entendre qu’elle méritait un tel traitement comme enfant. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 10 Exemple F « Je ne me souviens même pas de ma première année. J’ai comme des trous dans ma tête. Je me souviens qu’à l’âge de huit ans, quand j’allais à la petite école à Ville 1, je marchais dans la rue, puis on aurait dit que je n’étais pas là. Je ne peux pas vous expliquer. Je n’étais pas là. Je marchais dans la rue et je n’étais pas bien. Je n’étais pas une fille joyeuse – je n’ai pas vécu dans la grosse misère là sauf que je n’étais pas bien en dedans de moi. C’est dur pour moi de vous expliquer ça. » 7. Réflexion complexe de l’impact de la maltraitance . sur le développement Il est à noter que dans plusieurs des extraits de cet article, les participants font référence au temps et aux changements de perceptions associés à la transition vers l’âge adulte. Cette référence au temps n’est pas anodine. En effet, les enfants victimes de maltraitance se retrouvent plus souvent qu’autrement dans un compromis irréconciliable où ils se voient menacés par les individus mêmes de qui ils dépendent. Ces situations complexes pressent alors pour le recours à des mécanismes de défense qui permet à ces enfants de maintenir une représentation parentale positive, au vu de leur état de dépendance, malgré la présence de mauvais traitements. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Le fait de prendre une perspective développementale et d’observer comment les états mentaux changent avec les années relève d’une activité réflective. D’un autre côté, certains facteurs influencent le développement personnel de façon telle que le simple passage du temps ne parvient pas à effacer leurs impacts. Dans l’exemple H, la participante fait preuve de réflexion complexe en identifiant comment l’échec de son entourage significatif à considérer ses besoins d’enfant a eu des impacts majeurs sur sa façon de se percevoir et de percevoir les autres; comment le passage du temps et l’expérience de nouvelles relations plus satisfaisantes ont modifié ses perceptions; et comment, malgré ces nouvelles expériences et réflexions, ses expériences d’enfant l’affectent encore aujourd’hui. Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Exemple H « Ils (deux abus sexuels) m’ont affectée longtemps. Juste pour te dire entre autres, je suis allée en thérapie, j’avais 16, 17 ans, j’ai eu très peur des hommes. Puis je n’avais vraiment pas confiance en les adultes. Moi les adultes m’avaient bien déçue… bien déçue. Ma mère, qui était devenue alcoolique qui me décevait sans bon sens, je n’étais vraiment pas fière d’elle. Mon père m’avait déçue, qui avait abusé de ma confiance, il n’avait pas le droit de me faire ça tu sais, moi je l’aimais mon père, puis j’avais vraiment pas d’idées derrière la tête. Le monsieur qui avait abusé de ma confiance à 5 ans, qui m’avait raconté des affaires, je pensais que c’était mon ami puis finalement regarde ce qu’il m’a fait. Donc je n’avais comme pas confiance en les adultes, surtout pas les jeunes. Puis j’avais fait une thérapie de 9 mois à ce moment-là, en sortant du secondaire. J’avais craqué là, mes parents ils ne le savaient même pas que j’allais en thérapie. […] c’est parce que j’avais besoin d’aide là […]. Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, tu sais j’ai réglé bien des affaires dans ma tête puis j’ai pardonné ces choses. Je n’oublie pas par contre, c’est toujours là, à influencer mon attitude, mais je suis tout de même plus forte que je l’étais, j’ai plus d’outils, puis je ne vois pas tous les hommes menaçants non plus comme je les voyais adolescente. » 11 Ces défenses contrecarrent ainsi le développement de la mentalisation. Ainsi, le passage du temps favoriserait en quelque sorte l’émergence de la réflexion sur le trauma puisque certaines défenses s’avèrent moins nécessaires à l’âge adulte, l’individu n’étant plus directement exposé à la maltraitance des parents et ne dépendant plus d’eux pour sa sécurité. Exemple I A échappé de près à un abus sexuel extrafamilial : « En fait, ça a pris, eeeh, l’agression m’avait tellement marquée que, je n’étais pas vraiment consciente de ça, ça m’a pris beaucoup de temps avant de faire l’amour avec mon mari. Et ce n’est pas parce que les souvenirs revenaient, mais j’avais comme l’impression qu’il allait enlever quelque chose de moi, qu’il allait me prendre quelque chose que je ne voulais pas. C’est... jusqu’au moment où j’ai compris, je