Ph. Buonarroti Conspiration Pour L'égalité Dite de Babeuf 1828
Ph. Buonarroti Conspiration Pour L'égalité Dite de Babeuf 1828
Ph. Buonarroti Conspiration Pour L'égalité Dite de Babeuf 1828
POUR L'EGALITE
DITE
DE BABEUF,
SVIVIE DU PROCll:s AUQUEL, ELLE DOIfIlA LIEU, ET DES PI£CES JUSTIFICATIVES, ETC., ETC.
lPar 1P~. JBuonarroti.
Eas enim optimas esse Ieges putandum est qutbus non divites sed honeati prudentesque homines fiant,
<Diod. Sic. Lib. 2, Cup. 5.)
TOME SECOND.
Eiberte,
BllUXELLES,
A LA LIBRAIRIE ROMANTIQUE,
RUB DB ·L.\ M.l.DELUNB, NO 458.
1828.
CONSPIRATION
MUll. L'EG.Urd,·
DITE DE BABEUF.
PROCE8 ET PIECE8 IUSTIJ.PICATIVE8.
,
PBOCES.
L'emprisonnement des conspirateurs et Ie recit Emprt_;rae.
, ment. .... .. 1
de la conspiration produisirent des sentimens dif·
ferens; affliction et stupeur chez les opprimes, fremissement d'horreur et joie feroce chez les classes elevees, qui pousserent des hurlemens de mort contre Ies bab.(}lW.i$tl:.s. De nomhreux papiers .saisis aupres de Babeuf firent entrevoir a Taristocratie le moyen d'aneantir Ie parti qu'elle redouteit.
En peu d'instans les cachots de l'Ahbaye se remplirent de prevenus , qui y furent traffics a travers les marques du plus vif interet que leur prodiguaient le peuple et les soldats. La foule encomhra pendant plusieurs jours les rues adjacentes a cette prison; mais bientot les detenus furent separes, et eeux qui parurent les plus compromis furent mis au secret dans les tours du Temple. lls s'attendaient generalement a perir subitement sous les coups d'une commission militaire; Drouet les en preserva.
2
1.
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(;:A ) ,
Drollel 1.1· Par la constitution de l'an TIl, un depute ne pOU-
pend Ie gtaive •• • , • ,
l'reU frapper. vait etre )uge que sur nne accusation du corps
Iegislatif et par une haute cour de justice dont les jures etaient au choix des assembte6i! e1ectorales des departemens. Il fallait plusieurs mois pour former ce tribunal extraordinaire qui ne pouvait sieger pres de Ia commune ou residait Ie gouvernement.
Drouet prevenu etait depute, et on fut force de surseoir au jugement .des autres jusqu'{t ce qu;'on sAt si,¢tapt accuse, il n'entralnerait pas it son tribunal ceux dont il paraissait ett'e complice.
Deux joUfS apres son emprisonnement , Babeuf adressa au directoire executif Ia lettre suivante :
Paris, 23 Boreal, an IV de la republlque.
G. BABEUF, AU DIRECTOIRE EXECUTIF.
, LeUre de Ba- « Regarderiez-vous au-dessous de vous, citoyens
belle All dire.,- di " de trai . d'
telre, recteurs, e traiter avec moi comme e puu-
sanoe a puissance i' Vous avez vu it present de queUe vaste confiance je suis Ie centre! vous avez vu que mon parti peut bien balancer Ie votre! vous avez vu quelles immenses ramifications y tiennent! j'en suis plus que convaincu , cet apper~u vous a fait trembler.
» Est-il de votre interet, est-il de l'interet de la patrie de donner' de I'eelat a la conjuration que
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vous aves decouverte? je ne le pense pas. Je moti. verai comttlent! mon opi.nion ne peut etre suspeete:
» .Qu'arriverait-il, si cette aff3ire plir:d;sait au ~nd jour t' que i'y jouetais It, plus glorieux de teas .Ies roles .~ j'y demontrerais avec' toute la
gpandeur d'ame, aveej1'~ner~ que'vo'Osrhe-con~ •
naUsez, la saintete de laconspiral'iMt· dont je n~ijomqis me (flflre m"emlwt.SoFtantde· cette
rGJ1te IAche et frayee des del).~gationS dorrt le com-
mun des accuses se sert pour parvenidi se j usti-
tier, j'oserais developper Ies grands principes ,
et plaider Ies droits eternels du peupleavec tout
l'avantage que dpnne l'intime, penetration de III
beaute de cesajet ; j'oscrais ,dis-je, demontrer
qae ee proces ne serait pas cehri de 'Ia justice,
mais celui du fortcontre Ie faible , des oppres-
seurs contra l'es opptim.es et Iearsmagnanimes defenseurs. On pourrait me condamner a Ia de-
portation; a la mort; mais men jugement se-
rait aussitOtreputepronence par .le crime puis-
sant contre Ia vertu faible; mon eehafaud
figurerait glocieusement a cOt~ de ·celui de
Bamevelt etde Sidney. Veut-on, et- des Ie leo-
demain -de mon supplice , me prepare .. des au-
tels aupres de eeux OU ron revere aujourd'hui
comme d'illustres martyrs, les RObeSpier'l'6 et lea
Goujon? ce n'est poine-Ia ·la wie qui assure Ies gouvernemens et les gouvernans.
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•
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» V ous avez vu, citoyens directeurs, que vous ne tenez rien lor:;que je suis sous votre main; je nesuis pas toute la conspiration , il s'en faut hien : je ne suis meme qu'un simple point de la longue chaine dont elle se compose. Vous avez a redouter toutes Ies autres parties autant que Ia mienne : cependant vous avez la preuve de tout l'interet qu'elles prennent a moi; vous les frapperiez toutes en me frappant, et vous les irriteriez.
» Vous irriteriez, dis-je, toute Ia demecratie de Ia r€lpuhlique .franeaise ; et vous savez encore que ce n'est pas si peude chose que vous aviez pu d'ahord l'imaginer : reconnaissez que ce n'est pas seulement a Paris qu'elle existe fortement; voyez qu'il n'est pas un point des departemens Otl elle De soit puissante. Vous la jugeriez hien mieux , si vos captureurs avaient saisi la grande correspondance qui a mis a portee de former des nomenclatures dont vous n'avez aperfU que . quelques fragmens. On a eu beau vouloir comprimer Ie feu saere ; il hrUle , et il hrnlera ; plus il parait dans certains instans aneanti , plus sa Hamme menace de se reoeiller subitement forte et ex .. plosive.
» Entreprendriez-vous de vous delivrer en total de cette vaste secte sans-culottide qui n'a pas en'core voulu se declarer vaincue ? Il faudrait d'a-
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bord en supposer la possibilite ; mais OU VOllS trouveriez-vous ensuite f vous n'etes pas tout-a':' fait dans la· meme position que celui qui de~ porta, apres la mort de Cromwel, quelques milliers derepublicains anglais. Charles n etait roi, et quoiqu'on en ait dit, vous ne I'etes pas encore; VO:.JlI aoe« besoin d"un parti pour vow soutenir; et, dtez celui des patriotes , vow dtes exclusioement vis-a-vis du royalieme. ·Q~e dJ chemin croyez-vous qu'il vous ferait voir, si vOQS eties seuls centre lui?
» Mais, direz-vous, les patriotes no~ sont aussi dangereux que les royalistes I et peut-etre plus. Vous vous trompez; remarquez hien Ie caractere de Tentreprise des patriotes , vous n'y dlstinguerez pas qu'ils voulaient votre mort, et c'est une calomnie de l'avoir fait puhlier. Moi, je puis vous dire qu'ils ne la voulaient pas; iIs voulaient marcher par d'autres voies que celles de Hobespierrez ils ne voulaient point de sang; ils voulaient VOllS forcer a oenfesser veus-memes que vous avez fait du pouvoir un usage oppressif, que VOllS en avez ecarte toutes les formes et les sauve-gardes populaires, et ils voulaient vous le reprendre: ils n'en seraient point venus fa, si, comme vous aviez semble Ie promettre apres vendemiaire , vOllS vous etiez mis en mesure de gouverner populairement, '
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,
». Ms>j:"m.eme, P~' mes premiers numeros , je vOQS, en avais voulu ouvrin la porte : j'avais dit comment j1ente»dais que vous auriez pu vous couvr~f: ck~;benedictions du peuple: j'avais explique comment I il me paraissait possible que vous 6ssie~disparaitre tout ce que le earactere constitutionnel de votre gouveruement oH're de contraste avec les veritables-prineipes republicains.
» Eh bien! il en est temps. encore : la tournure de ce dernier evenement peut devenir profitable et salvatrice pour vous-memes et pour la chose publique, Dedaigneriez-vous mon am etmes conclusions, qui sont que l'interetde Ia patrie et Ie votre consistent a ne point don. ner de ce'lehril¢ a l'affaire presente? J'ai em
• apercevoir que e'est aussi deja vetre avis de la traiter politiquement : ilme, semble que vom ferez bien. Ne croyez pas interessee la demarme . que je fais : la maniere franche et neuve dont je ne cesse de me declarer .coupahle dans Ie senS que vous .m'accuses , vous fait voir que je n'agis
. point ~. faiblesse : la mort au r exil seraient pour moi le chemin de l'illllBortalire, et j'ymucherai avec un zele he~olque e't retigieux: mais ma 'proscription, mais celle de . tous les democrates nevous 8vance&"aieBtpoillt et n'assueeraient pas Ie salut de la republique. J'ai refl:eehi
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qu'au bout; do compte TOUS ne rutes poUrtanl pas : oonstamment les ennemis de Vette, repu. .. blique ; 'VOUS f"tes meme ,eTidemmmt'l'epuJm .. cains de bonne foi t pourquoh De Ie' seriez-voUs pas encore? pourqUOi De aoitait-onpas, que VOUS,' qui ctEs homines i ne voas 'seriei: pas temporairiDimt egares comme d'autres par: 1:' effetassez inevitabled'exasperatiollS' ai'8reDte6 des,rultre& " ,dans Iesquelles 'lea' cirtonsta'fWft; VOU 'ont jetes? pourquoi min ·ne rerieJn. drioos - nouspa5 tOU5 de notre· etat extr~o:, et n'embrasserions .. :nous pas'un !mole raiAODnablei' Les patriotes, la mll8l!le du pewple,' ont Ie roeiIr moore; mut .. ille leur d8cJ,.",er· evt .. core ,plus? q.~en serai\ Ie dernier resulbt ? fie meri.teraient~ils po bien ,ees. ~iriOte8 , au liea qu'on aggrave leurs blessures, qu'on songe e. ales guerir? Vou~ aurez, quand ilvous plaira i, I'initiative du bien, parce qu'en vous reside toute 1a force de l'administration publique. Citoyeu ,dttecteurs, gouvern~ populiUrement; voila ·totit ee 'que oes memes pa1lriotes vous d4J. manden'; ·Enpadant·ainsi pour eux , je suis siir qu..'Us n'intei'rompront point mavoix ; je sui, sUr!de n'etre; pas par euX cl~nti. Je ne vois qu'un parti sage a prendre: declares qn'il n'y 11 pointe. de conspirW6n serieuse. Cinq hommes, en se mont"rant grands et gtmereux , ~uvent au-
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jourd'hui sauver la patrie. Je VOllS reponds encore que les patriotes vous couvriront de leurs Corps ~ . et . ."ous n'aures plus hesoin d'armees entieres pour vous de£endre. Les patriotes ne vous haisscnt pas, ils n'ont hai que vos aetes impopulaires ~ je vous donnerai aussi alors , pour mon propre compte, une garantie aussi etendue que rest ma franchise perpetuelle. Vous savez quelle mesure d'influence fai sur cette classe d'hommes, je veux dire les patrietes . je l'emploierai a les eonvainere que si vous etes peuple , ils doivent ne faire qu'un avec vous.
, » nne serait pas si malheureux que l'eJfet de
. cette simple Iettre fut de pacifier l'interieur de Ia France. En prevenant l'eclat de l'affairedont elle est le sujet, ne previendrait .. on pas en meme temps ce qui s'opposerait au ealme de I'Europe? »
Sign.e G. BABEUF.
"¥englemeDt Depuislong-temps il etait evident, etla decou-
!~D~oll.el'De. verte de la conspiration venait d'en fournir de
nouvelles preuves, qq.e la proscription des doctrines demoeratiques avaitcause une grande division parmi les anciens amisde la revolution, et qu'elle eteignait de plus en plus Ie zele d\1 peuple pour la def'endre.
Cet etat de chases ~ augmeniant les chances favorablee au. panti royaliste soutenu PIU' l'etranger,
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aurait du, ce semble, temperer la fierte des chefs de la nouvelle aristocratie, et Ies amener a adopter des modifications Iegislatives qui, en leur rattachant les democrates et par eux Ie peuple , eussent epargne ala republique les luttes qui lui furent si fimestes, et a em-memes les malheursdont ils ont etc en6.n atteints. C'etait la ce que proposait Babeuf, autant dans la vue d'epargner ses amis que dans celle de rendre a l'esprit repnblieain la vigueur qui s'evanouissait. Mais l'orgueil effraye peut-il eeouter les conseils de la prudence? Le nouveau gouvemement ferma les yeux , et, dedaign~nt de faire sagement en arrie~ un pas qui lui eut gagne l'affection du peuple qu'il n'eut jamais, il se livra imprudemment a une fureur aveugle, et la poussajusqu'a preter, en depit du bon sens et de l'opinion, les intentions du royalisme aux citoyens que Ie royalisme ahhorrait, et a proscrire en eux les seuls hommesde qui la republique pouvait raisonnablement attendre un veritable et neeessaire devouement,
Les revolutionnaires aristocrates ne songCrent qu"a profiter momentanement de la victoire qu'ils devaient a une infame trahison , pour ecraser Ie parti qui condamnait leur usurpation. Drouet fut mis en accusation et renvoye par devant la hautecour de justice dont on fua: Ie siege a Vendome.
AT I dis . I .. d I' In La constitution
J. ~ U, art a consntunon e an , ne peui ell Yiolce.
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etre distrait de$ jug" que la loi lui assig'1UJ par aUCU1Ie· commis.sicm Q.U par-d' fJuwes 'attributiom que celles qui scmt dikrminees pM une loi amterieure. Neamnoins nne loi posteeieure Ii la decouverte de la eonspiration deeida que le depute entrainerait ses coaccuses devant la haute-cour qui n'etait pas Ie trihunal que la Ioi leur avail assigne.
II y. a, disait encore Ia meme constitution, pour toute la republ-iqUti u'li tribunal de cassaflitm qwi pronbnce aur lea jugemens rmclus en dunier reasort par taus l68 trilnmo,ua;. Cependant Ia loi susdite ordonna que les ju~ns·de la haute.cour, qui etait hien ~ tribunal, ne seraient pas sujets it cassation.
. Ces dispositions contraires it la lettre de la constitutionfurent attribuees par les consondeDrouet it la crainte qu'eut Ie gouvernement d'un denat public sons les yeux dn peuple de Paris, et considerees par eux comme les eft"ets de cette animosite qui eclata pendant la discussion, et fit dire it un Iegislateur furieux : il rt'y ffWl,paa tant prendre garde pour des [aotieu», et Ii un autre-non moins passionne : il faudrait trop de terns St on voulait proceJ£r conIIre des: factieua: avec toute« lu formes.
ACCU5.UOIl. Cinquante-neuf citoyens, sur lesquels dill-sept
etaient contumaces, furent misen accusation itPa~s; heaucoup avec une Iegerete inexcusable. En
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meme tems on epiait dans toute la repubhque les moind.res pretextes pour grossir le nombre des accuses dont lespuissans se flattaient que ~ hante-cour ferait une heeatombe. CberboUI'g,' Arras, Rochefort, Bourg et Saintes fourni .. rent leur .contingent en accuses, si evide .. ment ..etrangersa l'affaire qu'on ne put leur adresser une ombre de reproche.
Tandis quon preparait a Paris la tragedie qui i ... looo. allait titre 10uoo a VendOme, les democrates pari-
siens s'agi~rent pour delivrer leur compagnons:
Drouet sesauva de la prison de I'Ahhaye a l'aide d'un guichetier republicain; mais l' evasion des prisonniers du Temple, qui avait ete coneertee avec les soldats preposes a leur garde, echeua, faute de l'accord neeessaire.
Pache fut Ie seul homme, hors de prison, qui embrassa ouvertement, dans nn ecrit imprime , les opinions et Ia cause des accuses. Quek(ues ecnvains periodiques opposerent une faible digue au torrent d'invectives qu'on faisait pleuvoir sur les detenus; mais ils Ie firent maladroitement et sans courage. tanwt en niant des faits evideas, tantPt en insinuant que Ie gouvernement avait ete Ie provocateur secret de la conspiration: jamais ils n'oserent aborder la question de Ia legitimite des efforts des conspirateurs, et justifier leurs veritables intentions.
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TralUlatioD Dans la nuit . du 9· au .0 tructidor de ran IV
del prilollllierl '
A VeD~aD1e. tous les accuses detenus a Paris furent transferes
a Vendome; l'etat major de la place les fit fouiller minutieusement sous ses yeux, et les deposa luimeme dans des cages grillees construites expres pour les donner, comme des hetes feroces, en spectacle aux ennemisde l'egalite et aux hommes trompes que ceux-ci ameutaient contre eux, Le convoi traversa Paris au milieu d'une nombreuse armee, et fut escorte dans toute la route par un fort detacbement de gendarmerie et par des regimens de cavalerie. Les femmes, filles et soeurs des accuses, qui les suivirent a pied, essuyerent frequeriunent les rigueurs de Iatmosphere et les sarcasmes des aristocrates. Ils eurent em-memes autant Ii souffrir de -la brutalite de l'officier qui commandait leur escorte, qu'ils eurent a se louer de l'accueil plein d'egards qu'ils reeurent des administrations - municipales de Chartres et de Cbateaudun.
