Heptameron
Heptameron
Heptameron
NB : A port 4 noms : Marguerite de Valois, dAngoulme, dAlenon, de Navarre. Reine de Navarre, ne pas confondre avec la Reine Margot, femme dHenri IV Naissance en 1492 au pays dAngoulme, mort en 1549 prs de Tarbes. Branche cadette de la famille royale, sur du futur Franois 1er . Excellente ducation. Epouse le Duc dAlenon en 1509. Place trs importante la cour de son frre. Fut mle la vie religieuse de son temps, sinitie au mysticisme. Princesse, elle a jou un rle politique mais a aussi protg de nombreux crivains : Rabelais, Marot, des potes no-latins, des libertins spirituels, etc. Elle a bcp crit (avec parfois des longueurs !). En 1531 elle publie le Miroir de lme pcheresse, en 1547 lensemble de ses posies : Marguerites de la Marguerite des princesses (importance de la spontanit dans ce recueil) avec notamment de la posie de circonstance, des comdies, des essais de psychologie amoureuse. On retient de ce recueil les Chansons spirituelles, 1re manifestation du lyrisme frs moderne avant Ronsard. Mais uvre matresse reste lHeptamron, recueil de contes inachev publi aprs sa mort. Prend pour modle Boccace et son Dcamron (il lui sert de cadre). Mlange de comique et de tragique, souci dinstruire plus que de plaire. Il sen dgage une morale chrtienne et mondaine qui prfigure la vie de salon.
uvre de jeunesse commence ds 1516 ou uvre tardive, postrieure 1545 ???. Lente laboration ou composition en peu dannes avec dessein densemble ???. Le texte :
70 nouvelles alors quon en attendait 100, comme Boccace : pourquoi ? Identification des devisants et vrits des rcits
Fiction = runion lAbbaye de Notre Dame de Sarrance des personnages qui vont devenir tour tour narrateur et auditeurs. 2 citations importantes de N. Cazauran : Mais les histoires de brigands ou de btes sauvages ntaient pas si rares quelles ne puissent passer pour un reflet de la ralit et pour qui ne lit pas carte en main en relevant les fantaisies de la topographie, ce voyage aprs les pluies diluviennes dautomne se fait assez prcis pour crer lillusion . Surtout, la socit forme par les devisants parat trop exactement, par ses gots, ses curiosits, sa culture, limage du cercle vivant autour de Marguerite de Navarre , pour quil ne soit pas tentant de rduire la part de fiction et de chercher sous les masques lidentit de chacun . Parlamente = Marguerite de Navarre Oisille = sa mre, Louise de Savoie Hircan = Henri dAlbret, son 2nd mari. Les rcits sont donc des fictions au 2nd degr, mais que les devisants posent comme vraies. Source littraires
3 Chap. 2 : La socit de lHeptamron Polyphonie et multiplicit des personnages, nomms le plus souvent par leur position ou leur mtier. Vritable microcosme. Conditions sociales Cercle aristocratique des devisants : voyagent cheval, suite, pe. Mmes usages et mme langage. Cf. prologue : vocation de la vie de cour de Parlamente. Cest galement le monde o vivent nombre des hros des rcits (cf. N10) Les gens du tiers ordre (- nbreux) La plupart des pers. bourgeois sont dsigns par leur activit Les gens dglise : sculier, vques, prdicateurs, curs Qqs pauvres gens seulement (cf. N5, la batelire de Caillon). Paysans et villageois sont nbreux lpoque mais quasiment absents de H
Ombres et reliefs
Les histoire situes dans la bourgeoisie sont sans arrire plan sauf si ncessaire au nud de laction => dtournement de la tradition narrative, on doit tout au mvmt du drame : les hommes sont saisis aux moments o seul compte leur apptit de jouissance, les femmes dans ceux qui mettent en vidence leur folie ou leur vertu . Par ctre, pour les ecclsiastiques, leur qualit compte car de cet cart nat le scandale. M de N ne sarrte pas aux apparences : pas de luxe ou de divertissements comme la cour. Trace le tableau de la socit aristocratique mais pas des circonstances dans laquelle elle volue. Aristocratie ferme sur elle-mme. Partout il faut cacher ltre sous le paratre : maintien, paroles etc. doivent tre tudis. Eclairage sur le monde de la cour similaire celui de Mme de LaFayette dans La Princesse de Clves. Rpartition des rles Bcp de morts dans le prologue mais personne ne pleure : indiffrence des nobles pour leur suite et les gens de plus basse condition. Les ecclsiastiques sont part : la mise en scne vise tjs dvoiler leur hypocrisie Mais sinon mme de gds personnages sont pris dans des msaventures : Il importe bien davantage que des personnages nobles soient choisis pour exemple de mchancet et puissent incarner la nature humaine dans ce quelle a de plus corrompu . Les rangs ne sont pas confondus au hasard. Apparente diversit : rvler toute la malice de la nature humaine, on peut montrer sous le plus mauvais jour les plus grands personnages .
