1998 Zirconium
1998 Zirconium
1998 Zirconium
ET
SES ALLIAGES
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AVANT-PROPOS
Ce rapport se propose de faire un tat de lart sur le zirconium et ses alliages ainsi que
sur les divers procds qui permettent de les mettre en oeuvre : fonderie, forgeage,
laminage, usinage, soudage...
Deux particularits diffrencient le zirconium des autres mtaux. La premire est son
faible rayon de capture des neutrons qui en fait un matriau idal pour les applications
nuclaires condition de le sparer du hafnium qui lui est naturellement associ dans le
minerai et qui prsente, au contraire, une trs forte section de capture des neutrons.
Aussi, le dveloppement du zirconium est-il intimement li celui de lindustrie
lectronuclaire. La seconde rside dans une contradiction : il est la fois trs ractif vis
vis des autres lments et extrmement rsistant la corrosion.
Aussi, aprs avoir parcouru les multiples proprits du zirconium et les techniques trs
spcifiques de sa transformation, nous aborderons les champs dapplications industriels
des divers produits issus de ce matriau.
-2-
SOMMAIRE
Avant propos
Sommaire
Introduction
Chapitre I Le mtal et ses alliages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
I- Le zirconium
1- Mtallurgie extractive
2- Caractristiques physiques
3- Caractristiques chimiques
II- Les alliages de zirconium
1- Gnralits
2- Les Zircaloys (ASTM 704)
3- Les alliages Zr-2.5%Nb (ASTM 705 et 706)
13
17
20
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25
Bibliographie
Annexes
Avertissement : les donnes figurant dans ce document sont fournies aussi fidlement que
possible, mais sans garanties.
-3-
INTRODUCTION
En 1789, le zirconium est dcouvert par lallemand Martin Heinrich Klaporth, mais il faut
attendre 1824 pour que le chimiste sudois Berzelius le prpare sous forme mtallique. Il
sagissait alors dun matriau trs impur, dur et cassant. En dcomposant les iodures de
zirconium par voie thermique, Van Arkel et de Boer obtiennent en 1925 un mtal
relativement pur et ductile. Le zirconium commence rellement sa vie industrielle en
1944 avec la raction Kroll qui laisse entrevoir une production plus grande chelle de
ce mtal.
Il faudra attendre la fin de la deuxime guerre mondiale et lavnement du nuclaire pour
quune utilisation industrielle se dgage. Lamiral amricain Rickover, responsable de la
construction du premier sous-marin atomique, conclut la ncessit de lemploi dun
matriau rsistant leau sous pression et transparent aux neutrons. En deux ans, le
procd dextraction du hafnium, naturellement prsent dans le zirconium des teneurs
de lordre de 2 %, est mis au point. Une tude systmatique de linfluence des lments
dalliage conduisait paralllement au premier alliage de zirconium : le Zircaloy 1 2.5 %
dtain.
Le programme franais dtude du zirconium commence en 1952 et vise galement des
applications navales; il aboutit en 1965 au lancement du sous-marin le Redoutable. Les
technologies employes sont ensuite utilises dans llectronuclaire (Centrale de Chooz
en 1970). Le zirconium est depuis largement utilis dans tout le parc de centrales
franaises.
Aujourdhui, les applications du zirconium et de ses alliages ne se limitent pas
lindustrie nuclaire. On lutilise notamment dans lindustrie chimique o son inertie vis
vis de la plupart des produits agressifs permet damliorer sensiblement la dure de vie
des installations de traitements, de transport ou de stockage.
Les ressources en zirconium sont assez importantes : cest en effet le neuvime lment
mtallique par ordre dabondance avec un taux de 0.03% dans la crote terrestre (plus
que le plomb, le cuivre ou le nickel). A ltat naturel, le zirconium se prsente
majoritairement sous forme de silicates (zircon) dont les gisements se situent en
Australie, en Inde, en Afrique du Sud ou aux Etats-Unis. Seulement 3% du minerai est
trait pour faire du zirconium mtal; le reste est utilis sous forme de zircon ou de
zircone pour les rfractaires, les cramiques et les abrasifs.
