Books by François POUILLON
Mohamed Ali éditions, 2017
Dans une Tunisie précocement arabisée et fortement centralisée, la région dite de « l’Extrême-Sud... more Dans une Tunisie précocement arabisée et fortement centralisée, la région dite de « l’Extrême-Sud », à savoir les confins saharo-tripolitains du pays, ont été de longue date signalés comme des zones de dissidence et surtout des ilots « berbères », qui ont fortement intéressé les ethnologues (et après eux les guides touristiques). Cela n’allait pourtant pas sans soulever de multiples questions, à commencer le fait que les intéressés, à savoir les groupes en place dans la région, revendiquent au contraire hautement une origine et une identité arabe.
Inscrits dans une problématique d’anthropologie contemporaine, les contributeurs de ce recueil se sont attachés à analyser ces contradictions, qui renvoient à des repères scientifiques et à des mentalités sociologiques différentes, inscrites dans l’historiographie mouvementée de l’arabisation du Maghreb, soit une question qu’il importe d’inscrire dans ses déterminations à la fois particulières et globales.
C’est à des réflexions de ce type qu’il importe de se référer si l’on cherche à penser penser de façon moins désinvolte qu’à l’accoutumée, quelques questions géopolitiques aujourd’hui dibalement importantes : Quelles ont été sur le long terme les relations sociales, aujourd’hui réactivées, sur la frontière tuniso-tripolitaine ? Le pouvoir colonial a-t-il cherché en son temps à exploiter politiquement la division entre Arabes et Berbères ? Le mouvement national, et spécialement destourien (Habib Bourguiba été, entre 1934 et 1936, assigné à résidence dans la région) s’est-il attaché au contraire à la nier ? L’avènement d’un régime démocratique va-t-il conduire (comme en Kabylie ou dans l’Atlas marocain) à une expression politique des identités fondamentale ? Les considérations anthropologiques soulevées dans les pièces, anciennes ou récentes, rassemblées dans ce livre, interfèrent donc activement avec des préoccupations plus actuelles.
IRMC, Tunis/Med Ali éditions, Sfax, 2018
Figures d’Abdelkader. La construction d’un héros national algérien
Musée de La Piscine, Roubaix (... more Figures d’Abdelkader. La construction d’un héros national algérien
Musée de La Piscine, Roubaix (« Collection art et politique ») [catalogue d’exposition] & Ed. Snoeck, Gand (Belgique)]
Parce que l'on ne s'y est risqué que difficilement, parce que ceux qui en sortaient furent souven... more Parce que l'on ne s'y est risqué que difficilement, parce que ceux qui en sortaient furent souvent assez dépenaillés et parfois même violents, les déserts arabes sont peuplés de fantasmes. Pourtant l'histoire atteste que les gens qui s'y trouvaient s'y sont avancés en cherchant à exploiter au mieux un espace rébarbatif, par le mouvement qui permet de répondre à la précarité et à l'aléa. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne l'ont volé à personne ! Ces nomades, poètes réputés parce que la poésie est une chose légère à transporter, sont néanmoins l'objet des fables les plus extravagantes.
Fruit d'enquêtes conduites en Arabie saoudite au tournant des années 1980 et de travaux sur ce thème dans le cadre de l'EHESS, ce recueil entend proposer une image d'ensemble sur un groupe social qui occupe une place à part mais pourtant fondatrice dans le monde arabe. Les Bédouins, ces éleveurs nomades qui, dans la péninsule Arabique et au-delà, habitent la célèbre tente noire, véhiculent des valeurs centrales dans l'Islam (solidarité de groupe, sens de l'honneur, hospitalité) et, en même temps, pugnacité guerrière, religiosité suspecte et refus de tous les pouvoirs établis, ce qui leur a été souvent reproché. Mettant au jour des aspects contrastés et pourtant bien réels d'une société soucieuse surtout de se maintenir dans des environnements, tant naturels que politiques, extrêmement hostiles, ce livre montre aussi comment les Bédouins ont su s'adapter aux conditions d'une modernisation technologique et économique. Il entend restaurer l'image d'un monde aux dimensions humaines, inscrit dans l'histoire et confronté à des forces qui ont réussi à le réduire, sans jamais le soumettre.
L'ouvrage rassemble des pièces éparses de travaux conduits sur un quart de siècle à propos des re... more L'ouvrage rassemble des pièces éparses de travaux conduits sur un quart de siècle à propos des représentations de l'Orient arabe et des échos ou remplois qu’elles connurent dans les régions dont elles à rendaient compte. Il s’attache à suivre dans toute leur variété les parcours biographiques de ceux qui les produisirent, auteurs connus ou au contraire insuffisamment identifiés, de façon à illustrer la multiplicité des modes de représentations et des itinéraires de ceux qui en furent les vecteurs.
Partant du principe que l'on peut représenter la même chose (mais avec des contraintes différentes) par les différents procédés de l'image - dessin, peinture, affiche, photographie -, par la description littéraire ou scientifique (spécialement, pour notre cas, l’ethnographie), il réfléchit sur les conditions d'élaboration des figurations du social dans l'histoire, et leur legs aux sociétés d'aujourd'hui.
C'est en effet un héritage difficile dont doivent traiter les Etats nouvellement indépendants, travaillés qu’ils sont par des recherches identitaires autant que par leurs confrontations à l'Occident, que d'avoir à traiter d'un stock documentaire, savant ou fantasmatique, produit dans le cadre de la curiosité coloniale, mais qui reste souvent le seul témoignage sur leur passé ou leur diversité interne.
