La conversion massive par Alexandre le Grand des trésors accumulés par les Achéménides en monnaies d’or et d’argent est un phénomène majeur de l’histoire monétaire mondiale. Par son ampleur, cette augmentation soudaine de la masse...
moreLa conversion massive par Alexandre le Grand des trésors accumulés par les Achéménides en monnaies d’or et d’argent est un phénomène majeur de l’histoire monétaire mondiale. Par son ampleur, cette augmentation soudaine de la masse monnayée en circulation ne se compare avec aucun autre épisode antique ou médiéval. Ce n’est pas tant l’accroissement du nombre d’études de coins ou de trésors recensés qui nous autorise aujourd’hui à proposer une vision plus nourrie de ce grand dossier historique. Nos idées se sont à ce propos précisées, mais pas profondément modifiées. Sauf que, pour l’étude de la circulation par les trésors, on n’avait pas proposé jusqu’ici de vision globale tant géographique que chronologique, et que – ce faisant – il est permis de mettre en évidence un schéma très clair quant à la question de savoir dans quelle direction est parti l’or monnayé après 250 av. J.-C. Mais il est surtout possible d’agréger au dossier quatre types d’arguments, qui tous paraissent renforcer le même schéma directeur : 1) les analyses métallographiques, en particulier celles portant sur les éléments traces (platine et palladium), 2) une attention renforcée aux rapports entre monnaies et orfèvrerie (pour lesquels Yanis Touratsoglou avait déjà tracé la voie), 3) le traitement du dossier épigraphique, maigre mais fortement instructif, et – last but not least – 4) la prise en compte du prisme plus grossissant que déformant de la Nouvelle Comédie, Plaute en tête, dont – s’agissant des monnaies – les archétypes fonctionnent toujours dans le même sens. L’enquête permet de montrer que, pour l’essentiel, l’or monnayé d’Alexandre a emprunté des circuits courts, à la fois 1) temporellement puisqu’il disparaît pour l’essentiel en une grosse génération, 2) géographiquement puisqu’il semble avoir surtout concerné la Macédoine et les Balkans, et 3) socialement puisqu’il paraît confiner à des archétypes qui ne s’éloignent pas beaucoup de la sphère militaire. Dès lors, et au contraire de ce que les historiens ont généralement soutenu à la suite de Gustav Droysen, il ne semble pas que l’or monnayé d’Alexandre, essentiellement transformé en dépenses de prestige non productives, a beaucoup contribué à créer de la richesse durable par l’augmentation des capacités de production.