Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France.
Nouvelle synthèse sur les faunes de grands mammifères
du Pléistocène moyen de la grotte du Lazaret (Nice, France)
par
Patricia VALENSI1, Audrey ROUSSEL2, Sharada CHANNARAYAPATNA VISWESWARA3,
Khalid EL GUENNOUNI1, Dominique CAUCHE1, Véronique MICHEL2,4
Mots-clés.– MIS 6, biostratigraphie, paléoenvironnement, archéozoologie, cémentochronologie.
Résumé.– Les fouilles systématiques entreprises depuis plusieurs années (1967‑2017) sous la direction d’Henry de Lumley ont
permis d’individualiser 29 niveaux d’occupation humaine documentant la transition culturelle entre Acheuléen et Moustérien. Dans
chaque niveau ou unité archéostratigraphique, le matériel archéologique et paléontologique est très abondant et parfois associé
à quelques restes humains. Le cortège faunique de grands mammifères, riche de 25 espèces, varie peu d’une unité à l’autre. Cette
association et les stades évolutifs de certaines espèces (Canis lupus, Ursus spelaeus, Cervus elaphus, Capra ibex) conduisent à rat‑
tacher l’ensemble des dépôts archéologiques à la dernière période glaciaire du Pléistocène moyen, soit au MIS 6. La région parti‑
culière en terme géo‑topographique et sous impact climatique modéré a été une zone refuge pour les espèces tempérées au cours des
phases glaciaires et a conduit au maintien d’espèces archaïques. Aussi, l’association faunique du Lazaret est originale puisqu’elle
est principalement représentée par des espèces tempérées avec comme éléments dominants le cerf (Cervus elaphus) le bouquetin
(Capra ibex) et l’aurochs (Bos primigenius). L’éléphant antique (Palaeoloxodon antiquus) se maintient également dans la région au
cours de cette phase froide. Seuls quelques rares éléments de climat froid, comme le renne (Rangifer tarandus), le rhinocéros lai‑
neux (Coelodonta antiquitatis) et le glouton (Gulo gulo), ont été identifiés. Les analyses archéozoologiques soulignent des activités
anthropiques très diversifiées selon les unités archéostratigraphiques. Une attention particulière est portée sur l’étude des populations
animales, en s’appuyant à la fois sur des méthodes classiques d’estimation de l’âge et du sexe des animaux abattus et sur des analyses
cémentochronologiques. Les données obtenues permettent d’affiner les saisons d’occupation du site et ainsi, de mieux comprendre
les comportements de subsistance de ces acheuléens et leur gestion vis‑à‑vis de la faune chassée. Les résultats obtenus sur les faunes
du Lazaret s’inscrivent dans un contexte plus régional et permettent de mieux appréhender le mode de vie des Acheuléens du Lazaret
et de leurs successeurs, les Néandertaliens de la zone liguro‑provençale.
The last Acheuleans of south-eastern France.
New overview of the Middle Pleistocene fauna of large mammals from Lazaret Cave (Nice, France)
Keywords.– MIS 6, Middle Pleistocene, biostratigraphy, paleoenvironment, archaeozoology, cementochronology.
Abstract.– Systematic excavations in Lazaret Cave over several decades (1967-2017), directed by Henry de Lumley, identified
29 levels of human occupation recording the cultural transition between the Acheulean and the Mousterian. Each level or
archaeostratigraphic unit contained abundant archaeological and palaeontological material, sometimes associated with several human
remains. The large mammal faunal spectrum includes 25 species and varies little from one unit to another. This faunal association and
the evolutionary stages of certain species (Canis lupus, Ursus spelaeus, Cervus elaphus, Capra ibex) indicate that the archaeological
deposits are correlated with the last Middle Pleistocene glacial period, MIS 6. On account of a specific geo-topography and moderate
climatic impact, this region was a refuge zone for temperate species during glacial phases, resulting in the continuity of archaic
species. The original faunal association of Lazaret Cave comprises temperate species with prevalent red deer (Cervus elaphus),
ibex (Capra ibex) and aurochs (Bos primigenius). The antique elephant (Palaeoloxodon antiquus) also continued to live in the
1. UMR 7194 HNHP : MNHN‑CNRS‑UPVD, Laboratoire de Préhistoire Nice‑Côte d’Azur, Antenne IPH, 15 Bd Maeterlinck, 06300 Nice,
France, pvalensi06@gmail.com, kh.elguennouni@fondationiph.org, d.cauche@fondationiph.org
2. Université Côte d’Azur, CNRS, CEPAM, 06300 Nice, France, audrey.roussel@cepam.cnrs.fr, veronique.michel@cepam.cnrs.fr
3. Archaeological Sciences Centre, Indian Institute of Technology Gandhinagar, 382355, Gujarat, India, sharada.c@iitgn.ac.in
4. Université Côte d’Azur, CNRS, Observatoire de la Côte d’Azur, IRD, Géoazur, 06560 Valbonne, France, veronique.michel@cepam.cnrs.fr
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
Patricia VALENSI et al.
112
region during this cold phase. Relatively rare cold-climate mammals have been identified, such as the reindeer (Rangifer tarandus),
the woolly rhinoceros (Coelodonta antiquitatis) and the wolverine (Gulo gulo). Archaeozoological analyses brought to light very
diversified anthropic activities in the different archaeostratigraphic units. Here, we focus on the study of animal populations,
combining classical methods to estimate the age and sex of slaughtered animals with cementochronological analyses. The results
highlight and refine the seasonality of site occupations, and enhance our understanding of Acheulean subsistence and hunting
strategies. In a regional context, these faunal data from Lazaret Cave broaden our knowledge of behavioural aspects of the Acheulean
occupants of Lazaret Cave and their successors, Neanderthals from the Ligurian‑Provencal zone.
