Dossier TARZAN
Dossier TARZAN
Dossier TARZAN
Synthèse
Dossier PHOTOGRAPHIQUE
Fiche TECHNIQUE
Fiche HISTOIRE
SYNTHESE
RESSOURCES PROJET
Les ressources sont importantes et permettent Via l’association « Les amis du Tarzan » un
de retracer l’histoire du bateau et de donner projet est en cours de création.
des informations sur son évolution - Restauration du bateau : souhait de le
morphologique. restaurer dans sa version « gangavier »,
- Archives administratives chantier pressenti en Tunisie.
- Archives privées - Création d’un partenariat franco-tunisien.
- Documents iconographiques - Faire du bateau un lieu culturel :
- Personnes ressources événements, animations
On note une faiblesse bibliographique - Support pour une collecte de mémoire
concernant des thèmes permettant une mise
en contexte : peu de monographies ou
ouvrages sur la pêche à l’éponge, les
goélettes italiennes, la pêche à Sète dans la
2ème moitié du 20ème siècle.
L’intérêt historique et ethnologique du Tarzan est certain et il appartient bien au
patrimoine sétois.
- Il est le bateau type employé par la communauté italienne pour la pêche à l’éponge
pratiquée en Tunisie jusqu’au milieu du 20ème siècle. De l’importante flotte de
gangaviers qui occupait le port de Sfax, il ne reste quasiment plus de représentants. Il
semble en être l’un des derniers et constitue à ce titre un témoignage de cette activité.
- Dans les années 1960-70, la pêche en mer à Sète connaît de profonds changements.
Sète devient le 1er port de pêche méditerranéen de France. L’arrivée des rapatriés, de
leurs techniques de pêche et surtout de leurs puissants bateaux y est pour beaucoup. Le
Tarzan, armé à la pêche de 1965 à 1977, a participé de ces bouleversements et de cette
modernisation de la pêche sétoise, jusqu’à l’avènement des chalutiers métalliques
encore plus grands et puissants dans les années 1980.
Ces sujets n’ont apparemment pas fait l’objet de recherche poussée. Peu ou pas d’ouvrages, de
monographies leur sont consacrés. A ce titre, le Tarzan offre un support intéressant pour des
collectes de mémoires. Des personnes ayant connu le bateau sont à même d’apporter des
témoignages sur ces différents thèmes et évènements.
IDENTIFICATION DU BATEAU
Type Immatriculation
Goëlette italienne ST310587
DESCRIPTION GENERALE
Longueur hors-tout (en m) Largeur au maître-bau (en m, hors
20,54 bordés)
4,90
Proue Poupe
Sortant à guibre, Beaupré de 3m « Popa ronda » = ronde
Pontage Bouge
oui faible
Banc Tonture
Un banc court sur l’arrière adossé au pavois relativement importante
(en arc de cercle)
Roof Cabine
3 roofs un « dog house »
Moteur
oui
DIMENSIONS
Longueur du plan (en m) Longueur du pont (en m)
accès impossible 18,70
MORPHOLOGIE
LA COQUE
Lest Nombre de couples
ciment 70 (estimation car l’accès y est difficile : 1
couple de 10cm de large tous les 20cm)
LE PONT
Largueur des virures de pont Matériaux du pont
contreplaqué plastifié
Remarques et modifications
- Pont et aménagements à l’époque de la pêche à l’éponge (d’après Rocco MORELLO) :
- un capot devant (carré d’environ 1,50m de côté). C’était la cale aux éponges.
- un capot dans la 2ème moitié du bateau. C’était le poste d’équipage. C’est là que
se trouvaient les couchettes : en général 7 pour les hommes d’équipage et les
autres pour les provisions.
- un capot, plus petit, tout à l’arrière, appelé « la cabine » ou « descente du
patron ».
- une sorte de mât tronqué (à environ 1m) sur la partie avant du bateau entre les 2
cales. On l’appelait la « tête de l’arabe » et tous les cordages y étaient rassemblés.
- La barre était une barre franche d’environ 1,70m et il y avait un banc à l’arrière
pour s’asseoir.
