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Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 DES MANUSCRITS BERBERES ANCIENS EN GRAPHIE ARABE, QUELS OBJECTIFS ULTIMES ATTEINDRE ? Cet article est le fruit d’un travail mené de 2011 à 2014 (Ouldbraham, 2016b). Je vais insister ici surtout sur la problématique générale propre aux manuscrits et sur des questions de méthodologie. Aujourd’hui, grâce à des travaux récents et moins récents, le thème des manuscrits berbères anciens gagne à être connu. OBJECTIFS GÉNÉRAUX Il s’agit par le biais d’une journée d’études (Ould-Braham, 2016a) sur le thème des Manuscrits arabo-berbères (sommaire des travaux publiés, voir Annexe) de donner un coup d’envoi à une recherche qui pourra être fructueuse dans le futur. Il convient de signaler les deux tentatives intéressantes ayant trait au bilan de nos connaissances sur les manuscrits berbères : le recueil de contributions dirigé par Mohammed Hamman (2004) et l’ouvrage collectif qui s’inscrivit dans un programme européen et qui est intitulé Les manuscrits berbères au Maghreb et dans les collections européennes (2007). Le thème que nous y avons développé porte sur les manuscrits à textes en berbère et en arabe dialectal, ce qui nous amènera, nous les chercheurs impliqués dans cette démarche, à un certain nombre d’actions : • Comprendre les conditions de développement des traditions écrites en berbère, et notamment dans des sous-aires qui ont produit une documentation significative à cet égard (domaine chleuh au Maroc, kabyle en Algérie, berbère du Djebel Nefoussa en Libye, …). • Analyser les caractéristiques de cette tradition. • Établir une typologie des écrits en berbère dans des sources manuscrites. 190 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 • Réfléchir sur d’éventuelles éditions de certains écrits (La Mudawwana d’Abû Ghânim, ouvrage de jurisprudence ibâdite commenté en berbère postérieurement aux XIe-XIIe siècle, les lettres de commerçants soussis datant du XIXe siècle…). • Identifier et étudier certains fonds manuscrits (BNF, Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc à Rabat, Bibliothèque-musée de Leyde, fonds Arsène Roux à l’IREMAM d’Aix-en-Provence, etc.). • Analyser les fonctions et usages de l’écrit dans les sociétés berbères et dans le Maghreb en général. • Contribuer à former une connaissance suffisante sur l’histoire de l’écrit en berbère et en arabe dialectal, deux domaines linguistiques en relation constante sur une histoire longue. • Organiser par la suite une rencontre scientifique d’envergure sur ce thème. D’autres événements pourraient suivre. • Éditer, comme cela a été le cas, un ouvrage qui réunit les actes de la journée d’étude ayant eu lieu à l’université Paris 8, le 15 novembre 2011. Ce qui va être comme le coup d’envoi pour poursuivre à l’échelle internationale ce programme qui mériterait de déboucher sur des résultats palpables et fortement valorisés. PROBLÉMATIQUE Les manuscrits berbères en graphie arabe nous confrontent à un paradoxe. Alors qu’au cours de ces trois dernières décennies nombre de documents, qu’on croyait irrémédiablement perdus, ont été découverts et des collections enrichies de pièces nouvelles, ces manuscrits en bonne partie restent quasi inaccessibles pour le chercheur d’aujourd’hui. Mais fort heureusement, il en est des collections qu’on pourrait approcher plus ou moins librement ; elles appartiennent à des fonds relevant des organismes institutionnels : – Les manuscrits berbères au Département des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de France (BnF, Paris). 