A Vendome on avait prepare tout expres un tribunal et une vaste maison de justice dans laqueUe les accuses presens furent enfermes le soir du .3 fructidor : Antonelle et Fion arretes depuis la mise en accusation, ainsi que les accuses venus de Rochefort, de Cherhourg et d'Arras, y entrerent successivement quelque terns apres,
Des troupes de toute arme gardaient avec une grande severite les approches de la prison et les
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avenues de.la ~ dont une loi du moment interdisait Faeces a dix Iieues a la ronde; on eftt voulu enlever aux debats qui allaient s'ouvrir toute espeee de publicite.
Le temps qui. s'ecoulaentre l'arriveedes accuses et I'ouverture des seances de la haute-cour, fut employe par elle a se constituer, a interroger, a instruire les contumaces, a former Ie jury, et ~ juger les demandeset les declinateiree presentes par les accuses. Ceux-ci en profiterent pour protester, pour . con~enir des recusations qu'ils. avaient Ie droit d'exercer, et pour concerter et preparer leurs defenses.
Par les decrets peu constitutionnels dont il a ete Protestations, parle plus liaut , on avait ouvert un vaste champ
aux protestationsdes accnsesjplusieurs d'entreeux,
en declinant la competence de la haute-cour , en-
t.revirent la possibilite d'elever.entreelle et Ie corps
Iegislatif une contestation qui eut pu amener des evenemens favotables a la cause populaire ; vaine esperance! La haute-cour sedeclara competente,
Sur la totalite des jures nommes par les as- BeeD.llion ssemblees electorales des departemens, trente reeusations non motivees pouvaient ctre exercees
par les accuses. C'etait une operation fort grave
de laquelle pouvait dependre le sort d'un grand
nomhre d'entre eux.
A l'aide des renseignemens incomplete et sou-
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ventinexacts· reeueillis dans.les departemens, Ies: arouses oonvinrent , par UDe deliberation' commune j des noms a I!ejeter ; trente se Iea distribuerent, afin que chacun d'eux en recusat un.
Cependant, lea. elections oe ran, IV ayant ete faites en.beancoup deJieux ell rabsence desrepublicains proscrits ou violeinment expulses des assemblees , et sous l'inHuenCedes. ennemis: de ·1 .. re-folution ,. il etait iiapoesible de ne·:laisser SOl' Ie tableau des jures que de waD amis de laliher- 16; force fut de se contenter des moins mauvais .. Parmiceux qui meritaient une eonfianee entiere ~ les uns furent exclus par le tribunal oomme parens:d~emigres;d'autres, saerifiant li.n peur,feignirent d'etre malades et furent excuses : trois assiseerent aux debats,
Aveu" ceura- Des que Babeuf fut prive de la liherte, sa pre-
ll'"'' de Babellf. ., .s : fu d' . I .. d'
nuere pensm:: t asouer a oonsplI'3.lIon et en
soutenir la legitimit.e. Elle resmle de ses reponses au ministre de la police qui lui demandait s'il avait eu le dessein de renverser le gouvernement et s'il s'etait assode a quelques personnes pour y parvenir. Les void: . « lntimement convaincu que » legouvernementactuelest oppreS8elll', j'aurais » fmt tout ce qui emit en mon pouvoir pour Ie » renverser, Je m'etais asseeie avec tons les de» mocrates de la republique ; il n'est pas de moo » devoir d'en nommer aucun.» Interpelle par Ie
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meme ministre sur les ntoyens qu'il comptait emplOyer, il repc>ndit : « ;ToQS les ~oyens legi'" » times centre les tyrans~ » et ,'pen apres : « Je » n 'ai pas a donner les details des' moYens qui » eussent ,ete employes. Au surplus ils ne ~pen» daient passeulement de moi; je n'avals que » rna voix dans Ie conseildes tyrannicides, »
fnteJTQ{;'e quelques' jours apres par Ie direc~ du jury, il rependit: ainsi a l'impatation d'etre l'auteurde la eonspiration : » J'atteste donc D qti'onme faittrop dlloimeur en me deeorant » du titre de ehef de Ia conspiration ; je declare » que jen'y.avais meme <ju'une part secondaire » etoomeea ce que je vais dire : je I'approuvai
D eette conspiration, parce que jela eroyais Ie- . » gitime" parce que Je croyais et que je crois » ~'que le gouveJ?tement actuel est souve-
») rainement criminel ; usurpateur de l'autorite ,
D violateur de tous les droits du peuple qu'il a
» reduit au plus ch~tif denuement, au plus
» deplorable esclavage, criminel enfin de lese-
») nation au premier chef; et que jecroyais et » que je croisencore a .la. saintete du prineipe ,
» que c'est un devoir rigoureux pour tous les » hommes libres de conspirercontre un tel gou» vernement: alors je consentis volontiers a ail> der de tous mes moyens les chefs et les me-
» neurs d'une conspiration qui se forma eontre
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» lui.» Et apres avoir etabli Ie rOle qu'i1 avait joue dans la conspiration il ajouta : « Voila des » details qui detruiront sans doute la snpposi» tion absurde que j' etais Ie chef de 1a conspira» tion; et cela fonde sur Ia seule circonstance » que je me ti'ouvais, au moment de mon arres» tation, a c6te d'une partie des papiers des » conspirateurs. Je le repete , ce n'est. point que » je veuille par Th. a!tenuer ma culpabilite; je ) ne veux qu' etre de bonne foi et , ne point » paraitre avec un rOle plus brillant que je ne » merite, avec un role qui n'est pas le mien. Je » consens apres cela a porter cependant Ia plus » forte peine du crime de tramer contre des » oppreaseurs;' car j'avoue encore que, quant a » l'int.ention, personne n'a pu conspirer contre » eux plus fortement que moi: j'ai la conviction » que c'est un crimecommun a tous les Fran» fais, du moins a toute Ia partie vertueuse, a » tout cequi ne veut pas de l'affreux systeme » du bonheur d'un tres petit nomhre, Conde 'sur » l'opprohre et I'extreme misere de la masse ; je » me declare completement atteint et convaincu » du forfait , et je declare que e'etait celui de » tons Ies conspirateurs que je servais. »
Pendant la longue instruction faite par le directeur du jury, les principaux accuses detenns furent constamment au secret. Dans l'impossibiI
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lite de se coacerter aVe€'Babellf quiieuit~ le mieus iastruit de l'affaire" Ies autres,;de~crRinte de se.eontredire ou de se .compremetllrelDeftproquement, .durent lui abandorineuJe ".'de d:. nee-des e'lplieations, et 56 maintemr··dans.:·les bornes d'une rigoureuse cireonspection. ·h, uns meoooorirent leur propre {critul-e ; d'alltl"e~ ifuaginerent des fables ;Darihe protesta CBlltBmel-Je. mentcontre la legalite deIa procedure.." -.
Sans la faiblesse de Pille, arrete a~~:B~f~t Bnonarroti , sod ecriture et eelle de quelques pr~ ·'Venus· seraient demeurees ineonnues. Craignant follemem.que ~ nombrenses copies qu'i1'avuit faite5. 'des: actes du cOOiiie iDs1ii'rect~tW· dOnt·il avaitete Ie seeretaire , n'attirassent'sur·;ga·:tetJe l'aCCUsation d'.oir .trempe aCWvementi daDS·1e projm, . il 56 ham de declarer ~ qtt~l 'Q'fQit'wl et VU, et defaireeonnaltee Ies auteursdeshaarsescritsqu1il avait t.ranscrits; Cet a~ dbnt·laoont duitetimlde.etit.de ~conse~~,'~ adroitement .da1t$ Iespbisens' et Ipen:dant ltiS· debats'lerOle,d'imbecille: De~ntlaiha~Ur,!il pretendit .qn'UDI espIlit-:malfaisait ;1'a_t1 ~~ chez Babeuf;.il dckIara.qu!onfpoovait-:a'YpirjoJ1 pacte avec un tiemen,puwq' en ;eu61ipl:otege on pour : mnre: a; qu.elqUluu ,: at demanlkHa; :pa...te pour dormee; dit-il , des details: Alleun"de8IBoo ewes vraimeilt OOD).pl'ODlis' ne chanoela- de..ant le
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~r. ,capital et idnffinmt dont .ils etaientmenaciis. T~d~~iDt'brimlables dans'leur attacbementi·Q1B doctrines qu'ils avaient ddtendueS,~; bt ~la: resolu.tion: de 'les seeller de l~ sahg; personne De fut eompromis par leurs ·de .. clarati6ns~ " . . .' '
F_ .... d .. _ : A leUJ:; amvtle a VendOme ;ils etaient de.ia
aceD.is.. -,-
OOnve.llUaGe_:renoncer.a mote i-dtitenbe ,alum,
faux-fuyant, a toutedenegation; -d'avoner la eq~ap~en- er de se homer paw: tolite. defense
a .. en ·d~trd Ia IegitUnite._·lls p~llf!aient de- _ wjr.ce·d~mi~f:te~QigJ1age it .l~j"5ti~ de.Ieue:
C~111&~, et it IIJ. patrieun ,e~emple memOJ:able de pefs6ter3DCe et de fermete.D'autres.accuses ~ cfUDPr~et pl'1¥ prudenllfureht aJariJles *re plan.dedefeJise et se ;mireDt .en,·devoij d'en empecher l'executiori, (Si vous aveues , di ..
" saien~ils it leurs camarades , la realite de laeonspiration, le jury poUlTa~t:"illa declarer ho~ cons. ta~e ? 56 pourrait-il que,. parmi nOS: jures, i1 y alieut quatre qui o~ilt justifier 'vos intentions, on mpcmdre par un pieux ~e.isonge 311X qua~ tioas de fait -qui Ieur ~t seumiSes.? ~ serait tmp' pmslimerl' d'honpna elus clans"OO temps de eomtption et de pK'Vfftite.l Si Ia .oenspiratibn estJteBaree reene,ri'entr~!nerez.i\UlS pas dans votFe perte, 'nous qui sonunes vosamis, et ees nnmbreux· republiminS' (}lli SOIlt deja ~en' bUtte
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au caIomnie& et am. per.;OOutions ? Craignez d«: mettre la vertude· nos juges It una trop: rude epreuve, et offre~ leur au mains un pl'etexte
pour vous absoudre.» .
Soit que ces remontrances fi.ssent :cl'aindre anI Modifications
de 1. defeDse.
principaux accuses qu'il n'eolablt pendant les de-
hats une funeste division, soit qu'lls re.culassent devant {'idee de blesser la patrie en nnisant It leurs amis , soit enfin qu'ils ouvrissent leur coour au soin de leur propre consersation , le premier plan fut rejete; et on convint que' Iaeonspiralion formelle serait nice, que son but serait hypothetiquement defendu, et qu'on tacherait de donner des explications vraisemblahies aux pieces saisies et aux faits prouves,
Cependant, Ie temoigna~ tin dencnciateur emit detaille et precis, et quoiqu'il ftit unique sur Ie fond de l'accusation, il etait tellement coerobore par les ec'rits nomhreux et accahlan~ des accuses, qu'il semhlait impossible que, touie consideration pelitique a part, un homme debonne foi niat , apres Ie plus leger 'examen , 1& reallte de la conspi:ration.
Des-tors, les accuses gravement c~m.is se proposerent de se defendre' en soutenantque Ie concert qu'on pretendait'etahlir n'avait pas' existe , et qu'eut-il ete reel, il etait dennede route criminalite , soit par Ie de£aut de moyens
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d'execution , soit parce que, dans l'hypothese la plusdefavorable , Ie . but qu'on leur attribuait etait legitime et Conde en droit.
ADtoD~I1r. Ce que l'on preparait pour les de'bats, An-
tonelle l'executa d'avance aupres du public. Ce genereux citoyen fit alors Ie plus noble usage de ses talenset de ses biens. Quoique nulle presomption legale ne s'elevat centre lui, il epousa franchement la cause de ses amis de tenus ; par , de nombreux ecrits , il disposa l'opinion a accueillir favorablenient leur defense; et, du fond de son cachot, il accusa sans menagement Ie gouvernement, rendit hommage a la constitution de I 7g3 , justifia les intentions des eonspirateurs
et osa pre;;que se declarer leur complice,
A cette malheureuse epoque, l' energie republicaine etait presque toute enfermee dans la priSOD de Vendome. La les accuses s'encourageaient mutuellement a servir Ie peuple par l'exemple d'une inebranlable fermete , et vivaient dans la fraternite la plus democratique. Les nuances que l'on remarquait entre its egaux .et les ex-conventionnels n'empeeherent pas que l'harmonie ne fait complette; elle s'accrut tous les jours ~r Ie rapprochement des opinions et par la fidelite avec laquelle chacun remplit son devoir devant Ie tribanal.:
Le soir ,. des chants republieains auxquels tous
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les prisonniers prenaient part, ret.entissaient au loin, et les habitans de Velidome, attires par l'interet et par la euriosite sur une colline voisine, y melaient souvent leurs voix etleurs applaudissemens.
Pour des hommes qui avaient tant ose en fa- . veur d'une cause a laquelle ils.etaient sidevones , le sort de la republique etait necessairement Ie sujet permanent de leurs entretiens et de leurs inquietudes. Un malheur horrible fournit am unes et am .autres un nouvel aliment. A peine les accuses etaient arrives a VendOme, qu'ib; apprirent Ie fatal evenement de Grenelle, oii., par un infame guet-a-pens, perdirent la vie tant de purs democrates qu'y avait amenes Ie desir de briser les fers des prisonniers, et de retablir les droits du peuple, Par cett.e execrable boueherie, la puissance de l'aristocraties'accrut :de toute la force qui fut arrachee au parti demo-
. cratique.
Peu de tempsapres , quelques conspirateurs royalistes, emissaires de la dynastie proscrit.e par Ies lois, et prissur le fait, furent traites avec une scandaleuse "indulgence par une grande partie de la legislature qui les protegeait , et par la commission militaire qui les jugea.
Vers la meme epoque , les tribunaux charges de juger les contumaces du .3 vendemiaire , de-
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Onvcrlure del deb.tl.
( u )
cIarereot non constante la conspiration qui ensanglanta ce jour-lit la ville de Paris.
Cette condescendance judiciaire deplut au ministere ; je c'I'Bin$, disait un de ses memhres, qu'elle 11,6 [asse plomohe pour lea lWCUJJes de re~: c'etaitsnrtout d'eux que le gouvernement desirait se defaire,
Enfin les debats furent ouverts Ie :1 ventese de Ian V ; quarante-sept accuses etaient presens; dia-huitfurent juges par contumace.vBebeuf', Darthe, Buonarroti, Germain, Carin, Claude Ficquet , Bouin, Fiori, Ricord, Drouet, Lindet, Amar, Antonelle, R~l et dix autres avaient r6ellement trempeectivement dans la oonspiralion; cinq y avaient partieipe mdireetement ; tous les autres y avaient ete ahsolument etran- . gm, et ne furent traduits devant la haute-eour que par la fureur du parti qui aurait voulu faire de ce tribunall'extermioawur de la democratie.
'.AccusCa presens: Babeuf, Darthe, Germain, Blendeau ,Caroas, Frossard , veuve Mounard, Buonarroti , Sophie Lapierre ~ Goulard, Mugnier, Massard, Raybois, Fion, Cochet, Naye~, Boudin, kaDne Breton, Vadiert U1ignelott Toulotte , Lambert, La.-herte , Pottofeux , Morel, Dufour, 1\Ioroy, Clerex , Amar, Philip, Cazin , Nicole Martin, Talfoureau, Drouin, Roy ~ Pill~., Breton, Didier, AntoneUe, Antoine Fiequet, llicord , Thierry, Adelaide Lambert, Vergne, Duplay pete, Duplay·iils, Crepin.
Accuses contumaces : Dronet, Lindet, Vacret, Claude Ficquet, Guilhem, Chreti~~, Monnier, Reys, Menessier, Mounard, Baude, Bonin, Parrein , JIocisom ,Lepelletier, Rossignol, Jorry, Cordeber.
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'Urie force Ilfib.tbm~ gardaitJe trihtmal; ~eh.aque acc,Us6 etaitentre,dem: gencLn1n08.:U-.He etait 'vasw , ~ l'enC:!tjnt.e reserv~e au' public ·int tOujours l'~plie df! penplequi applaudit·souvent les accuses, jamais 'les aocusateurs. . .' .