La fiction des rcits ne fait pas oublier la fiction qui les introduit : lemploi des journes est prvu lavance savoir matin les Ecritures avec Dame Oisille et laprs midi les histoires des devisants. Cadre strict mais qui laisse tout lespace aux devisants. Pas dunit dans lensemble des journes ; seul le dialogue est le fil conducteur. Vie princire et dbats moraux
A la fin dune nouvelle, tous rient ou pleurent (aucun jeu de physionomie nest dcrit). Chacun cherche sa vrit dans des dbats entre mondanit et dvotion. Prsences et reprsentations
Lauteur nintervient pas dans les dbats. Oisille elle, a un rle part : veuve la longue exprience, elle assume la matine en proposant la lecture des Ecritures. Elle est une autorit dont le fondement nest jms contest. Mais les histoires quelle propose peuvent surprendre par leur noirceur. Parlamente voit ses mrites vants par tous : tjs se dfier des propos des hommes selon elle. Permet aussi de saisir les rapports du couple. Ennasuite ne tient pas de discours qui ne saccorde avec les propos dj tenus. Sert de couverture Saffredent et se sent vise qd Parlamente parle de fidlit. Dagoucin : traits marqus, fait rire loccasion, mais prfrence pour histoire o lamour est dlicat lextrme (N9). Modle de lamour platonique. Simontault et Saffredent viennent doubler le rle dHircan : ts 3 attaquent Dagoucin et veulent satisfaire leurs dsirs. Sont souvent mdisants. Saffredent prfre le cadre aristocratique pr ses histoires, Simontault celui + bourgeois des fabliaux. chaque devisant est donc bien diffrent, cercle finalement homogne Style et ton
Ton familier et enjou mais les dbats ont aussi leur rhtorique : ils cherchent la vrit dune conversation, donc recours aux formules toutes faites, libert du langage parl. Mais langage peut aussi tre celui de mondains, rompus la rhtorique amoureuse, aux jeux prcieux (personnifications, mtaphores, antithses), cf. potes de cour On retrouve des maximes, des citations, donnes lappui de vrits essentielles.
