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Deportation Et Literature

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NUMRO 32 - Spcial Concours National de la Rsistance et de la Dportation 2001-2002 - Dcembre 2001

La Fondation pour la Mmoire de la Dportation, la Fondation de la Rsistance et la Fondation Charles de Gaulle prsentent leur dossier pdagogique prparatoire au Concours National de la Rsistance et de la Dportation

DEPORTATION ET PRODUCTION LITTERAIRE ET ARTISTIQUE

Serge Cogan

Prface
a rflexion sur le pass participe la formation de lhomme et de la conscience du citoyen. Elle prserve de la superficialit, source de toutes les drives, en donnant au jugement le recul et la profondeur ncessaires. Un systme violent, criminel et raciste, le nazisme, a pu se dvelopper parce que des hommes ont rompu brutalement la chane de lhistoire. De lavenir, leur vision se rduisait ladoption de solutions immdiates et expditives pour remdier aux problmes du prsent tel quils lapprhendaient, et sur lesquelles ils comptaient btir pour lternit. Funeste et affligeante rupture, degr zro de la pense humaine dont des millions

dtre humains, allaient tre victimes ! Il fallait que le sort tragique et les souffrances de ces victimes fussent ports la connaissance dautres hommes. Ce fut et cela reste la mission sacre de lhritage littraire et artistique issu du drame de la dportation et des gnocides Juif et Tzigane. Preuve quune esprance existait au cur de la plus extrme dsolation, il affirme la prminence de lesprit. uvre dart, dfiant le temps, il est ngation de la mort. En facilitant la connaissance de ce patrimoine nous avons souhait participer sa transmission tout autant qu la formation dune conscience adulte chez

toutes celles et tous ceux qui refusent dtre superficiels. Nos vux et nos encouragements les accompagnent dans leur dmarche.

SOMMAIRE
Mmoire Vivante N 32 Dcembre 2001
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Problmatique
a ralit concentrationnaire, encore mal connue, est aborde souvent, dans notre systme ducatif, en marge de lhistoire du second conflit mondial et de ce fait demeure mal connue. Son tude trouverait pourtant naturellement place dans les programmes de philosophie, littrature, sciences humaines, instruction civique, art, en ce quelle touche luniverselle question du respect de la dignit de la personne humaine. Aborder ce thme sous langle de la production littraire et artistique constitue une approche indite et pluridisciplinaire du phnomne concentrationnaire. Indite parce que rares et slectives sont les tudes de fond traitant de cette question pluridisciplinaire parce que touchant tous les domaines o sexerce lactivit artistique cratrice de lhomme : littrature, posie, dessin, peinture, musique, sculpture, cinma, thtre, chorgraphie, etc. Il ne sagit pas dpuiser le sujet, mais de chercher lever une partie du voile, en rvlant ce que lexpression artistique explicite de lunivers concentrationnaire, dans ce quil et de plus sombre ou de plus hroque. Nous distinguerons dans ce qui suit, parmi les uvres dart qui se proposent de rendre compte de la ralit concentrationnaire, celles exceptionnelles qui furent cres dans les camps ; celles qui suivirent la priode des camps ; celles enfin dartistes contemporains non dports. Le champ dinvestigation est vaste, ce qui facilite les choix et lorientation finalement retenue. Le dossier qui suit na pas et ne peut avoir pour vocation dvoquer lintgralit du thme ; il fournit des pistes et donne quelques cls qui devraient faciliter le travail de recherche et de rflexion des enseignants et des candidats. I

Problmatique Rappel du contexte historique

3 4

MARIE-JOS CHOMBART DE LAUWE Prsidente de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation YVES GUENA Prsident de la Fondation Charles de Gaulle JEAN MATTOLI Prsident de la Fondation de la Rsistance

Premire partie LA CRATION PENDANT LA PRIODE CONCENTRATIONNAIRE Gnralits Les dessins Ecrits et pomes Les objets Cas particuliers : Terezin dessins et pomes denfants Musique En marge des camps
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10 12 15 19 20 22 24

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Concours National 2001/2002 de la Rsistance et de la Dportation


THEME CONNAISSANCE DE LA DPORTATION ET PRODUCTION LITTRAIRE ET ARTISTIQUE Recherchez et analysez des
tmoignages et des documents de diffrente nature vous permettant dapprofondir vos connaissances sur lhistoire de la dportation et de la rsistance dans les camps de concentration Nazis .

PARTICIPATION
Le concours et ouvert aux lves des tablissements publics ou privs sous contrat, aux lves des tablissements denseignement agricole, ceux des tablissements relevant du ministre de la Dfense et des tablissements franais ltranger. (Voir B.O Education Nationale N31 du 30 avril 2001).

Deuxieme partie CRATION ET PRODUCTION DE LA PRIODE POST CONCENTRATIONNAIRE


UVRES DES DPORTS RESCAPS

Catgories de participants
1re Catgorie Classes de tous les Lyces (voie gnrale, technologique, professionnelle ) 2e Catgorie Classes de tous les Lyces (voie gnrale, technologique, professionnelle ) 3e Catgorie Classes de 3e des Collges 4e Catgorie Classes de 3e des Collges

Types dpreuves, dures et dates


Vendredi 8 mars 2002 Devoir individuel de 3h30, en classe, sous surveillance sans document Travail collectif portant sur le thme. (Aucun travail individuel nest admise) Date de remise : 22 mars 2002. Devoir individuel de 2h30, en classe, sous surveillance sans document. Vendredi 8 mars 2002 Travail Collectif portant sur le thme. (Aucun travail individuel nest admis) Date de remise : 22 mars 2002

Observations
Sujet dfini par un jury dpartemental. Travaux transmis aux directeurs des services dpartementaux de lEducation Nationale pour le 22 mars 2002 Envoi aux directeurs des services dpartementaux de lEducation Nationale. (Date limite 22 mars 2002) Les Lyces franais de ltranger peuvent envoyer directement au Ministre de lEducation Nationale Sujet dfini par un jury dpartemental. Travaux transmis aux directeurs des services dpartementaux de lEducation Nationale pour le 22 mars 2002 Envoi aux directeurs des services dpartementaux de lEducation Nationale (Date limite 22 mars 2002). Les Lyces franais de ltranger peuvent envoyer directement au Ministre de lEducation Nationale

Introduction Immdiates (1945-1948) Ultrieures tmoignages littraires posie peintures


UVRES DE NON DPORTS

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25 26 28 30 31 32 34 35 36 39 41 43 44 45

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Concours de la meilleure photographie dun lieu de mmoire


A lissue du concours National de la Rsistance et de la Dportation 2001-2002, les trois Fondations organisent un concours de la meilleure photographie dun lieu de mmoire sur la Rsistance ou la Dportation. Photos envoyer avant le 14 juillet 2002 :

uvres littraires Thtre Photographie Cinma Musographie Art monumental Peinture Sculpture Musique, chorgraphie

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Concours de la meilleure photo dun lieu de Mmoire Fondation de la Rsistance 30, boulevard des Invalides 75 007 Paris
Rglement consulter pralablement sur sites Internet suivants

Orientations bibliographiques, filmographiques et musicographiques....................................................................................................................... 47 Annexe gnrale ...................................................................................................................................... 50

Je vous en supplie Faites quelques chose Apprenez un pas, une danse Quelque chose qui vous justifie Qui vous donne le droit Dtre habills de votre peau, de votre poil Apprenez marcher et rire Parce que ce serait trop bte la fin Que tant soient morts Et que vous viviez Sans rien faire de votre vie
(Charlotte Delbo)

www.fondationresistance.com, www.fmd.assoc.fr ou www.charles-de-gaulle.org


Concours National de la Rsistance et de la Dportation 3

Rappel historique

RAPPEL DU CONTEXTE HISTORIQUE


n enchanement dvnements complexes depuis laccession dHitler au pouvoir en Allemagne (1933) jusqu lembrasement de lEurope et du monde, a conduit notre pays dun dsastre militaire sans prcdent, sanctionn par un armistice humiliant, au sursaut salutaire qui lui permettra finalement de poursuivre le combat, de participer lcrasement du nazisme et de mettre un terme, en France, au rgime de Vichy. Il reste que la dfaite et larmistice ont t suivis par loccupation et la collaboration, avec leur interminable cortge darbitraire, dinjustice, dantismitisme, de racisme, de massacres et de tortures entranant leur suite deux phnomnes lis bien des gards : celui du refus dabord, concrtis par lappel du gnral de Gaulle et la naissance dune Rsistance nationale deux volets, extrieur et intrieur ; celui du drame de la Dportation, dont le monde na ralis lampleur et lhorreur qu la libration des camps et dont furent victimes, souvent avec la complicit de ltat franais de nombreux Franais et trangers immigrs ou rfugis en France.

