Publications récentes by Erwan Sommerer
Clarisse Anceau, Élie Aslanoff, Louis Hill et al. (dir.), Les Juristes anarchistes. Vers de nouvelles utopies concrètes, Paris, Classiques Garnier, p. 147-163, 2024
Congrès AFSP Grenoble 2024 - 2 au 4 juillet
La Revue du MAUSS, 2023
Le constructivisme social de Peter L. Berger et Thomas Luckmann place au cœur de ses analyses la ... more Le constructivisme social de Peter L. Berger et Thomas Luckmann place au cœur de ses analyses la capacité des individus à agir sur leur environnement institutionnel. Plus précisément, il s’intéresse tout autant à l’oubli de cette capacité – et aux phénomènes de fixation et de naturalisation des normes qui en découlent – qu’à sa réactivation à l’occasion de crises spécifiques. Dans cet article, nous étudierons principalement ce double phénomène dans le domaine des identités, tout en établissant un lien avec l’anarchisme. Pour cela, nous rappellerons en quoi les textes pionniers du constructivisme social, dans lesquels la notion de « réification » occupe une place notable, sont riches d’enseignements sur le lien entre autonomie et plasticité identitaire. Puis nous aborderons deux applications possibles de ce lien : nous verrons que les travaux de James C. Scott sur l’Asie du Sud-Est font de la fluidité de l’identité un mode privilégié de résistance à l’État, avant que l’étude du concept de « désidentification » chez José Esteban Muñoz, ainsi que des stratégies post-identitaires propres au mouvement queer, ne vienne compléter ces réflexions et permettre de mesurer la convergence entre ces auteurs, les pratiques qu’ils décrivent et la pensée anarchiste.
Journée d'étude du groupe des juristes anarchistes de Sciences po - 11/12/2023
Vêtements, modes et résistance, 2023
À partir du constat d'une certaine cécité de la théorie politique contemporaine vis-à-vis de la q... more À partir du constat d'une certaine cécité de la théorie politique contemporaine vis-à-vis de la question des pratiques vestimentaires, nous voudrions proposer quelques pistes pour souligner le caractère indissociable du vêtement et de la résistance au pouvoir. Ainsi, en rappelant tout d'abord que les acteurs en révolte ne sont pas que des corps abstraits, mais que les habits qu'ils revêtent participent de la subversion des rapports de force sédimentés dans les institutions, nous insisterons sur la nécessaire prise en compte de la matérialité de la contestation. Puis, dans un second temps, nous montrerons que la théorie queer, et surtout queer crip, à travers les notions de « visibilité radicale » et de désidentification, place dans une perspective intersectionnelle les enjeux vestimentaires au cœur d'une démarche de perturbation des normes identitaires adossées à des idéaux binaires et validistes. Plus précisément, en analysant le projet artistique et militant de Sky Cubacub, styliste à l'origine de Rebirth Garments, nous verrons que le principe même de performance genderfuck, qui vise à brouiller publiquement les frontières entre les genres à des fins de déstabilisation politique, fait du refus d'être identifié un acte émancipateur.
François Hourmant et Erwan Sommerer (dir.), Vêtements, modes et résistance, Paris, Hermann, 2023, Jun 21, 2023
Des Gilets jaunes au loden de la droite catholique ou au style « preppy » du Réarmement moral, ... more Des Gilets jaunes au loden de la droite catholique ou au style « preppy » du Réarmement moral, du vestiaire genderfuck des militant·e·s queer crip à la mise ordinaire de ceux de Lutte ouvrière, le vêtement — entre ostentation et discrétion — nourrit le spectre des résistances, alimente la scénographie des contestations et leur confère une visibilité, quitte à jouer, comme les Black Blocs, sur l’anonymat protecteur.
Langage politique, le vêtement concourt à la construction d’un antagonisme qu’il révèle et renforce. Il relève de ces formes de communication non-verbales qui disent à la fois la contestation des pouvoirs et l’empowerment féminin, le rejet de l’économie marchande mondialisée et la valorisation du recyclage prôné par les fashion activists.
Mobile et fluide, le vestiaire fait aussi l’objet de multiples circulations et transferts, comme l’attestent les trajectoires contrastées du jean, objet d’une intense convoitise pour la jeunesse soviétique des années 1960, ou celle du perfecto, de Marlon Brando à Frigide Barjot, égérie de la Manif pour tous.
