Pressac, Jean-Claude - Les Crématoires D'auschwitz - La Machinerie Du Meurtre de masse-CNRS Éditions (1993)
Pressac, Jean-Claude - Les Crématoires D'auschwitz - La Machinerie Du Meurtre de masse-CNRS Éditions (1993)
Pressac, Jean-Claude - Les Crématoires D'auschwitz - La Machinerie Du Meurtre de masse-CNRS Éditions (1993)
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REÉMATOIR FE@
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BYA\ERTO AAA UE A
LA MACHINERIE
DU MEURTRE DE
MASSE
JEAN-CLAUDE
PRESSAC
EDITIONS
ÉCNRS
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in 2022 with funding from
Kahle/Austin Foundation
https://archive.org/details/lescrematoiresda0000pres
HISTOIRE
SIECLE
OUVRAGES DE L'AUTEUR
JEAN-CLAUDE PRESSAC
W
ICNRS EDITIONS
« Histoire — 20€ siècle »
À paraître :
François Rouquet, L'Épuration dans l'administration française.
Angelo Tasca, Journal de guerre, présenté par Denis Peschanski.
VII
LISTE DES ABRÉVIATIONS
VIII
INTRODUCTION
Coupe
A -B
Ac : Air chauffé
coke
MOUFLE
BBBEEEETEI
FOYER
cendres na
RECUPERATEUR AIN,
11117
REIN)
NN
/
1177774 78 :
Tr
LILI
_ TON)
hern ONE NOR EN NN
D // III II III 1/11 11///11//
RENTE
F
| |
H
M>=2,5PS
M : motor/moteur
Dig : Drucklüftgebläse/
soufflerie d'air pulsé
L : Leichen/cadavres
m : Muffel/moufle (creuset)
6 : Olbrenner/brüleur
à mazout
Rk : Rauchkanal/carneau
Zv : Zugverstärkung/
renforcement du tirage
K : Kamin/cheminée
briqué et monté en usine avant d’être livré, alors que celui de Bu-
chenwald fut édifié sur place par un contremaître de la Topf aidé
de trois détenus fournis par les SS et ne coûtant rien à la firme.
Prüfer avait compris les possibilités crématoires offertes par les
« Konzentrationslager », domaine qu'il voulut monopoliser à son
profit (il touchait une prime de 2 % sur le bénéfice de ses ventes 12),
et anticipé sur le rôle de fournisseur de main-d'œuvre qui devien-
dra le leur, ce qui lui permit de baisser progressivement le prix de
ses fours, l’aide fournie étant gratuite de même que certains maté-
riaux courants, tels ciment, chaux, sable et briques. Début 1940,
Prüfer contrôlait déjà Dachau et Buchenwald.
II.
LE « DRANG NACH OSTEN » ET LE
DUEL COMMERCIAL TOPF-KORI
10
détachement Rossbach, et renvoyé de celui-ci pour escroquerie.
Une carte de membre desJeunesses communistes aurait été trou-
vée sur lui avant le meurtre 16. Le crime est dénoncé par un des
participants. Hôss écope de dix ans de prison, en effectue cinq et
est libéré en 1928. Il se justifiera de ce crime en accusant Kadow
d’avoir livré Schlageter aux Français, ce qui est plus que douteux.
Hôss devient ensuite fermier et constitue bénévolement un pelo-
ton de cavaliers SS. Cette initiative est remarquée par Himmler.
Ce dernier, au courant de son passé, lui propose une carrière de SS
actif, dans un domaine qu’il connaît bien de l’intérieur, l’univers
carcéral. HGss est affecté à Dachau en 1934 et bénéficie d’un avan-
cement rapide. Il passe officier en 1936, puis il est nommé en 1938
à Sachsenhausen. Quand l'Inspection des KL demande un chef de
camp pour Auschwitz, Hôss est désigné. Le 30 avril 1940, il était sur
place avec cinq SS et s’attelait aussitôt à sa tâche avec ardeur. An-
cien de Dachau et de Sachsenhausen, Hôss plaça son KL sous leur
devise commune, « Arbeit macht frei », qui fut affichée au-dessus
du portail d'entrée du camp. Comme dans les autres KL et afin
d’en planifier le développement, fut créée une nouvelle Baulei-
tung, dont le premier chef fut le sergent SS Schlachter 17.
Le 10 mai, les forces armées allemandes attaquaient à l’ouest.
La campagne de France débutait. Les combustibles liquides (es-
sence, pétrole, mazout) furent rationnés en Allemagne. Or, tous
les fours des camps fonctionnaient au mazout. Leur arrêt était
prévisible, à plus ou moins long terme selon les possibilités d’ap-
provisionnement locales. Seule la Kori avait senti venir le vent.
En avril, sur sa lancée de Sachsenhausen, elle avait aussi négocié
la vente d’un four fixe monomoufle à Mauthausen, mais chauffé
au coke. Il fut opérationnel le 5 mai et devint le seul four des
camps à pouvoir fonctionner. À la suite à ce rationnement, la
Topf essuya les réclamations des Bauleitungen de Dachau et de
Buchenwald, dont les fours n'incinéraient plus faute de ma-
zout 18, et elle s’interrogeait sur le devenir de la commande Flos-
senbürg-Auschwitz. La solution était de remplacer le mazout par
le coke. D'un point de vue technique, c'était une régression :
l’air pulsé avait permis de se passer du récupérateur, le chauffage
au mazout ou au gaz évitait la construction de foyers à coke.
Mais, il y avait pas d’autre issue. Car fin mai, la Bauleitung d’Aus-
chwitz avait refusé que soit chauffé au mazout le four mobile lui
étant destiné et demandé qu'il le soit au coke!®. Début juin, à
partir de l’expérience acquise à Buchenwald, la division de Prü-
fer redessina ce four fixe bimoufle en y adaptant deux foyers à
coke [document 6] et le proposa à Auschwitz qui l’accepta ainsi.
La Bauleitung de Buchenwald, parfaitement informée de la
11
modification envisagée puisqu'elle avait été étudiée sur son four,
donna aussi son accord.
Prüfer se rendit en juin à Sachsenhausen pour tenter de s’y im-
planter. Il n’y décrocha qu’une misérable commande de 310 RM
de matériel d’incinération 2 et perdit tout espoir d’y placer le
moindre four. La Kori avait mis son grappin sur le camp, comme
sur sa filiale de Ravensbrück, à laquelle venait d’être livré un four
mobile monomoufle, et le maintiendra jusqu’à la fin de la
guerre.
Les travaux à Buchenwald et Auschwitz furent menés conjoin-
tement dès juillet 1940. Le four de Buchenwald fut modifié en
ajoutant deux foyers extérieurs à coke à l’arrière des creusets, de
part et d’autre du carneau souterrain reliant le four à la chemi-
née (1 000 RM de foyers et environ 1 000 RM de main-d'œuvre) 21.
G : [Koks] generator/
foyer [au coke]
12
mue par un moteur électrique de 1,5 CV2. La Topf précisa ulté-
rieurement que ce dispositif permettait de réduire la durée d’in-
cinération 5. La toute première d’un détenu mort « naturel-
lement » fut pratiquée le 15 août 1940 à Auschwitz%. D’autres
Extraction :
À + 000 m° de
fumées par heure
S : Schieber/registre
(dans le carneau)
Sz : Saugzug/tirage induit (forcé)
Sch : Schornstein/cheminée
12
son camp annexe de Gusen qui en avait un besoin urgent, le SS-
HHB lui avait attribué le four destiné à Flossenbürg#0. Ce chan-
gement et cette demande pressante convenaient à Prüfer. Il
perdait temporairement Flossenbürg — en fait définitivement, car
il fut équipé d’un four Kori fixe monomoufle à coke — mais pre-
nait pied à Mauthausen, camp d'influence Kori, et surtout trou-
vait enfin l'emploi d’un four à mazout, inutilisable à cause du
rationnement, à condition de le chauffer au coke. La largeur de
ce four étant moindre que celle du four de Buchenwald, il était
impossible de mettre les deux foyers à l’arrière. Il fut décidé de
les placer latéralement de part et d’autre du four en perçant des
orifices d’accès aux creusets, ce qui doublait la largeur de la façade.
Le
Le
QU
M : Motor/moteur 1 Hill[TI
Dig : Drucklüfigebläse/ c2 nn #
soufflerie d'air pulsé sms #
L : Leichen/cadavres
m : Muffel/moufle (creuset) G : Generator/foyer (au coke)
ô: Olbrenner/ . Trajet des fumées : :
brûleur à mazout 2 a tor) Kamin
R : Rauchkanal/carneau . ô1
Zv : Zugverstärkung/ 4
renforcement du tirage Muffel—< « Zugt v
K : Kamin/cheminée Rauchkanal
14
Bauleitung d’Auschwitz, sous la pression de la Kommandantur et
de la Section politique du KL, demandait à la Topf l'édification
immédiate d’un second four de même modèle que le précé-
dent%. Büchner accepta le type « Auschwitz » bimoufle pour Gu-
sen, mais réserva sa réponse pour l’infirmerie des détenus, ne
sachant s’il y mettrait un mono ou un bimoufle. Début mai 1941, le
bimoufle était préféré et commandé#. La réussite du four type
« Auschwitz » s'était répandue dans l’entreprise Topf. Prüfer venait
d'enlever les promesses d’achat de trois autres exemplaires de ce four
qui n’était à l’origine qu’un palliatif aux difficultés du temps de
guerre, rapidement conçu et édifié tambour battant. Le cadet des
frères Topf, Ernst-Wolfgang, manifesta son intérêt pour ce marché
marginal en le supervisant. Il remercia personnellement la Baulei-
tung de Mauthausen pour la commande d’un second four bimou-
fle. Mais le frère aîné, Ludwig, s’y intéressa aussi et ce fut lui, dès
lors, qui s’en occupa jusqu’à l’été 1941.
La transformation du chauffage à Dachau fut réalisée [do-
cument 7] en décembre 1940 par un contremaître de la Topf, Au-
gust Willing%7, qui, sa tâche achevée, se rendit à Gusen où il
arrivait le 2638. Le four mobile et les matériels requis pour la
construction des deux foyers, qui avaient été expédiés par che-
min de fer d’Erfurt le 12, étaient déjà sur place. Les travaux enga-
gés ne furent qu’à peine ralentis par un manque de 750 kg de
pisé réfractaire qui furent envoyés d’Erfurt en express. Le 4 fé-
vrier 1941, le four de Gusen était terminé et sa facture s'élevait à
11 035,40 RM32. Son rendement incinérateur, estimé par Prüfer
à deux corps par heure, fut confirmé a posterion par les témoi-
gnages des détenus de Gusen : durant douze jours de novembre
1941, furent brûlés de manière ininterrompue 600 cadavres, soit
deux à l’heure (le four ayant été arrêté un mois pour répara-
tions, les morts à incinérer s'étaient accumulés).
III
L'AMÉNAGEMENT INITIAL
DU CRÉMATOIRE I D'AUSCHWITZ
16
hommes se soient connus à la Bauleitung de Buchenwald est pos-
sible. À partir d'octobre et un an durant, les questions « créma-
toires » d’Auschwitz dépendirent d'Urbanczyk, qui venait d’être
promu adjudant Ss.
Un second four bimoufle ayant été commandé par Auschwitz, la
Topf le proposa au même prix que le premier, soit 7 753 RM, mais
sans tirage forcé, jugeant que celui installé suffirait pour les deux
fours 4. Le 19 novembre, Prüfer était sur place pour en étudier l’em-
placement dans le Bunker. L'installation s’organisait alors ainsi 47 :
GENE ESS RE EX
L 5 Gebläse
Ofen 2 Nr. 450:
6 000 m?/st
Vorraum
Motor :
TOYES
So : Schornstein/Cheminée (fumées)
27
l'ingénieur Karl Schultze. Début décembre, un devis de désaéra-
tion (c’est-à-dire d’extraction de l’air) de la salle d’autopsie et de
la morgue par respectivement dix et vingt prises d’air, reliées à
une soufflerie n° 450 (45 cm de diamètre d’ouverture), avec
moteur de 1,5 CV aspirant 6 000 m3/heure, et accolée à une chemi-
née maçonnée haute de 10 mètres, était soumis à la Bauleitung au
prix de 1 784 RM#. Les deux pièces ayant un volume de 350 mÿ,
Schultze leur attribua un coefficient moyen de 17 m3/h par m3 à
désaérer. Le projet fut refusé par la Bauleitung, parce qu’elle vou-
lait créer un dépôt d’urnes dans le recoin de la morgue, où de-
vaient être installées la soufflerie et son moteur, et désirait aussi
désaérer la salle des fours 4. Des modifications s’imposaient.
Début janvier 1941, Schlachter télégraphiait à la Topf que le
premier four était endommagé : parois internes brülées et portes
des foyers à changer ®. Il était urgent de réparer le premier four
et d’édifier le second5t. Le 17, un wagon partait d’Erfurt avec le
matériel et la chamotte nécessaires à la construction du second
four (équipé d’une soufflerie pour pulser l’air avec un moteur
électrique de 5,5 CV) ainsi que les pièces pour réparer le pre-
mier. Le 20 janvier, les travaux commençaient et étaient achevés
le 22 février 2. La Topf n'ayant pas envoyé le projet modifié pour
la désaération du crématoire, Schlachter se serait adressé à la
firme Friedrich Boos de Bickendorf (près de Kôln), en train de
poser le chauffage central dans le logement des gardes SS, afin
qu'elle monte une désaération provisoire en attendant celle dé-
finitive de la Topf. La Boos était alors la seule entreprise civile
travaillant dans le camp et ayant la technologie et le matériel re-
quis pour une telle installation 5, qui fut montée du 23 février au
ler mars54. Ses caractéristiques sont inconnues, mais le caporal-
chefSS Pery Broad de la Section politique a décrit son aspect ex-
térieur: « [|] un gros tuyau recourbé montant du toit [du
crématoire] d’où venait un bruit monotone |..] c'était un ven-
tilateur aspirateur devant purifier l’air dans la chambre d'inciné-
ration [et la morgue] {...] dans le plafond de cette dernière [la
morgue, se trouvait] [...] le ventilateur {...]55 ». En outre, un plan
Bauleitung confirme les dires de Broad [document 8].
Le 3 février, Schultze expédiait son second projet. La salle
d’autopsie et la morgue étaient toujours désaérées ensemble,
mais par des manchons aspirateurs grillagés tombant de deux
tuyaux collecteurs (un par pièce) courant dans un angle du pla-
fond et conduisant à une soufflerie de 6 000 m3/h, accolée à la
cheminée d'évacuation, le tout au prix de 1 727 RM (la diffé-
rence de 54 RM par rapport au premier devis vient de la lon-
gueur moindre des tuyaux, due aux modifications apportées par
18
Schultze). La salle des fours (320 m3) était désaérée séparément
par un tuyau en hauteur avec quatre ouvertures grillagées (deux
par four) conduisant à une soufflerie ne 300 avec moteur de
0,75 CV de 3 000 m3/h, aussi accolée à la cheminée d'évacuation
et au prix de 757 RM. Pour l’air chaud, Schultze ne retint qu’un
coefficient de 10 m3/h par m3 à désaérer. La Topf justifiait cette
séparation des flux pour empêcher que l’air chaud ne pénétre
dans la morgue‘#. En fait, la manière de concevoir de Schultze
était simple : au lieu de refondre entièrement le projet, il en
ajoutait un second au premier afin de répondre aux nouvelles
spécifications demandées. S’appuyer sur les études déjà faites
deviendra la règle durant l’élaboration des ventilations dans les
futurs crématoires de Birkenau. Le 15 février, la Bauleitung refu-
sa de nouveau ce projet en demandant que l’air aspiré ne passe
plus par une cheminée séparée, mais dans la cheminée d’évacua-
tion des fumées des fours 57.
Plafond
— -
a : Soufflerie
Salle ; 1 Nr. 300
d'autopsie 3 000 m?/st
B:0 M:0,75PS
Conduit
Vestibule Dear
Nr. 450
6 000 m/st
M>L52PS
Salle Salle
d'expo- 5
silion
sr 7 vage
corps
19
Le 24 février, un troisième projet était dessiné58. La désaéra-
tion de la morgue ne changeait pas, avec cinq manchons aspi-
rants verticaux fixés à un tuyau collecteur horizontal se prolon-
gant jusqu’à la cheminée des fours. Celle de la salle d’autopsie
était remplacée par deux jalousies grillagées de prise d’air. Un
tuyau à quatre ouvertures courait au-dessus des fours. Les trois
tuyaux collecteurs se rejoignaient dans la salle des fours et leurs
flux s’engouffraient dans une soufflerie n° 550 avec moteur de
3 CV de 8 300 m3/h, crachant dans la cheminée des fours. Le
matériel coûtait 1 884 RM et son montage 596 RM. Ce projet fut
accepté le 15 mars par Urbanczyk®%, qui demanda à la Topf de le
fabriquer et de le livrer dans le plus court délai, lequel était pré-
vu par la firme de six mois, soit pour le 15 août60.
d'autopsie
Vestibule
IV
LA « SIEDLUNG » AUSCHWITZ
ET SES SUITES
21
6 000 détenus6? (Himmler ne réussit finalement qu’à attirer la
firme Friedrich Krupp AG qui devait fabriquer des pièces d'avions
et des détonateurs d’obus. En octobre 1943, peu après son achè-
vement, l’usine changea de mains et fut remise à la Weichsel-
Union-Metallwerke).
Le programme exposé par Himmler ne requérait que les fu-
turs 30 000 détenus du camp. Quant aux 100 000 prisonniers, ils
ne devaient pas être concentrés à Birkenau pour y fainéanter,
mais comme main-d'œuvre de la future « colonie » (Siedlung)
Auschwitz, un vaste dessein de germanisation totale de la ville et
de ses alentours, projet pilote et germe d’autres colonies alle-
mandes à l’Est. Le 30 mars, un architecte de Breslau, Hans Stos-
berg, rédigeait un rapport sur la future organisation de l’espace
Auschwitz qu’il divisait en quatre zones : la vieille cité, avec le
château des Piast ; la zone est avec le complexe industriel de l'IG
Farben et sa colonie ouvrière ; la zone ouest comprenant la gare
ferroviaire, une colonie de cheminots et diverses entreprises ; le
KL au sud avec sa zone d'intérêts et sa colonie SS. Stosberg fut
chargé de l’aménagement architectural des trois zones civiles,
formant la ville d’Auschwitz proprement dite. Une frontière,
dont le tracé fut âprement discuté, séparait strictement les civils
des SS. Durant le dernier trimestre 1942, Stosberg réalisa une
vingtaine de plans et de vues de la future cité modèle63, tandis
que de son côté la Bauleitung, sous la conduite de Wecrkmann,
un architecte du SS-HHB détaché de Berlin dès avril 1941, plani-
fiait la colonie SS. Seuls les plans d’une monumentale nouvelle
Kommandantur avec des logements attenants furent achevés et
les principaux devis établis64. La défaite de Stalingrad du 31 jan-
vier 1943 mettra fin aux travaux de Stosberg et de Werkmann.
Le second four du crématoire ayant été mis en activité, il fut
manifeste qu’il marchait fort mal, faute de tirage. Le 2 avril 1941,
Schlachter informait la Topf de ce défaut et, pour y remédier,
exigeait l'envoi d’un contremaître65. Mais aucun n’était disponi-
ble. La Topf conseilla de jouer sur les registres des canaux sou-
terrains de fumée propres à chacun des fours. En fermant ceux
du premier four et en ouvrant ceux du second, le tirage serait
amélioré66. La Bauleitung, n'ayant nulle envie de « jouer », fit
élever la hauteur de la cheminée du crématoire à 20 mètres et le
tirage fut rétabli [voir document 8, plan Bauleitung n 1434 du
03.08.42.
La baraque d’interrogatoire des SS de la Section politique du
camp se situait juste derrière le crématoire. Lorsque les SS dési-
raient s’y rendre, ils pénétraient par la porte extérieure de la coke-
rie. Cette proximité créa des liens. Pour le souslieutenant SS
22
Maximilian Grabner, chef de la Section politique, le crématoire
était son bien parce que son instrument de travail. Dans la mor-
gue, Grabner et les siens abattaient d’un coup de feu dans la nu-
que les civils qui avaient été condamnés à mort par le tribunal à
procédure sommaire de la Gestapo siégeant une ou deux fois par
mois au camp d’Auschwitz. Mais, à partir de juin 1941, « travail-
ler » dans la morgue ne fut plus aussi agréable qu'avant. Lorsque
les deux fours marchaient, c’est-à-dire presque chaque jour, la
chaleur dégagée était si intense que la mise en route de la désaé-
ration envoyait l’air chaud de la salle des fours däns la morgue,
ce qui était le contraire de l’effet recherché. Pour éviter cela, il fal-
lait fermer le clapet de la désaération de la morgue qui restait sans
ventilation. Les chaleurs d’été s’ajoutant, il devenait à peine possi-
ble d’y séjourner, l’atmosphère étant délétère et des mouches, por-
teuses de maladies, étant apparues. Grabner dénonça ce
« scandale » à la Bauleitung et lui demanda « dans l'intérêt géné-
ral » que la morgue soit équipée de deux ventilateurs, l’un soufflant
(aération), l’autre aspirant (désaération), et que le flux aspiré soit
dirigé vers la cheminée des fours (solution déjà envisagée) 67.
Cet épisode sordide est d’une importance extrême. Il montre
que Grabner, usant de son grade d’officier et de la crainte qu'’ins-
pirait son service aux sous-officiers de la Bauleitung, intervenait
dans les affaires du premier crématoire. Il confirme que, sa
morgue étant désaérée mécaniquement, des gazages homicides
avec un toxique gazeux pouvaient y être pratiqués. Il révèle que,
pour la toute première fois, on envisagea d’aérer (belüften) et de
désaérer (entlüften) une morgue.
Comme les incinérations se succédaient à une cadence élevée,
ainsi que le rapportait Grabner, la cheminée ne tarda pas à en subir
les conséquences. Des fissures apparurent dans la maçonnerie. Le
crématoire fut arrêté du 23 au 28 juin, le temps de colmater les
fentes et, pour éviter qu’elles ne s'étendent, de cercler la chemi-
née de bandes de fer 68.
En août 1941, la quiétude estivale des ingénieurs de la Topf fut
perturbée. La situation des marchés concentrationnaires se présen-
tait ainsi à l’usine d’Erfurt : la désaération du crématoire d’Ausch-
witz était en fin de fabrication; quant aux deux fours
supplémentaires de Mauthausen, les matériaux réfractaires du pre-
mier avaient été livrés et ses éléments métalliques étaient prêts à
être expédiés ; pour le second, le pisé réfractaire était arrivé, les bri-
ques chamottées devaient suivre sous peu, mais l'envoi des parties
métalliques restait encore à faire, la firme venant juste de recevoir
de Mauthausen le bon de déblocage du fer utilisé (rationnement
des métaux). Arriva à la Topf une lettre rédigée le 18 août par le
15)
lieutenant SS Naumann, nouveau Bauleiter de Mauthausen
depuis fin mai ; il déclarait qu’une faute énorme avait été
commise par son prédécesseur, demandait le nombre exact de
fours bimoufles commandés (sic) et annulait d’office celui de Gu-
sen, ne voulant en régler que les matériaux réfractaires déjà li-
vrés. À Erfurt, ce fut la stupeur. Prüfer téléphona à Naumann.
L'entretien tourna au vinaigre et le SS raccrocha. Le 28, il confir-
mait l’annulation du four de Gusen et présentait à la Topf les ex-
cuses de son service ! Naumann ne devait pas être un SS
« normal », cär un vrai SS ne s’excusait jamais, quelle que soit sa
conduite. Début septembre, la Topf acceptait l'annulation du
four de Gusen et demandait à Naumann trois titres de transport
ferroviaire pour livrer le four de Mauthausen ®2.
Le 16 septembre, Urbanczyk téléphonait à Prüfer que l’instal-
lation d’un troisième four bimoufle dans le crématoire d’Aus-
chwitz était impérative. Le télégramme de confirmation spécifiait
qu'il devait être aussi désaéré et réclamait la venue immédiate de
Prüfer ©. Cet appel ravit l'ingénieur, car son four refusé à Gusen
serait monté à Auschwitz. Mais son collègue Schultze le fut
moins. Pour la quatrième fois, il lui fallait rectifier la ventilation
du crématoire parce que ce troisième four devait être implanté
dans la salle d’autopsie, qui disparaissait. Prüfer se rendit ou télé-
n°"
EE TU
Soufflerie
N° 550
8 300 m3/h
= + +
t |
Ex Four 1 Cokerie À
LA
Salle
des
Vestibule fours Urnes ?
Salle
d me Salle
* de Morgue
des lavage a
corps
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O— —O> —©- # Fe E It
24
phona à Auschwitz le 24 et commande ferme était passée par Ur-
banczyk au prix de 7 332 RM d’un troisième four bimoufle, équi-
pé de foyers à coke plus conséquents que sur les fours
précédents, nouveauté qui fut précisée par la Topf”1.
Les bonnes nouvelles vont souvent de pair. Toujours le 24,
c'était Naumann qui, à son tour, demandait humblement à la
Topf de lui envoyer un contremaître pour réparer le four de Gu-
sen, tombé en panne. August Willing, qui avait monté ce four, le
répara du 11 octobre au 10 novembre. C’est alors que Prüfer fit
une bourde, voulant forcer la chance. Le refus de Naumann
l'avait fortement contrarié. Il intrigua si bien auprès de ses rela-
tions du SS-HFIB que, le 16 octobre, Naumann reçut un appel té-
léphonique de Berlin, d’un certain adjudant SS Heider, lui
ordonnant de commander immédiatement à la Topf un four bi-
moufle, modèle Auschwitz. Naumann s’exécuta, mais Prüfer avait
été trop loin. Une lutte larvée fut dès lors engagée par la Bauler-
tung de Mauthausen contre la Topf pour saboter ce marché im-
posé. Avec l’envoi de titres de transport sans valeur (avec des
Speermarken II72), grâce à un savant freinage administratif, à
une erreur d'expédition dont la Topf fut responsable et l’aide
imprévue d’un incendie peut-être provoqué par un bombarde-
ment allié d’un wagon contenant du mortier réfractaire en gare
de Linz en août 1942, les éléments des deux fours ne purent être
enfin réunis en totalité qu’à la mi-janvier 1943 et ce à Gusen,
Mauthausen refusant de stocker le matériel Topf. Lorsque la
Topf s’enquit de la date d'envoi d’un ou deux contremaîtres
pour édifier les fours, il lui fut répondu sèchement le 19 janvier
qu'aucun montage n'était prévu 75.
V
LE NOUVEAU CRÉMATOIRE
DU STAMMILAGER AUSCHWITZ
26
Le premier plan du futur KGL fut dessiné le 7 octobre. Il se
composait de trois secteurs : un camp de quarantaine et deux
d'hébergement, les camps Ï et IT. Le second plan, établi le 14,
comportait une ligne de chemin de fer à deux embranchements
entre le camp de quarantaine et le 175. Dès le 11, un télégramme
avait été envoyé à la Topf, réclamant la présence de Prüfer pour
édifier un nouveau crématoire 6. En effet, quand Himmiler avait
inspecté Auschwitz en mars, le crématoire ne comportait que
deux fours Topf bimoufle pour un effectif d’environ 10 000 déte-
nus. Or, les dernières directives d'Himmiler portaient la po-
pulation des KL et KGL de 130 000 (30 000 et 100 000), comme
initialement prévu, à 155 000 (30 000 et 125 000). Un autre cen-
tre incinérateur était nécessaire.
Prüfer arriva le 21 octobre à 9 heures??, le jour même où par-
taient d’Erfurt en grande vitesse (avec des titres de transport mu-
nis de Speermarken 0) par chemin de fer les pièces du troisième
four (réceptionnées le 30) 78. Les entretiens entre Prüfer et Bi-
schoff durèrent deux jours successifs. Il semblerait que ce fût la
première fois que l'ingénieur traita directement avec un respon-
sable SS, et non par subalternes interposés comme habituelle-
ment. UrbanczykK assista probablement aux conversations
initiales, prêt à aider Prüfer au besoin. Rapidement, sa présence
ne fut plus indispensable. Car Bischoff et Prüfer ne pouvaient
que s'entendre. Les deux hommes, anciens combattants de la
Grande Guerre, étaient des professionnels du bâtiment et, éner-
giques et travailleurs, ne devaient leurs carrières qu’à eux-
mêmes. Ils sympathisèrent immédiatement. Puis Bischoff posa
son problème : avec 125 000 prisonniers soviétiques à parquer à
Birkenau, quel modèle et combien de fours d’incinération fallait-
il prévoir ? Jamais Prüfer n’avait eu à résoudre une telle question.
Pourtant, il fut brillant et inventif. Il convainquit Bischoff qu’au
lieu d’aligner bêtement des fours monomoufle dans un créma-
toire, comme aurait été amenée à le faire (et le ferait dans d’au-
tres camps) la concurrence pour répondre à sa demande, la
solution idéale était de grouper plusieurs creusets incinérateurs
dans un seul four, aussi performant et meilleur marché que ses
rivaux. De plus, au lieu d’envisager plusieurs bâtiments pour
contenir les fours ou un unique d’une taille gigantesque, le prin-
cipe des creusets groupés permettait de concevoir une bâtisse de
dimensions normales. Tablant sur un creuset par tranche de
8 000 prisonniers, Prüfer calcula que 15 ou 16 seraient suffisants.
Il choisit de les répartir en cinq fours à trois creusets, reliés à une
cheminée collective, extension dont il était techniquement sûr,
d’autant que c'était un développement raisonnable de son four
27
Four Tofp trimoufle, monté à Buchenwald (deux unités)
et à Birkenau (dix unités)
s : Schachtverschluss/
fermeture fosse
alimentation (en coke)
28
le civil ni le SS n’ont réalisé qu'ils avaient conçu un ensemble
monstrueux qui exigeait pour sa marche quotidienne un millier
de cadavres. En fonctionnant jours et nuits, le nouveau crématoi-
re pouvait théoriquement réduire en cendres l'effectif du KGL
en trois où quatre mois, information qui, connue du SS-HHB,
privilégiera Auschwitz dans le choix d’un site propre à la « Solu-
tion finale » du problème juif.
Le caporal-<hef SS Walter Dejaco, un architecte autrichien atta-
ché au SS-HHB, ayant déjà séjourné à Auschwitz et y étant revenu a-
vec Bischoff contre promesse d’une promotion rapide, avait été
nommé à la tête de la section des plans de la Bauleitung. A ce ti-
tre, dès le 24 octobre, il réalisa en s’inspirant des esquisses de Prüfer
deux plans du futur crématoire, un de sa façade vue du camp et un
de son rez-de-chaussée, avant de les envoyer au SS-HHB. Dejaco
indique les dimensions des morgues : la « B. Keller » (B [elüfteter]
Keller/cave aérée) de 7 m sur 30 m et la « L. Keller » (L [eichen]
Keller/ cave à cadavres) de 8 m sur 60 m {document 9]. À Berlin, deux
autres plans du crématoire furent produits par l’architecte Werk-
mann en novembre. Par rapport à Dejaco, il symétrisa le bâtiment,
améliora la disposition des salles de lavage, d'exposition et d’au-
topsie, créa une glissière à cadavres (comme un toboggan) favori-
sant le transport des corps du rez-de-chaussée au sous-sol. TT plaça la
cheminée latéralement. Il ne fixa pas les longueurs des morgues
qu'il désignait toutes deux de « L. Keller » [documents 10 et 11].
Werkmann présentait un projet plus accompli que celui de Dejaco.
Ses plans, agréés et signés par Kammler, furent adressés à la Bauler-
tung d’Auschwitz le 20 novembre.
Le devis Topf du nouveau crématoire fut établi le 4 novem-
bre. Comparée à celle du four bimoufle, la taille des creusets du
trimoufle fut agrandie afin d'obtenir « un plus grand rende-
ment ». Dans le même but, les tirages forcés furent portés de
deux à trois (un pour deux fours) et leur puissance d'extraction
unitaire poussée à 40 000 m3/h (120 000 m$/h en tout) afin
d'augmenter la quantité de gaz de combustion et d'éviter ainsi
une dépense de combustible supplémentaire lors de l’incinéra-
tion des cadavres « glacés ». Ernst-Wolfgang Topf, qui signa le de-
vis, assuraitla Bauleitung de « l'édification d’une installation
appropriée et bien élaborée8t. » Le four trimoufle coûtait
6 378 RM, celui à ordures 4 474 RM et l’ensemble du marché re-
présentait 51 237 RM. La construction des canaux de fumée sou-
terrains jusqu’à la cheminée était incluse dans ce prix, mais non
celle de la cheminée collective à trois conduits 8.
Le devis Topf de la ventilation du crématoire, établi par
Schultze, le fut séparément et se montait à 7 795 RM. Schultze
29
affecta par m3 de pièce à ventiler une capacité de désaération de
10 m3/heure. Les ventilations (implantées sur le plan de Dejaco)
se répartissaient comme suit :
- Aération de la « B-Keller » (483 m3) : 4.800 m3i/h par une
soufflerie n° 450 avec un moteur électrique de 2 CV (le n° de la
soufflerie définit le diamètre en mm du conduit d’arrivée d’air
qu’elle peut recevoir. Ainsi une n° 450 se raccorde à un tuyau de
450 mm ou 45 cm de diamètre).
- Désaération de la « B-Keller » (483 m3) : 4.800 m3/h par
une soufflerie n° 450 avec un moteur électrique de 2 CV.
- Désaération de la « L-Keller » (966 m3) : 10.000 m3/h par
une soufflerie n° 550 avec un moteur électrique de 5,5 CV.
- Désaération de la salle des fours (1 031 m3) : 10 000 m3/h
par une soufflerie n° 550 avec un moteur électrique de 3,5 CV.
- Désaération des salles d’autopsie, d'exposition et de lavage
(300 m3) : 3.000 m3/h par une soufflerie n° 375 avec un moteur
électrique de 1 CV.
Par ailleurs, Prüfer, fort de sa récente amitié avec Bischoff, sol-
licita son appui pour sortir un de ses patrons d’une situation gé-
nante. L’aîné des deux propriétaires de la firme, Ludwig Topf
qui était célibataire, avait été mobilisé à l’été 1941 comme « sol-
dat constructeur » dans un « Bau-Ersatz-Bataillon » à Langen-
salza. Cette affectation démontrait que l'inscription des frères
Topf au NSDAP fin avril 1933 n’avait été que de pure forme, afin
d'éviter que leur entreprise au bord de la faillite ne passe aux
mains des nazis. En effet, sans relations privilégiées avec les pon-
tes du Parti, Ludwig, âgé d’une quarantaine d’années et
directeur d’une entreprise comptant à la veille de la guerre pres-
que un millier d'employés, se retrouvait simple soldat dans un
obscur bataillon de dépôt en Thuringe. Le personnel de la firme
compatissait, car Ludwig, conscient de ses limites contrairement
à son agressif, prétentieux, rigoriste et marié frère cadet, était
plus affable. Prüfer demanda à Bischoff d'obtenir auprès des
autorités compétentes une permission de trois semaines pour son
directeur, en affirmant qu'il était le concepteur du four trimou-
fle et que la construction du nouveau crématoire était impossible
sans lui. Bien sûr, c'était un pur mensonge puisque l’unique spé-
cialiste était Prüfer. Courant novembre, Urbanczyk et Bischoff
effectuèrent les démarches nécessaires. Ludwig Topf obtint sa
permission en décembref? et réussit ensuite à se dégager des
obligations militaires, probablement grâce aux SS d’Auschwitz.