La France et les Etats-Unis sont les principaux pays producteurs occidentaux. En 1993,
la production dponge de zirconium tait denviron 5000 tonnes par an.
-4-
CHAPITRE I
LE METAL ET SES ALLIAGES
I- LE ZIRCONIUM
1- Mtallurgie extractive
La mtallurgie extractive du zirconium est assez complexe tant donn sa forte ractivit
vis vis des lments qui lentourent. La prsence naturelle dhafnium dans le minerai
pose galement problme en raison de ses proprits voisines qui rendent difficile la
sparation par des procds classiques.
Le traitement du minerai se fait tout dabord par chloruration 1200 C, puis par
rduction des chlorures par le magnsium liquide 800 C do on tire lponge de
zirconium [1]. On procde en fin de cycle une purification de lponge sous vide 950C
puis aux diffrentes oprations de mise en oeuvre (Cf. ANNEXE 1).
Note : Pour les applications nuclaires, il est ncessaire davoir un mtal exempt
dhafnium, lment prsent dans le minerai de zirconium des teneurs de 2 4%. On
effectue alors une tape intermdiaire de sparation des deux mtaux soit par
extraction en milieu organique soit par distillation en bain de sels fondus.
2- Caractristiques physiques
Numro atomique
Masse atomique
Densit 20C
Point de fusion
Maille cristalline 20C
Temprature de transformation allotropique
Rsistivit lectrique 20C
40
91.2
6.5 g/cm3
1855 C.
structure Hc
865C, structure CC
44 .cm
0.182 barns*
* Contre 102 Barns pour le Hafnium qui lui est naturellement associ.
Tableau 1 : caractristiques physiques.
Malgr un point de fusion lev, le zirconium ne peut pas tre utilis comme
matriau rfractaire. Il possde en effet une trop grande ractivit vis vis dun
certain nombre dautres lments et ce ds 300C. Autre inconvnient, le soudage
ncessitera un apport dnergie important afin datteindre la temprature de fusion
du mtal.
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Son rayon de capture des neutrons (aptitude absorber les neutrons) trs faible fait
du zirconium un matriau idal pour des applications dans lindustrie nuclaire o
la transparence du matriau vis vis de ces particules est prpondrante. On
lutilise notamment dans les lments constitutifs du coeur des racteurs : gaines
pour pastilles de combustible, tube de circulation de leau bouillante,...
Conductivit thermique
Coefficient de dilatation linique
Chaleur latente dvaporation
Chaleur latente de fusion
Capacit thermique
22.7 W/m/K
5.9 10-6 K-1
6360 J/g
211 J/g
276 J/kg/C
98 GPa
90 GPa
37 GPa
0.35
360 MPa
15 35 %
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-7-
-1091 kJ/mol
-343 kJ/mol
-961 kJ/mol
-184 kJ/mol
-125 kJ/mol
-1.45 V
-1.55 V
1.33
Les enthalpies de formation des oxydes et des sels de zirconium ainsi que le potentiel
redox sont trs levs, il sagit donc dun mtal trs ractif. Nanmoins, au contact de
lair, de leau ou tout milieu contenant une faible quantit doxygne, le zirconium soxyde
en zircone ZrO2. Cette couche protectrice rsiste de nombreux agents chimiques dans
une large gamme de pH. Loxyde la fois trs adhrent et impermable confre au
zirconium et ses alliages une excellente tenue la corrosion jusqu 350C. On peut
donc dire quil se comporte comme un mtal inoxydable vis vis dune grande varit
de produits chimiques. Le zirconium rsiste trs bien la plupart des acides, des bases,
des sels et milieux organiques ainsi qu'aux diffrentes formes de corrosion. Lattaque du
mtal naura lieu quen cas de dgradation localise du film ou de dissolution de ce
dernier dans le milieu.
La corrosion sous contrainte samorce sous la forme dune dgradation trs localise
du matriau par laction conjugue dune contrainte mcanique et dun milieu agressif.