20 manuscrits réunis depuis le XIXe siècle et qui sont d’une grande valeur. Ils concernent trois 191 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 domaines : chleuh, tamazight et kabyle (Galand-Pernet, 1973). – Les manuscrits berbères du fonds « Arsène Roux », détenus par la Médiathèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH) & l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS, Aix-en-Provence). La collection comprend 195 documents. – Les manuscrits berbères du Département des manuscrits orientaux de la Bibliothèque de Leyde. Plus de 300 documents y sont détenus et ils sont caractérisés par la diversité de leur contenu (El Mounadi, 2016). – Les manuscrits berbères de la Bibliothèque de l’Académie royale de Madrid (Espagne), la Real Academia de la Historia (Collection Gayangos). Trois ou quatre manuscrits ont pu y être identifiés (Aït Belaid, 2007). – Les manuscrits berbères de la Bibliothèque générale de Rabat. Plus d’une dizaine de manuscrits y sont signalés (Galand-Pernet, 1972). – Les manuscrits berbères de la Bibliothèque de la Fondation du Roi Abdul Aziz Al-Saoud (Casablanca). – Les manuscrits berbères de la Bibliothèque nationale d’Algérie (Alger). – Les manuscrits berbères de la Bibliothèque nationale de Tunisie (Tunisie). Deux manuscrits y sont signalés. Pour Mme Galand-Pernet (1973), à l’époque où les manuscrits découverts étaient beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui, le haut intérêt de ces documents à textes anciens ne peut souffrir d’équivoque. Je veux insister, écrivit-elle, sur cette double tâche qui me semble capitale: celle de la recherche méthodique et celle de l’édition des manuscrits […]. L’établissement critique des textes est le seul moyen de fournir aux historiens et aux sociologues […] des documents sûrs. 192 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 Un peu plus loin : Même si le nombre actuel des documents [berbères] anciens est dérisoire, nous avons vu que des espoirs sont permis quant à l’accroissement du nombre et au recul des dates. […] Leur étude est bien tentante pour le linguiste ou le philologue. L’avenir a donné raison à cette éminente berbérisante, disparue il y a quelques mois, puisque dans les années quatre-vingt, la Bibliothèque universitaire de Leyde et l’exhumation du fonds Arsène Roux à la Bibliothèque de l’IREMAM (CNRS), à Aix-en-Provence, ont révélé pas moins de 300 nouveaux manuscrits berbères pour l’une et plus d’une centaine pour l’autre. Les manuscrits berbères, outre leur recherche qui demande temps, moyens et énergie, leur étude peut s’avérer être une tâche fort difficile. Ceci à plus d’un titre. Même si l’on dispose de documents les plus intéressants il n’en reste pas moins que l’on peut s’exposer à plusieurs types d’écueils. La première difficulté est celui de l’accès direct aux sources manuscrites quand elles sont détenues par des particuliers. Il peut arriver, plus que l’on le croit, que des milieux de savants traditionnels accueillent des chercheurs avec beaucoup de méfiance. Même quand la question semble réglée, reste la connaissance intime du texte et du support, ainsi que le contexte de production ; une telle connaissance peut être parfaitement détenue par le milieu lettré traditionnel. Mais cependant, il n’est pas du tout certain que la greffe puisse prendre si facilement, comme s’il y avait un conflit culturel entre le savoir traditionnel, véhiculé par l’arabe classique, et la science contemporaine, « médiatisée » par les langues européennes et l’arabe moderne. À côté de ces problèmes d’ordre « culturel », il y a un autre, non des moindres, qui est d’ordre linguistique et philologique : la maîtrise nécessaire des structures grammaticales, du vocabulaire, des aspects rhétoriques et des nuances sémanticosyntaxiques du berbère en général et des parlers particuliers, dans lesquels les manuscrits furent rédigés ; ce qui n’est pas toujours assuré pour le chercheur d’aujourd’hui. Témoin ce passage de Harry Stroomer, ce spécialiste néerlandais et professeur de berbère à l’université de Leyde : 193 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 La plupart des manuscrits de cette tradition sont encore conservés chez des particuliers. Généralement, on les cache des regards trop