Introduction
La grotte du Lazaret est une vaste cavité creusée dans les
calcaires jurassiques du mont Boron, à l’est de la ville de Nice,
dans les Alpes‑Maritimes. Elle s’ouvre à une altitude de 26 m
au-dessus du niveau actuel de la mer Méditerranée (fig. 1). Les
fouilles conduites sous la direction de H. de Lumley, de 1967
à 2014, ont mis en évidence 29 sols d’occupation préhistoriques
ou unités archéostratigraphiques (UA), particulièrement riches
en outils lithiques caractéristiques de l’Acheuléen final et en
restes fauniques (Lumley dir. 2004 ; Valensi, 2009 ; Cauche,
2012 ; Valensi et al., 2013) (fig. 2). Ces unités dégagées sur
une grande superficie (60 à 100 m²) ont livré au total vingtneuf restes humains identifiés comme des Anténéandertaliens
(Homo erectus évolués) (Lumley dir., 2018). Diverses struc‑
tures témoignent d’une organisation de l’habitat, comme par
exemple, des alignements de pierres, des foyers plus ou moins
aménagés, des zones de dépotoir et des zones d’accumulation
de matériel lithique (Lumley dir., 2004). Les dépôts archéo‑
logiques, qui atteignent par endroits 6 m d’épaisseur, se sont
déposés entre ‑190 000 et ‑120 000 ans (Michel et al., 2018).
Ils sont recouverts vers le fond de la grotte par un plancher
stalagmitique qui s’est déposé de ‑119,7 ± 2.4 ka BP à ‑8,1
± 0,8 ka BP (MIS 5, 3 et 1) (Michel et al., 2022). D’un point
de vue typo‑technologique, les industries caractérisent le
passage de la culture acheuléenne à la culture moustérienne.
En d’autres termes, le remplissage archéologique illustre les
changements techniques de la fin du Paléolithique inférieur,
avec l’effacement progressif de la composante « façonnage »
et l’apparition de caractéristiques techniques du Paléolithique
moyen : productions d’outils sur éclats réguliers, assez standar‑
disés (parfois dits « de facture moustérienne »), même si ici, le
débitage levallois ne joue jamais un rôle important (Cauche,
2012). Les diverses communautés de vertébrés (amphibiens,
reptiles, oiseaux, micromammifères, grands mammifères) sont
typiques du Pléistocène moyen et suggèrent que le climat de la
région était globalement plus frais et plus humide que l’actuel
climat méditerranéen (Abbassi, 1999 ; Roger, 2004 ; Valensi,
2009 ; Hanquet, 2011 ; Manzano, 2015 ; Valensi et al., 2018).
Dans ce papier, nous proposons une synthèse des résul‑
tats biostratigraphiques en s’appuyant sur les associations
fauniques de grands mammifères et sur les stades évolutifs
des taxons à forte signification stratigraphique. Des compa‑
raisons avec les faunes d’autres gisements de l’arc provenço‑
ligure permettent de préciser la place du Lazaret dans un cadre
biostratigraphique régional et les particularités faunistiques de
la région.
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
Dans une deuxième partie, nous rappellerons briève‑
ment les analyses archéozoologiques établies par ailleurs sur
ces faunes de grands mammifères, qui nous orientent vers
une meilleure compréhension du comportement des derniers
acheuléens de la région et sur leur comportement vis‑à‑vis
de la faune : stratégies d’acquisition, pratiques de boucherie,
consommation (Valensi, 2000 ; Valensi et al., 2013 ; Hassani
et al., 2017 ; Daujeard et al., 2018 ; Channarayapatna et al.,
2018 ; Valensi et al., 2018). Nous présenterons ici de nouveaux
résultats obtenus en archéozoologie et en cémentochrono‑
logie sur l’acquisition des ressources animales et les saison‑
nalités d’occupation de la grotte. D’autre part, la découverte
de plusieurs bois de cerf aménagés, dans les derniers dépôts
fouillés, nous conduit à une réflexion sur l’utilisation des
bois de cervidés. D’une manière générale, ces analyses nous
apportent de nouvelles informations sur la gestion des popu‑
lations animales par les groupes humains occupant la grotte
et sur la fonction du site.
Matériel et Méthodes
Les faunes de grands mammifères présentées dans ce
travail proviennent des fouilles dites de l’entrée, situées en
arrière du porche et s’étendant sur 60 à 90 m2 selon les niveaux.
Le matériel se rapporte à l’ensemble stratigraphique supérieur
CIII (UA 1 à UA 12), l’ensemble CII supérieur (UA 13 à 17
et UA25) et l’ensemble stratigraphique CII inférieur (UA26,
UA28 et UA29 en cours d’étude) (Valensi, 2000 ; Lumley
dir. 2004 ; Valensi, 2009, Valensi et al., 2018). Les faunes du
Lazaret sont comparées à celles de quelques gisements liguro‑
provençaux afin de préciser le gisement du Lazaret dans un
cadre biostratigraphique régional et d’en souligner les origi‑
nalités biologiques locales (fig. 1).
Les analyses archéozoologiques portent ici sur l’âge
des ongulés. Nous avons dans un premier temps utilisé les
méthodes dites classiques basées sur l’éruption et l’usure
dentaire des individus (Riglet, 1977 ; Klein et al., 1981,
1983) pour l’ensemble des unités archéostratigraphiques du
site (pour l’UA 25, voir Valensi et al., 2013). La principale
limite de cette approche est qu’elle repose sur la présence de
restes de jeunes dans l’assemblage, et sur le parti pris d’une
acquisition de ces juvéniles par les groupes humains. L’autre
méthode, la cémentochronologie, permet de pallier cette
limite. Elle s’appuie sur l’étude des marques de croissance
au sein du cément des dents de mammifères. Cette méthode,
réalisée par l’une d’entre nous (A.R.) permet de déterminer
l’âge biologique des individus adultes et la saison d’abattage
Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France
113
FIG. 1
Localisation de la grotte du Lazaret et des principaux sites discutés dans le texte.
Location of Lazaret cave and of the main archaeological sites discussed in the text.
FIG. 2
Contexte stratigraphique, chronologique et culturel de la grotte du Lazaret avec la localisation stratigraphique des restes humains (+).
Stratigraphic, chronological and cultural context of Lazaret Cave, with the stratigraphic position of the human remains (+).
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
114
Patricia VALENSI et al.
