Books by Amin Allal
Le 22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat... more Le 22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat d’un président grabataire. Deux fois par semaine pendant plus d’un an, des manifestants se réunissent pour s’insurger
pacifiquement contre un système politique humiliant et corrompu.
Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s’empare de l’Algérie dix ans après
les printemps arabes qui l’avaient laissée de côté. Est-ce le signal d’une seconde vague de révolutions arabes, accompagnant les révoltes au Liban, en Irak et au Soudan ? Ou un phénomène profond travaillant un pays dont la prétendue immobilité n’était qu’apparente ?
Plus d’un an après le coup d’arrêt imposé au hirak par la pandémie de Covid-19, des historien·ne·s, des anthropologues, des politistes reviennent sur la première année du mouvement pour scruter les transformations à l’œuvre et les enjeux de cette révolution inachevée. Avec humilité, ils tentent de saisir et de comprendre le peuple en révolution, celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris au-delà des frontières nationales.
Ces chercheurs et chercheuses, engagé·e·s depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée dans la réalité algérienne et ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd’hui d’ébranler les plus verrouillés des régimes autoritaires de ce début de xxie siècle.
Amin Allal est politiste, spécialiste des rapports ordinaires au politique et des protestations collectives des classes populaires au Maghreb.
Layla Baamara est sociologue du politique, spécialiste de l’engagement, de l’action collective et des mobilisations protestataires en Algérie.
Leyla Dakhli est historienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain.
Giulia Fabbiano est anthropologue, spécialiste des problématiques identitaires et mémorielles dans l’espace transnational algérien et des imaginaires de la violence dans l’Algérie contemporaine.
Manuel, Editions De Boeck, 2018
En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politique... more En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politiques et des évolutions sociales d’importance sont en cours dans cette vaste région qui s’étend du Maroc à l’Irak.
Les auteur·e·s analysent ces dynamiques récentes, en intégrant les acquis des recherches existantes et en s’appuyant sur la sociologie et l’économie politiques. Ce manuel offre ainsi, de manière inédite, une grille d’analyse comparée, organisée autour des grandes modalités d’exercice du politique : assujettir, contester, participer, développer et gouverner.
Cette approche invite à une compréhension sereine de pays placés quotidiennement sous le feu des projecteurs, mais qui restent souvent méconnus et caricaturés. Par son caractère global, elle montre que ces pays ne sont pas des exceptions. Par les descriptions précises et les nombreuses illustrations qu’elle fournit, elle en souligne cependant certaines spécificités et permet d’acquérir de solides connaissances à leur sujet.
Pour les étudiant·e·s et enseignant·e·s des 1er et 2e cycles en science politique, langues et civilisations, histoire ou sociologie.
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associat... more Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale… Depuis 2011, la Tunisie vit en ébullition permanente, comme portée par la redécouverte du débat public, trop longtemps confisqué par un parti et un clan. Mais cette effervescence revendicative ne doit pas faire oublier que le pays a toujours été animé par une quête de démocratie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s’attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d’inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s’accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d’aujourd’hui.
Des grèves du secteur minier sud-africain violemment réprimées en 2012, à l'irruption du conflit ... more Des grèves du secteur minier sud-africain violemment réprimées en 2012, à l'irruption du conflit Whirpool d'Amiens dans la campagne présidentielle française de 2017, les mondes de l'industrie qu'on pouvait croire moribonds s'invitent au coeur de luttes politiques contemporaines. Confrontant certains combats emblématiques du passé à des luttes récentes, cet ouvrage porte sur des conflits du travail face à la désindustralisation, la financiarisation et la prééminence d'autres luttes politiques. Les insoumissions ouvrières s'avèrent des postes d'observation de l'expression de citoyennetés inscrites dans des sociabilités locales et revendiquant, en deçà du Grand soir, des ordres moraux aux multiples registres. Avec le soutien du programme Wafaw (ERC)/Ifpo, des laboratoires Triangle/Lyon 2 et Ceraps/Lille 2. Pour plus d'informations, consultez la notice (Quand l'industrie proteste) sur notre site Internet. Auteur(s) : Amin Allal (IRMC, Tunis) et Myriam Catusse (IREMAM, Aix-en-Provence) sont chargés de recherche au CNRS. Montserrat Emperador Badimon (Triangle) est maitresse de conférences à l'université Lumière-Lyon 2.
Les débats autour des frondeurs du PS ou l'exclusion de J.-M. Le Pen du FN montrent que l'indisci... more Les débats autour des frondeurs du PS ou l'exclusion de J.-M. Le Pen du FN montrent que l'indiscipline partisane est aujourd'hui fréquemment mise au coeur de l'actualité politique. Exemplaires, ces cas rappellent que les partis politiques ne sont pas seulement des organisations auxquelles on adhère, mais aussi des institutions qui requièrent certaines attitudes de leurs membres, leur enjoignent une discipline et peuvent, le cas échéant, les sanctionner. Bien qu'abordées dès les premiers travaux sur les partis politiques, l'(in)discipline et les multiples voies qu'elle emprunte restent mal connues. Cet ouvrage analyse (in)disciplines et sanctions ordinaires, statutaires ou plus diffuses, comme des entrées pour questionner le lien partisan. Pluridisciplinaire et comparatiste, il comble une lacune dans l'étude des phénomènes partisans et propose des clefs de compréhension de questions d'actualité récurrentes.
"Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme,... more "Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme, vivant et parfois déroutant qui s’écarte des clichés accablant trop souvent les habitants de cette région. Non, les jeunes Arabes ne peuvent se réduire aux figures du terroriste potentiel, de l’éternel migrant ou de l’icône exotique de la « révolution » !
Originaires des deux rives de la Méditerranée et partageant le quotidien de cette génération, les chercheurs et chercheuses qui ont rédigé cet ouvrage ont décidé de sortir des sentiers battus en racontant comment les jeunes Arabes occupent leur temps libre : ce temps de libertés et de loisirs où l’on peut réfléchir, s’épanouir et se construire ; ce temps « vide » aussi, où l’on peut parfois dériver, se perdre et se briser…
Du Maroc au Yémen, de l’Algérie à la Syrie, de la Tunisie au Liban, en passant par l’Irak, la Libye, l’Égypte, la Jordanie, la Palestine, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ces spécialistes dressent avec sensibilité, humour ou inquiétude un por-trait exceptionnel de cette génération dont on parle beaucoup, mais qu’on écoute trop rarement. Ce livre donne ainsi la parole à ces jeunes hommes et femmes qui, héritiers de traditions plurielles, animés par des idées nouvelles et travaillés par divers mouvements culturels, inventent l’avenir de sociétés en plein bouleversement.