11 y ~t, plllsiesB'S dJenieurs ; ,its pl'o~~nt Ies ~hat.s. parles' ~ux ~mdens~ qU'ijB die..: venmt, et £Onli'arrerent qU61quefois les:vues'des accusesldontilS:n'oserent jamais'justktter' .k3:{ntA:int.iops. Lei. vr.ais dC'fensmKS 'dtf :1& ~Wie' mrent Baheuf, Ge~, AnroRel.le et Buonartoti~ .,
Les.femmes §enereuses:qUiaxaient, .:vi' les 8CcpsU assisterent assidUment Q., tou .. Ies sean-C6'! du tribunal... ,- - ~ ~
: Parinlles aoouses .gravement conipromis, Da~ Darlhc. the sent, pins conHquent que tons Ies ~; . persists danssaprotestailim ; jainais ii' 116 ~reconnllt dans la. hau1&-coW' le POU\lOir de Ie iu-
ger ; . a. :refusa .constamment de I'cpondte, d: . de s'expliquei', et se laissaoollclamnvsans se :daten-
eire. 'Apres u.oir proteste ~nou .. eau , de,ant le
jury ,ilpronon~ les motUWQns :"P~nir moi',
» silaprovidtDCe.a mea eette epo~ le teftne
» de;ma.caniere, je l,aterminerai .avec gloire',
» sans crainte et ~ regret .. Quepourrais-je
» h41as~ l"ew-etteF .•. ? Quanclla libeiU saCOOlq'be;
)t qand l' edifiteM la I'epu.blique se deu!olit
» piece a piece) quand sonilOm:.est devenu
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» odieu.; quana .les. amis;:les adorateurs de l'e».! galiW, sont pbtlrSUi-w., errans ,: livres a larage J)r:des'f\'!IMSinsc,> ou aux·angeisses de Iii plus af-
» .:Creuse. QlU!ere.; quand .le peuple , en proie a' » toutes les horreurs de 1a famine et de I'indi) , gence, est d«£pouiUe. de tous sesdroits , avlli ,
» JJleprise, et languit sons Wi jmig de fer; quand
» eette. sublime revolution, I' espoir et la oonsO». Iatien des nations oppr.imees, n' est plus qu'nn » . fantOme; quand les defenseUrs de. 1a patrie
» sOnt. par-wut ahrcuvCs d'outrages , nuds ,niaI» traitei, et conrbes.sons.Iepfus odieux despo-
» .tisme; quand, pour prix de leurs sacrifices, de » leur sang verse pour Ia defense commune, .ils »SOnt traites de scelerats , d'assassins , debri» gauds, et que leurs Iauriers sontchanges ency· ». pres; quand le royalisme est partout audacieux, » 'protege, hunore, recompense meme avec Ie » sang et les larmes des malheureux ;' ·quand Ie » fanatisme ressaisit , avec une nouvelle fureur, »: ses pOignard$; quand la proscription eli la » mort planent sur -Ia tete de tous les hommes » ve,.rtueux, de tons Iesamis de la raison, qui' ont » pris quelque .part aux gr~ds.et genereux ef». forts en faveur de notre regenepation; quand, ) poor eomble- d'horreur, c'est au nom de ce » . qu.'il ya de plus sacre , de plus revere sur la t) terre cau DQIIl de I'amitie sainte, de la res-
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» pectahle vertu , de l'hoaorable probite , de la » bienfaisante justice, de la doucehumanite, » de la divinite meme , .que les brigands trai» . nent a leur suite la desolation, Ie desespoir » et la mort ,; quand l'immoralite profonde, » l'horrible trahison, I'exeerable delation, Ie » parjure infame , Ie brigandage et l'assassinat » sont officiellement honores , preconises et qua» lifies du nomsacre de vertu; quand teus les » liens sociaux sont rompus; quand la France » est couverte d'un crepe funehre ; quand elle » n'offrira bientot plus a I'oeil effraye du voya» geur que des, monceaux de cadavres -et des » deserts fuoians a parcourir; quand il n'ya » plus de patrie, laman eat un bienfait.
,» Je ne leguerai a ma famille et a mes amis »ni 1'oppr:obre ni l'infamie ; ils pourront citer » avec orgueil mon nom parmi ceux des defen» seurs et des' martyrs de la cause sublime de » Thumanite, Je l'atteste avec confianoe, j'ai » parcouru. toute la sphere revolutionnaire 'sans » souillure; jamais I'idee d'un crime oud'une » bassesse n'a ':ft.etri mon arne; lance jeune en» core dans la revolution, j'en supportai toutes " les fatigues, j'en portal tous les dangers sans » jamais me rebuter , sans autre jouissance que » I'esperance de voir un jour fonder Ie regne ') durable de l'egaliUi et de la Iiberte ; unique-
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» ment occupede la sublimite de cette philan» tropique entreprise ~ je fis la plus eDtiere ab)}< negation demoi-meme; interet persennel , » . all'aires de famille, tout fut oublie , neglige; » men coeur ne battit jamais cp,1e pour mea sem» blables et Ie triomphe de la justice. »
Esprit eeutre- .. Des,le commencement " Ies accusateurs natio-
re,olnliounnire
des seeuseteurs Dam firent eelater une .haine aoharnee . non seu ..
DiltionaUL '
lement contee les accuses, :inais ausi contre tout
\ 00 qui a-vait ete. fait en faveur de la'democratie dans Ie cours de la revolution. Posant d'abord en faitl'existence d'une faction imaginaire d'e"tres 11IJ(JlfaiSan8 , monsftres IJUtrefois incOflllW,S ,lagpfr orites , ir'1'siigieu:c , -llJlll,bibeUuJ , f1i:nJicfdif. , fu .. rieua: " ctilrminiateurs ,~, fils de l'anM'" cltie , flea . dan, son sein, '118 ooninai"ant pas d'tluL'l'tJ elt!Irumt ,'1' appela'1&t 8am celMJ, ee ne souriant qu'a elJe, i1s lui attribuerent tous.les mouvemens et tous les actes revolutionnaiI'eS , et ne craignireot pas de ranger, avant toute discussion; parmises membres, les accuses que la haute-cons avail. a: juger.
Telle avait .etc, all dire des aecasatears ; l'influence de ceUe f~ion, que ceux cpi les eeoutaient ne purent dooll!ler les evenemens de Ia revolution qu"ds hononrent de leur approbation. D'apres la definition qails donnerent d'uneinsurreetion ICgitiJrie, on dut conolure qu'au tOnd
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de leur coeur ils n'exeeptaient de I'anatheme par eux . lance . centre les grands mouvemens nationaux, pas meme celui du 14 juillet quietait Ie seal auquel ils paraissaient·applaudir.
n ne fut pas difficile aux accusateurs de prouver, a I'aide des nombreux ecrits saisis chez les accuses, Ie concert qu'ils qualifiaient de conspiralion criminelle ; mais, quant a I'intention, ete~ ment essentiel du crime, ils s'efforeerent d'en eearter la discussion, et dans le peu qu'ils 'en dirent , ilsla denaturerent par des suppositions et par des inductions hasardees et absurdes. Leur constant objet fut de rendre les accuses meprisables et edieur , et de les empecher de convalncre Ia France que leurs vues etaient bienfaisantes, que leur opposition ala. constitution de ran ill etait legitime, et que leurs tentatives ament ete justes et eonformes a· I'interet general. Que dolt-en penser de ces aeeusateurs qui, charges de poursuivre au nom de la republiqne les auteurs d'un projet inexecute, se permirent de justifier Iaeenspiration et la revolte armeequi firent verser, au 13 vendemiaire de Tan IV, Ie sang de plusieurs . milliers de citoyens , et dont Ie hut final etait de retablir la royaute P
De concert avec les aeeusateurs , les juges ... ou- Eelra ... mi. es II I. dereD.e.
lant resserrer Ie debat dans les homes eirOites
du fait, interpoSerent plasiears fois leur autOrite
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pour interdire aux accusestoute discussion, meme hypothetiqne, du fond de la conspiration , et tout examen de leurs ecrits qui, cependant, etaient presentes par I'aceusation comme les prineipaur et presque les uniques moyens des conspirateurs.
Ainsi un tribunal qui paraissait devoir etre l'appui des droits de la nation et Ie frein des hommes puissans , ne fut dans lefait que I'instrament de ceux qui , au mepris de la souverainete du peuple , s'etaient empares de I'autorite supreme par la violence et par la ruse .
. Le. .CCIl'~' Quoique les accuses gravement impliques eus-
defead.at I. re-
'·olotio.... sent renonce a a:vouer formellement lao conspira-
tion-, ils persisterent a en defendre les principes. La revolution etait a leurs yeux une chose sainte; ils etaientconsciencieusement fideles ala souverainete populaire et a la constitution de 17g3 qui. Ia consacrait; fiers de ce qu'ils avaient fait pour les retablir , .ils s'honoraient des fers qu'ils portaient et du danger dont ils etaient menaces.
Une f~rte irritation, suite neeessaire de l'opposition qui s'etait manifestee entre les vues des accusateurs et les sentimens des accuses, eelata a plusieurs reprises , par les declamations virulentes du ministere public, par les interruptions partiales du tribunal, et par les impetueuses reclamations des detenus.
Pouvaient-ils, ceux-ci , entendre. de sang~froid
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calomnier les fondateurs de la republique , et refuser aux plus fermes soutiens de l'egaliu! les talents, Ie courage et Ia moralite i' Pouvaientils , sans mot dire, s'entendre imputer des sentimens viis et interesses, eux dont la plupart avaient expose mille fois la: vie pour la patrie et etaient sortis des fonctions publiques dans une honorable pauvrete f eux, contre qui il ne s'eleva dans Ie cours d'une si longue procedure pas une seule voix pour leur reprocher. une action' mfame ?
Pendant les de'hats, le caractere des accuses ne se dementit.jamais, En toute occasion ils rendirentd'eelatans hommages a la republique et it l'egalite; plusieurs fois ils r#uterenf victorieusement les sophismes politiques des accusateurs , et firent, presque it chaque seance, retentir les voutes du tribunal de leurs chants republioains .
. Le traitre par qui les .hommes confians qu'il Trollr •• avait flattes , enflammes et caresses, furent denonces . et Iivres .... Grisel! figurait sur la liste des, temoins au nembre desquels il y avait d'autres espions de la police, qui, ayant horreurde sa pro-
fonde immoralite , refuserent eonstamment de s'asseoir it ses rotes.
On se flatta d' ecarter ce temoin , car la loi de": fendait de faire entendre le denoneiateur ,qU.aWP. il s'agissait de dehts dont la denonciation e9\@t' compensee pecuniairement par ·1a~loi; ~ j)1,l Idrt",
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quele dhumciateurpeut de to~ autre mlJ'nwre profiler de T:ejfot de IKJ dbumciatioJn.
Dans .l' opinion des accuses et de leurs defenseues, Ie mot peitt esprimait une possibilite illimitie:, et 'COInprenait les recompenses que le denonoiateur de Ia censpiration pouvais raisonnablement attendre du gouvernement.
L'~pedient qu'ima.ginerent les accusateurs nationaux pour se tirer de l'embarras aU les jetait l'argumentation preS8allte des accuses, excita un rire universel ; ils oserent soutenir que la qualification de denoneiateur n'etait pas applicable a Grisel, parce que, 'disaient-ils, ayant fait sa premiere declaration all directoire et non Ii un officier de police judiciaire, il n'etait que simple reve1ateur .
II .'1 tcmoio. Ce sUbterfuge ne fit pas fortune; neanmoins,
Ie tribunal ayant decide que la signification du mot peut devait eke restI"einte aux droits acqui5 au.denonciateur par l'eft'et de la denonciation, ordonna, au grand seandale de beaucoup de personnes, que Grisel serait entendu.
n y avait au. proees environ cinq cents pieces de conviction, et plusieurs seances lurent consserees Ii les representer alii: accuses qui les reconnaissaient , on a faire verifier , par des experts, celleS qu'on attribuait a ceux qui ne repondaient pas 08 etaicmt contumaces.
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. On s'epuisa en conjectures pour savoir. quels Tumnlt c, ewent ~ dam .une piece a Jaquelle Ies aceusateurs aUachaient une grande importance, les ~ts que Babeuf av~t~v6rts d'une gtos&e lache d'encre ,
elf paraphant, cette. piece ,che~ Ie ministl'tl de la
police. La fsstidieusediseussion quieutlieu ace
:;ujet I occasiontia de violentes inv~~V:eS·de part
~t dautre , et se termina pat un tumulte epou.anuhle; la seance fut brusquement levee au
milie.u des _ ~i'js: des acc.usa'eurs, des defenseurs et
des accuses; .ceux-ci chanterent avec vche.wnce,
en se retirant, Ie cQup'et de l'hymne· des- Museil-
Jais ; Tremblu trrt1/M., 6' eouS perfidu! Le tribuIialdre!!sa du tout un pi'ocls-vetbal ,:'surle--
quelle eorps-legislatif passa fA l'ordre d.· jour .
. ; AI~ Sllite· d'uil reproche adresse.par; Iesaceases a"(t president, Ies acctiSatelin Sa pliUgnirent de ce qu'on voulait , en entassant incidens sur incidens, prolonger inde6ni.ment les de'bats; u tant de voix ,
• » diren\-ils, .s'dlevent cdntr~ la lenteur des ope». ratiQnS de.Ia hau.te....cour !..... QueUes sont ces » voU: si multipliees ? s'ecria Babeuf; avUs du » peuple , vOU$ Ie devmez. Ce ne sont que eelles » .de cette caste·iaproprtment elite hoonete, qui ») n' est 4fU'un point par rapport a ·Ia mU$6, mais » qui a' hien I'insolence de pret.endre etre tAMlt , » de 'Vivresans rien Caire de l'expression des » sueuri du grand nombre , de comptek- pour
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» rien cette masse exdusivement utile, de la » jugaler , de }'aft'amer pour prix :de lanploi » perpetuelde ses bras, de son jntelligence" de » 'son industrie'. Telle 'est, 'republiCains, fa po~ ». gnee de vampires. <hmt 9D dit qt1e. ~~s les » voix s'elevent centre la lenteur d~ ~era:ti~ » de eeux qui Be soot 'promis de nons immoler~ » Tels sont cenx a qui 1'0n s'empresse decom» plaire, Honnetes gens, vous serez Satisfaif!s! » lisez les premieres seances des debats de la » haute-cour , vous vous convaincrez comme » vollA y etes servis. Et V~US" portion;eisentielle » et majeure du peuple , VOtlS verrez eomme on » 'vous traite dans la' personne.deceax qui n'ont » pas abandonne vos inter~ts.VQuS aussi,amts'; » ses .defenseurs , compagnons de gloire , VOllS » Taves entendu; c'est Ie million dore qui appelle » votre crucifiement. VOllS ne denuUez pas a f.ra.; » vers Ies clameurs de la horde devo~rite, » VOllS ne demcHez pas les voix de ces vmgt-qoa .. » tre millions d'opprimes d<mtvOUS~Vf!Z aseu» tenir la belle came. lIs g~mi$sent ensilence, » charges de fen , ,depouilles, DUds, tombant
, » d'inanition , adeessantleurs hommages et Ienrs » regrets au'! manes desglorieux martyrs qui » noUs ont precedes'dahs la carriere del' etablis» sement de Ia felicite publique , dont ils vous » ont legue l'apostclat sublime, de meme que
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( ~3 ) .
» TOUS Ie tr~metti'ez a d'autres.justes ;aussize~ » Ieset peut-etre plusheureux que, vous et TOrt. » predecesseurs, Lavertu ne meurtpas ; Ies tY'» rans s'ahusent dans leurs atroces persecutions; » its ne detruisent que des corps ;l'~m~ des hom» mes de bien ne fait qu:echahger d'ennloppJ; » elle anime ~ silOt la dissloluti1on de l'Un~, 'd'au .. » tres etres chez qui elle continue d'inspiret » les mouvemens generellX qui ne 'laissent jll» mais de repos au crimedominateu~; ,
» D'apres ces dernieres pensees , er-d'apres » rontes Ies innovations que je' vois int~oduir'e » ehaque jour pour hater mon holocauste , je » laisse ames oppresseurs toute 'la 'facilite qu'ils » desirent ; je neglige les def.iljh iDlltil~~de rna » defense ;qu'ils frappent sm. ri~n atteadre ; je » m'endormirai en paixdansl~sein;dela'vertu. '17
Griselparla pendantdeux seances et raconta DepOIIUOD db minutieusement .tout ce :qu'il avait,faitpOur tralbe.
connahre ~ seeonder , tremper et trahirlesac-
euses, Ildit vrai, sauf: quelques' additions dic ..
tees par la vanite , et par lesquelles il Be mit par-
fois en contradiction avec Iui-meme. Mais, quoi-
qu'on ne put le regarder comme un mentesn,
on ne futpas moins revolte de reffronterieavec
laquelle il fit parade, de sa .perfidie etdes ruses
au moyen desquelles 'il avait su capter la bien-
veillanee de ceux 'dont il meditait la perte.
2 3.
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( 34 )
Par un mouvement natarel d'indignation , Antonelle peignit au vif l'hypocrisie du traitre et imprima sur lM¥1 front Ie cachet ineff~e de I'infamie.
. . En parlant de quelques accuses', Grise! avait <lit : <t Je ne vois jci que des agens t pas un d'eux )~. n'etait Ie veritable cl1ef de la conspiration ; il » y avait derriere le rideau des hommes qui fai» 'sai~nt mouvoir et agit eeux-ci..» Ce propos arracha a Germain les phrases suivantes: « Ah! » si c'est trop peu de nons, dit-il , vas sur les ») hords de l'Aude soustraire au sable qui Ie cou» .vre Ie cadavre de ma femme; vas en disputer » la pature . aux vers moins dignes que· toi de Ie » de'Vorer; preeipite toi COJ]l1D.e un tigre aframe
'» sur· rnamere ; ,joins acet abominable festin » mes soeurs et leurs enfans; arrache moo rug » des faibles bras de sa nourrice et broie ses ten» dres membres sens ta dent camaciere. Nos » soixante familles t'offrent la meme degoUtante » ~ee; vas Ia saisir, vas. Eh quoi! eet appat » ne te tente point? C'est que sans doute encore )} tu dissimules. )J Les mots, par' le~uels Germain termina son eloquente defense, ne sont pas moins remarquables : (( J'attends, dit-il , »0 sans ftClDle espece de crainte ni de faiblesse, » votre proneace : quelqu'il. soit, pourquoi » craindrais-je? pourquoi faiblirais-je? En effet,
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(3S)
J) mort; fa liberie n~aura'pas lea .Ie; plfla!~e .. » ,,"we' martyr; ~vant, 'elle n"aura pM :de p,us » mtrepide defenseur. »
Grisel avait m.rle de l'imnrrectlofi'dw Ierpt'ai~ ,B.b.ufj~UlIe.
r- '''lDlllrrectIOD de
rial an ttl, en l'attribna~t, aujl! ana~chisb!s j de .. prairiaL
nomination 50~ laquelle il afl'ectait,a 'insUlt' des accusateurs , de eomprendre tous lesamis since..
res de regal~te. « Prairial! s'ecria Baheuf, e~
J) que terrible; jonrnees fnnestes, mais saintes ef
» reverees" qui ne se repre~enterit jamais a Itt
» pensee des Franeais vertueux sans provoquer
» l'attendrissement et les regrets, Ie souvenir
» des plus grands crimes,' eelul des efforts gene ..
