HYPATIE D’ALEXANDRIE
A propos de l’ouvrage d’Henriette HARICH-SCHWARZBAUER, Hypatia. Die
spätantike Quellen. Eingeleitet, kommentiert und interpretiert, coll. « Sapheneia
– Beiträge zur klassischen Philologie » 16, Bern, Peter Lang, 2011, XII-385 p.*
La personnalité d’Hypatie d’Alexandrie, femme philosophe et mathématicienne, et son destin tragique ont inspiré depuis longtemps des pamphlets, des
romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des peintures et plus récemment un
film. Hypatie a également donné son nom à des périodiques. Par rapport à plusieurs monographies parues depuis une vingtaine d’années, le présent ouvrage, qui
reprend une thèse d’habilitation soutenue à l’Université de Graz en 1997, n’entend
pas reconstituer une biographie cohérente d’Hypatie à partir des données de la tradition, en comblant par des interprétations les lacunes de la documentation, mais
plutôt offrir une analyse historique et philologique de tous les témoignages de la
fin de l’Antiquité relatifs à la philosophe.
La lecture de l’ouvrage peut être complétée par celle d’une douzaine d’articles
sur Hypatie et sur des sujets connexes publiés par l’auteur depuis 1998.
Le matériel pris en compte comprend tout d’abord la correspondance de Synésius de Cyrène, qui se présente comme le disciple direct d’Hypatie, puis les textes
importants de l’Histoire ecclésiastique de Socrate de Constantinople, de l’Histoire
tripartite de Cassiodore, de la Vie d’Isidore de Damascius, ainsi que quelques
passages moins importants de Palladas, Philostorge, Hésychius et Jean Malalas.
Certains textes byzantins dérivés ont été légitimement laissés de côté, mais c’est
peut-être par un excès de scrupule que l’auteur, qui ne pouvait avoir accès au texte
original, n’a pas voulu réserver un chapitre à la Chronique de Jean de Nikiou,
composée en grec au VIIe s., mais conservée seulement dans une version éthiopienne faite sur l’arabe. Quelques lignes en sont citées (p. 266-267), mais l’ensemble du passage semble mettre à contribution une documentation originale et
est au moins aussi important que les textes retenus.
L’organisation de l’ouvrage sur le modèle d’un recueil des témoignages où le
nom d’Hypatie est mentionné explique que 140 pages soient consacrées à Syné* Originellement paru dans Museum Helveticum 69, 2012, p. 214-217.