Cahiers de Nutrition Et de Diététique
Cahiers de Nutrition Et de Diététique
Cahiers de Nutrition Et de Diététique
SNDLF
volume 36
Cah. Nutr. Dit., 2001, 36, 2S1-2S163
2001
hors srie 1
SNDLF
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et de
SNDLF
SNDLF
Indexs dans, indexed in Chemical Abstracts, EMbase (Excerpta Medica) et Pascal (INIST/CNRS)
632303
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Comit de rdaction
J.-L. Bresson J. Delarue M. Romon C. Simon
Coordination
J.-L. Bresson
SOMMAIRE
7 Besoins nutritionnels (16, 21, 24, 34, 110, 111, 179) Besoins et apports nutritionnels conseills Besoins nutritionnels au cours de la grossesse et de la lactation Conseils nutritionnels, valuation des apports et prescription dun rgime Alimentation du sportif Risques lis lalimentation (73) Les risques toxicologiques Les toxi-infections alimentaires Alimentation et cancer (139) Alcoolisme (45) Smiologie des troubles du comportement alimentaire de ladulte Anorexie et boulimie (42) Obsit de lenfant et de ladulte (267) Diabte de type II (17, 233) Physiopathologie Prise en charge Diabte et grossesse Athrosclrose (128, 129, 130) Physiopathologie, valuation du risque cardio-vasculaire, prvention nutritionnelle Facteurs nutritionnels de lHTA Les hyperlipoprotinmies Sdentarit, activit physique et prvention du risque
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41 48 57
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111 Evaluation de ltat nutritionnel (110) 117 Dnutrition (110, 295) 126 Troubles nutritionnels du sujet g (61) 133 Amaigrissement (110, 295) 137 Alimentation entrale et parentrale (110) 150 Anmies nutritionnelles (222, 297) 157 Nutrition et insuffisance rnale (179, 253)
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Module 5. Vieillissement
Item 56. Ostoporose Savoir diagnostiquer une ostoporose. Argumenter les principes de traitement et la surveillance (au long cours). Item 61. Troubles nutritionnels chez le sujet g Savoir diagnostiquer un trouble nutritionnel chez le sujet g. Apprcier les signes de gravit et le pronostic. Argumenter les principes du traitement et la surveillance (au long cours).
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AVANT-PROPOS
La rdaction des Cahiers organe de la SNDLF a le plaisir de mettre la disposition de ses lecteurs les textes de ce numro hors srie ralis linitiative du Collge des Enseignants de Nutrition dans le but de fournir un poly vocation nationale lusage des tudiants en mdecine de 2e cycle. Les diffrents chapitres suivent au plus prs les nouveaux programmes. Ces textes, non signs, ont t rdigs par des enseignants de nutrition de diverses facults de mdecine franaises, sous lgide dun comit de rdaction spcifique prsid par Jean-Louis Bresson et comprenant Jacques Delarue, Monique Romon et Chantal Simon. Ce poly tmoigne du dsir des responsables de lenseignement mdical de la nutrition dhomogniser leur enseignement et de fournir aux tudiants un guide compltant leurs cours. Les auteurs et le comit de relecture doivent en tre remercis. La ralisation matrielle de ce numro na t possible que grce laide de lInstitut Roche de lObsit. Ces textes sont accessibles gratuitement, sous Word et en PDF, sur les sites Internet suivants : e2med (Masson), AFN-SNDLF et Roche Pharma.
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Besoins nutritionnels
Besoins nutritionnels (1) Besoins et apports nutritionnels conseills Besoins nutritionnels au cours de la grossesse et de la lactation
Besoins nutritionnels au cours de la grossesse et de la lactation
Les recommandations dapport en nergie les plus gnralement publies sont dpourvues de toute ralit physiologique. Intervenir sur la quantit dnergie spontanment consomme par la femme enceinte nest donc pas justifi, except, naturellement, en cas de gain pondral insuffisant ou excessif. Quant aux autres nutriments, tout indique actuellement que des mcanismes spcifiques dadaptation permettent des femmes bien nourries, en bonne sant, ayant leur disposition une alimentation varie, de mener une grossesse normale son terme, sans autre ressource que celle que procure laugmentation spontane de leur consommation alimentaire. Il nexiste, en particulier, aucune justification une supplmentation systmatique en vitamines et oligo-lments. Dans ces conditions, seul un complment dacide folique (prvention des dfauts de fermeture du tube neural), de vitamine D (prvention des ttanies nonatales) ou de fer (traitement de lanmie par carence en fer) peut tre utile. Seules certaines situations, exposant des risques bien dfinis, justifient une intervention sous la forme de supplments plus complexes.
Points comprendre
Besoins et apports nutritionnels conseills
Le besoin physiologique en un nutriment est la plus faible quantit de ce nutriment, sous la forme chimique la plus adapte, ncessaire lorganisme pour maintenir un dveloppement et un tat de sant normaux, sans perturber le mtabolisme des autres nutriments. Lapport alimentaire le plus appropri correspondrait donc celui qui serait tout juste suffisant, compte tenu de la biodisponibilit, pour couvrir le besoin physiologique en ce nutriment, vitant de solliciter lextrme les mcanismes de rgulation et dentraner une dpltion ou une surcharge des rserves. Il est aujourdhui impossible dvaluer en routine le besoin physiologique en un nutriment chez un individu donn. Cette difficult tient au fait que sa valeur diffre dune personne lautre et que nous ne disposons daucun marqueur suffisamment prcis et fiable pour prdire ces variations. En consquence, il nest pas possible de dfinir, pour chaque individu, lapport alimentaire qui lui serait le plus appropri. En pratique, on cherche dterminer la quantit de nutriments quil faudrait apporter pour couvrir les besoins de presque tous les individus dune population donne afin de la protger, dans son ensemble, du risque de carence. On appelle cette valeur apport de scurit ou apport nutritionnel conseill (ANC). Par dfinition, les ANC sont donc suprieurs aux besoins de la plupart des membres de la population quils visent, sans que lon puisse prciser lampleur de la diffrence chez un individu donn. En aucun cas, ils ne doivent tre assimils la quantit de nutriment que chaque individu devrait consommer, mme si le terme dapport recommand a pu prter confusion par le pass. Ces valeurs ne permettent pas non plus de juger de la faon dont lapport alimentaire dun individu donn couvre ses besoins. Les ANC ne constituent donc quun guide utile pour lalimentation de collectivits.
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Pour approfondir
Estimation des besoins Evaluation partir des apports
Une des approches les plus anciennes consiste prendre pour rfrence la consommation spontane dnergie et de nutriments de groupes de sujets apparemment en bonne sant. La premire faiblesse de cette mthode est prcisment de prjuger de la bonne sant des membres du groupe tudi. Lautre est dadmettre a priori que le rgime quils consomment est dnu de tout effet indsirable long terme. Cette supposition appelle de srieuses rserves, notamment parce que : 1) lalimentation des premires annes de la vie pourrait laisser une empreinte mtabolique favorisant, long terme, lapparition dhypertension, de diabte, etc. ; 2) chez ladulte, les diffrences de risques de maladies, notamment cardio-vasculaires, selon les diffrentes rgions dEurope recouvrent aussi dimportantes dif2S7
Besoins nutritionnels
frences de modes de vie et dhabitudes alimentaires. Enfin, la mesure de la consommation alimentaire demeure trs imprcise chez lenfant comme chez ladulte, et il nest pas possible den tirer dinformation fiable pour certains nutriments, tels les minraux, les vitamines ou les oligo-lments. Cependant, la mthode reste trs utilise chez le nourrisson allait exclusivement au sein : 1) de nombreuses raisons conduisent considrer le lait de femme comme laliment complet qui lui est le mieux adapt ; 2) il est possible de mesurer avec une bonne prcision la quantit de lait consomme par des nourrissons en bonne sant, ainsi que sa teneur en nutriments, puis den dduire la quantit moyenne apporte pour la prendre en rfrence (modle du lait de femme). En ralit, cette mthode ne mesure pas les besoins et aboutit des valeurs qui les surestiment. Dautre part, les estimations faites au cours de lallaitement maternel ne sont pas directement transposables aux prparations pour nourrissons, dans la mesure o la biodisponibilit de nombreux nutriments est sensiblement plus leve dans le lait de femme que dans les prparations drivant du lait de vache. apports beaucoup plus levs sont ncessaires pour viter lapparition des signes cliniques, en 4 6 semaines, chez des volontaires sains recevant un rgime carenc (technique de dpltion-rpltion). De mme, seuls des apports plus levs permettent de compenser les pertes de vitamine C lies son catabolisme au cours dun rgime normal. Assimiler le besoin en un nutriment la quantit minimum quil faut en fournir pour corriger ou juste viter la carence conduirait donc des apports insuffisants.
La mthode factorielle
La mthode factorielle se fonde sur la somme des besoins de maintenance et de croissance, et, pour lnergie, de ceux lis lactivit physique. Le besoin de maintenance reprsente gnralement les pertes obligatoires par la peau, les phanres, les urines, les selles, etc. Dans certains cas, les pertes obligatoires peuvent conduire sous-estimer le besoin de maintenance. Cest le cas pour les protines. Dautre part, la couverture du besoin de maintenance ne dpend pas seulement du niveau dapport du nutriment considr : elle peut tre affecte par dautres nutriments. Ainsi, la quantit dnergie consomme interfre avec la couverture du besoin en protines, en favorisant ladaptation aux faibles apports.
Besoins nutritionnels
au cours de la vie quotidienne dun individu donn. Les mesures ralises sur des groupes de sujets pratiquant une activit prcise (plus dune centaine de modes dactivit diffrents ont ainsi t tudis) napportent quun ordre de grandeur, dans la mesure o leurs valeurs diffrent sensiblement selon les conditions. Le plus grand progrs, dans ce domaine, vient de la possibilit de quantifier la dpense nergtique des 24 heures (DE24) par une technique lgante et trs peu contraignante pour les sujets qui sy prtent : la dilution de 2H218O. Elle ne donne pas un accs direct la dpense due lactivit, mais on estime que lessentiel de la diffrence entre DE24 et MB lui est imputable. La dpense dactivit peut alors tre chiffre sous la forme dun multiple du MB : le niveau dactivit physique (NAP), qui rsulte de la division de la dpense nergtique des 24 heures (DE24) par le MB. Ainsi, le NAP dun homme sdentaire sera denviron 1,5, alors que celui dun sujet physiquement trs actif pourra dpasser 2. La DE24 peut donc varier de 1 800 kcal chez une femme nayant aucune activit physique 3 400 kcal chez un homme ayant une activit physique trs importante. Le besoin de maintenance correspond lapport nergtique pour lequel le poids reste constant, cest--dire un apport dnergie gal la dpense. Chez le nourrisson et lenfant, le besoin pour la croissance est estim daprs la relation existant entre le gain pondral (y = g/jour) et la quantit totale dnergie consomme (x = kcal/jour). Dans un groupe de nourrissons, la pente de la droite de rgression de la vitesse de croissance pondrale en fonction de la consommation dnergie reprsente le besoin nergtique pour la croissance. Il est de 5 kcal par gramme de gain pondral. Grce une combinaison de techniques, il est possible de distinguer le cot de synthse des nouveaux tissus (1,5 kcal/g), de lnergie quils contiennent (3,5 kcal/g). En valeur relative, le cot nergtique de la croissance est trs lev au cours des premires semaines de vie (de lordre de 30 % de la dpense nergtique totale), mais ne reprsente plus que quelques pour cent de la dpense 5 ans. Dautre part, lintersection de la droite avec laxe des abscisses correspond la consommation nergtique croissance nulle, cest-dire la dpense de maintenance. Chez ladulte, le besoin nergtique reprsente la moyenne du besoin pour la maintenance du groupe de sujets pris en rfrence. Chez lenfant, cest la moyenne du besoin de maintenance plus celle du besoin de croissance du groupe denfants pris comme rfrence. dacides amins non essentiels peut tre immature. Dans ce cas, la synthse protique est transitoirement dpendante de lapport de cet acide amin, conditionnellement essentiel. De nombreuses analyses de la qualit des aliments consomms selon lge, le sexe ou les niveaux socio-conomiques taient disponibles ds le XIXe sicle en Europe, comme aux Etats-Unis. On a cru pouvoir conclure de ces informations quun apport protique de 118 125 g/j-1 constituait une limite en dessous de laquelle il ne faut pas descendre, si lon souhaite maintenir force et sant chez ladulte. Ce nest que pendant le premier quart du sicle dernier quil a t prouv que ces valeurs sont en fait trs suprieures au besoin minimum (estim moins de 60 g/j-1 en 1911), dmontrant que ltude de la consommation spontane nest pas un outil appropri la dtermination du besoin. La mthode factorielle permet de prdire le besoin en protines partir de la mesure des pertes obligatoires dazote. La dtermination des pertes minima urinaires et fcales est ralise chez des sujets sains recevant un rgime dpourvu de protines, mais fournissant nergie et micro-nutriments en quantits normales. Elles sont remarquablement reproductibles dune tude lautre et slvent 53 mg/kg-1/j-1 (41-69 mg N/kg-1/j-1). La quantit dazote perdue par transpiration ou dans les phanres, sans tre aussi importante, nest pas ngligeable. La perte dazote par la transpiration dans les quantits les plus habituelles est de lordre de 150 mg/j-1, mais peut atteindre 500 mg/j-1 lors dun rgime riche en protines et peut tre trs suprieure au cours dun exercice intense. On lestime en moyenne 250 mg/j-1 (4 mg N/kg-1/j-1) auxquels il faut ajouter des pertes mineures (salive, crachat... ; 2 mg/kg-1/j-1), soit un total de 6 mg/kg-1/j-1. La somme des pertes correspond environ 60 mg N/kg-1/j-1. Thoriquement, ces pertes devraient tre couvertes par un apport quivalent de protines (0,38 g/kg/j-1) entirement utilisables par lorganisme, soit peu prs 27 g/j-1 pour un sujet de 70 kg. En ralit, plusieurs tudes ont montr quil est impossible de maintenir constante la masse protique de lorganisme avec une telle ration et quun rsultat satisfaisant ne peut tre atteint quen la majorant de 30, voire 45 %. Il est donc apparu prfrable, chez ladulte, dtudier directement les conditions dquilibre du bilan azot. Le besoin pour la croissance peut tre calcul partir de la vitesse du gain pondral un ge donn, si lon admet que sa composition est constante et comporte 16 % des protines. Laccroissement de la masse protique passe ainsi de 0,93 g/kg1/j-1 1 mois moins de 0,2 g/kg-1/j-1 entre 9 et 12 mois. A mesure que le besoin pour la croissance diminue avec le ralentissement du gain pondral, le besoin de maintenance augmente en proportion de la masse protique, ce qui fait que la somme des besoins de croissance et de maintenance est constante pendant les 2 ou 3 premires annes de la vie. La mthode des bilans permet de dterminer la quantit dazote fixe ou perdue par lorganisme par diffrence entre la quantit apporte et la quantit limine. Une diffrence nulle reprsente le point dquilibre chez ladulte, alors que chez lenfant il correspond la diffrence positive qui accompagne la vitesse de croissance juge la plus satisfaisante. En pratique, un groupe de sujets reoit de faon squentielle pendant des priodes de 1 3 semaines (mthode courte), ou de plusieurs mois (mthode longue), diffrentes quantits de protines, lapport nergtique tant soigneusement maintenu constant. Le besoin minimum de chaque sujet correspond la plus faible des rations permettant datteindre le point dquilibre recherch. Les premires difficults, mais non les moindres, concernent videmment la mesure prcise des entres et des pertes. La construction dune courbe dose-rponse laide de plusieurs niveaux dapport permet de minimiser les variations intra-individuelles. Toutefois, il persiste des erreurs systmatiques, surestimant les apports et sous-estimant les pertes, qui expliquent que le bilan azot dun adulte normal lquilibre soit positif alors quil devrait tre nul. Une interpolation est souvent ncessaire pour cerner au plus prs la quantit minimum de protines couvrant exactement le besoin. Il faut alors prendre garde au fait que la relation entre bilan azot et apports nest pas linaire et
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Besoin en protines
Chez ladulte jeune, la masse protique est stable, ce qui implique que synthse et protolyse soient, en moyenne, gales. Toutefois, le catabolisme des acides amins essentiel ne sannule pas compltement lorsque le rgime est appauvri en lun des deux ou en priode de jene. Un apport quotidien gal leur oxydation rsiduelle est donc ncessaire pour permettre la synthse en protique de compenser la protolyse. Il faut y ajouter la quantit dacides amins essentiels qui chappent au recyclage, soit parce quils sont entrs dans une voie de transformation (par exemple, tryptophane vers la srotonine), soit parce quils ont t incorpors dans des protines dfinitivement perdues (peau et phanres...). Ceci est galement vrai pour les acides amins non essentiels. Ces deux postes ne reprsentent quune trs faible part de la quantit totale dacides amins incorpors chaque jour dans les protines (de lordre de 200 300 g/j-1 ), lessentiel provenant de la protolyse. Chez lenfant, au contraire, la croissance se traduit par une augmentation de la masse cellulaire, donc de la masse protique totale. Cette dposition protique dpend donc dun apport dacides amins essentiels en quantit gale ce qui est incorpor dans lorganisme. Le besoin pour la croissance est donc la quantit dazote et dacides amins essentiels qui permet, lorsque le besoin de maintenance est couvert, dassurer laccroissement de la masse maigre. Chez le prmatur ou le nouveau-n, lune des voies permettant normalement la synthse
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Besoins nutritionnels
que la pente du bilan dazote diminue trs sensiblement mesure que la ration protique sapproche du besoin, comme si lefficacit dutilisation des protines tait maximum tant que lapport est insuffisant et diminuait sensiblement lorsquil approche ou dpasse le besoin. Les rsultats sont aussi influencs de faon sensible par lapport nergtique. Pour une mme quantit de protines alimentaires, laugmentation progressive de lapport dnergie amliore le bilan azot jusqu un maximum, caractristique de la ration protique utilise, au-del duquel il reste stable. Ainsi, lquilibre du bilan azot dun groupe de sujets a t assur avec 0,74 g/kg-1j.-1 de protines et 45 kcal/kg-1, tout aussi bien quavec 0,49 g/kg-1/j-1 et une ration nergtique porte 57 kcal/kg-1/j-1. A lintrieur de certaines limites, le bilan azot varie donc en plus ou en moins de 0,2 0,3 g dN par ration nergtique. Cet effet peut videmment conduire sous-estimer le besoin, critique habituellement faite aux premires mesures ralises chez ladulte. La compilation de lensemble des donnes disponibles permet dadmettre que le besoin moyen en protines de haute valeur biologique de 0,6 g/kg-1j/-1, chez lhomme et la femme, avec un coefficient de variation de lordre de 12 %. tive de lordre de 94 %, lANC pour les protines est donc de lordre de 0,8 g/kg-1/j-1 ({0,6 + 2 x 0,075}/ 0,94), ce qui a t confirm par lexprience. Cela reprsenterait une ration denviron 56 g/j-1 pour un homme de 70 kg, soit un peu plus de la moiti de la consommation spontane dans les pays dvelopps. Cependant, la distribution des besoins en nutriments nest pas toujours connue avec prcision, ce qui amne introduire des facteurs de correction majorant le rsultat, presque en proportion des incertitudes. En outre, la biodisponibilit (par exemple, du fer) nest pas uniforme dun aliment lautre et, dans tous les cas, diffre de 100 %. Il faut introduire, ici aussi, un facteur de correction destin tenir compte de la fraction de nutriment inutilisable ou indisponible. Enfin, lefficacit avec laquelle le nutriment est utilis dans lorganisme (par exemple, fraction des protines absorbes utilises pour la croissance) peut justifier dautres corrections. On comprend que, par construction, les ANC soient suprieurs aux besoins de la plupart des membres de la population quils visent, sans que lon puisse prciser lampleur de la diffrence chez un individu donn. Ils ne doivent donc pas tre assimils la quantit de nutriments que chaque individu doit consommer, mme si le terme apport recommand a pu prter confusion par le pass. Conscient de lambigut des mots utiliss, le comit scientifique europen a adopt une nouvelle terminologie : LTI : lowest threshold intake ou niveau dapport auquel la plupart des individus dune population risque une carence (besoin moyen moins 2 carts-types) ; AR : average requirement qui correspond au besoin moyen de la population ; PRI : population reference intake ou niveau dapport auquel les besoins de la plupart des individus dune population sont couverts (quivalent lANC). Elle permet de mieux comprendre quaucune conclusion valide ne peut tre tire de la comparaison entre la consommation alimentaire dun individu donn et les ANC quant au risque de carence, sauf lorsquelle est infrieure ou gale au LTI ou suprieure ou gale au PRI. Dans lintervalle, lincapacit de prdire les besoins de ce sujet interdit de tirer quelque conclusion que ce soit de cette seule donne.
Besoins nutritionnels
besoins du ftus sont encore trs modestes ou ngligeables. Une part importante des besoins serait donc couverte grce un ajustement anticip du mtabolisme maternel, permettant la constitution de rserves mobilisables au cours du dernier trimestre, lorsque la croissance ftale est plus rapide. Cet ajustement anticip permettrait la femme de couvrir les besoins de son ftus, sans grande modification de son alimentation. La dure de la grossesse et la particulire lenteur de dveloppement du ftus humain facilitent ce type dadaptation, puisque ses exigences nutritionnelles, exprimes par unit de temps, sont les plus faibles de lensemble des mammifres. populations favorises. A lvidence, laugmentation de la dpense qui tend sopposer une surcharge nergtique ne peut tre assimile un besoin. La prise en compte de cette rponse dans le calcul des cots de la grossesse conduirait invitablement leur surestimation. Laugmentation de la masse grasse constitue lautre poste majeur, du seul fait de la densit nergtique des lipides (9 kcal/g) mis en rserve. Dans les populations favorises, le gain pondral comporte, en moyenne, prs de 3 kg de graisse ( peu prs 2,5 kg pour lorganisme maternel et 0,4 kg pour le ftus), reprsentant 27 Mcal. Soixante pour cent du dpt est dj prsent la 18e semaine et prs de 90 % ds la 24e semaine. Cet investissement est donc presque entirement ralis avant que la dpense nergtique maternelle naugmente de faon significative. Toutefois, labsence de relation entre gain lipidique maternel et poids de naissance, chez les femmes bien nourries, suggre que la constitution de ces rserves nest pas une condition ncessaire au dveloppement optimum du ftus. Dautre part, lextrme variabilit interindividuelle des dpts lipidiques acquis lors de la grossesse rend trs dlicate la dtermination du gain souhaitable. Il nexiste pas aujourdhui de meilleur choix que de retenir la valeur moyenne fournie par lobservation, tout en sachant que cette dpense peut tre partiellement couverte par une rduction du MB et de la DE au cours des premires semaines de la gestation. Le calcul du cot thorique total de la grossesse ne tient donc aucun compte des capacits individuelles dadaptation qui peuvent pourtant conduire de substantielles conomies. De plus, son rsultat intgre trs probablement, au moins dans les pays favoriss, les dpenses lies aux mcanismes qui sopposent une surcharge nergtique. Les valeurs actuellement retenues ne peuvent donc que surestimer notablement le besoin rel. Dautre part, lextrme variabilit des rponses de la dpense nergtique et de la masse grasse la grossesse rend illusoire toute recommandation personnalise, dans la mesure o il nexiste aucun moyen de prdire lvolution mtabolique et comportementale individuelle. Ltude de la consommation alimentaire offre une autre possibilit, indirecte, dvaluer le cot nergtique de la grossesse. Le principal constat qui en ressort est que son augmentation est loin de couvrir les cots calculs par la mthode factorielle. La mme conclusion vaut pour les tudes o les cots lis aux variations de la dpense nergtique et de la composition corporelle ont t simultanment mesurs. Leurs rsultats rvlent nouveau une grande dispersion, laugmentation de la consommation nergtique allant de 50 230 kcal/j en fin de grossesse. Les tudes longitudinales indiquent que laugmentation moyenne de la consommation dnergie (normalise sur lensemble de la grossesse) est quivalente environ 70 kcal/j (30, 90 et 100 kcal/j pour chaque trimestre), soit un total de 20 Mcal ou 25 % du cot thorique. En tenant compte de la sous-estimation propre ce type dtudes (environ 50 kcal/j), il apparat que lapport nergtique est en moyenne suprieur de 120 kcal/j celui qui prcde la grossesse, soit un total de 33 Mcal de la conception au terme, ce qui ne reprsente toujours que 42 % du cot thorique. Il existe donc un hiatus considrable entre le cot thorique de la grossesse et la quantit dnergie apparemment consomme pour y faire face. Cette diffrence peut naturellement provenir derreurs rsiduelles, positives et ngatives, dans lestimation des termes du bilan. Cependant, elle pourrait aussi rsulter, au moins en partie, dune adaptation physiologique, spcifique la grossesse, qui aboutirait une utilisation de lnergie disponible plus efficace quil nest gnralement admis. Soulever cette question revient se demander si le bon droulement de la gestation, donc de la croissance ftale, est directement li aux fluctuations du rgime. Lvolution des poids de naissance au cours des famines qui ont svi Leningrad en 1942 et dans louest de la Hollande au cours de lhiver 1944 dmontre effectivement quun apport nergtique trs faible (de lordre de 0,7 Mcal/j) provoque une rduction significative du poids ( 300 g) et de la taille du nouveau-n, ainsi que du poids placentaire. Toutefois, cet effet nexiste que lorsque la famine a
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ANC en nergie
Le besoin en nergie pour la grossesse peut tre calcul par la mthode factorielle, en faisant la somme de la quantit dnergie utilise pour la croissance du ftus et de ses annexes, de celle qui correspond aux modifications de composition de lorganisme maternel et de laugmentation de la dpense nergtique maternelle correspondant au cot de maintenance des produits de la conception. Dans les pays dvelopps, le cot total dune grossesse normale a t estim prs de 80 000 kcal, ce qui a conduit le comit dexperts de lOMS conseiller aux femmes enceintes daccrotre leur consommation quotidienne dnergie de 150 kcal au cours du premier trimestre et de 350 kcal au cours des deux suivants pour faire face cette charge supplmentaire. En ralit, les cots directement lis la croissance ftale et placentaire, au dveloppement de lutrus et des glandes mammaires ne reprsentent que 10 12 Mcal, soit lquivalent de 45 kcal par jour (ou 2 % de la dpense nergtique), si lon admet quils se rpartissent uniformment sur lensemble de la grossesse. Cela implique que laccroissement de la masse grasse et de la dpense nergtique maternelles reprsentent la part la plus importante (85 %) du cot thorique total. Toute incertitude sur la valeur de ces deux postes aura donc des consquences critiques sur lestimation du besoin nergtique li la grossesse, donc sur les recommandations qui en dcoulent. La dpense nergtique des 24 heures (DE), comme le mtabolisme de base (MB) qui en reprsente la principale composante, augmentent de faon perceptible partir de la 24e semaine de gestation pour atteindre, 36 semaines, des valeurs suprieures de 20 % (+ 290 380 kcal/j) celles qui ont t mesures avant la grossesse. Laugmentation de la maintenance nest pas lie un accroissement de lactivit physique, ni de son cot qui reste remarquablement constant en dpit du gain pondral. Sur lensemble de la dure de gestation, laugmentation du MB (ou de la DE) reprsenterait une dpense supplmentaire moyenne de 35 Mcal, soit 45 % du cot thorique total. Toutefois, il existe de trs importantes variations dun pays lautre et, dans un mme pays, dune femme lautre. En Gambie, le dbut de la grossesse saccompagne dune rduction rapide du MB, suivie dune augmentation modeste aprs la 18e semaine (de lordre de 105 kcal/j 36 semaines). De ce fait, le cot li aux variations de la DE natteint que le quart (6 Mcal) de ce que lon observe dans les pays europens, lconomie ralise au cours des premiers mois compensant presque exactement laugmentation de la dpense en fin de grossesse. Cette capacit dpargne en dbut de grossesse se retrouve aussi dans les populations europennes. Certaines femmes, notamment les plus minces, peuvent ainsi rduire de faon significative leur MB en dbut de grossesse, ralisant des conomies substantielles sans affecter pour autant la croissance ftale. Inversement, celles dont les rserves avant la grossesse taient plus leves augmentent leur MB ds son dbut et dans dimportantes proportions. Laugmentation de la dpense en fonction des rserves prexistantes ou de la masse grasse au cours de la grossesse soppose donc un gain pondral excessif, inutile, voire nfaste pour le dveloppement ftal. La nature divergente de ces deux rponses explique sans doute lextrme dispersion du cot de la maintenance ( 13 65 Mcal) dans les
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Besoins nutritionnels
concid avec le dernier trimestre de la grossesse, une restriction de svrit comparable pendant le premier ou le second trimestre nayant aucune influence dcelable. Dautre part, on ne dtecte aucun changement significatif, lorsque la restriction nergtique maternelle est plus modre, ce qui suggre que la croissance ftale nest affecte quen de dune certaine limite (de lordre de 1,7 Mcal/j). Lexistence dun seuil critique est confirme par les tudes dintervention utilisant des supplments alimentaires au cours de la grossesse. Ceux-ci naffectent de faon incontestable la croissance ftale que chez des femmes subissant une restriction alimentaire grave. Dans les pays dvelopps, leur consommation naboutit qu des rsultats quivoques ou nuls, ds lors que les femmes qui en bnficient ne sont pas notoirement mal nourries. Dans ces conditions, les recommandations actuelles ne sont pas seulement dpourvues de toute ralit fonctionnelle, mais elles sont critiquables dans la mesure o elles peuvent inciter les femmes enceintes manipuler leur poids, action dont lintrt, ou mme la faisabilit, nont jamais t prouvs. Inversement, sy conformer strictement pourrait conduire un gain pondral sensiblement plus important, un rsultat dont le rapport bnfice-risque est vivement contest. Intervenir sur la quantit dnergie spontanment consomme par la femme enceinte nest donc pas justifi, except, naturellement, en cas de gain pondral excessif. Il nexiste aucune donne sur lventuel effet de la teneur en lipides du rgime sur le dveloppement ftal et les tudes portant sur les consquences de sa composition en acides gras sont trs peu nombreuses. Les recommandations les plus rcentes fixent la teneur lipidique maximum 30 % de la ration nergtique, une quantit suffisante pour couvrir les besoins du ftus, et 55-70 % celle des sucres. La scrtion lacte semble assez peu affecte par les conditions nutritionnelles ambiantes. Le volume de lait produit par des femmes bengladaises ou kenyanes pendant les dix premiers mois nest pas trs diffrent de ce que lon observe chez des Amricaines bien nourries (environ 750 g/j) et ne parat pas trs sensible ltat nutritionnel de la mre. La teneur en protines et en lipides du lait est aussi pratiquement constante, que lindice de Qutelet (P/T2) des mres soit infrieur 16,8 ou suprieur 21,3, la lactation ntant compromise que dans des situations de quasi-famine. Si lon admet que la teneur nergtique du lait de femme mature est denviron 610 kcal/l, cette production reprsente peu prs 450 kcal/j. Le cot rel dpend naturellement du rendement de la synthse des constituants du lait. Dans la mesure o la lipogense de novo y contribue peu, le rendement moyen est lev (de 90 95 %). Si lon tient compte du transport et du stockage des nutriments venant de lalimentation, il ne serait plus que de 85 % environ, ce qui porterait le cot de la lactation 530 kcal/j. Il est vident quune partie des prcurseurs du lait, notamment lipidiques, proviennent des rserves maternelles et que le rendement effectif sera intermdiaire ces deux valeurs. Les donnes disponibles indiquent que le BMR nest pas sensiblement diffrent de celui de femmes qui nallaitent pas, mais ne permettent pas de juger avec certitude de lvolution de la dpense dactivit ni de celle des 24 heures, notamment dans le sens dune rduction. La consommation alimentaire est lgrement accrue (de 70 380 kcal/j), mais, comme pendant la grossesse, ne couvre pas les dpenses calcules. Ceci suggre que les estimations actuelles sont encore excessives et/ou que lorganisme maternel comble la diffrence, soit en adaptant ses dpenses, soit grce ses rserves. A ce propos, il faut souligner que lvolution du poids corporel en fin de grossesse ou de lactation ne rvle pas de retour spontan de la masse grasse sa valeur initiale et que le gain acquis cette occasion constitue un facteur de risque dobsit. En dehors des cas o lapport lipidique est trs faible, la composition du lait reflte celle de lalimentation. Il est donc important que celle-ci fournisse les acides gras insaturs ncessaires au dveloppement du nourrisson. On estime que cet objectif est atteint ds lors que le rgime apporte environ 0,5 % de la teneur nergtique totale sous forme dacides gras n 3 et 3 % de n 6.
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ANC en protines
Le besoin en protines peut tre calcul par la mthode factorielle, cest--dire daprs la quantit de protines dposes dans le ftus et ses annexes, ainsi que dans lorganisme maternel. Il a t estim entre 925 et 992 g, soit 3,3 3,5 g/j rpartis sur lensemble de la grossesse. Toutefois, la dposition des protines ne seffectue pas selon un rythme uniforme. De lordre de 0,7 g/j pendant le premier trimestre, elle atteint 3,3 et 5,8 g/j au cours des second et troisime trimestres. Les bilans dazote suggrent que la dposition est en fait plus importante que ne le suggre la mthode factorielle. Des tudes plus rcentes fournissent des rsultats plus proches des calculs thoriques, bien que les quantits retenues soient encore suprieures ce qui est dpos dans les tissus du ftus et de ses annexes. Chez lanimal, lanalyse des carcasses rvle que la dposition seffectue essentiellement dans lorganisme maternel au cours des deux premiers tiers de la gestation, la quasi-totalit de ces protines tant mobilise au bnfice des ftus en fin de gestation. Ceci suggre que les besoins pourraient tre beaucoup plus uniment rpartis dans le temps que ne lindiquent les calculs thoriques. Quoiquil en soit, les rsultats de la mthode factorielle, corrigs en fonction de la variabilit du poids de naissance et de lefficacit de conversion des protines alimentaires en protines tissulaires, permettent de prdire quun apport de 1,3, 6,1 et 10,7 g/j de protines en sus du besoin de base (0,75 g/kg/j) est suffisant pour couvrir ceux de la grossesse au cours des premier, second et troisime trimestres. En tenant compte de laccroissement du besoin de maintenance li laugmentation de la masse maigre, lapport de scurit pour une femme de 60 kg est de 47, 52 et 61 g/j pour chaque trimestre de la grossesse. La teneur moyenne en azote du lait mature est de 180-190 mg N, soit 1,1 1,2 g de protines pour 100 ml. Connaissant le dbit moyen, on aboutit une production de protines de lordre de 9 g/j. Lutilisation de cette valeur conduirait une surestimation grossire, dans la mesure o une part importante du lait de femme (environ 20 %) nest pas sous forme de protines, mais dure. La synthse quotidienne de protines du lait est donc plus proche de 7 g/j et lapport de scurit denviron 60 g/j pour une femme de 60 kg. Les tudes de consommation alimentaire ralises dans les pays dvelopps font apparatre que lapport dpasse gnreusement ces valeurs. Il en est de mme dans notre pays, o il stablit entre 85 95 g/j et est constitu en majorit de protines animales. Dans ces conditions, toute espce de recommandation serait futile.
ANC en fer
La plupart des tudes montrent que la quantit de fer absorbe, rapporte la quantit ingre, est beaucoup plus leve 36 qu 12 semaines, une adaptation mtabolique qui est indpendante de toute anmie. Bien que laugmentation de labsorption induite par la grossesse soit maintenant parfaitement tablie, quelques incertitudes demeurent sur son amplitude. Les diverses estimations montrent un accroissement dun facteur 3 10 par rapport labsorption mesure chez des femmes non carences, qui ne sont pas enceintes ni nallaitent. Cette dispersion, qui pourrait tre lie la biodisponibilit du fer consomm, conduit des conclusions opposes. Les calculs bass sur les valeurs les plus leves suggrent quune alimentation adquate suffirait amplement couvrir lensemble des besoins de la grossesse, alors que ceux qui utilisent les plus faibles impliquent quune part plus ou moins importante de ces besoins devrait provenir des rserves maternelles. Les donnes les plus rcentes indiquent sans ambigut que la couverture des besoins peut tre acquise des niveaux dapports tout fait comparables ceux observs dans la population franaise, la seule condition que la ration alimentaire soit suffisante (> 2 000 kcal) et varie, sans exclusion des aliments dorigine animale. Les risques daccouchement prmatur et de naissance denfants de faible poids sont respectivement 2,5 et 3 fois plus levs chez les femmes prsentant une anmie ferriprive en dbut de grossesse que chez celles ayant une anmie dune autre cause,
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suggrant que cest bien la carence en fer et non lanmie qui en est responsable. Lexistence de saignements augmente aussi les risques daccouchement prmatur et la conjonction des deux facteurs est additive, le risque tant alors multipli par 5. La concentration de lhmoglobine ds le premier examen prnatal est prdictive de lissue de la grossesse. Les valeurs basses, mais aussi les valeurs leves, sont associes un plus grand risque de mortalit prinatale, de prmaturit et de petit poids de naissance. Au contraire, lapparition dune anmie ferriprive au cours du dernier trimestre de la grossesse naugmente pas les risques de prmaturit ou de naissance denfants pesant moins de 2,5 kg. De plus, lanmie du post partum nest pas lie au statut martial au cours du troisime trimestre, ce qui ne manque pas de soulever des questions sur le bien-fond dune supplmentation en fer ralise en fin de grossesse. Compte tenu des risques de carence plus levs chez les adolescentes, les femmes qui ont eu des grossesses rptes, celles qui ont des mnorragies importantes ou une alimentation pauvre en fer hminique (viande, poisson), et dune manire gnrale les femmes appartenant des milieux dfavoriss, une supplmentation en fer la dose de 30 mg/j ds le dbut de la grossesse est recommande dans ces groupes. En dehors de ces facteurs de risques, il ny a aucune justification la supplmentation systmatique en fer des femmes enceintes. La teneur en fer du lait de femme diminue progressivement de 0,55 mg/l, deux semaines aprs la naissance, 0,4 mg/l aprs 6-8 semaines et environ 0,3 mg/l vers 3-5 mois post partum. En cas dallaitement maternel exclusif, la perte est donc comprise entre 0,2 et 0,4 mg/j, ce qui reprsente une fraction minime de lpargne quassure lamnorrhe qui y est associe. Elle est dailleurs compense par laugmentation de labsorption qui accompagne la lactation. Ni le statut maternel en fer, ni ladministration de supplments ne semblent affecter sa concentration dans le lait. Il nexiste donc aucun argument en faveur dune supplmentation des femmes en bonne sant. Labsorption du calcium augmente trs tt au cours de la grossesse. Le pourcentage absorb, de lordre de 33 % avant, atteint 54 % au cours du troisime trimestre de gestation, soit environ 600 mg Ca/j, une quantit largement suffisante pour les besoins du ftus, mme en tenant compte de laccroissement de lexcrtion urinaire. Labsence de toute variation significative de la densit osseuse maternelle dmontre bien que les rserves nont pas t mises contribution. Au cours de la lactation, labsorption du calcium retourne des valeurs comparables celles qui prcdent la grossesse, son excrtion urinaire diminue, alors que les rserves minrales osseuses, particulirement des os trabculaires, sont mobilises. Ladministration dun supplment de calcium na aucun effet sur lvolution de la densit osseuse, ni sur la teneur en calcium du lait. Aprs le sevrage, la dminralisation osseuse se corrige spontanment et probablement compltement, comme le suggre le fait que ni la dure de lallaitement, ni le nombre denfants ainsi aliments ne constituent un facteur de risque dostoporose ultrieure. Les besoins du ftus sont donc couverts par laugmentation de labsorption intestinale et ceux de la lactation par la mobilisation rversible du calcium osseux et la rduction de ses pertes urinaires. Il est donc inutile de recommander aux femmes en bonne sant, enceintes ou allaitantes, daugmenter leur apport alimentaire qui est de lordre de 900 1 100 mg/j dans notre pays.
ANC en calcium
Avant la naissance terme, le ftus accumule prs de 30 g de calcium et 15 g de phosphore. Laccrtion calcique se fait essentiellement en fin de grossesse (20 g de calcium et 10 g de phosphore) et on estime quelle est de lordre de 200 mg/j au cours du troisime trimestre. Les recommandations concernant lapport calcique au cours de la grossesse varient dun pays lautre et se situent entre 750 et 1 200 mg/j de calcium lment. Elles sont du mme ordre de grandeur pour la lactation, afin de compenser les 200-300 mg/j scrts dans le lait.
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Besoins nutritionnels (2) Conseils nutritionnels, valuation des apports, et prescription dun rgime
dir). Elles dpendent essentiellement de la composition corporelle et principalement de la masse maigre. Les DE totales des 24 h sont calcules en fonction du niveau habituel dactivit physique (NAP) par une formule simple : DE 24 h = DER x NAP Quatre niveaux de NAP . [1,4 : niveau faible ; 1,6 niveau moyen ; 1,8 niveau fort ; 2 (hommes), 1,9 (femmes) : niveau trs lev] permettent de dcrire avec suffisamment de prcision les dpenses habituelles du sujet (ANC 2001). On voit ici que lactivit physique quotidienne joue un rle rgulateur majeur. En considrant lvolution moyenne de la corpulence lge adulte dans les pays industrialiss, on ralise combien il est difficile de rguler ce bilan nergtique : une erreur quotidienne de moins de 1 % permet dexpliquer la prise de poids de 6 kg chez les femmes et de 8 kg chez les hommes entre lge de 20 ans et celui de 50 ans !
Points comprendre
Avant denvisager de donner des conseils nutritionnels, il est hautement souhaitable de connatre : - le concept de besoins nutritionnels et dapports recommands en macro et micro-nutriments, - les principales caractristiques des aliments, - les risques de carences ou dexcs alimentaires de certains groupes de la population, - les maladies dterminisme nutritionnel et les moyens de les prvenir. Par ailleurs, ce conseil, sil sadresse un individu, doit tenir compte de son mode de vie et de ses habitudes alimentaires, cest pourquoi tout mdecin doit savoir les valuer, en sachant quil sagit plus de sintresser la typologie de consommation que de se lancer dans un calcul de calories qui sera approximatif et inutile.
Les glucides
Les glucides devraient, en rgle gnrale, reprsenter 5055 % des apports nergtiques totaux (AET). Cest rarement le cas ! Les apports spontans sont souvent insuffisants (39-41 % des AET dans les enqutes franaises). La consommation daliments contenant des glucides complexes, sous une forme non ou peu raffine, devrait tre favorise pour au moins deux raisons : ils sont une bonne source damidon dune part et ils sont souvent riches en micro-nutriments (oligo-lments et vitamines) et en fibres dautre part. Ce sont en particulier les produits craliers peu transforms et les lgumineuses. Les tudes pidmiologiques ont montr que la consommation de crales compltes et de fibres diminuait sensiblement le risque de maladies cardio-vasculaires et de diabte. Celle de fruits et de lgumes est particulirement conseille pour diminuer le risque de cancer et le risque vasculaire. La quantit de sucres simples (glucose, fructose, saccharose) doit-elle tre limite ? La rgle de ne pas dpasser 10 % des AET ne repose pas sur des arguments scientifiques irrfutables. Leffet hyperglycmiant du saccharose (cf. la notion dindex glycmique) est voisin de celui du pain blanc ou de la pomme de terre. Nanmoins, les aliments riches en sucres le sont souvent aussi en lipides (barres chocolates, ptisseries, collations diverses) et
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apportent donc beaucoup de calories sous un faible volume (densit nergtique leve). Cest galement le cas des boissons sucres qui sont souvent consommes en grandes quantits, notamment par les enfants ou les adolescents. On dit que ces aliments sont sources de calories vides car ils sont pauvres en micro-nutriments (cf. notion de densit nutritionnelle). Par consquent, mme sans diaboliser les aliments riches en sucres simples, il ne faut pas en favoriser la consommation excessive. Cela est particulirement vrai pour les sujets sdentaires. A linverse, ils sont utiles au sportif car le glucose est le nutriment de leffort. Les rgimes hyperglucidiques (> 55 % des AET) nont pas dinconvnients pour la sant. Toutefois, ils peuvent dans certains cas avoir des effets mtaboliques dfavorables en augmentant la concentration plasmatique des triglycrides et baissant celle du cholestrol-HDL. Ces anomalies sont favorises par lobsit androde et font partie du syndrome plurimtabolique (ou syndrome X dinsulino-rsistance). par la consommation de poisson, danimaux marins et chez le nourrisson par le lait maternel. Lacide arachidonique (C 22 : 4 n-6) est le reprsentant des AGPI-LC de la srie n-6. Les principales sources alimentaires sont la viande, luf et le lait maternel. Du fait de phnomnes de comptition entre les deux familles n-6 et n-3, le rapport C 18: 2 n-6/ C 18 : 3 n-3 ne doit tre ni trop haut ni trop bas. Il a t fix 5 dans les derniers ANC. Un excs dapport de DHA entrane par exemple une carence en acide arachidonique.
Les protines
Les ANC ont t revus la baisse pour les protines, soit 0,8 g/kg/j ( la place des 1 g/kg/j), pour des protines de bonne qualit (uf, lait, viande, poisson). Cela correspond 11-15 % des AET, pour des protines de qualit moyenne (ANC 2001). Lalimentation de la population franaise est habituellement riche en protines (14 18 % des AET ou 1,3-1,6 g/kg /j). Les effets dltres de cet excs ne sont pas clairement tablis. Mais il faut souligner que les aliments riches en protines le sont souvent aussi en lipides. Cela est particulirement vrai pour les produits dorigine animale (viande, charcuterie, fromage). En pratique, on est donc souvent amen proposer une diminution des apports de protines animales, qui reprsentent 65 % des apports protiques en France, au profit de la consommation de protines vgtales. Nanmoins, les protines animales ont lavantage dtre trs digestibles et ont une teneur leve en acides amins indispensables. Les protines vgtales ont des proprits variables en fonction de leur origine (crales ou lgumineuses), tant pour leur digestibilit que pour leur composition en acides amins indispensables (de lordre de 40 %). Les crales sont dficitaires en lysine et les lgumineuses en acides amins soufrs ; do lintrt de les associer, notamment dans les rgimes vgtariens. Les rgimes vgtaliens, qui excluent tous les produits animaux, sont carencs en acides amins essentiels et en vitamine B12.
Les lipides
Les lipides alimentaires devraient fournir 30-35 % des AET. Or, les enqutes de consommation montrent que les Franais consomment en moyenne trop de lipides (38-40 % des AET). De plus, lexcs dapport concerne particulirement les acides gras saturs (AGS), dont la consommation est associe un risque accru dobsit, de maladies cardio-vasculaires et de certains cancers dans de nombreuses tudes pidmiologiques. Selon les ANC, il faudrait donc limiter leur consommation environ 8 % des AET, soit 19,5 g /j chez lhomme et 16 g/j chez la femme, pour un apport nergtique respectivement de 2 200 et de 1 800 kcal/j. Les aliments en cause sont les produits dorigine animale : viande-charcuterie et produits laitiers. En revanche, les acides gras monoinsaturs (AGMI) et les acides gras polyinsaturs (AGPI) ont des proprits intressantes. Leurs apports sont parfois insuffisants ! Les AGMI sont favoriss dans les dernires recommandations (ANC : 20 % des AET), car ils ne sont pas athrognes. Lintrt nutritionnel spcifique des 2 familles dAGPI, la srie n-6 et la srie n-3 est reconnu. Les AGPI 18 carbones sont considrs comme des acides gras essentiels car ils ne sont pas synthtisables par lhomme ou lanimal et car ils sont indispensables pour la croissance et les fonctions physiologiques. Ce sont lacide linolique (C 18 : 2 n-6) et lacide alpha-linolnique (C 18 : 3 n-3). Le premier est abondant dans les huiles de tournesol et de mas ; lANC est de 10 g/j chez lhomme et de 8 g /j chez la femme, soit 4 % des AET. Le second est apport par les huiles de soja, de colza ou de noix. LANC est de 0,8 % des AET, soit environ 2 g/j. Ces deux acides gras sont les prcurseurs dacides gras drivs longue chane (AGPI-LC), qui ont plus de 18 carbones et qui ont galement des fonctions physiologiques spcifiques. Les AGPI-LC sont considrs comme indispensables sous conditions. Il faut donc veiller un apport alimentaire suffisant dans certaines situations physiologiques ou pathologiques. Les personnes risque de carences sont en France : les nouveau-ns prmaturs, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes ges, les patients souffrant de malabsorption intestinale ou dautres pathologies graves. Pour la srie n-3, il sagit de lacide eicosapentanoque (C 20 :5 n-3 ou EPA) et lacide docosahexanoque (C 22 : 6 n-3 ou DHA), qui sont apports
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B6, C et acide folique pour les vitamines hydrosolubles seraient insuffisants dans certains groupes de la population franaise. En ce qui concerne les minraux, des dficits en cuivre, en slnium et en iode ont t observs. Retenons, en rgle gnrale, quune alimentation quilibre et donc diversifie apporte suffisamment de micronutriments lorsque les apports nergtiques sont suprieurs 1 500 kcal/j. Les besoins sont facilement couverts par la consommation de certains aliments courants avec une frquence adquate (tableau I). Il faut particulirement insister sur les besoins en calcium qui sont plus levs (ANC : 1 200 mg/j) chez ladolescent (de 10 18 ans) et dans la deuxime partie de la vie (femmes de plus de 55 ans et homme de plus de 65 ans) que chez ladulte jeune (ANC : 900 mg/j). Les apports en sodium dpassent largement les besoins physiologiques (< 4 g/j de chlorure de sodium), les Franais en consommant en moyenne 7,9 g/j de NaCl. La pression artrielle est susceptible daugmenter chez les gros consommateurs de sel, mais ce problme ne concerne que certains sujets hypertendus (rpondeurs aux variations des apports de sel). Les besoins de potassium et de phosphore sont couverts par une alimentation normale. Il en va de mme pour le magnsium, mais il peut nanmoins exister des carences dapports (< 2/3 des ANC) lorsque les apports nergtiques sont insuffisants.
Eau
Le comportement dipsique est finement rgul. Pourtant les apports en eau sont souvent inadapts. Les insuffisances dapports sont frquentes, notamment chez le sujet g. Les excs ne sont pas rares et doivent tre recherchs chez linsuffisant cardiaque ou rnal. Rappelons que les besoins de base sont estims 2 600 ml/j et quils sont couverts par des apports exognes (1 300 ml pour leau des boissons, 1 000 ml pour leau contenue dans les aliments) et par la production endogne deau par le mtabolisme.
Tableau I Frquence de consommation des aliments permettant un apport adquat notamment en acide folique (1), calcium (2), iode (3), fer (4) et vitamine C (5) (ANC 2001) Un produit laitier (en variant laitages frais et fromages) (1.2.3) Viande ou jambon (4), poisson ou fruits de mer (3.4) et/ou de temps en temps de luf (1.3), de la charcuterie chaude, du pt de foie (1.4), ou du foie (au plus 1 fois/semaine) (1.4) Lgumes** (1) cuits : haricots verts, petits pois, pinards, endives, courgettes, choux-fleurs, tomates, carottes, champignons (frais, surgels, ou mme en conserve) Ou Pomme de terre, riz, ptes, ou lgumes secs (1.4), chtaignes, mas, pois chiches (1), avec salade verte ou crudits (dont avocat et melon) ou potage de lgumes (1.5) 1 fruit de saison (pomme, poire, fruits rouges, raisins, abricot, pche) (1.5) + 1 agrume (1.5), + ventuellement fruits secs (1.4) Dessert sucr ou viennoiserie Du pain : varier les pains, les prfrer aux crales Des matires grasses varies (huiles diversifies, beurre, crme frache, margarine) De leau (si eaux minrales ou de source, varier les origines) Utiliser du sel enrichi en iode (3)
* La vitamine C facilite labsorption du fer ; il est donc conseill de consommer au mme repas des aliments contenant ces deux nutriments. ** Les lgumes surgels sont aussi conseills que les lgumes frais pour la teneur en acide folique ; dans les deux cas, il est dconseill de cuire trop longtemps les lgumes. 2S16 Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
1 fois par jour de chaque sorte Au plus 1 fois par jour A tous les repas Crues de prfrence A volont
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Les enregistrements alimentaires On demande au sujet de noter les aliments et boissons consomms sur une priode donne, en prcisant les quantits. Lenregistrement alimentaire apporte potentiellement des informations prcises sur les aliments consomms pendant la priode denregistrement, mais le fait de noter les aliments peut modifier la fois le type daliments, leur nombre et les quantits consommes. Le rappel de 24 heures Dans le rappel de 24 heures, on demande au sujet de se rappeler et de rapporter tous les aliments et boissons consomms pendant les 24 heures qui ont prcd lentretien. Cette mthode est rapide et ne demande pas dimplication du rpondant, mais du fait de la variabilit intra-individuelle de lapport alimentaire, elle ne permet pas de caractriser lalimentation dun individu ; de plus, les sujets peuvent ne pas rapporter la ralit de leur prise alimentaire, soit par dfaut de mmorisation, soit en raison de lintervention de facteurs cognitifs tels que le dsir dapprobation sociale. Les questionnaires de frquence de consommation Contrairement aux deux mthodes prcdentes, la mthode des questionnaires de frquence sintresse non pas la consommation relle, mais la consommation habituelle. Elle consiste demander au sujet de reporter la frquence habituelle de consommation de chaque aliment dune liste pr-tablie De nombreux questionnaires de frquence ont t mis au point. Lutilisation dun questionnaire rpond une population et un but donns. Ils peuvent tre utiliss pour dpister dventuelles carences dapports comme le fer ou le calcium chez la femme enceinte. L histoire alimentaire Lhistoire alimentaire consiste estimer lapport habituel sur une priode donne. Elle est base sur un interrogatoire dtaill de lalimentation habituelle du sujet, auquel sajoute parfois un rappel de 24 heures et un questionnaire de frquence. Le principal avantage de la mthode de lhistoire alimentaire rside dans le fait quelle permet dtudier la rpartition habituelle de la prise alimentaire et les dtails de lalimentation sur une priode prolonge. Cependant, lapproche base sur les repas qui est pratique dans lhistoire alimentaire est difficilement applicable chez les sujets, de plus en plus nombreux, dont la rpartition de lalimentation ne suit pas la rpartition classique par repas. Elle peut amener les sujets omettre volontairement ou non les prises alimentaires inter-prandiales et donc accentuer la sous-estimation de lapport alimentaire. Les mthodes simplifies Un questionnaire de frquence complet contient plus de 100 questions. Lorsque lon sintresse un seul nutriment ou une seule catgorie daliments, 15 30 questions peuvent suffire. Plusieurs mthodes simplifies ont t dveloppes. Ces instruments sont utiles dans les situations qui ne ncessitent pas la mesure de lensemble de lalimentation, ou lorsquil nest pas utile davoir une approche relativement prcise. Par exemple, ces mthodes peuvent tre utiles pour slectionner des groupes risque, pour sensibiliser les sujets lintrt dune information nutritionnelle, ou valuer limpact de campagne dinformation. De tels instruments peuvent tre utiles en clinique ou des fins ducatives. Ces
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mthodes peuvent tre des questionnaires de frquence simplifis ou peuvent sintresser davantage aux attitudes par rapport lalimentation.
La premire consultation
Lors du premier entretien, lobjectif de lvaluation des apports est : - dvaluer les pratiques alimentaires habituelles du sujet : type daliments, rpartition des prises alimentaires, ce qui permettra dadapter le conseil nutritionnel ; - de sensibiliser le patient son alimentation. Changer un comportement est un phnomne complexe qui comprend plusieurs tapes et le premier entretien peut permettre une prise de conscience de la ncessit de certains changements ; - de dpister dventuels troubles du comportement alimentaires, notamment dans le cadre dune prise en charge pour obsit. Deux mthodes peuvent tre utilises : lhistoire alimentaire et le carnet alimentaire. Le choix de la mthode dpend des prfrences du mdecin et de la manire dont est organise la consultation, mais aussi du patient. Dans ce contexte, il peut tre utile, notamment chez lenfant, de sintresser aux habitudes familiales et au comportement de la famille par rapport lalimentation et lactivit.
Besoins nutritionnels
Lquilibre alimentaire
Dfinition
Le concept dquilibre alimentaire est souvent utilis dans la pratique clinique, car cest un bon outil pdagogique pour faire passer des ides simples. Mais le dfinir nest pas facile. Une alimentation quilibre doit permettre dassurer la couverture des besoins en macro et micro-nutriments, qui varient en fonction des situations physiologiques, la croissance harmonieuse chez lenfant ainsi quun vieillissement physiologique dans la deuxime partie de la vie. Le but dune alimentation saine est aussi de retarder lapparition des maladies dgnratives dterminisme nutritionnel. Spontanment, aucune population na une alimentation quilibre. Dans les pays industrialiss, labondance alimentaire conduit souvent favoriser les excs tout en ne supprimant pas le problme des carences. Un des seuls exemples que lon puisse citer est le rgime mditerranen des annes 60. Sur quelle priode de temps faut-il quilibrer les prises alimentaires ? La priode dune semaine est probablement lunit de temps retenir, plus par commodit que pour des raisons scientifiques. Equilibrer chaque repas est nanmoins recommand pour la restauration collective, que ce soit lcole ou dans lentreprise. Le jeune enfant est capable de rguler ses apports nergtiques sur une dure de quelques jours, alors que ses choix alimentaires sont trs variables dun repas lautre. Mais il semble que cette facult dadaptation soit moins efficace lge adulte pour de multiples raisons. En effet, le comportement alimentaire a aussi des fonctions socioculturelles et un dterminisme psychologique.
tires grasses, sucres et produits sucrs. La varit correspond la possibilit de choisir des aliments diffrents au sein dune mme catgorie. Pourquoi diversifier et varier lalimentation ? Aucun aliment, lexception du lait maternel, napporte lensemble des nutriments. Une alimentation monotone, limite quelques aliments, est donc source de carences nutritionnelles. De plus, elle est susceptible daugmenter les risques toxicologiques si, le cas chant, un des aliments contient des contaminants ou des substances antinutritionnelles. Apprendre au jeune enfant manger de tout et lui donner la possibilit de choisir est donc important en matire dducation nutritionnelle. Les gots et les prfrences alimentaires sont en grande partie acquis au cours de la priode dapprentissage. Ajuster les frquences de consommation de certains aliments Aucun aliment, prsum consommable, nest mauvais en lui-mme pour lquilibre alimentaire ou la sant ! Le plaisir alimentaire et la convivialit des repas autorisent quelques excs Limportant est dvaluer les habitudes alimentaires. Le paramtre essentiel est la frquence de consommation. Pris quotidiennement en dehors des repas, les aliments de type snacks, souvent riches en graisses et/ou en sucres simples, peuvent avoir un effet dfavorable sur la corpulence, sils contribuent dsquilibrer le bilan nergtique A loppos, la consommation daliment de recharge peut tre favorise en situation de carence ou de besoins accrus. Ce sont les produits carns pour le fer, le zinc et les protines, le foie riche en vitamine A, les produits laitiers pour le calcium et les protines, les fruits de mer pour liode, le zinc et le slnium Savoir lire ltiquetage nutritionnel La notion dapports journaliers recommands (AJR) est utilise pour ltiquetage. Les AJR, qui sont moins levs que les ANC, correspondent approximativement aux besoins moyens de la population. Ils rpondent des rgles fixes au niveau europen. Ltiquetage nutritionnel est obligatoire lorsquune allgation nutritionnelle est faite par le fabricant, qui est alors tenu dinformer le consommateur sur la teneur en nergie, en macro et en micro-nutriments de son produit.
Tableau II Les neuf objectifs nutritionnels spcifiques visant des populations particulires dans le Programme National Nutrition Sant (PNNS). 1) rduire la carence en fer pendant la grossesse, 2) amliorer le statut en folates des femmes en ge de procrer, notamment en cas de dsir de grossesse, 3) promouvoir lallaitement maternel, 4) amliorer le statut en fer, calcium et vitamine D des enfants et adolescents, 5) amliorer le statut en calcium et vitamine D des personnes ges, 6) prvenir la dnutrition des personnes ges, 7) lutter contre les dficiences vitaminiques et minrales et les dnutritions chez les personnes en situation de prcarit, 8) lutter contre les dficiences vitaminiques et minrales et les dnutritions chez les personnes suivant des rgimes restrictifs et les problmes nutritionnels des sujets prsentant des troubles du comportement alimentaire, 9) prendre en compte les problmes dallergies alimentaires.
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Besoins nutritionnels
goter constitue un 4e repas chez lenfant, ladolescent et parfois chez ladulte. Il nexiste pas darguments scientifiques pour proposer un nombre idal de repas. Leur frquence comme leurs modalits (composition et horaires) sont essentiellement influences par des facteurs socio-culturels et varient beaucoup dun pays lautre. Le petit djeuner ne doit pas tre considr comme obligatoire ! La prise dune collation dans la matine pourra viter un jene de longue dure (de 19 h midi le lendemain) et qui nest peut-tre pas idal sur le plan physiologique. Le fractionnement organis de lalimentation pourrait avoir lavantage, au moins pour certains individus, dviter les prises extra-prandiales, anarchiques et irrgulires, sous forme de grignotages ou de compulsions, qui peuvent constituer de vritables troubles du comportement alimentaire. Il permet alors de mieux rguler les apports nergtiques. Pour lobsit - Equilibrer le bilan nergtique en limitant la consommation daliments densit nergtique leve. - Promouvoir lactivit physique Pour le diabte de type 2 Les mesures sont les mmes que pour lobsit. - Afin dviter les pics hyperglycmiques post-prandiaux, on vise rpartir les apports glucidiques en tenant compte de leffet hyperglycmiant des aliments valu par lindex glycmique. Pour approfondir, on peut consulter le site suivant : http://www.alfediam.org/alfediam_fr/recomandations/ alfediam-nutrition-diabete.htm Pour lostoporose Veiller aux apports de calcium et de vitamine D.
Pour qui ?