» renx de la vertu, et des pIll!{ grands malheurs
» du peuple ..... Prairial ! jominees desastreuses y' n . mais honorables, on Ie peuple et sesde1egues
» )fidele& firent leur devoir 7 oUrses traitres man ..
» dataires, 011 ses affameurs , ses assassins' ,Ie!!
» usurpateurs 'de la soU'VerainetC -et de tous- 'sea
» droits mirent Ie comble a des atretitesdent »aucune histoire n'offre l'exemple ..... n nyeut
» que vous, (, Gracqnes! 0 immortels F:rant:aiS f
» il n'y eut que vous'de generelu:; il Ii', eut que
» vous qui osAtes vous declarerles ltppuis etles
" defensenrs du penple ; il n'y eut que vous don.
» Ie devouemententier appuyases.t1'op:justesde~
». marides: Du pain et des loie! Goujon , Daroyj
» Bomme , Soubrany, Duquesnoy: , ftour:boite:,
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» illustres victimes !vous dont les noms a jamais p" ce'lEllres opt deja retenti dans cetteenceinte, » ou ils retentiront encore plus d'une lois! vous n dont BQusne cessons d'honorer -IeS mAnes » ,)larnos chants quotidiens! VOlJ,S dont Ia CODStJ'ta!lce dans les.fers et devantdes juges-bour:» . reaux DOllS senvira 'd'exemplepour supporter » Ia ~pti'vite la pl~ longue et Ia plus dure! » vous enfin I que Ies mechans ont tues , mais ~ qu'jls n'ont pa Hetrir un seul jour! glorieux
Y» ,DtaI:tyrs! intrepidessoutiens deI' egaIire sainte! » Vp,US, sauvates a la liberte, ~ Ia souverainete » du peuple , a tous les principesgarans de son ».bonheur, l'opprobre d'etre envahis sans une
?' courageuse resistance ..... Nous avons dft.vous » remplacer apres votre chnte ; tombes comine » vous, nons devons vous imiter et paraitre de~vant . nos persecuteurs I inebranlables oomme ~ vous; et tout veritable republicain doit ho», norer I'epoque' ou vous mounites victimes des » ,pIUs detestables ennemis de la 'republique ... » La; Ietrihunal f6l'~ Baheuf a setaire,
Des limiers de la police vinrent. deposer contre des ouvriers accuses de s'etre I depuis .I'arrestation de Baheuf·,coalises pour Ie deli'n)er et pour exe-. cuter ses:P!ojets; .ces hommes dehontes, parmi lesquels on',voyait un faux monnoyeur qu'oo avait tire de prison, tout expres pour en faire un
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esl>ioI1',' avaient: ellCo11l'age par 'leur corlcOurs emu: eortJ;t'e'les4ue1s ils :rendaient teiB'Oign3~.:' ' )
, ' ,Au milieu de :tanf d'etrcs' ~rt.erl;n~l'i~t Ge~.ro.i.lc d. deux infortuD:es jeunw hommes' qui,' 'par '1eUra dous temoJDI.
rllllh~urs ; par leur . ge.it!rosite et par: leur cou..J
rage, fitent verser, Qtil: specuUeij.ts··des '1armd d'attendrissement. Jean,:.Baptiste Mbmier'et:Je:Wl
Noel Barbier, l'un et I'autre soldats , avaient-ete eondamnes lldix ans de fers pour des f~its rel~:
tifs a I'insurreetion de la legioIil de police. Dev~nt
Ia commission militaire qui Iesjugea, on leurarl rachades aveur a charge de quelques-unsdes
accuses; ee fut pour contirmeaces arenx , qu'Jd.
les tra~era a Ven:(Mm~. :. :' " ,',:'1
Mats, loin de' repondre ~ l'atterite d~ acctm!. teurs , Meuniel! et Barbier 'd€savouerent 'hau::' tement tool ce qu'ils avaient eu la faiblesse dt eonfesser ,et aimerent mieux s'exposer anne nouvell~ eendamnation ,'comrn:efahx'temoi~s , que de prof'el'er un seul mot centre les hommes'qui
etaient mi& en jugement. ' ,r" , , '
Ils firent plus; ils s'inclinerent dev-tint les accuses, its les Salllerent par des :chan~¥epUblicains ; ils Ies appeler~nt amis' du ~u.ple ; . Us deriuinde;_ rent a partag~Jlleur gloire.Tant de 'verlu'fuli'e'compensee par', une nOu-.elle' 'h>ndamntrtion'aut.
fets.~ 0 tempsil.;.' ; : .'" ' .: '. I
Aucuo des accuses n'etait 'plUs' que' BaheUf Defeuse.
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( 3.8 )
geRi;WwsM de~ t',~ Jare~Q,Jiqn qui avait ete prWe'ell OOQ\JlllUl, de, nierla cow;piration .. ~-.ep!irc?P ,~iq¥.eDti·.pieces de [CoJlvi~w~ t .sai-
.. • ... -' ,i~r~u~:~~.a¥,pI:~4eJui ,~CQIltenant, ' en w~ I~Ures II l'~tiG,D. , Ie plan , .les aetes eJ;Ja cerrespondaace du comiW insurrectenr I ily ~ av~it pl1&4ecentecrites de sa main; ladenoneiation, eta,ittoute centre lu~; cinq Iongu.es seances fureot-employees a I'inteneoger.
i. ,.('.o.uun~nt donner aux faits nOilDhreux ,r~sul~t de: ces piece.'f' et ~'9Ilfirmes'{NU' le denoacialeur, des . .e~piic~iot\S tant soit peu vraisemhla~1es f ~,p..inc,ipata accuses essayerent . de Ie faire; ils reussirent quelquefois i>artieUement" JruWi'r. ~·.l~Dlble .. ,;ils n~ohtinreqt d'~e Sll£o.CSque. celui:,.Ie. mettre 1¥1 peu plus a I'aise ~ux~ d'E'4tre les jures ~partage;peB.t dejaleu.rs opinions. ·Sous ce rapport, leur defensene &t :5JU'untissu peu coherent de suhtilites que Ieurs F~urs desavouaient ,. et:am:quelilfS iIS ne se soumirent que par condescendance ~ur leurs compa.gJl0llS dJnfOl,'tlJllC.
. . La vr.aie:defense de .ees .a,ccuses:ea; tout $tiel'e
t . ., j !,'
daas ra~u:qu'il; firentdeleurs ~trinf.6 cLbo-
~at#I'WS., . .daQS.l'''o~ solennel qu'j.ls ren~~t' a Ia ~t.itU~JMl de 179l, ~t dans leur perseverance it j~tifier hypothetiquement le hut -de la -eonspiration. .
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( 39 )
Ceu.e coospiration etait toute renfeemee. aansr I'acte de creation d'lUl directmre i~llr:r ,
,
que les aecusateurs appelaient une 'UStlf"[HHi0ff, de lo ~'nete; c'etait sur cette piece que se fendait pnncipalement l'aecusation. Babeuf en jus~ ti6a res moti&, l'intellbon et les moyens.
u Ce n'~ point iei, dit-il , un proces d'indiD vidus, c'est celui de la repuhIique; il faut , » malgretousceux qui n'en 8OI1t pas d'avis, Ie » traiter avec route 1a grandeur, la majeste, Ie » devomnent qu'un aussi puissant interet com» mande ..... Cet acte, poursuivit-il, appartient » It des repuhlicains queloonques, et tous les re s: » publicains sont impliques dans cette affaire ; » par consequent, il appartient it la repUhlique , » it la revolution, it rhismire ..... Je dois Ie de-
J) £endre.»
En comparant, Wl moment apres , sa position actuelle a celIe des d.emocrates·non emprisonnes: » Genie de la liberte, s'ecria~t-il , que de grAces » j'ai it te rendre de m'avoir mis dans une posi» tion oil je suis plus libre que tous les autres » hommes , parcela meme que je suis charge » de fers! QueUe est belle.ma place! quelleest » belle rna cause! elle me permet exclusivement » Ie langage de la verite..... Au milieu de mes » cllaines, ma langue est priviIegiee sur toutes
I Voyez Piece. juatifi~tiYeS, DO 4.
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(. 40 )
">t:fcelles .de.l'incakulable. nombre:.des opprimes » : et desmalheareux , a cbacun desquels on n'a ~ P'l , CODUllEl.a.moi, ' batir pour demeure un »1 ~chm; lls souffrent, iI sont vexes ,'.pr.essures, » accabIes.Sous Ia. plus euisante detresse , cour» bes sous le plus odieux.avilissement , et pour » comble d'atrocite il ne leur est plus permis de » se plaindre ..... r , Qu'au moins , si la patrie est ») condamnee It. mourir dans tous eeux de ses en» fans qui sont dans cette affaire,' il soit di~ » qu'en perissant , ils n'ont point trahi, qu'ils » ont courageusement professe les maximes de » leur mere ..... , Je parle auxvertus , elles seu-
, » .les peuvent tro~ver ien nous des justes :s'il , » n'enetait plus pour m'entendre ,ah! sans » doutevil neresterait qu'a dresser l'echafaud.»
Mais, quand Babeuf parla avec amour de la constitution de 1793., quandil commenea a rappeler Ies violences; par lesquelles on I'avait arrachee au peuple , les accusateurs nationaux se mi. rent a invectiver Ies accuses , et pretendirent qu'ils conspiraient encore .contre Ie: gouveme-manto . Aussit/lt Babeuf fut condamne a: 56 taire.
Bnonarroti entreprit aussi de justifier cette piece ;. i1 dit que lecorps.qu'elle etablissait, n'avait d'autre, objet que. celui de propager les doctrines democratiques; iI ~\ltint que, Iors meme que ce ~orps eut prepare des projets legislatifs a
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( 41 }'
sewnettre au peuple , doat lm connaissRit'le ineeententement et dont on prevoyait 'l'explosien, il n'eut fait qu'un acte de prudence nullement eentraire aux lois; et, seplaeant. ensuite dan'S I'hypoLhese , que .Ie directqire secret '. eut 10ulll provoquer le peuple a' examiner la forIll'e du gouv~mement,· it demOntra-JUc-rette provoctltlon est Ie. droit 'de: chaqUe citoyen, dans tolltJpay! regi par une constitution qui, comme celle de ran III, teconnait que la seuverainete reside'
dans l'universalitd-des dtoyens. ; ':
Plus tard, Baheuf revint adroitement sur cet objet, et moyennant quelquesmeriagemenspreaIables , ilput dire tout haut :cc Provequer Ie r¢» veildu veritable peuple , le regne du bonheur, • » ~ ,eregne de l'egaliW et de la :liberte , l'itbon-" » • dance-peur .tous , l'¢galite et la liDert6 detous,
» -'Ie bonheur de tous, voila.lesvooux de ces " pretendus fameux insurreeteurs qu'on a paints
» avec des eouleurs si ep9uvaB~s 'auxyeux
» de toute la France . .» .
V enant ensuite aux moyens, il fit voir que dans la realite , ils se rednisaient a operer une revolution dans les opinions , un mouvement general dans Ies esprits, dent it croyait . que les auteurs de l'acte de creation s'etaient exagere les' effets : « Car , ajeuta-t-il tres judicieusement, il .}) est trop sensible qu'une revolution morale,
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( 4~ )
» re$U1~t ~6cessaire de Ia cpnverslon du plus » grand n()mbre des bommes et de la renon» ciation a tou~.l~ passiens quiles subjuguent, » n'est point une chose dont l'execution , par Ie » se"l nJ-oyen de l'aj,ostolatde8 vertus, soit fa-
.» cUe acomprendre. DepUi~ qu'il existe chez p, les. nations des. eclaireurs, des oommes gene» rem qui se eonsacrent a precher les maximes » de Ia supreme raisonet a indiquer la route " de-la vraie justice, on n'a guere vu leurs sue» res, et on Ies a vus presque tous en etrevic» times.»
n fit plus; il prou_ que, lorsque Ie peuple est . opprime , l'insurrection, meme partielle, est / juste et necessaire; et ,s'appuyant de sesraisonnemens et de l'autorite de Mahly , il refuta oompletement Ia doctrine Jethargique des accusateurs nationaux qui avaient dit : « L'insurrection n'est
» legitime que .lorsque e'est l'universalite des
);. citoyens qui la fo»t.» Autant valait-il dire,
jamai8. .
Deux fois B~uffut interpelle de nemmer' ses coo~rateurs J et deux fois il repoussa cette provocation avec horreur.
n repoussa avec la meme indignation ce 5YSteme mensonger par lequel quelques accuses et un defenseur anraient desire· qu'on se defendit en a\t.ribuant l'idee de la conspiration a la ty-
,
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,
rannie, et en faisa.nt de Se!l'agens lea provocia~urs des actes i\es plJl$ dan~ere~ POJ,U' eBe. II s'agi.. 5ait de r acte jl\S1Jl't~le\A' 'a.u .S1Jj et dnquel Ri~Oid s'etaitecrie; «C'est.Griselquil'a.fait»>: «NPD,l) , repondit • fie.:-eJllent ,Bahe\lf " « il ne.I'apas .fait. » Ceo n'est pa& lIM. pj.e~ qui doive faireJ.'ollgW » ~ auteur, et Gtisel .est -un .t.rop gnnd see.;.
» !erat pour avoin fait un pareil acte. »
Toutes les pieces de conviction etaient presentees par Ies aeeusateurs ~Ils l'prdre ,avec lequel ellesavaient eli reellement faites , et les- reunis- SUit aaturellement en faiseeau , iIs en dedui~ent facilernent l'hiswlre· veritable de la OODspira.tiQIl.
Ce que les accusateurs J:eunis~eIit, leg accuses, enchainds par Ienrs cenventions ausysteme M denega.tion, s'dforcer~t de le separer en rapportant les piecesqu'ih asaienteerites ades eauses isolees , a des cir~Ol1$~~fortuiteset :1. des ~~s dijf~rens -. En analY~Jllt ces pie~; ils:Be laisserent echapper aucune occasion d'avouer leure principes deniocratiques , de Ies justifier et de demontrer .que Ia constitution quiregissait .alors la France, n'etait pas celle que Ie ~uplefraJ:l~ s'etait donnee.
C'est ainsi qu'en expliquant un projet d'adresse aux soldats , dont il etait l' auteur (. r 0'!le~ pieces justij'wative8 , nO 23), Buonarroti dit pour-
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quoi it ~wt servi actieement Ja revolution ftan:.. ~ai&e~'; aeveloppa, maigre les interi'uptions d~' tribunal) les raisons qu'il avait eues de defendre la constitution de i 7 93 ; aCcusa Ie goU:~erilement d'usurpation.et deJtyrannier, et fit l'eloge des in:" tentions et des actes du gouvernemerit 'rev~lutionnaire.: « Le serment , s'ecria-t-il, 'que"je fis » de defendre le Code qti'1ln: petiple" immense » avait unanimement sanctionne dans ses jours » d'union et de gloire, n'a pu s'effacer de mon » coeur , et la foi que ron vit des esclaves conser» vet a .leurs rnaitres, je I'avais conservee a un » peuple niagnanime qui 'm'accueillit genereuse» ment dans son sein , et m'intima, dans ses jours » de li]jerte, sa vol6Iite solennelle.»
Tentative. pour Ce ne f'fit pas sans etre vivement emus ~
d€livrer les ac- \ ' . . .
cuses menaces, qu'une foule de citoyens de Vendome et des en-
virons assisterent avec empressement aux seances de la haute-cour. ;Ces vehementes attaques , souvent repetees contre le gouvernement, ces argumentations,.pressantes , d'ou les accusateurs ne sortirent pas toujours victorieux , cette franche d~fei1sides evenemens les plus populaires de la revolution, ce !vir' attachement aux droits et aux interets du peuple , ces temoins a charge qui l'efusai~nt de parler et rendaient hommage a ceux contre lesquels on les faisait paraitre , ces familIes devouees , prcsentes au combat dont elles at-
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( 45 )
tendaien1; Tissue en tremhlant, avaient inspire aux spectateurs, en faveur des accuses , un pressant interet qu' augmentaient to~ les joars les articles d'un journal, imprime sur les Iieun, et les entretiens des hahitans presque' exclusivement occupes de ce qui sepassait au tribunal. .
A ces dispositions, bienveillantes se joignit hient.Qt le desir de garantir les accuses lesplus impliques des dangers dont on les sentait menaces. D'un cOte, on fit secretement des .. tentatives po~ faire insurger en leur faveur une partie dessoldats.qui lesgf,I'daient ; elles n'eurent pas de, succes.: De I'autre, on songea a favoriser une evasion clandestine.