Pour le zirconium, ce type de corrosion entrane une dissolution anodique la pointe
de la fissure fortement dforme plastiquement. Le mtal reste nanmoins peu
sensible ce type de dtrioration.
Le zirconium rsiste galement trs bien la corrosion caverneuse en raison de sa
rsistance aux milieux acides rducteurs qui peuvent se former dans les
environnements confins.
La prsence dions Cu2+ ou Fe3+ fortement oxydants peut par contre induire une
corrosion par piqre dans certains milieux comme lacide sulfurique. On l'observe
galement dans les milieux chlorurs fortement oxydants et plus gnralement lorsque
lon dpasse le potentiel critique (Figure 3). Le comportement du zirconium est dans ce
domaine bien moins bon que celui des alliages de titane. Aussi laddition de titane au
zirconium contribue-t-elle augmenter de faon significative le potentiel de piqre
(figure 4) et donc sa rsistance ce type de corrosion. Des ajouts de molybdne ou de
niobium conduisent aux mmes rsultats.
-8-
-9-
Conclusion
On peut dire que le zirconium prsente une excellente rsistance la plupart des agents
chimiques. Nanmoins, il faut toujours garder lesprit que des faibles quantits
dimpurets prsentes dans le milieu peuvent entraner des dgradations importantes du
mtal par destruction du film passif.
De mme, toutes les oprations effectues au-del de 450C devront tre menes avec la
plus grande prcaution afin de ne pas provoquer de fragilisation de la structure par
absorption doxygne ou dazote. Il faut galement prendre en compte la faiblesse des
parties soudes.
II- LES ALLIAGES DE ZIRCONIUM
1- Gnralits
Les alliages de zirconium peuvent globalement se grouper en deux familles : ceux qui
contiennent du niobium (ASTM 705 et 706) et ceux qui contiennent de ltain (Zircaloys 2
et 4 ou ASTM 704). Les compositions varient lgrement suivant le domaine dutilisation :
Les nuances utilises dans lindustrie chimique contiennent au maximum 4.5 %
dhafnium. Les caractristiques de rsistance la corrosion de cet lment tant
trs similaires celle du zirconium, il nest pas ncessaire de les sparer.
Les nuances nuclaires (Zircaloys) possdent approximativement les mmes
lments dalliage que les nuances chimiques la diffrence prs quelles ne
contiennent pas dhafnium dont le rayon de capture des neutrons est trop
important pour des utilisations dans le coeur du racteur. On limine pour les
mmes raisons les impurets comme le bore, le titane ou le cobalt.
Le tableau 5 donne la composition des diffrentes nuances dalliages nuclaires ou
chimiques.
% Sn
% Fe
% Nb
% Cr
% Ni
%O
Zircaloy 2
(ASTM 704)
1.45
0.14
0.1
0.05
0.18 max
Zircaloy 4
(ASTM 704)
1.45
0.21
0.1
0.18 max
Alliage Zr - 2.5 %
Nb
(ASTM 705)
2.5
Alliage Zr - 2.5 %
Nb
(ASTM 706)
2.5
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Tout comme le mtal de base, les caractristiques des alliages de zirconium sont assez
faibles en labsence doxygne (Rm = 360 MPa, R 0.2 % = 150 MPa pour O2 < 100 ppm).
La rsistance mcanique des diffrentes nuances dpendra donc avant tout de leur
teneur en oxygne. Lajout dlments mtalliques (Nb, Ni, Fe, Sn, Cr,...) permet dans,
une moindre mesure, damliorer les proprits du matriau par formation de prcipits
intermtalliques ou par solutions solides. Le tableau 6 donne les caractristiques
minimales requises pour lindustrie chimique.
Charge la
rupture
(MPa)
Limite lastique
0.2 %
(MPa)
Allongement
sur 50 mm
(%)
379
207
16
ASTM 704
413
241
14
ASTM 705
552
379
16
ASTM 706
510
345
20
Figure 5 : tenue au fluage des alliages de zirconium [2]. Contraintes uniaxiales et temprature
dessai conduisant une vitesse de fluage secondaire de 0.001 % par heure.