A lchelon individuel
Il est important que les conseils nutritionnels soient personnaliss. Prendre en compte toutes les caractristiques de lindividu (ge, sexe, situation familiale, activit professionnelle, got et prfrences, pratiques religieuses...) est donc essentiel, de mme que connatre son mode de vie (horaires de travail, dplacements professionnels, loisirs). Lanalyse de ces facteurs et des antcdents personnels et familiaux permet dvaluer le risque de maladies dterminisme nutritionnel. Les messages seront donc cibls sur certains facteurs. Lintrt de la prvention primaire et/ou secondaire de ces maladies sera dvelopp ailleurs. Il nest pas raisonnable dans ltat actuel des connaissances de soigner un patient diabtique, dyslipidmique, obse ou coronarien sans prendre en compte sa faon de manger. Les traitements dittique et mdicamenteux sont complmentaires et ont souvent des effets synergiques.
Population gnrale
Lalimentation de la population gnrale change en France comme dans dautres pays industrialiss en fonction de dterminants socio-conomiques et culturels. Parmi les facteurs les plus importants, il faut citer le vieillissement de la population et le dveloppement de lalimentation hors foyer. Ajoutons que limmense majorit de nos aliments sont fabriqus par lindustrie agroalimentaire. Celle-ci peut donc avoir une influence importante sur les choix des consommateurs, selon les lois de loffre et de la demande. Lanalyse des comportements a permis rcemment de dcrire 6 groupes de consommateurs en fonction de leur Typologie alimentaire (cf. pour approfondir).
Modalits pratiques
Par qui ?
Tous les acteurs de la sant sont concerns, mais le rle essentiel est jou par le mdecin de famille (ou le
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Besoins nutritionnels
pdiatre). En effet, celui-ci intervient au niveau de la prvention comme dans le suivi long terme des maladies nutritionnelles. Les mdecins spcialistes (par exemple : le cardiologue ou le gyncologue) ont un rle spcifique quand il faut traiter une pathologie donne ; ils sont donc bien placs pour convaincre le patient de modifier ses habitudes alimentaires dans un but prcis. Le ditticien est le technicien de laliment et de lacte alimentaire. Il aide le patient mettre en pratique les conseils gnraux donns par le mdecin, en orientant sur le choix des aliments ou en expliquant des modes de prparation culinaires. Malheureusement, lacte de dittique nexiste pas dans la nomenclature et nest donc pas actuellement rembours par la Scurit sociale. La plupart des ditticiens travaillent donc au sein de centres hospitaliers. De plus en plus, en raison de limportance de la sdentarit et de sa lutte, on est amen le faire travailler en binome avec un animateur mdico-sportif qui aide le patient retrouver une activit physique. Les spcialistes en nutrition (DESC de Nutrition), quils soient libraux ou hospitaliers, interviennent en deuxime ligne pour traiter les cas difficiles. Les psychologues et les psychiatres peuvent tre sollicits pour prendre en charge les troubles graves du comportement alimentaire (boulimie, frnsie alimentaire, anorexie mentale). Figure 1 Le bateau alimentaire (P. Sabatier, G. Prs, A. Martin (ANC 2001). Les diffrentes parties du bateau reprsentent les catgories daliments : la surface des lments graphiques est proportionnelle la quantit journalire conseille.
Comment ?
Moyens
Lducation nutritionnelle fait partie de toutes les prises en charge, quelles soient prventives ou curatives. Les objectifs pdagogiques seront adapts en fonction du contexte : connaissances des aliments et des nutriments, valuation des prises alimentaires et des rythmes biologiques, analyse des facteurs socio-culturels. Lducation nutritionnelle ne peut se rsumer proposer une liste type daliments interdits ou au contraire autoriss. Tout personnel de sant devrait tre capable de donner des conseils simples bass sur lquilibre alimentaire. Les moyens utilisables sont multiples : discussion ouverte, utilisation de fiches, de livrets, de logiciels spcifiques, ou dInternet Nous donnons titre dexemple limage du bateau, propose rcemment pour expliquer facilement lintrt des diffrents groupes daliments (figure 1).
L.V. : Lgumes verts Fr. : Fruits Fec : Fculents & farineux S.s. : Sucres simples
P : Produits laitiers .I. P .p.b. : Produits pche & boucherie G.a. : Graisses animales G.V. : Graisses vgtales
Des connaissances dans le domaine de la pdagogie et de la communication, voire de la psychologie seront ici bien utiles.
Prescription personnalise
Les conseils gnraux ont peu de chance dtre suivis (par exemple : vous navez qu manger mieux ou manger moins). Il faut ncessairement tenir compte des multiples facteurs dj cits qui influencent le comportement alimentaire sans oublier les convictions philosophiques et religieuses.
Pour approfondir
Calcul des dpenses nergtiques de repos 1) Equations de Black (ANC 2001) Femmes Hommes DER = 0,963 x P 0,48 x T 0,50 x A 0,13 DER = 1, 083 x P 0,48 x T 0,50 x A 0,13
Le rle du soignant
Le mdecin doit faire preuve dempathie (capacit intuitive de se mettre la place du sujet), lorsquil aborde une prise en charge nutritionnelle. Changer sa faon de manger, cest aussi changer sa faon de vivre. Le concept de mdecine centre sur la personne et non exclusivement sur la maladie prend ici tout son sens. Lobjectif est daboutir une gestion commune des problmes, un partenariat, qui permet au soign de faire sienne la dmarche thrapeutique. Il est illusoire de vouloir modifier un comportement en promulguant des interdits ! Lenvie est un bien meilleur moteur que la contrainte.
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DER en MJ.J-1, Poids en kg, Taille en m et Age en annes. Pour passer en kcal/j : DER MJ.J-1 x 1000/ 4,1868 Cette quation surestime de 3 6 % la DER des personnes obses et sous-estime de 3 5 % celle des sujets gs de 60 70 ans actives pour leur ge (ANC 2001). Le groupe dexperts des ANC 2001 ont choisi cette formule comme tant la plus prcise. Pour valuer les DE 24 h, il faut multiplier la DER par le NAP (niveau activit physique) pour lequel il existe 4 niveaux : - inactivit : 1,4 - activit usuelle : 1,6 - sujets actifs : 1,8 - sujets trs actifs : 2 (hommes), 1,9 (femmes)
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Besoins nutritionnels
2) Equations de lOMS (1985) DER en kcal/j ge 3-10 ans 10-18 ans 18-30 ans 30-60 ans > 60 ans Hommes 22,7 x poids + 495 17,5 x poids + 651 15,3 x poids + 679 11,6 x poids + 879 13,5 x poids + 487 Femmes 22,5 x poids + 499 12,2 x poids + 746 14,7 x poids + 496 8,7 x poids + 829 10,5 x poids + 596 Groupe 2 : Les gros mangeurs diversifis Les apports nergtiques sont importants et lalimentation est varie. La consommation de pain, de beurre, de viande, de sauce, de sucre et de drivs est importante. Lobsit et le surpoids sont frquents dans ce groupe qui comporte surtout des hommes gs de 25 54 ans. Conseils nutritionnels : limiter la consommation daliments densit nergtique leve ; augmenter la consommation de fruits et lgumes (densit nergtique faible), ainsi que lactivit physique. Groupe 3 : Les mangeurs standards Comme son nom lindique, ce groupe est caractris par labsence de choix alimentaire spcifique et par un niveau de consommation de toutes les catgories daliments proche de la moyenne. On y trouve beaucoup de retraits et autant de femmes que dhommes. Les habitudes alimentaires de ce groupe pourraient tre reprsentatives de lalimentation traditionnelle franaise. Le surpoids est frquent. Conseils nutritionnels : renforcer lducation nutritionnelle sur lquilibre alimentaire, promouvoir lactivit physique. Groupe 4 : Les jeunes mangeurs Lge est compris entre 18 et 34 ans. La consommation de biscuits sucrs, de riz, de ptes, de soda et de chocolat est importante. Conseils nutritionnels : diversifier lalimentation et prvenir lobsit. Groupe 5 : Les petites mangeuses presses Ce groupe est form surtout des femmes jeunes (70 %). Lapport nergtique est faible. La consommation de viennoiserie, de pizza, de quiche est frquente. La diversit alimentaire est limite. Conseils nutritionnels : prvenir les carences par lducation nutritionnelle et lapprentissage de la diversit alimentaire. Groupe 6 : Les gros mangeurs monotones Les apports nergtiques sont importants dans ce groupe, constitus 90 % dhommes dge moyen (25-54 ans). La diversit alimentaire est faible. La consommation de boissons alcoolises est leve (20 % des AET). Ce groupe est caractris par la surconsommation de certains aliments : fromage, charcuterie, abats, pommes de terre et caf. Le surpoids et lobsit sont frquents. Conseils nutritionnels : prendre les mesures de prvention de lobsit.
Valeur du NAP selon lOMS (1985) Activit physique Faible Modre Intense Hommes 1,55 1,78 2,10 Femmes 1,56 1,64 1,82
Densit nutritionnelle et densit nergtique La densit nutritionnelle dun aliment reprsente le contenu en micro-nutriments indispensables par rapport son contenu nergtique (et non pas au poids ou au volume de laliment). La densit nergtique correspond la quantit dnergie apporte par laliment divise par le poids ou le volume de cet aliment. Indice dathrognicit Lindice dathrognicit a t dvelopp en 1991 par Southgate et Ulrich. Cet indice prend en compte les trois classes dacides gras (AGS, AGMI, AGPI) et leurs capacits faire varier plus ou moins la cholestrolmie. Plus lindice dathrognicit est lev, plus laliment analys est athrogne. Le tableau ci-dessous donne quelques exemples. Lait, beurre, Mouton fromage Indice dathrognicit 2,03 1 Buf Porc Poulet (viande et peau) 0,50
0,72
0,60
Typologie alimentaire Lobservatoire des consommations alimentaires (OCA) et le CREDOC ont propos rcemment une typologie des consommateurs de plus de 18 ans. Lanalyse des aliments consomms pendant une priode de 7 jours, classs en 44 catgories, a permis de distinguer 6 profils de consommateurs. Les risques nutritionnels apparaissent diffrents selon les groupes. Ce type dapproche na pas de finalit clinique, mais il peut tre intressant de lutiliser pour prendre en compte la dimension sociologique des comportements alimentaires. Groupe 1 : Les petites mangeuses diversifies Ce groupe est caractris par des apports nergtiques faibles et une consommation de fruits et de lgumes importante. Il est constitu surtout des femmes ges de moins de 45 ans. La prvalence de lobsit y est faible. Conseils nutritionnels : maintenir la diversit alimentaire, prvenir le risque de carences si les AET sont < 1 500 kcal/j.
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Besoins nutritionnels
Points comprendre
Lactivit physique (travail, loisir, sport) correspond tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques entranant une augmentation substantielle de la dpense dnergie au-dessus de la dpense nergtique de repos. Les contractions musculaires ont pour support, au niveau des fibres musculaires, les glissements des myofilaments dactine entre ceux de myosine, avec transformation dnergie chimique provenant de lhydrolyse de lATP en nergie mcanique et thermique. LATP prsent , en faibles concentrations dans le muscle, doit tre rapidement resynthtis pour la poursuite de lexercice. Pour un exercice dune dure suprieure quelques minutes, lnergie ncessaire est apporte par la filire arobie (en prsence doxygne), principalement partir de loxydation du glucose et des acides gras au niveau de la chane respiratoire mitochondriale, loxydation des acides amins tant quantitativement moins importante. La puissance maximale du mtabolisme arobie correspond la consommation maximale doxygne (VO2max) mesure couramment lors dun exercice standardis dintensit croissante. Lalimentation du sportif doit rpondre aux besoins nutritionnels spcifiques qui dcoulent des adaptations physiologiques lexercice.
3 entranements hebdomadaires, la dpense nergtique de la semaine est peu augmente. Ce type dactivit physique nimplique donc pas un apport nergtique diffrent de celui recommand pour la population gnrale dans le cadre dune alimentation quilibre et diversifie. La dtermination des besoins nergtiques et le conseil nutritionnel du sportif se font aprs une valuation des apports alimentaires (au mieux par entretien dittique) compare lvaluation de la dpense nergtique, en prenant en compte le type dactivit (intensit, dure, frquence), le degr dentranement et la corpulence du sujet (poids et taille, si possible mesure de la composition corporelle). Les besoins nergtiques des sportifs sont variables au cours de lanne, levs lors de la saison de comptition, plus faibles en intersaison. Les apports nergtiques accrus des sportifs pratiquant des activits dintensit leve doivent tre consomms sous forme de repas et de collations. Ceux-ci doivent tre riches en nergie, apporter suffisamment de protines et de micro-nutriments et tre facilement digrs et absorbs. Certains sportifs (ex. sports catgorie de poids) peuvent rduire leurs apports alimentaires dans le but de contrler leur poids et de rduire leur masse grasse. Des apports nergtiques insuffisants peuvent entraner une perte de masse musculaire, une perte de masse osseuse, une diminution de la performance et une augmentation du risque de fatigue, daccident, de maladie intercurrente et de trouble du comportement alimentaire. Lorsquune perte de poids est souhaite, elle devrait se faire avant le dbut de la saison de comptition et tre suivie sur le plan nutritionnel. A linverse, un excs dapport nergtique peut entraner une prise de poids et de masse grasse et altrer le profil de risque cardio-vasculaire (glycmie, lipides, pression artrielle). Un suivi mdical est alors ncessaire.
Besoins en macro-nutriments
Besoins en glucides
Les glucides reprsentent le principal substrat nergtique pour la ralisation dactivits sportives de haut niveau dintensit leve. Les apports en glucides sont
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Besoins nutritionnels
essentiels pour maintenir la glycmie pendant lexercice et pour remplacer le glycogne musculaire (voir Pour approfondir : Glucides). Les apports nutritionnels en glucides conseills pour le sportif dendurance peuvent reprsenter 55 65 %, voire 70 % de lapport nergtique total quotidien quilibrant la dpense nergtique. Les apports recommands en glucides varient de 5 12 g/kg de poids corporel par jour en fonction de lintensit de lactivit prvue. Le type de glucides est variable en fonction du dlai par rapport lexercice (avant ou aprs) : plus ce dlai est long, plus les glucides seront de type complexe et index glycmique faible ; inversement, plus ce dlai est court, plus les glucides seront de type simple et index glycmique lev. Avant la comptition, diffrents rgimes ont t proposs pour obtenir des taux maximaux de glycogne musculaire au dpart de lpreuve. Le principe est de saturer lorganisme en glucides pendant la semaine prcdant lpreuve. Ceci est obtenu par la prise de 600-800 g/jour de glucides, reprsentant 60-70 % de lapport nergtique total, principalement sous forme de glucides complexes et dindex glycmique moyen faible (ptes surtout, riz, pommes de terre). Paralllement, le volume quotidien dexercice est progressivement diminu. Ce type de rgime nest indiqu que pour des comptitions dune dure minimum de 1,5 2 heures. Pendant la comptition, des glucides simples et dindex glycmique lev comme le glucose, le saccharose et les maltodextrines sont defficacit gale pour le maintien de la glycmie. Les glucides en solution sont plus efficaces que sous forme solide accompagne deau. En pratique, pour des efforts de plus dune heure, lingestion de boissons glucidiques est conseille correspondant la prise rgulire, toutes les 15 30 minutes, de 150 300 ml dune solution (30 100 g/l) de glucose ou de polymres de glucose ou de saccharose. A noter que la prise de glucides pendant leffort ne parat pas augmenter la performance pour des preuves dune dure infrieure 1 heure. Aprs leffort, il est important pour le sportif de consommer des glucides le plus rapidement possible aprs la fin de lexercice. En pratique, est conseille ds la fin de lexercice la prise de boissons contenant du glucose ( raison de 0,15 0,25 g/kg toutes les 15 minutes pendant 2 4 heures). Au-del de 1 heure aprs lexercice, des apports en glucides sous forme solide peuvent tre ajouts ; poursuivis toutes les 2 heures, sur 6 heures ou plus, ils permettront en 24 heures une rgnration presque complte des rserves de glycogne musculaire et hpatique. Les apports nutritionnels conseills en acides gras essentiels pour la population gnrale sappliquent aux sportifs (10 g/j dacide linolique, au moins 2 g/j dacide alpha-linolnique).
Besoins en protines
Les protines ne reprsentent un substrat nergtique significatif de lexercice que dans le cas dexercices dintensit leve, de dure trs prolonge et/ou lors dune dpltion pralable des rserves de glycogne. Une ventuelle augmentation des besoins protiques dpend galement du type de sport pratiqu (endurance ou force) (voir Pour approfondir : Protines). En gnral, lapport protique ncessaire est obtenu par laugmentation des apports nergtiques totaux ncessaire au maintien du poids chez les sujets sportifs, sans besoin de supplment en protines ou en acides amins. A noter que pour les sujets pratiquant une activit physique ou sportive dintensit modre, sur une base rgulire, par ex. 3 fois une demi-heure 1 heure par semaine, les besoins protiques seront couverts par les apports nutritionnels conseills pour la population correspondante. Pour les sportifs dendurance (ex. coureurs de longue distance), lobjectif est lobtention dun bilan azot quilibr, cest--dire un quilibre entre les apports et les pertes protiques. Les apports nutritionnels conseills en protines dans ce cas ont t estims environ 1,51,7 fois lapport nutritionnel conseill pour la population gnrale correspondante (soit 1,5-1,7 g/kg/jour) et correspondent 12-16 % de lapport nergtique total quotidien quilibrant les dpenses nergtiques. Ces apports sont couverts par les aliments courants, dans le cadre dune alimentation quilibre et diversifie. Pour les sportifs de force (ex. haltrophiles), si le but est le maintien de la masse musculaire, lobjectif est lobtention dun bilan azot quilibr avec des apports de scurit estims 1-1,2 g/kg/j. Si le but est daugmenter la masse musculaire, lobjectif est de positiver le bilan azot. Il est alors possible de conseiller des apports de 2 3 g/kg/j pendant des priodes ne dpassant pas 6 mois et sous contrle mdical et dittique. Les 2/3 de ces apports doivent tre couverts par des aliments courants, le reste par des supplments (sans dpasser 1 g/kg/j, sous forme de protines haute valeur biologique). Des apports suprieurs ne permettent pas une accrtion protique musculaire supplmentaire et ne sont donc pas justifis en termes defficacit.
Besoins en lipides
Les lipides sont utiliss prfrentiellement comme substrat nergtique lors dexercices dintensit modre (40-60 % du VO2max) et lors de lentranement en endurance (voir Pour approfondir : Lipides). Limportance des apports en lipides dans lalimentation du sportif dcoule de lnergie, des vitamines liposolubles et des acides gras essentiels quils apportent. Les apports nutritionnels conseills en lipides pour le sportif dendurance correspondent 20-30 % de lapport nergtique total quotidien, compte tenu du fait que les apports en glucides sont nettement favoriss (cf. ci-dessus). Des apports insuffisants en lipides (< 15 % des apports) ou au contraire hyperlipidiques, de mme que la prise dun repas riche en lipides (60 %) dans les heures prcdant lexercice, napportent pas de bnfice en termes de performance.
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Besoins nutritionnels
Ladjonction de NaCl la boisson na pas deffet significatif actuellement dmontr sur la performance physique par rapport leau seule. Cependant, elle limite la baisse de volume plasmatique pendant lexercice et favorise la rtention du volume liquidien extracellulaire. Pendant les exercices de trs longue dure (allant jusqu 8-10 heures, ex. triathlons de longue distance), lapport de NaCl est impratif pour viter lapparition dune hyponatrmie symptomatique (< 130 mmol/l), qui est une urgence, rsultant dun apport de sodium trop faible par rapport la quantit deau ingre. Avant lexercice, il est important, pour prvenir un dficit en eau, dingrer une boisson approprie de faon fractionne (500 ml dans les 2 heures prcdant lactivit), surtout par temps chaud et humide. Lors de lexercice, la quantit de boisson apporter doit tre ajuste la perte deau prvisible. Pour un exercice continu dune dure infrieure 1 heure, la quantit deau apporter doit tre au moins gale la moiti de la perte de poids prvisible ; une compensation en sel nest pas ncessaire. Pour un exercice de 1 3 heures, lapport de boisson peut aller jusqu 1,5 l/h selon lintensit de lexercice et les conditions climatiques ; un complment en NaCl dilu dans la boisson (1,2 g/l) est conseill. Pour un exercice de plus de 3 heures, un apport de boisson de 0,5 1 l/h est recommand et un complment de NaCl dans la boisson est absolument recommand. A noter que des concentrations de NaCl >1,2 g/l donnent un got saumtre la boisson qui est alors plus difficile ingrer. Aprs lexercice, il est important de restaurer le plus rapidement possible lquilibre hydrominral, surtout si le sportif doit fournir court terme un nouvel effort. Dans ce but, il est recommand dapporter une quantit de boisson compensant 150 % de la perte de poids obtenue lors de lactivit. La boisson de rcupration doit apporter du Na (1,2 g/l) sous forme de NaCl, en association avec dautres sels de Na (citrate ou actate). Les apports de sel sous forme de comprims ou drages sont dconseills (aggravation de la dshydratation, troubles digestifs). mentation systmatique en fer sans preuve dune dficience par un bilan pralable est formellement dconseille. Le statut pour dautres minraux importants (calcium, magnsium, zinc, cuivre, slnium) est en gnral satisfaisant chez les sportifs. La couverture des besoins vitaminiques du sportif a deux objectifs principaux : assurer un statut vitaminique satisfaisant permettant le maintien de ltat de sant et la performance ; aider la protection cellulaire lors de lexercice et la rparation cellulaire lors de la rcupration. Un apport supplmentaire en vitamines namliore pas la performance des sujets dont le statut vitaminique initial est satisfaisant. Pour les sportifs pratiquant une activit physique ou sportive occasionnelle ou modre (1 3 heures par semaine), les besoins vitaminiques sont proches de ceux tablis pour la population gnrale correspondante. Pour les sportifs ralisant des exercices intenses et rpts, les besoins et donc les apports recommands en vitamines dpendent du type de sport pratiqu. Pour les sports dendurance, les besoins en vitamines rle nergtique (thiamine, riboflavine, niacine, vitamine B6) et en vitamines anti-oxydantes (vitamines C, E et btacarotne) sont augments. Pour les sports de force, les besoins en vitamine B6 et en vitamines anti-oxydantes sont augments. En cas de besoin, il est souhaitable daugmenter les apports de lensemble des vitamines et non pas ceux dune seule dentre elles, en priorit par une alimentation quilibre et diversifie apporte par les aliments courants.
Pour approfondir
nergie
Lors de la contraction musculaire, lnergie ncessaire la resynthse de lATP musculaire peut tre apporte par 3 filires en fonction du type dexercice, de son intensit, de sa dure et
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Besoins nutritionnels
du degr dentranement. 1) La filire anarobie (en absence doxygne) alactique (sans production de lactate), mise en jeu pour des efforts intenses dune dure infrieure quelques dizaines de secondes (sprint), utilise la cratine phosphate musculaire dont les rserves sont trs faibles, mais rapidement reconstitues. 2) La filire anarobie lactique, mise en jeu pour des efforts intenses dune dure suprieure 10-15 secondes, utilise le glycogne musculaire par la glycolyse anarobie aboutissant la production de lactate. 3) La filire arobie, mise en jeu pour des efforts plus prolongs, reprsente le systme le plus important de fourniture de lATP principalement partir de , loxydation des substrats glucidiques et lipidiques. La dpense nergtique lie lactivit physique reprsente la partie la plus variable de la dpense nergtique totale (de 24 heures). La dpense nergtique lie lactivit physique dpend des caractristiques de lactivit physique pratique (intensit, dure, frquence) et des caractristiques du sujet qui la pratique (niveau dentranement, dimensions et composition corporelle). Les besoins nergtiques peuvent doubler pour un marathon et tre multiplis par 3 ou 4 lors dune course cycliste comme le Tour de France au cours de laquelle les sportifs peuvent dpenser de 6,500 10,000 kcal/jour. la fatigue au cours de leffort en interfrant avec des mcanismes srotoninergiques centraux. La glutamine pourrait limiter la dficience immunitaire lors dun entranement trs intensif. Cependant, il nexiste pas actuellement de donnes tablies permettant dallguer un quelconque effet bnfique dune supplmentation par ingestion dun ou de quelques acides amins chez le sportif.
Eau et lectrolytes
Lors de la contraction musculaire, 75 % de lnergie chimique provenant des oxydations cellulaires est transform en chaleur et seulement 25 % sert produire de lnergie mcanique. La chaleur produite par les muscles est transfre la priphrie par la circulation. Elle est limine la surface de lorganisme principalement par vaporation sous forme de sueur (580 kcal par litre de sueur vapore). Le dbit sudoral peut parfois tre considrable. Il dpend surtout de llvation de la temprature interne et dautres facteurs tels que lentranement, lacclimatation la chaleur et le niveau dhydratation corporelle. Il est plus lev en ambiance chaude. Les pertes hydriques peuvent ainsi slever 1-3 litres par heure, parfois sur plusieurs heures. Lors dun footing, un coureur peu entran peut perdre de 0,5 1 litre par heure. Lors de sports comme le football ou le tennis professionnel, les joueurs peuvent perdre jusqu 3 4 litres par match. Llectrolyte le plus important excrt dans la sueur, constitue en majorit deau, est le sodium (NaCl, 20 60 mmol/l).
Glucides
Les rserves de lorganisme en glucides sont limites (quelques centaines de grammes de glycogne musculaire et hpatique). La dpltion des rserves de glycogne musculaire est le facteur dterminant de lpuisement du sportif. Aprs leffort, le taux de resynthse du glycogne musculaire est un facteur important de la rcupration, cest--dire la possibilit de sentraner nouveau, voire de refaire une comptition dans de brefs dlais. Le taux de resynthse du glycogne musculaire est le plus lev dans les deux premires heures aprs leffort. Le taux de glycogne musculaire dpend principalement des apports en glucides. Les apports en glucides sont donc essentiels pour maintenir la glycmie pendant lexercice et pour remplacer le glycogne musculaire.
Minraux et vitamines
Limportance du fer chez le sportif vient de son rle dans le transport de loxygne (hme de lhmoglobine). Le taux sanguin dhmoglobine est directement li la puissance arobie maximale (VO2max). Limplication des vitamines dans lexercice tient, dune part, leur participation comme coenzymes la production dATP lors du fonctionnement des cellules musculaires (rle nergtique), et, dautre part, leur pouvoir anti-oxydant (vitamines C, E, et bta-carotne) qui pourrait protger les structures et constituants cellulaires des effets des radicaux libres drivs de loxygne produits pendant lexercice.
Lipides
Lors de lexercice, en valeur relative, la proportion de la dpense nergtique drive de loxydation des lipides diminue au fur et mesure que lintensit de lexercice augmente. Linverse se produit pour les glucides. Aprs une priode dentranement en endurance, la part des lipides comme substrat nergtique de lexercice est augmente ; paralllement, lutilisation du glycogne est diminue. Laugmentation de loxydation lipidique sexplique plutt par une augmentation de la capacit oxydative musculaire que par une augmentation de la mobilisation des lipides du tissu adipeux. Les fibres musculaires contiennent en effet des triglycrides en rserve dans le sarcoplasme (triglycrides intramusculaires). Un intrt particulier a t port aux supplments en triglycrides chane moyenne (TCM). En effet, compars aux triglycrides chane longue, les TCM sont plus rapidement absorbs au niveau intestinal et oxyds au niveau mitochondrial. Cependant, lingestion de TCM na pas actuellement deffet dmontr sur la performance. De plus, du fait dune tolrance digestive limite, la contribution des TCM la dpense nergtique est limite environ 7 %.
Protines
Les mcanismes pouvant expliquer laugmentation des besoins protiques chez les sportifs correspondent principalement la ncessit de rparation des microlsions des fibres musculaires pouvant tre lorigine de fuites extracellulaires de protines (sports dendurance), et laugmentation des apports protiques ncessaire au gain de masse musculaire (sports de force). Les effets particuliers chez les sportifs de diffrents acides amins ont t voqus. Certains acides amins chane ramifie (ex. leucine, isoleucine, valine) pourraient limiter la survenue de
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Points comprendre
Lessentiel de la rglementation mise en place dans le domaine alimentaire au cours du sicle dernier a cherch limiter au maximum la prsence dans les aliments de contaminants qui pourraient tre nfastes pour la sant de lHomme. En dehors daccidents sanitaires, les niveaux de contamination par des toxiques dans lalimentation disponible en France sont trs faibles : le calcul thorique du nombre de dcs (par cancer notamment) ou de malades attribuables la persistance de ces doses faibles est fonde sur des modles linaires simples, alors quon ignore encore beaucoup de choses sur les questions de seuil, deffets cumulatifs, de synergie ou dantagonismes entre ces composs. Lvolution des connaissances sur les modes daction trs divers des toxiques conduisent ne plus restreindre ltude de leurs effets la carcinogense, mais llargir aux effets sur de nombreux systmes : hormones et reproduction, immunit, cognition, dfense anti-oxydante, systme cardio-vasculaire De ce fait, lvaluation toxicologique dune molcule devient de plus en plus difficile, alors mme que le nombre de molcules nouvelles prsentes dans lenvironnement puis dans nos aliments saccrot.
A savoir absolument
En France, la premire loi de scurit sanitaire concernant les aliments date du 1er aot 1905 ; son dcret dapplication le plus important date de 1912 et cre la notion de liste positive, stipulant que tout ce qui nest pas explicitement autoris ne peut pas tre ajout dans les aliments. Par la suite, une grande partie de la rglementation a cherch rduire au maximum la prsence dans les aliments de composs potentiellement nfastes pour la sant. Au fur et mesure de lvolution des connaissances et des concepts, et particulirement aprs 1945, plusieurs outils ont t dvelopps dans ce but : - la DJA, ou dose journalire admissible, concerne les molcules ajoutes intentionnellement dans les aliments pour obtenir un effet prcis sur la conservation, la textu2S26
re, la couleur, le got... Lvaluation des additifs est un processus long et difficile, se droulant lheure actuelle au niveau europen, requrant un dossier aussi volumineux que celui ncessaire la dlivrance de lautorisation de mise sur le march dun mdicament : il faut dmontrer aussi bien la ncessit dutiliser un additif que lefficacit pour le but recherch et labsence de risque immdiat ou diffr pour la sant. Lautorisation est accorde pour une dose et une catgorie de produits dfinis. Quelques additifs particulirement srs ont une DJA non spcifie ; ils sont alors classs sur une liste appele inventaire et leur utilisation dans de nouveaux aliments ne requiert pas dautorisation particulire. La dose utilisable est dite quantum satis , dose ncessaire et suffisante pour obtenir leffet recherch. Les additifs autoriss sont rgulirement rvalus en fonction de lvolution des connaissances ; - la DJT, dose journalire tolrable, ou la DHT, dose hebdomadaire tolrable, est utilise pour les composs dont la prsence dans lalimentation nest pas souhaite, mais invitable, notamment pour des raisons de contamination de lenvironnement. Cette dose est extrapole le plus souvent partir dtudes sur les animaux, quelquefois partir de donnes sur lHomme obtenues lors de catastrophes cologiques. On dtermine la dose maximale sans effet (NOAEL, no observable adverse effect level) ou la dose minimale ayant entran un effet nfaste (LOAEL, lowest observable adverse effect level). Cette dose est divise par des facteurs empiriques de scurit, au minimum de 100 : 10 pour lextrapolation de lanimal lHomme, 10 pour prendre en compte la diversit lintrieur de lespce humaine et la dure de vie. Des facteurs plus levs peuvent tre utiliss, notamment lorsque les molcules sont mutagnes ou gnotoxiques. La dtermination de la valeur finale prend en compte le rgime alimentaire global, incluant les diffrentes sources possibles du contaminant, soit par lutilisation dun rgime type , soit de faon plus prcise par simulation de lexposition utilisant des donnes de consommation relles reprsentatives de la population franaise. Ces valuations sont conduites au niveau international sous lgide de lOMS, au niveau europen ou au niveau franais (Afssa) ; - la LMR, ou limite maximale de rsidu, concerne la quantit maximale tolre dans un aliment prcis ; elle dcoule
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nent les PCB et dioxines, les mtaux lourds, les hydrocarbures. On peut rattacher la pollution de lcosystme le dveloppement des microalgues produisant des toxines qui seront retrouves dans les produits de la mer (phycotoxines). Linterfrence des donnes conomiques avec les impratifs de sant publique conduit frquemment un mode de gestion appel ALARA (as low as reasonably achievable), visant rduire au maximum ces contaminants un cot conomiquement acceptable ; - enfin, il existe des toxiques noforms, rsultant des traitements technologiques appliqus aux aliments. Les plus connus rsultent des techniques de cuisson : composs de la raction de Maillard, peroxydation lipidique, amines htrocycliques et hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les choix alimentaires et culinaires des consommateurs conditionnent en grande partie ce risque. Sajoutant cette diversit des risques toxicologiques, plusieurs facteurs rendent de plus en plus complexes lvaluation et la gestion de ces risques : - le nombre de molcules potentiellement toxiques prsentes dans lenvironnement et susceptibles de se retrouver dans les aliments augmente rgulirement. Il nest pas possible de tout valuer a priori. Le concept de seuil de considration toxicologique (threshold of toxicological concern) se dveloppe actuellement pour mieux matriser cette valuation. Toutes les molcules chimiques se rpartissent dans un nombre limit de classes structurales, pour lesquelles des donnes toxicologiques prcises existent pour quelques reprsentants de ces classes. En fonction de ces donnes toxicologiques, on dfinit un seuil dexposition humaine en dessous duquel le risque est considr comme ngligeable ou nul. Pour de nombreuses classes de composs, les instances internationales admettent quune consommation de moins de 1,5 g par jour pour chaque molcule ne prsente pas de risque inacceptable (risque infrieur 10-5 : un cancer supplmentaire li ce produit pour 100 000 personnes). Cette mthode permet une meilleure gestion des ressources humaines et financires disponibles pour travailler davantage sur les molcules les plus dangereuses pour la sant ; - le problme de leffet long terme sur la sant et au niveau dune population des trs faibles doses actuellement prsentes dans les aliments est un problme difficile. En dehors des catastrophes sanitaires ou des intoxications professionnelles ou involontaires, il nest pas possible dattribuer spcifiquement un compos une part de la morbidit ou de la mortalit constate dans la population. Les chiffres avancs rsultent la plupart du temps, sinon toujours, dune extrapolation linaire : connaissant la mortalit chez lanimal (ou lHomme) une dose donne, on en dduit la mortalit humaine une dose plus faible. Lutilisation de ces modles mathmatiques conduit la notion de dose virtuellement sre (DVS), diffrente de la DJA dtermine directement partir de lexprimentation. Cependant, cette extrapolation ne prend pas en compte la possibilit deffets de seuil, lis par exemple aux possibilits de rparation de lADN ou aux moyens de dfense sophistiqus de lorganisme. Il est encore plus difficile dvaluer les effets cumulatifs sur les trs longues priodes de la vie humaine, les possibilits de synergie ou, au contraire, dantagonismes entre contaminants. Pour les mtaux lourds, un problme analytique supplmentaire difficile sajoute, celui de la spciation des mtaux : les effets toxiques peuvent tre trs variables selon lespce chimique consi2S27
Il reste quelques cas o le consommateur peut exercer une gestion directe. Parmi les exemples les plus nets : remplacement des tuyaux de plomb de son logement, diversification des espces de poissons (mercure), limitation des traitements trop drastiques des aliments (hydrocarbures aromatiques polycycliques), limitation de consommation du foie de cheval (cadmium).
Pour approfondir
Les toxiques naturellement prsents dans les aliments
Le fait que certaines plantes ou animaux soient classs comme toxiques et donc non comestibles est connu de longue date. Il arrive toujours cependant des accidents plus ou moins graves par empoisonnement accidentel ou volontaire : les champignons viennent en tte dans nos pays ; ailleurs, il peut sagir par exemple de neurotoxines de certains poissons ou coquillages tropicaux. De nombreuses crucifres (chou, navet...) contiennent des thioglycosides qui ont une action goitrigne. Les graines de plusieurs vgtaux contiennent des glycosides cyanogntiques (librant de lacide cyanhydrique) : amande, pche, abricot. Les alcools obtenus partir de ces fruits peuvent ainsi tre riches en acide cyanhydrique. Les amines actives (histamine, tyramine, tryptamine, srotonine, pinphrine) sont rencontres dans de nombreux aliments : banane, tomate, choucroute, fromages ferments, vins, etc. Le systme intestinal se dfend bien, mais peut tre dbord, par excs dapport, inflammation associe facilitant labsorption, traitement aux IMAO. Les pices et aromates contiennent de nombreuses substances que seule une faible consommation peut faire considrer comme alimentaires. Certains composs peuvent avoir des effets dfavorables en complexant des lments utiles (facteurs anti-nutritionnels) : inhibiteurs denzymes digestifs (soja, uf) ; lectines, surtout dans les lgumineuses crues, se liant aux chanes glycanniques des glycoprotines et pouvant crer des lsions intestinales ; phytates (hexaphosphoinositols) abondant dans les crales et complexant le fer, le zinc et le calcium, mais ne posant pas de problmes dans une alimentation suffisamment diversifie ; antivitamines, agissant par complexation (avidine du blanc duf et biotine, antiniacine du mas) ou par destruction enzymatique (thiaminase de la carpe, des hutres et des moules ; ascorbate oxydase de nombreux vgtaux). Les facteurs antinutritionnels de nature protique et certains htrosides sont heureusement le plus souvent inactivs par une cuisson approprie. Les vgtaux synthtisent de trs nombreuses molcules, que nous ingrons plus ou moins rgulirement et en quantits plus ou moins grandes, mais dont les effets sont gnralement inconnus. Regardes comme inoffensives, certaines de ces molcules rvleraient peut-tre des actions surprenantes, favorables ou dfavorables, si elles taient testes comme des additifs alimentaires. Ainsi, les phyto-strognes sont des isoflavonodes dont la structure spatiale positionne deux fonctions hydroxyles dans des positions voisines de celles rencontres dans lstradiol : ils peuvent se fixer aux rcepteurs des strognes et prsenter des effets strogniques faibles. On attribue ceux qui sont abondants dans le soja (gnistine, prsentant in vitro un fort pouvoir inhibiteur de langiogense tumorale et dadzine) des effets protecteurs (maladies cardio-vasculaires, cancer) chez les Asiatiques. L encore, avant de pousser la supplmentation, il faudrait en savoir plus : ventuellement utiles chez les femmes mnopauses, les phyto-strognes pourraient se conduire chez les autres groupes de population comme des perturbateurs endocriniens, avec des effets sur la croissance ou la fertilit masculine encore mal valus. Ils commencent tre contrls dans les aliments infantiles.
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Toxines nphrotropes
Elles sont essentiellement reprsentes par les ochratoxines. Elles ont t rendues responsables de la nphropathie endmique des Balkans, sans doute en association avec dautres dficits (vitamine C, slnium). Lexposition de la population en France semble actuellement infrieure aux limites toxicologiques. Sur plusieurs espces danimaux de laboratoire, elle a les mmes effets immunotoxiques, tratognes et cancrignes que les aflatoxines.
Autres toxines
Les fumonisines sont produites par des champignons de type Fusaria se dveloppant sur de nombreuses crales. Les fumonisines de diffrents types provoquent des troubles trs varis chez les animaux. A fortes concentrations, elles ont conduit chez lhomme (en Inde) des diarrhes et vomissements. Ce risque est tout fait improbable en France. Cependant, leur implication dans les cancers de lsophage et du foie conduit les surveiller, dautant plus que lexposition en France est suprieure la DJT. La limite pourrait tre fixe 3 mg/kg de produit, avec un objectif, terme, de 1 mg/kg. La zaralnone, ou toxine F2, a un effet strognique puissant et est gnotoxique. Produite galement par le genre Fusarium, elle aurait provoqu des pidmies de pubert prcoce et de gyncomastie Porto-Rico. Lassociation avec le cancer de lsophage en Chine et en Afrique du Sud a galement t propose. Les valeurs dexposition en France, bien que peu fournies, semblent infrieures la dose virtuellement sre calcule partir des effets sur la reproduction chez le singe.
Toxines neurotropes
La patuline, scrte par des penicillium, a des proprits antibiotiques, mais elle a t vite abandonne dans cette indication cause de sa toxicit. Elle est trouve dans les crales, les fromages et les fruits, surtout les pommes, au niveau des zones moisies. Les jus de fruits, souvent raliss avec des fruits de 2 choix, peuvent ainsi tre contamins, beaucoup plus que les confitures pour lesquelles la cuisson joue un rle protecteur. Les concentrations dans les aliments sont en gnral insuffisantes pour donner des troubles aigus, mais lintoxication chronique peut associer des troubles nerveux (action anti-actylcholinestrase), une lymphopnie ; elle est cancrogne chez lanimal. La contamination des jus de pomme conduirait dpasser la dose journalire tolrable (DJT) chez les enfants : sur ces bases, la dose limite dans les jus a t fixe 25 g/l.
Les phycotoxines
Les organismes marins et notamment les mollusques et coquillages se nourrissent de planctons et micro-algues et peuvent concentrer les toxiques produits pas ces micro-organismes : toxine paralysante (PSP limite 80 g/100 g de chair) ; , toxine diarrhique (DSP ; doit tre absente) ; toxine amnsiante (ASP ou acide domoque, limite 20 g/g de chair). La prolifration de ces micro-organismes, dans certaines conditions climatiques ou de pollution (mares vertes, rouges...) peut accrotre considrablement ces risques.
Toxines hmatotropes
Les trichothcnes sont omniprsentes dans les produits alimentaires, mais en concentrations trs faibles. Ce sont des composs de la classe des sesquiterpnes, avec un squelette ttracyclique. Elles donnent parfois des intoxications aigus dans les troupeaux, mais le plus souvent des intoxications chroniques, avec hmorragies, perte de poids, vomissements. Elles ont galement des proprits mutagnes et cancrignes ; ayant un rle aplasiant mdullaire, elles se comportent galement comme des immunosuppresseurs. Elles sont malheureusement thermostables.
Nitrites et nitrates
Lacide nitrique E250 et son driv le plus utilis, le nitrite de sodium (sous forme de sel nitrit 0,6 % pour viter les erreurs de dosage) est autoris en charcuterie. A ltranger, on lutilise pour prvenir la formation des grosses bulles dans les fromages pte cuite (tels que par exemple le fromage de Hollande). Comme additifs, les nitrites prsentent un triple intrt, actuellement irremplaable : - action anti-microbienne, particulirement sur le clostridium botulinum et les staphylocoques toxinognes ; - action sur la flaveur : les nitrites exaltent larme des produits charcutiers ; mais le maximum de cet effet est atteint pour des doses trois fois infrieures aux doses actuellement autorises et qui vont sans doute tre rduites (150 mg/kg de produit fini, ou 50 mg/kg pour les produits destins lenfant) ;
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Toxines hpatotropes
Elles sont principalement reprsentes par les aflatoxines, dont la structure drive de la coumarine : il existe plusieurs isomres et mtabolites toxiques (B1, M...). Responsables de ncroses
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Le plomb
Le plomb est normalement peu abondant dans les aliments, sauf en cas de tuyauteries en plomb ou de matriels de cuisine particuliers, ainsi quen atmosphre trs pollue. Les rejets de plomb dans latmosphre ont t estims pour le monde entier 450 000 tonnes par en 1990, mais lexposition au plomb a diminu notablement au cours de la dernire dcennie. Le plomb ttrathyl utilis comme antidtonant dans lessence nest retrouv qu ltat de trace dans les aliments (ng/kg). Par contre, on retrouve du plomb complex des polyosides (en mme temps que le baryum ou le strontium), qui prsente une faible biodisponibilit et donc une faible toxicit. Cette forme est galement retrouve dans les vins. Le Franais absorbe en moyenne 470 g/semaine, pour une DHT de 1 500 g/semaine. La plus grande partie de ce plomb est apporte par les lgumes et les fruits (50 %), le vin, le pain et les pommes de terre ; les teneurs les plus fortes sont trouves dans le champignon de Paris et le cleri. Le plomb est responsable de coliques, de polynvrites, dencphalopathies avec dlire et convulsions pouvant aboutir la mort. La plombmie est normalement infrieure 0,4 ppm, la plomburie 0,08 ppm. Laugmentation de lacide delta amino-lvulinique ou ALA (prcurseur de la biosynthse de lhme) est un indicateur prcoce dexposition au plomb, de mme que lactivit rythrocytaire de lALA-dshydratase. Lenfant est particulirement sensible au plomb, qui pourrait tre responsable de retards de dveloppements de lintelligence. Les intoxications professionnelles au plomb sont faciles retrouver et sont dailleurs surveilles et prvenues. Les intoxications non professionnelles exigent au contraire des enqutes trs minutieuses. Les dosages voqus ci-dessus ont alors une grande valeur dorientation. La limite tolre actuellement (25 g/l dans le sang du cordon) pourrait tre suprieure en fait celle qui donne des retards intellectuels.
Le cadmium et larsenic
Le rein constitue lune des cibles principales du cadmium qui donne une nphropathie irrversible avec insuffisance rnale, parfois accompagne dostomalacie et ostoporose. Il augCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
L aluminium
Laluminium se trouve raison de 10 100 mg dans la ration alimentaire quotidienne. La survenue dencphalopathies rapportes ce mtal chez les dialyss, la corrlation (tnue) entre Alzheimer et teneur de leau en aluminium en Angleterre, la diffusion considrable des emballages en aluminium : tout ceci amne rvaluer ce mtal. Dans lhippocampe de sujets atteints de maladie dAlzheimer, on a trouv une augmentation de la quantit daluminium et de silice et une diminution de la quantit de zinc et de slnium. Ce remplacement de mtaux par dautres pourrait tre en partie responsable des troubles de mmoire observs dans la maladie. Cette suspicion sur laluminium a conduit rcemment le CSHPF proposer des tudes sur les consommateurs rguliers de pansements gastriques base dhydroxyde daluminium.
Les biocides
Les biocides ont beaucoup contribu aux augmentations de la productivit agricole ; mais les inconvnients sont graves : - du point de vue agricole : lapparition de rsistances entrane une augmentation des doses sans augmentation parallle de la productivit ; - du point de vue sanitaire : ces produits prsentent souvent une importante rmanence dans le sol ; ils saccumulent dans les graisses et se concentrent dans les organismes au fur et mesure quon remonte dans la chane des espces. De plus, certains pesticides se lient de manire trs forte des protines, par exemple dans le lait, et deviennent difficilement dtectables aux mthodes classiques de dosage tout en gardant leur toxicit. Les organo-chlors (HCH, DDT) et les organo-phosphors (parathion, malathion) sont parmi les produits les plus controverss. Ces deux classes sont responsables de troubles neurologiques (polynvrites et troubles centraux) ainsi que de troubles hmato-potiques. Le syndrome aigu, souvent de type cholinergique (action anti-actylcholinestrase) peut tre contr par atropine ou des restaurateurs de lactivit de lenzyme (pralidoxime ou diazepam). Les intoxications les plus graves se voient chez les utilisateurs professionnels et sont du ressort de la mdecine du travail. Cette utilisation pourrait en outre expliquer une surmortalit de la population agricole pour certains cancers (vessie, pancras, rein, cerveau) alors quil existe une sous-mortalit par rapport aux citadins pour de nombreux autres cancers. Les rapports alarmants de lagence amricaine de la protection de lenvironnement (EPA, mai 87, janvier 89) estiment quau cours des 70 prochaines annes, plus dun million dAmricains mourront du fait de la prsence de 28 pesticides cancrignes dans lalimentation, leau et les brouillards. 12 pesticides sur les 28 seraient responsables de 98 % des risques : manbe, bnomyl, folpel, captafol, captane, zinbe, chlordimeform, linuron, permethrine. Cependant, la teneur en pesticide de nos aliments a considrablement chut au cours de la dernire dcennie, jusqu tre indtectable dans de nombreux cas, y compris
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Antibiotiques
Il existe trois utilisations des antibiotiques en levage : comme traitement classique des infections, sous responsabilit des vtrinaires, comme aliments mdicamenteux et comme facteurs de croissance faibles doses. Les quantits utilises lheure actuelle dans ces trois cas ne sont pas connues. Lutilisation des antibiotiques faible dose a effectivement un effet sur la croissance, avec un gain de productivit de lordre de 5 %, mais galement un effet sur la sant des animaux : les infections seraient moins nombreuses et moins graves dans les pays utilisant ces pratiques que dans les pays o elles sont interdites, tels que la Sude et le Danemark. Il sensuit une moindre utilisation dantibiotiques mdicaments. Sous la pression des pays nordiques, une tendance europenne linterdiction des antibiotiques se dessine, avec pour consquences de nouveaux problmes sanitaires. Le problme principal soulev par cette pratique est quelle place dans des conditions thoriques idales pour slectionner des souches rsistantes voire multirsistantes aux antibiotiques (certains plasmides de multirsistance ont t retrouvs dans des souches de listeria sur des crotes de fromage), ce qui pourrait terme poser des problmes de sant publique. Mais la situation nest pas simple : ces mcanismes de rsistance ne sont pas toujours les mmes que ceux quon rencontre dans les bactries pathognes humaines et on ignore tout des possibilits ventuelles de transmission de ces rsistances des bactries animales vers les bactries pathognes humaines. En fait, la cause majeure des rsistances aux antibiotiques en pathologie humaine parat plutt rechercher du ct dun mauvais emploi des antibiotiques en thrapeutique humaine. Des efforts urgents sont raliser en ce domaine o aucune classe nouvelle dantibiotique na t dcouverte depuis 20 ans...
Protines
Les ractions de Maillard sont trs anciennement connues (1912). Elles conduisent au brunissement non enzymatique (caramlisation, formation de mlanodines). Ce sont des ractions complexes, ayant lieu spontanment froid lors de lentreposage, mais qui sont acclres par la chaleur. Les sulfites sopposent ce brunissement. Ces ractions ont lieu entre un sucre rducteur et une amine dun acide amin, souvent la lysine ; par une suite de rarrangements, de condensations, de polymrisations, de scissions, on obtient de trs nombreux composs : des polymres bruns, responsables de colorations (crote du pain, biscuits...) ; des produits de scission, volatils et odorants. Les effets sont favorables sur la couleur et larme, dfavorables pour la disponibilit en lysine (acide amin souvent limitant de la qualit nutritionnelle des protines), lapparition possible darmes indsirables et lapparition de produits ventuellement toxiques long terme, mais mal valus. Le chauffage feu vif (grillade) des protines ou des acides nucliques conduit la formation de nombreux produits de pyrolyse, notamment des amines htrocycliques trs varies. Parmi celles-ci, les carbolines, drives du tryptophane, sont actuellement trs tudies ; en dehors de ces conditions drastiques, le tryptophane est un acide amin relativement stable. Les carbolines ont galement une origine naturelle (bananes et reines-claudes en sont trs riches) ou apparaissent lors des processus fermentaires ou technologiques, notamment la cuisson et la carbonisation des viandes, le grillage des pains, la torrfaction du caf (le robusta est plus riche en carbolines que larabica). Le risque toxique est mal apprci ; on a dcrit doses leves des actions sur les transports ioniques, sur les rcepteurs cellulaires (benzodiazpines, dopamine ou adrnaline), la cancrognse. Elles pourraient aussi avoir un rle dinhibition enzymatique, de photosensibilisation, des proprits hallucinognes, etc. Certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) mutagnes et cancrignes sont trs utiliss dans les modles animaux de cancrognse, tels le benzo(a)pyrne. Ils sont forms lors de la cuisson des viandes ou les procdures de fumage du poisson. Mais ils existent ltat naturel dans les lgumes, les
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Hormones
Les strognes et les anabolisants constituent un problme complexe o les intrts des consommateurs et des producteurs sopposent, aussi bien en ce qui concerne la qualit de la viande quau point de vue de la sant. Cependant, pour le veau, il a t calcul quil faudrait ingrer plusieurs centaines de kilos de viande pour absorber lquivalent dun comprim contraceptif. Le problme est en outre compliqu par les difficults danalyse de substances trs voisines des substances naturellement prsentes. Lutilisation des hormones en levage est interdite dans lUnion europenne, ce qui est lorigine dun important contentieux devant lOMC avec les Amricains qui les utilisent. Il est demand aux Europens de prouver scientifiquement quil y a un risque pour la sant humaine utiliser ces hormones (ce qui est loin dtre vident) alors que les Amricains nont pas apporter de justification scientifique leur utilisation (il ny en a pas dailleurs, en dehors de la rentabilit conomique...). Ce dbat est davantage un problme de choc de cultures diffrentes
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Lipides
Le chauffage excessif des graisses les rend non consommables par formation dacroline et de produits toxiques divers obtenus par coupure, polymrisation ou cyclisation des acides gras. En dehors de ces cas extrmes spontanment non consomms cause de lodeur dsagrable, les traitements thermiques et technologiques normaux conduisent des modifications chimiques dont les consquences long terme sont l encore mal apprcies. Lladisation est la formation dacides gras trans dont les proprits physiques se rapprochent de celles des acides gras saturs et dont le mtabolisme est plus lent : leur passage dans la voie de -oxydation doit faire intervenir des migrations et isomrisations de doubles liaisons. Lhydrognation partielle utilise dans la prparation des margarines produit de tels acides gras. Ces acides sembles encore plus nfastes que les acides gras saturs : un taux lev dacides gras trans augmente le cholestrol-LDL comme les saturs, mais en plus diminue le cholestrol-HDL. Les prparations actuelles des margarines de table par trans-estrification donne trs peu de trans. Lutilisation abusive ou incontrle dacides gras polyinsaturs pourrait avoir des effets pervers : lladisation dune seule double liaison du DHA (C22:6 n-3) peut conduire un produit activateur des plaquettes sanguines. La peroxydation, favorise notamment par la chaleur et la prsence de mtaux, aboutit des molcules trs varies (poxydes, glycols, diacides, aldhyde-acides, dines conjugus, hydrocarbures) dont certaines auraient des proprits biologiques et physiologiques.
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Points comprendre
Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) sont dfinies par lapparition dau moins deux cas dune symptomatologie en gnral digestive, domine principalement par la diarrhe qui peut tre rapporte une mme origine alimentaire. Leur frquence et leur gravit augmentent en France. Les TIAC font partie du cadre nosologique plus gnral des diarrhes aigus infectieuses. Elles rpondent un nombre limit dtiologies et reprsentent une cause importante de mortalit dans les pays en voie de dveloppement, de morbidit dans les pays industrialiss, responsables dabsentisme au travail et lcole. Les trois agents les plus reprsents sont salmonella, Clostridium perfringens et staphylococcus. Leur volution est le plus souvent rapidement favorable. Cependant, le risque de dshydratation est important, surtout chez les nourrissons, les personnes ges ou les malades immunodprims. Un traitement symptomatique simpose dans tous les cas, quil soit associ ou non un traitement anti-infectieux. La rhydratation hydrolectrolytique doit toujours tre dbute per os, sauf quand la dshydratation est majeure ou que les vomissements limitent leur ingestion. Une antibiothrapie nest pas indispensable sauf quand il existe des signes vocateurs dune invasion muqueuse ou que la diarrhe se prolonge au-del de 3 jours.
lies depuis 1991, on considre quenviron trois millions de Franais consultent chaque anne un mdecin gnraliste pour diarrhe aigu. Il existe un pic pidmique hivernal en dcembre-janvier et une augmentation modre des cas incidents en t. Les infections virales rotavirus sont parfois responsables du pic pidmique hivernal, mais rentrent en fait rarement dans le cadre nosologique des TIAC, alors que la recrudescence estivale des diarrhes serait lie en partie des infections bactriennes, cause principale des TIAC. Sur un plan clinique, les diarrhes aigus affectent indiffremment lhomme ou la femme. Les enfants de moins de 4 ans sont particulirement concerns, surtout lorsquils vivent en collectivit (crches ou maternelles). Les diarrhes sont fbriles dans environ la moiti des cas et saccompagnent de nauses, de vomissements et de douleurs abdominales dans environ 80 % des cas. La prsence de glaires dans les selles est note dans 10 % des cas et celle de sang dans 1 % des cas. Trois dix pour cent des diarrhes aigus seulement donnent lieu la prescription dexamens de selles, plus souvent lt que lhiver. Moins de 3 % des malades sont hospitaliss ou consultent un spcialiste. On considre que 80 % des malades gurissent spontanment en moins de 3 jours. La mortalit des TIAC nest pas nulle et le nombre de dcs caus par des TIAC en France atteindrait 1 %. En 1994, 70 enfants de moins de cinq ans sont dcds des consquences dune pidmie de diarrhe aigu. Chez les sujets gs de plus de 75 ans, un dcs par jour serait attribuable une diarrhe aigu. Les TIAC sont observes dans diffrents type de restauration collective comme dans les milieux scolaires ou institutionnels, les entreprises ou encore les foyers familiaux. En France, les trois bactries les plus souvent en cause (90 % des TIAC) sont par ordre dcroissant Salmonella (srovar enteritidis ou typhimurium), Clostridium perfringens, Staphylococcus aureus. Elles regroupent elles seules plus de 90 % des infections documentes et les trois quarts du nombre de foyers pidmiques dclars. Dautres micro-organismes sont plus rarement en cause. Les principaux agents microbiens reponsables de TIAC, les mcanismes de la diarrhe et les modes de contamination sont rsums dans le tableau I.
2S35
toujours plus marqu. La majorit des gastro-entrites salmonelles survient chez de jeunes enfants gs de moins de 10 ans. Dans cette tranche dge, les formes cliniques sont parfois svres, et le risque datteinte mninge est lev. Lexcrtion de salmonelles persiste souvent pendant 4 5 semaines aprs la gastro-entrite, dure qui varie en fonction du srotype bactrien. Si le portage intestinal varie en fonction des diffrents srovars, plusieurs travaux ont montr un allongement de la dure du portage intestinal par ladministration de traitements antibiotiques. Finalement, les gastro-entrites salmonelles restent des affections bnignes, mme si la mortalit de ces infections nest pas nulle (0,4 %) (cf. Pour approfondir 1).
Clostridium perfringens
Cette bactrie induit une diarrhe qui survient 10 12 heures aprs lingestion de laliment contaminant. La contamination se fait le plus souvent par lintermdiaire de viandes prpares, refroidies et consommes plus tardivement. Lvolution est gnralement bnigne. Toutefois, des ncroses intressant lintestin grle ont t observes. Dans ces cas, la diarrhe est volontiers sanglante et il existe des signes cliniques alarmants comme un ilus paralytique. Clostridium perfringens tant normalement prsent dans les selles, la certitude diagnostique repose non pas sur la coproculture, mais sur la numration de bactries dans laliment suspect. Lidentification du germe dans les aliments consomms et les selles des malades ncessite des conditions strictes danarobiose. Clostridium perfringens type A est le type responsable des TIAC chez lhomme. Le srotypage permet de caractriser la souche responsable de lpidmie.
Staphylocoques
Le pic dincidence des TIAC par les staphylocoques survient en priode estivale. Lincubation est gnralement courte et varie de 1 4 heures. Les symptmes sont dclenchs par lingestion daliments contenant le germe la suite dune manipulation des aliments par un sujet porteur dune staphylococcie cutane ou rhinopharynge. Elles se distinguent sur le plan clinique par des vomissements prcoces suivis dune diarrhe abondante sans fivre. Des signes de choc peuvent survenir. Le lysotypage de la souche et si possible lidentification de lenCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Cas particuliers
Dans de rares cas, le germe na pu tre isol, les symptmes se prolongent et il existe un syndrme dysentrique complet. Dans ces situations, il faut considrer des germes plus rares, les rechercher par des prlvements de selles en prcisant les milieux recommander. La stratgie dexploration est guide par lanamnse et lvolution clinique. Des examens endoscopiques peuvent tre contributifs avec la ralisation de biopsies et mise en culture. Ces examens sadressent donc des malades slectionns et ne sont pas recommands dans les cas de TIAC simples.
Le traitement anti-infectieux
La majorit des TIAC est spontanment rsolutive et ne ncessite que rarement un recours lantibiothrapie. Dautre part, lantibiothrapie peut prolonger le portage asymptomatique de Salmonella. Il faut galement connatre lmergence rcente dpidmies de salmonelloses rsistantes aux fluoroquinolones. Malgr tout, dans certains cas, une antibiothrapie probabiliste peut tre dbute aprs avoir ralis tous les prlvements microbiologiques permettant lisolement du germe (figure 1). Lindication sera discute en fonction de plusieurs paramtres : une dure de linfection prolonge au-del de trois jours, un syndrome dysentrique complet (diarrhe sanglante avec syndrome septique), un terrain risque avec un risque prvisible dvolution fatale (valvulopathie, sujet g ou immunodprim). Les fluoroquinolones sont en gnral utilises dans lhypothse dune salmonellose et devant leur biodisponibilit colique.
Antidiarrhiques
Les ralentisseurs du transit comme le Loperamide (Imodium) ou le diphenoxylate (Diarsed) diminuent le volume et le nombre des exonrations. En cas de diarrhe invasive, il convient de les viter car ils favorisent le dveloppement de colectasies et dilus paralytique. La diosmectite (Smecta) ne possde pas ces inconvnients et permet damliorer le confort du malade en cas de diarrhe.
Autre cas
Prise dantibiotique
Colite hmorragique
Colite hmorragique
Figure 1 Antibiothrapie probabiliste entreprendre quand il existe des signes dalarme, que la TIAC se prolonge ou quune colite aigu est dcouverte lendoscopie.