Table des matières
Préface. Les jeunesses arabes dans tous leurs états
François Burgat
Introduction. Déconstruire les stéréotypes : portraits croisés de jeunes Arabes
Laurent Bonnefoy et Myriam Catusse
Partie I. VIVRE SON ÉPOQUE
Introduction / Vivre son époque
1. « Fonce, brûle tes pneus ! » La fureur de vivre des joyriders saoudiens
Pascal Ménoret
2. « Histoire de voir le temps passer ». Les hittistes algériens
Loïc Le Pape
3. Autour d’un café. Sociabilité des jeunes à Abu Dhabi
Laure Assaf
4.Du feuilleton télé à la Web-série. Les jeunes générations arabes changent de format
Yves Gonzalez-Quijano
5. Les buya. Subversion des normes de genre en Arabie saoudite
Amélie Le Renard
6. Du djihad à l’extase soufie. Cheminements politico-religieux en Syrie prérévolutionnaire
Thomas Pierret
7. À la faculté de Lab‘us. Le salafisme comme sous-culture étudiante au Yémen
Laurent Bonnefoy
8. « Un homme, un vrai ! ». Halima, une femme rebelle à Gafsa (Tunisie)
Amin Allal
9. Supporters à distance. Les fans du Barça et du Real en Palestine
Abaher El Sakka
10. Des commentaires en arabe… ou en tigrinya ? Fan de football recherche diffusion télévisée gratuite
Mahfoud Amara et Laurent Bonnefoy
Partie 2. ENRACINER L’AVENIR
Introduction / Enraciner l’avenir
11. Boire à Hamra. Une jeunesse nostalgique à Beyrouth ?
Nicolas Dot-Pouillard
12. La fin d’un monde ? Jeux de saisons à Lejnan (Algérie)
Mohand Akli Hadibi
13. Retrouver Bagdad. Une jeunesse en quête de « normalité »
Zahra Ali et Laurent Bonnefoy
14. Deux frères. Famille et hospitalité à Karak (Jordanie)
Christine Jungen
15. Dans les cafés de Massada Street à Haïfa. Une « mixité » ambiguë pour les Palestiniens d’Israël
Mariangela Gasparotto
16. À l’ombre de la khayma. Résistance culturelle et politique des jeunes Sahraouis à Dakhla
Victoria Veguilla Del Moral
17. Récréation, recréation, résistance. Quels rôles pour la dabké en Palestine ?
Xavier Guignard
18. Taranim et vidéos-clips. L’Église égyptienne mise à nue par ses enfants ?
Laure Guirguis
19. « Mon identité devient claire comme le soleil ». Le théâtre dans les écoles chiites du Liban
Catherine Le Thomas
Partie 3. SE CONSTRUIRE SOI-MÊME
Introduction / Se construire soi-même
20. « Une chambre à soi ». Une jeunesse en quête d’intimité
Anne-Marie Filaire
21. Être une fille autrement ? Self-défense féminine au Caire
Perrine Lachenal
22. Chewing alone ? Transformation des modes de consommation du qat au Yémen
Marine Poirier
23. Les vacances en Europe. Univers familial, univers familier des « Golfiens »
Claire Beaugrand
24. À SOS Bab-el-Oued. Rappeurs et rockeurs entre intégration et transgression
Layla Baamara
25. Sortir du camp. Pérégrinations de jeunes réfugiés palestiniens au Liban
Nicolas Puig
26. « Rainbow street »
Diversité, cloisonnement et affirmation de la jeunesse à Amman (Jordanie)
Cyril Roussel
27. Brahim. Autopsie d’un suicide en Kabylie
Kamel Chachoua
28. « Bnat lycée dayrin sexy ». De l’amusement à la prostitution à Tanger (Maroc)
Mériam Cheikh
Partie 4. PRENDRE LA PAROLE
Introduction / Prendre la parole
29. « Sale journée pour Ammar ». Quand des blogueurs tunisiens s’attaquent à la censure
Romain Lecomte
30. Un nouveau monde social ? Les jeunes activistes syriens et les réseaux sociaux sur Internet
Enrico De Angelis
31. Stand up. La jeunesse saoudienne entre en scène... sur YouTube !
Yves Gonzalez-Quijano
32. Le Café de Jadu. Un lieu d’émancipation « révolutionnaire » en Libye
Arthur Quesnay
33. Du consumérisme à l’engagement. Le sursaut de jeunes sunnites au Bahreïn pour « défendre leur pays »
Claire Beaugrand
34. Les murs prennent la parole. Street art révolutionnaire au Yémen
Anahi Alviso-Marino
35. L’art sous occupation. « Le jeune artiste de l’année » (Palestine)
Marion Slitine
36. « L’instinct du rap ». Le rap palestinien, contenus politiques et explorations artistiques
Nicolas Puig
37. Du rock au Maroc. Quelle place dans la nouvelle scène urbaine casablancaise ?
Dominique Caubet et Catherine Miller
38. Alexandrins en fusion. Itinéraire de musiciens égyptiens, des milieux alternatifs à la révolution
Youssef El Chazli
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On s’est beaucoup interrogé sur le pourquoi du « Printemps arabe » mais aucun ouvrage n’avait enc... more On s’est beaucoup interrogé sur le pourquoi du « Printemps arabe » mais aucun ouvrage n’avait encore étudié comment il s’était déroulé. Parce que la plupart des chercheurs ici réunis ont observé les événements en direct, ce livre offre une véritable ethnographie des protestations « en train de se faire ».
Les contributions portent sur les pays qui ont connu un changement de régime (Tunisie, Égypte, Yémen, Libye) mais également sur ceux où la répression a permis aux pouvoirs en place de se maintenir au moins temporairement (Syrie, Bahreïn) et sur ceux où les protestations n’ont pas débouché sur une situation révolutionnaire (Maroc, Algérie, Jordanie). L’approche adoptée par les auteurs permet de rendre pleinement compte de la spécificité de chacun des contextes étudiés, montrant comment l’élan révolutionnaire, qui balaie alors le monde arabe, connaît des traductions locales très diverses. L’étude de ces révolutions montre aussi qu’elles ne sont pas une simple éruption spontanée qui viendrait réveiller une société jusque-là apathique mais qu’elles s’enracinent dans l’histoire des contestations de chacun des pays concernés.
Les « témoignages analytiques » proposés ici constituent une source très précieuse pour ceux qui s’efforcent de mieux comprendre le plus grand bouleversement politique survenu dans le monde arabe depuis l’ère des indépendances.
Peer reviewed papers by Amin Allal
Critique Internationale, 2020
Citoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble... more Citoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble désormais ne plus être à la mode ? Telle est la question à laquelle nous répondons dans notre introduction à ce dossier. À rebours des usages normatifs qui ont fait florès dans la littérature spécialisée sur les relations professionnelles, nous repartons des intuitions de Michael Burawoy qui a utilisé cette notion comme un révélateur de la dimension politique des relations de travail. Cette perspective offre une entrée originale pour l’étude du syndicalisme en le considérant comme une pièce des architectures institutionnelles qui structurent les relations sociales de production. La citoyenneté industrielle, ici métaphore heuristique plus que catégorie d’analyse, permet dès lors de renouveler le regard comparatif sur les formes du lien syndical, appréhendé au croisement des régimes de citoyenneté et de production.