6 JUIN : dbarquement alli en Normandie. 20 JUILLET : attentat contre Hitler par des officiers allemands qui voulaient obtenir une paix spare avec les allis occidentaux. 16 DCEMBRE : contre offensive des Allemands dans les Ardennes.

1945
12 FVRIER : signature des accords de Yalta. 19 AVRIL : entre des sovitiques Berlin. 25 AVRIL : jonction Torgau sur lElbe des troupes amricaines et sovitiques. 27-28 AVRIL : excution de Mussolini. 30 AVRIL : suicide dHitler. 2 MAI : capitulation des armes allemandes dItalie. 8 MAI : capitulation de lAllemagne nazie. AOT : bombes atomiques sur Hiroshima (le 6) et Nagasaki (le 9). 2 SEPTEMBRE : capitulation dfinitive du Japon.

- en zone sud : Combat, Libration sud, FrancTireur, Forces Unies de la Jeunesse, Tmoignage Chrtien, Librer Fdrer. Les rseaux se dveloppent en se spcialisant : renseignement (CND Castille, Alliance), vasions (Ligne Comte), action (SOE et France Libre). Les sabotages et les attentats se multiplient. FVRIER : cration en zone sud des GroupesFrancs par Jacques Renouvin. MAI : grande grve dans les Houillres du Nord et du Pas-de-Calais. 15 MAI : cration du Front National par le Parti communiste. 22 JUIN : lHumanit clandestine appelle la lutte contre loccupant et les collaborateurs. 21 AOT : le responsable communiste Pierre Georges (futur Colonel Fabien) abat un aspirant allemand Paris 24 DCEMBRE : le gnral de Gaulle nomme Jean Moulin dlgu en zone sud.

11 NOVEMBRE : Investissement temporaire dOyonnax par les maquisards. 29 DCEMBRE : accord FTPF-AS (Francs Tireurs Partisans Franais et Arme Secrte) qui prfigure la formation des Forces Franaises de lIntrieur.

1944
5 JANVIER : les MUR (Mouvements Unis de la Rsistance) intgrent une partie des mouvements de zone nord et deviennent Mouvement de Libration nationale (MLN). FVRIER : cration des Forces Franaises de lIntrieur par la fusion des formations militaires des mouvements de Rsistance et de lOrganisation de Rsistance de lArme avec les maquis et les groupes francs. Les FFI sont places sous le commandement du gnral Koenig. 15 MARS : Publication du programme du CNR. 4 AVRIL : Franois Billoux et Ferdinand Grenier mandats par le PCF entrent au Comit Franais de Libration Nationale (CFLN). 3 JUIN : le CFLN prend le titre de Gouvernement provisoire de la Rpublique franaise (GPRF). 6 JUIN : la Rsistance excute les plans de sabotage prvus par les Allis, retardant larrive des renforts allemands sur le front de Normandie. La gurilla se dveloppe sur tout le territoire. 9 AOT : ordonnance promulgue Alger rtablissant la lgalit rpublicaine en Mtropole. 19-25 AOT : libration de Paris par les FFI et la 2e DB (Division Blinde) du gnral Leclerc. 15 SEPTEMBRE : cration des cours spciales de Justice charges de la rpression des faits de collaboration. 23 SEPTEMBRE : publication de dcrets incorporant les FFI dans lArme. 26 DCEMBRE : ordonnance sur la dgradation nationale.

1942
les tats-Unis prend le pouvoir en Afrique du nord. 24 DCEMBRE : le gnral Giraud prend le pouvoir en Afrique du nord aprs lassassinat de Darlan. 15 DCEMBRE : fin de la contre offensive sovitique, encerclement de Stalingrad par les Russes.

Rsistance intrieure
chronologie sommaire
1940
T : Les premires attitudes de refus de la dfaite sont le fait dinitiatives individuelles : - Jean Moulin, Prfet dEure-et-Loir, tente de se suicider, Chartres (17 juin), plutt que de signer un texte dshonorant pour larme franaise, - graffitis hostiles loccupant, tracts (Edmond Michelet Brives), - aide aux soldats anglais ou franais par des filires dvasion en formation, - rcupration darmes, de munitions et de vhicules abandonns par les troupes en droute, - premiers sabotages qui sont autant de dmonstrations dhostilit loccupant, - constitution de noyaux dopposition loccupant et Vichy (comme le rseau dit du Muse de lHomme). 10 JUILLET : 80 parlementaires sopposent au vote des pleins pouvoirs Philippe Ptain. Appel du Parti communiste franais, dit du 10 juillet. AOT : cration des premiers rseaux de renseignement rattachs la France Libre (rseau Saint Jacques) et aux Britanniques ou prise de contact avec des groupes constitus (rseau polonais F2). 11 NOVEMBRE : premire manifestation publique dopposition contre loccupant : des tudiants et lycens manifestent lArc de Triomphe de Paris.

Le conflit mondial
chronologie sommaire
1940
10 MAI : offensive allemande en Belgique, Pays-Bas, Luxembourg puis en France. 13 MAI : rupture du Front franais Sedan. Mai-juin : exode de la population franaise fuyant devant lavance allemande. 10 JUIN : lItalie dclare la guerre la France et la Grande Bretagne. 22 JUIN : signature de larmistice Rethondes. La France est dmembre. 7 OCTOBRE : entre des troupes allemandes en Roumanie.

1943
JANVIER : lArme Rouge met fin au sige de Leningrad. 14-24 JANVIER : confrence interallie de Casablanca. 31 JANVIER : capitulation de larme allemande Stalingrad. AVRIL : dbut de la retraite allemande en Tunisie. 12 MAI : la campagne de Tunisie prend fin avec la reddition des forces de lAxe commandes par Von Arnim en Tunisie (250 000 prisonniers). 10 JUILLET : dbarquement anglo-amricain en Sicile. 3 SEPTEMBRE : dbarquement alli en Italie. 8 SEPTEMBRE : aprs le renversement de Mussolini, le gnral Badoglio, devenu chef du gouvernement italien, signe larmistice avec les Allis et dclare la guerre lAllemagne. 12 SEPTEMBRE : Mussolini dlivr par les Allemands, cre Salo (lac de Garde) une Rpublique socialiste italienne pour continuer le combat contre les Allis.

JANVIER : Jean Moulin parachut en France, zone sud. MARS : naissance des FTPF (Francs tireurs et partisans franais). AVRIL : Voyage Londres de Christian Pineau qui ramne le premier message politique du gnral de Gaulle la Rsistance intrieure. 1ER MAI ET 14 JUILLET : lappel de la Rsistance et de la France libre, de nombreuses manifestations ont lieu dans les grandes villes. 30 OCTOBRE : le gnral Delestraint devient chef de lArme Secrte. NOVEMBRE : Invasion de la zone sud et dissolution de larme darmistice (le 11). Une partie des cadres cre lORA (organisation de la rsistance de larme) (le 29).