Bien que ces interventions soient rangées en phases, en thèmes et perspectives (y compris quelques aveux biographiques), l’auteur assume ici la "stratégie du lièvre", soit une démarche cherchant à sillonner l’espace, la durée et les points de vue, sur un Orient qui doit en ressortir avec d’autant plus de relief.
L’anthropologie ne sert-elle qu’à analyser les peuples exotiques ? Il faut, dit-on, de la distanc... more L’anthropologie ne sert-elle qu’à analyser les peuples exotiques ? Il faut, dit-on, de la distance pour « étudier les mœurs des autres peuples » (Descartes). On admet cependant aujourd’hui que l’on peut l’appliquer aux sociétés proches et il y a même de nombreux travaux dans ce sens. Celui-ci se veut un peu différent. Dans série de notes (rangées dans un abécédaire), l’auteur fait état de sa perplexité lorsque, de retour des pays arabes sur lesquels il s’est spécialisé, il revoit les petites choses de chez lui sous un jour différent, délivré en tout cas de l’illusion que nous vivons dans le meilleur de mondes possibles.
Ces réflexions, fondées sur des expériences personnelles de l’exotisme mais aussi sur une connaissance des diversités et des changements que notre société traverse, sont nourries par des souvenirs personnels, des références dans les registres les plus divers (poèmes, romans, sketchs d’humoristes, bandes dessinées, films), aphorismes d’écrivains ou de philosophes et, bien sûr, réflexions anthropologiques en bonne et due forme. Vision goguenarde sans doute, qui nous appelle à regarder avec un certain relativisme nos différences comme nos vertus
Du Maroc à la Chine, l'Orient n'a pas cessé de fasciner un Occident partagé à son égard entre la ... more Du Maroc à la Chine, l'Orient n'a pas cessé de fasciner un Occident partagé à son égard entre la convoitise et la peur, l'enchantement et la répulsion, le désir de connaître et la volonté de conquête. De la Renaissance à nos jours, des hommes le plus souvent, des femmes quelquefois, ont parcouru les routes lointaines, appris des langues inouïes, observé des moeurs étranges et rapporté de leurs voyages des images, des manus-crits, des objets, des récits et des fables. D'autres en ont rêvé, parlé, sans jamais s'y rendre. Si le terme d'« orientaliste » nous reste surtout pour qualifier des productions largement fantasmatiques (peinture, romans), il est d'abord atta-ché à une discipline savante qui s'est inscrite dans des cadres institution-nels solides. Il y eut aussi des cohortes de voyageurs, de missionnaires, d'informateurs, des collectionneurs, des prédateurs parfois, qui ont par-couru l'Orient sous toutes ses latitudes et en ont rapporté quelque chose. Artistes et savants, hommes célèbres et modestes médiateurs, éminents professeurs et aventuriers ambitieux, auteurs de chefs-d'oeuvre reconnus ou de travaux obscurs : ils sont un millier regroupés dans ce Dictionnaire des orientalistes de langue française par les soins d'une équipe pluridis-ciplinaire de spécialistes. À son apogée, au XIX e siècle, l'orientalisme fut contemporain de l'expansion impérialiste. Aussi est-il la cible, depuis la fin des Empires coloniaux, d'une dénonciation qui se voudrait sans appel. Sans ignorer ce procès ni en casser le jugement, ce dictionnaire entend montrer que la population des agents et porteurs de ces savoirs est infiniment variée et qu'elle échappe aux simplifications réductrices : toute la gamme des motivations, des plus désintéressées au plus sauvagement pragmatiques, nous offre un échantillon d'humanité qui, avec ses grandeurs et ses tra-vers, doit faire finalement la trame d'un certain humanisme. François Pouillon est anthropologue, spécialiste du monde arabe, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, où il a dirigé le Centre d'histoire sociale de l'Islam méditerranéen.
En 1929, mourait à Paris un peintre orientaliste français, Étienne Dinet, connu pour le soin part... more En 1929, mourait à Paris un peintre orientaliste français, Étienne Dinet, connu pour le soin particulier avec lequel il représentait les indigènes du Sud algériens, et aussi quelques choix de vie non-conformistes, car il s’était converti à l’islam, et installé à demeure dans une oasis saharienne, Bou-Saâda. Il voulut y être enterré. L’Exposition coloniale de 1931 célébra en lui l’exemple d’une union franco-musulmane qui allait faire long feu.
Quarante ans plus tard, et son indépendance gagnée, l’Algérie entreprenait de se réapproprier ce citoyen original et de célébrer en Dinet “un maître de la peinture algérienne”. Elle décidait de lui consacrer un musée, à Bou-Saâda. Inauguré, en 1993, avant d’être saccagé par les islamistes en 1995. Utilisant l’ensemble de la documentation disponible et tirant parti de documents inédits, cette monographie sur un des représentants les plus significatif de l’orientalisme traite des deux vies du peintre : sa carrière au temps colonial puis sa réappropriation par la jeune nation algérienne.
Ce livre montre aussi que le passage d’une époque à l’autre, d’une nation à l’autre, défie les ruptures et les révolutions, puisque c’est par les images de la France coloniale qu’une Algérie algérienne en voie de reformulation parvient à formuler son identité indigène. Il permet enfin de réfléchir sur la nature des processus historiques à l’oeuvre dans la relation coloniale et éclairer plus d’un siècle d’histoire franco-algérienne que l’on ne peut réduire aux tragédies d’hier et d’aujourd’hui.
