Résumé : Attesté à partir du IIe s. av. J.-C. et porté par le développement du culte d’Isis et de sa gens dans le monde gréco-romain, le sistre arqué d’origine égyptienne devient assez tôt, au Ier s. de n. è., l’un des emblèmes phares...
moreRésumé :
Attesté à partir du IIe s. av. J.-C. et porté par le développement du culte d’Isis et de sa gens dans le monde gréco-romain, le sistre arqué d’origine égyptienne devient assez tôt, au Ier s. de n. è., l’un des emblèmes phares des isiaques, et ce durant toute la période impériale. À la fois instrument de musique, objet de culte et attribut politique et religieux, cet idiophone s’impose dès la période augustéenne comme un marqueur identitaire, utilisé et perçu comme tel aussi bien par les dévots d’Isis que par les autres individus, qu’il s’agisse des poètes de la cour impériale ou des chrétiens.
Le sistre devient dès lors l’élément récurrent d’un discours littéraire et iconographique partagé entre ceux qui prennent part à ce culte très spécifique et leurs opposants. Une évolution qu’il s’agit d’expliciter, le sistre ayant visiblement remplacé dans ce rôle le basileion d’Isis, marqueur visuel par excellence de l’identité isiaque durant l’époque hellénistique. S’il est avant tout représenté comme attribut de la déesse Isis, il est souvent « porté » par des êtres humains. Prêtres ou simples dévots, jamais « musiciens », le statut de ces individus demeure encore très flou.
L’historiographie traditionnelle présente systématiquement tout sistre retrouvé dans le monde gréco-romain comme isiaque. Cette communication propose de revenir sur l’objet sistre en tant que production manufacturée, les textes littéraires décrivant l’instrument et sa sonorité étant relativement peu nombreux. Par bonheur, l’archéologie offre un nombre d’exemplaires de sistres relativement important pour la seule période gréco-romaine, en particulier dans la partie occidentale de l’Empire. Le plus souvent de bronze, l’instrument semble posséder des spécificités par rapport à tous les autres types de sistres connus dans l’Antiquité, et notamment par rapport au sistre pharaonique dont il est l’héritier direct. Cette analyse repose sur trois critères principaux : traitement et assemblage du métal, mécanisme sonore de l’instrument, ornementation de l’objet. La mise au point d’une typologie détaillée de l’objet devrait permettre de mieux préciser ce qu’est un « sistre isiaque » et fait partie de nos objectifs de thèse.
Si le travail d’inventaire réalisé jusqu’ici montre une remarquable homogénéité de forme et de fonctionnement pour la majorité des exemplaires retrouvés, certains sistres s’éloignent plus largement de ce modèle canonique, le plus souvent aux limites du monde gréco-romain lui-même. Au sein du corpus des sistres considérés avec certitude comme isiaques, la variété de taille ou d’ornementation est très importante et mérite d’être signalée. Cet axe de travail peut permettre de dessiner, à terme, une cartographie de la diffusion de l’instrument, et d’identifier d’éventuels lieux de production ainsi que certaines spécificités locales.