Critique internationale, Revue comparative de sciences sociales, avril-juin 2020 , 2020
Entretien avec Amin Allal et Karel Yon Qu'est-ce que la citoyenneté industrielle ? Et pourquoi ce... more Entretien avec Amin Allal et Karel Yon Qu'est-ce que la citoyenneté industrielle ? Et pourquoi cette notion at -elle été, dites-vous, longtemps critiquée au point de sembler ne plus être à la mode aujourd'hui ? La notion de citoyenneté industrielle est courante dans le monde anglo-saxon où elle renvoie à tout un corpus doctrinal dont les bases ont été posées à la fin du XIX e siècle par Beatrice et Sidney Webb dans leur ouvrage Industrial Democracy. Dressant une analogie entre les sphères politique et économique, ces auteurs analysaient l'essor du mouvement ouvrier comme le signe d'un processus de démocratisation des relations de travail qui permettrait d'instaurer « une constitution dans le royaume de l'industrie ». Ils sont considérés comme les ancêtres de la discipline académique des relations professionnelles (industrial relations chez les anglophones). Depuis, il est devenu courant de parler de « citoyenneté industrielle » pour désigner l'ensemble des institutions qui organisent la représentation et l'action collective des salarié·es, en premier lieu les syndicats et la négociation collective. On retrouve aussi l'expression chez un autre sociologue britannique, Thomas Humphrey Marshall qui, dans sa fameuse typologie des formes de la citoyenneté, fait de la citoyenneté industrielle un pont entre les citoyennetés politique et sociale. Les notions de citoyenneté et de démocratie industrielles sont restées populaires jusqu'au début des années 1980. À cette époque, elles revêtaient même parfois une tonalité plus radicale en faisant référence à des expériences d'intervention ouvrière ou syndicale sur la gestion de l'entreprise. Depuis, cependant, la reconfiguration néolibérale des économies politiques s'est traduite par une brutale disqualification de ces catégories. C'est même plus largement le champ académique des relations professionnelles qui est entré en crise. Quand le syndicalisme recule partout dans le monde et que le droit du travail est perçu comme un obstacle à la compétitivité du capital, à quoi bon parler de citoyenneté industrielle ? Beaucoup de sociologues et de juristes ont par ailleurs éclairé cette crise de la notion de citoyenneté industrielle en la reliant à son travers originel, celui d'être sous-tendue par une vision évolutionniste postulant un progrès parallèle du développement économique et des droits et libertés des travailleurs. Deux critiques plus radicales lui ont été également adressées, celle des féministes, qui ont pointé le lien entre la citoyenneté industrielle et la norme fordiste d'un travail à dominante masculine reposant sur l'emploi formel, permanent et à temps complet, et celle des marxistes, qui dénonçaient son caractère mystificateur. De fait, loin d'être un vecteur univoque d'harmonie et de démocratisation des relations de travail, la citoyenneté industrielle a servi à produire ou à légitimer des inégalités, et ce même avant que le néolibéralisme ne la mette en crise. On pourrait également ajouter à ces critiques le fait que la citoyenneté industrielle a jusqu'à maintenant mal voyagé. Peu de travaux se sont servis de la notion dans d'autres contextes. Est-ce parce qu'elle est trop marquée par le contexte de son émergence, à savoir la révolution industrielle anglaise et l'esprit développementaliste de la fin du XIX e siècle ? Pourtant, comme nous le montrons dans l'introduction à ce dossier, son usage peut être fécond pour la recherche aussi bien en Inde qu'en Chine, au Maghreb ou ailleurs. En quoi la façon dont vous abordez la citoyenneté industrielle dans ce dossier permet-elle d'en renouveler la définition et le contenu ? Nous retenons de la citoyenneté industrielle l'idée de penser en analogie les sphères du travail et de la politique, mais en nous abstenant de toute lecture positiviste ou normative. Cette démarche présente l'intérêt de partir avant tout d'une base empirique solide. Elle permet également de faire voyager la notion dans des contextes différents. La citoyenneté industrielle n'est ni ce qui est ni ce qui devrait être, c'est une façon de découper la réalité qui amène à voir certaines choses, mais qui en laisse d'autres dans l'ombre. En ce sens, notre usage critique de la notion s'inspire de la démarche de Michael Burawoy, même si nous nous en distinguons de deux manières. Premièrement, nous insistons sur un aspect qui est seulement esquissé chez cet auteur, à savoir le caractère ambivalent de la citoyenneté industrielle. Si elles ne marquent pas l'avènement de la démocratie dans l'ordre industriel, les institutions de la citoyenneté au travail ne se réduisent pas pour autant à un voile mystificateur occultant la domination patronale. Elles explicitent la dimension politique des relations de production en reconnaissant l'existence d'intérêts en conflit dont elles
La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue l... more La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue la traduction de la rhétorique internationale de la « participa- tion » dans les langages du pouvoir domestique. L’analyse de projets de développe- ment dits « participatifs », mis en œuvre à partir de la fin des années 1990 par les organisations internationales, illustre bien la fluidité systémique entre les dynamiques de l’ordre autoritaire et la réforme néo-libérale dans laquelle ces projets s’inscrivent. Si les effets de ceux-ci sont variables, ils constituent des ressources et ressorts du renou- vellement du contrôle politique dans les situations autoritaires. À partir d’une analyse des projets mis en place dans la région de Gafsa dans le Sud tunisien, nous montrerons que la « participation locale » promue devient une grammaire hégémonique permettant de reformuler la fable du pouvoir du régime Ben Ali. Au-delà de sa portée légitimante, la « participation » est aussi l’occasion d’une domestication du secteur associatif et d’un redéploiement de la surveillance politique. En cela, la « participation » rejoint les caractéristiques d’un gouvernement autoritaire tout en offrant une opportunité pour des dominés de se greffer à ces processus développementistes. Mais ces trajectoires d’inté- gration subalterne ne se font qu’à travers la conformité au parti-État. Elles traduisent l’atomisation des opportunités de mobilités sociales et l’auto-entreprise individuelle de soi caractéristiques de la donne néo-libérale.
The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “... more The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “participation” is translated into local languages of power. So-called “participatory” projects of development have been undertaken by international organisations in this country since the 1990s. They well illustrate the systemic relation between authoritarian dynamics and neoliberal reforms which they are part of. Although these projects may have variable effects, they provide resources and means of renewing political control in authoritarian contexts. Based on the empirical study of participatory projects in the southern region of Gafsa, this article will show how the locally promoted “participation” became a hegemonic grammar in which Ben Ali’s regime reformulated its discourse of legitimacy. “Participation” also enabled the regime to deploy new patterns of political surveillance and to enforce the domestication of civil society. “Participation” thus supports authoritarian rule while giving subaltern subjects the opportunity to take part in development pro- jects. But these trajectories of subaltern integration are possible only through integration to the official party in power, deeply entrenched in the state (RCD). These trajectories correspond to neoliberal processes such as the atomization of social mobility and the promotion of self-help and individualized logics.
"Authoritarian restoration". The term is commonly invoked, yet rarely defined. Is this a sign tha... more "Authoritarian restoration". The term is commonly invoked, yet rarely defined. Is this a sign that it is merely an expression, not claiming to any use but a loose use? The scenario of "authoritarian restoration" has long mainly referred to the so-called "suspended transitions" or "illusive democratizations" that many sub-Saharan countries experienced in the 1990s. It has been brought up to date on the occasion of the "Arab Spring". How do we account for these "moments" in which authoritarian reconfigurations of power follow democratization processes? What can we do with these tomorrows disillusioned?
