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SUR UN NOUVEAU MANUSCRIT IBÂḌITE-BERBÈRE La Mudawwana d’Abû Ġânim al-Ḫurâsânî traduite en berbère au Moyen Âge Ouahmi La Boite à Documents | « Études et Documents Berbères » 2008/1 N° 27 | pages 47 à 71 ISSN 0295-5245 DOI 10.3917/edb.027.0047 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Distribution électronique Cairn.info pour La Boite à Documents. © La Boite à Documents. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-etudes-et-documents-berberes-2008-1-page-47.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Études et Documents Berbères, 27, 2008 : pp. 47-71 SUR UN NOUVEAU MANUSCRIT IBÂḌITE-BERBÈRE La Mudawwana d’Abû Ġânim al-Ḫurâsânî traduite en berbère au Moyen Âge © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) L’œuvre dont il est question ici est une des sources des plus précieuses et des plus importantes – tant en qualité qu’en quantité des données linguistiques qu’elle contient – qui pourront servir à approfondir la connaissance notre berbère ancien. Elle est connue des berbérisants mais il y a eu peu d’informations nouvelles depuis un siècle déjà. Il s’agit pour nous de reprendre ce dossier suffisamment daté. Celui-ci concerne : 1o un glossaire berbéro-arabe (qui a pu être publié) précédant l’œuvre dont il est question ici qui contient une quantité considérable 1 de phrases berbères anciennes ; 2o l’œuvre elle-même renfermant des phrases berbères, suivies de leur équivalent arabe (traductions ou paraphrases). Cette œuvre est un traité, intitulé al-Mudawwana, du domaine de la jurisprudence générale (ou fiqh) d’après l’enseignement d’Abû cUbayda Muslim b. Abî Karîma al-Ṯamîmî (mort sous le règne du calife al-Manṣûr, aux alentours du milieu du VIIIe siècle J.-C.) et de ses disciples. Sa version originale, de langue arabe, a pour auteur Abû Ġânim Bišr b. Ġânim al-Ḫurâsânî, un savant jurisconsulte ibâḍite, qui a vécu entre la fin du IIe/VIIIe et le début du IIIe/IXe siècle et originaire du Khurâsân (Perse). Plus tard, le traité fut traduit en berbère et publié en version bilingue en conservant les énoncés de langue arabe. À partir des faits d’histoire littéraire, peu ou prou connus du monde savant grâce surtout aux travaux de Motylinski (1885, 1897 et 1907), Bossoutrot (1900), Schacht (1956), Lewicki (1956), Ennami (1970) et van Ess (1976), nous tenterons de dater de manière relative la traduction berbère de la Mudawwana, initialement rédigée en langue arabe, ainsi que l’établissement du 1. J’ai déjà eu l’occasion de reproduire et d’étudier des mots et des phrases provenant d’une chronique ibâḍite du VIe/XIIe siècle (Ould-Braham 1988 et 1987 [1988]). Ce document malgré son grand intérêt est sans commune mesure avec la Mudawwana bilingue, compte tenu de la masse des matériaux linguistiques que celle-ci pourra fournir aux berbérisants. 47 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) par Ouahmi Ould-Braham glossaire arabo-berbère. Et nous nous donnerons in fine quelques items lexicaux extraits à la fois du glossaire et de l’œuvre proprement dite. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Le savant jurisconsulte ibâḍite Abû Ġânim Bišr b. Ġânim al-Ḫurâsânî, qui avait déjà terminé son ouvrage, chemina vers le Maġrîb, ce haut lieu de l’ibâḍisme de par la formation de l’imâmat de Tâhart. Avant d’atteindre la capitale rustumide, il s’arrêta au Ǧabal Nafûsa pour rendre visite à un savant ibâḍite nord-africain, Abû Ḥafs cAmrus b. Fatḥ 2, qui promptement prit copie de la Mudawwana. L’ouvrage autographe avait été destiné pour enrichir l’inestimable bibliothèque al-Macṣûma de Tâhart (Al-Sâlimî, al-Lumca, Le Caire, 1326 H./1908 : 184 et 197-198 ; al-Šammâhî, al-Siyar, Caire, 1301 H./1884 : 228). L’œuvre a pu être traduite plus tard en langue berbère mais la version originale n’a pas cessé d’être recopiée. Abû l-Qâsim al-Barrâdî, dans un catalogue de livres ibâḍites qu’il a composé au VIIIe/XIVe siècle, mentionne cet ouvrage (Motylinski 1885 : 18, nos 12 et 14). De même au XIXe siècle, alSâlimî (ibid.) fait état de cette œuvre. Mais par la suite les copies sont devenues introuvables. S. Smogorzewski, un arabisant polonais qui a visité les bibliothèques privées du Mzab successivement en 1907, 1913 et 1926, a repéré une seule copie chez un sayḫ ibâḍite de Guerrara (Lewicki 1956). L’Allemand Josef Schacht, qui a fait en 1952-53 des recherches approfondies dans les bibliothèques privées de Djerba et du Mzab, a dressé un important catalogue de manuscrits ibâḍites dans lequel figure l’œuvre d’Abû Ġânim (1956 : 381 no 16). Le constat est le même, des copies de cette œuvre sont rares. L’éminent orientaliste donne deux informations importantes : 1o Cette œuvre existe en deux versions, une version intégrale (al Mudawwana al-kubrâ) et une version abrégée (al-Mudawwana al-suġrâ ; un manuscrit de cette dernière existerait à la Bibliothèque Ibrâhîm b. Bakîr à Beni-Isguen) ; 2o La Mudawwana al-kubrâ n’existe que sous la forme éditée (lithographiée) dans l’arrangement (tartîb) de Muḥammad b. Yûsuf Aṭfayyâš et plus rarement dans la version originale. Voici ce qu’ajoute Schacht : « L’authenticité de cet ouvrage est discutée ; il est parfois attribué à cAbd Allah b. Yazîd al-Fazârî, théologien de la secte des Nukkâr (v. Lewicki, E. I., Suppl., s.v. Al-Nukkâr). Il renferme en tous les cas les décisions des anciennes autorités abadites du IIe siècle ; v. Motylinski, B.C.A., 2. Abû Ḥafs cAmrus b. Fatḥ (m. 283 H./ 896) est originaire de Qaṭras, près d’al-Raḥibât (Nafûsa). Qaḍi d’Abû Mansûr Ilyâs et câmil du Ǧabal Nafûsa, il était aussi un savant éminent qui surpassa tous les savants berbères-ibâḍites de son époque. C’est lors d’un pèlerinage qu’il fit la connaissance de Muḥammad b. Maḥbûb, imam ibâḍite d’Orient, et devint membre de son maǧlis. Il participa à la bataille de Mânû (283 H./ 896-7), où cours de laquelle des ibâḍites affrontèrent l’armée des Aġlâbites. 48 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 1. De la Mudawwana originelle Comme dans le Diwân al-’Asyaḫ, le Kitâb al-Nîl, ou d’autres « sommes » encore, la Mudawwana d’Abû Ġânim Bišr est une œuvre exégétique, qui contient la lignée des maîtres vénérés dont les « réponses » constituent la source même de l’œuvre. Parmi ces autorités, le cUmanite cAbd Allah b. c Abd al-cAzîz qui est une référence des Ibâḍites de l’Afrique du Nord (Mercier 1927 : 23), homme de la génération de Rabîc b. Ḥabîb, dont les « écrits fondamentaux touchant le waqf remontent, de la sorte, aux tous premiers siècles de l’Hégire, à l’époque où l’école oumanite existait seule » (ibid.). Rabîc b. Ḥabîb b. cAmr al-Farahîdî (Lewicki 1934 : 159 ; Schacht 1956 : 379 ; Van Ess 1976 : 32) est une des premières autorités ibâḍites de Baṣra ; il a succédé à Abu cUbayda Muslim b. Abî Karîma al-Ṯamîmî, dont il fut l’élève. Il 49 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) III, 18, no 2 ; le même, Actes XIV e Congrès des Orientalistes, II, section IV, 69 s. L’ouvrage fut