Mais, leur être redevable devint pour Ludwig une servitude et un
piège mortel comme la suite des événements le montrera.
VI
LE CONTRAT MOGILEW
ET LE PREMIER GAZAGE HOMICIDE
À AUSCHWITZ
57
réminiscences typhiques de la retraite napoléonienne de 1812
hantaient l'état-major allemand. Mais les difficultés venaient
d’ailleurs. Des civils et des prisonniers de guerre soviétiques. Car
si les Allemands s'étaient débarrassés des poux depuis
longtemps, les peuples de l'Est vivaient avec. Déjà, après la
campagne de Pologne, le typhus, à l’état endémique dans le pays,
était redevenu vivace fin 1939. Les autorités du Gouvernement
général prétendaient avoir vacciné contre des millions de
polonais. Propagande‘. Le seul moyen efficace immédiat avait
été de déplacer un demi-million de personnes afin de les
soustraire des zones abandonnées au fléau %. A long terme, des
centres d’épouillage devaient être ouverts dans les grandes
villes3. Et puis, les troupes allemandes pénétrèrent en Union
soviétique. De nouveau horreur, misère, saleté et famine. Cent
cinquante mille cas de typhus lors de l'été 1941%. Les services
sanitaires du Reich étaient débordés, les médecins militaires se
plaignaient : opérations d’épouillage entreprises trop tard,
insuffisance de vaccins. On se mobilisa à Berlin, on se réunit.
Deux conférences eurent lieu sur le typhus en décembre 1941.
Leur but : accroître la production du meilleur vaccin
antityphique. Les médecins SS y participèrent et des ordres de
recherche furent lancés. Par exemple, pour l’Institut d'hygiéne
de Strasbourg de la part du Conseil de recherches du Reich :
« (Secret d'Etat) Urgence, Objet : typhus ; ordre de recherche :
8 000 RM, catégorie d'urgence SS%. » Pour aller plus vite, on
expérimenterait sur les détenus des camps comme les Américains
l'avaient fait sur les leurs dans les pénitenciers avant-guerre et
comme ils le firent pareillement durant la guerre. D’autres SS,
plus prévoyants, pensèrent dès l’automne 1941 que, sur les
millions de prisonniers soviétiques, jetés en colonnes informes
sur des chemins de terre, avec peu de ravitaillement et sans
hygiène, un grand nombre ne tarderait pas à mourir comme des
mouches, ravagé par le typhus ou crevant de faim. Une
catastrophe était prévisible. Elle se produira durant l'hiver%.
Pour éviter que le typhus et d’autres épidémies incontrôlables ne
s'étendent, les cadavres engendrés par le conflit, y compris leurs
microbes, devaient être réduits en cendres. Prüfer était là pour ça.
L'ingénieur enleva un marché de 55 200 RM portant sur la
fourniture de quatre double fours quadrimoufle à 13 800 RM
pièce, soit 32 creusets incinérateurs à édifier, à Mogilew®%. Cette
ville de Biélorussie avait été choisie parce que s’y était installée la
plus centrale des trois Inspections des constructions SS existant à
l'Est, derrière le front. Possédant un dépôt de matériaux de cons-
truction et un parc automobile8, elle pouvait seule aider à
32
mener à bien un chantier complexe et expérimental, tel celui de
Prüfer. En effet, ce dernier, à la suite de sa visite à Auschwitz,
avait travaillé sur la possibilité d'augmenter encore le nombre de
creusets par four et il avait proposé à Wirtz sa dernière trouvaille,
le double four à 4 moufles qui se schématisait ainsi :
Four 4 M G:G
G : Generator/foyer
m: Muffel /moufle
S : Schornstein/cheminée
r : Rauchkanal/carneau (souterrain)
53
Colditz le 5 décembre d’une lettre pressante indiquant que les
travaux engagés, qui « sont de nature tellement urgente »,
s’achèveraient sous peu et que l’équipe de construction n'aurait
plus qu’à se croiser les bras ou à rentrer, ne débloqua pas la situ-
ation, car faute de chamotte, Mähr avait déjà quitté Auschwitz
le 5105,
De nos jours, est situé entre le 5 et la fin décembre1% le dé-
roulement du premier gazage homicide perpétré au camp d’Aus-
chwitz dans les caves du Block 11 (jusque là daté du 3 au
5 septembre 107). Il porta, selon les témoignages, sur 250 malades
jugés irrécupérables et environ 600 prisonniers soviétiques dont
les premiers arrivèrent au camp le 7 octobre. Durant le mois de
novembre, une commission spéciale de la Gestapo venue de Kat-
towitz siéga au KL afin de rechercher parmi eux les communistes
« fanatiques » à liquider et, fin novembre, 300 avaient été sélec-
tionnés. Les ouvertures du sous-sol du Block 11 ayant été obstru-
ées avec de la terre, du Zyklon-B fut introduit et la porte fermée.
D’après Hôss (qui n’y assista pas) la mort aurait été immédiate.
D’autres parlent d’un gazage ayant duré deux jours avec intro-
duction d’une seconde quantité de toxique parce que la pre-
mière n'avait pas tué tout le monde. De l’acide cyanhydrique, se
vaporisant à 27°C, utilisé dans un sous-sol non encore chauffé en
plein hiver silésien et une méconnaissance de la dose létale pour-
raient expliquer la durée anormale de ce gazage. Les victimes,
dont le nombre se situe entre 550 et 850, furent incinérées dans
les deux fours bimoufle du crématoire en une ou deux semaines
d’un travail intensif qui détériora le deuxième four 108. Gazer
dans les caves du Block 11 s’étant révélé incommode faute de
ventilation, il fut décidé de se servir de l'endroit le mieux adapté
à cette opération, la morgue du crématoire. Ainsi, le transport
des morts était évité et l'évacuation du toxique après emploi était
facilité, puisque le crématoire comportait une désaération méca-
nique, suffisamment efficace à condition de l'utiliser unique-
ment à désaérer la morgue. Trois ouvertures carrées furent
percées et aménagées dans le plafond de la morgue1® pour per-
mettre l'introduction du Zyklon-B qui était versé directement dans
la pièce dont les deux portes d’accès avaient été rendues étanches.
Le ronflement d’un moteur poussé à fond d’un camion station-
nant le long du crématoire couvrait les cris d’agonie des victimes.
Les SS ne purent y gazer qu’à partir de janvier 1942 jusqu’à la
date de reprise du montage du troisième four en mai, soit durant
quatre mois. On estime actuellement que très peu de gazages homi-
cides eurent lieu dans ce crématoire, mais qu'ils furent amplifiés
parce qu'ils impressionnèrent les témoins directs ou indirects. En
34
effet, tuer d’un coup par gaz dans un espace clos des hommes
par centaines était sans précédent et le secret dont était entourée
l'opération frappait encore plus l'imagination des non-parti-
pants, SS ou détenus, qui avaient reçu l'interdiction formelle
d'en observer le déroulement. Comme un gazage imposait d'i-
soler totalement la zone du crématoire, ce qui perturbait l’acti-
vité du camp, et qu'il était impraticable lorsque des travaux
étaient en cours, il sera décidé fin avril de transférer ce genre
d’activité à Birkenau.
Le 3 janvier 1942, l’arrivée du wagon contenant la chamotte tant
attendue fut télégraphiée 110 à la Topf par la « Zentralbauleitung
der WaffenSS und Polizei, Auschwitz O/S » (ou ZBL). Depuis le
ler décembre 1941, était ainsi désigné un nouvel organisme, la
« Direction centrale des constructions de la Waffen-SS ct de la
Police, Auschwitz hte Silésie » [document 12], que Bischoff avait
obtenu en fusionnant sa « Sonderbauleitung KGL » avec la pre-
mière Bauleitung du camp, et dont il avait pris la tête.
De mi-janvier à début février, un nouveau membre de la Baulei-
tung, le sergent SS Ulmer, dessina huit plans du nouveau créma-
toire (dits de la série 900) en se fondant sur ceux envoyés par Berlin
en novembre 1941 : sous-sol, rez-de-chaussée, coupe, façades ouest,
nord, est, sud et toiture lll, Dejaco, nommé sous-lieutenant SS et
chef de la section des plans de la ZBE, fit placer la cheminée, la-
térale dans l’étude de Werkmann, au milieu de l'aile centrale. Il
aménagea au sous-sol, en sus des deux morgues prévues, une troi-
sième servant de « secrétariat funéraire ». Ainsi les corps seraient ré-
ceptionnés et enregistrés dans la L-Keller 3, puis placés en attente
dans la 2 et, en dernier, stockés dans la 1, avant incinération(sché-
ma page suivante). L'orientation du bâtiment notée sur les plans in-
diquait son implantation au Stammlager 112.
Le 20 janvier, se tenait à Berlin la conférence dite de Wannsee.
Si une action de « refoulement » des Juifs vers l'Est fut bien prévue
avec l'évocation d’une élimination « naturelle » par le travail, per-
sonne ne parla alors de liquidation industrielle. Dans les jours et les
semaines qui suivirent, la Bauleitung d’Auschwitz ne reçut ni appel,
ni télégramme, ni lettre réclamant l'étude d’une installation adap-
tée à cette fin.
Grabner, toujours bien informé et veillant jalousement sur
« son » crématoire, sut que Prüfer se trouvait au Stammlager le
31 janvier et réclama à Bischoff qu'il fasse réparer le second four,
endommagé113. En fait, Prüfer était venu pour deux choses : pla-
nifier l'édification du troisième four et, probablement sur un
souhait de Bischoff et malgré le projet d’un nouveau crématoire,
implanter un crématoire supplémentaire au KGL de Birkenau.
Extrait du plan Baukeitung n° 932 du 23 janvier 1942 (simplifié)
« Projet pour le crématoire », « Plan du sous-sol »
L-KELLER 1
Absetzgrube
(Perron
extérieur)
note faoichert AD . L-KELLER
/ Cave à cadavres
36
contrepoids, et une seule ouverture alimentait en coke les deux
foyers. Un troisième crématoire, renfermant deux fours « rusti-
ques » placés de part et d’autre d’une cheminée centrale, serait
donc construit à Birkenau. Un four coûtait 7 106 RM, y compris
l'édification du revêtement intérieur de la cheminée en cha-
motte, et le marché atteignait 14 652 RM1H.
nach Schornstein
S : Schieber/registre
(dans carneau souterrain)
A : Absperrschieber/
porte guillotine
R : Rauchkanal/carneau
L : Leichen/cadavres
m : Muffel/moufle (creuset)
G : Generator/foyer
s : Schachtverschluss/
fermeture fosse
alimentation (en coke)
TP
pour les études engagées sur ce projet avorté, indemnité qu'elle
toucha et, par la suite, regretta d’avoir encaissée 116,
Vers la mi-mars, la Zentralbauleitung reçut un nouveau plan
Topf, des ventilations du futur crématoire, établi le 10 mars et s’ap-
puyant encore sur les deux premières études de Dejaco. Schultze
avait nettement augmenté la puissance des moteurs électriques,
donc de l’aération et des désaérations, mais sans changer le type
des souffleries. Les nouvelles puissances se répartissaient comme
suit [documents 13, 14, 15]:
- Aération B-Keller : 3,5 CV fournissant 8 000 m3/h
(cave aérée) (au lieu de 4 800 m*/h)
- Désaération B-Keller : 3,5 CV aspirant 8 000 m°/h
(cave aérée) (au lieu de 4 800 m*/h)
- Désaération L-Keller : 7,5 CV aspirant environ 13 000 m3/h
(cave à cadavres) (au lieu de 10 000 m3/h)
- Désaération O-Raum : 4,5 CV aspirant environ 12 000 m3/h
(salle des fours) (au lieu de 10 000 m3/h)
- DésaérationS,
Au. W-Raüme : 1,5 CV aspirant environ 4 000 m3/h
(autopsie, exposition, lavage) (au lieu de 3 000 m3/h)
Le 2 avril, la ZBL acceptait les nouvelles puissances, mais deman-
dait à la Topf d'adapter son plan à ceux récemment dessinés de la
série « 900 » et de remplacer les conduits de ventilation en tôle par
des cheminées maçonnées
117, Pour la Topf, la « B-Keller » devenait
la « L-Keller 1 » et la « L-Keller », la « L-Keller2 ». Le plan Topf modi-
fié en fonction des desiderata de la ZBL fut envoyé le 8 mai 118.
Le 16 avril était chargé à Erfurt un wagon avec onze tonnes de
matériel!9 comprenant : les deux tiers des éléments métalliques
et toutes les souffleries d’air pulsé des cinq fours trimoufle desti-
nés au nouveau crématoire à construire à Birkenau ; pour le cré-
matoire du Stammlager, les ferrures nécessaires à l'édification de
son troisième four bimoufle (déjà livrées fin octobre 1941 !) et la
totalité de son équipement de désaération, soit une soufflerie
n° 550 avec moteur de 3 CV et les tuyaux afférents. Le wagon ar-
riva le 30 à la gare d’Auschwitz. Les pièces des cinq fours tri-
moufle et la ventilation du crématoire du Stammlager furent
stockées, sans emploi immédiat. Le troisième four bimoufle fut
monté courant mai et livré à la fin de ce mois 120,
Au même moment, Prüfer surveillait à Buchenwald l’édifica-
tion de son premier four trimoufle qui avait été engagée début
mai par son contremaître Martin Holick. Comme il fallait à l’in-
génieur des données concrètes sur ce modèle de four avant de le
monter en cinq exemplaires à Birkenau, il s'était arrangé avec la
38
Bauleitung de Buchenwald, avec laquelle il était en excellents
termes, pour lui en vendre deux. Fin mai, le premier four était
achevé, mais sa soufflerie d’air pulsé et son moteur manquaient,
parce que tout le matériel disponible des fours trimoufle avait été
chargé pour Auschwitz le 16 avril. Le 29 mai, la Topf demandait à la
ZBL d’Auschwitz de prêter à celle de Buchenwald une soufflerie
n° 275 et un moteur de 3 CV pour mettre le four en marche 121. On
ignore si Auschwitz s’exécuta ou si la Topf dut refabriquer le maté-
riel faisant défaut, mais le premier four ne fut opérationnel que le
23 août. Le second le fut le 3 octobre. Le 15 novembre, Prüfer esti-
mait qu'après respectivement douze et six semaines de fonction-
nement, ses nouveau-nés avaient un rendement incinérateur
supérieur d’un tiers à celui calculé à partir de l'expérience acquise
sur les fours bimoufle 12. Pour les cinq fours du crématoire de Bir-
kenau, Prüfer put tabler sur l’incinération assurée de 800 corps en
24 heures, ce qui était nettement moindre que les 1 440 annoncés à
Bischoff fin octobre 1941.
Courant mai, une petite maison fermière à la lisière du bois
de bouleaux à Birkenau fut choisie par le commandant Hôss
comme site de gazage ponctuel pour remplacer la morgue du
crématoire au Stammlager, lequel était en travaux. La maison
comprenait deux pièces d’une superficie totale supposée de 60 à
80 m? sur laquelle 300 à 400 hommes pouvaient être compressés.
Chaque pièce avait une porte qui fut rendue étanche. Les fené-
tres furent murées. À hauteur d'homme, furent aménagés des
orifices étanches par lesquels était déversé le Zyklon-B. La ven-
tilation se faisait naturellement par ouverture des portes et durait
toute la nuit. Le gazage s’effectuant en soirée, le lendemain matin,
il était possible de retirer sans danger les corps, de les transporter
dans des fosses creusées dans le Birkenwald et de les y enfouir. Les
diverses opérations se déroulaient loin de tout regard indiscret. La
« maisonnette rouge » ainsi transformée fut dite « Bunker 1 » et en-
tra vraisemblablement en service fin mai 1942. La date du 20 mars
habituellement avancée pour son entrée en activité est à proscrire,
n'étant qu’une interprétation abusive de l’époque où Hôss la pla-
cait, à savoir au printemps 1942 sans plus de précisions 188.
L'édification du troisième four permit d'effectuer d’autres tra-
vaux dans le crématoire. Avant l’arrivée du contremaître de la Topf,
les trois ouvertures de versement du Zyklon-B dans sa morgue fu-
rent rebouchées. Puis, les 14 et 15 mai, les carneaux souterrains fu-
rent réparés et, dans la remise renfermant le tirage forcé se tenant
au pied de la cheminée, le plafond et les parois intérieures furent
maçonnés et crépis 124 Le 30 mai, probablement à cause d’une utili-
sation inconsidérée des fours à la suite d’une brutale remise en
37
marche du crématoire, le cerclage de la cheminée surchauffée se
détacha. De fortes fissures apparurent. Les jointoyer extérieure-
ment n'aurait servi à rien, car la cheminée menaçait de s’ef-
fondrer par grand vent. Les SS de la Section politique, craignant
pour leurs précieuses vies — l’écrasement d’une de leurs baraques
sous le poids de la cheminée étant fatal si elle s’abattait — inter-
vinrent. Bischoff chargea Pollok, un adjudant SS, qui assurait le
contrôle des bâtiments, d'établir un rapport qui fut transmis au
SS-WVHA 1%. Le 2 juin, Kammler donnait l’ordre de réfection
immédiate 1%. Un professionnel local des cheminées, l'ingénieur
Robert Koehler, de Myslowitz, fut sollicité. Il préconisa une nou-
velle cheminée haute de 25 à 30 mètres. Dès que Grabner en
connut la hauteur et rien qu’à la pensée de vivre au pied d’une
telle menace potentielle, il exigea que la future cheminée ne dé-
passe pas 10 mètres1?7. Koehler calma le SS en transigeant
momentanément. Mais l'ingénieur savait qu’une telle solution
n’était pas concevable, faute de place pour installer un carneau
souterrain, droit et long de vingt mètres, entre la cheminée et le
crématoire. La ZBL se rendit aux arguments de Koehler et con-
sulta la Topf sur une possible hauteur de 13 mètres138. La Topf
télégraphia que 15 mètres seraient nécessaires 12 et Prüfer expé-
dia le plan de la nouvelle cheminée début juin 1%. Koehler ajouta
un carneau de liaison de 12 mètres pour obtenir une longueur de
tirage de 27 mètres [voir document 8]. Les travaux commencèrent le
12 juin par la démolition de l’ancienne cheminée 151.
VII
LE DÉBUT DU MEURTRE
DE MASSE DES JUIFS
ET L'EPIDÉMIE DE TYPHUS
1
installation d’épouillage au Zyklon-B avec huit petites chambres
à gaz de 10 m3 disposées côte à côte. Chaque cellule comportait
deux portes étanches au gaz (en métal ou en bois), l’une servant
à l'entrée des effets du côté sale et l’autre à leur sortie du côté
propre, un chauffage par radiateur et une ventilation circulaire
intérieure assurant d’abord le passage régulier du gaz cyanhydri-
que sur les effets à épouiller, puis, en fin de traitement, une désaé-
ration efficace [documents 16 et 17]. Pour un cycle, dont la durée
était de 1 h à 1 h et demi, une quantité de 200 grammes de Zyklon-
B était préconisée, soit une concentration de 20 g/m. C'était sur le
conseil de la Boos que cet article avait été demandé 155, afin de s’en
inspirer pour équiper le futur bâtiment de réception des détenus
du Stammlager d’une batterie de 19 cellules d’épouillage à gaz
semblables. Fin décembre 1941, Dejaco en avait fait dessiner le
plan en les disposant en deux rangées [document 18]1%6 et Bis-
choff avait désigné un chef de chantier civil de la Bauleitung,
Heinrich Teichmann, pour diriger la construction. La Degesch
proposait en outre des chambres d’épouillage de 50 m3 (d’envi-
ron 25 m? de surface). S'il était simple de faire aménager par les
détenus dans la fermette une réplique adaptée d’une telle instal-
lation, une complication surgissait à propos du système d’aéra-
tion circulaire, qui ne pourrait être monté que par la Boos1%7 et
serait difficile d'obtenir parce que soumis à un long délai de livrai-
son. Finalement, furent construites dans la blanche chaumière qua-
tre petites chambres à gaz d'environ 50 m5, placées en parallèle,
sans ventilation mécanique, mais orientées au mieux dans le sens
du vent (nord-sud à Birkenau). La méthode d'introduction du toxi-
que fut copiée sur celle du Bunker 1. Une ou deux boîtes de 500 g
de Zyklon-B par cellule suffiraient pour une mort rapide. La « mai-
sonnette blanche » ou Bunker 2 fut opérationnelle fin juin 1942.
L'aménagement de la région d’Auschwitz (complexe concen-
trationnaire et Siedlung) avait attiré à la mi-1942 dix-sept entre-
prises civiles qui occupaient un millier de travailleurs civils. Leur
hébergement était fonction des disponibilités. Si les cadres et les
chefs de chantier résidaient dans des maisons et appartements
réquisitionnés de la ville d’Auschwitz ou mieux en dehors, le gros
des civils était caserné dans des baraques de bois de camps qui
leur étaient réservées. À cette époque, travaillaient à Birkenau les
firmes Huta et Lenz & Co (toutes deux de Kattowitz), la Huta au
gros-œuvre des bâtiments, la Lenz au nivellement du terrain.
Elles possédaient un camp commun pour loger leurs ouvriers. Le
ler juillet, un cas de typhus y était déclaré. Le 3, trois cas étaient
répertoriés!%8, La première épidémie de typhus d’Auschwitz
commençait et, si elle n’avait pas été combattue de manière dras-
42
tique, elle aurait compromis l'existence même de la région
d’Auschwitz 139,
Les médecins SS savaient que la région d’Auschwitz était ma-
récageuse. Ils avaient déjà été confrontés au problème de l’eau
non traitée qui provoquait des fièvres typhoïdes dues au bacille
d’Eberth. Fin mai 1942, de nombreux cas de typhoide étant
apparus chez les détenus, la consommation de l’eau courante
avait été interdite début juin aux SS et aux employés des dix-sept
firmes civiles du camp. Pour compenser, de l’eau minérale était
fournie gratuitement en abondance. Les médecins prévoyaient,
presque fatalement durant l’été, des cas de paludisme (ou mala-
ria) provoqués par les moustiques venant des marais. Pour
contrer ce danger, un Institut d'hygiène SS devait être monté à
Raïsko, ce qui fut fait en octobre. Mais le typhus les surprit. Ils
pensaient que les mesures prophylactiques (quarantaine et tonte
des cheveux) et d’hygiène (désinfection locale des poils,
douches), appliquées aux détenus à leur arrivée, éviteraient l’in-
troduction du fléau dans le camp par l’éradication du vecteur, le
pou. Ce fut le cas, mais le mal vint de ceux qui n'avaient pas été
soumis à un tel traitement, les civils, qui côtoyaient journelle-
ment les détenus. Bientôt, ces derniers furent contaminés et,
comme les conditions d’hygiène dans le KL étaient lamentables,
le nombre de morts s’envola. De mai à décembre 1940, les décès
mensuels sont estimés à 220 ; de janvier à juillet 1941, ils tri-
plent ; d’août à décembre 1941, ils atteignent le millier ; en juil-
let 1942, ils dépassent les 4 000 14, La situation sanitaire devenait
incontrôlable. Il fallait éviter que le typhus ne se répandit aux alen-
tours. L'ensemble du camp devait être isolé et personne ne devait
en sortir. Une quarantaine partielle fut ordonnée le 10 juillet.
Si les sorties du camp étaient bloquées, les entrées ne l’étaient
pas. Les convois juifs continuaient d’arriver, destinés maintenant
à être liquidés après séparation entre les aptes au travail
(hommes et jeunes femmes sans enfants) et les inaptes au travail
(enfants, femmes et vieillards), inutiles pour les SS et voués au
gaz. Le 4juillet, un convoi de Juifs slovaques fut « sélectionné »
pour la première fois. De cette date au printemps 1943, le tri fut
assuré par Hôss et ses subordonnés. Un « Sonderkommando/
kommando spécial » fut alors formé avec des détenus juifs pour
faire le « sale travail » aux Bunker : retirer les morts des cham-
bres à gaz et les enfouir dans des fosses 141,
Les 17 et 18 juillet, Himmler vint à Auschwitz voir si la « Sied-
lung » et le complexe de IG Farben progressaient convenable-
ment et comment était mis en œuvre l’ordre d’extermination des
Juifs. Parmi ceux qui l’accompagnaient, se trouvait Kammler,
1%
nommé général de brigade SS depuis le 20 avril. Le premier jour,
à la Bauleitung, furent expliqués à Himmiler avec des cartes, des
plans et des maquettes les projets et les réalisations en cours.
Puis, il visita toute la zone d’intérêts du camp et Birkenau [|docu-
ment 19]. Ensuite, il assista à la sélection d’un convoi deJuifs hol-
landais et au gazage des inaptes dans le Bunker 2. Enfin, il se
rendit à la « Buna » de Monowitz qui n’était alors qu’un im-
mense chantier
14, Une grande réception clôtura cette journée.
Le lendemain, Himmler inspecta le Stammlager. Il vit les trois
fours Topf bimoufle, arrêtés et froids, ainsi que la nouvelle che-
minée du crématoire en construction. Après avoir visité les ate-
liers des DAW, il se rendit au camp séparé des femmes. Là, il
assista à une bastonnade punitive qui l’impressionna vivement.
Quelque peu ébranlé, il consentit alors à l’élargissement d’une
détenue allemande. L’inspection achevée, il ordonna à Hôss
d’accélérer les travaux et projets en cours, d'étudier des installa-
üions afin de porter l'effectif du KGL de 125 000 à 200 000, de
faire disparaître ces répugnantes fosses pleines de cadavres du
Birkenwald et, satisfait, le nomma lieutenant-colonel SS. Ce que
Himmler ne dit pas à Hôss en le félicitant, c’est que le gazage ho-
micide des Juifs lui était resté sur l’estomac. Ordonner est facile,
exécuter l’est moins. Le Reichsführer SS venait d’en faire la ma-
cabre expérience. Il ne remit plus jamais les pieds à Auschwitz 143.
VIII
LE MARCHÉ DU SIÈCLE :
LES « KREMATORIEN » IL, IL IV ET V
46
nait moins de produit avertisseur qu'avant et était de ce fait parti-
culièrement dangereux parce que presqu’inodore1l4#, Vers le
20 août, les stocks de Zyklon-B étaient presque épuisés et l’épidé-
mie toujours vivace. Une nouvelle demande de produit aurait
conduit les SS d’Auschwitz à avouer qu'ils ne contrôlaient tou-
jours pas la situation. Une astuce fut trouvée. Mettre sur le dos
des Juifs les effarantes quantités de gaz employées. L'autorisation
de transport accordée le 26 août le fut pour « traitement spé-
cial »150, Bien que les responsables du SS-WVHA de Berlin sus-
sent la finalité du « traitement », ils en ignoraient les modalités,
c'est-à-dire les quantités de toxique utilisées. Ce qui permit de
leur faire croire que la majorité du Zyklon-B livré servait aux ga-
zages homicides dans les Bunker 1 et 2, alors que 2 à 3 % suffi-
sait. Ainsi, 97 à 98 % du gaz pouvait être consacré à l’épouillage.
Ces besoins anormaux éveillèrent quand même la curiosité du
chef du SS-WVHA, Oswald Pohl.
Entre-temps, les préparatifs de construction du nouveau cré-
matoire s’accéléraient. Le 18 juin, était parti d’Erfurt un wagon
avec cinq tonnes de matériel comprenant les parties manquantes
des cinq fours trimoufles, le four à ordures et les trois souffleries
du tirage forcé, mais sans leurs moteurs 151. Le wagon fut récep-
tionné le 29. Les moteurs de 153 CV manquants suivirent le
6 août 1%. Début juillet, la Bauleitung demanda aux deux entre-
prises de bâtiments et de travaux publics travaillant à Birkenau, la
Huta et la Lenz et Cie, si elles acceptaient d’y bâtir le nouveau
crématoire. La Lenz refusa en raison d’un manque de person-
nel158, La Huta accepta de s'occuper du gros-æœuvre le 13 juillet
après l’avoir chiffré à 133 741,65 RM15. Les travaux durent
commencer le lundi 10 août, le Kommando de détenus ayant
achevé la préparation du site le 5 août 155. La Bauleitung d’Ausch-
witz précisa trois mois plus tard, dans un rapport expédié au SS-
WVHA, que c'était en raison de la situation créée par les
« actions spéciales » que la construction du nouveau crématoire
avait dû être immédiatement engagéel%%. Cette indication
confirme formellement le rôle essentiel que joua le nouveau cré-
matoire dans le choix d’Auschwitz comme site d’anéantissement
massif des Juifs. Envisagé comme instrument sanitaire normal
pour un camp de prisonniers de guerre, ce crématoire devint,
sous les effets conjugués de la persuasion commerciale de Prüfer,
de sa passion professionnelle, de son génie créateur et de la cor-
dialité de ses relations avec Bischoff, un Moloch en puissance.
Cette installation d’incinération stupéfiante ne pouvait qu'être
remarquée par les fonctionnaires SS de Berlin et associée ulté-
rieurement par eux à la « solution finale » du problème juif.
47
Fixer, selon les ordres de Himmler et de Kammiler, l'effectif du
KGL de Birkenau à 200 000 détenus entraïînait un nouvel
agrandissement du camp et un renforcement de sa capacité d’inciné-
ration. Le KGL, qui à l’origine était formé d’un camp de quarantaine
et de deux camps de logement, avait été redessiné en janvier 1942
afin de comporter trois sections : la première de 20 000 prisonniers,
la deuxième et la troisième de 60 000 chacune (140 000 au total). Fin
juillet, une quatrième section de 60 000 prisonniers fut ajoutée, pla-
cée au sud de la première, portant ainsi la capacité du camp à
200 000. Le corollaire sanitaire de cet accroissement de population
fut de prévoir un crématoire supplémentaire. La solution la plus sim-
ple était de dupliquer le fameux nouveau crématoire, élaboré
conjointement par la Bauleitung et la Topf. Pour obtenir un équili-
bre architectural, il fut décidé d’implanter les deux batiments côte à
côte, chacun étant l’image réfléchie de l’autre. Le nombre des creu-
sets incinérateurs était porté à trente, soit un pour 6 670 prisonniers
[document 20. En fait, le KGL Birkenau ne comporta que trois tranches de
construction, les BI, BIT et BIIT. Seules les deux premières furent achevées. Le
Bunker 2
Bunker 2
Ringstrasse 1) L
| (Station
Station Station
Canada II d'épuration
d'épuration des d'épuration des des eaux III)
eaux I eaux II
Bunker 1
camp des
femmes
B 111 ("MEXIQUE")
(en fait, camp
Station de Camp de loge- de transit)
traitement ment des gardes
des eaux SS avec leur
hôpital
48
BIT, à vocation hospitalière, ne reçut que le tiers de ses baraques et servit
surtout durant l'été 1944 de camp de transit (action hongroise)].
La cheminée du crématoire du Stammlager fut achevée le
8 août 157. Son tirage était naturel, le tirage forcé mécanique, de
capacité insuffisante, n’ayant pas été remonté. Kochler présenta
une facture de 4 659,94 RM 158 à la Bauleitung qui avait réclamé
pour ce travail au SS-WVHA une dotation de 11 500 RM1%. En
additionnant les temps de montage du troisième four et d’édifi-
cation de la nouvelle cheminée, le crématoire avait été inutilisa-
ble trois mois au cours du premier semestre 1942 et son arrêt
avait été particulièrement ressenti dès que l’épidémie de typhus
avait multiplié les cadavres (dans ses Mémoires, le Commandant
Hôss place cet arrêt durant l’hiver 1941-1942160), Ainsi, les morts
à incinérer avaient dû être enterrés avec les corps des Juifs
inaptes gazés dans les fosses du bois de bouleaux à Birkenau. Dès
leur remise en marche, les trois fours bimoufle furent exploités
au maximum de leur capacité (200 à 250 incinérations par jour),
ce qui provoqua dans la cheminée de nouveaux dommages, qui
apparurent le 13 août. Koehler en fut informé et sa présence fut
réclamée d'urgence. Les SS constatèrent que leur marge de sécu-
rité incinératrice était dérisoire et devenait nulle à la moindre
panne du crématoire du Stammlager. Pour faire face aux convois
juifs qui affluaient et aux milliers de morts typhiques, la Bauleiï-
tung décida de doter le complexe concentrationnaire de moyens
incinérateurs surpuissants et, à cette fin, l'ingénieur Prüfer fut
convoqué à Auschwitz où il se rendit le 18 août.
Les mercredi 19 et jeudi 20 août furent l’apogée de la carrière
de Prüfer. Il décrochera pour plus de 80 000 RM de contrats,
non comptées les miettes de ventilation laissées à son collègue
Schultze 161 et les factures de main-d'œuvre pour ses contremaîtres.
Le 19 est à considérer comme la date où fut entérinée la décision
de construire trois autres crématoires à Birkenau, dont deux étaient
liés directement au processus criminel d’anéantissement des Juifs.
En fait, des études préparatoires avec contacts téléphoniques
avaient déblayé le terrain. Initialement, Bischoff prévoyait, d’une
part, d’édifier un deuxième crématoire à 15 creusets à côté du pre-
mier dès que l’effectif du KGL dépasserait 100 000 prisonniers (ce
qui était un projet à long terme puisque, début août 1942, l'ensem-
ble de la population concentrationnaire d’Auschwitz ne comptait
que 22 000 personnes) et il voulait, d'autre part, édifier près des
Bunker 1 et 2 une installation d’incinération sommaire permettant
d’absorber leur « production », qui ne devait plus être enterrée,
mais brûlée, selon l’ordre d’'Himmler. Pour cette tâche, il pensa au
projet de crématoire avec deux fours trimoufle simplifiés, délaissé
49
sur ordre de Kammler. Mais la pression de l’épidémie de typhus,
avec chaque jour, ses 250 à 300 morts parmi les détenus, ainsi
que les civils et SS les accompagnant dans l'au-delà, conjuguée
aux incessantes arrivées de convois juifs, poussa Bischoff, sur de-
mande de Hôss, à précipiter la réalisation du programme créma-
toire et à le doubler. Ainsi devaient être édifiés immédiatement,
le crématoire du Stammlager devenant le ne TI:
- le crématoire II, fort de 5 fours à trois creusets incinérateurs
et dont le chantier était prêt à être engagé ;
- le crématoire III, de puissance incinératrice identique au IT ;
- le crématoire IV, fort de 2 fours simplifiés à trois creusets in-
cinérateurs et destiné au Bunker 2 ;
- le crématoire V, de puissance incinératrice identique au IV
et destiné au Bunker 1.
<— Cadavres
Salle des deux fours trimoufle simplifiés
Morgue
Cheminée
collective à
deux conduits
50
furent accordés par le SS-WVHA et non le SS-RSHA, semble avoir
été une manipulation administrative menée avec l'accord tacite des
deux Offices pour se procurer plus rapidement du fer. Néanmoins,
le crématoire IT fut financé par le SS-WVHA dans le cadre du pro-
jet VIII Upa 218, dont le budget couvrait toutes les dépenses rela-
tives à l'aménagement du KGL de Birkenau. Quant à Prüfer, ses
préoccupations étaient différentes. Bischoff l’avait informé de l’ex-
humation de son projet de crématoire sommaire pour les Bunker 1
et 2, mais l’urgence de sa demande avait pris de court l’ingénieur.