Whilst often mentioned and sometimes hammered out, the “economic origins” of the revolution have ... more Whilst often mentioned and sometimes hammered out, the “economic origins” of the revolution have mostly been ignored. Why is that so? The article attempts to explain this surprising oversight. The emphasis on what was at stake with “the democratic ground rules” has perniciously diverted attention away from the daily economic struggles and their (lack of) regulations as well as the political contradictions they entail. yet, with the end of the “single window approach” of the Democratic Constitutional Rally (Ben Ali’s all-pervasive party), the question of welfare protection and the various shocks it has received remains acute.
Le 9 octobre 2015, le prix Nobel de la paix est décerné au « quartet » tunisien, composé de l’org... more Le 9 octobre 2015, le prix Nobel de la paix est décerné au « quartet » tunisien, composé de l’organisation patronale, de la centrale syndicale, de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et de l’Ordre National des Avocats. Nouvelle étape de la construction d’une histoire radieuse érigeant la « transition démocratique tunisienne » en modèle et en exception, les célébrations sont orchestrées dans un registre patriotique digne d’une victoire de l’équipe nationale de football. Mais les effusions de joie n’ont pas eu la dimension populaire que le sport peut parfois provoquer. Par delà les discussions sur la légitimité des acteurs lauréats et des oubliés, le « Prix » s’inscrit dans un processus politique reléguant les débats sur les conditions de vie et de protection sociale, en se concentrant sur les enjeux « des règles du jeu démocratique ». En effet, depuis mars 2011, la focalisation successive sur la Constitution, sur les élections et enfin sur le terrorisme a pernicieusement détourné le regard des luttes économiques quotidiennes, des (non-)régulations qu’elles connaissent et des contradictions qu’elles produisent en termes politiques. La question de la protection sociale est pourtant toujours aussi vivace. Avec la fin du « guichet unique » du parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), on assiste à la recomposition des relations clientélistes, à coloration « charité musulmane », ainsi qu’un renforcement relatif du rôle de la bureaucratie syndicale dans la redistribution vers des secteurs précis. Certains ont pensé que le parti conservateur musulman Ennahdha, grâce à son habileté à incarner un registre identitaire populaire, pouvait mobiliser et servir les intérêts de ces catégories de la population, en proposant une alternative économique à la domination protectrice et autoritaire du RCD. Mais les responsables du parti islamiste – d’une part, largement acculturés aux recettes du néolibéralisme et, d’autre part, sous pression dans une configuration politique où ils devaient donner des gages de « normalisation démocratique » – n’ont pas bouleversé pour le moment la donne économique.
Derrière un unanimisme de façade, le moment révolutionnaire est vécu différemment et diverses dyn... more Derrière un unanimisme de façade, le moment révolutionnaire est vécu différemment et diverses dynamiques de radicalisation sont à l’œuvre. Si une majorité d’individus s’engagent sans être des opposants encartés, il faut éviter le piège de « l’immaculée contestation ». Pour cela, nous analysons d’une part, l’épreuve que constituent les protestations qui se multiplient depuis 2008 dans la Tunisie de « l’intérieur », et d’autre part, les contre-conduites qui se muent sous certaines conditions en contestation du régime. L’étude diachronique, basée sur des entretiens répétés depuis 2006, identifie les ressorts de ces mobilisations : situations socioprofessionnelles, sociabilités de quartiers et familiales, (en)jeux générationnels, mémoires des luttes passées et expériences de répression. Simultanément l’approche ethnographique révèle la part de contingence de ces implications dans un soulèvement populaire aussi intense que rapide.
Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un défi pour les scienc... more Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un défi pour les sciences sociales. La difficulté consiste à analyser les comportements à l’œuvre durant cette période sans les extrapoler ni les surinterpréter. À partir d’une observation participante dans deux quartiers populaires de Tunis en janvier 2011, sont étudiées ici les pratiques de groupes de jeunes hommes qui, après les luttes contre les forces de l’ordre, ont occupé de façon significative l’espace public et assuré l’ordre public – passant dans le même temps du statut de voyous à celui de héros. Ces nouvelles positions et postures dans leur quartier portent les germes d’un passage au politique. Pour autant, les registres de dénonciation convoqués par ces jeunes, qui expriment une critique acerbe des modalités concrètes de la redistribution, ne font pas forcément table rase des pratiques antérieures. C’est cette ambivalence des pratiques sociales émergentes que cet article se donne pour objectif de restituer.
Young men from working-class neighborhoods entering the political arena during the revolutionary moment in Tunis
Understanding the « revolutionary moment » is an important challenge for social sciences. The main difficulty lies in analyzing attitudes at work in this context, without misreading them. This paper examines the practices of groups of young men based on my participant observation of two working-class neighbourhoods in Tunis in January 2011. These young men who used to be portrayed as thugs are now considered as heroes. Their status is being considerably modified as they occupy the public space and enforce public order after having fought security forces. Their new positions and postures essentially indicate the eruption of these young men into the political arena. However, the rhetoric of denunciation, common among them, are not eschatological and the sharp criticism of the practical modalities of redistribution does not necessarily mean the end of past practices. The ambivalence of these emerging social practices are thus analysed through the process of empowerment of the youth in the public sphere.
Au cours de l’année 2008 et durant près de six mois, la région de Gafsa, dans le sud-ouest tunisi... more Au cours de l’année 2008 et durant près de six mois, la région de Gafsa, dans le sud-ouest tunisien, a connu un mouvement protestataire de grande ampleur lié à l’évolution de la Compagnie des phosphates de Gafsa, grande entreprise publique minière. Les causes de l’avènement puis du déclin de ces protestations s’avèrent multiples : l’affaiblissement de l’impact de l’entreprise sur l’économie de la région ; l’érosion des pratiques clientélistes qui l’accompagnent ; la réactivation des représentations d’une « Gafsa rebelle » ; l’organisation du mouvement protestataire et ses interactions à géométrie variable avec l’État, en particulier avec l’appareil sécuritaire, ainsi qu’avec différentes organisations politiques.
English
Neoliberal reforms, clientelism and protest in a political authoritarian context. Social movements in Gafsa mining area in Tunisia (2008)
In 2008, a large six-month protest movement occurred in the Gafsa region (Southwestern Tunisia). This collective action, which took place in a context of high unemployment and political repression, was triggered off by the socio-economical downturn of the state-owned mining industry. This article analyses the causes and the decline of the protest : the weakening impact of the mining industry on the local economy, the erosion of clientelistic practices in the sector, the importance of a collective representation of Gafsa seen as a “rebellious region”. Eventually, the organization of the protest movement should be understood in its interactions with the state security apparatus, as well as with several political organisations at local and national levels.
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pacifiquement contre un système politique humiliant et corrompu.
Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s’empare de l’Algérie dix ans après
les printemps arabes qui l’avaient laissée de côté. Est-ce le signal d’une seconde vague de révolutions arabes, accompagnant les révoltes au Liban, en Irak et au Soudan ? Ou un phénomène profond travaillant un pays dont la prétendue immobilité n’était qu’apparente ?
Plus d’un an après le coup d’arrêt imposé au hirak par la pandémie de Covid-19, des historien·ne·s, des anthropologues, des politistes reviennent sur la première année du mouvement pour scruter les transformations à l’œuvre et les enjeux de cette révolution inachevée. Avec humilité, ils tentent de saisir et de comprendre le peuple en révolution, celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris au-delà des frontières nationales.
