Papers by Loic Boury
Des fleuves et des hommes à l’époque mérovingienne, 2016
Une fouille de sauvetage réalisée sur la commune de Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin) a permis la mis... more Une fouille de sauvetage réalisée sur la commune de Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin) a permis la mise au jour d’un ensemble funéraire mérovingien composé de 73 sépultures à inhumation, utilisé du début du vie siècle à la fin du viie siècle ap. J.-C. La qualité des données archéologiques, l’abondance et la richesse du mobilier funéraire ainsi que la bonne conservation des matières organiques, notamment des bois et des textiles, ont permis d’observer des aspects inédits concernant les pratiques funéraires dans la région.eine Rettungsgrabung in der Gemeinde Vendenheim (Elsass, Bas-Rhin) hat einen Bestattungsplatz mit 73 merowingischen Körpergrabern zu Page gebracht, der von Anfang des 6. Jhs. bis Ende des 7. Jhs. genutzt wurde. Die Qualität der archäologischen Befunde, die zahlreichen und wertvollen Grabbeigaben sowie die gute Erhaltung organischer Materialien, namentlich Holz und Textilien, haben Rückschlüsse aufbislang nicht bekannte Aspekte der Bestattungssitten in dieser Région erlaubt. (trad. : A. Frey et J. Chameroy)The rescue excavation carried ont in the municipality of Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin) unearthed an important Merovingian cemetery of 73 graves, used from the beginning of the 6th century to the end of the 7th. The quality of the archaeological data, the abundance and wealth ofthe grave goods and the excellent State of the organic materials (wood and textiles in particular) has shed new light on the burial practices in the region
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2023
The Geispolsheim ‘Schlossgarten’ site (Bas-Rhin, France) is located south-east of the modern city... more The Geispolsheim ‘Schlossgarten’ site (Bas-Rhin, France) is located south-east of the modern city of Strasbourg. In the area excavated, several pre- and protohistoric occupations came to light. Without doubt, the most remarkable of these sites was the final Neolithic phase. In fact, the discovery of four graves and a pit from the Corded Ware culture constitute an exceptional first discovery in the lower-Alsace region, where to date only isolated finds from this date have been recorded, and more generally in the southern Upper Rhine valley, where the presence of this culture is limited. Of course, this assemblage is relatively modest in comparison to the cemeteries known in Germany and Poland, but in this region it constitutes one of the rare sites with more than about ten objects. Structure 108, a pit with a quadrangular plan, measuring 4.75 by 4.15m with a depth of about 0.30m, was discovered in the north-east part of the excavation. The presence of a posthole in the centre of this...
Environmental Archaeology, 2012
Abstract Bercy is a prehistoric village sited by the Seine river (Paris, France), whose main peri... more Abstract Bercy is a prehistoric village sited by the Seine river (Paris, France), whose main period of occupation was dated to the very beginning of the 4th millennium BC. The animal subsistence economy relied heavily on cattle husbandry, complemented by other species including sheep. Cattle and sheep isotopic history (δ13C, δ18O) was investigated at the seasonal scale, through sequential sampling in tooth enamel, providing new insights into seasonality of birth and diet. Sheep were lambing in mid-spring, only slightly later than expected from what is observed nowadays in temperate Europe at similar latitude. Cattle were born over a period spanning approximately six months, which was an unexpected result compared with a two to three months calving period in free-ranging cattle populations. The extension of the calving period might have been related to seasonal food supplementation. Some cattle and some sheep fed on a 13C-depleted resource in winter, potentially leafy fodder. A direct consequence of an extended calving period would be the availability of cow milk, which would have covered the whole year at Bercy. This is important information in a context where the exploitation of cattle milk by the human community was highly suspected from the demographic management of the herd.
Dans cette etude, les principaux changements paleogeographiques de l’archipel de Molene ont ete r... more Dans cette etude, les principaux changements paleogeographiques de l’archipel de Molene ont ete reconstitues depuis le Neolithique jusqu’a aujourd’hui en simulant numeriquement la remontee holocene du niveau marin relatif sur un modele topo-bathymetrique a haute resolution. Une serie de 21 points d’index du niveau marin ont ete obtenus a partir d’une analyse sedimentologique (granulometrie, analyse des foraminiferes, contenu pollinique) de plusieurs carottes sedimentaires collectees dans les marais maritimes de la rade de Brest et de l’estuaire de Tresseny. Une fonction de transfert regionale basee sur les foraminiferes a ete construite et appliquee aux assemblages fossiles afin de determiner les anciennes positions du niveau marin relatif. Les resultats suggerent une hausse du niveau marin relatif a un rythme de 0.9 mm/a au cours des 7000 dernieres annees, conduisant a une reduction considerable des aires terrestres, de 1000 ha vers 7000 cal. BP a 200 ha aujourd’hui. Les plus impor...
Anthony DENAIRE, Luc VERGNAUD, Michel MAUVILLY, Hélène BARRAND-EMAM, Loïc BOURY, Rose-Marie ARBOGAST, 2014
"Le site de Geispolsheim « Schlossgarten » est localisé au sud-est de l’agglomération strasbourge... more "Le site de Geispolsheim « Schlossgarten » est localisé au sud-est de l’agglomération strasbourgeoise. Sur la surface fouillée, plusieurs occupations pré- et protohistoriques ont été mises en évidence. La plus remarquable est sans aucun doute celle du Néolithique final. En effet, la découverte de quatre tombes et d’une fosse de la culture à Céramique cordée constitue une découverte exceptionnelle d’abord pour la Basse-Alsace, où, jusqu’à présent, seuls des objets isolés étaient signalés, et plus généralement pour le sud de la plaine du Rhin supérieur, tant cette culture y est discrète. Bien entendu, cet nsemble reste modeste en comparaison des belles nécropoles connues en Allemagne ou en Pologne, mais, à l’échelle de notre région, il s’agit d’une des rares séries comptant plus d’une dizaine d’objets.
La structure 108 a été découverte dans la partie nord-est du décapage. Il s’agit d’une fosse de plan quadrangulaire, mesurant environ 4,75 x 4,15 m pour une profondeur d’environ 0,30 m. La présence d’un trou de poteau au centre de cette fosse incite à l’assimiler à un fond de cabane. Cette découverte n’est pas une première ni en Alsace ni dans le Sud du Bade et confirme l’importance que joue ce type de bâtiment dans le Cordé. Les parallèles ne manquent pas, notamment en Allemagne et en Suisse où ce type de structures est souvent mentionné. Ces fonds de « cabane » sont généralement interprétés comme des habitations à part entière ; d’ailleurs leurs dimensions sont tout à fait comparables à celles des bâtiments sur poteaux.
À une trentaine de mètres à l’ouest de la fosse 108, quatre sépultures également attribuées au Cordé ont été fouillées. Elles sont disposées selon une rangée d’environ 45 m de long orientée selon un axe ord-ouest/sud-est. Cet alignement, non loin du rebord d’une terrasse de oess bordant un ancien chenal, et l’espacement important entre chaque sépulture (de 9,5 à 16 m) posent la question de l’existence de tertres. L’état de conservation de ces tombes est, au mieux, mauvais ; apparues juste sous la semelle des labours, elles ont été très affectées par les travaux agricoles et l’érosion. Toutefois, les observations réalisées offrent l’occasion d’esquisser pour la première fois les pratiques funéraires cordées en Alsace. Ainsi, il apparaît que cette région adopte largement les pratiques funéraires cordées que ce soit la position contractée, l’orientation ouest-est ou encore la latéralisation des défunts en fonction de leur sexe. Quelques particularismes sont également à souligner, comme l’implantation des tombes en une rangée ou la discrétion du mobilier céramique.
Il est prématuré pour l’instant d’apprécier leur portée à l’échelle de l’Alsace, d’autant que les particularismes régionaux au sein de la sphère cordée ne manquent pas en ce qui concerne les pratiques funéraires. Précisons toutefois que cette organisation en une rangée est attestée en Alsace pour des ensembles campaniformes et Bronze ancien. La comparaison avec les tombes cordées de Geispolsheim est d’autant plus frappante que ces rangées sont également orientées nord-ouest/sud-est. Enfin, l’étude du mobilier confirme – s’il en était besoin – l’ancrage de l’Alsace et, plus largement, du Sud de la plaine du Rhin supérieur, dans l’aire de répartition du Cordé. De même, les liens étroits qui unissent l’Alsace au Plateau suisse et au sud-ouest de l’Allemagne trouvent confirmation dans le mobilier céramique et lithique de Geispolsheim."
Talks by Loic Boury
BARRAND EMAM H., ALONSO L., FISCHBACH T avec la collaboration de BOURY L., CAMPANER A., CHENAL F.
Résumé :
La fouille de sauvetage réalisée sur la commune de Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), a pe... more Résumé :
La fouille de sauvetage réalisée sur la commune de Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), a permis la mise au jour d’un important ensemble funéraire mérovingien, utilisé du début du VIème s. à la fin du VIIè s. ap. J.-C. La qualité des données archéologiques, l’abondance et la richesse du mobilier funéraire ainsi que la bonne conservation des matières organiques (bois et textiles notamment) ont permis d’observer des aspects inédits concernant les pratiques funéraires dans la région.
Mots clés :
Ensemble funéraire mérovingien, chambre funéraire type Morken, chambre funéraire à madriers fendus et cercueil monoxyle, enclos circulaires, dépôts de cheval, pillage, tombes privilégiées.
Abstract :
The rescue excavation carried out in the municipality of Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), allowed the discovery of an important Merovingian cemetery, used from the beginning of the 6th century at the end of the 7th century. The archaeological data quality, the abundance and wealth of funerary deposits and the good preservation of organic materials (wood and textiles in particular) allowed to observe new aspects about burial practices in the region.
Keywords :
Merovingian cemetry, Morken’s funerary chamber, Split beam’s funerary chamber and coffin, ring enclosures, horses deposits, loot, wealthy’s burials.
33ème journées internationales d’Archéologie mérovingienne de l’AFAM
RESCUE ARCHEOLOGY REPORTS by Loic Boury
"Le passé de Sierentz est plutôt bien connu, notamment grâce aux nombreuses fouilles réalisées de... more "Le passé de Sierentz est plutôt bien connu, notamment grâce aux nombreuses fouilles réalisées depuis la fin des années 70 dans la partie nord de la commune près de la petite chapelle de la Hochkirch (Tiergarten, Sandgrube, Zac HOELL). Le site des « Villas d’Aurèle » est lui situé au sud, il semblait donc intéressant de documenter une zone entièrement vierge de recherche. Qui plus est, le contexte topographique et géologique est sensiblement différent du secteur de la Hochkirch : on se trouve ici dans les premiers contreforts loessiques du Sundgau oriental.
A l’issue de l’opération d’évaluation, la problématique principale était de mieux appréhender l’occupation du Néolithique récent qui avait été repérée et qui se matérialisait principalement par un ensemble de fosses circulaires (dont une contenait des inhumations) et des fentes.
La fouille a permis la mise au jour de plusieurs occupations datant de différentes périodes, essentiellement néolithique mais aussi protohistoriques.
Le Néolithique moyen (groupe de Bruebach-Oberbergen) est représenté par trois fosses circulaires et surtout un ensemble de 34 fentes, incluant celles déjà repérées lors du diagnostic, dont l’organisation spatiale est inédite. Orientées sud-ouest / nord-est, elles sont disposées le long d’un couloir sud-est / nord-ouest d’une trentaine de mètres de large traversant la zone fouillée du nord au sud.
Objet principal de la problématique originelle, l’occupation du Néolithique récent repérée lors du diagnostic n’a été complétée que par cinq fosses circulaires dont une seule contenait une inhumation. L’étude de l’ensemble céramique qu’elles ont livré, associée à une série de datation au carbone 14, a permis d’alimenter la récente remise en question de la typo-chronologie de cette période.
La fin du Néolithique est marquée par quatre sépultures campaniformes. Disposées sur un axe nord-ouest / sud-est, elles contenaient les corps d’un enfant, d’une femme et de deux hommes. L’excellent état de conservation des tombes masculines a en outre permis la reconnaissance d’une architecture en bois. D’une manière générale, ce type de découvertes des années 60. Leur état de conservation et leur riche mobilier font des sépultures de Sierentz une découverte majeure de cette période dans la région.
Le site est ensuite occupé durant la Protohistoire, mais les indices qui ont pu être mis au jour lors de la fouille restent cependant assez réduits et la nature de ces occupations n’a pu être précisée.
Le Bronze final IIb est essentiellement représenté par un ensemble de 15 fosses circulaires et de fosses-silos. Certaines de ces fosses contenaient des dépôts de vases entiers et s’organisaient le long d’un axe sud-ouest / nord-est dans la moitié ouest de l’emprise. Six autres fosses et silos sont datés du Hallstatt D1. Il est possible que durant ces périodes, la zone d’occupation humaine principale soit plutôt à chercher dans la partie nord la commune.