5 2me PARTIE : LART DU CONTE Formes narratives : H = luvre dun moraliste ou dun conteur. Mais ne pas oublier les histoires en elles-mme : il y a un vritable plaisir de lanecdote. Plus encore, importe la notion de vrit : Ce sont autant de cas dignes de mmoire dont elle nous proclame partout la vrit, une vrit qui se fonde, jusque dans leur renouvellement , sur la permanence de la nature humaine . Tous les thmes abords sont mis en action dans chaque nouvelle, dans les rpliques, dans les dialogues, do profonde unit par ce phnomne de correspondances et de reprises. La diversit est partout . Chap. 1 : Comdies Chez Boccace, histoires tragiques et histoires comiques sont mles. Pour crer le comique, M de N reprend les schmas les plus anciens, les jeux les plus comiques . Mais elle a su varier les effets quelle en tire par de multiples clairages et elle a cherch aussi des amusements plus subtils, composant des histoires plaisantes sans tre bouffonnes, o les motifs venant des farces et des fabliaux se combinent la finesse des analyses, la complexit des conduites, et o une gat discrte et diffuse se substitue, ou bien sajoute, au rire qui tient au relief dun instant . Schmas comiques Point communs des contes rire = leur brivet et leur succs (chez le narrateur et les devisants). Les pripties provoquent le rire et parfois on une rduction jusquau schma, cf. N7. Mais ce rire qui est sens venir de la vrit de lhistoire est en fait une convention qui suppose acquise la complicit du lecteur sans sappuyer sur aucun trait de ralisme, et il exige, quand le conte est aussi maigre, une bonne humeur prexistante. Sous une apparente diversit, le comique relve tjs des mmes schmas : - quiproquos, malentendus - tromperies russies (N6) - retournement de situation (N5) Pas de complaisance pour les traits pittoresques. Variations : Le rire se retrouve chez les devisants mais aussi lintrieur des contes : - parfois les personnages des contes se rendent compte du comique de la scne - parfois rire lintrieur de groupes, de couples, marquant dun ct le triomphe, dun autre le ridicule (N5) Souvent donc le mensonge et la dissimulation sont loccasion de retournements comiques. Mais parfois aussi, introduction du srieux par un des personnages de lhistoire, ce qui permet la fois le rire et la mditation sur un dsir drgl, un vice etc. Dautres contes rire sont donns pour tel et provoquent en mme tps, dans le cercle des devisants, des dbats qui prennent tout fait au srieux les incidents qui en taient la matire.
6 A la fin de tous les schmas comiques se trouve une leon. Mais attention, se nest pas une simple conclusion didactique : elle est bien plutt une manire de reprendre sur le mode srieux ce qui tait dabord factie, et dclairer la prsence de la nature humaine, avec ses vices, ses vertus et parfois son rapport Dieu, dans des silhouettes qui paraissent sans paisseur . Divertissements On peut stonner que les manuvres les plus brutales fassent le nud de bcp dintrigues galantes, menes comme autant de batailles o tous les moyens sont bons. Leurs victimes fminines, comme le cercle des devisants et, travers eux, celui des lecteurs du temps, sen accommodent assez volontiers pour que le rcit puisse en paratre agrable. Il nen va pas de mme quand le dsir et la hardiesse le satisfaire sont le propre dune femme . Pas ou peu de portraits de sducteurs : ce qui compte, cest laction, les calculs, les attaques. Cf. N4 : on a 2 mouvements : - une intrigue de sducteur o la machination nous est dcrite (circonstances, accessoires etc.) - un dialogue danalyse o la femme examine avec sa dame dhonneur quelle doit tre sa conduite. Cette alternance de violence et de galanterie apparaissait lpoque comme une vrit de murs (mais ! totalement invraisemblable aujourdhui) Ccl : Diversit des sources : traditions ancienne, vie de cour, etc. Mais dans cette diversit , on retrouve une constance : construction ou ccl des rcits sur la vrit humaine : vrit intrieure qui peut surgir dun jugement moral ou bien apparatre travers une manire dtre ou dagir . Chap. 2 : Choses vues Scheresse du dessin Pas de descriptions ou de portraits pittoresques Dans loptique des personnages Il arrive assez souvent que le lecteur voie trs exactement ce que voit un personnage, mais il y a, pour composer cette concidence, 2 points de vue quasiment contraires . le tableau sorganise devant nous, par la volont dun des acteurs et lintention dun autre, de faon que le spectacle et son sens nous apparaissent par avance . le lecteur, au lieu dentrer lentement dans le secret dune mis en scne, voit alors par les yeux de celui qui dcouvre limproviste une image qui le surprend, ou qui saccorde son dsir, et qui est parfois dautant plus forte quelle est soudaine, brivement ramasse en qqs traits essentiels . Le spectacle de la violence Ce sont des scnes de violence, de meurtre et de morts qui restent tout fait prises dans le registre narratif, introduites au fil de lhistoire par un narrateur qui parat leur tre indiffrent et qui sefface alors derrire lvnement quil rapporte .