28 JUIN : le gnral de Gaulle devient chef des Forces Franaises Libres constitues de volontaires vads de mtropole. 1ER JUILLET : cration des Forces navales et ariennes Franaises Libres (FNFL et FAFL) par le gnral de Gaulle. 13 JUILLET : premire mission de la BBC, les Franais parlent aux Franais . AOT : le Tchad, grce Flix Ebou, rallie la France Libre, suivi de Fort Lamy, Douala et Brazzaville. 7 AOT : accord gouvernement britanniquede Gaulle consacrant la reconnaissance de la France Libre. SEPTEMBRE : ralliement du Cameroun, de Tahiti, des tablissements de lInde et de la Nouvelle Caldonie. 24 SEPTEMBRE : chec anglo-gaulliste devant Dakar. 25 SEPTEMBRE : ralliement dune partie de lAEF la France Libre. 27 OCTOBRE : Brazzaville de Gaulle cre le Conseil de dfense de lEmpire. 12 NOVEMBRE : prise du Gabon et ralliement de toute lAEF la France Libre. 16 NOVEMBRE : cration de lordre de la Libration.

1941
11 JANVIER : raid du gnral Leclerc sur Mourzouk en Libye. 23 FVRIER : prise de Cub-Cub en Ethiopie par un bataillon du Tchad. 1 ER MARS : prise de Koufra o le gnral Leclerc prte serment de ne dposer les armes qu la libration de Strasbourg. 26 MARS : victoire de Keren en Erythre par les FFL combattant avec les Anglais. JUIN-JUILLET : FFL et Anglais occupent la Syrie. 24 SEPTEMBRE : constitution Londres du Comit National de la France Libre, reconnu par lURSS (le 26). 8 OCTOBRE : La France Libre largit son service de renseignement (2 e bureau) en un Bureau Central de Renseigne-ments et dAction (BCRA) charg de missions de sabotage et de liaisons avec les mouvements de Rsistance.

1943
12 JANVIER : adhsion du parti communiste la France Combattante. 26 JANVIER : fusion des trois principaux mouvements de zone sud (Combat, Franc-Tireur, Libration) qui donnent naissance aux MUR (Mouvements Unis de la Rsistance). FIN FVRIER 1943, nombreux sont les rfractaires au STO. PRINTEMPS : La mission Brossolette-Passy aboutit la coordination des grands mouvements de lex-zone Nord. Deuxime mission de Jean Moulin. Il revient en France comme reprsentant du gnral de Gaulle, charg de crer et de prsider le Conseil National de la Rsistance-CNR- (15 mai). 27 MAI : premire runion du CNR sous la prsidence de Jean Moulin. JUIN : arrestation du gnral Delestraint (le 8 Paris) et de Jean Moulin et de ses compagnons (le 21 Caluire). 14 JUILLET ET 11 NOVEMBRE : manifestations de masse et grves dans les grandes villes. 30 AOT : Georges Bidault devient prsident du CNR. AUTOMNE : la Dlgation Gnrale et le CNR commencent prparer clandestinement la mise en place de ladministration de la France libre.

1945
10 FVRIER : la premire arme franaise (qui sest renforce de volontaires F.F.I.) et des troupes amricaines achvent de librer lAlsace.

1941
MARS : entre des Allemands en Bulgarie. AVRIL : invasion de la Grce et de la Yougoslavie. 22 JUIN : attaque allemande contre lURSS (plan Barbarossa). AOT : dfaites successives de lArme Rouge. SEPTEMBRE : dbut du sige de Lningrad. OCTOBRE-NOVEMBRE : offensive allemande contre Moscou. DCEMBRE : contre-offensive sovitique. chec de la Wehrmacht devant Moscou. 7 DCEMBRE : Pearl Harbour. Entre en guerre des tats-Unis (le 8).

1942
1ER MARS : Le gnral Leclerc dtruit les postes italiens du Fezzan. 27 FVRIER : opration militaire de Bruneval, organise entre la France Libre et la Rsistance intrieure. Destruction dun important poste radar allemand. 11 JUIN : aprs 14 jours de combats sur ses positions, la 1e Brigade Franaise Libre rompt lencerclement Bir Hakeim et rejoint les forces allies. 14 JUILLET : la France Libre prend le nom de France Combattante incluant la Rsistance Intrieure. 19 AOT : les FNFL et les FAFL participent un raid alli sur Dieppe. 23 OCTOBRE-3 NOVEMBRE : combats dElAlamein (Egypte) et victoire sur Rommel. Plusieurs units franaises Libres (1e BFL, 2e BFL) participent la bataille.
Concours National de la Rsistance et de la Dportation 5

Rsistance extrieure
chronologie sommaire
1940 17 JUIN : le gnral de Gaulle gagne lAngleterre. 18 JUIN : vingt heures, sur les ondes de la B.B.C., appel du gnral de Gaulle poursuivre le combat et rsister. 22 JUIN : cration des premiers comits franais libres ltranger pour soutenir le gnral de Gaulle. 19-26 JUIN : ralliement des hommes de lle de Sein au gnral de Gaulle.

1942
NOVEMBRE : les Allemands sont bloqus Stalingrad. En Libye droute de lAfrika Korps qui se replie en Tunisie. 8 NOVEMBRE : dbarquement anglo-amricain en Afrique du nord. 11 NOVEMBRE : lamiral Darlan reconnu par

1944
11 JANVIER : Mussolini fait fusiller son gendre le Conte Ciano qui avait vot pour larrt des combats. FVRIER-MARS : bataille de Monte Cassino loccasion de laquelle la Corps expditionnaire franais se distingue. 2 JUIN : prise de Rome par les Allis, aprs la victoire de Monte Cassino.

1941
Dveloppement des mouvements souvent autour dun journal clandestin : - en zone nord: Organisation Civile et Militaire, Ceux de la Rsistance, Dfense de la France, Libration nord, Ceux de la Libration,

4 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Rappel historique
11 NOVEMBRE : cration du groupe NormandieNiemen en URSS. 16 DCEMBRE : le gnral Leclerc entreprend la conqute du Fezzan : objectif Tripoli. 27 MARS : dpart du 1er convoi de dports raciaux de France. 17 AVRIL : dmission de Darlan et retour de Laval au pouvoir. 7 JUIN : en zone occupe, tous les juifs de plus de six ans sont obligs de porter ltoile jaune . 22 JUIN : discours radiodiffus de Laval : je souhaite la victoire de lAllemagne . 4 JUILLET : le gouvernement de Vichy donne son accord la dportation de Juifs trangers des deux zones. 16-17 JUILLET : rafle du Vel dHiv Paris. 27-28 AOT : Rafles des Juifs en France dans la zone non occupe (environ 7 000 personnes). 30 AOT : le cardinal Salige proteste Toulouse contre la perscution des Juifs. 11 NOVEMBRE : occupation allemande de la zone sud de la France.
Principaux camps de concentration Camps de concentration et d'extermination Centres d'extermination Centres d'euthanasie Principaux camps d'internement
Hambourg Gdansk (Dantzig)

MER BALTIQUE

RIGA-JUNGFER

1943
13 JANVIER : le gnral Leclerc fait sa jonction avec la 8 e Arme de Montgomery en Libye. 24 JANVIER : entrevue de Gaulle - Giraud Anfa. 1ER FVRIER : cration de la 1e division Franaise Libre. 28 MARS : le gnral Leclerc engag aux cts de la 8e Arme de Montgomery dans la campagne de Tunisie libre Gabs. 30 MAI : le gnral de Gaulle sinstalle Alger. 3 JUIN : formation du Comit Franais de Libration Nationale (CFLN), prsid par les gnraux de Gaulle et Giraud. 1ER AOT : nouvelle rpartition des pouvoirs entre les gnraux de Gaulle et Giraud. 26 AOT : le CFLN est reconnu par les Allis (tats-Unis, Grande Bretagne et Commonwealth, URSS, Chine et tats dAmrique Latine). 13 SEPTEMBRE : dbarquement en Corse dun bataillon de choc des FFL. 17 SEPTEMBRE : cration de lAssemble consultative dAlger. 9 NOVEMBRE : le gnral de Gaulle seul prsident du CFLN. AUTOMNE : libration de la Corse (le 5 octobre). Envoi dun corps expditionnaire en Italie. Le CFLN commence envoyer en Mtropole des dlgus civils et militaires pour prparer la libration et la nouvelle administration du territoire avec la Rsistance intrieure.