Son four trimoufle simplifié était au stade de l’épure et la fabrica-
tion des éléments constitutifs prendrait du temps. Prüfer conçut de
remplacer deux fours trimoufle simplifiés par un double four qua-
drimoufle du contrat Mogilew. De plus, deux de ces fours étaient
disponibles, prêts à être expédiés en Russie. Enfin, si Bischoff pou-
vait patienter, l'usine d’Erfurt serait en mesure d’en fabriquer rapide-
ment d’autres, la série étant déjà lancée. Il proposa cet échange à
Bischoff qui en fit dessiner le plan le 14 août163. Seule l'implantation
Morgue
du double four avec ses deux cheminées avait été représentée, le tra-
cé de la morgue restant inachevé. Dans la matinée du 19, Prüfer se
rendit au Bauhof d’Auschwitz (entrepôt de stockage des matériaux)
I
pour vérifier si toutes les pièces métalliques des cinq fours tri-
moufle avaient bien été réceptionnées et en bon état. Lors de
son contrôle, il s’aperçut que dans les onze tonnes de matériel
expédiées le 16 avril d'Erfurt, avait été chargée par mégarde la
majorité des éléments métalliques du second four bimoufle de
Mauthausen, restés en magasin à Erfurt à cause de l’obstination
retardatrice du lieutenant SS Naumann164. Furieux sur le mo-
ment d’une telle erreur, il décida ensuite de l’exploiter à son
profit, car il avait été informé, dès son arrivée, de l’épidémie de
typhus par les recommandations sanitaires qui lui avaient été
données ; de plus, il avait appris en bavardant avec les SS ce qu'il
n’était pas sensé savoir, ce qui se passait dans la « Sperrgebiet »
(zone interdite) du Birkenwald [document 21] où se situaient les
Bunker 1 et 2. La réunion débuta à 14 heures à la Bauleitung. Y
participaient : le sous-lieutenant SS Fritz Ertl (ingénieur-archi-
tecte et chef de chantier) représentant Bischoff, absent parce
qu'il avait dû se rendre à Berlin, et le sergent SS Hans Kirschneck
pour la Bauleitung, l'ingénieur Kurt Prüfer pour la firme Topf et
l'ingénieur Robert Koehler. Il fut décidé que :
- Concernant le crématoire IT, la construction des cinq fours
commencerait dès que Martin Holick, qui était en train d’assurer
la mise en marche du premier four trimoufle de Buchenwald, se-
rait sur place, vers le 26 ou le 27. Kochler s’occuperait du revête-
ment des fours, des carneaux souterrains (ce ne fut pas le cas) et
de la cheminée collective à trois conduits selon les plans et indi-
cations de la Topf.
- Concernant les crématoires IV et V destinés aux Bunker 1 et 2,
Prüfer proposa de les équiper de double fours quadrimoufle, pris
sur une livraison du contrat Mogilew prête à être expédiée, comme
cela avait déjà été étudié avec Bischoff. Le SS-WVHA en avait été in-
formé et s’occupait d’en régler le transfert avec la Bauleitung de
Russland-Mitte. Koehler, pour sa part, devait en ériger les quatre
cheminées requises dans ce cas. Néanmoins, le dossier complet du
crématoire sommaire à fours trimoufle simplifiés 165 fut remis à
Koehler pour estimation du devis parce que la Bauleitung avait
compris que Prüfer ne pourrait, malgré ses dires, lui fournir à la
fois les quatre contremaîtres, nécessités pour la construcüon simul-
tanée des fours dans les quatre crématoires. Dans son rapport sur
cette réunion, Ertl désigna les Bunker 1 et 2 d’« installations de
bain pour actions spéciales ». À partir du 19 août, les deux partici-
pants civils, Prüfer et Koehler, surent de manière officielle que les
fours et cheminées des crématoires IV et V qu'ils allaient construire
étaient liés à une opération criminelle. Ils pouvaient accepter ou re-
fuser. En acceptant, ils devenaient complices des SS dans le meurtre
ne
des Juifs. Si Koehler prenait la responsabilité personnelle d’enga-
ger son entreprise dans ces travaux « spéciaux », Prüfer n'avait pas
les pleins pouvoirs de sa firme pour la fourvoyer dans un tel mar-
ché et il le fit à titre individuel, mais assuré que ses patrons le
couvriraient, puisque Ludwig Topf ne pouvait plus rien refuser
aux SS.
- Quant au crématoire II, réplique inversée du II, dont la
construction était envisagée en dernier, l'ouverture de son chan-
tier ne dépendait que des négociations en cours avec le SS-RSHA
pour obtenir le déblocage du fer requis.
Par ailleurs, Prüfer signala l’erreur qu'il avait constatée dans
la matinée et proposa, vu l’urgence de la situation, de monter
immédiatement à Auschwitz le four bimoufle de Mauthausen.
Quant aux dommages de la nouvelle cheminée du crématoire I,
Koehler et le sergent SS Kirschneck allèrent inspecter le chan-
tier et convinrent des mesures à prendre pour un prompt achè-
vement 16, Le lendemain, le caporal SS Josef Janisch
accompagna Koehler et peut-être Prüfer à Birkenau pour leur
faire visiter le chantier du crématoirce IT en cours. S'ils se rendi-
rent aussi sur les futurs emplacements des crématoires II, IV et
V, il est improbable qu'ils aient pénétré dans la zone interdite
des Bunker 1 et 2. Avant de repartir pour Érfurt, Prüfer deman-
da une confirmation manuscrite de la commande des quatre
fours trimoufle simplifiés des crématoires TV et V, ou la confir-
mation rapide du prélèvement sur le contrat Mogilew, si cette
solution était retenue 167.
Ertl, après avoir consulté le SS-WVFA, tranchait le 24 août 168.
Le four bimoufle retournait à Mauthausen et deux double fours
quadrimoufle pouvaient être détournés du contrat Mogilew. Le
devis de Koehier sur les fours trimoufle 16 fut donc refusé, ce
projet étant abandonné. Ainsi, Prüfer venait d'enlever le « mar-
ché du siècle » des fours crématoires, même en ayant raté la
vente à Auschwitz du four de Mauthausen, dont les éléments fu-
rent réexpédiés à Gusen. En fait, Prüfer avait Joué de malchance,
car Ertl se fit vertement tancer par Bischoff, revenu de Berlin,
d’avoir décidé avec le SS-WVFHA, et sans le consulter, la réexpédi-
tion du four de Mauthausen et d’avoir raté une si belle opportu-
nité de monter un four bimoufle de plus au camp, ce qui n’était
pas du luxe vu sa présente situation 170,
Les démarches et entretiens ayant conduit à ces deux journées
durant lesquelles fut fixée définitivement la construction des
quatre crématoires de Birkenau, prévus alors sans chambres à
gaz homicides, se résument ainsi : bien que le crématoire IT ait
servi de catalyseur pour le choix d’Auschwitz dans la liquidation
des Juifs, il ne se rattache pas directement à cette extermination,
mais est considéré comme un moyen supplétif occasionnel ; le
crématoire III n’est projeté qu’en complément du II, pour faire
face à un effectif de 200 000 détenus, et n’est « criminalisé » que
pour les besoins de la bureaucratie SS; les crématoires IV et V, de
conception sommaire, sont reliés directement aux Bunker 1 et 2
et même si leur agencement initial n’est pas criminel (sans cham-
bre à gaz), leur finalité l’est puisqu'ils se placent à la fin d’un
processus de mort, auquelils participent.
IX
L'AMÉNAGEMENT
DE CHAMBRES A GAZ HOMICIDES
DANS LES CRÉMATOIRES
DT.
Blobel insista sur la disposition des couches de cadavres et des
couches de bois qui devaient toujours être alternées. Dejaco des-
sina un plan coté de la « meule ». Blobel fut d’avis que son instal-
lation ne convenait pas pour incinérer rapidement, parce que la
combustion y était lente. Néanmoins, le principe (empilement al-
terné) en était à retenir. Enfin, Blobel indiqua complaisamment
que la firme Schriever et Cie de Hanovre disposait de broyeurs à
galets pour les « substances » (non incinérées). Les trois SS é-
taient de retour à Auschwitz pour le repas de midi. On ignore
s’ils purent l’avaler. Dejaco rédigea le compte rendu de ce voyage
et y joignit son plan (celui-ci n’a pas été retrouvé). L'installation
de Blobel ne fut pas reproduite à Birkenau, mais son principe y
fut appliqué : incinération de couches de bois et de cadavres em-
pilées alternativement sur de vastes grils, formés de rails de che-
min de fer supportés par de courts piliers de briques. Hôssler fut
58
démie, ils ne pouvaient en partir. Ils étaient devenus, involontai-
rement, les seuls témoins, en dehors des SS, des signes extérieurs
du massacre des Juifs car, parmi les détenus qui participèrent à
ce « nettoyage », aucun ne fut laissé en vie.
Le chef du SS-WVH
A, le général de corps d’armée SS Pohl, se
présenta à l’improviste dans la matinée du 23 septembre 1942 à
Auschwitz pour savoir ce qui s’y passait et où filaient les tonnes
de Zyklon-B accordées 18. Pohl se rendit d’abord à la Bauleitung,
se fit expliquer l'implantation générale du camp, décrire les bâti-
ments achevés, en cours (dont les quatre crématoires de Birke-
nau) et en projet. À sa question sur le Zyklon-B, il lui fut répondu
qu'avec ce produit, on détruisait à la fois les poux et les Juifs.
Pohl, impressionnable et sensible, n’en demanda pas plus. Pour
prévenir les cas de typhoïde et de malaria dans la zone d’intérêts
du camp, il recommanda la construction accélérée d’une grande
station d'épuration des eaux à Broschkowitz (à 1,5 km au nord
de la ville d’Auschwitz). Pour lutter contre l'épidémie de typhus,
dont l’ampleur ne lui échappa pas, il prévint dès son retour à
Berlin le chef des médecins SS, Ernst Grawitz, un sot prétentieux
et agressif, qui débarqua le 25 à Auschwitz où ses conseils idiots
ne firent qu’aggraver l’état sanitaire du camp !8.
Ayant reçu le feu vert du SS-RSHA pour la construction du cré-
matoire III, la Bauleitung d’Auschwitz commanda officiellement à
la Topf le 25 septembre ses cinq fours trimoufle et ses trois tirages
forcés (chacun évacuant 40 000 m3 de fumées par heure), facturés
53 702 RM, ainsi que ses ventilations (identiques et de puissances
égales à celles du crématoire IT), coûtant 7 795 RM 18. L'installation
d’un second four à ordures ne fut pas retenue sur le moment. Mal-
gré ce qui avait été convenu fin août, à savoir contruire en dernier
le crématoire III, Bischoff décida que son chantier, le 30 a, devenait
prioritaire aux dépens du 30 c (crématoire V), qui fut alors prati-
quement délaissé 185.
Le choix des fours à 8 moufles pour équiper les crématoires TV
et V avait été si précipité que la question financière n'avait pas été
abordée. Fin octobre, la Bauleitung en demanda enfin le prix, y
compris les ancrages de fixation du four au sol. La Topf télégra-
phia qu’un four à 8 moufles coûtait 13 800 RM 1%. Le devis détail-
lé, qui fut envoyé après, ne se montait qu’à 12 972 RM'187, les
ancrages n'ayant pas été comptés parce que l'atelier de serrure-
rie des DAW d’Auschwitz les avait fabriqués entre-temps188. En
1944, cette malencontreuse différence de 828 RM, négligée par
le secrétariat de la Topf, provoquera entre la firme et la Bauler-
tung un règlement de comptes administratifs acharné, qui faillit
révéler l’escroquerie — non préméditée et excusable, comme on
le verra — de 20 700 RM, commise par la Topf sur les deux mar-
chés de fours à 8 moufles (Mogilew et Birkenau).
L'approche de l’hiver silésien rendait de plus en plus difficile
l'exploitation des Bunker 1 et 2. La température extérieure baïis-
sant régulièrement, l’acide cyanhydrique, qui s’évaporait norma-
lement dans les chambres à gaz grâce à la chaleur des victimes, se
ventilait ensuite fort mal, à l'ouverture des portes, pour peu que
le temps soit froid et sans vent. S’imposa fin octobre 1942 l’idée,
somme toute évidente, de transférer l’activité « gazeuse » des
Bunker 1 et 2 dans une pièce de crématoire, équipée d’une ven-
tilation artificielle, comme cela avait été pratiqué en décembre
1941 dans la morgue du crématoire I. La Bauleitung demanda
alors à la Topf de lui envoyer d'urgence à nouveau tous les plans
des ventilations qu’elle avait à installer, plans que la Bauleitung
possédaient déjà dans ses archives18, Une semaine après, arri-
vaient le plan d'ensemble de l'installation d'aération et de désaé-
ration du crématoire II, valable aussi pour le IT et le plan
définitif de la désaération du crématoire I, matériel reçu en avril
et jamais monté. Cette singulière demande se rattache à la pre-
mière « bavure criminelle » nette, commise le 27 novembre. Est
appelée ainsi toute indication relevée dans un document quel-
conque (écrit, plan, photo) relatif à un emploi anormal des cré-
matoires et ne pouvant s'expliquer que par le gazage massif
d’êtres humains. En effet, les deux morgues souterraines du
BW 30 ayant été isolées, le bétonnage de leur plafond intervien-
drait dès que le coffrage et le ferraillage seraient achevés. Ne vou-
lant pas d'interruption dans la construction, Bischoff chargea le
sous-lieutenant SS Wolter de prévenir la Topf qu’un contremai-
tre devrait venir bientôt pour monter les ventilaions des mor-
gues. Wolter téléphona à Erfurt le 27 novembre et s’entretint
avec Prüfer, qui lui répondit qu’un serrurier-ajusteur serait dispo-
nible sous huit jours. Après discussion avec son collègue Janisch,
passé sous-lieutenant SS et désormais responsable du chantier,
Wolter différa l’arrivée du monteur, Heinrich Messing, au 17 dé-
cembre, date fort mal choisie en raison des événements qui se-
couërent alors le camp et qui fut reportée au 5 janvier 1948. A ce
sujet, Wolter rédigea pour informer Bischoff, une note titrée
« Désaérations des crématoires (I et II) », et dans laquelle il dési-
gnait la « cave à cadavres 1 » du crématoire II du nom de « cave
spéciale » (Sonderkeller). Il indiqua aussi à Prüfer l’ordre selon
lequel seraient installées les ventilations : - d’abord, montage de
la désaération des caves du crématoire II ; - puis installation des
trois tirages forcés de sa cheminée ; - et, à cette occasion, mon-
tage de la désaération du crématoire 119,
60
L'ordre de montage donné à Prüfer explicite les intentions « ga-
zeuses » des SS à ce moment-là : utiliser pour les gazages la « Lei-
chenkeller 1 » du crématoire II dès qu'elle serait opérationnelle ou,
si l'expédition des matériels requis tardait, se rabattre sur la « Lei-
chenhalle » du crématoire I après avoir installé sa désaération défi-
nitive, déjà livrée, et capable d’extraire 8 300 m3 d'air par heure de
toutes les pièces du bâtiment, dont environ 3 000 m3 par heure de
sa « Leichenhalle ». Cette dernière option prévalut alors, bien
qu’elle eût le défaut de ramener les gazages homicides au Stammia-
ger au vu et au su de tous, ce qui allait à l’encontre du but recher-
ché initialement : les éloigner en les plaçant à Birkenau. Le 30
novembre, Rudolf Jährling, un employé civil (Zivil Arbeiter ou ZA)
de la Bauleitung, informait par lettre la Topf que l’ordre de mon-
tage des ventilations avait été modifié comme suit : - d’abord, mon-
tage immédiat [souligné] de la désaération du crématoire I ; - puis
installation des trois tirages forcés de la cheminée du crématoire I] ;
- enfin, et en fonction des livraisons de matériel, montage des instal-
lations de désaération du crématoire IT 191,
Pourtant, ce changement de priorité ne fut pas respecté. Parce
que les SS jugèrent que des gazages homicides au Stammlager en-
traîneraient trop d’ennuis, le montage de la désaération Topf du
crématoire Ï fut abandonné et ce, définitivement. Lorsque le cré-
matoire Î fut mis hors service fin juillet 1943, la désaération provi-
soire d’origine de la Boos n'avait toujours pas été remplacée.
Principalement du 10 au 18 décembre, la Bauleitung fixa les be-
soins prévisionnels en matériaux (ciment, chaux, briques, fer, mé-
taux non-ferreux, bois, pierres, graviers, etc.) pour l’ensemble des
réalisations en cours et à venir du KGL de Birkenau. Quarante et
un chantiers furent inventoriés, aussi divers que les baraques pour
détenus, leurs sanitaires et infirmeries, leur installation d’épouillage,
les quatre crématoires, les clôtures barbelées et les tours de garde, l’é-
quipement du camp des gardes SS, sa Kommandantur, la boulange-
rie, les baraques des ouvriers civils, les routes et la voie de chemin
de fer reliant Birkenau à la gare d’Auschwitz. Tous les chantiers,
même le Sauna de la troupe SS, furent ainsi légendés :
Objet : Kriegsgefangenenlager Auschwitz/
Camp de prisonniers de guerre Auschwitz
(Durchführung der Sonderbehandlung)/
(Conduite du traitement spécial),
ce qui représente une énorme « bavure administrative », répétée
cent vingt fois, qui confirme formellement que depuis fin novem-
bre-début décembre 1942, le KGL de Birkenau n'était plus un
camp de prisonniers de guerre, mais était devenu, dans son en-
semble, l'endroit où était conduit « le traitement spécial » 192.
61
La région de Bielitz, dont dépendait la ville d’Auschwitz et qui
l’entourait, s’inquiétait d’une possible propagation du typhus.
Fin juillet 1942, le conseiller régional avait exigé du commandant
Hôss une surveillance sévère des travailleurs civils, qui n'avaient
qu’une idée en tête, s'échapper pour se rendre dans leurs fa-
milles, au risque de les contaminer. L’épidémie battit son plein
en août et en septembre, puis décrût en octobre. Lors d’une réu-
nion d’information qui se tint à Bielitz le 17 novembre, le
conseiller régional signala encore deux cas de typhus, dont ve-
naient d’être victimes deux Polonaises : l’une, d’Auschwitz, tom-
ba malade le 24 octobre parce que son fils de seize ans, employé
par la Karl Falck, venait la voir tous les jours, et l’autre, de Prze-
cischau, dont le mari travaillait au KL, fut atteinte le 31 octobre
et décéda à l’hôpital de Wadowitz le 3 novembre. Le conseiller
régional rejeta la responsabilité de ces deux cas sur les SS, vu que
les deux civils étaient, durant leur travail, en contact avec des dé-
tenus contagieux, et demanda instamment à ce que la quaran-
taine fût maintenue avec rigueur, malgré le souhait pressant des
familles qui désiraient qu'elle fût levée1%. Le 4 décembre, une
nouvelle réunion plénière eut lieu à Auschwitz, entre le conseil-
ler régional, le nouveau médecin de la garnison du KE, le capi-
taine SS Eduard Wirths [document 22] en poste depuis septembre
1942, et divers responsables régionaux, municipaux, politiques,
militaires et sanitaires. Furent évoqués trois cas de typhus qui s’é-
taient déclarés chez des personnes venant du camp. Là, Wirths se
fâcha. Revenant sur les cas mentionnés le 17 novembre, il dé-
gagea la responsabilité des SS : le fils de la Polonaise d’Auschwitz
s'était absenté une fois et sans autorisation; quant au mari de
l’autre, il ne travaillait pas au camp, mais à la Mairie de la ville
d’Auschwitz. Comme la quarantaine était strictement imposée, la
contagion n’était pas imputable aux SS. Le maire d’Auschwitz fit
remarquer que tout cela était relatif, car il avait vu à la gare
d’Auschwitz des SS et des civils du camp (reconnaissables à leur
brassard vert) côtoyant des civils extérieurs. Puis, le point crucial
de la réunion fut abordé : le congé des travailleurs civils pour les
fêtes de fin d'année. Il fut décidé qu'ils seraient soigneusement
épouillés et isolés durant trois semaines avant leur départ, prévu
donc pour le 25 décembre, ce qui était peu raisonnable 1%,
Wirths essaya d’atténuer cette décision irréfléchie en annonçant
le 15 décembre qu'aucun cas de typhus n’avait été signalé parmi
les travailleurs civils du camp depuis le 2 novembre et qu'il en
était de même parmi les détenus depuis la mi-novembre 155.
Néanmoins, quand les trente-deux entreprises qui travaillaient
alors dans la zone d'intérêts du camp, apprirent que la quaran-
62
taine était prolongée d’encore vingt et un jours, cela provoqua
un tollé général. Le tollé tourna à la révolte quand Wirths, le 16,
reporta le départ des civils au 31 décembre. En effet, il venait
d’apprendre qu’on lui avait dissimulé un nouveau cas de typhus,
apparu le 10 décembre au camp de logement commun à la Huta
et à la Lenz. Le malade avait été discrètement transporté par les
entreprises civiles à l’hôpital de Bielitz afin que les SS n’en sus-
sent rien 1%, La révélation de cette affaire exaspéra les civils, blo-
qués depuis cinq mois à Auschwitz. On ne sait précisément ce qui
se passa alors, mais l’ensemble des chantiers furent désertés par
tous les civils les 17 et 18 décembre, le travail n’y reprenant que
le 1919, Une grève spontanée se serait déclenchée le 17, entraf-
nant l'intervention de la Gestapo du camp (la Section politique)
pour mater ce mouvement, intervention qui fut désignée d’« ac-
tion spéciale pour des raisons de sécurité » (Sonderaktion aus Si-
cherheitsgründen). Les civils auraient été soumis par les SS
politiques à des interrogatoires pour savoir ce qui avait provoqué
leur refus de travailler. Le 17 au soir, l’évidente réponse était en-
fin acceptée par les SS : le report du congé de fin d’année. Le 18,
probablement après des entretriens avec les responsables des entre-
prises, la direction du camp capitulait et accordait à son millier de
travailleurs civils un congé du 23 décembre 1942 au 4 janvier
1943 18, Il est évident que les SS ne soufflèrent mot dans leurs rap-
ports de cette grève, qui fut pour eux un camouflet. Pour se couvrir
vis à vis de Kammiler, Bischoff fit télétyper par Ertl une lettre expli-
quant à sa façon le départ des civils et l'interruption des chantiers.
En raison de cela, il prévoyait comme dates d'achèvement des cré-
matoires : - le 31 janvier 1943 pour le IT (qui sera livré deux mois a-
près) ; - le 28 février 1943 pour le IV (qui sera livré un mois après) ;
- le 31 mars 1943 pour le III (qui sera livré trois mois après) 19. Au-
cune date ne fut avancée pour le crématoire V. D'autre part, Bis-
choff prévint la Topf qu'elle devait livrer en temps utüle les
matériaux nécessaires pour que : - les crématoires IT et IT soient a-
chevés le 31 janvier 1943 et les crématoires IV et V, le 31 mars 1943,
évaluations qui n'étaient même pas en accord avec celles
communiquées à Kammler et qui relevaient plus du délire bu-
reaucratique que de la prosaïque réalité. Il fut souhaité que Prü-
fer se rende sur place pour tout coordonner 20.
Transférer les gazages homicides dans les crématoires IT et IT
semblait simple sur le papier, mais l’était beaucoup moins du fait
que le bâtiment, conçu par Prüfer et amélioré par Werkmann,
n’avait pas été envisagé à cette fin. Le rez-de-chaussée, avec la
salle des fours et ses pièces de service, n'avait pas besoin d’être
modifié. Mais le sous-sol devait être aménagé pour que puissent
63
s’y pratiquer les « actions spéciales ». Ainsi, Werkmann avait pré-
vu une glissière (sorte de toboggan), au centre d’un escalier,
pour transférer plus aisément les cadavres de la surface vers les
morgues souterraines. L'utilisation « spéciale » du sous-sol
condamnait la glissière à cadavres, car les victimes à gazer, n'étant
pas encore privées de vie, pouvaient accéder seules par un esca-
lier dans la morgue choisie comme chambre à gaz. Dejaco dessi-
na un nouveau plan du sous-sol le 19 décembre, le n° 2003,
commettant une « bavure architecturale » de taille. Si on s’en
tient aux légendes du plan, l’escalier nord devient le seul accès
d——
AS-
CEN-
SEUR
ANTICHAMBRE
[partie] sans
+ COULOIR
EE
CAVE- C2
eœm
COF
qui MST]
as :
+ FONDERIE D'OR/Goldarbeit
64
possible aux morgues, ce qui implique que les morts devront des-
cendre l’escalier en marchant. Le plan 200321 arriva trop tard sur
les chantiers 30 et 30a, le béton des glissières étant déjà coulé. Plus
tard, lorsque les SS décidèrent d’adjoindre à la chambre à gaz (la
Leichenkeller 1) un vestiaire (la Leichenkeller 2) avec son propre
escalier, l'avancée de la glissière dans le vestibule séparant les deux
salles gênait le passage des victimes. La pointe de la glissière fut dé-
molie et son débouché masquée par une cloison de planches.
Le retour de Holick et de Koch à Erfurt provoqua certainement
de sérieux remous dans la firme. Appartenant à la division de Prü-
fer, ils lui firent leur rapport et évoquèrent les flamboiements du
Birkenwald. Si l’ingénieur savait par oui-dire ce qui s’y passait, il
n’en avait jamais vu le résultat. Embarrassé par ce récit, il dut leur
conseiller de se taire et de filer chez eux pour profiter de Noël. Ho-
lick, qui avait déjà côtoyé à Buchenwald l’univers concentration-
naire qu'il percevait dur et implacable, ne pouvait imaginer que les
diatribes de Hitler contre les Juifs puissent se concrétiser en hor-
reurs dont il avait été le témoin avec Koch. Une lettre Topf de dé-
but mars 1943 sous-entend que les deux hommes parlèrent. Ils le
firent, soit à l’usine, peut-être après avoir été questionnés par les
frères Topf sur leur séjour à Auschwitz, soit chez eux avec des mem-
bres de leur famille ou des proches, qui s’empressérent de
« confier » leurs dires aux responsables de la firme. Dès que l’his-
toire filtra, Prüfer dut être convoqué par les Topf et sommé de s’ex-
pliquer. Cet entretien se situerait début janvier 1943. Il fut trop
facile à Prüfer de demander poliment à Ludwig Topf s’il avait passé
un aussi bon Noël que celui de l’an dernier avec la charmante Ma-
demoiselle Ursula Albrecht, d’ajouter que cette jeune femme devait
être soulagée et heureuse que Monsieur le Directeur ne soit plus
soldat, puis de convaincre Ernst-Wolfgang Topf, qui avait approuvé
les premiers marchés passés à Auschwitz et signé avec fierté les
contrats de vente de dix fours trimoufle pour les crématoires IT et
IT, que si la division « Krematoriumsbau » n’avait pas décroché ces
marchés, la concurrence, la Heinrich Kori ou la Didier-Werke de Ber-
lin s’en serait chargée. D’autre part, les fours Topf n'avaient pas parti-
cipé aux atrocités du Birkenwald et n'avaient qu'une vocation
sanitaire, celle de détruire les germes pathogènes par le feu. Si Ernst-
Wolfgang Topf accepta les explications biaisées de Prüfer, Ludwig
Topf, neutralisé, ne les refusa pas non plus, car ayant signé après son
retour de l’armée le devis des ventilations du crématoire II, il s’enfer-
ra en signant neuf mois plus tard celui des désaérations des créma-
toires IV et V qui, elles, étaient nettement criminelles.
Parti en train d’Erfurt le 4 janvier au matin, Messing voyagea soit
seul, soit en compagnie de Wilhelm Koch, dont la présence à Birke-
65
nau n’est certaine qu’à partir du 18 janvier. Malgré les confi-
dences qu'il aurait pu recevoir de « Willi », Messing ignorait
totalement le rôle essentiel qui sera le sien dans le démarrage de
la tuerie massive des Juifs. Il arriva enfin à Auschwitz le lende-
main à l’aube et, aussitôt, fut conduit au crématoire IT où il tra-
vailla dix heures au montage des tirages forcés de la cheminée.
Ensuite, Messing effectua, régulièrement et sans repos, onze
heures de travail par jour, tous les jours de la semaine, sauf le di-
manche durant lequel il n’était tenu qu’à huit heures de labeur.
Les trois tirages forcés du crématoire II étaient en place le 26 jan-
vier 202,
Lorsqu’en novembre 1942, les SS de la Bauleitung résolurent
d’équiper les crématoires de chambres à gaz homicides, ils péné-
traient dans un domaine inconnu où ils auraient à expérimenter,
seuls d’abord puis aidés par la Topf, avant de dégager les solu-
tions adéquates. Les hésitations, qui marquèrent cette recherche,
se traduisirent par plusieurs phases d'aménagement sucessives,
dont la fugace validité rend parfois difficile la dissociation. Les SS
avaient à transposer le schéma opérationnel des Bunker 1 et 2:
Déshatbillage des victimes — Gazage > Mise en fosses
(dans des baraques-êcunes) (dans les Bunker I et 2) (dans le Birkenwald)
Vestiaire > Chambre à gaz => Morgue> Sas > Salle du four à 8 moufles
Les crématoires IV et V ayant un rendement incinérateur moitié
moindre que celui des II et IT, leurs chambres à gaz devaient
être plus modestes. Les SS conjuguèrent leur besoin de chambres
à gaz de faible capacité (100 m?) pour « traiter » de petits
groupes de victimes à l’idée de marche alternative et établirent
ainsi le 11 janvier 1943 le plan définitif du crématoire IV (et
V) 26 (schéma simplifié) :
67
qui, en termes industriels, peut se résumer comme suit :
Unité de transformation n° 1
Réception — (500 unités) ,
dupro- | (Marche alternative) Stochage ——+ Utilisation
duifbrut (500 unités)
Unité de transformation n° 2 ===)
t t t
68
ration, n'étaient pas installées. Messing commença leur montage
le 26 janvier et le termina le 7 février. Pourtant, il fallait satisfaire
Kammler en lui annonçant que le crématoire II serait prêt à
temps, et même avant le 31 janvier, ce qui lui montrerait le zèle
des SS de la Bauleitung. A cette fin, Prüfer fut convoqué à Aus-
chwitz pour le 29.
Les chantiers 30, 30a, 30b et 30c furent inspectés à cette date
par Bischoff, Prüfer, Kirschneck et certainement Janisch. Kir-
schneck établit un rapport détaillé sur l’état des chantiers. En
s'inspirant de celui du sous-lieutenant SS et en y gommant les
points gênants, Prüfer rédigea le sien, qui fut envoyé à Kammler.
Alors que le crématoire II n’était pas opérationnel, Prüfer le dé-
clarait presque comme tel et pleinement pour le 15 février. Dès
réception, Kammler promut Bischoff au grade de commandant
SS. Bischoff, dans sa lettre du 29, par laquelle il adressait le
compte rendu de Prüfer à Kammler, commit une bévue énorme
en désignant la Leichenkeller 1 du crématoire II de « Verga-
sungskeller » (cave à gazage) 210, Lors de ce passage à Auschwitz,
Prüfer dut exiger de Bischoff la vérité sur le Birkenwald et sur la
destination exacte des quatre crématoires pour éviter que l’atmos-
phère de l’usine d’Erfurt ne s’alourdisse quand on y parlait
d’Auschwitz. De plus, comme vis à vis de Kammler Prüfer avait
couvert Bischoff, celui-ci devait l’aider à museler ses détracteurs
en lui fournissant des commandes, qui apporteraient du travail à
tous. Bischoff accepta le marché et lui commanda : un four à or-
dures pour le crématoire III (5 791 RM) 211, un ascenseur provi-
soire de 1 500 kg de force portante toujours pour le IT (968 RM)
et deux ascenseurs définitifs pour les crématoires IT et IT (deux
fois 9 371 RM) 22, un nouveau crématoire (le futur VI) fondé sur
le principe de l’incinération à ciel ouvert (25 148 RM) ?5 et enfin
quatre chambres à air chaud pour épouiller les effets au « Zen-
tral Sauna » (39 122 RM) 2" (préférées à une installation équiva-
lente, équipée de deux calorifères, proposée par la Kori et ne
coûtant que 5 000 RM 215) ; soit, en tout, pour 90 000 RM de con-
trats, sans compter les retombées en main-d'œuvre. Le « Zentral
Sauna », qui n’en portait que le nom, était un complexe sanitaire
performant, devant être équipé de quatre chambres d’épouillage
à air chaud [document 23], de trois autoclaves industriels [docu-
ment 24], d’une pièce pour la tonte des cheveux, d’une d'examen
médical et de cinquante douches. Par son édification, les SS vou-
laient contrer « définitivement » toute résurgence du typhus à
Birkenau. Les détenus y seraient rasés, examinés, désinfectés et
douchés pendant que leurs effets étaient épouillés. Malheureuse-
ment, l’installation ne fut opérationnelle que fin janvier 1944.
69
Bischoff avait confié à Prüfer le soin de trouver des ascenseurs
parce que les SS n'avaient pu s’en procurer. Lors de l'inspection
du 29 janvier, un plateau rudimentaire reliait le sous-sol au rez-
de-chaussée du crématoire II. La Huta avait d’abord été sollici-
tée, mais n'avait réussi à récupérer dans la région qu'un
monte-charge assez puissant, usagé mais correct, qu’elle installa
en lieu et place du plateau, début février. C’est pourquoi la
commande faite à Prüfer portait sur ce qui manquait : un provi-
soire pour le III à livrer immédiatement et deux définitifs pour
les IT et IL, livrables dans sept mois (septembre 1943). Prüfer
trouva rapidement chez une firme d’Erfurt, la Gustav Linse, ce
qu'il cherchait, un montecharge électrique de 750 kg de force
portante qui pouvait être portée à 1 500 kg en doublant les cà-
blages [document 25].