Agence Rhne-Alpes pour la Matrise des Matriaux
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CHAPITRE II
LA MISE EN OEUVRE
INTRODUCTION
La structure hexagonale compacte du zirconium (phase ) temprature ambiante subit
une transformation allotropique 865C (phase , cubique centre). Le passage de la
phase la phase est de type martensitique ou bainitique selon la vitesse de
refroidissement. Les lments dalliage font apparatre un domaine + .
Les lments btagnes tels que le titane abaissent la temprature de
transformation allotropique.
Loxygne, lazote ou ltain sont des lments alphagnes qui stabilisent la phase .
Le fer, le chrome, le nickel, le cuivre sont des lments dits bta-eutectodes. Ils
sont trs solubles en phase et pratiquement insolubles en phase . Ils forment
basse temprature des composs intermtalliques tels que Zr(Cr,Fe)2 et Zr(Ni,Fe).
Les diffrents traitements thermiques peuvent amener des structures trs diffrentes
selon la nature des lments dalliage [7].
Un refroidissement lent entrane une structure stable avec sgrgation.
Un refroidissement rapide depuis la phase peut prsenter trois structures
diffrentes : sursature (type martensitique), phase enrichie (notamment avec
Nb) ou stable + prcipits.
Les traitements thermiques en phase entranent une homognisation des alliages
par dissolution des prcipits dans la matrice.
Un travail en + conduit une htrognisation lente de lalliage (migration de
certains lments en et dautres en ).
La rsistance la corrosion et les caractristiques mcaniques dpendent de la
composition du mtal mais galement de sa structure. Ces deux proprits n'tant pas
toujours compatibles, il sagit de faire un compromis afin doptimiser le produit en
fonction de l'utilisation que l'on souhaite en faire.
I- LE MOULAGE
Le moulage du zirconium ncessite de grandes prcautions tant donn la grande
ractivit du produit liquide avec tous les oxydes rfractaires : silice, alumine ou
zircone... La fusion du mtal peut se faire de deux manires :
Sous vide au four lectrode consommable pour les pices des grandes dimensions,
Sous vide par induction pour les sries de petites pices de prcision.
Agence Rhne-Alpes pour la Matrise des Matriaux
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Deux procds de moulage sont actuellement utiliss : soit la cire perdue recouverte
doxydes rfractaires, soit par un moule en poudre de graphite li avec un produit
organique. Ces techniques ncessitent en fin de moulage un traitement par sablage ou
dcapage afin dliminer de la pice la couche superficielle contamine par les lments
du moule.
Les normes ne donnent pas de nuances spcifiques aux pices moules si ce nest de
plus larges fourchettes de concentration en oxygne, carbone et azote. Le moulage est
avant tout utilis dans lindustrie chimique.
II- LE TRAVAIL A CHAUD
Les techniques utilises pour transformer les lingots en demi-produits restent
sensiblement identiques celles utilises pour les aciers spciaux. Etant donn la taille
des installations, les oprations seffectuent en atmosphre non protectrice et conduisent
une contamination du zirconium par les lments environnants. On tente de limiter
cette pollution par :
Une rduction des temps de traitement haute temprature.
Une limination mcanique ou chimique de la couche contamine aprs chaque
opration chaud.
Une minimisation des tempratures de traitement.
En phase , la vitesse de croissance des grains est importante; aussi est-il ncessaire
deffectuer un affinage en phase afin dobtenir une structure homogne grains fins.
On pratique pour cela un corroyage avec un taux suprieur 4.
Les lingots de zirconium sont chauffs 1050C pour tre forgs ou lamins. Comme il
est difficile de dformer les produits en dessous de 600C, il est souvent ncessaire de
rchauffer la pice en cours dopration. On effectue en fin de traitement une
dhomognisation 1050C, afin de dissoudre les prcipits dans la matrice, suivi dune
trempe leau. Le forgeage et le laminage chaud permettent dobtenir des prformes et
des bauches qui seront ensuite uniquement travailles dans le domaine .