Papers by François POUILLON
Hespéris-Tamuda, 2022
It is common to say that the search for ruins in the Maghreb during the colonial period not only ... more It is common to say that the search for ruins in the Maghreb during the colonial period not only served to register the enterprise in a long imperial period, but also guided and argued an exploitation and a work of domination of the territories. In this respect, the example of the military territories of southern Tunisia could well serve to illustrate this thesis: the excavations there were carried out almost exclusively by posted soldiers who, not only would not have failed to see in these remains a guide for a farm, but also a foundation for the political administration of the region and the setting of a then vague border with Tripolitania. A careful examination of published scientific texts and the approaches of these men shows that they did not allow themselves to be locked into an instrumental use of archeology for economic or strategic ends. Not only do they know how to quickly see what in the traces of the past does not go in the expected direction but above all, on the basis of a solid classical culture, they quickly become professional, showing an autonomous archaeological competence. Finally, the agricultural exploitation of the region, the fixing of the border and the roads will be based on other more recent, more pressing knowledge of ethnology and geopolitics.
Bérose - Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris., 2020
in Van Gennep du folklore à l'ethnographie, Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 2018
C’est sur un terrain colonial, l’Algérie, que François Pouillon suit Van Gennep, en invitant le l... more C’est sur un terrain colonial, l’Algérie, que François Pouillon suit Van Gennep, en invitant le lecteur à parcourir avec lui ses articles, chroniques et son fascinant ouvrage En Algérie, véritable « deuxième livre de l’ethnographe » permettant de documenter l’atmosphère du terrain d’enquête tamisé par le regard d’un ethnologue original qui, pour ne pas s’inscrire dans le courant théorique ouvert par Durkheim, développe une pratique d’enquête exigeante et probe, dans des textes précis et néanmoins empreints d’humour, et une forme de réflexivité tout à fait novatrice dans le contexte des années 1910. De façon convaincante, François Pouillon démontre que cette expérience algérienne constitue bien un tournant dans l’itinéraire de Van Gennep et va l’inciter à se replier sur le domaine français, pour des raisons propres aux spécificités de l’enquête ethnographique en terre musulmane. Sa lecture autobiographique du texte à clés Les Demi-Savants, écrit à la même période, éclaire plusieurs traits de caractère singuliers de Van Gennep. (Extrait de l’introduction)
Sensibilités. Histoire critique & sciences sociales, 2017
Sur un essai d'ethnologie kabyle de Pierre Bourdieu
Pratiquer les sciences sociales au Maghreb. Textes pour Driss Mansouri, 2014
Maghreb et Sciences Sociales (IRMC Tunis/L’Harmattan), 2012
Pierre-Noël DENIEUIL, Avant-propos. Médiations identitaires I. Après l'orientalisme ? Médiations,... more Pierre-Noël DENIEUIL, Avant-propos. Médiations identitaires I. Après l'orientalisme ? Médiations, appropriations, contestations Thème sous la direction de François POUILLON François POUILLON, Introduction. Après l'orientalisme ? Médiations, appropriations, contestations Jean-Claude VATIN, L'orientalisme retourné ? François POUILLON, L'orientalisme, mort ou vif ? Une histoire française M'hamed OUALDI, Mamelouks « orientaux » contre Arabes dans la Tunisie du XIX e : conception et dépassement d'un mythe historiographique Mimoun AZIZA, Un orientalisme « périphérique » : l'orientalisme espagnol face au passé arabo-musulman de l'Espagne Baudouin DUPRET et Léon BUSKENS, Qui a inventé le droit musulman ? Une histoire des études occidentales de la normativité islamique et leur diffusion en Orient Michèle SELLÈS LEFRANC, Transmission de savoirs autochtones en Algérie et littérature à l'épreuve du regard post-colonial Claire B. NICHOLAS, Sur les traces des objets anthropologiques : le façonnement du patrimoine vestimentaire marocain II. Sous l'empire de la nationalité (1830-1960) Thème sous la direction de Noureddine AMARA Noureddine AMARA, Introduction. Sous l'empire de la nationalité Yerri URBAN, La nationalité dans le second Empire colonial français Noureddine AMARA, La nationalité des Touatis, un évènement à la mesure d'empire (1901-1830) Fatma BEN SLIMANE, Entre deux empires : l'élaboration de la nationalité tunisienne Gregory MANN, Citizenship after Empire : Recognizing "French" West Africans in Sudan Frederick COOPER, "Une nationalité superposée" : Being French and African in 1959 III. Formes territoriales, urbaines et architecturales au Maghreb aux XIX e -XXI e siècles : permanences ou ruptures ? Thème sous la direction de Vittoria CAPRESI et Charlotte JELIDI Vittoria CAPRESI et Charlotte JELIDI, Présentation. Formes territoriales, urbaines et architecturales au Maghreb aux XIX e -XXI e siècles : permanences ou ruptures ? Leïla AMMAR, Modernité et transformations urbaines à Tunis dans la seconde moitié du XIX e siècle. L'exemple du quartier al-Jazira-al-Sadiqiyya, 1875-1900 Charlotte JELIDI, Des protectorats aux États-nations : tradition et modernité architecturales et urbaines en Tunisie et au Maroc, ou la systématisation d'un vocabulaire à des fins politiques Zohra HAKIMI, Planification et gestion urbaine de la ville d'Alger : entre reprise et continuité des études François DUMASY, Acteurs et économie du développement urbain à Tripoli de la fin de la période ottomane à la fin de la colonisation italienne Stefano ZAGNONI, Insediamenti urbani e rurali in nord-cirenaica, 1911-1942 Vittoria CAPRESI, Eredità e permanenze del colonialismo italiano in Libia. Continuità negli interventi urbani/architettura/simbolo IV. Études Ahmed Salem OULD AL ARBI, Urbanisation planifiée et urbanisation spontanée : l'exemple de Nouadhibou -Mauritanie Besma LOUKIL, La « spirale du déclin ». Dynamique des comportements incivils dans l'espace public : le cas des parcs et jardins dans la région de Tunis Jean-Pierre CASSARINO, Hiérarchie de priorités et système de réadmission dans les relations bilatérales de la Tunisie avec les États membres de l'Union européenne Isabel SCHÄFER, Mobilité, identité et transition : le potentiel de réforme des migrants voyageant entre l'Europe et l'Afrique du Nord Myriam ERRAIS BORGES, La céramique Qallaline, trésor du patrimoine culturel tunisien V. Chroniques et opinions Pierre BLAVIER, Révolte du bassin minier de Gafsa en 2008 et révolution tunisienne de 2010, un même mouvement révolutionnaire ? François POUILLON, Marx, analyste de la révolution tunisienne ? De la colonie à l'État-nation : constructions identitaires au Maghreb Après l'orientalisme ? Médiations, appropriations, contestations Sous la direction de François POUILLON De la colonie à l'État-nation : constructions identitaires au Maghreb IRMC Sous l'empire de la nationalité (1830-1960) Sous la direction de Noureddine AMARA
Portée et limites de la distinction "arabes" vs. "Berbères" dans l'Extrême -Sud tunisien de la pé... more Portée et limites de la distinction "arabes" vs. "Berbères" dans l'Extrême -Sud tunisien de la période coloniale aux langages contemporains (avant 2011)
Cahiers d'études africaines, 129, 1993
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 33 N°129. 1993. Mesurer la différence : l'anthropologie phy... more In: Cahiers d'études africaines. Vol. 33 N°129. 1993. Mesurer la différence : l'anthropologie physique. pp. 37-49. Abstract F. Pouillon -Ethnie Simplification: Moors, Arabs and Berbers (18th-20th Centuries).
Orientalisme/Orientalism by François POUILLON
Pierre-Noël DENIEUIL, Avant-propos. Médiations identitaires I. Après l'orientalisme ? Médiations,... more Pierre-Noël DENIEUIL, Avant-propos. Médiations identitaires I. Après l'orientalisme ? Médiations, appropriations, contestations Thème sous la direction de François POUILLON François POUILLON, Introduction. Après l'orientalisme ? Médiations, appropriations, contestations Jean-Claude VATIN, L'orientalisme retourné ? François POUILLON, L'orientalisme, mort ou vif ? Une histoire française M'hamed OUALDI, Mamelouks « orientaux » contre Arabes dans la Tunisie du XIX e : conception et dépassement d'un mythe historiographique Mimoun AZIZA, Un orientalisme « périphérique » : l'orientalisme espagnol face au passé arabo-musulman de l'Espagne Baudouin DUPRET et Léon BUSKENS, Qui a inventé le droit musulman ? Une histoire des études occidentales de la normativité islamique et leur diffusion en Orient Michèle SELLÈS LEFRANC, Transmission de savoirs autochtones en Algérie et littérature à l'épreuve du regard post-colonial Claire B. NICHOLAS, Sur les traces des objets anthropologiques : le façonnement du patrimoine vestimentaire marocain II. Sous l'empire de la nationalité (1830-1960) Thème sous la direction de Noureddine AMARA Noureddine AMARA, Introduction. Sous l'empire de la nationalité Yerri URBAN, La nationalité dans le second Empire colonial français Noureddine AMARA, La nationalité des Touatis, un évènement à la mesure d'empire (1901-1830) Fatma BEN SLIMANE, Entre deux empires : l'élaboration de la nationalité tunisienne Gregory MANN, Citizenship after Empire : Recognizing "French" West Africans in Sudan Frederick COOPER, "Une nationalité superposée" : Being French and African in 1959 III. Formes territoriales, urbaines et architecturales au Maghreb aux XIX e -XXI e siècles : permanences ou ruptures ? Thème sous la direction de Vittoria CAPRESI et Charlotte JELIDI Vittoria CAPRESI et Charlotte JELIDI, Présentation. Formes territoriales, urbaines et architecturales au Maghreb aux XIX e -XXI e siècles : permanences ou ruptures ? Leïla AMMAR, Modernité et transformations urbaines à Tunis dans la seconde moitié du XIX e siècle. L'exemple du quartier al-Jazira-al-Sadiqiyya, 1875-1900 Charlotte JELIDI, Des protectorats aux États-nations : tradition et modernité architecturales et urbaines en Tunisie et au Maroc, ou la systématisation d'un vocabulaire à des fins politiques Zohra HAKIMI, Planification et gestion urbaine de la ville d'Alger : entre reprise et continuité des études François DUMASY, Acteurs et économie du développement urbain à Tripoli de la fin de la période ottomane à la fin de la colonisation italienne Stefano ZAGNONI, Insediamenti urbani e rurali in nord-cirenaica, 1911-1942 Vittoria CAPRESI, Eredità e permanenze del colonialismo italiano in Libia. Continuità negli interventi