- En 1954-55, le bateau abandonne la pêche à l’éponge et est armé pour la pêche au
chalut. Des modifications sont apportées pour installer un moteur plus puissant et une
cabine est construite à l’arrière du 1er mât (dernier tiers du bateau).
- En 1978, le bateau passe en armement plaisance. La liquidation d’office de 1979
signalait un « bateau très usagé, accidenté à l’étrave ».
Au début des années 1980, son propriétaire, M. RICHARDIS, l’aménage avec l’aide
d’un charpentier (non marin) sur Port Vendre. La cabine, l’armement chalut et le pont
sont démontés. Ils installent les actuels pont, roofs, cabine et barre hydraulique.
L’intérieur est aménagé pour la plaisance.
- Suspicion de modification de la coque sur l’arrière (sorte de cassure dans la ligne).
Pas de trace ni de date.
- L’importance de l’aménagement intérieur gêne l’accès et la visibilité de certains
éléments.
EQUIPEMENTS DE NAVIGATION
Type de barre Safran
Roue hydraulique Oui
Remarques et modifications
- L’écubier (ouverture pour le passage de la chaîne d’ancre) était à l’origine dans le
pavois à bâbord. De forme arrondie, il en reste la trace mais il est bouché. Un nouvel
écubier a été aménagé dans la coque juste en dessous de son emplacement d’origine.
Pas de date.
- A l’origine la barre était franche. L’actuelle barre hydraulique a été installée lors de
l’aménagement de la cabine en 1981-82.
GREEMENT
GREEMENT PRINCIPAL
Mât Type de gréement
Mât d’Artimon (le plus en arrière) Aurique
Collier Poulies
Oui Cap-de-mouton en hêtre et bois exotique
Remarques et modifications
A l’origine le gréement principal était un gréement mystic.
Les deux mâts actuels ont été installés en 1965 par Rocco MORELLO qui est allé les
chercher à EDF.
2ND GREEMENT
Collier Poulies
Oui Cap-de-mouton en hêtre et bois exotique
Remarques et modifications
Autre gréement
AUTRES PROPULSIONS
Rames Année de motorisation du bateau
Non Sûrement un petit moteur dès la construction
Remarques et modifications
- Le bateau a sûrement été motorisé dès sa construction en 1950. Pas de traces
d’archives mais d’après les témoignages il possédait un petit moteur de moins de
100CV lorsqu’il pêchait l’éponge : un DB6 de 90CV ou un moteur de 36CV.
- Lorsqu’il est transformé en chalutier en 1955 à Sfax il est équipé d’un moteur plus
puissant, un Burmeister de 180CV.
- En 1965 quand il reprend la pêche sur Sète il est équipé d’un groupe de moteurs
marins jumelés, type DNK 6 MR I/3, réglage 320 CV, n° 670 573 _ 670 574.
- L’actuel moteur a été installé par les propriétaires Messieurs CALLI et LEBOFFE a
priori en 1980.
ORNEMENTATION
Couleur de la coque Couleur du pavois
Blanc blanc
Construction
Le Tarzan a été construit à Sfax (Tunisie) en 1950 au chantier Pierre MANNO, un chantier
sicilien. D’après différents témoignages le charpentier pourrait être un certain ANSELMI. Ce
quartier de construction navale est appelé Madagascar.
En ce qui concerne la typologie du Tarzan, il s’inspire fortement des goélettes italiennes
construites notamment dans la région de la Torre del Greco (sud de l’Italie, région de
Naples) : étrave à guibre, poupe ronde, lignes générales. Il ressemble beaucoup à certains
bateaux comme par exemple l’Aurore construite en Italie en 1946. Il serait une copie de la
Furieuse mais en plus grand.
Il est construit en bois (chêne), possède deux mâts et ses dimensions d’origine sont les
suivantes :
- longueur : 19,90m
- largeur : 5,10m
- hauteur : 1,80m
- Contenance : 26,20tx
Il est équipé dès le départ d’un petit moteur (un 35CV ou un DB6 de 90CV selon les
témoignages) mais sa principale propulsion est à l’origine la voile : gréement mistique. Le
principal vendeur et fournisseur de moteurs de l’époque à Sfax était ROCOPOLOS, c’est
sûrement lui qui a équipé le bateau de sa motorisation.