Enfin quelques menus indices d’occupations postérieures, éventuellement romaines, ainsi qu’une probable aspergerie d’époque Moderne et/ou Contemporaine ont été mis en évidence"
Archaeological reports by Loic Boury
PREVENTIVE ARCHEOLOGY REPORTS by Loic Boury
Etudes anthropo by Loic Boury
Le village d’Éguisheim est situé à 6 km au sud-ouest de Colmar. Il s’appuie sur le versant est du... more Le village d’Éguisheim est situé à 6 km au sud-ouest de Colmar. Il s’appuie sur le versant est du Schlossberg précédé d’une zone de collines à faible pente dite sous-vosgiennes. Les alentours de la commune sont riches en vestiges archéologiques comme en témoignent les nombreuses découvertes anciennes réalisées à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, principalement par Karl Sebastian Gutmann mais également par les exploitants de la glaisière
des anciennes tuileries mécaniques situées à quelques dizaines de mètres au nord du terrain investigué en 2015.
Les opérations d’archéologie préventive ayant eu lieu sur le site d’Éguisheim ont été motivées par l’important potentiel archéologique, pour les périodes protohistoriques et gallo-romaines, des terrains concernés par la création d’un projet de lotissement (Lotissement Herrenweg). Au total, environ 9220 m² ont été décapés puis fouillés. Les périodes mises au jour sont de diverses natures mais elles semblent être chronologiquement déconnectées les unes des autres : le Paléolithique, le Néolithique récent et final, le premier âge du Fer et enfin la période romaine.
La période paléolithique est représentée par deux ensembles stratigraphiquement distincts. Si le croisement des observations
géomorphologiques et archéologiques permet de confirmer la probable
existence d’un niveau d’occupation non remanié attribuable au Paléolithique moyen, les autres vestiges semblent, quant à eux, avoir été découverts en position secondaire. L’étude stratigraphique a mis en évidence une succession de paléosols, attribuables à l’Eémien, au Début glaciaire et probablement au Pléniglaciaire moyen. Ces phases de pédogénèses sont suivies d’épisodes d’instabilité sédimentaire, qui entrainent des ravinements sableux conséquents à partir de la fin du Pléniglaciaire moyen. Le bilan sédimentaire du Pléniglaciaire supérieur est peu développé : les dépôts loessiques de la fin du weichsélien sont épais de moins de deux mètres. Cette étude confirme le bon potentiel d’enregistrement du signal archéologique et paléontologique sur la colline du Buhl, qui présage pour le secteur d’une d’occupation humaine longue, à partir d’une phase indéterminée du Saalien.
Par ailleurs, le site est fréquenté à trois reprises au cours du Néolithique.
Ces occupations assez lâches sont matérialisées par une série de structures de type fente datées de la seconde partie du cinquième millénaire, dont deux ont livré des restes de faunes en connexion. Quelques siècles plus tard, quatre silos ont été creusés au cours du Néolithique récent. Dans deux d’entre eux, des inhumations simples ont été installées sur des niveaux de comblement intermédiaires. Il s’agit d’individus adultes de sexe féminin.
Sur l’un des défunts alors non complètement décomposé, d’importants
segments anatomiques ont été prélevés, ce qui n’est pas exceptionnel
dans le Néolithique récent régional. Environ un millénaire plus tard, une
sépulture individuelle isolée a été installée au cours du Néolithique final.
Les pratiques funéraires reconnues plaideraient pour la culture du Cordé,
mais la datation radiocarbone obtenue sur ce défunt est un peu haute pour cette culture. Le mobilier est extrêmement rare au sein de ces ensembles, tandis qu’un lot de quelques pièces de mobilier lithique poli a été recueilli dans des contextes plus récents, en position résiduelle. La réutilisation de certaines de ces pièces n’est pas exclue.
Après un hiatus de près de 2 millénaires, le site est réinvesti de façon
importante lors de la période du premier âge du Fer. Cette occupation se
limite au sud de l’emprise de fouille et la vision de son étendue est tronquée : le site se poursuit certainement au sud et à l’ouest des parcelles fouillées. Les vestiges de cette période s’articulent autour d’un ensemble fossoyé axé nord-ouest/sud-est. Ce fossé, probablement d’origine anthropique, a subi
un ruissellement plus ou moins important ce qui en a modifié son profil
(érosion). Plusieurs creusements correspondant à autant de réactivations successives ont pu être proposés avant un colmatage rapide et complet de l’ensemble par un apport volontaire de sédiments riche en mobilier archéologique. Au sud de ce fossé se développent de nombreuses fosses de tailles diverses dont certaines contenaient dans leur comblement un très riche mobilier céramique associé dans certains cas à des objets de parure en alliage cuivreux. Bien que l’emprise semble être limitée par ce fossé, quelques structures sont néanmoins encore présentes au nord de celui-ci. Cette occupation correspond sans doute à une zone d’habitat privilégié dont la chronologie, d’après l’étude du mobilier céramique, s’étend sur une phase comprenant la fin du Hallstatt C et le Hallstatt D1. La dernière occupation reconnue sur le site correspond à la période galloromaine. Elle a livré des restes de structures d’équipement maçonnées (silos, cave, puits), de bâtiments en architecture légère, de structures de chauffe et de structures fossoyées diverses organisés selon deux orientations ; dont l’une d’elle a pu été mise en relation avec la voie du piémont dont le tracé a été découvert à la fin du XIXe s. Ces éléments sont caractéristiques d’une
occupation de fond de parcelles d’habitats en bandes, telles qu’on les retrouve généralement en bordure de voies au sein des vici. Le mobilier céramique mis au jour dans le comblement des vestiges atteste d’une occupation continue durant cette période entre la fin du Ier s. et le début du Ve s. au plus tard avec une période d’activité plus dense au IIe s.
Enfin, d’importantes perturbations contemporaines sont à signaler sur le site, après un hiatus durant les périodes médiévales et modernes. Il s’agit, d’une part de grandes fosses d’extraction de matériaux (loess) dont l’exploitation démarre a priori au XIXe siècle (peut-être en lien avec la tuilerie située à quelques centaines de mètres au nord) d’autre part, des perturbations liées à l’activité vinicole sur le secteur (fosses d’ancrage de vigne).
Le site de Strasbourg Hôpital Civil a fait l’objet d’une campagne de fouille
réalisée entre août ... more Le site de Strasbourg Hôpital Civil a fait l’objet d’une campagne de fouille
réalisée entre août 2012 et mars 2013 ; la surface d’ouverture de la fouille était de 7650 m² pour une amplitude stratigraphique maximale de 4,50 m. Cette opération a permis de mettre au jour les vestiges d’un quartier antique encore inédit dans un secteur fortement perturbé par les fluctuations hydrographiques de la Bruche et de l’Ill durant les premiers siècles de notre ère. Ce quartier, alliant structures d’habitat et d’artisanat s’organisait de part et d’autre d’une barre naturelle en gravier, traversant le site du nord vers le sud, héritage des divagations rhénanes de l’ère Quaternaire. L’organisation orthonormée des vestiges par rapport à cet axe, ainsi que la mise en évidence d’entailles dans les flancs et le sommet de celui-ci ont montré qu’il avait été utilisé comme un axe de circulation par les autochtones. La fouille a montré que ce secteur au sud de l’élipse élienne et du camp de la Légion VIII Auguste avait été occupé sans interruption entre le milieu du ier et le ive siècle, avant d’être recouvert par l’épais niveau de terres noires, déjà observé sur Strasbourg en maints endroits. Un hiatus a pu être observé entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge. La fouille a en effet montré que la réoccupation des lieux intervient entre le milieu du xe et le milieu du xiiie siècle, sous forme d’un habitat comme le suggère la découverte de quelques fosses, d’une latrine et de trous de poteaux attribuables à des bâtiments en bois et terre au nord de la fouille.
L’occupation se densifie ensuite et s’étend sur l’ensemble du site ; elle se
matérialise par des habitats fondés en dur, des fosses et des puits ; répartis en bordure d’un probable axe antérieur à l’ancienne rue du Bouc, menant vers l’extérieur de l’enceinte épiscopale datée du xiiie siècle et englobant la rive droite de l’Ill. C’est à partir de la fin du xive siècle, d’après les archives de la ville de Strasbourg, que l’hôpital de la ville, dont la date de création n’est pas attestée précisément, est déplacé et définitivement implanté à cet emplacement ; son installation semble aller de pair avec la mise en place de la nouvelle enceinte maçonnée qui agrandit le périmètre initialement circonscrit, ainsi qu’avec la mise en place d’une voirie pérenne, la rue du Bouc, observée lors de la fouille, desservant la Bündethor, au sud de l’enceinte. Les décapages successifs réalisés sur le terrain d’assiette du futur PAPS/ PSI ont montré que c’est à partir de cette période que vont se succéder les vestiges qu’il a été possible de rattacher aux différents états des hôpitaux consignés dans les archives jusqu’au xixe siècle.
Le village de Logelheim est situé au sud-est de Colmar, dans la plaine
alluviale de l’Ill. Malgré... more Le village de Logelheim est situé au sud-est de Colmar, dans la plaine
alluviale de l’Ill. Malgré des gisements archéologiques reconnus sur les
communes voisines, le territoire de Logelheim même reste largement
inexploré en termes de vestiges (seuls ce contexte et quelques prospections au sol permettent de pressentir son potentiel archéologique, en particulier pour la période gallo-romaine).
La prescription d’une intervention archéologique préventive sur le site du
lieu-dit Les Pâturages 2 (commune de Logelheim, Haut-Rhin) répond au
projet d’aménagement d’un lotissement éponyme par la Sarl SOVIA. Au
total, environ 8000 m² de terrain ont été décapés et fouillés, dans la partie est du projet d’aménagement, au cours des mois d’octobre et novembre 2016. Cette opération confirme, pour les périodes protohistorique et gallo-romaine, le potentiel archéologique déjà pressenti. Ainsi, les vestiges observés sur le site des Pâturages 2 s’échelonnent de La Tène B-C jusqu’au Bas-Empire. Il convient cependant de modérer cette assertion, eu égard à la faible quantité de mobilier mis au jour sur le site. Ces occupations humaines sont précédées d’un certain nombre de témoins
de paysages anciens. Si un vaste terrier de blaireau est stratigraphiquement positionné comme antérieur à la période gallo-romaine, sans plus de précision, en revanche les écofacts situés au sud de l’emprise ont permis, par l’application des protocoles de documentation et d’analyse développés dans le domaine de l’écologie forestière, de dater les épisodes de chablis du Néolithique moyen. Les dimensions imposantes de ces chablis militent en faveur d’arbres de forte taille, probables témoins d’un paysage de forêt ancienne au sud de l’emprise du site. Toutefois, seule l’antériorité de cette
forêt à l’époque gallo-romaine est acquise, et il ne nous est pas possible
d’établir avec certitude qu’elle ait subsisté jusque-là (du fait par exemple
d’éventuels défrichements antérieurs). L’occupation humaine la plus ancienne du site Les Pâturages 2 est constituée de trois ensembles de vestiges attribuables à un intervalle fin de La Tène ancienne/La Tène moyenne, jusqu’à La Tène finale : un puits, un ensemble
de trous de poteaux dessinant soit un bâtiment à abside soit deux greniers juxtaposés, et une sépulture « monumentale » composée de deux inhumations circonscrites dans un enclos quadrangulaire, aménagement funéraire inédit en Alsace pour cette période, et qu’il convient de rapprocher des concentrations de cercles funéraires protohistoriques des communes avoisinantes (forêt de Kastenwald, village de Sainte-Croix-en-Plaine). Si ces différentes structures sont spatialement déconnectées les unes des autres, il est revanche intéressant de noter leur relative concentration dans
le tiers nord de l’emprise. Les deux tiers sud de l’emprise sont quant à eux marqués par un ensemble palissadé qui se développe au sud et à l’est, en dehors de l’emprise prescrite. Les vestiges fouillés (partitions palissadées internes, puits, concentrations désorganisées de trous de poteaux et de fosses) indique que nous nous trouvons dans les espaces et aménagements extérieurs (probablement dédiés
en partie à l’élevage) d’un site plus vaste, dont les ensembles résidentiels et productifs/artisanaux restent à explorer (sud et/ou est de l’emprise). L’étude du mobilier et les datations radiocarbones caractérisent conjointement une occupation a priori continue du Ier siècle de notre ère, jusqu’au dernier tiers du IIIe siècle, au plus tard à la première moitié du IVe siècle. Du fait même
de sa continuité, cette occupation a sans aucun doute subi des mutations organisationnelles dont il sera nécessaire de tenir compte lors d’éventuelles fouilles ultérieures du site. Le glissement spatial vers le sud des deux occupations repérées, autant que leur stricte séparation planimétrique, soulèvent des interrogations :
--ces modalités spatiales peuvent être mises en relation avec les vestiges
de paysage ancien observés. En effet, il n’est pas exclu que le paysage de
forêt ancienne ait subsisté à l’époque laténienne et constitué un obstacle
naturel au développement de l’occupation vers le sud. Il faudrait alors
admettre que la romanisation du site ait été réalisée par un défrichage
massif et soudain, ce dont nous n’avons, en l’état, aucune preuve ;
--il n’est pas pour autant exclu que l’occupation laténienne se soit
développée dans les deux tiers sud de l’emprise. Il est alors possible que
les aménagements gallo-romains aient en quelque sorte « oblitéré » les
vestiges laténiens antérieurs ;
--les structures datées de La Tène finale posent la question des modalités de transition entre cette période et l’époque gallo-romaine. S’il est tentant d’y rechercher l’indice d’une occupation continue, la faiblesse quantitative des éléments datants nous incite sur ce point à la plus grande prudence. En l’état de nos connaissances sur le site, ces remarques demeurent toutefois à l’état d’hypothèses, avec toutes les réserves qui s’imposent.