Vichy et loccupation allemande


chronologie sommaire
1940
16 JUIN : dmission de Paul Reynaud. Formation Bordeaux du gouvernement Ptain. 17 JUIN : Ptain demande lArmistice (signature le 22). 10 JUILLET : le Parlement runi Vichy vote les pleins pouvoirs Ptain. Fin de la IIIe rpublique. Dbut de ltat franais. 22 JUILLET : une loi institue une commission charge de rviser toutes les naturalisations accordes depuis 1927. 15 000 citoyens dont 6 000 juifs perdent la nationalit franaise. 2 AOT : le colonel de Gaulle est condamn mort par contumace par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand. 20 SEPTEMBRE : le retour en zone occupe est interdit aux Juifs et aux trangers. 27 SEPTEMBRE : premire ordonnance allemande prescrivant en zone occupe le recensement des juifs. 3 OCTOBRE : premier statut des juifs dcrt par le rgime de Vichy en France. 24 OCTOBRE : entrevue de Montoire entre Hitler et Ptain, engageant la France dans la collaboration. NOVEMBRE : arrestation de communistes dans les deux zones. 13 DCEMBRE : arrestation de Laval sur ordre de Ptain.

STUTTHOF

RAVENSBRCK Kommandos dpendants des grands camps Szcecin TREBLINKA (Stettin) Autres camps NEUENGAMME PAPENBURG Brme SACHSENHAUSEN ESTERWEGEN BERGENVis Warta CHELMNO tule BELSEN MER DU NORD BERLIN Hanovre N AMSTERDAM Poznan VARSOVIE SOBIBOR VUGHT We Magdebourg BRANDENBURG se
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Coblence

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PRAGUE
Pilsen

Erfurt

GROSSROSEN

AUSCHWITZ RAWA-RUSKA
Cracovie

BIRKENAU MONOWITZ

KOBJERCYN

Sarrebrck
Rh in

Nuremberg

FLOSSENBURG

1943
30 JANVIER : cration de la Milice franaise par le gouvernement de Vichy. 16 FVRIER : instauration du Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne.

ROMAINVILLE
Nancy THILL SCHIRMECK NATZWEILLERSTRUTHOF

Strasbourg

GRAFENECK HARTHEIM MAUTHAUSEN


Augsbourg

DACHAU

Munich

Linz

VIENNE

Danube

BUDAPEST

1944
20 JANVIER : institution de cours martiales expditives contre les activits terroristes . 27 JANVIER : la Milice tend ses activits en Zone Nord. 26 MARS : avec laide des miliciens, les Allemands attaquent le maquis des Glires. 2 AVRIL : 86 otages massacrs Ascq (Nord). 26 AVRIL : Ptain Paris prononce une allocution contre tout soutien la Rsistance. JUIN-JUILLET : les grands maquis (Saint-Marcel, Mont-Mouchet, Vercors) sont anantis par les Allemands. 8 JUIN : la division das Reich se met en branle pour exterminer les bandes terroristes . Mobilisation gnrale de la Milice contre le maquis. 8-9 JUIN : la division das Reich pend 99 habitants de Tulle. 10 JUIN : massacre de 642 habitants dOradoursur-Glane par la division das Reich. 20 JUIN : assassinat de Jean Zay par les miliciens. 7 JUILLET : assassinat de Georges Mandel par la Milice. 19 JUILLET : attaque du Vercors par les troupes allemandes. 7 SEPTEMBRE : dpart de Ptain et de Laval pour lAllemagne. 10 SEPTEMBRE : la lgislation de Vichy est abolie.

PITHIVIERS

BERNE

Le systme concentrationnaire : camps et principaux Kommandos.

LA DPORTATION
e nazisme est par essence un rgime de terreur organise, entretenue et excute du haut en bas des structures de lEtat. Arrivs au pouvoir lissue dun processus parfaitement lgal, les Nazis ont aussitt investi tous les rouages de lEtat et exploit en dtail et leur profit ses arcanes juridiques. Lopposition est rapidement prive de suffrage, contrainte lexil ou emprisonne. Toute vellit de vie dmocratique est touffe, toute opposition qualifie de crime, tout dsaccord dhrsie. Travaille par une propagande intense qui investit tous les relais ducatifs et les moyens de communication sans pargner les lieux de culte, la socit allemande, encore traumatise par la dfaite de 1918 et les consquences de la crise conomique de 1929, adhre massivement aux projets pharaoniques du Fhrer et sa doctrine de la race suprieure . LAllemagne certes navait pas le monopole du racisme litiste mais elle fut le seul Etat lriger, par la volont dun homme et de son parti, en doctrine nationale de violence raciste. Tout se passe comme si des sicles de civilisation, dhumanisme et de progrs taient balays dun coup ; comme si des hommes, atteints dune brusque rgression mentale ou frappe de dmence collective, sombraient dans une espce divresse mystique grossire, se livrant une barbarie calcule et raffine, aux apparences scientifiques soigneusement entretenues, et dont les camps de concentration et dextermination furent lexpression la plus acheve. Ce document ne pouvant avoir pour objet de retracer lhistoire de la dportation(1), largement voque dans le document antrieur diffus pour le concours 1999-2000, se limite un tableau chronologique des vnements. Des donnes plus compltes peuvent tre trouves, si besoin, dans les documents cits en bibliographie la rubrique Histoire ainsi que sur les sites Internet du muse de la Rsistance et de la Dportation de Besanon, du muse de la Rsistance Nationale de Champigny, de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation et de la Fondation de la Rsistance(2).
1. un cdrom Mmoires de la Dportation a t ralis par la Fondation pour la Mmoire de la Dportation en 1998. Sa consultation est recommande. 2. Voir adresses en annexe gnrale p.50.

Camps de concentration et dextermination


chronologie sommaire
1933
Ouverture de camps provisoires dont Brgemoor. 20 JANVIER : Camp de Dachau. 27 FVRIER : Camp dOranienburg. 12 JUILLET : Camp de Sachsenhausen.

1944
Le corps expditionnaire franais du gnral Juin sillustre en Italie. 10 JANVIER : Alger, une ordonnance cre les commissaires de la Rpublique. 21 AVRIL : ordonnance du CFLN organisant en France les pouvoirs publics aprs la libration. 15 MAI : lAssemble Consultative invite le CFLN se transformer en gouvernement provisoire de la Rpublique. 2 JUIN : le CFLN devient gouvernement provisoire de la Rpublique franaise (GPRF), le gnral de Gaulle en devient le chef (le 3). 4 JUIN : entre des allis Rome. 17 JUIN : prise de lle dElbe par la 1re Arme franaise. Parachutage du bataillon Bourgoin Saint Marcel (Bretagne). 15 AOT : dbarquement de Provence (gnral de Lattre de Tassigny). 25 AOT : Le gnral Leclerc entre Paris insurg depuis le 19 aot. Reddition des troupes allemandes de Paris. 31 AOT : installation du gnral de Gaulle et du GPRF Paris. 23 NOVEMBRE : Le gnral Leclerc libre Strasbourg.