ne sais pas moi, j’ai senti que j’étais prête à vivre ça. Moi j’avais 23 ans. Ce n’est pas que l’idée ne m’était pas venue plus tôt, mais je me battais contre […] Je ne me laissais pas faire tu sais. Il ne va pas me prendre quelque chose, il ne va pas m’avoir. » Mentaliser implique de concevoir et réfléchir ses actions, et celles des autres, en termes d’états mentaux. Plusieurs survivants de traumas interpersonnels parviennent relativement facilement à identifier des symptômes envahissants qu’ils relient à l’exposition traumatique. Cependant, il est plus rare de voir les individus développer sur leurs états mentaux susceptibles de rendre compte de ces symptômes comportementaux. C’est ce que fait la participante de l’exemple I en élaborant sur sa représentation à l’effet que son partenaire, par le biais de la sexualité, souhaite lui soutirer quelque chose contre sa volonté. La participante fait notamment état de ses capacités réflectives en démontrant qu’elle comprend bien qu’il s’agit là d’une représentation d’objet, et non de la réalité objective. 9. Prise de conscience articulée de l’impact de la maltraitance sur soi Exemple J « Bien, je pensais que c’était… juste à voir comment je réagis à ces souvenirs-là. Je pensais que c’était oublié, que c’était… pas que c’était oublié parce qu’il y a des choses qui te marquent puis que tu restes marquée pour la vie. Mais je ne fonde pas ma vie sur ça. Tu comprends ? J’essaie toujours de faire le mieux, je sais que j’ai eu une enfance difficile, puis que ce n’est pas le meilleur, mais je ne veux pas non plus le reproduire. Que ce soit avec mes enfants ou avec mon mari. Mais sauf que, en parlant de ça, je vois quand même que je suis encore très sensible à ces Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 12 8. Réflexion complexe de l’impact de la maltraitance . sur le comportement actuel choses-là. Que c’est comme encore présent tu sais. Parce que je n’ai jamais eu vraiment l’occasion de rester assise avec quelqu’un puis d’en parler comme ça, tu comprends ? » Exemple K « Puis vous savez, ceux qui sont battus et qui battent leurs enfants là, c’est vrai ça. Puis c’est tellement facile de tomber dans le panneau, sauf qu’il y a des gens qui ne s’en rendront pas compte de ce qu’ils font par instinct, sauf que moi, ce que je veux c’est de ne pas tomber dans le panneau puis je suis consciente des risques, des mauvaises choses, puis bon. Puis ce n’est pas facile parce qu’il faut que je vive avec ça. Mais je suis au courant, je le sais qu’il faut, bien, c’est un peu comme, je sais que c’est là, mais qu’il ne faut pas. Mais ça tend tout le temps vers là, parce que quelque part, j’ai tout mon passé qui est là. Ça influence beaucoup ce qu’on vit, mais je suis contente d’être consciente de ça et de ne pas le répéter. À un moment donné, faut que ça casse, faut que la ligne se coupe. Dire bon là, la violence par-dessus la violence, ce que tu vis puis ce que ma mère reproche à ma grand-mère, que moi aussi je lui reproche, moi je ne veux pas que mes enfants me le reprochent, moi je veux que ça casse là. Fait que c’est pour ça que j’essaie d’être mieux, mais ce n’est pas facile, c’est tous les jours dans le fond, c’est quasiment un combat de tous les jours de ne pas tomber dans le panneau. » Il y a quarante ans, Oliver (1993) rapportait qu’un tiers des victimes de maltraitance durant l’enfance adoptaient, malgré leur bonne foi, les mêmes comportements avec leurs propres enfants. Les cycles intergénérationnels de maltraitance ont depuis été documentés dans la littérature scientifique (Avery et al., 2002; Berthelot et al., 2012; Collin-Vézina & Cyr, 2003; Heyman, & Slep, 2002; Leifer et al., 2004; Zuravin et al., 1996). Il est proposé que ces remises en actes soient le résultat d’échecs de mentalisation chez le parent traumatisé (Allen et al, 2008). À l’instar de Selma Fraiberg Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 10. Prise de conscience articulée de l’impact de l’abus . sur les comportements parentaux Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Une caractéristique importante distinguant la mentalisation d’autres concepts similaires tels que la théorie de l’esprit, est le fait que la mentalisation n’est pas un processus purement cognitif et détaché affectivement. Au contraire, la mentalisation implique de considérer l’affect, tout en y réfléchissant (Fonagy et al., 2002). C’est la capacité de sentir, tout en pensant à ce qui est ressenti (traduction libre, Allen et al., 2008, p.63). La participante de l’exemple J fait ainsi preuve de mentalisation alors qu’elle prend conscience et réfléchit de manière spontanée et non défensive aux sentiments qui émergent lorsqu’elle aborde le thème délicat de la maltraitance. 