Au cours du Bas-Empire, l’occupation humaine du site prend fin. Elle fait
place, au plus tard à l’époque moderne (comme en témoignent les quelques vestiges documentés), à des espaces agricoles qui perdurent jusqu’à nos jours. Les résultats de cette opération permettent ainsi d’esquisser d’une part une occupation à la fois domestique et funéraire de l’époque laténienne, et d’autre part un établissement rural de la période gallo-romaine. Toutefois, des explorations archéologiques futures demeurent indispensables à leurs délimitations spatiales autant qu’à leur compréhension.
Le site de Marckolsheim se situe dans le sud du Bas-Rhin, à 17 km au
nord-est de la ville de Colm... more Le site de Marckolsheim se situe dans le sud du Bas-Rhin, à 17 km au
nord-est de la ville de Colmar et à 4 km à l’ouest du cours actuel du Rhin.
Fouillé en 2015, il s’agit d’un site important pour comprendre l’évolution
des habitats au cours de l’âge du Bronze dans la plaine rhénane. En effet, sur les quatre hectares explorés, plusieurs occupations s’échelonnant de la fin du Néolithique à la fin de la Protohistoire ont été mises en évidence. Le décapage a été divisé en quatre secteurs, ce qui laisse de vastes zones non explorées. Néanmoins, ce site qui semble avoir subi une érosion limitée, a livré plusieurs plans de bâtiments bien conservés associés à diverses structures domestiques, en particulier des puits, mais aussi des fosses à galets chauffés ou de très rares fosses de rejet. Il offre donc l’opportunité rare de suivre l’évolution d’un habitat sur près de deux millénaires. Au moins 36 plans de bâtiments sur poteaux ont pu être clairement identifiés sur les 4 ha décapés. Les plus grands sont caractérisés par un plan rectangulaire allongé (légèrement trapézoïdal) à deux nefs et le doublement des parois latérales par une rangée externe de poteaux. On en dénombre au moins cinq, mais seuls deux d’entre eux possèdent un plan complet (leur longueur s’échelonne entre 17,30 et 27,80 m). D’un point de vue spatial, ces édifices se répartissent sur au moins deux des secteurs fouillés, et se présentent tantôt distants de plusieurs dizaines de mètres (secteur 2), tantôt juxtaposés par ensembles de quatre (secteur 4). Par ailleurs, il est
intéressant de noter que tous présentent une orientation quasi similaire :
ouest-nord-ouest/est-sud-est. D’autres édifices présentent également un
plan rectangulaire, mais accusent des dimensions plus modestes (entre 40 et 64 m²) avec des parois simples, non doublées. Pour sept d’entre eux, on observe un plan à une seule nef, tandis que deux autres présentent une partition interne (deux nefs). Les axes de ces bâtiments sont régis par deux orientations principales : est-ouest d’une part et nord-ouest/sud-est d’autre part. Le plus important de ces édifices (bâtiment 10) présente, au niveau du pignon sud-est, une avancée correspondant probablement à des antes. Enfin, on observe une vingtaine de bâtiments de petits modules sur quatre, six et huit poteaux traditionnellement interprétés comme des dépendances de type grenier surélevé. D’un point de vue typologique, la plupart des édifices
parmi les plus imposants de Marckolsheim correspondent à la définition
du type « Eching » connu au Bronze ancien dans le sud de l’Allemagne,
notamment dans la plaine de Munich. Plusieurs analyses radiocarbones
effectuées dans les ensembles de Marckolsheim correspondent bien à
cette chronologie, ce qui tendrait à confirmer cette datation. Par ailleurs,
d’autres édifices plus modestes, indiquent toujours sur la base d’analyses radiocarbones, divers horizons chronologiques couvrant le Bronze moyen, ou encore le premier âge du Fer.
On dénombre 26 structures pouvant être considérées comme des puits ou des structures à eau. Il existe une certaine diversité dans les creusements, allant de simples structures circulaires étroites (profil cylindrique) à de grands creusements à profil en entonnoir présentant des ouvertures de plusieurs mètres de large. Parmi eux, cinq ensembles ont livré des restes de cuvelage en bois, plus ou moins bien conservés selon les cas. Pour trois d’entre eux, ils correspondent à un système de planches assemblées à mi-bois, formant un coffrage quadrangulaire. Deux autres cuvelages sont issus de demi-fûts (troncs) grossièrement évidés puis réassemblés dans le but de former un coffrage cylindrique. Les puits n’ont livré que très peu de mobilier, par conséquent, leur datation repose souvent sur des analyses radiocarbones et/ou dendrochronologiques. Deux cuvelages ont pu être datés de cette manière. Ainsi les planches du premier (ST.848) proviennent d’un même chêne abattu durant l’automne-hiver 1429-1428 av. J.-C (milieu du Bronze moyen). Le deuxième (ST.1022), présente un cuvelage de chêne monoxyle dont la date d’abattage a pu être estimée à l’automne-hiver 781-780 av. J.-C (transition Bronze final IIIb / Hallstatt C). D’un point de vue spatial, ces différents puits sont disposés de manière visiblement organisée, en « grappe » regroupant quatre à huit individus et sont implantés selon un axe approximativement nord-sud. Parmi les 26
puits recensés, 24 sont creusés dans les limons bordiers d’un chenal rhénan fossile, tandis que seuls deux sont creusés directement dans la terrasse de gravier. Leur chronologie montre un fait particulièrement intéressant : la plupart de ces « grappes » regroupent des puits d’âge très divers allant du Néolithique final (Campaniforme) jusqu’à la fin de la période laténienne. À partir de l’ensemble des données de Marckolsheim, une hypothèse de modèle d’occupation domestique étonnamment homogène sur au moins l’ensemble de l’âge du Bronze peut être proposée. Celui-ci pourrait ainsi être composé d’une ou plusieurs unités d’habitation associées à des espaces
qui leur sont propres. Les bâtiments d’habitation avec leur(s) dépendance(s) sont implantés préférentiellement en zone sèche (terrasse de gravier) tandis que le puits correspondant est implanté quant à lui, dans une zone hydromorphe située à proximité (quelques dizaines de mètres). Une fois qu’un puits a été abandonné, un autre lui succède, mais toujours dans un périmètre restreint et qui semble être déterminé et pérenne sur plusieurs siècles (contrainte topographique ? Parcellaire ?). Concernant les bâtiments, cette éventuelle « partition » peut également être envisagée bien que les indices allant dans ce sens soient plus ténus et donc plus sujets à débat.
Les fosses à galets chauffés, au nombre de 8, participent certainement aussi de cette organisation et semble être liées, pour la plupart d’entre elles, aux bâtiments les plus récents daté d’une période couvrant la fin du Bronze final et le début du premier âge du Fer. Quelques questions restent cependant en suspens, notamment celles concernant la rareté des fosses détritiques à proximité des bâtiments ou
encore la « durée de vie » de ces mêmes édifices. Une autre problématique concerne la pérennité des occupations sur le site : sommes-nous en présence d’une occupation réellement continue sans hiatus important ? L’indigence du mobilier archéologique ne nous permet pas de trancher cette question de manière ferme, bien que les résultats des analyses radiocarbones tendent à privilégier cette hypothèse.
Enfin, le décapage a également mis en évidence, sur une grande partie
de l’emprise de fouille, un important paléochenal rhénan, dont la largeur
est estimée à 170 mètres. De nombreux troncs de pins subfossiles ont été mis au jour, préservés dans les argiles sableuses hydromorphes à la base du chenal. Ce dernier est colmaté par des limons jaune carbonatés et évolue, une fois déconnecté du lit actif, en une dépression humide où s’accumulent des limons noirs organiques (anmoor). Les datations radiocarbone obtenus sur ces bois ont permis de dater du Boréal la mise en eau du chenal. Il est rapidement abandonné par le fleuve mais la dépression humide perdure jusqu’à l’Atlantique ancien. Cet ancien milieu humide a été ensuite mis à profit en tant que zone de puisage, sur le temps long, du Campaniforme jusqu’à la Tène finale.
Rapports d'archéologie préventive by Loic Boury
La fouille du site de Griesheim-sur-Souffel Flaschen (site 4.2) et de
Pfulgriesheim Kammeracker (... more La fouille du site de Griesheim-sur-Souffel Flaschen (site 4.2) et de
Pfulgriesheim Kammeracker (site 4.2bis) appartient aux opérations
préalables au projet du contournement ouest de Strasbourg (COS).
La fouille s’est déroulée en 2018, sur une surface totale de près de
4 ha, sur le versant sud d’une crête bordant les rives de la Souffel.
Des occupations domestiques et funéraires de plusieurs phases des
périodes pré- et protohistoriques ont été mises à jour.
L’occupation la plus ancienne remonte au Néolithique ancien.
Quelques fosses rubanées ont été repérées dans le sud du décapage, de
part et d’autre du niveau de l’actuel chemin d’exploitation. Celles-ci
environnaient la sépulture d’un enfant probablement contemporaine
de cette occupation, dont la dépouille semble avoir été l’objet d’un
épandage d’ocre rouge.
Le Néolithique moyen a également laissé des traces. D’abord les
restes d’au moins six sépultures de la culture Grossgartach ont été
mises à jour. Celles-ci apparaissaient de manière très superficielle
dans le décapage et étaient par conséquent assez mal conservées. Dans
certains cas, seuls des os longs en place témoignaient encore de la
présence d’une tombe. Certaines d’entre elles étaient accompagnées
de céramique ou encore, dans un cas, d’un probable brassard en dent
de suidé caractéristique de la période. Par ailleurs, des structures
domestiques du Néolithique moyen (occupation Bischheim) ont
également été découvertes sur les surfaces fouillées.
Un petit ensemble funéraire de la période du Bronze ancien a
également été mis au jour. Sans doute incomplet en raison de son
positionnement à proximité immédiate de la limite septentrionale de
fouille, l’ensemble est composé de cinq tombes avérées. Une sixième
sépulture a certainement été détruite par le creusement d’une fosse
du Bronze final puisque cette dernière contenait des restes humains
épars ainsi qu’un petit pendentif en os attribués au Bronze ancien.
Hormis cet objet, le mobilier accompagnant les défunts se limite
à un seul élément de parure en alliage cuivreux, une spirale ou un
petit anneau, retrouvé au niveau de la tête d’un individu immature.
Malgré son indigence, les comparaisons typologiques effectuées sur
la dotation funéraire et une série de datation 14C permettent de
placer ce petit ensemble funéraire dans une phase ancienne du Bronze
ancien local, étape encore rarement mise en évidence dans la région.
Une fosse polylobée de dimensions moyennes, située dans la moitié
nord du décapage, a livré une importante quantité de mobilier
céramique attribué au Bronze moyen. Onze autres petites structures
d’habitat éparses, souvent indigentes en mobilier, sont rattachées
à cette période. Un individu immature est inhumé en limite
d’occupation.
L’étape moyenne du Bronze final est bien représentée sur le site
par 25 structures dont 14 silos et 8 fosses polylobées. L’occupation
semble se développer en deux pôles, le premier au nord du chantier à
proximité de l’ensemble funéraire du Bronze ancien et un second dans
la partie médiane, au niveau du grand enclos laténien. Ce deuxième
pôle a livré d’importants lots de mobiliers céramiques de style Rhin-
Suisse-France Orientale. Des enduits de parois architecturales ont
été identifiés. Un silo accueille une inhumation ; c’est une pratique
peu courante pour cette période.
Nous pouvons également mentionner deux ensembles funéraires
datés du milieu du premier âge du Fer (Hallstatt D). Le premier,
sur la commune de Griesheim-sur-Souffel, compte sept tombes.
Le mobilier associé aux défunts n’était pas très abondant mais
caractéristique du milieu de la période du Hallstatt : bracelets en
lignite, bracelets en alliage cuivreux, boucles d’oreille en ruban,
« spirales » en alliage cuivreux etc. L’ensemble a vraisemblablement
été perturbé par l’installation d’un grand fossé d’enclos à la période
finale de La Tène.
Le second ensemble, se situe sur la commune de Pfulgriesheim (site
4.2bis), à 550 m au nord-est du précédent. Celui-ci comprend au
moins 22 sépultures dont la disposition concentrique laisse supposer
la présence d’un monument circulaire dont il ne resterait aucune
trace (tumulus). Son organisation spatiale montre que les défunts
inhumés en périphérie étaient déposés dans des fosses plus ajustées
et généralement dépourvu de mobilier. En revanche, les inhumations
implantées au centre semblent les plus privilégiées. Il s’agit de
grandes fosses, dans lesquelles les défunts ont été déposés dans des
contenants en bois, certains enveloppés dans des contenants en cuir
ou en fourrure. Ils étaient également richement parés : ceintures,
torques, bracelets en alliage cuivreux et en roche noire, boucles
d’oreilles…) et certains objets étaient conçus en matériaux exotiques
(corail, ambre) confirmant sans doute leur statut social privilégié.
La période du début du second âge du Fer (La Tène AB) est
également attestée sur le site, de manière relativement marquée.