Le filage est utilis pour effectuer des bauches de tubes ou des profils complexes. Il
seffectue dans le domaine en une seule passe des tempratures de lordre de 700C.
(ANNEXE 3).
Lemboutissage des tles dpaisseur suprieure 5mm peut seffectuer soit au environ
de 300C soit vers 700C. Un traitement de dtentionnement ou de recuit est ncessaire
en fin dopration afin de limiter les contraintes rsiduelles. Cette technique est
particulirement employe pour les couvercles des appareils de pression.
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souhaite avoir. Ce problme se rencontre galement lors du cintrage des tles de forte
paisseur.
IV- LES POUDRES DE ZIRCONIUM
L'obtention de poudres de zirconium peut se faire partir de trois procds :
La rduction par le calcium donne des poudres impures et grossires utilises en
pyrotechnique.
On obtient une poudre de bonne qualit par attaque chimique aux acides forts du
compos zirconium magnsium produit lors de la mtallurgie extractive. Sa
sphricit, sa puret quivalente celle des ponges et son faible diamtre (10m)
permettent une utilisation en mtallurgie des poudres. Ce produit sert galement de
combustible pour les fuses.
Le procd HDH (Hydrognation-deshydrognation) utilise la grande ractivit du
zirconium vis vis de lhydrogne. La fragilisation du mtal charg en hydrogne
permet un broyage la taille de poudre souhaite. On vacue ensuite lhydrogne
par chauffage sous vide haute temprature.
Scurit
Le zirconium et ses alliages sont non toxiques et ne ncessitent donc pas de prcautions
spciales. Par contre, il prsente un caractre pyrophorique li des ractions trs
exothermiques avec les lments environnants comme loxygne. Les pices prsentant
un rapport surface/poids lev peuvent senflammer haute temprature. Les poudres,
les copeaux dusinage, les ponges fines ou les poudres grossires et sches peuvent
facilement senflammer au contact dune source de chaleur ou dune tincelle. C'est
pourquoi les utilisations du zirconium en mtallurgie des poudres sont limites.
La combustion peut aussi bien se produire dans lair que dans lazote ou le gaz
carbonique. Une solution consiste placer ces produits dans une quantit importante
deau. Les poudres de diamtre infrieur 10m peuvent spontanment exploser dans
lair en raison de leur grande pyrophoricit. En cas de feu, leau, le CO2 ou le SO2 sont
proscrire. Il faut utiliser du sable sec ou du chlorure de sodium.
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CHAPITRE III
LES OPERATIONS DE MISE EN FORME DEFINITIVE
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II- LE SOUDAGE
Le zirconium et ses alliages possdent une excellente soudabilit. Il faut nanmoins
effectuer les oprations de soudage avec une grande prcaution. A la temprature de
soudage, la ractivit du mtal vis vis de son environnement peut entraner labsorption
dune grande quantit doxygne, dair ou dhydrogne. Il sensuit une fragilisation de la
soudure. On peut facilement viter ce problme par une protection adquate lors de
lopration de soudage : vide ou gaz inerte (argon ou hlium). Cette protection doit non
seulement tre effectue autour du point de soudage, mais galement en dessous de la
pice et le long du cordon de soudure jusqu des tempratures de lordre de 250C. On
peut galement utiliser des procds de soudage forte concentration dnergie et forte
pntration (laser, plasma, faisceau d'lectrons,...) qui limitent la zone contamine.
Le soudage du zirconium et de ses alliages ncessite une prparation pralable. Les
surfaces affectes par la soudure devront tre brosses et nettoyes lalcool ou
lactone afin dliminer les produits rests en surface qui pourraient contaminer le
mtal.