FIG. 3
Carnivores de la grotte du Lazaret. A. Ursus spelaeus archaïque, crâne en vue dorsale (1) et en vue postérieure (2), B. Canis lupus, crâne
en vue latérale, C. Vulpes vulpes, mandibule droite portant M1, D. Lynx pardinus spelaeus, crâne et mandibule en vue latérale gauche,
E. Panthera (Leo) spelaea, mandibule gauche portant la dentition lactéale, F. Gulo gulo, fragment proximal d’ulna gauche, G. Martes
martes, maxillaire gauche portant canine et prémolaires, H. Mustela nivalis, mandibule gauche portant M1. Échelle : 3 cm.
Carnivores from Lazaret cave. A. Archaïc Ursus spealeus, skull in dorsal (1) and posterior (2) views, B. Canis lupus, skull in lateral view,
C. Vulpes vulpes, right mandible with M1, D. Lynx pardinus spelaeus, skull and mandible in left lateral view, E. Panthera (Leo) spelaea,
left mandible with milk teeth, F Gulo gulo, proximal fragment of left ulna, G. Martes martes, left maxillar with canine and premolars,
H. Mustela nivalis, left mandible with M1. Scale bars: 3 cm.
(Roussel et al., 2021). Plusieurs dents de cerf et de bouquetin
de l’UA29 ont été sélectionnées. L’échantillonnage s’est fait
selon l’état de conservation des dents et selon le nombre mini‑
mal d’individus (NMI). Les racines de dents ont été enrobées
dans de la résine, découpées en sections puis amincies, avant
d’être montées sur des lames de verre et, enfin, observées au
microscope polarisant. Les profils de mortalité obtenus sont
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
interprétés en fonction des structures sociales des populations
d’ongulés à une saison donnée et dans un environnement
donné. Ainsi, la combinaison des données obtenues, associée
aux comportements des espèces d’ongulés apparentées aux
actuelles, permet de reconstituer les stratégies de chasse et, par
conséquent, d’aborder les questions d’organisation des groupes
humains et de mobilité territoriale.
Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France
115
FIG. 4
Ongulés de la grotte du Lazaret. A. Cervus elaphus, terminaison d’un bois à couronne, B. Cervus elaphus, fragment de crâne d’un
cerf mâle, en vue dorsale, C. Cervus elaphus, maxillaire gauche portant P3P4M1M2M3, en vue occlusale, D. Bos primigenius, man‑
dibule droite portant M1 et M2, en vue latérale, E. Coelodonta antiquitatis, fragment de M1 supérieure, F. Capra ibex, mandibule
gauche portant P2P3P4M1M2 et détail des prémolaires, en vue linguale. G. Capra ibex, crâne d’un mâle adulte, en vue frontale.
Échelle : 3 cm.
Ungulates from Lazaret cave. A. Cervus elaphus, crown of antler, B. Cervus elaphus, Skull fragment of a male in dorsal view,
C. Cervus elaphus, left maxillar with P3P4M1M2M3, in occlusal view, D. Bos primigenius, right mandible with M1M2, in lateral
view, E. Coelodonta antiquitatis, fragment of first upper molar, F. Capra ibex, left mandible with P2P3P4M1M2 and details of
premolars in lingual view, G. Capra ibex, skull of male adult, in frontal view. Scale bars: 3 cm.
la faune : coMposition de l’asseMblage
et données biostratigraphiques
La liste faunique signale la présence d’au moins
26 espèces de grands mammifères, se répartissant en
13 taxons carnivores et 13 ongulés (tab. I). Les carnivores
qui représentent 6 % des restes déterminés (NR) et 21 % du
nombre minimal d’individus (NMI) sont essentiellement repré‑
sentés par le loup (C. lupus), le renard (V. vulpes) et le lynx
des cavernes (L. pardinus spelaeus). Quelques carnivores sont
signalés pour la première fois dans les dépôts inférieurs du
Lazaret, comme le glouton Gulo gulo, le cuon Cuon sp., la
belette Mustela nivalis et la martre Martes martes (fig. 3). Côté
ongulés, le cerf (C. elaphus) domine largement l’assemblage
dans toutes les unités archéostratigraphiques (NR=18300 soit
75,3 %, NMI=256 soit 42,5 %), suivi du bouquetin (C. ibex)
(NR=3349, NMI=97) et du chevreuil (C. capreolus) (NR=143,
NMI=15) (fig. 4).
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Unités archéo-stratigraphiques
C III
UA A
sols 1-4
UA B
sols 5-7
NISP
MNI
NISP
Canis lupus
165
7
Vulpes vulpes
64
3
CII sup.
UA C
sols 8-9
MNI
NISP
123
4
33
5
UA D
sols 10-12
MNI
NISP
103
4
42
3
UA E
sols 13-17
MNI
NISP
MNI
100
4
125
6
15
3
17
2
UA F
sols 18-23
NISP
116
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Ensembles stratigraphiques
CII inf.
UA 24
MNI
NISP
94
5
90
1
UA 25
MNI
NISP
17
3
4
1
UA
27
UA 26
MNI
NISP
13
2
10
1
1
2
MNI
UA 28
UA 29
Pr.
NISP
MNI
Pr.
2
x
16
2
x
1
x
3
1
x
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
x
‑
‑
‑
‑
‑
‑
1
1
‑
‑
4
1
4
1
‑
‑
2
1
x
10
2
x
Ursus arctos
4
1
3
1
5
1
6
1
2
1
11
2
4
1
3
1
9
1
‑
5
2
x
Gulo gulo
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
1
1
‑
‑
‑
‑
Meles meles
5
1
4
2
2
1
3
1
2
1
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
Martes martes
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
x
‑
‑
x
Mustela nivalis
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
2
1
x
‑
‑
‑
Panthera (Leo) spelaea
‑
‑
2
1
‑
‑
3
1
3
1
3
1
‑
‑
‑
‑
1
1
‑
‑
‑
x
Panthera pardus
28
2
15
2
17
1
14
1
12
1
10
1
1
1
‑
‑
‑
‑
‑
3
2
x
Lynx pardinus spelaeus
38
2
32
3
30
2
38
2
25
2
21
1
7
2
3
1
5
1
x
4
2
x
Felis silvestris
‑
‑
‑
‑
1
1
‑
‑
1
1
4
2
4
1
2
1
3
1
x
3
1
x
Palaeoloxodon antiquus
1
1
‑
‑
1
1
1
1
3
1
6
1
2
1
2
1
4
1
1
3
1
x
Stephanorhinus hemitoechus
5
1
1
1
1
1
0
0
2
1
3
2
2
1
‑
‑
1
1
‑
‑
‑
‑
Coelodonta antiquitatis
‑
‑
‑
‑
‑
‑
2
1
2
1
5
1
1
1
‑
‑
1
1
‑
‑
‑
‑
Equus caballus ssp.