1941
MAI : arrestation Paris de juifs trangers. 2 JUIN : second statut des juifs publi Vichy. 12 AOT : Vichy interdit toute runion publique. Discours du Vent mauvais de Ptain. 14 AOT : Un serment de fidlit la personne du Chef de ltat est dsormais exig des hauts fonctionnaires, magistrats et militaires. 16 SEPTEMBRE : le marchal Keitel adresse un ordre : pour tout soldat allemand tu, 50 otages seront excuts. 30 SEPTEMBRE : Otto von Stlpnagel publie le code des otages . 12 OCTOBRE : la Lgion de Volontaires Franais prte serment Hitler. 21 OCTOBRE : excution de 50 otages dont 27 Chateaubriand en reprsailles de lattentat de Nantes. 7 DCEMBRE : le marchal Keitel signe le dcret Nuit et Brouillard instaurant une procdure secrte contre les rsistants des pays dEurope de lOuest pour les faire condamner et disparatre dans le Reich.

1937
16 AOT : Camp de Buchenwald.

1938
MAI : Camp de Flossenbrg. JUILLET : Camp de Mauthausen. DCEMBRE : Camp de Ravensbrck.

1939
AOT : Camp de Stutthof (1).

1940
4 MAI : Camp dAuschwitz. 4 JUIN : Camp de Neuengamme.

1945
26 AVRIL : Ptain rentre en France et est intern au Fort de Montrouge. 23 JUILLET-15 AOT : procs et condamnation par la Haute Cour de Philippe Ptain la peine de mort (commue en dtention perptuit par le gnral de Gaulle).
NB : tous les sigles utiliss dans cette chronologie sont prsents pages 9.

1941
6 AVRIL : Camps de Natzweiler-Struthof et Gross-Rosen. 21 JUILLET : Camp de Madanek. SEPTEMBRE : Premiers gazages Auschwitz. 8 DCEMBRE : Dbut des exterminations Chelmno. 29 DCEMBRE : Dcision dutilisation des dports pour des exprimentations mdicales.
Concours National de la Rsistance et de la Dportation 7

1945
4 MAI : la 2 DB sempare de Berchtesgaden.
e

1942
19 FVRIER : procs de Riom (il sera suspendu le 14 avril).

6 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Rappel historique
1942
30 JANVIER : Premire chambre gaz Birkenau. 17 MARS : Dbut des exterminations de masse Belzec. MAI : Dbut des exterminations de masse Sobibor. JUILLET : Dbut des exterminations de masse Birkenau 23 JUILLET : Dbut des exterminations de masse Treblinka. 30 OCTOBRE : Camp de Buna-Monowitz.

1939

chronologie sommaire
1923
Putsch manqu de Hitler Munich. II rdige Mein Kampf en prison.

Le nazisme

15 MARS : Annexion de la Tchcoslovaquie. AOT : Premire directive sur leuthanasie . 23 AOT : Pacte germano-sovitique. 1ER SEPTEMBRE : Invasion de la Pologne. 3 SEPTEMBRE : La France et lAngleterre entrent en guerre.

SIGLES
AGE Agrupacin de gurilleros espaoles. Groupement clandestin de gurilleros espagnols. AMGOT Allied Military Government for Occupied Territories. Ladministration militaire allie des territoires occups. AS Arme secrte. BIP Bureau (clandestin) dinformation
et de presse.

CFLN Comit franais de libration nationale. CFTC Confdration franaise des travailleurs chrtiens. CGT Confdration gnrale
du travail.

FAFL Forces ariennes franaises


libres.

MOI Main duvre Immigre. MUR Mouvements unis


de la Rsistance.

SAS Special Air Service.


Commando parachutiste.

FFC Forces franaises combattantes. FFI Forces franaises de lIntrieur. FFL Forces franaises libres. FN Le Front national de lutte
pour la libration et lindpendance de la France.

SFIO Section franaise


de lInternationale ouvrire (parti socialiste franais).

NAP Noyautage des administrations


publiques.

OCM Organisation civile et militaire. ONU Organisation des Nations Unies. ORA Organisation de rsistance
de larme.

SNCF Socit Nationale des Chemins


de Fer Franais.

CID Centre dinformation et


de documentation.

SOE Special Operations Executive


(Services des oprations spciales).

1940
Cration de ghettos dans toute la Pologne. MAI JUIN : Invasion du Danemark, de la Norvge, de la Belgique, du Luxembourg, de la Hollande et de la France. 1ER-20 AOT : attaque des ports anglais par la Luftwaffe. 15-09 SEPTEMBRE : Attaques ariennes sur Londres. 3 OCTOBRE : Premier statut des juifs en France dcrt par le rgime de Vichy. 7 OCTOBRE : Entre des troupes allemandes en Roumanie. 11 NOVEMBRE : Premire manifestation publique dopposition contre loccupant ( Paris, tudiants lArc de Triomphe). 29 DCEMBRE : Bombardement sur Londres par la Luftwaffe.

CND Confrrie Notre-Dame puis Confrrie Notre-Dame-Castille. CNR Conseil national


de la Rsistance.

FNFL Forces navales franaises libres. FTPF Franc-tireurs et partisans franais. FUJ Forces unies de la jeunesse. GPRF Gouvernement provisoire d
e la Rpublique franaise.

SECTION F Section britannique


daction en France.

OSS Office of Strategic Services


(services spciaux amricains).

1933
30 JANVIER : Hitler est nomm chancelier du Reich. 27 FVRIER : Incendie du Reichstag et arrestations massives dopposants allemands. 28 FVRIER : Dcret pour la protection du peuple et de ltat . 26 AVRIL : Cration de la Gestapo. 10 MAI : Autodaf des livres des auteurs condamns par les nazis.

1943
FVRIER : Camp de Bergen Belsen. 19 AVRIL 16 MAI : Rvolte et anantissement du ghetto de Varsovie. 2 AOT : Rvolte arme au camp de Treblinka. SEPTEMBRE : Camp de Dora (fut Kommando de Buchenwald doctobre 1943 au 1er novembre 1944). 14 OCTOBRE : Rvolte au camp de Sobibor.

BOA Bureau des oprations


ariennes.

CNCVR Confdration nationale des


combattants volontaires de la Rsistance.

PCF Parti communiste franais. POWN Polska Organizacja Walkio Niepodleglosc (Organisation polonaise de lutte pour lindpendance). RAF Royal Air Force (aviation militaire
britannique).

Section RF Section britannique de liaison avec le B.C.R.A. STO Service du travail obligatoire. TSF Tlgraphie ou tlphonie sans fil. UNE Union nationale Espagnole. URSS Union des Rpubliques
socialistes sovitiques.

BBC British Broadcasting


Corporation (radiodiffusion britannique).

COMAC Comit daction militaire. DB Division blinde. DF Dfense de la France. DI Division dinfanterie.

IS Intelligence Service
(service secret britannique).

BCRA Bureau central de renseignements et daction. CDL Comit dpartemental


de libration.

LVF Lgion des volontaires franais. MLN Mouvement de libration


nationale.

SAP Section des atterrissages et


parachutages.

1944
7 MAI : vacuation dAurigny. 24 JUILLET : vacuation de Madanek. 2 AOT : Gazage des tsiganes de Birkenau. 1ER SEPTEMBRE : vacuation du NatzweilerStruthof sur Dachau. 7 OCTOBRE : Rvolte du Sonderkommando de Birkenau. 26 NOVEMBRE : Himmler donne lordre deffacer les traces des centres dextermination.