Théorie politique by Erwan Sommerer
Réfractions, 2020
L’un des aspects frappants de la pensée anarchiste est qu’elle rend futile la philosophie politiq... more L’un des aspects frappants de la pensée anarchiste est qu’elle rend futile la philosophie politique classique dans sa quête du meilleur régime. Plus de deux millénaires de réflexions sur la forme à donner au bon gouvernement sont ainsi congédiés et renvoyés à leurs limites, à savoir l’incapacité à penser hors de l’Etat et hors des formes institutionnelles figées. Qu’importe qu’il y ait un ou plusieurs chefs, qu’ils soient héréditaires ou élus ou que les pouvoirs soient concentrés ou séparés : dès lors que l’on garde comme postulats la nécessité d’un clivage entre gouvernants et gouvernés ou l’impératif d’adhésion à des valeurs homogènes, ce n’est jamais qu’un seul type d’organisation politique qui est alors discuté. Mais faut-il faire une exception pour la démocratie ? Après tout, elle satisferait à des exigences de justice, d’égalité, d’ouverture à l’altérité, etc., que les autres ordres politico-institutionnels ne peuvent remplir. Dans certaines conditions, anarchisme et démocratie pourraient donc converger au point de devenir presque synonymes. C’est l’hypothèse que nous allons réfuter ici en montrant les apories des théories de Lefort, Castoriadis, Laclau et Abensour. Si l’anarchisme est bien comme nous le soutiendrons non le simple rejet de l’Etat, mais la décision répétée d’un individu ou d’un groupe d’individus quant à ses propres normes d’existence dans une situation de pluralisme véritable, donc une forme paroxystique de choix politique et moral située en amont de toute organisation de la Cité, alors il ne peut accorder de faveur particulière à un type de régime ou un autre.
Sidonie Verhaeghe (dir.), Anarchisme et sciences sociales, Lyon, Atelier de Création Libertaire, 2021
L’anarchisme et la sociologie de la connaissance ont-ils des choses à se dire ? Nous défendrons i... more L’anarchisme et la sociologie de la connaissance ont-ils des choses à se dire ? Nous défendrons ici l'hypothèse d'une relation d'implication mutuelle entre les deux. D’une part parce que l’anarchisme pourrait bien être sinon l’aboutissement logique de la sociologie de la connaissance, du moins l’une de ses conséquences possibles, et d’autre part parce que cette dernière pourrait apporter en retour à l’anarchisme une justification théorique solide. Pour développer cela, notre point de départ sera la sociologie de Karl Mannheim, qui propose une réflexion approfondie sur l’anarchisme et décrit celui-ci comme la version la plus radicale de la mentalité utopique et de son projet de décrochage envers l’ordre existant et ses déterminismes. Puis, dans un second temps, nous nous intéresserons aux travaux d’Alfred Schütz, de Peter Berger et de Thomas Luckmann, qui offrent une analyse non seulement des processus de réification institutionnelle et identitaire, mais aussi de la dimension construite, donc malléable et contestable, des institutions et des identités.
Congrès AFSP Lille - 5 au 7 juillet, 2022
RUSCA n° 12, 2021
Cet article vise à défendre le lien entre conversion morale et autonomie. Pour cela, nous nous ap... more Cet article vise à défendre le lien entre conversion morale et autonomie. Pour cela, nous nous appuierons sur plusieurs perspectives philosophiques et sociologiques qui ont en commun de mettre en avant la capacité de l’individu à rompre avec sa situation morale initiale, que celle-ci soit politique ou religieuse, pour endosser de nouvelles convictions. Nous verrons que trois notions d’origine aussi différente que le changement de Gesinnung chez Kant, l’instant sartrien et l’alternation chez Berger et Luckmann renvoient à un processus de fondation de soi qui marque le choix entre des systèmes de valeurs incommensurables en même temps qu’une prise de position du converti sur son régime d’appartenance. Cela nous conduira à aborder de front le problème de la possibilité, pour un individu, de maîtriser ses convictions les plus profondes et son identité morale au point de pouvoir en changer par un acte de volonté. C’est précisément cet acte que nous définirons comme la décision d’auto-réification constitutive du sujet autonome.