A l'aide de -quelques outils.; furtivement introduits dans la prison, fut ouverte , en peu de jours, par les prisonniers, une large breche par ou ceux qui avaient quelque chose a craindre, alIaient se derober a leurs hourreaux " lorsque la conduite inconsideree d'un des accuses donna l'e'veil et fit evanouir toute esperance de ' fuite.
Environ trente tetes furent vouees a la mort DiI.oan hOI.
• . • tile des aceula ..
par Ie long discours que .Ies accusateurs nauo- te,," uatiouaU1.
naux prononcerent a la'suite des de'bats. Les pie-
ces saisies etaient si nombreuses et si concluan-
tes, qu'illeur Cut tres facile. d'etablir la verite
de la denenciation et de prouver la reaIite de.Ja
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'( 46 ) ,
oonspilation. Ils ne rchiSsirent pas de meme a demontre» qn'elle ~tait criminelle. .. '
Leg accuses' liT'aient soutenu a plusieurs reprisesque , dans l'hypothese meme qn'il 'y eut eu conspiration , il n'y avait pas en crime, parce que Ia constitution centre Iaquelle eile paraissait dirigee, elant subversive de Ia souverainete du peupIe., et n'ayant pa!! et~ aeceptee par lui, n'etait pas la loi veritable. A ;he point ti:Uijenr'et decisif les accusateurs ne repondirent rien, et , seretranchant dans Ie fait, ils pretendirerrt ecarter toute discussion sur la droiture desifltentioiis. Laissant de cOte l'objection Iaplus gr~ve, 'ils s'amuserent a comhattre celles qui leur parurent Ies plus faiblas, et viserent surtout 11 effrayeI' leg ames eramtives par Ia peinture exageree des moyens d'execution, par I'exposition ealomnieuse des in~ tentions des accuses, et par le tableau fantastique des conseqn.enccS' faussement deduitesde leursprojets. Bien, en eWet , De 'partit pins extravagant que cette conclusion ou l'on affirmait , d'un ton doctoral, que,-de la pratique de la souverairtete populaire et de l'egalite, devaient necessairement jaillir la devastation, Ia depopulation' et la desolation de 13. France, et par suite, de fil en aiguille, 'Ie rewur d'un roi.
. II serait aussi inutile que fastidieux de rapporter minutieusement Ies explications forcees , don-
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( 47 )
nees par Ies accuses, am: pieces qu'OIi leur opposait, les dent!gations par lesqitelles ils repousserent les allegations du denonciateur et les legeres ContradictiMS dans lesquelles celui-ci tomba; par defaut de ll1emoU<e, onpar I'envie de paraitre plus prevoyant et plus ruse qu'il ne I'avait eie en eft'et.
'Ladenonciationetait vraie dans son ensemble, la conspiration avait ete reelle, et Ies principaux accuses n'en nierent l'existence que par un pieux mensenge, dont ils ne se promettaient ancun suec~ , et dont its rougissaient dans Ienrcoeur.'
Mais ce qui ne doit pas etre passe sons silence, aeP?DSe, des c'est Ia partie de leur defense generale dans la- accuses,
queUe furent diseutes les principes du droit pu-
blic des Franeais ; la revolution y fut 'justifiee
dans sa plus grande tendance a l'egalite 'et a la sonverainete du peuple , et nous allons en donner
un court resume, pour faire connaitre les senti-
mens dans lesquels ces accuses persev~rerent jus:-
qu'au dernier moment. "
Dans le systeme des accusateurs et du tribunal, les jures devaient se horner a examiner s'il'y avait eu reellement offense a Ia constitation de l'an In t dont ils pretendaient ernpecher les accuses de discuter Ia Iegitimite.
Cependant , les plus impliques d'entre eux ne pcr5isterent pas mains adevelopper et a j u.stifier
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( 48 )
Ies principes qu'ils avaient professes avec tant de chaleur, parce qu'ils lescroyaient '\1Irais et eonfor~s au bien-etre de tous ; ils ne voyaientque Ia leurs veritahles ~oyens de defense am: yeux du peuple et des j lU'es . populaires..
Appel an pa- D'.ahord, ilss'adresserent a Ia vertu des jures,
trlowme d •• jn- fi d' , ;11 d I hi'
res. a n ever er ans eurs ames un no e senti-
ment d'independance ; its essayerent de J.es convainp-e que la sublimite de . leur mission . leur iu_lJl9S~~ Ie devoir de remonter a la source des choses , des'elever au-dessus de laconstitu.t;ion de l'an ill, de soumettre l'origine et I'essence de celle-ci a un rigoureux examen , et de prendre pouli guides de leurs decisions les vrais droits du peuple et .non Ies p1jetentions de I'autorite existante qui, en realite , n'avait pas ete creee par lui.
« ; n n'en est pas ,» disait un accuse, « de cette » affaire comme des procedures ordinaires. La » puissance des accusateurs , Ia faiblesse et I'ob» scurite des accuses doivent appeler l'attention » scrupuleuse des hants-jures sur des eonsidera» tions etrangeres a Ia marche habituelle des » tr,ihunaux. Ce ne : sera pas envain, citoyens, » queles opprimes reclameront devant vous con» tre la cruaute de . leurs oppresseurs. Ce' ne sera » pas. envain que Ie saint. enthousiasme de la » Iiberte reclamera aupres.de :vousrespeet et jus-
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· ( 49 )
» tice pour les principes sacres auxquels nous » du.mes la destruction des privileges, la chute » du !rOne et les progres de la raison puhlique » vers l'egalite desdroits ..... Le peuple VOu!; » chargea de reconnaitre le bien et non d'adap» ter les formules seches de la jurisprudence aux » plans de l'ambition et de I'ineptie ..... Bepre» sentans dupeuple ! soyez Iui-meme ; i1. faut » avoir son coeur pour exprimer sa volonte. »
Avant d'entreprendre de demontrer que la veritable loi des Francais etait la constitution de 1793 , et que celle de l'anID n'etait qu'nn acte de spcliation et de violence, les accuses s'attacherent a repousser l'ho.rreur dont les accusateurs nationaux s'etaient efforces. d'entourerTa loi democratique et ceux qui lui d.~meuraient fideles ,par la peinture exageree de la severite du gouvemement revolutionnaire avec lequel ils feignaient de lit confondre.
« Vons rappeles toU)' ours » dirent les accu- JDltllIc.UOn
, d. ,ouyene-
-ses' « les mesures de 17'-' ~ . mais vons passez sons meat reyolu-
, ';J" , !louulro.
» silence ce qui preceda la malheurense neees-
» site qui les fit employer. Vous ouhliez de rappe» ler a la France les innombrahles trahisons qui » firent perir des milliers de citoyens ; vous ou» hliez de lui parler des progres effrayans de la » guerre de la Vendee, de la livraisoo de nos )) places frontieres , de la defection de Dumou-
4·
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( 50 ):
» riez et de la protection revoltantequ'il trouva » jusqu'ausein dela convention nationale ; vaus » ouhliez de lI'3Jl1ieIer les cruautes inouies , par » lesquelles les feroces Vendeens dechiraiene » par lambea.ux , et faisaientezpirer au milieu » des tourmens Ies plus raffines , les defenseurs » de Iapatrie et tousceux qui gardaient quel» que attaehement a Ia rdpuhlique. Si ~ous evo» ques Ies manes des victimes d'une deplorable » seycrrte , amenee par les dangers toujours » croissans de Ia patrie , nous exhumerons lei I) eadavres des Francais egorges par lescontre» .revolutionnaires a Montauhan ,. a Nancy, au » Champ-de-Mars, dans la Vendee, a Lyon, » a Marseille, a Toulon; nous eveillerons les » ombres d'un .million.de repnblicains , moisson»- nes aux frontiCres par les partisans de Ia tyl) rannie', conspirant sans cesse .pour elle , au » sein meme de la France, nous mettrons en 00 .. n lance Ie sang que vos ainis ont fait eouler , par » leurs froids calculs, avec celui que lespatriotes » .oilt verse' a regret dans I'emportement de- la » defense, .et dans l'emltation de l'amourde Ia » liberte..... Est-es DOllS ou Ia liherte que les »<aceesatenrs natioriaux se sentcharges depour» suivre.j' ..... Leuracharnement ne nons sera ,n "pas. mabie., et les hauts-j.ures dem8eront, .», sansdoate , dans la partialite de: leurs ta-
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( 5. )
» hleaux et dans l'affectation avec laquelleils de" » naturent l'histoire, et entassent sur la tete des » aceuses des faits qui .leur sont etrangers , » cette haine secrete que Ies ennemis de Ia repu» hlique , plus adroits que nous , ont vouee a » ses intrepides et trop confians amis. »
S'etre coneertes, dans Ie dessein de renverser. la constitution de ran HI pour lui substituer celle de 1793 , et dans celui de porteratteinte aux proprietes par I'etablissement de la communaute des hiens, etaient les deux grands chefs d'accusation dont Ies accuses avaient a se defendre.
« Assurement, dirent-ils ,nous aimons la CQllS» titution .de 1793; nous l'aimons parce qu'elle ~) garantit au peuple Ie droit inalienable de ~e» Iiherer' sur les lois; nous l'aimons parce qu'eUe ». futsclennellement acceptee presque a l'unani~) mite p~ Iepeuple franeai», »
« Assurement -ajoutaient-ils nous eonside- Elose d. I.
, , CODltitDtiOD d.
» rons encore cette constitution comme Ia verita- '793•
» ble loi fondamentale de la France, parce que
» celle de ran ill a. depouille Ie peuple du droit
» effectif de souverainete , et parce qu'il est faux
» que Ie meme peuple l'ait acceptee. » -
LeS raisons et les calculs par lesquels les accuses. demontraient la verite de leurs assertions, etaient si convaincans, qu'apres une longue argumentationde' part et d'autre, l'accusateur
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Viellart s'avoua vaincu en prononcant ces mots:
AU8UrplUlJ, j' oMi8.
Lei aeeal.r. « Veut-on, poursuivaient les accuses, que
loatieDDent I.
IIICitimit" de I.» nons ayons appele l'attention du peuple sur
eoa.plralioD.
» cette etrange infraction de ses droits ? En cela ,
» nous n'avons fait qu'user du droit de parler et » d'eerire que la constitution de ran III garantit » a tous les Francais,
» Pretend-on de plus que nous nous soyons » cencertes pour retablir de gre ou de force Ia n constitution de 1793, que nons regardons n comme sacree , comme la sauvegarde de la li» berte publiquef D'ahord , ce concert que nous » nions n'estpas prouve.et l'ahsenc~ des moyens » d'execution suffit seule pour eearter tout soup--
•
» ~n de eonspiration dangereuse et criminelle.
» Mais eussions-nous reellement conspire it ref» ret de retablir Ia constitution de 1793, nous » n'aurions fait que suivre les mouvemens d'une » ·conscience pure, nous n'aurions fait qu'obeir » It la loi veritable, nous n'aurions fait que ce » que tout vrai citoyen doit faire , nous n'au» rions fait qu'accomplir Ie serment d'etre fide» les It la liberte , It la souverainete du peuple et » It larepublique, »
Tandis que les accusateurs et'Ie tribunal pretendaienL que les jures devaient se horner It examiner si on avait voulu attentcr It la constitution de
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( 53 )
l'an III, les accuses representaient que, si on voulait a tout prix qu'ils eussent conspire, leur conspiration n'etait pas un crime, parce que l'autorite contre Iaquelle elle paraissaitdirigee, n'ayant pas ete agreeepar Ie peuple , n'etait pas legitime. Ce fut sur ce defaut de legitimit~ que les accuses appelerent pos~tivement la deliberation du jury.
Quant au dessein d'etablir la eommunaute des COmDlDD8u18
d .. bleD. dareD
biens , il ne fut pas necessaire aux accuses de Ie du. r.r B. beaf
discuter longucment, parce que 'les ecrits qui renfermaient les plans successifs de legislation
n'ayant pas ete saisis, et rien de semblablen'ayant
ete propose devant Ie denonciateur , cette partie
de l'accusation etait faiblement etablie. Cepen-
dant, Babeufqui avait fait souvent de celtecom-
munaute Ie sujetde ,son TrWu'n du Peuple , ne
negligea pas d'en parler; il exposa ses opinions democratiquessur cette matiere, etles jus.ilia par
Ie raisonnement, par Ie tableau des maux inevita-
bles qui affligent la societe, el par d'imposantes
autorites. La p'1'op1"ieM, dit-il, est sur Ia 1M".. +
la cause de tow les mau«,
« Par la predication de cette doctrine, proclamee depuis long-temps par les sages, j'ai voulu
'rattacher a la republique le peuple de Paris, fatigue de revolutions, dfk-ourage par les malheurs, et presque rO'!jaZise par les menees des ennemis de la Iiberte. »
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( 54 )
PerorailOD d. BABEUF termina ainsi sa longue defense: « Sila
B.begr.
» hache menace ma tete, les Iicteurs me trouve-
,. ront tout pret; il est glorieuz de mourir pour » la causedela vertu ... La decision des jures vare» soudre ce probIeme :la France restera-t-elle une » republique I ; ou sera-t-elle la proie des brigands » qui la demembreront , et redeviendra-t-elle » une monarchie ?; •. Citoyens jures, eondamne» rez-vous deshommes que l'amourde la justice a » seul oonduitsf Voules-vous accelerer la centre» revolutienet preeipiter la chute des patriotes » souslespriignards des royalistes triomphans ? .. » Cependant, si notre mort est resolue , si la do» che fatale a sonne pour moi, il.y a long-temps » que je suis resigne. Collstamment victimedans » . cette longue revolution, je suis familiarise avec » les supplices. La roche tarpeienne est ton» jours presents ames yem:, et Gracchus » Babeuf est trop heureux de monrir pour son » pays. Eh! tout bien eonsidere , que manque-t» il a maconsolationf puis-je jamais attendre de » finir ma carriere dans un plus beau moment » degloire ? ..... J'auraieprouve, avant ma mort, » des sensations qui ont aceompagnd rarement » celle des hommes qui se sont sacrifies pour » l'humanite..... la puissance qui fut bien forte » pour nous opprimer long - temps, ne le fut
• Quatre ans apres, il n'en restait plus vestige.
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( 55 )
» guel!eS)XMH' nom diffamer. Nous vbnes la ve» rite jaillir de teas les pineeaux pour burin ner , des, notre ~t, les faits qui nous hono» IUlt et feront eternellement la honte de nos » persecuteuraL'histoiregraveranos noms en » 'traits honorables.Queis soot aussi ces hommes » au; milieu desquels je suis traite comme ceu-
» pablei' C' est Drouet, e' est Lepelletier! .
» 0 noms CheFS ala repuhlique! .... ; Voila done » mes complices!. ... Amis, vous qui m'entourez » de plus pres sur ces gradins , qui etes vous en» core? ... , je vous reconnais :"fOUS eles, presque
» tous , des fondateurs , des fePJDeS soutiens de )' » cette republique; si l'on "fOOS condamne, si
» l'on me eondamne, ah ! ie Ie vois , nous som-
» mes les derniers des Franeais., nons semmes les
» derniersdes energiques repuhlicains ..... l'af-
» muse terrenr royale va partout promener ses
» poignards!...Ne vaut-ilpasmieux emporter la
» glome de n'avoir P!ls surveeu;, ~ .Ia servitude,
» d'etre morts pour avoir voulu en preserver nos
» concitOyens? .. 0 mes enfans (des larmes coule-
» rent de sesyem) jen'aiqu'imregret.bien amer
» • a vous exprimer : c'est ~ayan~ desire forte-
» ment de coneourir a vous Ieguer la liberte ,
» source de tons les biens, je vois apres moi l'es-
» .clavage, et je vous laisse en proie a tous les
» manx. Je n'ai rien du tout a vous leguer !!! je
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Queltlona lur lei f.llI.
( 56 )
» nevoudrais pas. meme vous leguer mes ver» tus civiques , ma haine profonde contre Ia ty» rannie, mon ardent devoUment a la cause de » l' egalite et de la Iibertd , mon vif amour pour » Ie peuple : je vous ferais un trop funeste pre» sent. Qu'en feriez-vous sous l'oppression royale » qui va infaillihlement s'etablir? Je vous Iaisse » esclaves, et cette pensee est la seule qui deehi» rera mon ame. dans mes demiers instans. Je » devrais dans ce cas , vous donner des avis sur » les moyensde supporter plus. patiemment vos » fers et je sens que je n'en suis point capable.»
Au premieres questions qui furent soumises a Ia deliberation des jures et qui ne portaicnt que sur la realite de ll\ conspiration et sur la participation que chaque accuse y avait eue, le tribunal, a Ia requete du chef du jury, en ajouta d'autrestouchantles provocations ecriteseu verbales au retahlissement deja constitution. de 1793. Cette additionproduisit dans Ie titre de l'accusation un changement d'autant plus ilIegal.qu'il soumit tout a coup a l'examen des jures les ecnits sur lesquels il n'avait jamais ,ete permis aux parties de s'expliquer I. Les plaintes que firent a ce
I Un jugement du tribunal criminel de 1a Seine a solennel- . lement reconnu depuis • que lea questions relatives aux provocations dont i1 s'agit , furent poaees par la haute-cour en contravention a la loi.
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sujet quelques accuses, soutenus en cela par l'avis des accusateurs nationaux, ne furent pas ecoutees.