L’entente entre la Topf et la Bauleitung était alors telle que
cette dernière demanda que Prüfer vienne deux à trois jours par
semaine à Auschwitz pour surveiller les chantiers. Il ne semble
pas que Prüfer y ait consenti, mais en contrepartie, deux autres
contremaîtres furent détachés début février à Auschwitz : Martin
Holick et Arnold Seyffarth. Prüfer s’engagea à envoyer un second
maître-serrurier pour accélérer l'installation des ventilations,
mais ne put tenir sa promesse. Et puis, il eut de fâcheux contre-
temps dans la fabrication de la ventilation du crématoire II,
parce que la Topf trouvait avec peine chez ses fournisseurs le ma-
tériel nécessaire. Quelques éléments avaient déjà été expédiés le
8 novembre 1942. Un second envoi suivit le 25 janvier 1943, mais,
quand Messing inventoria le contenu du wagon le 3 février, il dé-
couvrit que la moitié des pièces manquait216. Il ne put entrepren-
dre le montage de l’aération et de la désaération de la
Leichenkeller 1 le 8 février comme il l'avait prévu. Pour ne pas
rester inactif, il travailla avec Koch à l’ancrage du four du créma-
toire IV. Les pièces manquantes, qui étaient parties en express
d’Erfurt le 6, arrivèrent le 11. Le jour même, Messing abandonna
Koch et retourna au crématoire II. Ces trois jours d’arrêt avaient
irrité Bischoff, qui s’en plaignit à Kammler, surtout que, dans la
dernière expédition de la Topf, le moteur de la désaération de la
Leichenkeller 2 brillait par son absence. Dans les lettres et télé-
grammes échangés les 11 et 12 février entre la Bauleitung et la
Topf au sujet de cette livraison incomplète, est mentionnée une
soufflerie de bois 217 destinée à la Leichenkeller 1, dont le rôle était
de la désaérer, comme Prüfer le précisera plus tard2?18, Indiquer
que cette soufflerie était de bois engendra une bavure technique in-
évitable : cela prouvait que l'air extrait n’était plus celui d’une
morgue, chargé de miasmes, mais de l’air mélangé à un produit
70
agressif ne devant être aspiré que par une soufflerie ne pouvant
être corrodée, donc entièrement de bois (de préférence en cy-
près) [document 26]. Le toxique gazeux utilisé dans les chambres à
gaz homicides était de l’acide cyanhydrique à forte concentration
(20 gr/m5) et les acides sont corrosifs. Schultze, affranchi par Prü-
fer sur la destination particulière de l’aération et de la désaération
de la morgue 1, avait prévu l'évacuation d’acide gazeux, d’autant
qu’à la mi-février, la Topf avait reçu un appel ou une lettre de la
Bauleitung la priant de se procurer des détecteurs pour mesurer
des traces d’acide cyanhydrique dans le crématoire II. Les responsa-
bles de Prüfer et de Schultze, Sander et Erdmann, furent informés
de cette singulière demande et Sander commença les démarches
auprès de plusieurs entreprises spécialisées dans ce type de ma-
tériel. Pour des ingénieurs comme Sander, Erdmann et Schultze,
l'emploi de gaz cyanhydrique dans une morgue de crématoire était
techniquement insensé, sauf s’ils savaient que la morgue était deve-
nue une chambre à gaz. La révélation de la défaite de Stalingrad et
l'affirmation que, désormais, pour chaque goutte de sang allemand
versé, serait versé autant de sang juif, durent balayer les scrupules
des ingénieurs de la Topf— s'ils en eurent — de participer à une
opération criminelle.
Un nouveau déplacement à Auschwitz fut prévu le 15 fé-
vrier 1943 pour Prüfer, afin qu'il y apporte les plans de dispositifs
pour alimenter les fours en coke et pour en retirer les cendres. Il
semble que ce voyage ne se fit pas, parce que la Bauleitung réso-
lut seule cette question en faisant fabriquer par les détenus de la
serrurerie des DAW les charriots adaptés à ces usages?19, Il se
peut aussi que Prüfer, malgré les charmes mercantiles d’Aus-
chwitz, ne tint plus à séjourner dans un lieu si malsain. Depuis la
fin de janvier, de nouveaux cas de typhus se manifestaient. Une
seconde épidémie menaçait. Si des milliers de cadavres « zebra »
allaient encore joncher les rues du camp, cette fois, nombre de
gardes SS ne seraient pas épargnés. Au point que, le 9 février,
l'inspecteur des camps de concentration, le général de brigade
SS Richard Glücks, imposa l'isolement total du camp où des
chantiers étaient arrêtés, faute de surveillance 22. Le mal culmina
début mars et s’éteignit en avril.
Dès que les travaux de montage de Messing furent suffisamment
avancés [document 27], la Bauleitung adressa à la Topf le 26 février
un télégramme portant sur l’envoi immédiat des 10 détecteurs de
gaz, déjà demandés, pour le chantier 30 (crématoire Il) 21. Les SS
voulaient vérifier si la puissance de ventilation de la Leichenkel-
ler 1 compenserait sa disposition d’origine, aération haute et dé-
saération basse prévues pour une morgue, et qui aurait dû être
71
inversée pour une chambre à gaz, requérant aération basse et dé-
saération haute. Sander et Prüfer répondirent ainsi le 2 mars |do-
cument 28] :
Objet : Crématoire [IT], Erfurt, le 2.3.43
Détecteurs de gaz.
Nous accusons réception de votre télégramme disant:
« Envoi immédiat de 10 détecteurs de gaz comme
convenu. Devis à fournir plus tard ».
A cet effet, nous vous communiquons que, depuis déjà 2 se-
maines, nous avons demandé auprès de 5 firmes différentes
l'appareil que vous désirez indiquant les restes d'acide cyanhydrique
[Anzeigegeräte für Blausäure-Reste]. De 3 firmes, nous avons
reçu des réponses négatives et attendons encore les réponses
des 2 autres.
Quand nous recevrons une information à ce sujet, nous
vous le ferons savoir immédiatement afin de pouvoir vous
mettre en relation avec la firme fabriquant cet appareil.
Heil Hitler!
JA. TOPF & SÔHNE
par procuration par délégation
Sander Prüfer
72
Les trois tirages forcés, disposés autour de la cheminée, se
trouvaient chacun dans une petite pièce. Le défaut d’un tel ar-
rangement était l’étroitesse des locaux. Lorsque les tirages mar-
chaient, la température des pièces s'élevait dangereusement. Dès
le 19 février, Prüfer avait signalé ce vice et suggéré d'y remédier
en se servant de la chaleur excédentaire dégagée pour chauffer
la morgue 1 du crématoire 11224. Conseiller cette solution en-
traînait une nouvelle bavure technique, puisqu'une morgue est
un endroit devant, par définition, rester frais. Vouloir la chauffer
indiquait que la fonction de la salle avait changé. La chaleur de-
vait assurer une diffusion plus rapide de l’acide cyanhydrique, se
vaporisant à 27° C, dans la chambre à gaz. Le projet avait été ac-
cepté immédiatement par les SS et la Topf avait expédié le 22 fé-
vrier en petite vitesse une soufflerie en fer forgé n° 450 avec un
moteur de 4 OV d’une puissance extractrice de 9 à 10 000 m3 par
heure, qui coûtait 522 RM?%. Restait à fabriquer la conduite de
liaison métallique, en forme de trident, placée au grenier entre
les plafonds des pièces du tirage forcé et la soufflerie, qui don-
nait dans la cheminée de sortie de l’air de la chambre à gaz. En
plaçant un registre à tiroir dans cette cheminée, entre son extré-
mité supérieure et la soufflerie, en le fermant et en actionnant
cette dernière, le flux d’air chaud empruntait le conduit ma-
çonné d’évacuation de l’air toxique, en sens contraire, et arrivait
dans la chambre à gaz qu'elle préchauffait avant emploi. La
commande de la conduite de liaison fut passée officiellement le
6 mars au prix de 1 070 RM et était à fabriquer dans la se-
maine 2#,
Le 10 mars et durant seize heures, Schulize et Messing éprou-
vèrent l’aération et la désaération de la chambre à gaz du créma-
toire II. Apparemment, l'installation n'était pas encore au point,
puisque Messing y travailla encore onze heures le 11 et quinze
heures le 13227. Des essais avec introduction préalable de Zyklon-B
furent pratiqués. La mesure du gaz cyanhydrique résiduel aurait
été effectuée par une méthode chimique, et non avec les dix dé-
tecteurs de gaz, demandés trop tardivement pour être livrés à
temps. Dans la soirée du samedi 13 mars (entre 22 et 23 heures),
après quinze heures d’épreuves, la ventilation fut déclarée en ser-
vice. Bien qu’une attestation, délivrée le 11 par Bischoff, indique
que Schultze fut présent à Auschwitz du ler au 12 mars, l’ingé-
nieur dut rester sur place une journée de plus, jusqu’à la réception
finale de sa ventilation. A peine Schultze et Messing avaient:ils ter-
miné que, dans la nuit du 13 au 14 mars 1943, les 1 492 inaptes au
travail (femmes, enfants et vieillards) d’un convoi de 2 000 Juifs, ve-
nant du ghetto de Cracovie, après s'être déshabillés dans une bara-
73
que-écurie édifiée dans la cour du crématoire, « inaugurèrent »
le nouvel instrument de mort des SS228. Six kilos de Zyklon-B fu-
rent déversés dans quatre colonnes grillagées, implantées entre
les piliers de soutien du plafond et communiquant avec le dehors
par de courtes cheminées sortant du toit, obturées de clapet en
bois22%, Le gazage homicide étant considéré par le commandant
Hôss comme une mise à mort « humanitaire », il fallait obligatoi-
rement que quatre SS versent ensemble le contenu d’une boîte
de 1,5 kilo de Zyklon-B [document 30] dans chacune des quatre
cheminées pour que la mort fût foudroyante. Si un SS — et ce fut le
cas le plus fréquent -— introduisait seul et en prenant son temps, le
toxique dans les cheminées, la mort survenait par vagues, provo-
quant des scènes de panique épouvantables et insoutenables, que
les SS désignèrent de « lutte pour la vie » (Lebenskampf). En
cinq minutes, toutes les victimes avaient succombé. L'’aération
(8 000 m3/h) et la désaération (8 000 m3/h) furent mises en-
suite en marche et, au bout de quinze à vingt minutes, eurent puri-
fié suffisamment l’atmos-phère (renouvelée pratiquement toutes
les 3 à 4 minutes) pour que les membres du Sonderkommando
puissent pénétrer dans la chambre à gaz où régnait encore une
chaleur étouffante. Lors de ce premier gazage, des masques à gaz
furent portés, à titre préventif?3%0. Les cheveux ayant été tondus
[document 31], les dents en or arrachées, les alliances et les bijoux
enlevés, les corps dégagés au fur et à mesure furent tirés vers le
monte-charge [document 32]. Une fois hissés dans la salle des
fours, les corps étaient traînés sur une large rigole mouillée, juste
devant les moufles, et enfournés [document 33]. L'incinération
des 1 492 « Stück » (morceaux) dura deux jours.
Le dimanche 14 mars, Messing travailla à la désaération de la
Leichenkeller 2. Il découvrit alors le résultat de ses efforts, un
bon millier de cadavres paraissant comme endormis. Dans la
soirée, en rédigeant son attestation de temps de travail hebdoma-
daire et encore sous le choc de ce qu'il avait vu, Messing lança
une bouteille à la mer en notant que, les 8, 12 et 14, il avait tra-
vaillé, non dans la « cave à cadavres 2 », mais dans la « cave à dés-
habillage IT » [document 34]. Il n’eut pas le cran d’écrire que, les
autres jours, il avait parachevé la ventilation de la « cave à ga-
zage I », à la place de « cave à cadavres 1 », alors qu’un contre-
maître de la Riedel und Sohn l'avait fait pour le crématoire IV.
Messing acheva le 31 mars la fixation du tuyau de désaération de
la Leichenkeller 2. La baraque-écurie fut démontée et les vic-
times se dévêtirent désormais dans la morgue 2 [document 35], y
accédant par un escalier percé à son extrémité ouest. Messing
continua de désigner la morgue 2 des crématoires II et III de
74
« vestiaire » jusqu’au jeudi 22 avril. Après un arrêt de quatre
jours pour une cause inconnue, il reprit ses montages le 27. De
cette date jusqu’à son départ d’Auschwitz le 10 juin, Messing
n’écrivit plus aucun mot critique.
C’est probablement à cette époque que le médecin-chef du
camp, le Dr Wirths, qui initialement était contre les sélections,
obtint, pour raisons éthiques et pour épargner plus d’arrivants,
que cet acte soit pratiqué exclusivement par les médecins SS. Il
s’en chargea personnellement, en montrant l'exemple et en or-
ganisant les tours de service de ses médecins à la rampe puis,
quand le flot des arrivants s’enfla, imposa aux dentistes et aux
pharmaciens SS cette obligation « médicale » à laquelle :il
contraignit ensuite les médecins bactériologistes SS de Raïsko.
Désormais, les Juifs furent assurés qu’on ne les envoyait plus à la
mort à la légère, mais dans le respect des directives de Berlin et
sous contrôle médical.
X
LIVRAISONS ET AVATARS
DES CRÉMATOIRES DE BIRKENAU
76
sa course pour réduire le prix de la moufle, l’avait trop simplifié.
En février 1943, au moment où, à Birkenau, le four 8 moufles du
crématoire IV était en construction et celui du V pas encore
commencé, Prüfer fut informé que le four prototype de Mogilew
avait des ennuis. Il se fissurait. Prüfer comprit que ces fissures
provenaient de la structure trop centralisée qu'il avait privilégiée
pour rendre l'édification plus simple, et donc moins chère. Dans
l’unité constitutive de ce modèle de four, deux moufles et un
foyer, la moufle (M1) entre le foyer (G) et le conduit
d'évacuation des fumées (C) était nettement plus chauffée que
l’autre moufle (M2), plus éloignée du foyer. La distorsion
thermique engendrait des tensions dans la chamotte qui, à la
longue, se brisait et se crevassait. Ne pouvant intervenir sur le
four en construction qui, agencé comme le prototype,
connaîtrait les même déboires, Prüfer décida de sauver celui du
crématoire V. Il en redessina la structure, en regroupant les
moufles et en les encadrant de deux conduits (C1 et C2), placés
en périphérie. Ce nouvel arrangement « épaississait » le four, qui
devenait « renforcé » 2% (schéma page suivante). Mais Prüfer ne
put remédier au vice majeur du four 8 moufles, son foyer latéral,
cause principale des fissures. Après deux semaines de marche
intensive, le four du crématoire IV se crevassa. Koch colmata les
fentes avec du pisé réfractaire, mais elles réapparurent. Prüfer,
ayant prévu que ces dommages deviendraient bientôt
irréparables, n’avait garanti le four que pour deux mois, jusqu’au
22 mai2%. À la mi-mai, le four était hors d’usage et le crématoire
IV cessa d’être utilisé, définitivement?237. Prüfer mit en avant la
piètre qualité des matériaux pour expliquer aux SS le « crash »
du four et en omit la véritable raison, une mauvaise structure.
Après la liquidation des 1 492 juifs de Cracovie, le crématoire
Il resta inactif jusqu’au 20 mars, jour où 2 191 Juifs grecs de Salo-
nique furent « traités »258, Durant leur incinération du 20 au 22,
un incendie se déclara au niveau des tirages forcés, en sur-
chauffe. Prüfer et Schultze, convoqués d’urgence, constataient
les dégâts le 24. Le 25, à la suite d’une réunion à la Bauleitung
en vue de remédier aux défauts apparus au crématoire II, les SS
décidaient : - de démonter son tirage forcé et de conserver les
moteurs ; - de ne pas installer le tirage forcé du crématoire II,
mais de conserver le matériel pour un autre usage ; - d’abandon-
ner, en conséquence, le préchauffage de la chambre à gaz ; - de
remplacer la soufflerie de bois de la désaération de la chambre à
gaz par une soufflerie de métal (Schultze ayant exagéré le danger
de corrosion) ; - de faire installer le monte-charge provisoire du
crématoire III par Messing ?#2.
A7
Unité constructive du four à huit moufles
Type initial, du crématoire IV
carneau de fumées
Es : Einsteigschacht/
puits de visite
S : Schieber/
registre à tiroir
M : Muffel/
moufle ou creuset
Fk : Feuerungshanal/
carneau de chauffage
G : Generator/foyer
K : Koksanwurf/
alimentation en coke
À : Absperrschieber/
fermeture guillotine
78
Le crématoire II fut enfin livré officiellement le 31 mars 1943 240
et revenait à 554 500 RM?11. Dans les bordereaux de réception du
bâtiment, il fut indiqué que la morgue 1 était équipée d’une porte
étanche au gaz, de quatre « dispositifs d'introduction en treillis de
fil de fer (Drahtnetzeinschiebvorrichtung) » [colonnes grillagées de
versement du Zyklon-B] et de quatre « obturateurs de bois (Holz-
blenden) »2#. La désaération de la morgue 2, sans intérêt dans la
fonction vestiaire, ne fut pas équipée de moteur [document 37].
Messing avait monté une installation ne servant à rien et montera
tout aussi inutilement celle du crématoire III !
Le crématoire V fut livré le 4 avril?243 [document 38], sans être
opérationnel. Les portes étanches de ses chambres à gaz ne fu-
rent posées que les 16 et 17 avril par une équipe de la Huta?241.
Le 12 avril, Messing, qui travaillait au crématoire I, dut, sur
demande des SS, réparer le monte-charge du crématoire II, posé
par la Huta et tombé en panne. Puis il retourna au créma-
toire III, dont l’aménagement progressait tant bien que mal. Dé-
but mai, il équipait sa chambre à gaz. Koch réparait
régulièrement le four du crématoire IV en attendant la fin de la
garantie et les maladies de jeunesse du crématoire IT n’étaient
plus que souvenir, ce qui en permettait une exploitation soute-
nue. Tout était contrôlé superfiellement de temps à autre jus-
qu’au jour où on s’aperçut que les registres à tiroir fonction-
naient mal. Une investigation plus poussée fut menée début mai
et on découvrit que le revêtement intérieur des trois conduits de
la cheminée collective s’effondrait. La Bauleitung téléphona à
Prüfer en lui demandant que faire. L'ingénieur promit d’expé-
dier de nouveaux plans de cheminée et partit en voyage d’af-
faires en Rhénanie, se désintéressant totalement de la question :
la Topf n’ayant pas édifié la cheminée, ce ne serait pas elle que
les SS chargeraient de sa réfection. Les plans n’arrivant pas, la
Bauleitung envoya télégramme sur télégramme pour les récla-
mer. De plus, avant la construction du four à ordures du créma-
toire III, un membre de la Bauleitung eut la lumineuse idée
d'utiliser la chaleur dégagée pour chauffer l’eau d’une centaine de
douches 24. Une étude de ce projet était exigée. Enfin, Messing ré-
clamait le schéma de montage du monte-charge de la Gustav Linse.
Le 15 mai, Prüfer était enfin joint et promit de se rendre à Auschwitz
le 17. Il arriva le 18 ou le 192%, apaisa les SS, promit pour bientôt
les plans d’une nouvelle cheminée à Robert Kochler, constata a-
vec une tristesse feinte que la garantie du four du crématoire IV
était expirée et qu’il ne pouvait plus réparer un four édifié avec
des matériaux de second choix, estima néanmoins que ses cham-
bres à gaz étaient encore utilisables à condition de les ventiler
79
mécaniquement, empocha une commande de deux installations
de désaération pour les crématoires IV et V se montant à 2 510
RM?4, et repartit le 20.
Le crématoire II fut arrêté le 22 ou 23 mai et la Koehler fit dé-
blayer par les détenus de la Bauleitung les gravats de la chemi-
née?48, ce qui fut achevé le 2924. Elle ne put commencer la
réfection parce que les plans de Prüfer n'étaient toujours pas là.
Ils n’arrivèrent que le 21 juin, au terme d’une correspondance aigre-
douce entre la Bauleitung, la Topf et la Koehler, où chacun reje-
tait la responsabilité des dommages et des retards sur l’autre. De
plus, la capacité incinératrice du KL venait de chuter brutale-
ment. Fin mai, la situation des crématoires s’établissait comme
suit : le IV, hors service ; le IL, arrêté ; le III, en travaux et inutili-
sable. Ne restaient en activité que le I du Stammlager et le V,
avec un four fragile, pouvant flancher à tout instant s’il était trop
poussé. Jusqu’à l’achèvement du IT, un mois durant, la Baulei-
tung redouta une panne au V, qui, si elle s'était produite, aurait
exposé au grand jour son incompétence.
Le crématoire III fut livré le 24 juin 19432 [document 39]. Son
four à ordures fut édifié sans serpentin pour produire de l’eau
chaude, le projet des 100 douches ayant été délaissé. Les borde-
reaux de réception mentionnent que sa morgue | comportait une
porte étanche au gaz et quatorze (fausses) douches #1, association
incompatible sauf si la fonction du local avait changé, devenant une
chambre à gaz. Comme au crématoire II, on ne posa pas le moteur
de la désaération de la morgue 2 (vestiaire) que Messing avait dési-
gné deux fois en avril de « cave à déshabillage ».
Fin juin, la Bauleitung informait le SS-WVHA de Berlin que
les cinq crématoires d’Auschwitz-Birkenau étaient en fonction et
indiquait leur rendement incinérateur journalier (en 24 h)2%,
qui, en pratique civile, se calculait généralement en prenant
comme «unité » un cadavre d'animal de 70 à 100 kg :
Officiel pratique réel
crématoire I : 340 250 0 (arrêté fin juillet 1943)
crématoire I] : 1 440 1 000 1 000
crématoire III : 1 440 1 000 1 000
crématoire IV : 768 500 0 (hors d'usage)
crématoire V : 768 300 0 (sans emploi)
Ces chiffres officiels sont de la propagande mensongères et
pourtant sont valables. Leur validité apparente repose sur le fait
que la durée d’incinération de deux enfants de 10 kg et d’une
femme de 50 kg est égale à celle d’un homme de 70 kg, ce qui in-
troduit un coefficient mutiplicateur variant de 1 à 3, et rend alé-
80
atoires tous les chiffres de rendement crématoire. La propa-
gande apparaît dans le rendement des crématoires IV et V, calcu-
lé à partir de celui du II (ne pouvant être inférieur à celui prévu
en octobre 1941) en fonction du nombre de moufles :
1 440
X8
RTE TIGE)
et sans fondement pratique. Le mensonge est et sera patent dans
la marche réelle des crématoires : fin juin, le IV est hors d’usage
et le IT est arrêté ; fin juillet, le I sera neutralisé sur demande de
la Section politique ; quant au V, il ne sera plus exploité à partir
de septembre, parce que le IT (réparé) et le III suffiront ensuite à
« traiter » le flux quotidien des convois de Juifs. La Bauleitung
remplit aussi un questionnaire du SS-WVHA dans lequel elle in-
diquait qu'aucune des cheminées des cinq crématoires n’était é-
quipée de tirage forcé et que l’utilisation des fumées avait été
prévue pour alimenter des installations de bain dans les créma-
toires (projet des 100 douches), mais non réalisée (le Comman-
dant Hôss écrivit à ce sujet, en confondant et mélangeant tout :
« D'autre part, on voulait que les crématoires ne soient pas trop
éloignés du camp parce que, une fois l’action d’extermination
achevée, on devait utiliser les chambres à gaz et les chambres de
déshabillage comme installations de bains?53 »).
La Koehler attaqua la réfection de la garniture intérieure de la
cheminée du crématoire II le 22 juin. Les travaux durèrent un mois.
A la mijuillet, la Bauleitung demanda à la Topf la réparation des car-
neaux de fumées souterrains dont les voûtes s'étaient aussi détachées.
Comme ils avaient été construits par la firme d’Erfurt et bénéficiaient
de sa garantie, elle était tenue de les remettre en état?51. La Topf con-
testa furieusement ce détachement des voûtes, déclarant qu'il était
imaginaire, puisque Willi Koch, avant de partir d’Auschwitz début juil-
let, avait tout inspecté et n’avait rien constaté d’anormal. Elle avança
ue les SS confondaient avec l’effondrement de la garniture inté-
rieure de la cheminée. La Bauleitung, passant outre aux dénégations
de la Topf, aurait fait réparer en août les carneaux par la Koehler, qui
devait ensuite en facturer le coût à la Topf. De son côté, la Bauleitung
fit fabriquer par la serrurerie des DAW de nouveaux registres qui
marchaient mieux que les anciens. Les travaux se poursuivirent jus-
qu’à fin août, voire début septembre. Le crématoire IT fut alors remis
en marche, après trois mois d'arrêt.
Restait à savoir qui paierait la nouvelle garniture de la chemi-
née et la réfection des carneaux, réalisées par la Koehler. La
question fut débattue les 10 et 11 septembre. D'abord, la Bauleiï-
tung régla avec Prüfer la prétendue chute des voûtes des car-
81
neaux. Après une inspection du crématoire II et un entretien
avec les capos-chefs des crématoires le 10 septembre, Prüfer re-
connut la réalité du fait. Le lendemain, l’ensemble de l'affaire
fut mise en discussion. La Bauleitung estimait la Topf responsa-
ble des dégâts, croyant à tort que les 1 769,36 RM payés pour l’é-
tude du crématoire à deux fours trimoufle simplifiés (projet
écarté par Kammler en mars 1942) représentaient le prix des
plans et calculs statiques réalisés pour la cheminée du crématoire
IL, et dont le véritable auteur était Robert Koehler. La Topf s’en
défendait, tout en accusant Koehler d’avoir utilisé des matériaux
inadéquats, ce que celuici niait avec véhémence. Du fait qu’en
juin 1943, c'était la Topf qui avait fourni à Koehler, contre paie-
ment, les plans de la nouvelle garniture, mais sans pouvoir en
contrôler la bonne exécution, la firme d’Erfurt s’estimait déga-
gée de toute responsabilité antérieure et future. Seul l'ingénieur
Koehler eut le courage de dire la vérité, à savoir que les dom-
mages de la cheminée venaient de la surexploitation du créma-
toire II par les SS. Personne n'étant d'accord, la Bauleitung
divisa par trois les frais occasionnés, s’élevant à 4 863,90 RM, et
chacun dut débourser sa quote-part de 1 621,30 RM 25%.
Dès l’arrêt de la deuxième épidémie de typhus, le Dr Wirths, a-
vait envoyé à Berlin, courant avril, un rapport sévère sur l’insuffi-
sance des moyens d’épouillage au KE, détaillant la mortalité des
détenus et des SS provoquée par ce manque. Il y prévoyait un
retour du typhus si des « mesures spéciales » (Sondermassnahmen)
pour améliorer la situation sanitaire n'étaient pas prises d’ur-
gence 3%, Il exposa qu'il ne servait à rien d'imposer aux médecins
SS de sélectionner les arrivants, si les aptes au travail retenus étaient
aussitôt fauchés par le typhus, et qu’envoyer tout le monde au gaz à
la descente du train éviterait ce gâchis. Quant aux usines de haute
Silésie, sans main-d'œuvre concentrationnaire, autant les fermer
immédiatement, conclut-t1l. Comme pour lui donner raison, une
troisième épidémie de typhus se déclara en mai dans le camp des
Tziganes à Birkenau (BIT e) #7, ouvert depuis février 1943. Locali-
sée à un seul secteur de Birkenau — secteur comptant alors environ
15 000 Tziganes -— l'épidémie y fut contenue. Début juin #58, elle sé-
vissait encore, puis s’éteignit, probablement vers la fin du mois. Ce
fut la dernière épidémie de typhus ayant frappé le KL Auschwitz
Birkenau. Elle entraîna le montage forcené par la Boos d’une ins-
tallation d’épouillage composée de huit cellules à air chauffé
électriquement (120° C) [document 40], couplée avec des douches,
dans le camp des Tziganes 25,
Le Dr Wirths fut entendu en haut lieu, et ce, parfaitement. Le
15 mai, le SS-WVHA décidait de doter le camp d’Auschwitz de la
82
plus récente des techniques d’épouillage mises au point en Alle-
magne. Il s'agissait d’une installation d'épouillage fixe à ondes
ultracourtes (décimétriques ou centimétriques). Le domaine des
ondes courtes et très courtes avait été exploré à des fins militaires
dans les années 30 pour repérer divers objets lointains (avions,
banquises, etc.). La « détection et télémétrie par radio/Radio De-
tection and Ranging » ou « Radar » avait été fortement développée
aux États-Unis. On avait pu constater aussi qu’à proximité du
champ d'émission de gros appareils de radiodiffusion à ondes
courtes les mouches avaient des problèmes de vol et parfois même,
s’abattaient, comme foudroyées. S’inspirant du phénomène, de
nombreux inventeurs voulurent le reproduire, et trouver ainsi un
miraculeux « rayon de la mort », efficace sur l’homme. Apparem-
ment, leurs expériences n’aboutirent pas. Les ondes hertziennes
utilisées, courtes ou ultracourtes, n’affectaient en rien les animaux
supérieurs. Mais certains métazoaires y étaient plus sensibles, leur
système nerveux semblant atteint par les ondes.
La firme Siemens-Schuckertwerke AG de Berlin avait étudié la
possibilité de tuer les parasites, en particulier les poux, en les sou-
mettant à de tels champs hertziens. Sous certaines conditions, le
résultat était probant. Siemens proposait deux versions de son ma-
tériel expérimental, une mobile et une fixe. Auschwitz avait été
choisi pour être équipé de la troisième station fixe en cours de
montage. Cette décision fut notifiée à la Bauleitung le 10 juin. Le
rendement annoncé frisait l'incroyable : 16 000 jeux d'effets traités
en 24 heures?®, En quatre jours, les effets des quelques 60 à
65 000 détenus du camp à cette date auraient pu être débarrassés
de leurs poux. À ce sujet, se déroula le 30 juin à Auschwitz une
grande réunion qui dura sept heures. Y partcipaient : le capitaine
SS Dr Ing. Willing et le sous-lieutenant SS Erich Pambor, tous deux
de la division technique du SS-WVHA, Bischoff, Kirschneck etJähr-
ling pour la Bauleitung, le Dr Wirths et enfin l'ingénieur Franke de
Siemens. Le SS Willing, promoteur enthousiaste de la méthode,
expliqua qu'après un passage de 11 à 12 secondes dans un champ
d'ondes ultracourtes, tous les petits organismes vivants étaient tués,
les lentes des poux de même, ainsi que les bactéries et les bacilles. Il
avança alors une capacité de traitement plus faible : 13 à 15 000 ha-
bits par jour. La station devait être implantée dans le bâtiment de
réception du Stammlager. Plus précisément, elle occuperait l'em-
placement de quatre des dix-neuf chambres à gaz de l'installation
d’épouillage au Zyklon-B [documents 55 et 56] qui, le gros-œuvre des
cellules ayant pourtant été achevé depuis janvier 1943, restait inuti-
lisée car inutilisable faute d'équipement [documents 42 et 43]. La sta-
tion devait être opérationnelle dans deux mois (pour la mi-août). À
83
l’épouillage des effets, s’associait le lavage obligatoire des déte-
nus. Les douches du bâtiment de réception devaient donc être
fonctionnelles, en même temps. Or, comme l’eau chaude des
douches provenait de l'installation de chauffage à grande dis-
tance [document 44] et que cette dernière était loin d’être prête,
Bischoff devrait trouver une solution provisoire, ce à quoi il était
habitué. Enfin pour compléter cette merveille de l’épouillage,
une station identique, mais mobile et destinée au KGL, arriverait
fin juillet à Birkenau #1. Les délais ne purent être respectés. Fin
juillet, Siemens négociait toujours avec ses fournisseurs 262. I] fal-
lut demander au pied levé à la Boos le montage urgent de deux
ballons d’eau chaude pour les douches?65. C’est pourquoi les de-
vis de la station Siemens (75 000 RM), des ballons de la Boos
(8 200 RM) et des transformations à réaliser (14 800 RM) ne fu-
rent établis qu’à la mi-août?64. La classification « urgence spéciale
SS », c’est-à-dire le plus haut degré de vitesse de réalisation qui
avait été attribué au projet, ne valait plus rien à cette date.
En juillet 43, la Section politique fit effectuer des réparations
sur ses deux baraques de bois situées près du crématoire I. Du-
rant le temps des travaux, le crématoire I fut arrêté, pour éviter
que des escarbilles sortant de la cheminée ne mettent le feu aux
planches. Lorsque les travaux furent achevés, le crématoire de-
vait être réactivé. Pourtant, Grabner, de peur de périr dans un
possible incendie, exigea sa mise hors service. L'exploitation du
crématoire I fut abandonnée fin juillet 1943 265.
Le 22 juillet, le capitaine SS Hans Aumeier fit informer par son
adjoint la Kommandantur du camp que, dans l’infirmerie du pre-
mier camp des hommes (BI b) de Birkenau qu'il dirigeait, existaient
encore 47 cas de typhus déclarés et 22 suspectés. Avant le transfert
des détenushommes dans leur nouveau camp (le BIT d), il de-
mandait leur épouillage complet et que le secteur BIT d soit équipé
d’une baraque d’épouillage et de bains identique à celle prévue
pour le camp des Tziganes?66, Début août, la Bauleitung répondait
en annonçant l’arrivée prévue de la station d’épouillage mobile
(aux ondes ultracourtes) destinée à Birkenau et que pour l'instant
le Dr Wirths tenait à la disposition du secteur BII d la station mobile
de l'Armée (type autoclave) fonctionnant dans le camp des Tziga-
nes 267, Ainsi, dès la fin de l’été 1943, tout danger d’épidémie de ty-
phus au KL était écarté et seuls des cas isolés y furent recensés.
Himmiler répugnant à inspecter de nouveau Auschwitz, la cor-
vée échut à Oswald Pohl. Le chef du SS-WVHA arriva le 16 août,
mais son inspection ne débuta que le lendemain à 8h 30, après
que Bischoff eût ordonné à ses subordonnés que tous les chantiers
fussent nettoyés plus qu’à fond?68. Ils durent y passer la nuit. La vi-
84
site commença traditionnellement à la Bauleitung où Pohl s’en-
quit de l’avancement de la grande station d’ épuration des eaux
de Broschkowitz, qui ne progressait guère en raison d'énormes
difficultés. Puis il partit en tournée d’ inspection automobileà tra-
vers la zone d'intérêts du camp. Pohl se rendit à l’abattoir, au Stamm-
lager où Bischoff lui montra les travaux d’agrandissement des
cuisines. Le bâtiment de réception des détenus ne fut pas oublié, pas
plus que l'emplacement de la future installation d’épouillage à ondes
ultracourtes. Il visita les ateliers de menuiserie et de serrurerie des
DAW et, à côté, les nouvelles écuries [document 45] où le comman-
dant Hôss, un passionné des chevaux, lui fit admirer de superbes
demi-sang provenant du Schleswig-Holstein 269 [document 46], l’u-
sine Krupp en cours d'achèvement |documents 47 et 48], le camp
d'hébergement des travailleurs civils.
Le convoi de voitures franchit le pont surplombant les gares
ferroviaires, s’arrêta à la gare de marchandises pour y voir les
nouveaux entrepôts de pommes de terre, bordés par la rampe
de sélection des Juifs [document 49], et repartit à toute vitesse
vers Birkenau. « Ont alors été inspectées en détail les 1re et
2° tranches de construction du KGL ainsi que les crématoires
et les logements de la troupe. A cette occasion, fut particulière-
ment apprécié l’intérieur propre des logements des détenus
dans la 2e tranche de construction, venant d’être emména-
gée » indique le passage du rapport portant sur Birkenau. Les
SS passèrent par la station de traitement des eaux {docu-
ment 50], les deux entrepôts de pommes de terre en chantier
du KGL, et foncèrent vers Harmense où se trouvaient des éle-
vages de canards et de poulets et une pêcherie à proximité de
la nouvelle digue sur la Vistule. Un léger accident de voiture
ne modéra en rien la course folle de l'inspection qui s’abattit
sur le récent camp des détenues-femmes de Budy, avec ses por-
cheries [document 51], ses écuries et son école forestière. Fut
ensuite empruntée à toute allure la « Reichsstrasse » menant à
Raïsko dont l’Institut d'hygiène SS et l’Établissement de re-
cherches agricoles avec ses dépendances {document 52] furent
explorés de fond en comble. On parcourut au pas de charge
les serres de maraîchage, l'installation d’une « production spé-
ciale » (culture pour estimation de la teneur en caoutchouc
des racines d’une variété russe de pissenlit, dite koksaghyz) et
le laboratoire d’agriculture où, enfin, on fit une brève pause
désaltérante. Pohl repartit vers la Bauleitung où il commenta
sa visite. Ayant découvert que la menuiserie des DAW
fabriquait des meubles pour les SS du camp, ce qui était loin
d’être urgent et interdit depuis peu, il ordonna que cette acti-
85
vité cesse et ce, le 15 septembre au plus tard, quitte à finir les
meubles en cours en travaillant
jour et nuit.