Ces chercheurs et chercheuses, engagé·e·s depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée dans la réalité algérienne et ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd’hui d’ébranler les plus verrouillés des régimes autoritaires de ce début de xxie siècle.
Amin Allal est politiste, spécialiste des rapports ordinaires au politique et des protestations collectives des classes populaires au Maghreb.
Layla Baamara est sociologue du politique, spécialiste de l’engagement, de l’action collective et des mobilisations protestataires en Algérie.
Leyla Dakhli est historienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain.
Giulia Fabbiano est anthropologue, spécialiste des problématiques identitaires et mémorielles dans l’espace transnational algérien et des imaginaires de la violence dans l’Algérie contemporaine.
Les auteur·e·s analysent ces dynamiques récentes, en intégrant les acquis des recherches existantes et en s’appuyant sur la sociologie et l’économie politiques. Ce manuel offre ainsi, de manière inédite, une grille d’analyse comparée, organisée autour des grandes modalités d’exercice du politique : assujettir, contester, participer, développer et gouverner.
Cette approche invite à une compréhension sereine de pays placés quotidiennement sous le feu des projecteurs, mais qui restent souvent méconnus et caricaturés. Par son caractère global, elle montre que ces pays ne sont pas des exceptions. Par les descriptions précises et les nombreuses illustrations qu’elle fournit, elle en souligne cependant certaines spécificités et permet d’acquérir de solides connaissances à leur sujet.
Pour les étudiant·e·s et enseignant·e·s des 1er et 2e cycles en science politique, langues et civilisations, histoire ou sociologie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s’attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d’inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s’accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d’aujourd’hui.
Originaires des deux rives de la Méditerranée et partageant le quotidien de cette génération, les chercheurs et chercheuses qui ont rédigé cet ouvrage ont décidé de sortir des sentiers battus en racontant comment les jeunes Arabes occupent leur temps libre : ce temps de libertés et de loisirs où l’on peut réfléchir, s’épanouir et se construire ; ce temps « vide » aussi, où l’on peut parfois dériver, se perdre et se briser…
Du Maroc au Yémen, de l’Algérie à la Syrie, de la Tunisie au Liban, en passant par l’Irak, la Libye, l’Égypte, la Jordanie, la Palestine, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ces spécialistes dressent avec sensibilité, humour ou inquiétude un por-trait exceptionnel de cette génération dont on parle beaucoup, mais qu’on écoute trop rarement. Ce livre donne ainsi la parole à ces jeunes hommes et femmes qui, héritiers de traditions plurielles, animés par des idées nouvelles et travaillés par divers mouvements culturels, inventent l’avenir de sociétés en plein bouleversement.
Table des matières
Préface. Les jeunesses arabes dans tous leurs états
François Burgat
Introduction. Déconstruire les stéréotypes : portraits croisés de jeunes Arabes
Laurent Bonnefoy et Myriam Catusse
Partie I. VIVRE SON ÉPOQUE
Introduction / Vivre son époque
1. « Fonce, brûle tes pneus ! » La fureur de vivre des joyriders saoudiens
Pascal Ménoret
2. « Histoire de voir le temps passer ». Les hittistes algériens
Loïc Le Pape
3. Autour d’un café. Sociabilité des jeunes à Abu Dhabi
Laure Assaf
4.Du feuilleton télé à la Web-série. Les jeunes générations arabes changent de format
Yves Gonzalez-Quijano
5. Les buya. Subversion des normes de genre en Arabie saoudite
Amélie Le Renard
6. Du djihad à l’extase soufie. Cheminements politico-religieux en Syrie prérévolutionnaire
Thomas Pierret
7. À la faculté de Lab‘us. Le salafisme comme sous-culture étudiante au Yémen
Laurent Bonnefoy
8. « Un homme, un vrai ! ». Halima, une femme rebelle à Gafsa (Tunisie)
Amin Allal
9. Supporters à distance. Les fans du Barça et du Real en Palestine
Abaher El Sakka
10. Des commentaires en arabe… ou en tigrinya ? Fan de football recherche diffusion télévisée gratuite
Mahfoud Amara et Laurent Bonnefoy
Partie 2. ENRACINER L’AVENIR
Introduction / Enraciner l’avenir
11. Boire à Hamra. Une jeunesse nostalgique à Beyrouth ?
Nicolas Dot-Pouillard
12. La fin d’un monde ? Jeux de saisons à Lejnan (Algérie)
Mohand Akli Hadibi
13. Retrouver Bagdad. Une jeunesse en quête de « normalité »
Zahra Ali et Laurent Bonnefoy
14. Deux frères. Famille et hospitalité à Karak (Jordanie)
Christine Jungen
15. Dans les cafés de Massada Street à Haïfa. Une « mixité » ambiguë pour les Palestiniens d’Israël
Mariangela Gasparotto
16. À l’ombre de la khayma. Résistance culturelle et politique des jeunes Sahraouis à Dakhla
Victoria Veguilla Del Moral
17. Récréation, recréation, résistance. Quels rôles pour la dabké en Palestine ?
Xavier Guignard
18. Taranim et vidéos-clips. L’Église égyptienne mise à nue par ses enfants ?
Laure Guirguis
19. « Mon identité devient claire comme le soleil ». Le théâtre dans les écoles chiites du Liban
Catherine Le Thomas
Partie 3. SE CONSTRUIRE SOI-MÊME
Introduction / Se construire soi-même
20. « Une chambre à soi ». Une jeunesse en quête d’intimité
Anne-Marie Filaire
21. Être une fille autrement ? Self-défense féminine au Caire
Perrine Lachenal
22. Chewing alone ? Transformation des modes de consommation du qat au Yémen
Marine Poirier
23. Les vacances en Europe. Univers familial, univers familier des « Golfiens »
Claire Beaugrand
24. À SOS Bab-el-Oued. Rappeurs et rockeurs entre intégration et transgression
Layla Baamara
25. Sortir du camp. Pérégrinations de jeunes réfugiés palestiniens au Liban
Nicolas Puig
26. « Rainbow street »
Diversité, cloisonnement et affirmation de la jeunesse à Amman (Jordanie)
Cyril Roussel
27. Brahim. Autopsie d’un suicide en Kabylie
Kamel Chachoua
28. « Bnat lycée dayrin sexy ». De l’amusement à la prostitution à Tanger (Maroc)
Mériam Cheikh
Partie 4. PRENDRE LA PAROLE
Introduction / Prendre la parole
29. « Sale journée pour Ammar ». Quand des blogueurs tunisiens s’attaquent à la censure
Romain Lecomte
30. Un nouveau monde social ? Les jeunes activistes syriens et les réseaux sociaux sur Internet
Enrico De Angelis
31. Stand up. La jeunesse saoudienne entre en scène... sur YouTube !
Yves Gonzalez-Quijano
32. Le Café de Jadu. Un lieu d’émancipation « révolutionnaire » en Libye
Arthur Quesnay
33. Du consumérisme à l’engagement. Le sursaut de jeunes sunnites au Bahreïn pour « défendre leur pays »
Claire Beaugrand
34. Les murs prennent la parole. Street art révolutionnaire au Yémen
Anahi Alviso-Marino
35. L’art sous occupation. « Le jeune artiste de l’année » (Palestine)
Marion Slitine
36. « L’instinct du rap ». Le rap palestinien, contenus politiques et explorations artistiques