Les accuses s'eleverent vivement mais pas avec Qa~.t1oD ID-
, tlotloDo,lIe.
plus de sucees, contre la maniere dont £ot posee .la
question intentionnelle et dans laquelle ils virent la preuve d'une haineuse partialite. La loi ordonnait sous peine de nullite .qu'en toute circonstance Ie jure, apres avoir declare le fait constant et l'aecuse convaincu, ajoutat: « n me parait ou » il ne me parait pasavoir commis tel fait me» chamment et a dessein.» C'etait surtout sur Ie maintien del'adverbemechamment qu'insistaient les accuses, parcequ'ils y vDyaient nne invitation faite au jury, d'examiner la legitimite des motifspar lesquels ils avaient justifie hypothetiquement la conspiration,
Ce fut au sujet de la question intentionnelle que les accuses s'erprimerent ainsi en. s'adressant am: jures ~ « Descendez dans votre coeur , »'Vous y. trouv.erez une voix sourdequi vous » crie: ces hommes enfin ne revaient qu'aubon-
» heur de leurs semblables La revolution
» ne fut pas pour tons un jeu d'interet person» nel. Penetrez-vous bien, citoyens ,. qu'il Y eut » des hommes qui la regarderent comme un eve» nement important pour l'humanite ; soyez » hien convaincus qu'elle devint pour eux une » religion nouvelle a laqnelle ils surent par UD.
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» abandon absolu sacrifier Ies COn"eB8.llCCS , Ies
» biens, Ie repos et la vie FrapPer unami
".» de Ia liberte , c'est tendee la main am rois .
1l Vous jugez la Iiherte : elle fut reconde en » martyrs et en vengeurs de leur ~u!mOire.Elle » expire, Ia Iiberte , quand on etoulfe lespas» sions genereuses, quandon presente .aus » hommes qu'elle enflamme les teres sanglantes » de' eeux qui se devouereBt pour elle.', ... Les » accusateurs ont pretendu que nos argumens » fussent-ils vrais, les jures ne pourraient pas » s'arreter aux motifs qui ont pu deterwiiler les J) accuses, ni voir dans IeaJ!5 intentions autre " chose que l'intention de renverser Ia consti» tutien de 1795. Si~nadmet cette e~nge pre. » tention, il n'y a plus en France ni institution » des jures, ni patrie. D'abord ce n'est pas sur » le renversement.de Ia constitution actuelle, » mais sur celui de I'autorite legitime, qu'il » faudrait porter I'attention desjures; car pour» raient-ils declarer coupable celui qui tout en » agissant centre .Ie gouvernement actuel aurait » fermement era. agir en faveur de la verita» ble Ioi ?, A quoi se reduirait alors ce senti» ment interienr du bien ou. du mal qui rend si » precieuse pour les ames pures, l'institution » des jures ? A quoi se redu.irait le soin que la » lei a pris de concilier par les questions-sur
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» l'intention et sur l'excnse les contradictiens » si freqnentes entre les preceptes de 'la loi na)! turelle et ceux des lois Positives? A quoi se roe-
» duirait Ia loi St1p~ine de I'interet du peuple • » qui ordonne a ses mandata ires de compter
» pour principale circonstance dans Ie coeur des
» accuses l'amour de la patrie et le deveuement
» pour eUe? »
Quelques jures se joignirent aux accuses pour demander que les questions sur l'intention fussent posees selon la formule prescrite par la loi; ce fut en vain. La haute cour persistant dans son systeme , restreignit ces questions a ces termes : (t I'aeccuse a-t-il conspire ou provoque dans l'in» tention de eonspirer oude provoquer? » Ainsi fut interdit tout examen concernant la moralite.
fly avait seize J. ures: quatre suffisaient pour . Declaration du
, Jury.
absoudre; trois seulement furent constamment
favorable! aux accuses. Gauthier Biauzat que nous nommons, parce que nous savons qu'iI a cesse de vivre, etait au nomhre de .oeux-ci; il demeura fi.dele au peuple et il ne tint pas a lui que personne ne futcondamne.
Cependant toutes les questions relatives a la conspiration furent resolaesnegativement, ~ais il fut malheureusement reconnu par treize jures qu'il y avait eu des provocations verbales et ecrites au retablissement de la constitution de 17g3,
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et que Babeuf', Darthe , Buonarroti, Germain, Cazin , Moroy , Biondeau, Menessier et Bouin y avaient participe ; les deux premiers sans circons-
• tances attennantes , tous les autres avec res circonstances.
Des l'aurore du 7 prairial de ran V, Ie roulement des tambours, le bruit de l'artillerie et Ie mouvement extraordinaire des troupes 6rent pressentir aux habitans de VendOme Ie triste denouement du drame dont ils avaient ete spectateurs.
Condamaatiollo Tout annoneait aux sept accuses ci-dessus qui etaient presens , leur fin prochaine; ils parurent pour Ia derniere fois devant le tribunal qu'entourait un morne silence; un peuple nombreux et inquiet remplissait la salle dont toutes les avenues ~taient gardees avec un grand appareil militaire.
A la declaration fatale , prononcee d'unevois emue par Ie chef du jury, succeda de Ia part des accusateurs la demande de Ia mort de deux accuses et de Ia deportation de tous les autres.
Une demiere tentativefut faite : un de ceux-ci aide d'un defenseur somma le tribunal de prononcer l'acquittement general sur Ie motif que la loi du 27 germinal de ran IV, dont les accusateurs nationaux venaient de requerir l'application , etantprohibitivede la liberte de la presse ,
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avait cesse d'etre en vigueur, en vertu d'un article de la constitution portant que toute loi de ce genre n'aurait d'effet que pendant un an au plus.
Le tribunal n'y fit aucune attention; il dit a Babeuf et a Darthe : MOUREZ, et aUI sept autres:
Allez trainer ume vie mallu]U,.8U118 loin de lo patrie dan, de« climat.s1walarrs et meu'1'trierl.
AI'· ta t· d t ulte e it te dre ; B .... af.lDarIns n un gran um se lal en . n , tho! Ie fr.pp .. r,
Babeuf et Darthe se frappent; on 'erie de toute Tumult ••
part 011 les ossassine ; Buonarroti proteste et en
appele au peuple ; les spectat.eurs font un mou-
vement que cent bayonnettes tournees contre eux
repriment aussitOt; les gendarmes saisissent les
deportee , les menacent de leurs sabres et les en-
trainent avec leurs compagnoDs mourans hors de
la vue du public.
Mais la faiblesse de leurs poignards qui se casserent ne permit pas aux deux eondamnes a mort de s'eter la vie. lis passerent une nuitcruelle dans les souft'rances que leur causaient les blessures qu'ils s'etaient faites ; le fer etait reste enfence pres du coeur dans celle de Babeuf.
Leur courage ne se dementit point et forts de Es •• utioaaan_
, glante.
leur conscience iIs mareherent au suppliee comme
a un triomphe. Pres de recevoir le coup fatal, Babeuf parla de son amour pour le peuple auquel il recommanda sa famille.
Un deuil general couvrit Vendeme au mo-
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- .
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ment .ou perdirent la vie ces genereux defenseursdel'egalite ; leurscorps mutiles quedesbarbaresavaient fait jeter a Ia voirie, furent pieusement ensevelis par Ies eultivateurs des environs.
V.dier. Cinquante six accuses furent acquittes ; de
ce nombre etait Vadler ancien membre de la convention, a l'egard duquel la haute-cour prit une mesure dont il est bon de relever l'injustice evidente. Ce malheureux vieillard " qui, par l'integrite avec laquelle il avait rempli , avant Ie funeste therrnidor, les fonctions difficiles de president du eomite de sUrete generale, s'etait attire la haine . aveugle des' ennemis de la revolution et de la justice, venait a peine d' eehapper a une sangiante proscription, lorsqu'on saisit un nouveau pretexte pour l'y replonger. Quoiqu'il.n'etit eu aueune cennaissance dela conspiration et qu'aucun sou~ ne s'elevat centre lui, il fut arrete , traine a travers mille dangers de Toulouse a Paris, mis en accusation et traduit a Vendome. Dans Ie cours des debats, il essaya en~ain de justifier sa conduite puhlique, la parole lui futotie. Cepelldant force fut de l'acquitter; mais, tout en
. I'acquittant , on ordonna que sa detention continuerait , attendu, tel fut Ie motif allegue , qu'il existait un decret de Iaconvention qui le deportait. Le croira-t-on? Ce decret avait ete revoque et n'existait plus. Et ee fut par une erreur. de fait
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( 63 )
si facile a verifier que des membres du premier tribunal de la repuhlique, auxquels une loi avait attribue Ie don de I'infaillibilite , infligerent arbitrairement et sans interroger la dessus la partie interessee , une peine tres grave qui dura longtemps et eut ete perpetuelle , si le grand crime du 18 brumaire n'y avait Fas mis un terme.
Peu de temps apres les cinq deportes presens GeDe~o~ite .d~
, la munlClpahte
furent jetes avec Vadier dans Ie fort construit deSaint-L6.
sur l'ile pelee a I'entree de la rade de Cherbourg.
lIs parcoururent cette longue route enchaines et enfermes dans des cages grillees , tantOt exposes
aux injures et aux menaces, tantOt recevant les
plus touchantes marques d'afI'ection et de respect. AFalaise, Ii Caen et Ii Valogne, its coururen~ d'im-
minens dangers, mais its furent accueillis avec
ami tie et honoree au Mellereau , a Argentan et Ii Saint-LO. Dans cette derniere ville, Ie maire a
la tete du corps municipalles complimenta et les embrassa en les appelant nos freres malheureu»,
Vous avez defendu, dit-il, les droits du peuple,
tout bon citoyen VOU8 doit amour et reconnais-
sance. Par arrete du conseil general, its furent
loges dans la salle de ses seances ou les secours
et les consolations leur furent prodigues.
Pendant long-temps les bons hahitans de Ven- Bonte desVen-
d ' , dr d6mols.
ome montrerent avec atten issement aux voya-
geurs la derniere demeure des martyrs de l'egalite.
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..
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•
PftCES
J,USTIFICATIVES.
I "
CONSTITUTION
, BELA
REPuBLIQUE FRAN9AISE,
, " , t
, ,DECUTEE PAll LA COl!lVBKTIO. l .... TJO • .ALE Elf L Alf 17g3.
Declaration de, droits de flwmm&e et du citoyen.
Le peuple franeais , convaincu que l'oubli et Ie mepris des droits naturels de l'homme sont les seules causes du malheur du monde, a resolu d'esposer , dans unedeclaration solennelle, ses droits sacres et inalienables , afin que tous les citoyens , pouvant comparer sans cesse les actes du gouvemement avec Ie but de toute instit~tion sociale , ne se Iaissent jamais opprimer et avilir parIa tyrannic; afin que le peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa libert~ , de son bonheur , Ie magistrat la regIe de ses devoirs, Ie legislateur l'objet de sa mission.
5.
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T66) .
ARTICLE PREMIER .
. , :.. r. ,', I, . ( ,.,. '
Le.~t de .la :iociete ~~le :hdnh:elk', ~un ..
Le gouvernement est institue pour garantir a l'homme la jouissance de ses droits naturels et
imprescriptibles. ,,, '"
ART. 2.
Ces droits sont: l'e.KaJi~e.1Ja ~i~!,te 1 la s'lirete,
la propriete, ,', .:,: ~ " '
A.R~. 3.
Tous les.hommes sonteg.a,~x ~ la nature et
devant la loi. . ' ,
.. , "ART. 4 .. , .. ' I
La loi est l'expression libre et solennelle de la volotrtlgclle1"a'le"; ~ne' e~ 'fa mente pourtotts, soit qu'elle protege ou qu'eUe 'punisse; elle ne peut ordconer que ce qui est justeet utile a la societe; elle ne peut dewndre que ce qui lui est nuisible.
r , ART. 5. r
. 'fo~ les .citoyens sont, eg!lleme~t admissibles ~ux emplois publics. Les peu.pfes tihres ne con~aiss~~t d'ilU:tres ~otifs de prerere~ce dans leurs elections que les vertus et les talens.
I " ' ' ART., 6. ,',
, La lihert~ est' lepouyoir' qui appartient jr l'homme de fake tout ce qui ne nuit pas" ~ux (~ .. oits d'autrui :, ,~ne a poul'princtpe, Ia nature pour regIe, la justice; pour sauve-garde , la to]
sa limite morale est dans cette maxime : '
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(eNe fais paS'hauthli ce que hi ne ~euX' pas qu'iI
») tt90it flit. » . . .
ART. 7 .. ' ..
Le droit de manifester ~ pensee et ses opinions, soitpar la voiede la pv~, soi,· de toute autre ~fQ, ~ 4.,ut de iassemhler pai&ibiem.ent, Ie libreesereice ~s cultes , 06 ~uven,tet"e.iDter,. dits.
La .necessite d'enoneer. ces droits suppose ou la p~elflllce. Of ;,~. $OJlvenirrecen~ dn despo-
tJ&We. . ;.; : I
. ART. 8' .. 1.. ...•
'L~ :~Urete c~n~~w dans la P"9t£ctio~ ac~orde~ par la societe achacun de ses membres , pour.l~ conservation d~ sa Rersonne, de ses droits et de
ses proprietes. . ..'
ART·9·. .
. La)loi d6it pl:oteger la liber~~ puhli.ll\le~tindi~ viduelle centre Toppression .~~<c.e~ «JU:igpuverr
•• ,', I ~) - .' }'I IJ •••• , ,,_. •
nent. . .
,. 'AA't.· tn .. ; .,
Nul ne doit ~tre accUSe ~" arreie rti de~hu que dans les cas determines par 13; 10i, et selon Jes formes qu'elle a prescrites; tout d~yen appele ou sais~ parl'autorite de la16i,'.d()itob«Hr a.l'instailt; it se rend conpable par sa'resistance: ..
ART. II.
Tout acte exerce contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi determine , : est 31'-
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( 68 )
J)itraire et tyrannique,,: celui centre lequel on voudrait Texecuter par la violence, a Ie droit de Ie repousser par la force.~'
ART. 12.
\ Ceux qui solliciteraient, expedieraient, signeraient , executeraient ou feraient executer des actes arhitraires; seront eoupables et doivent etre punis.
ART. 13.
Tout homme «!tant presume innocent ,ju8- qu'a ce qu'il ait ete declare coupable , s'il est juge indispensable de I'arreter " toute rigueur qui ne serait pas necessaire pour s'assurer 'de sa personne, doit etreseverement reprimee par la loi.
, ART. 14;.
Nul ne doit etre juge ni puni , qu'apres avoir ete entendu ou Tegalement appele,. et qu'en vertu d'une loi promulguee anterieurement iau delit, La loi qui punirait des delits commis avant qu'elle existat , serait une tyrannie; l'effet retroactif donne ~ la loi , serait un crime.
ART. 1·5.
, La loi ne doit decerner que des peines strictement at evidemment necessaires : .les peines doivent etre propertionnees au delit et utiles a Ia so-
ART.' 16 ..
, . I
Le droit de pr~riete est celui .qui appartient
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( 69 )
a tout citoyen , de jouir.et,de disposer a son gre ~,sesP.i~.:p.s, ~e,se,s·fev~p.",~~uit~~ ,~.lI'a~.ai.ll~t,d~so,n,lnclustrie, !.;,;.(\,,' i) ::!. ',' . <,
.:': "bT. 17."
, NUl genre de.travail, dereeltare , de:cODl;merce ne peut etre interdit a l'industnie .des citoyens.
, ART. 18 ..
Tout homme. 'peut engagerses: services, son temps,' mais u ne peutse vendre nietre vendu. Sa personne n'est pasune proprietealienable.La loi ne reconnait point de domesticite ; il ne.peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance entre l'homme qui travaille et celui qui I'emploic.
ART. 19.
Il ne peut etre prive de sa moindre portion de propriete , sans son consentement , si ce n'est lorsque la necessite publique legalement constatee I'exige , et sous la condition d'une juste et prealable indemnite,
ART. 20.
Nulle contribution ne peut etre etablie que pour l'utiliU; generale. Tous les citoyens ont droit de concourir a I'etablissement des contributions, d'en surveiller l'emploi et de sen flUre rendre compte.
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{ 7'G ~
_., .", hT;,i2.1. ~;;. .'
J Les secours puhlies>Sont· une dMte saeree.' IA societe doit Ia subsistance aux citbyenstnalli~~ , reux, soit en leur procurant du travail , soit en aJ81lI'Il'Ilt les mOyens :d'exi&t.encre Ii ceUJ:cpi sont
hoI'S dlemt dettia'V'dleto. ' ,
ART. ~2.
L'instruction est Ie besoin de tous. La societe doit . favor_ de tout son pouvoir loS progres de .la J'aisoppublique ,et mettre l'iiJMNctlon • la portA:ie de tous l~ citoyens.
ART . .25.
La garantie· sociale consiste dans Taction'de taus', pou.r .assurer a chacun la jqu.i~nce etla conservation de ses droits; cette garantie repoee sur la souverainete nationale.
; AR'l'. 24.
Elle ne peut exister , si les Iimites des foncticms publiques ne sont pas elairement determinees pat" la loi , et si la responsahilite de toOf' les fonetionr naires n'est pas assuree. ;.:
ART . .25.
La souverainete reside dims lepeuple. Elle est une et in~visibl<,. imprescriptible =. inalienable. ' , ' , ." " ' , ,
ART. 26.
Aucune portion du peuple ne peut exereer la puissance du peuple en tier ; mais chaque section
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( 'i t ) ~\l,~qwrfliJ);~ Mit: jeuirGD:dmit d'incprimer.Mi~nte ....me:une-entiCre.libelltcL .. ; .