Pohl repartit pour la meunerie et la grande station d’épu-
ration et de gaz de digestion de Broschkowitz |document 53], où il
se fit particulièrement expliquer les procédés de clarification des
eaux d’égout et de production du gaz. Il retourna aux écuries de
Budy où Hôss tenait à lui montrer d’autres chevaux. L’inspection
s’acheva là, à 13 heures. Pohl passa l’après-midi à Golleschau (à
70 km au sud-ouest d’Auschwitz), où se trouvait un dépôt de
matériaux de construction et une fabrique de ciment. Il y resta
jusqu’à 19 heures et, après avoir constaté que tout y était en or-
dre, revint à la Bauleitung d’Auschwitz et y prit les décisions sui-
vantes : construction d’un foyer d’enfants (allemands),
aménagement d’une maison pour la responsable du camp des
femmes, aménagement d’un logement pour le Professeur Dr Clau-
berg (expériences de stérilisation sur les détenues juives), cré-
ation d’une maternité (pour femmes allemandes) dans l’hôpital
militaire des SS. Pour finir, Pohl déclara aux membres de la Bau-
leitung que toutes leurs demandes de départ pour le front se-
raient refusées, ce qui provoqua une bruyante manifestation de
désappointement, masquant mal un lâche soulagement général.
La réunion fut suivie d’une grande soirée à la « Haus der Waffen-
SS » (en face de la gare). On y fit bombance. Le « Chef» partit à
22 h 30270. Vu « l'importance » des décisions que prit Pohl ce
17 août, il aurait mieux fait de rester à Berlin. Quant à l’inspec-
tion « en détail » des crématoires, inactifs ce jour-là, si Pohl est
passé devant à toute allure, c’est le maximum de temps qu'il put
y consacrer. Ce que souhaitait Bischoff, pour éviter de lui présen-
ter le IT avec des carneaux en réparation et le IV avec un four
inutisable. En effet, Pohl ne disposa que de quatre heures pour
effectuer sa visite ce qui est, quand on connaît les lieux où il se
rendit, insuffisant et explique la vitesse des déplacements et l’ac-
cident intervenu entre Harmense et Budy. Il ne vit du camp de
Birkenau probablement qu’une baraque d’habitation du nou-
veau camp des hommes (le BIT d) [document 54] et dont il s’ex-
tasia sur la propreté, normale puisque la baraque était neuve.
XI
HORREUR, MESQUINERIES
ET DÉBANDADE FINALE
87
crématoires II et III, les 100 douches du IIT qui restèrent sur le
papier ; ou bien, ils commandaient des installations dont ils
n'avaient plus besoin une fois fabriquées, telle la désaération du
crématoire I ou celles des IV et V dont ils ne voulaient plus.
Concernant ces dernières, la Topf, qui avait trouvé difficilement un
moteur électrique adéquat, expédia quand même une des deux
désaérations en petite vitesse le 21 décembre. Elle fut stockée au
Bauhof le 1 «r janvier 1944273 et laissée ainsi jusqu’en mai 1944.
À la mi-octobre 1943, comme rien n’était prêt pour épouiller
aux ondes ultracourtes, le nouveau chef de la Bauleitung depuis
le début du mois, le lieutenant SS Werner Jothann, convoqua
une deuxième réunion pour le 28 octobre avec l'ingénieur
Franke, le SS Pambor, Dejaco et Jährling. Depuis juillet, le projet
avait été modifié. Au lieu d’un champ d'exposition, deux étaient
désormais prévus et occuperaient la surface de huit chambres à
gaz [document 41]. Franke avertit que les champs chauffaient l'air
ambiant qui sortirait à 60° C dans les cheminées d'évacuation.
Six plans de montage Siemens furent remis à la Bauleitung et
chacun d’eux fut expliqué par l'ingénieur. Le matériel Siemens
devait être livré vers le 20 novembre et l’alimentation en eau
chaude être en place début janvier 1944274,
Le 11 décembre, une troisième réunion se tint entre Pambor,
Bischoff, Jothann, Dejaco etJährling. Les matériels et appareils Sie-
mens étant arrivés, le 15 janvier fut retenu comme date d’achève-
ment des travaux. Mais, si celle-ci était encore différée, Pambor
devait en être informé 5, II le fut, car les travaux préparatoires traf-
nèrent jusqu’au 15 février 1944. Pambor fut alors prévenu par télé-
gramme, réclamant d'urgence la présence des monteurs de la
Siemens
276.
Le montage de la station Siemens étant en bonne voie, Bis-
choff, qui avait pris la tête de l'Inspection des constructions « Si-
lésie », mais gardait le contrôle de la Bauleitung d’Auschwitz,
ordonna fin février à Jothann de faire compléter par la Boos
l'équipement des onze chambres à gaz restantes afin de les met-
tre en service rapidement. Aussitôt, Jothann prévint la Boos par
télégramme?77. Mais la firme ne répondit pas. Un second télé-
gramme partit début mai. Friedrich Boos renâclait manifeste-
ment à poursuivre cette affaire. Contacté en juillet 1942 pour
installer dix-neuf chambres à gaz, Boos avait appris, un an après,
que leur nombre était réduit à quinze et, maintenant, qu'il chu-
tait à onze. Boos ne comprenait plus ce que voulaient les S$ et le
leur dit?8, Et puis, de l’incompréhension, involontaire ou non,
aggravée par des interventions extérieures, enraya les démarches.
Boos soutenait que la profondeur des niches contenant l'appareil
ëä8
de ventilation avait changé ?%. La Tesch und Stabenow (ou Testa)
de Hambourg s’en mêla. Le Dr Wirths aussi, en rappelant que, se-
lon une ordonnance en vigueur, le Zyklon-B ne devait plus être em-
ployé en épouillage au profit d’un autre gaz, l’Arginal, dont
l’utilisation entraînait une adaptation de l’appareillage des cham-
bres à gaz 2%, À cette occasion, l'employé civil Jährling commit une
extraordinaire bévue dans une lettre destinée à la Testa. Il désigna
les chambres à gaz d’épouillage de « Normalgaskammer » mot sou-
ligné et mis entre guillemet?81, comme s’il existait des chambres à
gaz « normales » et d’autres « anormales ». L’appellation fut reprise
par la Testa, qui affirmait d’abord que la conversion à l’Arginal
n’était obligatoire que dans le cas d'installations nouvelles, et insis-
tait surtout pour que le personnel s’occupant des chambres à gaz
normales à l'acide cyanhydrique fût particulièrement bien formé,
sous-entendant que leur fonctionnement était nettement plus
complexe que le simple déversement de Zyklon-B dans des cham-
bres à gaz « anormales » 28, La firme Ewald Berninghaus de Duis-
burg, qui, sur demande des SS, avait soumis en juillet 1942 un devis
pour la fabrication de trente-huit portes étanches au gaz (deux par
cellule) 285 sans recevoir la moindre réponse, se vit brutalement re-
lancée par Jothann pour une commande de vingt-deux portes dé-
but mai 1944284, Un nouveau devis fut établi en mai et accepté par
Jothann en juin, avec livraison exigée en juillet?85. Fin novembre, les
portes étanches n'ayant toujours pas êté livrées par la Berninghaus,
Jothann avouait à Bischoff son impuissance à mettre en activité les
onze cellules au Zyklon-B et lui demandait s’il devait vraiment en
poursuivre l'aménagement « eu égard à la situation actuelle 26 »...
Le 25 mai 1944, Kammler informait par télégramme la Baulei-
tung que la station mobile d’épouillage Siemens partait de Bres-
lau pour Auschwitz 87. Elle fut placée à Birkenau ?58.
En prévision de la déportation des Juifs hongrois vers Aus-
chwitz, Jothann se préoccupa de faire réviser les crématoires IT et
III, et de réactiver les IV et V, inutilisés depuis septembre 1945. I]
demanda à la Topf d'installer les ascenseurs définitifs des créma-
toires II et III et de monter les désaérations des chambres à gaz
des crématoires IV et V, car sans elles, tout gazage en série était
impossible. Après d'énormes difficultés et une intervention di-
recte du SS-WVHA auprès du Ministre du Reich pour l’arme-
ment et les munitions, les deux ascenseurs furent livrés à
Auschwitz en mai 194428. Mais le temps manqua pour les poser.
L'installation de désaération, en magasin depuis janvier, fut
montée en mai au crématoire V2, dont le four fut jugé capable
de fonctionner correctement. Pour les deux chambres à gaz et le
couloir, représentant un volume de 480 m3 presqu'égal à celui
89
des morgues 1 des crématoires II et III, Schultze avait prévu une
désaération de même puissance : une soufflerie n° 450 avec un
moteur de 3,5 CV extrayant 8 000 m3 par heure?1. La seconde
ventilation aurait été livrée en juillet, mais ne fut pas montée.
Soufflerie
N° 450
8 000 m3/h
RE
Coupe
À -B:
BIIITELIETTITTTEL
LLLLLLLLELELELELELEEE
air chaud
90
circonstance pour de petits groupes, dont les corps étaient brûlés
dans une fosse d’incinération de 30 m 222.
Vers la fin de l’été, comme le Zyklon-B vint à manquer, les
inaptes des convois, qui étaient encore dirigés vers Auschwitz, fu-
rent précipitées directement dans les fosses ardentes du créma-
toire V et du Bunker 229.
En plein massacre, Oswald Pohl inspecta pour la troisième et
dernière fois Auschwitz le 16 juin 19442, accompagné par Hôss
(revenu au camp pour superviser « l’action hongroise »), Bischoff,
Jothann et le Dr Wirths. Après la visite, on se réunit vers 18 heures.
Les discussions portèrent sur les difficultés d’approvisionnement en
ciment avec la fabrique de Golleschau, ce que Pohl promit de ré-
gler, sur l’IG Farben qui en pleurait mille tonnes auprès de la Bau-
leitung, et enfin on parla des projets. On planifiait encore parce
que les convois hongrois qui affluaient représentaient la main-
d'œuvre qui bâtirait les installations, effectuerait les modifications,
réaliserait les constructions soumises à Pohl. Le « chef » fut géné-
reux, trop généreux. Il accorda vingt-neuf demandes de travaux
supplémentaires pour l’ensemble du KL, plus cinq sur lesquels il
donnerait sa réponse après étude. Un seul fut refusé. Parmi les tra-
vaux accordés, était prévu le camouflage des quatre crématoires par
l'édification d’une seconde clôture intérieure, afin de dissimuler les
bâtisses à la vue des détenus. Pohl savait qu’il promettait du vent,
mais la situation générale ne lui permettait rien d’autre. Pourtant, il
avait besoin de la reconnaissance de ses subordonnés, de lillusion
de sa puissance, en déclarant urgent et en autorisant des réalisa-
tions qui ne l’étaient guère et ne seraient jamais entreprises ou
achevées. Car Pohl venait d’être affecté durement. Lui qui, lorsqu'il
arriva au camp, restait sur ses agréables souvenirs d’août 1943, plon-
gea alors dans l’abominable. Hôss, devenu un familier de l'horreur
au quotidien, montra à Pohl le camp des Tziganes. Il ne lui épargna
rien. Outre le cortège habituel du manque de place, des déficiences
sanitaires, de la prolifération des malades et du taux de mortalité
excessif, les enfants tziganes atteints de « noma », aux joues
nécrosées et aux yeux fiévreux, souriant de gangrène fétide,
fouaillèrent Pohl. Avec devant lui les regards brillants de ces pe-
tits hérons dépenaillés, immobiles devant les portes des noires
baraques-écuries, et au-dessus d’eux dans le ciel d’azur, à gauche,
deux cheminées trapues crachant des flammes et, à droite, une
nuée blanchâtre montant du Birkenwald, Pohl dut comprendre
que son administration avait transgressé l'éthique courante et en
serait stigmatisée. Se remémorant le lundi 22 mai 1933, jour où il
avait, dans lesjardins du casino de Kiel, rencontré Himmiler, il le
maudit. Mais le pire était à venir. Hôss lui demanda l'autorisation
91
de liquider le camp des Tziganes, c’est à dire d’en extraire Îles
aptes au travail et de gazer le reste. Ce qui n’était pas légal, parce
que les Tziganes n'étaient en détention préventive que pour la
durée de la guerre. Il est possible que Pohl refusa d’en prendre
la responsabilité et que l’ordre d’en finir vint de Himmler. Quoi-
qu'il en soit, l'opération eut lieu dans la soirée du 2 août 1944 et
tourna à la tragédie.
« L'installation d’épouillage à ondes courtes de l'Est n°3 »,
titre officiel de la station Siemens du Stammlager, fut mise en ac-
tivité le 30 juin, soit avec dix mois de retard sur les prévisions,
mais ne fonctionna à plein régime qu’à partir du 5juillet. Aussi-
tôt le Dr Wirths en expérimenta les possibilités, rendement et ef-
ficacité. Il fit le point le 6 août, après 32 jours de marche.
D'abord le rendement était beaucoup plus faible que celui avan-
cé par le capitaine SS Willing : 1 441 linges de corps et tenues
plus 449 couvertures par jour, en gros 2 000 effets en 24 heures
et non 13 à 15 000. L’épouillage était pourtant rapide et sûr. Des
problèmes techniques (variations du champ hertzien) ou un
manque d’humidification des effets provoquèrent parfois la sur-
vie de poux et de lentes. Un nouveau passage dans le champ les
tuait. Mais le Dr Wirths reconnaissait que le procédé d’'humidifi-
cation préalable des effets était trop compliqué et prenait beau-
coup de temps. Le point faible du système Siemens résidait dans
cette humidifation préalable, dont l'ingénieur SS Willing n’avait
pas tenu compte dans ses calculs initiaux. Wirths, ayant passé un
accord avec l’Institut d'hygiène de Raïsko, se mit à étudier la des-
truction des micro-organismes par le champ d'ondes ultra-
courtes. Il fut constaté qu'après trois minutes d'exposition, un
sac d’effets de détenu (renfermant quatre effets divers) ne con-
tenait plus aucun staphylocoque, ni germes typhique et diphtéri-
que. En 45 secondes d’exposition par effet, ces germes étaient
détruits, en milieu sec comme en milieu humide. Wirths expéri-
menta sur les collibacilles (détruits), le bacille de Koch (résultats
dans quelques semaines), les bactéries sporulées (résistantes).
Wirths joignit à son rapport le résultat de ses expériences [non
retrouvé]?%5. La station Siemens révèle indirectement quelle fut
l’attitude adoptée par le Dr Wirths dans l’entourage fou et crimi-
nel d’Auschwitz auquel il participait pour les opérations de
sélection : il se consacra à la microbiologie, évitant ainsi de voir
ce qui se passait hors du champ de son microscope.
Et pendant que des milliers de femmes, d'enfants et vieillards,
disparaissaient jour après jour dans les flammes, la Bauleitung et
la Topf réglaient encore leurs comptes. La Bauleitung avait règlé
pratiquement toutes les factures en souffrance en deux fois, lors
92
du dernier trimestre 1943 et début février 1944. Mais en contre-
partie, elle désirait que la Topf paie les travaux qu’elle avait fait réa-
liser par la serrurerie des DAW et les diverses petites choses lui
manquant sur les chantiers et que la Bauleitung lui avait procurées.
Ainsi, le coût d’une bouteille d'oxygène, prêtée pendant deux
mois, se montait à 2,10 RM ; l'huile de moteur empruntée revenait
à 8,25 RM, etc. La Topf à son tour contestait, retardant le paiement
d’un total de 9 000 RM, qu’elle fit réduire à 7 500 RM. Mais la ques-
üon la plus épineuse restait le règlement des deux fours à 8 mou-
îles. La Bauleitung de Russland-Mitte avait commandé à la Topf
quatre fours pour 55 200 RM et payé, en deux acomptes, 42 600 RM.
La Bauleitung d’Auschwitz avait commandé deux fours pour 27 600
RM et versé un acompte de 10 000 RM. La Topf crut qu'elle avait ven-
du six fours de 13 800 RM pièce (82 800 RM). Mais comme les deux
fours de Birkenau avaient été prélevés sur la livraison de Mogilew, les
deux Bauleitungen ne lui devaient pas un reliquat de 30 200 RM (sur
six fours), mais de 2 600 RM (sur quatre fours), que celle d’Auschwitz
accepta de régler. En réalité, la Topf n'avait édifié en tout que deux
fours et demi (un demi à Mogilew et deux à Birkenau), soit pour
34 500 RM et devait rendre 18 100 RM, encaissés indûment En ac-
ceptant un avoir supplémentaire de 2 600 RM, elle réalisait sur cette
opération un coquet bénéfice de 20 700 RM, qui la dédommageaient
de ses démêlés avec les SS d’Auschwitz?%. Le dindon de la farce était
la Bauleitung de Russland-Mitie, qui, en août 1944, quand Jährling
accorda 2 600 RM de crédit en gommant ainsi l’indélicatesse de la
Topf, s'était repliée à Posen, réduite à un service de liquidation 27.
Le 7 octobre, les membres du Sonderkommando, sentant leur
fin proche, se révoltèrent. Le crématoire IV, où logeait la majori-
té d’entre eux, fut incendié. L’insurrection fut brisée par les SS.
Le bâtiment fut démantelé et les éléments métalliques du four
furent récupérés et entreposés au Bauhof?8 |document 58].
Fin novembre, sur ordre verbal d'IHimmler, les gazages homi-
cides furent arrêtés. Un commando de démolition, formé début
décembre, démantela alors les crématoires IT et 12%. Le créma-
toire V continua d’être utilisé, mais désormais de manière « nor-
male », pour l'incinération des morts « naturels PiunA a
mi-janvier 1945, ne subsistaient des crématoires IT et HI que leurs
carcasses bétonnées. Le complexe concentrationnaire fut évacué
par les détenus le 18 janvier. Le 20 janvier à midi, les SS faisaient
sauter à l’explosif les structures restantes des crématoires IT et
III 500, Le V, intact, fut dynamité dans la nuit du 21 au 22 janvier à
une heure du matin %1 et le 27 janvier, les soldats soviétiques dé-
couvrirent ses gravats enneigés, tels que les S$ les avaient laissés
[document 59].
05
Durant l’existence du complexe concentrationnaire d’Auschwitz-
Birkenau, 400 000 détenus — 200 000 Juifs et 200 000 non Juifs — y
furent enregistrés et environ 130 000 d’entre eux périrent. Sur
les 830 000 Juifs déportés au camp, 630.000, déclarés inaptes, fu-
rent gazés. Ce furent, bien sûr et comme toujours, les plus faibles
qui furent éliminés, les enfants, les femmes et les vieillards. Selon
nos connaissances actuelles et 2ntramuros, Auschwitz coûta
800 000 vies humaines (voir l’étude sur le nombre des victimes
en annexe n° 2).
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ÉPILOGUE
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1 : coupe verticale
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& b : moufle, a : maconnerie
a de revêtement,
| : porte,
m : buse d'alimentation
en gaz combustible, £ g : carneau (fumé
o et p : buses d'alimentation
en air pulsé,
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f post-combustion
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OC ES R$
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n : ae d'air re s = rets : ouvertures {pour les cendres),
atmosphérique, As . de service,
k : canal d'air, i : autel du foyer,
q : ouverture
fermant à clé,
|
2 : coupe horizontale
VE LU Abb. 2
ss a : maconnerie
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| :porte, (fumées),
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n : débouché d'air Sr nt me AE post-combustion
atmosphérique,
t : sens d'arrivée de
l'air atmosphérique, |
|
PT |
3 o et p : buses d'alimentation |
en air pulsé,
Document 2 : Brevet allemand n° 506 627 déposé le 30 octobre 1928 par les ingénieurs Hans
VOLCKMANN et Karl LUDWIG de Hamburg et intitulé « Procédé et dispositif d'incinération ». Ne
sont présentées que les coupes de leur four chauffé au gaz, n'occupant plus que le tiers du volume
des modèles de fours antérieurs équipés de foyers au coke et de récupérateurs. (Institut national de
la propriété industrielle (INPI), antenne documentaire de Compiègne (France), section Brevets
allemands).
Document 3 : L'ingénieur principal Kurt PRÜFER, chef de la division D IV
« Construction de crématoire » de la firme J.A. TOPF und Sôhne d'Erfurt, alors âgé
d'environ quarante-cing ans [Archives d'état (ex-DDR) de Weimar, dossier 2/ 3B8al
Document 4 : Le four monomoufle à air pulsé chauffé au coke de la Walter MÜLLER d'Allach.
N'est visible que la partie supérieure du four (moufle). Les fondations et le foyer se situaient à
l'étage inférieur (Archives du Gedenkstätte Dachau, dossier 943).
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Documents 13-14-15 : Extraits du plan Topf D. 59 366 du 10 mars 1942, intitulé « Disposition des canaux
d'aération et de désaération » (du nouveau crématoire du Stammlager, puis futur crématoire II de Birkenau),
donnant les puissances des moteurs et les dimensions des souffleries prévues. Les désignations des diverses pièces
furent notées en abrégé :
B. Raum pour Belüfteter Raum, S. Raum pour Sezierraum,
15 (page suivante en bas) : Coupe b-b : Coupe du crématoire montrant les quatre désaérations (de droite à
PA icbe) : celle de la B. Raum (future chambre à gaz), celle de la ©. Raum (salle des fours), celle de la L. Raum
(futur vestiaire) et celle des S.-, W.-, A. Raum (salle d'autopsie, de lavage et d'exposition des corps). (ACM,
dossier 502-1-312).
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(Verel. Beschreibung der Arbeitsweise im Text)
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Entrepôts des matériaux de construction -
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Ateliers
Agrandissement du Stammlager |pour
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Krupp A.G. puis Union-Werke Document 19 : Plan de la zone
Entreprise d'exploitation NN des intérêts du KL Auschwitz.
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Document 25 : Plan n° 5037 de la firme Gustav LINSE d'Erfurt d'un monte-charge de 750 k
de force portante (pouvant être portée à 1500 kg), installé au crématoire III par LE
Messing du 17 mai au 6 juin 1943 (APMO, dossier BW 37/4, n° d'inventaire 723).
Document 23 (page précédente en haut) : Deux des quatre chambres de destruction des
parasites fonctionnant à air chaud construites par la firme Topf und Séhne au Zentral Sauna
de Birkenau (APMO, nég. n° 20 995/480).
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Reichsbank-Giro-Konto 75/851 — Postscheck-Konto Erfurt 1792
Telegramme: Topfwerke — Fernsprecher: Sammelnummer 25125
Document 29 : La salle des fours du crématoire II avec ses cinq fours trimoufle (APMO, nég. n° 291).
Document 33 : Dessin de David Olère : enfournement d'une femme et de plusieurs enfants dans
un creuset incinérateur. Au fond de la salle des fours, le monte-charge de la firme Gustav Linse
d'Erfurt (reproduit avec l'accord d'Alexandre Oler ; conservé au Kibboutz des Combattants des
Ghettos, Israël).
Document 31 : Dessin de David Olère, ancien membre du Sonderkommando du crématoire III : les
« coiffeurs » et « dentistes » au travail dans la chambre à gaz. En arrière per une colonne grillagée
de versement du Zyklon-B (reproduit avec l'accord d'Alexandre Oler; Archives Serge Klarsfeld).
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B.OLERE 46.
Document 35 : Dessin de David Olère : le vestiaire du crématoire III. Au plafond à gauche, le conduit
de désaération avec ses pipes d'aspiration. Le moteur de sa soufflerie ne fut pas posé (reproduit avec
l'accord d'Alexandre Oler; conservé au Kibboutz des Combattants des Ghettos, Israël).
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Document 37 : Toiture et grenier du crématoire II. Extrait du plan Bauleitung n° 2197
du 19 mars 1943 au 1/200€ dressé pour la livraison du bâtiment le 31 mars (ACM,
dossier 502-2-54).
Tableau récapitulatif des puissances (en CV ou en KW) des moteurs électriques et des
ouvertures (en mm) des souffleries, installés dans les crématoires II et III:
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Document 46 : L'intérieur des écuries du commandant Hôss. Elles sont mieux aménagées que
les baraques des détenus à Birkenau (APMO, nég. n° 20 995/186).
obstacles où les officiers SS s'entraînaient à monter. Les nouvelles écuries se situaient à l'ouest du
Kanada I du Stammlager, entre celui-ci et la gare de marchandises (APMO, nég. n° 20 995/181).
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Document 47 : Façades nord et est de l'usine d'armements Krupp AG (voir document suivant).
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Document 48 : Façades nord-est et nord-ouest de l'usine d'armements Krupp AG qui fut reprise p:
Weichsel-Union-Metallwerke. C'est la seule usine d'armement d'Auschwitz. Le complexe indus
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Document 54 : L'allée centrale du camp des hommes de Birkenau (le BIId) (APMO, nég. n° 20 995/409).
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Document 60 : Deux creusets incinérateurs d'un four trimoufle Topf du nouveau crématoire de
Buchenwald emplis d'ossements humains ainsi que les Américains les trouvèrent à la libération du
camp (dernière photo de « l'Album d'Auschwitz », probablement de source américaine).
NOTES
C7
. ACM, 502-1-327, p. 223, télégramme Bauleitung non daté, mais du 29
juil-
let 1940, donnant le nom du Bauleiter.
. BAK, NS 4 Ma/54, lettre Topf du 25 juillet 1940.
. ACM, 502-1-327, lettres Topf des 31 mai et 11 juin 1940.
. AEW, 2/555a, récapitulatif..., at. p. 7, commande 40 D 518.
. Idem, p. 8, commande 40 D 664/65.
. ACM, 502-1-214, rapports hebdomadaires du SS Schlachter des 5, 12, 20
et 26juillet 1940.
. ACM, 502-1-327, lettre Topf du 11 juin 1940.
. ACM, 502-1-327, lettre Topf du 31 mai 1940.
. BAK, NS 4 Ma/54, lettre Topf 6 janvier 1941.
. ACM, 502-1-214, rapport hebdomadaire du SS Schlachter du 17 août 1940
et 502-1-327, p. 215.
. ACM, 502-1-327, lettre Bauleitung du 16 septembre 1940.
. AEW, LK 6451 (séquestre de la Topf), photocopie de l'original de la let-
tre Topf du 14juillet 1941, appartenant initialement au dossier BAK, NS 4
Ma/54. Aussi en D 132 (p. 346) dans Macht ohne Moral, Rôderbergverlag
G.m.b.H., Frankfurt am Main, 1957, de Reimund Schnabel, qui s’est trom-
pé deux fois en recopiant le rendement incinérateur du four bimoufle
qu'il indique étant de « 10 à 35 cadavres en 10 heures ».
. ACM, 502-1-327, lettres Topf des 18, 23 et 30 septembre 1940.
. BAK, NS 4 Ma/54, lettre Bauleitung de Mauthausen du 5 juillet 1940.
. AEW, 2/555a, récapitulatif..., at, p. 8, commande 40 D 870.
. BAK, NS 4 Ma/54, lettre Bauleitung de Mauthausen du 9 octobre 1940.
. BAK, NS4 Ma/54, lettre Topf du 1 € novembre 1940, cit. et AEW, 2/555a,
récapitulatif des contrats négociés par Prüfer pour la division D dejanvier
à mars 1941 (1 page), commande 41 D 80 de 9 003 RM.
. BAK, NS 4 Ma/54, lettre Topf du 11 novembre 1940.
. ACM, 502-1-312, lettre Bauleitung d’Auschwitz du 7 novembre 1940 et
BAK, NS 4 Ma/ 54, lettre Topf du 23 novembre 1940.
. BAK, NS 4 Ma/54, lettre Bauleitung de Mauthausen du 8 mai 1941.
. BAK, NS 4 Ma/54, note manuscrite d'August Willing adressée au KL Da-
chau (sans date, mais de fin décembre 1940).
. BAK, NS 4 Ma/54, récapitulatif des travaux de Willing du 26 décembre
1940 au 1 €r janvier 1941.
. BAK, NS 4 Ma/54, facture Topf du 5 février 1941, avec les dates de début
et de fin de construction, d’un montant de 10 635,40 RM, notée « non
valable » parce que 400 RM d'heures de main-d'œuvre n'avaient pas été
comptés.
40. BAK, NS4 Ma/54, lettre Topf du | € novembre 1940, cul.
. ACM, 502-1-214.
. ACM, 502-1-214, rapport hebdomadaire du 12juillet 1940.
. Brochure Zÿklon for pest control de la firme Degesch de Frankfurt am Main,
1972. Durant la guerre, la Degesch fournissait les clients à l’ouest de l'Elbe
par l'intermédiaire de la Heerdt-Lingler GmbH (Heli) alors que la Testa
livrait ceux situés à l’est du fleuve.
. ACM, 502-1-214, rapports hebdomadaires du SS Schlachter des 20 et
27 juin 1940.
45. BDC, Archive SSO, Ernennungsvorschlag (de sous-lieutenant SS à lieute-
nant SS) de Walter Urbanczyk du 1 € juillet 1948.
46 . ACM, 502-1-327, lettre et devis Topf du 13 novembre 1940.
98
- ACM, 502-1-312, plan TopfD 57 999 du 30 novembre 1940.
- ACM, 502-1-312, lettre et devis Topf du 9 décembre 190.
- ACM, 502-1-327, lettre Bauleitung du 21 janvier 1941.
- ACM, 502-1-312, télégramme Bauleitung du 13 janvier 1941.
. ACM, 502-1-327, lettre Bauleitung du 21 janvier 1941, cit.
.- ACM, 502-1-214, rapports hebdomadaires du SS Schlachter des 1 er, 10,17
et 22 février 1941.
- ACM, 502-1-214, rapports hebdomadaires du SS Schlachter des 4, 14 et 28
octobre 1940, mentionnant la firme Boos.
- ACM, 502-1-214, rapport hebdomadaire du SS Schlachter du 1 €" mars 1941.
. Auschuitz vu par les SS.
Hôss, Broad, Kremer, Édition du PMO, 1974. Déclara-
üon de Pery Broad, p. 166 (Massacre dans le vieux crématoire [1]).
- ACM, 502-1-312, lettre et devis Topf du 3 février 1941.
.- ACM, 502-1-312, lettreBauleitung du 15 février 1941.
. ACM, 502-1-327, lettre et devis Topf du 24 février 1941.
. ACM, 502-1-327, lettre Bauleitung du 15 mars 1941 (p. 188).
. ACM, 502-1-327, devis Topf du 24 février 1941,3°€ page du devis chiffré.
99
V. Le nouveau crématoire du Stammlager Auschwitz
. BDC, Archive SSO, Lebenslauf de Karl Bischoff du 15 septembre 1941.
. APMO, BW 2/1 (ancien), nég. n °21 135/1.
. ACM, 502-1-313, télégramme Bauleitung du 11 octobre 1941.
. ACM, 502-1-313, lettre Topf du 14 octobre 1941.
. ACM, 502-1-312, Versandanzeige Topf du 21 octobre 1941.
. ACM, 502-1-313 et aussi APMO, BW 30/27 (p. 27) et BW 30/34 (p. 116),
lettre Bauleitung du 22 octobre 1941.
. ACM, 502-1-312, lettre Topf du 31 octobre 1941.
. APMO, nég. n °1034/7, p. 5 d’un rapport explicatif sur la construction du
KGL de Birkenau établi par le SS Bischoff le 30 octobre 1941.
. APMO, nég. n° 20 931/4, plan du Stammlager Auschwitz établi par
l’'Amt C II du SS-HHB de Berlin du 19 février 1942, montrant l'implanta-
tion du nouveau crématoire.
. BDC, Archive SSO, Befôrderungsvorschlag du 17 novembre 1941 et Feld-
urteil du 19 mars 1942 du SS Dejaco.
. ACM, 502-1-313, lettre Topf du 4 novembre 1941.
. ACM, 502-1-327, facture-devis Topf du 27 janvier 1943.
. ACM, 502-1-327, lettre et devis Topf du 4 novembre 1941.
. ACM, 502-1-314, lettre du SS Bischoff du 12 novembre, lettre de Kurt Prüfer
du 21 novembre et télégramme sans date (mais du 28 novembre 1941).
100
98. IHCM, Réf. : MA 3/7, Himmlerakten n° 1302, tiroir 2, dossier 59, lettre
du 10 février 1942 (treize pages et un schéma). Le schéma montre l’im-
plantation au 1€r février 1942 des trois Zentral-Bauinspektionen SS de
l'Est (avec Baustofflager/dépôt de matériaux de construction et Trans
portpark/parc automobile) : au nord, à Riga (Ostland/Lettonie) ; au cen-
tre, à Mogilew ou Mohilev (Biélorussie) ; au sud, à Kiew (Ukraine).
99 . ACM, 502-1-313, lettre Topf du 31 août 1942.
100 . ACM, 502-1-327, lettre du SS Wirtz du 4 décembre 1941.
101. ACM, 502-1-314, lettre de la SS Bauinspektion Reich-Ost de Posen du
24 juin 1943 et 502-1-327, lettres Bauleitung du 2 et Topfdu 7 juillet 1943.
102. ACM, 502-1-312, télégramme Bauleitung du 11 novembre 1941.
103 - ACM, 502-1-312, télégramme Topf du 17 novembre 1941.
104. APMO, BW 11/1, lettres Bauleitung du 5 janvier (p. 8 : lettre et AU
brouillon) et Topf du 9 janvier 1942 (p. 11) (aussi dans ACM, 502-1-312,
lettre Bauleitung du 5 janvier 1942).
105. ACM, 502-1-312, lettres Topf du 24 novembre et Baulcitung du 27 novembre,
deux lettres Topf du 5 décembre et une Bauleitung du 8 décembre 1941.
106. - Le camp de concentration d'Oswiecim-Brzezinka, Wydawnictwo Prawnicze,
Warszawa, 1957. Le juge d'instruction Jan Sehn place le premier gazage
homicide des KG russes communistes suite aux « travaux » de la commis-
sion spéciale de la Gestapo de Kattowitz, arrivée à Auschwitz en novembre
et qui y resta environ un mois (p. 105). Il indique avec bon sens qu'après
gazage, le Block 11 dut être aéré durant deux jours, ce qui est une évi-
dence physique incontournable, dictée par la disposition du sous-sol, sans
désaération mécanique.
- Déposition de Kazimierz Smolen du 15 décembre 1947 à Cracovie (NO-
5849).
107. Danuta Czech, Kalendarium der Ereignisse im Konzentralionslager Auschurtz-Birke-
nau 19391945, Rowohlt, 1989, p. 117 à 119. Danuta Czech, en retenant sans
explication certains témoignages au dépens d’autres et en privilégiant les té-
moignages par rapport aux documents, à produit un travail qui prête le flanc
aux critiques. Cette orientation historique particulière persiste dans la troi-
sième et nouvelle version du Calendrier... de Czech, publiée actuellement en
polonais et n’intègrant pas encore le fond Bauleitung des Archives centrales
de Moscou, dépréciant fortement la véracité de cet ouvrage fondamental, éta-
bli malheureusement avec une optique un peu trop tcintée dans le contexte
litique tendu des années 60.
108 . ACM, 502-1-312, lettre du SS Grabner du 31 janvier 1942.
109. CRCP, photo de la série Stanislaw Luczko, sygn. 5149.
110. ACM, 502-1-312, télégramme Bauleitung du 3janvier 1942.
1 RDE APMO, BW 30/1 à BW 30/7 (plans Bauleitung n 932 [sous-sol], 933 [rez-
de-chaussée], 934 [coupe], 935 [façade ouest], 936 [façade nord], 937 [fa-
çade est], 938 [façade sud] et 980 [toiture|).