2S38 Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Pour approfondir
1. Salmonellose Des tudes ralises chez le volontaire sain ont montr que la dose infectante tait de 105 germes environ. Linoculum bactrien serait rduit en cas dachlorrhydrie comme cest le cas au cours des traitements inhibiteurs de la scrtion gastrique acide, ou chez les jeunes enfants. Chez lhte, les bactries vont adhrer la paroi digestive et pntrer dans la muqueuse intestinale dans les 8 48 heures qui suivent le repas infectant. Comme ladhrence des bactries peut se produire diffrents niveaux du tube digestif, il a t suggr que le type de diarrhe pourrait varier, scrtoire au cours des atteintes jjunales, dysentriforme en cas datteinte colique. 2. Physiopathologie des diarrhes infectieuses aigus La pathognie des diarrhes infectieuses fait intervenir deux facteurs : la virulence du germe et les moyens de dfense de lhte. La virulence du germe est dtermine par linoculum ncessaire pour dclencher la pathologie. Cet inoculum est variable en fonction de lagent pathogne : 1 100 pour les shigelles, 105 pour les salmonelles, 108 pour le vibrion cholrique. Les moyens de dfense de lhte comprennent plusieurs lments : la scrtion gastrique acide, le pristaltisme, la flore intestinale et limmunit acquise (anticorps intestinaux IgG et IgM provenant de la circulation sanguine, IgA scrtoires, raction immunitaire spcifique T et B dpendante). La diarrhe rsulte dune rupture du cycle entrosystmique de leau. Le trouble primaire est une modification des mouvements de leau et dlectrolytes travers la muqueuse intestinale (grle et/ou clon). Le bilan de leau devient ngatif par une diminution de la rabsorption du sodium et de leau et/ou une stimulation de la scrtion du sodium, des bicarbonates et des chlorures. Deux grands mcanismes dterminent les tableaux cliniques. Le mcanisme invasif rpond la pntration des agents infectieux dans les cellules pithliales. Il sexerce essentiellement au niveau de lilon distal et de lpithlium colique. Il est responsable dun syndrome clinique de type dysentrique. Sur un plan histologique, il existe des ulcrations accompagnes dune intense raction inflammatoire de la lamina propria. Les principaux agents pathognes qui agissent selon ce mcanisme sont les salmonelles non typhiques, les shigelles, Clostridium perfringens, et E coli enthropathogne. Le mcanisme entrotoxinique rpond la production par les bactries responsables, fixes la surface de la muqueuse digestive, dune exotoxine qui provoque une scrtion deau et dlectrolytes par lentrocyte, dont ladnyl-cyclase membranaire est stimule. Il sexerce essentiellement au niveau de lpithlium de lintestin grle. Il induit un syndrome clinique de type cholriforme. Il nexiste pas de lsion muqueuse anatomique, ni de bactrimie. Les bactries agissant par ce mcanisme sont nombreuses, car la proprit entrotoxinogne, de dterminisme plasmidique, peut tre acquise par un grand nombre de germes du fait de la diffusion pidmique du plasmide : les plus frquemment en cause sont les Escherichia coli entrotoxinognes, le staphylocoque dor, et le Vibrio cholerae. Les deux mcanismes sont intriqus quand certains germes responsables de diarrhes invasives produisent galement une toxine : salmonelles, shigelles, Campylobacter, Yersinia enterolytica. Les salmonelles pntrent lpithlium au niveau des cellules M des plaques de Peyer, et laugmentation du nombre des
2S39
Cas clinique
Vous recevez aux urgences de lhpital un couple de vacanciers gs de 50 ans qui prsentent tous deux une symptomatologie digestive comprenant des vomissements incoercibles, des douleurs abdominales en cadre, voluant par spasmes et une diarrhe constitue de 10 missions par jour. Tous deux ont 38,5C de temprature. Cliniquement vous notez une langue rtie et un pli cutan chez vos deux patients. Manifestement, il existe une notion de repas de fruits de mer 36 heures auparavant. 1) Sur quels critres portez-vous le diagnostic de toxiinfection alimentaire (TIAC) ? Contamination alimentaire. 2 cas. Symptomatologie digestive. 2) Vous envisagez une hospitalisation, pourquoi ? Impossibilit de rhydratation per os cause des vomissements. Dshydratation.
2S40
Alimentation et cancer
Alimentation et cancer
Points comprendre
Le poids des cancers de par le monde, tant du point de vue de la souffrance humaine que du point de vue de lconomie de la sant, est norme. En France, il est la premire cause de mortalit pour les femmes avant 65 ans, ainsi que la deuxime cause pour les hommes (tous ges) et pour les femmes de plus de 65 ans. La part de lhrdit des gnes de cancer est faible dans la cancrognse humaine, cest dire limportance des facteurs environnementaux, cest dire aussi que les cancers peuvent tre prvenus. Parmi les facteurs environnementaux, lalimentation joue un rle majeur, mme si ce rle nest pas aussi facile mettre en vidence que celui dautres carcinognes environnementaux comme le tabac ou les radiations ionisantes. On a estim 30 % la part de lalimentation dans la gense des cancers, mais avec une large marge dincertitude (10 60 %). En effet, lalimentation apporte lorganisme une multitude de nutriments et autres micro-constituants qui auront des effets divers, certains un effet inducteur et/ou promoteur de cancrogense, dautres un effet protecteur. Enfin, le rle de lalimentation ne peut se comprendre sans connatre lhistoire naturelle du cancer, son processus multi-tapes : initiation, promotion, progression et mtastases. Le contenu de ce chapitre est bas sur des donnes pidmiologiques humaines, ce qui nous a paru le plus pertinent en relation avec son intitul, et na pas pris en compte la multitude dexprimentations animales ou in vitro, conduites le plus souvent en dehors des conditions de la physio-pathologie humaine.
nutrition dficiente et cancer de lsophage tait dj avanc. Plus proche de nous, les tudes pidmiologiques dcrivant dune part les incidences des cancers, dautre part la consommation de divers aliments, ont suggr que dans certains pays (par exemple, les pays mditerranens) consommant plus de certains aliments (par exemple, lgumes ou crales) et moins dautres (par exemple, les produits laitiers) montraient des incidences de cancers plus faibles (fig. 1 et 2). Dautres tudes, dites cologiques, qui comparent la consommation alimentaire et la mortalit par cancers de diffrentes rgions ou pays, ou prenant en compte leffet des migrations, ont renforc lhypothse de la relation alimentation/cancer. Pourtant, il faudra dautres tudes pidmiologiques, dites analytiques (car elles apportent des lments permettant dtablir une relation de cause effet entre aliments et risque de cancers), tudes cas-tmoins ou mieux prospectives, pour pouvoir prciser leffet de certains aliments sur le risque de certains cancers.
Alimentation et cancer
(enzymes de phase II). Plus rarement, semble-t-il dans ltat actuel des connaissances, elle peut tre cancrigne, soit par transformation de certains de ses constituants en produits mutagnes, soit par contamination avec un xnobiotique. 2) Ltape suivante est la promotion, cest--dire la drgulation de gnes cellulaires favorisant la prolifration. Cette tape comporte la mise en place de la signalisation cellulaire pour la synthse des facteurs de croissance, lutilisation dhormones se comportant comme des facteurs de croissance au travers de rcepteurs spcifiques. Un vnement gntique ou pigntique sera ncessaire pour que cette prolifration, qui peut tre contenue (tumeur bnigne, dysplasie), devienne incontrle et passe au stade de noplasie. Lalimentation peut ventuellement jouer un rle protecteur en inhibant la signalisation intra-cellulaire par les antioxydants, mais elle peut aussi favoriser la synthse des facteurs de croissance ; elle aura alors un rle dfavorable. 3) Au stade de noplasie, la croissance tumorale sera encore favorise par les facteurs de croissance ; cette croissance peut tre aussi ngativement rgule par certains acides gras, qui entrane la mort cellulaire, trs probablement par apoptose. Mais de fortes doses dantioxydants vont sopposer cette mort programme de cellules comportant des aberrations gntiques. Ainsi, lalimentation peut avoir des rles opposs suivant les nutriments apports et suivant ltape considre de lhistoire naturelle du cancer. mentation (contamination des arachides, notamment). Etant donn son incidence relativement faible, peu dtudes ont t conduites qui suggrent seulement quune forte consommation de lgumes peut diminuer le risque de cancer du foie.
Cancer de lestomac
Cest le deuxime cancer le plus frquent dans le monde, mais surtout dans les pays dfavoriss, o linfection par Helicobacter pylori joue un rle majeur ct de lutilisation de saumure pour conserver les aliments. En Europe, son incidence continue dcrotre doucement. La principale raison en est lvolution des modes de conservation des aliments o le rfrigrateur et le conglateur ont remplac fumages, salaisons et conserves. De nombreuses tudes ont t entreprises et elles saccordent sur la rduction du risque de cancer de lestomac par la consommation de fruits et lgumes, dont leffet protecteur est qualifi de convaincant (tableau I).
Alimentation et cancer
Tableau I Etudes pidmiologiques portant sur la relation fruits et cancers
Cancer sites Mouth and pharynx Authors and year Franceschi et al., 1999 Country Design Italy cases: 598, controls: 1,491 OR (CI) raw vegetables: H (> 31.1 g/day) vs L (8): 0.29 (0.15-0.56) cooked: H (> 4.5/week) vs L (1.5/week): 0.5 (0.3-0.7) green vegetables H (frequency) vs L: 0.25 (0.15-0.44) fresh fruits H (frequency) vs L: 0.58 (0.37-0.89) raw and cook vegetables: H (9.5/week) vs L (< 5.5): 0.14 (0.1-0.4) fruits (other than citrus) H (11.3/week) vs L (< 5.2): 0.20 (0.1-0.4) H (302.7/day) vs L (143.0): 0.30 (0.15-0.59) H ( 9 servings/day) vs L ( 5): 0.4 (0.3-0.5) H (> 2/day) vs L (5/week) 0.5 (0.3-1.1) cardia 0.7 (0.5-1.0) non cardia H (< 1/day) vs L ( 2/day) 0.4 (0.2-0.8) L vs H: 5.5 (1.7-18.3) H (374 g/day) vs L (250 g/day) 0.72 (0.48-1.10) H vs L (not defined) 0.45 (0.22-0.91) fruits except agrumes H (daily) vs L (2-4/week) 0.49 (0.25-0.94) total vegetables: H (> 2/day) vs L (< 1/day) 0.48 (0.34-0.66) total fruits: H (> 8/week) vs L (< 4/week) 0.52 (0.37-0.73) fresh vegetables: H (daily) vs L (1/week) 0.5 (0.3-0.7) adenocarcinoma fruit: L (< 107 g/day) vs H (> 166 g/day) 1.92 (1.04-3.55) H vs L (not defined) 0.60 (0.38-0.965) H (554 g/day) vs L (191 g/day) 0.7 (0.5-1.0) H (> 8 servings/day) vs L (< 3.5) 0.72 (0.47-1.09) H (> 5/week) vs L (1) 0.54 (0.39-0.94) Trend < 0.01 < 0.01 < 0.0001 0.02 < 0.001 citrus OR= other fruits but with 5 times less quantity < 0.001 Remarks
Italy and Switzerland female cases: 195 female control: 1,113 Switzerland cases: 101, controls: 327
sophagus
Larynx Stomach
De Stefani et al., 2000 Ji et al., 1998 Ekstrm et al., 1998 Galanis et al., 1998 Terry et al., 1998 Botterweck et al., 1998
Uruguay cases: 148, controls: 444 China cases: 1,124, controls: 1,451 Sweden cases: 567, controls: 1,165 Hawai Japanese Cohort: 108/11,907 Sweden Cohort: 116/11,500 Netherlands 310/3,500 (subcohort) Spain cases: 103, controls: 206 Sweden cases: 124, controls: 235 Uruguay cases: 541, controls: 540
< 0.001 cooked vegetables: 0.96 (0.50-1.84) < 0.0001 after subgroups, only yellowgreen vegetables: 0.5 (0.4-0.7), T: 0.0001 0.05 0.02 0.02 better in men than in women
< 0.05 wide CI tertiles defined as high, moderate, small, none 0.14 0.49 (0.20-1.18) on first year cases and precancer disorders vegetables, only, little variation in intake
Lung
0.026 women, tomatoes 0.03 expressed in consumption frequency, tomatoes: 0.79 (0.43-1.46), trend: 0.4
< 0.001 < 0.001 < 0.05 in non smokers, OR for squamous cell and small cell carcinomas NS fruit: NS 0.03 men stability of consumption of fruit: 2.52 (1.15-5.57) vegetables: NS fruit: 0.58 (0.37-0.93), p: 0.013, root vegetables: 0.56 (0.36-0.88), p: 0.03
Brennan et al., 2000 Ock et al., 1997 Knekt et al., 1999 Voorips et al., 2000 Bladder Michaud et al., 1999 Nagano et al., 2000
multicentric European cases: 256, controls: 599 Netherlands Cohort: 19 years; 54/561 Finland Cohort: 25 years; 138/4,545 Netherlands 6.3 years; 1,010/2,953 (subcohort) USA Cohort: 10 years; 252/47,909 Japan Cohort: 20 years; 114/38,540
0.02
0.09
0.02
2S43
Alimentation et cancer
Par ailleurs, ces antioxydants ne rsument pas eux seuls les micro-constituants des fruits et lgumes. Il faut y ajouter en particulier les diffrents composs phnoliques, (les flavonols des pommes et des oignons, les catechines du raisin, les anthocyanes des fruits rouges, etc.) qui ont des effets antioxydants, mais aussi interfrent avec les enzymes de phase I et II, et celles impliques dans la prolifration cellulaire. gauche tant plus clairement associ lapport alimentaire. On a not une certaine divergence dans les rsultats sur la relation entre obsit et cancer du clon, mais les tudes rcentes sont plutt en faveur dun lien entre surpoids/obsit et cancer du clon, permettant de qualifier ce risque de possible ou probable. Lapport calorique a aussi t incrimin, mais ce qui parat le plus important, cest la rupture de lquilibre nergtique, donc linsuffisance de dpense nergtique par rapport la consommation calorique, do limportance de lactivit physique dans la prvention.
Autres cancers
Pour les autres cancers, tels le cancer du sein, du pancras ou du clon, le ou les facteurs responsables de linitiation sont moins clairement dsigns et leffet fruits/lgumes nest pas retrouv avec autant de rgularit et de force. On a cit leffet mutagne de la consommation damines htrocycliques, donc li la consommation de viande, comme facteur de risque des cancers du sein et du clon. La consommation importante de charcuterie et autres fumaisons ou salaisons est galement associe au risque de cancer du clon. De mme, la formation de sels biliaires secondaires dans la lumire colique serait un risque pour le cancer du clon ; dans ce dernier cas, le calcium est prsent comme protecteur par la prcipitation des sels biliaires, mais un autre mcanisme est invoqu : le calcium diminuerait la permabilit aux carcinognes. En effet, plusieurs tudes dintervention montrent que la supplmentation en calcium diminue le risque de rcidive dadnomes coliques, dont on sait quils peuvent voluer vers le stade de tumeur maligne.
Cancers hormono-dpendants
Le cancer du sein est la premire cause de mortalit chez la femme avant 65 ans. Si la mortalit a fortement rgress, lincidence est stagnante ou en lgre augmentation dans les pays occidentaux, mais augmente plus srieusement dans les pays mergeants et au Japon, qui voient leur alimentation et mode de vie soccidentaliser. Les facteurs de risque les mieux dcrits sont ceux lis limprgnation strognique (ge aux premires rgles, la premire grossesse et la mnopause, nombre denfants) ; il en va de mme pour le cancer de lendomtre, lui aussi plus frquent dans les pays dvelopps. On note une lgre augmentation de lincidence des cancers de lovaire dans les pays occidentaux, sans que lon puisse suggrer un facteur environnemental particulier. Lincidence du cancer de la prostate est en augmentation, en partie cause de sa plus facile et prcoce dtection, elle est la plus leve dans les pays occidentaux, elle lest particulirement pour les Africains-Amricains, alors quelle est faible chez les Africains, ce qui suggre bien limportance dun facteur environnemental.
Alimentation et promotion
Dans ce paragraphe, nous allons considrer la relation entre apports alimentaires et facteurs de croissance des tumeurs. Cette relation est explique en grande partie par lexcs calorique, le surpoids ou lobsit, qui apparatront comme des facteurs de risque majeurs pour certains cancers. Certains de ces cancers sont assez rares et moins bien tudis, dautres plus frquents : le cancer du clon et les cancers hormono-dpendants de lhomme (prostate) et de la femme (sein, endomtre, ovaire) sont le plus souvent associs un type dobsit bien caractris, lobsit abdominale/viscrale, mesure par le rapport hanches-taille ou le tour de taille.
Cancer colo-rectal
Quatrime cause de cancer dans le monde, il est dans son ensemble un peu plus frquent chez lhomme que chez la femme, mais la localisation au niveau du clon droit est plus frquente chez la femme, que chez lhomme et apparat diffrente en terme de facteurs de risque ; le cancer du clon
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Alimentation et cancer
gnes tant facteurs de croissance pour les cancers du sein et de lendomtre. femmes vgtariennes excrtaient dans les selles plus dstrognes que les femmes omnivores, leur flore colique en effet comporte des bactries dpourvues de -glycuronidase, et les strognes qui sont excrts sous forme glycuro-conjugue par les voies biliaires dans le clon seront limins. Au contraire, la flore colique des femmes omnivores contient des bactries capables de dconjuguer les strognes qui rejoignent ainsi la circulation sanguine avant dtre limins dans les urines. Les crales compltes et les lgumineuses, outre leur richesse en fibres, vont apporter des phyto-strognes. Ces micro-constituants (isoflavones et lignanes) prsents respectivement dans le soja et les lgumineuses, pour les premiers, et dans les graines de lin et de ssame, ainsi que dans les lgumes et fruits riches en carotnodes et dans les crucifres, pour les seconds. Or, les femmes asiatiques, qui ont un apport lev disoflavones, prsentent un taux dincidence de cancer du sein plus faible que celui des femmes occidentales, et certaines tudes suggrent quune forte consommation de soja et de produits drivs diminue le risque de cancer du sein. Les phyto-strognes seraient capables de se comporter comme des modulateurs slectifs des rcepteurs strognes, donc de bloquer leffet agoniste des strognes sur les cellules mammaires transformes. Cependant, les phyto-strognes possdent dautres proprits, comparables celles des autres composs phnoliques qui peuvent expliquer un ventuel effet anti-cancrigne.
Aliments qui rduisent le risque de dveloppement de lobsit et la synthse et la circulation dIGF-I et dstrognes
Plusieurs rapports montrent que la consommation dune grande varit de lgumes et de fibres sont ngativement corrls la masse graisseuse, que les fibres sopposent galement au dveloppement du syndrome dinsulino-rsistance, donc la constitution dobsit. Ceci peut expliquer leffet protecteur qualifi de possible des fibres alimentaires dans les cancers du sein et du clon. Mais les fibres pourraient avoir un autre effet sur le dveloppement du cancer du sein. On a montr que les
Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Alimentation et cancer
Le rle de la vitamine C parat probable dans la protection contre le cancer de lestomac. Le rle de la vitamine E est moins clairement dmontr, il y aurait peut-tre une protection contre le cancer de la prostate. Le cas du -carotne parat plus complexe. On a rgulirement montr en effet que les personnes consommant moins de -carotne ou en ayant des taux faibles dans le plasma prsentaient un risque lev de dveloppement du cancer du poumon. On en a dduit que le -carotne tait hautement protecteur vis--vis de ce cancer et on a mis en place trois tudes dintervention utilisant des supplments de -carotne forte dose (20 30 mg/jour). Dans deux tudes conduites, lune en Finlande, lautre aux USA, les sujets supplments ont prsent significativement plus de cancers que les sujets prenant le placebo, dans la troisime, le -carotne na eu aucun effet. Comment expliquer ces rsultats contradictoires entre lpidmiologie et les tudes exprimentales humaines ? Tout dabord conclure que parce que le -carotne plasmatique est bas chez les sujets qui vont dvelopper un cancer indique quil est protecteur est probablement une dduction htive, car le -carotne peut tre seulement un marqueur dexposition au carcinogne environnemental, soit quil soit consomm lors de lagression oxydative, soit quil soit plus rapidement mtabolis en vitamine A. En effet, certains de ces carcinognes chimiques activent les cytochromes entrant dans la synthse de vitamine A partir des carotnodes pro-vitamine A. Le -carotne peut aussi simplement tre le marqueur de la consommation de fruits et lgumes contenant dautres microconstituants qui sont, eux, les composs actifs et ne sont pas reprs, car ils ne sont pas rpertoris dans les tables de composition. Ces deux hypothses peuvent expliquer labsence deffet, mais pas laugmentation du risque. Pour cela, il faut invoquer lhistoire naturelle du cancer. En effet, dans ltude finlandaise, les sujets recruts taient des gros fumeurs, dans ltude amricaine, soit des gros fumeurs, soit des sujets ayant t professionnellement exposs lamiante. Dans les deux cas, on peut penser que le processus de carcinognse tait initi au niveau de certaines cellules bronchiques. Or, le mcanisme daction des antioxydants suggre quils jouent un rle majeur au niveau de linitiation. Donc, on peut penser que la fentre daction du -carotne tait dpasse. Au contraire, au stade de promotion, et en prsence du maintien des carcinognes (les sujets ont continu fumer) et forte dose, il peut avoir un effet prooxydant, donc favorisant la synthse des facteurs de croissance. Au stade de croissance tumorale, forte dose, il pourrait favoriser cette croissance en la protgeant dune rgulation ventuelle apoptotique, comme cela a t montr pour la vitamine E. Le fait que lon ne retrouve pas cet effet aggravant dans la troisime tude, qui ne comportait que 10 % de fumeurs parmi les participants, souligne bien limportance de cet effet fentre dans la relation alimentation/cancer.
Pour approfondir
Histoire naturelle du cancer
Linitiation de la cancrogense correspond une mutation dun gne cellulaire induite par un carcinogne environnemental responsable dune agression de type physique comme les radiations ionisantes, de type chimique, comme le tabac, ou dorigine endogne comme le stress oxydatif, li une inflammation chronique (cas de lamiante). Il est frquent que le carcinogne chimique soit un procarcinogne et ncessite lactivation des enzymes de phase I (cytochromes) pour devenir un carcinogne part entire. Ainsi mut, lADN peut sortir du processus cancrigne grce aux enzymes de rparation de lADN, aux dfenses antioxydantes, quand le stress oxydatif est impliqu, aux enzymes de phase II (glutathion transfrases) capables de dtoxifier les carcinognes. Ces enzymes sont caractrises par un polymorphisme gntique qui entrane des diffrences de susceptibilit aux facteurs environnementaux, de telle sorte que les sujets prsentant un allle mutant entranant une hyperactivit enzymatique des cytochromes, ou au contraire une dltion au niveau de enzymes de phase II, seront plus susceptibles aux facteurs environnementaux, et notamment aux risques mutagnes apports par lalimentation comme la production damines htrocycliques partir des protines de la viande longuement chauffes haute temprature ou la prsence dune contamination par un xnobiotique (DDT, PCBs). Certains micro-constituants des fruits et lgumes (composs phnoliques, isothiocyanates, glucosinolates) interfrent avec ces activits modifiant leffet de la susceptibilit gntique et du facteur environnemental cancrigne. Ltape de promotion comporte la mise en place de la signalisation cellulaire pour la synthse des facteurs de croissance (le rle despces actives doxygne dans cette fonction suggre ici aussi un rle pour le stress oxydatif), lutilisation dhormones se comportant comme des facteurs de croissance au travers de rcepteurs spcifiques. Un vnement gntique (perte des gnes rpresseurs, par exemple) ou pigntique (hypo ou hypermethylation de lADN) sera ncessaire pour que cette prolifration, qui peut tre contenue (tumeur bnigne, dysplasie), devienne incontrle et passe au stade de noplasie. Au stade de noplasie, la croissance tumorale peut tre ngativement rgule par certains acides gras (acide -linolnique notamment, 18:3 n-3), qui entrane la mort cellulaire, trs probablement par apoptose. On rapproche de cette observation le potentiel effet protecteur du poisson gras (bleu) qui serait d la proportion dacides gras fortement poly-insaturs de la srie n-3 contenue dans leur chair. Mais de fortes doses dantioxydants vont sopposer cette mort programme de cellules comportant des aberrations gntiques. On sait en effet que laction du produit du gne bcl-2 qui inhibe lapoptose peut tre obtenue par lutilisation dantioxydants. Lors de la progression tumorale vers les mtastases, on trouvera encore leffet de lalimentation sur la synthse des facteurs de croissance, mais aussi des effets particuliers, telle, par exemple, la protection par composs phnoliques contre langiognse.
Alimentation et cancer
calorique stimule la GH endogne, qui son tour induira une augmentation de synthse de lIGF-1. Mais de la mme faon, lapport exogne de GH induira des taux levs de IGF-1 dans la circulation. Cet apport exogne peut tre dorigine thrapeutique ou, comme le suggrent des auteurs amricains pour leur pays, de la contamination du lait de vache par de la GH bovine recombinante qui est injecte aux vaches pour augmenter la production de lait.
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Alcoolisme
Alcoolisme
Points comprendre
La consommation excessive de boissons alcoolises demeure une proccupation majeure de sant publique qui justifie une prvention et une organisation des soins dont le mdecin gnraliste est le pivot. A partir dune pratique de dpistage fonde sur linterrogatoire, lexamen et la biologie, il est possible de reconnatre prcocement les buveurs excessifs et les buveurs alcoolodpendants. Le but est de modifier le mode de consommation chez les premiers et dinitier un sevrage chez les seconds en veillant contrler les manifestations du sevrage. Diffrentes structures et moyens thrapeutiques permettent daccompagner le malade alcoolique. Elles ont toutes pour but dempcher lapparition de complications aigus ou chroniques nombreuses et parfois irrversibles et de limiter les consquences socio-professionnelles et familiales. La consommation excessive dalcool a de surcrot des rpercussions nutritionnelles et mtaboliques complexes et parfois redoutables aux premiers rangs desquelles figurent lhypoglycmie, la ctose. Elle favorise la dnutrition et les carences vitaminiques (gnralits sur les boissons alcoolises, voir Pour approfondir, annexe 1). Lalcoolisme regroupe lensemble des situations ou lusage de lalcool a des consquences prjudiciables pour la sant, quil sagisse dabus aigu (ivresse) ou de consommation excessive chronique lorigine de complications somatiques ou psychiques. Est malade alcoolique tout sujet qui a des difficults matriser sa consommation ou qui prsente des complications somatiques, psychiques ou sociales dues lalcool. La dpendance lalcool est la sujtion la prise de boissons alcoolises dont la suppression engendre un malaise psychique et/ou des troubles physiques. En fait, le syndrome de dpendance est commun toutes les substances psycho-actives et sinscrit dans lensemble des conduites addictives.
1) les consommateurs problmes qui sont exposs aux risques de complication et de dpendance du fait de leur consommation ; 2) les consommateurs dpendants dont les complications, notamment sociales et familiales, sont plus prcises et plus frquentes. Cette distinction entre usage nocif et dpendance, qui est parfois difficile, a des consquences thrapeutiques : la dpendance impose labstinence absolue alors quune consommation contrle peut tre ngocie avec les consommateurs problmes. Plusieurs autres classifications ont t proposes pour caractriser les types dalcoolisation et dalcoolisme. La mieux valide, celle de Babor, distingue : 1) le type A : dbut tardif (aprs 20 ans), volution lente, moindre frquence de psychopathologie associe, complications moins frquentes, peu de facteurs de risque dans lenfance, meilleur pronostic ; 2) le type B : dbut prcoce, dpendance svre, frquence des toxicomanies associes, alcoolisme familial frquent, pathologie psychiatrique associe, agressivit et impulsivit dans lenfance. La plus pragmatique distingue lalcoolisme dentranement ou dhabitude (surtout chez les hommes), de lalcoolisme de compensation ou nvrotique. Dans ce groupe, lalcool sert de tranquillisant ou de dopant, la consommation se fait par accs et livresse est frquente.
Dpistage
Le dpistage a pour objectif de reprer des consommateurs excessifs et dpendants le plus tt possible afin dempcher linstallation des complications en modifiant les modalits de consommation par linformation et la mise en uvre dun traitement. Il se dcompose en trois tapes complmentaires.
Interrogatoire
La consultation est un moment privilgi de dpistage. Lentretien vise quantifier la consommation alcoolique dans le cadre dun interrogatoire alimentaire. Divers symptmes mettent en alerte : modification du caractre avec
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Alcoolisme
irritabilit et agressivit, troubles du sommeil, perte dapptit plus ou moins lective, crampes nocturnes, pigastralgies, pituite, diarrhe motrice, frquence des accidents, difficults relationnelles. Divers questionnaires trs simples permettent de confirmer ou dinfirmer un doute diagnostic (voir Pour approfondir en annexe 2 le questionnaire CAGE/DETA). Les manifestations de livresse surviennent pour des alcoolmies variables, suprieures 1 g/l. Elles voluent en trois phases successives : excitation psychomotrice, incoordination et troubles de lquilibre dorigine centrale et labyrinthique, coma en cas de consommation massive. Des manifestations plus rares peuvent tre associes : hallucinations, crise comitiale, dlire.
Examen physique
Linspection est souvent probante : varicosits faciales, injection conjonctivale, trmulations des extrmits et de la langue, hypersudation, parotidomgalie. Dautres signes sont vocateurs : haleine caractristique, tachycardie, hypertension systolique, hpatomgalie, polynvrite. Aucun de ces signes nest vraiment spcifique, mais chacun constitue un signe dalerte justifiant le recours aux questionnaires ou des examens biologiques.
Le sevrage
Secondaire larrt brutal dune alcoolisation chronique importante, le syndrome de sevrage comprend trois niveaux de manifestations : forme mineure disparaissant avec lingestion dalcool et contribuant aux manifestations de la dpendance physique : trmulation, hypersudation, nauses, asthnie, pigastralgie, insomnie ; dlire alcoolique subaigu o lagitation, les cauchemars et les accs confuso-oniriques sajoutent aux signes prcdents ; delirium tremens o le dlire, la dsorientation temporo-spatiale et lagitation sont associes des signes gnraux qui font la gravit du tableau fivre, dshydratation, tachycardie. Le tableau est complt par de frquentes crises convulsives et divers troubles neurologiques type de dysarthrie, de tremblements et de troubles de la coordination et de lquilibre. Lhospitalisation est ncessaire ce stade : rhydratation parentrale, sdation par voie injectable pouvant faire appel un neuroleptique et administration de vitamine B1 sont ncessaires.
Biologie
Les principaux marqueurs sont laugmentation du volume globulaire moyen (VGM) et de lactivit gamma glutamine-transpeptidase (GGT). Ils confirment lalcoolisation chronique et contribuent au suivi du sevrage, mais ne peuvent prtendre au diagnostic dalcoolo-dpendance. Un VGM suprieur 95 3 survient aprs deux mois. Sa spcificit est bonne (90 %), mais sa sensibilit est mdiocre (50 %). Sa dcroissance aprs arrt de lalcool est lente. Les GGT augmentent aprs une consommation rgulire dalcool pendant deux semaines. La sensibilit nest que de 50 70 % et la spcificit de 60 %. Larrt de lalcool entrane une diminution rapide, de lordre de la moiti tous les 15 jours, qui peut servir au diagnostic. Au total, 85 % des consommateurs excessifs chroniques sont marqus par lun et/ou lautre de ces deux marqueurs dont la perturbation a dautant plus de valeur quil existe un contexte clinique ou socio-professionnel vocateur. Dautres paramtres biologiques sont modifis, mais leur valeur prdictive est faible : acide urique, triglycrides, transaminases, IgA ou ure basse. En cas de litige et dincertitude, il est possible de recourir un nouveau marqueur, la transferrine dsialyle (CDT, comme carbolydrate deficient transferrine) dont la spcificit est de lordre de 90 %. Elle est particulirement intressante en cas de discordance entre les GGT, les donnes chimiques et linterrogatoire. A lissue du dpistage, il convient de faire une analyse complte de la situation afin dinitier un projet thrapeutique en fonction du type dalcoolisation, de lexistence ou non dune dpendance et des rpercussions psychiques, somatiques et sociales.
Complications
Complications aigus
Livresse
Livresse, tmoin de lalcoolisation aigu, tmoigne de la toxicit de lalcool pour le systme nerveux. Lalcool dtermine des modifications objectives pour une alcoolmie faible (augmentation du rythme alpha ds 0,15 g/l, euphorie, difficult apprcier les risques, rtrcissement du champ visuel, allongement du temps de raction ds 0,5 g/l).
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Mtabolisme glucidique
Lingestion massive dalcool provoque dabord une hyperglycmie modre et transitoire, puis une hypoglycmie par inhibition de la noglucognse par excs de production de NADH. Lalcoolisation augmente la rponse insulinique au glucose et aux hypoglycmiants oraux. Les sujets fragiliss par un jene, le froid ou les diabtiques sous hypoglycmiants sont particulirement risque dhypoglycmie. Lintoxication chronique favorise lintolrance au glucose avec insulino-rsistance.
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Alcoolisme
Mtabolisme lipidique
Lalcool induit une inhibition de loxydation lipidique due une comptition entre alcool et acides gras. Lexcs de production dactate accrot la lipognse hpatique. Il existe une accumulation hpatique de triglycrides entranant une stanose par majoration de la synthse hpatique des VLDL. Lalcool favorise la restrification des AGL. Une hypertriglycridmie est observe chez 20 30 % des alcooliques, en dpit dune diminution de la libration des triglycrides par lhpatocyte, du fait dune diminution de lpuration plasmatique des VLDL et de laltration de lactivit de la lipoprotine lipase, notamment en cas de prdisposition gntique. Une ctognse alcoolique par accumulation dactate, consquence de lexcs de production de NADH, peut survenir en cas dalcoolisation chronique associe une insuffisance dapport en nutriments nergtiques chez les sujets fragiles (jene).
Hpatiques
Lalcool possde une hpatotoxicit directe lorigine de manifestations subaigus (hpatite alcoolique aigu) ou chronique (statose, cirrhose). Statose Cliniquement, elle sexprime par une hpatomgalie lisse, indolore, hyperchogne lchographie, accompagne parfois dune discrte lvation des transaminases. Evoque en prsence de signes dimprgnation thylique, elle est rversible avec le sevrage. Cirrhose Il sagit dune complication tardive, mais irrversible. Elle est la consquence dune fibrose diffuse et dun remaniement du parenchyme hpatique avec des nodules de rgnration anormaux expliquant lhypertrophie. Lvolution de la fibrose conduit une atrophie hpatique avec rduction considrable du parenchyme fonctionnel. L hpatite alcoolique aigu peut survenir nimporte quel stade de lhpatopathie alcoolique au dcours de priodes dalcoolisation plus intense. Elle traduit lhpatotoxicit de lalcool qui entrane des lsions hpatocytaires avec ncrose, raction inflammatoire et fibrose centrolobulaire prcoce. Dans la forme typique, plutt rare, co-existent altration de ltat gnral, intolrance digestive, hpatomgalie douloureuse et fivre. Dans les formes les plus graves, il existe une insuffisance hpatocellulaire avec dcompensation ictroascitique, hypertension portale pouvant se compliquer par une hmorragie et un coma hpatique. Les transaminases et la leucocytose sont leves. La cholestase est habituelle. Lhpatopathie alcoolique latente associe une cirrhose est la forme la plus frquente. Elle est diagnostique loccasion dune PBF. Corticothrapie et abstinence permettent de contrler la gravit de cette affection.
Alcool et micronutriments
Lalcoolisme est lorigine de certaines carences vitaminiques : B1, PP B6, folates. La prvalence de la dficience , en vitamine B1 (thiamine) est de lordre de 30 60 % et saccrot en cas de complication. Elle est la consquence dune carence dapport, dune diminution dabsorption, dune modification du mtabolisme de la thiamine avec dficit de phosphorylation hpatique et dune augmentation des besoins puisquelle est le cofacteur de lactaldhyde dshydrognase. Elle contribue la physiopathologie des complications neuropsychiatriques. Le dficit en folates est galement frquent et explique partiellement la macrocytose. Il est d une carence dapport ( lexception de la bire), une baisse de labsorption et une perturbation du mtabolisme des folates. Les mmes causes sont lorigine dune carence en vitamine B6. La consommation excessive dalcool modifie le statut des oligo-lments. Elle favorise une surcharge en fer et diminue le pool du zinc et du slnium.
Alcool et minraux
La surcharge en fer est frquente au cours de lalcoolisme chronique. Elle est due un apport excessif (le vin apporte des quantits en fer non ngligeables qui peuvent saccumuler dans le foie cirrhotique du fait dune augmentation de labsorption intestinale) et favorise par une mauvaise utilisation du fer par la moelle osseuse.
Gastriques
Nauses, pigastralgies et diarrhe motrice font partie des signes de lintoxication alcoolique chronique et traduisent son impact sur le tube digestif. Lalcoolisme est de surcrot associ un risque plus lev de gastrite rosive avec infection Helicobacter pilori. Il est, de plus, responsable dune malabsorption par lsion de la muqueuse digestive.
Alcool et poids
Lalcool est la seule drogue ayant une valeur nergtique calorique (7,1 kcal/g), mais sa relation avec le poids est complexe. Une mta-analyse rvle que la relation alcool-poids est ngative dans 15 % des cas et positive dans 50 % des cas chez lhomme, alors quelle est ngative dans 47 % et positive dans 12 % des cas chez la femme. Ceci rappelle que les calories alcooliques ne se retrouvent pas intgralement in vivo et que la valeur calorique in vivo est srement infrieure 7,1 kcal.
Pancratiques
Lalcoolisme est lun des grands pourvoyeurs de pancratite chronique calcifiante, ce qui se traduit par une aggravation de la dnutrition par maldigestion.
Neurologiques
Lalcool est la principale cause de neuropathie sensitive motrice priphrique chez ladulte. Polynvrite Elle touche les membres infrieurs et dbute par des dysesthsies, des crampes nocturnes, une sensation de pieds froids. Elle volue vers une paralysie avec hypotonie et amyotrophie prdominant sur la loge antro-externe de la jambe. Elle est due leffet toxique de lalcool ou de ses mtabolites et est favorise par la frquence de la carence
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Complications chroniques
Leur nature, leur frquence de survenue et leur gravit est trs variable selon les patients pour une mme alcoolisation. Le traitement spcifique se limite le plus souvent labstinence.
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Alcoolisme
en vitamine B1. Elle est lentement rversible aprs sevrage. Il est dusage dadministrer de fortes doses de vitamine B1. Nvrite optique rtro-bulbaire Cette affection progressive bilatrale avec scotome central dbute par une dyschromatopsie infra-clinique. Elle est principalement due aux mfaits conjugus de lalcool et du tabac. Le double sevrage en est le seul traitement. Epilepsie Les crises convulsives peuvent survenir loccasion dun pisode divresse, dune alcoolisation chronique prolonge ou dun arrt brutal de la consommation. Une consommation rgulire de 6 verres dalcool ou plus entrane ce syndrome une fois sur trois, mais il ny a pas de seuil de risque tabli. Son risque augmente avec des consommations de lordre de 25 g dalcool par jour, et ce dautant plus quelle est plus prcoce et associe une intoxication tabagique ou un cafinisme. La consommation dalcool est proscrire tout au long de la grossesse. Lembryoftopathie comporte un retard de croissance intra-utrin, une dysmorphie crnio-faciale et diverses malformations cardiaques, squelettiques et crbrales.
Divers
Ostoporose et fractures (surtout costales) sont favorises par lalcoolisme. Myopathie alcoolique : la forme aigu est rare (dme douloureux avec hyperkalimie, myoglobinurie et rhabdomyolyse). La forme chronique dinstallation progressive avec lvation des CPK entrane une faiblesse proximale des membres infrieurs. Hmatomes extraduraux ou sous-duraux survenant mme loccasion de chutes banales.
Psychiatriques
Encphalopathies alcooliques carentielles Dinstallation progressive, pouvant aboutir la dmence, parfois influences par le sevrage et la vitaminothrapie B1, elles sont le tmoin dune alcoolisation chronique prolonge. On en distingue plusieurs types : lencphalopathie de Gayet-Wernicke implique un dficit en vitamine B1 et en vitamine PP un effet toxique , direct de lalcool ou de lactaldhyde et une probable prdisposition gntique. Cliniquement, elle associe un syndrome confusionnel avec dsorientation et troubles de la vigilance, une ataxie et assez souvent des atteintes motrices oculaires. Le sevrage et la vitaminothrapie B1 doses leves (1 g/j) empchent lvolution fatale ; le syndrome de Korsakoff. Amnsie antrograde, dsorientation temporo-spatiale, fabulation et fausses reconnaissances en sont les signes cardinaux. Il peut faire suite lencphalopathie de GW, mais peut tre isol. Sevrage et vitamine B1 permettent denrayer son volution ; la dmence alcoolique avec atrophie cortico-sous-corticale est la consquence dun syndrome carentiel et de la neurotoxicit de lalcool. Elle associe des lments du syndrome de Korsakoff des signes frontaux. Etats anxiodpressifs En dehors de toute encphalopathie, lalcoolisme peut tre associ des troubles cognitifs et de lhumeur. Il existe des troubles de lhumeur avec irritabilit, anxit, dpression. La situation est parfois complexe et il peut tre difficile de distinguer la dpression ou lanxit primaire prcdant lalcoolisation de celle qui en est la consquence. Le recours un traitement antidpresseur ou anxiolytique bien argument a son utilit.
Prise en charge
Objectifs
La reconnaissance dun problme dalcool, la prise en charge la plus prcoce possible, la prvention des complications aigus et chroniques par la rduction de la consommation alcoolique ou lobtention dun sevrage en cas de dpendance sont les principaux objectifs. Ils sont nuancer selon les situations.
Consommation excessive
Information, conseils brefs, systmatiques et ngociation dobjectifs fonds sur lempathie, la responsabilisation sont du ressort du mdecin gnraliste afin de crer une motivation suffisante pour changer les habitudes. A un stade prcoce, labstinence nest pas la seule rponse opposer une consommation excessive.
Alcoolo-dpendance
La prise en charge du malade alcool-dpendant est plus difficile et sinscrit dans le long terme. Le premier objectif est de faire reconnatre au patient que sa consommation peut expliquer des anomalies cliniques ou biologiques et menace sa qualit de vie et sa sant actuelles et futures, bref de lui faire admettre son alcoolisme. Il est alors possible dtablir un contrat thrapeutique dont la premire tape est le sevrage. Le sevrage thrapeutique sintgre dans une stratgie globale de soins dont le but est de traiter les symptmes de dpendance physique et de prvenir les complications induites par larrt brutal. Cest le moment de concrtiser la prise de conscience de lalcoolisme par une exprience qui doit tre positive et valorisante sur le plan personnel, familial et professionnel. Diverses structures contribuent la ralisation de ces objectifs.
Cardio-vasculaires
Hypertension artrielle et troubles du rythme : la prvalence de lHTA est multiplie par 2 chez les consommateurs de plus de 6 verres dalcool/jour par rapport aux abstinents. Les troubles du rythme graves avec risque de mort subite sont dus lalcoolisation aigu. Cardiomyopathie dilate primitive : elle peut tre due la consommation excessive dalcool et partiellement rversible aprs arrt de lintoxication.
Situations particulires
Intoxication alcoolique aigu : livresse banale justifie une mise labri en attendant la diminution spontane de lalcoolmie. Selon ltat dagitation, une benzodiazpine ou un neuroleptique sdatif pourront tre adminis2S51
Ftopathie
Le syndrome dalcoolisme ftal est d un effet toxique direct de lalcool et de lactaldhyde.
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Alcoolisme
trs, sous rserve dune surveillance des paramtres respiratoires et tensionnels. Une hospitalisation avec mise en place dune voie dabord et administration de vitamines B1 et B simpose en cas de coma. La prvention de lencphalopathie de GayetWernicke est ncessaire chez tout alcoolique chronique prsentant un coma thylique ou une affection grave intercurrente. Elle se fait par ladministration de fortes doses de vitamine B1 (1g/j) en vitant de perfuser du srum glucos seul qui accrot la consommation des rserves en vitamine B1. La ctose alcoolique, rare, relve dun traitement par srum glucos, insuline faible dose et vitamine B1. de sevrage ambulatoire, de troubles psychopathologiques marqus, en cas denvironnement nfaste ou de dsocialisation. Lhospitalisation, denviron une semaine pour contrler les manifestations de sevrage, doit tre relaye par un sjour prolong en centre de cure ou de post-cure.
Laccompagnement post-sevrage
Il est indispensable pour que labstinence se poursuive sur la base dun contrat. Le soutien psychothrapeutique ou laccompagnement psychologique aide reconstruire une vie en dehors de lalcoolisation et de tout ce qui gravite autour. Le mdecin peut saider dautres intervenants dans le cadre dun rseau de soins : mdecins du travail, travailleurs sociaux, mouvements danciens buveurs, entourage familial. Les pisodes de ralcoolisation sont frquents, mais sespacent peu peu. Ils ne signent pas lchec total du sevrage. La gestion de ce risque justifie laccompagnement au long cours. Chaque pisode doit permettre de rebondir et consolider la motivation de labstinence.
Les structures
CCA (centre de cure ambulatoire en alcoologie) : cette structure a un rle daccueil, de dpistage, de prvention et de traitement. Daccs gratuit, elle dispose dune quipe mdicale, paramdicale et sociale. Elle reoit des patients adresss par le mdecin gnraliste ou du travail, les services hospitaliers et de la DDASS (en cas dalcoolmie contrle suprieure 0,5 g/l). Hospitalisation : elle simpose en cas de syndrome de sevrage svre ou daffection associe. Elle correspond la traditionnelle cure de dsintoxication et na dintrt que si un suivi post-hospitalisation est assur par le mdecin traitant, le CCAA, un centre de poste-cure ou un mouvement danciens buveurs. Centre de cure : tablissement spcialis dans la prise en charge de la dpendance alcoolique ralisant le sevrage (1 semaine), suivi dune prparation la vie sans alcool (3 semaines). Centre de post-cure (long sjour) : il vise consolider le sevrage par un suivi de 1 3 mois. Ladmission se fait sur prescription mdicale et sur la base du volontariat. Un accompagnement mdico-psychologique et des activits de rhabilitation y sont proposs. Associations danciens malades alcooliques : elles facilitent les relations amicales sans risque de consommation dalcool entre des personnes qui partagent une problmatique commune. Elles sapparentent une thrapie de groupe et confortent labstinence. Les plus connues sont les Alcooliques Anonymes, la Croix Bleue, Sant et Famille, Croix dOr...
La phase daccompagnement
Lanxit ou la dpression prexistante lalcoolisation sont volontiers exacerbes aprs le sevrage et ncessitent une gestion psychothrapique ou par anxiolytiques et antidpresseurs. Le recours aux inhibiteurs de la recapture de la srotonine parat intressant en cas de compulsions. Il existe quelques traitements spcifiques visant faciliter labstinence : traitement aversif : le disulfiram provoque un effet antabuse en cas de consommation simultane dalcool. Lefficacit dpend de lobservance. Le principe de cette mthode est cependant contestable ; diminution de lapptence pour lalcool : lAcamprosate et la Naltrexone (antagoniste des opiodes endognes) diminuent significativement lapptence pour lalcool. La complexit de la maladie alcoolique oblige faire flche de tout bois avec une prise en charge globale en prenant en compte le malade, son environnement, en associant, sous la coordination dun mdecin, lensemble des moyens psychologiques, relationnels et mdicamenteux.
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La conduite du sevrage
Le sevrage ambulatoire
Envisageable en cas de dpendance physique modre, il permet le maintien du malade dans son environnement socio-professionnel et familial, face aux occasions habituelles dalcoolisation. Il est soutenu par une mise en confiance, une relation mdicale forte et informative et par la prescription danxiolytiques, qui est presque toujours ncessaire, associe une vitaminothrapie B1 et B6. Le cap de la semaine franchi, il ny a plus de manifestations dun syndrome de sevrage et cest laccompagnement mdico-psychologique personnalis qui doit se mettre en place en saidant des structures de soins (CCAA, mdecin gnraliste, centre de post-cure et associations danciens buveurs).
Le sevrage institutionnel
Il est indiqu en cas de dpendance physique svre, dantcdents de delirium tremens, dchec de tentatives
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Alcoolisme
Laccumulation dactaldhyde sous leffet de divers mdicaments (cphalosporine, sulfamides hypoglycmiants, antifongiques et bien sur disulfiram) est lorigine dune raction antabuse. Les cancers des voies aro-digestives suprieures sont la 4e cause de mortalit prmature chez lhomme avant 65 ans. Ils sont clairement lis la consommation conjointe de tabac et dalcool avec, pour certains cancers ORL, un risque relatif de 120 par rapport aux abstinents tabac-alcool. Lalcool interagit avec divers mdicaments avec des consquences symptomatiques. Au niveau hpatique, lingestion massive peut entraner une hypoglycmie chez les diabtiques traits par insuline ou sulfamides et une acidose lactique chez ceux qui sont sous biguanides. Par son interaction avec le cytochrome P450, il augmente laction thrapeutique des AVK, des benzodiazpines et du phnobarbital en cas dintoxication aigu. Au contraire, lintoxication chronique rduit lactivit thrapeutique du fait de linduction enzymatique. Enfin, au niveau crbral, lalcool potentialise laction des psychotropes sdatifs (anxiolytiques, hypnotiques, neuroleptiques...).
Pour approfondir
Consommation
La consommation dalcool pur, par an et par habitant, estime 11 litres, place la France au 3e rang europen. En fait, la consommation dcrot rapidement depuis 1970 (25 litres), alors que la tendance est inverse dans la plupart des autres pays europens. La consommation de vin est dominante (54 % contre 27 % pour la bire, et 19 % pour des alcools forts). Il existe dimportantes disparits rgionales. La consommation de bire est plus importante dans le nord et lest de la France. La consommation des vins de table est peu peu dlaisse au profit des vins dits de qualit suprieure (VDQS) ou dappellation dorigine contrle (AOC). Les modes de consommation sont variables. La consommation de type coutumire est dominante. Les hommes consomment en moyenne 1,9 et les femmes 0,7 verre dune boisson alcoolise par jour. Le pic de consommation se situe vers la cinquantaine et se fait sur un mode rgulier avec dimportantes variations quantitatives. Les pratiques de consommation voluent. Les adolescents sont de plus en plus des consommateurs risque du fait dune consommation de plus en plus prcoce sur un mode discontinu par accs avec excs. 20 % des garons et 5 % des filles de 18 ans ont prsent des ivresses multiples dans lanne. Drogue, alcool, tabac sont souvent associs. Lalcoolisation fminine augmente nettement et les femmes reprsentent aujourdhui un quart des malades ayant des problmes avec lalcool. Les frontires entre la consommation conviviale et coutumire sans danger pour la sant et la consommation risque, inadapte ou excessive sont difficiles tracer. On admet quune consommation rgulire de 1 3 verres dune boisson alcoolise est acceptable, voire mme cardio-protecteur, le seuil de risque tant fix 30 g dalcool par jour.
ANNEXE 1
Gnralits sur les boissons alcoolises Teneur en alcool
Le degr alcoolique (DA) dune boisson correspond au volume en alcool (va) contenu dans le volume (v) DA = va x 100. V Sachant que la densit de lalcool est de 0,8, la quantit dalcool pur contenu dans un litre de vin 13 est : va = DA x V x 0,8 = 13 x 1 000 ml x 0,8 = 104 g 100 100 Les verres traditionnels apportent approximativement la mme quantit dalcool pur (10 g) parce quils sont adapts chaque boisson : 1 verre de vin rouge 12 (10 cl) = 1 verre de bire 5 (25 cl) = 1 dose de whisky 40 (2,5 cl) = 1 verre dapritif 18 (7 cl).
Morbi-mortalit
Lusage inadapt de lalcool concerne plus de 4 millions de personnes en France, avec 1,5 million de patients alcoolo-dpendants et 2,5 millions qui sont risque ou menacs, bien quils soient mme de contrler leur consommation. En mdecine gnrale, une enqute a tabli la prvalence des problmes lis lalcool 16 % (25 % chez les hommes et 10 % chez les femmes). En milieu hospitalier, la prvalence est de 15 25 %, dont un quart sont hospitaliss directement pour la maladie alcoolique. Lalcoolisation est une cause importante de surmortalit. Lalcool est directement responsable denviron 35 000 dcs par an (6 % des dcs en France), soit la 3e cause de mortalit aprs les maladies cardio-vasculaires et les cancers. La mortalit par cirrhose et psychose alcoolique est en diminution constante, alors que la mortalit par les cancers des voies aro-digestives suprieures dues lassociation alcool-tabac est stable. Labus dalcool joue un rle majeur dans la mortalit par mort violente (25 % des accidents de la circulation, 10 % des accidents du travail, 25 % des suicides et plus de 50 % des homicides volontaires). La mortalit lie lalcoolisme dpend du sexe (112/100 000 hommes et 22/100 000 femmes) du statut matrimonial (3 fois plus chez les divorcs) et du statut professionnel (prs de 10 fois plus chez les ouvriers que chez les cadres). Il existe des disparits gographiques, avec un croissant de surmortalit allant de la Bretagne lAlsace en passant par le Nord-Pas-de-Calais.
Connaissance des boissons alcoolises Tableau I : Degr alcoolique des principales boissons
Vin Liqueur Alcools forts, digestifs Bire mnage luxe forte sans alcool 10 16 18 20 40 et plus 3 5-6 9 < 1,2
Co-morbidit
La consommation excessive dalcool peut sinscrire dans un contexte addictif plus gnral avec tabagisme, consommation de drogues et de mdicaments psychotropes. Ce comportement sobserve particulirement parmi les adolescents.
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Le catabolisme de lalcool ingr en quantit modre contribue la couverture des besoins nergtiques en fournissant 7,1 kcal/g qui ne sont, toutefois, pas totalement utilisables in vivo. La voie principale est loxydation hpatique de lalcool en actal2S53
Alcoolisme
dhyde par lalcool dshydrognase. Elle a pour cofacteur le NAD+ et libre de lnergie qui peut tre stocke sous forme dATP Ingre en plus grande quantit, lalcool entre dans la voie . du systme microsomial doxydation (MEOS), ce qui permet dacclrer son oxydation, mais lnergie ainsi produite ne peut tre stocke et est perdue sous forme de chaleur. Loxydation par la voie de la catalase est une solution accessoire. Lactaldhyde produit par ces ractions est un compos toxique mtabolis en actate par une actaldhyde dshydrognase qui est introduit dans le mtabolisme intermdiaire (cycle de Krebs). Le facteur limitant est la disponibilit de NAD+. La vasodilatation priphrique induite par lalcool augmente la thermolyse.
ANNEXE 4
La prvention et la dimension mdico-lgale
La grande frquence des accidents sur la voie publique en rapport avec une imprgnation alcoolique a inspir des dispositions rglementaires visant rprimer la conduite de vhicules sous linfluence de lalcool. Des contrles prventifs en labsence daccident ou dinfraction ont t institus en 1978 dans un but de dissuasion. La loi du 29 aot 1995 prcise que la conduite de tout vhicule, mme en labsence de tout signe divresse manifeste est un dlit lorsque lalcoolmie est suprieure ou gale 0,50 g/l ou lorsque la concentration dalcool pur dans lair expir atteint ou dpasse 0,25 g/l. Le contrle est aussi obligatoire en cas de crime, dlit, accident ayant entran un dcs. Le refus du contrle est passible dune amende de 25 000 francs et demprisonnement (1 an). Il se fait suivant trois modalits : alcootest : il a pour but de dpister une imprgnation thylique. Ngatif, il dispense de la mesure quantitative de lalcool dans lair expir ou le sang, thylotest : mesure de lalcool dans lair expir. Le dpassement du seuil lgal de 0,25 g/l est confirmer par la mesure de lalcoolmie, alcoolmie : la prise de sang est effectue par un mdecin requis cet effet, au maximum dans les 6 heures suivant une infraction ou un accident. Le sang est rparti en deux flacons tiquets et scells. Le premier est adress pour dosage un biologiste expert. Le deuxime est destin un ventuel contrle par un autre biologiste expert, la requte dun magistrat.
Cintique
Elle dpend principalement du mtabolisme, labsorption gastrique (30 %) et intestinale (70 %) tant totale et llimination par les urines, la sudation ou la respiration tant faible. Le pic maximal dalcoolmie (Cmax) et le dlai de survenue (Tmax) dpendent de la teneur alcoolique, de la vitesse dingestion, de lenvironnement alimentaire et de la vitesse de vidange gastrique. Lespace de dilution se superpose pratiquement avec le compartiment hydrique, la diffusion dpendant du flux sanguin. La dcroissance de lalcoolmie est denviron 0,15 g/heure. Un homme de 70 kg peut liminer plus de 100 g dalcool par 24 heures.
ANNEXE 2
Le questionnaire CAGE/DETA : 2 rponses positives ou plus sont en faveur dune consommation excessive. 1. Avez-vous dj ressenti le besoin de diminuer votre consommation de boissons alcoolises ? 2. Votre entourage vous a-t-il dj fait des remarques au sujet de votre consommation ? 3. Avez-vous dj eu limpression que vous buviez trop ? 4. Avez-vous dj eu besoin dalcool ds le matin pour vous sentir en forme ?
ANNEXE 3
Mtabolisme de lalcool
NADPH et O2
Alcool
3
actaldhyde
actate lipides
1. Voie principale par lalcool dshydrognase ; loxydation est limite par la disponibilit de NAD+ 2. Voie du systme microsomal doxydation (MEOS) mise en jeu pour une alcoolmie > 0,30 g/l 3. Voie accessoire de la catalase (voie des radicaux libres) * Compos volatil et toxique dont laccumulation est responsable de leffet antabuse.
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Alcoolisme
5. Laggravation du diabte est lorigine de la prescription dun sulfamide hypoglycmiant. Le patient, toujours intemprant, prsente deux pisodes dhypoglycmie svre en fin de nuit. Par quel mcanisme ? 6. Quelles sont les chances de voir se normaliser le bilan biologique ? 7. En labsence de reprise de lalcoolisation aprs 1 an, peut-on considrer que ce patient est guri sur le plan de la maladie alcoolique ?
Cas clinique n 1
Lors de lexamen annuel en mdecine du travail dun oprateur de production de 46 ans, tabagique (30 paquets/annes), il est not : une perte de poids en 1 an de 4 kg (BMI = 27), des troubles du sommeil, quelques problmes relationnels au sein de son quipe, une trmulation des extrmits, une tachycardie 90/minute, une hypersudation et un clat particulier du regard. Il ny a pas de troubles de lapptit ni aucun autre signe dappel lexamen. Il ny a pas eu dabsentisme anormal ni daccident de travail rcent. Lhypothse dune surconsommation alcoolique est voque lors de lentretien, mais nie avec force et conviction. Il ne prend aucun traitement. 1. Quels signes sont vocateurs dune consommation excessive dalcool ? Quel diagnostic diffrentiel pourrait tre voqu ? 2. Quels moyens sont susceptibles de confirmer ou dinfirmer cette hypothse diagnostique ? 3. Le bilan met en vidence, entre autres, une triglycridmie 2,5 g/l, une uricmie 85 mg/l et une discrte lvation des transaminases. Quelle est votre interprtation ? 4. La ralit de la consommation excessive dalcool est finalement tablie. Quelle stratgie thrapeutique proposez-vous ?
Cas clinique n 2
Cet ancien toxicomane, g de 43 ans, chmeur de longue dure, mari et pre de 3 enfants, consulte la suite dune chute dans les escaliers de son immeuble survenue la veille. Il se plaint par ailleurs de douleurs abdominales intenses voluant par crises, mal soulages par les antispasmodiques. Son haleine est vocatrice dune consommation alcoolique excessive. Il existe des varicosits faciales, une trmulation des extrmits et une altration de ltat gnral. Le rebord hpatique ferme est palp. Les rflexes des membres infrieurs sont abolis et il existe un largissement du polygone de marche. Le poids est de 72 kg pour 181 cm, sans notion damaigrissement rcent. Linterrogatoire tablit une consommation alcoolique mixte apritif, vin et bire occasionnelle, mais frquente, une condamnation avec retrait du permis de conduire la suite dun accident de voiture sans blesss. Une premire tentative de sevrage prise linitiative de lintress avait chou aprs 4 jours avec recrudescence de la trmulation et installation dune agitation psychomotrice. Le bilan sanguin : GGT 148 UI/l, VGM 98 3, glycmie 8,2 mmol/l, albuminmie 32 g/l, TP 68 %. 1. Quelles sont les complications imputables lalcoolisme ? 2. Comment dfinir cet alcoolisme chronique ? 3. Quelle est la stratgie de sevrage ? 4. Une nouvelle tentative de sevrage russie est suivie 3 semaines plus tard dun pisode dalcoolisation aigu et massive avec crise comitiale. Le patient relate des pisodes dangoisse et une aggravation de linsomnie. Quelle attitude avoir moyen terme ?
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Alcoolisme
pagnement ne doit pas se relcher. Labstinence au long cours, sinon dfinitive, est lobjectif primordial. Ladministration de mdicaments rduisant lapptence pour lalcool, tels que lacamprosate ou le naltrexone, constitue un appoint intressant la phase daccompagnement, mais ne dispense pas dune approche psychothrapique dans ce contexte daddiction. Le rapprochement avec une association danciens buveurs est encourager. Lintrt dun traitement aversif est discuter en cas dchec de ces mesures. 5. Lexcs de production de NADH conscutive loxydation de lalcool favorise la survenue dune hypoglycmie par inhibition de la noglucognse. De plus, leffet insulinoscrteur des sulfamides hypoglycmiants est favoris par lalcool. 6. Laugmentation des GGT et du VGM sont les tmoins de lalcoolisation chronique excessive. Le sevrage et labstinence entranent une normalisation rapide des GGT et diffre des VGM. Llvation de la glycmie pourrait tre un tmoin de latteinte pancratique. Elle nest pas toujours rversible, mais est moins volutive aprs une abstinence prolonge. Lhypoalbuminmie et la diminution du TP ont toutes les chances de se stabiliser, voire de se normaliser dans les mmes conditions. 7. Une abstinence prolonge ne prmunit pas contre une nouvelle pousse dalcoolisation. La vigilance et laccompagnement sont maintenir intervalles de plus en plus espacs.
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Smiologie
Points comprendre
La frquence des troubles du comportement alimentaire augmente dans les socits haut niveau de vie. Les causes de ces troubles du comportement alimentaire sont domines par les comportements de restriction, le souci de minceur, la difficult faire face aux situations conflictuelles, les difficults psychologiques. Leur diagnostic est purement clinique et facile pour peu quon y pense. Ces troubles induisent des altrations de ltat nutritionnel parfois svres : dnutrition dans lanorexie mentale ; hypokalimie et carences dans la boulimie ; surpoids, obsit et leurs complications en cas de compulsions alimentaires. Leur traitement implique une prise en charge, nutritionnelle et psychologique. La recherche des troubles du comportement alimentaire, TCA, est un temps indispensable et systmatique de lvaluation clinique en nutrition. Les TCA peuvent tre dtects ds lexamen initial, mais aussi apparatre au cours de la prise en charge, en particulier au cours de rgimes exagrment restrictifs.
Lanalyse descriptive du comportement alimentaire porte sur les conduites et les finalits.