plus tard mi-traduit, mi-paraphrasé et commenté en berbère, et deux manuscrits sont connus de cette version : 1) le ms. Rebillet, fragmentaire et portant les dates 1288, 1289 et 1290 [de l’hégire] ; ce ms. fut étudié, en copie photographique, par Motylinski, Actes XIV e Congrès, II, section IV, 68 ss. ; 2) le ms. Bossoutrot, complet, terminé en 1231 ; copie photographique dans la Bibliothèque publique de Tunis ; un avertissement est mis à la disposition des chercheurs par la Bibliothèque. » (Schacht 1956). La Mudawwana est composée de douze parties telles qu’on peut les trouver dans la lettre-catalogue d’Abû ’l-Qâsim b. Ibrâhim al-Barrâdî (Motylinski 1885 : 18, nos 12 et 14) où l’auteur témoigne ainsi : « Le Diwân d’Abû Ġânim (Mudawwana Abî Ġânim) rédigé d’après les disciples d’Abû cUbayda et comprenant un certain nombre de volumes. Voici ceux que j’ai vus : Kitâb al-Ṣiyyâm, Du jeûne. Kitâb al-Šahâdât, Des témoignages. Kitâb al-’Aqḍiyya wa ’l-’Iḥkâm, Des décisions et jugements. Kitâb al-Nikâḥ, Du mariage. Kitâb al-Ṭalâq, Du divorce (deux volumes). Kitâb al-’Ašraba wa ’l-Ḥudûd, Des boissons et des peines. Kitâb al-Buyuc wa ’l-’Iḥkâm, Des ventes et des jugements. Kitâb al-Salât, De la prière. Kitâb al-Wiṣayât, Des testaments. Kitâb al-Habât wa ’l-Hadâya’, Des donations et présents. Kitâb al-Ribba’, De l’usure. Je n’ai jamais vu le livre traitant de la zekka (Kitâb al-Zakkâ) ; mais il fait également partie du recueil dont je viens d’énumérer les volumes. » © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 2. La doctrine ibâḍite Le ḫâriğisme (ḫawâriğ : ceux qui font sécession) est né à la suite du premier schisme : le šicisme. Il est apparu à la bataille de Ṣiffin en 37 H./657 lorsque des partisans de cAlî ont refusé l’arbitrage humain auquel il s’est soumis. Les sortants, anciennement fidèles de cAlî, qui ont fait firq, ont été défaits en 37 H./ 658 à la bataille de Nahrawân. Le mouvement se réorganise et initialement on compte, parmi les ḫâriǧites, les azraqites extrémistes, mais rapidement viennent en émergence les ṣufrites et les ibâḍites plus modérés. Se sont ces derniers qui se sont étendus en Afrique du Nord, avec l’imâmat de Tâhart. Ce groupe d’opposition politico-religieux (Gilliot 2002), dénommé ibâḍite, a d’abord eu lieu à Baṣra (en cIrâq), lorsqu’en 65 H./684 cAbd Allah b. Ibâḍ a pris ses distances avec des extrémistes ḫarîgites. Mais l’un des précurseurs du mouvement est Abû Bilâl Mirdas b. Udayya al-Ṯamîmî (al-Šammâḫî 1301 H. : 66 ; al-Barrâdi : 167 ; al-Sâlimî 1326 : 187), et l’organisateur reconnu a été, entre autres, Ǧâbir b. Zayd. La branche la plus importante de l’Ibâḍiyya est, sans conteste, le groupe politico-religieux nommé al-Ibâḍiyya al-Wahbiyya (Lewicki 1957, 1958). L’origine de la seconde partie de ce terme dérive, semble-t-il, du nom du premier imâm ḫarigite, cAbd Allah b. Wahb al-Râṣibî. 50 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) est l’auteur d’un ouvrage du domaine historique et juridique portant le titre alMusnad ou al-Ğamî c al-ṣaḥîḥ. Dans la série des questions-réponses, les autorités spirituelles mises à contribution dans l’ouvrage sont les suivantes : 1) Rabîc b. Ḥabîb (Šammâḫî : 102 ; Van Ess 1976 : 41). 2) cAbd Allah b. cAbd al-cAzîz (Šammâḫî : 102, 104 ; Van Ess 1976 : 41). 3) Abû Ṣufyan Maḥbûb b. al-Raḥîl al-cAbdî (Šammâḫî : 67 ; Lewicki 1934 : 159 ; Van Ess 1976 : 41). 4) Abû Ayyub Wâ’il b. Ayyub al-Ḥaḍramî (Šammâḫî : 105 ; Lewicki 1934 : 159 ; Van Ess 1976 : 41). 5) Abû ’l-Mu’arriǧ (Šammâḫî : 104 ; Van Ess 1976 : 41). 6) Abû Ġassân Maḫlad b. al-Mucarrid (Šammâḫî : 111 ; Motylinski 1885 : o n 41 ; Van Ess 1976 : 41). 7) Abû ’l-Muhâǧir (Van Ess 1976 : 41). 8) Ibn ’Assad (Šammâḫî : 122). 9) Abû Macrûf Šucayb b. al-Macrif (Šammâḫî : 120). 10) Abû al-Muwwar (Šammâḫî : 116). 11) Ḥâtim b. Manṣûr (Šammâḫî : 121 ; Van Ess 1976 : 41). 3. Ce qui ne saurait pas être contradictoire. Les sous-sectes wahabite et nukkarite sont divergentes sur quelques points et non ennemies et antithétiques. Voir discussion infra. 51 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) L’unité religieuse et politique de l’ibâḍisme fut minée dès les deux premiers siècles de cette doctrine par plusieurs schismes (iftirâq) et hérésies (ḫilâf). La subdivision (firqa) la plus importance qui s’était formée est celle des Nukkâr-s. Cette étiquette, qui signifie « renieurs », est plus un appellatif usité par leurs adversaires pour les stigmatiser. Eux-mêmes, ils se donnent plusieurs dénominations entre autres : al-Yazîdîya, du nom du théologien ibâḍite cAbd Allah b. Yazîd al-Fazârî al-Ibâḍî ; al-Šacbiyâ, nom dérivé de Šucayb b. al-Mucarrif ; Mistâwa, nom à rapprocher de la tribu berbère Mestaoua bien connu, qui a adhéré au groupe al-Nukkâr. Les Nukkâr ou Nukkat se nomment eux-mêmes al-Maḥbûbiyyîn. Ce groupe politico-religieux a joué un rôle considérable à l’époque fatimide, consécutivement à la chute de l’imâmat rustumide de Tâhart et notamment lors de la révolte d’Abû Yâzid Maḫlad b. Kaydâd. Le schisme des Nukkâr tire son origine des conditions (šart), qu’ils ont imposées à l’imâm cAbd al-Wahhâb afin de limiter son pouvoir. Lors du schisme nukkârite, ces dissidents ont attaqués les partisans de cAbd al-Wahhâb, appuyés par les docteurs d’Orient qu’ils ont consultés. Les fidèles à l’imâm ont riposté par le verbe et par l’épée au cours d’une bataille, où le chef des Nukkâr, Abû Qudâma Yazîd b. Fandîn alÎfranî a trouvé la mort. Tandis que les Mistâwa, sous la conduite d’Abû Qudâma Yazîd b. Fandîn al-Îfranî, ont renié le contrat d’allégeance à l’imâm cAbd al-Wahhâb, auparavant les partisans de cAbd Allah b. Yazîd al-Fazârî se sont entrés en opposition avec Abû cUbayda Muslim. Et c’est d’après une risâla d’Abu c Amr cUṯmân Ḫalîfa al Mâriġnî, un auteur ibâḍite-berbère du VIe H./XIIe siècle (T. Lewicki 1936 : 278), traitant des sectes politico-religieuses diverses dans l’Islam, qu’on trouve les noms des fondateurs de la branche Nukkârite. Outre Šucayb b. al-Mucarrif, un docteur dissident du Caire déjà cité, Ibn Fandîn, le fondateur de ce groupe au Maġrîb, et cAbd Allah b. Yazîd al-Fazârî, il y a eu c Abd Allah b. cAbd al-cAzîz, Abû ’l-Muwarriǧ cAmr b. Muḥammad al-Sadûsî et Ḥâtim b. Manṣûr. C’est aux trois derniers que le groupe nukkârite doit ses principes juridiques. Ces docteurs sont souvent cités dans la Mudawwana d’Abû Ġânim 3. Les divergences qui existent entre les différentes branches de la famille ibâḍite sont, en règle générale, secondaires sinon insignifiantes. Comme pour l’ensemble de l’Islam, elles ont été exposées avec éclat dans les cercles de polémique. En dépit des différences qui existent entre les groupes politicoreligieux de l’Islam, les jurisconsultes sont unanimes sur la théorie des sources du droit musulman. Elles peuvent être divisées en deux grands ensembles : a) les sources originelles (Coran et Sunna), b) les sources dérivées de caractère rationnel (iǧmâ c et qiyâs). 