7 Dans les nouvelles on a tjs des dtails dune extrme prcision et dun style neutre, dtach, cf. N1 : Les os qui ne furent consums par le feu, il les fit mettre dans du mortier, l o il faisait btir sa maison . Do ce commentaire de N. Cazauran : Le trait se dtache dans toute sa force macabre pour tre donn dabord, sans commentaire aucun, faisant surgir soudain dans la narration du crime la vie la plus quotidienne du criminel . Mme scheresse dans les dnouements o les coupables sont mis mort. Indiffrence du narrateur qui accentue lide que le chtiment est mrit. La violence des passions se traduit surtout par la violence des actes et lhorreur des spectacles. Contes noirs Ces nouvelles sont donc parfois des contes noirs , o la violence et lhorreur redoublent se faire attendre, et o laventure se noue sur quelque spectacle insolite ou sanglant . Chap. 3 : Ltoffe humaine Contrairement ce quon pourrait croire, les personnages prennent par moments un relief, une paisseur qui font croire leur existence : sils nont pas de visage, ils ont un corps o leurs passions sincarnent . Il y a une telle constance, une telle cohrence dans ces rappels de notre humaine condition quils suffisent introduire dans lH un certain naturalisme, propre dtruire limage du hros de roman dont senchanteront tant de lecteurs de romans prcieux . Le corps Amour tjs li au dsir de jouissance et de possession (parfois jusqu la brutalit). Dsir et plaisir sont montrs comme venant de la Nature commune tous. Mais plus quune moquerie, le conte prsente plutt le spectacle dune nature fragile toujours prte cder au plaisir de linstant, au risque de dmentir projets, dcision, sentiment . Cependant, ces histoires ne sont jms montres sous un jour heureux : - histoires de maris jaloux et tromps - histoires de femmes infidles qui meurent violemment On note une certaine complaisance des conteurs pour les amants, parfois jusqu lexpression dun naturalisme heureux. Attention cpdt, il ny a jms dapologie de la jouissance. M de Navarre en montre les attraits mais aussi les inconvnients (ruine du corps, perte de la raison). Et surtout, elle montre la violence des dsirs inassouvis. Ainsi, toute motion trop vive se traduit par un bouleversement physique cf. N10 : Floride, contrarie dpouser le duc de Cardonne, saigne du nez. Pour montrer la force et les ravages dune concupiscence inavoue ou contrarie , on trouve tout un rseau dhyperboles et de mtaphores qui se font cho dune nouvelle lautre. Emploi frquent de la mtaphore du feu pour montrer llan du dsir vers lobjet dsir + des formules plus abstraites pour exprimer les effets de cette ardeur. La violence du dsir montre que lhomme est parfois pris dune folie qui le rend infidle toute une partie de lui-mme : dpossession (cf. dans N2 la figure du valet). On trouve mme dans lH une thorie des passions rpte 2 fois, cf. car la passion ne donne lieu la raison .