Squence comportementale
La prise alimentaire sorganise en une squence priodique de structure habituellement bien dfinie, comportant schmatiquement trois phases. Phase pr-ingestive Cest la phase qui prcde le repas. Chez lanimal, elle est caractrise par un tat dveil et la recherche active de nourriture. Chez lhomme, elle est marque par le stockage, le choix des aliments, la prparation du repas. Phase ingestive Cest la phase du repas ou phase prandiale. Elle se droule en 3 temps : linitiation du repas, la prise du repas, larrt de la prise alimentaire. Phase post-ingestive Elle dbute aprs le repas et dure jusquau repas suivant. En clinique, il nest pas possible dobserver le comportement alimentaire. La seule source dinformation est linterrogatoire du sujet qui dcrit son comportement, les signaux, les sensations qui lui sont associs.
Smiologie
On les fera dcrire par linterrogatoire pour prciser sils interviennent ou non dans linitiation, la poursuite et linterruption de la prise alimentaire. La faim Cest le besoin physiologique de manger sans spcificit (cest--dire sans orientation vers un aliment prcis). Cest un ensemble de sensations secondaires la privation de nourriture. La faim dtermine la recherche de nourriture et lheure de la prise alimentaire. Elle est souvent dcrite comme un creux, une sensation de vide gastrique, elle est parfois accompagne danxit, dirritabilit. L apptit Cest lenvie de manger un aliment ou un groupe daliments dfinis. En gnral, ces aliments sont apprcis, le sujet en a dj fait lapprentissage et en attend une sensation plaisante. Lapptit inclut une anticipation en gnral agrable. Lapptit dtermine la slection et la consommation daliments spcifiques. Le rassasiement Cest la sensation prouve lors de ltablissement dynamique de la satit au cours du repas. Le rassasiement dtermine la fin du repas et contrle son volume. La satit La satit est souvent dcrite comme une sensation de plnitude gastrique et de bien-tre. Cest ltat dinhibition de la prise alimentaire. Elle dure jusqu la rapparition de la faim qui va initier la prise alimentaire suivante (et une nouvelle squence comportementale). La tachyphagie, cest--dire une rapidit particulire de la prise alimentaire, peut contribuer lhyperphagie de mme que la tendance consommer de larges portions. Lhyperphagie prandiale est souvent mal identifie par les patients. Ceux-ci ont une conception de la norme alimentaire lie leur apprentissage pralable (ducation alimentaire) et leur propre reprsentation de ce quest une alimentation normale. Hyperphagies extra-prandiales Grignotage Le grignotage est caractris par lingestion rpte, quasi automatique, de petites quantits de divers aliments non spcifiques sans ressentir de faim ou dapptit, bien que les aliments consomms soient souvent jugs agrables. Il sagit dun comportement passif o la disponibilit des aliments, facilement accessibles, joue un rle essentiel. Il sassocie frquemment une sensation dennui. Le grignotage est facilement admis par les patients, car il ne saccompagne pas spcifiquement dun sentiment de culpabilit. Sa quantification est souvent difficile du fait de son caractre passif, rpt et automatique. Compulsions alimentaires Les compulsions alimentaires dcrivent une consommation impulsive, brutale dun aliment (ou une catgorie daliments) donn, souvent apprci, en dehors des repas, typiquement en rponse une envie plutt qu la faim. Les pisodes saccompagnent initialement dun soulagement, voire dun plaisir, puis dun sentiment dsagrable de culpabilit. La notion de compulsion est indpendante du volume de la prise alimentaire. Ces pisodes surviennent frquemment en fin de journe en rapport avec langoisse vesprale, avec la perte du contrle social lors du retour domicile. Les compulsions sont frquentes chez les patients sous rgime. Les auteurs anglo-saxons, dans un registre proche, dcrivent le craving (urgence manger) qui correspond une envie imprieuse et intense de manger. Accs boulimique La crise ou accs boulimiques sont des prises alimentaires massives survenant en dehors des repas en labsence de sensation de faim. Au cours de laccs, le sujet ingre de grandes quantits de nourriture au-del de toute satit. La notion de perte de contrle est essentielle. La qualit gustative des aliments est gnralement indiffrente. Cest en gnral la contenance gastrique qui constitue le facteur limitant le volume de la prise. Le sujet sarrte cause de lapparition de douleurs gastriques ou par vomissements spontans. Pendant les crises, le sujet est seul et le comportement boulimique est en gnral cach lentourage. Il est gnralement conscient du caractre anormal de son comportement et ressent angoisse et honte.
Hyperphagies
Hyperphagie prandiale Lhyperphagie prandiale correspond une augmentation des apports caloriques au moment des repas. Elle peut tre lie : une augmentation de la faim ou de lapptit, une sensibilit excessive au plaisir sensoriel associ aux aliments, un recul du rassasiement ou labsence de satit, un dpassement de la satit.
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Hypophagie
Anorexie Lanorexie se dfinit par labsence de faim ou de satit lheure habituelle des repas. Cest le maintien dun tat dinhibition de la prise alimentaire. Il faut distinguer lanorexie du refus de manger chez des sujets qui peroivent les signaux de faim. Lhypophagie peut tre due linvestissement particulier de la sensation de faim.
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Smiologie
Comportements restrictifs La restriction dite cognitive se dfinit comme la tendance limiter volontairement son alimentation dans le but de perdre du poids ou de ne pas en prendre. Cest une contrainte exerce de manire prolonge sur le comportement alimentaire. Cest un choix dlibr. Les modalits en sont variables : sauter un repas, jener, repas basses calories, etc. Les dterminants des troubles du comportement alimentaire sont multiples et souvent intriqus ; biologiques, psychologiques et sociaux. Les dterminants psychologiques peuvent tre lis une situation de mal-tre, de msestime de soi, de dpression, de restriction chronique. Le trouble du comportement alimentaire est un passage lacte qui apporte un soulagement transitoire. La dpression et limpulsivit lie la restriction sont des dterminants frquents. Sur le plan biologique, il faut insister sur le rle dclenchant ou facilitateur des rgimes, de la restriction calorique. Celle-ci favorise limpulsivit alimentaire, lobsession alimentaire. Enfin, les dterminants socio-culturels sont lis la pression sur lidal minceur. Il sagit daider le patient identifier les origines de ses difficults psychologiques et de mettre jour linfluence des rgimes trop restrictifs. Faire dcrire au patient les circonstances au cours desquelles le symptme se manifeste est donc essentiel. Le carnet alimentaire aide dans cette dmarche.
Pour approfondir
Les principaux syndromes Anorexie mentale
Cest le syndrome le plus anciennement rpertori et dcrit (cf. infra). Signes cliniques Les principaux signes (tableau I) sont en dehors de la conduite anorexique : peur intense de grossir qui ne diminue pas avec la perte de poids, trouble de limage du corps, cest--dire dune impression dcrite par le sujet dtre gros mme quand il est maci. La notion de dni est essentielle : la patiente ne se voit pas dnutrie ; elle affirme au contraire quelle doit perdre du poids, parce quelle est trop grosse, perte de poids dau moins 25 % du poids initial, ou, si le sujet est g de moins de 18 ans, une perte de poids qui, additionne la prise de poids prvue par projection partir des normes de croissance, quivaut 25 % du poids, refus de maintenir le poids au-dessus dun poids normal minimum, absence de toute affection somatique pouvant rendre compte de cette perte de poids.
Du normal au pathologique
Un comportement alimentaire est considr comme normal sil satisfait sa triple fonction biologique, affective et relationnelle et contribue au maintien dun bon tat de sant. Le comportement alimentaire peut tre modifi dans de nombreuses circonstances. Il peut sagir dun mcanisme adaptatif. Tel est le cas de lhyperphagie du diabte dcompens ou de lhyperthyrodie. On ne peut pas parler ici de pathologie primitive du comportement alimentaire. Ailleurs, le dsordre alimentaire peut tre le symptme dune maladie gnrale : par exemple lanorexie du patient cancreux. Pour que lon considre une caractristique du comportement alimentaire comme une pathologie du comportement alimentaire, les conditions suivantes doivent tre requises : la conduite alimentaire diffre de faon importante sur le plan qualitatif ou quantitatif de la conduite habituelle des individus vivant dans le mme environnement nutritionnel, social et culturel, la conduite alimentaire entrane des consquences nfastes sur la sant physique (obsit, dnutrition, carences) ou psychologique (sentiment danormalit, exclusion sociale, obsession, dpression...), la conduite alimentaire tmoigne dune difficult existentielle, dune souffrance psychologique ou dune lsion du systme biologique qui contrle la prise alimentaire. Le dsordre du comportement alimentaire reprsente gnralement une rponse rptitive, univoque, systmatique une situation de mal-tre. Exceptionnellement, ces troubles peuvent tre lis des dsordres organiques (tumeur de lhypothalamus : y penser en cas de cphales, troubles visuels, de manifestations endocriniennes). Cest dire limportance de lexamen clinique qui doit inclure : une anamnse pondrale et nutritionnelle, une valuation de ltat nutritionnel et somatique, la recherche des consquences pathologiques connues des troubles alimentaires (tableau IV), une valuation psychologique, une valuation de la situation sociale et conomique, la recherche dautres dsordres comportementaux.
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Smiologie
Le diagnostic est facile en pratique clinique un stade dj avanc de la maladie. Il est quasi impossible de faire accepter initialement aux malades un objectif pondral, mme normal bas. La malade exprime un mal-tre, est angoisse et plus ou moins dprime. Aucun examen complmentaire nest requis pour le diagnostic : si la malade refuse datteindre un poids mme minimal ou de prendre 10 kg, le diagnostic est certain : il ny a pas lieu de doser les hormones thyrodiennes, ni de demander des explorations digestives compltes. En revanche, si la malade ne soppose pas un projet de poids normal, le diagnostic est incertain : il faut sassurer quil nexiste pas une autre affection, inflammatoire (VS, CR P), digestive (Crohn, maladie cliaque) ou endocrinienne (hyperthyrodie, insuffisance corticotrope). Surtout, il faut chercher des lments qui conditionnent le pronostic : 1. vomissements et/ou crises de boulimie, 2. dnutrition et malnutrition, 3. gravit de la situation psychiatrique. Attention : les marqueurs nutritionnels usuels sont en dfaut : albuminmie, pr-albuminmie (transthyrtine), transferrinmie, hmoglobinmie, fer srique, calcmie, phosphormie, ont longtemps une concentration plasmatique normale. Leur baisse est soit un signe de gravit certain, soit le signe dune complication infectieuse de la dnutrition ou dune affection associe. Complications Les complications et le pronostic sont avant tout le fait de la dnutrition et des vomissements (tableau II). Dnutrition : amyotrophie et dficit fonctionnel musculaire (muscles stris et notamment cardiaque ; muscles lisses digestifs : reflux gastro-sophagien, ralentissement de la vidange gastrique, constipation). Vomissements : hypokalimie et troubles du rythme cardiaque. Cest pourquoi il faut diffrencier : anorexie mentale restrictive : la malade maigrit par le seul fait des restrictions alimentaires et de lhyperactivit physique : le risque court et long terme est la dnutrition et aux multiples carences en nutriments ; anorexie boulimie : la malade saide, pour maigrir, de vomissements et/ou de prise de laxatifs (ou diurtiques). Outre les risques ci-dessus, il faut craindre les troubles du rythme cardiaque lis la dnutrition et aggravs par lhypokalimie (et autres dficits en minraux). Deux autres complications obrent le pronostic : Ostopnie et ostoporose : lostopnie touche prs de 50 % des malades 5 ans aprs le diagnostic ; lostoporose affecte prs dun tiers des malades aprs 10 ans dvolution. Elle est fonction de la dure de la maladie, de la longueur de lamnorrhe, de la rduction des apports nergtiques. Elle ne parat pas pouvoir tre prvenue par des apports de calcium et de vitamine D suffisants. Le dficit en hormones sexuelles et lhypercorticisme relatif y participent sans doute, mais dautres facteurs sont impliqus. Hypofertilit Les autres complications sont : syndrome de Raynaud, potomanie : jusqu 8-10 l/j qui peut induire hyponatrmie et troubles de la conscience, rtention hydro-sode, hypercorticisme modr, profil hormonal de type pr-pubertaire. Pronostic Le pronostic est li la dnutrition et la survenue de boulimie. Dans la forme restrictive, 5 % des malades meurent de dnutrition aprs 10 ans dvolution. Tout doit donc tre tent pour viter une dnutrition majeure. Dans la forme boulimique, 10 % des malades aprs 10 ans dvolution dnutrition aggrave dhypokalimie. Au cours de la phase de sortie de la dnutrition, quand la malade aura accept de reprendre du poids, des crises de boulimie peuvent apparatre ou rapparatre.
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Physiopathologie On retiendra : le contexte psychologique : dpression, manque de confiance, msestime de soi, trouble de limage de soi, difficults relationnelles familiales. La malade se sent rassure et affermie par la perte de poids. Le jene stimule les hormones de stress et une hypervigilance. A linverse, le repas entrane faiblesse, somnolence qui accroissent langoisse. La dnutrition qui sinstalle ralentit la vidange gastrique et le transit digestif, augmentant linconfort post-prandial. Elle diminue aussi le got et les sensations hdoniques autour du repas et favorise le repli sur soi. Le dni de la ralit corporelle est un autre lment cl ; la composition corporelle : la perte de poids est autant de la masse maigre que de la masse grasse. Avec lamaigrissement, lostoporose se dveloppe. En dessous dun IMC de 15 kg/(m)2, la rtention hydrosode sinstalle et marquera ltape de renutrition : les dmes sont sources derreurs dinterprtation du poids pris : la prise de 2 kg deau en 3 jours sous rgime normosod normocalorique peut angoisser la malade et rassurer le mdecin tort ! ladaptation nergtique : la dpense nergtique (DE) de repos diminue avec la diminution de la masse maigre et la rduction des apports nergtiques ; la DE post-prandiale diminue avec la rduction des apports. Lactivit physique peut tre importante.
Boulimie nerveuse
Signes cliniques Ce syndrome concerne gnralement des sujets jeunes (des femmes, dans limmense majorit des cas) prsentant des crises boulimiques et maintenant un poids normal. Les critres diagnostiques du DSM-IV (manuel de diagnostic psychiatrique nord-amricain) sont prsents dans le tableau III. Les points cls du diagnostic sont : la frquence et la rptition des crises, lassociation des stratgies de contrle du poids et la notion de perte de contrle, langoisse et la culpabilit. La frquence, les moments de survenue dans la journe, lintervalle entre les crises varient dun sujet lautre. La patiente boulimique est consciente du caractre anormal de son comportement alimentaire, mais ceci ne suffit pas lempcher. Le maintien dun poids normal sexplique par des comportements visant annuler les effets de la prise alimentaire sur le poids, les plus courants tant les vomissements spontans ou provoqus. Cette maladie est frquemment associe aux troubles de la personnalit et ncessite toujours une prise en charge psychiatrique spcifique. Le diagnostic peut tre difficile, car les malades nen parlent pas facilement. Il faut donc savoir mettre la malade en confiance et ne pas avoir lair de la juger. Il faut chercher les facteurs de risque et les signes indirects : un regard trs ngatif sur lalimentation, des propos comme je ne mange rien sont vocateurs.
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Smiologie
Tableau III Critres diagnostiques de la boulimie nerveuse
A. Survenue rcurrente de crises de boulimie. Une crise de boulimie rpond aux deux caractristiques suivantes : absorption, en une priode de temps limite, dune quantit de nourriture largement suprieure ce que la plupart des gens absorberaient en une priode de temps similaire et dans les mmes circonstances ; sentiment dune perte de contrle sur le comportement alimentaire pendant la crise (par exemple, sentiment de ne pas pouvoir sarrter de manger ou de ne pas pouvoir contrler la nature ou la quantit des aliments consomms). B. Comportements compensatoires inappropris et rcurrents visant prvenir la prise de poids tels que vomissements provoqus, emplois abusifs de laxatifs, diurtiques, lavements ou autres mdicaments, jene, exercice physique excessif. C. Les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropris surviennent tous deux, en moyenne, au moins deux fois par semaine pendant 3 mois. D. Lestime de soi est influence de manire excessive par le poids et la forme corporelle. E. Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des pisodes danorexie mentale. Spcifier le type : type avec vomissements ou prise de purgatifs (purging type), type sans vomissement ni prise de purgatifs (non purging type). Complications Les risques somatiques sont lis aux vomissements et leurs consquences digestives et hydrolectrolytiques (tableau II). Physiopathologie Les troubles du comportement alimentaire sont lexpression dun mal-tre, dont ils reprsentent en quelque sorte la rponse : ils aident les malades se sentir moins mal, mme si leffet est transitoire. En ce sens, ils agissent comme une conduite de dpendance. Quel que soit le trouble du comportement alimentaire, certains lments sont souvent retrouvs : manque de confiance, perfectionnisme, matrise excessive, peur de lcher prise, problmes didentification, difficult dexpression verbale et motionnelle, pense dichotomique, tendance au dni, attachement excessif lun des parents, peur de ne pas y arriver ( gurir, vivre...). Cest pourquoi le traitement de ces troubles conduit trs frquemment des altrations de lhumeur : irritabilit, instabilit, troubles du sommeil, tats dpressifs. En cas de boulimie (y compris dans la forme boulimique de lanorexie mentale), ceci peut conduire des tentatives de suicide : cest le risque majeur. Anorexie-boulimie Des crises de boulimie peuvent tre associes demble ou secondairement au cours de son volution lanorexie mentale. Elles en modifient le tableau clinique et le pronostic (cf. infra).
Smiologie
Conclusion
Les troubles du comportement alimentaire sont frquents et polymorphes. Ils doivent tre systmatiquement recherchs par un interrogatoire la fois prcis et non culpabilisant. Les TCA sont souvent cachs, plus souvent mal identifis que vraiment dnis par les malades. Le rle du mdecin est avant tout de les dtecter et ventuellement dorienter le patient vers des consultations spcialises, de nutrition clinique ou de psychiatrie. Lintrt port ces problmes est rcent et leur description smiologique ainsi que leurs consquences psychologiques sont encore un sujet de recherche clinique.
Le Barzic M., Basdevant A., Guy-Grand B. - Analyse clinique du comportement alimentaire. Trait de nutrition clinique. Flammarion Mdecine Sciences, Paris, 2000. Flament M., Jeammet P. - La Boulimie. Ralits et perspectives, Paris, Masson, 2000. Jeammet P., Corcos M. - Dsordres nutritionnels et pathologie psychiatrique. Trait de Nutrition clinique. Flammarion Mdecine Sciences, Paris, 2000. Le Barzic M., Pouillon M. - La meilleure faon de manger. Ed Odile Jacob, Paris, 1998. Ledoux S., Choquet M. - Les 11-20 ans et leur sant. Les troubles du comportement alimentaire. La Documentation franaise - INSERM 1991. Rigaud D. - Lanorexie mentale : un modle de dnutrition par carence dapport. Ann Md Interne (Paris) 2000; 151 (n 7), 549-55. Rigaud D. - Lassistance nutritive dans lanorexie mentale. In Trait de Nutrition artificielle de ladulte. Ed Leverve X, Cosnes J, Erny Ph, Hasselman M. Ed Mariette GUENA 1998; 891-900.
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Points comprendre
Lobsit est la plus frquente des maladies de la nutrition. Sa prvalence augmente rgulirement et rapidement partout dans le monde (pandmie), surtout chez lenfant. Cest une maladie chronique volutive sans tendance spontane la gurison et elle regroupe une grande varit de situations (htrognit phnotypique) que lanalyse clinique doit reconnatre. Elle relve de lassociation de nombreux dterminants, comportementaux, psychologiques, sociaux et de facteurs de prdisposition biologiques en partie gntiques (physiopathologie multifactorielle complexe). Elle provoque ou aggrave un grand nombre de pathologies associes (comorbidits) et entrane une surmortalit prcoce leve. Son cot conomique et social reprsente une part non ngligeable des dpenses de sant. La prise en charge du patient obse est longue et difficile, do limportance de sa prvention. Les modalits thrapeutiques sont adapter aux objectifs long terme dtermins dans chaque cas en fonction de lanalyse clinique. La perte de poids nest pas lobjectif unique du traitement.
la masse grasse soit plus leve chez la femme que chez lhomme : normalement, 20-25 % et 10-15 % du poids respectivement.
Tableau I Dfinition et classification des obsits daprs lOMS. Un mme niveau de risque est atteint pour des seuils plus bas dans les populations asiatiques et dAmrique centrale
Classification Valeurs de rfrence Surpoids Obsit Type I (modre) Type II (svre) Type III (massive, morbide) IMC (kg/m2) Risque de comorbidits 18,5 24,9 25,0 29,9 30,0 34,9 35,0 39,9 40 Moyen Lgrement augment Modrment augment Fortement augment Trs fortement augment
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pidmiologie
1 En France 8 10 % des adultes, sans grande diffrence selon le sexe, et 12 % des enfants sont atteints dobsit, ce qui reprsente 4 5 millions dindividus. Cette prvalence est trs infrieure celle des USA (30 %), de la Grande-Bretagne (17 %) et des pays de lEurope de lEst (20 %). 2 La prvalence de lobsit est plus leve : dans la tranche dge 35-55 ans (62 % des hommes et 75 % des femmes obses ont plus de 50 ans) ; dans les rgions du Nord et de lEst de la France ; dans les grandes agglomrations urbaines ; dans les milieux bas niveaux ducationnel, conomique et social ; linverse sobserve dans les pays en voie de dveloppement. 3 La prvalence de lobsit est en constante augmentation partout dans le monde. En Grande-Bretagne, elle est passe chez ladulte en 15 ans de 6 % 15 % chez lhomme et de 7 % 17 % chez la femme. Dans les pays en mutation conomique et culturelle, pays du Pacifique, Asie, on observe un doublement en quelques annes seulement. En France, en Sude, aux Pays-Bas, la progression est plus lente, 1 2 % en 10 ans. En France, une forte augmentation chez lenfant est note : en 15 ans, de 5,1 % 12,7 % vers lge de 10 ans, multiplication par 2 des obsits modres, par 5 des obsits massives. Lge moyen du rebond dadiposit (cf. infra) sest rduit de 6,3 ans 5,7 ans ; 50 % des enfants obses et 50 70 % des adolescents obses restent des adultes obses, ce qui fait prvoir une forte augmentation de lobsit chez ladulte dans les annes qui viennent. Le Plan National Nutrition Sant 2001 sest fix comme objectif de stabiliser la prvalence de lobsit infantile dans les cinq prochaines annes. 4 Le cot conomique de lobsit et de ses consquences peut tre valu 2 3 % des dpenses de sant.
Bilan dnergie
Le bilan dnergie est la diffrence entre les entres dnergie, essentiellement alimentaires et intermittentes, et les dpenses nergtiques, permanentes et variables.
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Facteurs tiopathogniques
Les facteurs susceptibles dentraner une prise de poids pathologique et pathogne sont multiples, le plus souvent associs en proportion variable selon les individus et en partie seulement identifis ou compris.
Tissu adipeux
Le tissu adipeux, essentiellement compos dadipocytes blancs, est un organe actif complexe aux fonctions multiples. Cest son inflation qui constitue lobsit. Il assure le stockage et la mobilisation des rserves nergtiques lipidiques : lipognse ou synthse de triglycrides partir de glucose et dacides gras, essentiellement sous le contrle de linsuline ; lipolyse ou libration dacides gras, essentiellement sous le contrle des catcholamines. Les adipocytes tirent leur origine des cellules du stroma vasculaire transformes en pradipocytes, tape irrversible, puis en adipocytes matures sous linfluence des effets combins dhormones (insuline notamment), de substrats (acides gras), de facteurs issus des adipocytes matures eux-mmes (prostacycline notamment). Ils participent directement au dveloppement du tissu adipeux, sa vascularisation et son mtabolisme en secrtant de nombreuses substances daction locale (fonction paracrine) comme langiotensinogne II, le TNF. Dans lobsit, la croissance excessive du tissu adipeux seffectue dabord par une augmentation rversible de la taille des adipocytes (hypertrophie), puis par celle de leur nombre : hyperplasie irrversible. Ladipocyte a aussi une fonction endocrine : scrtion de leptine, dstrognes, dangiotensinogne, de linhibiteur 1 de lactivateur de la prothrombine (PAI1) impliqus dans la physiopathologie de lobsit elle-mme ou de ses complications. Selon leur localisation, on distingue les tissus adipeux sous-cutans et intra-abdominaux (priviscraux) qui diffrent par leur vascularisation, leur sensibilit linsuline et au cortisol, la nature et le nombre de rcepteurs adrnergiques quils expriment. Le tissu adipeux intraabdominal joue un rle trs important dans la survenue des complications mtaboliques de lobsit. Il existe aussi des adipocytes bruns caractristiques des rongeurs, prsents la naissance chez lhomme et pratiquement absents chez ladulte. Leur fonction est la production de chaleur (thermogense) lie leur richesse en mitochondries et la prsence dune protine (UCP1) dcouplant loxydation phosphorylante (formation dATP).
Facteurs gntiques
Il existe quelques cas trs rares o lobsit est le rsultat dune anomalie gntique clairement identifie. Elle dbute dans lenfance. Les plus anciennement connues font partie de syndromes au sein desquels lobsit nest quun symptme associ diverses anomalies congnitales, tel le syndrome de Prader-Willi associant hypotonie musculaire, retard mental, petite taille, hypogonadisme et li une anomalie dominante du chromosome 15. Reproduisant certains modles animaux dobsit chez les rongeurs, des obsits monogniques dexpression phnotypique obligatoire ont t dcrites. Elles sont exceptionnelles, telles les mutations du gne de la leptine ou de son rcepteur entranant, soit labsence soit linefficacit totale de cette hormone. Rcessives, elles dbutent ds la naissance, lobsit est massive, lhyperphagie incontrlable, lhypogonadisme central constant. Dautres anomalies gniques seront sans doute dcrites, notamment dans les familles consanguines. Des mutations dominantes du rcepteur 4 de la mlanocortine (MC4R, inhibiteur de la prise alimentaire) sont plus frquentes (2 4 % des obsits morbides). Lobsit dbute souvent dans lenfance et ne prsente pas de caractre spcifique ; elle est souvent importante, mais certains sujets porteurs de la mutation ne sont pas obses (pntrance variable). Dans la grande majorit des cas, les facteurs gntiques ne font que dterminer la prdisposition des individus prendre du poids et devenir obse (gnes de susceptibilit) dans un environnement donn (interaction gnotype/environnement). Ils nont donc pas une expression phnotypique obligatoire. Le fait que 70 % des sujets obses aient au moins un parent obse est sans doute li au fait que, outre les gnes, les familles partagent style de vie, type dalimentation et contexte socio-culturel. Le rle que la constitution gntique joue dans le dveloppement de lobsit est trs variable dun sujet lautre, dpend du type de population et du phnotype considr. Ainsi, lhritabilit gntique de lIMC et de la graisse sous-cutane est plutt faible (5 %), celle de la masse grasse totale et de la distribution du tissu adipeux atteint 25 %. Pour la dpense de repos, leffet thermique des aliments, le cot calorique de leffort, phnotypes intermdiaires dimportance capitale pour le dveloppement de lobsit, lhritabilit gntique atteint 40 %. En somme, cest la conjonction dun terrain gntique particulier plus ou moins contraignant, et de circonstances extrieures obsitognes qui dtermine lordre de grandeur de la capacit prendre du poids. On sait encore peu de choses sur le nombre et la nature prcise des variants gniques qui font ainsi le lit de lobsit. Il est possible quun nombre limit de gnes jouent un rle important. On pense nanmoins que lhrdit est ici polygnique, cest--dire quune multitude de
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Facteurs neuro-endocriniens
Un bilan nergtique positif entrane une hyperscrtion dinsuline avec conservation de la sensibilit linsuline ; apparat ensuite une insulino-rsistance qui entretient lhyperinsulinisme, source principale des complications mtaboliques de lobsit. Une hyperscrtion de cortisol, principalement sous linfluence de circonstances stressantes auxquelles le sujet ne fait pas face, favorise le dveloppement du tissu adipeux viscral et de la partie haute du corps (graisse androde). La testostrone a le mme effet. Les strognes favorisent le dveloppement du tissu adipeux des hanches et des cuisses (graisse gynode).
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Facteurs alimentaires
Le comportement alimentaire, quantitatif et/ou qualitatif, est un des lments cls de la constitution dune prise de poids, puisquun excs dapport (hyperphagie) rpt est videmment ncessaire la cration dun bilan nergtique positif. Les tudes pidmiologiques montrent cependant rarement que les obses mangent en moyenne plus de calories que les non-obses. Plusieurs raisons expliquent ce fait en apparence paradoxal : lhyperphagie ne peut se dterminer que par rapport aux dpenses nergtiques de chaque individu ; elle est relative et un sujet maigre peut manger autant ou plus quun sujet obse ; lexcs dapport na pas besoin dtre massif : sil est modr, il chappe lenqute alimentaire qui, quelle que soit la mthode utilise, nest quapproximative ; lenqute alimentaire est elle-mme peu fiable : beaucoup plus dobses que de non-obses sous-valuent (consciemment ou non) leurs apports ; une hyperphagie manifeste nest souvent visible que lors de la phase dynamique, ce qui est le cas chez les enfants et manque souvent en phase statique. Les dterminants dun comportement alimentaire inadapt aux dpenses ont une origine variable : Rarement, il sagit dun dysfonctionnement lsionnel (tumeur) des zones crbrales (hypothalamus) contrlant la prise alimentaire (satit rduite, faim augmente). Souvent un trouble du comportement alimentaire (grignotage, compulsions alimentaires, binge eating disorder, rarement boulimie voir question 42) dont lorigine psychologique est frquente, induit des prises alimentaires sans faim. Certains sujets sont hypersensibles aux stimuli sensoriels (qualit organoleptique) de certains aliments, ds lors quils sont disponibles, facilement accessibles et plaisants, surtout dans certaines circonstances de la vie sociale considres comme stressantes par le sujet. Cette hyper-ractivit aux stimuli sensoriels est renforce par la restriction alimentaire (quelle soit justifie par un excs de poids ou non). Une hyperphagie prandiale (gros repas rpts) peut tre la consquence dune profession expose (repas daffaires), des habitudes dveloppes par le contexte culturel ou dune convivialit de bon aloi. Les calories dorigine alcoolique sont videmment prendre en compte dans lapport nergtique. Dans tous les cas, la diversit des aliments, leur caractre agrable (palatabilit), leur disponibilit pratiquement sans limite, labondance des messages publicitaires appelant les consommer (les enfants sont une cible particulirement fragile) sont autant de facteurs qui, physiologiquement, augmentent la prise alimentaire.
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Dpenses nergtiques
Diverses tudes prospectives ont montr que le fait davoir des dpenses nergtiques faibles est un facteur de risque de prise de poids dans les annes suivantes. La dpense de repos (DER ou mtabolisme dit de base) diminue avec lge (5 % par dcennie) et est positivement corrle avec lIMC. Elle est largement dtermine ( 80 %) par limportance de la masse maigre. Cependant, par kilo de masse maigre, il existe des diffrences interindividuelles de nature gntique de lordre de 20 30 % : des dpenses de repos constitutionnellement faibles augmentent le risque dobsit et rendent plus difficile la perte de poids. Des capacits plus ou moins grandes augmenter ses dpenses nergtiques de repos sous linfluence dune suralimentation sont elles aussi en partie gntiquement dtermines et sont une source dingalit face la prise de poids. Larrt du tabagisme (qui augmente la DER et freine la prise alimentaire) est une source importante de prise de poids en labsence dune vigilance alimentaire importante. La thermogense post-prandiale (en moyenne 10 % des dpenses totales) est rduite chez certains obses. Ce dficit pourrait provenir dun meilleur rendement nergtique de lalimentation, mais il semble tre plus une consquence de lobsit elle-mme (par lintermdiaire de linsulino-rsistance) quil contribue entretenir quun facteur tiologique important. Les dpenses nergtiques lies lactivit physique sont trs variables dun sujet lautre : elles dpendent de son poids, du type dactivit, de son intensit, et probablement du rendement de la contraction musculaire gntiquement dtermin. On les estime 30 % de la DER pour un sujet peu actif. De plus, lactivit physique facilite loxydation lipidique. Un faible niveau dactivit physique dans le travail et surtout dans les loisirs (sdentarit) est un facteur tiologique majeur de la prise de poids : il existe une relation entre niveau dactivit physique et IMC. La sdentarit
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Facteurs psychologiques
Le dbut de la prise de poids suit trs souvent la survenue dun vnement dstabilisant pour le patient, mme si aucun de ces vnements nest spcifique. Angoisse ou anxit face une situation familiale ou sociale difficile, dpression la suite dun deuil, dune rupture, dun licenciement, sentiment dabandon lors dun divorce parental ou de la naissance dun frre ou dune sur, peuvent entraner des troubles du comportement alimentaire et une hyperphagie compensatrice. Chez la femme, pubert, contraception, grossesse ou mnopause reprsentent tout autant un changement didentit quune modification du statut hormonal. Chez ladolescente, linsatisfaction de son aspect physique (justifi ou non) peut conduire des comportements de restriction abusifs, sources eux aussi de prise de poids. Les stress rpts peuvent modifier les systmes neuro-biologiques et endocriniens contrlant le mtabolisme nergtique sans quintervienne une hyperphagie manifeste. Une fois lobsit constitue, le rejet social, les checs rpts maintenir une perte de poids, facteurs de dpression et de culpabilit, constituent un cercle vicieux contribuant aggraver lobsit. Il ne faut pas sous-estimer le fait que lobsit peut remplir une fonction organisatrice au sein de la cellule familiale ou du corps social et donc tre inconsciemment recherche pour en assurer lquilibre. Il faut nanmoins se garder de toute interprtation hasardeuse en dehors dun cadre psychothrapeutique adapt.
* Insulino-rsistance Gonarthrose (1, 8) * Diabte de type II (2, 9) Coxarthrose * Dyslipidmie (1, 5) Lombalgies * Goutte, hyperuricmie (2, 5) Cardio-vasculaires Digestives * Hypertension artrielle (2, 9) Lithiase biliaire (2) * Coronaropathies (2, 5) * Statose hpatique * Accidents vasculaires crbraux (3, 1) Hernie hiatale Insuffisance cardiaque Thromboses veineuses (1, 5) Respiratoires * Syndrome dapnes du sommeil * Insuffisance respiratoire Endocriniennes * Dysovulation Infertilit Rnales Cancers H : prostate, clon (1, 3) F : sein (1, 2), ovaire, endomtre, col Psychosociales Qualit de vie Discrimination Dpression Autres
Complications
Lobsit est une maladie grave entranant, directement ou par lintermdiaire des pathologies associes (comorbidits), une surmortalit prcoce importante. Les facteurs qui augmentent ce risque sont la svrit de lobsit (les obsits les plus svres commencent souvent dans lenfance), un dbut lge moyen de la vie, une rpartition androde du tissu adipeux (obsit viscrale et syndrome mtabolique), la prsence dans les antcdents familiaux de pathologies dpendant en partie du poids. La liste des principales complications de lobsit figure sur le tableau II.
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Il convient de distinguer : les complications mcaniques directement en rapport avec lexcs de poids et de masse grasse : ostoarticulaires, apnes du sommeil (voir : Pour approfondir), insuffisances respiratoire et cardiaque, risques opratoires qui sont particulirement frquents dans les obsits svres et morbides ; les complications mtaboliques et hmodynamiques qui sobservent mme dans les obsits modres et tout particulirement dans les obsits viscrales, les plus dangereuses, o elles sassocient pour former le syndrome mtabolique : troubles de la glycorgulation, dyslipidmie, hypertension artrielle, troubles de la coagulation, hyperuricmie dont le facteur commun est lhyperinsulinisme et les consquences en termes dathrosclrose et daccidents vasculaires particulirement lourdes. Ces complications sobservent essentiellement la partie moyenne de la vie, mais peuvent exister chez lenfant en cas dobsit massive. Les complications lies des traitements inappropris de lobsit (iatrognes) ne sont pas ngligeables : dpression, troubles du comportement alimentaire, malnutrition peuvent suivre la prescription de rgimes trop restrictifs entranant un amaigrissement rapide et important ; certains mdicaments (hormones thyrodiennes, amphtamines, diurtiques, fausse homopathie) peuvent avoir des effets secondaires graves. Laggravation de lobsit en est souvent la consquence. La chirurgie gastrique de lobsit et mme la liposuccion, pratiques dans de mauvaises conditions, peuvent mettre en jeu le pronostic vital. Il faut tre particulirement attentif chez lenfant aux consquences psychosociales de lobsit entranant
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Traitement
La prise en charge dun patient obse est particulirement difficile et demande du temps.
Objectifs thrapeutiques
Lobjectif du traitement doit tre raliste et global, envisager lvolution long terme et tre adapt aux possibilits relles du patient et non ses souhaits (ou ceux de son entourage) plus ou moins chimriques. Il doit donc tenir compte de la situation rvle par lvaluation prcdente et des explications approfondies doivent tre fournies au patient. Aussi souhaitable quelle soit, la perte de poids nest pas lobjectif unique du traitement, ni mme, chez lenfant notamment, un objectif toujours prioritaire obtenir : chez les sujets en phase dynamique ascendante (quils soient obses ou en surpoids) et chez ceux qui ont perdu du poids, la stabilit pondrale est le premier objectif atteindre. Cest particulirement le cas chez lenfant dont la croissance staturale, poids constant, diminuera lIMC. Une simple surveillance du poids suffit dans la plupart des cas avant 5 ans. La stabilit du poids est le seul objectif raisonnable chez les sujets de poids normal mcontents de leur forme ; induire une perte de poids dans ces conditions conduit des troubles du comportement alimentaire et une prise de poids ; lamlioration des facteurs de risque et le traitement des complications sont des priorits, si la perte de poids ne se produit pas ou si elle apparat insuffisante ; la prise en charge dun trouble majeur du comportement alimentaire ou dune dpression est un pralable toute action sur le poids ; favoriser lvolution dune situation familiale conflictuelle et des rajustements psychologiques, ventuellement par lintermdiaire dun spcialiste galement ; un objectif de perte de poids de lordre de 10 % du poids initial, bien quil paraisse trop modeste de nombreux patients, obtenu en 3 6 mois est un objectif souvent raliste et utile pour limiter les facteurs de risque ou amliorer les comorbidits. Un objectif suprieur ne peut tre raisonnablement envisag que si les moyens ncessaires pour lobtenir sont compatibles avec lquilibre nutritionnel, somatique, psychologique et social du patient, sinon la rechute et une aggravation de lobsit sont prvisibles. En rsum, les objectifs thrapeutiques doivent tre adapts chaque situation. Le discours du mdecin doit abandonner la recherche fallacieuse du maximum de kilos perdus dans un minimum de temps, tant vante par les magazines et les gourous, principal inducteur dobsits iatrognes. Cest une tche importante pour le mdecin de le faire comprendre ses patients.
valuation clinique
Avant toute intervention thrapeutique il conviendrait au minimum : de mesurer le poids et la taille, calculer lIMC et mesurer le tour de taille (facteur de risque important si > 90 cm chez la femme et 100 cm chez lhomme) ; de reconstituer lhistoire du poids en dterminant lge de dbut, le poids antrieur, les circonstances dclenchantes, lamplitude et le nombre des fluctuations pondrales (plus elles sont nombreuses, plus le pronostic du succs pondral est faible) et de dterminer dans quelle phase se situe le patient. Chez lenfant, connatre lge du rebond dadiposit, meilleur indice dune obsit future : la courbe de lIMC ( faire figurer sur le carnet de sant) depuis la naissance, montre un premier maximum atteint vers un an, puis atteint un minimum vers 6 ans pour recommencer slever. Plus lge de ce rebond de lIMC est prcoce, plus les risques de voir apparatre une obsit durable sont grands ; de connatre les antcdents familiaux dobsit et de pathologies mtaboliques ou vasculaires ; dvaluer les dpenses nergtiques en calculant la dpense nergtique de repos laide dune quation comme celle de Harris Benedict (voir question 110) ; la dpense totale sobtient en la multipliant par 1,3 pour les sujets trs sdentaires, 1,5 pour une activit lgre et jusqu 2,1 pour une activit importante ; de procder une enqute alimentaire qualitative et quantitative mme succincte pour dpister un trouble du comportement alimentaire et valuer les apports (voir question 42). La tenue dun carnet alimentaire est utile et laide dune ditticienne, si elle possible, est souhaitable ; dvaluer ltat psychologique, ventuellement avec laide dun spcialiste, notamment rechercher un tat dpressif patent ou masqu, cause et/ou consquence de lobsit ; de connatre la situation sociale et familiale et lexistence de conflits influant sur les possibilits daction du patient ; de rechercher une pathologie associe et dvaluer le degr de handicap et de gne fonctionnelle quelle procure. La prise de pression artrielle doit tre faite avec un brassard adapt la circonfrence du bras pour ne pas surestimer les chiffres tensionnels.
Moyens thrapeutiques
Ils ont tous leurs indications et leurs limites. Il ny a pas de recette miracle. Ils doivent tre adapts lobjectif de chaque patient et ses possibilits daction.
Examens biologiques
En labsence dun signe dappel orientant sur la possibilit dune maladie quelconque, seuls les glycmies jeun et post-prandiales, le bilan lipidique, lhyperuricmie et lECG (surtout partir dun ge moyen chez lhomme) et le dosage de TSH chez la femme mnopause sont indispensables.
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Activit physique
Le maintien dune activit physique dans la vie professionnelle et les loisirs et, surtout chez le jeune, une activit sportive ludique (lutte contre la sdentarit) est
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Prescription dittique
La prescription dun rgime ne peut tre standardise, sauf rester purement thorique. Elle doit coller au plus prs au contexte clinique sous peine de ntre pas suivie. Le but est dobtenir une modification durable de lalimentation, rduisant lingr calorique denviron 1/4 ou 1/3 les apports antrieurs de faon le situer environ 600 kcal en dessous des dpenses nergtiques, sans descendre en dessous de 1 200-1 400 kcal/jour, ce qui est bien souvent impossible suivre long terme. La pratique de rgimes trs restrictifs du type rgimes protins (ou very low calorie diet), permettant des pertes de poids rapides et faciles, est dconseiller : leurs rsultats long terme ne sont pas meilleurs et ils favorisent les rechutes, le syndrome yo-yo et la restriction cognitive (voir question 42). Le meilleur rgime est celui que le patient peut suivre long terme, mme si un certain nombre dcarts festifs sont invitables et souhaitables. Information, ducation, dmystification et responsabilisation du patient sont donc ncessaires afin de lui permettre dexercer ses choix et de sortir du cercle pernicieux restriction majeure hyperphagie compensatrice conduisant dincessantes fluctuations pondrales et une aggravation du poids. Il faut viter les interdits, ngocier avec souplesse en fonction des gots et des contraintes socio-conomiques et conseiller au moins trois repas par jour plus, le cas chant, des collations, en insistant sur la rpartition des nutriments, cest--dire en proposant des modifications des choix des aliments : privilgier les fruits et lgumes, rduire les graisses (de structure et ajoutes), contrler les fculents sans les exclure, inciter dvelopper certains modes de cuisson (vapeur, grill), choisir les menus adquats en restauration collective, limiter les boissons sucres et alcoolises. Les substituts de repas doivent tre utiliss avec parcimonie. Il est capital que le patient comprenne et finisse par admettre quaprs une phase de perte de poids, une nouvelle stabilit sinstaure, un niveau pondral souvent bien suprieur aux souhaits du patient, exigeant pourtant la poursuite dune vigilance alimentaire plus ou moins contraignante.
Mdicaments
Les mdicaments anti-obsit peuvent tre un complment utile pour obtenir une perte de poids et surtout assurer le maintien du poids perdu, mais ne doivent en aucun cas tre utiliss comme starter, pour quelques semaines et de faon isole. Ils sont purement palliatifs : leur arrt est presque toujours suivi dune reprise de poids si des changements importants du style de vie nont pas t possibles. Leurs rgles dadministration sont prcises et dfinies par les Autorisations de Mise sur le March : chec des mesures classiques, IMC 30 ou 28 sil existe des complications, dure dadministration de un an maximum (ce qui est discutable car une prescription plus longue pourrait tre envisage chez certains patients), arrt de la prescription si la perte de poids est < 5 % au bout de trois mois (ce qui est galement discutable chez les patients vus en phase dynamique ou lorsquil sagit de maintenir le poids perdu). En 2002, seuls deux mdicaments sont utilisables. Ils permettent dobtenir une perte de poids 10 % un an (ce qui correspond lobjectif raisonnable cit plus haut) chez environ 30 40 % des patients (contre 10 15 % avec un placebo) ; la perte de poids moyenne des cohortes tudies tant de lordre de 6 8 % du poids initial. Aucun nest rembours, ils sont relativement onreux et nont pas dindication chez lenfant. Lorlistat (Xnical), 120 mg avant chacun des trois repas, rduit dun tiers labsorption des graisses ingres, permettant une pargne calorique. Les principaux effets secondaires sont intestinaux, rendant essentielle une alimentation pauvre en graisses pour viter une statorrhe gnante. Une baisse importante du LDL cholestrol est souvent constate chez lhypercholestrolmique et de lhmoglobine glyque chez le diabtique de type II. La sibutramine (Sibutral), 10 mg/jour le matin, est un anorexigne daction centrale de type adrnergique et srotoninergique ; il rduit la sensation de faim. La dose maximum est de 15 mg/jour nutiliser que si la dose prcdente est insuffisante. Il est contre-indiqu en cas de coronaropathie, dHTA mal contrle, de tachycardie, de troubles majeurs du comportement alimentaire, de glaucome angle ferm. Ses principaux effets secon2S69
Accompagnement psychologique
Les difficults de la remise en question du style de vie que reprsente le traitement ncessitent au moins un soutien attentif et comprhensif non culpabilisant, des consultations rgulires et frquentes en vitant une psyCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Pour approfondir
Dtermination de la composition corporelle
(Voir aussi question 110 et tome 1). En service spcialis, on peut utiliser labsorptiomtrie biphotonique (DEXA) utilise galement pour mesurer la densit osseuse. Cette technique utilise la diffrence dabsorption dun faisceau de rayons X par diffrents tissus et fournit, en poids et en pourcentage, masse maigre (en fait masse non grasse), masse grasse et masse osseuse. Cette mthode directe, simple et prcise nest possible que chez des patients de moins de 130-140 kg. Lappareillage est coteux. La pese hydrostatique consiste valuer la densit du corps en pesant le patient immerg dans leau aprs avoir mesur le volume respiratoire rsiduel. Des quations permettent dobtenir la masse grasse en pourcentage du poids. Cette mthode de ralisation complexe nest utilise que pour la recherche. Limpdancemtrie consiste mesurer la rsistance du corps un courant lectrique de faible amplitude, ce qui fournit une valuation de leau totale (intra et extra-tissulaire si lon utilise deux frquences). En estimant 73 % lhydratation moyenne des tissus non gras (ce qui est loin dtre toujours vrai chez lobse), on obtient la masse maigre et on en dduit la masse grasse par diffrence avec le poids. Seuls les appareils utilisant une double frquence et des lectrodes places la cheville et au poignet controlatral sont fiables. La plus grande mfiance est de mise vis--vis des rsultats obtenus par des appareils dimpdancemtrie lectrodes plantaires ou manuelles (pourtant trs diffuss) dont les rsultats sont trs alatoires. Les chiffres de DER fournis par ces appareils partir de la masse maigre correspondent rarement la ralit.
Les cures
Les sjours en tablissements hospitaliers privs ou publics pour faire maigrir dans un environnement protg nont pas de raison dtre. Chez lenfant et ladolescent, elles ne se justifient que si elles font partie dun projet thrapeutique cohrent, sont rellement ducatives et assorties dun suivi prolong. Sinon, elles sont contre-productives. Chacun de ces moyens peut se trouver indiqu chez un patient donn. En rgle gnrale, dvelopper lactivit physique et conseiller une alimentation quilibre, plaisante, mais rduisant les apports nergtiques sont les principes de base qui sappliquent dans tous les cas ds lors que lon a russi faire adhrer le patient un objectif raisonnable. Les autres moyens sont utiliser en fonction de chaque situation. Dans tous les cas, un suivi rgulier et prolong est ncessaire. Il servira instaurer une relation mdecin malade de bonne qualit, respectant les difficults du patient, tolrant les checs sans laxisme excessif, permettant dassurer une bonne surveillance des comorbidits et parfois dobtenir une modification durable des facteurs denvironnement qui maintiennent ou aggravent lobsit.
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Apnes du sommeil
Les apnes du sommeil sont dfinies par larrt du flux arien par rduction de la filire larynge pendant au moins 10 secondes plus de 5 fois par heure. Elles entranent des dsaturations de lhmoglobine en oxygne et perturbent
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Cas clinique n 1
Une femme de 49 ans, employe, consulte pour aggravation dune obsit ancienne depuis le dcs de son conjoint avec une prise de poids de 15 kg en 4 ans. Son frre pse plus de 100 kg. La patiente fume 10 cigarettes par jour depuis lge de 20 ans. Elle ne pratique pas dactivit physique. La patiente se plaint dune dyspne aux efforts modrs et dun ronflement gnant pour lentourage. Le poids est de 110 kg pour une taille de 1,64 m, le tour de taille est mesur 105 cm, le tour de hanches 98 cm. La pression artrielle mesure avec un brassard adapt est de 165/100 mm Hg au repos. Des chiffres similaires ont dj t constats antrieurement par son mdecin habituel. Le bilan biologique quelle vous apporte retrouve : glycmie jeun : 0,90 g/l, glycmie post-prandiale : 1,60 g/l, cholestrol-total : 2,05 g/l, triglycrides : 2,80 g/l, cholestrol-HDL : 0,29 g/l, uricmie : 590 mol/l.
Question n 2 Apne du sommeil. Question n 3 Au maximum retour au poids antrieur, entre 95 et 100 kg. Question n 4 a) Apport nergtique sous-valu, pourcentage de lipides trs lev, pourcentage de glucides trop bas. b) Augmenter son activit physique ne serait-ce quen marchant 1/2 h 1 h/jour, essayer de faire des repas structurs, de prendre un petit djeuner, de choisir des aliments moins gras. Consulter rgulirement pour suivre son poids, surveiller les anomalies biologiques et si elles persistent les traiter, notamment lhypertension artrielle et lhypertriglycridmie.
Cas clinique n 2
Une femme de 40 ans, agent commercial, trs sdentaire, consulte au poids de 75 kg pour 1,60 m pour perdre un excs de poids qui la gne dans son travail. Dj signals par le mdecin scolaire, ses problmes de poids remontent lenfance et son premier rgime restrictif lge de 12 ans ; elle raconte plusieurs oscillations pondrales denviron 10 15 kg, son poids maximum, atteint il y a 18 mois aprs une troisime grossesse au cours de laquelle un diabte gestationnel a t diagnostiqu, tait de 85 kg. Depuis, elle sest pniblement impose une restriction svre quelle relche en partie (elle a trop faim et craque, enqute alimentaire voisine de 1 900 kcal/jour). Son poids est stable depuis 3 mois. Sa mre (diabtique) et sa grand-mre maternelle taient trs obses. Les glycmies et le bilan lipidique sont normaux ainsi que sa pression artrielle. Sa DER calcule est voisine de 1 500 kcal/jour.
Question n 1
Quels sont les lments du syndrome mtabolique prsents dans cette observation ?
Question n 2
Quelle complication respiratoire serait-il opportun de rechercher ?
Question n 3
Quel objectif pondral vous parat accessible ?
Question n 4
L enqute alimentaire retrouve des apports nergtiques valus 1 400 kcal/j comprenant 33 % de glucides, 47 % de lipides, 15 % de protines et 5 % dalcool, sans petit djeuner, ni repas structurs. a) Que pensez-vous des rsultats de cette enqute ? b) En quoi pourrait consister les conseils donns cette patiente ?
Question n 1
Pensez-vous que lenqute alimentaire soit fiable ? Justifiez votre rponse.
Rponses
Question n 1 Tour de taille et rapport taille/hanche, intolrance au glucose, hypertension artrielle, hypertriglycridmie, hyperuricmie.
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Question n 2
a) Quel est lobjectif pondral quelle peut raisonnablement poursuivre ? b) Quels arguments utilisez-vous pour le lui expliquer ?
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Question n 3
Quels conseils lui donnez-vous ?
Question n 4
La prescription dun mdicament vous parat-elle utile ? Quen attendez-vous.
b) Elle a une obsit constitutionnelle ancienne, ses tentatives antrieures ont chou, elle vient de perdre 15 % de son poids et nest plus obse, elle na pas pu maintenir son rgime restrictif et semble au maximum de ses possibilits dittiques, son risque majeur est la reprise du poids perdu, ce qui augmenterait les risques de diabte. Question n 3 Tenter de dvelopper une activit physique quotidienne, lorienter sur des modifications qualitatives de ses aliments si besoin est, laider accepter un rsultat partiel, lui proposer un suivi et une surveillance rguliers. Question n 4 Pas pour linstant, elle ne remplit pas les conditions de prescription, attendre lamorce dune rechute. L aider assurer le maintien du poids perdu.
Rponses
Question n 1 Enqute assez fiable parce que la DER x 1,3 chez un sujet en poids stable et trs sdentaire est trs voisine des apports alimentaires. Question n 2 a) Objectif raisonnable : maintien du poids actuel.
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Diabte de type II
Points comprendre
Le diabte de type II concerne environ 2 % de la population franaise. Il rsulte la fois dun dficit de linsulinoscrtion et dune insulino-rsistance. Il est associ une obsit dans 80 % des cas. Il est le plus souvent polygnique rsultant de lassociation dune prdisposition gntique et de facteurs environnementaux, en particulier le surpoids, la sdentarit, plus accessoirement la nature des glucides et des lipides de lalimentation. Le diabte de type II rsulte de lassociation dun dficit de scrtion dinsuline et dun dficit de laction de linsuline. Ces deux dficits sont en partie gntiquement dtermins, mais des facteurs environnementaux interviennent, en particulier nutritionnels et le manque dactivit physique. Le dficit de linsulino-scrtion (pulsatilit, pic prcoce de scrtion de linsuline) est probablement d une anomalie de un ou plusieurs maillons des voies de rgulation de linsulino-scrtion (glucokinase, mitochondrie, canaux ioniques, facteurs de transcription, etc.). Lorsque le diabte saggrave viennent se surajouter les phnomnes de glucotoxicit et de lipotoxicit. La production hpatique de glucose est excessive du fait dune noglucognse accrue et dune surexpression relative de la glucose 6 phosphatase par rapport la glucokinase. Laugmentation de la production hpatique de glucose jeun explique lhyperglycmie basale. Le principal tissu sige de linsulino-rsistance priphrique est le muscle squelettique. Il existe un dficit de transport du glucose associ un dficit de la synthse de glycogne. Le dficit doxydation du glucose est moins marqu et en partie expliqu par la comptition glucose-acides gras. Une partie des anomalies observes de linsulino-scrtion et de la sensibilit linsuline rsulte de lhyperglycmie chronique et de troubles chroniques du mtabolisme lipidique. La surexpression ou linvalidation de gnes codant pour des enzymes impliqus dans le mtabolisme du glucose nentranent pas de diabte, mais seulement une intolrance au glucose. La glucotoxicit doit tre prise en compte, car son effet nfaste est rversible avec la normalisation glycmique. Lenvironnement alimentaire lipidique, lexcs de poids et linactivit physique sont des facteurs aggravants de
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linsulino-rsistance et doivent tre pris en compte titre prventif, en particulier chez les individus prdisposs.
A savoir absolument Les rles respectifs de linsulinorsistance et des troubles de la scrtion dinsuline dans le diabte de type II
LOMS caractrise le diabte de type II comme d un dficit variable de linsulino-scrtion associ un dficit variable de la sensibilit linsuline . Cette dfinition montre que cette forme de diabte na pas un mcanisme physiopathologique univoque. Le mot variable associ chacun des dficits ajoute un lment de complexit.
Diabte de type II
scrtoires sont beaucoup plus htrognes pour les stades prcoces de la maladie. Les divergences observes tiennent probablement aux moyens dinvestigation explorant des mcanismes diffrents et des groupes ou populations de malades dissemblables. Les anomalies de la scrtion insulinique dans les stades prcoces de la maladie Chez les sujets dont la tolrance au glucose est peu altre, la relation entre linsulino-scrtion et la glycmie jeun suit une courbe ascendante, puis descendante appele courbe de Starling . Jusqu une valeur de 1,30 g/l, linsulinmie crot avec la glycmie. Mais au-del de cette valeur-seuil, linsulino-scrtion seffondre avec lascension glycmique. Ceci est vrai jeun comme aprs une charge orale de glucose o la glycmie moyenne suit le mme type de courbe (fig. 1, 2 et 3).
300 250 200 150 100 InsulinMediated Glucose Uptake (mg/m2-min)
A 140
Mean 120 Plasma Insulin During OGTT 100 (U/ml) 80 60 40 20
400
25 Fasting Plasma Insulin (U/ml) 20 15 10 5 0 60 140 220 300 Fasting Plasma Glucose (mg/dl)
Figure 1 Relation entre la glycmie et linsulinmie jeun chez des sujets avec degrs varis dhyperglycmie. Daprs De Fronzo.
100 80 Mean Plasma 60 Insulin Response During 40 OGTT (U/ml) 20 0 80 120 160 200 Fasting Plasma Glucose Conc (mg/dl)
Figure 3 Relation entre linsulinmie, la glycmie et la sensibilit linsuline chez des sujets normaux (CON), des obses non diabtiques (OB), des obses intolrants au glucose (OB-GLU intol), des obses diabtiques hyperinsulinmiques (OBDIAB-Hi INS), des obses diabtiques hypoinsulinmiques (OB-DIAB Lo INS). Daprs De Fronzo. On remarquera que le seuil de transition qui marque lincapacit de la cellule sadapter lhyperglycmie est trs proche de la dfinition actuelle du diabte (1,26 g/l). On peut en dduire que tout diabtique avr est insulinopnique au moins relativement. Il existe aussi des anomalies, non plus quantitatives, mais qualitatives de la scrtion de linsuline chez les patients un stade prcoce du diabte de type II. Les patients diabtiques et les sujets risque sont caractriss par un trouble fonctionnel particulier, la perte de la rponse insulinique prcoce un stimulus glucose . Lors de lhyperglycmie provoque par voie veineuse, la dcharge dinsuline des 10 premires minutes est altre. Tout se passe comme si la cellule tait incapable de reconnatre son stimulus physiologique pour mettre en jeu la libration des granules dinsuline. La sensibilit dautres scrtagogues (glucagon, arginine, sulfamides) est intacte, et la rponse tardive au glucose est longtemps conserve. La cellule alpha, scrtrice de glucagon, semble souffrir de la mme ccit vis--vis du glucose, puisquelle est incapable de freiner sa scrtion quand la glycmie slve. Dautres anomalies fines de linsulino-scrtion ont aussi t associes aux stades prcoces du diabte de type II. Il sagit de la perte du rythme oscillatoire rapide de la scrtion dinsuline et dune lvation du rapport molaire proinsuline/insuline dans le plasma. Mcanismes de la perte de scrtion insulinique au cours de lvolution du diabte, les gluco- et lipo-toxicits Indpendamment des anomalies primitives de la cellule , le diabte lui-mme et ses consquences mtaboliques altrent le potentiel insulino-scrteur. Cette altration porte la fois sur la fonction (avec une rversibilit possible) et sur le stock de cellules (tape de non-retour). Lhyperglycmie chronique cre les conditions dune glucotoxicit et les altrations mtaboliques complexes une lipotoxicit .
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Figure 2 Courbe de Starling du pancras pour la scrtion dinsuline. Rponse glycmique moyenne une hyperglycmie orale en fonction de la glycmie jeun des sujets tudis. Daprs De Fronzo.