urbani/architettura/simbolo IV. Études Ahmed Salem OULD AL ARBI, Urbanisation planifiée et urbanisation spontanée : l'exemple de Nouadhibou -Mauritanie Besma LOUKIL, La « spirale du déclin ». Dynamique des comportements incivils dans l'espace public : le cas des parcs et jardins dans la région de Tunis Jean-Pierre CASSARINO, Hiérarchie de priorités et système de réadmission dans les relations bilatérales de la Tunisie avec les États membres de l'Union européenne Isabel SCHÄFER, Mobilité, identité et transition : le potentiel de réforme des migrants voyageant entre l'Europe et l'Afrique du Nord Myriam ERRAIS BORGES, La céramique Qallaline, trésor du patrimoine culturel tunisien V. Chroniques et opinions Pierre BLAVIER, Révolte du bassin minier de Gafsa en 2008 et révolution tunisienne de 2010, un même mouvement révolutionnaire ? François POUILLON, Marx, analyste de la révolution tunisienne ? De la colonie à l'État-nation : constructions identitaires au Maghreb Après l'orientalisme ? Médiations, appropriations, contestations Sous la direction de François POUILLON De la colonie à l'État-nation : constructions identitaires au Maghreb IRMC Sous l'empire de la nationalité (1830-1960) Sous la direction de Noureddine AMARA
Turcica. Revue d'Etudes Turques (Paris), 2010
French Politics, Culture & Society, 2002
... His celebrated Duke of Aumale Taking the Smalah of Abd-el-Kader (21.39 x 4.89 meters) a provo... more ... His celebrated Duke of Aumale Taking the Smalah of Abd-el-Kader (21.39 x 4.89 meters) a provocative celebration which may be considered an act of pure ... battle scenes in the 1980s for the sumptuous army museum he was building in the center of Riadh-el-Fatah, what came ...
Le Maghreb, l'Europe et la France, Paris, Editions du CNRS, 1992, p. 209-224 (“Annuaire de l'Afrique du Nord 1990”, Tome XIX), 1992
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Books by François POUILLON
Inscrits dans une problématique d’anthropologie contemporaine, les contributeurs de ce recueil se sont attachés à analyser ces contradictions, qui renvoient à des repères scientifiques et à des mentalités sociologiques différentes, inscrites dans l’historiographie mouvementée de l’arabisation du Maghreb, soit une question qu’il importe d’inscrire dans ses déterminations à la fois particulières et globales.
C’est à des réflexions de ce type qu’il importe de se référer si l’on cherche à penser penser de façon moins désinvolte qu’à l’accoutumée, quelques questions géopolitiques aujourd’hui dibalement importantes : Quelles ont été sur le long terme les relations sociales, aujourd’hui réactivées, sur la frontière tuniso-tripolitaine ? Le pouvoir colonial a-t-il cherché en son temps à exploiter politiquement la division entre Arabes et Berbères ? Le mouvement national, et spécialement destourien (Habib Bourguiba été, entre 1934 et 1936, assigné à résidence dans la région) s’est-il attaché au contraire à la nier ? L’avènement d’un régime démocratique va-t-il conduire (comme en Kabylie ou dans l’Atlas marocain) à une expression politique des identités fondamentale ? Les considérations anthropologiques soulevées dans les pièces, anciennes ou récentes, rassemblées dans ce livre, interfèrent donc activement avec des préoccupations plus actuelles.
Musée de La Piscine, Roubaix (« Collection art et politique ») [catalogue d’exposition] & Ed. Snoeck, Gand (Belgique)]
Fruit d'enquêtes conduites en Arabie saoudite au tournant des années 1980 et de travaux sur ce thème dans le cadre de l'EHESS, ce recueil entend proposer une image d'ensemble sur un groupe social qui occupe une place à part mais pourtant fondatrice dans le monde arabe. Les Bédouins, ces éleveurs nomades qui, dans la péninsule Arabique et au-delà, habitent la célèbre tente noire, véhiculent des valeurs centrales dans l'Islam (solidarité de groupe, sens de l'honneur, hospitalité) et, en même temps, pugnacité guerrière, religiosité suspecte et refus de tous les pouvoirs établis, ce qui leur a été souvent reproché. Mettant au jour des aspects contrastés et pourtant bien réels d'une société soucieuse surtout de se maintenir dans des environnements, tant naturels que politiques, extrêmement hostiles, ce livre montre aussi comment les Bédouins ont su s'adapter aux conditions d'une modernisation technologique et économique. Il entend restaurer l'image d'un monde aux dimensions humaines, inscrit dans l'histoire et confronté à des forces qui ont réussi à le réduire, sans jamais le soumettre.
Partant du principe que l'on peut représenter la même chose (mais avec des contraintes différentes) par les différents procédés de l'image - dessin, peinture, affiche, photographie -, par la description littéraire ou scientifique (spécialement, pour notre cas, l’ethnographie), il réfléchit sur les conditions d'élaboration des figurations du social dans l'histoire, et leur legs aux sociétés d'aujourd'hui.
C'est en effet un héritage difficile dont doivent traiter les Etats nouvellement indépendants, travaillés qu’ils sont par des recherches identitaires autant que par leurs confrontations à l'Occident, que d'avoir à traiter d'un stock documentaire, savant ou fantasmatique, produit dans le cadre de la curiosité coloniale, mais qui reste souvent le seul témoignage sur leur passé ou leur diversité interne.