52 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) La jurisprudence ou fiqh est la science de la Loi. Dans l’Islam, elle est la science religieuse la plus ancienne puisque la Loi y est un facteur dominant. Et dans les premiers temps, la religion et la Loi sont deux notions pratiquement synonymes parce que la Loi justement se présente comme l’application parfaite des prescriptions issues du message de Mohammed. Le fiqh, qui élabore la Tradition dans les cadres du droit, peut être compris comme une somme d’avis juridiques pris par des docteurs de l’Islam sur les limites à ne pas dépasser par les croyants. Il s’agit donc d’une application des prescriptions du message prophétique sur le plan juridique. Comme on le sait, il existe toute une pluralité d’écoles juridiques en Islam. Ces écoles ou madhab (= voie) de fiqh, tant sur la branche du sunnisme que dans le chiisme, prennent généralement le nom du juriste qui les a fondées. Il en est ainsi, par exemple pour la branche sunnite, du šâficisme fondée par l’imâm alŠâficî (m. 204 H./820), du ḥanafisme fondée par l’imâm Abû Ḥanîfa (mort en 150 H./760), du mâlikisme fondée par l’imâm Mâlik b. Anas (m. en 179 H./795), et du ḥanbâlisme fondée par l’imâm Ibn Ḥanbâl (m. 240 H./855). La plupart des écoles peuvent avoir en partage un grand nombre de lois, mais diffèrent quant aux sources du droit et divergent sur les hadît-s qu’elles acceptent différemment comme authentiques et sur le poids relatifs attribuées aux analogies (qiyas) utilisées pour décider des cas difficiles. C’est dans ce climat culturel propice à la polémique et au débat qu’on été produits des corpus doctrinaux importants. Cela dit, pour relativiser un peu, toutes les écoles de droit musulman n’accusent pas des différences majeures, tant les principes demeurent communs. Aussi les inter-influences entre les écoles ont-elles fait le reste. La version bilingue de la Mudawwana d’Abû Ġânim proviendrait suivant l’avis de Motylinski (1907 : 69) des Nukkarites de Zouagha, de Tripolitaine. Si cette hypothèse se vérifiait comment expliquer que la Mudawwana araboberbère soit aussi adoptée par les Wahbites ? Avant de répondre à cette question importante, reprenons notre discussion avec les Nukkar. Ces derniers, après la défaite et la mort d’Abû Yâzid, ont considérablement perdu de leur influence et de nombreuses tribus sont redevenues wahbites. Mais cependant à Ǧarba, jusqu’au VIIIe H./ XIVe siècle, d’après Cuperly (1984 : 134), les membres de ce groupe politico-religieux sont en position de force : « Les Nukkârites, écrit-il, occupaient anciennement la partie orientale (et peut être la partie centrale) de l’île, ne laissant aux Ibâdites [Wahbites] qu’un petit canton au Nord-Ouest de Jerba. Plus tard, d’après Ibn Ḫaldûn (trad. De Slane, III, 63), au e e VIII H./ XIV s., les Wahbites devinrent plus nombreux et occupaient la moitié orientale. » Il est vrai qu’à cette époque là, l’île a été concédée, à l’instar de l’archipel Kerkennah, par le Pape Boniface VIII, et plus précisément en 1295, au conquérant Roger de Lauria. C’est en 1309 que Frédéric de Saxe a sollicité le conquérant catalan Raymond Muntaner pour aller pacifier l’île. Après une guerre de deux années, seuls les Nukkâr, conduits par un certain Yaḫluf, ont refusé de déposer les armes. Les Nukkâr complètement écrasés ont laissés la place aux Wahbites qui, par la faveur du conquérant pour leur conciliation, ont eu un essor ; ce qui explique qu’ils sont subitement devenus dominants dans l’île. Aux VIe – VIIIe H./ XIIe – XIVe siècles, on a noté encore la présence des Nukkâr également dans le district de Yéfran à l’Est du Ǧabal Nafûsa, dans le Bilâd alǦârid chez les Banû Warǧamma, dans l’Âriġ et à Warǧlân. À une époque récente, Bousquet (1942) note la coexistence à Ǧarba des deux groupes : Wahbites et Nukkârites et, de son côté, Motylinski (1905 : 16-20 et 72-77) signale quelques éléments minoritaires Nukkâr à Ǧarba et à Zawâġa. Ce qu’il faudrait savoir c’est que dans l’île, les deux groupes malgré des divergentes – au demeurant minimes –, partagent les mêmes lieux de culte, font l’appel commun à la prière etc. Il n’y aurait rien de surprenant que la Mudawwana soit utilisée par l’un ou l’autre groupe et cela ne saurait être contradictoire. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) La Mudawwana arabo-berbère fut découverte pour la première fois à Djerba, en 1895, par le commandant Rebillet, attaché militaire à la Résidence générale de Tunis (Motylinski 1897 : 246 ; Motylinski 1907 : 68). « Une découverte importante qui mériterait toute l’attention des philologues », écrivit Motylinski (1907 : 69). Le manuscrit fut prêté par son propriétaire, le khalifa de Djerba, le dénommé Si Ali ben Brahim el Djemni (Bossoutrot 1900 : 489, à la Résidence qui commença l’année suivante à en photographier un certain nombre de pages de la première partie. Ce début de reproduction fut communiqué ensuite au gouverneur général de l’Algérie aux fins d’obtenir un avis compétent de berbérisants algériens sur l’opportunité ou non de continuer la reproduction entière de l’ouvrage. Adolphe de Calassanti-Motylinski, anciennement interprète principal et directeur de la Médersa de Constantine, fut chargé de l’expertise du document. Dans une note 4 très favorable, il soulignait que la grande valeur de l’ouvrage ne repose pas sur la matière qui y est traitée (il existe pour cela des ouvrages hautement plus qualifiés) mais surtout sur le plan linguistique, où en effet l’œuvre en question est d’un apport exceptionnel. L’ouvrage « contient, à côté de l’arabe, des développements et commentaires en langue berbère, recueillis et composés par un auteur encore inconnu ». Le manuscrit bilingue est en outre le seul document d’importance qui ait été découvert dans la région orientale de l’Afrique du Nord et il est bien antérieur à toutes les compositions berbères provenant de la région occidentale (manuscrits chleuhs). Ajouter à cela, la richesse du vocabulaire berbère, y compris dans le domaine technique, fait que l’on a affaire à une découverte inespérée. Ce qui fait écrire, en conclusion, au rapporteur : « Dans de telles conditions, je pense qu’il y a le plus grand intérêt 4. Archives d’Outre-Mer, Gouvernement Général d’Algérie, 10 H 80. 53 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 3. Bref historique de la découverte de la Mudawwana bilingue © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Fac similé de couverture (manuscrit Bossoutrot) 54 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) pour l’étude de la langue berbère à continuer d’achever la reproduction commencée du manuscrit de la Medaouanah et que cet ouvrage doit occuper dans le fonds berbère de nos bibliothèques la place d’honneur qu’il mérite à tous les titres. » (Rapport envoyé le 1er septembre 1896). © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Lors d’un bref séjour à Tunis en juin 1904, Motylinski rencontra le lieutenant-colonel Rebillet, alors retraité et domicilié à Mateur. Ce dernier lui prêta son exemplaire photographique pour qu’il puisse l’étudier. Ce qui a donné lieu, l’année suivante, à cette brillante communication intitulée Le manuscrit araboberbère de Zouagha, découvert par M. Rebillet ; notice sommaire et extraits, présentée lors du XIVe Congrès international des orientalistes, qui s’était tenu à Alger en 1905. En résumé, il a été découvert de la Mudawwana arabo-berbère, en tout, quatre manuscrits exécutées tous à Djerba, à des dates différentes. Et récapitulons : 1) La copie manuscrite de 594 pages, photographiées en cinq exemplaires. Elle fut exécutée en 1872. (Rebillet). 