curieux, et les manuscrits ne sont montrés que par certains propriétaires dans une atmosphère de confiance totale. J’ai rencontré beaucoup de gens dans les villages du Sud marocain, qui disent que leur voisin, leur oncle, leur grand-père possède quelques manuscrits berbères. On peut dire que la majorité des manuscrits berbères, en caractères arabes de cette tradition, est conservée dans les villages et petites villes du Sud marocain, dans les collections des lettrés, à la portée des gens, non pas à la portée des chercheurs » (Stroomer, 2004 : 18). Il en ressort que l’alliance entre le savoir traditionnel sur les manuscrits, auquel il faudrait ajouter l’histoire locale, et la science moderne est plus qu’indispensable pour faire avancer la connaissance de ces sources nouvelles en faveur des sciences humaines et sociales. En effet, on ne peut étudier ces documents anciens correctement sans la connaissance du contexte, des acteurs sociaux ainsi que de la dynamique les ayant produits. Une fois toutes les difficultés évoquées ci-dessus sont aplanies, le travail sur les manuscrits va amener cette recherche, entre autres, vers d’autres types de questions : 1° Celui de l’auteur. En fait, qu’est-ce qu’un auteur avant l’ère Gutenberg et à l’époque pré moderne ? Cette notion, elle-même en pleine évolution, est centrale aujourd’hui à l’ère du numérique. 2° Celui de la codicologie, ou travail de description de manuscrits suivant des standards en vigueur dans ce domaine spécialisé. 3° Celui de l’étude généalogique, à l’exemple des manuscrits bibliques. L’ORIGINALITÉ ET L’IMPORTANCE DE LA PROBLÉMATIQUE SUR LE PLAN HISTORIQUE L’étude des manuscrits arabes, et plus tard berbères, est partie liée au développement des études orientales en Europe, à partir du XVIe siècle. 194 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 Ce fut dans un contexte des bouleversements consécutifs aux “grandes découvertes”, à la fois géographiques et techniques, concernant l’Europe depuis la fin du Moyen Âge que la collecte de livres orientaux dans le Levant put se faire sans encombre, par exemple pour la France, au profit de la Bibliothèque du roi. En outre, les catalogues des grandes bibliothèques du Proche-Orient et le rôle joué par Constantinople pour l’achat des livres furent parmi les éléments favorables pour l’enrichissement des fonds orientaux des bibliothèques européennes, d’une manière générale. Avec un orientalisme scientifique en plein essor (Reig, 1988 ; Berthier, 1997a, 1997b et 2002), les bibliothèques du vieux continent commencèrent l’acquisition des manuscrits en très grand nombre, ce qui facilita l’enrichissement des collections existantes. D’ailleurs, ces dernières eurent, depuis la genèse de la recherche des manuscrits d’Orient, un rôle capital au plan des études érudites. Toute une masse de livres avait suscité des vocations multiples, suite à une politique volontaire d’acquisition et de traduction, qui avait donné naissance à plusieurs sociétés asiatiques ainsi qu’à des chaires universitaires. De plus, dans ces lieux de conservation que sont les bibliothèques, on passa du simple inventaire à des catalogues de plus en plus détaillés. Aussi l’étude des livres manuscrits allait-elle de pair avec l’élaboration de nouveaux instruments d’analyse que sont les dictionnaires, les grammaires et les traductions. Par exemple, au XVIIe siècle, les voyages d’Antoine Galland permirent à ce dernier, outre Les Mille et une Nuits bien connues, de réaliser le début de la traduction du grand dictionnaire bibliographique du savant turc Hadji Khalifa (1609-1657) recensant plusieurs milliers de titres d’ouvrages arabes, persans et turcs, un travail que l’érudit voyageur destina à Colbert. L’outil fut achevé par le secrétaire-interprète du roi pour les langues orientales, François Pétis De La Croix. Les ouvrages provenant d’un "univers de manuscrits" sont propulsés dans un monde où l’imprimé est