Nicolas Puig
37. Du rock au Maroc. Quelle place dans la nouvelle scène urbaine casablancaise ?
Dominique Caubet et Catherine Miller
38. Alexandrins en fusion. Itinéraire de musiciens égyptiens, des milieux alternatifs à la révolution
Youssef El Chazli
"
Les contributions portent sur les pays qui ont connu un changement de régime (Tunisie, Égypte, Yémen, Libye) mais également sur ceux où la répression a permis aux pouvoirs en place de se maintenir au moins temporairement (Syrie, Bahreïn) et sur ceux où les protestations n’ont pas débouché sur une situation révolutionnaire (Maroc, Algérie, Jordanie). L’approche adoptée par les auteurs permet de rendre pleinement compte de la spécificité de chacun des contextes étudiés, montrant comment l’élan révolutionnaire, qui balaie alors le monde arabe, connaît des traductions locales très diverses. L’étude de ces révolutions montre aussi qu’elles ne sont pas une simple éruption spontanée qui viendrait réveiller une société jusque-là apathique mais qu’elles s’enracinent dans l’histoire des contestations de chacun des pays concernés.
Les « témoignages analytiques » proposés ici constituent une source très précieuse pour ceux qui s’efforcent de mieux comprendre le plus grand bouleversement politique survenu dans le monde arabe depuis l’ère des indépendances.
Peer reviewed papers by Amin Allal
Young men from working-class neighborhoods entering the political arena during the revolutionary moment in Tunis
Understanding the « revolutionary moment » is an important challenge for social sciences. The main difficulty lies in analyzing attitudes at work in this context, without misreading them. This paper examines the practices of groups of young men based on my participant observation of two working-class neighbourhoods in Tunis in January 2011. These young men who used to be portrayed as thugs are now considered as heroes. Their status is being considerably modified as they occupy the public space and enforce public order after having fought security forces. Their new positions and postures essentially indicate the eruption of these young men into the political arena. However, the rhetoric of denunciation, common among them, are not eschatological and the sharp criticism of the practical modalities of redistribution does not necessarily mean the end of past practices. The ambivalence of these emerging social practices are thus analysed through the process of empowerment of the youth in the public sphere.
English
Neoliberal reforms, clientelism and protest in a political authoritarian context. Social movements in Gafsa mining area in Tunisia (2008)
In 2008, a large six-month protest movement occurred in the Gafsa region (Southwestern Tunisia). This collective action, which took place in a context of high unemployment and political repression, was triggered off by the socio-economical downturn of the state-owned mining industry. This article analyses the causes and the decline of the protest : the weakening impact of the mining industry on the local economy, the erosion of clientelistic practices in the sector, the importance of a collective representation of Gafsa seen as a “rebellious region”. Eventually, the organization of the protest movement should be understood in its interactions with the state security apparatus, as well as with several political organisations at local and national levels.
pacifiquement contre un système politique humiliant et corrompu.
Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s’empare de l’Algérie dix ans après
les printemps arabes qui l’avaient laissée de côté. Est-ce le signal d’une seconde vague de révolutions arabes, accompagnant les révoltes au Liban, en Irak et au Soudan ? Ou un phénomène profond travaillant un pays dont la prétendue immobilité n’était qu’apparente ?
Plus d’un an après le coup d’arrêt imposé au hirak par la pandémie de Covid-19, des historien·ne·s, des anthropologues, des politistes reviennent sur la première année du mouvement pour scruter les transformations à l’œuvre et les enjeux de cette révolution inachevée. Avec humilité, ils tentent de saisir et de comprendre le peuple en révolution, celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris au-delà des frontières nationales.
Ces chercheurs et chercheuses, engagé·e·s depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée dans la réalité algérienne et ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd’hui d’ébranler les plus verrouillés des régimes autoritaires de ce début de xxie siècle.
Amin Allal est politiste, spécialiste des rapports ordinaires au politique et des protestations collectives des classes populaires au Maghreb.
Layla Baamara est sociologue du politique, spécialiste de l’engagement, de l’action collective et des mobilisations protestataires en Algérie.
Leyla Dakhli est historienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain.
Giulia Fabbiano est anthropologue, spécialiste des problématiques identitaires et mémorielles dans l’espace transnational algérien et des imaginaires de la violence dans l’Algérie contemporaine.
Les auteur·e·s analysent ces dynamiques récentes, en intégrant les acquis des recherches existantes et en s’appuyant sur la sociologie et l’économie politiques. Ce manuel offre ainsi, de manière inédite, une grille d’analyse comparée, organisée autour des grandes modalités d’exercice du politique : assujettir, contester, participer, développer et gouverner.
Cette approche invite à une compréhension sereine de pays placés quotidiennement sous le feu des projecteurs, mais qui restent souvent méconnus et caricaturés. Par son caractère global, elle montre que ces pays ne sont pas des exceptions. Par les descriptions précises et les nombreuses illustrations qu’elle fournit, elle en souligne cependant certaines spécificités et permet d’acquérir de solides connaissances à leur sujet.
Pour les étudiant·e·s et enseignant·e·s des 1er et 2e cycles en science politique, langues et civilisations, histoire ou sociologie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s’attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d’inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s’accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d’aujourd’hui.
Originaires des deux rives de la Méditerranée et partageant le quotidien de cette génération, les chercheurs et chercheuses qui ont rédigé cet ouvrage ont décidé de sortir des sentiers battus en racontant comment les jeunes Arabes occupent leur temps libre : ce temps de libertés et de loisirs où l’on peut réfléchir, s’épanouir et se construire ; ce temps « vide » aussi, où l’on peut parfois dériver, se perdre et se briser…
Du Maroc au Yémen, de l’Algérie à la Syrie, de la Tunisie au Liban, en passant par l’Irak, la Libye, l’Égypte, la Jordanie, la Palestine, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ces spécialistes dressent avec sensibilité, humour ou inquiétude un por-trait exceptionnel de cette génération dont on parle beaucoup, mais qu’on écoute trop rarement. Ce livre donne ainsi la parole à ces jeunes hommes et femmes qui, héritiers de traditions plurielles, animés par des idées nouvelles et travaillés par divers mouvements culturels, inventent l’avenir de sociétés en plein bouleversement.