Bien que ces interventions soient rangées en phases, en thèmes et perspectives (y compris quelques aveux biographiques), l’auteur assume ici la "stratégie du lièvre", soit une démarche cherchant à sillonner l’espace, la durée et les points de vue, sur un Orient qui doit en ressortir avec d’autant plus de relief.
Ces réflexions, fondées sur des expériences personnelles de l’exotisme mais aussi sur une connaissance des diversités et des changements que notre société traverse, sont nourries par des souvenirs personnels, des références dans les registres les plus divers (poèmes, romans, sketchs d’humoristes, bandes dessinées, films), aphorismes d’écrivains ou de philosophes et, bien sûr, réflexions anthropologiques en bonne et due forme. Vision goguenarde sans doute, qui nous appelle à regarder avec un certain relativisme nos différences comme nos vertus
Quarante ans plus tard, et son indépendance gagnée, l’Algérie entreprenait de se réapproprier ce citoyen original et de célébrer en Dinet “un maître de la peinture algérienne”. Elle décidait de lui consacrer un musée, à Bou-Saâda. Inauguré, en 1993, avant d’être saccagé par les islamistes en 1995. Utilisant l’ensemble de la documentation disponible et tirant parti de documents inédits, cette monographie sur un des représentants les plus significatif de l’orientalisme traite des deux vies du peintre : sa carrière au temps colonial puis sa réappropriation par la jeune nation algérienne.
Ce livre montre aussi que le passage d’une époque à l’autre, d’une nation à l’autre, défie les ruptures et les révolutions, puisque c’est par les images de la France coloniale qu’une Algérie algérienne en voie de reformulation parvient à formuler son identité indigène. Il permet enfin de réfléchir sur la nature des processus historiques à l’oeuvre dans la relation coloniale et éclairer plus d’un siècle d’histoire franco-algérienne que l’on ne peut réduire aux tragédies d’hier et d’aujourd’hui.
Papers by François POUILLON
Orientalisme/Orientalism by François POUILLON
Inscrits dans une problématique d’anthropologie contemporaine, les contributeurs de ce recueil se sont attachés à analyser ces contradictions, qui renvoient à des repères scientifiques et à des mentalités sociologiques différentes, inscrites dans l’historiographie mouvementée de l’arabisation du Maghreb, soit une question qu’il importe d’inscrire dans ses déterminations à la fois particulières et globales.
C’est à des réflexions de ce type qu’il importe de se référer si l’on cherche à penser penser de façon moins désinvolte qu’à l’accoutumée, quelques questions géopolitiques aujourd’hui dibalement importantes : Quelles ont été sur le long terme les relations sociales, aujourd’hui réactivées, sur la frontière tuniso-tripolitaine ? Le pouvoir colonial a-t-il cherché en son temps à exploiter politiquement la division entre Arabes et Berbères ? Le mouvement national, et spécialement destourien (Habib Bourguiba été, entre 1934 et 1936, assigné à résidence dans la région) s’est-il attaché au contraire à la nier ? L’avènement d’un régime démocratique va-t-il conduire (comme en Kabylie ou dans l’Atlas marocain) à une expression politique des identités fondamentale ? Les considérations anthropologiques soulevées dans les pièces, anciennes ou récentes, rassemblées dans ce livre, interfèrent donc activement avec des préoccupations plus actuelles.
Musée de La Piscine, Roubaix (« Collection art et politique ») [catalogue d’exposition] & Ed. Snoeck, Gand (Belgique)]
Fruit d'enquêtes conduites en Arabie saoudite au tournant des années 1980 et de travaux sur ce thème dans le cadre de l'EHESS, ce recueil entend proposer une image d'ensemble sur un groupe social qui occupe une place à part mais pourtant fondatrice dans le monde arabe. Les Bédouins, ces éleveurs nomades qui, dans la péninsule Arabique et au-delà, habitent la célèbre tente noire, véhiculent des valeurs centrales dans l'Islam (solidarité de groupe, sens de l'honneur, hospitalité) et, en même temps, pugnacité guerrière, religiosité suspecte et refus de tous les pouvoirs établis, ce qui leur a été souvent reproché. Mettant au jour des aspects contrastés et pourtant bien réels d'une société soucieuse surtout de se maintenir dans des environnements, tant naturels que politiques, extrêmement hostiles, ce livre montre aussi comment les Bédouins ont su s'adapter aux conditions d'une modernisation technologique et économique. Il entend restaurer l'image d'un monde aux dimensions humaines, inscrit dans l'histoire et confronté à des forces qui ont réussi à le réduire, sans jamais le soumettre.
Partant du principe que l'on peut représenter la même chose (mais avec des contraintes différentes) par les différents procédés de l'image - dessin, peinture, affiche, photographie -, par la description littéraire ou scientifique (spécialement, pour notre cas, l’ethnographie), il réfléchit sur les conditions d'élaboration des figurations du social dans l'histoire, et leur legs aux sociétés d'aujourd'hui.
C'est en effet un héritage difficile dont doivent traiter les Etats nouvellement indépendants, travaillés qu’ils sont par des recherches identitaires autant que par leurs confrontations à l'Occident, que d'avoir à traiter d'un stock documentaire, savant ou fantasmatique, produit dans le cadre de la curiosité coloniale, mais qui reste souvent le seul témoignage sur leur passé ou leur diversité interne.
