« Mon passage sur ce globe ne peut exciter ni satisfaire la curiosité de personne », écrivait Mme... more « Mon passage sur ce globe ne peut exciter ni satisfaire la curiosité de personne », écrivait Mme Riccoboni à un de ses correspondants, qui lui demandait des détails sur l'histoire de sa vie. Elle n'en a pas moins laissé une œuvre dont elle habite chaque page. Si Mme Riccoboni n'avait pas le souci de la postérité, cette œuvre, désormais disponible pour l'essentiel en édition moderne, paraît d'un intérêt certain, et non seulement au lecteur érudit, en ce qu'elle révèle une activité courageuse et soutenue de romancière et de traductrice, d'épistolière et de critique littéraire parfaitement informée de la sensibilité et des questions morales et intellectuelles de son époque. 250 ans après la parution de sa première œuvre, les Lettres de Mistriss Fanny Butlerd, il paraissait opportun de faire un tour d'horizon de cette diversité. Le présent volume rassemble les contributions faites à un colloque international qui s'est tenu sur les campus des universités de Leuven et d'Anvers en mai 2006 et qui accueillait bon nombre de chercheurs confirmées tout en donnant une voix à de nombreux jeunes chercheurs dont les travaux, doctoraux et autres, témoignaient à eux seuls du large intérêt suscité actuellement par l'œuvre de Madame Riccoboni. Les discussions dont on voit ici les retombées se sont déroulées le long de trois axes. Il convenait d'abord de relire ses romans tels qu'en eux-mêmes et notamment de les situer par rapport aux formules les plus courantes du romanesque ambiant. Il fallait aussi prendre la mesure de la diversité générique de la production riccobonienne. Les productions de Riccoboni traductrice, critique littéraire, dramaturge, voire épistolière permettent-elles de préciser ou de nuancer, fût-ce de bias, son profil de romancière ? Restaient enfin à préciser les voies concrètes du succès suscité par cette activité d'auteur de romans. Mme Riccoboni a été beaucoup traduite: les coups de pouce de ses traducteurs attestent à leur façon les attentes du public. On a pu interroger dans le même sens les réactions qu'elle a suscitées dans les revues ou les correspondances ou encore l'œuvre des romanciers qui se sont réclamés de son exemple.
S'il est vrai qu'à l'Âge classique, roman et préface s'ordonnent autour de topicités spécifiques,... more S'il est vrai qu'à l'Âge classique, roman et préface s'ordonnent autour de topicités spécifiques, nombreux sont les cas où les deux séries topiques se traversent. Ces interférences engagent la définition même de ce qu'est la fiction «narrative» à l'époque classique. Celle-ci est loin de se confiner dans le seul roman, même au sens large. La «narration» affecte également l'apparat péritextuel: prologues, préfaces, épîtres dédicatoires renferment des récits, dont l'ampleur parcourt toute l'échelle de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Introduisant le plus souvent des romans, ces récits préfaciels se retrouvent aussi en tête de textes à portée théorique, d'entretiens, de recueils, voire de poèmes. Est-ce que les différentes modalités de la narration préfacielle convergent suffisamment pour constituer une topique? Le roman de l'Âge classique se doit aussi d'intégrer un protocole justifiant l'existence même du texte et la possibilité de sa narration. La rhétorique narrative est inséparable d'une pragmatique qui inscrit dans le récit même certains topoï empruntés au discours préfaciel. Quels topoï ce protocole pragmatique inhérent au roman classique mobilise-t-il? Le XVIIe colloque de la SATOR dont on présente ici les actes a voulu stimuler le dialogue entre spécialistes de l'Âge classique, en se proposant d'étudier l'interférence des discours narratif et préfaciel dans les différentes "ères de soupçon" qui ponctuent la montée du roman et où la narration fictionnelle en prose s'est vue confrontée au besoin de se légitimer comme discours "littéraire".
A décréter absurde et insensé tout ce qu’elles rejetaient, les Lumières se condamnaient bien ... more A décréter absurde et insensé tout ce qu’elles rejetaient, les Lumières se condamnaient bien souvent à ne pas comprendre les ressorts secrets des préjugés. Clé de voûte de la catholicité, l’autorité du pape venait du coup à figurer une énigme absolue et à la lettre impensable.
Les Philosophes et leurs papes cherche, dans le prolongement d’un colloque de l’Academia Belgica de Rome en mars 2008, à faire le tour de cette énigme. Il s’intéresse assez peu à la réalité historique de la papauté du XVIIIe siècle, mais d’autant plus aux diverses imageries qu’elle suscite aussi bien dans les récits de voyage (De Brosses, Sade) que sous la plume militante des Philosophes – de l’Essai sur les moeurs de Voltaire à tel canular de pamphlétaire.