à l’honneur. Il y a lieu de ne pas perdre de vue que les livres manuscrits et les imprimés sont deux catégories qui entretiennent entre elles des rapports univoques, dans la mesure où la première précéda la seconde et, compte tenu de l’intérêt qu’il suscite, le manuscrit d’hier devient l’imprimé d’aujourd’hui. 195 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 Si au Maghreb il n’y eut pas d’imprimerie à proprement parler avant l’année 1830, en Orient, où le livre imprimé en arabe est signalé de très bonne heure, l’ensemble technique de reproduction était le fait des communautés religieuses minoritaires (juives, arméniennes, chrétiennes melkites, …). Parallèlement en Europe, dès le début du XVIe siècle, on avait gravé de très beaux caractères arabes (Balgina, 1984). À partir de la prise d’Alger par l’armée française en 1830, Adrien Berbrugger (1801-1861), diplômé de l’École des Chartes, et William Mac-guckin, baron de Slane (1801-1878), orientaliste de renom et disciple de Sylvestre de Sacy, furent à l’origine des manuscrits de l’autre côté de la Méditerranée. Le premier pour avoir constitué le noyau de ces précieux documents à la Bibliothèque d’Alger et le second pour avoir rédigé un rapport adressé au ministre de l’Instruction publique (Slane, 1845). De cet érudit, on peut retenir aussi son Catalogue des manuscrits arabes de la Bibliothèque Nationale de Paris (publié post mortem, 18831895) qui s’inscrivit dans le vaste mouvement de catalogage en Europe. Un peu partout, de la masse des manuscrits rassemblés dans des fonds orientaux des bibliothèques publiques, il en est un grand nombre d’une valeur inestimable qui put être imprimé, en ayant fait l’objet d’éditions savantes. Ainsi, tout au long du XIXe et du XXe siècle, des orientalistes de France rivalisèrent avec leurs homologues d’autres pays européens. Dans ce climat d’érudition, des grandes collections de publication de textes arabes (bilingues ou traductions seules) furent créées. Voyons maintenant pour les manuscrits berbères transcrits dans la graphie arabe. Ces derniers relèvent d’une pratique qui allait sans se démentir depuis l’avènement de l’Islam jusqu’à l’époque actuelle. Disons en passant qu’aujourd’hui à l’ère du numérique le berbère peut potentiellement avoir pas moins de trois transcriptions concurrentes : graphie arabe, latine, et tifinaghe ou alphabet berbère réadapté. Ce fut le Sud-ouest marocain, domaine de la tachelhit, qui fournit les premiers manuscrits. Déjà avant 1840, le consul J-D. Delaporte rapporta de Mogador, où il était en poste, des documents berbères qu’il déposa à la Bibliothèque royale de Paris. D’autres manuscrits vont suivre et alimenter ce fond berbère tout au long du XIXe siècle. Au siècle suivant, eurent lieu de nouvelles découvertes, pour ne citer qu’Arsène Roux (1893-1971), 196 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 alors président du collège berbère d’Azrou (Maroc central), grâce à qui le nombre des manuscrits berbères mis au jour a pu être augmenté. Il les étudia avec l’aide de son assistant Si Brahim Akenkou (AboulkacemAfulay, 2016). Après sa mort, ses héritiers donnèrent sa bibliothèque et ses documents à l’Institut de recherches méditerranéennes d’Aix-enProvence, versés dans le fonds qui porte son nom. Peu après, la Bibliothèque de Leyde a suivi cet exemple d’enrichissement du patrimoine écrit berbère. Au cours du dernier tiers du siècle dernier, il y eut un apport qualitatif avec les travaux préparatoires de Paulette Galand-Pernet (1972 et 1973), d’Ali Amahan (1984 et 1993) et de Nico van Den Boogert (1995, 1997 et 1998), sans oublier l’apport d’Harry Stroomer & Michael Peyron (2003). À côté du domaine chleuh à l’Ouest, il y a le domaine Ibādite (Mzab en Algérie, l’île de Djerba, et le Djebel Nefousa en Tripolitaine) qui a pu fournir également des documents manuscrits. De plus, la riche littérature du Moyen Âge de ces hétérodoxes nord-africains