Il s’agit d’une des occupations prégnantes du site avec un nombre
important de structures associées à des mobiliers conséquents
(principalement céramique, métallique, faunique et de nombreux
fragments de torchis brûlés). De nature domestique, l’occupation
est constituée par quelques fosses et surtout silos dont certains ont
livré un mobilier détritique abondant. Quelques fonds de cabanes,
une inhumation en silo ainsi qu’un dépôt animal appartiennent à
cette occupation. L’étude des mobiliers permet d’y envisager un
phasage chronologique avec une phase ancienne (Hallstatt D3/La
Tène A1) et une phase récente (La Tène A2-B1).
Enfin, la fin du second âge du fer (La Tène moyenne et finale) est
visuellement la plus marquante avec le grand enclos quadrangulaire
situé en partie médiane du décapage. Large d’environ 1m à 1,5 m,
il accuse une profondeur conservée de 0,5 à 0,75 m. Le mobilier
piégé dans le comblement indique la phase moyenne et finale de la
période gauloise (La Tène C2-D1a). Ce fossé semble fonctionner
avec un grand bâtiment sur 4 poteaux (environ 36 m² au sol et
dont l’orientation coïncide avec le fossé), un bâtiment excavé sans
aménagement visible ainsi qu’une grande fosse polylobée de plus
de 30 m de long et orientée selon un axe NE/SO.
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Papers by Loic Boury
La structure 108 a été découverte dans la partie nord-est du décapage. Il s’agit d’une fosse de plan quadrangulaire, mesurant environ 4,75 x 4,15 m pour une profondeur d’environ 0,30 m. La présence d’un trou de poteau au centre de cette fosse incite à l’assimiler à un fond de cabane. Cette découverte n’est pas une première ni en Alsace ni dans le Sud du Bade et confirme l’importance que joue ce type de bâtiment dans le Cordé. Les parallèles ne manquent pas, notamment en Allemagne et en Suisse où ce type de structures est souvent mentionné. Ces fonds de « cabane » sont généralement interprétés comme des habitations à part entière ; d’ailleurs leurs dimensions sont tout à fait comparables à celles des bâtiments sur poteaux.
À une trentaine de mètres à l’ouest de la fosse 108, quatre sépultures également attribuées au Cordé ont été fouillées. Elles sont disposées selon une rangée d’environ 45 m de long orientée selon un axe ord-ouest/sud-est. Cet alignement, non loin du rebord d’une terrasse de oess bordant un ancien chenal, et l’espacement important entre chaque sépulture (de 9,5 à 16 m) posent la question de l’existence de tertres. L’état de conservation de ces tombes est, au mieux, mauvais ; apparues juste sous la semelle des labours, elles ont été très affectées par les travaux agricoles et l’érosion. Toutefois, les observations réalisées offrent l’occasion d’esquisser pour la première fois les pratiques funéraires cordées en Alsace. Ainsi, il apparaît que cette région adopte largement les pratiques funéraires cordées que ce soit la position contractée, l’orientation ouest-est ou encore la latéralisation des défunts en fonction de leur sexe. Quelques particularismes sont également à souligner, comme l’implantation des tombes en une rangée ou la discrétion du mobilier céramique.
Il est prématuré pour l’instant d’apprécier leur portée à l’échelle de l’Alsace, d’autant que les particularismes régionaux au sein de la sphère cordée ne manquent pas en ce qui concerne les pratiques funéraires. Précisons toutefois que cette organisation en une rangée est attestée en Alsace pour des ensembles campaniformes et Bronze ancien. La comparaison avec les tombes cordées de Geispolsheim est d’autant plus frappante que ces rangées sont également orientées nord-ouest/sud-est. Enfin, l’étude du mobilier confirme – s’il en était besoin – l’ancrage de l’Alsace et, plus largement, du Sud de la plaine du Rhin supérieur, dans l’aire de répartition du Cordé. De même, les liens étroits qui unissent l’Alsace au Plateau suisse et au sud-ouest de l’Allemagne trouvent confirmation dans le mobilier céramique et lithique de Geispolsheim."
Talks by Loic Boury
La fouille de sauvetage réalisée sur la commune de Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), a permis la mise au jour d’un important ensemble funéraire mérovingien, utilisé du début du VIème s. à la fin du VIIè s. ap. J.-C. La qualité des données archéologiques, l’abondance et la richesse du mobilier funéraire ainsi que la bonne conservation des matières organiques (bois et textiles notamment) ont permis d’observer des aspects inédits concernant les pratiques funéraires dans la région.
Mots clés :
Ensemble funéraire mérovingien, chambre funéraire type Morken, chambre funéraire à madriers fendus et cercueil monoxyle, enclos circulaires, dépôts de cheval, pillage, tombes privilégiées.
Abstract :
The rescue excavation carried out in the municipality of Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), allowed the discovery of an important Merovingian cemetery, used from the beginning of the 6th century at the end of the 7th century. The archaeological data quality, the abundance and wealth of funerary deposits and the good preservation of organic materials (wood and textiles in particular) allowed to observe new aspects about burial practices in the region.
Keywords :
Merovingian cemetry, Morken’s funerary chamber, Split beam’s funerary chamber and coffin, ring enclosures, horses deposits, loot, wealthy’s burials.
RESCUE ARCHEOLOGY REPORTS by Loic Boury
A l’issue de l’opération d’évaluation, la problématique principale était de mieux appréhender l’occupation du Néolithique récent qui avait été repérée et qui se matérialisait principalement par un ensemble de fosses circulaires (dont une contenait des inhumations) et des fentes.
La fouille a permis la mise au jour de plusieurs occupations datant de différentes périodes, essentiellement néolithique mais aussi protohistoriques.
Le Néolithique moyen (groupe de Bruebach-Oberbergen) est représenté par trois fosses circulaires et surtout un ensemble de 34 fentes, incluant celles déjà repérées lors du diagnostic, dont l’organisation spatiale est inédite. Orientées sud-ouest / nord-est, elles sont disposées le long d’un couloir sud-est / nord-ouest d’une trentaine de mètres de large traversant la zone fouillée du nord au sud.
Objet principal de la problématique originelle, l’occupation du Néolithique récent repérée lors du diagnostic n’a été complétée que par cinq fosses circulaires dont une seule contenait une inhumation. L’étude de l’ensemble céramique qu’elles ont livré, associée à une série de datation au carbone 14, a permis d’alimenter la récente remise en question de la typo-chronologie de cette période.
La fin du Néolithique est marquée par quatre sépultures campaniformes. Disposées sur un axe nord-ouest / sud-est, elles contenaient les corps d’un enfant, d’une femme et de deux hommes. L’excellent état de conservation des tombes masculines a en outre permis la reconnaissance d’une architecture en bois. D’une manière générale, ce type de découvertes des années 60. Leur état de conservation et leur riche mobilier font des sépultures de Sierentz une découverte majeure de cette période dans la région.
Le site est ensuite occupé durant la Protohistoire, mais les indices qui ont pu être mis au jour lors de la fouille restent cependant assez réduits et la nature de ces occupations n’a pu être précisée.
Le Bronze final IIb est essentiellement représenté par un ensemble de 15 fosses circulaires et de fosses-silos. Certaines de ces fosses contenaient des dépôts de vases entiers et s’organisaient le long d’un axe sud-ouest / nord-est dans la moitié ouest de l’emprise. Six autres fosses et silos sont datés du Hallstatt D1. Il est possible que durant ces périodes, la zone d’occupation humaine principale soit plutôt à chercher dans la partie nord la commune.
Enfin quelques menus indices d’occupations postérieures, éventuellement romaines, ainsi qu’une probable aspergerie d’époque Moderne et/ou Contemporaine ont été mis en évidence"
Archaeological reports by Loic Boury
PREVENTIVE ARCHEOLOGY REPORTS by Loic Boury
Etudes anthropo by Loic Boury
des anciennes tuileries mécaniques situées à quelques dizaines de mètres au nord du terrain investigué en 2015.
Les opérations d’archéologie préventive ayant eu lieu sur le site d’Éguisheim ont été motivées par l’important potentiel archéologique, pour les périodes protohistoriques et gallo-romaines, des terrains concernés par la création d’un projet de lotissement (Lotissement Herrenweg). Au total, environ 9220 m² ont été décapés puis fouillés. Les périodes mises au jour sont de diverses natures mais elles semblent être chronologiquement déconnectées les unes des autres : le Paléolithique, le Néolithique récent et final, le premier âge du Fer et enfin la période romaine.
La période paléolithique est représentée par deux ensembles stratigraphiquement distincts. Si le croisement des observations
géomorphologiques et archéologiques permet de confirmer la probable
existence d’un niveau d’occupation non remanié attribuable au Paléolithique moyen, les autres vestiges semblent, quant à eux, avoir été découverts en position secondaire. L’étude stratigraphique a mis en évidence une succession de paléosols, attribuables à l’Eémien, au Début glaciaire et probablement au Pléniglaciaire moyen. Ces phases de pédogénèses sont suivies d’épisodes d’instabilité sédimentaire, qui entrainent des ravinements sableux conséquents à partir de la fin du Pléniglaciaire moyen. Le bilan sédimentaire du Pléniglaciaire supérieur est peu développé : les dépôts loessiques de la fin du weichsélien sont épais de moins de deux mètres. Cette étude confirme le bon potentiel d’enregistrement du signal archéologique et paléontologique sur la colline du Buhl, qui présage pour le secteur d’une d’occupation humaine longue, à partir d’une phase indéterminée du Saalien.
Par ailleurs, le site est fréquenté à trois reprises au cours du Néolithique.
Ces occupations assez lâches sont matérialisées par une série de structures de type fente datées de la seconde partie du cinquième millénaire, dont deux ont livré des restes de faunes en connexion. Quelques siècles plus tard, quatre silos ont été creusés au cours du Néolithique récent. Dans deux d’entre eux, des inhumations simples ont été installées sur des niveaux de comblement intermédiaires. Il s’agit d’individus adultes de sexe féminin.
Sur l’un des défunts alors non complètement décomposé, d’importants
segments anatomiques ont été prélevés, ce qui n’est pas exceptionnel
dans le Néolithique récent régional. Environ un millénaire plus tard, une
sépulture individuelle isolée a été installée au cours du Néolithique final.
Les pratiques funéraires reconnues plaideraient pour la culture du Cordé,
mais la datation radiocarbone obtenue sur ce défunt est un peu haute pour cette culture. Le mobilier est extrêmement rare au sein de ces ensembles, tandis qu’un lot de quelques pièces de mobilier lithique poli a été recueilli dans des contextes plus récents, en position résiduelle. La réutilisation de certaines de ces pièces n’est pas exclue.
Après un hiatus de près de 2 millénaires, le site est réinvesti de façon
importante lors de la période du premier âge du Fer. Cette occupation se
limite au sud de l’emprise de fouille et la vision de son étendue est tronquée : le site se poursuit certainement au sud et à l’ouest des parcelles fouillées. Les vestiges de cette période s’articulent autour d’un ensemble fossoyé axé nord-ouest/sud-est. Ce fossé, probablement d’origine anthropique, a subi
un ruissellement plus ou moins important ce qui en a modifié son profil
(érosion). Plusieurs creusements correspondant à autant de réactivations successives ont pu être proposés avant un colmatage rapide et complet de l’ensemble par un apport volontaire de sédiments riche en mobilier archéologique. Au sud de ce fossé se développent de nombreuses fosses de tailles diverses dont certaines contenaient dans leur comblement un très riche mobilier céramique associé dans certains cas à des objets de parure en alliage cuivreux. Bien que l’emprise semble être limitée par ce fossé, quelques structures sont néanmoins encore présentes au nord de celui-ci. Cette occupation correspond sans doute à une zone d’habitat privilégié dont la chronologie, d’après l’étude du mobilier céramique, s’étend sur une phase comprenant la fin du Hallstatt C et le Hallstatt D1. La dernière occupation reconnue sur le site correspond à la période galloromaine. Elle a livré des restes de structures d’équipement maçonnées (silos, cave, puits), de bâtiments en architecture légère, de structures de chauffe et de structures fossoyées diverses organisés selon deux orientations ; dont l’une d’elle a pu été mise en relation avec la voie du piémont dont le tracé a été découvert à la fin du XIXe s. Ces éléments sont caractéristiques d’une
occupation de fond de parcelles d’habitats en bandes, telles qu’on les retrouve généralement en bordure de voies au sein des vici. Le mobilier céramique mis au jour dans le comblement des vestiges atteste d’une occupation continue durant cette période entre la fin du Ier s. et le début du Ve s. au plus tard avec une période d’activité plus dense au IIe s.
Enfin, d’importantes perturbations contemporaines sont à signaler sur le site, après un hiatus durant les périodes médiévales et modernes. Il s’agit, d’une part de grandes fosses d’extraction de matériaux (loess) dont l’exploitation démarre a priori au XIXe siècle (peut-être en lien avec la tuilerie située à quelques centaines de mètres au nord) d’autre part, des perturbations liées à l’activité vinicole sur le secteur (fosses d’ancrage de vigne).
réalisée entre août 2012 et mars 2013 ; la surface d’ouverture de la fouille était de 7650 m² pour une amplitude stratigraphique maximale de 4,50 m. Cette opération a permis de mettre au jour les vestiges d’un quartier antique encore inédit dans un secteur fortement perturbé par les fluctuations hydrographiques de la Bruche et de l’Ill durant les premiers siècles de notre ère. Ce quartier, alliant structures d’habitat et d’artisanat s’organisait de part et d’autre d’une barre naturelle en gravier, traversant le site du nord vers le sud, héritage des divagations rhénanes de l’ère Quaternaire. L’organisation orthonormée des vestiges par rapport à cet axe, ainsi que la mise en évidence d’entailles dans les flancs et le sommet de celui-ci ont montré qu’il avait été utilisé comme un axe de circulation par les autochtones. La fouille a montré que ce secteur au sud de l’élipse élienne et du camp de la Légion VIII Auguste avait été occupé sans interruption entre le milieu du ier et le ive siècle, avant d’être recouvert par l’épais niveau de terres noires, déjà observé sur Strasbourg en maints endroits. Un hiatus a pu être observé entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge. La fouille a en effet montré que la réoccupation des lieux intervient entre le milieu du xe et le milieu du xiiie siècle, sous forme d’un habitat comme le suggère la découverte de quelques fosses, d’une latrine et de trous de poteaux attribuables à des bâtiments en bois et terre au nord de la fouille.