13 11. Prise de conscience articulée de l’impact de la maltraitance . sur la dynamique familiale Exemple L (Vous avez utilisé le terme surprotection pour décrire la relation avec votre mère […] ?) « […] c’était des sorties qu’elle me disait que je ne pouvais pas eeeh – c’est sûr qu’il m’est arrivé un accident puis elle a eu bien peur, je me suis faite agresser par l’un des meilleurs amis de mon père et je pense que j’avais 8 ans. À partir de ce moment-là c’était vraiment très sévère : « Il ne faut pas que tu parles à telle personne, il faut que tu fasses attention à qui tu vois », tu sais comme : « surveille-toi, puis va pas faire-ci, va pas là ». Oui, à partir de cet événement-là, ça a comme tout changé là.» La littérature scientifique s’est grandement intéressée à l’impact des traumas sur l’individu directement exposé au trauma, mais peu d’écrits se sont attardés sur l’impact de ces événements sur l’entourage significatif de la victime. De même, il est plutôt rare de voir les victimes de trauma élaborer d’emblée sur la perspective des autres face au drame les ayant affectées personnellement. Dans l’exemple L, la participante fait preuve de mentalisation en reconnaissant que l’agression sexuelle vécue a eu une incidence sur les états mentaux de sa mère, et en retour sur leur relation. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 14 (Fraiberg et al., 1975/1983) dans son ouvrage intitulé les Fantômes dans la chambre d’enfant, la participante de l’exemple K décrit bien ce phénomène en rapportant comment, malgré un profond désir d’offrir un encadrement différent à son enfant que celui auquel elle fut exposée, elle tend instinctivement à agir comme sa propre mère. Du coup, la participante semble également se rappeler ce qu’était son expérience d’enfant face à une mère abusive et tient à éviter cette expérience à sa fille. Plusieurs futurs parents victimes de maltraitance tendent au contraire à présenter une représentation clivée, se considérant à l’extrême opposé de leurs parents maltraitants et étant persuadés qu’ils agiront en tout point de manière différente à ceux-ci. D’autres individus présentent un portrait idéalisé de leurs propres parents, portrait incompatible avec les gestes maltraitants subis. La participante de l’exemple K fait ainsi preuve de mentalisation en considérant de façon non défensive l’impact de son vécu de maltraitance sur les sentiments, sensations et représentations qui l’habitent comme parent, tout en reconnaissant l’importance de prendre une distance par rapport à ces états d’esprit afin de parvenir à adopter des comportements plus sécurisants dans la relation avec sa fille. 12. Prise de conscience articulée de l’impact de la maltraitance . sur l’identité 13. Manipulation consciente d’états mentaux dans un contexte . de maltraitance Exemple N « Mais de nous dire qu’il nous aimait, de nous prendre dans ses bras, ça il ne l’a pratiquement jamais fait. Ou quand il le faisait, il avait pris de la boisson ça fait qu’il était… c’était juste dans ce temps-là qu’il nous le disait. Mais moi, quand je le voyais comme ça, j’aimais mieux ne pas le croire, tu sais, dans le fond, c’est pas comme ça que mon père je voulais qu’il soit. » Il est possible de consciemment modifier ses états mentaux dans l’optique de réduire ses affects négatifs. La participante de l’exemple N fait preuve de mentalisation en élaborant sur la façon avec laquelle elle parvenait à délibérément manipuler ses états mentaux en lien avec son vécu de négligence afin de parvenir à maintenir une image positive de son père alors qu’elle était enfant. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance La maltraitance durant l’enfance tend à interférer avec le développement de l’identité. Les survivants de traumas en enfance ne sont pas trop certains s’ils sont comme la figure parentale aimante, ou plutôt comme la figure parentale punitive/négligente, ou bien s’ils sont des individus distincts à part entière (traduction libre, Steele, 1986). La participante de l’exemple M fait preuve de mentalisation en élaborant sur cette confusion dans les fondements même de son identité; en décrivant la fonction défensive de certains états mentaux et que la possibilité qu’un comportement dissimule un état mental opposé (attitude gentille pour dissimuler un sentiment d’être méchante); ainsi qu’en décrivant la nature opaque des états mentaux (il lui est relativement possible de cacher à son conjoint comment elle se sent réellement). Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Exemple M « Peut-être que j’ai peur d’être méchante, je veux peut-être être trop gentille. Tu te formes un caractère qui n’est pas toi […]. Même le père de mes enfants, même si ça va prendre 50 ans, il ne me connaîtra jamais s’il ne veut pas. Il va vivre avec quelqu’un, mais tu sais… c’est du mal qui a été, comment je pourrais dire, plus intime là. » 15 Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 16 Exemple O « Ah, des fois je pouvais être là en train d’étudier ou de préparer mes travaux et elle me piquait une crise sans raison valable. C’est comme si… mais aujourd’hui je comprends. Elle vivait une période de frustration avec son mari, parce que lui il n’était pas là, il ne s’occupait pas de ses enfants ok, puis c’est moi qui payais la note. Moi c’est comme ça que je le vois aujourd’hui. Tu vois ? Parce que des fois j’y réfléchis puis j’y pense et je me dis qu’il n’y avait pas vraiment de raison. Ok ? Fait que c’est comme si ses frustrations, c’est sur moi qu’elle les passait. » Exemple P « Ça (attouchements du père) ne s’est jamais reproduit. Puis je ne sais même pas s’il le sait, s’il s’en souvient ou s’il pressent ça ou si c’est pour ça qu’il me donne tellement d’affaires ces temps-ci. On dirait qu’il se sent coupable de quelque chose […] mais je ne sais même pas s’il se souvient de cette journée-là, parce qu’il était saoul, ou si eeeh, je ne le sais pas. » Une tentative explicite d’élaborer les états mentaux d’autrui à l’origine de ses comportement est une forme de mentalisation difficile à soutenir dans le contexte particulier de la maltraitance puisque cela implique de se mettre à la place de la personne maltraitante. Dans les deux exemples précédents, les participantes tentent d’attribuer à leur parent maltraitant des états mentaux plausibles. De plus, la participante O considérant qu’elle n’était pas la source de la frustration de sa mère et la participante P considérant que la générosité actuelle de son père provient possiblement d’un sentiment de culpabilité qui remonte à l’abus, les deux participantes entrevoient la possibilité que les comportements et états mentaux de leur parent prennent origine dans d’autres éléments non-observables dans la situation. 15. Prise de conscience de la réalité subjective de l’autre . face au dévoilement d’une situation de maltraitance Exemple Q « […] j’ai parlé de l’abus à mes parents. J’étais capable de leur dire ces choses-là. Sauf que je me souviens qu’ils s’étaient choqués parce que, pas choqués après moi, mais c’est comme… Même moi je l’ai vécu la semaine passée avec ma fille puis j’étais devenue toute énervée puis, je me suis souvenue de ma mésaventure. Puis, j’ai dit à ma fille qu’elle avait bien agi puis qu’eux (exhibitionnistes) aient fait ça en tant que tel, non. Je me souviens qu’ils (ses propres parents) s’étaient énervés puis qu’ils m’avaient demandé de quoi il avait l’air, je sentais qu’ils perdaient Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 14. Élaboration de la perspective de la personne maltraitante le contrôle [...] Je trouve que j’ai mieux agi moi la semaine passée qu’on a pu agir avec moi quand j’étais toute petite. » Dans les trois exemples précédents, les participants revisitent la réaction de leur mère face à leur vécu de maltraitance et s’imaginent ce qu’aurait été une réponse réflective. Pour se faire, elles se remémorent, avec leur regard d’enfant, ces situations hautement conflictuelles. Cet effort délibéré visant à s’immerger dans ce qu’elles ressentaient comme enfant représente un processus réflectif complexe en ce sens qu’il leur permet en retour de les aiguiller sur la meilleure façon d’agir aujourd’hui auprès de leur propre enfant. 16. Prise de conscience de la réalité subjective du thérapeute face au dévoilement d’une situation de maltraitance Exemple T « J’imagine que ça vous trouble d’entendre ça. Ça doit être difficile pour vous aussi cette entrevue. » Dans l’exemple précédent, la participante fait référence à l’impact que son discours semble avoir sur l’interviewer. Sans que ce processus réflectif soit d’une grande complexité, nous avons observé qu’un tel accordage émotionnel avec l’interviewer s’avère plutôt rare lorsque le thème de la maltraitance est discuté en entrevue. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Exemple S « […] il est arrivé des attouchements sexuels et mes cousines et moi nous avions réussi à nous enfuir […] Mais ma mère n’était pas là. Puis quand elle m’a entendue crier finalement, elle est descendue « qu’estce qui se passe là ? ». Je lui ai tout expliqué, mais j’ai pas l’impression qu’elle prenait ça à cœur – pour moi c’était grave ce qui venait de se passer, je ne comprenais rien et j’avais peur puis ma mère bon : « Tu vois, ça va passer, ça va passer ». Finalement c’est l’une de mes tantes qui a fait venir la police, mais ma mère elle n’a jamais, jamais rien fait puis ça me frustrait. Je me souviens d’être frustrée, que ma mère ne s’implique pas là-dedans puis qu’elle ne réalise pas que moi il m’était arrivé quelque chose puis que – elle essayait de camoufler ça ou je ne le sais pas trop. » Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Exemple R « Ça m’affecte. Moi quand je vois quelqu’un en train de tabasser ou faire un cas à une petite fille, j’ai tout de suite le goût de me jeter dessus. Oui. Je peux voir ça. Puis c’est ça, ma fille peut-être qu’ils vont dire que je la gâte un peu. Moi j’essaie de la faire raisonner, parce que dans ma tête à moi j’aurais pu comprendre s’ils m’avaient parlé en langage de petite fille, que de me tabasser là. » 17 Un risque existe cependant si la mentalisation est adressée brutalement, de façon déconnectée des autres dimensions qui fondent la résilience (ex. le temps nécessaire à l’intégration, la connexion émotionnelle durant la mentalisation), faute de quoi ces efforts thérapeutiques risquent de résulter en une intellectualisation des récits de vie ou des effondrements psychiques. Nous croyons que la mentalisation doit être considérée à la fois comme une cible et un outil d’intervention et que le travail de mentalisation du trauma doit obligatoirement s’opérer au sein d’une relation thérapeutique stable et sécurisante. Il apparait essentiel d’identifier les indices dénotant une mentalisation efficiente et de favoriser l’essor de ces efforts réflectifs puisqu’une capacité de mentalisation préservée (1) est conceptuellement associée à la résilience suite au trauma, (2) accroît l’efficacité des interventions cliniques, (3) ouvre la voie à des interventions thérapeutiques plus complexes susceptibles d’amener des changements en profondeur chez l’individu, et (4) permet d’interrompre les cycles intergénérationnels de maltraitance. Compte tenu du rôle clé de la mentalisation dans des contextes traumatiques et de son rôle central dans l’aménagement des cycles intergénérationnels de maltraitance (Allen, 2013; Allen et al., 2008), une importante prochaine étape concernera l’établissement de modèles d’intervention préventive auprès de futurs parents rapportant un vécu de maltraitance durant l’enfance. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance 18 CONCLUSION La plupart des approches psychothérapeutiques visent essentiellement à aider les individus à mieux comprendre leurs difficultés et leurs comportements problématiques dans l’optique de les aider à acquérir un meilleur contrôle sur ceux-ci. En d’autres mots, les interventions cliniques visent fondamentalement à promouvoir la mentalisation. Une mentalisation efficiente est essentielle puisqu’elle favoriserait la régulation des émotions (Bouchard et al., 2008; Fonagy & Bateman, 2008; Fonagy & Target, 1997; Fonagy, et al., 2002). Dans le numéro 2 du Carnet de Notes sur les Maltraitances Infantiles, nous avons décrit les principaux échecs de mentalisation observés dans le discours des mères victimes de maltraitance durant l’enfance. Nous considérons que ces dysfonctions dans la capacité réflective requièrent une attention immédiate lorsqu’elles se présentent. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance Article : MENTALISATION EFFICIENTE DU TRAUMA Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 173.176.229.58 - 09/05/2014 23h08. © Office de la Naissance et de l'Enfance RÉFÉRENCES ƒƒ Allen, J.G. (2013). Mentalizing in the development and treatment of attachment trauma. London: Karnac. ƒƒ Allen, J. G., Fonagy, P., & Bateman, A. W. (2008). Mentalizing in clinical practice. Arlington, USA: American Psychiatric Publishing. ƒƒ Avery, L., Hutchinson, D., Whitaker, K.. (2002). 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