20
2
17
2
11
1
20
2
21
2
32
3
8
2
‑
‑
6
1
x
2
1
x
Megaloceros giganteus
2
1
1
1
2
1
1
1
3
1
‑
‑
‑
‑
‑
‑
1
1
x
1
1
‑
1385
21
1081
15
1183
19
1228
22
1956
44
5150
53
1383
18
1069
23
2175
25
x
1690
16
x
9
1
‑
‑
2
1
1
1
‑
‑
‑
‑
1
1
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
x
Cervus elaphus
Rangifer tarandus
Dama dama
‑
‑
‑
‑
‑
‑
1
1
5
2
3
1
1
1
‑
‑
1
1
x
‑
‑
‑
Capreolus capreolus
6
1
5
1
5
1
6
1
21
2
33
2
15
1
32
2
15
2
x
5
2
‑
Bos primigenius
‑
‑
1
1
3
1
‑
‑
7
2
8
1
‑
‑
49
3
34
2
x
9
4
x
Bison priscus
1
1
‑
‑
2
1
‑
‑
2
1
1
1
‑
‑
‑
‑
1
1
x
‑
‑
‑
Bos/Bison
24
(+1)
14
(+2)
25
(+1)
16
2
52
(+2)
169
(+2)
40
2
‑
‑
59
(+1)
x
117
‑
x
Capra ibex
366
8
268
10
297
11
230
5
370
12
790
19
209
7
109
6
387
10
x
323
9
x
2
1
2
1
3
2
5
2
3
1
27
2
28
2
9
2
51
3
x
61
4
x
Rupicapra rupicapra
TABL. I
Grotte du Lazaret. Quantification des grands mammifères, en nombre de restes (“NR”, NISP) et en nombre minimal d’individus (NMI) par unité archéostratigraphique (UA).
Lazaret cave. Quantification of large mammals in terms of number of identified specimens (NISP) and minimum number of individuals (“NMI”, MNI), per archaeostratigraphic unit (UA).
Patricia VALENSI et al.
Cuon sp.
Ursus spelaeus
Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France
117
L’ours des cavernes Ursus spelaeus
Le lynx des cavernes, Lynx pardinus spelaeus
Au Lazaret, l’ours des cavernes correspond à un stade
archaïque d’Ursus spelaeus. On soulignera que le crâne (P20‑
573), découvert dans l’ensemble CII, possède des caractères
particuliers tels qu’une largeur maximale située au niveau
des pariétaux et des muscles masticateurs très importants.
La hauteur de l’occipital et la morphologie de l’acrocrânion
peuvent être qualifiées de caractères « archaïques » (fig. 3A)
(Valensi, 1994, 2009). Concernant les ours des cavernes des
dépôts moustériens de Ligurie, deux stades évolutifs ont pu être
observés (Quiles, 2003) : un stade archaïque, plus évolué toute‑
fois que celui du Lazaret a été enregistré à Madonna dell’Arma
(faibles dimensions et morphotypes relativement simples des
jugales) et dans le niveau III A de la Caverna delle Fate, rappor‑
tés au MIS 5. Et un stade plus évolué avec des individus aux
dimensions plus imposantes, une multiplication toujours crois‑
sante des tubercules sur les jugales et une forte robustesse des
os des pattes, a été constaté chez les populations de Santa Lucia
superiore, de la grotte du Prince (Balzi Rossi), du Cavillon
(foyers II et III) (Balzi Rossi) et celles de Fate (niveau IIIB),
rapportés au MIS 4. Chez ces dernières, les indices morpho‑
dynamiques des P4 donnent un âge approximatif de 60 ka
(Quiles, 2003 ; Quiles et al., 2003). On notera la persistance
des prémolaires antérieures (P1 inf. et sup., P3 sup.) dans de
nombreux cas, chez les ours de Fate, du Prince, et du Merle.
Cette morphologie considérée comme archaïque peut s’expli‑
quer par des isolats de populations évoluant dans un terri‑
toire restreint. En Ligurie et dans les Alpes‑Maritimes, Ursus
spelaeus a coexisté au MIS 2 avec des populations humaines
gravettiennes voire épigravettiennes. La dernière occurrence
de l’espèce est observée dans l’Épigravettien (foyer E) de la
grotte des Enfants (Balzi Rossi) et l’Épigravettien de la grotte
du Merle (niveau B, Arénien) (Valensi, 2016). On notera égale‑
ment que des ours aux caractères spéléens ont été identifiés
dans la grotte des Arene Candide, avec une dernière occurrence
au Gravettien final (couche P7) (Cassoli et al., 1994).
Les crânes de lynx du Lazaret présentent des affinités
avec Lynx pardinus comme un profil abrupt du museau, une
région pariétale arrondie et compacte, et des crêtes temporales
longues et parallèles se rejoignant distalement en une crête
sagittale très courte (fig. 3D). Le matériel dentaire correspond
à des individus de grande taille et se traduit par une denture
assez robuste avec des proportions dentaires proches de celles
observées chez Lynx lynx et une fréquence élevée de carnas‑
sières avec métaconide. La relative forte stature de ces indi‑
vidus du Lazaret, comparée aux formes modernes de lynx
ibérique, ainsi que la morphologie de la denture pourraient être
corrélées avec un environnement froid et la gamme de proies
disponibles, plus large et moins strictement ciblée sur le lapin
que pour L. pardinus actuel (e.g. Delibes, 1980 ; Rodriguez‑
Varela et al., 2015). Pour ces raisons et pour le distinguer de
la forme actuelle, nous retiendrons la dénomination sous‑
spécifique « Lynx pardinus spelaeus » pour le lynx des cavernes
pléistocène (Testu, 2006 ; Valensi et al., 2016).