L’occupation se densifie ensuite et s’étend sur l’ensemble du site ; elle se
matérialise par des habitats fondés en dur, des fosses et des puits ; répartis en bordure d’un probable axe antérieur à l’ancienne rue du Bouc, menant vers l’extérieur de l’enceinte épiscopale datée du xiiie siècle et englobant la rive droite de l’Ill. C’est à partir de la fin du xive siècle, d’après les archives de la ville de Strasbourg, que l’hôpital de la ville, dont la date de création n’est pas attestée précisément, est déplacé et définitivement implanté à cet emplacement ; son installation semble aller de pair avec la mise en place de la nouvelle enceinte maçonnée qui agrandit le périmètre initialement circonscrit, ainsi qu’avec la mise en place d’une voirie pérenne, la rue du Bouc, observée lors de la fouille, desservant la Bündethor, au sud de l’enceinte. Les décapages successifs réalisés sur le terrain d’assiette du futur PAPS/ PSI ont montré que c’est à partir de cette période que vont se succéder les vestiges qu’il a été possible de rattacher aux différents états des hôpitaux consignés dans les archives jusqu’au xixe siècle.
alluviale de l’Ill. Malgré des gisements archéologiques reconnus sur les
communes voisines, le territoire de Logelheim même reste largement
inexploré en termes de vestiges (seuls ce contexte et quelques prospections au sol permettent de pressentir son potentiel archéologique, en particulier pour la période gallo-romaine).
La prescription d’une intervention archéologique préventive sur le site du
lieu-dit Les Pâturages 2 (commune de Logelheim, Haut-Rhin) répond au
projet d’aménagement d’un lotissement éponyme par la Sarl SOVIA. Au
total, environ 8000 m² de terrain ont été décapés et fouillés, dans la partie est du projet d’aménagement, au cours des mois d’octobre et novembre 2016. Cette opération confirme, pour les périodes protohistorique et gallo-romaine, le potentiel archéologique déjà pressenti. Ainsi, les vestiges observés sur le site des Pâturages 2 s’échelonnent de La Tène B-C jusqu’au Bas-Empire. Il convient cependant de modérer cette assertion, eu égard à la faible quantité de mobilier mis au jour sur le site. Ces occupations humaines sont précédées d’un certain nombre de témoins
de paysages anciens. Si un vaste terrier de blaireau est stratigraphiquement positionné comme antérieur à la période gallo-romaine, sans plus de précision, en revanche les écofacts situés au sud de l’emprise ont permis, par l’application des protocoles de documentation et d’analyse développés dans le domaine de l’écologie forestière, de dater les épisodes de chablis du Néolithique moyen. Les dimensions imposantes de ces chablis militent en faveur d’arbres de forte taille, probables témoins d’un paysage de forêt ancienne au sud de l’emprise du site. Toutefois, seule l’antériorité de cette
forêt à l’époque gallo-romaine est acquise, et il ne nous est pas possible
d’établir avec certitude qu’elle ait subsisté jusque-là (du fait par exemple
d’éventuels défrichements antérieurs). L’occupation humaine la plus ancienne du site Les Pâturages 2 est constituée de trois ensembles de vestiges attribuables à un intervalle fin de La Tène ancienne/La Tène moyenne, jusqu’à La Tène finale : un puits, un ensemble
de trous de poteaux dessinant soit un bâtiment à abside soit deux greniers juxtaposés, et une sépulture « monumentale » composée de deux inhumations circonscrites dans un enclos quadrangulaire, aménagement funéraire inédit en Alsace pour cette période, et qu’il convient de rapprocher des concentrations de cercles funéraires protohistoriques des communes avoisinantes (forêt de Kastenwald, village de Sainte-Croix-en-Plaine). Si ces différentes structures sont spatialement déconnectées les unes des autres, il est revanche intéressant de noter leur relative concentration dans
le tiers nord de l’emprise. Les deux tiers sud de l’emprise sont quant à eux marqués par un ensemble palissadé qui se développe au sud et à l’est, en dehors de l’emprise prescrite. Les vestiges fouillés (partitions palissadées internes, puits, concentrations désorganisées de trous de poteaux et de fosses) indique que nous nous trouvons dans les espaces et aménagements extérieurs (probablement dédiés
en partie à l’élevage) d’un site plus vaste, dont les ensembles résidentiels et productifs/artisanaux restent à explorer (sud et/ou est de l’emprise). L’étude du mobilier et les datations radiocarbones caractérisent conjointement une occupation a priori continue du Ier siècle de notre ère, jusqu’au dernier tiers du IIIe siècle, au plus tard à la première moitié du IVe siècle. Du fait même
de sa continuité, cette occupation a sans aucun doute subi des mutations organisationnelles dont il sera nécessaire de tenir compte lors d’éventuelles fouilles ultérieures du site. Le glissement spatial vers le sud des deux occupations repérées, autant que leur stricte séparation planimétrique, soulèvent des interrogations :
--ces modalités spatiales peuvent être mises en relation avec les vestiges
de paysage ancien observés. En effet, il n’est pas exclu que le paysage de
forêt ancienne ait subsisté à l’époque laténienne et constitué un obstacle
naturel au développement de l’occupation vers le sud. Il faudrait alors
admettre que la romanisation du site ait été réalisée par un défrichage
massif et soudain, ce dont nous n’avons, en l’état, aucune preuve ;
--il n’est pas pour autant exclu que l’occupation laténienne se soit
développée dans les deux tiers sud de l’emprise. Il est alors possible que
les aménagements gallo-romains aient en quelque sorte « oblitéré » les
vestiges laténiens antérieurs ;
--les structures datées de La Tène finale posent la question des modalités de transition entre cette période et l’époque gallo-romaine. S’il est tentant d’y rechercher l’indice d’une occupation continue, la faiblesse quantitative des éléments datants nous incite sur ce point à la plus grande prudence. En l’état de nos connaissances sur le site, ces remarques demeurent toutefois à l’état d’hypothèses, avec toutes les réserves qui s’imposent.
Au cours du Bas-Empire, l’occupation humaine du site prend fin. Elle fait
place, au plus tard à l’époque moderne (comme en témoignent les quelques vestiges documentés), à des espaces agricoles qui perdurent jusqu’à nos jours. Les résultats de cette opération permettent ainsi d’esquisser d’une part une occupation à la fois domestique et funéraire de l’époque laténienne, et d’autre part un établissement rural de la période gallo-romaine. Toutefois, des explorations archéologiques futures demeurent indispensables à leurs délimitations spatiales autant qu’à leur compréhension.
nord-est de la ville de Colmar et à 4 km à l’ouest du cours actuel du Rhin.
Fouillé en 2015, il s’agit d’un site important pour comprendre l’évolution
des habitats au cours de l’âge du Bronze dans la plaine rhénane. En effet, sur les quatre hectares explorés, plusieurs occupations s’échelonnant de la fin du Néolithique à la fin de la Protohistoire ont été mises en évidence. Le décapage a été divisé en quatre secteurs, ce qui laisse de vastes zones non explorées. Néanmoins, ce site qui semble avoir subi une érosion limitée, a livré plusieurs plans de bâtiments bien conservés associés à diverses structures domestiques, en particulier des puits, mais aussi des fosses à galets chauffés ou de très rares fosses de rejet. Il offre donc l’opportunité rare de suivre l’évolution d’un habitat sur près de deux millénaires. Au moins 36 plans de bâtiments sur poteaux ont pu être clairement identifiés sur les 4 ha décapés. Les plus grands sont caractérisés par un plan rectangulaire allongé (légèrement trapézoïdal) à deux nefs et le doublement des parois latérales par une rangée externe de poteaux. On en dénombre au moins cinq, mais seuls deux d’entre eux possèdent un plan complet (leur longueur s’échelonne entre 17,30 et 27,80 m). D’un point de vue spatial, ces édifices se répartissent sur au moins deux des secteurs fouillés, et se présentent tantôt distants de plusieurs dizaines de mètres (secteur 2), tantôt juxtaposés par ensembles de quatre (secteur 4). Par ailleurs, il est
intéressant de noter que tous présentent une orientation quasi similaire :
ouest-nord-ouest/est-sud-est. D’autres édifices présentent également un
plan rectangulaire, mais accusent des dimensions plus modestes (entre 40 et 64 m²) avec des parois simples, non doublées. Pour sept d’entre eux, on observe un plan à une seule nef, tandis que deux autres présentent une partition interne (deux nefs). Les axes de ces bâtiments sont régis par deux orientations principales : est-ouest d’une part et nord-ouest/sud-est d’autre part. Le plus important de ces édifices (bâtiment 10) présente, au niveau du pignon sud-est, une avancée correspondant probablement à des antes. Enfin, on observe une vingtaine de bâtiments de petits modules sur quatre, six et huit poteaux traditionnellement interprétés comme des dépendances de type grenier surélevé. D’un point de vue typologique, la plupart des édifices
parmi les plus imposants de Marckolsheim correspondent à la définition
du type « Eching » connu au Bronze ancien dans le sud de l’Allemagne,
notamment dans la plaine de Munich. Plusieurs analyses radiocarbones
effectuées dans les ensembles de Marckolsheim correspondent bien à
cette chronologie, ce qui tendrait à confirmer cette datation. Par ailleurs,
d’autres édifices plus modestes, indiquent toujours sur la base d’analyses radiocarbones, divers horizons chronologiques couvrant le Bronze moyen, ou encore le premier âge du Fer.
On dénombre 26 structures pouvant être considérées comme des puits ou des structures à eau. Il existe une certaine diversité dans les creusements, allant de simples structures circulaires étroites (profil cylindrique) à de grands creusements à profil en entonnoir présentant des ouvertures de plusieurs mètres de large. Parmi eux, cinq ensembles ont livré des restes de cuvelage en bois, plus ou moins bien conservés selon les cas. Pour trois d’entre eux, ils correspondent à un système de planches assemblées à mi-bois, formant un coffrage quadrangulaire. Deux autres cuvelages sont issus de demi-fûts (troncs) grossièrement évidés puis réassemblés dans le but de former un coffrage cylindrique. Les puits n’ont livré que très peu de mobilier, par conséquent, leur datation repose souvent sur des analyses radiocarbones et/ou dendrochronologiques. Deux cuvelages ont pu être datés de cette manière. Ainsi les planches du premier (ST.848) proviennent d’un même chêne abattu durant l’automne-hiver 1429-1428 av. J.-C (milieu du Bronze moyen). Le deuxième (ST.1022), présente un cuvelage de chêne monoxyle dont la date d’abattage a pu être estimée à l’automne-hiver 781-780 av. J.-C (transition Bronze final IIIb / Hallstatt C). D’un point de vue spatial, ces différents puits sont disposés de manière visiblement organisée, en « grappe » regroupant quatre à huit individus et sont implantés selon un axe approximativement nord-sud. Parmi les 26
puits recensés, 24 sont creusés dans les limons bordiers d’un chenal rhénan fossile, tandis que seuls deux sont creusés directement dans la terrasse de gravier. Leur chronologie montre un fait particulièrement intéressant : la plupart de ces « grappes » regroupent des puits d’âge très divers allant du Néolithique final (Campaniforme) jusqu’à la fin de la période laténienne. À partir de l’ensemble des données de Marckolsheim, une hypothèse de modèle d’occupation domestique étonnamment homogène sur au moins l’ensemble de l’âge du Bronze peut être proposée. Celui-ci pourrait ainsi être composé d’une ou plusieurs unités d’habitation associées à des espaces
qui leur sont propres. Les bâtiments d’habitation avec leur(s) dépendance(s) sont implantés préférentiellement en zone sèche (terrasse de gravier) tandis que le puits correspondant est implanté quant à lui, dans une zone hydromorphe située à proximité (quelques dizaines de mètres). Une fois qu’un puits a été abandonné, un autre lui succède, mais toujours dans un périmètre restreint et qui semble être déterminé et pérenne sur plusieurs siècles (contrainte topographique ? Parcellaire ?). Concernant les bâtiments, cette éventuelle « partition » peut également être envisagée bien que les indices allant dans ce sens soient plus ténus et donc plus sujets à débat.
Les fosses à galets chauffés, au nombre de 8, participent certainement aussi de cette organisation et semble être liées, pour la plupart d’entre elles, aux bâtiments les plus récents daté d’une période couvrant la fin du Bronze final et le début du premier âge du Fer. Quelques questions restent cependant en suspens, notamment celles concernant la rareté des fosses détritiques à proximité des bâtiments ou
encore la « durée de vie » de ces mêmes édifices. Une autre problématique concerne la pérennité des occupations sur le site : sommes-nous en présence d’une occupation réellement continue sans hiatus important ? L’indigence du mobilier archéologique ne nous permet pas de trancher cette question de manière ferme, bien que les résultats des analyses radiocarbones tendent à privilégier cette hypothèse.