2) La copie de 894 pages exécutée en 1816. C’est la plus complète et elle sera acquise en 1927 par A. Bossoutrot (voir ici fac-similés de la première et de la dernière page). 3) La copie en 31 cahiers, certains incomplets, reçus en 1904-5 par Motylinski de la part de la Résidence générale de Tunis 5. Ces cahiers datent de l’année 1792. 4) La copie que je détiens personnellement en ce moment, qui est datée de 1782 et dont je vais avoir l’occasion d’en reparler plus en détail. 5. Archives d’Outre-Mer, Gouverneur général d’Algérie (Aix-en-Provence). 55 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Mais en fait, Rebillet a découvert une seconde copie plus complète : il s’agit de celle qui sera un peu plus tard en possession de Bossoutrot. Elle porte le titre générique de Kitâb al-Barbariyya’ (Livre de la langue berbère), et l’on apprend que l’œuvre bilingue a pu servir d’outil pédagogique à l’intention des étudiants apprenants berbérophones, dont la maîtrise de la langue arabe n’est pas suffisante. Cet exemplaire forme dans son intégralité 447 feuilles rectoverso, soit 894 pages. Il a été copié, selon le rapport de Bossoutrot, sur l’original, et la copie a été achevée en Ǧumâda II 1231 H./1816 et proviendrait probablement de la même bibliothèque privée de Djerba. Elle est accompagnée d’un glossaire berbéro-arabe, celui que Bossoutrot publiera en 1900 dans la Revue tunisienne. Mais curieusement la copie qui a été mise en reproduction est un peu plus récente puisqu’elle date de 1290 H./1872. Elle comprend 23 cahiers totalisant 594 pages et formant près de la moitié de l’ensemble de l’œuvre. À cette copie il manque le premier chapitre traitant du Tawhîd (Unicité de Dieu). De cette reproduction par procédé photographique il en a été tiré cinq exemplaires en tout. 4. La matière de la Mudawwana arabo-berbère C’est un recueil de solutions sur des questions de détail se rattachant à des devoirs essentiellement religieux (cibâdât) : confession de foi, prière rituelle, aumône légale, pèlerinage, etc. Le statut familial, le droit pénal et le droit de procédure criminelle, contenus dans les chapitres des traités de fiqh, ne sont pas systématiquement appliqués. Encore moins le droit commercial et le droit politique (Waardenburg 1962 : 57). L’intérêt des berbérisants pour cet ouvrage bilingue est sans conteste son aspect linguistique. Et ce qui est sympathique dans ce livre est d’être le premier ouvrage connu, rédigé en berbère sur la vaste question de la jurisprudence. La première version (originale de la langue arabe) remonte aux premiers temps de l’Islam et de l’édification de la doctrine ibâḍite autour d’Abu cUbayda. Et ce sera beaucoup plus tard qu’apparut la version berbère accompagnant le texte original arabe. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Pour ma part et afin de pouvoir répondre à cette même question de la date relative de la traduction berbère de la Mudawwana, je vais partir du glossaire établi très tardivement par rapport à l’ouvrage bilingue arabo-berbère. Le glossaire bilingue ou mémento (voir infra) a pour fonction d’indiquer le sens de plusieurs dizaines de vocables non compris à l’époque où il a été jugé nécessaire de l’établir. Comme on peut l’admettre, il s’agirait des termes complètement tombés en désuétude ou d’un usage peu courant (dans l’île de Ğarba entre autres) . C’est ce qui a pu motiver les diffuseurs de cette œuvre, et pour favoriser sa partie berbère, en établissant l’outil en question. Dans ce glossaire sont indiqués à la fois l’auteur, qui a sélectionné les termes pour lesquels il en donné le sens en arabe, et le rédacteur du commentaire berbère la Mudawwana. En fait, l’auteur du glossaire bilingue est un illustre personnage de l’île de Ğarba. Il s’agit de Mascûd b. Ṣâlih al-’Aclâ Samyunî, un savant et un chef politique bien connu des chroniques îbaḍites. Quant au rédacteur du commentaire berbère de l’œuvre d’Abû Ġânim, il a pour nom Abû Zakarîya’ al-’Ifrânî. Malgré des recherches tenaces, je n’ai pas réussi à identifier ce personnage ni à le situer du premier coup avec précision. Alors qu’il n’y a aucune difficulté particulière avec Mascûd Samyunî, l’auteur du gossaire. Ce dernier est à la fois un savant et un homme de tête qui a joué un rôle historique dans l’île dans la première motié du Xe H./XVIe siècle. 56 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) À quelle date la Mudawwana fut-elle traduite et commentée en berbère ? La question n’est pas nouvelle. Elle fut posée en son temps par Motylinski (1897) mais sans y apporter vraiment de réponse. Bossoutrot, dans un rapport inédit, nous dit que la traduction est juste antérieure au IXe H./XVe siècle sans que l’on ne sache d’où il tire ce renseignement, sauf s’il s’agit d’une simple supposition somme toute normale pour situer cette rédaction dans un temps plus ou moins déterminé. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 57 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Fac similé de la première page de la Mudawwana (Manuscrit Bossoutrot) L’île de Djerba est ibâḍite avec l’imamat de Tâhart et, à la chute de ce dernier, elle devint un refuge pour de nombreux groupes ibâḍites persécutés. Indépendante au XIe siècle, l’île a été annexée ou occupée à plusieurs reprises au cours de l’histoire, et entre temps elle se précipita dans une période de guerre civile entre deux ordres traditionnels, les Wahbites et les Nakkârites. Djerba est aussi confrontée à des attaques des puissances méditerranéennes : les Normands de Sicile, les Aragonais, les Chevaliers de Malte, les Espagnols. Après la révolte des habitants de l’île en 1480 contre le souverain hafside Abû cUmar cUṯmân, le territoire devint indépendant contre le paiement d’un tribut au souverain. On assiste alors à un progrès économique de l’île même si les rivalités entre les deux factions ibâḍites, Wahbiya et Nakkara, qui dominent dans le nord-ouest et le sud-est de Djerba, étaient constantes. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) En fait Mascûd Samyunî (ou Samûmnî) a vécu au cours d’une période troublée, celle qui va faire perdre l’indépendance nationale à l’île 6. Djerba étant occupée par l’Espagne de 1521 à 1524 et de 1551 à 1560 pendant qu’elle devint l’une des principales bases des corsaires « barbaresques » conduits par Dragut qui s’est rendu célèbre remportant, avec Piyale Pacha, une bataille navale décisive pour le contrôle de l’île sur la flotte espagnole le 11 mai 1560. Au vu de ces éléments il est aisé de conclure que le glossaire accompagnant la Mudawwana daterait du milieu du Xe H./XVIe siècle. Par contre la date du commentaire de l’œuvre, travail dû à Abû Zakarîya’ al-’Ifrânî, n’est pas assurée avec certitude. Si l’on peut supposer qu’entre la rédaction du commentaire et la 6. Tout d’abord, plusieurs auteurs (Monchicourt 1913 et 1918, Féraud 1927, Stablo 1941, Brogini et Ghazali 2005) ont relaté ou analysé les épisodes militaires de Dragut, qui remplaça Barberousse dans son action de course vers les côtes du centre et du sud tunisiens. Le redoutable corsaire alla reconquérir des places fortes de Tunisie sur les Espagnols ainsi que la ville de Tripoli, en 1551 défendue par l’Ordre de Malte. Fort de sa puissance, il soumit le sud tunisien, comme Gafsa (1556) ou Kairouan (1558), et repoussa en février 1560 sans difficultés une offensive lancée sur Tripoli par le vice-roi de Sicile, Andrea Doria et les chevaliers de Malte, désireux de reprendre la place. Face à cet échec, en mars, la flotte composée de 200 vaisseaux et montés de 30 000 hommes se dirigea vers Djerba et s’empara de l’île, ce qui exposa celle-ci à la réplique d’une puissante armada turque, amenée par Piyale Pacha, qui détruisait la moitié des navires et s’empara du reste de la flotte en faisant prisonnier Dom Andrea Doria emmené, en juillet, à Constantinople. Peu après, Dragut qui obtint de la part de Soliman le gouvernorat de Tripoli mâta une révolte à Djerba conduite par le šayḫ Sulaymân. Après avoir exécuté ce dernier, il désigna le šayḫ Mascûd Samyunî comme autorité politique des Djerbiens. 58 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Une tentative de reconquête de l’île est faite par Pedro de Navarre et de Garcia de Tolède en 916 H./1510. Une défense héroïque des habitants contre les conquérants espagnols s’est soldée par le désastre de ces derniers. C’est ce que narre un document ibâḍite découvert par Motylinski au Mzab et par Bossoutrot à Djerba (1885 : 72 ; Bossoutrot 1903 ; Motylinski 1908 : 133). Ensuite les ottomans entrent dans la danse. Dragut et Barberousse, deux célèbres corsaires du e XVI siècle, firent de Djerba leur port d’attache. La famille Samyunî a participé à la défense de Djerba et, après d’âpres combats contre les Espagnoles puis les Turcs, les habitants furent vaincus et l’île annexée à l’empire ottoman. 5. Le glossaire berbéro-arabe Le glossaire berbéro-arabe, publié pour la première fois par Bossoutrot (1900), pourra servir de base au berbérisant pour la compréhension du texte de la Mudawwana. Il renferme quelque cent soixante-dix-huit termes utiles pour la compréhension du texte de la Mudawwana arabo-berbère. Un tel glossaire, ou mémento, est en effet d’un grand secours. Il vise à rendre accessibles des énoncés berbères à des étudiants s’initiant à un ouvrage de jurisprudence afin que l’intelligibilité de la langue auxiliaire (le berbère) soit parfaitement assurée pour que soit garanti enfin l’accès à la langue de travail (l’arabe), et au texte proprement dit se rapportant à des solutions juridiques de la part des plus grandes autorités de Baṣra, de la période initiale de l’ibâḍisme. 59 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) composition du glossaire restituant le sens des mots tombés en désuétude il se serait passé entre trois et six siècles, la version bilingue de la Mudawwana daterait alors entre le IVe H./Xe siècle et le VIIe H./XIIIe siècle. Avant ces deux dates, l’une haute et l’autre basse, il arrive que des docteurs ibâḍites du Maghreb rédigèrent des œuvres directement en berbère, chose qui se fera beaucoup plus rarement un peu plus tard. L’exemple de la cAqida du IIIe H./IXe siècle, composée en berbère et servant de crédo notamment à Ğarba et au Ğabal Nafûsa et qui a été traduite au VIIIe H./XIVe siècle est bien connu des spécialistes des études ibâḍites. La copie qui est en ma possession constitue le tome I de l’œuvre araboberbère. Elle comprend 197 feuilles, soit 394 pages. Elle est la plus ancienne par rapport à celles qui ont été découvertes jusqu’ici. Car, suivant le colophon, 76 vo, 103 vo et 128 vo, cette copie du traité de fiqh fut achevée en Ṣafar 1195 (= février 1781) par Yaḥyâ b. cUmâr Sâliḥ b. Yaḥyâ b. Sulaymân al-Sidrinî. Un petit billet écrit en français, d’une main européenne, signale qu’une autre copie, par le même, fut exécutée en 1196 H./1782 dans la mosquée d’El-Mây, une petite localité du sud de l’île. Dans cette œuvre bilingue, il y a beaucoup moins d’arabe que de berbère. L’arabe comprend quelques citations tirées du Coran ou de la Sunna, des titres de chapitres et des termes techniques de fiqh. Les parties constitutives du volume sont : 1. Kitâb al-Tawḥîd (Théologie dogmatique) : fo 1 ro. 2. Kitâb al-Ṣalât (Prière) : fo 7 ro. 3. Kitâb al-Zakât (Dîme) : fo 64 vo. 4. Kitâb al-Ṣiyyâm (Jeûne) : fo 77 ro. 5. Kitâb al-Diyât (Compensations pécunières) : fo 103 vo. 6. Kitâb al-Wiṣayâ (Testaments) : fo 129 ro. 7. Kitâb al-Ṭalâq (Répudiation) : fo 123 vo. Autrement dit, les commentaires berbères aident l’étudiant à enrichir son vocabulaire en langue arabe et surtout le familiariser à un mode de raisonnement et à une manière d’écrire des gloses et de soulever des questions pertinentes à partir de textes sources. Un glossaire, et comme son nom l’indique, est un recueil de gloses qui, au lieu d’être des définitions associées à des mots, sont plutôt des termes d’équivalence dans une langue cible. Ces termes sont propres à un champ lexical spécifique, celui relatif en l’occurence au domaine juridique. Et c’est donc plutôt un glossaire qu’un lexique, car le premier est associé au vocabulaire spécialisé dans un domaine particulier, une branche de science religieuse, jurisprudence musulmane ou fiqh, alors que le second est un ensemble cohérent des lemmes d’une langue. Cela étant, le glossaire constitue en lui-même le lexique d’un domaine spécialisé quelconque. On a des termes ordinaires par rapport aux différents parlers de Ǧarba, le pays de Mascûd b. Ṣâlih b. cAbd al-’Aclâ Samyunî, mais aussi des termes extraordinaires. Ce sont ces derniers qui, à juste titre, composent le fameux glossaire, dans lequel on n’y trouve raisonnablement que des vocables inusités ou mal compris dans les parlers de l’île. Ces lemmes sont au nombre de 278. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) (α) yūš (yuc) « Dieu ». Bossoutrot (1900 : 496), écrit : « D’après un Mozabite de passage à Tunis, le mot « Iouch » serait employé au Mzab de la façon suivante : après chaque récitation d’un chapitre du Coran, le maître fait répéter aux élèves : « Amin a Iouch », c’est-à-dire : « Ainsi soit-il, ô mon Dieu ! ». (β) anaǧlusan (anejlusen), « les anges ». Ce terme est à rapprocher du grec aggelos et surtout du latin angelus. À Ghadamès, oasis située très au sud du Djebel, Jacques Lanfry (1973 : p. 240) a relevé le terme de anǧalus « mot peu compris, écrit-il, équivalent à inspiration, esprit ». (γ) wisar (wiser), « Le Prophète Muḥammad ». Au Djebel Nefoussa, on dit encore ay iser « ô prophète » si l’on peut en croire Motylinski (1899 : 130). Wiser et iser ne seraient que deux formes variantes, mais il est peu probable que la première soit l’annexion de la seconde. L’autre hypothèse est que la forme longue soit composée du substantif de base (iser) précédé de l’élément de parenté (u), le tout donnant quelque chose comme *u-iser. (δ) isaran (isaren), « Les Prophètes ». Ce terme, comme on peut s’en douter, est le pluriel de iser. (ε) ǧalūn (jalun), « quelque, (il) est quelquefois employé avec la signification de : reste, restant ». (a) an-nuqart (ennuqert), « l’argent ». (b) alūštū (aluctu), « les vêtements ». (c) al-curt (lεurt), « la femme ». Ce terme est apparemment d’origine arabe* 60 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) De la liste des 278 lemmes, je vais en donner les trente premiers : (d) almandad (lmendad), « qui est en face ; ce mot s’emploie quelquefois avec le sens de égal, pareil ». Dans les parlers actuels, on le retrouve en Kabyle (Dallet 1982 : 504) dans le sens de « en face de ; vis-à-vis de ». (e) an-nafkat (anefkat, anefka-t), « action de donner ; s’emploie quelquefois dans le sens de don, présent ». En fait, le constituant nefka-t signifie bien « nous l’avons donné » et n’a pas, comme l’indique à tord l’auteur, le sens de don. Un peu plus loin dans le glossaire le terme signifiant « don, présent », est tafkut. Le terme efk est attesté aussi bien au Djebel Nefoussa (Beguinot 1931: 268 ; Motylinski 1899 : 130) qu’en Kabylie (Dallet 1982 : 200) ; en touareg c’est la forme métathétique kef qu’on trouve (Foucauld 1951 : 752). Il en est de même à Ghadamès (Lanfry 1973 : 148). (f) alammūd (alemmud), « action d’instruire, enseigner, enseignement ». Le verbe lmed est vivant dans plusieurs parlers berbères, et en particulier en kabyle (Dallet 1982 : 455), en touareg (Foucauld 1951 : 1079) et à Ghadamès (Lanfry 1973 : 182) et il signifie, selon les cas, « apprendre » et « s’habituer ». Le nom verbal est plutôt alemmed. (g) iš-šaraw (iccarew), « la ressemblance, l’image (ou semblable, pareil à...) ». A mon avis, il ne peut y avoir de rapport avec aššaren, (Beguinot 1931 : 262), sg. iccer (Dallet 1982 : 104) signifiant « ongle, griffe ». © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) (i) aš-šaffi (aceffi), « le gain ». À rapprocher peut-être du verbe berbère de Ghadamès (Lanfry 1973 : 39) ešfu « dépasser la mesure, être en surnombre, être en surplus », nom verbal : ašeffu. (j) alammarḍal, « la compensation pécuniaire pour meurtre et blessure ». (k) alacadur (leεdur), « les menstrues ou l’état de la femme qui vient d’accoucher, ou bien encore l’hémorragie qui suit l’accouchement ». (l) uǧǧīd (ujjid), « l’homme ». Usité à Ghadamès (Lanfry 1973 : 384) et noté par l’enquêteur uǧǧid (pl. uǧǧiden) avec le sens de « homme (vir) ». (m) īr uǧǧīd (ir ujjid), « l’homme qui n’a pas la crainte de Dieu ». L’élément préposé à ujjid , se retrouve aujourd’hui en kabyle sous les formes ir/yir/iri (Dallet 1982 : p. 693), « mauvais, mal ». Ailleurs (Maroc...), il prend la forme gar (Basset 1940). (n) amaytar (amaytar), « la bête de somme ». (o) amākāsu (amekkasu), « l’héritier ». Ce mot appartient probablement à la même famille que le verbe ekkes (Dallet 1982 : 422 ; Foucault 1951 : 902), « ôter, enlever, cueillir, ramasser... », avec les dérivés amakkas/tamakkast « économe (chargé des dépenses) ; femme chargée de puiser dans les réserves de la maison » (Dallet : 424). (p) imakūsa (imekkusa), « les héritiers ». Pluriel brisé de la forme précédente. 61 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) (h) alammūn, « la grâce, la bonté, la faveur (de Dieu) ». 6. Le texte berbère de la Mudawwana Voyons maintenant le texte manuscrit. Je dois avouer que le texte berbère est d’une lecture difficile. Mais malgré cela, j’ai pu isoler et identifier au plan sémantique des mots berbères en grand nombre. Et ce qui a rendu ma tâche moins ardue c’est ce concours inespéré de deux conjonctions. La première est que tous les vocables rencontrés dans le texte sont, dans une grande proportion, très vivants dans les parlers berbères actuels, et d’autres vocables, même peu courants, sont parfaitement intelligibles grâce au contexte phrastique. La 62 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) (q) iblam (iblem), « le nuage ». Ce terme est usité dans le Djebel Nefoussa (Motylinski 1899 : 144) : iblem, pl. ibelmawen. (r) iyyān (iyan), « les hommes ». (s) asarsūr (asersur), « la preuve, l’argument ». (t) amankūš (amenkuc), « le dinar légal ». (u) adrīm (adrim), « le dirham légal ». C’est la forme berbérisée pour désigner une unité de monnaie. Beguinot (1931 : 265) donne deux formes : drīm et ĕdrīm qu’il traduit par « dinaro » (= dinar) et Motylinski (1899 : 122) quant à lui, donne la forme plurielle idrimen « argent, monnaie ». C’est dans ce dernier sens qu’est usité le couple singulier-pluriel, adrim/idrimen (Dallet 1982 : 156). (v) amarkīdu (amerkidu), « récompense, rétribution (par Dieu) des bonnes œuvres ». (w) isān (isan), « la viande ». C’est dans ce même sens que le rapport Beguinot (1931 : 286) pour le Djebel Nefousa et J. Lanfry (1973 : 167) pour Ghadamès, concurremment à usem « viande cuite » (Motylinski 1899 : 154) et aksem (Lanfry : 167) respectivement ; termes plus proches de la forme la plus répandue actuellement aksum/aysum qui désigne cet aliment. Le terme isan signifiant viande est aussi courant dans les parlers berbères orientaux. (x) isalmān (iselman), « les poissons », Bossoutrot (1900 : 497) avait compris un nom singulier. En fait, le terme arabe al-ḥût, traduisant ce mot est un nom collectif et c’est pour cela que nous voyons ici plutôt un pluriel. Ce terme du pluriel (sg. aslem) est très vivant dans la Kabylie du Djurdjura (Dallet 1982 : 774), dans le Sud marocain, etc... Le touareg connaît la forme asoûley (Foucauld 1951/II : 596). Pour le Djebel Nefoussa, d’après Motylinski (1899 : 145). (y) azwār (aẓwar), « vice, défaut », avec z emphatique. À rapprocher du kabyle tuẓwiṛin, « difficultés, peines » (Dallet 1982 : 962). (z) addūklan (edduklen), « ils se sont mis d’accord, ils se sont entendus ». Terme actuellement très vivant et fort répandu dans plusieurs parlers, entre autres : kabyle (Dallet 1982 : 136), touareg (Foucauld 1951 : 1888). Dans nombre de dialectes le verbe ddukel signifie « aller ensemble, s’accompagner ». seconde opportunité est que chaque terme et syntagme sont accompagnés de leur équivalent arabe. Les passages berbères, même s’ils sont d’une lecture difficile à cause de négligence de copistes ne connaissant pas de manière parfaite le parler dans lequel ils sont rédigés, offrent tout de même une issue dans la mesure où l’on trouve dans les chapitres de la Mudawwana de très nombreuses répétitions tant en arabe qu’en berbère. Dans certains cas, des phrases arabes sont exactement traduites en berbère. Dans d’autres cas, des expressions arabes sont expliquées et commentées en berbère. Et dans tous les cas de figure, il est relativement aisé de s’y retrouver. Pour être concret, je vais tout de suite donner quelques phrases extraites du manuscrit qui est à ma disposition (voir supra). De ces parties choisies en berbère ancien je vais en tenter une lecture analytique d’un point de vue grammatical. 