Le loup Canis lupus
En se basant sur l’augmentation de la taille de Canis
lupus au cours du Pléistocène, le loup du Lazaret est dans
l’ensemble de petite taille et caractérise les populations de la
fin du Pléistocène moyen (pour les données biométriques, voir
Valensi, 1994, 2009) (tab. II ; fig. 5). On note cependant que
ce schéma évolutif est valable dans ces grandes lignes et que
des variations de taille d’ordre individuel, géographique et/
ou climatique doivent également être prises en compte. Ainsi,
au sein de la population du Lazaret, au moins deux individus
de très grande taille peuvent être signalés, dont une femelle
sub‑adulte représentée par son crâne et ses hémi‑mandibules,
découverts dans l’unité UA26, déposée sous climat très froid
et qui a livré également un reste de glouton. Les dimensions
dentaires de cet individu sont de l’ordre de celles des loups
FIG. 5
Diagramme de dispersion des longueurs
(DMD) en fonction de la largeur (DVL)
de la M1 inférieure de Canis lupus et
place du loup du Lazaret au sein de
diverses populations pléistocènes (réfé‑
rences des sites : voir Valensi, 2009 ;
Valensi et al., 2016).
Scatter diagram of lenght (DMD) against
width (DVL) of Canis lupus lower M1
and localisation of Lazaret wolf within
several pleistocene populations (Sites
references: see Valensi, 2009 ; Valensi
et al., 2016).
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
Patricia VALENSI et al.
118
Le cerf Cervus elaphus
Lazaret‑Canis lupus
M1 inf.
DMD
DVL
n
15
16
moy
27,54
11,12
min‑max
25.55‑28.60
10.52‑12.59
e‑type
0,9
0,63
TABL. II
Biométrie des M1 inférieures de loup du Lazaret.
Biometry of Canis lupus lower M1 from Lazaret cave.
de la fin du Pléistocène supérieur (Valensi, 2009) et pourraient
s’expliquer par des arrivées de grands loups lors des pics de
froid (fig. 3B).
Le cheval Equus caballus ssp.
Les restes de chevaux du Lazaret sont rares et essentiel‑
lement représentés par des dents inférieures et des éléments
fragmentés du post‑crânien. Sur les jugales inférieures, le
sillon vestibulaire s’allonge de la P2 à la M3 : court sur les
P2, il pénètre dans le pédicule chez les molaires. L’analyse
biométrique met en évidence un cheval caballin de type I
selon la classification d’Eisenmann (1991), aux dents infé‑
rieures de grande taille, plus grandes que celle d’E. c. pivetaui
défini à l’Abri Suard, mais d’assez faible robustesse. Dans
l’attente d’un matériel plus significatif, le cheval du Lazaret
a été rapporté à E. caballus ssp. Sa grande taille pourrait indi‑
quer une bonne adaptation dans des environnements riches et
diversifiés en ressources alimentaires (Boulbes et al., 2019).
Le cerf du Lazaret est de grande taille et les mâles
portent des bois à terminaison en couronne (fig.4). L’espèce
très abondante dans tous les gisements de la région a fait l’objet
d’analyses morphologiques et biométriques détaillées (Psathi,
2003 ; Valensi et al., 2004b ; Valensi, 2009 ; Moussous et al.,
2016). À Madonna dell’Arma et dans les foyers inférieurs
(E et D) de la grotte du Prince, le cerf est de petite taille, aux
dents morphologiquement simples, et a été attribué à Cervus
elaphus aff. simplicidens (Valensi et al., 2004b). À Manie, Fate
(ens. IIIA), et dans le foyer B de la grotte du Prince (Balzi
Rossi), le cerf est significativement de plus forte taille. Ces
observations nous ont conduits à une explication d’ordre clima‑
tique, avec Cervus elaphus aff. simplicidens correspondant
à des conditions climatiques tempérées (MIS 5) et inversement
des grands cerfs évoluant sous climat froid (MIS 4). D’autre
part, on note des différences morphologiques et biométriques
significatives entre les populations du MIS 4 et celles du MIS
6 comme au Lazaret, où les dents présentent des caractères
interprétés comme plus archaïques (Valensi et al., 2004b ;
Moussous et al., 2016).
Le bouquetin Capra ibex
Les restes dentaires et osseux du bouquetin du Lazaret se
rapportent à une forme archaïque de Capra ibex. La morpho‑
logie de la P3 inférieure, portant un métaconide oblique vers
l’arrière, permet de rapporter le bouquetin du Lazaret à un
morphotype dentaire archaïque de la fin du Pléistocène moyen
(fig.4F,G). Ce morphotype est reconnu également dans les
brèches de la grotte du Prince et dans les niveaux inférieurs
FIG. 6
Evolution morphologique de la P3 inférieure de bouquetin des Alpes Capra ibex au cours du Pléistocène, avec détail
du métaconide, en vue linguale. 1. Sites du Pléistocène moyen (MIS7‑6) : Grotte du Lazaret (a), Grotte du Prince
(Brèches), Grotte de l’Observatoire (niveaux profonds), 2. Sites de la 1ère partie du Pléistocène supérieur (MIS5‑3) :
Grotte du Cavillon (b), Grotte du Prince (foyers E à A) (c) ; 3. Sites de la 2ème partie du Pléistocène supérieur (MIS3‑2) :
Grotte des enfants (d).
Morphological evolution of lower P3 of ibex Capra ibex during Pleistocene, with details of metaconid, in lingual view.
1. Middle Pleistocene sites (MIS7-6): Lazaret cave (a), Principe cave (Breccias), Observatoire cave (lower levels),
2. First part of Upper Pleistocene (MIS5-3): Caviglione cave (b), Principe Cave (levels E to A) (c); 3. Second part
of Upper Pleistocene (MIS3-2): Fanciulli cave (d).