Loxias n° 18, 2021
Cet article se propose d’interroger les limites de la tolérance libérale. Ainsi, le libéralisme e... more Cet article se propose d’interroger les limites de la tolérance libérale. Ainsi, le libéralisme est souvent présenté comme le modèle le plus accueillant envers la pluralité des opinions ou des croyances. Mais se pose alors le problème des doctrines illibérales défendues par des individus ou des groupes intolérants. La tolérance libérale doit-elle être maximale ou des conditions telles que l’adhésion à un corpus de normes ou de valeurs spécifiques doivent-elles être imposées ? Et lorsqu’elles ne sont pas respectées, quels moyens persuasifs ou coercitifs l’Etat libéral a-t-il le droit d’employer ? L’étude de plusieurs réponses de la philosophie politique à ces questions, celles du perfectionnisme libéral, du libéralisme politique et du modus vivendi, nous permettra de marquer la distinction entre régime libéral et tolérance et de justifier notre préférence pour les situations de pluralisme agonistique.
Réfractions, 2017
Certains des passages les plus célèbres de L’ Unique et sa propriété sont ceux où Stirner exprime... more Certains des passages les plus célèbres de L’ Unique et sa propriété sont ceux où Stirner exprime avec virulence le refus d’endosser une cause et de s’engager durablement en faveur d’une conception du bien, de la justice ou de la vérité. Cette attitude trouve une illustration frappante dans la critique des partis, qui aboutit à un éloge du « transfuge » et du « renégat », figures de la liberté. Cette position peut susciter la perplexité. Mais nous pensons qu’elle nous dit quelque chose d’essentiel sur ce que peut être une vision radicale de l’autonomie et de la souveraineté individuelle. Sans nous enfermer dans une stricte perspective stirnérienne, nous souhaitons donc la prendre comme point de départ pour explorer ce que pourrait être une approche spécifiquement anarchiste de la subjectivité à l’aune d’un certain nombre de corpus théoriques contemporains. Notre objectif sera double : il s’agira d’une part d’analyser en détails l’inconstance du sujet autonome, et d’autre part de confronter celui-ci à son envers, à savoir le sujet incarné dans une identité fixe ou n’existant qu’à travers la fidélité à une vérité.
Cités, 2020
Parmi les définitions contemporaines de la démocratie, il en est une qui établit une relation log... more Parmi les définitions contemporaines de la démocratie, il en est une qui établit une relation logique, voire un lien de nécessité, entre ce régime et des phénomènes tels que la conflictualité ou la désobéissance. La démocratie serait accueillante envers les « tumultes » socio-politiques dont les thèses néo-républicaines ont naguère décelé la valorisation chez Machiavel, et dont le rôle serait la préservation de la liberté face à la corruption et aux excès de pouvoir des gouvernants. Elle serait un ordre inachevé, imparfait, au sein duquel une place serait volontairement ménagée pour le désordre. Aussi stimulant soit-il, nous ne partageons pas ce point de vue. Nous nous proposons au contraire dans cet article de prendre le contre-pied de cette définition et de la réfuter. Notre propos sera de démontrer non seulement qu’il n’existe pas de lien de nécessité entre démocratie et désordre, mais que ce régime n’est pas plus ouvert qu’un autre aux conflits ou à la contestation. (https://www.cairn.info/revue-cites-2020-3-page-25.htm)
Colloque : Décentrement(s), théories et pratiques d’un concept nomade, Université d'Orléans, 2022
Colloque : La Crise de la démocratie libérale, Institut Catholique de Paris / Université de Grenade, 2022
20232A partir da constatação de certa cegueira da teoria política contemporânea em relação à ques... more 20232A partir da constatação de certa cegueira da teoria política contemporânea em relação à questão das práticas de se vestir,1mesmo que parte significativa do pensamento atual sobre a construção de antagonismos coloque a identidade –e, portanto, as diferentes formas de expressão e de afirmação individual ou coletiva no espaço público –como chaves para as mobilizações contestatórias, gostaríamos de propor algumas abordagens para destacar a inseparabilidade das roupas e da resistência ao poder. Portanto, ao destacar inicialmente que os sujeitosque se revoltam não são apenas corpos abstratos, mas que as roupas que eles usam contribuem para a subversão das relações de poder sedimentadas nas instituições –em primeiro lugar, as funções sociais reificadas –, enfatizamos a necessidade de se considerar a materialidade da contestação. Em um segundo momento, mostraremos que a teoria queere, especialmente, a queer crip,2por meio dos conceitos de “visibilidade radical” e desidentificação, coloca, em uma perspectiva interseccional, a questão das práticas de se vestir no centro de uma abordagem que perturba as normas identitárias ligadas a ideais binários e capacitistas.3Mais especificamente, ao analisar o projeto artístico e ativista de Sky Cubacub, estilista que deu origem a Rebirth Garments, veremos que o próprio princípio da performance genderfuck, que busca publicamente confundir as fronteiras entre gêneros para fins de desestabilização política,4faz da recusa em ser identificado –e da declaração dessa recusa aos olhos dos outros –um ato emancipatório.
