Mythe et rite :
La fondation des jeux olympiques chez Pindare
Quand Pausanias, au IIe siècle après J.-C., visite le site d’Olympie, décrit le sanctuaire et traite de sa fondation ainsi que de l’histoire des jeux, il lui arrive de faire quelques allusions à Pindare, qui connut Olympie six à sept siècles auparavant. La mention la plus célèbre et la plus précise concerne le sanctuaire de Zeus (alsos), que l’on appelle V altis. Pausanias (en V, 10, 1) prend Pindare comme témoin pour attester l’ancienneté de cette appellation, qui serait une altération du mot alsos. L’allusion est assez précise pour qu’on puisse déterminer, sans aucune hésitation possible, le poème en question. C’est la dixième Olympique en l’honneur d’un jeune homme nommé Agésidamos, vainqueur aux jeux olympiques de 476 au pugilat, où se trouve effectivement le mot altis ; et c’est le seul passage de l’œuvre conservée de Pindare où ce mot soit attesté1. Pausanias fait une seconde allusion à Pindare dans sa description des autels du sanctuaire, mais elle est moins précise, car il ne donne aucune indication sur l’œuvre du poète où elle se situe. Pausanias, signalant un autel commun d’Artémis et d’Alphée, le dieu-fleuve qui coule le long du sanctuaire d’Olympie (V, 14, 6), déclare : «Pindare en a donné la raison dans une ode et nous en traitons nous-même dans le développement consacré à Létrines ». Il est bien question dans les Olympiques de Pindare, comme nous le verrons, des six autels doubles qui servaient au culte de douze dieux et le culte de l’Alphée est bien signalé, mais le poème où Pindare devait expliquer le rite par le mythe est perdu, car ce que Pausanias nous dit dans son développement sur Létrines (VI, 22, 8-10) concernant l’amour déçu d’Alphée pour Artémis ne se trouve dans aucun poème conservé de Pindare.
Si l’on se fiait au seul témoignage de Pausanias, on pourrait donc penser que Pindare n’a fait que quelques rares allusions au sanctuaire de Zeus à Olympie à l’occasion de ses éloges des vainqueurs. En réalité, les références parcimonieuses de Pausanias à Pindare ne donnent pas la moindre idée de la vision remarquablement précise et cohérente de la fondation du sanctuaire et des
(1) Pindare, Olympique X, v. 45.