La trs basse conductivit thermique ainsi que le faible coefficient de dilatation
thermique du zirconium permettent de limiter les dimensions de zones affectes
thermiquement et les distorsions des assemblages souds. Les soudures bout bout ou
dangles peuvent tre ralises avec des fixations adaptes. Les procds utiliss sont les
suivants :
TIG (Tungstne Inert Gaz), procd de soudage couramment employ qui donne les
meilleurs rsultats,
MIG (Mtal Inert Gaz), pour les tles paisses avec un mtal dapport dans la mme
nuance,
Plasma, bombardement lectronique ou laser pour les assemblages dans les
racteurs nuclaires.
La soudure se prsente sous forme de larges grains de phase bta. Dans la partie de la
ZAT (Zone Affecte Thermiquement) o la temprature a dpass la temprature de
transformation allotropique, il y a formation de larges grains de phase bta. Lensemble
de cette structure prsente une rsistance plus importante et une plus faible ductilit
que la fine structure alpha du matriau de base. La bonne ductilit du zirconium fait
quil nest pas toujours ncessaire deffectuer de traitement de relaxation de contrainte
(une heure 500C) aprs le soudage.
Hormis le titane, le vanadium et le niobium, la plupart des mtaux sont difficilement
soudables avec le zirconium et ses alliages du fait de la formation de composs
intermtalliques fragiles. De plus, la tenue la corrosion des ensembles reste assez
mdiocre.
On peut nanmoins utiliser des techniques dassemblage avec ou sans dformation
plastique, sans passer par ltat liquide, tels que le soudage par diffusion, par forgeage
extrusion ou le plaquage par explosion. Ce dernier procd est notamment utilis dans
des applications o une grande paisseur de paroi est ncessaire. On assemble par
exemple des plaques de zirconium sur des lments en acier.
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CHAPITRE IV
LES UTILISATIONS INDUSTRIELLES DU ZIRCONIUM
I- LE NUCLEAIRE
Lindustrie nuclaire est le principal domaine dutilisation du zirconium et de ses
alliages. Son faible rayon de capture des neutrons, ses proprits mcaniques et sa
grande rsistance chimique en font un candidat idal pour des applications au coeur des
racteurs.
On utilise pour cela les trois nuances spciales trs faible teneur en hafnium, bore,
cobalt et titane dont les rayons de capture des neutrons sont trop importants. Elles
constituent un bon compromis entre la permabilit aux neutrons, la tenue la
corrosion, la tenue mcanique et le comportement vis vis de lirradiation.
Le Zircaloy 2 pour les racteurs eau bouillante et uranium enrichi (BWR).
Le Zircaloy 4 pour les racteurs eau pressurise et uranium enrichi (sous-marins
atomiques, PWR).
Lalliage zirconium-2.5% de niobium utilis dans les centrales nuclaires
canadiennes.
A lheure actuelle, les bonnes caractristiques pour le nuclaire nont pu tre obtenues
quavec des nuances peu allies (lments daddition < 3%). Les recherches se
poursuivent pour trouver de nouveaux alliages performances amliores.
Applications nuclaires : gaines pour les pastilles de combustible au coeur du
racteur, tubes pour eau bouillante,...
II- L'INDUSTRIE CHIMIQUE
Lexcellente inertie vis vis dun grand nombre de produits fait du zirconium et de ses
alliages un matriau parfaitement adapt aux contraintes de lindustrie chimique. On
apprcie galement sa bonne tenue haute temprature en prsence dun milieu agressif
et sa rsistance aux cycles acide/base. Il peut de ce fait entrer en concurrence avec un
certain nombre dautres mtaux tels que le tantale, le titane ou le niobium (Tableau 7 et
figure 7).
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Parmi les agents qui peuvent entraner des attaques svres du mtal, citons :
Les milieux contenant (mme en faible quantit) des ions fluor ou de lacide
fluorhydrique (Figure 8),
Leau rgale,
Des chlorures mtalliques tels que FeCl3 ou CuCl2,
Le chlore gazeux humide,
Lacide trichloroactique.
Figure 8 : effet de la concentration (en ppm) des ions fluors sur les vitesses de corrosion (en
mm/an) du zirconium non alli dans lacide sulfurique (en rseau les courbes de
concentrations en H2SO4) [6].