8 Dure vcue Il est difficile de parler de la dure car le propre des contes est justement la brivet. Parfois on a une simple succession dinstants. Parfois le temps joue un rle : comment et pourquoi ? - Chronologie nettement marque : exple, lveil du dsir est li ladolescence. Cela permet denraciner laction dans le rel et dans une dure de vie. Apret du dsir vient donc dun tps antrieur laction, donc les pers existent hors de ce seul moment. - Inconstance du cur humain (// avec La princesse de Clves : grce au tps et labs, la passion du Duc de Nemours finit par cesser). Inconstance qui est dans la nature humaine (cf. aussi Montaigne) Chap. 4: Artifices et vrit Artifice des intrigues et des formes contradiction entre rcits qui sinscrivent dans la vie quotidienne et le romanesque le plus surprenant nombreuses concidences (cf. N10). Parfois elles sont mises sur le compte de Dieu et interviennent pour introduire une priptie, pour amener le dnouement style qui choque parfois : quand on attend le naturel dune improvisation parle on a parfois du discours dans des scnes pathtiques, des pomes dans du discours en prose
Formes et significations Avec les discours, les pomes, M de N voulait simplement plaire ses lecteurs et suivait galement son propre got. Le jugement des mes Les devisants qui racontent ne jouent pas avec leur auditoire : ils sont ts attentifs mener leur rcit jusquau bout. Ils multiplient les phrases complexes tjs selon le mme schma, de faon faire attendre lauditoire : sujet en tte, verbe la fin, succession de subordonnes ou de participes apposs entre les 2. Ils mnagent ainsi le suspens 3me PARTIE : THEMES REPARAISSANTS A travers contes et dbats ! au risque doublier dans les contes les interlocuteurs pour se tourner vers les ides, la morale. Or, ce ne sont pas 2 mondes spars. Le passage du particulier au gnral se fait travers lhistoire et sans attendre sa fin. Chap. 1: La vertu dispute Hommes et femmes sopposent souvent
9 Les deux faces de la vertu Les hommes sont plutt lous pour leurs hauts faits. Mais reprsentation rare, pas dapologie dans lH. M de N place plutt en avant les exploits amoureux (svt voqus par un voc guerrier). Mais on trouve travers cela lapologie paradoxale dune audace qui doit aller jusqu contraindre par la force lobjet du dsir amoureux . Lhonneur des femmes est totalement diffrent : il a pour fondement la douceur, la patience et la chastet, cf. N5. La chastet correspond en fait la hardiesse pour les hommes. La vertu est commune toutes les femmes : la grande dame, la bourgeoise , la plus pauvre (cf. N5). Les hommes ont le droit de se venger, imposent des chtiment cruels leur femme ; mais les femmes, elles, nont droit qu la rsignation, au silence, la dissimulation. Celles qui ne sont pas vertueuses sont accuses de sa conduire comme des hommes Controverses Le seul point peut-tre qui reste hors du dbat, cest que le jugement dautrui ne peut suffire au fondement de la vertu, que ce soit celle des femmes ou celle des hommes . Allusion au jugement de soi par soi, cf. aussi Montaigne. La critique de la vertu se fait travers lopposition apparence / ralit. Dans les nouvelles, elle est fonde sur lhypocrisie : on analyse les motifs, les intentions et non plus seulement la rvlation des actes : cest la chastet du cur qui compte. Parlamente reconnat cpdt que nous sommes sous linfluence de Dieu : vision mtaphysique de lhomme, marqu par une chute originelle. Chap. 2 : Entre Terre et Ciel Lamour est partout dans lH. Lamour parfait est mis en questions sous ses multiples aspects. Pas de position didactique mais des concordances ou des oppositions Amour meschant et amour parfaict Amour parfait = amour vertueux (raret et nature oppose la concupiscence). Cf. N10, Floride voque lhonneste amour pour arrter la fureur dAmadour. Lamour mchant est omniprsent dans lH et dans tous les personnages : Amadour, le valet de la N2, les bourgeois de N8 etc. Le refus des femmes fait souvent tomber lhistoire dans le tragique. Tous parlent de furieuse folie . Mais cet apptit de jouissance est condamn : blme et rappel des exigences de Dieu et de lhonneur fminin. La folie damour entrane un manque la mesure, lhomme se dnature. Lamour parfait est moins reprsent car il est linverse de lamour mchant : il est recherche dun idal noplatonicien. Amour parfait = aucun plaisir des sens hors mariage, les serviteurs doivent rester matres deux-mmes et ne rien attendre. Ceci donne lieu qqs rminiscences de lamour courtois, notamment par la prciosit de lexpression du sentiment et de certains aveux. Mais ! , lamour courtois diffrait lacte damour mais ne lexcluait pas. Jeux de masques Le voc du parfait amour entretient lquivoque, cf. N3. Il ne cache qu moiti lempressement des courtisans satisfaire leur dsir. Amour parfait est donc un mot plusieurs sens : - riche de multiples exigences morales et philosophiques