12° APMO, plan 933 du rez-de-chaussée (non encore archivé) avec le nord à
gauche du bâtiment installé au Stammlager. Le nord fut placé après en
haut, suite à la décision d’implanter le crématoire à Birkenau.
Tr. ACM, 502-1-319, lettre du SS Grabner du 31 janvier 1942, ct.
114. ACM, 502-1-313 pour la page de garde du devis du 12 février 1942 et AP-
MO, BW 30/34, p. 31 à 33 pour le devis complet.
115. APMO, BW 30/25, p. 1.
116. ACM, 502-1-313 et 314, lettre Bauleitung du 30 mars 1942 et APMO, BW
30/34, p. 115.
117. ACM, 502-1-312, lettre Bauleitung du 2 avril 1942 et APMO, BW INPI
p. 12.
101
118 . ACM, 502-1-312, lettre Topf de quatre pages du 8 mai 1942.
119 . ACM, 502-1-313, Versandanzeige Topf du 16 avril 1942.
120 . Dates non indiquées mais certaines, car fondées sur :
1. La date d’arrivée du wagon contenant de nouveau des ferrures pour
le 3° four (n° de contrat : 41 D 1980), le 30 avril 1942 (ACM, 502-1-
219):
2. La date d'envoi, le 8 mai 1942, de la première lettre de relance Topf
(ACM, 502-1-327) d'une série de huit, pour obtenir le règlement final
du 3° four (un premier acompte ayant été payé le 31 janvier 1942).
3. Le temps habituel de montage d’un four bimoufle : 15 jours, séchage
non compris (un mois en tout).
4. Le rapport du SS Pollock du 30 mai 1942 sur les dommages subis par
la cheminée du crématoire I, suite à une surchauffe (ACM, 502-1-312
et-313).
121 . ACM, 502-1-312, lettre Topf du 6 juin 1942.
122 . AEW, 2/555 à, lettre de Kurt Prüfer du 15 novembre 1942.
125 . Kalendarium.….., op. cit.,p. 186.
124 . APMO, BW 11/5, p. 3 à 6 et BW 30/25, p. 3.
125 . ACM, 502-1-312 et -313, rapport du SS Pollock du 30 mai 1942.
126 . ACM, 502-1-312, télégramme du SS Kammiler du 2 juin 1942.
127 . ACM, 502-1-312, lettre de Robert Koehler du 5 juin 1942.
128 . ACM, 502-1-312, télégramme du SS Kirschneck du 5 juin 1942.
129 . ACM, 502-1-312, télégramme Topf du 6 juin 1942.
130 . ACM, 502-2-146, plan Topf D 59 463 établi par Kurt Prüfer le 26 novembre
1941 pour un autre client et envoyé à la Baulcitung début juin 1942.
131 . ACM, 502-1-318, note manuscrite du 7 décembre 1942 donnant les dates de
début et de fin des travaux, avec les heures de travail effectuées par les civils et
les détenus, ainsi que les quantités et types de matériaux utilisés. Cette note
est en contradiction partielle avec le dossier PMO n° nég. 12 012 portant sur
la consommation, du 16 février 1942 au 25 octobre 1943, de coke (et de bois,
fin 1943) des crématoires d’Auschwitz-Birkenau. En effet, l’ancienne chemi-
née ayant été abattue et la nouvelle en construcuüon du 12 juin au 8 août
1942, les fours du crématoire I ne pouvaient fonctionner. Or, du 13 juin au
18 juillet 1942, des livraisons de coke furent effectuées régulièrement au cré-
matoire I. Ce coke à pu être stocké en attendant la remise en marche du cré-
matoire I ou être utilisé à d’autres fins. Cette contradiction, peutêtre
apparente, confirme que le dossier PMO n° nég. 12 012 ne permet pas de
fournir des indications précises jour après jour sur la marche des crématoires
et n’a qu'une validité globale, ce qui était déja apparu clairement lors de son
exploitation historique initiale.
102
qu'il avance, ils sont régulièrement multipliés par deux ou trois. Hëôss, malgré
son rôle essentiel dans la « Solution Finale », ne peut plus être considéré ac-
tuellement comme un témoin fiable sur les dates et les chiffres.
— La date de début juin 1942 retenue pour cette convocation à Berlin re-
pose sur la chronologie de la mise en place des instruments de l’extermi-
nation de masse à Birkenau.
133 . APMO, dans carton BW 1/2, dossier BW 1/16, p. 172 (5 août 1942) à
p. 273 (18 mai 1942) et dans carton BW 1/6, dossier BW 1/31, p.là4
(du 15 au 18 juillet 1942), inention d’un Schachtkommando Kremato-
rium à Birkenau.
134 . ACM, 502-1-532, Dr G. Peters et E. Wüstinger (Degesch), Enlausung mit Zy-
klon Blausäure in Kraislauf-Begasungshammern article paru dans Zeitschrift für
hygienische Zoologie und Schädlingsbekämpfung, Vcft 10/11, 1940 (Verlag
Duncker & Humblot, Berlin).
135 . ACM, 502-1-333, note de la firme Heerdi-Lingler GmbH du 1 er juillet 1941 et
502-1-332, lettre de même date.
136 . APMO, BW 160, plan n° 916 « Entwurf für Aufnahmegebäude mit Ent- lau-
sungsanlage u. Häftlingsbad, Erdgeschoss », du 30 décembre 1941.
137, ACM, 502-1-331, plan Degesch DK 200a du 27 décembre 1939 d'une ins-
tallation de 4 chambres d’épouillage de 10 m% en parallèle ; plans Boos
n° 16 591 du 30juin 1942 (coupe longitudinale d’une chambre à gaz de
10 m3) et n° 16 600 du 17juillet 1942 [date barrée, remplacée par celle
du 28 août 1942] (coupes transversale et longitudinale avec plan d’ensem-
ble des 4 chambres à gaz).
138. ACM, 502-1-332, dans lettre du bureau sanitaire de Bielitz du 3juillet 1942, les
noms des trois premiers cas de typhus : Kocinski Heinrich, Stanclick Peter,
Schropa Stefan (travailleurs civils).
139. ACM, 502-1-332, rapport « Dienststelle Arbeitseinsatz » du 2 juillet et let-
tre précédente.
140. ACM, 502-4-2 à 502-447, série des 46 « Sterbebücher » du KL Auschwitz.
141 . Kalendarium.…., op. ait., p. 241 et 243.
142: APMO, les trente photos de Himmler à Monowitz, nég. n ° 361 à 390.
143. Kalendarium.…, op. cit., p. 250 et 251.
103
156. ARO, 7021-108-32, p. 46, paragraphe : « Zu 3.) ».
157. ACM, 502-1-318, note du 7 décembre 1942, ait.
158. ACM, 502-1-308, facture Robert Koehler du 26 août 1942.
159 . ACM, 502-1-312, Kostenvoranschlag Bauleitung du 3 juillet 1942.
160. Auschwitz vu par les SS Hôss, Broad, Kremer, op. cit., Les Mémoires de Rudolf
Hbôss, p. 120 et 121.
161 . Contrats 41 D 2435 de 27 600 RM (fours des Kr. IV et V), 42/1422/3 de
3 258 RM (équipement des fours) et 42/1454/1 de 53 702 RM (fours du
Kr. III) pour Prüfer et 42/1520/1 de 7.795 RM (ventilations du Kr. II)
our Schultze.
162 . ACM, 502-1-313, lettre Bauleitung du 28 septembre 1942 pour le créma-
toire II. Du 1 *r avril au 31 décembre 1942, le « Up a 2 » reçut la somme
de 6 000 000 RM (ACM, 502-1-319, p. 32) sur les 7 700 000 RM accordés
fin 1941 pour le KGL (ACM, 502-1-233, p. 29). Lors de régularisations ad-
ministratives ulérieures, les crématoires furent inscrits sous les numéros
suivants (ACM, 502-1-281, lettres du SS-WVHA [Amt C V] de Berlin des 23
et 24 juin 1944) :
VII b Up a 1 001 : crématoire II,
VIII b Up a 2 003 : crématoire III,
VIII b Up a 2 003 : crématoire IV,
VIII b Up 2 2 008 : crématoire V.
Par ailleurs, le « Zentral Sauna », BW 32, entrait dans le cadre VIII b Up a
1001, alors que deux baraques d’épouillage du BA III, BW 6 c, dans le VIII
b Up a 2003
163 . APMO, BW 30b-30c/22.
164 . ACM, 502-1-313, Versandanzeige Topf du 16 avril 1942, at, matériel classé
41/1980/1.
165 . APMO, BW 30/34, p.31 à 33, cit.
166 . ACM, 502-1-146, plan Topf D 59 463 du 26 novembre 1941, signé de l’in-
génieur Prüfer d’une cheminée haute de 15 mètres ; ACM, 502-2-23, plans
Koehler du 20 juin 1942 d’une cheminée haute de 15 mètres et du
11 août 1942 du carneau de liaison bifide entre la cheminée et les fours
du crématoire I. Sur le plan Koehler comme sur celui Topf qui servit de
modèle au premier, à l'extrémité supérieure de la cheminée, le manteau
intérieur est séparé de la maçonnerie de briques extérieure par un inter-
valle de 3 cm. Malgré cela, les maçons de la Koehler bouchèrent cet es-
pace au ciment, ce qui provoqua des dommages causés par la différence
de dilatation entre le manteau intérieur et la maçonnerie extérieure. En-
lever le bouchon de ciment et réparer les dégâts qu’il avait provoqué ne
prit que quelques jours.
167 . ACM, 502-1-313 et APMO BW 30/27, p. 13 et 14, le rapport du SS Ertl du
21 août 1942 sur les journées des 19 et 20.
168. Idem, notes manuscrites de Ertl sur son rapport.
169. ACM, 502-1-313, lettre Robert Koehler du 22 août 1942.
170 - AYV, TR 10/1119 (Band 8a), Procès Dejaco-Ertl, Wien (20 Vr 3806/64,
ON 484), 4€ audience du 21 janvier 1972, réponse de l'accusé Ertl sur le
4€ paragraphe de son rapport du 21 août 1942 (p. 120)
171 . Annonce de brevet du 26 octobre 1942 déposé par Fritz Sander le 27, cor-
rigé le 4 novembre et déposé de nouveau le 5 sous le numéro provisoire
T 58 240 en classe 24. Durant la guerre, le dossier fut détruit et ultérieure-
ment aucun brevet ne fut délivré à la suite de ce dépôt.
104
172 . ACM, 502-1-312, lettre du SS Kirschneck du 12 juin 1942 (exemple).
173 - Jean-Claude Pressac, Auschwitz : Technique and operation of the gas chambers,
The Beate Klarsfeld Foundation, New York, 1989, p. 348 à 352 (Kr. IT et
IT) et p. 404 à 412 (Kr. IV et V). Pour la Continentale Wasserwerks-Gesell-
schaft m.b.H., ACM, nombre et catégories des travailleurs des firmes ci-
viles présents au KGL, récapitulatifs des 13 mars 1943 et 29 janvier 1944
[avec l’adresse] (502-1-72).
174 . APMO, BW 30/30 : dossier Vedag/Huta/Bauleitung.
175. ACM, 502-1-313, lettre du SS Bischoff
du 9 octobre 1942.
176 - ACM, 502-1-312, lettre Bauleitung du 15 septembre et 502-1-313, lettre
Topf du 22 septembre [devis du 2 septembre 1942].
177 . ACM, 502-1-313, Versandanzeige Topf du 8 septembre 1942.
178. ACM, 502-1-336 et APMO, BW 30/95 p. 6, Reiscbericht du SS Dejaco du
17 septembre 1942.
179 - AYV.TR 10/1119, Procès Dejaco-Ertl, 3€ audience du 20 janvier 1979, réponse
de l’accusé Dejaco sur le « Dienstfahrt nach Litzmannstadt », p. 56 à 61.
180. Fondé sur le nombre de Juifs tués de juillet jusqu’à fin août 1942 et celui
des morts déclarés des Sterbebücher non incinérés durant la construction
de la nouvelle cheminée du crématoire du Stammlager et la réparation de
son manteau intérieur.
181 . Auschuntz vu par, Les Mémoires de Rudolf Hôss, op. cit., p. 120. Quant aux KG
russes, comme un minimum de 9 170 avait déjà été incinéré d'octobre
1941 à fin mai 1942 dans le crématoire du Stammlager, ils ne pouvaient
avoir été enterrés à Birkenau.
182. Auschuñtz vu par, Journal de Johann Paul Kremer, op. cit.,p. 233.
183. Idem, p. 234.
184. ACM, 502-1-327, factures Topfdu 27 mai 1943, n ° 728 pour les cinq fours
du Kr. Ill et n ° 729 pour ses ventilations.
185 . APMO, BW 30/27, P. 17, lettre du SS Bischoff au SS Karmmler du 18 dé-
cembre 1942.
186. ACM, 502-1-313, télégramme et leutre Topf du 27 octobre 1942.
187. ACM, 502-1-313, devis Topf du 16 novembre 1942.
188 . ACM, 501-1-313, note manuscrite de la serrurerie des DAW du 15 septem-
bre 1942.
189 . APMO, BW 30/34, p. 96.
190 . ACM, 502-1-313, Vermerk du SS Wolter du 27 novembre 1942.
191 . ACM, 502-1-314, lettre du ZAJährling du 30 novembre 1942.
192 . APMO, BW 1/19.
193 . ACM, 502-1-332, lettre du conseiller du cercle de Bielitz du 17 novem-
bre 1942.
194. ACM, 502-1-332, lettre du Dr SS Wirths du 4 décembre 1942.
195. Idem, lettre du 15 décembre.
196. Idem, lettre du 17 décembre.
197 . APMO, BW 30/37, p. 86 (exemple).
195 ACM, 502-1-332, lettre Bischoff du 18 décembre.
1997 APMO, BW 30/27, p.17, cit.
200 . APMO, BW 30/27, p. 19.
201 . APMO, BW 30/12.
202. APMO, BW 30/41 pour le « journal » de Messing, publié entièrement par
l’auteur dans Auschwitz : Technique... op. cil, p. 370.
203. APMO, déposition d'Henryk Tauber du 24 mai 1945, publiée entièrement
par l’auteur dans Auschunlz: Technique…., op. cit, p. 481 à 502. |
204. ACM, 502-1-313, Versandanzeige Topf du 16 avril 1942, matériel classé
41/1980/1, cit.
105
. APMO, BW 30b-30c/24.
. APMO, BW 30b-30c/285.
. ACM, 502-1-313, lettre du SS Kammler du 11 janvier 1943.
. ACM, 502-1-313, lettre et rapport du SS Bischoff du 23janvier 1943.
. APMO, BW 30/30, p. 6 et ACM, 502-1-313, lettre du SS Mulka (adjudant
du commandant Hôss) du 29 janvier 1943.
. APMO, PW 30/34, p. 100 (lettre Bischoff), p. 101 et 102 (rapport de Prü-
fer) [aussi ACM, 502-1-313], p. 105 et 106 (rapport de Kirschneck). Aussi
ARO, 7021-108-32, p. 51 à 54 (copies).
. ACM, 502-1-327, facture Topfn ° 1314 du 23 août 1943.
. ACM, 502-1-327, lettre de rappel Topf du 16 avril 1943 pour les contrats
43/145/1,-/2 et-/3 (deux ascenseurs définitifs et un provisoire).
. Pour le crématoire VI, copie du devis du 1 er avril 1943, D 133, p. 351 dans
Macht ohne Moral L'original n’est pas connu.
. ACM, 502-2-27, devis Topf du 5 février 1943 (pour le BW 32, dit « Zentral
Sauna »).
. ACM, 502-1-332, lettre Kori et devis chiffré du 2 février 1943. Dans 502-2-
148, le plan de la « Kori-Entlausungs-Anlage », partiellement déchiré et
sans date, accompagnant initiallement le devis.
. APMO, BW 30/34, p. 97 et 98 (notes manuscrites).
. APMO, BW 30/34, p. 84 et aussi BW 30/27, p. 29.
. APMO, BW 30/25, p. 8.
. APMO, BW 30/34, p. 84 et BW 30/27, p.29, cit.
. ACM, 502-1-322, lettre du SS Pollok (Bauleitung d’Auschwitz) du 12 fé-
vrier 1943 au SS Dr Ing. Kammiler de Berlin.
. APMO, BW 30/34, p. 48.
. APMO, BW 30/34, p. 55.
. APMO, déposition d'Henryk Tauber, at.
. APMO, BW 30/25, p. 7.
. ACM, 502-1-311, facture Topfn ° 717 du 24 mai 1943.
. ACM, 502-1-327, rappel financier Topf du 18 décembre 1943.
. APMO, BW 30/41, p. 28.
. Kalendarium.….., op. ait., p. 440.
. ACM, 502-2-54, p. 8.
. APMO, déposition d'Henryk Tauber, al.
106
257. Auschwitz vu par, Les Mémoires de Rudolf Hôss, op. it., p. 128, arrêt définitif
mentionné deux fois.
238. Kalendarium.…, op. cit., p. 445.
239" APMO, BW 30/25, p. 8.
240 . ACM, 502-2-54, Übergabeverhandlung du 31 mars 1948.
241 . ACM, 502-1-281, lettre du SS-WVHA de Berlin du 23 juin 1944.
242 . ACM, 502-2-54, p.8, cit.
243 .- APMO, BW 30/25, p. 14.
244 .- APMO, BW 30/26, p. 27.
245. APMO, BW 30/34, p. 40.
246. Présence de Prüfer à Auschwitz le 19 mai 1943 attestée par sa signature ce
jour-là sur le « Quittungsbuch über ausgegebene Lichtpausen » de la Bau-
leitung (APMO).
247. ACM, 502-2-26, lettre et devis Topf du 9 juin 1943.
248. ACM, 502-1-313, lettre Koehler du 21 mai 1943.
249 - APMO, BW 30/34, p. 38.
250 .-ACM, 502-2-54, Ubergabeverhandlung du 24 juin 1945.
251 .- ACM, 502-2-54, p. 87.
252 . ACM, 502-1-314 et aussi APMO, BW 30/42, p. 2, lettre Bauleitung du
28 juin 1943.
293: Auschuntz vu par, Les Mémoires de Rudolf Hôss, op. at. P429;
254 . APMO, BW 30/34, p. 17.
255 . APMO, BW 30/25; p. 11 et 12.
256. Les termes « mesures spéciales/Sondermassnahmen » et « mesures de
construction spéciales/Sonderbaumassnahmen » désignent des disposi-
tions liées aux questions sanitaires ou aux bâtiments s’y rapportant (par
exemple, alimentation en eau, mesures d'hygiène appliquées aux détenus,
etc.). Le « Zentral Sauna » faisait partie des « Sonderbaumassnahmen »
(ACM, 502-1-336, dans lettre Bauleitung du 4 juin 1943). Ces termes n’ont
pas de connotation criminelle comme on a pu le croire.
257. Dr Tadeusz Szymanski, Danuta Szymanska et Dr Tadeusz Snieszko, « L’h6-
pital du camp des Tziganes à Auschwitz-Birkenau », Anthologies bleues du
CIA, Varsovie, 1969, t. II, 2€ partie (en polonais dans Przeglad Lekarski
N°1-1965), p. 18 pour la date de début du typhus.
258. ACM, 502-1-336, lettre Bauleitung (ZA Jährling) du 4 juin 1943.
259. APMO, plan Bauleitung n° 2437 du 31 mai 1943, « Entlausungs-Baracke
im KGL » et photo nég. n ° 20 995/420 ; ACM, 502-1-336, mode d'emploi
des cellules à air chaud, reçu le 2juillet 1948.
260. ACM, 502-1-333, Aktenvermerk du SS-WVHA du 10juin 1943. La conser-
vation « secrète » des archives de l’ancienne Bauleitung d’Auschwitz par le
KGB, alors qu’elles auraient fort bien pu l'être par le centre d'archives
« Révolution d'Octobre », plus « ouvert » aux historiens, s'expliquerait —
ce n’est qu’une hypothèse — par la présence de cette installation d’épouil-
lage expérimentale Siemens, découverte par les Soviétiques en 1945.
Immédiatement démontée et expédiée en URSS, l'installation expérimen-
tale disparaît dès lors de la « mémoire » d'Auschwitz, aussi bien dans les
témoignages des anciens détenus et des SS que dans les dossiers de la Bau-
leitung laissés sur place. L'ouverture des Archives du KGB en 1990 permit
d’en découvrir l'existence.
261. ACM, 502-1-333, Aktenvermerk du SS Kirschneck du 1 €r juillet 1943.
262. ACM, 502-1-333, lettre Siemens du 24juillet 1943.
263. ACM, 502-1-333, Aktenvermerk du ZA Jährling du 12 août 1943.
264 . ACM, 502-1-333, Bauantrag (für BW 160) Bauleitung du 16 août 1943 et
lettre du chef du bureau C III du SS-WVHA du 19 août.
107
. ACM, 502-1-324, lettre du SS Bischoff du 16juillet 1943.
. ACM, 502-1-336, lettre du sous-lieutenant SS Schwarzhuber du 22 juillet 1943.
. ACM, 502-1-336, lettre du SSJanisch du 4 août 1943.
. ACM, 502-1-232, Hausverfügung Nr. 125 du SS Pollok du 16 août 1943.
. ACM, 502-2-60a, Ventes de chevaux au département agricole du camp par
l’« Union des associations pour l'élevage des chevaux dans le Schleswig »
(avec la liste des chevaux acquis).
. ACM, 502-1-233, Aktenvermerk du SS Kirschneck du 17 août 1948.
108
301 . Dr Otto Wolken « La libération du camp de concentration d'Auschwitz-Birke-
nau », Anthologies bleues du CIA, Varsovie, 1969, II, 2e parte, p. 102 (en polo-
nais dans Przeglad Lekarski N ° 1 - 1966).
XII. Épilogue
302. AEW, 2/555a, note de la division du personnel Topf du 18 juin 1945.
303. AEW, 211, p. 3 du bilan financier Topf de l’année 1945 et LK 4651, lettre
du 7 février 1946 du maire d’Erfurt.
304 . AEW, 2/555a, note du 18 juin 1945 at.
305 . AEW, 2/555, rapport de Gustav Braun du 11 octobre 1945.
306 . D’après l'étude du dossier personnel de Kurt Prüfer, dans lequel man-
quent tous les contrats négociés après mars 1941 (ce qui n’est pas le cas
dans celui de Paul Erdmann).
307. AGB, 64-0-2, lettre de Ernst-Wolfgang Topf du 25 septembre 1945.
308 . CCIW, dossier de la firme Topf, lettre du 6janvier 1948.
309. AEW, 2/555, rapport de Gustav Braun du 11 octobre 1945, cit.
310 . AEW, dans les 2/555 (Kurt Prüfer) et 2/381 (Gustav Braun), notes du
24 avril 1946 de Machemehl, secrétaire de direction de la Topf.
311 . AEW, dossier personnel de Paul Erdmann (dossiers 2/938 et 2/938àa) :
Personalfragbogen pour la Nagema du 12 octobre 1949.
SE La Pravda n° 109 du 7 mai 1945, traduct. française de l’article dans For-
faits hillériens, Documents officiels, Cahiers de Traits 6-7, Trois collines,
Genève-Paris, 1945, titré « Oswiecim (Auschwitz) » p. 277 à 310, en p.309
pour Prüfer, paragraphe « Ceux qui devront rendre compte de leurs
crimes » et aussi APMO, BW 30/25, p. 11 et 12, at.
315€ Renseignements fournis par Mr Gerald Fleming (Londres) et pour Gustav
Braun, ACM, son dossier d’internement n° 236 334.
314. CCIW, dossier de la firme Topf, ordonnance du 19 mars 1963.
315% INPI, brevet allemand, classe 24 d groupe 1, n° 861 731 déposé le 24 juin 1950,
pour la JA Topf und Sôhne de Wiesbaden. l
316. Victor Débuchy, L'Etrange histoire des armes secrètes allemandes, Editions
France-Empire, 1978, p. 338.
sl Pour la première fois depuis 1945, les Soviétiques avaient produit des do-
cuments venant des ACM actuelles, organisme qui alors n'existait pas offi-
ciellement, puisque étant les « Archives centrales spéciales », c'est-à-dire
celles du KGB.
109
CHRONOLOGIE RÉCAPITULATIVE
1928
30 octobre : Dépôt en Allemagne par les ingénieurs Hans Volckmann et Karl
Ludwig d’un brevet de four d’incinération sans « récupéteur » et
utilisant des jets d’air froid pulsé, titré « Verfahren und Vorichtung zur
Einäscherung/Procédé et disposif pour l'inanération ».
1933
2 février: Signature du « Décret pour la protection du Peuple et de l'Etat »
entraînant la « détention préventive » des opposants politiques.
22 mars: Ouverture du KL Dachau (près de Munich).
1934
La division « Krematoriumbau/construction de crématoire » de la
firme J.A. Topf und Sôhne d’Erfurt, dirigée par l'ingénieur principal
Kurt Prüfer, met au point un four d’incinération monomoufle sans
récupérateur, chauffé au gaz et à air chaud pulse.
1935
La Topf d’Erfurt édifie en Allemagne sept fours de son modèle 1934.
1936
juillet : Ouverture du KL Sachenhausen (au nord de Berlin).
1937
juin: Soumission d’un devis de four d’incinération monomoufle, chauffé
au coke et à air pulsé, par la firme Walter Müller d’Allach pour le
KL Dachau. Ce four peut incinérer en série avec une faible
consommation de combustible. Le projet ne sera pas concrétisé.
juillet : Ouverture du KL Buchenwald (à l’est de Weimar).
1938
mai : Ouverture du KL Flossenbürg (à la frontière tschécoslovaque, entre
Bayreuth et Pilsen).
18juillet: Demande par la Bauleitung de Buchenwald à l'inspection des KL de
Berlin la construction d'un crématoire dans le camp.
1939
mars : Ouverture du KL Mauthausen (près de Linz en Autriche).
avril : L'administrateur SS Oswald Pohl prend la direction de l’« Office
central SS Budget et Constructions » (SS-IIHB) et de l’« Office
central SS Administration et Ecomonie » (SS-HVW).
novembre : Commande par le SS-HHB à la firme Topf d'Erfurt d'un four
mobile bimoufle chauffé au mazout pour le KL Dachau.
décembre : Commande par le SS-HHB à la firme Topf d’'Erfurt d’un four fixe
bimoufle pour le KL Buchenwald.
6 décembre : Dépôt par l'ingénieur Kurt Prüfer d’une demande de brevet titré
« Einäscherungs-Ofer. mit Doppelmuffel/four d'incinération avec double
moufle » (brevet détruit suite aux bombardements de Berlin).
110
1939-1940
111
1940-1941
112
1941
113
1941-1942
114
1942
115
1942
116
1942
118
1943
119
1943
120
1943
21 juin : Arrivée des plans et calculs statiques de la Topf pour les nouveaux
manteaux intérieurs de la cheminée du crématoire II.
22 juin : La firme Koehler commence des travaux de réfection de la cheminée
du crématoire II et qui dureront un mois.
24 juin : Livraison par la Zentralbauleitung à l'administration du camp du
crématoire III (ou BW 30a) au prix de 554 500 RM. Sa cave à cadavres
1 est équipée d’une porte étanche au gaz et de quatorze [fausses]
douches.
28 juin : Sur demande du SS-WVHA de Berlin, le sous-lieutenant SS Josef
Janisch, Bauleiter de Birkenau, calcule le rendement incinérateur
journalier des crématoires :
annoncé : réel :
crématoire Ï (Stammlager) 340 250
crématoire II (KGL) 1 440 1 000
crématoire III (KGL) 1 440 1 000
crématoire IV (KGL) 768 500
crématoire V (KGL) 768 500
30 juin : Première réunion à la Zentralbauleitung concernant l'installation
dans le bâtiment de réception du Stammlager d’une station
expérimentale d’épouillage fixe fonctionnant par passage des
vêtements dans un camp d'ondes ultracourtes, mise au point par
la Siemens-Schuckertwerke AG de Berlin. On prévoit d'y épouiller
13 à 15 000 habits par jour.
début juillet : Fin de l'épidémie de typhus dans le camp des Tziganes. Elle
aurait provoqué 2 000 à 2 500 décès en un mois et demi. Quelques
cas résiduels seront encore signalés par les SS à Birkenau (secteur
BI) jusqu’à finjuillet. A partir d'août etjusqu’en décembre, la
mortalité quotidienne est de 50 à 70 décès.
7 juillet : Deux SS en poste à Birkenau (camp des Tziganes et camp BI b)
venant de contacter le typhus, le commandant Hôss ordonne qu’à
la fin de leur service journalier, les SS travaillant au camp des
Tziganes et dans le secteur BI se baignent et s'épouillent.
17 juillet : La Bauleitung demande à la Topf de réparer les carneaux
souterrains des fours du crématoires II, construits par la Topf, et
dont les voûtes se sont effondrées en partie.
20 juillet : Fin probable des travaux de réfection des manteaux intérieurs de la
cheminée collective du crématoire II par l’entreprise Koehler.
23 juiliet : La firme Topf d’Erfurt conteste l'effondrement des voûtes des
carneaux du crématoire Il, construits par elle, et prétend qu'il y a
confusion avec la chute des manteaux intérieurs de la cheminée.
Arrêt de l'exploitation du crématoire I sur demande du SS
fin juillet :
Grabner, chef de la section politique du camp.
début août : Début probable des travaux de réparation des carneaux
souterrains des fours du crématoire Il.
17 août: Inspection approfondie de la zone d'intérêt du KL Auschwitz par
Oswald Pohl. La cimenterie de Golleschau est aussi visitée.
10 septembre : A l’occasion de la remise en activité du crématoire II fin août
ou début septembre, Prüfer l’inspecte avec des membres de la
Bauleitung et parle avec les capos-chefs des crématoires, dont le
capo Brück qu'il connaît personnellement. Brück lui confirme
que les voûtes des carneaux s'étaient bien effondrées.
11 septembre : Prüfer, Koehler et probablement Bischoff se réunissent à la
Bauleitung pour déterminer qui supporterait les frais de
construction des nouveaux manteaux de la cheminée et de
121
1943-1944
122
1944-1945
1945
début janvier : Début du montage d’un four bimoufle Topf dans le sous-sol de
l’infirmerie des détenus au KL Mauthausen.
18 janvier : Évacuation du KL Auschwitz (Stammlager Auschwitz, KGL
Birkenau et KL Monovwitz).
20 janvier : A midi, les SS font sauter à l’explosif les structures restantes des
crématoires II et III.
22 janvier : Le crématoire V est dymanité à une heure du matin.
27 janvier : Libération du complexe concentrationnaire d'Auschwitz par
l’Armée soviétique.
11avril: Libération du KL Buchenwald par la III € Armée américaine du
général George S. Patton.
15 avril: Visite du KL Buchenwald par le général George S. Patton. Les deux
fours trimoufle Topf du crématoire sont particulièrement
remarqués. Une plaque apposée dessus indique le fabricant,
« Maschinenfabrick, J.A. TOPF & Sôhne, Erfurt » avec les
numéros de fabrication et de contrôle.
125
1945
1946
4 mars: Arrestation par les Soviétiques de Gustav Braun (directeur provisoire de
la Topf), Fritz Sander (responsable de Prüfer), Kurt Prüfer (fours
d’incinération) et Karl Schultze (ventilations des crématoires de
Birkenau).
5-9 mars : Kurt Prüfer est interrogé 4 fois par les Soviétiques du Smersh
(Service de contre-espionnage soviétique).
7-21 mars : Fritz Sander est interrogé 3 fois par les Soviétiques du Smersh.
25 mars : Avant ou pendant son 4€ interrogatoire, à cause d’une faiblesse
cardiaque, l’état physique de Sander devient critique.
26 mars : Mort de Sander par arrêt cardiaque à Karlshorst (Allemagne de l'Est).
30 août : La Topf d'Erfurt est condamnée par les autorités civiles communistes de
Thuringe pour avoir « fabriqué des crémaloires pour lous les camps » — ce qui
est inexact — et réalisé des « bénéfices de guerre importants basés en grande
parte surl'extermänation d'hommes dans les KZ » — ce qui est faux. Des
bénéfices substantiels furent certes réalisés, mais durant l’année 1941 en
produisant du matériel pour l’armée (obus) et non grâce aux marchés
concentrationnaires de 1942-1943 qui ne représentent qu’à peine 2 %
du chiffre d'affaire de la firme et dont certains furent déficitaires.
10 mai : La J.A. Topf und Sôhne d’Erfurt est étatisée et devient une
« Landeseigener Betrieb ».
1947-1948
Création d’un bureau d’études J.A. Topf & Sühne à Wiesbaden
(Kapellenstrasse 39) par Ernst-Wolfgang Topf.
1948
18 février-1 1mars : Karl Schultze est interrogé 3 fois à Moscou par les
Soviétiques.
124
1948
- AL : Arbeitslager/camp de travail.
- BI, BII, BIII et BIV (Birkenau) : 1€, 2€, 3€ et 4€ Bauabschnitt/tranches de
construction du camp de prisonniers de guerre de Birkenau.
- BI a et BI b : Les deux camps-secteurs de la 1 r€ tranche de construction de
Birkenau.
- BII a, BII b, BII c, BII d, BII e et BII f: Les six camps-secteurs de la
2€ tranche de construction de Birkenau.
- Bauinspektor : Inspecteur des constructions.
- Bauleiter : Directeur des constructions.
- Bauleitung : Direction des constructions.
- BW : Bauwerk/chantier.
- DAW : Deutsche Ausrüstungswerke/Ateliers d'équipement allemands.
- Haus der Waffen-SS : Maison de la Waffen-SS, hôtel-restaurant situé en face
de la gare d’Auschwitz et réservé aux SS et à leurs hôtes, civils ou mili-
taires.
- Huta : Hoch und Tiefbau AG/Société anonyme de construction de super-
structures et en génie civil (entreprise de Kattowitz).
- KG : Kriegsgefangener/prisonnier de guerre.
- KGL : Kriegsgefangenenlager/camp de prisonniers de guerre.
- KL : Konzentrationslager/camp de concentration (appellation officielle).
- “KZ” : Konzentrationslager/camp de concentration (appellation courante).
- Lenz & Co : Schlesische Industriebau Lenz & Co., AG/Construction indus-
trielle silésienne Lenz et Compagnie, Société anonyme (entreprise de Kat-
towitz).
- NSDAP : Nationalsozialistische deutsche Arbeiter-Partei/Parti national-
socialiste allemand des travailleurs ou parti « nazi ».
- Proéminents : Se dit de détenus occupant des fonctions de direction dans les
camps de concentration (Häftlingsführung/ Direction des détenus) ou de
ceux dont la fonction est importante, ce qui leur permet de se nourrir,
aux dépens des autres détenus, convenablement. Leur aspect physique, en
pleine forme et bien en chair, les a faits surnommer « proéminents ».
- Reichsführer SS : Titre de Heinrich Himmiler, chef des SS.
- RM : Reichsmark/mark de l’Empire (1 RM de 1940-1944 valait environ 20 FF
de 1992}
- Reichsstrasse : Route de l'Empire.
- RSHA : Reichssicherheitshauptamt/Office central de sécurité du Reich.
- SA : Sturmabteilung/Section d'assaut, troupe paramilitaire du NSDAP, cal-
quée sur le modèle du corps-franc Rossbach.
- SMA: Sowjetische Militär-Administration/Administration militaire soviétique.