Transversalités, 2018
Nous démontrerons dans cet article l’échec de l’usage chez Chantal Mouffe de certains concepts d... more Nous démontrerons dans cet article l’échec de l’usage chez Chantal Mouffe de certains concepts de Carl Schmitt à des fins de contestation de la tendance post-politique du libéralisme. Plus précisément, nous constaterons que les carences que Mouffe dénonce dans la pensée libérale se retrouvent dans sa propre théorie de la démocratie agonistique : malgré ses attaques contre Rawls, cette philosophe met en œuvre une même tentative de neutralisation consensualiste du politique au profit d’un modèle de société anti-pluraliste d’où le conflit est évacué. Nous nous demanderons alors pour finir en quoi cet échec nous renseigne sur le prix à payer pour accomplir jusqu’au bout le geste théorique entamé par Mouffe, mais demeuré inachevé, pour réintroduire le politique dans l’espace public.
Uploads
Publications récentes by Erwan Sommerer
Langage politique, le vêtement concourt à la construction d’un antagonisme qu’il révèle et renforce. Il relève de ces formes de communication non-verbales qui disent à la fois la contestation des pouvoirs et l’empowerment féminin, le rejet de l’économie marchande mondialisée et la valorisation du recyclage prôné par les fashion activists.
Mobile et fluide, le vestiaire fait aussi l’objet de multiples circulations et transferts, comme l’attestent les trajectoires contrastées du jean, objet d’une intense convoitise pour la jeunesse soviétique des années 1960, ou celle du perfecto, de Marlon Brando à Frigide Barjot, égérie de la Manif pour tous.
Théorie politique by Erwan Sommerer
Langage politique, le vêtement concourt à la construction d’un antagonisme qu’il révèle et renforce. Il relève de ces formes de communication non-verbales qui disent à la fois la contestation des pouvoirs et l’empowerment féminin, le rejet de l’économie marchande mondialisée et la valorisation du recyclage prôné par les fashion activists.
Mobile et fluide, le vestiaire fait aussi l’objet de multiples circulations et transferts, comme l’attestent les trajectoires contrastées du jean, objet d’une intense convoitise pour la jeunesse soviétique des années 1960, ou celle du perfecto, de Marlon Brando à Frigide Barjot, égérie de la Manif pour tous.
C’est donc la question de la persistance de l’illégalisme et de sa gestion au sein d’une organisation, voire d’une société anarchiste, qui est posée ici. Il importe alors de se demander si cette position n’agit pas comme le révélateur crucial des enjeux et des impasses qui émergent lorsque l’on pense le rapport entre droit, transgression et anarchisme. Les réponses que nous allons proposer ici procéderont d’une double réflexion. La première portera sur la capacité d’une organisation à vocation anarchiste à satisfaire l’exigence d’autonomie individuelle. Cela nous conduira à interroger les possibilités de résurgence de l’autorité et de l’hétéronomie en contexte non-étatique. La seconde consistera à évaluer ce que la persistance de la transgression – et la mise en œuvre d’un cadre juridique apte à intégrer et à valoriser cette persistance – peut apporter à une telle organisation en termes de résistance au reniement de ses propres idéaux fondateurs. Tout cela pour répondre à une question très simple : peut-on imaginer un modèle de société susceptible, au moins pendant un temps, d’accueillir Novatore ?
///////////// The post-Marxism of the Essex School is a recognition of the contingent nature of social struggles and identities: the eschewal of any reference to a privileged subject of emancipation as well as an attempt to restore the possibility of political decision-making on the shifting sand of postmodernity. The notion of discursive formation, a product of Foucault’s thought, is one of the central concepts thereof; the symbolic framework of the polis thus appears to be composed of an unstable system of heterogeneous significations appended to things and people, a discourse whose hegemonic fixation constitutes the stakes of political struggles. Far from any essentialist teleology proclaiming the end of history, this acceptance of contingency as the privileged terrain of social conflicts serves to renew the role of politics as the deciding of the social structure with regard to its own meaning and of the subject with regard to its own fluctuating and unsettled identity.