Enfin, le décapage a également mis en évidence, sur une grande partie
de l’emprise de fouille, un important paléochenal rhénan, dont la largeur
est estimée à 170 mètres. De nombreux troncs de pins subfossiles ont été mis au jour, préservés dans les argiles sableuses hydromorphes à la base du chenal. Ce dernier est colmaté par des limons jaune carbonatés et évolue, une fois déconnecté du lit actif, en une dépression humide où s’accumulent des limons noirs organiques (anmoor). Les datations radiocarbone obtenus sur ces bois ont permis de dater du Boréal la mise en eau du chenal. Il est rapidement abandonné par le fleuve mais la dépression humide perdure jusqu’à l’Atlantique ancien. Cet ancien milieu humide a été ensuite mis à profit en tant que zone de puisage, sur le temps long, du Campaniforme jusqu’à la Tène finale.
Rapports d'archéologie préventive by Loic Boury
Pfulgriesheim Kammeracker (site 4.2bis) appartient aux opérations
préalables au projet du contournement ouest de Strasbourg (COS).
La fouille s’est déroulée en 2018, sur une surface totale de près de
4 ha, sur le versant sud d’une crête bordant les rives de la Souffel.
Des occupations domestiques et funéraires de plusieurs phases des
périodes pré- et protohistoriques ont été mises à jour.
L’occupation la plus ancienne remonte au Néolithique ancien.
Quelques fosses rubanées ont été repérées dans le sud du décapage, de
part et d’autre du niveau de l’actuel chemin d’exploitation. Celles-ci
environnaient la sépulture d’un enfant probablement contemporaine
de cette occupation, dont la dépouille semble avoir été l’objet d’un
épandage d’ocre rouge.
Le Néolithique moyen a également laissé des traces. D’abord les
restes d’au moins six sépultures de la culture Grossgartach ont été
mises à jour. Celles-ci apparaissaient de manière très superficielle
dans le décapage et étaient par conséquent assez mal conservées. Dans
certains cas, seuls des os longs en place témoignaient encore de la
présence d’une tombe. Certaines d’entre elles étaient accompagnées
de céramique ou encore, dans un cas, d’un probable brassard en dent
de suidé caractéristique de la période. Par ailleurs, des structures
domestiques du Néolithique moyen (occupation Bischheim) ont
également été découvertes sur les surfaces fouillées.
Un petit ensemble funéraire de la période du Bronze ancien a
également été mis au jour. Sans doute incomplet en raison de son
positionnement à proximité immédiate de la limite septentrionale de
fouille, l’ensemble est composé de cinq tombes avérées. Une sixième
sépulture a certainement été détruite par le creusement d’une fosse
du Bronze final puisque cette dernière contenait des restes humains
épars ainsi qu’un petit pendentif en os attribués au Bronze ancien.
Hormis cet objet, le mobilier accompagnant les défunts se limite
à un seul élément de parure en alliage cuivreux, une spirale ou un
petit anneau, retrouvé au niveau de la tête d’un individu immature.
Malgré son indigence, les comparaisons typologiques effectuées sur
la dotation funéraire et une série de datation 14C permettent de
placer ce petit ensemble funéraire dans une phase ancienne du Bronze
ancien local, étape encore rarement mise en évidence dans la région.
Une fosse polylobée de dimensions moyennes, située dans la moitié
nord du décapage, a livré une importante quantité de mobilier
céramique attribué au Bronze moyen. Onze autres petites structures
d’habitat éparses, souvent indigentes en mobilier, sont rattachées
à cette période. Un individu immature est inhumé en limite
d’occupation.
L’étape moyenne du Bronze final est bien représentée sur le site
par 25 structures dont 14 silos et 8 fosses polylobées. L’occupation
semble se développer en deux pôles, le premier au nord du chantier à
proximité de l’ensemble funéraire du Bronze ancien et un second dans
la partie médiane, au niveau du grand enclos laténien. Ce deuxième
pôle a livré d’importants lots de mobiliers céramiques de style Rhin-
Suisse-France Orientale. Des enduits de parois architecturales ont
été identifiés. Un silo accueille une inhumation ; c’est une pratique
peu courante pour cette période.
Nous pouvons également mentionner deux ensembles funéraires
datés du milieu du premier âge du Fer (Hallstatt D). Le premier,
sur la commune de Griesheim-sur-Souffel, compte sept tombes.
Le mobilier associé aux défunts n’était pas très abondant mais
caractéristique du milieu de la période du Hallstatt : bracelets en
lignite, bracelets en alliage cuivreux, boucles d’oreille en ruban,
« spirales » en alliage cuivreux etc. L’ensemble a vraisemblablement
été perturbé par l’installation d’un grand fossé d’enclos à la période
finale de La Tène.
Le second ensemble, se situe sur la commune de Pfulgriesheim (site
4.2bis), à 550 m au nord-est du précédent. Celui-ci comprend au
moins 22 sépultures dont la disposition concentrique laisse supposer
la présence d’un monument circulaire dont il ne resterait aucune
trace (tumulus). Son organisation spatiale montre que les défunts
inhumés en périphérie étaient déposés dans des fosses plus ajustées
et généralement dépourvu de mobilier. En revanche, les inhumations
implantées au centre semblent les plus privilégiées. Il s’agit de
grandes fosses, dans lesquelles les défunts ont été déposés dans des
contenants en bois, certains enveloppés dans des contenants en cuir
ou en fourrure. Ils étaient également richement parés : ceintures,
torques, bracelets en alliage cuivreux et en roche noire, boucles
d’oreilles…) et certains objets étaient conçus en matériaux exotiques
(corail, ambre) confirmant sans doute leur statut social privilégié.
La période du début du second âge du Fer (La Tène AB) est
également attestée sur le site, de manière relativement marquée.
Il s’agit d’une des occupations prégnantes du site avec un nombre
important de structures associées à des mobiliers conséquents
(principalement céramique, métallique, faunique et de nombreux
fragments de torchis brûlés). De nature domestique, l’occupation
est constituée par quelques fosses et surtout silos dont certains ont
livré un mobilier détritique abondant. Quelques fonds de cabanes,
une inhumation en silo ainsi qu’un dépôt animal appartiennent à
cette occupation. L’étude des mobiliers permet d’y envisager un
phasage chronologique avec une phase ancienne (Hallstatt D3/La
Tène A1) et une phase récente (La Tène A2-B1).
Enfin, la fin du second âge du fer (La Tène moyenne et finale) est
visuellement la plus marquante avec le grand enclos quadrangulaire
situé en partie médiane du décapage. Large d’environ 1m à 1,5 m,
il accuse une profondeur conservée de 0,5 à 0,75 m. Le mobilier
piégé dans le comblement indique la phase moyenne et finale de la
période gauloise (La Tène C2-D1a). Ce fossé semble fonctionner
avec un grand bâtiment sur 4 poteaux (environ 36 m² au sol et
dont l’orientation coïncide avec le fossé), un bâtiment excavé sans
aménagement visible ainsi qu’une grande fosse polylobée de plus
de 30 m de long et orientée selon un axe NE/SO.
La structure 108 a été découverte dans la partie nord-est du décapage. Il s’agit d’une fosse de plan quadrangulaire, mesurant environ 4,75 x 4,15 m pour une profondeur d’environ 0,30 m. La présence d’un trou de poteau au centre de cette fosse incite à l’assimiler à un fond de cabane. Cette découverte n’est pas une première ni en Alsace ni dans le Sud du Bade et confirme l’importance que joue ce type de bâtiment dans le Cordé. Les parallèles ne manquent pas, notamment en Allemagne et en Suisse où ce type de structures est souvent mentionné. Ces fonds de « cabane » sont généralement interprétés comme des habitations à part entière ; d’ailleurs leurs dimensions sont tout à fait comparables à celles des bâtiments sur poteaux.
À une trentaine de mètres à l’ouest de la fosse 108, quatre sépultures également attribuées au Cordé ont été fouillées. Elles sont disposées selon une rangée d’environ 45 m de long orientée selon un axe ord-ouest/sud-est. Cet alignement, non loin du rebord d’une terrasse de oess bordant un ancien chenal, et l’espacement important entre chaque sépulture (de 9,5 à 16 m) posent la question de l’existence de tertres. L’état de conservation de ces tombes est, au mieux, mauvais ; apparues juste sous la semelle des labours, elles ont été très affectées par les travaux agricoles et l’érosion. Toutefois, les observations réalisées offrent l’occasion d’esquisser pour la première fois les pratiques funéraires cordées en Alsace. Ainsi, il apparaît que cette région adopte largement les pratiques funéraires cordées que ce soit la position contractée, l’orientation ouest-est ou encore la latéralisation des défunts en fonction de leur sexe. Quelques particularismes sont également à souligner, comme l’implantation des tombes en une rangée ou la discrétion du mobilier céramique.
Il est prématuré pour l’instant d’apprécier leur portée à l’échelle de l’Alsace, d’autant que les particularismes régionaux au sein de la sphère cordée ne manquent pas en ce qui concerne les pratiques funéraires. Précisons toutefois que cette organisation en une rangée est attestée en Alsace pour des ensembles campaniformes et Bronze ancien. La comparaison avec les tombes cordées de Geispolsheim est d’autant plus frappante que ces rangées sont également orientées nord-ouest/sud-est. Enfin, l’étude du mobilier confirme – s’il en était besoin – l’ancrage de l’Alsace et, plus largement, du Sud de la plaine du Rhin supérieur, dans l’aire de répartition du Cordé. De même, les liens étroits qui unissent l’Alsace au Plateau suisse et au sud-ouest de l’Allemagne trouvent confirmation dans le mobilier céramique et lithique de Geispolsheim."
La fouille de sauvetage réalisée sur la commune de Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), a permis la mise au jour d’un important ensemble funéraire mérovingien, utilisé du début du VIème s. à la fin du VIIè s. ap. J.-C. La qualité des données archéologiques, l’abondance et la richesse du mobilier funéraire ainsi que la bonne conservation des matières organiques (bois et textiles notamment) ont permis d’observer des aspects inédits concernant les pratiques funéraires dans la région.
Mots clés :
Ensemble funéraire mérovingien, chambre funéraire type Morken, chambre funéraire à madriers fendus et cercueil monoxyle, enclos circulaires, dépôts de cheval, pillage, tombes privilégiées.
Abstract :
The rescue excavation carried out in the municipality of Vendenheim (Alsace, Bas-Rhin), allowed the discovery of an important Merovingian cemetery, used from the beginning of the 6th century at the end of the 7th century. The archaeological data quality, the abundance and wealth of funerary deposits and the good preservation of organic materials (wood and textiles in particular) allowed to observe new aspects about burial practices in the region.
Keywords :
Merovingian cemetry, Morken’s funerary chamber, Split beam’s funerary chamber and coffin, ring enclosures, horses deposits, loot, wealthy’s burials.
A l’issue de l’opération d’évaluation, la problématique principale était de mieux appréhender l’occupation du Néolithique récent qui avait été repérée et qui se matérialisait principalement par un ensemble de fosses circulaires (dont une contenait des inhumations) et des fentes.
La fouille a permis la mise au jour de plusieurs occupations datant de différentes périodes, essentiellement néolithique mais aussi protohistoriques.
Le Néolithique moyen (groupe de Bruebach-Oberbergen) est représenté par trois fosses circulaires et surtout un ensemble de 34 fentes, incluant celles déjà repérées lors du diagnostic, dont l’organisation spatiale est inédite. Orientées sud-ouest / nord-est, elles sont disposées le long d’un couloir sud-est / nord-ouest d’une trentaine de mètres de large traversant la zone fouillée du nord au sud.
Objet principal de la problématique originelle, l’occupation du Néolithique récent repérée lors du diagnostic n’a été complétée que par cinq fosses circulaires dont une seule contenait une inhumation. L’étude de l’ensemble céramique qu’elles ont livré, associée à une série de datation au carbone 14, a permis d’alimenter la récente remise en question de la typo-chronologie de cette période.
La fin du Néolithique est marquée par quatre sépultures campaniformes. Disposées sur un axe nord-ouest / sud-est, elles contenaient les corps d’un enfant, d’une femme et de deux hommes. L’excellent état de conservation des tombes masculines a en outre permis la reconnaissance d’une architecture en bois. D’une manière générale, ce type de découvertes des années 60. Leur état de conservation et leur riche mobilier font des sépultures de Sierentz une découverte majeure de cette période dans la région.
Le site est ensuite occupé durant la Protohistoire, mais les indices qui ont pu être mis au jour lors de la fouille restent cependant assez réduits et la nature de ces occupations n’a pu être précisée.
Le Bronze final IIb est essentiellement représenté par un ensemble de 15 fosses circulaires et de fosses-silos. Certaines de ces fosses contenaient des dépôts de vases entiers et s’organisaient le long d’un axe sud-ouest / nord-est dans la moitié ouest de l’emprise. Six autres fosses et silos sont datés du Hallstatt D1. Il est possible que durant ces périodes, la zone d’occupation humaine principale soit plutôt à chercher dans la partie nord la commune.