Ce sont les frères MARINELLO, Joseph et Vincent, famille d’origine sicilienne, qui ont fait
construire le Tarzan pour agrandir leur flotte de chalutiers et gangaviers basée Sfax.
Il a été conçu pour pêcher l’éponge et est donc appelé gangavier (en français), saccaleva ou
saccolève (en italien), carcare (en arabe) du fait de son armement à la gangave, instrument
employé pour pêcher les éponges dans cette région.
Il est mis à l’eau le 18 mars 1950.
Mise en contexte
Dans les années 1950 le port de Sfax présentait différents types de bateaux de pêche, miroir
des différentes communautés qui pratiquaient cette activité : maltais, grecs, italiens, arabes.
Chaque communauté avait son type de bateau inspiré du pays d’origine du groupe mais
également fonction de la technique de pêche pratiquée. Les grecs par exemple pêchaient
l’éponge au scaphandrier alors que les siciliens pêchaient l’éponge uniquement à la gangave.
D’après les témoignages le port de Sfax comptait au moins 15 bateaux du type du Tarzan
avant 1956.
Le Tarzan est a priori un des derniers représentants de cette flotte de bateaux italiens de
Tunisie construits pour la pêche à l’éponge.
La pêche en Tunisie
1950-1955
Le Tarzan est armé à la gangave et va pêcher l’éponge dans le Golfe de Gabès. Immatriculé
SF1222, il est armé par ses propriétaires, les frères MARINELLO (49% pour Joseph et 51%
pour Vincent) mais pas commandé par ceux-ci.
Le 1er juillet 1954, le Royaume de Tunisie leur accorde un « Congé » pour que le bateau
circule librement.
On sait qu’en 1954-55 le patron du bateau est M.AURESLE et que à titre d’exemple sont
débarqués de son bord 280kg d’éponges le 28 juillet 1954 à Maharès (32km au sud de Sfax).
Mise en contexte
La pêche à l’éponge est une activité qui semble importante à Sfax au moins depuis le milieu
du 19ème siècle. La pêche se faisait au large de la Tunisie et de la Lybie dans le golfe de Gabès
: Djerba, Querkina, Sersis, Ampedouza…
Les campagnes de pêche duraient de 2 à 3 mois à la voile ou d’1 à 2 mois lorsque le moteur
est arrivé.
[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Rocco MORELLO et l’interview de Joseph
RUVIO pour la description de cette pêche]
1955-1957
Le Tarzan navigue sous pavillon tunisien : les documents sont enregistrés le 28 juin 1955 et
l’Acte de nationalité signé le 7 juillet 1955 à Sfax.
Le bateau, toujours armé par les frères MARINELLO, est transformé en chalutier car cela
rapporte plus que l’éponge : son tonnage passe à 40,57tx et il est équipé d’un moteur plus
puissant (180CV).
Les rôles d’équipage montrent des campagnes s’étalant du 28 juin 1955 à avril 1957. Les
équipages sont mixtes : français, italiens, tunisiens. En 1956 et 1957, le patron du bateau est
Antonio FORTINO, dit Toto le Géant (1,55m).
La fuite, 1956-1957
En 1956, suite à la proclamation de l’Indépendance du 20 mars, les biens des européens sont
nationalisés. Les bateaux des MARINELLO ne leur appartiennent plus. Un tunisien est
nommé à bord de chaque bateau pour le commander. Il semble qu’il y ait également eu des
grèves qui bloquaient les bateaux à quai. La situation n’est pas très bien acceptée par la
communauté de pêcheurs et propriétaires siciliens.