Bien que ces interventions soient rangées en phases, en thèmes et perspectives (y compris quelques aveux biographiques), l’auteur assume ici la "stratégie du lièvre", soit une démarche cherchant à sillonner l’espace, la durée et les points de vue, sur un Orient qui doit en ressortir avec d’autant plus de relief.
Ces réflexions, fondées sur des expériences personnelles de l’exotisme mais aussi sur une connaissance des diversités et des changements que notre société traverse, sont nourries par des souvenirs personnels, des références dans les registres les plus divers (poèmes, romans, sketchs d’humoristes, bandes dessinées, films), aphorismes d’écrivains ou de philosophes et, bien sûr, réflexions anthropologiques en bonne et due forme. Vision goguenarde sans doute, qui nous appelle à regarder avec un certain relativisme nos différences comme nos vertus
Quarante ans plus tard, et son indépendance gagnée, l’Algérie entreprenait de se réapproprier ce citoyen original et de célébrer en Dinet “un maître de la peinture algérienne”. Elle décidait de lui consacrer un musée, à Bou-Saâda. Inauguré, en 1993, avant d’être saccagé par les islamistes en 1995. Utilisant l’ensemble de la documentation disponible et tirant parti de documents inédits, cette monographie sur un des représentants les plus significatif de l’orientalisme traite des deux vies du peintre : sa carrière au temps colonial puis sa réappropriation par la jeune nation algérienne.
Ce livre montre aussi que le passage d’une époque à l’autre, d’une nation à l’autre, défie les ruptures et les révolutions, puisque c’est par les images de la France coloniale qu’une Algérie algérienne en voie de reformulation parvient à formuler son identité indigène. Il permet enfin de réfléchir sur la nature des processus historiques à l’oeuvre dans la relation coloniale et éclairer plus d’un siècle d’histoire franco-algérienne que l’on ne peut réduire aux tragédies d’hier et d’aujourd’hui.
C'est depuis la conquête, avec la fameuse Prise de la Smala d'Abd el-Kader par Horace Vemet, que la peinture monumentale semble s'être imposée en Algérie comme mode d'expression récurrent. À la différence des autres formes d'art, celle-ci implique une forte soumission des artistes aux commandes publiques, qui ne sont pas orientées seulement par le souci d'affirmer des projets artistiques, mais de proposer, d'imposer, des figurations de l'identité algérienne. On étudie dans cet article la succession de ces images, et la diversité des messages politiques qu'elles délivrent, depuis l'époque coloniale jusqu'aux régimes des indépendances où, décidément, la valse des identités continue.
Soon I will have worked with Edward Said for thirty years. With and not on, because I have to admit that I never got over Orientalism (1978), that monolith conceived during the course of a sabbatical in the sunny sanctuary of Stanford University in California—I am too irritated at seeing so much talent, culture, and sensibility wasted on a univocal and simplistic thesis, like those which the late Pierre Bourdieu characterized as “not even false.”
Historians and social scientists have said it a thousand ways: those who worked for centuries to study, explore, and represent the worlds of the Muslim Orient were incredibly diverse. It is obvious that they had real and multifaceted relations with Western imperialism. How could it be otherwise? However, to conclude from this that they can all be reduced to preparing, serving, and prolonging—both politically and militarily—the colonial conquests is simply absurd.
Nonetheless, one must admit that Orientalism became and remains a cult book for an entire generation on a quest for historical re-evaluation. The book is furthermore an exceptional success among social science publications; constantly re-edited, it has been translated into thirty-five languages to date. The most surprising element of its success is that the book was supposedly based on solid scholarly research, and yet was not disqualified by the numerous critical responses coming from all the disciplines relevant to the study of the Middle East. These criticisms did not emanate solely from scholars known for their support of Israel, such as Bernard Lewis. Among the most virulent critiques in France were those of Jacques Berque and Maxime Rodinson, intellectuals of the highest rank who have always supported the Palestinians. In America and Britain, many who could hardly be suspected of bias similarly raised their voices; it was no longer possible to even trace the outlines of the Orientalist profession, displaced as it was by the intellectual re-arrangements which followed decolonization.
These critiques were well-argued. They even relied on a kind of erudition in which Edward Said claimed to be an expert. Nonetheless, Orientalism did not made room for debate because Said never ceded one inch to his critics, nor—as Robert Erwin has recently noted —did he include even minor corrections and nuances on facts that were obviously false in later editions of his text. This is because in the meantime he had displaced the focus of his action, situating the controversy on overtly political ground—that of the Palestinian cause and, more generally, the Arab cause. From this position he launched accusations of bias at others, a charge which in fact best describes his own position.
Said, who lacked neither culture nor perspicacity, quickly realized that his standing in academia was due to the fact that he embodied a thesis and that this thesis had to be seamless. Beginning with a bookish analysis of a group of ideas contained in literary and scholarly productions, he replaced his all-too-uncertain analysis of history (“a tale/ Told by an idiot, full of sound and fury,/ Signifying nothing,” Macbeth, V.v.25–27) with ideology, which is easy to reproduce. Once these things became clear his conclusion was similarly evident and his success predictable; simple ideas are well liked in the land of Uncle Sam.