comprend des ouvrages écrits en arabe, qui renferment de très nombreuses phrases berbères, voire des textes plus ou moins longs (OuldBraham, 1988, 2008, 2009, 2011 et 2014 à 2017). À cet égard, il y a lieu de mentionner deux œuvres caractéristiques : le Siyar al-mashā’ikh, dont l’auteur présumé est Wisyânî, un savant ayant vécu au XII e siècle, et la volumineuse Mudawwana d’Abū Ghānim al-Khurassānī (dans la version tardive, composée en berbère postérieurement au XIIe siècle), une œuvre du domaine juridique, découverte en 1895 à Djerba (Ould-Braham, 2008 et 2009 ; U Madi, 2008 ; Brugnatelli, 2011 et 2016). À ces deux sources, il faudra ajouter d’autres manuscrits de la période médiévale et au-delà. Il en est d’autres manuscrits à textes berbères, notés en caractères arabes, dont les découvertes sont récentes et qui concernent d’autres régions berbérophones (Aïssani, 1998 ; Aïssani & Mechehed, 2008 ; Les manuscrits berbères, 2007). Il en est ainsi des manuscrits mauritaniens (Gaudio, 2002) et touaregs (Norris, 2006 ; Claudot-Hawad & Hawad, 2007). Pour la Kabylie, les manuscrits ne sont pas rares. Déjà, avant 1830, l’orientaliste américain William Brown Hodgson, alors consul à Alger, recueillit auprès du taleb Sidi Ahmed des textes berbères écrits par ce dernier dans le parler de Bougie (Hodgson, 197 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 1836 ; Ould-Braham, 2000 ; Aoumer, 2016). Il y a aussi un manuscrit kabyle qui fut signalé par J. D. Luciani (1893) dans une bibliothèque privée, au fin fond de la région du Guergour, qui a été retrouvé, il y a trois décennies, avec d’autres manuscrits de même type par l’association d’études historiques Gehimab de Béjaïa (Aïssani, 1998). D’autres investigations ont révélé d’autres nouveaux documents. Pour les manuscrits chleuhs (XVIe-XXe siècle), comme ceux des ibâdites à l’Est au Maghreb et comme ailleurs, la pratique de l’écrit berbère en alphabet arabe a été l’apanage des lettrés. Après les manuscrits chleuhs amassés par Arsène Roux (Roux, 1948), il en est d’autres qui ont été découverts au cours de ces trois dernières décennies et qui sont venus enrichir des fonds comme ceux de la Bibliothèque universitaire de Leyde, aux Pays-Bas, de la BNF à Paris, de la Bibliothèque de l’IREMAM à Aix-en-Provence, ainsi que ceux de diverses bibliothèques, publiques et privées, du Maroc. Les sujets de cette littérature sont variés. Outre les thèmes religieux (manuels de fiqh ou "jurisprudence islamique" ; panégyriques (lmedḥ) à la gloire de Mahomet ou de personnages pieux ; Traditions du prophète), on y trouve des genres profanes (ouvrages pratiques, techniques) et des textes provenant de la littérature de tradition orale (légendes, poèmes sur le thé, récits historiques). La plupart de ces textes sont versifiés, à l’instar des ouvrages d’Awzal qui composa au début du XVIIIe siècle quelques œuvres (Al-Ḥawd, L’Océan des pleurs, etc.). Quant aux textes en prose, on peut mentionner des commentaires d’œuvres juridiques, des traités de médecine mais aussi des lexiques et dictionnaires bilingues utilisés, en principe, pour faciliter la consultation de textes en arabe par des Berbères débutants dans cette langue. DES ACTIONS AUTOUR DES DOCUMENTS ET DE LEUR CONTENU Sur le thème des manuscrits berbères, les travaux de recherche et de préservation couvrent plusieurs aspects : la valorisation du patrimoine, le catalogage, les actions collaboratives, comme la mise en place d’un réseau de recherche thématique, et enfin l’encadrement doctoral. 