. A,j.T.·:irJ .
,. ;Q~ ·tQUt individM:qui murper.ait.la sOuYel'ainete , soit a I'instant mM a mort par Ies _JOts . lihres.
hT.~8.
• i • • ,
~ ., I •. ' , ,t • ," 11 '.', ; , " I :.," I .' .i ~
Un people a, toujours le ~roit de ~~ir , ";~~r.¢~
for.~e~et de c~~a- ~a cOllsb.t~tio~ ;.1:m.ei~neration ne pCutJassujetira's~ ~~s les'.#n~r4tions
futures. ''''.. . .. ,. ..,.:. .
·AIl.T·29·
, 'Chaque clloyen' a un dt'dilega1'de'oonoourlr a fa fo'fulaliollde lea 101, ~ a la Mnination:ae ~
mandatan.es ou-de·_ agens. " ". .
ART. 30
. LeSfonctionspuhllqu.es S6Jlt tntierement tem'peraires; elles ne'peuvent etre considerees comme des distinctions ni commedes recompenses, mais comme des deveirs.
, '
ART. 31.
Les delits des mandata:ires du peuple et de ses agens ne 'doivertt jamais etre impunis. Nul n'a le droit de se pretendre plus inviolable que les autres
citoyens.
ART. 32.
Le droit de presenter des petitions aux deposi-
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( 7" )
taires de l.'autmi.e ,publique, ne pent, enaucun cas, etre intenlit, snspenduni' limite .
. Art. 33.
La resistance a l'oppression estIa consequence
-des antres droits de l'homme. .
ART. 34.
n y a oppression contre le corps social, Iorsqu'un seul de ses membrcs est opprime. .
.. n y a oppression contre chaque membre lors. que Ie corps social est opprime.
ART. 35.
Quand Ie gOll~rnement viole les droit$ du peu.ple ,1'insurreCbQn est pour Ie peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacre des droits et le plus indispensable des devoirs. .
. SigruJs.. CoLLOT-D'HEB,BOIS, president, DURAND-M.uLL4NNE ,
Ducos ,
MEAULE ,
Cu. DELACROIX, GossUIN ,
P. A. LALOY, ~ecretaire.
\ \
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· CONSTITUTION REPUBLICAINE.
De la .RepubliqU6. ·A.RTICLE PREMIER.
La re~ubliqUe franf<\iSe estune et ilulivisible,
De 10, diatribution du peuple.
ART. 2.
Le peuple Francais est distribue, pour -l'exer-· cice de sa souverainete, en assemblees primaires
et en cantons.
A:RT. -3.
Il est distri~ue ·pourl'administr~tiO:h et Ia justice, en departemens; districts, municipalites.
De l'/ttatdes cito.rem.
AIlT. 4.
Tout homme ne et domicilie en France, age de vingt-un ans accomplis; .
Tout etranger , age de vingt-un ans accomplis,
qui, domicilii: en France depuis une annee , Y vit de son travail;
Ou acquiert une propriete ; Ou epouse une Franeaise ; Ou adopte un. enfant;
Ou nourrit un vieillard;
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Tout etranger, mfin , qui S8~a j uge par Ie corps Iegislatif avoir hien merite de l'humanite ,
Est: ad~is • 'l'~eI'eice d~ ~~ ~eitoyen Francais.
L'exercice desdro~ d.e .. (:itf'yen se perd: .Vru;. llt, na~W'alisati~n eno:pays, ~~a~~r i , Par l'acceptation de fonciionS:~u' rav~urs 'ePla-
nees d'un ,gOll¥ern~t llOA"I~P~air.e~ 0 .,
Par la condamnationa des peines infamantes , op.,a1Bictives., .iUflqu'a,la.r~il:itati.on~ ... ,.
ART. 6.
L'exercice des droits de citoyen est SWlpellqQ.;
Par l'etat d'accusation;: .
, P~ o~j~eJlle~~:-de,~~UIP~~~.,~nt 'f.l~ Ie
j~~n'estpas,aneanti." ," . "'" 'I;
•. , • _, .' J _ ~ • .': J ~... j' . ,_, ~
. D~ la 80'Uverainete du peuple. ~T. '7'
, Le peup~e ~uveraj~ est l'~iv~rsalite des ci-
toyens Fran~als. ..'
ART. 8. '."
II nomme 'immediatement ses deputes. .
AJlT~ 9.' ... "
Il delegue a des electenrs Ie choix des administrateurs, des arbitrespublies , des juges erimi-
nels et de cassation. ( .
AR:r. 10.
Il delibere sur Ies lois.
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,(;1,5,)
DeB _ aS8effl,ble.e,,; pN'ltuK'I'ea .
. ·AnT-. Icf.. .. ~ .. ,
.
, l.:
Let assembieesprimairesse''eOmpoeent des, oiteyeni, 'CIomicilies deptAcl'siK-;IIIOis,danS dlaque
. ,
canton. l-
ART. I:J.
Elles sont eomposees de 2'00 citoyens au moins, de 600 au plus, appeles a 'voter.
ART. 13.
Elles sont consti tuees par la nomination d'nD president, de secretaires , cle scrutateurs.
_ J ' ART., 14·, !.
Leur police leur appartient., Au. ,10
Nul n'ypeut paraitre en armes. hT. lti.
Les elections Be fent au seNltin ou a haute voix, au choix de chaquevetant, '
, .AtT: 17·
Une assemblee primaire ne peut , enaueun cas, prescrire un mode unitOrme de voter.
" ART. 1& '
Les -scrutu.eurs CODStat~t ~. vqk tleSci\o.yeDS qui ne saehant point ec;rir~ , pNiter~nt ~e voter
auscrutin.
!:aT. 19.
Lessuft'1lIges sur lee If)~ wJ\t,~s par oui , ou par ftOn.':
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('76 ;)
, .\.,,, , All.T.20:'" ,
Le voeu de I'assemhleeprimaire est proelame ainsi : Lea citoyens;reuni8en ·Q,si&mbli,primaim ·dtt ••. : :au tWn6re dtJ .. ~ ivotans ; tt-'Otimt· pUUl' ou oontre , a Ia majorite de ...
De la representation natiortale.
ART. :AI.
La population est Ia seule hase de presentation nationale. .
AaT. 22.
Ia re-
Il y a un depute en raison de quarante mille
individus. i
Au. 23.
Chaque reunion d'assembleesprimaires , resultant, d'une population de 39,000 a 41,000 ames, nommeimmediatement un 'depute.
All.T. 24.
La nomination se fait a Ia majorite ahsolue des
suffrages. .
ART. 25.
Chaque asseIDhIee fait Ie depouillement des suffrages et envoie un' commissaire pour 'Ie: reeensement general, au lieu designe comme le plus central.
Si Ie premierrecensement ne donne point de majorite ahsolue , il est . precede a un second
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( 7'7 )
appel , et on vote entre les ;deux citoyens qui ont reuni ,Ie plus de voix~
, ART. 27.
En cas d'egalite de voix , -le plus age.n la: preference, soit pour etre ballote , soit pour etre elu. En.cas d'egalite d'age , Ie sort decide .
. 1, ".. • . " L ". .
ART. 28.
, .
. Tout Francais exereant les droits de citoyen, ~~ ,eligibl~ dans I'etendue de la republique.
, . ART . .29,
Chaque depute .appartient. It la. nation. en-
tiere,
ART. '30.
En cas de non acceptation, demission , decheance ou mort d'un depute, il est pourvu a son remplacement par les assemblees primaires qui I'ont nomme.
Au. ,31.
Un depute qui a donne sa demission', ne peut quitter so~ poste qu'apres Tadmission de son sue-
cesseur.
ART. :32.
Le peuple francais s'assemhle tous les ans , Ie premier mai, pour les elections.
ARTI 33.
n Y procede , qqelque soit Ie .no~e des citoyens ayant droit d'y voter.
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,~ is y ..». ;,; h-r, 34."
, "i,
.' ,
Les assemblees primaires se ferment extraor-'
dinairement sur la dimIande du cinquieme des
citoyetis'qui:Ollt droitd'yvoter. ' " '
.... " ... ' . A1t'!', "35,' ): r
La ~o~~~ti~n' s~ f~it " ~ri '~~ :<:a~ ; lp~r 'ia 'inuiii~
cipalite du lieu ordinairedu' rassemblement.
, Ai,.., '36.' ' ' ,I " ..
• ' J r ' . t '.". I'
CeS asScmbIees' extraordinai~es ne d~libe~eht
qu'autant que la moitie, plus un, des citoyens qui oBi .-oil d'y mter;,IODtpresem.
Des as8eml?le~ t!lecfMales hr. 37'
Lee, c!toyen8 r;eums' en assemblees I primail'es ~ nn dlecumr a: raisen de aoo citoyell8 , presens ou non; deux depuis 301 jusqu'a 400,; 3 depuis 50 I jllS(}\l~a,()Oi() .. '
, ;, :AiT."i38. .: ';';';' I,'
"', , . t· . .,. ,( ".'. ,-.,
La tenue des assemblees electorales , et le
mode des elections" ':'Ont les memes que dans les asse~lCes primaires.,
Du oorps ,16gislat;,f. ' ,ART. 39,
Le corps l~gislatif est WI , indivisible et pennanent.
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(' 7~ ).
AnT .. 4'()~ Sa~ltmMd'Unan .. !
Au": ·4'r.;"·· .. ., .(.
n se reunit Ie Icr jtiillet.' .
AR'I'. 42. ; '.
L'assemblee mitionalerl.e pent se constituer si elle n'est cemposee au moins de Ia moitie des
. , ,
deputes, plus un. . .' . . " ! .
. ART. 43~
, .
Les deputes ne peuvent etre .recherche~., ac-
cuses ni juges en aucun teQ.ps, pour les opinions fJU'ils ont e~8e&Aans Ie ~i~dn:C4?~~ l~gisl~if.
A.ll:r. 44.
lIs peuvent ,pour fait criminel , etre saisis en ~gF~t delit ; .. mais Ie mandat d'arret pi le mandat d'amener ne peuv~nt etre.decerneseC?:n:tre eux , qu'avec l'autorisation du corps IFg~ latif.
TenUs des seances du corps legis/atif.
..•. I
ART. 45.
I
Les seances de I'assemblee nationale SOIlt :pu-
bliques. . " '.
~'t~ 46.
Les proces verbaux. de Sf.S seaaeeuer.oht im-
primes.
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(.80 ), ART·.4'7·
Elle ne peut deliberer si elle.ness.composee de 200 membres au moins.
ART. 48.
Elle ne peut pas refuser la parole a ses membres , dans l'ordre OU ils I'ont reclamee.
ART. 49.
Elle delibere a Ia majorite des presens.
ART. 50. .
Cinquante memhres ont Ie droit d'exiger rappel. nominal.
ART'. 51.
Elle a Ie droit de ce~ure sur la conduitede ses membres dans son sein. .
ART. 52.
La police lui appartient dans le lieu de ses seances, et dans l'enceinte exterieure qu'elle a determinee:
Des fonctiona au corps 18g,·slatif.
ART. 53.
Le corps legislatif propose· des lois et rend des . decreta ..
ART. 54.
Sont compris sous Ie nom general de loi, les . actes du corps legislatif, concernant :
La legislation civile et criminelle ;
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( 8 [ )
L'administration generale des revenus et des depeeses' ordinaires, ~ la republique ;
Les domaines natiana.uX;
Le titre, Ie poids I l' empreinte et.la .. denomi-
nation des monnaies; .
La nature, Ie montant et la perception des contributions ;
La declaration de guerre ;
Toute nouvelle distribution generale du territoire francais;
L'insb'uction publique ;
Les honneurs publics a la memoire des grands hommes.
ART. 55. ,
Sont designes sou! Ie nom particulier, tie &cret, les actes du corps legislatif concernant:
L'etablissement annuel des forces de terre et
demer;. I ,_~
La permission o~ Ia defense du passage des tto~s ,etrangeres sur Ie territoire fr~s;~ , L'introduction des forces nav~e~ etr!lJlIf;~~~ dans les ports de la republique ; ,.; i : '. : " , iJ •• ;
Les mesures de sUrete e~' de tranquillite ge-
nerale. , , .. ,' ... : :"'~'\i()'" •. 1
. ~~ distribution aIUl~~e ~'j~9Iq~~~e, ~ secours et travaux publics; ,'I~ .;-";.-1),\1.\
Les ordres pour la 'fa1triCation des monnaies
deit:aQte especU; 'r :,!,J:,::l:n
6.
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( 8'1' )
.Les depenses inipr6vueS ~ ~xtraordmajfe~f Les mesnres locales et pBrticulieresll'llDe administration, a une ~0DIDIIIDe, It un I genre' de travaWl publics;
La defense du territoire ; :La ra~fintipn des trai.les;
La nomination et la destination des eemman«
dans en chef des armees; .'
. "La. poursuite .de Iasesponsabilite des membres du conseil , des fonctionnaires publics;
L'accusation des pr~w4UJ: de ,complets contre
, k.~teperale de 'la reptWOlIa:e; ,
Tout changement dans la distribution partielle du territoire franeais; ,
Les rerompeDBJs:nationale&., 0';
: ';:·;;i'lDe ld, /1iffli~M d81a lo~:; ,~.; ,'~') ,',
, ; ':'1 r : An:r>56: . " , .,,;,:
,Les projets de loi so~t pr~cedes d'un·ra'(1p6rt:
, :, ',';: t: i i ,) ); ART: :!h;' " " "1 J.!
L:t"~SSlOtl ite'pent 'slbu'vrix<, 'e{la'hiln~ petit:: @tr~) t>Wmsoir~ri.t.; at~et~e 'que '~ihze
jours afJres Ie rapport: .:: ; .:' I)'!' '_;, ';,:,
. . I' , .' . r T
-')~ ~);, '!Jl'lJ);,j' JAiti'58!" .. ,' ... ' ..
Le projet est imprime et envoye a toutes'j~~ ~okun\Wicllde'1i'iire:puM:i1u~; ~ce tit~ ~'£oi
proposee. , ;~' t, Id iJ', • :; I: i .' . ' ) :,: :J()J',,'~
~ li':i1I1.,1lI ;',,j) ",)j.:AiRwd-59 .: ",,"J '. I 2').1
Quarante jours apres renvoi rledq:loiiprdpdo
,il
(:
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( 83 )
see si dans la moitie~' departemens , plus 1Jn , Ie ~i~ieJlle des asseluble~$ priWa.U-«}S· ~ ehacun d'cmx:,.n'a:pas rooaJllc, le(prpje.t:es~~pt¢ et devient loi,
. . '~RT: .qo... .. "
S'il y a reclamation,' 'le corps Jegis~atifc~nv~
que les assemblees primaires, . ,. .'
De l'intitule. de« lois et.df!$ cMcre~, ';
• " - • .'. , I
, ART. 61. . .'. '. '.
• .' ;'.' r I' . I \.,.)
Les lois, les deerets , les jusem~ et Wu.& ltp,
actes publics sont inti\ules:, Au nom du peuple frMu;ais, .l'an ... tk In, . ref'"bli9,uf J'1'f{':';r;qi!f. .
Du con.seil etltfcwit:'.,·.·) j: :
ART .. 9~"
Il Y a un conseil executif ~4e ~imtquatre membres.
ART. 63. . I
, _ t· '_ . , ~-'}. J
L'assemblee eu:ctorale ~e; cha~e.~ef.~x:re~~~t nomme . un candidat .. Le cQrps leglslatIf ChOISIt
sur la lis~ gf~eralf}:s ineinbr:,s df1.?~~,eit 1
. .tUT. 64. . . . ..,
. . . '! . '. ...... . .. '., I
Il est renouvelle par moitie' acha~e l~~i~l~-
ture, dans les derniers .mo;S de sa session. ,.R't.6~. '::) :.J i : .: .'; : l
Le ,conseil est charge de la direction et Wt~ surveillance de l'a~nistrAtion generale. Il ne peut, a~r CJu'en execution des lois endes cMdjets
du corps Iegislatif. .. . :. .
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( &4 ) ART. 66.
n nomme hors de son sein , les agens en chef del'administration generale de la republique.
ART. 67'
; Le corps Iegislatif determine Ie nomhre et les fonctions de ses agens.
ART. 68.
Ces agens ne forment point un conseil. lis sont separes , sans rapports immediate entr'eux, ils n'exercent aucune autorite personnelle.
ART. 69. .
Le conseil nomme, hors de son sein, les agens exterieurs de Ia repuhlique,
ART; 70.
n negocie Ies traites.
ART. 71. .
Les memhres du conseil , en cas de prevarieaiion', sent accuses par Ie corps legislatif.
, . . ' ART. 72. .
~~ cOnSeil est responsable de I'inexecution des lois et des decrets , et des abus qu'il ne de-
nonce pas.
. ART. 73.
II revoque et remplace Ies agens a sa nomination.
d' '; I. ART. 7f
.n . est tenu de les denoneer , s'il y a lieu, devant les autorites judiciaires.
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( 85 )
Des "'elations du 00fIIfJi1 etct!cutif a"eo Ie : cM'ps Ugis/Btif
ART. 75.'
Le conseil executiffeside aupres du corps legislatif. n a l' entree et une place separeedans le lieu de sesseances.
I
nest entenduteutes les fois qu'il a un compte
it rendre. ".
ART. 77.
Le corps Iegislatif I'appelle dans son sein , en ,tout ouen partielorsqu'il le juge convenable ".
Del corp, administratif' ee municipaiu:.