Was Edward Said the victim of a plot by the overly pious to destroy him, as he was so fond of saying? It is difficult to say that he has been prevented from expressing and diffusing his ideas. He has lived his entire life in the highest echelons of excellence. He spent most of his career as a star professor at Columbia, one of the most prestigious univerisities in the country. His books, published in accessible paperback editions, form part of the required reading of social sciences courses everywhere. They had a significant influence on post-colonial studies and subaltern studies, which, inspired by feminist studies, seeks a voice for the underprivileged in their own history. His lectures, as well as his Homeric debates with Bernard Lewis (which marked one of the high points of recent American intellectual life) were published in the most prestigious journals. Even in France, where we are generally wary of translations, ten of his books are available to date: Orientalism was translated almost instantaneously (1980) and even his minor lectures were regularly republished as featured articles in Le Monde and Le Monde Diplomatique.
Nonetheless, it is true that Edward Said suffered from personal attacks due to his notoriety. His biography, which is known to be more torturous than his positions, made him the object of attacks attempting to disqualify him politically. Yet is it not in this biography, more than in his purely academic development, that one should look for the reasons behind his positions?
In fact, he himself provides the answers in that truly great work of history which constitutes his memoirs. Out of Time goes well beyond justification. There is much to learn in this book about the process of the radicalization of Arab identity after 1967, and the manner in which the political position which would eventually become his was constructed. No, he was not born in a Palestinian refugee camp. However, as a member of the elite, cosmopolitan bourgeoisie, he lived with the shame of being named after the king of England during the rise of the Arab national cause.
One does not learn the truth about Edward Said through his ideas, but rather through his personal trajectory, which is concrete and complex. As a specialist of English literature, he was driven—like so many others from the Islamic world—to study the way in which literature opened itself to the Orient (much like Moenis Taha Hussein, for example). Assigned to return to the world of his origins, which was in the midst of extreme upheaval, he embraced its cause. Having learned Arabic late in life, and unable to truly use it for the purposes of scientific research, he instituted himself as representative of a national cause in such an obdurate manner that he occupied a fairly marginal position. Due to the hazards of his history and his choices, he came to incarnate the destiny of a generation.
He rode this wave to a sort of consecration. The courage and the rigour with which he faced the shock of September Eleventh demanded respect. But even more than this final fight, while he struggled with a disease which symbolically attacked his blood, his weaknesses drew me to him. Pianist and music lover, he was not without his weaknesses for the greatness of music, even if he showed himself sectarian in literary taste. To Said, music seemed to reach the universal (according to his dialogues with Daniel Barenboim). From this love stemmed his guilty indulgence for Aida, which was originally commissioned for the ceremonies marking the inauguration of the Suez Canal. It pleases me to imagine that it was while listening to Verdi’s trumpets, and perhaps the great melodies of Nabucco that supported other nationalist causes, that Said came one day to enthusiastically adhere to the Arab awakening.
(First published in French in Qantara, Magazine de l’Institut du Monde Arabe [Paris], 62, 2007, p. 42-44. Translation Jessica Marglin)
How can the requirement of historical criticism stand against the ideological pressure caused by the making of a national memory? This issue, analyzed in several articles on the construction of the image of Abd el-Kader in contemporary Algeria, ends here with sources dealing with the Emir’s period of exile to the East. Did the leader abandon his Algerian costume to embrace the regional dress codes? This question led Algerian historians to challenge the testimonies of visitors and even photographs. In the course of analyzing a seemingly irrelevant detail - the eye color of the Emir - we noted that the information was not only different but contradictory: based on incomplete, disparate and sometimes controversial documentation, how can one not give into relativism and still manage to provide the evidence?
Fils d’un haut fonctionnaire de l’administration coloniale algérienne, Berque fait des études de Lettres avant de revenir passer le concours de contrôleur civil pour une carrière qu’il conduira essentiellement au Maroc. En poste dans le « bled » puis dans la ville de Fès, il se lance avec passion dans des enquêtes centrées sur le droit musulman, à partir desquelles il développe une importante activité éditoriale. Promu à la Résidence à la fin de la guerre, il en vient à proposer un vaste plan de réforme rurale qui devrait permettre de corriger certaines inégalités flagrantes du Protectorat. Désavoué, il rédige un rapport vengeur, « Pour une nouvelle politique de la France au Maroc » (1947), qui conduit à sa mise à l’écart, et à sa nomination dans un canton de montagne, le pays Seksawa. Ces six années de « terrain » lui fournissent la matière d’une monographie exemplaire, Structures sociales du Haut-Atlas (1955), qui lui ouvre les portes d’une deuxième carrière, universitaire, au Collège de France et à l’ephe en 1956. Il rejoint son poste après deux années de séjour en Égypte et au Liban où il prend la mesure du réveil national qui travaille alors le monde arabe : il va dès lors s’engager avec la gauche face à la question algérienne, avant de célébrer avec enthousiasme les mouvements intellectuels (et culturels) des pays nouvellement indépendants. Les déceptions qui s’ensuivent le ramènent à de travaux fondamentaux sur l’histoire sociale du Maghreb et sur les textes fondateurs de l’Islam (notamment une traduction du Coran) ; à un travail sur lui-même aussi, avec d’importantes récapitulations mémorielles. En position dominante dans le champ des études orientales françaises, il a toujours voulu, dans la perspective de l’humanisme classique, combiner les angles d’approche les plus divers et les niveaux de réalité qu’il faut invoquer pour rendre compte de tout phénomène social. Ses engagements, réels, dans le politique, en faveur des causes arabes, n’ont pourtant jamais pris le pas sur le souci de la recherche fondamentale et sur l’ambition littéraire.