Table des matières
Préface. Les jeunesses arabes dans tous leurs états
François Burgat
Introduction. Déconstruire les stéréotypes : portraits croisés de jeunes Arabes
Laurent Bonnefoy et Myriam Catusse
Partie I. VIVRE SON ÉPOQUE
Introduction / Vivre son époque
1. « Fonce, brûle tes pneus ! » La fureur de vivre des joyriders saoudiens
Pascal Ménoret
2. « Histoire de voir le temps passer ». Les hittistes algériens
Loïc Le Pape
3. Autour d’un café. Sociabilité des jeunes à Abu Dhabi
Laure Assaf
4.Du feuilleton télé à la Web-série. Les jeunes générations arabes changent de format
Yves Gonzalez-Quijano
5. Les buya. Subversion des normes de genre en Arabie saoudite
Amélie Le Renard
6. Du djihad à l’extase soufie. Cheminements politico-religieux en Syrie prérévolutionnaire
Thomas Pierret
7. À la faculté de Lab‘us. Le salafisme comme sous-culture étudiante au Yémen
Laurent Bonnefoy
8. « Un homme, un vrai ! ». Halima, une femme rebelle à Gafsa (Tunisie)
Amin Allal
9. Supporters à distance. Les fans du Barça et du Real en Palestine
Abaher El Sakka
10. Des commentaires en arabe… ou en tigrinya ? Fan de football recherche diffusion télévisée gratuite
Mahfoud Amara et Laurent Bonnefoy
Partie 2. ENRACINER L’AVENIR
Introduction / Enraciner l’avenir
11. Boire à Hamra. Une jeunesse nostalgique à Beyrouth ?
Nicolas Dot-Pouillard
12. La fin d’un monde ? Jeux de saisons à Lejnan (Algérie)
Mohand Akli Hadibi
13. Retrouver Bagdad. Une jeunesse en quête de « normalité »
Zahra Ali et Laurent Bonnefoy
14. Deux frères. Famille et hospitalité à Karak (Jordanie)
Christine Jungen
15. Dans les cafés de Massada Street à Haïfa. Une « mixité » ambiguë pour les Palestiniens d’Israël
Mariangela Gasparotto
16. À l’ombre de la khayma. Résistance culturelle et politique des jeunes Sahraouis à Dakhla
Victoria Veguilla Del Moral
17. Récréation, recréation, résistance. Quels rôles pour la dabké en Palestine ?
Xavier Guignard
18. Taranim et vidéos-clips. L’Église égyptienne mise à nue par ses enfants ?
Laure Guirguis
19. « Mon identité devient claire comme le soleil ». Le théâtre dans les écoles chiites du Liban
Catherine Le Thomas
Partie 3. SE CONSTRUIRE SOI-MÊME
Introduction / Se construire soi-même
20. « Une chambre à soi ». Une jeunesse en quête d’intimité
Anne-Marie Filaire
21. Être une fille autrement ? Self-défense féminine au Caire
Perrine Lachenal
22. Chewing alone ? Transformation des modes de consommation du qat au Yémen
Marine Poirier
23. Les vacances en Europe. Univers familial, univers familier des « Golfiens »
Claire Beaugrand
24. À SOS Bab-el-Oued. Rappeurs et rockeurs entre intégration et transgression
Layla Baamara
25. Sortir du camp. Pérégrinations de jeunes réfugiés palestiniens au Liban
Nicolas Puig
26. « Rainbow street »
Diversité, cloisonnement et affirmation de la jeunesse à Amman (Jordanie)
Cyril Roussel
27. Brahim. Autopsie d’un suicide en Kabylie
Kamel Chachoua
28. « Bnat lycée dayrin sexy ». De l’amusement à la prostitution à Tanger (Maroc)
Mériam Cheikh
Partie 4. PRENDRE LA PAROLE
Introduction / Prendre la parole
29. « Sale journée pour Ammar ». Quand des blogueurs tunisiens s’attaquent à la censure
Romain Lecomte
30. Un nouveau monde social ? Les jeunes activistes syriens et les réseaux sociaux sur Internet
Enrico De Angelis
31. Stand up. La jeunesse saoudienne entre en scène... sur YouTube !
Yves Gonzalez-Quijano
32. Le Café de Jadu. Un lieu d’émancipation « révolutionnaire » en Libye
Arthur Quesnay
33. Du consumérisme à l’engagement. Le sursaut de jeunes sunnites au Bahreïn pour « défendre leur pays »
Claire Beaugrand
34. Les murs prennent la parole. Street art révolutionnaire au Yémen
Anahi Alviso-Marino
35. L’art sous occupation. « Le jeune artiste de l’année » (Palestine)
Marion Slitine
36. « L’instinct du rap ». Le rap palestinien, contenus politiques et explorations artistiques
Nicolas Puig
37. Du rock au Maroc. Quelle place dans la nouvelle scène urbaine casablancaise ?
Dominique Caubet et Catherine Miller
38. Alexandrins en fusion. Itinéraire de musiciens égyptiens, des milieux alternatifs à la révolution
Youssef El Chazli
"
Les contributions portent sur les pays qui ont connu un changement de régime (Tunisie, Égypte, Yémen, Libye) mais également sur ceux où la répression a permis aux pouvoirs en place de se maintenir au moins temporairement (Syrie, Bahreïn) et sur ceux où les protestations n’ont pas débouché sur une situation révolutionnaire (Maroc, Algérie, Jordanie). L’approche adoptée par les auteurs permet de rendre pleinement compte de la spécificité de chacun des contextes étudiés, montrant comment l’élan révolutionnaire, qui balaie alors le monde arabe, connaît des traductions locales très diverses. L’étude de ces révolutions montre aussi qu’elles ne sont pas une simple éruption spontanée qui viendrait réveiller une société jusque-là apathique mais qu’elles s’enracinent dans l’histoire des contestations de chacun des pays concernés.
Les « témoignages analytiques » proposés ici constituent une source très précieuse pour ceux qui s’efforcent de mieux comprendre le plus grand bouleversement politique survenu dans le monde arabe depuis l’ère des indépendances.
Young men from working-class neighborhoods entering the political arena during the revolutionary moment in Tunis
Understanding the « revolutionary moment » is an important challenge for social sciences. The main difficulty lies in analyzing attitudes at work in this context, without misreading them. This paper examines the practices of groups of young men based on my participant observation of two working-class neighbourhoods in Tunis in January 2011. These young men who used to be portrayed as thugs are now considered as heroes. Their status is being considerably modified as they occupy the public space and enforce public order after having fought security forces. Their new positions and postures essentially indicate the eruption of these young men into the political arena. However, the rhetoric of denunciation, common among them, are not eschatological and the sharp criticism of the practical modalities of redistribution does not necessarily mean the end of past practices. The ambivalence of these emerging social practices are thus analysed through the process of empowerment of the youth in the public sphere.
English
Neoliberal reforms, clientelism and protest in a political authoritarian context. Social movements in Gafsa mining area in Tunisia (2008)
In 2008, a large six-month protest movement occurred in the Gafsa region (Southwestern Tunisia). This collective action, which took place in a context of high unemployment and political repression, was triggered off by the socio-economical downturn of the state-owned mining industry. This article analyses the causes and the decline of the protest : the weakening impact of the mining industry on the local economy, the erosion of clientelistic practices in the sector, the importance of a collective representation of Gafsa seen as a “rebellious region”. Eventually, the organization of the protest movement should be understood in its interactions with the state security apparatus, as well as with several political organisations at local and national levels.
De l’euphorie révolutionnaire au retour des vieux démons
La difficile reconversion des anciens partis de l’opposition
De l’islamisme imaginaire à l’islamisme réel : le retour en force des militants de l’islam politique
Quid du « parti unique » ?
Survivance d’enclaves autoritaires et défis économiques
Protests are mainly organized by citizens’ associations demanding public intervention in order to stimulate development and to guarantee the population’s well-being in peripheral areas. As a result of a similar historicity of protest that characterizes both locations, the demands towards the state are formulated in an ambiguous way that blends a myth of rebellion against the central power with a discourse of resistance based on nationalism. The coalition leading the protests reinvents and puts on display a locally specific identity and uses a marginalization narrative that formulates demands in emotional and moral terms, depoliticizing the protest. The state response combines political repression and economic advantages.