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France
de la grotte de l’Observatoire (fig. 6) (Crégut‑Bonnoure,
2002). Le métaconide se redresse sur les P3 inférieures des
populations de la première partie du Pléistocène supérieur
(MIS 5‑MIS 3) comme dans les dépôts supérieurs de la grotte
du Cavillon et de la grotte du Prince. Puis le métaconide
se développe en colonnette au MIS 2. C’est le cas dans les
niveaux du Paléolithique supérieur de la grotte des Enfants
(Balzi Rossi) (Moussous et al., 2016). Plus à l’ouest, dans
les dépôts du MIS 5e du Grand abri aux Puces (Vaucluse),
le bouquetin des Alpes a le même stade évolutif que celui de
la couche XV de Moula‑Guercy et plus évolué que celui du
Lazaret. Il est rapporté au morphotype cebennarum (Crégut‑
Bonnoure et al., 2010). Du côté de la Provence, vers la fin du
Pléistocène moyen (MIS 6), une espèce endémique, le thar des
Cèdres (Hemitragus cedrensis) est identifiée dans plusieurs
localités, comme à la grotte des Cèdres (Crégut‑Bonnoure,
1989), à la grotte de Rigabe (Var) et dans la couche H1 du
Bau de l’Aubesier (Vaucluse) (Crégut‑Bonnoure et al., 2010).
Ce petit bovidé, qui se serait différencié au cours du MIS 7,
à la suite d’un isolat géographique, à partir du tahr de Bonal
H. bonali (Crégut-Bonnoure, 2002) n’a pas été identifié pour
l’instant dans les Alpes‑Maritimes et en Ligurie.
d iscussions
L’association faunique du Lazaret et les stades évolu‑
tifs de certains taxons (Ursus spelaeus, Canis lupus, Cervus
elaphus, Capra ibex) permettent de rapporter les niveaux
archéologiques à la dernière période glaciaire du Pléistocène
moyen (MIS 6). Cette période froide est marquée par l’arri‑
vée du rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis) qui atteint
pour la première fois les côtes méditerranéennes et aussi par
la présence dans certaines unités archéostratigraphiques,
du glouton (Gulo gulo) et du renne (R. tarandus). De plus,
les cerfs, loups, renards, qui suivent la loi écologique de
Bergman, témoignent par leur forte taille, de l’installation
d’un climat plus frais que l’actuel à l’époque des occupations
humaines. Le renard roux donne des dimensions crâniennes
et post‑crâniennes qui se situent notamment entre les formes
actuelles allemandes et polonaises et celles de Scandinavie
(Valensi, 1994, 2009). Néanmoins, les espèces thermophiles
restent largement sur‑représentées au Lazaret : très importante
population de cerfs et présence de chevreuils, aurochs, daims
et éléphants antiques. La richesse de ces espèces tempérées
dans l’assemblage est la conséquence de leur maintien dans la
région au cours des périodes glaciaires et/ou de leur migration
vers la région qui a constitué une zone refuge. On notera égale‑
ment que l’éléphant antique (P. antiquus) est toujours présent
au Lazaret ; le mammouth laineux (M. primigenius) n’attei‑
gnant la région qu’au MIS 4, comme en témoignent quelques
restes identifiés aux Balzi Rossi (grotte du Prince et grotte
du Cavillon) (Moussous et al., 2014 ; Valensi et al., 2018).
En Ligurie, les particularités géographiques et clima‑
tiques ont conduit également à créer des zones refuges pour les
communautés animales. Certains taxons archaïques se main‑
tiennent haut en stratigraphie comme Hyena prisca et Cuon
priscus enregistré au stade MIS 5.5 à la Caverna delle Fate
(Psathi, 2003 ; Valensi et al., 2004a).
119
En ce qui concerne les proboscidiens, l’éléphant antique
Palaeoloxodon antiquus est encore présent dans les dépôts du
moustérien final au MIS 3 (foyer A de la grotte du Prince)
(Moussous et al., 2014). Puis, au Paléolithique supérieur,
Mammuthus primigenius reste le seul proboscidien d’Europe
continentale (Stuart 2005). Il est bien connu dans les assem‑
blages italiens du MIS3, mais devient quasi‑inexistant au
MIS 2 (Palombo et al, 2005 ; Braun et al, 2012). En Ligurie,
quelques éléments non travaillés d’éléphantidés ont été retrou‑
vés dans le Paléolithique supérieur (Cassoli et al., 1994), mais
c’est essentiellement sous la forme d’éléments de parure que
le mammouth a été identifié. Aussi, il est fort probable que les
pendeloques gravettiennes en ivoire qui ont été trouvées en
contexte sépulcral dans la grotte des Arene Candide (Cassoli
et al., 1994) et à la Barma Grande (Malerba et al., 2014) aient
été importées (Malerba et al., 2014 ; 2021).
D’un point de vue environnemental, la faune indique une
mosaïque de milieux favorisée par un relief incisé de vallées
jouxtant le littoral. Cependant l’abondance du cerf dans l’as‑
semblage des grands mammifères biaise les résultats et montre
une sur‑représentation du biotope forestier. Les données sont
différentes chez les microvertébrés qui indiquent plutôt une
prédominance des espaces ouverts (Hanquet et al., 2010 ;
Valensi et al., 2018).
De même, les sites moustériens de Ligurie renferment des
assemblages d’ongulés dominés par le cerf (Cervus elaphus).
Cet animal, toujours présent quelle que soit la période clima‑
tique, était le gibier de choix chez les acheuléens du Lazaret
mais aussi chez les Néandertaliens et les populations anato‑
miquement modernes de Ligurie. Seuls de très rares niveaux
d’occupation ont livré des associations fauniques qui n’étaient
pas dominées par le cerf : le foyer B de la grotte du Prince (avec
le bouquetin dominant), le niveau B de la grotte de Santa Lucia
superiore (avec le chamois dominant) et le foyer IIIB de Fate
(avec le chevreuil dominant) (Valensi et al., 2004a ; Lumley
et al., 2008).