198 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 Selon les usages, les études consacrées aux manuscrits, et de manière générale aux manuscrits notés dans l’alphabet arabe, varient suivant l’objet. Tantôt elles privilégient le contenu, c’est-à-dire le côté textuel sous son aspect philologique, littéraire ou documentaire ; tantôt elles accordent de l’attention plutôt à l’aspect ornemental, qu’il s’agisse de l’aspect artistique ou de l’appareil décoratif des codex. Ainsi, de nombreux chercheurs qui se sont voués à l’étude des textes, ou à celle de l’ornementation, ont plutôt laissé de côté l’aspect matériel du livre. Pourtant, comme l’écrivit avec justesse Arianna d’Ottone (2003), un manuscrit ancien quel qu’il soit « a, pour ainsi dire, une âme double, étant à la fois la copie d’un texte donné et un produit manufacturé, nuskha et maṣnû’ ensemble : sa valeur en tant que document historique ne se limite donc pas aux textes ou aux miniatures qu’il renferme. Le manuscrit étant un produit réalisé dans un milieu socioculturel et géographique particulier, on peut l’appréhender comme une véritable pièce archéologique sur laquelle il faut enquêter à l’instar de tout autre témoignage du passé. » En effet, l’étude de la matérialité d’un manuscrit doit tenir compte des détails de tout ordre (technique, économique, historique, …), et la codicologie, ou l’archéologie du livre « écrit à la main », doit quant à elle considérer le manuscrit en tant que phénomène social, et le codex doit, de ce fait, être étudié aussi à ce qu’il révèle les ressorts propres à une civilisation ou à un climat culturel particulier, au sein duquel le document physique en question a baigné. Prenons, par exemple, le cas de la codicologie. Parmi ses tâches, il y a le catalogage grâce auquel les informations pertinentes sur les manuscrits sont identifiées et mises à la disposition du chercheur. Ceci par l’élaboration des notices. Celles-ci donnent un aperçu global tant sur le texte et le support que sur l’auteur de l’œuvre ainsi que les copistes qui ont pu transmettre cette dernière. Il est bien connu que les catalogues de manuscrits arabes furent élaborés suivant les méthodes de l’époque où ils furent rédigés. Puis progressivement, l’expérience aidant et grâce à certains problèmes qui ont pu surgir, des normes de catalogage ont pu s’imposer dans la communauté des documentalistes et des conservateurs (Deroche, 2000 et 2002 ; Mechehed, 2004 et 2007). 199 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 Les premiers travaux de codicologie remontent au XIXe siècle : catalogues des fonds arabes de la Bibliothèque nationale, à Paris, et dans d’autres bibliothèques publiques de province ou des pays du Maghreb. Les autres pays européens (Allemagne, Grande Bretagne, Italie, Espagne, Russie...) ainsi que les États-Unis n’étaient pas en reste. S’agissant du berbère (et accessoirement de l’arabe parlé du Maghreb), les catalogues des manuscrits arabes établis par Slane (1845 et 1883-1895) et Fagnan (1893), respectivement pour la Bibliothèque nationale de Paris et la Bibliothèque d’Alger, illustrèrent cette tendance. Pour le catalogage des manuscrits berbères du Fonds « Arsène Roux » (Aix-en-Provence), Boogert (1995, 1997) et Stroomer & Peyron (2003) y contribuèrent de manière substantielle. L’utilité des documents manuscrits anciens, qui nous occupent ici, dans une branche comme la linguistique, par exemple, ne fera aucun doute. Les manuscrits peuvent révéler de nombreuses variétés du berbère ayant aujourd’hui disparu (Ould-Braham, 2016 et 2017). Ils serviront d’outils assurément pour une branche comme la linguistique diachronique berbère et, d’une manière générale, ils constitueront des sources nouvelles en apportant des témoignages décisifs qui permettront de compléter et d’enrichir le thésaurus. L’une des recommandations que l’on pourrait faire sera une mise en place d’un réseau de chercheurs se mobilisant autour des manuscrits berbères. Un tel dispositif aura pour objectif de favoriser une dynamique d’échanges autour de la paléographie, la codicologie et l’étude de l’écrit et de l’éducation à l’époque pré moderne. Une initiative qu’il faudra inscrire dans le cadre de projets interuniversitaires régionaux ou internationaux. Ce qui aura pour effet d’élaborer l’état de la connaissance des documents manuscrits berbères accessibles, en établissant des catalogues, et d’échanger des informations, notamment sur les manuscrits signalés et ceux qui restent à découvrir. Le réseau de chercheurs aura aussi pour tâche de diriger de jeunes doctorants dans ce domaine qui avance très lentement et qui nécessite bien des efforts. Aussi l’édition scientifique des textes pour les mettre à la disposition de la communauté des chercheurs doit-elle être fortement encouragée. 