10 confondu avec le langage ordinaire de la galanterie simple intensif, propre seulement distinguer dune passagre fantaisie lamour qui sinscrit dans la dure. Cf. discours dAmadour : Ainsi lamour parfait , au lieu dtre montr comme le terme dune ascension promise aux vrais amants, se trouve-t-il renvoy au monde de limaginaire ; qd il chappe la condamnation qui vise lhypocrisie, il tombe sous une critique raliste, qui ny voit quombre vaine, cration desprits chimriques . Un idal sujet caution Dans certains dnouements, conversion de lamour vers un amour divin (cf. N 10). Floride atteint lamour divin aprs une srie de dsillusions (mariages malheureux, inconstance du prince, folie de son serviteur) : une rupture radicale avec le monde est essentielle. Dvotion totale, amiti parfaite = une illusion. A propos de M de N : Les couples quelle nous prsente sont rarement accords, et dans les plus unis, lhomme sent encore le besoin de se faire serviteur de quelque sage et vertueuse dame . La possibilit dun mariage heureux est voque condition que lhomme et la femme soient galement fidles. Chap. 3: Linspiration religieuse Les contes des fcheux cordeliers La prsence des moines et notamment des cordeliers sexplique historiquement et galement dun point de vue littraire. Ils inspiraient ddain et mfiance, on voyait en eux des vagabonds profiteurs. Cf. dans la tradition littraire Rutebeuf, Le Roman de la rose, Marot. Comment considrer la satire des moines dans lH ? Pas de refus radical : - M de N a elle-mme fond des couvents - Elle faisait parfois des retraites - Elle fait rappeler par la voix dOisille que tous les moines ne sont pas mauvais Tout ce quelle montre dans lH est comme lenvers de sa propre foi, lincarnation de ce quelle refuse face ce qui inspire et rgle sa dvotion . En fait elle se soucie peu quils soient paresseux, gourmands ou cupides ; elle dnonce leur hypocrisie. Les moines reprsents dans lH sont certes mchants, fous et malicieux dans leurs apptits, mais ils sont surtout dangereux par le masque quils portent, et les contes de cordeliers , quils soient comiques ou tragiques, visent semblablement les dmasquer . Les religieux ne sont donc pas pargns et on exige pour eux les plus svres chtiments. Lerreur envers ces moines et cordeliers est de se fier eux comme si on se fiait Dieu. Ils ne sont pas fidles leur foi. Le credo dOisille Promesse dun passage une rsurrection mystique de lhomme. Tout le groupe des mondains est familier avec la Bible, ils en citent mme des passages. M de N sattarde dailleurs plus sur ce contact direct avec le texte que sur les crmonies comme la messe. -
11 Une action bonne qui nest pas accomplie dans la plus parfaite humilit du cur est une uvre qui na pas plus de prix que les pratiques superstitieuses de ceux qui vont en plerinage ou rcitent des patentres . Perspective en guise de conclusion Il ne faut pas dduire que lH soit une uvre double, comme paraissent ltre, entre dvotion et passe-temps, les journes des devisant . Cest une uvre complexe. On sent en fait lintention morale sous chaque divertissement et la leon de chaque nouvelle est trs importante. M de N entend montrer dans ses nouvelles limage de lhomme, aux prises avec de furieux dsirs, ou dupe dune vaine gloire, persvrant dans le mal et incapable de bien, fauteur ou victime de dsordres que Dieu seul peut abolir . Do limportance du rle de Hircan et Simontault car en doutant de la vertu fminine, ils assument un double jeu : - thtral - permet dintroduire la dfiance des apparences Mouvement qui va de la rflexion comique au srieux, de lanecdote la philosophie et la thologie.