On pourra découvrir ainsi que le regard des Lumières françaises sur la papauté, en dépit de sa perplexité première et/ou en raison de celle-ci, est plus mouvant et sans doute plus ambigu qu’on ne pourrait croire à première vue.
Ces actes d'un colloque international qui a réuni en mai 1997 une quarantaine de spécialistes aut... more Ces actes d'un colloque international qui a réuni en mai 1997 une quarantaine de spécialistes autour du topos séculaire du manuscrit trouvé dans la littérature française, présentent l'état de la question le plus récent sur le sujet. Les différentes contributions interrogent, par ordre chronologique, les occurrences les plus diverses d'un cliché dont la naissance coïncide avec celle de la littérature même: des premiers textes en langue française aux romans de Philippe Sollers, en passant par Chrétien de Troyes, Rabelais, Marivaux, Sade, Stendahl, Proust, Roussel, ... et sans oublier les textes-clefs de la littérature mondiale que sont le Don Quichotte ou les contes de Borges. Trois études d'une portée plus générale - synthétique, historique et typologique - assurent à ces études de cas une indispensable cohérence. Le tout est complété d'un index très détaillé.
in Virginie Minet-Mahy, Claude Thiry et Tania Van Hemelryck (éds), Fonctions et Figures d’auteurs du Moyen Âge à l’époque contemporaine, Louvain-la-Neuve, Les Lettres romanes (2004), p.141-166., 2004
« Mon passage sur ce globe ne peut exciter ni satisfaire la curiosité de personne », écrivait Mme... more « Mon passage sur ce globe ne peut exciter ni satisfaire la curiosité de personne », écrivait Mme Riccoboni à un de ses correspondants, qui lui demandait des détails sur l'histoire de sa vie. Elle n'en a pas moins laissé une œuvre dont elle habite chaque page. Si Mme Riccoboni n'avait pas le souci de la postérité, cette œuvre, désormais disponible pour l'essentiel en édition moderne, paraît d'un intérêt certain, et non seulement au lecteur érudit, en ce qu'elle révèle une activité courageuse et soutenue de romancière et de traductrice, d'épistolière et de critique littéraire parfaitement informée de la sensibilité et des questions morales et intellectuelles de son époque. 250 ans après la parution de sa première œuvre, les Lettres de Mistriss Fanny Butlerd, il paraissait opportun de faire un tour d'horizon de cette diversité. Le présent volume rassemble les contributions faites à un colloque international qui s'est tenu sur les campus des universités de Leuven et d'Anvers en mai 2006 et qui accueillait bon nombre de chercheurs confirmées tout en donnant une voix à de nombreux jeunes chercheurs dont les travaux, doctoraux et autres, témoignaient à eux seuls du large intérêt suscité actuellement par l'œuvre de Madame Riccoboni. Les discussions dont on voit ici les retombées se sont déroulées le long de trois axes. Il convenait d'abord de relire ses romans tels qu'en eux-mêmes et notamment de les situer par rapport aux formules les plus courantes du romanesque ambiant. Il fallait aussi prendre la mesure de la diversité générique de la production riccobonienne. Les productions de Riccoboni traductrice, critique littéraire, dramaturge, voire épistolière permettent-elles de préciser ou de nuancer, fût-ce de bias, son profil de romancière ? Restaient enfin à préciser les voies concrètes du succès suscité par cette activité d'auteur de romans. Mme Riccoboni a été beaucoup traduite: les coups de pouce de ses traducteurs attestent à leur façon les attentes du public. On a pu interroger dans le même sens les réactions qu'elle a suscitées dans les revues ou les correspondances ou encore l'œuvre des romanciers qui se sont réclamés de son exemple.