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Diabte de type II
Le substratum gntique des altrations de linsulino-scrtion dans le diabte de type II est-il connu ? La gntique du diabte de type II dans sa forme habituelle, polygnique, demeure inconnue. Ltude des formes monogniques, plus aise, a apport des connaissances importantes sur les mcanismes pouvant conduire des dfauts de la scrtion dinsuline. Les diabtes MODY sont des diabtes non-insulino-dpendants dbut prcoce dont la transmission familiale voque un gne autosomique dominant. Cette forme est htrogne et lon distingue au moins 5 maladies diffrentes. La plus frquente est le MODY 2 (60 % des cas de MODY en France). Elle est due une anomalie du gne codant la glucokinase. Cette enzyme, prsente dans les cellules et aussi dans le foie, catalyse la phosphorylation du glucose en glucose 6-phosphate, tape pralable son effet insulino-scrteur. Son Km lev permet lquilibre instantan de la concentration extra et intracellulaire de glucose, ce qui en fait un vritable glucose sensor pour les valeurs physiologiques de la glycmie. Le MODY 2 est un diabte assez bnin, caractris par une lvation isole de la glycmie jeun lie au fait que la cellule est moins sensible au glucose. Dautres formes de diabtes monogniques font intervenir le fonctionnement mitochondrial ou des facteurs de transcription spcifiques de la cellule . Ces formes monogniques nous apprennent quun diabte peut survenir dans des circonstances diverses : anomalie sur la voie mtabolique qui conduit du signal glucose vers la libration dinsuline, altration dun facteur de transcription qui contrle la synthse denzymes ou de transporteurs ou bien qui permet la diffrenciation de la cellule . le sujet normal, lorsque lon stimule la noglucognse, la PHG naugmente pas. Ce phnomne est appel auto-rgulation de la PHG. En fait, au cours du diabte de type II, il existe une surexpression de la glucose 6 phosphatase et une sous-expression de la glucokinase. Ces anomalies favorisent lorientation du glucose 6 phosphate produit en excs par laugmentation de la noglucognse vers la formation de glucose qui est export dans la circulation. En priode post-prandiale, en rponse lhyperglycmie et lhyperinsulinmie, la production endogne de glucose est moins inhibe chez le diabtique de type II que chez le sujet en bonne sant. Ceci est probablement d la fois au fait que la noglucognse est moins inhibe et la moindre inhibition par linsuline de lactivit de la glucose 6 phosphatase. Cette moindre inhibition de la PHG en rponse un repas est responsable elle seule de lhyperglycmie post-prandiale excessive. En effet, labsorption intestinale des glucides nest pas altre, et lutilisation totale du glucose nest pas diffrente de celle du sujet normal car lhyperglycmie plus importante compense le dficit de sensibilit linsuline des tissus priphriques (cf. infra). Insulino-rsistance Linsulino-rsistance se dfinit comme la ncessit dun excs dinsuline pour obtenir une rponse lhormone quantitativement normale. Elle se traduit par une moindre efficacit de linsuline sur ses tissus cibles. Linsulino-rsistance au cours du diabte de type II concerne le foie et les tissus priphriques insulino-dpendants (muscle squelettique et tissu adipeux). Linsulino-rsistance hpatique se traduit par une moindre capacit de linsuline inhiber la PHG pour les raisons sus-dcrites (noglucognse excessive peu sensible linsuline ; surexpression de la glucose 6 phosphatase). Linsulinorsistance des tissus utilisateurs de glucose se traduit par une moindre capacit de lhyperinsulinmie stimuler lutilisation du glucose en euglycmie. Le principal tissu responsable du dficit dutilisation du glucose est le muscle squelettique (dficit de 50 % par comparaison au sujet normal). Il est difficile daffirmer, en raison de difficults mthodologiques in vivo, sil existe un dficit du transport du glucose seul ou associ un dficit de phosphorylation par lhexokinase II (enzyme qui transforme le glucose en glucose 6 phosphate). Le transporteur du glucose responsable de lentre de glucose en hyperinsulinmie est GLUT4. Ce transporteur migre sous leffet de linsuline partir dun pool intracytoplasmique vers la membrane. Ce phnomne est appel translocation du transporteur. Au cours du diabte de type II, le nombre total de transporteurs (cytoplasme plus membranes) est normal. Cest vraisemblablement le phnomne de translocation (ou le trafic intracellulaire) qui est altr. La phosphorylation du glucose est aussi altre ( 60 % environ). Un dfaut dactivit basale et en rponse linsuline de lhexokinase II a t mis en vidence dans le muscle de diabtique de type II ainsi que chez leurs apparents, ce qui suggre une origine gntique. En aval du transport-phosphorylation, il existe un dficit du mtabolisme intracellulaire du glucose qui porte la fois sur loxydation et le stockage (synthse de glycogne). Le dficit doxydation ( 20 % environ par comparaison au sujet non diabtique) a t mis en vidence au moyen de la calorimtrie indirecte couple au clamp hyperinsulinmique. Le dficit doxydation rsulte dun
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Diabte de type II
dficit dactivation de la pyruvate deshydrognase mitochondriale par linsuline. Ce dficit dactivit de la pyruvate dshydrognase rsulte dun excs doxydation des acides gras libres, en particulier chez le diabtique de type II obse. Lexcs doxydation des acides gras libres rsulte de deux mcanismes : a) laccroissement du flux des AGL circulants secondaire lui-mme une lipolyse adipocytaire accrue (insulino-rsistance de la lipase hormono-sensible du tissu adipeux) ; b) lexcs doxydation des AGL provenant de la libration in situ dans le muscle des AGL contenus dans les stocks de triglycrides intramusculaires. Le dficit de stockage du glucose ( 40 % 50 %) concerne exclusivement la synthse de glycogne dans le muscle ; il a t mis en vidence par la rsonance magntique nuclaire lors dun clamp hyperinsulinmique hyperglycmique (lhyperglycmie a t choisie car le stockage de glycogne dans la vie quotidienne survient en priode post-prandiale pendant laquelle cohabitent une hyperinsulinmie et une hyperglycmie). Le dfaut de stockage du glycogne est li un dficit dactivation de la glycogne synthtase musculaire. Ce dficit est observ chez des apparents des diabtiques de type II, ce qui suggre quil pourrait tre dorigine gntique.
diabte de type II, association dun dficit scrtoire insulinique et dune insulino-rsistance et diabtes secondaires (pancratopathies, endocrinopathies) est en train de se lzarder. En effet, le diabte de type II parat lui aussi regrouper un ensemble de maladies diffrentes. Des formes monogniques ont pu tre identifies. Il sagit des diabtes MODY (Maturity Onset type Diabetes in the Young) ou des diabtes secondaires des cytopathies mitochondriales. Il est probable que la forme classique, dont le caractre multifactoriel faisant interagir plusieurs gnes de susceptibilit et des facteurs environnementaux est connu, va subir le mme dmembrement dans les annes qui viennent. Il est aussi possible que les associations de ces facteurs diabtognes puissent tre diffrentes dun individu lautre. Les enjeux dune telle approche nosographique sont dimportance puisquelle devrait conduire des traitements dduits de la physiopathologie en cause, un dpistage des sujets risque pour les diffrentes formes de diabte et enfin une prvention adapte chaque cas. De nombreuses tudes ont t ralises, soit chez des apparents de diabtiques, soit des intolrants au glucose. Une population, les Indiens Pimas, a aussi t particulirement tudie du fait de la prvalence extrme de lobsit et du diabte dans cette ethnie de lArizona. Chez les Indiens Pimas, par exemple, lexistence dun hyperinsulinisme normalis sur le degr de sensibilit linsuline est plus prdictif de diabte que lhypoinsulinisme. Aprs 7 ans de suivi, 12 % des sujets relativement hyperinsuliniques lentre de ltude sont devenus diabtiques, contre seulement 3 % dans le groupe hypoinsulinique. En revanche, dans dautres sries explorant des populations ou groupes ethniquement diffrents, le dfaut scrtoire insulinique est plutt prdictif du diabte. La glucotoxicit a t dmontre sur des modles animaux chez qui une lvation discrte de la glycmie avait t induite par une pancratectomie partielle ou la perfusion de glucose. Dans ces modles, il existe une perte des cellules dans le pancras et le dveloppement dun diabte franc. Le mcanisme de la glucotoxicit passe par la rgulation de gnes et par des phnomnes de souffrance cellulaire. La scrtion par les cellules surstimules de protine amylode insulaire (hIAP human Islet , Amyloid Protein) conduit des dpts fibrillaires damylose au contact des lots, points de dpart de phnomnes fibrotiques. La lipotoxicit est un mcanisme connu depuis peu. Il existe dans la cellule soumise un environnement diabtique, un dtournement des acides gras de loxydation vers le stockage de triglycrides. Laccumulation dacyl-coA conduit la production de cramides et de peroxyde dazote (NO) qui entranent la rpression de certains gnes et des altrations de la mitochondrie conduisant un phnomne dapoptose cellulaire secondaire. Des donnes exprimentales sur un modle animal (rat Zucker fa/fa, rat obse devenant diabtique) suggrent que les thiazolidinediones, ligands du rcepteur PPAR gamma dous deffets hypoglycmiants, pourraient sopposer cette lipotoxicit et la perte de cellules . Il reste vrifier si ceci est aussi vrai chez lhomme. Les autres formes de MODY sont en gnral plus svres dans leur expression clinique. Elles sont dues des mutations de facteurs de transcription de la famille HNF (Hepatic Nuclear Factor) reprsents aussi dans la cellule . Le plus frquent est le MODY 3 (20 50 % des MODY), d une anomalie sur le gne HNF1 . Le dbut peut tre tardif. Linsulino-dpendance est souvent rapide sinon mme parfois inaugurale ( pseudo type 1 ). Les autres MODY sont plus rares ; MODY 1 (HNF-4 alpha), MODY 5 (HNF-1 ). Des anomalies dun autre facteur de transcription spcifique de la cellule ont aussi t associes des cas de diabte. Il sagit du facteur PDX-1 ou IPF-1 impliqu dans le dveloppement et la diffrenciation de la cellule . Dans sa forme homozygote, lanomalie conduit une agnsie pancratique et dans sa forme htrozygote un diabte de type II (MODY 4). Dans les formes monogniques, il faut aussi inclure les diabtes par cytopathie mitochondriale, sintgrant dans un tableau associant diabte non-insulino-dpendant (au moins transitoirement) et surdit de transmission matrilinaire (MIDD, Maternally Inherited Diabetes and Deafness). Les mutaCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Glucotoxicit
La normalisation de la glycmie amliore linsulino-rsistance chez les diabtiques de type II, quelle que soit la manire de lobtenir (insuline, hypoglycmiants oraux, dittique). Ceci indique quil existe une composante de linsulino-rsistance qui est acquise en plus de linsulinorsistance dorigine gntique.
Pour approfondir
Le diabte subit actuellement un intense dmembrement nosographique grce aux progrs de la gntique molculaire. Il apparat plutt comme un syndrome rpondant une multitude de maladies. Si lexpression biologique, lhyperglycmie, et ses consquences, les complications, paraissent communes, la physiopathologie est elle diverse. La classification actuelle propose par lOMS distinguant diabte de type I, maladie autoimmune,
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Diabte de type II
tions (A3243G ou A14709T pour les plus frquentes) portent sur lADN mitochondriale entranant des altrations de fonctionnement de la chane respiratoire et de la production dATP . On peut imaginer que le manque dATP retentisse sur la phosphorylation du glucose et sur la fermeture des canaux potassiques ATP dpendants ncessaires pour la libration dinsuline induite par le glucose. Pour tre complet, il convient enfin de rappeler que environ 10 % des diabtiques non-insulinodpendants ne souffrent pas dun diabte de type II, mais dun diabte de type I dans sa forme lentement progressive (LADA, Latent Autoimmune Diabetes in Adults) caractrise par la prsence danticorps anti-lots (anti-GAD, anti-Tyrosyne phosphatase IA-2). La moindre inhibition de la lipolyse adipocytaire chez le diabtique de type II est responsable dune lvation du taux des AGL circulants au cours de la journe. Cette lvation est associe un accroissement du flux de ces acides gras qui sont capts par le muscle et par le foie. Dans le muscle, les AGL entrent en comptition avec le glucose, cest ce que lon appelle le cycle glucose-acides gras ; dans le foie, loxydation excessive des acides gras capts entretient une noglucognse excessive. Linhibition de la pyruvate dshydrognase dans le muscle est explique par lexcs dactyl CoA et de NADH produits par lexcs doxydation des acides gras. Les stocks de triglycrides musculaires sont excessifs chez le diabtique de type II obses et il existe une corrlation entre les stocks intramusculaires de triglycrides et le degr dinsulino-rsistance. La glycogne synthtase musculaire est active par une cascade de phosphorylations-dphosphorylations. Elle est active par linsuline via lactivation de la glycogne synthtase phosphatase ; un dficit dactivation de cette dernire pourrait tre responsable du dficit dactivation de la glycogne synthtase par linsuline. Il est noter que la resynthse de glycogne qui fait suite la dpltion des stocks de glycogne induite par lexercice nest pas altre chez le diabtique de type II. Le dficit dactivation de la glycogne synthtase concerne donc seulement lactivation par linsuline. Un mcanisme autre que gntique a t propos pour expliquer le dficit dactivation de la glycogne synthtase musculaire. Ce mcanisme impliquerait les stocks de glycogne eux-mmes. En effet, le glycogne inhibe sa propre synthse en inhibant la glycogne synthtase. Le dficit doxydation du glucose observ chez le diabtique obse orienterait le glucose vers la synthse de glycogne. La rpltion chronique excessive des stocks de glycogne inhiberait en retour la synthse de glycogne rendant compte du dficit de stockage lors dune charge orale de glucides ou en hyperglycmie-hyperinsulinmie. Le nombre et laffinit des rcepteurs dans les principaux tissus concerns par linsulino-rsistance, savoir le foie et le muscle, ne sont pas affects au cours du diabte de type II. Des mutations du rcepteur ont t mises en vidence ici ou l chez certains patients, mais elles ne peuvent rendre compte de limmense majorit des cas. Une diminution de lactivit tyrosine kinase du rcepteur a t rapporte dans les diffrents tissus, mais elle apparat secondaire lhyperglycmie chronique et non primitive. Assez clairement, le dficit de signalisation de linsuline sige au-del du rcepteur. La phosphorylation de IRS-1 et lactivation de la PI 3 kinase en rponse linsuline sont profondment altres au cours du diabte de type II. Cependant, il faut noter que cette altration existe aussi au cours de lobsit, mais un degr moindre. Les mcanismes proposs de la glucotoxicit sont de plusieurs ordres. Laccumulation de mtabolites intracellulaires conduirait une altration du transport du glucose. Lhyperglycmie saccompagne dune augmentation de la formation de glucose 6 phosphate, qui est mtabolis en glucosamine 6 phosphate et en UDP-N-actylglucosamine par la glutamine-fructose-6-phosphate-amidotransfrase. La surexpression de cette enzyme chez la souris induit une insulino-rsistance caractrise par une diminution de GLUT4. Une autre hypothse est une augmentation de lactivit de la protine kinase C qui conduirait une phosphorylation des rsidus srine/thronine de la sous-unit du rcepteur et une diminution de lactivit tyrosine kinase.
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Diabte de type II
Points comprendre
Le diabte de type II constitue un problme de sant publique du fait de sa prvalence et en raison de la frquence et de la gravit de ses complications. Le diabte de type II reprsente un groupe htrogne de maladies associant, dans des proportions variables suivant les patients, insulino-rsistance et dficit de linsulino-scrtion. La prise en charge inclut le suivi glycmique principalement, mais aussi celui des facteurs de risque vasculaire associs, ainsi que le dpistage des diffrentes complications de micro et de macro-angiopathie. En effet, le patient diabtique de type II est risque de dvelopper les complications spcifiques de lhyperglycmie chronique, mais aussi et surtout risque cardio-vasculaire. La thrapeutique rpond la physiopathologie de la maladie, avec en particulier des moyens de lutte contre linsulino-rsistance, et des moyens de lutte contre lanomalie de linsulino-scrtion. Une autre classe de mdicaments inhibent partiellement la digestion et donc labsorption des glucides alimentaires. Le nombre de personnes diabtiques est estim en France mtropolitaine 1,8 million (3 % de la population), dont 90 % ont un diabte de type II. On estime 250 000 le nombre de patients non diagnostiqus dans la population gnrale. La simplification des critres de diagnostic du diabte devrait permettre lamlioration du dpistage et donc augmenter le nombre de cas reconnus. La prvalence du diabte de type II va considrablement augmenter en raison de trois phnomnes : la prvalence croissante de lexcs de poids, la sdentarit et lallongement de la dure de vie.
suprieure ou gale 2,00 g/l (11,1 mmol/l), jeun ou non. Les arguments en faveur dun diabte de type II sont des arguments cliniques de probabilit : ge suprieur 40 ans, indice de masse corporelle suprieur 29 kg/m2, topographie androde de la surcharge pondrale, antcdents familiaux de diabte de type II, et pour les femmes, antcdents de mise au monde denfants de plus de 4 kilos. Une fois le diagnostic de diabte de type II pos, il est ncessaire de prendre en charge le patient.
Le suivi du patient
Les objectifs gnraux du suivi dun patient diabtique de type II sont : - rduire ou supprimer les ventuels symptmes comme la polyuro-polydypsie et lasthnie. - Prvenir, dpister et traiter les complications de microangiopathie (ophtalmologiques, rnales, neurologiques) et macrovasculaires. - Promouvoir lautonomie des patients en leur apprenant se surveiller et/ou se traiter eux-mmes. - Amliorer la qualit de vie.
Le suivi glycmique
Un bon contrle glycmique du diabte de type II est recommand pour retarder, voire prvenir la survenue, et ralentir la progression des complications de micro et de macro-angiopathie.
Le suivi du contrle glycmique doit reposer sur le dosage de lHbA1c effectu tous les trois quatre mois. Pour un patient donn, le dosage de lHbA1c doit tre pratiqu dans le mme laboratoire, pour permettre de comparer les rsultats successifs. Le compte rendu du laboratoire doit spcifier la technique utilise, et si cette technique a t certifie par les Socits Internationales de standardisation. La mthode de dosage prne est la chromatographie
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Diabte de type II
liquide haute performance : HPLC (High Performance Liquid Chromatography). Les objectifs glycmiques se traduisent en objectifs dHbA1c. Ils doivent tre individualiss en fonction de lge du patient, des comorbidits et du contexte psycho-social. Lobjectif optimal atteindre est une valeur dHbA1c infrieure ou gale 6,5 %. Lorsque lHbA1c se situe entre 6,6 et 8 % sur deux contrles successifs, une modification du traitement peut tre envisage en fonction de lapprciation des avantages et des inconvnients de ce changement. Lorsque la valeur de lHbA1c est suprieure 8 % sur deux contrles successifs, une modification du traitement est recommande. 30 mg/24 heures, et retrouv trois reprises, est un signe de nphropathie diabtique et un marqueur de risque cardio-vasculaire.
Complications neurologiques
Il convient de procder une fois par an un examen neurologique la recherche de signes de neuropathie priphrique volontaire ou autonome. Il est ncessaire dy associer un examen clinique mthodique du pied pour dpister les sujets risque de dvelopper une lsion : recherche dune neuropathie sensitive, recherche dune artriopathie par la palpation des pouls priphriques, recherche de troubles de la statique du pied. Il faut inspecter le pied et rechercher des petites lsions, des troubles trophiques, des fissures, un rythme ou une mycose. Il convient de rappeler les rgles dducation du patient risque concernant lhygine du pied avec en particulier le choix de chaussures adaptes, linspection et le lavage rgulier du pied, et soigner au plus tt toute lsion suspecte.
Glycmie
Lautosurveillance glycmique au moyen de lecteurs automatiques de glycmies nest pas systmatique dans le suivi du diabte de type II. Elle est cependant utile dans trois situations : - pour sensibiliser le patient lintrt de la dittique et dun exercice physique rgulier ; - pour dterminer la posologie dun traitement antidiabtique au dbut ou lors dun changement ; - en cas de maladie intercurrente ou de prescription de mdication diabtogne. Lautosurveillance glycmique est ncessaire chez le diabtique de type II trait par insuline. La mesure de la glycmie au laboratoire nest pas indispensable pour le suivi du diabte de type II. Elle garde un intrt dans les cas particuliers suivants : - pour contrler la prcision des mesures de glycmie capillaire chez un patient qui pratique lautosurveillance glycmique ; - en cas de changement de traitement, daffection intercurrente ou prescription de mdication diabtogne, chez un patient ne pratiquant pas lautosurveillance glycmique.
Complications rnales
La nphropathie est une complication grave du diabte de type II. Il sagit le plus souvent dune glomluropathie diabtique, mais il peut aussi sagir dune nphropathie dun autre type ou dune pathologie rno-vasculaire. Il convient de mesurer une fois par an la clairance de la cratinine. Pour que le rsultat soit valide, le dbit urinaire doit tre de 2 ml/mn. Il convient aussi de mesurer une fois par an la micro-albuminurie. Cette mesure est ralise sur les urines des 24 heures. Un taux pathologique suprieur ou gal
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Diabte de type II
vent associs lhyperglycmie, et qui coexistent dans un contexte de surcharge pondrale : hypertension artrielle, anomalie lipidique et tabagisme ventuel.
Mesures nutritionnelles
La prise en charge dittique dun patient diabtique de type II comprend plusieurs principes : La prise en charge du surpoids ou de lobsit La ration calorique totale journalire prescrite nest pas standardise, mais elle est adapte aux habitudes alimentaires, ltat pondral du patient et lactivit physique. Cela impose de raliser une enqute alimentaire. En cas de surpoids et dobsit, une restriction calorique de 300 500 kcal/j environ par rapport la consommation habituelle, ou de 15 30 % de lapport calorique dclar doit tre propose au patient (cf. chapitre obsit). Lapport glucidique Sur le plan quantitatif, il doit correspondre 50-55 % de la ration calorique totale, rpartis en 3 repas. Sur le plan qualitatif, les glucides simples (sucreries, bonbons, chocolats et autres sucres raffins) doivent tre vits au profit des glucides complexes, drivs de lamidon. En effet, les aliments contenant des glucides peuvent tre classs selon leur pouvoir hyperglycmiant : cest la notion dindex glycmique. Lapport lipidique Sur le plan quantitatif, il doit reprsenter 30 35 % de la ration calorique totale. Il importe de se mfier des graisses caches . En effet, lapport lipidique ne se rsume pas aux graisses dassaisonnement, mais comprend les graisses contenues dans les autres aliments. Sur le plan qualitatif, on prconise un quilibre entre acides gras mono-insaturs, poly-insaturs, saturs de 2, 1, 1, soit un apport de graisses satures infrieur 10 % de lapport calorique total. Lapport protidique Sur le plan quantitatif, il doit reprsenter environ 15 % de la ration calorique totale. Sur le plan qualitatif, il ny a pas de conseil particulier donner dans la mesure o une alimentation varie permet gnralement dobtenir un apport protidique de bonne valeur biologique. Dans la situation o existe une nphropathie diabtique, lapport protidique doit tre restreint 0,8 g/kg/j pour diminuer la pente de dcroissance du dbit de filtration glomrulaire.
HTA
La pression artrielle doit tre mesure au brassard chaque consultation. Il existe dautres moyens de mesurer la pression artrielle, en particulier la Mesure Ambulatoire de la Pression Artrielle (MAPA). Cette mthode donne une apprciation du rythme nycthmral de la pression artrielle. Chez le patient diabtique, on peut observer une modification de la courbe tensionnelle nycthmrale avec disparition de la diminution tensionnelle nocturne physiologique. Lhypertension artrielle sera dfinie pour une pression artrielle systolique suprieure ou gale 140 mm de mercure et/ou une pression artrielle diastolique suprieure ou gale 90 mm de mercure. Ces chiffres ont tendance tre revus la baisse pour les patients diabtiques, avec en particulier un seuil de dfinition dhypertension artrielle 130/85 mm de mercure. Lhypertension artrielle associe au diabte peut tre dltre sur lvolution de la nphropathie, la rtinopathie et les maladies cardio-vasculaires.
Dyslipidmie
Un bilan lipidique jeun doit tre effectu une fois par an. Il comporte la mesure du cholestrol total, des triglycrides, du HDL cholestrol et le calcul du LDL cholestrol par la formule de Friedwald, si la triglycridmie est infrieure 4,5 g/l. Les objectifs atteindre sont : - en prvention primaire de risque cardio-vasculaire : triglycridmie entre 1,50 et 2 g/l selon le niveau de risque et les recommandations ; LDL < 1,60 g/l si le diabte est le seul facteur de risque ; LDL < 1,30 g/l sil existe dautres facteurs de risque que le diabte ; - en prvention secondaire de risque cardio-vasculaire : triglycridmie entre 1,50 et 2 g/l selon le niveau de risque et les recommandations ; LDL < 1 g/l.
Tabac
Toutes les mesures visant aider larrt dun tabagisme doivent tre mises en uvre. Tous ces facteurs de risque vasculaire associs doivent tre traits et contrls, car ils augmentent considrablement la prvalence des complications cardio-vasculaires chez le patient diabtique de type II.
Activit physique
Traitement
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs thrapeutiques sont notre disposition.
Les conditions optimales dans lesquelles elle doit tre pratique sont dfinies comme suit : - 3 5 fois par semaine pour avoir un effet mtabolique prolong ; - sa dure doit varier entre 20 et 50 minutes. La pratique de lexercice physique nest pas sans risque et doit tre ralise sous surveillance mdicale. Diverses complications sont possibles : cardio-vasculaires chez un patient coronarien mconnu commenant un exercice dintensit excessive sans bilan pralable ni prcautions particulires, hmorragiques sur une rtinopahie prolifrante mconnue, osto-articulaires. Il est donc ncessaire dadapter les recommandations dactivit physique selon les possibilits de chacun.
Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Insulinothrapie
Linsulinothrapie a sa place dans larsenal thrapeutique du diabte de type II. En effet, elle est indique dans trois situations : - Lorsque lassociation des trois classes des mdicaments antidiabtiques oraux doses maximales ne permet plus datteindre les objectifs glycmiques. - Lorsquil existe une contre-indication aux traitements antidiabtiques oraux. - Lorsquil existe un phnomne intercurrent, ncessitant une insulinothrapie transitoire, comme lexistence dune complication aigu du diabte, une intervention chirurgicale, une infection, un traitement concomitant avec risque de dcompensation, comme une corticothrapie. Il est donc important de comprendre que la prise en charge thrapeutique du diabte de type II correspond le plus souvent des tapes successives pour un mme patient. Chaque tape est gnralement couronne de succs, mais pour simplement quelques mois ou annes du fait de la progression naturelle de la maladie, en particulier du trouble de linsulino-scrtion, principalement sous la dpendance de facteurs gntiques, et dvolution plus ou moins rapide.
Tableau I Principaux mdicaments antidiabtiques oraux Classe Biguanides Mode daction amliorent la sensibilit linsuline stimulent la scrtion dinsuline Inconvnients troubles digestifs DCI metformine Nom commercial Glucophage Stagid Glucinan Daonil Amarel Diamicron Glibnse Novonorm Glucor Diastabol
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troubles digestifs
Pour approfondir
LUKPDS (United Kingdom Prospective Diabetes Study) est une tude prospective qui a compar lefficacit dun traitement conventionnel par rgime seul et dun traitement intensifi par biguanides, sulfamides hypoglycmiants ou insuline, sur les complications de micro et macro-angiopathie chez des patients diabtiques de type II nouvellement diagnostiqus. Cette tude a port sur 5 102 patients suivis plus de 10 ans. Elle a montr une rduction de la morbi-mortalit lie au diabte de 12 %, de la micro-angiopahie de 25 % et de linfarctus du myocarde de 16 % dans le groupe de patients traits de faon intensive par rapport au groupe trait par rgime seul.
Cas clinique n 1
Un patient g de 47 ans prsente le bilan biologique jeun rcent suivant : Glycmie : 2,05 g/l, cholestrolmie : 2,86 g/l, triglycridmie : 3,74 g/l, HDL : 0,31 g/l. Le patient pse 93 kg et mesure 175 cm, avec un rapport taille/hanches 1,06. Il prsente dans ses antcdents une polykystose rnale, avec une insuffisance rnale chronique et une cratininmie autour de 250 micromoles/l. 1) Quel est le trouble glucidique le plus probable ? 2) Quel est le trouble lipidique le plus probable ? 3) A quoi est associ le rapport taille/hanches sur le plan biologique et peut-on le rattacher aux anomalies mtaboliques de ce patient ? 4) Quelle est votre stratgie thrapeutique ?
Cas clinique n 2
Un patient g de 63 ans prsente un diabte de type II voluant depuis une quinzaine dannes. Il est trait par 3 cp/j de Daonil R et 3 cp/j de glucophage 850 R. Son dernier bilan biologique montre une glycmie jeun 2,95 g/l et post-prandiale 3,84 g/l, et une hmoglobine glyque 10,2 %. Il a perdu 4 kg en 3 mois involontairement et se plaint dune asthnie. 1) Quel est le diagnostic le plus probable ? 2) Celui-ci peut-il sintgrer dans lhistoire naturelle du diabte de type II ? 3) Quel bilan complmentaire pratiqueriez-vous dans ce contexte ? 4) Quelle attitude thrapeutique concernant le diabte semble la plus adapte ?
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Diabte de type II
Points comprendre
La question Diabte et Grossesse doit sanalyser sous deux aspects : - Le diabte est connu avant la grossesse - Le diabte est dcouvert au cours de la grossesse. Lorsque le diabte est connu avant la grossesse, le principal objectif du traitement est la normalisation glycmique ds la conception et durant le premier trimestre pour prvenir la survenue de malformations. La notion dquilibre glycmique pr-gestationnel et de conseils et dducation aux femmes diabtiques jeunes susceptibles davoir une grossesse deviennent donc des points importants. Gnralement, il sagit dun diabte de type I et il faut assurer une couverture insulinique 24 heures sur 24, fractionner linsuline par tranches horaires, obtenir une autosurveillance satisfaisante. Plus rarement, il sagit dun diabte de type II ; les antidiabtiques oraux deviennent contre-indiqus, et linsulinothrapie devient obligatoire. Lorsque le diabte est dcouvert au cours de la grossesse, la situation la plus frquente correspond un trouble de la glycorgulation se dcompensant entre la 24e et la 27e semaine ; il ny a donc pas de risque dembryopathie. Les enjeux sont donc ceux de la prinatalit avec 3 risques : a) la macrosomie rsultant de lexcs de substrat maternel ; b) la mort ftale in utero dans les derniers jours de la grossesse ; c) lhypoglycmie de lenfant la naissance. Ces 3 risques sont directement influencs par lquilibre glycmique maternel. La dcouverte de ce trouble de la glycorgulation entre la 24e et la 27e semaine rsulte de linadquation de la scrtion dinsuline linsulino-rsistance qui se dveloppe ce stade au cours de toute grossesse. Ceci justifie un dpistage. Dans tous les cas, la normalisation glycmique doit tre obtenue tout au long du nycthmre, grce aux conseils nutritionnels, efficaces eux seuls le plus souvent, ou associs linsulinothrapie.
Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Le premier trimestre
Pendant cette priode, le diabte peut engendrer des malformations type de fermeture incomplte du tube neural, de cardiopathie congnitale ou de dysgnsie osseuse. Le niveau glycmique au moment de la conception, voire lenvironnement glycmique autour de lovule sont des facteurs susceptibles de prdisposer ce type de malformation. Le contrle de la glycmie dans la phase pri-conceptionnelle reprsente donc un enjeu majeur pour les femmes prsentant un diabte dj connu, cest--dire en gnral un diabte de type I. Cependant, avec laugmentation de frquence des grossesses chez des femmes proches de la quarantaine, chez qui lexcs de poids est plus frquent, conduit plus souvent quautrefois prendre en charge des femmes enceintes ayant un diabte de type II. Par ailleurs des tudes sur culture dembryons ont montr quun taux de corps ctoniques levs tait lui aussi susceptible de contribuer une embryopathie ; lacidoctose durant le premier trimestre doit donc tout prix tre vite ; il ne faut cependant pas confondre ctose de carence insulinique dangereuse et ctose physiologique de la grossesse qui elle est sans danger.
Le deuxime trimestre
Le deuxime trimestre correspond la croissance du ftus. Les enjeux du contrle glycmique durant le deuxime trimestre seront donc ceux de lventuelle apparition dune macrosomie ou dun hydramnios. Dune faon schmatique, on peut considrer quun excs de flux de substrat de la mre vers lenfant conduira un stockage des substrats en excs chez lenfant. Ce stoc2S83
Diabte de type II
kage tant ralis sous forme dune hypertrophie du tissu adipeux conduisant la macrosomie, elle-mme source ultrieurement dune dystocie des paules. quune grossesse doit mtaboliquement se prparer et que la conception devrait se concevoir dans un contexte de contrle glycmique et dhmoglobine glycosyle parfaitement normalise. Il est donc du devoir de tout mdecin suivant une patiente diabtique susceptible de dsirer une grossesse de bien avoir inform et duqu celle-ci pour que, partir du moment o le dsir de grossesse est formul, le mdecin soit prvenu et ltat mtabolique soit parfaitement contrl. De mme, elle doit savoir que tout au long de la grossesse elle sera suivie par son obsttricien et son diabtologue. Durant la phase prconceptionnelle et la phase de gestation, les seuls outils thrapeutiques sont la dittique et linsuline, quel que soit le type de diabte. Cette analyse gnrale concerne surtout les femmes diabtiques de type I. En cas de diabte de type II, les antidiabtiques oraux doivent tre interrompus soit avant la conception si celle-ci est prvue, soit aussitt que la grossesse est connue ; linsulinothrapie simpose alors ; les rgles concernant cette insulinothrapie seront exactement les mmes que celles prconises une femme diabtique de type I, avec cependant comme diffrence, quune patiente diabtique de type I a dj lexprience de linsulinothrapie et de ladaptation des doses avant sa grossesse, alors quune patiente diabtique de type II doit faire cette exprience ds le dbut de sa grossesse. Une hospitalisation ducative en milieu diabtologique simposera donc systmatiquement pour que les objectifs thrapeutiques soient atteints le plus vite possible, mais avec rigueur et acquisition parfaite.
Le troisime trimestre
Les enjeux du troisime trimestre sont ceux de la prinatalit ; un mauvais contrle de la glycmie au cours du troisime trimestre est source dun retard la maturation pulmonaire ; les lments essentiels de la pri-natalit sont lhypoglycmie nonatale, lictre et lventuelle mort in utero. La mort in utero durant les derniers jours de la grossesse est directement lie un mauvais contrle glycmique ; elle a t rapport une hypertrophie du septum du myocarde du ftus ; la physiopathologie reste encore mal lucide. Lhypoglycmie nonatale reprsente par contre une complication classique lie lhyperinsulinmie ftale ractionnelle lhyperglycmie maternelle. Dune manire grossire, on peut dire que la glycmie de lenfant la naissance est limage en miroir de la glycmie de la mre durant la dernire partie de la grossesse ; en quelque sorte, plus les glycmies de la mre seront hautes au troisime trimestre, plus celles de lenfant risquent dtre basses la naissance.
La dittique
En ce qui concerne la dittique, il ny a pas de recommandations particulires, une femme diabtique de type I doit avoir des apports caloriques normaux satisfaisant la totalit de ses besoins, seule la rgularit de la prise glucidique, repas par repas, doit tre assure au quotidien tous les jours et de manire rptitive. Ltat gravidique ne modifie pas ces principes dittiques. Les conseils nutritionnels de la femme diabtique de type I enceinte sont exactement les mmes que ceux de la femme non diabtique, hormis la rgularit des apports glucidiques repas par repas.
Linsulinothrapie
Linsulinothrapie au cours de la grossesse doit permettre dobtenir le meilleur contrle glycmique possible, avec une des glycmies jeun et postprandiales, confirmes par la normalisation de lhmoglobine glyque ; pour ce faire, les outils utiliser sont au minimum 3 injections dinsuline, voire 4, et si ctait ncessaire le recours une pompe insuline ; lessentiel est la bonne utilisation et la bonne manipulation de ces outils. Linsulinothrapie est de principe fragmente, avec utilisation dune insuline rapide le matin pour assurer le contrle des glycmies postprandiales du petit djeuner, une insuline rapide le midi pour assurer le contrle des glycmies postprandiales du repas de midi, une insuline rapide le soir pour assurer le contrle des glycmies postprandiales du repas du soir et une insuline semilente, voire ultralente pour assurer le contrle des glycmies de la nuit et du rveil. Au cours de la grossesse, il arrive parfois que le contrle de fin daprs-midi soit lui aussi difficile et que le recours une deuxime insuline semi-lente le matin pour assurer le contrle des glycCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Diabte de type II
mies de fin daprs-midi soit justifie. Par ailleurs, il peut exister des hypoglycmies en milieu de nuit et des hyperglycmies de fin de nuit rendant la manipulation de linsuline semi-lente du soir difficile et devenant alors lindication formelle lutilisation dune pompe insuline. Ces principes thrapeutiques tant compris, ils imposent la pratique dune autosurveillance faite de 6 glycmies capillaires par jour avant et aprs chaque repas ; elles seules permettront dassurer que linsuline injecte pour une tranche de journe permet dobtenir les effets glycmiques dsirs sur cette tranche de journe. Par ailleurs, comme nous lavons vu, la situation mtabolique dune grossesse est un lment volutif, lauto-surveillance devra donc tre rpte tous les jours, afin de pouvoir radapter le besoin insulinique chaque fois que ncessaire et sans prendre de retard ; ce besoin insulinique, par dfinition, ayant tendance augmenter tout au long de la grossesse. Lallaitement maternel est recommand comme pour toutes les autres femmes. Une relation entre allaitement par le lait de vache et apparition ultrieure de diabte de type I a t voqu dans certaines publications issues des pays du nord de lEurope.
Lducation
Elle sera donc llment essentiel pour atteindre les objectifs, ducation un comportement nutritionnel rgulier, ducation une autosurveillance bien faite (6 glycmies minimum tous les jours), note sur un carnet, ducation ladaptation des doses dinsuline de manire anticipatoire et non pas de manire compensatoire (anticipatoire pour prvenir llvation postprandiale de la glycmie et non compensatoire pour rattraper une hyperglycmie dont de principe on nadmet pas lexistence). Mme si une patiente est diabtique de type I depuis longtemps et a limpression de tout savoir, il peut parfois tre souhaitable de se donner quelques jours dhospitalisation en structure ducative pour sassurer que tout sera fait au mieux durant la grossesse et de bien rappeler la patiente que ce quelle a pu connatre jusqu prsent dun diabte relativement stable et de besoins insuliniques relativement constants vont, au cours de la grossesse, totalement changer ; elle doit savoir et avoir compris que laugmentation des besoins insuliniques tout au long de la grossesse est un phnomne physiologique pouvant multiplier par deux les besoins insuliniques au cours de la grossesse.
Le diabte gestationnel
Dfinition
Le diabte gestationnel dans sa dfinition europenne se caractrise par la dcouverte dun trouble de la glycorgulation jusqu prsent mconnu au cours dune grossesse. Celui-ci apparat gnralement la fin du deuxime trimestre vers le 7e mois ; la physiopathologie de son apparition tant explique par ce que nous avons vu de lvolution de linsulino-rsistance au cours de la grossesse. Il apparat volontiers chez des patientes ayant des facteurs dinsulino-rsistance associs : a) ge voisin de 40 ans ; b) surpoids ; c) antcdents familiaux de diabte de type II ou de surcharge pondrale dans la famille. Cependant, prs de la moiti des diabtes gestationnels sont susceptibles dapparatre chez des femmes qui nont pas de facteurs de risque particuliers ; ceci amne donc discuter aujourdhui de la stratgie de dpistage du diabte gestationnel, vu les enjeux qui ont t dfinis dans le premier paragraphe.
Laccouchement
Celui-ci conduit lexpulsion du placenta, et donc la fin de linsulino-rsistance, amenant baisser de manire substantielle les doses dinsuline qui gnralement retournent leur niveau antrieur ; la patiente doit tre prvenue de cette situation, elle doit par ailleurs tre prvenue dun certain degr dinstabilit de son diabte durant les semaines suivant laccouchement. En cas de diabte de type II pralable, linsulinothrapie peut tre suspendue et la reprise des ADO est possible sil ny a pas dallaitement maternel envisag, car il contre-indique les antidiabtiques oraux.
Lallaitement
Une femme diabtique de type I peut parfaitement allaiter son enfant, cet allaitement conduira aux mmes conseils nutritionnels que pour une femme non diabtique. En cas de diabte de type II, les ADO sont contre-indiqus pendant lallaitement et celui-ci impose donc la poursuite de linsulinothrapie qui sera suspendue la fin de lallaitement.
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Diabte de type II
susceptible de modification dans les annes venir), reste le critre diagnostique le plus reconnu. Une glycmie suprieure 1,80 g/l la 60e minute et une glycmie suprieure 1,60 g/l la 2e heure sont ncessaires et suffisantes pour porter le diagnostic de diabte gestationnel. Cependant, il nest pas question de pratiquer une preuve dhyperglycmie provoque toutes les femmes, des tests de dpistage ont donc t proposs. Le dpistage le plus habituel de diabte gestationnel se fait grce au test de OSullivan : la mesure dune glycmie une heure aprs la prise de 50 g de glucose (prise nimporte quel moment de la journe) permet de dpister les femmes risque davoir un diabte gestationnel si cette glycmie est suprieure ou gale 1,40 g/l. Dans certains pays, il est propos quil soit fait systmatiquement toute femme enceinte entre la 24e et la 26e semaine. Il a cependant t propos de dfinir un risque bas dispensant davoir recours au dpistage : il est considr quune femme est faible risque lorsquelle a moins de 25 ans, avait un poids normal avant la grossesse, ne fait pas partie dun groupe ethnique susceptible davoir un trouble de la glycorgulation, na pas dantcdents familiaux du premier degr de diabte, na pas dhistoire danomalie de la tolrance glucidique et na pas dantcdents obsttricaux. Ces critres montrent en fait que peu de femmes seraient susceptibles dtre dispenses du dpistage. Le dpistage systmatique reste malgr tout non codifi dans notre pays pour le moment. Devant un test de OSullivan considr comme positif, il faut alors faire pratiquer lpreuve dhyperglycmie provoque 100 g de glucose. Sur le plan mtabolique, le diagnostic de diabte gestationnel ne prsume pas de la thrapeutique, il engendre par contre des objectifs thrapeutiques bien dtermins. il a pu tre prconis une augmentation de 100 150 calories par jour, mais il nexiste aujourdhui aucune preuve justifiant de cette augmentation ; ceci veut donc dire que la grossesse ne justifie pas dune augmentation majeure des apports caloriques. On trouve des propositions allant de 30 32 kcalories/kg durant la deuxime partie de la grossesse chez la femme ayant un poids normal. Par contre, lorsquil existe un surpoids pralable (BMI > 30), une consommation spontane habituelle excessive, une correction des apports est ventuellement propose, en sachant que celle-ci ne doit pas tre restrictive, mais doit ramener la consommation aux besoins rels. La grossesse nest pas le meilleur moment pour pratiquer un rgime hypocalorique ; celui-ci conduit toujours des enfants avec des petits poids la naissance. La ration glucidique au sein de lapport Une fois lapport calorique dtermin, un consensus existe pour que la ration glucidique assure de 40 50 % de lapport calorique ; il est en revanche recommand davoir recours des aliments de faible index, des tudes en ayant montr lintrt. La rpartition en 3 repas semble la plus souhaitable, en essayant dviter les collations glucidiques. Il semble par ailleurs quil faille particulirement se mfier dune charge glucidique trop importante au niveau du petit djeuner, il existe en effet une tendance une hyperglycmie postprandiale plus marque aprs ce repas quaprs les autres. Les autres nutriments lipido-protidiques Les autres nutriments sont le complment de la ration calorique. On doit veiller ce que lapport lipidique ne soit pas excessif pour ne pas tre source dinsulino-rsistance. Lapport prottique doit tre respect selon les recommandations de la population gnrale. Dans nos pays, il nexiste pas de problme dapports protiques insuffisants, il faut cependant savoir quil a pu tre voqu une relation entre la carence protique et lventualit dun diabte de type II ultrieur pour lenfant en cas de carence extrme. L insulinothrapie Si la dittique ne permet pas datteindre les objectifs thrapeutiques tels quils ont t fixs, le seul outil thrapeutique ultrieur est linsulinothrapie. Linsulinothrapie sera conduite selon les principes vus dans le cas du diabte de type I, cest--dire ayant recours des insulines action rapide prescrites et adaptes aux tranches horaires o lhyperglycmie a t constate. Elle sera entreprise ds que les objectifs ne sont pas atteints. Remarques sur les outils thrapeutiques Ayant bien compris que le mtabolisme glucidique tait volutif tout au long de la grossesse, il est vident que les rsultats glycmiques obtenus au cours de la surveillance dun diabte gestationnel seront eux aussi volutifs. Ceci justifie lautosurveillance, il est en effet possible un moment donn de la grossesse datteindre les objectifs thrapeutiques par une prescription dittique et de ne plus les atteindre quelques semaines plus tard. Seule une surveillance rgulire du contrle mtabolique permettra de voir arriver cette difficult. Il en est de mme lorsquune insulinothrapie aura t mise en route. Il est hautement probable que les besoins insuliniques aillent en augmentant dans les semaines suivantes, seule lautosurveillance permettra de suivre le phnomne et dadapter les doses dinsuline ; il importe, tout au long de la surveillance du mtabolisme glucidique au cours dune grossesse, de bien se souvenir que la situation est volutive.
Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
La dittique
Lapport calorique Si la femme ne prsente pas de surpoids en dbut de grossesse ou en cours de grossesse, les apports recommands sont la poursuite de sa consommation habituelle ;
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Commentaires
Cette patiente prsente 3 critres qui ont justifi le dpistage systmatique du diabte gestationnel : lge, le poids pralable la grossesse, la prise de poids durant la grossesse et ceci malgr un suivi obsttrical strictement normal ; la glycmie, une heure aprs charge 50 g, devait donc dpasser les 1,40 g/l pour que lobsttricien demande lpreuve dhyperglycmie provoque. Cest lpreuve dhyperglycmie provoque et elle seule qui permet de porter le diagnostic de diabte gestationnel et non le test de dpistage de OSullivan. Aprs tude du comportement alimentaire, le diabtologue nutritionniste a donc propos une correction des excs alimentaires qui doivent exister vu le surpoids initial ; il a expliqu la patiente la ncessit de supprimer les grignotages, de rpartir de manire rgulire ses rations glucidiques, et il lui a propos une suivi glycmique pour sassurer que les objectifs lgalement dfinis sont atteints : glycmie < 1,10 g/l jeun, 1,20 g/l en postprandial. Il la inform de la ncessit de garder une alimentation quilibre, de ne pas tomber dans un excs inverse, cest--dire dans une dittique trop restrictive. Il la reverra pour juger des rsultats et dcidera ventuellement dy adjoindre une insulinothrapie si les objectifs glycmiques ne sont pas atteints. Il prviendra enfin cette femme que celle-ci doit tre revue aprs le retour de couches pour sassurer de son contrle mtabolique personnel en dehors de tout tat gravidique et bien sr en profiter pour lui donner les conseils qui lui permettront dviter dvoluer ultrieurement vers un vritable diabte de type II.
Lallaitement
Le diabte gestationnel nest en aucun cas une contreindication lallaitement maternel.
Le devenir de la mre
Au-del de laccouchement, les problmes mtaboliques de la mre ne sont pas totalement rsolus, un certain nombre dentre elles tant expos voluer vers un vrai diabte de type II, surtout si une surcharge pondrale est dj prsente ou se dveloppe ultrieurement. Il importe de proposer un contrle du mtabolisme glucidique toutes ces femmes aprs le retour de couches. Pour toutes celles qui sont risque de diabte de type II, le contrle des facteurs de risque semble important, cest--dire contrle des apports caloriques et de ltat pondral, pour toutes les autres qui nont pas de facteurs de risque connus (poids normal), une nutrition de bon sens semble suffisante.
Pour approfondir
Sur le plan mtabolique, les choses peuvent tre dcrites dune faon lgrement diffrentes caractrises par ce que lon appelle une phase danabolisme facilit durant la premire partie de la grossesse et dune phase de catabolisme ensuite. Lanabolisme facilit survient durant les premiers mois de la grossesse et na en fait pour finalit physiologique que dassurer la constitution de stocks maternels susceptibles dtre utiliss ensuite au cours de la grossesse. Cette situation danabolisme physiologique na gnralement aucune traduction clinique chez des femmes non diabtiques ; par contre chez les femmes diabtiques de type I, elle explique lapparition dhypoglycmies et la diminution des besoins insuliniques parfois observs durant les premiers mois de grossesse. Ds le deuxime trimestre, la situation mtabolique sinverse et se caractrise par un catabolisme conduisant un excs dacides gras circulants ; cette phase de catabolisme a comme finalit physiologique de mettre les substrats nutritionnels maternels la disposition du ftus sous linfluence de la lipolyse facilite par lhormone placentaire ; cet excs de substrats circulants entre autres lipidiques, concourt linsulino-rsistance ; il importe de ne pas acclrer la lipolyse par un apport glucidique insuffisant.
Cas clinique
Madame A., 38 ans, a dj men bien une grossesse il y a 4 ans ; le poids de lenfant la naissance tait de 3,250 kg ; aujourdhui elle consulte parce quune nouvelle grossesse est en cours ; elle mesure 1,65 m et avant le dbut de cette nouvelle grossesse elle pesait 73 kg, aujourdhui elle en pse 83 la 27e semaine de grossesse. Lobsttricien qui la suit na not aucune anomalie obsttricale, la hauteur utrine est normale, lchographie ftale est elle aussi correcte, il a cependant demand un test de OSullivan quil a considr comme anormal et a fait pratiquer une preuve dhyperglycmie provoque 100 g qui donne les rsultats suivants : T0 0,80 T 120 1,90 T 160 1,70 T 180 1
Une consultation de nutrition a t propose et cest ainsi que vous voyez la patiente aujourdhui.
Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001 2S87
Athrosclrose
Points comprendre
Les complications cardio-vasculaires ischmiques constituent la premire cause de mortalit des Franais gs de plus de 65 ans. Elles sont le plus souvent la consquence de lathrosclrose, processus insidieux qui correspond aux remaniements de la paroi des gros troncs artriels conscutifs une agression. Il sagit de remaniements variables de lintima comportant une accumulation focale de lipides, glucides complexes, produits sanguins, matriel fibrineux et dpts calcaires accompagns de modifications de la mdia. La formation des plaques est induite par le contexte environnemental et celles-ci surviennent dans des zones lectives du fait de contraintes physico-lastiques qui sappliquent la paroi. La rponse est de type fibro-prolifrative et inflammatoire, accentue en prsence dune dyslipoprotinme et dun diabte. La dstabilisation des plaques plus que le degr de stnose fait le pronostic en provoquant la survenue dune thrombose, elle-mme responsable dun infarctus. Lenchanement de lathrosclrose et de ses complications thrombotiques aboutit au concept dathrothrombose, processus multifactoriel. Il rsulte dune interaction entre des facteurs environnementaux parmi lesquels la nutrition joue un rle majeur et une susceptibilit gntique propre chaque individu. Ceci explique la variabilit du pronostic en dpit dun niveau dexposition similaire aux facteurs de risque ou inversement pour des malades ayant un gnotype identique. Parmi les macro-nutriments, les lipides, en particulier leur qualit, jouent un rle central dans la prvention du risque vasculaire, il nest toutefois pas exclusif et il faut galement considrer les micro-nutriments, tels que les divers antioxydants naturels et galement leffet plausible dune consommation dalcool modre. La prise en charge dun sujet risque cardio-vasculaire sinscrit dans la dure et implique une dmarche raisonne avant dentreprendre une prise en charge prolonge qui a un retentissement individuel et collectif. La conduite tenir face une dyslipoprotinmie a t dissocie pour des raisons de clart, mais cet aspect doit tre intgr dans la gestion du risque vasculaire.
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Athrosclrose
doit enfin tre indpendante, cest--dire demeurer significative quel que soit le niveau des autres facteurs de risque. La causalit ne peut tre rellement tablie que pour les facteurs modifiables. Les principaux facteurs de risque sont reprsents au sein de la figure ci-jointe (figure 1). On constate que la nutrition a un effet direct ou indirect sur un grand nombre dentre eux. La solution la plus simple actuellement consiste additionner le nombre de facteurs de risque en retranchant les facteurs correspondant un effet protecteur (essentiellement laugmentation du HDLc > 0,6 g/l). Les seuils dintervention pour les mesures prventives sont dautant plus bas que le nombre de facteurs de risque (voir chapitre dyslipidmie) est lev.
FRCV modifiables
Tabac HTA* Dyslipidmies*
LDLc* TG* HDLc* Lp(a)
Insulino-rsistance*
Obsit abdominale* Diabte
Recommandations thoriques
Les donnes dpidmiologie nutritionnelle ont fourni certaines orientations fortes vers des facteurs favorisants et des facteurs protecteurs vis--vis des maladies cardiovasculaires. Les tudes dintervention nutritionnelle en prvention primaire ou secondaire apportent des arguments complmentaires. La qualit des lipides alimentaires compte autant que leur quantit, dans la prvention contre lathrosclrose. On recommande certes : de restreindre lapport lipidique 35 % de lapport nergtique total (AET), de temprer lapport en cholestrol moins de 300 mg/j, mais aussi :
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de limiter le contingent en acides gras saturs moins de 10 % de lAET, de permettre un apport suffisant en acides gras monoinsaturs (15 % de lAET), doptimiser lapport en acides gras polyinsaturs, sans atteindre 10 % de lAET, en largissant les sources de polyinsaturs en n-6 et en n-3, de promouvoir la consommation de fibres et surtout dagents anti-oxydants naturels, de modrer lapport sod, dobtenir un amaigrissement au moins partiel en cas dexcs pondral, dadmettre une consommation dalcool modre. Il nest pas souhaitable, en dehors dune hypertriglycridmie dont la dpendance stricte de lalcool aurait t documente, de recommander un sevrage total. Inversement, la consommation dalcool dans une perspective de prvention cardio-vasculaire ne doit pas tre encourage du fait des effets latraux chez les surconsommateurs. Il nest pas logique de promouvoir actuellement la consommation de supplments vitaminiques dans une perspective de prvention cardio-vasculaire ni dagents anti-oxydants tels que les polyphnols, la vitamine E et dautres apparents, puisque la dmonstration de leur efficacit drive le plus souvent dtudes ex vivo reposant sur des critres intermdiaires contestables.
Pour approfondir
Histoire naturelle des lsions
La strie lipidique
Les lsions les plus prcoces sont des dpts lipidiques constitus de macrophages et de lymphocytes T infiltrs au sein de lintima. Ces lsions jauntres, peine surleves, ubiquitaires sont retrouves au niveau des coronaires chez 50 % des enfants autopsis pour des dcs accidentels. Un rgime athrogne exprimental riche en lipides saturs dclenche chez lanimal lapparition de stries lipidiques ds les deux premiers mois dexposition. Les zones o le flux sanguin est tourbillonnaire correspondent leurs sites de prdilection. On dcrit un stade intermdiaire avant la plaque fibreuse qui correspond la plaque glatiniforme. De dimension plus importante, centimtrique, elle commence sorganiser et contient des mucopolysaccharides.
La plaque fibreuse
Cest la lsion lmentaire la plus classique. Elle est recouverte par une chape fibreuse constitue de tissu conjonctif et de cellules musculaires lisses (CML). Au centre de la lsion se situe un noyau mou et htrogne constitu de cholestrol libre et estrifi, accumul au sein de macrophages spumeux, de CML et de lymphocytes T qui peuvent tre activs. Des cellules gantes plurinucles et des plasmocytes peuvent tre prsents. Secondairement des dpts de calcium et de fibrine sont galement observs. Le dveloppement de la plaque affecte essentiellement lintima. Il existe nanmoins un retentissement sur la mdia. Lartre est gnralement dilate en regard des plaques et le luminogramme fourni par lartriographie sousestime souvent limportance de la plaque. Lextension et la plasticit des plaques sont en revanche bien mises en vidence par lchographie endocoronaire. Il existe frquemment un infiltrat inflammatoire adventiciel en regard des plaques. Leur expansion saccompagne dune destruction des fibres lastiques de la zone interne de la mdia et de la limitante interne. Les plaques voluent lentement, de faon relativement synchrone et induisent une stnose qui deviendra significative au plan hmodynamique seulement lorsquelle dpassera 70 % du calibre artriel. Certaines plaques ont une volution discontinue et asynchrone en progressant brutalement.
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Mesures restrictives
Eviter les abats, importantes sources de cholestrol. Limiter la consommation des viandes les plus grasses et de charcuteries (en dehors du jambon blanc). Modalit de mise en place : il nexiste pas de mthode standardise, une enqute nutritionnelle peut tre utile pour reprer des erreurs importantes. Les conseils doivent tre personnaliss selon la typologie des individus. Les conseils peuvent tre aussi bien individuels que collectifs. Ils doivent tre renouvels et progressifs.
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Tableau I Rsum des principaux conseils nutritionnels chez un sujet risque cardio-vasculaire
CONSEILLS
PRODUITS LAITIERS
Lait demi-crm, yaourt ordinaire ou fromage frais limit 20 % de matires grasses nature, fromage pte ferme ou sous forme de gruyre rp limit 1 part 1 fois par jour.
VITER
PRODUITS LAITIERS
Lait entier, yaourt la grecque, fromages frais plus de 30 % de matires grasses, flans et crmes desserts.
VIANDES
Morceaux maigres des viandes de boucherie (rumsteck, rosbif, paleron, jarret, steak hach limit 15 % de matires grasses, filet de porc, etc.), volailles, gibier, lapin, cheval, jambon cuit ou cru dgraiss, dcouenn, filet de bacon, viande des Grisons.
VIANDES
Les morceaux gras des viandes de boucherie (mouton). La charcuterie grasse (pt, saucisson, andouillette, boudins, merguez, lard, lardons, saucisses de volaille).
POISSONS
Frais, surgels, en conserve consommer au moins 2 fois par semaine.
POISSONS
Tarama, poissons pans, poissons meunire.
UFS
Aucune restriction sur le blanc.
UFS
Pour les jaunes jusqu 4 par semaine.
MATIRES GRASSES
Huiles (privilgier olive, colza, huiles mlanges), beurre allg, crme allge crme frache : respecter les quantits autorises Beurre : essayer de le remplacer par margarine enrichie en phytostrol.
MATIRES GRASSES
Eviter : fritures avec Saindoux, Vgtaline.
FCULENTS
Au moins une ration quotidienne.
FCULENTS
Quenelles, chips, pommes dauphines, pommes de terre noisette, quiche, feuillets, biscuits sals apritifs.
LGUMES
Tous, au moins une fois par jour.
FRUITS
Consommer au moins deux rations quotidiennes.
PRODUITS SUCRS
Effet neutre ou accentuation dune hypertriglycridmie pr-existante en cas dabus. Chocolat, ptes tartiner chocolates : attention aux calories
PRODUITS SUCRS
Prfrer les sorbets aux crmes glaces. Attention la biscuiterie et aux viennoiseries.
BOISSONS
Admettre une consommation de un trois quivalent verres de vin.
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La plaque complique
Cest la rupture des plaques qui prcipite la survenue des complications ischmiques en exposant le noyau ncrotique extrmement proagrgant du fait de la prsence de PAI 1 et de facteur tissulaire. La rupture de la plaque survient sur des plaques riches en lipides dans la zone de raccordement entre la chape fibreuse et la paroi saine. En effet, cest dans cet angle aigu que les contraintes de cisaillement sont maximales et la prsence de macrophages surchargs en lipides constitue une zone de fragilit mcanique. La formation dun thrombus occlusif sur une plaque peu stnosante dclenchera un infarctus qui survient ainsi dans la majorit des cas sur des lsions dont le degr de stnose est infrieur 70 %. Ainsi, en post-infarctus immdiat aprs thrombolyse, le degr de stnose est estim en moyenne 56 %. Ce phnomne thrombotique a des rpercussions moindres dans les artres de gros calibre o aprs rupture de plaque et thrombose, le thrombus nest pas occlusif ; cependant ces remaniements au niveau de larche aortique sont troitement associs la survenue daccidents vasculaires crbraux ischmiques. La constitution de cycles itratifs fissuration-thrombus-rparation fibreuse peut constituer un mode de progression acclr de certaines plaques. Lvolution des plaques athromateuses peut aboutir, en fragilisant la paroi, la constitution dune dissection artrielle ou dun anvrisme. On considre quun traitement hypocholestrolmiant conduisant une diminution importante du LDLc peut induire une stabilisation des plaques en appauvrissant le noyau en cholestrol et ainsi en rduisant les processus inflammatoires et la plasticit de la plaque, le processus de fibrose achevant de cicatriser la zone instable. Une diminution des lsions a t constate lors dtudes dintervention par statine avec contrle coronarographique. Cependant la prcocit et lamplitude du bnfice obtenu correspondent de faon prpondrante un effet de stabilisation. Les plaques peuvent aussi tre lobjet de remaniements hmorragiques donnant lieu des dissections ou une accentuation brutale de la stnose. En se fracturant elles peuvent galement sulcrer et librer une bouillie athromateuse source de microembols en aval. Secondairement, les macrophages en accumulant du cholestrol se transforment en cellules spumeuses. En effet, laccumulation des LDL dans la paroi joue un rle central. La peroxydation de leur composant lipidique, voire protique favorise leur internalisation par les macrophages qui se surchargeront en lipides, car les rcepteurs boueurs ne sont pas autorguls par la teneur intra-cellulaire en cholestrol. Les LDL se peroxydent dans le micro-environnement des CML dautant plus volontiers quelles sont de petite taille. Leur propension se peroxyder dpend de la peroxydabilit de leur constituant lipidique et des dfenses anti-oxydantes. Les LDL oxydes ont des proprits cytotoxiques, elles induisent galement la production de facteurs chimiotactiques et mitognes qui vont provoquer un appel de CML partir de la mdia vers lintima et ainsi une rponse fibro-prolifrative. Ces dernires produisent in situ les protines de la matrice extra-cellulaire : protoglycans, fibres lastiques, collagne. Dautres monocytes-macrophages seront galement recruts et la raction sauto-amplifiera. La rponse inflammatoire fibro-prolifrative sinscrit dans le cadre gnral des processus de cicatrisation. Cependant, face au processus dagression chronique (hypercholestrolmie, tabagisme, hyperhomocystinmie), la rponse inflammatoire est persistante et devient terme dltre. Les cytokines libres au sein de la plaque jouent un rle important dans la coordination des vnements. Des modles de souris transgniques qui dveloppent de lathrome du fait dune dyslipidmie svre induite par linvalidation du gne de lApo E ont permis de montrer chez ces animaux, par transgnse des diffrentes cytokines, que la balance entre la production de cytokines pro (TNF, IL 2) et anti-inflammatoires (IL 6) jouait un rle important dans le dterminisme des lsions. La contribution des processus inflammatoires dans le dterminisme de lathrognse humaine est illustre par lmergence lors des cinq dernires annes de facteurs de risque non conventionnels. Ainsi, le dosage sensible des concentrations plasmatiques de la C ractive proteine (hsCRP) et celui de la serum amylode A (SAA) montre un triplement du niveau de risque vasculaire entre les sujets appartenant au quartile le plus bas et le plus lev. La libration dlastases et de mtalloprotases par les macrophages joue un rle essentiel dans le dterminisme de linstabilit des plaques en affaiblissant leur structure.
Mcanisme gnral
De nombreuses thories ont successivement prvalu depuis les descriptions initiales. Actuellement, la thorie en vogue consiste considrer que lathrosclrose correspond une raction de dfense inflammatoire mal approprie une agression de lintima. Les cellules impliques lors de cette raction inflammatoire sont alimentes en cholestrol du fait de la coexistence dune hyperlipoprotinmie et/ou de modifications subtiles de la composition des lipoprotines, ces deux points tant troitement dtermins par lenvironnement nutritionnel (figure 2). Le premier lment en jeu, puisquil est situ linterface sangparoi est lendothlium. Ladhsion des monocytes circulants aux protines dadhsion surexprimes par les cellules endothliales constitue lvnement initial. Les monocytes se transformeront en macrophages dans le sous-endothlium. Linfiltration par les monocytes-macrophages est stimule par la libration de chmo attractants librs par les macrophages in situ et les cellules endothliales. La dysfonction de lendothlium est provoque par de nombreux facteurs circulants : lhypercholestrolmie, lhyperhomocystinmie, le diabte et les tats dinsulino-rsistance, lHTA. Elle correspond une altration de la production de NO (oxyde nitrique), facteur vasorelaxant.