Dans les sites moustériens des Alpes‑Maritimes, la
composition des assemblages fauniques renferme toujours
du cerf et du bouquetin. Dans les dépôts du MIS 5 de l’abri
Pié Lombard situé à Tourrettes‑sur‑Loup, dans l’arrière‑pays
grassois, le cerf est nettement mieux représenté dans la partie
supérieure des dépôts moustériens, tandis que le bouquetin
est l’espèce dominante des niveaux les plus profonds (Texier
et al., 2011). À la grotte du Merle, le peu de restes de grands
mammifères découverts se rapporte à un cerf, un chevreuil,
un bouquetin et un chamois.
Plus à l’ouest, en Provence, la Baume Bonne a livré des
dépôts datés du MIS8‑MIS6 (ens. III et IV) (Gagnepain et al.,
2005) renfermant principalement du cerf, du bouquetin des
Alpes et du cheval (Psathi, 1996 ; Valensi et al., 2005). Par
rapport aux Alpes‑Maritimes, on notera que les paysages moins
escarpés de la Provence conduisent à une meilleure représen‑
tation du cheval dans les assemblages fauniques, comme dans
les sites vauclusiens du Bau de l’Aubesier (Crégut‑Bonnoure
et al., 2010), d’Auzières 2 (Marchal et al., 2009), de la Baume
des Peyrards (Lumley, 1957) et de la Combette (Fernandez,
2006).
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
Patricia VALENSI et al.
120
d onnées
archéozoologiques
Les analyses archéozoologiques précédentes ont montré
que, parmi les vingt‑six taxons de grands mammifères iden‑
tifiés, le cerf et le bouquetin ont été préférentiellement chas‑
sés par les acheuléens sur tous les niveaux d’occupation. Les
carcasses étaient rapportées entières à la grotte pour y être
traitées afin de récupérer la viande, la graisse et la moelle,
mais aussi les produits dérivés : récupération de la peau et des
tendons, utilisation des os et des bois. Les ongulés de grande
taille (aurochs et cheval) sont issus de chasses anthropiques
plus occasionnelles et ont subi un transport sélectif des parties
les plus nutritives sur le site d’habitat (Valensi, 2000 ; Valensi
et al., 2013 ; Charayannapatna et al., 2018 ; Daujeard et al.,
2018). Quant aux petits ongulés (chamois et chevreuil) une
étude récente a montré que ces animaux provenaient d’une
chasse anthropique mais que dans certains niveaux (ens. CIII),
les canidés avaient rogné des restes de carcasses abandonnées
dans la grotte par les acheuléens (Hassani et al., 2017).
a
b
c
FIG. 7
Partie basale d’un bois de chute droit de Cervus elaphus (Lazaret‑UA28). Ce bois a été aménagé par fracturation,
avec enlèvement du deuxième andouiller (sur‑andouiller) et du merrain au‑dessus du deuxième andouiller (a). Le bord
de fracture du merrain indique que le bois était frais lors de la fracturation (b). L’absence de pierrure, côté interne,
semble liée à une utilisation du bois comme percuteur (c).
Base part of a right antler of Cervus elaphus (Lazaret - AU 28). This antler was prepared by fracturing after removing
the second tine (Bez tine) and the beam above the second tine (a). The fractured edge of the beam indicates that the
antler was fresh when it was fractured (b). The absence of the burr on the internal side seems to be linked to the use
of the antler as a hammer (c).
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France
Bois de cervidés
Dans les derniers niveaux fouillés (UA 26 – UA 29)
datés d’environ 160‑170 ka (Michel et al., 2018), une quan‑
tité importante de bois de chute a été mise au jour. Et tous ces
bois ont été intentionnellement aménagés. Le merrain a été
fracturé au‑dessus du deuxième andouiller et ce dernier a été
systématiquement retiré en le fracturant à sa base. Le premier
andouiller n’est pas retiré ; il peut avoir été néanmoins cassé
post‑dépositionnellement. Le cercle de pierrures est endom‑
magé, écrasé, côté interne. Ces marques d’écrasement avec
perte des pierrures pourraient s’expliquer par une utilisation du
bois comme percuteur tendre pour le débitage et/ou la retouche
des bifaces. En effet, la série de bois aménagés est issue des
niveaux archéologiques très riches en bifaces (entre 30 et
60 bifaces par unité) (fig. 7).
Saisonnalité et durée d’occupation
À partir des analyses dites classiques d’usure et d’érup‑
tion dentaire réalisées sur les cerfs et les rares bouquetins
immatures, nous pouvons présenter des résultats prélimi‑
naires de saisonnalité et de durée d’occupation de la grotte,
pour chaque unité archéostratigraphique (fig. 8). Les résultats
indiquent des installations de plus ou moins longue durée
121
comme par exemple, une occupation de quelques semaines
en automne sur l’UA 25 (Valensi et al., 2013), et des occu‑
pations s’étalant sur plusieurs saisons sur l’UA 26 et l’UA
28 (M’Hamdi, 2012 ; Channarayapatna Visweswara, 2013 ;
Lumley dir., 2018).
Concernant l’UA 29 qui a fait l’objet ici d’une étude
détaillée, l’occupation s’est déroulée sur une grande partie de
l’année, excepté en été. Les cerfs, jeunes et adultes, étaient
surtout chassés en hiver et au printemps. On remarque une
augmentation graduelle de la prédation sur ce gibier, entre
l’automne et le printemps. L’acquisition des bouquetins
est plutôt régulière. La cémentochronologie confirme les
données des juvéniles pour l’UA29, avec des acquisitions
régulières d’adultes tout le long de la période d’occupation
de la cavité (fig. 9).
De façon plus précise, l’éruption dentaire indique qu’une
partie de l’abattage des jeunes cerfs est circonscrite à la fin
de l’automne. Une seconde période de mortalité des jeunes
est identifiable pour les deux taxons : elle recouvre le milieu
de l’hiver et le printemps. Chez le cerf, les jeunes individus
pointent particulièrement la fin de l’hiver et le printemps, alors
qu’aucune période préférentielle ne ressort pour le bouquetin.
Les résultats obtenus en cémentochronologie sur les restes
dentaires des adultes donnent les mêmes résultats. L’ensemble
des restes indiquent donc une fréquentation de la cavité sur
FIG. 8
Estimation de la saison et de la durée d’occu‑
pation de la grotte du Lazaret, par unité archéo‑
stratigraphique, à partir de la dentition des cerfs
immatures. Les pointillés correspondent à des
estimations peu précises obtenues sur des indivi‑
dus de 3ème année.