1934
30 JUIN : Nuit des longs couteaux : les SS liminent les SA et prennent la direction du systme concentrationnaire.

1935
15 SEPTEMBRE : Lois raciales de Nuremberg : protection du sang et de lhonneur allemand .

GLOSSAIRE
Block Baraquement, divis en
plusieurs chambres (Stuben), o dormaient les dtenus entasss dans les chlits. La promiscuit extrme, labsence dhygine, la vermine partout prsente faisaient du block un terrain propice de nombreuses maladies (tuberculose, typhus). Sous lautorit du Blockltester et des Stubendienst souvent brutaux, dans la peur permanente dune intrusion SS, dans un espace minimal, toujours menac de vol, le dtenu ny trouvait jamais quun refuge prcaire.

1941
Premier accord entre les SS et les industries allemandes (IG Farben) pour disposer des dports comme main duvre. MARS : entre des Allemands en Bulgarie. AVRIL : Invasion de la Grce et de la Yougoslavie. 22 JUIN : Invasion de lURSS. OCTOBRE : Interdiction aux Juifs dmigrer hors des territoires contrls par le Reich. 7 DCEMBRE : Dcret Nacht und Nebel (NN) instaurant une procdure secrte contre les rsistants des pays dEurope de lOuest pour les faire condamner et disparatre dans le Reich (Keitel).

Kapo Dtenu charg par les SS de la direction dun Kommando de travail. Ctait souvent un dtenu de droit commun. Par extension, on appelle Kapo le dtenu charg dune mission de surveillance. Kommando Dtachement de prisonniers affects une tche. Le terme dsigne aussi le lieu de dtention dun camp de concentration regroupant des prisonniers travaillant lextrieur du camp. Krematorium (fours crmatoires)
Les fours crmatoires servaient brler les cadavres des dtenus morts dans les camps. Il ne sagit donc pas, sauf exception, dun procd de mise mort, mais dun moyen de faire disparatre les morts rapidement et sans laisser de traces. Ils taient pour ces raisons prfrs aux charniers, utiliss lorsque le nombre de morts dpassait les capacits des crmatoires. La chemine des crmatoires, do schappait la fume des dports assassins par les nazis, est devenue le symbole des camps de concentration.

1936
7 MARS : La Wehrmacht entre en Rhnanie dmilitarise.

1945
20 JANVIER : Devant lavance des Allis, les SS dcident de la destruction des preuves et llimination des tmoins; aucun dtenu ne doit tomber aux mains de lennemi. (Himmler)

1938
13 MARS : Annexion de lAutriche ( Anschluss ). AVRIL : chec de la Confrence dEvian pour laccueil des rfugis du Reich. 30 SEPTEMBRE : Accords de Munich. Annexion des Sudtes (Tchcoslovaquie). 9 NOVEMBRE : Nuit de cristal : incendie de 267 synagogues et destructions de nombreux magasins Juifs. Arrestation de 30 000 Juifs interns Buchenwald, Dachau, Sachsenhausen.

vacuation ou libration des camps :


25 JANVIER : Stutthof (Pologne). 27 JANVIER : Auschwitz-Birkenau-Monowitz. 11 AVRIL : Buchenwald et Dora. 15 AVRIL : Bergen-Belsen. 22 AVRIL : Oranienburg-Sachsenhausen. 23 AVRIL : Flossenbrg. 7 AVRIL 4 MAI : Neuengamme. 29 AVRIL : Dachau. 30 AVRIL : Ravensbrck. 5 MAI : Mauthausen. 8 MAI : Theresienstadt (Trzin).

Marches de la mort Devant lavance des troupes allies lEst et lOuest, les nazis dcident de vider les camps et de ramener les dports au cur de lAllemagne dans dautres camps. Aucun dtenu ne doit tomber vivant aux mains de lennemi (Himmler). Dinterminables colonnes sont ainsi lances sur les routes, dans un dsordre croissant, jalonnant leur marche de cadavres. Dautres dports sont entasss, sans nourriture, dans des trains qui errent de gare en gare. De trs nombreux dports sont morts au cours de ces marches ou de ces transports. Muselmann (musulman)
Expression employe par la SS et reprise par les concentrationnaires pour dsigner un dtenu victime de totale dnutrition et rsign mourir.

Politische Abteilung
section politique, possdant le fichier central de chaque camp, en liaison avec la Gestapo.

S.A. - Sturmabteilung
(section dassaut) groupement paramilitaire nazi ; ds sa cration la fin de lanne 1921, la S.A. fut le fer de lance de la violence politique.

Blockltester Dtenu dsign

Rasse (race) Notion dpourvue de signification lchelle humaine et ne reposant sur aucune donne scientifique. Vise faire croire lexistence de groupes humains diffrents caractriss par des critres physiques et mentaux de valeur diffrente, les hirarchiser de faon arbitraire pour conclure la supriorit dun de ces groupes, les autres constituant pour lui une menace permanente de destruction. Cest le pivot de lidologie et de la propagande nazies. Revier la fois lquivalent de linfirmerie et de lhpital. Les capacits daccueil taient infrieures aux besoins des camps surpeupls. Les mdicaments y faisaient dfaut et le personnel de linfirmerie tait souvent compos de dtenus sans comptence mdicale. Les soins taient donc trs rudimentaires, alors que les maladies et les blessures des dtenus puiss taient graves et nombreuses. Dans certains camps, les mdecins SS, assists des kapos de linfirmerie dcidaient de llimination des malades inaptes au travail (par injection de phnol dans le cur, par empoisonnement, par chambre gaz). Les dtenus malades vitaient alors tout prix daller au Revier et restaient dans le camp leurs risques et prils. Linfirmerie ntait plus le lieu o lon est soign, mais celui o lon meurt ou celui o lon est tu.

S.S. - Schutzstaffel
(section de protection) groupement paramilitaire nazi fond en 1923 pour assurer la scurit de Hitler, la SS deviendra avec H. Himmler partir de 1929 linstitution la plus influente et la plus meurtrire du rgime nazi.

Shoah mot hbreu qui signifie


catastrophe. Terme appliqu particulirement lextermination des Juifs.

1942
21 JANVIER : Mise au point de la phase ultime de la solution finale de la question juive Wannsee (banlieue de Berlin). 30 AVRIL : Codification du rle conomique des camps (extermination par le travail). JUILLET-AOT : Rafle du Vlodrome dHiver Paris (16.07) et rafles de juifs en zone non occupe. 11 NOVEMBRE : Occupation de la zone sud de la France par les Allemands.

par ladministration SS pour diriger un Block (doyen).

Schlague forme francise de


Schlag (coup), dsignant une matraque.

Chambre gaz La premire a


t utilise pour lextermination des malades mentaux de janvier 1940 aot 1941. Pour assassiner, les gaz utiliss sont le monoxyde de carbone et le Zyklon B. Les corps sont ensuite brls dans des fours crmatoires ou enterrs dans des fosss.

Nacht und Nebel (Nuit et


brouillard, NN) Catgorie de dports rsistants des pays occups de lOuest, destins disparatre en Allemagne sans laisser de traces, suite au dcret du 7 dcembre 1941 sign par le chef du Haut Commandement de la Wehrmacht, Keitel. Lexpression a t emprunte par Himmler au livret de Lor du Rhin , de Richard Wagner.

Schupo - Schutzpolizei
agent de police.

Sonderkommando
quipe de concentrationnaires contraints deffectuer certaines tches en relation avec le gnocide (transport et crmation de cadavres, rcupration des dents en or, etc.).

1943
JANVIER : Dcision par Himmler de la dportation slective et de lextermination des tsiganes du Reich.

Gestapo Geheime Staatspolizei Police secrte


dtat de lAllemagne nazie.