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ly
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h i sme g n Infection
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inflammation NOs
Po
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qu
MM P paroi TIM
homocystine
lipo
Hmo stase
primaire
Lp(a)
secondaire fibrinolyse
E nv
i ro n n e m e n
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obligatoirement. Le rle de linfection dans linduction des lsions est suspect devant lidentification de chlamydiae au sein des plaques, et la mise en vidence dassociations entre complications ischmiques et srologie. Il existe un faisceau darguments mettant en cause CMV, chlamydia pneumoniae et herpes virus. Une thorie tumorale a galement t dfendue. Les processus de prolifration des CML correspondent des modifications de la rgulation du cycle cellulaire qui sapparentent ce qui est observ lors de la tumorignse. Lintervention par thrapie gnique sur les oncognes impliqus est un axe de recherche dans le domaine du traitement de lathrosclrose. quil nexiste pas un facteur nutritionnel unique responsable de leffet bnfique, mais une constellation de nutriments. Ceci est illustr par la cohorte des infirmires amricaines o le niveau de risque vasculaire est inversement proportionnel au nombre des mesures hygino-dittiques constates.
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dAGS, - le second, le groupe exprimental, devait suivre une dittique proche de lalimentation mditerranenne ou crtoise avec davantage de lgumes, fruits, crales, moins de viande et des corps gras base dhuile dolive et de colza, de sorte que lapport lipidique moyen tait de 28 % dont 7 % dAGS, 3,4 % dacide linolique, 13 % dacide olique et 0,7 % dacide alpha-linolnique. Le taux des lipides plasmatiques tait comparable dans les deux groupes, mais dans le groupe exprimental les taux plasmatiques de vitamines E et C ont augment significativement comparativement au groupe tmoin. Aprs 27 mois de suivi, dans le groupe exprimental, le taux des vnements cardiaques avait baiss de 73 %, celui des dcs de toutes causes de 70 %. Lors de ltude GISSI II, ladministration de capsules dhuile de poisson la suite dun pisode coronarien aigu sest accompagne dune rduction de 22 % de la mortalit cardio-vasculaire 3 ans. Ltude HOPE a test leffet dune supplmentation en vitamine E forte dose (500 UI/j) chez des coronariens en prvention secondaire et des diabtiques haut risque cardio-vasculaire. A cette posologie, la vitamine E na induit aucun effet protecteur cardio-vasculaire. Les AG polyinsaturs de la famille n-6 drivent essentiellement de lacide linolique contenu dans les huiles vgtales (arachide, mas, ppin de raisin, tournesol, soja). Ils diminuent le LDLc et au-del dun apport excdant 11 % de la ration nergtique totale, le HDLc peut diminuer. A partir de 4 6 % de la ration nergtique totale, ils sopposent leffet hypercholestrolmiant des AGS et du cholestrol alimentaire. Le mcanisme exact sur les LDL est mal connu, il passerait par une inhibition de la synthse des VLDL et une stimulation du catabolisme des LDL conscutive une augmentation de lexcrtion du cholestrol par la voie biliaire. Ils auraient des proprits antithrombotiques, mais moindres que celles confres aux AGPI n-3. Lapport en AGPI pourrait tre dltre si le rapport AGPI/AGS dpasse 1, car ils augmentent alors la susceptibilit peroxydative des lipoprotines et la ractivit plaquettaire. Un apport excessif en AGPI n-6 par rapport aux AGPI n-3 pourrait tre galement nfaste par des mcanismes de comptition sur la synthse des leucotrines. Les AG polyinsaturs de la famille n-3 drivent de lacide alpha-linolnique contenu dans les huiles vgtales de colza, noix et soja. Ils diminuent modrment le LDLc. Les drivs longue chane : lacide eicosapentaenoique (EPA) et lacide docosahexaenoique (DHA), sont galement apports par les graisses de poisson. Ils diminuent forte dose les triglycrides en inhibant la synthse hpatique des VLDL. Ils inhibent lagrgation plaquettaire en diminuant la biosynthse du thromboxane A2. LEPA inhibe la formation du facteur endothlial de croissance (VEGF), mais il augmente le taux de PAI 1 et loxydabilit des LDL. Les AGPI n-3 exercent au moins exprimentalement dautres effets potentiellement intressants lors de la phase aigu des ncroses myocardiques puisquils ont des proprits anti-ischmiques, anti-arythmiques et anti-inflammatoires. En post-infarctus, la consommation dAGPI de la famille n-3 induit une diminution significative des morts subites sans influencer les infarctus non mortels.
Autres nutriments
La substitution de glucides aux AGS abaisse le LDLc, mais aussi le HDLc et surtout lve les triglycrides plasmatiques, considrs prsent comme un facteur de risque cardio-vasculaire. La baisse du HDLc est dautant plus nette que les glucides sont de haut index glycmique. Les protines vgtales les mieux tudies sont la casine et les protines de soja. Ces dernires semblent avoir un effet hypocholestrolmiant linverse des protines animales. Le mcanisme se rduit essentiellement une augmentation de lexcrtion fcale des strodes, en rapport avec la prsence de fragments peptidiques liant les acides biliaires. En outre, les protines de soja diminuent la dsaturation de lacide linolique en acide arachidonique et ainsi la production deicosanodes qui agissent sur la vasomotricit et le risque thrombogne. Les micro-nutriments participent aux moyens principaux de protection contre les effets des radicaux libres oxygns. Dune part, des systmes enzymatiques (glutathion peroxydase et catalase) utilisent comme co-facteurs des oligo-lments spcifiques : le slnium, le cuivre, le manganse et le zinc. Dautre part, des anti-oxydants naturels sont apports par les aliments, comme les vitamines C et E, le bta-carotne, des flavonodes et des polyphnols. Ces anti-oxydants exercent tout au moins in vitro leur effet bnfique en protgeant les lipoprotines LDL contre le phnomne doxydation. De mme, les sujets recevant des supplmentations en vitamines E et C ont une moindre oxydabilit in vitro de leurs LDL. La vitamine E soppose galement ladhsion des plaquettes sur la paroi vasculaire. Toutefois, les essais dintervention chez lhomme portant sur des critres de morbi-mortalit CV nont pas montr deffet significatif. Lhomocystine est un mtabolite rsultant de la transformation de la mthionine, AA soufr essentiel dont le mtabolisme dpend troitement de cofacteurs vitaminiques qui dterminent lactivit optimale des enzymes rgulant les ractions de trans-sulfuration. Lhyperhomocystinmie constitue un facteur
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de risque cardio-vasculaire dans de multiples tudes convergentes transversales et prospectives, par le biais dune altration fonctionnelle des cellules endothliales, dune stimulation de loxydation des LDL et dun effet sur lactivation plaquettaire et la fibrinolyse. Une supplmentation en folates (fruits, crales, pain complet) dau moins 400 ug/j ventuellement associs aux vitamines B12 et B6, cofacteurs du cycle mtabolique, diminue efficacement lhomocystinmie. Leffet de ce type de supplmentation en prvention CV reste dmontrer. L thanol augmente la concentration du HDLc. On considre que la variation du HDLc ne peut expliquer que 50 % de leffet protecteur apparent. Les autres effets bnfiques portent sur une inhibition de lagrgation plaquettaire, une diminution de la fibrinognmie et du facteur VII. Les composs phnoliques du vin rouge et dautres composs prsents dans les tanins sont susceptibles, par leur effet anti-oxydant sur les particules LDL, de contribuer aux effets cardioprotecteurs. Exprimentalement, ils ont galement des effets vasorelaxants conscutifs une production accrue de NO. En revanche, forte dose, lthanol stimulerait la peroxydation lipidique. Il existerait galement un effet rebond de lagrgation plaquettaire aprs une ingestion massive dalcool. Enfin, plusieurs tudes montrent qu dose importante la consommation de plus de 45 g dalcool par jour saccompagne dun accroissement du risque daccident vasculaire crbral hmorragique. Aussi, la consommation recommande dalcool ne devrait pas dpasser 30 g/j.
Cas clinique
Un homme, g de cinquante ans, consulte pour une suspicion de diabte. En effet, son frre diabtique de type II lui a pratiqu une glycmie capillaire jeun une semaine auparavant et a dcouvert une glycmie 1,2 g /l. Cest un ancien rugbyman qui sest reconverti en VRP pour matriel sportif, mais ne pratique plus de sport. Il fume un paquet quotidiennement, consomme un verre de vin par repas, na pas dantcdent personnel particulier. Son poids est 85 kg/1,70 m. Tour de taille 110 cm et tour de hanche 105 cm. L examen clinique est normal hormis une hpatomgalie un travers de doigt. La tension artrielle retrouve 140/85 mmHg. Il ne suit aucun traitement actuellement. Il a retrouv une NF et un bilan lipidique effectu 6 mois plus tt qui montrent : Cholestrol total : 2,8 g/l Triglycridmie : 3 g/l HDL cholesterol : 0,32 g/l LDLc : 1,9 g/l. La NF est strictement normale.
3 - Quelles sont les anomalies de son bilan lipidique qui correspondent un syndrome dinsulino-rsistance ? 4 - Son enqute dittique journalire hors priode de ftes montre : Kcal : 2 900 Glucides : 55 % Lipides : 35 % Protines : 10 % Alcool : 20 g/j Fibres : 12 g/j Citez deux conseils hygino-dittiques pratiques qui vous paraissent prioritaires dans son cas. 5 - Si son bilan lipidique ne samliorait pas aprs 6 mois de rgime et alors quil aurait perdu trois kilos, quels sont les arguments qui vous conduiraient employer un hypolipmiant et une statine plus particulirement ? 6 - Quel serait votre objectif lipidique et les modalits de votre surveillance ?
Rponses
1 - Sur quels arguments un dpistage de diabte taitil lgitime ? - son frre est lui-mme diabtique, - il a plus de 40 ans, - il prsente une obsit androde, - son risque vasculaire est lev, - il prsente une hypertriglycridmie, dyslipidmie souvent observe lors du diabte de type II. 2-L hypothse dun diabte est-elle exacte ? Que faut-il faire pour vrifier ?
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Questions
1 - Sur quels arguments un dpistage de diabte tait-il lgitime ? 2-L hypothse dun diabte est-elle exacte ? Que faut-il faire pour vrifier ?
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Non - la glycmie est infrieure 1,26 g/l, mais la glycmie capillaire est non fiable pour le dpistage, - le diagnostic repose sur deux glycmies plasmatiques sur prlvement veineux suprieures 1,26 g/l. 3 - Quelles sont les anomalies de son bilan lipidique qui correspondent un syndrome dinsulinorsistance ? Lhypertriglycridmie et la diminution du cholestrol HDL (il est probable, chez cet homme, que la taille des LDL soit diminue, mais ceci nest pas dos en routine). 4 - Son enqute dittique journalire hors priode de ftes montre : Kcal : 2 900 Glucides : 55 % Lipides : 35 % Protines : 10 % Alcool : 30 g/j Fibres : 12 g/j Citez trois conseils hygino-dittiques pratiques qui vous paraissent prioritaires dans son cas. - Obtenir un sevrage du tabac, mais cette mesure risque de favoriser une prise de poids si elle nest pas associe aux deux autres conseils : - rduire les quantits de nourriture consommes, en particulier les sucres simples et les graisses satures (charcuterie, laitages), - reprendre une activit physique rgulire aprs ECG de base et ventuel avis cardio. 5 - Si son bilan lipidique ne samliorait pas aprs 6 mois de rgime et alors quil aurait perdu trois kilos, quels seraient les arguments qui vous conduiraient employer une statine ? - le risque cardio-vasculaire lev (tabac, obsit androde avec sdentarit, contexte dinsulino-rsistance, hyperlipidmie mixte avec diminution du cholestrol HDL), - le fait que le LDL dpasse 1,3 g/l conduit privilgier une statine, bien quil existe une hypertriglycridmie modre. 6 - Quel serait votre objectif lipidique prioritaire et les modalits de votre surveillance ? Rduire le LDLc moins de 1,6 g/l deux mois plus tard TC TG HDLc LDLc SGOT SGPT CPK
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Points comprendre
Lhypertension artrielle est une affection trs frquente touchant plus de 15 % de la population adulte. Elle est reconnue comme un indiscutable facteur de risque cardio-vasculaire. LHTA est maintenant dfinie par une pression artrielle systolique 140 mmHg et/ou une pression diastolique 90 mmHg. Le plus souvent, il sagit dune hypertension essentielle. Toutefois, certains facteurs nutritionnels sont impliqus dans la pathognie de lHTA, en particulier lobsit, linsulino-rsistance, la consommation excessive dalcool et chez certains sujets la consommation excessive de sel. Dautres nutriments ont pu tre incrimins sans quaucune preuve formelle de leur responsabilit nait t apporte. Il faut noter que les liens de cause effet entre un aliment ou un nutriment et la survenue dune HTA sont difficiles tablir, notamment du fait de lhtrognicit de la maladie et de rponses diffrentes de sousgroupes de population un mme facteur alimentaire.
de taille dpasse 90 cm. LHTA est volontiers associe une constellation danomalies mtaboliques runies sous le terme de syndrome X qui rassemble intolrance aux hydrates de carbone, voire diabte non insulino-dpendant, hyperinsulinmie, hypertriglycridmie et rduction du HDL cholestrol. Ces perturbations auraient un primum movens commun, linsulinorsistance, qui provoquerait une hyperinsulinmie par augmentation compensatrice de la scrtion pancratique dinsuline dont la finalit est de vaincre la rsistance lhormone et dviter lclosion dun diabte. Elles sont trs volontiers rencontres chez lobse androde. Les relations statistiques entre adiposit abdominale, insulino-rsistance et HTA conduisent voquer la possibilit dun effet hypertensiogne de linsuline. Un tel effet est en outre fortement suggr par des donnes exprimentales (voir Pour approfondir). La sensibilit au sel, dfinie par laugmentation de la pression artrielle moyenne conscutive une augmentation de la consommation de sel, joue sans doute un rle physiopathologique galement important dans lHTA de lobse. Elle est en effet augmente et se normalise aprs perte de poids (voir Pour approfondir). Une rduction pondrale mme modre, de 5 10 %, avec des apports sods maintenus constants, saccompagne rgulirement dune rduction tensionnelle. Il a mme t montr que les chiffres tensionnels chez les obses hypertendus sont normaliss dans 75 % des cas sous leffet du seul rgime hypocalorique. La normalisation tensionnelle est lie la rduction du volume sanguin, du dbit cardiaque, de linsulinmie, de la rnine et de la noradrnaline plasmatiques. Elle saccompagne rgulirement dune rgression de lhypertrophie ventriculaire gauche particulirement frquente chez lobse hypertendu (> 50 % des cas). La radaptation physique dendurance des obses sdentaires favorise galement la rduction pondrale. Simultanment, elle amliore souvent les perturbations mtaboliques associes et la sensibilit linsuline et elle contribue abaisser la rponse tensionnelle leffort. De tels effets sont obtenus si le sujet pratique au moins
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Athrosclrose
30 minutes de vlo ou de course pied trois quatre fois par semaine. En pratique, une perte de poids, mme modeste, est toujours souhaitable chez lobse hypertendu et permet dviter souvent de recourir des mdicaments anti-hypertenseurs. sous forme dhuile vgtale riche en acides gras polyinsaturs et lorsque le rapport acides gras poly-insaturs/acides gras saturs est augment. Plus rcemment, il est apparu que laugmentation de lapport dacides gras poly-insaturs longue chane en n-3 provenant des huiles de poisson est galement capable dabaisser les niveaux tensionnels. Cet effet rsulte dune rduction de la rponse vasopressive aux catcholamines, dune augmentation de la relaxation artrielle endothliumdpendante et dune diminution de la viscosit sanguine. Aussi, la consommation rgulire de poisson (3 fois par semaine) et dhuiles vgtales riches en acides gras insaturs doit tre prconise chez les patients hypertendus.
Diabte
LHTA chez le diabtique aggrave le risque de cardiopathie ischmique, daccident vasculaire crbral et de nphropathie. Loptimum tensionnel chez les diabtiques est dfini par des valeurs < 130 mmHg pour la pression systolique et < 85 mmHg pour la pression diastolique. Les mesures hygino-dittiques sont particulirement indiques dans le diabte non insulino-dpendant (type II) avec surpoids. Elles permettent souvent de limiter le recours aux mdicaments anti-hypertenseurs ou leur posologie. Elles consistent, comme chez lobse non diabtique, en linstitution dun rgime hypocalorique et dun programme dactivit physique dendurance qui facilite la rduction pondrale et contribue la rduction tensionnelle. Toutefois, un certain nombre de prcautions simpose, en particulier la recherche dune ischmie myocardique silencieuse, frquente chez les diabtiques, au minimum par la pratique dune preuve deffort par un cardiologue.
lectrolytes
Sodium
Le rle et limportance du sel fourni par lalimentation dans la rgulation de la pression artrielle sont encore sujets controverse. Plusieurs tudes pidmiologiques transversales ou longitudinales ont explor linfluence de la consommation de sel sur le niveau de pression artrielle dans diffrentes populations. Diverses mthodes ont t utilises pour valuer la consommation de sel. La mthode de rfrence valide par ltude pidmiologique Intersalt est la mesure de la natriurse des 24 heures. Cette grande tude, qui a inclus 10 000 sujets du monde entier, a clairement montr que : pour les individus, une diffrence de 6 g de NaCl dans lapport journalier est associe une diffrence de 3 6 mmHg de la pression systolique ; pour les populations, une diffrence de 6 g de NaCl dans lapport journalier est corrle une diffrence de 10 mmHg de la pression systolique entre 25 et 55 ans ; dans quatre populations non industrialises avec un apport en NaCl trs faible, le niveau de pression artrielle est trs bas et naugmente pas avec lge, et lhypertension y est pratiquement inconnue. Ces donnes de ltude Intersalt sont concordantes avec plusieurs autres tudes montrant une relation directe et significative entre apport alimentaire en NaCl et niveau de pression artrielle. En particulier, deux mta-analyses rcentes montrent des rductions significatives de la pression artrielle en rponse des apports rduits en NaCl. En outre, les rductions tensionnelles induites par une alimentation pauvre en NaCl sont plus marques chez les hypertendus que chez les normotendus. Ltude TOHP (Trials Of Hypertension Prevention) a valu les apports de la perte de poids et de la rduction de lapport en NaCl 5 g/jour. Les rsultats suggrent que les effets des deux interventions sur lincidence de lhypertension sont additifs 6 mois. Ltude TONE (Trial of Nonpharmacologic Interventions in the Elderly) va dans le mme sens, puisquelle a mis en vidence, chez les obses hypertendus, une rduction de 53 % des vnements cardio-vasculaires 29 mois avec la combinaison des deux interventions ( 36 % avec la rduction pondrale seule, 40 % avec la seule rduction des apports sods). En pratique, le problme pos est celui de ladhrence au long cours une restriction sode. Cette adhrence, souvent, ne dpasse pas cinq mois. Elle serait meilleure dans les cas dHTA grave et chez les sujets suivis rguCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Graisses
Une baisse de la pression artrielle peut tre obtenue chez les patients modrment hypertendus lors dun apport alimentaire supplmentaire en acide linolique
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lirement par une ditticienne et un mdecin. La diminution de la palatabilit des aliments et les changements de coutumes et dhabitudes culinaires sont autant dobstacles ladhrence ces rgimes. Aussi, il apparat fondamental didentifier les patients hypertendus sensibles au sel, susceptibles de bnficier dun rgime peu sod. Il sagit essentiellement des sujets hypertendus de plus de 45 ans, surtout atteints dHTA systolique mme modre, des sujets de race noire et des obses androdes. Tout particulirement dans ces cas, il doit tre conseill de ne pas consommer plus de 5 6 g de sel par jour au lieu des 9 g consomms en moyenne dans les pays industrialiss. Ceci est obtenu par une cuisson sans ajout de sel, par labsence dadjonction de sel table et par lviction des aliments prpars avec du sel (viandes et poissons sals et fums, charcuterie, fromages pte ferme, conserves, plats cuisins prts lemploi, moutarde, eau minrale sale, soda gazeux). Une restriction sode 2 g de sel par jour est justifie en cas dinsuffisance cardiaque ou dinsuffisance rnale avance. La restriction sode permet souvent de rduire la posologie de mdicaments anti-hypertenseurs. Elle potentialise leffet des diurtiques et des inhibiteurs de lenzyme de conversion. calcium est insuffisante et la prvalence de lHTA leve, cest--dire les personnes ges, les sujets sensibles au sel, les alcooliques, les diabtiques et les femmes enceintes ; il doit galement tre assur chez les hypertendus par une consommation suffisante de produits laitiers.
Magnsium
Une carence en magnsium favorise lapparition dune HTA chez le rat. Quelques tudes suggrent quun apport alimentaire insuffisant en magnsium peut sassocier une HTA et quune supplmentation en magnsium peut abaisser les niveaux tensionnels, tout particulirement si le rgime est riche en sel. Les apports alimentaires en magnsium sont souvent infrieurs aux apports recommands de 300 400 mg par jour chez ladulte dans les pays industrialiss. La recommandation chez lhypertendu serait dlargir la ration de magnsium en consommant, notamment, davantage de fruits secs et deaux magnsiennes.
Approche multifactorielle
Ltude DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) a examin chez des hypertendus modrs et des sujets normotendus leffet tensionnel dune alimentation enrichie en potassium et en calcium (fruits et lgumes, produits laitiers allgs en graisses) et/ou dune restriction sode, pendant un mois. Avec le premier rgime, la pression artrielle systolique a baiss de 5,9 mmHg et la pression diastolique de 2,9 mmHg. Ce rgime, combin une restriction sode modre (de 150 100 mmol/jour), a rduit la pression systolique de 1,3 mmHg supplmentaire. La baisse totale de la pression systolique dpassait mme 10 mmHg chez les hypertendus.
Potassium
Des tudes pidmiologiques ont permis dtablir une relation ngative entre lapport potassique et le niveau tensionnel. Des essais dintervention ont montr quun rgime riche en potassium attnue laugmentation de la pression artrielle induite par la charge sode tandis quun rgime pauvre en potassium induit leffet inverse. Cet effet de laugmentation de lapport potassique peut rsulter de diffrents mcanismes : augmentation de la natriurse, rduction de la rponse pressive la noradrnaline, diminution du taux plasmatique de rnine, vasodilatation et diminution de lagrgabilit plaquettaire. Aussi, en pratique, il est conseill dencourager la consommation daliments riches en potassium chez les sujets hypertendus indemnes dinsuffisance rnale et traits par un diurtique non pargneur de potassium. Les fruits, les agrumes, la banane, les lgumes, sont riches en potassium. Une telle supplmentation est au contraire dangereuse lorsque la fonction rnale est altre et lorsque lhypertendu est trait par un diurtique pargneur de potassium ou un inhibiteur de lenzyme de conversion.
Alcool et caf
Plusieurs tudes, notamment franaises, ont dmontr que la prvalence de lHTA est corrle la consommation dalcool. La consommation rgulire dalcool lve la pression artrielle de faon dose-dpendante avec un seuil dlvation nette se situant entre 30 et 45 g dalcool par jour. Il existe un effet court terme dont tmoigne llvation tensionnelle le lundi par rapport au vendredi chez les buveurs du week-end. On peut estimer que 5 % des HTA sont lis une consommation excessive dalcool, leffet semble plus important chez le sujet g. Lalcool favoriserait llvation tensionnelle en induisant souvent un surpoids, mais aussi par un effet vasoconstricteur li notamment une augmentation de la sensibilit aux agents vasopresseurs. A larrt de lalcool, la pression artrielle diminue progressivement en une ou deux semaines. Labstinence chez les alcooliques entrane souvent une normalisation rapide des chiffres tensionnels. En pratique, la consommation dalcool doit tre limite et mieux interrompue chez tout hypertendu. Le caf, consomm forte dose, lve la pression artrielle en levant la rnine plasmatique et les catcholamines. Chez lhypertendu essentiel, la rduction dune consommation excessive de caf doit donc tre conseille.
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Calcium
Le calcium joue un rle majeur dans les phnomnes dexcitation-contraction au niveau de la cellule musculaire lisse vasculaire et intervient ainsi dans les rsistances vasculaires priphriques. Un excs de sel engendre une augmentation de la calciurie et une augmentation du calcium cytosolique dans les cellules musculaires lisses qui favorise la vasoconstriction et llvation tensionnelle. Chez lanimal normotendu, un rgime enrichi en calcium abaisse significativement la pression artrielle. Des apports en calcium suprieurs 800 mg par jour sassocient un risque rduit dHTA. Cet apport de 800 mg par jour qui correspond aux recommandations nutritionnelles chez ladulte devrait tre au minimum assur chez les sujets dont lingestion de
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Pour approfondir
Insuline et pression artrielle
Plusieurs donnes exprimentales recueillies chez le rat et le chien suggrent que linsuline augmente le tonus sympathique, favorise la rtention tubulaire du sodium et du calcium, et galement quelle stimulerait la prolifration des cellules musculaires lisses de la paroi vasculaire, conduisant une augmentation des rsistances vasculaires priphriques. Toutefois, il convient de prciser quil na jamais t dmontr chez lhomme ni chez lanimal, que linsulinothrapie au long cours lve les niveaux tensionnels chez lhomme comme chez lanimal.
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Points comprendre
Les anomalies du mtabolisme lipidique sont lorigine de perturbations biologiques avec des consquences importantes en termes de sant publique. Elles sont en grande partie responsables du dveloppement de lathrome et des pathologies cardio-vasculaires. Cependant, ce rle central ne doit pas faire oublier que le risque cardio-vasculaire dun patient ne se mesure pas quaux perturbations lipidiques et que tous les facteurs doivent tre pris en compte lors de lvaluation initiale et de la mise en place du traitement. De plus, il existe des anomalies cliniques beaucoup plus rares en relation avec des perturbations spcifiques exposant des risques non vasculaires.
Laccumulation du LDL-cholestrol dans la circulation peut rsulter de plusieurs mcanismes. Une mutation gntique du rcepteur des LDL ou de son ligand, lapolipoprotine B100, conduit une augmentation du cholestrol total (souvent trs lev, > 3 g/l) et du LDL-cholestrol galement trs lev (> 2,20 g/l en moyenne). Ces hypercholestrolmies familiales (1/500 naissances) sont dues des mutations autosomiques dominantes et peuvent tre diagnostiques prcocement (quoique prsentes ds la naissance, il nest pas utile de les rechercher avant 2 ans, sauf pour les formes homozygotes qui sont trs graves et qui doivent tre recherches uniquement si les deux parents sont porteurs htrozygotes : 1/106 naissances). Dans ces formes svres, il peut exister des dpts extra-vasculaires de cholestrol sous forme de xanthomes tendineux, xanthlasma ou grontoxon. Dautres anomalies avec plusieurs mutations (formes polygniques) sont en rgle gnrale moins svres, mais beaucoup plus frquentes. Il existe des formes secondaires en relation avec des maladies ou des traitements : rgime riche en acides gras saturs, hypothyrodie, syndrome nphrotique (plus souvent dyslipidmie mixte), cirrhose biliaire, cholestase, gammapathie monoclonale (rare), syndrome de Cushing (souvent dyslipidmie mixte), contraceptifs hormonaux (essentiellement lis laction des progestatifs), anorexie mentale, inhibiteurs de protase (souvent mixte). Fredrickson classe les hypercholestrolmies pures dans les formes IIa (cf. tableau I). Le risque li laccumulation de LDL-cholestrol est lapparition dune maladie cardio-vasculaire, principalement coronaire. Ce risque est dautant plus lev que le LDL-cholestrol est lev. Dans les formes familiales, des infarctus du myocarde peuvent tre observs avant lge de 20 ans dans les formes homozygotes ou 40 ans dans les formes htrozygotes svres. Quand des problmes vasculaires sont dtects, la prvention des rechutes est appele prvention secondaire, avant lapparition des accidents, on parle de prvention primaire. Des tudes cliniques dintervention (voir Pour approfondir) ont montr quil tait possible de rduire significativement le risque de rcidive dun accident cardio-vascu2S101
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Tableau I Classification de Fredrickson des hyperlipidmies Phnotype I IIa IIb III IV V Lipoprotines leves Chylomicrons LDL LDL et VLDL IDL VLDL VLDL et chylomicrons Normale Concentration plasmatique du cholestrol Normale Normale Concentration plasmatique des triglycrides Athrognicit Rarement observe +++ +++ +++ + + Pourcentage des hyperlipidmies <1% 10 % 40 % <1% 45 % 5%
laire en rduisant le LDL-cholestrol par un mdicament associ un rgime (tude 4S, CARE, LIPID qui ont utilis une statine). En prvention primaire, un rsultat identique a t observ, mais avec une moindre amplitude (tude LRCCPTT avec la cholestyramine, Helsinki Heart Study avec un fibrate (gemfibrosil) et WOSCOP avec une statine, la pravastatine). Ces donnes soulignent lintrt de dpister et traiter les patients ayant un excs de cholestrol et, en particulier, de LDL-cholestrol.
En clinique
Le dpistage
Il faut dtecter les patients risque dhypercholestrolmie et donc risque vasculaire lev. LANAES propose rgulirement des recommandations pour raliser ce dpistage. Actuellement, il est propos deffectuer un dpistage systmatique partir de lge de 20 ans. Si les sujets appartiennent un groupe risque vasculaire lev antcdents personnels vasculaires ou familiaux du 1er degr avant lge de 55 ans pour les hommes et 65 ans pour les femmes ; antcdent dhypercholestrolmie familiale ; sujets ayant au moins un facteur de risque : tabac, hypertension, diabte et ge > 45 ans pour lhomme et > 55 ans pour les femmes ; sujets obses (index de masse corporelle > 30 kg/m2) ou en surpoids androde (index de masse corporelle entre 25 et 30 kg/m2 et avec un tour de taille > 100 cm pour les hommes et > 90 cm pour les femmes). Dans ces conditions, il faut apprcier le risque vasculaire li au LDL-cholestrol qui est le marqueur de risque lipidique le plus pertinent. Il peut se mesurer directement ou tre calcul encore actuellement le plus souvent par la formule de Friedwald, utilisable que lorsque les triglycrides sont infrieurs 4 g/l : LDL-C = cholestrol total HDL-C triglycrides/5. Toutes ces donnes sont calculer avec des concentrations en g/l. La prescription indiquer sur lordonnance est : exploration dune anomalie lipidique (EAL) qui comprend systmatiquement le cholestrol total, les triglycrides et le HDL-cholestrol.
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Cet examen est ralis jeun et il est souhaitable, dans le cadre dun dpistage, deffectuer une glycmie pour rechercher un ventuel diabte sucr. Si le LDL-cholestrol est > 1,30 g/l, il faut rpter cet examen pour le confirmer (2 4 semaines dintervalle doivent tre respectes, sans mettre le patient sous traitement et sans rgime, car il est important dapprcier quel est son risque vasculaire rel dans des conditions de vie normale). Il est important de respecter cette rgle, car si le diagnostic se confirme, le patient sera engag vie dans une stratgie de prvention daccident vasculaire. Si le rsultat nest pas confirm, il faut le rpter tous les 3 ans, sauf en cas de diabte sucr o lexamen doit tre annuel. Sil est confirm (au moins 2 examens sur 3), il faut alors proposer une prise en charge spcifique. Si le sujet nappartient pas un groupe haut risque vasculaire Il suffit de raliser jeun un simple dosage du cholestrol et des triglycrides. Si le cholestrol total est > 2 g/l, il faut raliser une exploration dune anomalie lipidique pour valuer le LDL-cholestrol. Quand il est > 1,60 g/l, ce rsultat doit tre confirm par au moins une 2e dtermination et il faut proposer une prise en charge spcifique sil reste pathologique. Si le rsultat est normal (cholestrol total < 2 g/l), il nest pas utile de le rpter avant lge de 45 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, sauf apparition de nouveaux facteurs de risque.
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Tableau II Causes des hyperlipidmies secondaires (beaucoup de ces tiologies peuvent conduire des formes mixtes ou isoles) Lies llvation du cholestrol plasmatique rgime riche en acides gras saturs hypothyrodie maladies chroniques du foie (principalement la cirrhose biliaire) cholestase gammopathie monoclonale syndrome de Cushing contraception orale anorexie porphyrie aigu inhibiteurs de la protase Lies llvation des triglycrides plasmatiques rgimes riches en glucides consommation excessive dalcool obsit et surpoids androde grossesse diabte sucr syndrome nphrotique hypothyrodie problmes rnaux chroniques pancratite boulimie syndrome de Cushing hypopituitarisme gammopathie monoclonale maladie du stockage du glycogne lipodystrophie porphyrie aigu lupus rythmateux bta-bloquants, diurtiques contraception orale glucocorticodes inhibiteurs de la protase Tamoxifne Tableau III Facteurs de risque devant tre pris en compte en dehors du LDL-cholestrol Age : homme de 45 ans ou plus femme de 55 ans ou plus ou mnopause Antcdents familiaux de maladie coronaire prcoce : infarctus du myocarde ou mort subite avant lge de 55 ans chez le pre ou chez un parent du premier degr de sexe masculin ; infarctus du myocarde ou mort subite avant lge de 65 ans chez la mre ou chez un parent du premier degr de sexe fminin Tabagisme actuel Hypertension artrielle permanente Diabte sucr HDL-cholestrol infrieur 0,35 g/l (0,9 mmol/l), quel que soit le sexe Facteur protecteur HDL-cholestrol suprieur ou gal 0,60 g/l (1,5 mmol/l) : soustraire alors un risque au score de niveau de risque.
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En prsence dune forme familiale, il faut systmatiquement proposer un dpistage (enfant, ventuellement collatraux, etc.) et, dans ce cas, prvoir demble de raliser une exploration dune anomalie lipidique. Le patient devra faire lobjet dun examen clinique attentif au moins une fois par an aprs linitiation de la prise en charge thrapeutique.
Le traitement
Tous les facteurs de risque cardio-vasculaire modifiables doivent faire lobjet dune prise en charge. La dittique est llment central de ce traitement Elle permet une rduction de 10 20 % du LDL-cholestrol. Elle est dautant plus efficace que le LDL-cholestrol est modrment perturb. Son effet persiste et potentialise lefficacit des mdicaments. La premire rgle est dobtenir une rduction pondrale pour les sujets obses ou en surpoids. Il sy associe des rgles plus spcifiques concernant lapport lipidique qui devrait tre infrieur 30 % de lapport calorique total et le cholestrol (< 300 mg/j). Il est utile dassocier une activit physique. Le suivi de ces mesures dpend de laccord du patient, mais galement de sa famille qui peut suivre les mmes rgles dittiques sans effet nfaste sur leur sant. Ce rgime doit tre dbut ds que le LDL-cholestrol est suprieur 1,60 g/l pour les sujets faible risque vasculaire ou 1,30 g/l pour les sujets haut risque. Il faut respecter un dlai de 3 6 mois avant denvisager la prescription dun mdicament. Ce dlai doit tre raccourci en prvention secondaire ou en prsence dune forme familiale svre. Les mdicaments La prescription est envisage en cas de modifications insuffisantes du mode de vie et en fonction des autres facteurs de risque. Leur prescription doit tre dcide quand le LDL-cholestrol est trop lev. Le seuil, au-del duquel leur introduction est propose, correspond lobjectif thrapeutique (cf. tableau IV). Pour un sujet sans facteur de risque, le seuil dintervention est le LDL 2,20 g/l, puis il faut retrancher 0,30 g/l pour chaque facteur de risque. Pour plus de deux facteurs de risque, le seuil est 1,30 g/l et correspond celui utilis pour la prvention secondaire (tableau IV). Quels sont les traitements ? Statines Il sagit dinhibiteurs de lHMG-CoA rductase qui augmentent lpuration du LDL-cholestrol circulant. Elles permettent, en rgle gnrale, une rduction de 20 40 % des taux circulants. Elles sont mtabolises, tout ou en partie, par le cytochrome P450, sauf la pravastatine et la fluvastatine. Elles ncessitent des prcautions demploi, notamment en cas dassociation avec les fibrates, la cyclosporine et les macrolides. Elles ont peu dinteraction avec les antivitamines K, mais il faut tre vigilant leur introduction vis-vis des paramtres de coagulation pour les patients recevant ce traitement. Leurs effets secondaires sont surtout dorigine musculaire, occasionnant des douleurs qui peuvent tre associes une augmentation des CPK. Des augmentations des transaminases sont galement rapportes (5 %).
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Tableau IV Seuils dintervention thrapeutique selon les valeurs du LDL-cholestrol exprim en g/l (mmol/l) Intervention dittique La prise en charge dittique est de rgle ds que le taux de LDL-cholestrol excde : 1,60 g/l (4,1 mmol/l), 1,30 g/l (3,4 mmol/l) pour les sujets ayant plus de deux autres facteurs de risque ou ayant une maladie coronaire. Intervention mdicamenteuse LDL cholestrol* Prvention primaire Sujets sans autre facteur de risque Sujets ayant un autre facteur de risque Sujets ayant deux autres facteurs de risque Sujets ayant plus de deux autres facteurs de risque Prvention secondaire Sujets ayant une maladie coronaire > 2,20 (5,7) > 1,90 (4,9) > 1,60 (4,1) > 1,30 (3,4) > 1,30 (3,4) paramtres hpatiques et musculaires (transaminases, CPK) se justifie surtout lintroduction du traitement et ventuellement avec un rythme annuel.
Les hypertriglycridmies
Elles correspondent un excs de triglycrides plasmatiques suprieur 2 g/l (recommandation ANAES). Elles correspondent une augmentation des lipoprotines riches en triglycrides, soit des VLDL (cas le plus frquent), soit des chylomicrons (plus rare). Quand la concentration des triglycrides plasmatiques est suprieure 10 g/l, on parle de forme majeure. Dans la classification de Fredrickson, elles correspondent le plus souvent au type IV pour un excs de VLDL ou plus rarement au type I pour un excs de chylomicrons ou au type V pour un excs la fois de VLDL et de chylomicrons (tableau I). Leur diagnostic repose sur le dosage jeun des triglycrides. Il est important en effet de respecter 12 h de jene avant de retenir le diagnostic dune hypertriglycridmie. Quand ils sont augments, le srum est trouble, voire lactescent dans les formes svres. En prsence dune hypertriglycridmie sans anomalie de laspect du srum, il faut voquer une exceptionnelle augmentation du glycrol qui est en fait le compos dos lors de la dtermination des triglycrides plasmatiques. A noter que peuvent coexister des anomalies de lpuration des triglycrides en priode postprandiale. La lipmie postprandiale, lorsquelle est trop leve, serait un marqueur de risque cardio-vasculaire. Le rle athrogne des triglycrides est discut, notamment pour la forme mineure. Cependant, des donnes rcentes suggrent un rle athrogne, mais moindre que celui du LDL-C. Le risque est dautant plus lev que le HDL-C est bas (< 0,35 g/l). Cette situation est assez frquente, car il existe une relation inverse entre les triglycrides et le HDL-C : quand les triglycrides diminuent, le HDL-C augmente et rciproquement. Dans les formes majeures, les niveaux de triglycrides sont souvent trs levs (de 10 100 g/l) et le risque est avant tout celui de pancratites aigus qui peuvent tre trs graves. Elles peuvent tre associes galement une xanthomatose ruptive. Devant toute hypertriglycridmie, il faut voquer une forme secondaire (tableau II). Lexamen doit systmatiquement rechercher les antcdents familiaux et les autres facteurs de risque cardiovasculaire. Un bilan vasculaire clinique doit tre systmatiquement ralis. Le traitement repose avant tout sur les donnes hyginodittiques qui sont trs souvent remarquablement efficaces. La rduction dun excdent pondral doit tre la priorit absolue, en insistant sur une perte de 5 10 % du poids corporel. La rduction de la consommation dalcool doit tre galement largement conseille, ainsi que celle de la rduction de la consommation des sucreries (et a priori tous les aliments index glycmique lev). Si ce traitement ne suffit pas, il faut envisager la prescription de mdicaments. Les fibrates sont le traitement de choix de lhypertriglycridmie et sont surtout conseills actuellement lorsquil existe un diabte sucr ou une rduction du HDL-C < 0,35 g/l, voire dans certaines formes svres (> 4 g/l). Les acides gras de la srie omega-3 (MAXepa) peuvent galement tre prescrits. Ils ont montr un rle hypotriCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
* Lobjectif thrapeutique est dobtenir des valeurs du LDL-cholestrol situes au-dessous des valeurs-seuils dintervention.
Les statines reprsentent le traitement de choix quand le LDL-cholestrol est pathologique et surtout en prvention secondaire. Les fibrates Leur mcanisme daction est encore mal connu, mais des donnes rcentes suggrent quils agissent sur des rcepteurs nuclaires (PPAR) et que, par leur intermdiaire, ils stimulent la lipoprotine lipase. Ils ont un double effet la fois sur les triglycrides (environ 50 % de rduction) et le cholestrol (20 % de rduction). Ils ont une interaction importante avec les antivitamines K et il faut rduire systmatiquement la dose des anticoagulants de 30 % lors de linstauration dun traitement par fibrates. Ils ont comme effets secondaires essentiels des atteintes hpatiques avec augmentation des transaminases, galement musculaires et ventuellement une impuissance. Cholestyramine (Questran) Il sagit de chlateurs des sels biliaires qui permettent la captation du cholestrol au niveau digestif. Ils ont un effet assez modeste (de 10 20 % de rduction du LDL-C), mais utile en association ou en cas dintolrance des autres traitements ou chez les enfants. Leur effet secondaire est surtout digestif : constipation et inconfort abdominal. Ils interagissent avec la fonction des autres traitements et un dlai de 2 h doit tre respect entre ladministration de ces traitements et la prise de cholestyramine. Dautres traitements sont ventuellement proposs, mais nont quun rle anecdotique et nont jamais fait la preuve de leur efficacit relle, notamment sur les vnements cardio-vasculaires.
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glycridmiant, mais galement peuvent agir sur le risque cardio-vasculaire. Cependant, ces traitements ne sont pas actuellement lobjet de remboursement par les caisses dassurance maladie. Pour les rares formes majeures, il faut systmatiquement avoir recours un spcialiste. Aprs une confirmation du diagnostic, il aura recours, dans le type I par exemple, des rgimes trs pauvres en graisses apportant environ 30 g de lipides par jour avec une consommation privilgie dacides gras chane moyenne (margarines et huiles Liprocil R). fait, il faut une augmentation assez modre des triglycrides au-dessus d1,50 g pour voir apparatre cette anomalie, notamment chez les sujets prsentant un syndrome plurimtabolique (syndrome X). Le recours un spcialiste peut se justifier en prsence dune telle anomalie biologique qui pourrait tre partiellement corrige par la rduction pondrale, une augmentation de lactivit physique et larrt du tabagisme. Dans certaines formes, le recours un traitement par fibrates pourra tre justifi, notamment en prvention secondaire.
Dyslipidmies mixtes
Il sagit danomalies portant la fois sur les triglycrides et le cholestrol total. Elles correspondent dans la classification de Fredrickson aux types IIb et III ou II + IV. Leur rle athrogne a t reconnu rcemment et elles seraient particulirement frquentes chez les sujets coronariens. Des antcdents familiaux sont trs souvent retrouvs, notamment dans la dyslipidmie combine familiale. Dans ce cas, on retrouve soit des antcdents familiaux dhypercholestrolmie isole, soit dhypertriglycridmie isole, soit de formes mixtes chez les membres de la famille et qui peuvent tre volutives au fil du temps. Ces formes exposeraient un risque cardio-vasculaire particulirement lev. Le type III correspond une accumulation de lipoprotines particulires (pr-b lipoprotines ou IDL) et peut tre diagnostiqu sur llectrophorse des lipoprotines dont lindication est exceptionnelle et doit tre rserve une prescription spcialise. Ce type danomalie ne se rencontre que chez des sujets prsentant des isoformes de lapoprotine E particulires. Les sujets ayant lisoforme E2/E2 sont des candidats ce type de perturbations. Lexamen clinique de ces sujets doit rechercher : une enqute familiale complte, des pathologies vasculaires volutives, des xanthomes particuliers, notamment au niveau des faces palmaires (type III). Le traitement fera appel aux mesures dittiques portant la fois sur lexcs de cholestrol et lexcs de triglycrides avec une attention particulire vis--vis de la rduction pondrale. Le traitement par les mdicaments devra avoir recours aux statines si le LDL-cholestrol est particulirement lev ou plus souvent aux fibrates.
Enfants
Pour les enfants, la rgle de prescription de mdicaments hypolipmiants nest pas encore bien certaine. Le dpistage peut dbuter ds lge de deux ans, mais nest pas utile avant. La prescription dittique peut tre instaure trs tt. Le recours un traitement par un mdicament avant la pubert doit tre exceptionnel et uniquement dans les formes familiales trs svres (au-del de 3,5 ou 3 g/l de cholestrol total). Le traitement de choix est la cholestyramine (Questran) petite dose, en tant vigilant sur de rares cas dhypovitaminoses.
Vieillards
Il sagit dun sujet galement dlicat, car, aprs 70 ans, on ne dispose pas, ce jour, dtude dintervention thrapeutique ayant dmontr lintrt des traitements en prvention primaire dans cette population. En prvention secondaire, il est admis que la prescription se justifie en fonction du pronostic vital. En pratique, il faut maintenir le traitement en prvention primaire si son indication tait justifie. Il ny a pas dintrt introduire ce traitement aprs cet ge, sauf en prvention secondaire et si le pronostic est favorable.
Dyslipidmies particulires
Lp(a)
Lapolipoprotine (a) est une apolipoprotine prsente ltat physiologique et qui est lie lapo B100. Lorsquelle est en excs, elle est un marqueur important de risque cardio-vasculaire. Il faut rserver sa mesure uniquement aux formes familiales de pathologies vasculaires prcoces et avec des facteurs de risque modrs nexpliquant pas lintensit de la pathologie vasculaire. Il ny a actuellement pas de traitement propos pour le traitement de cette affection et il est classique de rechercher une forte rduction du LDL-cholestrol.
HypoHDLmie
La rduction du HDL < 0,35 g/l sans lvation des triglycrides a t considre comme relativement rare. En
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Pour approfondir
Les recommandations sont actuellement bases sur la mdecine factuelle. Cela signifie quelles sappuient sur des faits prouvs partir dtudes avec une bonne mthodologie et ayant dmontr lintrt rel du traitement. A partir de la qualit des tudes ou des publications, il est dfini un niveau de preuve de 4 1 permettant de quantifier la pertinence des informations. Grade des recommandations (daprs lANAES) Niveau de preuves scientifiques fourni par la littrature (tudes thrapeutiques) Niveau 1 Essais comparatifs randomiss de forte puissance Mta-analyse dessais comparatifs randomiss Analyse de dcision base sur des tudes bien menes Niveau 2 Essais comparatifs randomiss de faible puissance Etudes comparatives non randomises bien menes Etudes de cohorte Niveau 3 Etudes cas-tmoins Niveau 4 Etudes comparatives comportant des biais importants Etudes rtrospectives Sries de cas
Pour le traitement des dyslipidmies, il y a un niveau de preuve 1, du fait des nombreuses tudes ralises dans ce domaine. Quelques-unes dentre elles sont indiques dans le tableau suivant pour les statines.
Effets dun traitement par un inhibiteur de lHMG-CoA reductase sur les vnements ischmiques dans diffrentes tudes contrles incluant un groupe placebo (daprs The ILIB Lipid Handbook for Clinical Practice) tude (molcule) Prvention primaire WOSCOP (pravastatine) AFCAPS/ TexCAPS (iovastatine) Prvention secondaire 4S (simvastatine) LDL-C base g/l (mmol/l) 1,92 (5,0) 1,50 (3,9) Rduction du LDL-C LDL-C obtenu g/l (mmol/l) 1,59 (4,1) 1,15 (3,0) Dure (ans) Frquence Frquence avec avec statines placebo 174/3,302 5,3 % 116/3,304 3,5 % 248/3,293 7,5 % 183/3,301 5,5 % RRR* RAR** NPT***
vnements
26 %
Infarctus du myocarde non fatal ou mort coronaire Infarctus du myocarde non fatal ou fatal, angine de poitrine instable, ou vnement cardiaque subit mortel Toute cause de dcs Infarctus du myocarde non fatal, mort coronaire ou arrt cardiaque ranim
4,9
2,2 %
31 %
45
25 %
5,2
2,0 %
37 %
50
1,88 (4,9)
35 %
1,22 (3,2)
5,4
256/2,223 11,5 % 622/2,223 27,9 % 274/2,078 13,2 % 715/4,502 15,9 % Angioplast i.e. + soins habituels 25/177 14,1 %
3,3 % 34 %
30 % 8,5 %
30 12
32 % 25 % 46 %
Infarctus du myocarde non fatal ou mort coronaire Infarctus du myocarde non fatal vnements ischmiques (mort, infarctus du myocarde non fatal, accident crbral, pontages, angioplasties, aggravation de langine de poitrine avec hospitalisation)
24 % 24 % 36 %
28 28 14
* RRR : rduction relative du risque ; **RAR : rduction absolue du risque ; ***NPT : nombre de patients traiter pour viter un accident pendant la dure de lessai. 2S106 Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
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Points comprendre
Lactivit physique est un facteur essentiel de ltat de sant des individus et du risque vasculaire en particulier. A linverse, la gnralisation dun comportement de type sdentaire, favoris par lindustrialisation, la mcanisation et lurbanisation, est considre aujourdhui comme un dterminant majeur du dveloppement de diverses pathologies chroniques, au premier rang desquelles les maladies cardio-vasculaires, lobsit et certaines anomalies mtaboliques. Lactivit physique ne se limite pas lactivit physique de loisirs et encore moins aux seules activits sportives, mais inclut lactivit physique au cours des activits professionnelles, loccasion des dplacements et dans la vie de tous les jours. Lactivit physique exerce des effets bnfiques sur lensemble des composantes du syndrome pluri-mtabolique. Lactivit physique na pas besoin dtre intense pour tre bnfique. Toute personne, homme ou femme, peut tirer un bnfice dune augmentation de son niveau dactivit physique, et ce, quel que soit son ge.
de mortalit au cours du suivi 1,2 2 fois plus lev. Lassociation avec la capacit cardio-respiratoire est encore plus forte, probablement en raison de la plus grande prcision de cette mesure : dans une tude amricaine portant sur 10 244 hommes et 3 210 femmes de plus de 20 ans, suivis pendant 8,1 ans en moyenne, une faible capacit cardio-vasculaire est associe un risque relatif (RR) de mortalit globale de 3,16 chez les hommes et de 5,35 chez les femmes. Leffet favorable de lactivit physique est observ mme pour de faibles niveaux dactivit et une relation de type dose-effet est habituellement rapporte.
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que ses effets sur le fibrinogne sont plus discuts. La relation entre activit physique et thrombogense est toutefois complexe : en aigu, un exercice intense augmente le nombre et lactivit des plaquettes et a un effet prothrombotique expliquant les accidents coronariens aigus observs occasionnellement ; contribue lquilibre de la balance nergtique. Elle ralentit ou prvient la prise de poids avec lge. Indpendamment de ses effets sur le poids, elle est associe une modification de la composition corporelle marque par une diminution du pourcentage de masse grasse. Elle pourrait par ailleurs entraner une distribution plus favorable de la graisse. Chez le sujet obse, la prescription dune activit physique en association une restriction calorique permet une perte pondrale faiblement, mais significativement plus importante que la seule prescription dittique : laugmentation de lactivit physique de 1 000 kcal par semaine induit une perte de poids supplmentaire de 2 3 kg aprs 4 6 mois de suivi et saccompagne surtout de meilleurs rsultats long terme. La poursuite dune activit physique rgulire, qui contribue au maintien de la masse maigre, est lun des meilleurs facteurs prdictifs de maintien de perte pondrale long terme ; agit de faon plus globale sur lensemble des composantes du syndrome plurimtabolique encore appel syndrome X, au sein duquel la localisation abdominale de la graisse et la rsistance linsuline jouent un rle dterminant ; de plus, par ses effets cardiaques propres (adaptation structurelle des artres coronaires favorisant une augmentation du flux coronarien, meilleure efficience des changes en oxygne, augmentation de compliance cardiaque), lentranement en endurance diminue directement le risque dischmie myocardique. Lamlioration de lapport en oxygne et la diminution de lactivit sympathique contribuent la diminution des troubles du rythme ventriculaires et du risque de mort subite. Chez les sujets pratiquant dj une activit physique modre et rgulire, des bnfices supplmentaires peuvent tre obtenus en augmentant la dure ou lintensit de lactivit physique. Chez les sujets ayant un niveau de sdentarit lev ou une faible capacit physique lobjectif prioritaire est la lutte contre la sdentarit. Le but est de transformer les sujets inactifs physiquement en sujets actifs et daugmenter leur activit dans la vie quotidienne. Des conseils simples et concrets prenant en compte le mode de vie du sujet doivent tre prodigus (tableau I), lobjectif tant de modifier les habitudes dans le long terme. Le fractionnement de lactivit est possible et permet datteindre des dures plus importantes. Un r-entranement progressif sous contrle cardiologique sera propos en cas dinsuffisance coronarienne. Des prcautions spcifiques sont prendre lors de lactivit physique chez les sujets diabtiques. Compte tenu des obstacles sa pratique (ge, manque dhabitude, manque de temps et de motivation, limitations fonctionnelles), lactivit physique doit tre lobjet dune prescription prcise, progressive et personnalise qui sappuie sur une valuation du niveau habituel dactivit physique du sujet, de ses capacits (fonctionnelles ou autres) le modifier et de son mode de vie. Elle doit tre prcde dune valuation des risques, en particulier chez les sujets ayant une pathologie chronique telle quun diabte, ainsi que chez tout homme de plus de 40 ans ou femme de plus de 50 ans. Tableau I Lutter contre la sdentarit Diminuer le temps pass devant la tlvision. Eviter de rester assis pendant de longues priodes. Descendre du bus une station plus tt. Garer la voiture 5 minutes du lieu de rendez-vous. Prendre les escaliers. Profiter de la pause-djeuner pour marcher 15 minutes. Dambuler en attendant le bus. Passer plus de temps bricoler ou jardiner. Faire une promenade avec le chien. Utiliser les transports urbains pour les dplacements
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toire de lindividu. Comme la frquence cardiaque est associe, pendant lexercice, avec la consommation doxygne, le pourcentage de la frquence cardiaque maximale est souvent utilis pour estimer le pourcentage de la consommation maximale doxygne. Lintensit peut galement tre dfinie en valeur absolue (ex. 5 kilomtres/heure) ou en METs (quivalent mtabolique) par rfrence la dpense nergtique de lorganisme au repos, laquelle est attribue la valeur de 1 MET. La mesure de la capacit cardio-respiratoire est diffrente. Elle est dtermine par lactivit physique habituelle, mais galement par lge, le sexe, lhrdit et le statut mdical. Le meilleur critre est la VO2 max mesure lors dune activit utilisant les grands groupes musculaires. La capacit physique du sujet peut tre value simplement linterrogatoire en lui faisant prciser son aptitude raliser des exercices physiques tels que la marche le vlo, la natation ou la monte les escaliers. La majorit des tudes pidmiologiques, des mta-analyses et des tudes dintervention sont dtailles dans la rfrence 1.
Pour approfondir
Dfinition de lactivit physique
Lactivit physique est dfinie comme tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques, entranant une augmentation de la dpense nergtique par rapport la dpense nergtique de repos. Elle inclut lactivit physique au cours des activits professionnelles, loccasion des dplacements, dans la vie de tous les jours et pendant les loisirs. Par opposition, le comportement sdentaire est ltat dans lequel les mouvements sont rduits au minimum et la dpense nergtique proche de celle de repos. Il ne correspond pas labsence dactivit, mais diverses occupations habituelles : regarder la tlvision, travailler avec un ordinateur, conduire une voiture, tricoter, mditer, lire, discuter avec des amis au tlphone La capacit cardio-respiratoire, qui peut tre value par la mesure de la consommation doxygne au cours dun effort maximal (VO2 max), est une notion physiologique tout fait diffrente de celle de niveau habituel dactivit physique. Elle peut toutefois en donner une estimation indirecte, car elle est en partie dtermine par celui-ci, mais elle est inutile en pratique quotidienne, dans cette optique.
2S110
Points comprendre
Que cela soit par excs (obsit) ou par insuffisance (dnutrition), toute altration de ltat nutritionnel augmente la morbidit et constitue un facteur pronostic indpendant aggravant les affections mdico-chirurgicales. Message essentiel : la malnutrition aggrave, de faon trs sensible, le pronostic (ou lvolution) de la maladie de fond ; obsit = facteur de risque indpendant de maladies cardio-vasculaires. Laltration de ltat nutritionnel est souvent le rsultat dune inadquation entre les apports et les besoins en protines et/ou en nergie. Cette inadquation conduit une perte tissulaire qualitativement et quantitativement variable suivant les conditions de sa survenue. En cas de perte tissulaire par dnutrition, la mort survient lorsque la masse protique est rduite de 50 % en labsence dintervention thrapeutique. Linadquation des apports nest pas la seule cause de la dnutrition. En effet, les modifications mtaboliques rencontres au cours des situations dagression conduisent presque toujours une perte tissulaire et plus particulirement protique. Loptimisation des apports ne permet pas toujours de corriger totalement ces altrations, mais peut tout le moins les limiter. Il est donc fondamental dvaluer ltat nutritionnel des malades et dintgrer cette valuation dans lexamen clinique de routine, la prise en charge quotidienne.
favoriser la dnutrition de mme que lisolement et une certaine perte dautonomie plus frquente chez le sujet g. Dans ces cas, il nest pas rare que le malade consulte pour un amaigrissement dont lvaluation doit comporter la recherche de la maladie causale. Il faut donc insister sur le fait que le diagnostic dune dnutrition et lvaluation de ltat nutritionnel doivent tre raliss dans de nombreuses circonstances. Il faudra rechercher scrupuleusement les signes cliniques dont aucun nest spcifique, mais dont lassociation oriente vers le diagnostic de dnutrition. Linterrogatoire fera prciser les signes fonctionnels, consquences de la dnutrition. Les capacits de mmorisation et de concentration seront apprcies, linstallation dune asthnie en milieu de journe sera recherche, ainsi quune diminution des capacits physiques. Un dsintrt pour les activits courantes nest pas exceptionnel. La perte des fonctions sexuelles est un signe prcoce (pas chez lhomme) ainsi quune amnorrhe secondaire (chez une femme habituellement rgulirement rgle).
Lexamen clinique
Le poids et la taille
Le premier signe de dnutrition est lamaigrissement. Cest dire que le malade devra tre pes. Le poids sera valu : malade dshabill en sous-vtements, vessie vide et si possible le matin jeun. Le poids doit tre rapport la taille : Insister sur la ncessit de peser et toiser systmatiquement tout patient : le premier geste est rarement fait, le second jamais. Celui-ci tant proportionnel au carr de la taille, lIndex de Masse Corporelle (IMC ou Index de Qutelet ou Body Mass Index, BMI) qui est le plus largement utilis est calcul par le rapport entre le poids (kg) et le carr de la taille (mtres) = P/T2. Celui-ci est normalement chez ladulte compris entre 19 et 25 (tableau I). Le poids idal par rfrence aux tables des compagnies dassurance-vie amricaines correspond un IMC de 22. Il est intressant de calculer le dficit pondral en pourcentage par rapport au poids idal, mais galement par rfrence au poids de forme ou poids antrieur du sujet.
2S111
Tour de taille
Ralise avec un mtre ruban, cette mesure donne un reflet de la rpartition anatomique de la masse grasse. Cette mesure est utile lvaluation du risque mtabolique et cardio-vasculaire mme en labsence dobsit. En effet, le risque est augment lorsque la masse adipeuse prdomine la partie suprieure du corps et en particulier au niveau abdominal. Le tour de taille est un meilleur reflet de la graisse abdominale viscrale que le rapport tour de taille/tour de hanches. Un tour de taille suprieur 100-102 cm chez lhomme et 88-90 cm chez la femme est associ la prsence dun grand nombre de facteurs de risque vasculaire.
Pour approfondir
Examen clinique
La taille peut tre connue sans ambigut, mais il nest pas exceptionnel quelle ne soit pas connue ou difficile mesurer chez un patient alit et grabataire. Le vieillissement peut galement rduire la taille qui figure sur une carte didentit ancienne par exemple. La taille peut alors tre prdite par des quations qui reposent sur la mesure de la hauteur de la jambe ou du bras : - femme : taille (cm) = 64,19 0,04 x ge (ans) + 2,02 x hauteur de jambe (cm) - homme : taille (cm) = 84,88 0,24 x ge (ans) + 1,83 x hauteur de jambe (cm) - taille (cm) = 2,5 x [longueur du membre suprieur (cm) + 7,27] En pratique, la hauteur de la jambe est mesure entre la partie fixe dune toise pdiatrique place sous le pied et la partie mobile appuye au-dessus du genou au niveau des condyles lorsque le genou est pli 90. La longueur du membre suprieur est mesure du ct non dominant, le coude flchi 45. La hauteur du bras est mesure entre lacromion et lolcrane et celle de lavant bras entre lolcrane et la stylode radiale. La somme des deux mesures est ensuite effectue.
Index multivaris
Lquipe de Buzby a dvelopp un index trs simple qui est aujourdhui le plus utilis, le Nutritional Risk Index (N.R.I.) prenant en compte lalbumine plasmatique et les variations de poids : N.R.I. = 1,519 x albuminmie (g/l) + 0,417 x (poids actuel/poids usuel) x 100 Celui-ci rpartit les malades en 3 classes : N.R.I. suprieur 97,5 % (tat nutritionnel normal) N.R.I compris entre 83,5 % et 97,5 % (dnutrition modre) N.R.I infrieur 83,5 % (dnutrition svre) Une perte de poids masque par des oedmes mais associe une hypoalbuminmie infrieure 30 g/l classe le patient dans la mme catgorie de dnutrition quune perte de poids svre sans hypoalbuminmie. Lquipe de Baker et Detsky ont propos une approche globale subjective purement clinique de ltat nutritionnel (S.G.A.) (tableau II). Cet index ne prend en compte que lanamnse et lvolution rcente du poids, le niveau de consommation alimentaire, lexistence de troubles digestifs ; lexamen clinique apprciant ltat des rserves adipeuses sous-cutanes et des masses musculaires, la prsence ddmes, sans aucune mesure anthropomtrique ni biologique. Seule lapprciation subjective dun stress mtabolique complte lvaluation globale. Cette valuation conduit le praticien classer subjectivement le malade dans une des trois classes suivantes : tat nutritionnel normal (A), svrement dnutri (C), ni lun ni lautre, autrement dit modrment dnutri (B). La reproductibilit inter-observateur du S.G.A. est bonne (78 %) ainsi que sa corrlation au N.R.I. de Buzby. En outre, lintrt de cette valuation simple est quelle semble relativement bien identifier le groupe de malades qui pourrait bnficier dune prparation nutritionnelle la nutrition pr-opratoire.