Applications : colonnes de distillation ou de schage des produits chimiques, racteurs,
agitateurs, valves, canalisations, rcipients,...
On utilise galement le zirconium dans les changeurs thermiques pour la chimie
(notamment dans la production de peroxyde dhydrogne). Bien que sa conductivit
thermique soit faible, il apparat comme un bon compromis dans les installations o une
excellente rsistance chimique et un bon transfert thermique sont ncessaires. On peut
ainsi lutiliser en remplacement des changeurs en graphite. Cette bonne tenue en milieu
agressif permet galement de limiter l'paisseur des parois des installations et offre ainsi
un rapport cot/performance trs intressant.
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III- PERSPECTIVES
1- Dans les domaines traditionnels
Les produits du zirconium sont 90 % destins au nuclaire contre 10 % pour lindustrie
chimique. Le matriau connat en fait un dveloppement similaire celui du titane il y a
20 ans. On sattend donc un accroissement de la consommation du zirconium dans le
secteur chimique jusquaux alentours de 50 %.
2- Les verres mtalliques
Les verres mtalliques massifs, encore appels amorphes mtalliques, ont t dcouverts
dans les annes 1990. Ils possdent des compositions particulires pour lesquelles la
mtastabilit de ltat surfondu permet lobtention dune phase amorphe temprature
ambiante. On peut ainsi obtenir des paisseurs de lordre du centimtre avec des
refroidissements relativement lents (jusqu 1/s).
Les recherches actuellement menes aux USA et au Japon portent sur des alliages
quaternaires ou quinaires base zirconium.
Ces verres mtalliques sont dots de deux proprits gnralement antagonistes pour des
matriaux : ils sont la fois durs et ductiles. Ils prsentent galement une limite
lastique leve (environ 2 GPa), une ductilit en compression qui peut atteindre 20 % et
une excellente tnacit. Labsence de joints de grains dans les verres mtalliques leur
confre galement une bonne tenue la corrosion hydrothermale et la corrosion sous
contrainte. Ils se distinguent galement par leur grande rsistance limpact et lusure.
Ces caractristiques peuvent tre directement obtenues ltat brut de coule, alors que
dans la plupart des matriaux traditionnels, laugmentation des proprits passe par des
traitements thermomcaniques complexes (Cf. ANNEXE 6).
Les socits amricaines Amorphous Technologies International et Howmet Corporation
commercialisent depuis peu lalliage Zr61 Cu12 Ti12 Ni11 Be3 appel VITRELLOY . Ces
caractristiques sont rsumes dans le tableau 8.
Limite lastique
1.9 GPa
Masse volumique
6.1 g/cm3
Duret
50 HC
Tnacit
55 MPa.m1/2
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Bien que perfectibles, ces bonnes proprits permettent denvisager un emploi des
alliages de zirconium en tant quimplants orthopdiques en combinant par traitement de
surface les caractristiques de la zircone et celles du mtal de base. Les alliages de
zirconium peuvent en cela entrer en concurrence avec les alliages de titane (TA6V) ou les
aciers inoxydables (type 316L) actuellement utiliss pour les prothses mdicales
(Tableau 9).
Agence Rhne-Alpes pour la Matrise des Matriaux
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Caractristiques
Densit
(g/cm3)
Module
(GPa)
Re 0.2
(MPa)
Rm
(MPa)
A
(%)
Duret
(Hv)
TA6V
4.5
110
910
1040
18
>300
Acier 316L
7.9
193
195
500/680
45
200
7.9
200
690
860
12
Zr-2.5%Nb
6.5
150
380
560
27
Zr-2.5%Nb
Ecroui vieilli
6.5
750
840
7.1
200
Tableau 9 : proprits mcaniques compares des matriaux utiliss pour les prothses
orthopdiques et des alliages de zirconium [5].
La bonne aptitude l'oxydation des alliages de zirconium pourrait galement servir dans
des applications o l'on recherche une certaine rsistance l'rosion-abrasion.