K.Z. ou K.L. Lune et lautre de


ces abrviations viennent du mot Konzentrationslager (camp de concentration). K.Z. semble avoir t plus usit dans les dbuts et K.L., suivi de la premire lettre du camp, plus officiel ; exemple : KLM, camp de concentration de Mauthausen.

1. En Pologne, ne pas confondre avec le camp de Natzweiler-Struthof (Alsace). Robert Desnos et ses camarades quelques jours aprs la libration de Terezin.

Ghetto Mot dorigine italienne,

1944
20 JUILLET : Attentat contre Hitler par des officiers allemands qui voulaient obtenir une paix spare avec les Allis occidentaux.

1945
30 AVRIL : Suicide de Hitler. 8 MAI : Capitulation de lAllemagne nazie.

semploie ds avant guerre pour des quartiers regroupant la communaut juive dune ville. Les Nazis enfermeront et affameront les ghettos, jusqu lvacuation de leur population vers les camps de la mort. Certains comme le ghetto de Varsovie se rvolteront.

Stubendienst chef de
chambre, adjoint du Blockltester.

Pogrom ou Pogrome
meute, accompagne de pillages et de meurtres, dirige contre la communaut juive, tolre par les autorits (dabord en Russie, puis en Pologne et en Allemagne).

Wehrmacht jusqualors appele


Reichswehr, larme allemande prit partir du 16 mars 1935 le nom de Wehrmacht et fut place sous le commandement suprme du Fhrer.

Lagerschutz Service dordre


intrieur, compos de dtenus ; membre de ce service dordre.

8 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Concours National de la Rsistance et de la Dportation 9

APPEL A MAIDANEK (extrait)

LA CREATION PENDANT LA PERIODE CONCENTRATIONNAIRE


Gnralits
ujet de controverse entre dports, le problme de la cration littraire et artistique en milieu concentrationnaire pour passionnel quil soit, nen recouvre pas moins une ralit concrte. Certains dports estiment quil ne pouvait tre question de risquer leur vie et celle de leurs camarades, pour se livrer un exercice interdit , punissable de mort et au demeurant physiquement impossible (fatigue, puisement, promiscuit) et matriellement inconcevable sans des concours suspects. Et de conclure que la cration artistique dans les camps na t le fait que de quelques privilgis non reprsentatifs de la dportation. Dautres, sans nier un ncessaire recours la dbrouillardise, mais dans le bon sens du terme, pour se procurer de quoi crire ou dessiner, mettent en avant le courage, la force morale et labngation dont ils ont d faire preuve pour crer. Si quelques artistes acceptent de raliser quelques uvres pour la hirarchie officielle(1), cest surtout pour pouvoir, ensuite, utiliser clandestinement pour eux les moyens obtenus. La plupart restent dans lombre et bnficient de lappui de rseaux de solidarit, procurant les fournitures, assurant des guets pendant le travail et parfois russissant mme faire sortir certaines uvres des camps(2).

PREMIRE PARTIE

Son strident de cloche La baraque craque comme un vieux tronc Dun pas mesur les hommes vont Marchent et tremblent de froid. Rangs gris de misreux Ossements fragiles Retenus par des loques. ()

Pierre Mania, Larbre de Goethe abattu. Ce chne se trouvait dans lenceinte du camp de Buchenwald. La lgende voulait quil durt autant que lAllemagne. Il est calcin au cours du bombardement du 24 aot 1944 et abattu le lendemain.

Rester jusquau bout des hommes Pour ces hommes et ces femmes, la cration est dabord un dfi la mort envi-

ronnante, une rvolte sourde contre la lente, linsoutenable, la lancinante, lhumiliante dgradation humaine vers laquelle le systme concentrationnaire les entrane. Robert Antelme parle, dans son livre Lespce humaine, de revendication forcene de rester jusquau bout des hommes et Jacques Ochs, dtenu au camp de Breendonk en Belgique, affirme que () pour conserver sa dignit dhomme () pour ne pas glisser sur la pente qui mne la dchance, il fallait trouver un refuge en soimme, avoir une vie intrieure () Louis Martin-Chauffier, dans Lhomme et la bte, smerveille quune fois sur vingt, lesprit humain ait russi triom-

pher dans un corps qui le portait peine. Malgr la volont des SS de faire des dtenus des numros, des Stcke(3), lhomme russit survivre. Marie-Jos Chombart de Lauwe, dporte Ravensbrck, tmoigne dans Le Patriote Rsistant (priodique de la FNDIRP) en 1996 : Rsistantes, nous avons voulu demeurer des patriotes et des tres pensants. Il faudrait voquer bien des initiatives : la cration de chorales par plusieurs groupes de nationalits diffrentes, la tenue de confrences pendant les quarantaines ou les temps creux, la rcitation de prires par des catholiques, des protestants ou des juifs, lapprentissage de langues trangres, utile au camp et acquis pour lavenir. Toutes ces activits taient menes en secret, plus ou moins tolres par les chefs de blocs Ainsi, malgr leurs conditions extrmes, des individus, certes minoritaires, ont russi maintenir une activit intellectuelle, crer dessins et pomes.

Des conditions particulirement difficiles Pour voquer les conditions particulirement difficiles de la cration artistique, on peut aussi citer ce tmoignage de Pierre Maho sur son compagnon de dtention Dora, le peintre Lon Delarbre(4). Membre du mouvement de rsistance Libration-Nord, Delarbre est arrt et dport Auschwitz (mai 1944) puis Buchenwald (mai-septembre 1944), Dora (septembre1944-avril 1945) et Bergen-Belsen en avril 1945 : Delarbre comprit tout de suite que son

talent dartiste lui imposait un nouveau devoir. Il comprit quil devait tenter de rapporter un tmoignage prcis et objectif de cette vie monstrueuse et incroyable, pour que ses croquis, pris sur le vif, pussent fixer lempreinte irrfutable dune barbarie ce jour sans exemple. Ctait l une tche insense contre laquelle ses plus intimes amis protestrent plus dune fois Delarbre singnia. Il proposa de faire, de nuit, pendant lunique pause, des portraits de secrtaires du camp qui lui procurrent le papier, le crayon ncessaires : il put en distraire une partie pour son uvre Pour dessiner, il fallait se cacher, travailler do lon tait, contre-jour, couch, debout, dans le creux de la main, abrit derrire les paules dun camarade, protg contre les alertes possibles par un autre. Soyez donc surpris si quelques-uns de ces croquis sont tachs de soupe, souills de boue, frips. A chaque instant, une fouille inopine des Lagerschutz(5) nous privait de nos objets personnels ; porter des dessins sur soi tait trs risqu ; les laisser au block la merci dune perquisition tait impossible. Les emmener au lieu de travail, lusine o des balayeurs famliques auraient pu les trouver et les livrer contre une soupe lhorrible Kapo Georg, tait bien hasardeux. Delarbre, par des prodiges dingniosit, a russi chapper tous ces prils Lors de lvacuation de Dora face lapproche des Allis en avril 1945, il parvient sauver ses dessins en les cachant sur sa poitrine .

de destins individuels, autant de situations contrastes. Chaque intern, chaque dport a vcu ses propres pages de cette histoire collective. Mais les uns et les autres ont eu lutter pour conserver leur dignit et nont conserv comme seules richesses que leurs richesses intrieures, selon la formule de Franois Wetterwald, dport Mauthausen(7) . Dans ces conditions, les possibilits de cration taient fort diffrentes selon les camps. Vronique Alemany-Dessaint, conservateur au muse des Beaux-Arts de Reims et commissaire de lexposition Crer pour survivre le souligne Terezin, camp-ghetto modle, un centre culturel existait o acteurs, musiciens, peintres sexprimaient librement , tandis qu Buchenwald, mme sil y avait une bibliothque, les artistes uvraient dans la clandestinit et qu Auschwitz-Birkenau, camp dextermination, lexpression artistique tait exceptionnelle. Lexistence dune rsistance organise lintrieur du camp a jou aussi un rle important : Buchenwald, ce sont les politiques qui contrlent ladministration interne du camp et qui protgent les artistes.