200 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 En fait, la question essentielle qui se pose aux chercheurs impliqués dans ce projet est celle de l’interdisciplinarité. Pour ce faire, il est nécessaire de préciser les exigences épistémologiques et méthodologiques des différentes disciplines de référence, afin d’éviter tout discours généraliste. Ces disciplines qui touchent, par exemple, au niveau du contenu sont : (1) la linguistique historique et l’approche diachronique de la langue, (2) l’historiographie, (3) l’anthropologie et l’histoire culturelle, (4) l’histoire sociale, (2) les études littéraires. Terminons par la question du patrimoine. Il est de bon sens que, s’agissant des manuscrits, il convienne de préserver cette précieuse richesse à la fois scientifique et culturelle là où elle est menacée. Celle-ci constitue bel et bien la mémoire au moins d’une partie de l’humanité ; les jeunes chercheurs dans les universités ainsi que les conservateurs dans les bibliothèques sont interpellés pour cataloguer les fonds manuscrits non classés dans n’importe quel endroit qu’ils se trouvent. Qu’il s’agisse des établissements publics de dépôt ou des lieux privés. Citons deux exemples récents de sauvetage de manuscrits en péril ainsi que leur valorisation : Tombouctou au Mali, Adrar dans le Sahara algérien. À Tombouctou jusqu’ici, on a retrouvé, selon les estimations, entre 100 000 à 200 000 manuscrits majoritairement rédigés en arabe mais pour un grand nombre dans plusieurs langues africaines (dont probablement le berbère touareg). C’est un patrimoine menacé, mais grâce à la coopération décentralisée avec la région Rhône Alpes (notamment avec l’INSA de Lyon), la mise en place du dispositif technique de sauvegarde des ouvrages a pu être efficacement assurée. D’autres actions, toutes encourageantes, continuent à être bien menées : des documents ont été mis au jour et répertoriés sous l’égide de l’Unesco. Les menaces sérieuses qui planent sur ces richesses restent les guerres civiles et le pillage par des trafiquants. Heureusement qu’il y a une prise de conscience. Et, pour citer un exemple, prenons le cas du Mzab (Algérie), où un partenariat avec des ONG et des structures publiques locales, avec le soutien de l’Union européenne, a pu faire voir le jour à un travail de sauvegarde de près de 10 000 manuscrits. D’autres initiatives de sauvegarde et de la facilitation d’accès des manuscrits, dans les meilleures garanties, sont à signaler dans 201 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 des bibliothèques publiques du Maghreb (Bibliothèque générale de Rabat, Bibliothèque nationale d’Algérie, Bibliothèque nationale de Tunisie, etc.). Ouahmi OULD-BRAHAM MSH Paris-Nord France 202 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ABOULKACEM-AFULAY, El Khatir, « La production manuscrite des informateurs berbères à l’époque coloniale : le cas de SSi Brahim Akenkou », Études et Documents Berbères, n° 35-36, 2016, p. 31-51 (volume thématique : Les manuscrits arabo-berbères). AISSANI, Djamel, « Écrits de langue berbère de la collection de manuscrits Oulahbib (Béjaïa) », Études et Documents Berbères, n° 15-16 (1998-99), 2000, p. 81-99. 