Une théorie politique « conditionnée de manière aseptique selon les règles internationales »
La gouvernance : une démocratie « apolitique » ?
Paramétrer la démocratie
La « participation »
« The third Sector »
La gouvernance réactualisée : la « gouvernance locale »
« Dommage collatéral » ? « Transition démocratique » sous patronage royal
Le Maroc de la « transition démocratique », fiction et réalités
Appropriations royales des injonctions développementistes
Une « gouvernance locale » autoritaire
« Décentralisation démocratique » ?
Un pluralisme limité
Ces dernières décennies, les images se sont multipliées d’un désintérêt politique des masses et des jeunesses algériennes gagnées au désir consumériste et à l’exil, d’une répétition d’événements protestataires sans effets supposés (qualifiés souvent d’émeutes apolitiques), d’une organisation ambiguë de l’opposition au régime. A cela s’ajoute le fameux syndrome « du plus jamais ça » : l’hypothétique repoussoir que constitueraient les années de guerre civile dans l’organisation de protestations. Tout semble converger pour donner sa force explicative au constat d’une supposée apathie politique généralisée des citoyens. A longueur d’éditoriaux ou d’analyses expertes- souvent à distance- tout ou presque serait lié à la politique de la rente (et son effet le clientélisme) et à la peur de la décennie noire (des « islamistes », de la violence armée de l’État…). In fine, la politique était toute entière simplifiée en un jeu de coteries et de retournements discrets de palais dont on ne connaît en réalité que peu d’éléments tangibles. Le régime politique - le « système » - tenait avant tout car solidement arrimé à une force répressive étatique importante, à une économie politique de redistribution tournant autour de la manne extractive et à un récit performant sur la violence massive des années 90… Il semblait écrit que les algériens ne pouvaient massivement se mobiliser.
Si la nouvelle séquence de ce début 2019 constitue en soi un défi à ces lectures, ces journées d’études seront l’occasion d’actualiser et de tester nos connaissances sur les comportements politiques en Algérie. Contrairement aux lectures surplombantes qui font écran aux dynamiques anthropologiques et historiques profondes de politisation des acteurs sociaux, les intervenant.e.s, en s’appuyant sur des enquêtes récemment réalisées, débattront de la force et des faiblesses du surgissement protestataire de 2019. Ces échanges permettront en outre de réfléchir à nouveaux frais sur les relations entre protestations collectives et changements de régime. Ces dernières, au coeur des explications des mouvements de 2011 au Maghreb et au Moyen-Orient, semblent de nouveau à l’ordre du jour en Algérie ainsi qu’au Soudan.
Coordination Amin Allal, Élisabeth Longuenesse, Michele Scala.
Seront retenues des propositions qui s'intéressent aux mutations du travail et aux formes d'(in)soumission ouvrière qui ne manquent pas d'accompagner ces processus, tout comme les contributions qui visent à dévoiler les articulations et les rapports organiques entre conditions de travail et formes de résistance.
Résumés attendus pour le 31 janvier 2019
Envoyer à elonguenesse@yahoo.fr, amin.allal@gmail.com, scala.miche@gmail.com
Coordinazione: Amin Allal, Élisabeth Longuenesse, Michele Scala
Abstract da inviare entro il 31 Gennaio 2019
Dans ce colloque, nous proposons de revisiter la citoyenneté industrielle de façon transversale à partir de ses ancrages localisés. Cette approche offre un cadre d’observation empirique qui permet d’étudier la manière dont l’organisation du travail structure les pratiques collectives, sans être prisonnier de la coupure entre le dedans et le dehors des lieux de production. Ainsi, la citoyenneté industrielle peut être observée dans des espace-temps diversifiés, au Nord comme au Sud, dans le passé comme dans le présent, et donne l’occasion d’un dialogue entre historiens, sociologues, politistes, anthropologues, juristes ou encore économistes.
سنة الثورات الخامسة من وجهتي النظر الاقتصادية والاجتماعية
دعوة للمشاركة في ندوة دولية
من 12إلى 14 تشرين الأول(أكتوبر) 2016
تبرز دراسة التعبئة السياسية في الدول العربية بدءا من نهاية سنة 2010 حدود التحليلات الاقتصادية البحتة. كما هو الحال في أماكن أخرى، لا ينتج الفقر ولا شروط الحياة الاقتصادية المتردية (لاسيما التي حصلت جراء التعديلات الهيكلية في تسعينات القرن الماضي، أو حتى بسبب الأزمة الاقتصادية مطلع الألفية الثانية) أيّ انتفاضة أو أي احتجاج جماعي تلقائيا. من جهة أولى، لا يمكن اختزال مطالبات بعض من الحراكات ذات طابع " الخبز والزبدة" الى أشكال من التعبير السياسية التشنجي أو ردود فعلي أو غير الناضج. على العكس من ذلك، فهي تعبر فعلا عن تشكيل الوعيين الجمعي والسياسي. ومن جهة أخرى يصبح علم اجتماع هذه التعبئات معقداً حقا. فهو يأخذ كلمات الفاعلين وممارساتهم على محمل الجد، في حين كان هؤلاء الفاعلون يعدّون في السابق وحتى فترة قريبة مجرد مجموعة من القوى التابعة، أصواتهم منخفضة وبالكاد يُرون، غير أن هؤلاء الفاعلين يرتبطون أيضا بموارد غير متساوية وهي تلعب دورا في المطالبات الجماعية. من امتيازات المراقبة المقارنة للمشاهد العامة المعاصرة في المنطقة بالتحديد هي أن تلك المشاهد المعاصرة - خلف الشعارات التي غالبا ما تقدِّمُ شيئا وحدويا - تمثل مسرحا سياسيا يعتمد على ائتلاف مجموعة فاعلين ظروفهم الاجتماعية والاقتصادية متنوعة، وهي ظروف تبرز أيضا في شعارات أخرى يرتبط معظمها بالمجال المحلي أو القطاعي (المهني). تلك المشاهد تستدعي النقاش حول رسم خرائطهم الاجتماعية، وآليات إعادة تصنيفهم الاجتماعي (حراك طبقي صاعد ونازل)، والتي قد يكمن خلفها التوقعات التي تثيرها، واللامساواة التي تكرسها.
Abiyaghi Marie-Noëlle mabiyaghi@gmail.com
Allal Amin amin.allal@gmail.com
Barrières Sarah sarah.barrieres@yahoo.fr
Catusse Myriam mcatusse@gmail.com
Donoso Sofía sofia.donoso@mail.udp.cl
Emperador Badimon Montserrat montserrat.emperadorbadimon@univ-lyon2.fr
Erdinc Isil isilerdinc2@gmail.com
Gaudichaud Franck franck.gaudichaud@u-grenoble3.fr
Posado Thomas thomas.posado@free.fr
Rubbers Benjamin benjaminrubbers@gmail.com
Ce qu'elles nous apprennent sur la dynamique des protestations
et sur leur théorisation
« On n’a pas à obéir à je ne sais qui »
Entre « transgression » et « normalisation »
Quelles figures féminines de la protestation ?