D’après Vincent FORTINO, en avril 1956 le Tarzan (ou un autre des bateaux de la flotte des
MARINELLO) aurait conduit Habib BOURGUIBA sur l’île de Kerkéna alors qu’il faisait le
tour du pays pour fêter la victoire. (Voir photographie en annexe)
Les hommes FORTINO (Antonio et Giro) et MARINELLO (Joseph et Vincent) se décident à
quitter le pays en secret avec leurs bateaux. Ils embarquent le soir de l’Aïd en juillet 1957. La
flotte de 5 bateaux (la Furieuse, le Tarzan, l’Aurore, le Dany, la Mamma Bianca) quitte la
Tunisie avec à bord une trentaine de personnes : la famille MARINELLO, la famille
FORTINO, Nuncio RUVIO, quelques matelots. Le périple dure plusieurs jours avec des arrêts
en Corse et en Provence.
Ils arrivent à Sète le 25 juillet 1957.
[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Vincent FORTINO pour le détail du
départ et du périple de ces 5 bateaux]
Mise en contexte
Indépendance de la Tunisie, immigration sur Sète.
En Tunisie le début des années 1950 est marqué par de nombreuses attaques contre le système
colonial. La situation est alors assez difficile dans le pays et la tension monte. Sfax semble
être un foyer important dans la lutte pour l’indépendance. A titre d’exemple deux militants de
la lutte nationale y sont assassinés en 1952 et 1953 par la « Main rouge » organisation
terroriste coloniale. Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France signe l’autonomie interne de la
Tunisie. Une convention franco-tunisienne est signée le 3 juin 1955. Elle est approuvée par le
Néo-Destour (parti créé par Habib Bourguiba en 1934) le 15 novembre à Sfax.
Le 20 mars 1956 la France reconnaît solennellement l’Indépendance de la Tunisie. Le 25
juillet la Monarchie est abolie dans le pays et la République proclamée. Habib Bourguiba en
devient le président. Cette année là la Tunisie effectue de nombreuses nationalisations.
La République est proclamée le 25 juillet 1957.
Mise en contexte
La pêche à Sète dans les années 1950 :
- La communauté de pêcheurs au chalut de Sète était majoritairement d’origine
italienne. Issue des mouvements d’immigration initiés dès 1880, elle provenait de la
région de Naples, Cetara, Gaete.
- La pêche à Sète n’est pas caractérisée par sa modernité («archaïsme des méthodes ») et
son tonnage annuel est relativement modeste (750tonnes).
Ces nouveaux arrivants, « étrangers » aux bateaux puissants et aux pratiques différentes, sont
donc accueillis avec méfiance.
Ils font partie des premiers rapatriés politiques de la décolonisation que Sète découvre.
La pêche à Sète
Mise en contexte
Dans la décennie 1960-1970, la pêche à Sète va connaître plusieurs bouleversements qui vont
profondément modifier ce secteur économique et le moderniser :
- mutation des techniques de pêche
La pêche au lamparo est autorisée le 25 juin 1960.
- arrivée de nombreux rapatriés, notamment d’Algérie après 1962,
Equipés de bateaux performants, les Pieds-Noirs créent une concurrence qui oblige la
flottille sétoise à se moderniser.
Des chalutiers plus grands, plus puissants sont construits, la « production » de poissons de
fond augmente.
- la réglementation des activités se précise
Sète devient le 1er port de pêche de la Méditerranée.
Exemple de modernisation : une nouvelle criée électronique ultra moderne est construite en
1966.
La plaisance
En 1978, le Tarzan est racheté par Jean-Louis RICHARDIS et Jean SEGUI. Les nouveaux
propriétaires changent le genre de navigation du bateau et l’arment à la plaisance. Il est alors
très usagé, accidenté à l’étrave et ne possède plus de moteur.
1982, le Tarzan est rattaché au port de Port-la-Nouvelle.
Les propriétaires font de très nombreux travaux sur le bateau et l’aménage pour la plaisance.
En 1987 M.RICHARDIS confie la garde, l’utilisation et l’entretien du bateau à l’association
pour la Sauvegarde des vieux gréements (bail d’un an) basée à Port-la-Nouvelle et dont le
président est Bruno REGIS.
Mise en contexte
Le passage du Tarzan part l’association s’inscrit dans un mouvement de prise de conscience et
de prise en compte du patrimoine maritime qui se développe en Méditerranée dans les années
1980.
Aujourd’hui