- Sonderkommando : Commando spécial dont les membres travaillaient dans
un crématoire (abrégé parfois en “SK”). £
- SS : Schutzstaffel/Echelon de protection ou Sturmstaffel/Echelon d'assaut,
portait comme insigne la tête de mort, prise aux Corps-francs du « Balti-
kum ».
- SS-HHB : SS-Hauptamt Haushalt und Bauten/Office central SS Budget et
constructions.
- SS-HVVW : SS-Hauptamt Vervaltung und Wirtschaft/Office central SS Adminis-
tration et Economie.
126
- SS-WVHA : SS-Wirtschaftsverwaltungshauptamt/Office central SS d’adminis-
tration économique.
- Stammlager (Auschwitz): camp-souche ou camp-mère ou camp initial, dit
« camp central ».
- ZA : Zivilarbeiter/ Employé civil.
- ZBL : Zentralbauleitung/Direction centrale des constructions.
- Zebra : Zèbre en allemand. Nom donné aux détenus à cause de l'uniforme
qu'ils portaient, une tenue rayée verticalement de bandes blanches et
bleues, rappelant l'aspect du zèbre.
ÉQUIVALENCE DES GRADES :
WAFFEN-SS/ARMÉE FRANÇAISE/US ARMY
128
PRINCIPAUX NOMS
DES PERSONNES, DES ORGANISMES SS
ET DES FIRMES CIVILES CITÉS :
ORGANISMES SS :
SS-HAUPTAMT HAUSHALT UND BAUTEN (HHB)
Office central SS budget et constructions
(Département I [Budget] et département II [Constructions)]
et
SS-HAUPTAMT VERWALTUNG UND WIRTSCHAFT (HVW)
Office central SS administration et économie
(Département II [Entreprises SS])
Unter den Eichen 127-129, Berlin Lichterfelde-West
puis
SS-WIRTSCHAFTS-VERWALTUNGSHAUPTAMT (WVHA)
Office central SS d'administration économique
[Composé de cinq offices: À, B, C, D et W. Le C correspond à l’ancien dé-
partement II du HHB et se subdivise en six sections :
-CI: constructions en général,
-CIT: constructions particulières,
-CIIT': questions techniques,
-CIV: questions artistiques,
-CV: inspection centrale des constructions,
-C VI: entretien des constructions et gestion financière.]
Unter den Eichen 126-135, Berlin Lichterfelde-West
POHL Oswald, né en 1892 à Duisburg (Ruhr), SS-Obergruppenfüh-
rer und General der Waffen-SS. Engagé dans la Marine de guerre en 1912,
fait campagne lors la première guerre mondiale en Extrême-Orient et
dans le Pacifique à bord du navire Condor. En 1919-1920, participe comme
trésorier-payeur aux actions de la Brigade « Lôwenfeld » à Berlin, en haute
Silésie et dans la Ruhr. En dehors de son activité administrative maritime,
s'inscrit en 1923 au NSDAP puis, en 1926, rejoint les SA Marins et y de-
vient Sturmführer/sous-lieutenant. Recruté par Himmler en mai 1933
pour administrer la SS, nommé chef des SS-HVW et SS-HHB, puis en fé-
vier 1942 du SS-WVHA. Condamné à mort fin 1947 à Nuremberg et pendu
en juin 1951.
KAMMLER Hans, docteur ingénieur, né en 1901 à Stettin (Prusse
orientale), SS-Gruppenführer und Generalleutnant der Waffen-SS. Garde-
frontière dans le corps-franc Rossbach en 1919. Etudes supérieures d’ingé-
nieur urbaniste à Dantzig et Munich de 1919 à 1923. Chef de service au
ministère du Travail en 1931, puis au ministère du Ravitaillement en 1933.
Inscrit au NSDAP en 1931, entre à la SS en 1933. Conseiller supérieur du
service d’urbanisme au ministère de l'Aviation de 1936 à 1941. Comme SS-
Oberführer d’active, devient en juin 1941 chef du département IT du SS-HHB
(constructions), puis chef de l'Office C du SS-WVHA (constructions).
Contrôle totalement par l'intermédiaire de Bischoff l'étude et l'édification des
crématoires et chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau. Devient ensuite respon-
sable de la production du programme A 4 (fusées V2) et des chasseurs à réac-
tion. Serait mort en mai 1945.
129
À
KONZENTRATIONSLAGER AUSCHWITZ-BIRKENAU :
CAMP DE CONCENTRATION AUSCHWITZ -BIRKENAU
SCHUTZHAFTLAGER AUSCHWITZ - KRIEGSGEFANGENENLAGER
BIRKENAU :
CAMP DE DETENTION PREVENTIVE AUSCHWITZ - CAMP DE PRISON-
NIERS DE GUERRE BIRKENAU
Kommandantur :
HOSS Rudolf, né en 1900 à Baden-Baden, SS-Obersturmbannführer.
Premier commandant du KL Auschwitz de mai 1940 à novembre 1943. A
son départ, le complexe concentrationnaire est divisé en trois unités :
KL Auschwitz I: Stammlager,
KL Auschwitz II: KGL de Birkenau,
KL Auschwitz III : Monowitz (Buna de l’IG Farbenindustrie) et camps annexes.
Quittant Auschwitz, est nommé chef de l'Office D I du SS-WVHA (Office
central chargé des camps de concentration) en décembre 1943. Entre-
prend de nombreuses visites d'inspection des divers camps. Supervise à
Auschwitz l'action hongroise en mai-juin 1944. Tente fin 1944 avec avec
son ancien adjudant, le capitaine SS Josef Kramer, d'améliorer la situation
de Bergen-Belsen, désastreuse à cause du typhus, mais échoue totalement,
comme les Anglais le constateront. Essaie en janvier 1945, sans succès, de
régulariser les évacuations des camps d’Auschwitz et de Gross-Rosen vers
l'intérieur du Reich et d’en atténuer la mortelle brutalité. Dirige les éva-
cuations de Sachenhausen et de Ravensbrück, et demande au Comité in-
ternational de la Croix-Rouge de ravitailler les détenus. Se réfugie derrière
les ordres de Himmler pour refuser aux délégués du CICR l'accès aux
camps. Avant l'effondrement, se camoufle en changeant de nom et en de-
130
venant membre de la Kriegsmarine. Arrêté par les Anglais en mars 1946,
est passé violemment à tabac plusieurs fois et frôle la mort. Comprenant
qu'il est perdu en raison des ordres déments qu’il a exécutés et qu'il sera
le bouc émissaire de l’extermination juive, signe des aveux globalement
Justes, mais truffés d’exagérations imposées et d'erreurs volontaires : il
pense, à tort, qu’elles seront rapidement remarquées, ce qui lui donnerait
alors la possibilité de les rectifier et de préciser son rôle dans ce massacre
en l’atténuant. Témoin à décharge de Kaltenbrunner au Tribunal de Nu-
remberg, la lecture de sa « déclaration sous serment », rédigée en anglais
(pièce PS-3868), y fait sensation. Est ensuite livré aux Polonais en mai
1946. Détenu à Cracovie, grâce au doigté du juge d'instruction Jan Sehn, y
rédige — sans documentation de référence — ses « Mémoires » dont de plus,
à l'époque, personne ne peut contrôler le degré de véracité. Jugé à Varso-
vie à partir du 11 mars 1947, condamné à la peine capitale le 2 avril, est
pendu derrière le crématoire I du Stammlager le 16 avril.
Politische Abteilung (Abteilung Il) :
Section politique (Gestapo)
GRABNER Maximilian, né en 1905 à Vienne, SS-Untersturmführer et
Kriminal-Sekretär. Chef de la section politique du camp jusqu’en décem-
bre 1943. Accusé par le juge SS Konrad Morgen d’avoir assassiné illégale-
ment 2 000 détenus. En octobre 1944, début de son procès à Weimar par
les instances SS, qui n’aboutit pas. Jugé après la guerre par les Polonais à
Cracovie, condammé à mort et pendu en décembre 1947.
BROAD Perry, né en 1921 à Rio de Janeiro, SS-Rottenführer. S’en-
gage dans les Waffen-SS en 1941. Devait combattre dans la division SS
« Nord », mais, à cause de sa myopie, est affecté comme garde à Auschwitz.
Trop intelligent pour cette fonction, entre en juin 1942 à la Section politi-
que du camp. Sélectionne avec passion les « détenues-pensionnaires » du
bordel du Stammlager (au premier étage du Block 24). Essaie de devenir
officier, mais sa myopie l'en empêche. Reste alors à Auschwitz jusqu'en
janvier 1945. Se rend aux Britanniques en mai et se met à leur service.
S'appuyant sur ses souvenirs, leur rédige sur Auschwitz un rapport dont la
formulation étrange aurait été conseillée par une autre personne, proba-
blement un Polonais de Londres en contact avec lui à Munsterlager. Libé-
ré en 1947, continue de travailler pour les Anglais. Dénonçant tout le
monde pour sauver sa peau, témoigne à Nüremberg, à Hambourg au pro-
cès de Bruno Tesch. Arrêté enfin comme accusé dans le procès d’Ausch-
witz à Francfort en 1964, est condamné à quatre ans de réclusion.
Schutzhaftlagerführung (Abteilung IT) :
Direction du camp de délention préventive
HOSSLER Franz, né en 1906, SS-Hauptsturmführer. Participe comme
sous-lieutenant au « Voyage à Linzmannstadt » avec Hôss et Dejaco en sep-
tembre 1942. Dirige ensuite le « vidage » des fosses du Birkenwald et inci-
nère en deux mois environ 50 000 cadavres. Chef du KL Auschwitz I
(Stammlager) de juillet 1944 à janvier 1945. Capturé par les Anglais à Ber-
gen-Belsen, est condamné à mort par le Tribunal militaire de Lüneburg et
exécuté en décembre 1945.
SS-Standortarzt (Abteilung V) :
Médecin de la garnison SS
WIRTHS Eduard, né en 1909 à Würzburg, SS-Sturmbannführer. Mé-
decin généraliste versé en gynécologie. Adhère au NSDAP. Entre aux SA
en 1933 puis à la SS en 1934. Nommé médecin au Bureau d'Etat de Thu-
ringe pour les questions raciales à Weimar. Affecté dans les Waffen-SS en
1939. Sert en Norgève puis sur le front Est jusqu’en avril 1942. Déclaré
451
alors inapte au service armé en raison de troubles cardiaques. Excrce aux
KL Dachau et Neuengamme puis est désigné en septembre 1942 comme
médecin-chef du KL Auschwitz afin d'y enrayer l'épidémie de typhus. Par-
vient à éradiquer la maladie à l'été 1943. Considéré par les SS et les déte-
nus comme un excellent médecin. Fait mettre en accusation par lejuge SS
Morgen le sous-lieutenant Grabner de la Gestapo du camp pour ses multi-
ples meurtres. Afin de limiter les abus, obtient au printemps 1943 que les
médecins SS du camp soient chargés des sélections, pratiques qu'intérieu-
rement il réprouve, tout en y participant activement. En 1944, s'occupe de
la construction d’un hôpital militaire SS et expérimente la station d'épouil-
lage Siemens. Capturé par les Anglais. Après que, fort probablement, un offi-
cier de renseignement britannique lui a déclaré: « J'ai maintenant serré la
main d’un homme qui [...] porte la responsabilité de la mort de quatre mil-
lions d'êtres humains », se pend et agonise plusieurs jours avant de mourir
en septembre 1945.
Les Bauleitungen du KL AuschwitzBirkenau (Abteilung VI) :
1) SS-Neubauleitung KL Auschwitz/Oberschlesien :
SCHLACHTER, SS-Unterscharführer, Bauleiter de mai 1940 à novern-
bre 1941.
URBANCZYK Walter, né en 1901 à Takczany (Hongrie), SS-Ober-
sturmführer (F). Sous-officier de réserve de la SS-Totenkopfstandartw 3 « Thü-
ringen » (Buchenwald/Weimar) affecté à la nouvelle Baulcitung d'Auschwitz
comme adjoint de Schlachter à partir d'octobre 1940. Supervise l’édificauon
des 2€ et 3€ fours bimoufle Topf du crématoire 1 du Stammlager et le mon-
tage de la désaération Boos de sa morgue. Promu sous-lieutenant SS spécia-
liste fin 1941. Devient lieutenant SS (F) et chef du dépôt de matériaux pour
les quatre Bauleitungen de Russland-Mitte fin 1943.
DEJACO Walter [I], né en 1909 à Mühlau (Innnsbruck, Autriche), SS-
Untersturmführer (F). Architecte, parlant anglais, français et italien. Di-
plômé en 1930, est deux fois licencié des entreprises l'ayant engagé en
raison de la situation économique. En 1932, gagne sa vie comme moniteur
de ski l'hiver et guide l'été. Entre dans les SS autrichiens (illégaux) en juil-
let 1933. Emprisonné en 1934. Relâché, se réfugie en ltalie puis en France.
Passe en Allemagne et travaille comme dessinateur chez un architecte de
Garmisch-Partenkirchen. Après l'Anschluss, rentre en Autriche. Mobilisé
fin 1939 au 8€ régiment SS de Cracovie, est affecté en juin 1940 à la nou-
velle Bauleitung d’'Auschwitz, puis en septembre 1940 au SSTHHB de Ber-
lin. Promu caporal-chef en avril 1941.
ERTL Fritz [I], né en 1908 à Breitbrunn (Linz). SS-Untersturmführer
(F). Ingénieur en superstructures et architecte. Entre les deux guerres, re-
prend l’entreprise de constructions familliale avec ses frères. Mobilisé en
novembre 1939 au 8€ régiment SS de Cracovie. Affecté fin mai 1940 en rai-
son de ses compétences à la nouvelle Bauleitung d'Auschwitz, y passe caporal-
chef en janvier 1941.
2) SS-Sonderbauleitung für die Errichtung eines KGL (Birkenau) :
BISCHOFF Karl [I], né en 1897 à Nehembach. SS-Haupisturmführer
(F), Bauleiter d'octobre à novembre 1941. Travaille sur les chantiers de la
Reichsbahn jusqu'en 1914. Commence la Première Guerre mondiale dans
l'infanterie, puis passe en 1917 dans l'aviation qu'il quite en 1919 comme
pilote « Flugzeugführer » [adjudant]. Comme Prüfer, continue après le
conflit ses études en superstructures et génie civil. Travaille ensuite comme
expert indépendant. Dès la résurrection de la Luftwaffe en mars 1935, y est
engagé comme employé civil chargé des constructions. De 1936 à 1941, en
relations régulières avec le Baudirektor Hans Kammler, responsable des
132
constructions au ministère de l’Aviation à Berlin. Devient la créature de ce
dernier en octobre 1941, comme SS-Hauptsturmführer du SS-HHB et Bau-
leiter, chargé d'aménager un camp de prisonniers de Birkenau. Projette
alors avec l'ingénieur Prüfer un crématoire à quinze creusets incinérateurs.
En décembre 1941, constitue la Zentralbaulcitung Auschwitz en unissant la
première Bauleitung du KL à la sienne.
3) Zentralbauleitung der Waffen-SS und Polizei Auschwitz O/S :
Bischoff Karl [11], SSSturmbannführer à partir de février 1943, Baulei-
ter de décembre 1941 jusqu’en septembre 1943. A partir de l'été 1942, sous la
pression de l'épidémie de typhus et en prévision de l’internement de
200 000 prisonniers au KGL, quadruple le programme crématoire d’Aus-
chwitz et, sur ordre de Kammler (donc de Pohl et de Himmler), entreprend
durant le dernier trimestre 1942 l'aménagement homicide des bâtisses. « Par
un travail de jour et de nuit, crée les conditions préalables techniques pour la conduite de
l'action Spéciale du Reichsführer-SS », avance Kammiler le 24 décembre 1942
comme un des motifs de promotion de Bischoff au grade supérieur (BDC).
Dejaco Walter [II], Untersturmführer (F). Revient avec Bischoff à Aus-
chwitz en octobre 1941 et passe sergent en novembre. Juste avant sa pro-
motion qu'il « arrose » copieusement à Kattowitz avec Ertl et Janisch, dans
le train revenant à Auschwitz, il en vient aux mains avec un contrôleur de
la Reichsbahn pour une porte laissée ouverte afin de leur procurer de
l’air. L'affaire dégénère. Condammé par un tribunal militaire SS à trois
mois de prison, sa peine est réduite par Himmler, sur demande de Bis-
choff, à deux mois d’arrêt de rigueur. En dépit de cet écart, est nommé
par Bischoff sous-lieutenant spécialiste en décembre 1941. Etablit les pre-
miers plans du nouveau crématoire du Stammlager puis, comme chef de la
section des plans, contrôle ceux définitifs dessinés par Ulmer. Supervise
tous les plans des quatre crématoires de Birkenau et les transformations
criminelles qu’ils subissent. En mai 1944, suit à Arolsen une formation
d’officier SS d’active. Est envoyé en août par Kammler en France pour par-
ticiper à la construction de rampes de lancement de V 1 dans la Somme. Y
arrive fin août et repart aussitôt vu la situation militaire.
ULMER, SS-Unterscharführer. Architecte et excellent dessinateur. Af-
fecté à la Bauleitung d’Auschwitz fin 1941 comme caporal-chef. Nommé
sergent début 1942, établit alors, sous la direction de Dejaco, les plans du
nouveau crématoire du Stammlager qui deviendra le futur IT de Birkenau
et le modèle du III. Ne semble pas avoir apprécié la destination criminelle
ultérieure de ses études, qui devient nette à l’été 1942. Versé dans une uni-
té combattante, probablement fin 1942 et vraisemblablement suite à un
désaccord avec ses supérieurs sur l’évolution du camp.
POLLOXK, né en 1908, SS-Untersturmführer (F). Ingénieur en super-
structures. Adjudant SS affecté à la Bauleitung d’Auschwitz début 1942,
responsable du service d'urbanisme (« Baupolizei »). Nommé rapidement
sous-lieutenant spécialiste et investi par Bischoff des « pleins pouvoirs » en rap-
port avec les « actions spéciales » [ACM, 502-1-46, lettre de Bischoff du
29.01.43], participe à toutes les inspections des crématoires de part son obliga-
tion de contrôle d'urbanisme.
Ertl Fritz [II], Untersturmführer (F). Nommé sergent en novembre
1941, puis sous-lieutenant spécialiste en janvier 1942 par Bischoff dont il
devient l’adjoint. Fréquente depuis l'hiver 1940 une ravissante polonaise,
plus jeune que lui, et dont il a un fils hors mariage. Sa liaison est réprou-
vée par ses camarades. Participe à l'élaboration du nouveau crématoire du
Stammlager puis préside la fameuse réunion du 19 août 1942. Chargé par
Bischoff de la construction des quatre crématoires de Birkenau, mais ne
185
voulant pas participer à ce qui se prépare, demande fin 1942 sa mutation
dans une unité combattante à la faveur de l’action « Unruh/balancier »
(autorisant un certain nombre de militaires des services administratifs de
l'arrière à se porter volontaires pour le front en permettant le retour en
Allemagne d’un nombre égal de soldats du front, d’où le nom de l'opéra-
tion). Quitte Auschwitz fin janvier 1943 et, redevenu sergent, participe au
stage de formation d'officier du génie à Radischko (Bohême). L'Office ra-
cial ayant assimilé à une « Volksdeutsche » sa maîtresse, dont le père avait
pourtant appartenu à la police polonaise, l'épouse en août. En raison de la
situation militaire, est affecté fin décembre, sans avoir achevé sa formation,
à la division de cavalerie SS « Florian Geyer ». Combat les partisans en Rus-
sie et en Croatie, puis participe à l'occupation de la Hongrie en mars 1944.
Remis à la disposition du SS-WVHA de Berlin en mai, est nommé économe
en Hongrie et passe adjudant en août.
JANISCH Josef, né en 1909, SS-Untersturmführer (F). Ingénieur
diplômé. Affecté à la Bauleitung d’Auschwitz fin 1941 comme SS-Mann.
Caporal début 1942, est promu sous-lieutenant spécialiste à l'automne
1942 et investi par Bischoff des « pleins pouvoirs » en rapport avec les « ac-
tions spéciales ». Nommé Bauleiter du KGL de Birkenau, prend en charge
le chantier du crématoire II, puis ceux des trois autres crématoires.
KIRSCHNECK Hans, né en 1909 à Eger (Sudètes), SS-Obersturmfüh-
rer (F). Ingénieur diplômé de l'Ecole supérieure technique de Prague. Re-
joint dès sa fondation en 1933 le parti de Konrad Henlein (Front
patriotique des Allemands des Sudètes). Nazi convaincu et actif. S'enfuit
en Allemagne et s'engage dans les SS en octobre 1938. Mais son mariage
est son point faible. L'ascendance de sa femme compte plusieurs aliénés
graves. Cette union ne fut autorisée par l'Office racial qu'a postérion, sous
toutes réserves, en raison des antécédents exemplaires de Kirschneck. Par-
ticipe à la campagne de Russie. Sergent SS de réserve, est affecté en mai
1942 à la Bauleitung d’Auschwitz. S'occupe de la reconstruction de la che-
minée du crématoire I. Nommé sous-lieutenent spécialiste et investi des
« pleins pouvoirs » en rapport avec les « actions spéciales ». Suite au départ
de Ertl fin janvier 1943, est chargé par Bischoff de poursuivre l’édification
des quatre crématoires de Birkenau en liaison avec Janisch. Promu au
grade supérieur en novembre 1943 comme adjoint de Jothann.
WOLTER, SS-Untersturmiührer (F). Ingénieur en construction. Affecté
à la Bauleitung d’Auschwitz fin 1941 comme caporal. Nommé sous-lieutenant
spécialiste en 1942. Part d'Auschwitz en même temps qu'Ert, probablement
pour la même raison (évolution criminelle du camp) pour les troupes
combattantes. Effectue avec Er le stage de formation d’officier du génie à Ra-
dischko (Bohême).
JOTHANN Werner, né en 1907 à Eldenburg (Mecklenburg), SS-Ober-
sturmführer (F) et Bauleiter d'octobre 1943 jusqu’en janvier 1945. Ingé-
nieur en superstructures, affecté début 1941 à la Bauleitung d'Auschwitz
comme simple SSSchütze. Caporal en mars 1942, est investi par Bischoff
fin 1942, malgré son grade peu élevé, des « pleins pouvoirs » en rapport a-
vec les « actions spéciales ». Est chargé en particulier de la construction de
l'usine d'armement Krupp A.C. et de celle de l'installation de chauffage à
longue distance. Nommé directement lieutenant spécialiste en mars 1948.
Succède à Bischoff à la tête de la Bauleitung en octobre 1943 mais reste
étroitement subordonné à son ancien chef. Fait réviser les fours des créma-
toires de Birkenau et monter la désaération des chambres à gaz du créma-
toire V lors de l’arrivée des Juifs hongrois en mai 1944.
154
JAHRLING Rudolf, né en 1884 à Schkeuditz (Leipzig), employé civil.
Technicien en chauffage se disant ingénieur. Chargé des questions techni-
ques à la Bauleitung, s'occupe de la correspondance avec les entreprises
bâtissant les crématoires et y cumule les erreurs de calcul.
TEICHMANN Heinrich, né en 1902 à Baranowitz (haute Silésie), em-
ployé civil. Chef de chantier. S’occupe fin 1942 du bâtiment de réception
des détenus (BW 160) du Stammlager et de ses dix-neuf cellules d’épouil-
lage au Zyklon-B prévues. En raison de l'expérience aquise à ce titre et in-
vesti par Bischoff des « pleins pouvoirs » en rapport avec les « actions
spéciales », est chargé de l’aménagement des chambres à gaz des créma-
toires de Birkenau.
4) Bauinspektion der Waffen-SS und Polizei « Schlesien »
Krakauer Strasse 50, Kattowitz, puis
Kochlowitzerstrasse, Kattowitz :
Bischoff Karl [III], SS-Obersturmbannführer, Bauinspektor à partir
d'octobre 1943 jusqu’en janvier 1945. Mort dans les années 50 sans jamais
avoir été inquiété par la justice.
Dejaco Walter [III], SS-Untersturmführer (F). Rentré de France,
gagne Berlin, puis Auschwitz en octobre 1944. Est nommé par Bischoff
Bauleiter du camp de concentration de Gross-Rosen, puis en décembre
remplace Ertl comme Bauleiter de Breslau où il reste jusqu’à la capitula-
üon. Fait prisonnier par les Soviétiques, passe cinq ans en captivité. Jugé à
Vienne début 1972 en tant qu’« architecte des crématoires », est acquitté.
Ne regrette en rien son passé, estimant avoir suffisamment payé ses « er-
reurs de jeunesse » par cinq dures années d'emprisonnement chez les
« Rouges ».
Ertl Fritz [III], SS-Untersturmführer (F). Récupéré fin août 1944 par
Bischoff pour sa Bauinspektion « Silésie », y retrouve son grade de sous-
lieutenant spécialiste en octobre. Devient Bauleiter de Breslau, puis est dé-
taché à Arnstadt (Thuringe) pour y construire un quartier général. Fait
prisonnier par les Américains à Linz, est relâché rapidement. Jugé à
Vienne début 1972 en tant qu’« architecte des crématoires », est acquitté.
Au contraire de Dejaco, manifeste durant le procès un repentir certain dû
à sa compréhension précoce de la dérive homicide d’Auschwitz à laquelle
il a refusé d’être lié et à l’origine polonaise de sa femme.
SS-Bauleitung KL Mauthausen/Oberdonau :
BUCHNER, SS-Oberscharführer et Bauleiter de novembre 1940 en
mai 1941. Négocie avec l'ingénieur Prüfer l’achat d’un four mobile bi-
moufle adapté au chauffage au coke pour le camp annexe de Gusen,
puis de deux autres fours fixes bimoufle au coke, type « Auschwitz »,
l’un pour Gusen, l’autre pour la future infirmerie des détenus de Mau-
thausen.
NAUMANN, SS-Obersturmführer et Bauleiter à partir de fin mai
1941. Passe Hauptsturmführer en décembre 1941. Casse en août 1941 le
marché des deux fours type « Auschwitz » passé par son prédécesseur.
Après négociations avec la Topf, en accepte un seul. Se voit imposer par
l’adjudant Heider du département II du SS-HHB l'achat du second. Sa-
bote l’ordre donné et, après livraison des pièces, refuse le montage des
fours en janvier 1943. Un seul est édifié finalement début 1945.
SS-Bauinspektion der Waffen-SS und Polizei Reich-Ost
An der Paulikirche 7, Posen (Wartheland).
Abvwicklungsstelle der Baugruppe der Waffen-SS und Polizei Russland-
Mitte
Litzmann-Allee 30, Posen (Wartheland).
135
SS-Sonderkommando 4a (Einsatzgruppe C) :
BLOBEL Paul, né en 1896, SS-Standartenführer. Avant la guerre,
architecte indépendant. Ruiné par la crise économique, s'inscrit au
NSDAP. Entre à la SS très tôt. En juin 1942, est chargé de vider les fosses
d'Ukraine de leurs cadavres et de les faire disparaître. Essaie plusieurs mé-
thodes avant de parvenir à un résultat concluant. Sert de conseiller au
commandant Hôss pour liquider les fosses du Birkenwald fin 1942.
Condamné à mort à Nuremberg et pendu enjuin 1951.
136
SANDER Fritz, ingénieur principal de la division D et fondé de pou-
voir de la Topf d’Erfurt. Auteur d’un brevet de four d’incinération en
continu, déposé en octobre-novembre 1942. Arrêté par la SMA début mars
1946. Avant ou lors d’un interrogatoire le 25 mars par les Soviétiques du
SMERSH (Service de contre-espionnage soviétique), subit une attaque co-
ronarienne. Transporté à l'Hôpital Militaire de Karlshorst et malgré neuf
heures de soins intensifs, meurt le lendemain. Son dossier d’arrestation cet
ses interrogatoires par le SMERSH sont classés « Archives KGB Secret ».
PRUFER Kurt, né en 1891 à Erfurt. Entre en 1911 à la Topf comme
dessinateur technique et chef de chantier à la division de construction
d'installations de maltage. Service militaire en 1912 au 71 € régiment d’in-
fanterie d’Erfurt. Libéré en décembre 1918 comme adjudant de réserve.
Reprend alors ses études et obtient son diplôme d'ingénieur du bâtiment
en 1920. Réengagé par la Topf comme ingénieur de la division D, section
« construction de crématoire », en devient un spécialiste connu. Menacé
de licenciement début 1933 en raison de la situation économique, y
échappe grâce à la reprise des activités entraînée par l’arrivée d'Hitler à la
Chancellerie. Inscrit au NSDAP probablement avant 1933. Nommé ingé-
nieur principal en 1935. Délégué bénévole du personnel jusqu’en 1937-
1938 et membre du Comité d’entreprise. Enlève le premier marché
concentraüonnaire de four d'’incinération au KL Dachau. S'implante à
Buchenwald, Gusen (Mauthausen) et Auschwitz. Devient autonome en fé-
vrier 1941 en prenant la tête de la nouvelle section D IV mais, n'étant pas
fondé de pouvoir, reste subordonné aux responsables de la division D,
Erdmann et Sander. Equipe progressivement les cinq crématoires d'Aus-
chwitz-Birkenau de fours d’incinération Topf de sa conception. Charge
son collègue Schultze de la ventilation des crématoires. Installe quatre
chambres d’épouillage à air chaud au Zentral Sauna. Entre novembre
1940 et mai 1944, s’est rendu onze fois à Auschwitz. Son arrestation par les
Américains le 30 mai 1945 entraîne le suicide de Ludwig Topf. Relâché le
13 juin, reprend son travail à la Topf et, aidé de Ernst-Wolfgang Topf,
épure les dossiers de la firme des contrats passés avec Auschwitz. Arrêté de
nouveau par les Soviétiques début mars 1946 avec Gustav Braun, Fritz San-
der et Karl Schultze. Les décès de Ludwig Topf, son directeur, et de Fritz
Sander, son responsable fondé de pouvoir, facilitent sa défense et lui per-
mettent de rejeter sur ces derniers la responsabilité de l'exécution des
commandes SS. Ne fut condamné qu’à 25 ans de travaux forcés en avril
1948. Selon son dossier d’internerment en URSS, classé « Archives KGB Se-
cret (SMERSH) », aurait pu être libéré en octobre 1955 mais décède le 24
octobre 1952 à 22h10 d’une hémorragie cérébrale avec paralysie partielle
dans la baraque-hôpital n° 23 d’un camp spécial pénal du Ministère de
l'Intérieur.
KLETTNER Martin, ingénieur de la division D de la Topf d’Erfurt, sec-
tion construction de crématoires. Ingénieur principal de la Nagema de
Dresde en 1947. Passe à l'Ouest et rejoint Emnst-Wolfgang Topf à Wiesbaden.
Chargé de l'atelier de réparation et de production de four Topf à Recklinghau-
sen, dépose en juin 1950 un brevet de four d'’incinération pour la Topf de
Wiesbaden. Décédé dans les années 70.
Ingénieur de la divison B [ventilations] :
SCHULTZE Karl, ingénieur principal de la division D HT de la Topf
d’Erfurt spécialisé dans les ventilations. Devient autonome en février 1941
en prenant la tête de la nouvelle division B de la Topf, mais dépend en-
core de Erdmann et de Sander car n’est pas fondé de pouvoir. Conçoit la
167
désaération du crématoire I d'Auschwitz (jamais montée) puis les ventila-
tions des crématoires II, IIL, IV (non montée) et V de Birkenau. S’est ren-
du trois fois à Auschwitz entre mars 1943 et mai 1944. Arrêté par la SMA
début mars 1946. Interrogé à Moscou en février-mars 1948 et condamné le
3 avril à 25 ans de travaux forcés. À pourtant été libéré en octobre 1955
comme Gustav Braun. Ses interrogatoires et son dossier d’internement en
URSS sont classés « Archives KGB Secret (SMERSH) ».
Contremaîtres et ouvriers spécialisées des divisions D, D IV et B :
138
Firme HEINRICH KORI G.m.b.H., Technische Büro und Fabrik für Zen-
tralheizungs und Lüftungsanlagen, Kitchen: und Grossraumhcizungen
Eiserne Ofen / Kolorifere / Luftheizôfen
Abfall-Verbrennungsôfen und Feuerungsanlagen
Kesseleinmauerungen-Schornsteinbau, Einäscherungsôfen für Krematorien
Bureau technique et fabrique d'installations de chauffage central et de ventilation, de
chauffage d'églises et de salles volumineuses
Fours métalliques / Calorifères / Fours chauffant l'air / Fours d'incinération des dé-
chets et installations de chauffe / Scellements de chaudières - édificahon de chemi-
née, fours d'incinération pour crématoires
Dennevwitzstrasse 35, Berlin W 35 :
Concurent direct de la Topf. Installe dans divers camps quatre modèles réper-
toriés de fours monomoufle: un mobile chauffé au mazout, un mobile chauffé
au coke, un fixe chauffé au coke premier type (TI) et un fixe chauffé au coke
second type (TIT) dit « Reform » coûtant, vendu à l’unité, 4 500 RM pièce. En
voici la liste (probablement incomplète) suivant le modèle :
1) Fours mobiles monomoufle au mazout : 2 à Sachenhausen, 1 à Ravens-
brück, 2 à Maïdanek, 1 au Stutthof (Danwig), 1 à Gross-Rosen, 1 à Vugt
(Hollande), 1 à l’AL Trzebinia et 1 à l’AL Blechhammer (10 en tout).
2) Fours mobiles monomoufle convertis pour le chauffage au coke : 1 à Ber-
gen-Belsen, 1 à NatzweilerStruthof (France) et 2 à Neuengamme [les trois
derniers étant aménagés pour la production d’eau chaude] (4 en tout)
3) Fours fixes monomoufle au coke TI : 1 à Mauthausen, 1 à Flossenbürg
(2 en tout).
4) Fours fixes monomoufle au coke TITI : 4 à Sachenhausen, 2 à Ravens-
brück, 2 au Stutthof (Dantzig), 4 à Dachau et 5 à Maïdanek [assemblés en
un bloc aménagé pour la production d’eau chaude], 1 à Vugt (18 en tout).
Firme DIDIER-WERKE AG,
Ofenbau / Construction de four
Westfälische Strasse 90,
Berlin - Wimersdorf:
Propose fin août 1943 deux fours d’incinération monomoufle fixes chauf-
fés au coke pour une installation crématoire destinée aux SS de Belgrad
(Serbie). On ignore si le crématoire fut construit.
139
absorbés par un support en rondelles de carton (comme des dessous de
bière). « Cyanosil » est une autre appellation commerciale du même pro-
duit actif, mais fixé sur un support de petites billes plastiques porcuses.
Firme HEERDT-LINGLER G.m.b.H. (« HELI »)
Hermann Gôring-Ufer 3, Frankfurt am Main 1 :
Grossiste distribuant le Zyklon-B de la Degesch à l'Ouest da l'Elbe.
Firme TESCH UND STABENOVW (« TESTA »),
Internationale Gesellschaft für Schädlingsbckämpfung mbH.
Société internationale à responsabililé limitée pour la lulle contre les rursibles
Directeur : Bruno Tesch
Messberghof, Hamburg 1 :
Grossiste distribuant le Zyklon-B de la Degesch à l'Est de l'Elbe.