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CONCLUSION
Le zirconium est un mtal encore jeune dont les technologies de production ont atteint
aujourdhui un niveau compatible avec les besoins industriels modernes. Pourtant, il
souffre encore dune image de matriau haut de gamme difficile mettre en oeuvre et
assembler. Mme sil est vrai que le zirconium ne se travaille pas comme les aciers
inoxydables, il prsente des caractristiques remarquables. Dans le domaine de la
rsistance la corrosion, il peut notamment prsenter un rapport performances/prix trs
intressant en minimisant lentretien des installations ainsi quen amliorant de faon
notable les rendements et la qualit des produits.
Hormis une mise en oeuvre qui ncessite quelques prcautions, la faiblesse du zirconium
et de ses alliages rside en fait dans ses proprits mcaniques relativement faibles. Ces
caractristiques limitent les applications potentielles aux domaines o les contraintes
chimiques sont prpondrantes. Cest notamment le cas dans le secteur biomdical o
lon pourrait combiner les spcificits du mtal et de son oxyde en laborant des
prothses rsistant aux sollicitations mcaniques et physiologiques. Aussi, les recherches
actuelles visent-elles dvelopper de nouveaux alliages aux caractristiques amliores.
Paralllement, de nouvelles opportunits souvrent pour le zirconium avec les verres
mtalliques qui pourraient ouvrir de nouveaux dbouchs ce mtal aux proprits si
particulires.
- 27 -
BIBLIOGRAPHIE
- 28 -
ANNEXE 1
- 29 -
ANNEXE 2
Charge de
rupture (MPa)
Limite lastique
0.2% (MPa)
Allongement
la rupture(%)
850
800
8.6
680
600
11.1
550
400
27.2
870
770
890
830
4.6
760
700
6.8
870
820
4.2
840
750
7.1
- 30 -
ANNEXE 3
- 31 -
ANNEXE 4
- 32 -
ANNEXE 5
Concentration
Temprature
Vitesse de
corrosion (mm/an)
Acide actique
0 99.5 %
100%
Jusqu Teb
160C
< 0.025
< 0.025
Acide formique
0 99%
Jusqu Teb
< 0.025
5%
20%
50%
70%
80%
0 60%
250C
190C
Teb
Teb
25C
Jusqu Teb
0.05
0.025
0.007
0.014
0.13
-
HCl
20%
37%
Teb
100C
<0.04
<0.025
Acide phosphorique
40%
60%
85%
Jusqu 180C
Teb
80C
HNO3
70%
190C
<0.02
NH4OH
0 28%
Jusqu Teb
< 0.025
Ca(OH)2
0 50%
Jusqu Teb
< 0.025
Produits
H2SO4
- Zr *
- Alliage 705
* Cf. Figure 8
- 33 -
ANNEXE 5 (suite)
Concentration
Temprature
Vitesse de
corrosion (mm/an)
Ure
193C
<0.025
Eau de mer
Jusqu' 200C
KOH
0 50%
Jusqu Teb
< 0.025
NaOH
0-40%
50%
73%
Jusqu' Teb
25C
130C
<0.025
0.002
0.05
Produits
- 34 -
ANNEXE 6
E (GPa)
P (g/cm3)
Re (MPa)
A (%)
KIC
90
5.9
1900
20-40
1(1)
20(2)
65
80
85
6.6
1560
1520
1740
200
200
70
95-125
7.8
7.85
2.7
4.6
400-1300
190-500
40-510
172-1500
5-25
20-50
5-40
2-30
20-80
50-80
28-42
55-123
330-400
3.8
5000
0.1-0.2
3.5-4.5
1.25
50-79
3-10
0.7-1.4
Matriau
Verres mtalliques
Aciers haut C
Aciers bas C
Alliages d'aluminium
Alliages de titane
Alumine
Epoxy
(1) Essai en traction
(2) Essai en compression
Comparatifs des proprits entre les verres mtalliques et des matriaux traditionnels [11].
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