Estimation of the season and duration of
occupation of the Lazaret cave, by archaeostratigraphic unit, from the dentition of immature
deer. The dotted lines correspond to imprecise
data obtained on 3rd year individuals.
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
122
Patricia VALENSI et al.
FIG. 9
Saisons d’abattage du cerf et du bouquetin de l’UA29
du Lazaret. Effectifs (en NMI) cumulés par espèce et
par classe d’âge, d’après l’usure et l’éruption den‑
taire des juvéniles (en clair) et de la cémentochrono‑
logie sur les dents d’adultes (en foncé).
Deer and ibex slaughter seasons in UA29 Lazaret.
NMI cumulated by species and by age class, based
on tooth wear and eruption of juveniles (in light) and
cementochronology on adult teeth (in dark).
FIG. 10
Saisons d’abattage du cerf et du bouquetin de
l’UA29 du Lazaret. Effectifs (en NMI) estimés par
saison, d’après l’usure et l’éruption dentaire des
juvéniles (en marron) et de la cémentochronologie
sur les dents d’adultes (en vert).
Deer and ibex slaughter seasons in UA29 Lazaret.
NMI estimated by season, based on tooth wear
and eruption of juveniles (in brown) and cementochronology on adult teeth (in green).
plusieurs saisons : de l’automne à la fin du printemps avec
une forte indication d’occupation fin hiver-printemps (fig. 10).
Dans l’UA29, au moins 32 cerfs et 11 bouquetins ont été
identifiés. Les profils de mortalité du cerf et du bouquetin,
établis par ailleurs, sont très similaires (Roussel et al., 2021).
Les adultes sont majoritaires et les juvéniles sont bien repré‑
sentés. Ces profils à dominance adulte dans la force de l’âge
sont typiques des assemblages anthropiques créés par des
épisodes de chasse. La proportion non négligeable de juvéniles
Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 61, 2022
indiquerait la prédation sur des groupes composés de femelles
avec leurs petits. En d’autres termes, les profils de mortalité
des deux taxons impliqueraient des acquisitions ponctuelles
tournées vers les groupes familiaux, rencontrés entre la fin
de l’automne et la fin du printemps. La collecte des bois de
chute de cerf a dû s’effectuer durant la saison hivernale. Ces
données permettent de proposer l’hypothèse d’une prédation
non sélective sur des troupeaux présents à proximité du site.
Au temps des derniers acheuléens du sud-est de la France
Située en bord de mer, la grotte du Lazaret constitue un
refuge idéal en période froide et permet l’exploitation de diffé‑
rents biotopes tels que les prairies, les ripisylves et les zones
escarpées.
Lors de l’occupation de l’UA29, les acheuléens du
Lazaret ont exploité régulièrement l’environnement proche,
tant pour le gibier que pour la matière première lithique, prove‑
nant en majorité de la plage ou des fleuves côtiers du Paillon
et du Var (rayon de moins de 10 km, Lumley dir., 2018). Les
roches les plus lointaines proviennent du massif de l’Estérel,
à seulement 40 km du site, indiquant un déplacement de cette
population depuis l’ouest, le long du corridor. La saisonna‑
lité nous oriente vers une occupation longue ou des venues
récurrentes durant une grande partie de l’année. Les hommes
semblent avoir occupé la grotte principalement pendant la
saison froide, comme campement résidentiel. Ils ont exploité
un gibier rentable et abondant autour du site, le cerf élaphe.
conclusion
La composition des faunes du Lazaret est relativement
homogène tout au long de la stratigraphie. Cette association
faunique et le stade d’évolution de certains taxons permettent
de rapporter l’ensemble des dépôts archéologiques à la dernière
période glaciaire du Pléistocène moyen, soit au MIS 6.
Ces données biostratigraphiques ont pu être corrélées
avec celles d’autres gisements de la région liguro‑provençale.
En raison de la localisation des gisements (position méridio‑
nale, proximité de la mer et de la montagne), l’amplitude des
refroidissements perçus est toujours modérée, et les cortèges de
faunes ne sont jamais entièrement renouvelés, permettant ainsi
un certain maintien de la biodiversité locale. Aussi, plusieurs
particularités ont été observées sur les assemblages fauniques :
123
une sur‑représentation des espèces dites tempérées quelle que
soit la période climatique concernée, la rareté des taxons froids
ou leur arrivée tardive dans la région (rhinocéros laineux au
MIS 6, mammouth laineux au MIS 4), le maintien de quelques
taxons archaïques haut en stratigraphie, l’apparition d’espèces
endémiques (cas des petits bovidés) et des évolutions morpho‑
logiques particulières (cas des ours des cavernes).
Dans ce contexte de zones refuges, la grotte du Lazaret
a livré l’une des plus importantes populations de cerfs pléis‑
tocènes de période glaciaire. Cet animal, rentable du point de
vue énergétique, au niveau de son acquisition, de son transport
et de son exploitation (viande, graisse, peau, tendon, bois, etc.)
est ainsi devenu le principal gibier des acheuléens du Lazaret.
La richesse de la collection nous permet d’obtenir
des informations essentielles sur la gestion des populations
animales par les groupes humains occupant la grotte et d’en
souligner certaines originalités selon les niveaux d’occupation.
Le cerf reste également le principal gibier des moustériens de
Ligurie. En revanche, le cheval tend à prendre plus d’impor‑
tance, aux dépens du cerf, chez les moustériens de la Provence
occidentale.
Remerciements
Nous tenons à remercier Henry de Lumley et Anna Echassoux
(Institut de Paléontologie Humaine, Paris) et Elena Rossoni‑
Notter (Musée d’Anthropologie préhistorique, Monaco)
pour leur invitation au colloque « Premiers Peuplements
Préhistoriques des Alpes-Maritimes, de Monaco et de
Ligurie au sein de leurs paléoenvironnements » qui s’est tenu
à Monaco, en février 2022. Nos remerciements vont aussi
à Louise Byrne pour la version anglaise du résumé.
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