Évaluation de l'émergence possible du virus Chikungunya et du risque de transmission vectorielle au Québec
- Le virus Chikungunya (CHIK) est un arbovirus transmis aux humains par la piqûre des moustiques Ae. Aegypti et Ae. Albopictus, les mêmes espèces qui sont impliquées dans la transmission des virus de la dengue, de la fièvre jaune, et du Nil occidental, entre autres.
- Les principaux symptômes de l'infection par le virus CHIK sont la fièvre aiguë et des arthralgies sévères. Les symptômes articulaires peuvent persister pendant des mois ou des années. La majorité des cas sont symptomatiques.
- Le premier cas de transmission autochtone du virus CHIK dans les Amériques a été déclaré dans les Caraïbes sur l'île de Saint-Martin en décembre 2013 et aux États-Unis en Floride en juillet 2014.
- L'exposition à des moustiques infectés est le principal facteur de risque d'infection dans les régions endémiques. La protection personnelle est le moyen de prévention primaire.
- Compte tenu du nombre important de voyageurs canadiens qui visitent les nouveaux pays endémiques dans les Amériques, il faut s'attendre à une augmentation du nombre de cas d'infection importés. Au Québec, 62 cas importés ont été confirmés en date du 22 octobre 2014. Un haut degré de vigilance vis-à-vis les cas importés des virus CHIK et de la dengue est recommandé, y compris la sensibilisation des cliniciens et des cliniques santé-voyage. Les autorités de sûreté du sang (Héma-Québec) doivent être attentives.
- Le risque de transmission autochtone est relié à l'importation du virus par des patients virémiques dans les régions qui présentent des vecteurs compétents. Considérant les conditions climatiques du Québec actuellement, le risque d'établissement des principaux vecteurs du virus CHIK est très faible pour la prochaine décennie.
- Étant donné les prévisions du changement climatique au Québec à long terme, et les possibilités d'acclimatation de l'espèce vectorielle Ae. Albopictus, l'aire de répartition pourrait s'étendre aussi loin qu'au nord de la frontière québécoise.
- Les voyageurs en provenance des régions affectées doivent utiliser les mesures de protection personnelle afin de prévenir les piqûres et consulter un médecin lorsque les symptômes de la maladie se présentent. Ces mesures permettront de réduire le risque d'introduction du virus dans la population de moustiques au Canada et de limiter la mise en place d'un cycle de transmission locale pendant la saison estivale.
- Dans cet avis, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) fait six recommandations, dont l'élaboration d'un plan de surveillance humaine et entomologique, le transfert des connaissances aux professionnels de la santé et aux voyageurs ainsi que l'intégration de la stratégie de lutte contre les moustiques vectoriels dans une perspective globale de lutte contre les maladies vectorielles émergentes et d'adaptation aux changements climatiques.