1 ‫ﺍ ْﺫ ِﻭ ِﺱ ﻳﺘﺰ ّﻝ ﺍِﻳ َﻤﻨِ ْﺲ‬ aḏwisi y(a)tz(a)ll(a) îmanis © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 1. eḏwisi, « celui », relatif. 2. yetẓalla, « il prie », prétérit intensif, 3e pers. masc. sing. du verbe ẓẓall, « prier ». 3. iman, « la personne elle-même », état libre, masc. sing. Deuxième lecture possible : i yman-is ou iman-is est à l’état d’annexion précédé de la préposition i. 4. is, « son/sa/ses », pronom personnel affixe de nom. Ex : iman-is, « sa personne, lui/elle-même ». Une première lecture du dernier syntagme est imanis mais une seconde serait possible : i yiman-is avec la présence de la préposition i. La première lecture est : eḏwisi yetẓalla iman-is, « celui qui prie tout seul ». La seconde : eḏwisi yetẓalla i yiman-is, « celui qui prie tout seul ». 2 ‫ﺗﺰ ّﻝ ﺍﻧﻴﺾ‬ t(i)z(i)lla any(i)ḍ Les prières de la nuit. 5. tiẓilla, « les prières », substantif à l’état libre, fém. pl. 63 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Celui qui prie tout seul. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 64 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Fac similé de la dernière page de la Mudawwana (Manucrit Bossoutrot) 6. n, « de », préposition. 7. yiḍ, « nuit », substantif à l’état d’annexion, masc. sing. ; état libre : iḍ. Le syntagme est tiẓilla n yiḍ, « les prières de nuit ». 3 ‫ﺍﺗﺰﻟﺚ ﺍ ْﻧ ُﻮﺫ ﻳ ّﻘﻤﻦ ﺍﺫﻣﻀﻮﻥ‬ y(a)qq(i)m(a)n La prière de celui qui est malade. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 8. d, « et », conjonction de coordination. Ce morphème constitué d’une consonne dentale sonore, une fois antéposé au substantif pourvu à l’initiale d’une dentale sourde, est lui-même assimilé en devenant sourd. Il est prononcé dans ce contexte : et. 9. tẓalliṯ, « la prière », substantif à l’état d’annexion, fém. sing. ; état libre : taẓalliṯ. 10. wuḏ, « celui », relatif, masc. sing. 11. yeqqimen, « restant », participe sing. du verbe qqim, « restant ». 12. d, « c’est », morphème de prédication. Ex : d amaḍun/maḍun, « qui est malade / c’est un malade ». 13. amaḍun/maḍun, « malade », état libre, fém. sing. Phrase lue : taẓalliṯ n wuḏ yeqqimen d amaḍun, « et la prière de celui qui est encore malade ». 4 ‫ﺗﺰﻟﺖ ﺍ ْﻧﻮﻧﺮ ُﺯﻭ ْﻑ‬ t(a)z(a)l(l)(i)t anûn(a)n(a)rzûf La prière du voyageur. 14. taẓalliṯ, « la prière », substantif état libre, fém. sing. ; état d’annexion : tẓalliṯ. 15. n, « de », préposition. 16. unerzuf, « voyageur », substantif à l’état d’annexion, masc. sing. ; état libre : anerzuf. En fait, on lit : taẓalliṯ n unerzuf, « la prière du voyageur » 65 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) atazal(l)(i)ṯ anwuḏ aḏ(a)m(a)ḍûn 5 ‫ﺍﻳﺜ ْﻒ ﺍ َﻣﺎ ْﻥ ﻳَ ٰﻔ ْﻐﺘَ ْﻦ ﻳَ ْﺬ َﻭ ْﻝ ﺍَﻟْ َﻮﻣﺎﻥ‬ ayaṯaf amân yaffaġtan yaḏwal alwamân Il est entré dans l’eau et il en est sorti ; il est retourné à l’eau. 17. iyṯef, « il entra », prétérit, 3e pers. du sing. du verbe transitif yṯef, « sortir ». Ex : iyṯef aman « il entra dans l’eau ». 18. aman, « eau », substantif à l’état libre, masc. pl. 19. yeffeγ, « il sortit », prétérit, 3e pers. du sing. du verbe ufeγ / ffeγ, « sortir ». 20. ten, pronom personnel affixe de verbe, régime direct, 3e pers. pl. 21. yeḏwel, « il retourna », prétérit, 3e pers. du sing., du verbe dwel, « sortir ». 22. al, « vers, à », préposition. 23. waman, « eau », substantif à l’état d’annexion, masc. pl. La lecture que l’on peut faire de cette phrase est : iyṯef aman, yeffeγ-ten, yeḏwel al waman, « il entra dans l’eau, il en sortit et il y retourna ». © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) ‫ﻳﺘّﻔﻠّﺲ ﻣ ّﺠﻨﻮ ﺍَﻗﺼ َﺬ ْﻍ َﻏﻠْﺘِﻴ ِﺖ ﺍَ َﻭﻟَ ْﻘ ِﺼ َﺬ ْﻍ َﻏﻠْ ْﺘ َﻤ ٰﺘ ْﻨ ْﺖ‬ y(a)ttufallas m(a)ğğ(i)nw(a) aq(a)ṣḏaġ ġaltyiti awalaq(a)ṣḏaġ ġaltmattant Il sera cru quand il dit : j’ai voulu donner un coup et non tuer. 24. yettufelles, « il sera cru », prétérit intensif, 3e pers. du sing., forme dérivée en tt du verbe felles, « sortir ». 25. mağğ, « quand », conjonction. 26. inwa, « il dit », aoriste, 3e pers. du sing. du verbe nwi/nwu, « dire ». 27. qeṣḏeγ, « j’ai voulu (donner) », prétérit, 1re pers. du sing. du verbe qseḏ, « vouloir ». 28. γel, « à, vers », préposition. 29. tyiti, « action de donner un coup », nom verbal (vb. wwet) à l’état d’annexion ; état libre : *tayiti/tiyiti. 30. a, morphème discontinu de négation relié au verbe. 31. wel, « ne… pas », morphème de négation antéposé au verbe. 32. qṣiḏeγ, « j’ai voulu (donner) », prétérit négatif, 1re pers. du sing. du verbe qṣeḏ, « vouloir ». 66 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 6 33. γel, « à, vers », préposition. 34. tmettant, « mort », substantif à l’état d’annexion, masc. sing. ; état libre : tamettant. Lecture de la phrase ci-dessus : yettufelles mağğ inwa qeṣḏeγ γel tyiti, wel qṣiḏeγ γel tmettant, « il sera cru quand il dit : mon intention a été de donner un coup et non la mort ». * * * Les aspects doctrinaux de la Mudawwana sont certes d’un grand intérêt comme le sont aussi les aspects linguistiques de cette œuvre ibâdite dans sa version bilingue. Le premier constat est que le vocabulaire ainsi que les phrases que l’on pourrait exploiter sont considérables. Un tel travail mériterait évidemment d’être mené à terme et cela donnera assurément un bel aperçu sur l’état de la langue à un moment de l’histoire. © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) Le vocabulaire, qui est assez riche en touchant à plusieurs centres d’intérêt, n’est cependant pas homogène. En effet, la partie berbère réfère à plusieurs dialectes. Et contrairement à Auguste Bossoutrot (1900), qui intitule son article Vocabulaire berbère ancien (Dialecte du djebel Nefoussa), on n’a aucune preuve que ce soit véritablement le dialecte des Nafûsa médiévaux ni d’un autre dialecte du djebel qui soit en usage dans la version berbère de la Mudawwana. Pas plus, il ne peut s’agir du dialecte des Banû Îfrân, une confédération des Zanâta, même si le scripteur (ou peut-être l’auteur de la version berbère) s’appelle Abû Zakariyyâ’ al-Îfrânî, ou encore du dialecte des Zawâġa, même si Motylinski (1907) nous dit que cette œuvre composée par Abû Ġânim a servi parmi les Nukkâr de Zouagha. De même, rien ne nous permet d’avoir la certitude qu’il s’agirait d’un des parlers de Ğarba. Ce que l’on peut retenir à partir des six syntagmes et phrases entrevus ici – et malgré le côté très restreint de l’échantillon – c’est la variation qui transparaît ça et là. Par exemple, certains parlers dont la tendance est à la spirantisation ont été pris en compte dans les phrases berbères. Par exemple, le terme taẓallit (= la prière) nous l’avons dans de nombreuses occurrences du manuscrit avec le t final