Enfin quelques menus indices d’occupations postérieures, éventuellement romaines, ainsi qu’une probable aspergerie d’époque Moderne et/ou Contemporaine ont été mis en évidence"
des anciennes tuileries mécaniques situées à quelques dizaines de mètres au nord du terrain investigué en 2015.
Les opérations d’archéologie préventive ayant eu lieu sur le site d’Éguisheim ont été motivées par l’important potentiel archéologique, pour les périodes protohistoriques et gallo-romaines, des terrains concernés par la création d’un projet de lotissement (Lotissement Herrenweg). Au total, environ 9220 m² ont été décapés puis fouillés. Les périodes mises au jour sont de diverses natures mais elles semblent être chronologiquement déconnectées les unes des autres : le Paléolithique, le Néolithique récent et final, le premier âge du Fer et enfin la période romaine.
La période paléolithique est représentée par deux ensembles stratigraphiquement distincts. Si le croisement des observations
géomorphologiques et archéologiques permet de confirmer la probable
existence d’un niveau d’occupation non remanié attribuable au Paléolithique moyen, les autres vestiges semblent, quant à eux, avoir été découverts en position secondaire. L’étude stratigraphique a mis en évidence une succession de paléosols, attribuables à l’Eémien, au Début glaciaire et probablement au Pléniglaciaire moyen. Ces phases de pédogénèses sont suivies d’épisodes d’instabilité sédimentaire, qui entrainent des ravinements sableux conséquents à partir de la fin du Pléniglaciaire moyen. Le bilan sédimentaire du Pléniglaciaire supérieur est peu développé : les dépôts loessiques de la fin du weichsélien sont épais de moins de deux mètres. Cette étude confirme le bon potentiel d’enregistrement du signal archéologique et paléontologique sur la colline du Buhl, qui présage pour le secteur d’une d’occupation humaine longue, à partir d’une phase indéterminée du Saalien.
Par ailleurs, le site est fréquenté à trois reprises au cours du Néolithique.
Ces occupations assez lâches sont matérialisées par une série de structures de type fente datées de la seconde partie du cinquième millénaire, dont deux ont livré des restes de faunes en connexion. Quelques siècles plus tard, quatre silos ont été creusés au cours du Néolithique récent. Dans deux d’entre eux, des inhumations simples ont été installées sur des niveaux de comblement intermédiaires. Il s’agit d’individus adultes de sexe féminin.
Sur l’un des défunts alors non complètement décomposé, d’importants
segments anatomiques ont été prélevés, ce qui n’est pas exceptionnel
dans le Néolithique récent régional. Environ un millénaire plus tard, une
sépulture individuelle isolée a été installée au cours du Néolithique final.
Les pratiques funéraires reconnues plaideraient pour la culture du Cordé,
mais la datation radiocarbone obtenue sur ce défunt est un peu haute pour cette culture. Le mobilier est extrêmement rare au sein de ces ensembles, tandis qu’un lot de quelques pièces de mobilier lithique poli a été recueilli dans des contextes plus récents, en position résiduelle. La réutilisation de certaines de ces pièces n’est pas exclue.
Après un hiatus de près de 2 millénaires, le site est réinvesti de façon
importante lors de la période du premier âge du Fer. Cette occupation se
limite au sud de l’emprise de fouille et la vision de son étendue est tronquée : le site se poursuit certainement au sud et à l’ouest des parcelles fouillées. Les vestiges de cette période s’articulent autour d’un ensemble fossoyé axé nord-ouest/sud-est. Ce fossé, probablement d’origine anthropique, a subi
un ruissellement plus ou moins important ce qui en a modifié son profil
(érosion). Plusieurs creusements correspondant à autant de réactivations successives ont pu être proposés avant un colmatage rapide et complet de l’ensemble par un apport volontaire de sédiments riche en mobilier archéologique. Au sud de ce fossé se développent de nombreuses fosses de tailles diverses dont certaines contenaient dans leur comblement un très riche mobilier céramique associé dans certains cas à des objets de parure en alliage cuivreux. Bien que l’emprise semble être limitée par ce fossé, quelques structures sont néanmoins encore présentes au nord de celui-ci. Cette occupation correspond sans doute à une zone d’habitat privilégié dont la chronologie, d’après l’étude du mobilier céramique, s’étend sur une phase comprenant la fin du Hallstatt C et le Hallstatt D1. La dernière occupation reconnue sur le site correspond à la période galloromaine. Elle a livré des restes de structures d’équipement maçonnées (silos, cave, puits), de bâtiments en architecture légère, de structures de chauffe et de structures fossoyées diverses organisés selon deux orientations ; dont l’une d’elle a pu été mise en relation avec la voie du piémont dont le tracé a été découvert à la fin du XIXe s. Ces éléments sont caractéristiques d’une
occupation de fond de parcelles d’habitats en bandes, telles qu’on les retrouve généralement en bordure de voies au sein des vici. Le mobilier céramique mis au jour dans le comblement des vestiges atteste d’une occupation continue durant cette période entre la fin du Ier s. et le début du Ve s. au plus tard avec une période d’activité plus dense au IIe s.
Enfin, d’importantes perturbations contemporaines sont à signaler sur le site, après un hiatus durant les périodes médiévales et modernes. Il s’agit, d’une part de grandes fosses d’extraction de matériaux (loess) dont l’exploitation démarre a priori au XIXe siècle (peut-être en lien avec la tuilerie située à quelques centaines de mètres au nord) d’autre part, des perturbations liées à l’activité vinicole sur le secteur (fosses d’ancrage de vigne).
réalisée entre août 2012 et mars 2013 ; la surface d’ouverture de la fouille était de 7650 m² pour une amplitude stratigraphique maximale de 4,50 m. Cette opération a permis de mettre au jour les vestiges d’un quartier antique encore inédit dans un secteur fortement perturbé par les fluctuations hydrographiques de la Bruche et de l’Ill durant les premiers siècles de notre ère. Ce quartier, alliant structures d’habitat et d’artisanat s’organisait de part et d’autre d’une barre naturelle en gravier, traversant le site du nord vers le sud, héritage des divagations rhénanes de l’ère Quaternaire. L’organisation orthonormée des vestiges par rapport à cet axe, ainsi que la mise en évidence d’entailles dans les flancs et le sommet de celui-ci ont montré qu’il avait été utilisé comme un axe de circulation par les autochtones. La fouille a montré que ce secteur au sud de l’élipse élienne et du camp de la Légion VIII Auguste avait été occupé sans interruption entre le milieu du ier et le ive siècle, avant d’être recouvert par l’épais niveau de terres noires, déjà observé sur Strasbourg en maints endroits. Un hiatus a pu être observé entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge. La fouille a en effet montré que la réoccupation des lieux intervient entre le milieu du xe et le milieu du xiiie siècle, sous forme d’un habitat comme le suggère la découverte de quelques fosses, d’une latrine et de trous de poteaux attribuables à des bâtiments en bois et terre au nord de la fouille.
L’occupation se densifie ensuite et s’étend sur l’ensemble du site ; elle se
matérialise par des habitats fondés en dur, des fosses et des puits ; répartis en bordure d’un probable axe antérieur à l’ancienne rue du Bouc, menant vers l’extérieur de l’enceinte épiscopale datée du xiiie siècle et englobant la rive droite de l’Ill. C’est à partir de la fin du xive siècle, d’après les archives de la ville de Strasbourg, que l’hôpital de la ville, dont la date de création n’est pas attestée précisément, est déplacé et définitivement implanté à cet emplacement ; son installation semble aller de pair avec la mise en place de la nouvelle enceinte maçonnée qui agrandit le périmètre initialement circonscrit, ainsi qu’avec la mise en place d’une voirie pérenne, la rue du Bouc, observée lors de la fouille, desservant la Bündethor, au sud de l’enceinte. Les décapages successifs réalisés sur le terrain d’assiette du futur PAPS/ PSI ont montré que c’est à partir de cette période que vont se succéder les vestiges qu’il a été possible de rattacher aux différents états des hôpitaux consignés dans les archives jusqu’au xixe siècle.
alluviale de l’Ill. Malgré des gisements archéologiques reconnus sur les
communes voisines, le territoire de Logelheim même reste largement
inexploré en termes de vestiges (seuls ce contexte et quelques prospections au sol permettent de pressentir son potentiel archéologique, en particulier pour la période gallo-romaine).
La prescription d’une intervention archéologique préventive sur le site du
lieu-dit Les Pâturages 2 (commune de Logelheim, Haut-Rhin) répond au
projet d’aménagement d’un lotissement éponyme par la Sarl SOVIA. Au
total, environ 8000 m² de terrain ont été décapés et fouillés, dans la partie est du projet d’aménagement, au cours des mois d’octobre et novembre 2016. Cette opération confirme, pour les périodes protohistorique et gallo-romaine, le potentiel archéologique déjà pressenti. Ainsi, les vestiges observés sur le site des Pâturages 2 s’échelonnent de La Tène B-C jusqu’au Bas-Empire. Il convient cependant de modérer cette assertion, eu égard à la faible quantité de mobilier mis au jour sur le site. Ces occupations humaines sont précédées d’un certain nombre de témoins
de paysages anciens. Si un vaste terrier de blaireau est stratigraphiquement positionné comme antérieur à la période gallo-romaine, sans plus de précision, en revanche les écofacts situés au sud de l’emprise ont permis, par l’application des protocoles de documentation et d’analyse développés dans le domaine de l’écologie forestière, de dater les épisodes de chablis du Néolithique moyen. Les dimensions imposantes de ces chablis militent en faveur d’arbres de forte taille, probables témoins d’un paysage de forêt ancienne au sud de l’emprise du site. Toutefois, seule l’antériorité de cette
forêt à l’époque gallo-romaine est acquise, et il ne nous est pas possible
d’établir avec certitude qu’elle ait subsisté jusque-là (du fait par exemple
d’éventuels défrichements antérieurs). L’occupation humaine la plus ancienne du site Les Pâturages 2 est constituée de trois ensembles de vestiges attribuables à un intervalle fin de La Tène ancienne/La Tène moyenne, jusqu’à La Tène finale : un puits, un ensemble
de trous de poteaux dessinant soit un bâtiment à abside soit deux greniers juxtaposés, et une sépulture « monumentale » composée de deux inhumations circonscrites dans un enclos quadrangulaire, aménagement funéraire inédit en Alsace pour cette période, et qu’il convient de rapprocher des concentrations de cercles funéraires protohistoriques des communes avoisinantes (forêt de Kastenwald, village de Sainte-Croix-en-Plaine). Si ces différentes structures sont spatialement déconnectées les unes des autres, il est revanche intéressant de noter leur relative concentration dans
le tiers nord de l’emprise. Les deux tiers sud de l’emprise sont quant à eux marqués par un ensemble palissadé qui se développe au sud et à l’est, en dehors de l’emprise prescrite. Les vestiges fouillés (partitions palissadées internes, puits, concentrations désorganisées de trous de poteaux et de fosses) indique que nous nous trouvons dans les espaces et aménagements extérieurs (probablement dédiés
en partie à l’élevage) d’un site plus vaste, dont les ensembles résidentiels et productifs/artisanaux restent à explorer (sud et/ou est de l’emprise). L’étude du mobilier et les datations radiocarbones caractérisent conjointement une occupation a priori continue du Ier siècle de notre ère, jusqu’au dernier tiers du IIIe siècle, au plus tard à la première moitié du IVe siècle. Du fait même
de sa continuité, cette occupation a sans aucun doute subi des mutations organisationnelles dont il sera nécessaire de tenir compte lors d’éventuelles fouilles ultérieures du site. Le glissement spatial vers le sud des deux occupations repérées, autant que leur stricte séparation planimétrique, soulèvent des interrogations :
--ces modalités spatiales peuvent être mises en relation avec les vestiges
de paysage ancien observés. En effet, il n’est pas exclu que le paysage de
forêt ancienne ait subsisté à l’époque laténienne et constitué un obstacle
naturel au développement de l’occupation vers le sud. Il faudrait alors
admettre que la romanisation du site ait été réalisée par un défrichage
massif et soudain, ce dont nous n’avons, en l’état, aucune preuve ;
--il n’est pas pour autant exclu que l’occupation laténienne se soit
développée dans les deux tiers sud de l’emprise. Il est alors possible que
les aménagements gallo-romains aient en quelque sorte « oblitéré » les
vestiges laténiens antérieurs ;
--les structures datées de La Tène finale posent la question des modalités de transition entre cette période et l’époque gallo-romaine. S’il est tentant d’y rechercher l’indice d’une occupation continue, la faiblesse quantitative des éléments datants nous incite sur ce point à la plus grande prudence. En l’état de nos connaissances sur le site, ces remarques demeurent toutefois à l’état d’hypothèses, avec toutes les réserves qui s’imposent.
Au cours du Bas-Empire, l’occupation humaine du site prend fin. Elle fait
place, au plus tard à l’époque moderne (comme en témoignent les quelques vestiges documentés), à des espaces agricoles qui perdurent jusqu’à nos jours. Les résultats de cette opération permettent ainsi d’esquisser d’une part une occupation à la fois domestique et funéraire de l’époque laténienne, et d’autre part un établissement rural de la période gallo-romaine. Toutefois, des explorations archéologiques futures demeurent indispensables à leurs délimitations spatiales autant qu’à leur compréhension.
nord-est de la ville de Colmar et à 4 km à l’ouest du cours actuel du Rhin.
