Entre 2013 et 2016, l’insurrection Boko Haram au Nigeria, et son extension vers le Cameroun singulièrement, ont donné lieu à un effort scientifique de compréhension des modes d’actions et des différentes trajectoires de la production de...
moreEntre 2013 et 2016, l’insurrection Boko Haram au Nigeria, et son extension vers le Cameroun singulièrement, ont donné lieu à un effort scientifique de compréhension des modes d’actions et des différentes trajectoires de la production de la terreur. Cet effort a cependant buté à de défis méthodologiques concernant la conceptualisation de la diversité des modes opératoires de BokoHaram dans un contexte régional où les solidarités sociologiques, les itinéraires d’accumulation et la récurrence des crises politico-militaires sur fond de dissémination des armes dans le Bassin du lac Tchad, constituent des facteurs de sédimentation et de renouvellement de la terreur de Boko Haram.La présente étude se propose de faire une analyse de l’évolution des modes opératoires de Boko Haram au Cameroun. Dans une approche combinatoire, l’étude analyse, dans l’évolution de la menace du Nigeria vers le Cameroun, les formes dominantes d’action visant à produire la violence, à sanctuariser des espaces et à approvisionner les unités combattantes disséminées dans les Etats de Bornou, Yobe et Adamawa ainsi que le long de la frontière avec le Cameroun.Sur la base des données de première main collectées sur le terrain et d’une consultation des articles de presse, l’analyse montre que, loin d’être uniformes, les incursions, attaques, attentats et autres formes de conquête de Boko Haram relèvent d’un opportunisme situationnel et d’une réappropriation d’anciennes pratiques locales de prédation criminelle.
Mots clés : Boko Haram, Modes opératoires, incursions et attaques, attentats, Nigéria, Cameroun