S'il est vrai qu'à l'Âge classique, roman et préface s'ordonnent autour de topicités spécifiques,... more S'il est vrai qu'à l'Âge classique, roman et préface s'ordonnent autour de topicités spécifiques, nombreux sont les cas où les deux séries topiques se traversent. Ces interférences engagent la définition même de ce qu'est la fiction «narrative» à l'époque classique. Celle-ci est loin de se confiner dans le seul roman, même au sens large. La «narration» affecte également l'apparat péritextuel: prologues, préfaces, épîtres dédicatoires renferment des récits, dont l'ampleur parcourt toute l'échelle de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Introduisant le plus souvent des romans, ces récits préfaciels se retrouvent aussi en tête de textes à portée théorique, d'entretiens, de recueils, voire de poèmes. Est-ce que les différentes modalités de la narration préfacielle convergent suffisamment pour constituer une topique? Le roman de l'Âge classique se doit aussi d'intégrer un protocole justifiant l'existence même du texte et la possibilité de sa narration. La rhétorique narrative est inséparable d'une pragmatique qui inscrit dans le récit même certains topoï empruntés au discours préfaciel. Quels topoï ce protocole pragmatique inhérent au roman classique mobilise-t-il? Le XVIIe colloque de la SATOR dont on présente ici les actes a voulu stimuler le dialogue entre spécialistes de l'Âge classique, en se proposant d'étudier l'interférence des discours narratif et préfaciel dans les différentes "ères de soupçon" qui ponctuent la montée du roman et où la narration fictionnelle en prose s'est vue confrontée au besoin de se légitimer comme discours "littéraire".
A décréter absurde et insensé tout ce qu’elles rejetaient, les Lumières se condamnaient bien ... more A décréter absurde et insensé tout ce qu’elles rejetaient, les Lumières se condamnaient bien souvent à ne pas comprendre les ressorts secrets des préjugés. Clé de voûte de la catholicité, l’autorité du pape venait du coup à figurer une énigme absolue et à la lettre impensable.
Les Philosophes et leurs papes cherche, dans le prolongement d’un colloque de l’Academia Belgica de Rome en mars 2008, à faire le tour de cette énigme. Il s’intéresse assez peu à la réalité historique de la papauté du XVIIIe siècle, mais d’autant plus aux diverses imageries qu’elle suscite aussi bien dans les récits de voyage (De Brosses, Sade) que sous la plume militante des Philosophes – de l’Essai sur les moeurs de Voltaire à tel canular de pamphlétaire.
On pourra découvrir ainsi que le regard des Lumières françaises sur la papauté, en dépit de sa perplexité première et/ou en raison de celle-ci, est plus mouvant et sans doute plus ambigu qu’on ne pourrait croire à première vue.
Ces actes d'un colloque international qui a réuni en mai 1997 une quarantaine de spécialistes aut... more Ces actes d'un colloque international qui a réuni en mai 1997 une quarantaine de spécialistes autour du topos séculaire du manuscrit trouvé dans la littérature française, présentent l'état de la question le plus récent sur le sujet. Les différentes contributions interrogent, par ordre chronologique, les occurrences les plus diverses d'un cliché dont la naissance coïncide avec celle de la littérature même: des premiers textes en langue française aux romans de Philippe Sollers, en passant par Chrétien de Troyes, Rabelais, Marivaux, Sade, Stendahl, Proust, Roussel, ... et sans oublier les textes-clefs de la littérature mondiale que sont le Don Quichotte ou les contes de Borges. Trois études d'une portée plus générale - synthétique, historique et typologique - assurent à ces études de cas une indispensable cohérence. Le tout est complété d'un index très détaillé.
in Virginie Minet-Mahy, Claude Thiry et Tania Van Hemelryck (éds), Fonctions et Figures d’auteurs du Moyen Âge à l’époque contemporaine, Louvain-la-Neuve, Les Lettres romanes (2004), p.141-166., 2004
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Les Philosophes et leurs papes cherche, dans le prolongement d’un colloque de l’Academia Belgica de Rome en mars 2008, à faire le tour de cette énigme. Il s’intéresse assez peu à la réalité historique de la papauté du XVIIIe siècle, mais d’autant plus aux diverses imageries qu’elle suscite aussi bien dans les récits de voyage (De Brosses, Sade) que sous la plume militante des Philosophes – de l’Essai sur les moeurs de Voltaire à tel canular de pamphlétaire.
On pourra découvrir ainsi que le regard des Lumières françaises sur la papauté, en dépit de sa perplexité première et/ou en raison de celle-ci, est plus mouvant et sans doute plus ambigu qu’on ne pourrait croire à première vue.
Les Philosophes et leurs papes cherche, dans le prolongement d’un colloque de l’Academia Belgica de Rome en mars 2008, à faire le tour de cette énigme. Il s’intéresse assez peu à la réalité historique de la papauté du XVIIIe siècle, mais d’autant plus aux diverses imageries qu’elle suscite aussi bien dans les récits de voyage (De Brosses, Sade) que sous la plume militante des Philosophes – de l’Essai sur les moeurs de Voltaire à tel canular de pamphlétaire.
On pourra découvrir ainsi que le regard des Lumières françaises sur la papauté, en dépit de sa perplexité première et/ou en raison de celle-ci, est plus mouvant et sans doute plus ambigu qu’on ne pourrait croire à première vue.