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vomissement
Capacit fonctionnelle : dysfonction Si oui : dure type Semaines capacit sous-optimale de travail
hospitalis
Maladie Diagnostic primaire : Stress mtabolique Stress physique : aucun lger non non non non non = modrment dnutri modr oui oui oui oui oui = svrement dnutri svre
Perte de graisse sous-cutane Perte musculaire dme des chevilles dme sacrum Ascite
= normal
En dehors de lalbumine et de la pralbumine, dautre protines peuvent tre utilises comme marqueurs de ltat nutritionnel : La R.B.P. est une 2-globuline lie un ttramre de transthyrtine et fixant une molcule de rtinol. Sa synthse hpatique est inhibe par un manque dapport en tryptophane, zinc, azote et rtinol. Son catabolisme est rnal. Sa concentration srique varie de 45 70 mg/L avec dimportantes variations physiologiques lies au sexe et lge. Sa synthse est augmente lors dune insuffisance rnale, hpatique ou thyrodienne, dun syndrome inflammatoire, lors de la prise de contraceptifs oraux, de glucocorticodes ou danticonvulsivants. Sa spcificit est faible et une concentration normale signe une alimentation quilibre en vitamine A, tryptophane et zinc. La transferrine est une 1-globuline dont le taux de renouvellement hpatique est de 16 mg/kg/j. Elle est rpartie galement dans le secteur vasculaire et extravasculaire. Sa concen2S114
tration srique normale varie de 2 3,5 g/L. Elle transporte du fer, normalement 30 % des rcepteurs sont saturs, mais galement du zinc, du cuivre et du manganse. Sa demi-vie est la moiti de celle de lalbumine, soit 10 jours. Cest un marqueur trs sensible de la dnutrition, mais cette grande sensibilit saccompagne dun manque absolue de spcificit, car sa concentration augmente dans les carences martiales et les syndromes inflammatoires. Son utilisation isole pour un bilan nutritionnel est insuffisante. Les concentrations des protines dites nutritionnelles tant influences par un syndrome inflammatoire, Ingenbleek et Carpentier ont propos de corriger les fluctuations de ces protines par les variations de protines plus spcifiques du syndrome inflammatoire comme la C.R.P et lorosomucode. Ils ont . ainsi propos un index, le P .I.N.I. ou pronostic inflammatory and nutritional index : C.R.P. (mg/L) x orosomucode (mg/L) P.I.N.I. = ----------------------------------------------------Albumine (g/L) x Transthyrtine (mg/L)
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Normalement le P .I.N.I. est voisin de lunit. Cest un index pronostique qui permet de dterminer des groupes de dnutris : 1 10 risque faible, 11 20 risque modr, 21 30 risque de complications, > 30 risque vital. Mais cet index est peu utilisable en clinique. Dautres protines sont utilises telles que lIGF1 qui est sans doute le seul marqueur de malnutrition protique fiable pour les dnutritions modres.
La composition corporelle
La mesure de la composition corporelle est une des meilleurs faon dapprcier ltat nutritionnel. Les techniques de mesure dveloppes dans le tome 1 ne seront pas dtailles ici (cf. tome 1). La dtermination de la masse grasse et de la masse maigre par la mesure des plis cutans Elle utilise le fait que prs de 70 % du tissu adipeux est sous cutan. Elle utilise galement le principe du modle bicompartimental. Mthode simple, reproductible entre des mains entranes, elle est peu coteuse et utilisable au lit du malade. La mesure de lpaisseur cutane se fait avec un compas spcial (type Harpenden) en diffrents points prcis du corps. Le compas dit adipomtre doit exercer une pression normalise de 10 g/mm2. Ses limites tiennent la corpulence des sujets (sujets obses ou trop maigres) et aux difficults de mise en uvre lorsquil existe des dmes. Les formules les plus utilises sont celles de Durnin et Womersley. La mthode utilise les plis tricipital, bicipital, sous-scapulaire et supra-iliaque permettant de calculer la densit corporelle. L adiposit du sujet partir de la somme des 4 plis Cette mthode est de loin la plus utilise en mdecine. Cependant, lorsque ltat dhydratation des malades va se transformer, la validit de la mthode pour dterminer la masse maigre nest plus assez fiable ni reproductible. De mme pour un BMI <15 ou > 35 lutilisation de cette mthode est moins fiable et insuffisamment valide. La dtermination de la masse musculaire par lanthropomtrie Lanthropomtrie peut galement servir dterminer la masse musculaire partir de la mesure de la circonfrence musculaire brachiale (Cm) drive de la circonfrence brachiale (Cb en cm) et du pli cutan tricipital (cm) ou de la moyenne de la somme des plis tricipital et bicipital (S en cm) : Cm = Cb - S Les valeurs thoriques normales sont de 20 23 cm chez la femme et de 25 27 chez lhomme. La surface musculaire brachiale sobtient par : M = Cm2 / 4 et le calcul de la masse musculaire totale partir de la surface musculaire brachiale : homme : Mm (kg) = taille (cm) x (0,0264 + 0,0029 x (M-10)) femme : Mm (kg) = taille(cm) x (0,0264 + 0,0029 x (M- 6,5)) Comme pour toutes les mesures anthropomtriques, la limite dutilisation de cette mthode est constitue par les dmes
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Dnutrition
Dnutrition
Points comprendre
La dnutrition rsulte de la conjonction de modifications des apports nutritionnels et de perturbations mtaboliques. Limportance des consquences de la dnutrition justifie si possible sa prvention, en tous cas son dpistage systmatique, et sa prise en charge prcoce. Lvaluation de la dnutrition repose essentiellement sur des critres cliniques simples : dinterrogatoire (variations du poids, signes digestifs, modifications de lalimentation, retentissement sur ltat gnral), dexamen clinique (rserves adipeuses, masses musculaires, troubles trophiques), et des critres anthropomtriques (pli cutan tricipital, calcul de lindice de masse corporelle). Cette valuation peut tre prcise et complte sur le plan biologique par le dosage de marqueurs valeur pronostique (albumine), ou utiles pour le suivi (transthyrtine, CRP vitamines, oligo-lments, bilan azot) et sur le plan , biophysique par lvaluation de la composition corporelle (impdancemtrie). Dautres mthodes fines dvaluation nutritionnelle relvent du domaine de la recherche. La prise en charge de la dnutrition sappuie sur des moyens dintervention de complexit et de cots croissants : 1) renforcement du contenu calorique et protique de la prise alimentaire spontane et correction des carences en micro-nutriments ; 2) utilisation de complments nutritionnels par voie orale ; 3) mise en uvre dune nutrition entrale, qui peut tre administre en diffrents sites et laide de diffrents dispositifs selon le contexte clinique (gastrique, duodnal, jjunal) ; 4) nutrition parentrale, par voie veineuse centrale ou plus rarement priphrique, cette nutrition parentrale tant rarement exclusive, plus souvent complmentaire dapports entraux insuffisants. La prise en charge orale et entrale est possible et suffisante dans une grande majorit de situations, et la nutrition parentrale, du fait de sa technicit, de ses cots et de ses risques, est rserve aux cas avrs dimpossibilit ou dinsuffisance de la prise en charge par voie digestive. Il est trs important de souligner : que lexamen clinique simple laide dune balance, dun mtre ruban et dun compas est un excellent moyen de dpistage et de suivi des dnutritions ;
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que les rsultats cliniques comme biologiques sont rapports une population de rfrence pour dfinir un niveau de dnutrition standard ; mais les informations les plus intressantes sont fournies par le suivi longitudinal, en comparant le malade lui-mme au cours du temps. Classiquement, on appelle dnutrition un dficit dapport nutritionnel principalement quantitatif, et malnutrition un dfaut la fois qualitatif et quantitatif. En fait, il faut reconnatre que ces deux aspects sont trs intriqus et dans la pratique courante les deux termes sont souvent confondus. La reconnaissance, la prvention et le traitement des dnutritions doivent avoir une place importante au sein des stratgies thrapeutiques, car il sagit de manifestations dont lincidence et les consquences morbides sont leves et pour lesquelles il existe des traitements nutritionnels appropris dans la majorit des cas. En effet, si la correction complte dune dnutrition passe en rgle par le traitement tiologique efficace de la pathologie causale, lefficacit thrapeutique de celle-ci est galement bien souvent conditionne par ltat nutritionnel. De plus, une poque o la matrise des dpenses de sant devient un enjeu important, cet aspect doit tre considr comme important. La dnutrition reprsente actuellement un facteur majeur de morbidit et de mortalit, qui pose un grand problme de socit pour les pays en voie de dveloppement, mais aussi, quoique pour un moindre degr et des raisons diffrentes, pour les pays dont le niveau de vie est plus lev. On admet que 30 60 % des malades hospitaliss souffrent de dnutrition. Dans tous les cas, celle-ci relve dun dsquilibre entre apports et besoins, mais on peut sparer les situations o le mcanisme principal en cause est un dfaut dapport (comportement de jene et ses consquences adaptatives) de laugmentation des besoins (comportement hypermtabolique et son environnement physiopathologique). La plupart des pathologies aigus, subaigus ou chroniques ont des consquences mtaboliques, responsables dun retentissement nutritionnel dautant plus important quelles sont rcurrentes et associes entre elles. De manire trs classique, chez les personnes ges par exemple, un cercle vicieux peut sinstaller o pathologies et dsordres nutritionnels font
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Dnutrition
change de mauvais procds : les pathologies induisant une dnutrition du fait dun hypercatabolisme et dune anorexie bien souvent lis, tandis que la dnutrition exerce ses effets dltres bien connus sur limmunit, la cicatrisation, les troubles cutans, les surinfections pulmonaires ou urinaires, etc. sement calorique et protique (ajouts de matires grasses, de poudre de lait), en prescrivant des complments nutritionnels entre les repas (voir Pour approfondir) ; viter la monotonie de lalimentation, source de lassitude et danorexie, et exposant aux carences spcifiques en cas dinsuffisance de fruits et lgumes (micro-nutriments) et de produits laitiers (calcium, protines) ; La dnutrition doit aussi tre prvenue lors dune hospitalisation pour une affection aigu, qui expose un risque major de dnutrition en raison du stress mtabolique, de laggravation de lanorexie et des consquences iatrognes des mesures thrapeutiques (suppression de repas, explorations invasives). Le patient doit donc tre valu sur le plan nutritionnel ds ladmission, et pes ds que son tat le permet, au mieux dans les 48 h suivant lentre, et devra tre pes une fois par semaine. Les quipes soignantes doivent avoir ds les premiers jours une vigilance sur la consommation des repas par les patients. La consommation de moins de la moiti des plateaux durant plus de 3 jours et, a fortiori, une perte de poids, justifient lintervention dune ditticienne pour un suivi prcis des ingestats et une proposition de complmentation orale.
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ncessaire pour complter les ingestats spontans. Les seuls stimulants de lapptit ayant une efficacit modeste relle, mais modeste sont les corticodes ; ils ne sont pas sans risques et doivent tre rservs essentiellement au contexte de la dnutrition du cancer (voir Pour approfondir). pisode de dnutrition au cours dune hospitalisation pour une affection aigu Tout malade hospitalis pour une affection aigu svre est risque de dnutrition au cours de son sjour, sil nest pas dj dnutri larrive. Lvaluation doit donc tre prcoce, et rpte au cours du sjour (cf. paragraphe valuation de la dnutrition). Patient initialement non dnutri Une hospitalisation excdant une semaine, en raison de la svrit de laffection, est assortie dun risque major de dnutrition secondaire. Dans ce cas, le suivi hebdomadaire du poids et la vigilance de lquipe soignante sur la consommation effective des repas doivent permettre de reprer le risque de dnutrition (voir Pour approfondir). A ce stade, il suffit souvent de renforcer la restauration usuelle avec des collations, voire des complments oraux pour limiter la dgradation. En cas de rsultat insuffisant, un bilan plus prcis par une ditticienne doit tre prescrit. Patient modrment dnutri ladmission La prise en charge alimentaire et dittique doit tre demble renforce (rgime hypercalorique, collations, complments) et la rvaluation rgulire, en particulier en faisant chiffrer les ingestats rels par une ditticienne. Ces ingestats totaux (alimentation + complments) devront tre confronts aux besoins caloriques et protiques estims (au moins 30-35 kcal et 1,5 g de protines par kilo et par jour, ces objectifs minimums pouvant tre accrus par des situations dagression mtabolique intense, cf. chapitre Besoins nutritionnels). Si lhospitalisation se prolonge au-del dune semaine, et si le patient ne couvre pas, durant plusieurs jours conscutifs, au moins 75 % de ses besoins laide des mesures dittiques, une nutrition entrale de complment pourra tre propose. Pour mnager la prise alimentaire spontane, la nutrition entrale sera alors ralise au mieux de faon cyclique nocturne. Cette mise en uvre apporte souvent une amlioration fonctionnelle en quelques jours, avant mme une amlioration nutritionnelle mesurable (poids, transthyrtine) et contribue la relance de lapptit. Ladjonction de polyvitamines (2 4 ml de solut de polyvitamines) et doligo-lments (3 flacons par semaine) est utile la phase initiale de renutrition pour assurer une bonne couverture en micronutriments. Les vitamines et oligo-lments font en effet partie intgrante des besoins nutritionnels, et les besoins en micro-nutriments sont accrus en raison de la lutte contre linfection, de linflammation, des besoins de cicatrisation, et dventuelles pertes augmentes, en particulier digestives. En cas dimpossibilit ou de mauvaise tolrance avre de la nutrition entrale, ou de couverture insuffisante des besoins caloriques, un avis spcialis en nutrition est souhaitable pour discuter dune ventuelle nutrition parentrale, en complment dapports oraux ou entraux, et trs exceptionnellement, chez certains patients particulirement svres dont le tube digestif ne peut tre utilis, dune nutrition parentrale exclusive.
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Patient svrement dnutri ladmission La renutrition est alors aussi imprative quune antibiothrapie adapte devant une infection documente, mis part bien sr les situations dge extrme et de patients en fin de vie qui sont discutes plus loin. Lvaluation clinique permettra de dterminer si ltat du patient permet desprer une correction par une ralimentation orale intensive (rgime hypercalorique, collations, complments), mais cette situation est rare dans la population hospitalise, de plus en plus ge et polypathologique. Patient tube digestif sain prsentant une pathologie mdicale aigu La prise en charge adapte dun sujet svrement dnutri, mais au tube digestif sain va souvent ncessiter la mise en uvre dune nutrition entrale, de complment si lapport oral est significatif (environ 50 % des besoins) ou assurant elle seule la couverture des besoins en attendant la relance de lapptit. Lapport sera ralis en rgle en site gastrique, les objectifs caloriques tant atteints progressivement en 48 heures. La supplmentation en micro-nutriments doit tre quotidienne, car la nutrition entrale avec les produits actuellement disponibles ne couvre avec 2 000 ml/j que les besoins de base en micro-nutriments, et non les besoins accrus dun patient svrement dnutri. Le contrle rgulier du ionogramme, de la magnsmie et de la phosphormie dans les premiers jours de renutrition permettra ladaptation des supplmentations spcifiques. La nutrition entrale sera ralise initialement toujours avec un produit standard isocalorique. Des produits concentrs hyperacaloriques et/ou hyperprotidiques peuvent tre utiles pour atteindre des objectifs levs sans augmenter trop les apports hydriques. Dans certains cas, notamment au cours des pancratites aigus svres, la nutrition entrale reste possible, et prfrable la nutrition parentrale en termes de risque infectieux, mais doit alors tre administre en site jjunal (sonde naso-jjunale) ; lutilisation dun produit polymrique est souvent possible, mais les solutions de type semi-lmentaire sont utiles en cas dintolrance (voir chapitre XII). Par contre, en cas de stnose digestive serre (maladie de Crohn par exemple) ou de fistule gastrointestinale, la nutrition devra tre administre exclusivement par voie parentrale. Dnutrition svre en pri-opratoire de la chirurgie viscrale programme Conformment aux recommandations des confrences de consensus, tout patient svrement dnutri devant subir une intervention chirurgicale lourde compromettant une alimentation satisfaisante dans la semaine postopratoire devrait bnficier dune renutrition pr et post-opratoire, et en tous cas au moins dune nutrition post-opratoire. Cette renutrition pri-opratoire reste trs peu mise en uvre, en particulier en pr-opratoire. La renutrition pr-opratoire doit tre de 7 10 j, ce qui suffit pour une amlioration fonctionnelle et une rduction du risque post-opratoire, en particulier infectieux, mme si lamlioration nutritionnelle objective est modeste. Elle doit faire appel en rgle la nutrition entrale, car il est souvent difficile de couvrir par voie orale les objectifs caloriques (30-35 kcal/kg et par jour). La voie parentrale est rserve aux impossibilits ou checs de la voie entrale.
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Dnutrition
En post-opratoire, les tudes rcentes indiquent quil est souvent possible deffectuer une nutrition entrale prcoce, au mieux en site jjunal, par sonde naso-jjunale ou laide dune jjunostomie fine pose en per-opratoire, ds la 6e heure post-opratoire. Les objectifs caloriques doivent tre atteints en 48 72 h. La nutrition entrale standard est aussi efficace que la nutrition parentrale standard en post-opratoire de chirurgie viscrale, et naugmente pas le risque de complications locales (fuites anastomotiques) ; elle acclre la reprise du transit. Des progrs importants ont t faits dans le domaine de limmuno-nutrition (voir aussi Pour approfondir). Dnutrition svre en traumatologie Cette situation est de plus en plus frquemment observe avec le vieillissement de la population, notamment au cours des fractures du col du fmur (50 000 cas par an en France !). La dnutrition compromet la rcupration fonctionnelle post-opratoire et expose aux complications trophiques et infectieuses. Des tudes indiquent que la nutrition entrale prcoce chez ces patients en post-opratoire, voire dans lattente de la chirurgie, amliore lvolution clinique ultrieure. Il en est de mme de la complmentation orale en particulier protique lors de la reprise de lalimentation orale. Ces mesures restent toutefois insuffisamment appliques dans les services de traumatologie. La dnutrition peut aussi sinstaller rapidement aprs un polytraumatisme svre induisant un tat hypercatabolique intense chez un sujet jeune pralablement en bon tat nutritionnel (cas dun accident de moto, par exemple). Pour cette raison, il est recommand dentreprendre une nutrition entrale prcoce chez le polytraumatis, afin de limiter la survenue dune dnutrition. La nutrition entrale est parfois limite par lilus post-traumatique, mais des apports mme modestes (500 1 000 kcal) semblent utiles pour limiter le risque datteinte de la barrire intestinale avec translocation bactrienne. Un complment par une nutrition parentrale peut savrer ncessaire. Les brlures tendues reprsentent la situation extrme en termes de besoins caloriques, protiques et en micronutriments. La mise en uvre trs prcoce dune nutrition entrale intensive (parfois jusqu 45-50 kcal/kg/j et 3 g/kg/j de protines) et lutilisation de doses massives de micro-nutriments permettent damliorer la cicatrisation et contribuent limiter le risque infectieux. Dnutrition svre en ranimation mdicale Les patients de ranimation mdicale (infections graves et choc septique, syndrome de dtresse respiratoire aigu) posent les problmes de prise en charge les plus difficiles. Il existe souvent une dnutrition pralable (insuffisance respiratoire chronique), et lpisode aigu majore lhypercatabolisme et la rsistance mtabolique la renutrition du fait du syndrome inflammatoire majeur. La gastroparsie frquente, et majore par les sdatifs, limite souvent la tolrance de la nutrition entrale, et donc le niveau dapports. Une nutrition parentrale de complment, voire exclusive, peut savrer ncessaire. Affections chroniques cachectisantes La ncessit dun suivi et dune prise en charge nutritionnelle au cours daffections comme le cancer ou linfection par le VIH est vidente en raison de laccumulation des facteurs de causalit : anorexie, troubles digestifs (dys2S120
phagie, malabsorption), hypermtabolisme et hypercatabolisme protique, effets iatrognes des traitements. La prise en charge doit tre avant tout prventive pour limiter la dgradation (conseils denrichissement, complments oraux). A loccasion dun pisode volutif (infection opportuniste par exemple, radiothrapie), lintervention nutritionnelle doit tre prcoce pour viter une dgradation rapide, en recourant en priorit la nutrition entrale si elle est tolre. Lutilisation de la nutrition parentrale doit tre restrictive au cours de la radiochimiothrapie, car son bnfice nest pas dmontr. La situation pri-opratoire a t voque plus haut. Dnutrition en fin de vie La cachexie est invitable lors de lvolution terminale de toute maladie et lpuisement des rserves protiques prcde le dcs. Dans le cadre dune prise en charge globale de soins palliatifs, les mesures dittiques doivent tre modestes, adaptes aux souhaits et au confort du patient, en vitant tout acharnement nutritionnel, de toute faon inefficace en raison de lhypercatabolisme intense.
Pour approfondir
Physiopathologie
La dnutrition peut tre conscutive un dfaut dapport et/ou un tat dhypercatabolisme. Cette distinction claire est parfois schmatique et les situations cliniques relles sont parfois plus intriques. On peut ainsi dcrire la physiologie de ladaptation ltat de jene prolong dont les consquences pathologiques sont connues sous le nom de marasme tandis que les situations dagression aigu peuvent conduire linstauration dun tat de dnutrition majeure en 2 ou 3 semaines, enfin lassociation dun tat pathologique chronique une dnutrition (principalement protique) peut tre rapproche du kwashiorkor, entit initialement dcrite chez lenfant en Afrique.
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Dnutrition
Dnutrition par carence dapport : physiopathologie du jene, le marasme
Du fait de besoins mtaboliques constants et de prises alimentaires discontinues, lhomme est trs adapt pour stocker les nutriments absorbs et utiliser les rserves constitues, alternativement. Le dlai habituel sparant deux repas est en gnral de lordre dune douzaine dheures au maximum. De ce fait, lamplitude des mcanismes permettant le passage de ltat post-absorptif immdiat celui correspondant une nuit de jene est limite1. Classiquement, on divise les consquences du jene et les mcanismes dadaptation en quatre phases : 1) le jene immdiat ou post-absorptif, dont la dure est de quelques heures ; 2) la phase dadaptation, de 1 3 jours ; 3) la phase de jene prolong, qui peut durer de plusieurs semaines quelques mois selon ltat des rserves nergtiques, et enfin 4) la phase dite terminale o les altrations mtaboliques, en particulier lies aux troubles de la synthse des protines, deviennent irrversibles. La baisse de la glycmie et de linsulinmie saccentue, amplifiant encore la prpondrance de loxydation des lipides sur celle du glucose. Loxydation des lipides est directe ou indirecte via les corps ctoniques produits par le foie. Il faut noter que, certains organes restent dpendants du glucose pour leur mtabolisme nergtique car dpourvus de mitochondries (hmaties, tissus transparents de lil, mdullaire rnale) ou, bien que possdant des mitochondries, si la totalit de lnergie ncessaire ne peut tre fournie uniquement par loxydation des lipides (cerveau, leucocytes, tissus en phase de croissance ou de maturation, cur). On estime les besoins en glucose environ 180 grammes par 24 heures pour un sujet adulte. Les cellules sanguines, la mdullaire rnale et les tissus de lil en consomment environ 40 g/24 h : il sagit de glycolyse anarobie et le lactate libr est rutilis pour la synthse de glucose. Le glucose rellement oxyd, et ainsi les besoins en synthse complte de novo, est de 140 g/24 h, ce qui correspond au mtabolisme nergtique crbral. Cette synthse de novo se fait partir des acides amins librs par le muscle, principalement lalanine et la glutamine. Ceci explique lexcrtion importante dure lors de cette phase de jene.
La phase terminale
Cette phase correspond lpuisement des rserves lipidiques de lorganisme. Il sensuit une rduction de la concentration des corps ctoniques et des acides gras plasmatiques et une
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Dnutrition
r-ascension de lexcrtion dure et dazote, explique par lutilisation des protines pour satisfaire les besoins nergtiques. Malheureusement, compte tenu de la rduction progressive des protines des muscles squelettiques, dautres protines sont touches. On parle, ce stade, de dnutrition irrversible et lvolution se fait vers la mort. Au total, la dnutrition par carence dapports protino-nergtiques se caractrise par un tableau de cachexie avec une diminution importante des rserves nergtiques, rduction des pertes azotes urinaires coexistant avec un maintien assez prolong de concentrations subnormales des protines viscrales comme lalbumine plasmatique. La morbidit est lie la rduction de la masse protique, et commence par une limitation de lactivit physique, se poursuit avec la baisse de limmunit cellulaire, puis lapparition de complications infectieuses et cutanes. La succession dvnements qui conduit aux modifications hmodynamiques et mtaboliques lies lagression en gnral et au sepsis en particulier est de mieux en mieux connue. Le foyer infectieux libre bactries et produits bactriens qui activent les macrophages et les cellules endothliales, responsables de la production de diffrents mdiateurs : cytokines pro-inflammatoires et anti-inflammatoires, produits activs du complment, prostaglandines, radicaux libres de loxygne, mdiateurs lipidiques, NO, facteurs activs de la coagulation, etc. On retrouve dans les modles exprimentaux de choc hmorragique pur une squence dvnements trs semblables la situation du sepsis, ceci indiquant bien les liens physiopathologiques qui existent entre les diffrents tats dagression et lintrt dune cible thrapeutique commune : la rponse inflammatoire. Laugmentation de la dpense nergtique est un phnomne constant chez les patients polytraumatiss, infects ou svrement brls. Elle est de lordre de 5 20 %, mais peut atteindre 100 % pour les grands brls. La rponse mtabolique lagression comporte une lvation simultane de linsuline et des hormones dites contre-rgulatrices : glucagon, cortisol et catcholamines. Le rsultat est linstauration dun tat dinsulino-rsistance o laugmentation de lutilisation du glucose, qui est relle, est infrieure celle qui serait observe pour une lvation similaire de la glycmie chez un sujet sain. Ainsi, coexistent une lvation de la glycmie et une accentuation de la production endogne de glucose (et donc de son utilisation), caractristique des tats dagression. Dans une certaine mesure, linsulino-rsistance est sans doute un mcanisme adaptatif, car permettant le maintien dune glycmie leve tout en limitant lutilisation du glucose certains territoires spcifiques. En effet, une rponse physiologique une telle hyperglycmie serait responsable dune augmentation massive de la consommation de glucose par le muscle et le tissu adipeux. De plus, laugmentation de lutilisation du glucose au cours de lagression est davantage en rapport avec un recyclage quavec une oxydation complte. Ceci est bien montr par le contraste qui existe entre laugmentation importante du turnover du glucose, tandis que le quotient respiratoire reste proche de 0,8, tmoignant dune oxydation lipidique importante. Laugmentation du mtabolisme du glucose correspond principalement un recyclage via les cycles lactate-glucose de Cori ou alanine-glucose de Felig. Dans certaines situations cliniques, ltat dinsulino-rsistance peut galement comporter un certain degr dinsulinopnie relative, la scrtion dinsuline ntant plus adapte la situation physiopathologique. Bien que les diffrents travaux rapports dans la littrature ne soient pas totalement homognes, dans la majorit des cas, lagression saccompagne dune augmentation de loxydation lipidique, qui coexiste avec une rduction de lactivit de la lipoprotine lipase endothliale. La consquence de ces deux modifications est une lvation des triglycrides plasmatiques, mais le plus souvent cette anomalie ne reprsente pas une limite relle loxydation des triglycrides plasmatiques, quils soient dorigine exo ou endogne. De ce fait, les lipides demeurent un substrat privilgi de lorganisme agress. Il faut toutefois prciser que selon le degr de dchance hpatique, lintensit de linsulino-rsistance et/ou de la rponse insulinique et plus gnralement avec les perturbations mtaboliques (hypoalbuminmie, hypoperfusion, hypoxie, etc.) des situations trs varies peuvent tre rencontres. Ainsi, on peut retrouver une grande hypertriglycridmie en rapport avec une augmentation de la synthse de VLDL par le foie ou au contraire des valeurs trs faibles, dans le cas dune dchance hpatique ne permettant plus la synthse de ces mmes VLDL. Les HDL sont diminues au cours du sepsis. Il est noter que le cholestrol plasmatique est galement toujours diminu. Ceci est classiquement lie une insuffisance hpatique, fonctionnelle ou anatomique. En effet, le retour du cholestrol au foie (transport reverse du cholestrol) dans les HDL ncessite son estrification avec diffrents acides gras, ce qui est permis par la lcithine choCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Dnutrition
lestrol acyl-transfrase (LCAT) dont lorigine est hpatique. Plus rcemment, il a t montr que cette chute du cholestrol plasmatique ne concernait pas seulement les HDL, mais aussi les LDL et quelle pourrait tre interprte comme un phnomne dactivation de linternalisation des lipoprotines dans les cellules. Les corps ctoniques sont le plus souvent abaisss, voire effondrs, contrastant avec les acides gras non estrifis. Les causes de cette anomalie ne sont pas trs claires : rle de lhyperinsulinmie portale, anomalie du mtabolisme mitochondrial au niveau hpatique li au sepsis ou la rponse inflammatoire, rle de lhyperlactatmie (comptition de transport), autres causes daltrations hpatiques, fonctionnelle ou organique, etc. Les modifications du mtabolisme protique au cours de lagression sont trs anciennement connues travers laugmentation des pertes dazote dans les urines. Lorigine de cet azote est musculaire et la rponse lagression correspond en fait une redistribution protique du territoire musculaire vers dautres territoires privilgis comme par exemple le foie ou les tissus cicatriciels. Ces phnomnes sont sous la dpendance des modifications endocrines et des cytokines. On retrouve bien, l encore, la notion dune redfinition des priorits au cours de la rponse mtabolique lagression. Cette redfinition des priorits se retrouve mme au sein dun organe comme le foie, o il est classique dopposer protines inflammatoires (fibrinogne, orosomucode, protine C ractive) dont la synthse est stimule et protines nutritionnelles (albumine, pralbumine ou transthyrtine, transfrine) dont la synthse est inhibe. Cependant, des donnes rcentes chez des patients traumatiss crniens montrent clairement que la rduction de lalbuminmie plasmatique saccompagne dune importante stimulation de la synthse, conduisant remettre en question la notion dinhibition de la synthse des protines nutritionnelles lors de lagression. Laugmentation du renouvellement protique saccompagne dune augmentation du catabolisme des acides amins, lazote tant principalement excrt sous forme dure. Les pertes dacides amins dans les urines sont modestes en dehors de tubulopathies. Parmi les acides amins urinaires, la 3-mthylhistidine est dun intrt particulier en raison de son caractre de marqueur du catabolisme myofibrillaire. La mthylation des rsidus histidine nintervient que lorsque lacide amin est incorpor dans une chane dactine ou de myosine. Or, il nexiste pas dARN de transfert codant ni de voie de dgradation enzymatique pour cet acide amin qui, une fois mthyl, est excrt dans les urines de manire proportionnelle la quantit de myofibrilles dgrades. De ce fait, il sagit dun bon marqueur du catabolisme musculaire. 2) des atteintes du tractus gastro-intestinal responsables de malabsorption et conduisant une amplification qui peut tre considrable du dficit de lapport ; 3) des facteurs pathologiques additionnels, comme un tat infectieux chronique (paludisme, infection et parasitoses diverses, etc.), qui modifient profondment le profil mtabolique et hormonal et prviennent la mise en place des mcanismes dadaptation au jene. Il sagit dune forme trs grave de malnutrition, car entranant rapidement une dpltion protique importante, responsable de consquences morbides svres. Llment physiopathologique central dominant ce tableau est constitu par la rduction de la synthse protique : lhypoalbuminmie est marque, souvent infrieure 20 g/l ; elle est responsable de lascite et des dmes priphriques. Lhpatomgalie, parfois trs importante, est due une statose qui est rapporte deux phnomnes : la persistance dun apport nergtique fournissant au foie les substrats ncessaires pour la synthse des triglycrides et le dfaut protique limitant la synthse hpatique de certaines protines ncessaires au mtabolisme lipidique normal6. Les modifications de lenvironnement hormonal et mtabolique (insulino-rsistance) contribuent sans doute galement la constitution de cette statose. Enfin, on retrouve souvent des troubles cutans (escarres, retard de cicatrisation, etc.), qui sont galement en rapport avec les anomalies du mtabolisme protique. Au total, ce type de malnutrition correspond la conjonction de facteurs nutritionnels dficitaires prdominant sur les apports protiques la fois quantitatifs et qualitatifs, et de pathologies chroniques ou rcurrentes, infectieuses pour la plupart. La gravit de cette malnutrition tient principalement aux troubles de la synthse protique et latteinte hpatique. De nombreuses affections chroniques ou rcurrentes peuvent saccompagner dun tableau de dnutrition qui sinscrit entre marasme et kwashiorkor. Le mcanisme de la dnutrition au cours des affections malignes est complexe, et les situations rencontres sont trs diffrentes : cancer de la tte du pancras avec une cachexie majeure et rapide, cancer du sein o latteinte nutritionnelle est tardive, cancer du tractus digestif avec grande dysphagie, cancer avec anorexie prdominante ou traitement trs agressif (leucmies, par exemple). Parmi les principaux mcanismes, il faut envisager lanorexie, les dviations mtaboliques lies au mtabolisme tumoral et ses consquences, le caractre agressif de la plupart des traitements utiliss et, enfin, les complications intercurrentes qui, parfois, prcipitent la situation : infections, fractures, alitement. En pratique mdicale courante, la dnutrition relve de mcanismes multiples, qui ne se rsument pas lanorexie. Chaque pisode aigu ou subaigu, mme modeste, correspond la perte dun certain capital nutritionnel qui, normalement, est restaur lors de la classique phase de convalescence. Ce retour ltat nutritionnel antrieur ncessite du temps, un apport nutritionnel suffisant et un environnement mtabolique adquat, et si pour une raison quelconque lun de ces facteurs est insuffisant, chaque pisode ou pousse est responsable dune dgradation lente, mais inexorable de ltat nutritionnel qui, son tour, conditionnera lvolution, les complications et parfois lefficacit des autres traitements.
Dnutrition
interfrer avec la prise alimentaire spontane, les complments doivent tre prescrits entre les repas ou en soire. Pour les affections cachectisantes (cancer, VIH, affections neurologiques, digestives, mucoviscidose...), les complments prescrits un patient ambulatoire peuvent tre rembourss de faon forfaitaire (TIPPS). Il faut gnralement prescrire 2 ou 3 units par jour pour atteindre une certaine efficacit.
Cas clinique
Situation clinique
Simone, 78 ans, veuve depuis 6 mois, nglige compltement son alimentation (dsorganise, se rsumant souvent quelques bols de caf au lait avec du pain, et rarement un peu de viande hache). Elle attrape la grippe et consulte son mdecin qui, devant le mauvais tat gnral, pse la patiente et stonne dune perte de seulement 3 kg par rapport au poids habituel (44 kg pour 1,55 m). Il note des dmes des membres infrieurs, attribus une pousse dinsuffisance cardiaque. Devant laggravation respiratoire, Simone est hospitalise. Bien quelle ne touche gure la nourriture de lhpital, son poids enfin mesur aprs 5 jours dhospitalisation, est toujours 41 kg. Au vu dun complment de bilan biologique, il est dcid de la mettre en nutrition entrale par sonde, en suivant scrupuleusement les conseils de prescription du manuel. Au troisime jour, linfirmire appelle linterne avec inquitude, car le poids a chut 39 kg. Que penser ?
Commentaires
au dpart : dnutrition modre (IMC 18,3 kg/m2) et carence dapports protiques pralable linfection (facteur de risque) ; aggravation de la dnutrition loccasion de linfection ; la perte de poids relle est minore par les dmes, et reprsentait sans doute au moins 5 kg de masse corporelle, soit plus de 10 % de son poids habituel (dnutrition svre) ; la phase initiale de renutrition, la rsorption des dmes peut donner limpression dune aggravation ; la mesure du pli cutan tricipital (5 mm) et de la CB (18 cm) permettent de calculer la CMB (18 3,14 x 0,5) = 16,4 cm. Il existe donc une dnutrition mixte calorique et protique (N de la CMB > 20 cm) ; certains lments de bilan biologique auraient d tre mesurs ds lentre pour valuer son tat nutritionnel et estimer le pronostic : albuminmie pour confirmer la dnutrition (< 35 g/l, dnutrition svre < 30 g/l) avec une forte valeur pronostique de surmorbidit si < 30, surtout chez le sujet g ; transthyrtine (pralbumine) (N : 0,25-0,35 g/l) : pour valuation de la rapidit de la dnutrition, et pour le suivi de lefficacit de la renutrition ; - CRP nest pas en soi un marqueur nutritionnel, mais est , utile pour linterprtation et le pronostic.
Pharmaconutrition ou immunonutrition ?
Les progrs rcents dans le domaine de la nutrition pri-opratoire ont mis en vidence la faisabilit trs frquente dune nutrition par voie entrale et les effets spcifiques de certains substrats, considrs non plus seulement comme des sources dnergie ou dazote, mais comme de vritables pharmaconutriments. Cest le cas notamment dacides amins ou molcules apparents (glutamine, arginine, -ctoglutarate dornithine) ou dacides gras en -3 (acide eicosapentanoique ou EPA) ou -9 (acide olique). Plusieurs tudes contrles et mta-analyses indiquent que lutilisation dune solution nutritive dimmunonutrition entrale enrichie en acides gras en -3, nuclotides et arginine (Impact) apporte un bnfice supplmentaire en termes de rduction de complications infectieuses par rapport aux produits standards de nutrition entrale. Un adjuvant une nutrition entrale standard tel que lalpha-ctoglutarate dornithine (Ctornan, 15-20 g/j) peut contribuer amliorer le bilan protique, mais na dintrt que si les besoins caloriques et azots de base sont couverts. Dans le cas o la nutrition post-opratoire doit tre administre par voie parentrale, plusieurs tudes indiquent quune supplmentation en glutamine sous forme de dipeptide (Dipeptiven, 1,5 2 ml/kg et par jour) rduit la dure dhospitalisation.
Bilan azot
En interrogeant Simone, la ditticienne estime ses apports 40 g de protines : ses besoins (minimum 1,2 g/kg/j = 1,2 x 41 = 49 g chez un sujet hospitalis pour une affection aigu) ne sont donc pas couverts ; les apports oraux peuvent aussi tre exprims en azote ingr : 40 x 0,16 ou 40/6,25 = 6,4 g dazote ; pour calculer le bilan azot, on recueille trois jours de suite la totalit des urines de 24 h ; pour un volume moyen de 1,2 l, on retrouve : - un azote total (si on peut le doser) de 9, 2 g/l ; les pertes azotes relles sont donc de 9,2 x 1,2 = 11 g azote/24 h (correspond la perte par oxydation de 11 x 6,25 = 68,8 g de protines) ;
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Dnutrition
si on ne peut doser lazote total, le dosage de lure urinaire permet une estimation (sous-estimation par rapport lazote total). Exemple : ure urinaire 15,2 g/l correspondant 15,2 x 0,47 = 7,1 g azote/l (ou 197 mmol/l correspondant 197 x 0,036 = 7,1 g azote/l) et donc une perte quotidienne estime de 7,1 x 1,2 = 8,6 g azote/24 h ; le bilan azot est donc ngatif de 6,4 11 = 4,6 g dazote (8,6 6,4 = 2,2 g dazote pour une estimation sur lure), ce qui correspond chaque jour une perte corporelle dau moins 28,8 g de protines (environ 150 g de muscle), traduisant un hypercatabolisme protique intense li linfection.
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Points comprendre
La malnutrition protino-nergtique (MPE) grave rsulte presque toujours de lassociation chez le mme malade g dune insuffisance dapports alimentaires souvent ancienne et dun hypercatabolisme induit par un syndrome inflammatoire. Le praticien doit : reconnatre une situation susceptible dinduire une malnutrition chez un sujet g ; savoir valuer ltat nutritionnel par des paramtres simples et peu coteux ; mettre en uvre des mesures thrapeutiques appropries propres limiter les consquences de la malnutrition. La reconnaissance de la MPE domicile devrait permettre dviter des hospitalisations ou den attnuer les consquences par une rponse thrapeutique prcoce et adapte.
A savoir absolument
La prvalence de la malnutrition domicile est estime 3 ou 4 % : une telle valeur dans la population gnrale correspond une maladie frquente. Pour des raisons pratiques, les enqutes concernent plus des populations de vieux adultes (70 75 ans) que des grands vieillards (85 ans et plus), ces derniers tant pourtant les plus souvent victimes de malnutrition. La malnutrition est donc globalement sous-estime. A lhpital et en institution griatrique, la prvalence de la malnutrition protino-nergtique est voisine de 50 %. Le diagnostic de malnutrition repose sur la mesure du poids, la notion dune perte de poids, le calcul de lindex de Quetelet (P/T2, en kg/m2), lanthropomtrie, le calcul des ingestats, et le dosage de protines circulantes (albumine, pralbumine, CRP et orosomucode). Les paramtres sont ncessairement associs, aucun ntant suffisamment spcifique ou sensible pour tablir le diagnostic. De plus, lassociation des paramtres prcise le mcanisme de la malnutrition (tableau 1).
Tableau I Diagnostic du type de malnutrition partir de paramtres simples. Paramtres quantitatifs Malnutrition par carence dapports Malnutrition augmentation des besoins Malnutrition des 2 types
Poids Poids/Taille2 Circonfrences de membre Epaisseur de plis cutans Albumine plasmatique CRP plasmatique
Laugmentation des besoins en protines est frquemment accompagne dun syndrome inflammatoire. Les circonfrences de membre (bras, mollet ou cuisse) valuent la masse musculaire. Lpaisseur des plis cutans value la masse grasse (rserve dnergie). 2S126 Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
ou
Le got
Le seuil du got slve avec lge. Chez un sujet g, il faut quun aliment soit plus assaisonn pour que soit perue une saveur. De plus, de nombreux mdicaments modifient le got (souvent en modifiant lhumidit de la bouche).
L odorat
La perte dodorat commence vers 40 ans, puis sacclre aprs 60 ans, si bien que la perte est majeure (> 70 % ds 75 ans) chez tous les grands vieillards.
Le tube digestif
Laltration de la denture ou un mauvais tat gingival sont frquents, ce dautant plus que les soins dentaires cotent chers. Seule une mastication indolore permet une alimentation correcte. La muqueuse gastrique satrophie avec lge. Il en rsulte une diminution de la scrtion acide, source de retard lvacuation gastrique. Lhypochlorhydrie favorise une pullulation microbienne consommatrice de folates. Les scrtions enzymatiques digestives diminuent avec lge, do rsulte un retard lassimilation des nutriments dans lintestin grle. Toute malnutrition aggrave ce phnomne et peut entraner alors une malabsorption. Le ralentissement du transit intestinal avec lge (souvent en relation avec la diminution dactivit physique) est responsable de stase intestinale, de constipation et de pullulation microbienne. Cette constipation est lorigine de nombreux rgimes inappropris.
Pour approfondir
Modifications physiologiques lies lge
Elles touchent toutes les tapes depuis lingestion des aliments jusquau mtabolisme des nutriments, mais ne sont rarement elles seules cause de malnutrition.
L apptit
Le sujet g est incapable dadapter son apptit un stress alimentaire. Aprs un pisode de sous-alimentation, il augmente insuffisamment ses ingestats pour compenser la perte de poids.
Cah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Anthropomtrie
La mesure du poids est indispensable : elle devrait tre rgulirement effectue au domicile et dans les institutions, pour constituer une valeur de rfrence. Une perte de poids de 10 % est un signe majeur de gravit. En milieu hospitalier, la pese des malades gs doit tre systmatique et frquemment rpte. A cet effet, tous les services devraient tre quips de chaises-balance et dun systme de levage coupl une pese pour les malades grabataires. Par contre, en tant que marqueur de ltat nutritionnel, le poids ne permet pas dviter deux piges : 1/ il nest quune valuation globale de la personne ne donnant pas dinformation sur la rpartition en masse grasse et masse maigre ; 2/ il varie avec la perte ou la surcharge en eau. La mesure de la taille est plus discutable en pratique griatrique. Avec lge, les tassements vertbraux, lamincissement des disques inter-vertbraux et laccentuation de la cyphose dorsale sont responsables dune diminution de la taille par rapport celle atteinte lge adulte. La distance talon-genou (dTG) est bien corrle la taille maximale atteinte et moins susceptible de varier au cours de la vie. A partir de la dTG, les formules de Chumlea permettent de calculer la taille : Taille (homme) = (2,02 x dTG cm) - (0,04 x ge) + 64,19 Taille (femme) = (1,83 x dTG cm) - (0,24 x ge) + 84,88 La dTG est mesure avec une toise pdiatrique, la cuisse et la jambe dune part, la jambe et le pied dautre part formant deux angles droits. La mesure de la taille na dintrt que pour calculer lindice de Quetelet (poids/taille2, en kg/m2). Chez le sujet g, il faut considrer quil existe une malnutrition en-dessous de 22 kg/m2. Les circonfrences de membre sont une estimation de la masse musculaire, constituant essentiel de la masse maigre. La circonfrence du bras (CB) est la plus employe. Chez le sujet g, des valeurs infrieures 25 cm chez lhomme et 23 cm chez la femme sont en faveur dune diminution de la masse musculaire. La circonfrence du mollet est mesure sa partie la plus large, perpendiculairement laxe de la jambe. Les mesures dpaisseur de plis cutans sont une estimation de la masse grasse. Une paisseur du pli cutan tricipital infrieure 6 mm chez lhomme et 10 mm chez la femme est en faveur dune diminution des rserves de graisse (voir les techniques de mesure dans le chapitre Evaluation de ltat nutritionnel). Les mesures anthropomtriques apprcient grossirement les rserves en protines musculaires et en graisse, cest--dire ltat nutritionnel chronique du sujet. Elles sont assez spcifiques mais peu sensibles et ne permettent pas une surveillance rapproche de ltat nutritionnel dun individu. Le manque de reproductibilit des mesures est en effet la principale critique faite aux mesures anthropomtriques. Une autre critique vient des modifications de la rpartition du tissu adipeux : avec le vieillissement, la graisse sous-cutane, diminuant aux profits de la graisse profonde, ne serait plus aussi reprsentative de la masse adipeuse totale. Pour les tranches jeunes de la population ge (< 80 ans), les investigateurs ayant besoin de normes devraient effectuer
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Consquences globales
La MPE entrane toujours une altration de ltat gnral avec asthnie, anorexie, amaigrissement. Lamaigrissement est d la perte de masse musculaire traduisant lutilisation des rserves protiques de lorganisme. Lanorexie et lasthnie sont toujours retrouves dans les malnutritions par hypercatabolisme ainsi que dans les malnutritions dapports prolonges. La faiblesse musculaire est lorigine de nombreuses chutes. Chez les sujets maigres en particulier, la chute est frquemment responsable de fracture (col du fmur en particulier). Les troubles psychiques sont frquents. Ils peuvent se traduire par une simple apathie rduisant les apports alimentaires ou par une vritable dpression. Enfin tout tat de MPE entrane une diminution des rserves de lorganisme. Cette diminution est plus rapide lors des dnutritions endognes par hypercatabolisme que lors des dnutritions dapports. La diminution des rserves rduit les capacits de dfense du sujet lors dun nouvel pisode de dnutrition, quel quen soit la cause.
Les hypercatabolismes
Un hypercatabolisme est dclench lors de toute maladie quil sagisse dune infection (hyperfonctionnement des lymphocytes), dune destruction tissulaire comme un infarctus ou un accident vasculaire crbral (hyperfonctionnement des phagocytes) ou dune rparation tissulaire lors de fractures ou descarres (hyperfonctionnement des fibroblastes) (RaynaudSimon et al.). Lintensit et la dure de ce syndrome dhypercatabolisme dpend de la rapidit de gurison de linfection, de ltendue des lsions tissulaires et de la vitesse de cicatrisation. Quels que soient les mcanismes dactivation, il y a stimulation des monocytes-macrophages, avec augmentation des cytokines monocytaires dans le sang circulant (interleukine 1, interleukine 6, Tumor Necrosis Factor). Ces cytokines stimulent des cellules effectrices (lymphocytes et/ou phagocytes et/ou fibroblastes) et sont responsables dorientations mtaboliques pour fournir ces cellules les nutriments dont elles ont besoin : acides amins provenant des muscles, acides gras, glucose et calcium. En labsence daugmentation des apports alimentaires, ces nutriments sont prlevs sur les rserves de lorganisme. Cette rorganisation concerne aussi le mtabolisme hpatique : il y a rduction de synthse des protines de transport (albumine, pralbumine, RBP) pour permettre la synthse des protines de phase aigu (CRP, orosomucode, macroglobuline) ncessaire aux processus de dfense et de cicatrisation.
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Support nutritionnel
En situation dagression mtabolique, le malade g doit recevoir une alimentation enrichie en nergie, protines et micronutriments, afin de nourrir ses mcanismes de dfense.
Le malade ne mange pas par voie orale, ou insuffisamment au regard de ses besoins
Le recours une technique dalimentation artificielle se justifie chaque fois quon peut lgitimement en attendre un bnfice, en terme desprance de vie et de qualit de vie (Bruhat et al.). Il sagit de prfrence dune alimentation entrale, lalimentation parentrale tant responsable de nombreuses complications chez le patient g. Lalimentation entrale a pour objectif la rcupration dun poids normal. Elle est mise en place pour une dure limite quelques semaines (voir la technique dans le chapitre Nutrition Entrale). Une alimentation qui durerait plus longtemps doit tre discute, en particulier chez les malades polypathologique et fragiles ou porteurs dune dmence, les tudes de suivi nayant pas montr de bnfice de lalimentation entrale dans ces situations, voire mme un effet dltre dans les dmences. Une alimentation par gastrostomie ne met pas le malade labri de la principale complication : la pneumopathie dinhalation.
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Amaigrissement
Points comprendre
Tmoin dun dsquilibre entre les apports et les dpenses nergtiques, lamaigrissement peut tre la consquence dune affection volutive avec altration de ltat gnral en anorexie ou de troubles du comportement alimentaire. La maigreur peut tre la rsultante de ces processus ou correspondre un tat constitutionnel stable. Lun des premiers objectifs pour le clinicien est de reconnatre les diffrentes situations grce lanamnse, lexamen clinique et les examens complmentaires, puis les rattacher une tiologie. Lamaigrissement est un motif frquent de consultation, car la perte de poids, lment smiologique la porte de tous, est un critre de mauvaise sant. Quelques ides fortes guident la prise en charge mdicale : sassurer de la ralit de la perte de poids en cas de maigreur, distinguer la maigreur constitutionnelle de lamaigrissement, selon le poids de dpart, lamaigrissement ne saccompagne pas toujours de maigreur. Un poids stable et normal est lun des meilleurs marqueurs dun tat de sant normal chez ladulte. Il est cependant prfrable de considrer la corpulence exprime par le rapport P/T2 (BMI ou IMC) qui reflte bien lvolution de la masse grasse. Le poids augmente (physiologiquement) de lge de 20 ans lge de 50 ans, puis se stabilise pour diminuer spontanment aprs 75 ans chez lhomme et la femme. En revanche, la masse grasse augmente tout au long de lge adulte. Il nest pas exceptionnel quune diminution importante du poids survienne chez les personnes ges sans quil ny ait daffection pathologique sousjacente pour atteindre un nouveau palier stable et durable.
Linterrogatoire
reconstitue lhistoire pondrale afin dtablir limportance et la cintique de la perte de poids. Il permet de connatre les antcdents la maigreur est parfois familiale ou squellaire dune affection antrieure , les conditions de vie et le contexte psychologique. Il recherche en outre des signes associs pour faciliter le diagnostic tiologique, car nombre damaigrissements apparaissent faussement isols.
Lenqute alimentaire
cherche tablir une relation entre la perte de poids et la rduction des apports nergtiques. En situant le niveau et la nature des ingesta, elle contribue prciser la notion dapptit et danorexie. La persistance de lapptit, voire lexistence dune hyperphagie, oriente vers une maigreur constitutionnelle ou une hyperthyrodie. Lanorexie lective la viande voque un processus noplasique, alors quune pseudo-anorexie avec refus actif de se nourrir est en faveur dune anorexie mentale.
Lexamen
tablit le diagnostic de maigreur et vite les travers des apprciations subjectives. Poids, indice de masse corporelle, mesure du pli cutan brachial et estimation du primtre musculaire brachial sont 4 paramtres parmi les plus intressants en routine. Ils peuvent tre complts par des donnes dimpdancemtrie. Dans tous les cas, les rsultats doivent tre interprts en fonction de la chronologie dinstallation. Une importance particulire est prte la fonte musculaire, la prsence de troubles digestifs et aux signes de carences vitaminiques.
Amaigrissement
Histoire pondrale Enqute alimentaire Symptmes associs Poids stable Ingesta caloriques satisfaisants Examen normal Contexte (familial) Perte de poids authentifie Apports alimentaires
Maigreur constitutionnelle
normaux ou levs
Rassurer
Tableau I Examens complmentaires utiles en cas damaigrissement de cause non vidente NFS, VS Na, K, Ca, cratinine Glycmie Transaminases, GGT TSH Radiographie du thorax F + P Echographie abdominale sogastroscopie Dpistage dune malabsorption : albuminmie, vitamine B12, graisses fcales, temps de prothrombine, test au D-Xylose. tiologique approfondi (tableau I) et dapprcier la gravit : rapidit et importance de la perte de poids, degr de fonte musculaire, altration de ltat gnral, infections rptes, pathologie volutive associe. ments du diagnostic. Des critres diagnostiques plus prcis sont mentionns dans le DSM III et sont domins par la perturbation de limage corporelle et divers troubles psychopathologiques. Ils justifient de confier cette affection au psychiatre, mais ne dispensent pas dun suivi nutritionnel quelles que soient les approches thrapeutiques proposes. Outre la maigreur (IMC infrieur 18,5) et lanorexie, on recherche la notion dune frilosit, la prsence de troubles des phanres, dun lanugo, dune parotidomgalie et des signes de dpltion du tissu adipeux. Lamyotrophie est relativement harmonieuse. Il ny a pas de signe de dshydratation en dehors de vomissements provoqus ou dabus de laxatifs. Des dmes peuvent survenir lors de la ralimentation. Bradycardie, hypotension, hypothermie relative, constipation compltent le tableau. Lostoporo-malacie avec fractures infracliniques ou de fatigue est une complication trop mconnue des formes chroniques svres.
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Amaigrissement
Lexploration biologique est limite dans les cas typiques. Leucopnie et thrombopnie, anmie assez rare, hypokalimie, augmentation de lure sanguine, hypercholestrolmie (1/3 des cas), hyperamylasmie et, plus rarement, augmentation des transaminases et de la bilirubine non conjugue sont rapports et peuvent conduire des errances diagnostiques. Lexploration hormonale est limiter aux cas incertains ou atypiques. Les anomalies habituelles sont les suivantes : hypercholestrolmie basale, syndrome de basse T3, hypogonadisme hypogonadotrope, diminution de la somatomdine (IGF-1) avec lvation de lhormone de croissance.
Cafinisme et tabagisme
importants, exposent un amaigrissement en dpit dapports alimentaires plutt satisfaisants. Il en est de mme dans les tats dhyperexcitabilit et dagitation chronique o les prises alimentaires peuvent tre conserves.
Lamaigrissement paraphysiologique
Le grand ge saccompagne dun amaigrissement progressif apptit conserv et nest pas ncessairement de signification pathologique. Il est alors trs progressif et ne comporte aucune anomalie chimique ou biologique.
Lamaigrissement daccompagnement
Toutes les maladies viscrales graves peuvent tre lorigine dun amaigrissement. Au premier plan figurent les cancers o la cachexie peut apparatre longtemps isole. Les mcanismes complexes associent lanorexie qui dpend de la libration de facteurs hormonaux par la tumeur, les anomalies du got, les consquences directes sur la prise alimentaire de certains cancers digestifs, laugmentation de la consommation dnergie du fait de la taille de la tumeur, la mauvaise tolrance digestive et gnrale de la chimiothrapie. Les maladies infectieuses sont lorigine daltration de ltat gnral comportant une anorexie avec un amaigrissement dautant plus important que le catabolisme est marqu : les infections VIH saccompagnent dun amaigrissement important, indpendamment de la survenue dinfections nosocomiales. Il sagit du wasting syndrome. Une perte de poids suprieure 10 %, avec ou sans diarrhe, survient parfois durant linfection par VIH. Elle est due la conjonction dune anorexie et dune augmentation des dpenses nergtiques. Les maladies neurologiques svres comme la sclrose latrale amyotrophique, la maladie de Parkinson et les accidents vasculaires crbraux multiples sont responsables damaigrissements importants aux mcanismes imparfaitement lucids. Les grandes dfaillances viscrales hpatiques, cardiaques, rnales ou respiratoires sont habituellement compliques dun amaigrissement important qui a une valeur pronostique pjorative. Mentionnons particulirement lamaigrissement des maladies respiratoires chroniques avec emphysme qui voluent progressivement ou rapidement vers la cachexie avec aggravation de ltat respiratoire du fait de lamyotrophie des muscules respiratoires. Bien dautres maladies chroniques favorisent linstallation dun amaigrissement ou dune maigreur :
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Amaigrissement
lamaigrissement des maladies psychiatriques dorigine multifactiorielle avec notamment refus alimentaire et dambulation des dments est remarquable, la maladie alcoolique est une grande cause de malnutrition. Elle associe un dsquilibre alimentaire et une maldigestion par lsions des muqueuses gastriques et intestinales avec augmentation des besoins mtaboliques. Lamaigrissement dorigine iatrogne ne doit pas tre mconnu. Il est favoris par la polymdication chez les personnes ges avec dysgueusie et anorexie. Certains mdicaments sont plus frquemment impliqus : biguanides lorigine de troubles digestifs, digitaliques, AINS mal tolrs sur le plan digestif, diurtiques et almitrine dont lune des complications majeures est lamaigrissement isol. rgimes de restriction abusifs (comme le rgime dsod) volontiers suivis par les personnes ges ou les personnalits obsessionnelles sont lorigine dune anorexie.
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Points comprendre
La dnutrition est frquente au cours des affections chroniques et elle en reprsente une vritable complication : elle peut menacer par elle-mme le pronostic vital ; elle peut aussi influencer ngativement le droulement de laffection en cause ou de ses consquences, par le biais dun retard de cicatrisation, dune moindre efficacit des mcanismes de dfense contre linfection, dune prolongation de la phase de convalescence. Les techniques dassistance nutritionnelle, utilisant la voie entrale ou parentrale, ont pour objectif de traiter ou de prvenir la dnutrition et ainsi damliorer le pronostic de laffection causale. Dans dautres cas, elles visent assurer un apport alimentaire suffisant chez un malade ne pouvant pas salimenter. Chaque fois que possible, la nutrition entrale, plus physiologique, plus facile mettre en uvre et surveiller, et moins coteuse, doit tre prfre la nutrition parentrale.
La sonde dadministration
Elle est le plus souvent nasogastrique, en lastomre de silicone, de calibre Charrire 8 12. La sonde est fixe au nez par un sparadrap, et sa bonne position dans lestomac doit tre vrifie radiologiquement. Lextrmit de la sonde peut tre leste pour se positionner au niveau du duodnum ou de la premire anse jjunale. Quant la nutrition entrale est prolonge, au-del dun mois, ladministration par gastrostomie ou jjunostomie doit tre prfre, car elle est plus confortable et plus esthtique. La gastrostomie et la jjunostomie peuvent tre mises en place par voie endoscopique, technique particulirement utile chez les malades neurologiques et les sujets gs et en cas de NE domicile.
Liquide nutritif
Une grande varit de produits, la plupart complets, quilibrs et enrichis en vitamines et oligo-lments, sont disponibles sur le march. Les produits les plus utiliss sont les produits polymriques, dont la composante protique est faite de protines entires.
Modalits techniques
Il existe diverses modalits selon le mode dadministration, la position de la sonde et la qualit du liquide nutritif.
Mode dadministration
Le liquide nutritif est administr habituellement par instillation continue faible dbit. On utilise prfrentiellement une pompe qui assure un dbit lent et rgulier, et des flacons ou une poche contenant le liquide nutritif. Le systme dinstillation par poche a lavantage de pouvoir tre ralis en circuit strile, permettant une scurit bactriologique maximale.
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Principales indications
Devant un patient chez lequel on discute une NE, deux questions doivent tre poses successivement : y a-t-il indication dassitance nutritionnelle ? Et si oui, peut-on utiliser la nutrition entrale ?
NE domicile
Si la situation pathologique et lenvironnement du patient le permettent, il est possible de dbuter la NE lhpital pendant deux quelques jours pour en apprcier dans les meilleures conditions la tolrance, puis de poursuivre celle-ci domicile, ventuellement de faon prolonge. Il existe des structures de soins qui assurent le soutien logistique, lapprovisionnement et la surveillance de la NE au domicile du patient.
Tableau I Principales complications de la NE et moyens de prvention Rtention gastrique, vomissements Dbit dinstillation faible et continu, vrifi (pompe) Pas de rattrapage Mlanges nutritifs isotoniques isocaloriques Vrifier la position de la sonde (repre) Position demi-assise Surveillance des fonctions suprieures Dbit faible et continu Mlanges nutritifs non hyperosmolaires, sals Nettoyage rgulier du matriel, poches nutritives Sonde souple en lastomre de silicone, de petit calibre Rincer la sonde lors de toute interruption
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Pour approfondir
Caractristiques dun mlange nutritif
Les caractristiques importantes dun mlange sont : la qualit des protines : acides amins (mlanges lmentaires), petits peptides (mlanges semi-lmentaires), protines entires ou trs partiellement hydrolyses (mlanges polymriques). Les mlanges lmentaires et semi-lmentaires courtcircuitent la phase de digestion endoluminale des protines ;
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Cas clinique n 1
Une femme de 82 ans est hospitalise pour fracture du col du fmur. Elle na pas de famille, est veuve depuis 10 ans, et vit seule au 3e tage sans ascenseur dans un appartement peu lumineux. Elle prend par intermittence des anti-inflammatoires non strodiens pour arthrose et un diurtique pour hypertension. L examen clinique, outre les signes de fracture, note des cheveux rares et secs, une glossite, une dentation complte (appareil dentaire oubli). Le primtre du bras est de 18 cm, la malade nest pas pese. Son dernier poids connu est de 40 kg pour 1,60 m. La biologie est la suivante : Hb 9,8 g/dl 74 3, 12 000 GB (72 % PN), cratinine 100 mol/l, ure 6 mmol/l, bilan hpatique N, Ph alc 1,5 N, albumine 30 g/dl, transferrine 1,50 g/l. La malade est opre le lendemain de son arrive (prothse de hanche).