Fouillé en 2015, il s’agit d’un site important pour comprendre l’évolution
des habitats au cours de l’âge du Bronze dans la plaine rhénane. En effet, sur les quatre hectares explorés, plusieurs occupations s’échelonnant de la fin du Néolithique à la fin de la Protohistoire ont été mises en évidence. Le décapage a été divisé en quatre secteurs, ce qui laisse de vastes zones non explorées. Néanmoins, ce site qui semble avoir subi une érosion limitée, a livré plusieurs plans de bâtiments bien conservés associés à diverses structures domestiques, en particulier des puits, mais aussi des fosses à galets chauffés ou de très rares fosses de rejet. Il offre donc l’opportunité rare de suivre l’évolution d’un habitat sur près de deux millénaires. Au moins 36 plans de bâtiments sur poteaux ont pu être clairement identifiés sur les 4 ha décapés. Les plus grands sont caractérisés par un plan rectangulaire allongé (légèrement trapézoïdal) à deux nefs et le doublement des parois latérales par une rangée externe de poteaux. On en dénombre au moins cinq, mais seuls deux d’entre eux possèdent un plan complet (leur longueur s’échelonne entre 17,30 et 27,80 m). D’un point de vue spatial, ces édifices se répartissent sur au moins deux des secteurs fouillés, et se présentent tantôt distants de plusieurs dizaines de mètres (secteur 2), tantôt juxtaposés par ensembles de quatre (secteur 4). Par ailleurs, il est
intéressant de noter que tous présentent une orientation quasi similaire :
ouest-nord-ouest/est-sud-est. D’autres édifices présentent également un
plan rectangulaire, mais accusent des dimensions plus modestes (entre 40 et 64 m²) avec des parois simples, non doublées. Pour sept d’entre eux, on observe un plan à une seule nef, tandis que deux autres présentent une partition interne (deux nefs). Les axes de ces bâtiments sont régis par deux orientations principales : est-ouest d’une part et nord-ouest/sud-est d’autre part. Le plus important de ces édifices (bâtiment 10) présente, au niveau du pignon sud-est, une avancée correspondant probablement à des antes. Enfin, on observe une vingtaine de bâtiments de petits modules sur quatre, six et huit poteaux traditionnellement interprétés comme des dépendances de type grenier surélevé. D’un point de vue typologique, la plupart des édifices
parmi les plus imposants de Marckolsheim correspondent à la définition
du type « Eching » connu au Bronze ancien dans le sud de l’Allemagne,
notamment dans la plaine de Munich. Plusieurs analyses radiocarbones
effectuées dans les ensembles de Marckolsheim correspondent bien à
cette chronologie, ce qui tendrait à confirmer cette datation. Par ailleurs,
d’autres édifices plus modestes, indiquent toujours sur la base d’analyses radiocarbones, divers horizons chronologiques couvrant le Bronze moyen, ou encore le premier âge du Fer.
On dénombre 26 structures pouvant être considérées comme des puits ou des structures à eau. Il existe une certaine diversité dans les creusements, allant de simples structures circulaires étroites (profil cylindrique) à de grands creusements à profil en entonnoir présentant des ouvertures de plusieurs mètres de large. Parmi eux, cinq ensembles ont livré des restes de cuvelage en bois, plus ou moins bien conservés selon les cas. Pour trois d’entre eux, ils correspondent à un système de planches assemblées à mi-bois, formant un coffrage quadrangulaire. Deux autres cuvelages sont issus de demi-fûts (troncs) grossièrement évidés puis réassemblés dans le but de former un coffrage cylindrique. Les puits n’ont livré que très peu de mobilier, par conséquent, leur datation repose souvent sur des analyses radiocarbones et/ou dendrochronologiques. Deux cuvelages ont pu être datés de cette manière. Ainsi les planches du premier (ST.848) proviennent d’un même chêne abattu durant l’automne-hiver 1429-1428 av. J.-C (milieu du Bronze moyen). Le deuxième (ST.1022), présente un cuvelage de chêne monoxyle dont la date d’abattage a pu être estimée à l’automne-hiver 781-780 av. J.-C (transition Bronze final IIIb / Hallstatt C). D’un point de vue spatial, ces différents puits sont disposés de manière visiblement organisée, en « grappe » regroupant quatre à huit individus et sont implantés selon un axe approximativement nord-sud. Parmi les 26
puits recensés, 24 sont creusés dans les limons bordiers d’un chenal rhénan fossile, tandis que seuls deux sont creusés directement dans la terrasse de gravier. Leur chronologie montre un fait particulièrement intéressant : la plupart de ces « grappes » regroupent des puits d’âge très divers allant du Néolithique final (Campaniforme) jusqu’à la fin de la période laténienne. À partir de l’ensemble des données de Marckolsheim, une hypothèse de modèle d’occupation domestique étonnamment homogène sur au moins l’ensemble de l’âge du Bronze peut être proposée. Celui-ci pourrait ainsi être composé d’une ou plusieurs unités d’habitation associées à des espaces
qui leur sont propres. Les bâtiments d’habitation avec leur(s) dépendance(s) sont implantés préférentiellement en zone sèche (terrasse de gravier) tandis que le puits correspondant est implanté quant à lui, dans une zone hydromorphe située à proximité (quelques dizaines de mètres). Une fois qu’un puits a été abandonné, un autre lui succède, mais toujours dans un périmètre restreint et qui semble être déterminé et pérenne sur plusieurs siècles (contrainte topographique ? Parcellaire ?). Concernant les bâtiments, cette éventuelle « partition » peut également être envisagée bien que les indices allant dans ce sens soient plus ténus et donc plus sujets à débat.
Les fosses à galets chauffés, au nombre de 8, participent certainement aussi de cette organisation et semble être liées, pour la plupart d’entre elles, aux bâtiments les plus récents daté d’une période couvrant la fin du Bronze final et le début du premier âge du Fer. Quelques questions restent cependant en suspens, notamment celles concernant la rareté des fosses détritiques à proximité des bâtiments ou
encore la « durée de vie » de ces mêmes édifices. Une autre problématique concerne la pérennité des occupations sur le site : sommes-nous en présence d’une occupation réellement continue sans hiatus important ? L’indigence du mobilier archéologique ne nous permet pas de trancher cette question de manière ferme, bien que les résultats des analyses radiocarbones tendent à privilégier cette hypothèse.
Enfin, le décapage a également mis en évidence, sur une grande partie
de l’emprise de fouille, un important paléochenal rhénan, dont la largeur
est estimée à 170 mètres. De nombreux troncs de pins subfossiles ont été mis au jour, préservés dans les argiles sableuses hydromorphes à la base du chenal. Ce dernier est colmaté par des limons jaune carbonatés et évolue, une fois déconnecté du lit actif, en une dépression humide où s’accumulent des limons noirs organiques (anmoor). Les datations radiocarbone obtenus sur ces bois ont permis de dater du Boréal la mise en eau du chenal. Il est rapidement abandonné par le fleuve mais la dépression humide perdure jusqu’à l’Atlantique ancien. Cet ancien milieu humide a été ensuite mis à profit en tant que zone de puisage, sur le temps long, du Campaniforme jusqu’à la Tène finale.
Pfulgriesheim Kammeracker (site 4.2bis) appartient aux opérations
préalables au projet du contournement ouest de Strasbourg (COS).
La fouille s’est déroulée en 2018, sur une surface totale de près de
4 ha, sur le versant sud d’une crête bordant les rives de la Souffel.
Des occupations domestiques et funéraires de plusieurs phases des
périodes pré- et protohistoriques ont été mises à jour.
L’occupation la plus ancienne remonte au Néolithique ancien.
Quelques fosses rubanées ont été repérées dans le sud du décapage, de
part et d’autre du niveau de l’actuel chemin d’exploitation. Celles-ci
environnaient la sépulture d’un enfant probablement contemporaine
de cette occupation, dont la dépouille semble avoir été l’objet d’un
épandage d’ocre rouge.
Le Néolithique moyen a également laissé des traces. D’abord les
restes d’au moins six sépultures de la culture Grossgartach ont été
mises à jour. Celles-ci apparaissaient de manière très superficielle
dans le décapage et étaient par conséquent assez mal conservées. Dans
certains cas, seuls des os longs en place témoignaient encore de la
présence d’une tombe. Certaines d’entre elles étaient accompagnées
de céramique ou encore, dans un cas, d’un probable brassard en dent
de suidé caractéristique de la période. Par ailleurs, des structures
domestiques du Néolithique moyen (occupation Bischheim) ont
également été découvertes sur les surfaces fouillées.
Un petit ensemble funéraire de la période du Bronze ancien a
également été mis au jour. Sans doute incomplet en raison de son
positionnement à proximité immédiate de la limite septentrionale de
fouille, l’ensemble est composé de cinq tombes avérées. Une sixième
sépulture a certainement été détruite par le creusement d’une fosse
du Bronze final puisque cette dernière contenait des restes humains
épars ainsi qu’un petit pendentif en os attribués au Bronze ancien.
Hormis cet objet, le mobilier accompagnant les défunts se limite
à un seul élément de parure en alliage cuivreux, une spirale ou un
petit anneau, retrouvé au niveau de la tête d’un individu immature.
Malgré son indigence, les comparaisons typologiques effectuées sur
la dotation funéraire et une série de datation 14C permettent de
placer ce petit ensemble funéraire dans une phase ancienne du Bronze
ancien local, étape encore rarement mise en évidence dans la région.
Une fosse polylobée de dimensions moyennes, située dans la moitié
nord du décapage, a livré une importante quantité de mobilier
céramique attribué au Bronze moyen. Onze autres petites structures
d’habitat éparses, souvent indigentes en mobilier, sont rattachées
à cette période. Un individu immature est inhumé en limite
d’occupation.
L’étape moyenne du Bronze final est bien représentée sur le site
par 25 structures dont 14 silos et 8 fosses polylobées. L’occupation
semble se développer en deux pôles, le premier au nord du chantier à
proximité de l’ensemble funéraire du Bronze ancien et un second dans
la partie médiane, au niveau du grand enclos laténien. Ce deuxième
pôle a livré d’importants lots de mobiliers céramiques de style Rhin-
Suisse-France Orientale. Des enduits de parois architecturales ont
été identifiés. Un silo accueille une inhumation ; c’est une pratique
peu courante pour cette période.
Nous pouvons également mentionner deux ensembles funéraires
datés du milieu du premier âge du Fer (Hallstatt D). Le premier,
sur la commune de Griesheim-sur-Souffel, compte sept tombes.
Le mobilier associé aux défunts n’était pas très abondant mais
caractéristique du milieu de la période du Hallstatt : bracelets en
lignite, bracelets en alliage cuivreux, boucles d’oreille en ruban,
« spirales » en alliage cuivreux etc. L’ensemble a vraisemblablement
été perturbé par l’installation d’un grand fossé d’enclos à la période
finale de La Tène.
Le second ensemble, se situe sur la commune de Pfulgriesheim (site
4.2bis), à 550 m au nord-est du précédent. Celui-ci comprend au
moins 22 sépultures dont la disposition concentrique laisse supposer
la présence d’un monument circulaire dont il ne resterait aucune
trace (tumulus). Son organisation spatiale montre que les défunts
inhumés en périphérie étaient déposés dans des fosses plus ajustées
et généralement dépourvu de mobilier. En revanche, les inhumations
implantées au centre semblent les plus privilégiées. Il s’agit de
grandes fosses, dans lesquelles les défunts ont été déposés dans des
contenants en bois, certains enveloppés dans des contenants en cuir
ou en fourrure. Ils étaient également richement parés : ceintures,
torques, bracelets en alliage cuivreux et en roche noire, boucles
d’oreilles…) et certains objets étaient conçus en matériaux exotiques
(corail, ambre) confirmant sans doute leur statut social privilégié.
La période du début du second âge du Fer (La Tène AB) est
également attestée sur le site, de manière relativement marquée.
Il s’agit d’une des occupations prégnantes du site avec un nombre
important de structures associées à des mobiliers conséquents
(principalement céramique, métallique, faunique et de nombreux
fragments de torchis brûlés). De nature domestique, l’occupation
est constituée par quelques fosses et surtout silos dont certains ont
livré un mobilier détritique abondant. Quelques fonds de cabanes,
une inhumation en silo ainsi qu’un dépôt animal appartiennent à
cette occupation. L’étude des mobiliers permet d’y envisager un
phasage chronologique avec une phase ancienne (Hallstatt D3/La
Tène A1) et une phase récente (La Tène A2-B1).
Enfin, la fin du second âge du fer (La Tène moyenne et finale) est
visuellement la plus marquante avec le grand enclos quadrangulaire
situé en partie médiane du décapage. Large d’environ 1m à 1,5 m,
il accuse une profondeur conservée de 0,5 à 0,75 m. Le mobilier
piégé dans le comblement indique la phase moyenne et finale de la
période gauloise (La Tène C2-D1a). Ce fossé semble fonctionner
avec un grand bâtiment sur 4 poteaux (environ 36 m² au sol et
dont l’orientation coïncide avec le fossé), un bâtiment excavé sans
aménagement visible ainsi qu’une grande fosse polylobée de plus
de 30 m de long et orientée selon un axe NE/SO.