Firme UMLUFT APPARATEBAU - GESELLSCHAFT MBH
Construction d'appareillages à circulation d'air SARL
Hindenburgstrasse 21, Lehnin (Mark [Brandenburg]) ct
Bismarckstrasse 100, Berlin — Charlottenburg 4 :
Equipe les 8 chambres de destruction des parasites à air chauffe électrique-
ment du camp des Tsiganes de Birkenau (le BIIe).
Firme EWALD BERNINGHAUS
Dampfkesselfabricken in Duisburg und Herne i. W.
Schiffswerften mit Maschinenfabriken und Giessercin in Duisburg u. K6ln-
Deutz Stahlbau in Duisburg
Usines de chaudiéres de vapeur à Duisbourg et à Herne en Westphalie
Chantiers navals avec usinages de machines et fondenies à Duishourg et Cologne-Deutz
Construction mélallique à Duisbourg
Postfach 192, Duisburg:
Sollicité pour fabriquer les portes étanches au gaz des 19 puis 11 chambres à
gaz d’épouillage bâtiment de réception du Stammlager (jamais réalisées).
Firme SIEMENS -SCHUCKERTWERKE AKTIENGESELLSCHAFT
Abteilung Industrie / Département industrie
Berlin-Siemensstadt :
Ingénieur de la firme :
FRANRKE, Ingénieur diplômé. Livre la station d'épouillage cxpérimen-
tale fixe à ondes ultracourtes du Stammlager.
140
Niederlassung Kattowitz
Friedrichstrasse 19, Kattowitz :
Monte les gros-œuvres des crématoires II et III. Commence ceux des IV et V.
Participe à l'édification des fours du crématoire II.
Firme VEDAG, Vereinigte Dachpappen-Fabriken Aktiengesellschaft
Fachabteitung für Grundwasserabdichtungen, Isolierungen u. Asphaitie-
rungen Betriebe Schlesien
Fabriques réunies de carton bitumé S.A.
Département spécialisé dans l'étanchäfication contre des eaux souterraines,
Travaux d'étanchäté et bitumage
Etablissement de Silésie
Elferpiatz 1a, Breslau 1 :
Isole contre l’eau les caves des crématoires II et III.
Firme CONTINENTALE WASSERWERKS - GESELLSCHAFT M.B.H.
(« CWG »)
Wasserwerks- und Kanalisationsanlagen / Neuzeitl. Kicsschüttungsbrun-
nen / Rohrverlegungen
Installations d'usine hydraulique et d'égouts / Puits modernes en gravelage /Pose de
luyaux
Hardenbergstrasse 1, Berlin —- Charlottenburg 2 :
Débute le drainage du crématoire II.
Firme KARL FALCK,
Tiefbau — u. InstallationsGeschäft
Construction de supertructures et plomberie
Gustav-Freytag-Allee 13, Gleiwitz (Oberschlesien) :
Poursuit avec la Triton le drainage du crématoire II et se charge de celui
des trois autres crématoires.
Firme TRITON
Tiefbauunternehmung
Badenuntersuchungen / Bohrungen nach Wasser und Mincralien
Entrepnise de construction en génie civil
Prospections d'eaux thermales / Forages hydrauliques el minéraux
Inhaber : Bauingenieur Roman Walczuch
Kônigshüterstrasse 87, Kattowitz :
Effectue avec la Karl Falck le drainage des quatre crématoires de Birkenau.
Firme KONRAD SEGNITZ — BAUGESCHAFT, Eisenbeton und Hochbau
Holz — und Eisen-Sparende « Vollmar » — Bauweisc
Bohlen — Lamellen — Decken und Bohlen — Dachbinder - Konstruktionen
Béton armé et supertructures
Exécution « Vollmar » de charpentes de bois et de mélal
Toits de madriers et planches et montages de madners et fermes
Lindenstrasse 38, Beuthen (Oberschlesicn)
Inhaber : Carl Pluta, Baumeister :
Dessine et fabrique les toitures des quatre crématoires de Birkenau.
(Albert BSDOK, Dipl.-Ing., Baurat / conseil en construction
Lindenstrasse 46, Beuthen [Oberschlesien] :
Contrôle les calculs statiques des toitures des quatre crématoires de Birke-
nau établis par la firme Konrad Segnitz)
Firme INDUSTRIE-BAU-A.G.
Beton- u. Eisenbetonbau : Brücken-, Hoch- u. Ticfbau / Strassenbau /
Dampfsägewerk (5 Gatter) / Bautischlerei / Bauschlosserci
Construction en béton et béton armé: Construction de ponts, supertructures
et génie civil / Construction de routes / Sciente à vapeur (5 scies) /
Menuiserie en bâtiments / Serrurerie en bâliments
141
Breslauer Strasse 63 (Sägewerk / scierie)
et Elisabeth-Strasse 21, Bielitz (Oberschlesien) :
Pose les toitures des quatre crématoires de Birkenau.
Firme W. RIEDEL U. SOHN, Eisenbeton u. Hochbau
Hoch- u. Tiefbau, Industriebau, Wohnungs- u. Siedlungsbau, Silo- u. Bun-
kerbauten im Gleitbauverfahren, Strassen und Brückenbauten
Construction de superstructures et génie civil, construction industrielle,
construction de logements et de cités, constructions de silos et de soutes
par procédé de coffrage, constructions de routes et de ponts
Brückenstrasse 1, Bielitz (Oberschlesien)
Achève les gros-œuvres des crématoires IV et V.
Firme JOSEF KLUGE,
Baugeschäft - Dampfziegelei - Sägewerk
Hoch., Tief- u. Eisenbetonbau
Entreprise de construction — briqueterie à vapeur — scierie
Construction de supertructures, génie ciuil et béton armé
Alt-Gleiwitz (Oberschlesien) :
Edifie les fours Topf 8 moufles des crématoires IV et V.
Firme HERMANN HIRT NACHEFLG.
Hoch -— Tief — Eisenbetonbau
Construction de béton armé — superstructures — génie civil
Ludendorffstrasse 16, Beuthen (Oberschlesien) :
Participe aux travaux de finition : pose des orifices de désaération naturelle
sur la toiture du crématoire IV (et probablement aussi sur celle du V).
ANNEXE N°1
Coupes transversales et longitudinales d'un modèle de four d'incinération
chauffé au coke et avec récupérateur, monté jusque dans les années 1930-1935.
(inspiré du crématoire de Zurich [Suisse])
Ac : Air chauffé
coke
MOUFLE
=
—
FOYER
=
S cendres /1/
7
à JIIIIIIII
5 DOI)
ë LILIIIIII
LIIIIIIII
LILIIIII]
LILIIIIII
SIIE] Vi LILIIIII)
s LILIIIII
hhenal BDOOOOIOIOOONOOION)
DDOOOOIONION
LILI III LIIIIIIIIII
3
F H
143
ANNEXE No 2
LE NOMBRE DES MORTS
AU KL AUSCHWITZ-BIRKENAU :
La dernière étude parue sur ce thème est celle d'un historien du musée
d’Auschwitz, Franciszek PIPER, Auschwitz, How many perished Jews, Poles, Gÿp-
sies…, Krakow, 1991. C’est un travail très consciencieux, faisant le point sur
l'historique de la question, les auteurs l'ayant abordée, les résultats obtenus et,
l’état des connaissances en 1991. Il esume à 1 100 000 le nombre des victimes
parmi les détenus enregistrés et ceux qui ne le furent pas.
L'étude de Piper comporte trois points susceptibles de correction :
A. le nombre des décès parmi les détenus enregistrés,
B. le nombre des Juifs polonais arrivés à Auschwitz et leur taux de mortalité,
C. le nombre des Juifs hongrois arrivés à Auschwitz et leur taux de mortalité.
A. Nombre des décès parmi les détenus enregistrés
144
(3 janvier-24 février)
(24 février-22 mai)
(21 mai-8 avril)
(8 avril-30 avril)
(1% mai-15 mai)
(16 mai-30 mai)
(30 mai-13 juin)
(14juin-25 juin)
OO
NO
09
OUR
©
JO (26 juin-7 juillet)
(7 juillet-16 juillet)
(16 juillet-28 juillet)
(28 juillet-6 août)
(6 août-16 août)
(17 août-22 août)
(22 août-28 août)
(28 août-2 septembre)
(2 septembre-7 septembre)
(7 septembre-1 1 septembre)
(11 septembre-16 septembre)
(16 septembre-22 septembre)
(22 septembre-28 septembre)
(28 septembre-2 octobre)
(2 octobre-12 octobre)
(12 octobre-22 octobre)
(22 octobre-2 novembre)
(3 novembre-1 2 novembre)
(13 novembre-date inconnue)
(date inconnue-4 décembre)
(5 décembre-14 décembre)
(15 décembre-31 décembre)
(2 janvier-15 janvier)
(16 janvier-28 janvier, 2 mars)
(28 janvier-7 février) 1 486
(8 février-15 février) 1 500]
(16 février-23 février) 1 442
(23 février-2 mars) 1 442
(2 mars-7 mars) 1 488.
(7 mars-1 3 mars) 1 498
(13 mars-18 mars) 1 492
(18 mars-24 mars) 1 460
(24 mars-1°®* avril) 1 428
(2 avril-13 avril) 1 500]
(14 avril-13 mai) 1 480
(14 mai-date inconnue) 1 500]
(date inconnue-16 juin) 1 500]
(17 juin-2 juillet) 1 465
(2 juillet-29 juillet) 1 480
(29 juillet-29 août) 1 494
(30 août-date inconnue) 1 500]
(date inconnue-12 octobre) 1 500]
(13 octobre-12 novembre) 1 490
(12 novembre-11 décembre) 1 414
(11 décembre-29 décembre) 1 500***
(29 décembre-31 décembre) 1 494***
970**%*
(31 décembre)
36 499
* Pointes des épidémies de typhus : la première vers le 9 septembre 1942 et la deuxième vers le 10
mars 1943. Une troisième sévit en mai-juin 1943, mais limitée au camp des Tsiganes, ce qui explique la
faible élévation de la mortalité.
** Malgré le nombre réduit de décès du tome 29, 1 230, indiquant qu'il serait le dernier de 1942, l’ab-
sence de décès du 16 au 31 décembre est incompatible avec la centaine de décès quotidiens au KL du-
rant cette période, ce qui implique l'existence d’un 30° tome.
*** Probablement chiffres de régularisation concernant les décès intervenus dans les camps extérieurs
du KL.
145
Total du 4/08/41 au 31/12/43:
5 988 + 44 236 + 36 499 = 86 723 (mortalité moyenne par jour : 99)
146
4) En recensant lesJuifs des régions ex-polonaises sous contrôle allemand et en ana-
Iysant leurs transports vers Auschwitz, il totalise de 277 000 à 287 000 déportés juifs.
Plusieurs remarques sur ces méthodes de calcul sont à formuler :
1) Celle par soustraction dépend surtout du nombre de Juifs tués dans les
camps d’'extermination pure. Une réduction de ce chiffre, prouvée, augmente-
rait fortement le nombre des Juifs polonais d’Auschwitz, ce qui est incompati-
ble avec le savoir historique actuel.
2) Dans le Calendrier de Czech, de la déportation, début août 1943, des Juifs de
Bendsburg et de Sosnowitz résulte, avec en sus un convoi belge et un français, 23
714 inaptes à gazer et à incinérer en 6 jours, soit environ 4 000 quotidiens. Mais l’é-
tat des crématoires ne permet pas d’en brûler tant. Le II est en réparation et le IV,
hors service. La capacité incinératrice du camp n’excède pas 1 750 par jour dans
les I, IT et V. Comme le crématoire I aurait été arrêté fin juillet 1943 sur demande
du SS Grabner, il se peut qu’elle ait même chuté à 1 500. Il semblerait que le nom-
bre des Juifs par convoi (2 000 à 3 000), mal estimé par les témoins, ait été doublé.
3) Les 2 000 moyens par convoi de Hilberg peuvent être minorés à 1 000-1 500,
ce qui correspondrait mieux au nombre d’enregistrés de ces convois, c’est-à-
dire ceux aptes au travail.
En effet, la proportion de Juifs classés aptes ou inaptes au travail est bien
connue : 30 à 35% pour les premiers et 70 à 65 % pour les seconds (le
commandant Hôss avance 25 à 30 % pour les aptes. La moyenne des inaptes ga-
zés calculée par Wellers — exceptés les Juifs polonais et hongrois — est de 65 %.
Est retenu le pourcentage de Wellers, corrigé des dires de Hôss, soit une pro-
portion d’un tiers/deux tiers). Avec environ 50 000 juifs polonais enregistrés,
les arrivants ne pouvaient être qu'environ 150 000 (soit une centaine de
convois de 1 500 personnes).
C. Nombre des Juifs hongrois arrivés à Auschwitz et leur taux de mortalité
On sait, avec certitude, que 148 convois contenant 438 000 Juifs sont partis de
Hongrie avec, en moyenne, 3 000 personnes par convoi. En admettant que tous les
convois aient bien atteint Auschwitz, 28 000 environ furent enregistrés et, selon
Wellers, 410 000 soit 93,6 %, massacrés. C’est, manifestement, inexact.
Les 189 photos de l’Album d'Auschuit: (découvert par Serge Klarsfeld et dont
l’auteur a assuré la version française aux Editions du Seuil) prouvent sans discussion
que largement plus de six Juifs sur cent étaient aptes au travail. En appliquant la rè-
gle 1/3-2/3, 146 000 hongrois étaient aptes et 292 000 inaptes. Comme seuls 28 000
aptes restèrent à Auschwitz, 118 000 aptes non-enregistrés ont donc été transférés
dans d’autres camps ou vers d’autres sites de travail forcé. Ainsi, est conservé au Yad
Vashem un fichier provenant du camp du Stutt-hof (près de Dantzig) avec les noms
de 40 à 50 000 Juives hongroises, ayant été expédiées d’Auschwitz en juin 1944. Elles
furent ensuite réparties dans divers camps, là où la main-d'œuvre manquait. Des in-
vestigations ultérieures permettront de préciser la proportion des aptes et des
inaptes parmi lesJuifs hongrois sélectionnés à Auschwitz.
Reste à déterminer si la disparition des 292 000 inaptes en moins de deux
mois et demi est compatible avec la capacité incinératrice du camp qui s'établit
comme suit en maïi-juin 1944 :
es Le 1 do J + un seul cycle de gazage possible par jour
147
Capacité globale d'incinération 13 300/j avec possibilite d'extension a
4 300. Les SS pouvaient anéantir en 70 jours jusqu'a 300 000 personnes, cnut
lisant sur les quatre sites de liquidation huit équipes de Sonderkomimande,
quatre travaillant de jour et quatre de nuit, avec un effectif total d'un millier de
Juifs.
D. Récapitulatif des Juifs déportés à Auschwitz ct nombre total de morts
(les chiffres de Piper sont repris sauf pour lesJuifs polonais)
Hongrie 438 000 - 118 000 transférés = 320 000
Pologne 150 000
France 69 000
Hollande 60 000
Grèce 55 000
Bohème-Moravie (Theresienstadt) 46 000
Slovaquie 27 000
Belgique 25 000
Allemagne et Autriche 23 000
Yougoslavie 10 000
Italie 7 500
Norvège 700
Camps divers et autres 34 000
Total : 945 200 Total restant : 827 200
Parmi les 827 200, arrondi à 830 000 Juifs d’Auschwitz, environ 200 000
furent enregistrés (formant ainsi la moitié des 400 000 enregistrés) et 630 000
furent gazés. Ainsi, le total des victimes serait de :
Juifs gazés non inscrits 630 000
Détenus inscrits décédés (Juifs et non-juifs) 130 000
Prisonniers de guerre soviétiques 15 000
Total des morts : 775 000
Cette méthode de calcul, ayant l’avantage de traiter «en gros», sans des-
cendre dans les catégories des divers détenus du camp, est probablement assez
juste, mais peut comporter des lacunes. C’est pourquoi, est à retenir actuelle-
ment le chiffre global de 800 000 victimes.
LISTE
DES SCHÉMAS
149
INDEX DES PERSONNES,
FIRMES ET ORGANISMES
A E
ALBRECHT (Ursula), 65 EICHMANN (Adolf), 41
AUMEIER (Hans), 84 ERDMANN (Paul), 13, 71, 95, 96, 109, 136
ERTL (Fritz), 52, 104, 105,116, 118, 125,
B 152453
BACH (von der), 21
Bauleitung Auschurtz (d'abord F
Sonderbauleitung du KGL et Baulaitung du FALCK (Ernst), 97
KL, puis Zentralbaulatung der Waffen-SS Falk Karl (firme), 56, 62, 141
und Polza, Auschuit: O/S), hors index FDGB (Freier deutscher Gewerk-
Bauleitung Buchenwald, 7, 11, 38, 39 schaftungsbund), 136
Bauleitung Dachau, 11, 14 FLEMING (Gerald), 109
Bauleitung Mauthausen, 13-15, 24, 25,98, FRANK (Hans), 9
99,111 FRANKE, 83, 88, 122, 140
Bauleitung Mogilew (Russland- Mitte), 33, Front patriotique des Allemands des Sudètes, 134
52, 93, 108, 132
BAYLE (François), 100 G
Berninghaus Ewald (firme), 89, 108, GAUVEILER (Helmut), 100,
140 GERSTEIN (Kurt), 114
Betzinger (Ewald), 108 Gestapo, 23, 34, 63, 101,113, 114, 117, 132
BILLIG (Joseph), 97 Gierisch, 130
BISCHOFF (Karl), 1, 26-30, 35-37, 40-42,45, Glücks (Richard), 71
47, 49-53, 55-57, 59, 60, 63, 68-70, 73, Goedecker, 122
83-86, 89, 96,97, 100, 105, 106, 108, GRABNER (Maximilian), 23, 28, 35,40, 41,
113,114,117, 118, 120, 123, 129, 130, 84, 99,101,114,121,131, 132,145
132-135 GRAWITZ (Ernst), 59, 117
BLOBEL (Paul), 57, 58, 117, 136 GUMBEL (E.].), 97
Boos (Friedrich), 88, 108
H :
Boos Friedrich (firme), 18, 42, 61, 82, 84, 88,
99, 103, 108, 112, 122, 139 HAAGEN, 100
BRAUN (Gustav), 95, 109, 124, 12, 138 HALDER (Fritz von), 100
BROAD (Perry), 18, 99, 104, 131 HANDLOSER (Siegfried), 100
BRÜCK (August), 119, 121,123 Heerdt-Linger GmbH (firme), 98, 103, 112,
BÜCHNER, 14, 15,111,112,135 140
HEIDER, 25, 113, 130,135
C HENLEIN (Konrad), 134
CLAUBERG, 86 HHB (SS Hauptamt Haushalt und
Collmener Schamottewerke (firme), 33 Bauten),6,7, 9, 10, 14, 22, 25, 26, 29, 31,
Conseil de recherches du Reich, 32 33, 36, 37, 103, 110-113, 126, 129, 130,
Continentale Wasserwerks-Gesellschaft 132, 133, 135
MBH (firme), 56, 105, 141 HILBERG (Raul), 144, 145
CZECH (Danuta), 101, 144, 145 HIMMLER (Heinrich), 6, 11, 20, 22, 27, 41,
43-46, 48, 49,68, 84, 91-93, 99, 102, 103,
D 112,115, 125, 129, 130,133
DÉBUCHY (Victor), 109 HINDENBURG (Paul von), 3
Degesch (firme), 16, 41, 42, 948, 103, 115, Hirt Hermann (firme), 56, 142
119,139 HITLER (Adolf), 6, 10,137
DEJACO (Walter), 29, 30, 35, 38, 42, 57, 58, 64, Holick (Martin), 52, 57, 58,65, 70, 115,
88, 96, 104, 105, 113, 117, 125, 131,133, 116, 118, 122, 138
135 HÔss (Rudolf), 10, 11, 16, 26, 34, 39, 41, 43,
Didier-Werke
AG (firme), 65, 139 44, 46, 49, 0, 57, 58, 62, 68, 74, 81, 85, 86,
150
90, 97, 99, 102, 104, 105, 107, 111, M
115-118, 122, 130, 131, 136, 145 MACHEMEHL, 109
Hôssler (Franz), 57,8, 117,131 MARHR (Albert), 33, 34, 114, 138
Huta (férme), 42, 47,6, 63, 70, 105, 115-117, Mengele, 108
120, 126, 138, 140 MESSING (Heinrich), 60, 65,66, 69-71,
HVW (SS Hauptamt \ erwaltung und 73,-780, 118, 119, 138
Wirtschaft), 7, 37, 126, 129 MONTFORT (Annie et Henri de), 97
MORGEN (Konrad), 131, 132
I Mrugowsky, 114
IG Farben Industrie (firme), 21, 22, 43, MULKA (Robert), 118
91,116,130 Müller Walter (firme), 5-7, 97, 110, 136
Industrie-Bau-AG (firme), 56, 58, 141
Institut d'hygiène de Strasbcurg, 32 N
Institut d'hygiène SS (Raïsko), 43,85, 92, Nagema (firme), 109, 125, 136, 137
114,117 NAUMANN, 24, 25, 52, 113,135
J NSDAP, 5, 10, 126, 129, 131, 136,137
JAco8 (Berthold), 97
JAHRLING (Rudolf), 61, 83, 88, 89, 93, 105, P
107, 108, 119, 123, 135 PAMBOR (Erich), 83, 98, 108, 130
JANISCH (Josef), 53, 60, 69, 108, 116, 121, PATTON (Georges S.), 94, 123
133, 134 PETERS (Gerhard), 41, 103,113
JOTHANN (Werner), 1, 88, 89, 108, 122, 134 PIPER (Franciszek), 144, 148
PLUTA (Carl), 141
K POHL (Oswald), 6, 7,10, 37, 47, 59, 84-86,
Kapow (Walter), 10,11 19202 A0 MA ALUE, 1216 123,129;
KALTENBRUNNER (Ernst), 131 133
KAMMLER (Hans), 26, 29, 37, 40, 43, 48, 50, POLLOXK, 102, 106,108, 133
63, 68-70, 89, 96, 102, 105, 106, 108, PRESSAC (Jean-Claude), 105
112; 114, 118; 123, 129, 10,132:134 PRÜFER (Kurt), hors index
KGB, 2, 107, 109, 136-138
KIRSCHNECK (Hans), 52, 53, 56, 69, 83, R
102, 104, 106-108, 116, 118, 120 Rachsbahn, 132, 133
KLARSFELD (Serge), 145 Reichstag, 3
KLEIN (Otto), 108 RIEDEL und Sohn (firme), 56, 74, 76,119,
Klettner (Martin), 96, 125, 137 142
Kluge Josef (firme), 56, 138, 142 ROSE (Gehrard), 100
Koch (Wilhelm), 12, 36, 57, 58, 65, 70, 77, RSHA (Rachssicheratshauptamt), 50, 53, 59,
79,81,111,116,118,138 126
KOEHLER (Robert), 40, 49, 52, 53,56, 79,
82,102, 116,121, 122 S
Koelher Robert (firme), 58, 80, 81, 104, 107, SANDER (Fritz), 13, 55,71, 72, 95, 96, 104,
115,121, 140 247
Kori Heinrich GmbH (firme), 7, 10,11, SCHLACHTER, 11, 13, 16,18, 98,99,11,114,
12, 14, 65, 69, 106, 111, 139 132
KRAMER (Josef), 97, 130 SCHLAGETER (Leo),10,11
KREMER (Johann Paul), 99, 104, 105 SCHNABEL (Reimund), 98
Knegsmanine, 131 Schniever & Co (firme), 58
Krupp AG (firme), 22, 85, 134 ScHULTZE (Karl), 17-20, 24, 28, 29, 38, 49,
71-73, 77, 90, 95, 96, 99, 112-114, 119,
L L2ONP2MPAMPEAMIS7USS
LANGBEIN (Hermann), 108 SCHWARZHUBER, 108
LEER (Wim van), 96 Segnitz-Baugeschäft Konrad (firme), 56, 67,
LEISSE (J.F.B.), 97 141
Lenz & Co, 42, 47, 63, 115, 117, 126 SEHN (Jan), 101,131
LIEBEHENSCHEL, 119 SEYFFARTH (Arnold), 70, 118, 138
Linze Gustav (firme), 70, 79 Siemens-SchuckerwerkeAG (firme), 83,88, 92,
LUCZKO (Stanislaw), 101 107, 121-123, 130, 132, 140
LuDpwWiG (Karl), 4,5, 110 SMA (Administration militaire soviétique),
Luftwaffe, 26, 100, 132 124, 126, 136, 138
151
SMERSH (service de contre- espionnage VOLCKMANN (Hans), 4, 5, 110
soviétique), 124, 137, 138
SMOLEN (Kazimierz), 101 W
SNIESZKO (Tadeusz), 107 Waffen-Ss,
SPEER (Albert), 99 WALCZUCH (Roman), 141
STOSBERG (Hans), 22 WEBER, 57, 130
SwoBoDA, 108 WEGENER, 108
SZYMANSKA (Danuta), 107 Wehrmacht, 31, 100
SZYMANSKI (Tadeusz), 107 Weichsel-Union-Metallwerke, 22
WELLERS (Georges), 144, 145
T WERKMANN, 22, 29, 35, 63, 64, 130
TAUBER (Henryk), 72, 105, 106 WILLING (August), 15, 25, 83,92, 98, 112,
TEICHMANN (Heinrich), 42, 108, 135 113, 130,138
TESCH (Bruno), 131, 140 WIRTHS (Eduard), 62, 63, 75, 82-84, 89, 91,
Tesch und Stabenow (frrme), 16, 89, 108, 123, 140 92, 105,116, 117,131
Topr (Ernst-Wolfgang), 5, 15, 29, 30, WIRTZ, 31, 33, 100, 101, 113, 130
95,96,109, 120, 124, 136 WITTWER, 31, 33, 130
Topr (Ludwig), 5, 15, 30, 53, 95, 136, 137 WOoLKEN (Otto), 109
Topfund Sôhne (firme), hors index WOLTER, 60, 105, 117, 134
Triton (firme), 56, 141 WÜSTINGER (E.), 103, 113
WVHA (SS Wirtschafts- Verwaltungs-
U hauptamt), 37, 40, 45-53, 55, 57,59,
ULMER, 35, 114, 133 80-84, 89, 102, 107, 14,116,119,121,
Umluft Apparatebau-Gesellschaft MBH (firme), 122, 126, 129, 134
140
URBANCZYK (Walter), 16, 17, 20, 24, 25, 27, Y
28, 30, 948, 132 YAD VASHEM, 147
V Z
Vedag (firme), 56, 57, 105, 141 ZERBAN-JAHNERT, 108
INDEX DES LIEUX
A E
ALLACH, 5, 110, 136 EGER (SUDÈTES), 1 34
ALLEMAGNE DE L'EST, 124 ELBE, 98, 140
ALLEMAGNE, 5, 9, 11,55, 83,97,110,111, ELDENBURG, 1 34
132, 133, 148 ERFURT, 4, 7, 15, 18, 38, 47, 52, 53,55, 57,
ANGLETERRE, 26 60, 65, 69, 70, 81, 82, 95, 108-113,
ARNSTADT, 135 118-125, 136-138
AUTRICHE, 110, 132, 148
F
B FLOSSENBÜRG, 3, 9, 10,11,13,14,110,111, 139
BAD TOLZ, 5 FRANCE, 11, 26, 132, 133, 135, 139, 148
BARANOWITZ (HAUTE SILÉSIE), 135 FRANKFURT, 16, 98, 112, 115,131, 139,140
BAYREUTH, 3, 110
BELGIQUE, 26, 148 G
BELGRAD, 1 39 GLEIWITZ, 21, 56, 141
BELZEC, 102 GOLLESCHAU, 86
BENDSBURG, 147 GOUVERNEMENT GÉNÉRAL, 33
BERGEN-BELSEN, 130, 131, 139 GRÈVE, 148
BERLIN, 3, 7, 9, 10, 21, 32, 35, 46, 47, 52, GROSS-ROSEN, 130, 135, 139
53, 56, 59, 65, 75, 80, 82, 83, 86, 100, GUSEN, 14, 15, 24, 25, 111-113, 118,135,
103, 106,110, 111,113, 114-116, 121, 137,138
129, 130, 132-135, 139, 140
BEUTHEN, 56, 141, 142 H
BICHENWALD, 16, 117 HALLE, 140
BICKENDORF, 18 HAMBOURG, 4, 89, 123, 131, 140
BIELITZ, 56, 62, 63, 103, 105, 119, 142 HANNOVER, 140
BIÉLORUSSIE, 32, 101, 130 HARMENSE, 85, 86
BIRKENWALD, 44, 57, 65, 69,91, 115-117, 136 HOLLANDE, 139, 148
BLECHHAMMER, 1 39 HONGRIE, 134, 147, 148
BOGUMIN, 9
BOHÊME-MORAVIE, 148 I
BRESLAU, 21, 22, 56, 89, 123, 135, 140, 141 INNSBRUCK, 132
BROSCHKOWITZ, 59, 85, 86,117 ITALIE, 148
BUCHENWALD, 3, 7, 8, 11,12, 14,16, 17, 28,
38, 52,95,110,111,115,116, 123, 132, K
137 KARLSHORST, 137
BUDY, 85, 86 KATTOWITZ, 9, 34, 42, 56, 101, 113, 126,
133, 135, 140, 141
C KIEL, 6, 91
COLDITZ, 34 KIEW, 101
CRACOVIE, 9, 101, 119,131,132 KOLN, 18, 112, 139
CROATIE, 134
if,
D Langensalza, 30
DACHAU, 3, 5-9, 11, 14, 15, 68, 98, 110, 112, Lettonie, 101
132, 136-138 LINZ, 3, 25, 110
DANTZIG, 129, 139, 147 LINZMANNSTADT 1 17
DESSAU, 46 LODZ, 146
DRESDE, 1 37 LONDRES, 96, 131
DUISBURG, 89, 140 LUBLIN, 112
DWORY, 21 LÜNEBURG, 131
177
LUXEMBOURG, 97 SERBIE, 1 39
LWOW, 9 SILÉSIE (HAUTE), 10, 35, 82, 129
SILÉSIE, 135, 141
M SKAWINA, 9
MAÏDANECK, 1 39 SLOVAQUIE, 148
MAUTHAUSEN, 3, 13-15, 23-25, 37, 52, 53, SOBIBOR, 102
98, 99, 110-118, 123, 124, 135, 137-139 SOMME, 133
MECKLENBURG, 10, 134 SOSNOWITZ, 1 47
MOGILEW, 31-33, 51, 52, 53, 55, 60, 77, 93, STALINGRAD, 22
100, 101,114,116, 130 STAMMLAGER, 26, 35, 37-39, 44, 45,
MONOVWITZ, 44, 116, 123, 130 49, 50, 61, 80, 83, 85, 92, 103, 105,
MOSCOU, 1, 101, 138, 146 113-116, 122,123, 130-133, 135138;
MUNICH, 3, 5, 10,110, 129 139
MYSLOWITZ, 40, 56, 115, 140 STETTIN, 129, 140
STRASBOURG, 100
N STUTTHOF, 139, 147
NATZWEILER-STRUTHOPF, 1 39 SUISSE, 5, 143
NEHEMBACH, 1 32
NEUENGAMME, 1 32, 139 1à
NORVÈCE, 148 TAKCZANY (HONGRIE), 132
NUREMBERG, 129, 131, 136, 140 TCHÉCOSLOVAQUIE, 96
THERESIENSTADt, 1 48
O THURINGE, 16, 30, 124, 131,135
OBERSCHLESIEN, 140-142 TREBLINKA, 102
TRZEBINIA, 1 39
PF
PACIFIQUE, 1 29 Le)
PARCHIM, 10 UKRAINE, 101
PILSEN, 110 URSS, 125, 144, 146
POLOGNE, 2, 9, 10, 32, 97,148
POSEN, 93, 135 V
PRUSSSE ORIENTALE, 1 29 VARSOVIE, 9
PRZCISCHAU, 62 VIENNE, 9, 125, 131,135
VISTULE, 85
R Vugt, 139
RADISCHKO (BOHÊME), 1 34
w
RAÏSKO, 43, 75, 85, 117
RAVENSBRÜCK, 12, 130, 139, 139 WADOWITZ, 62
RECKLINGHAUSEN, 1 37 WANNSEE, 35, 114
RHÉNANIE, 79 WARTHELAND, 9, 135
RIGA, 101 WEIMAR, 3, 7,110,131, 132
RIO DEJANEIRO, 131 WESTPHALIE, 140
RUHR, 129 WIESBADEN, 96, 109, 124, 125, 136,
RUSSIE, 2, 31, 33, 51, 55, 100, 134 137
RUSSLAND-MITTE, 108, 135
Y
S YOUGOSLAVIE, 148
SACHSENHAUSEN, 3, 10, 11,12, 14,97, 110,
130, 139 Z
SCHKEUDITZ (LEIPZIG), 135 ZASOLE, 9
SCHLESWIC-HOLSTEIN, 85, 108 ZURICH, 5, 143
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Liste des abréviations VII
Introduction
La préhistoire de l’incinération dans les camps
de concentration
Le « Drang nach Osten » et le duel commercial Topf-Kori
L'aménagement initial du crématoire I d’Auschwitz
La « Siedlung » Auschwitz et ses suites
Le nouveau crématoire du Stammlager Auschwitz
Le contrat Mogilew et le premier gazage homicide
à Auschwitz
Le début du meurtre de masse des juifs
et l’épidémie de typhus
Le marché du siècle : les « Krématorien » II, II, IV et V
L'aménagement des chambres à gaz homicide
dans les crématoires
Livraisons et avatars des crématoires de Birkenau
Horreur, mesquineries et débandade finale
Epilogue
Notes
Chronologie récapitulative
Abréviations et termes allemands
Equivalence des grades : Waffen-SS/Armée française/
US Army
Principaux noms des personnes, des organismes SS
et des firmes civiles cités
Annexe N°1
Annexe N°2
Liste des schémas
Index
Achevé d’imprimer en août 1993
dans les ateliers de Normandie Roto Impression s.a.
61250 Lonrai
N° d’imprimeur : 13-1664
Dépôt légal : août 1993
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uatre-vingt mille documents sur la “solution finale”: les
centres d'archives russes, enfin accessibles, permettent une
avancée décisive de la connaissance historique. S'appuyant ainsi
sur les archives de la Direction des constructions SS (Bauleitung),
tombées aux mains des Soviétiques lors de la libération d'Ausch-
witz en janvier 1945, mais utilisant également les fonds polonais
(Musée d'Oswiecim), allemands (Coblence, Weimar et Berlin) et
israéliens (Yad Vashem), Jean-Claude Pressac a délibérément privi-
légié l'approche technique pour comprendre et faire comprendre la
mise en œuvre de la “solution finale”. Plans et photographies à
l'appui, il démonte méticuleusement et sans réplique le mécanisme
de mort industrielle. Qu'on ne s'y trompe pas, la lecture en est
aussi bouleversante que celle des témoignages les plus poignants.
Sa démarche a l'exceptionnel avantage de reculer les limites de
l'analyse historienne, seule vraie barrière aux ravages de l'oubli.
Pharmacien de son état, Jean-Claude Pressac est né en 1944. Il a
participé à l'édition de l'Album d’Auschwitz (Seuil, 1983), et,
dès avant sa découverte des archives russes, il a publié aux Etats-
Unis un important ouvrage intitulé Auschwitz : Technique and
Operation of the Gas Chambers (The Beate Klarsfeld Foundation,
1989).
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950822 Rea rayon 375
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|| Prix
: FF 140
c 140,00 | ISBN : 2-271-05093-6