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LES FINANCIERS SOUS LE SECOND EMPIRE

Les banquiers ont joué, comme chacun sait, un rôle préé-éminent durant le Second Empire. Non seulement ils ont été les grands distributeurs du crédit, dont toute l'Europe profi¬ tait, mais encore, ils sont intervenus dans les finances publi¬ ques pour en régulariser le cours, assumer la réussite des grands emprunts qui périodiquement puisaient dans l'épargne publique des fonds d'importance croissante. Aussi les rencon-tre,-t-on partout où les affaires peuvent se conclure : dans l'entourage de l'Empereur au Ministère des Finances qui fut longtemps tenu par Fould, dans les conseils d'administration des grandes entreprises. Le cosmopolitisme financier les amène à voyager par toute l'Europe, en quête d'affaires. Ainsi, en mai 1861, Isaac Péreire part pour Saint-Pétersbourg; en août 1882, le baron de Rotschild est à Turin où il négocie le rachat des chemins de fer napolitains. Les Rotschild n'ont point d'ailleurs acquis la nationalité française : s'ils l'ont sol¬ licitée, en 1848, c'est par crainte de la révolution; mais le baron James, né à Francfort en 1792, restera jusqu'à sa mort, survenue en 1868, consul d'Autriche à Paris.

Jusqu'en 1857, les rivalités de banque ont eu un caractère moins âpre qu'à partir de cette date. L'Empire autoritaire, la politique des grands travaux favorisent les insufflations de crédits. Peu à peu, la place de Paris acquiert en Europe une prééminence incontestée. Cette période voit l'essor du Crédit Mobilier, lancé dans l'aventure financière en 1852 par les frè¬ res Péreire, banque d'affaires et bientôt de spéculation qui, en 1859, comptait parmi ses filiales le Crédit Mobilier espagnol,