spirant, alors que dans le syntagme reproduit fidèlement ci-dessus (no 2) il est occlusif. Avec le phonème furtif γ, on a la préposition γel « à, vers » face à une forme variante al au vu des deux exemples : iyṯef al waman, « il entra (verbe de 67 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) En second lieu et au vu des quelques éléments linguistiques reproduits ici, et malgré leur volume assez restreint, l’on peut faire quelques remarques à propos de la langue utilisée. mouvement dans la phrase source) dans l’eau » et qeṣḏeγ γel tyiti, « mon intention est de donner un coup ». Enfin, ad(a)m(a)ḍun « il est malade », (avec l’auxiliaire de prédication d suivi du substantif resté à l’état libre) est une lecture hautement possible que l’on pourrait faire. Mais rien n’empêcherait d’envisager une autre lecture au profit de adm(a)ḍun, avec une chute du a initial du nom. Ces quelques exemples sont suffisamment édifiants pour montrer qu’à la base le texte berbère de la Mudawwana recourt à plusieurs parlers et non, comme l’on serait être tenté de le croire, à une koïné purement et simplement. Ouahmi OULD-BRAHAM RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) AL-SÂLIMÎ, al-Lum a, Le Caire, 1326 H./1908. AL-ŠAMMÂḪÎ, al-Siyar, Caire, 1301 H./1884. BASSET, André, 1940, « Quatre études de langue berbère », Journal asiatique, juilletdécembre 1940, pp. 161-291. 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WAARDENBURG, Jean-Jacques, 1962, L’Islam dans le miroir de l’Occident, La Haye – Paris, Mouton, 1962, XIV-381 pp. ANNEXE Auguste Bossoutrot (Alger 1856 – Carthage 1937) est un interprète militaire, qui après avoir participé à la campagne de Tunisie en 1881, est affecté dans ce pays devenu protectorat français ; il fut en mission auprès de la Commission de délimitation de la frontière tuniso-tripolitaine en 1910 et, l’année suivante quittant l’armée, il devint à la fois membre de la Commission des études arabes et interprète judiciaire. Ce chercheur, qui s’est intéressé à la littérature ibâdite d’une manière générale (deux articles dans la Revue tunisienne en 1900 et 1903), a acquis une copie manuscrite excellente de la fameuse chronique d’Abû Zakariyya’ (VIe H./ XIe siècle), le Kitâb al-sira wa ahbâr ala’imma, une ouvre du domaine historique et biographique qu’a fait connaître en son temps Emile Masqueray (1879). Une nouvelle édition de cet ouvrage ibâdite a pu être effectuée par les soins du chercheur tunisien Abderrahmane Ayoub. Les manuscrits recueillis par Auguste Bossoutrot au cours de son long séjour tunisien ont fait l’année 1979 l’objet d’un dépôt-vente dans une librairie orientaliste parisienne. En voici l’extrait du catalogue 7 : Supplément Manuscrits arabes et arabo-berbères © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) ARABES 998 al-Darğīnī, al-Šayḫ Aḥmad b. Sacīd. Kitāb al-Ṭabāqat. Livre des Tabāqat (Classes). Reproduction photographique (18 6 24) sous deux portefeuilles. 547 pp. 20.000 fr. 999 al-Šammāḫī. Al-Siyar, (Chronique de Chemakhi). Copie faite d’après manuscrit écrit de la main de l’auteur, 518 pp., manque la première page. 10.000 fr. c c c 1000 al-Šammāḫī, Abū Ammar b. Umar. Ğawābat Abī al-Rabī , (Les Consultations d’Abi Rabi), 36 pp. 800 fr. 1001 (Auteur inconnu). Kitāb Uṣūl al-Arāḍin, (Principe de la propriété foncière), 55 pp. 800 fr. c 1002 al-Ǧarbī, Umar b. Ramḍan. Šarḥ Manḍumāt al-Rayiyya, (Commentaire sur le poème al-Rayiyya). 22 pp. 400 fr. c c 1003 Ḥamīs b. Sa īd b. Alī. Kitāb al-Iflaḥ min Kitāb Manhaǧ al-ṭalibīn wa balāġ al-Raġibīn, (Livre des servitudes), 60 pp. 1.000 fr. 1004 (Auteur inconnu). Risālah fi Bayān al-Mi’ād wa al-Rūḥ, (Thèse sur l’âme, et la vie future), 24 pp. 800 fr. 1005 (Sans titre ni nom d’auteur). Manuscrit sur l’Histoire de Tunis, (inachevé), 60 pp. 1.000 fr. 7. J’ai seulement rectifié la transcription des noms propres en conformité aux usages des arabisants. J’ai laissé le reste en l’état, et le lecteur remarquera la part de ce qui est légèrement fautif et il restituera de lui-même. 70 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) ARABO-BERBERES 996 Ibn Ġānam. Al-Mudawwana de Ibn Ġānam, ou : Kitāb al-Barbariyya. Copie faite le 28 Ğumāda II 1231 (26 mai 1816), 890 pp. 50.000 fr. Historique du ms. sur demande. 997 (Auteur inconnu). Kitab al-Ṣalāt wa al-takbīr wa al-Rukūc wa al-Suğūd (Livre des prières), 132 pp. 1.500 fr. 71 © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) © La Boite à Documents | Téléchargé le 21/04/2022 sur www.cairn.info (IP: 52.73.204.196) 1006 al-Ǧirbī, al-Šayḫ Ismacīl. Kitāb al-Ǧīl al-awwal min al-Qanāṭir fi al-Fiqh, (Manuel de jurisprudence, Vol. I), 80 p. 1.500 fr 1007 al-Nafzāwī, Abu cAbdallah Muḥammad b. cUmar. al-Rawḍ al-Aṯir fi Nazāhat alḤaṯīr, (Livre d’anecdotes), copie faite le 19 'açal 1300 (Août 1883), 157 pp.3.000 fr. 1008 – idem – . al-Rawḍ al-Aṯir fi Nazahat al-Ḥaṯīr, (Livre d’anecdotes), 180 pp. 2.800 fr. 1009 (Sans titre ni nom d’auteur). (Anecdotes sur les personnages célèbres dans l’histoire : Khaligs, Walis...), terminé le Safar 1309 H., 81. pp., 1 cart. 1.500 fr. 1010 Ibn Saryū, Abū cAbdallah. Kitāb al-Tabīr, (Sur les rêves), terminé en ḍu al-Qida, 1297 H., 196 pp. 750 fr. 1011 al-Ḥaǧǧ Muḥammad b. al-Ḥaǧǧ cUmar. Risālah fi Kayfiyyati bina i al-Qila bi Arḍi al-Acrab, (Thèse sur la construction des forteresses dans les pays arabes), terminé le samedi, Gumada II, 1284 H.. 8 pp. 500 fr. 1012 al-Baǧī, Sāliḥ b. al-cAmrī. Naswāt al-Sikrān, (Livre sur l’amour), terminé le 29 Rabic II, 1300 H., 116 pp., cart. 3.500 fr. 1013 al-Siyuṭī, Ǧalāl al-Din. Kitāb al-Iḍāḥ fi cilmi al-insirāḥ (ou : Kitāb al-Ayd fi cilmi alnniyk), (Sexologie), 16 pp., manques dernier feuillet. 5.000 fr. c 1014 Muḥammad al-Sadāq Bāša. Qawānin al-Ǧināyat al- Askariyya, (Code de justice militaire en Tunisie, 98 articles), 43 pp. 250 fr. 1015 (Auteur inconnu). Kitāb al-Firāq, (Sectes et religions), 17 pp. 250 fr. 1016 (Auteur inconnu). Kitāb al-Aḥkām min Diwān al-Mašāyiḫ, (Ouvrages des sentences, Diwan des 7 Cheikhs), inachevé, 19 pp. 200 fr. c 1017 (Auteur inconnu). Kitāb al-Buyū min Diwān al-Mašāyiḫ, (Le Livre des Ventes, Diwan des 7 Cheikhs), inachevé. 18 pp. 200 fr. 1018 (Auteur inconnu). Titre inconnu en arabe, (Extrait d’al-Murūd des Cheikhs Ibadhites), inachevé, 2 pp. 150 fr. 1019 Ṣubāl, Aḥmad Ḥarmās. Nawāzil Nafūsah (Muḫtaṣar), (Les accidents de Nefousa), 7 pp. 150 fr. 1020 al-Baġdurī, cAmru. Kitāb al-Ǧirāḥat, (Livre des indemnités), terminé, le du al-Qida 1184 H., 6 pp. 150 fr. c c 1021 Abī Ǧābir Muḥammad b. Ga far al-Azkawī al-Ummanī. Al-Ǧamī al-Muḍaf, (Traité de théologie, [Ibadhites Orient. Golfe persique]), Copie faite le 27 Muharram 1313, 422 pp. 1.500 fr. 1022 Coran, manuscrit complet [fin du XVIIIe – début XIXe]. Copié par Faït Adeu (Persan). Très bonne écriture orientale, pages coloriées. D’après le copiste (première page), l’œuvre fut réalisée en huit jours, répartis comme suit : Vendredi, de sourat al-Fatiḥa à sourat al-Ma’ida. – Samedi, sourat al-’An‘am. – Dimanche de sourat.