ART. 78.
II y a dans chaque commune de la repuhlique une administration mnnicipale;
Dans chaque district une administration intermediaire;
Dans chaque departement une administration centrale.
ART. 79.
Les officiers municipaux sont elus par les assemble~ de commune, .
ART. 80.
Les administrateurs sont nommes par Ies assemblees electorales de departement et de district.
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( 86 ) ART. 81.
Les municipal1jh'ei les adininistratio~ sont renouvellees tous Id':anspal' moitie .
. ART. 82 .
. : lAs acbninistrateurs et offiCie1'8 m1Ulicipau
n'ont aucun caractere de representatioB., . ~
Ils ne peuvent , en aucun cas, modifier les actes. du 00I'pS 'legislatif ni eu suspendre l' exdcu-
tion. .
. _AttT. 83.
I .Le. cOl'pdegislatif 'determine les functions des officiets.munieipua et des adri:tiliistnteurs ,'lea regle~ de leur sub~rdiDation -et les peines qu'ils _ pourront encourir. .
J - • AliT. 84·
Bes seances des municipalit.ea et des admiais .. t"tions 80nt -publiques.
De 10, jwtice civile . . ART. 85.
Le code des lois civiles et criminelles est uniforme pour toute la- republique.
ART. 86.-
n ne peut etre porte aucune atteinte au droit qu'ont Ies citoyens de faire prononcer sur leurs differens par des arbib'es de leur choix.
;:. AB.1'. 87' -
La decision de ces arbitres est definitive, si les
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I
~ 67 )
citoyens ne se sont .pa!i·~rve Ie droit de re-
I •
~r;.i .,'. . .... : .
, " " r , , AnT. 88. .,;
II Y a des j~es de paix fHus par les citoyens des arrondissemens determines par la loi.
ART -. 8g .
. ' : Ilseoncilient et jugent sans frais . . Aar. 90.
. .,Leur:noDihte et leur OOIIlpjtence' sent 'regles par le corps legislatif.
Ari·'9·'·
., " n ':1'a' d~~ ~j(riit~es:p\ihli~ ~1~ par Ies assem-
blees electorales. . . • . . . .
, ..•. J' • ART. ~.
Leur nomhre et leur competence son! mes par Ie corpslegislar:ilr ,'1..! . ,
• -I! . ""1 j)r;; ··"lA.ir·:·: ;~:';di ; .. ) '., •. "
T··9· , ". ,
fis connaissent des' C6rlteSbiiions "qffi'Ii"6lt~ pas
ete tel'lllinees" dCfinitiveri'l'ent; pai" les arhitres prives ou par les jug~ de pair.
ART •. 94. ), Ils deliberent en public.
Ils opinent a haute ,voO:.
i Ils . _t&ent· en demier ressort,'sur defenses verbales, et sur simple memoire , sans proce-- 4urea:sans &ilis.·
Ils mritrvent'leurs decisions.
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( 68 ) ART. g5.
Les juges de paix et les arbitres publics sont elus tous les ans,
De la justice criminelle., ART. g6.
En matiere criminelle , nul citoyen ne peut etre juge que sur une accusation recae par lea jures ou par Ie corps legislatif.
Les accuses ont des conseils choisis par em , ou nommes d'office.
L'instruction est publique.
Le fait et l'intention sont declares par un
jury de jugement. .
La peine est appliquee par un tribunal cri-
minel, ..
ART. 97.
Les juges criminels sont elus tous les ans par les assemblees eleciorales.
Du tribwnaZ de eauation.
ART. g8.
II Y a pour tonte la repnblique un tribu-
nal de cassation. .
ART. 99.
: Ce tribWlal ne connait point du fond des aB'aires.
Il prononce sur la violation des formes, et sur les contraventions expresses h la loi. '
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( 89 )
- ART. roo.",
, Us 'm.mhres de ce tribunal sorit nommestoui les ans par les assemhlees eleclorales.,
DeS . contributions publiqtie,.
:ART~ ror ,
Nul citoyen n'estdispense de l'honorable obligation de eontribuer ~ux char,ges publiTJ:CS.
Di/ i,j; ireir;,.~e 'n'ii.fiOti(d~:' i ••
",,'1 ' ;.,"
ART. 10!l. '
La tresorerie nationale est Ie point central des
recettes etdepenses de la republique, f"
ART. 103.
EUe est administree par des, agens eomptables, nommes par Ie eonseil executif.
'ART. 1'04.
Ces agens sont surveilMs 'par des cOnuWssaires nommes par Ie corps Jegislatif , pris hors de son sein, et responsables des abu qu'ils De 'denon-
cent pas. .."
, ,,' ' , . J1(J ;lacompW;il#B. ), " .
: ART'. 105. J.'; , .
Leslcomptes:desagesas· de.la Iresorene natio.nale et des administrateurs des deniers publics, sont· rendus: anmiellement, a des commissaires . responsables nomnies par Ie conseilexecutif.
ART. '1'06.
Ces verifieateure sont surveilles par descees-
•
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( 90 )
missaires a la nomination dn 'corps legislatif , pris ~lIde;lOn,rs6in., et reSpdIUlables deS dlus,et des
erreurs qu'ils,he,d8Doncent;pas. ' ,
Le corp.'iJ~gisl.a~f arreteles comptes.
Des force«. de Zu,".blique. ' " , ," ,AR!. 107':,
, , .
Laforce generale,de Ia ~epublique est compo-
see du peuple entier. ,.
:ART.' 108.
. ,
La repub~ oentr~tient, ~ ,$), dc;Ie oj meme ea temps de paix , ~e force, armee , de terre et
de. .. e~.; ) ';', AR'~~' tOg: ::.::;:; :','; 'Li
, ;. ".' .: ~
. I'·· 'I .. " ".
Tous les Francais.sent soldats; ils sont exerces
au maniement des a~es. ..' ,;~":' .. ,
,) , 'ART,. IJO. J:' ,
n.'ya pO~de:genetalissUne. : ,I,,' _., ART. III.
La difference des grades ;'leurs marques distinctives et la suhordinatioil ne subsistent que relali-ni1D1Ilt au. ~eet,peadant.~,d1D6e. '
, " '. ·:AM. U:J.
La; ;f~m.' pab'licfue lmnployeepo1ll' ,baainteDi.r l'ordite ut'la paD., danS Uinte.,ieur , n'agit~ lim' la requisition par ecrit des autorites consti-
'.
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( 91 ) ART. i 13",
, . . ~
La force pUbliqlie emplbyee centre les enne-
mis du dehors, agit sous.leserdres du conseil execntif .
. . ' .
ART. 114.'
Nul corps arme ne.peutdeliberer.
Des convet'itiotts i"atiQftaks ~
, : ART . .I 1.5.
Si dans la moitie des departemens , plus un , leclisieme ~ assemblOOs primaires de -chacun d.'~ux. 'regu!ieremeJit fohnees, cleinande la revision de l'acte constitutionnel, ou le changement de quelques uns de' ses articles, le corps legislatit est WlU de convoquer teutes ties assembIees primaires de la repuhlique'1 . poUr savoir '811 y:a lieu a une convention nationale.. '
. ~ \. .
ART. 11.6.
La convention nationale est formee de la meme ~~~er.e :'llle l~ l~turcs et en reumt
1es pouvoirs. .' " ' ,
, " ".' , , 'ART'. 117.
~ 1('
Ella ne~'oooupe,;. relatilement·a la cmstituboR:,;~qlre:_;objetsqui oDt,moti'9Ci sa OOnvoca-
tion. '
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( 9~ )
Des ropport« de la r6publique fraru;aise avec les nations eflrangeru.
ART 118.
Le peuple lrans:ais est rami et l'allie naturel des peuples libres. .
ART. 119.
II ne s'immisce point dans le gouvernement des autres nations. n ne souffre pas que les autres nations s'immiscent dans le sien.
ART. I~O.
n donne asyle aUJ etrangers banDis de leur patrie pour la cause de la liberte; ille ,refuse au
tyrans. . . .
ART. 121.
n ne fait point de paix avec Wl ennemi qui
occupe son territoire. '.
De la· garantie da drmtl~ ART. 12~.
La constitution garantit a tons les Francais , l'egalite, Ia surete, la propriete ,la dette publique , Ie libre exercice des cultes , une instruction commune , des secours publics , la Iiberte indefinie . de lapresse ,Ie droit de petitiOn 'I Ie droit de se reunir en societe pOpulaire, la jouissance de tons Ies droils de l'homme.
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( 93 ) ART. u3.
La republique francaise honore la loyaute, Ie' courage ,·Ia vieillesse , Ia piete filiale, Ie malheur. Elle remet Ie depOt de Ia constitution sous Ia sauve-garde de toutes les vertns,
ART. 124.
La declaration des droits et l'acte ccnstitntionnel sont graves sur des tables, au sein du corps
Iegislatif et dans Ies places .publiques. .
Signes COLLOT-DlIERllOIS, president, DUI\AND-MAILLANB ,
Dncos ,
MEAULE,
eel DELACRolX , GOSSUIN,
P. A. LALOY, secretaire.
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( .94 )
.. : .
r LA YE:RITE :A,U PEU·PLE,.
I'D DES PATNOTiss tlB 89. .; ;:
Du 14 juillet;' du 10 aozUet du '13 ven:aemUzire ~
Peuple que l'oncar~s~e . .;~ que l'o~ me,nace, «.Iue l'on:SeveoU que I'on'avilit , selonles vues ambitieuses de' ces hemmes qui n~ parlent de. tes droits que pour Ies fouler aux pieds, de ta souverl.li,ne~e que pour l\lSil~ .;. e<:oute de grandes verites; connais Ia cause de tous Ies maux qu'on t'a fait endurer depuis .thermidor an II jusqu'en vendemiaire an IV. t .'
Quelques abus, quelques; actes arbitraires, inseparables d'une grande revolution , avaient empreint quelques taehes sur les grands et glorieux. cvenemens qu'avaient produits les premieres annees de la Hepublique. Corriger les abus, faire cesser tout gouvernement provisoire, donner au peuple une constitution ~i lui garantisse ses droits et sa souverainete , arracher le pouvoir des mains qui en abusaient , oter tout espoir a la tyrannie de relever sa tete hideuse, voila ce qu'aurait du operer lar~v~!~~on_ de thermidor , si I'interet du peuple , si Ie honheur commun l'avaient preparee, IUais elle eut de funestes resultats, parce qu'elle ct~!.!_!:?~~age du vice, de l~,.
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( 95 )
division',",de Iahaine , 'de l'aIDhition,et::de,'1a vengeance;~ dle't~~~~~ 'tent a~ ~~e ~5 r~: liS~;"~iJ;~,~ paw'e~trai~r~ns lep"~ ~'l'epub1icains purs'~' cOuragm.x· , .~et:. cem .. lil roeme dObi on s~etait. sem pOu:l\>pe1'fi.-.;· Di!B4 , t.;s Ia calo~~ distilla 50ft poisOn; :toutptUNOie,;' toiat ,mn.i :du peup/e, tout ·ftxtidaf#.utt il~ la'iib6rte( etait,traite de: f~·, de' tae/Jtrtd:,. de ~.t8 ,; de, htiuMll' de .Ga'ilt{f. Ces· daODiiI1l1tiims ;dai6qtl _ennes, synooyines.de npublMiaitr,,; des jout+
naux stipend.ies· en ~taie:nt, Ies . eches f';des' o~ tenncOI'J'ODlpus:eiI ~nt llptrihlqt~ 'du. se~ IUIt.,~s.,.lol.'Son o~a la fa:miJie~lle,me~6+ )e!'(lisei':edit· ~'aMignatS ; -llaecapateDlent: des nlare.hahdises:;· on im"Vit plns, dans le. people. qui a fait la revolution, qu'une mullitude,tl'hoDllmeil prets a -(lGUIt~ Ia tete: dev.ant Ie .milliGlli~e , qat ~:dit ~ltsiJreDl.dnt: kHUftraih ;Oiidt~ftJb pitoy.a s,n' . leo Swtt _ £oJi~JJ1iOiui.JiJ:cJj. ~)!e disaimtllou,: vidiJBe& lI6·,laJmti'eui:! ~I_ lonr:omn'it b.potUs. &i'prisons, qul~'Onl~ pbt bien ~~~ d,e~uhlic~}.~a:p~s;klIrons~, ~t .. chassa: oolni~ci. de 'to.1ies les Places crru.es. fit ntilitaires pourles €onner'ltdes' emi~' rent:rils;; ~uies. no1iles,.a dies,prmres'l!eftaCtaires, tout~a .. mtpde"feuuspakio.esPflJ'eXcelleDce .. huslit9t_ Irmees,fw.treDt d~rganis&s ,: destF~bi8®.S> :dtillJ ~;-~~ 8rse~X;,qaipeu aupataVantl ft~~
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--------- _-_---=--
,C 96 )
geaientd~.tolit', furent vides , nosflottesbettues , livrees a, 'l'ennemi , etmotre marine aneantie .. II faUait ecarter jusqu'a la surveillance, etouffer lesTeclamations ( dreits imprescriptibles d'un peuple lihre )': aussi lesno~:,:e~ux tyrans se haterent-ils de detruire Ies societes populaires., qui avaient 'ete lessentinelles avancees de ia revolu~ tion, et la terreur des Pitt et des Cohourg,par.ce qu'dles etaient des foyers d'instruction publique d'ou:partaientdes etincelles qui electrisaient tous les creursetentretenaient l'enthousiasme de Ia Iiberte ; p:u:ce qu'elles .opposaient unepuissante digue a l'amhition.et a l'intrigue; paroe' qu'elles etaient.toutes autant de phares qUi avertissaient Iespilctesdes ecueils ou serait venu se briser le vaisseau de Ia liberte.
Que de moyens mis en usage pour operer et cQnsolider ·Ia;·contre-oovolution! que 'de deerets liherticides Brl'ach6s a la Convention par la facbon de l'etranger ! que d'cmigres rentres et rayes sousla quali6.cation decultivateurs et d'ouvriers ! que' de p~treS refractaires toIeres et fanatisant Iibrement.] .Lesbiens desroyalistee oondamnes , qui offraient une hypotheque solide aux assignats, furent rendus a des-parens aussi ceupables qu'eur, de la, 13. ruine ducreru.t p,mlic; Une amnistieut Qft'er.te aUI: 'l'cvoltesclt.oua.ns et :vendeens, ils 1. refusent, ils veulent traiter cemme.de puissance
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( 97 )
a puissance. 0 comblc de la sceleratesse I 0 honte de notre patrie! Traiter la pais avec Charette, Stofflet , Comartin, Sapino , 'e( taus les chefsdes brigands insurges ! les laisser armer! les payer d'avoir deehire le sein de la patrie, d'avoir egorge des milliers de republicains , et, par' condition secrete , leur promettre Ie retablissemenede l'autel et du trene! Des mandataires du peuple, conclure un traite si Iletrissant qui souillera les pages de l'histoire , . et Ie.senat francais ratifier la honte de la premiere nation du . monde! Ah! vous ne Ie croirez pas, races fatures! Tu lle Ie croirais pas toi - meme , peuple fran!(~is, si tu n'en avais ete temoin. Et c'est apres deux am de triomphes complete que tes mandataires stipulent ta honte et couvrent d'un crepetes
. trophees lc'est au moment que tes phalanges, couvertes de lauriers, venaient de planter l'arbre de la Iiberte au-dela du Rhin, sur Ie sommetdes Alpes et des Pyrenees, et au fond des marais bataves, que l' on ratifie en ton' nom des traites honteux avec les despotes de Berlin et de Madrid, que tu avais vaincus, et qui, sans la reaction thermidorienne , seraient venus, eus et leurs coalises i demander .la Pflix aux csnditions que tu aurais voulu leur.imposer !
_ Mais ne soyons pas surpris si les comites' de gouvemement etaient devenus Ia boite d51 Pan-
7·
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( V8 )
don; ,iisetaient peuples des Rovere 1 des Boi~y , des Saladin, des Lanmont, des:Auguis , des Lariviere, des Lanjuinais ,des Dumont, etc ........ tous foyaiistes hien J)rononces, qui ne pouvaient 5'acquiuer e:nvers.les;tyran&qu'ilsscrvaient·qu'en eooufl'ant la liberte ,m remettant lepeaple sous Ie joug, et en epgeant en massejes repuhlicains Usl plas preneneee.
Cependant )e:sang De conlaitpas encoreasses abondam.mentsUt' 1cS' ,echafa~ ; aiM'S Oll organisa sur tons les.points de la Reptlblique des hordes .d'as$aSsins sous Ie nom de compagnies dites de Je~'Ii&etdu Saleii.: .onenvoya les :Boisset a Lyon et It Bourg~ les Cad:roy, 14s Chambon+ lea Mariette, les Isnard, a Aix, Ii Marseille; et c'est Q le~r coepable 'vou. q..l'assassinat des pati'iqtes fut mis it. l'ordre du jour dans tout le Midi;' c'est sous leurs bannieres que les assassins marchent , enfoncent les portes des cachets , egorgent tout ce qui s'y trouve de patriotes; ils sortent les ha1,lits degouttans de sang; ils violent les domiciles, parcourent les rues, sabrent tout ce qu'ils connaissent prcneneepour Ia liberte : l'enfant est egorge sur le 18m de sa mere, le mari dans les bras de sa femme, le vieillard aupresde son 6.ls; . et les eaux du Rhone, roulant des cadavres , vont Sf! meIer .lUX Hom de IJl Meditermn~e, deja teinte du sang des repuhlicains: Et tant de scenes d'hor-
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