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Fatsiha Aoumer, Essai de grammaire, à partir d’un ouvrage manuscrit en langue kabyle d’un taleb de Bougie (début du XIXe siècle) (pp. 105-118). Sadek Bala, Lecture(s) de quelques manuscrits liés à la confrérie alRaḥmaniyya (pp. 119-135). Farouk Bouhadiba, À propos d’arabo-berbère à Mazouna (pp. 137-147). Vermondo Brugnatelli, Un témoin manuscrit de la « Mudawwana d’Abū Ġānim » en berbère (pp. 149-174). Anna Maria Di Tolla, Un document sur le droit coutumier des Ayt ‘Aṭṭa du Rṭeb (Tafilalet – Sud-Est du Maroc) (pp. 175-191). El Houssaïn El Moujahid, La tradition des rwaïs du Souss : Rapport maîtres et disciples. Arrêt sur trois manuscrits inédits (pp. 193-216). Ahmed El Mounadi, Les manuscrits amazighs non catalogués dans la bibliothèque de l’université de Leiden (pp. 217-241). 209 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 Mohamed Elmedlaoui, La tradition ‘almazghi’ dans le Sous (Maroc) : Caractéristiques linguistiques et fonctions socioculturelles du code (pp. 243-262). Evgeniya Gutova, The Sanusi Creed in Kabyle Berber: Manuscript KA 21 from the Lmuhub Ulabib Library (Béjaïa, Algeria) (pp. 263-294). Hacène Hirèche, Une trace manuscrite d’un poème de Ḥmed At Weḥmed : analyse succincte (pp. 295-299). Paul M. Love Jr., Écouter le conte d’un manuscrit : Penser avec une copie d’une chronique ibadite de la bibliothèque Barouni à Djerba (pp. 301-313). Djamel-Eddine Mechehed, La codicologie et les manuscrits de tamazight (pp. 315-330). Mohamed Meouak, Lettres algériennes en arabe dialectal du XVIe siècle : le registre no 58 de l’Archivo general de Simancas. (pp. 331-343). Michaël Peyron, Textes écrits arabo-berbères, aire linguistique tamazight (Maroc central et Sud-Est marocain) (pp. 345-360). Mohamed Saadouni & Harry Stroomer, The chapter on Pilgrimage in the work of the Berber author Ibrahim Aẓnag (d. 1597) (pp. 361-377). Jilali Saïb, L’apport de la connaissance du berbère à la bonne intelligence de l’histoire marocaine : cas de Ait-Tachawwuf, un manuscrit du XIII e siècle (J.C.) annoté et édité par Ahmed Toufiq (pp. 379-403). Mohammed Serhoual, Correspondance d’un notable affidé avant la colonisation du Rif. Traduction et analyse (pp. 405-416). Ouahmi Ould-Braham : «Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ? » : Les manuscrits berbères anciens en graphie arabe n’ont intéressé la recherche que depuis seulement 50 ans environ. Quelques manuscrits furent conservés dans des fonds publics puis, avec le temps, des collections s’enrichirent et de nouveaux documents sont signalés çà et là chez des particuliers. C’est grâce à des travaux préparatoires de 210 Des manuscrits berbères anciens en graphie arabe quels objectifs ultimes atteindre ?, 3-4, 2018 : pp.190-211 berbérisants que ce thème commence à retenir l’attention. Cependant, le retard est patent. Grâce à des initiatives appropriées, notre connaissance de cette ressource inestimable du berbère s’enrichira davantage, notamment par des travaux sur l’aspect matériel des manuscrits, suivis d’études approfondies sur le contenu. Berber manuscripts written in Arabic characters are a field of scholarly interest since fifty years only. Where most public collections had only a few Berber manuscripts at their disposal, private collectors managed to build up important collections. Thanks to the ground breaking work of several berberologists, berber manuscripts developed during the last decennia, with obvious retardation, into an important theme of study. Ouahmi Ould-Braham est qualifié professeur des universités par le CNU et habilité (7e Section, Sciences du langage). Il est aussi un berbérisant reconnu dans son champ de compétences. Connu depuis plusieurs années, pour avoir fondé et maintenu la revue académique Études et Documents Berbères (38 numéros parus jusqu’ici), domiciliée à la MSH Paris-Nord et devenue une publication inter-universitaire reconnue, il a lancé depuis 2002 le « Projet berbère multimédia » qui est en train de générer la préfiguration de la "Bibliothèque numérique berbère". Il est également auteur de plusieurs articles (sur le berbère médiéval, sur la tradition orale contemporaine, etc.). 211