Indications particulires
Mise au repos fonctionnel du tube digestif Il peut tre souhaitable dans certaines pathologies (fistule entro-cutane, essentiellement post-opratoire, affection pancratique) de limiter au maximum le dbit de liquide dans la lumire digestive et dviter la sollicitation des scrtions pancratiques et/ou intestinales, tout en maintenant un tat anabolique permettant la cicatrisation lsionnelle. Ce rsultat est obtenu de faon plus complte par la nutrition parentrale, quoiquil demeure toujours une scrtion pancratique externe minimale. Toutefois, la NE peut avoir une efficacit comparable si la fistule est relativement bas-situe (clon, fin du grle) ou en cas de lsion haute, si la sonde dalimentation court-circuite le carrefour duodno-bilio-pancratique. Pancratites aigus Les pancratites aigus ncrosantes se compliquent rapidement de dnutrition en raison de la situation hypercatabolique et de lintolrance alimentaire initiale. La NE a t montre comme efficace dans cette indication, quelle soit administre en position gastrique ou jjunale, et doit tre prfre la nutrition parentrale. Maladies inflammatoires intestinales Dans la rectocolite hmorragique, lassistance nutritionnelle est une thrapeutique adjuvante dpourvue du moindre effet propre sur lvolution des lsions coliques. Dans la maladie de Crohn, par contre, la NE a une efficacit particulire : elle permet de contrler environ trois quarts des pousses cliniques, y compris celles nayant pas rpondu aux corticodes. Elle est particulirement utile lorsquil existe une contre-indication, absolue ou relative (diabte, croissance non termine, souci esthtique) la corticothrapie. Leffet nest cependant que suspensif ; la maladie rcidive habituellement au cours des mois suivant la reprise dune alimentation orale. NE prolonge domicile Dans certaines circonstances pathologiques, la NE doit tre prolonge plusieurs semaines, voire plusieurs mois ou annes. Lducation du patient et de son entourage pour la prise en charge de la NE et sa surveillance est indispensable. Les maladies neurologiques compliques de troubles de la dglutition et les affections noplasiques en phase pr-terminale constituent les principales indications.
Questions
1 - Cette malade est-elle dnutrie ? Justifiez votre rponse. 2 - Existe-t-il des facteurs pathologiques favorisant la fracture du col ? 3 - Pensez-vous quune assistance nutritionnelle est ncessaire ? Si oui, sous quelle forme ?` 4 - Rdigez votre prescription.
Rponses
1 - Le diagnostic de dnutrition repose sur le contexte tiologique (conditions sociales, dentation), la notion de maigreur antrieure (dernier BMI connu 15,6), la maigreur objective au niveau du bras, la constatation de signes carentiels (cheveux, glossite), enfin les valeurs basses des protines viscrales, albumine et transferrine. Il sagit dune dnutrition svre, mixte, protino-nergtique prdominance nergtique. 2 - Cette dame ge vit seule, dans un appartement peu accessible, elle est donc suspecte de sortir rarement et davoir des apports alimentaires diminus au moins dans leur varit (sorties difficiles). Elle a une prothse dentaire quelle ne porte pas en permanence, ce qui peut contribuer diminuer ses apports, notamment protiques. Enfin, lappartement est peu lumineux, ce qui lexpose une carence vitaminique D, dont tmoigne lhyperphosphatasmie alcaline dorigine osseuse. Dnutrition par rduction des apports alimentaires et carence vitaminique D peuvent avoir favoris la fracture du col. 3 - Au cours de son hospitalisation, cette malade aura du mal salimenter du fait de labsence de prothse dentaire. De plus, elle est isole, sans entourage pouvant stimuler ses apports. Elle est par ailleurs dnutrie de base et la priode post-opraCah. Nutr. Dit., 36, hors srie 1, 2001
Cas clinique n 2
Un homme de 70 ans est hospitalis pour altration de ltat gnral. On note dans ses antcdents une tuberculose pulmonaire, en 1952, et une gastrectomie pour ulcre en 1960. Tabac : 50 paquets-annes. Alcool : 60 g/j. Son poids normal avant 1960 tait de 75 kg (1,78 m). Depuis un an, perte de poids progressive de 65 55 kg, asthnie (ds le matin), anorexie (repas solitaires, veuf depuis 2 ans), dsintrt. Pas de manifestations digestives. Toux et expectoration depuis 3 semaines. Examen clinique : 54 kg, 378, peau sche, facies maci, amyotrophie prdominant sur les membres infrieurs, marche lente et difficile ; abdomen souple, gros foie (16 cm/LMC), ferme. Rles bronchiques de la base gauche. Examen neurologique normal, sauf rponses vasives. Sur le plan complmentaire : iono, ure, cratinine sg N, Hb 12 g/dl 97 3, 17 500 GB (85 % PN), VS 65 mm, CRP 10xN, transferrine 1,80 g/l, albumine 23 g/L. Rx thorax : pneumopathie de la base gauche. TDM abdomen : N. Fibroscopie sogastroduodnale : N. Fibroscopie bronchique : scrtions purulentes du lobe infrieur. Le diagnostic de pneumopathie est pos et le malade est trait par antibiothrapie. A J7, le poids est de 52 kg, on dbute une nutrition entrale avec un mlange polymrique apportant 1 000, puis 1 500 kcal/24 h. A J21 (15 jours de NE) : le patient est apyrtique, se lve, se rase, se promne dans le couloir. Il pse 55 kg. La biologie est la suivante : Hb 10 g/dl, 8 500 GB, CRP 2 x N. transferrine 2 g/l, albumine 24 g/l.
Rponses
1 - Les lments anamnestiques en faveur dune dnutrition sont les conditions sociales (vit seul), lantcdent de gastrectomie (facteur de maldigestion/malabsorption), le contexte dpressif (asthnie matinale, dsintrt), lanorexie, la perte de 11 kg (17 %) au cours de lanne. Les lments cliniques sont la maigreur (BMI 17), le facies, lamyotrophie, la diminution des performances physiques. Les lments biologiques sont lhypotransferrinmie et lhypoalbuminmie (mais relativiser compte tenu du syndrome inflammatoire). 2 - Ce patient a dune part une dnutrition chronique qui sest constitue progressivement au cours de lanne coule, probablement essentiellement par diminution des apports alimentaires, et dautre part une dnutrition aigu satellite de la pneumopathie en cours qui augmente ses besoins caloriques. 3-L indication dassistance nutritionnelle repose sur la gravit de la dnutrition, chez un patient dpressif anorexique et ayant de faon aigu des besoins caloriques augments. 4 - Le choix de la nutrition entrale (et non de la nutrition parentrale) est li au fait que la gastrectomie ne perturbe pas de faon majeure les fonctions dabsorption intestinale, la NE garde toute son efficacit dans cette indication. 5 - Aprs 15 jours, le sujet a pris 3 kg, la transferrine a progress, lalbumine est inchange. La prise de poids est optimale (+ 1,5 kg par semaine), la transferrine a augment car sa demi-vie est courte, la non-augmentation de lalbumine est lie la normalisation de la volmie et la longue demi-vie (20 jours). La rponse nutritionnelle est donc trs favorable, comme le confirme la reprise de lactivit physique.
Questions
1 - Quels sont les lments anamnestiques, cliniques et biologiques en faveur du diagnostic de dnutrition ? 2 - Quels sont les mcanismes les plus probables de la dnutrition ? 3 - Sur quels lments repose lindication dassistance nutritionnelle ? 4 - Pourquoi choisir la nutrition entrale ?
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Points comprendre
La nutrition parentrale (NP) ou nutrition par voie veineuse corrige ou prvient la dnutrition de patients ayant une insuffisance intestinale aigu ou chronique. Quelle soit aigu (quelques jours quelques semaines) ou chronique (quelques semaines plusieurs annes), linsuffisance intestinale rpond deux mcanismes physiopathologiques principaux : dfaut de motricit intestinale et/ou malabsorption svre. La NP exclusive est mene, main force, dans les trois cas de figure suivants : occlusion par stnose intestinale, pseudo-obstruction avec intolrance alimentaire complte et colite cliniquement svre ou endoscopiquement grave. La NP exclusive est galement indique pour mise au repos intestinal, si : fistule digestive haut dbit et maladie inflammatoire intestinale (Crohn, entrite radique). Dans tous les autres cas, la NP est complmentaire de la voie orale ou entrale dont la tolrance ou le rendement absorptif sont insuffisants assurer les besoins nutritionnels, notamment protinonergtiques. La NP par voie veineuse priphrique (< 3 semaines) ou centrale (> 3 semaines), comme toute assistance nutritive, doit tre complte (incluant oligo-lments et vitamines) et ralise avec toutes les mesures requises propres en diminuer par un protocole crit, spcifique chaque indication, le risque iatrogne technique et mtabolique.
teuse et non dnue de complications potentielles, la NP doit tre complte (i.e., totale = NPT) et sa technique irrprochable pour en rduire les complications iatrognes et obtenir les meilleurs rapports bnfice/risque et cot/efficacit. La NP doit donc tre conduite laide de rfrentiels qualit mis au point et appliqus par des personnels qualifis et motivs sous lgide de Comit de Liaison Alimentation Nutrition (CLAN).
A savoir absolument
La nutrition parentrale (NP), administre par voie veineuse priphrique ou centrale, est moins physiologique que la nutrition entrale (NE) administre par voie digestive (estomac ou intestin grle). La NP nest ainsi indique quen prsence dun intestin non fonctionnel ou inaccessible. La NP est une nutrition passive et ses deux cueils mtaboliques sont le risque dexcs dapport protino-nergtique et le dfaut dapport en minraux et en micro-nutriments (oligo-lments et vitamines). Co2S142
Principes gnraux
Le but principal de la NPT est de maintenir ou de restituer les multiples fonctions, musculaire, immunitaire, et de cicatrisation de la masse cellulaire active, ce indpendamment de la masse. Une telle restitution, atteignant 50 75 %, peut ainsi tre observe, avec amlioration des fonctions psychiques, en 7 14 jours, avant toute modification perceptible de la composition corporelle. Lamlioration fonctionnelle ultrieure est dpendante de la reconstitution optimale de la masse, notamment musculaire, laquelle est impossible chez un malade immobi2S143
NP exclusive
La NP exclusive, i.e., sans aucun apport oral ou entral, est indique dans deux circonstances : contre-indication absolue telle quune occlusion organique et mise au
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Aspects techniques
Nutrition parentrale par voie veineuse priphrique versus centrale
La NP par voie veineuse priphrique peut tre envisage pour une dure comprise entre 1 et 3 semaines (par exemple, en pr-opratoire). En cas de dure prvisible > 3 semaines, la NP sera mene par voie veineuse centrale.
Apports protino-nergtiques
En NP, le coefficient dutilisation mtabolique des nutriments est de 100 % des apports. Sa meilleure efficacit possible repose sur un apport simultan de tous les nutriments essentiels, et, en cas de besoins spcifiques, semi (ou conditionnellement) essentiels. Lapport optimal dacides amins est de lordre de 0,8 1,5 g/kg-1/j-1, soit 130 250 mg dazote (1 g dazote = 6,25 g de protides), ce qui correspond 1 2 fois lapport minimal recommand. Lapport protique reprsente le plus souvent 10 20 % de lapport calorique total. Cependant le rapport nergie/azote ne doit pas se substituer lvaluation indpendante des besoins protiques et des besoins nergtiques. Lapport nergtique non protique, dtermine par les quations de Harris et Benedict (fonctions du sexe, de lge, de la taille et du poids [idal]) ou, mesur par calorimtrie indirecte, ne doit pas dpasser, en labsence dagression mtabolique 1,25 fois la dpense nergtique de repos (DER) et, chez le patient agress (brl, polytraumatisme) et le malade ambulatoire sans activit physique volontaire, 1,50 fois la DER. Chez le patient avec dnutrition svre, il faut se limiter un apport dune fois la DER dans le premire semaine de nutrition, de faon prvenir le syndrome de renutrition. Lapport de lipides (mulsions lipidiques 20 %), complmentaire celui des glucides, permet de couvrir les besoins nergtiques. En pratique, lapport de glucose (1 g = 4 kcal) par voie veineuse ne doit pas dpasser, sauf exception, 350 400 g/j-1, soit 1 500 (1 400-1 600) kcal ; lapport de lipides (1 g = 9 kcal), quel que soit leur type, ne doit pas dpasser 30-35 % de lapport calorique non protique total, soit au maximum 500 kcal. Il est rarement ncessaire (brls, du fait dun syndrome hypermtabolique intense) de dpasser un apport de 2 000 kcal non protique par jour.
Nutrition parentrale par voie veineuse centrale : mise en place du cathter veineux central
Cette pose est effectue, sauf exception, dans le systme cave suprieur, partir soit dun des vaisseaux du cou ou parfois, dans certains cas dIIA, partir dune des veines du bras (voir Pour approfondir : Aspects techniques concernant la voie dabord veineuse).
Complications techniques
Complications mcaniques lies au cathter
Lors de la pose : voie centrale : chec dans 5 % des cas, selon les sries, fonction des variations anatomiques, dun dfaut de remplissage et/ou de lexprience de loprateur. La rduction des complications suivantes est inversement proportionnelle lexprience de loprateur : hmatome local (plaie artrielle), hmothorax, pneumothorax, chylothorax (ponction du canal thoracique), embolie gazeuse, lsion nerveuse. Plus rarement sont observs : fausse route, perforation cardiaque ou pleuro-pulmonaire, troubles du rythme, rupture et migration avec possibilit dembolie pulmonaire ; voie priphrique : ldme ou suffusion priveineuse prcoce est secondaire leffraction veineuse par lintranule lors de la pose. La douleur sans dme impose la rduction du dbit. Rougeur et dme, signes initiaux de veinite et lymphangite imposent le retrait (prvention par hparine : 1 000 UI par litre de perfusa).
Infection du cathter
Elle est dfinie par la prsence dun micro-organisme une concentration suprieure 103/ml au niveau du cathter [prlvement semi-quantitatif (technique Isolator) par reflux] et les hmocultures sont positives au mme germe avec un rapport hmoculture cathter sur hmoculture priphrique suprieur 5. Lincidence est denviron 5 % des cathters en NP pour IIA. La frquence annuelle des infections de cathters en NP est de 0,4 1 par anne-cathter en NP pour IIC. Les germes les plus frquemment en cause sont du genre Staphylococcus (epidermidis et aureus). Le traitement de premire intention comprend, en plus de lantibiothrapie systmique : en NP pour IIA : retrait systmatique et immdiat du cathter ; en NP pour IIC : le retrait urgent du cathter simpose en prsence de sepsis grave, i.e., choc septique, en cas dinfection locale (point dentre ou tunnel) et, secondairement aprs identification, pour des germes du genre Staphylococcus aureus, Pseudomonas, Klebsiella et pour les infections mycotiques (voir Pour approfondir : Infection du cathter).
Occlusion du cathter
Complications de la NP
La NP est une technique sophistique o la iatrognie est potentiellement frquente. Les principales complications de la NP peuvent tre classs en deux grandes catgories, techniques et mtaboliques. Les premires sont mcaniques (secondaires aux cathters, pompes, lignes, connecteurs) et infectieuses (secondaires au
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Les occlusions intra-cathter sont rares (voir Pour approfondir : Occlusion du cathter).
Thrombose veineuse
Son incidence est faible sauf en cas de complication lors de la pose et de thrombophilie. Sa prvention est assure chez les patients risque, essentiellement en IIC, par
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Complications mtaboliques
Complications hpato-biliaires
Elles sont reprsentes par : statose et/ou cholestase, fibrose, cirrhose, phospholipidose, sludge vsiculaire, lithiase biliaire et ses complications. Les anomalies du bilan hpatique sont frquentes (15 40 % des cas) et peuvent apparatre prcocement, ds la 3e semaine de NP Elles rgressent dans 50 % des cas larrt de la NP . . Il est souvent difficile de dfinir les facteurs tiologiques propres la NP en particulier chez les sujets polytransfu, ss, dnutris, infects ou atteints dune maladie inflammatoire chronique de lintestin. On peut incriminer lapport excessif dhydrates de carbone et de calories lors dune statose, habituellement prcoce, ou dune statofibrose. En NP pour IIC, lapport dmulsion lipidique suprieur 1 g.kg-1.j-1 (mulsions riches en omga 6) est associe un risque significativement accru de cholestase intrahpatique chronique et de fibrose extensive pouvant conduire rapidement (2 3 ans) la cirrhose.
Complications osseuses
En dehors de lostomalacie vitamino-carentielle, lostopathie de la NP pour IIC est une ostopathie bas remodelage (destruction > formation) qui peut faciliter la survenue dune ostopnie ou dune ostoporose, dont le diagnostic se fait par ostodensitomtrie (rachis et col fmoral). Elle est de cause multifactorielle et, outre lentropathie initiale, sont impliqus lapport excessif dacides amins, une toxicit de laluminium et/ou une hypersensibilit la vitamine D intraveineuse.
Pour approfondir
Linsuffisance intestinale chronique : elle est observe, passe la phase des soins intensifs, en milieu de gastro-entrologie, et sa dure varie de quelques mois plusieurs annes. LIIC est juge dfinitive lorsque le retour lautonomie nutritionnelle orale, dfinie par le maintien dun tat nutritionnel normal ou subnormal en utilisant uniquement la voie dabord digestive, na pas t possible, en milieu spcialis, avant 2 et 4 ans, respectivement chez ladulte et lenfant. Dysmotricit et malabsorption coexistent souvent en prsence de fistule de lintestin grle (10-20 % des cas). Locclusion intestinale peut ou non saccompagner de stnose(s) : dans le premier cas, il sagit principalement de cancer (carcinose pritonale), de maladie de Crohn ou dentrite radique ; dans le second cas, il existe une pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC),
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Complications psychologiques
Une valuation psychologique est ncessaire avant la mise en route dun programme de NPAD pour IIC. Un programme de psychothrapie de soutien et un traitement anxiolytique et/ou antidpresseur sont en effet ncessaires dans plus de 25 % des cas.
Conclusion
Comme pour toute nutrition artificielle, la NP peut difficilement se passer, notamment en IIC, dune information claire au patient sur les buts et modalits du trai2S146
La localisation intra-vasculaire du cathter doit tre vrifie en fin de pose. Le cathter est immdiatement fix pour viter toute migration et un pansement occlusif strile est mis en place au point de sortie externe du cathter pour viter son infection. En IIC, on peut envisager la NP par des mthodes alternatives aux cathters centraux embout externe : chambre implantable sous-cutane (notamment en milieu cancrologique, elle permet une rduction des contraintes lies lasepsie, mais ncessite des piqres rptes) ou plus rarement fistule artrioveineuse. Prvention des complications : les recommandations suivantes qui concernent la NP par voie veineuse priphrique ou centrale, , rduisent ses complications dans plus de 75 % des cas. La voie parentrale doit tre a priori rserve aux seuls apports nutritifs. Des apports lectrolytiques inappropris, notamment de phosphate de calcium, peuvent entraner des prcipits mtastables, responsables docclusion brutale, non cruorique, des cathters. Certains soluts sont incompatibles avec les mlanges nutritifs (exemple : bicarbonate, certains antibiotiques) et dautres compatibles (exemple : anti-H2, certains antibiotiques). Le pharmacien de ltablissement doit tre consult avant tout ajout au mlange nutritif. Toute NP (solut glucos de concentration > 5 %) ne doit pas tre arrte brutalement, mais par deux paliers de 20-30 min. chacun, o le dbit de perfusion est rduit de 50 %, de faon viter lhypoglycmie ractionnelle. Les manipulations, connections et dconnections, de la ligne nutritive doivent se faire par un personnel infirmier qualifi et entran appliquant les rgles strictes dasepsie chirurgicale. Ce principe est fondamental pour viter linfection nosocomiale manu-porte du cathter, dont lorigine est multiple : partir des embouts ou aiguilles (chambres implantables), du point dentre cutan ou des connecteurs de la ligne nutritive. Linfection lie aux cathters est la plus frquente des complications techniques de la NP ; la NP elle-mme en est un facteur de risque ; sa frquence est significativement rduite lorsque les personnels ont labor et se rfrent un protocole crit adapt chaque type dindication (IIA versus IIC). Il est montr que la frquence des complications infectieuses lies la NP ne dpend pas du matriel utilis : cathters embout externe versus chambre implantable, cathters mono- versus multilumires, mais bien de lapplication stricte des protocoles crits. Ceux-ci sont au mieux mis en place par les nutrition team des pays anglophones ou les CLAN des pays francophones : ainsi, le taux dinfection li aux cathters est rduit de 25-30 % moins de 5 %. Il a t trs rcemment dmontr que lutilisation en IIA de cathters ayant un film antiseptique/antibiotique (endo et exoluminal) rduit significativement le taux dinfection et amliore le rapport cot/efficacit. Ces cathters sont ce jour non disponibles en France. Malgr lutilisation de cathters en silicone ou en polyurthane, la perfusion en veine cave suprieure entrane avec une frquence non ngligeable une thrombose veineuse sur le trajet ou lextrmit interne du cathter. Cette complication de la NP est significativement rduite par un traitement antivitaminique K prventif dose isocoagulante (par exemple : 1 mg/j de warfarine). Notons que la prvention par hparine de la thrombose veineuse sur cathter central en PVC sest avre inefficace. Ce type dtude na pas t ralis avec des cathters en polyurthane ou silicone. Cependant : laddition dhparine (1 000 UI/l) la NP ne prvient pas le dveloppement du manchon de fibrine pri-cathter, dont la frquence augmente avec la dure de NP ; le traitement des thromboses veineuses (hparine, puis AVK) survenant sur cathters centraux silicons, sans retrait de ceuxci, prolonge leur dure de vie ;
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Cas clinique n 1
Un patient g de 55 ans a ncessit, il y a trois mois, une rsection intestinale importante du fait dun infarctus msentrique dorigine artrielle. Il reste en continuit digestive 60 cm dintestin grle post-duodnal anastomos la moiti (gauche) du clon et le patient a perdu 10 kg (IMC : 17). Il persiste un important syndrome de malabsorption. De faon rtablir un tat nutritionnel normal, les mdecins qui ont en charge ce patient proposent une voie dabord veineuse de faon raliser une nutrition parentrale.
Questions
1 - Quelle voie veineuse allez-vous choisir ? Sur quels arguments ? 2 - Enumrez les principales complications de la nutrition parentrale. 3 - Quelle est la conduite tenir en cas de survenue de fivre chez ce patient ? 4 - Quelles sont les classes de nutriments indispensables apporter lors de toute nutrition parentrale ?
Rponses
1 - Centrale (sous-clavire ou jugulaire interne) du fait dune nutrition : prvisible prolonge (> 3 semaines) et hyperosmolaire, car ncessitant ladministration un niveau suffisant de tous les nutriments. 2 - Complications techniques : infection, la plus frquente, thrombose veineuse sur le trajet du cathter et, plus rarement, occlusion du cathter, et complications mtaboliques : hpato-biliaires (statose, cholestase, lithiase biliaire et ses complications), dyslipidmies, anomalies du mtabolisme glucidique et syndromes carentiels en minraux et micro-nutriments (oligo-lments et vitamines). 3 - Arrt de la perfusion, hmocultures priphriques et sur le cathter, ablation immdiate de la voie dabord dans les cas suivants : choc septique, thrombophlbite suppure, infection du trajet cutan (foyer infectieux local), infection sur cathter prouve et germe virulent (staphylocoque dor, pseudomonas ou klebsielle et levure), antibiothrapie probabiliste, puis base sur le germe identifi et son antibiogramme, pendant une dure minimale de 1 2 semaines. 4 - Macro-nutriments nergtiques (glucose associ ou non des mulsions lipidiques 20 % avec des lipides longue chane ou parfois chane moyenne) et protiques (ou azots) (environ 1 g/kg/j sous forme dacides amins incluant tous les acides amins essentiels), eau (environ 30 ml/kg/j), lectrolytes (notamment sodium, potassium, calcium, phosphore, magnsium) et (d) micro-nutriments (vitamines liposolubles et hydrosolubles, oligo-lments).
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Cas clinique n 2
Un patient g de 45 ans est hospitalis pour le bilan dun cancer de lsophage du tiers moyen, stnosant. Il est en aphagie quasi complte pour les solides, a perdu 25 kg en 1 an et pse 45 kg pour 1,70 m (IMC : 15,5). Il ny a pas de pli cutan. Une intervention chirurgicale vise curative par sophagectomie est envisage.
Rponses
1 - Oui. Du fait dune dnutrition svre (IMC : 15,5, perte de plus de 20 % du poids corporel), de la prvision dune intervention lourde, dont la mortalit et la morbidit sont augments en prsence dune dnutrition svre. On envisage un programme de nutrition pr et post-opratoire dont 7 12 jours en pr-opratoire et une dure variable en post-opratoire. 2 - Voie dabord veineuse, car voie digestive non utilisable. On peut proposer, soit une voie dabord priphrique (car dure de NP pr-opratoire relativement courte), soit une voie centrale, car le patient doit subir une chirurgie lourde. 3 - Apports nergtiques modrs : DEB x 1, du fait de la dnutrition svre ; apports protiques : quivalent 1 g/kj/j de protines ou de lordre de 8 9 g dazote/j. 4 - Anormale : on met en vidence des signes en faveur dune rtention hydrosode et, notamment, des dmes des membres infrieurs (rtromallolaires ou pr-tibiaux) ou dclives (lombes).
Questions
1 - Faut-il effectuer une nutrition pr-opratoire ? Si oui, pour quelles raisons ? Indiquer la dure de la renutrition. 2 - Quelle voie de nutrition choisissez-vous ? Pour quelles raisons ? 3 - Quels apports protino-nergtiques prescrivezvous ? 4 - Une nutrition a t entreprise : le patient prend 2 kg en 3 jours. Cette prise de poids est-elle normale ou anormale ? Que devez-vous recherchez lexamen clinique et quel est le diagnostic le plus probable ?
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Anmies nutritionnelles
Anmies nutritionnelles
Points comprendre
Les anmies nutritionnelles sont des anmies lies une carence en un ou plusieurs des lments entrant dans la synthse de lhmoglobine : essentiellement fer, vitamine B12 et acide folique, accessoirement, cuivre et zinc. Suivant ltiologie, lanmie sera hypochrome ou normochrome, cest ce premier lment qui orientera la dmarche diagnostique. Le dficit est d un dsquilibre entre apports et besoins. Lanmie est le dernier stade de la carence, elle surviendra dautant plus vite que les rserves de lorganisme sont faibles par rapport aux besoins.
Clinique La clinique est souvent pauvre et les signes peuvent mme tre absents. En effet, linstallation insidieuse de lanmie peut conduire une adaptation plus ou moins consciente, marque par une conomie de lactivit physique. Quand signes cependant il y a, il faut distinguer les signes de lanmie en gnral (pleur conjonctivale, asthnie, dyspne deffort) de ceux de lanmie ferriprive en particulier (notamment altration des phanres et des muqueuses digestives). Par ailleurs, un syndrome particulier tout fait caractristique de la carence en fer est le syndrome de Pica (voir : Pour approfondir). Diffrentiel La carence martiale doit tre distingue des autres anmies hypochromes : la thalassmie et les anmies inflammatoires. les anmies inflammatoires sont voques sur : le contexte clinique : atteinte de ltat gnral, fivre, sueurs ; les lments biologiques : lvation importante de la vitesse de sdimentation et des protines de linflammation, la ferritine est galement augmente ; les thalassmies voques chez des sujets originaires du Bassin mditerranen ou dAfrique, en prsence dune hpatosplnomgalie et lassociation un fer srique normal ou augment, llectrophorse de lhmoglobine permet de confirmer le diagnostic. Toutefois, ces anmies peuvent tre associes une carence en fer. Lassociation dun syndrome inflammatoire et dune carence en fer est frquente, notamment chez le sujet g. En prsence dun syndrome inflammatoire, des valeurs de ferritine comprises entre 20 et 90 mg/l doivent faire voquer la carence martiale. On a propos dans ce cas le dosage des rcepteurs de la transferrine, mais il nest pas de pratique courante et dans le doute, la rponse un traitement martial doit tre tudie. Dans tous les cas, la prise en compte de lensemble du tableau biologique est ncessaire (tableau I). Etiologique Les besoins quotidiens ne reprsentent que 1/100 1/400 des rserves de fer. De plus, lorganisme dispose de diffrents mcanismes pour se protger de la
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Diagnostic
Biologique Lanmie par carence martiale est une anmie hypochrome, lhypochromie tant dfinie par une baisse de la teneur moyenne en hmoglobine (TGMH) exprime en picogrammes et de la concentration corpusculaire moyenne en hmoglobine (CCMH), elle est classiquement microcytaire (diminution du volume globulaire moyen, mais cet lment peut manquer en cas de dficit associ en folates ou en vitamine B12). La baisse de la ferritine (voir Pour approfondir : Diagnostic biologique de la carence en fer), en prsence dune telle anmie, est pathognomonique de la carence martiale.
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Anmies nutritionnelles
Tableau I Diagnostic des anmies hypochromes Examens biologiques Carence martiale infra-clinique N N N N N N Anmie ferriprive Anmie inflammatoire Carence martiale + anmie inflammatoire N N ou Thalassmie Anmie sidroblastique
Ferritine Transferrine Coefficient de saturation Fer srique Hmoglobine TCMH Ferritine rythrocytaire
N ou N ou N ou N ou N
N ou N ou N ou
N ou
carence en fer : 1) le fer des globules rouges est rutilis, 2) labsorption du fer augmente en fonction des besoins. Toutefois, lquilibre entre apports et besoins peut tre compromis dans diffrentes circonstances : augmentation des besoins, augmentation des pertes et insuffisance dapport ou dabsorption. Augmentation physiologique des besoins ou insuffisance dapports En dehors de toute pathologie, ou dune dnutrition plus globale, la carence en fer peut se voir dans trois circonstances (voir Pour approfondir : Apports alimentaires en fer et biodisponibilit) : Chez le nourrisson de 0 30 mois Les besoins sont levs en raison de la relative faiblesse des rserves (notamment chez le prmatur ou en cas de grossesse multiple) et de la rapidit de la croissance. Cest ainsi que les besoins quotidiens de la premire anne de la vie, rapports au kilo de poids corporel, sont 8 fois suprieurs ceux dun adulte de sexe masculin. Le lait de femme et le lait de vache contiennent des quantits de fer relativement proches, de lordre de 0,5 1 mg/l. Cependant, la biodisponibilit du fer contenu dans le lait de femme est bien meilleure, de lordre de 50 %, voire plus, tandis quelle nest que de 5 10 % pour le lait de vache. En outre, le lait de vache peut entraner un saignement digestif chez le nourrisson. La carence martiale est donc favorise par un sevrage prcoce non relay par un lait enrichi en fer et par une diversification tardive de lalimentation. Chez ladolescente 8 % des adolescentes franaises ont une anmie ferriprive. les besoins sont augments par la conjonction de deux phnomnes : la croissance ; pendant la priode de croissance maximale, 280 mg de fer par an sont ncessaires pour maintenir le taux dhmoglobine, lapparition des rgles qui reprsentent cette priode de la vie une perte de 175 mg par an avec une importante variabilit individuelle. Chez la femme en priode dactivit gnitale En dehors de la grossesse, les pertes en fer lies aux menstruations sont trs variables, elles dpendent de facteurs
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individuels et du mode de contraception : les contraceptifs oraux diminuent les pertes alors que le strilet les double. Cest ainsi, quen dehors de toute pathologie, les besoins en fer sont suprieurs 1,7 mg par jour chez 30 % des femmes. Pour couvrir ces besoins, il faut un apport de 11 mg de fer par jour si 15 % du fer ingr est absorb, ce qui est le cas dans un rgime occidental ; or, 50 % des femmes franaises ont des apports infrieurs 10 mg par jour. Labsorption du fer augmente avec les besoins, mais, chez la femme non prgnante, elle atteint un plateau lorsque les besoins dpassent 1,8 mg par jour. Un certain nombre de femmes ne compensent donc pas leurs pertes. Ces quelques chiffres expliquent que 94 % des anmies chez les femmes de moins de 50 ans soient associes une carence martiale. Chez la femme enceinte, lanmie ferriprive touche 9 37 % des femmes enceintes. Le cot total en fer dune grossesse est denviron 500 mg. Pour couvrir ce besoin, 2,5 mg par jour sont ncessaires, ce qui reprsente un apport de 17 mg ; or, les apports moyens des femmes enceintes sont de 12 mg par jour et 25 % dentre elles ont, en France, des apports infrieurs 8,3 mg par jour. Deux facteurs interviennent pour prvenir lanmie : laugmentation de labsorption du fer pendant la grossesse, en fin de grossesse, les capacits dabsorption du fer sont multiplies par un facteur allant de 3 10, et ltat des rserves. Normalement de 500 mg, elles correspondent la quantit de fer ncessaire pour la grossesse. Si elles sont faibles en dbut de grossesse (grossesses rptes ou contraception antrieure par strilet), le risque danmie est trs important en labsence de supplmentation. Augmentation des pertes Pour les pertes pathologiques, il faut retenir ce sujet lquivalence suivante : 10 ml de sang = 5 mg de fer. Les causes sont des saignements chroniques, essentiellement gastro-intestinaux chez lhomme et les femmes mnopauses, et gyncologiques chez la femme en ge de procrer. La pratique de lhmocult na gure dintrt chez lhomme, puisquil faut rechercher en pratique une cause gastro-intestinale ; elle garde en revanche un intrt chez la femme. Pour les autres saignements (saignements urinaires, hmosidrose pulmonaire, hmolyse intra-vasculaire), les pertes sont plus modestes et ne
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Anmies nutritionnelles
portent vritablement consquence quen cas de facteurs associs (ex. du sujet g cumulant une insuffisance des apports quantitative et qualitative (moins de protines animales), une diminution de labsorption du fer par hypochlorhydrie gastrique, et des pertes par traitement anti-inflammatoire ou hmorrodes). Chez le prmatur, les bilans sanguins itratifs sont prendre en considration. Les pertes de fer physiologiques et pathologiques sont examines plus en dtail (voir Pour approfondir : Pertes normales et anormales en fer). Les troubles de labsorption Lanmie ferriprive peut rvler une malabsorption. Suivant ltiologie, diffrents mcanismes peuvent sintriquer pour concourir lanmie : saignements, syndrome inflammatoire ou mme saturnisme dans les cas de Pica (voir Pour approfondir : Pica). signes centraux dans les deux types de carence, avec des troubles de la mmoire, voire un tat pseudo-dmentiel. Biologique Caractrisant lanmie mgaloblastique numration formule : anmie normochrome macrocytaire, la teneur globulaire moyenne en hmoglobine est normale ou augmente, le volume globulaire moyen est augment. Elle saccompagne frquemment dune neutropnie et dune thrombopnie ; frottis : prsence de macrocytes, de macro-ovalocytes, une anisopokilocytose et des corps de Jolly ; biopsie mdullaire, habituellement inutile, elle confirme le caractre mgaloblastique de lanmie. Identifiant la carence vitaminique la vitamine B12 srique, les folates sriques et erythrocytaires, en prsence dune anmie mgaloblastique, la chute de la vitamine B12 et/ou des folates confirme la carence, et il est rarement ncessaire de recourir des tests plus sensibles bass sur lvaluation des consquences biochimiques de la carence, dosage des mtabolites sanguins : acide mthylmalonique et homocystine. Diffrentiel Il convient dcarter : les macrocytoses sans anmie. Les causes les plus frquentes sont : lalcoolisme, les pathologies hpatiques, et lhypothyrodie ; les mgaloblastoses iatrognes avec les traitements inhibant la synthse de DNA (tels que le mthotrexate et laminoptrine) et le trimthoprime, et toxiques, avec lexposition professionnelle au NO2. Les causes cumules peuvent induire rapidement une carence profonde (ex. mthotrexate + trimthoprime) ; les maladies mtaboliques avec mgaloblastose. Elles sont rares et surtout le fait danomalies congnitales du mtabolisme de la vitamine B12 et des folates ; enfin, les anmies mgaloblastodes, et en particulier la mylodysplasie du sujet g, qui requiert une analyse cytologique soigneuse ; lanmie rfractaire simple ; lanmie sidroblastique acquise ; la leucmie mylomonocytaire chronique. Etiologique Carence en vitamine B12 Dfaut dapport Le rapport des rserves de cobalamine aux besoins quotidiens est de 1 000 pour 1. Il est donc trs rare de rencontrer une carence en cobalamine strictement alimentaire. Elle peut se voir : Chez ladulte En cas de rgime strictement vgtarien (sans lait ni ufs), trs prolong. En effet, la vitamine B12 nest ni synthtise, ni stocke dans les plantes. Toutefois, mme dans ce cas, la carence en cobalamine nest pas systmatique. Les rserves sont basses, les mcanismes dabsorption sont donc augments, ce qui permet de maintenir un tat stable grce une absorption maximale de la vitamine B12 synthtise dans le grle par les bactries et de celle scrte dans la bile. Il faut un facteur associ, comme une carence en fer qui entrane une atrophie de la muqueuse gastrique, pour que survienne la carence.
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Carence en vitamine B6
Trs rare, car la vitamine B6 est largement rpandue dans lalimentation. Elle peut tre lie certaines prises mdicamenteuses qui inhibent la vitamine B6 (INH, pnicillamine) ou dans le cadre de malabsorption. Le diagnostic est confirm par llvation de lactivit des transaminases rythrocytaires associe la baisse de la vitamine B6 et du pyridoxal 5 phosphate.
Diagnostic
Clinique les signes cliniques de lanmie sont inconstants et fonction de la vitesse dinstallation de lanmie : les signes sont mmes exceptionnels pour la vitamine B12 dont la carence ne se traduit par une anmie quau terme de plusieurs annes ; lapparition est lente pour la carence en vitamine B12 ; la carence se manifeste par contre plus rapidement pour les folates, en lespace de quelques semaines) ; latteinte muqueuse, avec une glossite atrophique classique ; les signes neurologiques, qui comprennent des signes priphriques touchant les voies longues dans la carence en vitamine B12, lorigine dune neuropathie sensitive distale et symtrique et dune atteinte pyramidale, et des
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Anmies nutritionnelles
Chez lenfant de mre vgtarienne Leurs rserves sont faibles la naissance et le lait de leur mre est pauvre en vitamine B12. La carence survient sils sont galement soumis un rgime vgtarien, les symptmes surviennent dans la premire anne de la vie et sont principalement neurologiques : convulsion, retard psychomoteur qui nest pas toujours rversible aprs traitement. Dfaut dabsorption La digestion et labsorption de la vitamine B12 lie aux aliments passent par plusieurs tapes (voir Pour approfondir : Digestion et absorption de la vitamine B12) : une malabsorption de la vitamine B12 peut donc avoir diffrentes origines. Anmie de Biermer Cest la cause la plus frquente de dficit en vitamine B12 dans les pays occidentaux. Elle rsulte du tarissement de la scrtion du facteur intrinsque par lestomac. Elle associe : des signes digestifs : atrophie gastrique avec achlorhydrie ; des signes neurologiques de carence en vitamine B12 ; lanmie est absente dans 35 % des cas, notamment en cas de traitement intempestif par les folates. Le diagnostic repose sur : la prsence danticorps anti-facteur intrinsque, ce signe trs sensible nest pas spcifique, mais la prsence danticorps associe un dficit avr en cobalamine assure le diagnostic, rendant inutiles les autres examens ; le test de Schilling mesure la radioactivit urinaire aprs ingestion de vitamine B12 marque. Si moins de 10 % de la radioactivit ingre est retrouve dans les urines, un deuxime test est ralis en associant le facteur intrinsque, ce qui augmente lexcrtion en cas danmie de Bermer. Les autres malabsorptions Dans ces cas, le test de Schilling classique peut tre normal. Pour mettre en vidence la malabsorption, il faut faire ingrer la vitamine marque avec un aliment comme le jaune duf (tableau IV). Les causes sont diverses : dfaut dacidit gastrique ou de pepsine : gastrectomie ; achlorhydrie ; prise prolonge dantacides ; excs dacidit duodnale : Zollinger-Ellison ; insuffisance pancratique, atteinte ilale paritale (voir malabsorptions), parasitoses intestinales, notamment parasitoses intestinales o le parasite capte la cobalamine. Dfaut de transport de la vitamine B12 Dficit en transcobalamine II qui lie la cobalamine dans le plasma et la transporte dans les cellules. Ce dficit va se traduire chez lenfant par une anmie mgaloblastique, associe une susceptibilit accrue aux infections. Les symptomes neurologiques sont minimes. Les taux de vitamine B12 et de folates sont normaux, mais le test de Schilling est perturb. Les carences en folates Dfaut dapport Dans la mesure o lhomme ne peut en effectuer la synthse en folates, les apports sont exclusivement dorigine alimentaire. Les aliments les plus riches sont les lgumes
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feuilles vertes (do dailleurs le nom de folate : folium = feuille en latin) et les salades ; viennent ensuite le foie, les fruits, les graines, les fromages ferments et les ufs. Les folates tant trs labiles, il faut tenir compte de la dcroissance de la teneur des aliments avec le stockage et surtout la cuisson. Le rapport entre les rserves normales et les besoins quotidiens tant de 100 pour 1, cest--dire moins lev que pour la vitamine B12, la sensibilit du statut en folates vis--vis des apports est plus grande que pour la vitamine B12. La carence en folates frappe plus particulirement certaines populations : les adolescentes, quand les crudits sont peu reprsentes et la consommation nergtique totale volontairement rduite ; la femme enceinte, en particulier quand lalimentation est peu varie car les besoins sont doubls ou tripls au cours de la grossesse. Un apport en folates insuffisant avant la grossesse ou au cours des premiers mois augmente le risque de dfaut de fermeture du tube neural (spina-bifida) ; les sujets alcooliques, en raison de mcanismes conjugus (diminution des apports et de labsorption des folates). Les alcools distills sont toutefois en gnral riches en acide folique, tandis que la bire et le vin nen contiennent pas ; chez les sujets combinant les facteurs, tels que la prise dalcool, prise danticonvulsivants et infection intercurrente ; le sujet g, en raison de lalimentation peu diversifie non rarement associe une achlorhydrie gastrique. La carence peut alors entraner des troubles de la mmoire et aggraver ou simuler une dmence snile. chez lenfant, la carence en folates peut se voir en cas dapport de lait pauvre en folates comme le lait de chvre. Augmentation des pertes hmodialyse, anmies hmolytiques et prolifrations malignes. Malabsorptions Une carence en folates peut se voir dans la plupart des malabsorptions. Le diagnostic repose sur la dmonstration de la maladie par des tests appropris, tels que le test au D xylose, en sachant quune carence en folates peut induire une atrophie villositaire.
Traitement
Anmies par carence martiale
En dehors des rares cas o la prise de fer est contre-indique par voie orale, le traitement se fait par administration per os de sels ferreux, mieux absorbs que les sels ferriques.
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Anmies nutritionnelles
La dose quotidienne est de 100 200 mg de fer mtal par jour chez ladulte et de 6 10 mg par kg et par jour chez lenfant partir de un mois. Le traitement est mieux tolr lorsque le fer est pris lors du repas, il vaut toutefois mieux viter de prendre le fer en mme temps que du fromage, du lait ou des produits laitiers qui diminuent labsorption de 30 50 %. La prescription initiale doit tre de deux mois, lefficacit tant contrle sur la numration-formule. Un taux dhmoglobine infrieur 11 g/l aprs 1 mois de traitement doit faire voquer plusieurs hypothses : non-suivi de la prescription, les selles dans ce cas ne sont pas noires ; persistance dune fuite sanguine ; association non dpiste (thalassmie, carence en folates ou en B12) ; malabsorption du fer ; infection intercurrente. Deux semaines aprs larrt du traitement, le contrle de la ferritine est souhaitable. Si le taux reste bas, la prolongation du traitement pendant deux mois simpose.
Pour approfondir
Physiopathologie de la carence en fer
Le fer est ncessaire la phase finale de la synthse intramitochondriale de lhme dans lrythroblaste, sa carence va donc entraner une anmie hypochrome. Lanmie napparat quaprs plusieurs mois de dsquilibre du bilan qui volue en trois tapes (figure 1) : 1) dficit en fer : les stocks en fer du foie, de la rate et de la moelle sont diminus. La ferritine qui reflte ces stocks est basse (infrieure 15 g/l), ce stade, les rcepteurs de la transferrine sont galement augments par un mcanisme de rtrocontrle positif ; 2) diminution du transfert du fer aux hmaties qui va se traduire par : une diminution de la saturation de la transferrine (STF) (infrieure 16 %), une augmentation de la capacit totale de fixation du fer (CTF) (suprieure 400 g/100 ml), une augmentation des porphyrines libres rythrocytaires (PLE) (suprieures 70 g/100 ml drythrocytes), 3) anmie, lhmoglobine est infrieure 12 g/l, le fer srique est bas.
Carence en folates
Deux formes sont disponibles, lacide folique et sa forme rduite, lacide folinique, ce dernier doit tre rserv aux cas o existe un blocage du mtabolisme de lacide folique. Dans les autres cas, lacide folique, moins coteux, doit tre prfr. Le traitement habituel consiste en ladministration per os de 5 mg/jour dacide folique. En cas de malabsorption, ladministration se fera par voie parentrale.
Suivi du traitement
Dans les deux cas, lefficacit du traitement sera contrle sur la numration-formule qui se normalise aprs 8 semaines. Une rponse incomplte doit faire voquer une pathologie associe, la plus frquente tant la carence martiale. Il se peut aussi que les patients traits par une seule vitamine aient une carence double, notamment en cas de malabsorption. Le traitement tiologique doit tre associ pour prvenir la rechute. Dans certains, cas comme lanmie de Biermer, le traitement doit tre continu vie, ce qui ncessite une ducation du patient et de sa famille.
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Anmies nutritionnelles
admet quun coefficient de saturation (qui est le rapport fer srique/ capacit totale de fixation de la transferrine) infrieur 0,16 suggre une carence ; plusieurs pathologies interfrent avec le taux de ferritine. Il sagit des inflammations et des infections au premier chef, pour des raisons de frquence ; elles sont lorigine dune squestration anormale de ferritine dans les macrophages ; les cancers aussi, o plusieurs facteurs peuvent tre associs (invasion tumorale, libration accrue de ferritine, cytotoxicit des mdicaments, pisodes infectieux ou inflammatoires itratifs, saignements, transfusions) ; et les hpatopathies enfin, o la ferritine peut tre libre dans le plasma par cytolyse. Les situations diagnostiques difficiles doivent faire raisonner sur un faisceau darguments concordants, plutt que sur un seul critre. Quand le doute persiste, deux possibilits soffrent au clinicien : soit attendre la normalisation du processus pathologique interfrant, dans la mesure du possible naturellement, soit complter linvestigation biologique par des investigations biologiques plus sophistiques. Le dosage de la ferritine rythrocytaire a t propos car sa concentration est un bon reflet de lquilibre entre lapport de fer aux rythroblastes et le niveau dhmoglobinosynthse. Chez le nouveau-n, la ferritine rythrocytaire savre effectivement un bien meilleur reflet des rserves constitues in utero que la ferritine srique. La diminution de la concentration en ferritine rythrocytaire objective lpuisement des rserves ; cette concentration nest par contre pas influence par les syndromes inflammatoires, ce qui fait tout lintrt de ce dosage. La seule limitation est celle dune hmoglobinopathie. Dautres investigations ont t proposes (telles que les dosages des rcepteurs solubles de la transferrine, de la protoporphyrine rythrocytaire, ou du lvulinate rythrocytaire), mais elles ne sont pas avres utilisables en pratique clinique. male (produits laitiers). Si le fer non hminique reprsente donc lessentiel du fer alimentaire consomm en France (87 90 %), sa biodisponibilit est bien plus faible que celle du fer hminique. Elle est en moyenne de 1 10 % et en gnral infrieure 5 % ; elle est toutefois fortement influence par la composition du repas et ltat des rserves en fer. En effet, le fer non hminique libr des complexes auxquels il est li dans les aliments intgre un pool dans la lumire intestinale, o il peut tre rduit, chlat, ou rendu insoluble. Labsorption est alors sous linfluence conjugue de facteurs faciliteurs ou inhibiteurs de labsorption. Cest ainsi que les chairs animales et certains acides organiques, dont lacide ascorbique (vitamine C), augmentent labsorption, tandis que les polyphnols dont les tannins, les phytates, les fibres cellulosiques, les phosphates, le calcium, et certains types de protines rduisent cette absorption. Ces lments se retrouvent en particulier dans les aliments suivants : le th, le caf, le jaune duf et le son. Les tannins du th sont les plus puissants inhibiteurs de labsorption du fer connus : dans le petit djeuner type en Occident, la consommation de th est associe une diminution de labsorption du fer non hminique denviron 60 %. Linfluence des phytates et des fibres cellulosiques est prendre en considration, en raison de la promotion faite pour la consommation de vgtaux et de fibres dans l alimentation sant . Au total, en Occident, les produits carns reprsentent environ un tiers de lapport total en fer et les crales 20 30 % ; viennent ensuite les fruits et les lgumes, et encore aprs les racines et les tubercules amylacs. Labsorption de fer est plus leve chez la femme que chez lhomme, et dans la grossesse. Enfin, labsorption du fer non hminique est influence par le statut en fer de lorganisme : des rserves faibles augmentent cette absorption. Les tudes isotopiques ont en effet montr que le coefficient dabsorption est en moyenne de lordre de 10 12 % chez les hommes adultes ayant un statut en fer normal, et jusqu 15 20 % avec le mme type dalimentation en situation de carence en fer. Cependant, ce phnomne compensatoire est limit.
Syndrome de Pica
Ce syndrome rsulte dun trouble du comportement dont lorigine demeure mystrieuse. Il sagit dun apptit anormal pour lamidon (amylophagie), la glace (pagophagie) ou largile (gophagie). Lamidon et largile peuvent lier le fer au niveau du tube digestif, avec pour double consquence possible une carence en fer et une augmentation de labsorption intestinale du plomb. La toxicit du plomb est en partie lie larrt de la synthse de lhme dans les tissus neuraux, processus favoris par la carence en fer.
Anmies nutritionnelles
Physiopathologie des anmies mgaloblastiques
Les anmies mgaloblastiques sont dfinies par une anomalie de synthse de lADN. Ce sont les cellules renouvellement rapide qui sont affectes en premier lieu, et en particulier les prcurseurs hmatopotiques et les cellules pithliales digestives. La division des cellules est ralentie, mais le dveloppement du cytoplasme demeure normal ; ceci rend compte de laccroissement de taille. Les cellules rythrodes mgaloblastiques mdullaires sont fragiles et dtruites en grand nombre, caractrisant une rythropose inefficace. Les anmies mgaloblastiques font intervenir une carence en vitamine B12, en folates, ou lassociation des deux. Elle rsulte du blocage du thymidilate (thymidine monophosphate) qui ncessite en effet la fois de la vitamine B12 et des folates. Les consquences sont donc une mgaloblastose pour la moelle, mais aussi une atrophie villositaire (ce qui est source de confusion avec latrophie causale de la malabsorption en vitamine B12, quelle vient donc encore aggraver) et une dysplasie cellulaire reprable aux frottis vaginaux (frottis de stade IV).
carence mineure
carence majeure
anmie carentielle
ferritine coef. saturation TCMH transferrine ferritine rythro. fer srique hmoglobine VGM
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rgime bas sur les besoins nergtiques et protiques de chaque patient. La compliance au traitement et le maintien dun tat nutritionnel optimal doivent tre surveills rgulirement. Le succs de ce rgime permet la rduction des symptmes lis lurmie et aux complications mtaboliques et ralentit la progression de linsuffisance rnale. Parmi les mesures dittiques prconises, la restriction protidique 0,6-0,7 g/kg/j doit tre recommande au stade prcoce de lIRC, sans pour autant apporter une alimentation restrictive. Le risque majeur de ce type de rgime mal surveill, ainsi que labsence de toute prise en charge dittique, est la dnutrition qui est un facteur de mauvais pronostic chez linsuffisant rnal arriv au stade terminal. Les autres mesures dittiques visent limiter les consquences mtaboliques de lIRC, et sont la prvention de lhyperkalimie, la correction de lacidose et la lutte contre lhyperparathyrodie secondaire par une supplmentation calcique prcoce et un rgime pauvre en phosphore. Ltat clinique et mtabolique du patient au moment o il aborde linsuffisance rnale terminale dtermine en grande partie le pronostic et la qualit de vie ultrieurs. Dans un certain nombre de cas, un traitement par dialyse ou une transplantation rnale seront ncessaires pour remplacer la fonction rnale dfaillante. De nouveaux rgimes seront prescrits, variables selon les techniques de dialyse ou au cours de la transplantation. Enfin, en cas de dnutrition importante, des supports nutritionnels peuvent tre proposs.
A savoir absolument Limiter les apports protiques pour retarder la dgradation nphronique
De nombreux travaux ont montr que lhyperfiltration aggravait la fonction rnale. Parmi les facteurs qui entretiennent ou dclenchent lhyperfiltration glomrulaire, les
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risque dhypercalcmie et dinhibition importante de la scrtion de PTH, conduisant ainsi un os adynamique. Lutilisation de ces analogues doit tre galement prudente au cours de lIRC avance, car ils peuvent aggraver lhyperphosphormie et augmenter le risque de calcifications mtastatiques en levant le produit phosphocalcique. Si ladministration de carbonate de calcium est insuffisante pour maintenir la calcmie normale, il faut ajouter des drivs actifs de la vitamine D (un-alfa ou Rocaltrol) des doses croissantes, sous surveillance biologique rgulire de la calcmie et de la phosphormie qui ne doit pas tre trop leve. Idalement, la calcmie doit tre suprieure 2,2 mmol/l et la phosphormie infrieure 1,5 mmol/l.
Correction de lanmie
Lanmie est pratiquement constante au cours de lIRC. Son installation est progressive et, de ce fait, elle est relativement bien tolre, malgr des taux dhmoglobine atteignant 80 g/l ou moins chez lIRC avanc. Lanmie de lIRC est essentiellement lie une insuffisance de production mdullaire par suite dun dfaut drythropotine. Le rein est en effet le site principal de la production de cette hormone, indispensable la maturation de la ligne rythrocytaire. Une diminution de la dure de vie des hmaties due divers toxines urmiques circulantes intervient galement dans la gense de lanmie de lIRC. Cette anmie peut tre majore par une spoliation sanguine (prlvements sanguins trop frquents, hmorragies digestives occultes, favorise par des troubles de lhmostase). Elle joue un rle important dans laltration de ltat gnral des insuffisants rnaux. Elle entrane une asthnie chronique, une dyspne deffort, parfois des manifestations coronariennes ou vasculaires priphriques. Le seul traitement efficace de lanmie de lIRC est ladministration drythropotine recombinante. Ce traitement peut tre envisag en prdialyse si lanmie est importante ou mal tolre, en particulier chez le coronarien et le sujet g. En revanche, il faut rechercher rgulirement des facteurs surajouts tels que les saignements occultes, dautant plus suspects que la ferritinmie est basse, une carence en folates, un syndrome inflammatoire. Lusage de lrythropotine pour amliorer ltat nutritionnel des patients en insuffisance rnale chronique est en cours dvaluation. Il est envisageable quune amlioration de lactivit physique faisant suite laugmentation de lhmatocrite fasse largir les apports alimentaires des patients et ainsi amliorer leur tat nutritionnel.
270 mg (concombre : 150 mg, fenouil cru : 473 mg) 220 mg (chou vert cuit : 99 mg, blettes cuites : 473 mg) 320 mg (lentilles cuites : 276 mg, haricots blancs cuits : 460 mg) Pommes de terre 530 mg (pommes dauphines : 147 mg, chips : 1 190 mg) Fruits secs 975 mg (dattes : 677 mg, abricots secs : 1 520 mg) Fruits olagineux 700 mg (noix : 480 mg, pistaches : 1 050 mg) Avocat 520 mg Chtaigne 500 mg Fruits frais 220 mg (myrtilles : 68 mg, bananes : 385 mg) Cacao 1 920 mg Chocolat 365 mg Farine de soja 1 740 mg Ketchup 480 mg Potage 130 mg (poireaux/pommes de terre : 125 mg, velout de tomates : 140 mg)
Lutte contre les troubles phospho-calciques et prvention de lostodystrophie rnale Rduire les apports en phosphore Supplmentation en calcium et vitamine D Moyens : dittique, mdicaments
Lutte contre lhyperkalimie Limiter les apports en potassium Moyens : dittique, mdicaments Traitement des dyslipidmies Moyens : dittique, mdicaments Traitement de lanmie
Lutte contre la dnutrition Apport nergtique adquat (< 60 ans : 35 kcal/kg/j, >60 ans : 30 kcal/kg/j) Moyens : entretiens et conseils dittiques rguliers supports nutritionnels facteurs de croissance ? Correction de troubles mtaboliques (correction de lacidose mtabolique) Dialyse adquate
Figure 1 Principes de la prise en charge nutritionnelle de linsuffisance rnale chronique DP = dialyse pritonale ; * avant le stade de dialyse
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Pour approfondir
Lanorexie et altration du got
Lapport nergtique minimum nest pas toujours obtenu chez les patients en insuffisance rnale. En effet, les donnes actuelles de la recherche indiquent quil faut recommander aux patients en insuffisance rnale modre de rduire leur consommation protique 0,6-0,7 g/kg/jour. Ceci est nutritionnellement acceptable si les apports nergtiques sont maintenus suprieurs 30 kcal/kg/j. Or, il est plus facile de rduire les calories que les protines, et lorsquune anorexie est prsente, elle conduit souvent une diminution des apports nergtiques. Lanorexie peut tre cause par plusieurs facteurs rsums dans le tableau III. Les procdures diagnostiques et thrapeutiques comme la chirurgie, la ralisation de fistule artrio-veineuse ou la pose de cathter de dialyse pritonale sont des situations qui ncessitent une hospitalisation et saccompagnent dun catabolisme protique obligatoire. Les mdicaments prescrits sont nombreux et peu apptents. Les facteurs sociaux et conomiques ont surtout un rle important chez les sujets gs poly-pathologiques, et ayant un certain degr de handicap, qui ne peuvent pas prparer tout seul leur repas ou ont un mauvais tat dentaire qui diminue de faon considrable leur apport alimentaire. De plus, la prsence dune pathologie chronique imposant des contraintes lies au rgime et au traitement, associe la solitude contribue linstallation dune dpression. Des toxines urmiques et des produits toxiques du mtabolisme (notamment les acides organiques non tamponns par le tubule rnal dficient) saccumulent dans le sang en insuffisance rnale chronique. Chez lanimal, avec ou sans insuffisance rnale, lacidose acclre la dcarboxylation des acides amins ramifis et entrane un catabolisme protique. Chez lhomme, lacidose inhibe la synthse dalbumine, entrane une balance azote ngative et induit une dgradation protique. Enfin, la leptine, peptide produit par les adipocytes, est fortement implique dans la rgulation des apports alimentaires chez lanimal. Or, il semble que la leptine saccumule au cours de linsuffisance rnale humaine, pouvant potentiellement entraner ou aggraver une anorexie prexistante. Parmi les pathologies associes, le diabte est une tiologie frquente dIRC. Celle-ci, arrive une phase volue, altre la motilit et la vidange gastrique. Le lupus rythmateux dissmin, linsuffisance cardiaque et les pathologies aigus, telles que la pritonite en dialyse pritonale, linfection de laccs vasculaire en hmodialyse ou la septicmie, induisent galement un tat catabolique.
Acclration de la protolyse
Au cours de linsuffisance rnale chronique avant dialyse, surviennent des complications mtaboliques qui peuvent engendrer une dnutrition. En effet, quand le dbit de filtration glomrulaire diminue, les substances, qui sont normalement filtres et rabsorbs ou scrtes par les tubules rnaux, sont accumules dans le sang. Parmi ces substances, on trouve le phosphate, le sulfate, lacide urique et les protons. Laccumulation dans le sang dions hydrogne, conduit au dveloppement dune acidose mtabolique. Lacidose mtabolique entrane une insulino-rsistance et un retard de croissance chez lenfant, ainsi quun catabolisme accru de protines et dacides amins. Lacidose stimule la dgradation protique en activant la voie protolytique ubiquitine-protasome ATP (adnosine triphosphate) dpendante du muscle squelettique. Elle active galement la dshydrognase des acides amins chane ramifie du muscle squelettique, enzyme limitant le catabolisme des acides amins chane ramifie (Valine, Leucine, Isoleucine). Par son action stimulante sur la dgradation protique et loxy2S161
Dyslipidmies
Les perturbations du mtabolisme lipidique sont frquentes au cours de linsuffisance rnale chronique et peuvent avoir des consquences nocives long terme. La prvalence de lhyperlipidmie chez les patients urmiques peut varier de 20 70 %. Lhypertriglycridmie est habituelle avec diminution du HDL (lipoprotine de haute densit), lvation des VLDL (lipoprotines de trs faible densit), de la lipoprotine (a) ou Lp (a), susceptible de favoriser une athromatose acclre. Les LDL (lipoprotine de faible densit) sont normales ou leves. Lhypertriglycridmie est due un dfaut de catabolisme des lipoprotines riches en triglycrides. Lactivit de la lipoprotine lipase (LPL) et de la triglycride lipase hpatique est abaisse par lurmie. Lacidose mtabolique et lhyperinsulinmie prsentes chez ces patients contribuent la rduction dactivit de la LPL, Les taux dapolipoprotine C-II, qui est le principal activateur de la lipoprotine lipase, sont diminus en IRC. Un facteur circulant, inhibiteur de la lipoprotine lipase, a t galement isol. Enfin, il existe un dfaut de conversion des VLDL riches en triglycrides en LDL, conduisant laccumulation de lipoprotines de densit intermdiaire (IDL) qui sont potentiellement athrognes. Mme si lanomalie prdominante est le dfaut de catabolisme des lipoprotines riches en triglycrides, un excs de synthse de triglycrides participe galement lhyperlipidmie du patient urmique. Les patients prsentant un syndrome nphrotique ont une lvation quasi permanente des taux de LDL, VLDL et un taux de HDL cholestrol normal ou abaiss. Un excs de synthse de VLDL est prsent de faon prcoce.
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Hypocalcmie
Hyperparathyrodie
Calcifications mtastatiques
Ostodystrophie
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