des amicales, associations et fdrations de dports, combine celles dautres artistes, dhistoriens, des muses et bibliothques loccasion notamment dexpositions, de salons internationaux ou locaux, largement relays dans la presse. Il arrive que la frontire entre ce qui vient rellement des camps et ce qui leur est immdiatement postrieur soit dlicate tracer: certains auteurs de dessins ont voulu complter leur retour des esquisses ralises en camps et juges trop succinctes ; dautres nont pas russi sauver leurs croquis et les ont redessins de mmoire. Nous avons retenu le parti pris de les voquer nanmoins dans ce chapitre. La plupart des tmoignages saccordent sur le dnuement total du dport et sur la difficult pour lui de rester un homme. I
1. Maurice de La Pintire Dora, Jacques Ochs au fort de Breendonk. (Belgique). 2. Boris Taslitzky qui fut dport Buchenwald, explique dans une table ronde du colloque Crer pour survivre : un camp demande toute une administration, toute une comptabilit : tant de morts dans la nuit, tant de rations de pain. Le papier existe pour cette comptabilit () Ces papiers, ces morceaux de papiers, les secrtaires de blocks men donnaient et ils me donnaient aussi des petits bouts de crayons. Tous les artistes que jai rencontrs Buchenwald et jen ai rencontr une douzaine de diffrentes nationalits ont travaill sur ce genre de papier, et aussi ceux qui ont crit videmment. Mon ami Christian Pineau a crit une pice de thtre sur les blancs de ces papiers () . Julien Cain, directeur de la Bibliothque Nationale, dans la prface de lalbum Cent onze dessins faits Buchenwald crit propos de Boris Taslitzky : le crayon si souvent amus de lartiste nous promne travers le camp . Le colloque Crer pour survivre organis par la FNDIRP en 1995 et lexposition ralise cette occasion reprsentent une tape importante pour une meilleure connaissance de lart et de la littrature concentrationnaires. Les actes du colloque et le catalogue de lexposition sont une source remarquable dinformation sur la question. 3. Stcke est lquivalent franais des mots : pice, brin, morceau de quelque chose. 4. Prface de ldition de 1945 de Lon Delabre, Croquis clandestins, Muse de la Rsistance et de la Dportation de Besanon, 1995. 5. Service dordre intrieur, compos de dtenus. 6. Jorge Semprun, Elie Wiesel, Se taire est impossible, Mille et Une Nuits/Arte Editions, 1995. 7. Extrait de la plaquette de prsentation de lexposition de 1995, Crer pour survivre.

La connaissance progressive de ce patrimoine


Les ralisations issues de la priode des camps ont t le plus souvent rapportes la libration par leur auteur, parfois par des camarades codtenus rescaps, parfois enfin, dcouvertes dans des caches aprs la libration des camps. La connaissance progressive de ce patrimoine a t rendue possible par laction

La diversit des situations Comme tiennent laffirmer Jorge Semprun et Elie Wiesel dans Se taire est impossible(6), dans larchipel concentrationnaire nazi, il y avait beaucoup de diffrences. Autant de lieux divers, autant de priodes, autant de rgimes denfermement, autant

France Audoul, Les prires interdites.


Concours National de la Rsistance et de la Dportation 11

10 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Les dessins dans les camps


Caractres gnraux
l existe un trs grand nombre de dessins et peintures raliss dans les camps de concentration nazis. Daprs Janet Blatter et Sybil Milton dans Art of the Holocaust, plus de 30 000 dessins et croquis ont t retrouvs, et leur inventaire est seulement bauch. Ces dessins sont dune trs grande varit. Ils ont pu tre raliss par des artistes professionnels ou par des amateurs, mais l nest pas lessentiel, malgr limportance du savoir faire technique. Ce qui importe, cest la capacit de lartiste faire passer une motion. Jorge Semprun dans Lcriture ou la vie, crit ce propos: la vrit essentielle de lexprience, nest pas transmissible ()ou plutt, elle ne lest que par lartifice de luvre dart, bien sr ! . Alain Tapi, conservateur en chef du muse des Beaux-Arts de Caen, dans les mmes actes du colloque, distingue deux moments dans la ralisation de ces uvres : Dans le temps de la dportation, lorsque lidentit de lhomme se rduit des fonctions lmentaires lappel, au travail, la nourriture, au sommeil, aux

coups dessiner est interdit et pour dessiner, il faut voler, il faut se cacher et pourtant seul le dessin est possible. Dans les annes de dtention, le dessin reprsente surtout la vie quotidienne. Dans les moments de libration, le dessin portera surtout sur lhorreur, sur lextermination. Il distingue un second moment, celui de la commmoration, o lartiste va revivre, recrer le tmoignage devenu fiction . Comme pour les objets raliss en camp, on peut distinguer plusieurs types de dessins selon leur fonction. Il existe des uvres que lon peut qualifier dalimentaires: les SS avaient repr les dons artistiques de certains dports et ils leur ont fait faire des portraits, des dcorations, des fresques, travaux forcs donc. Ces uvres de commande ne sont pas des tmoins fiables de la vie concentrationnaire mais montrent nanmoins que leurs auteurs restaient malgr tout des hommes. Dautres uvres reprsentent une forme dvasion : Jeannette LHerminier, dporte Ravensbrck, fit le portrait de ses compagnes de bloc, en sefforant de les faire aussi bien coiffes que possible Elles me disaient Mais tu crois quon est

encore comme a ? ; et je leur rpondais : mais je ne sais pas dessiner, je suis bien oblige de suivre vos contours. Et bien oui, on est comme , bien sr quon tient trs bien le coup (1). Laurent Gervereau, dans un article de synthse intitul Reprsenter lunivers concentrationnaire(2), crit : ces dessins traitent majoritairement des scnes banales de lenfermement Ce nest gnralement pas la violence qui est mise en avant, mais les petits gestes quotidiens, les corves, ou mme parfois des menus, des chansons, des anniversaires Il semble que tous ces dessins de lattente soient des appels la vie. Ils ne dmontrent pas. Ils suppriment la violence pour lvacuer La mme volont de dfendre son existence dans un systme qui la nie, explique dailleurs les trs nombreux portraits raliss dans les camps. Le dessinateur figure dabord et avant tout les camarades. Il donne la trace, la preuve de leur existence. Des portraits simples, graves, constituent une forme dexorcisme par la reprsentation. Ils fournissent une histoire ceux qui sont la merci totale des matres, toujours sous la menace, qui sont retirs du monde, ceux qui sont plongs dans lanonymat,

Avez-vous oubli ces fumes dans le soir. Ces paisses fumes, ces torches dans le noir Cierges de chair et de sang, flambant en cri despoir Holocaustes dAmour des Camps du dsespoir Jacqueline Leriche

Ce quils rvlent
Ce sont des tmoignages irremplaables sur la dshumanisation dans les camps, les aspects de la vie quotidienne, le travail, les svices Par leur vcu, par leur qualit artistique, ils apportent une autre dimension. Leur uvre est ne du sein mme de leur propre souffrance. Ils ont vcu notre vie, ils ont vu, comme nous, mourir par milliers nos camarades, ils ont connu la salet, la faim, la place dappel, les Kommandos pnibles, la brutalit dun chef de block, le froid et le brouillard, la promiscuit, la maladie, ce mlange incroyable dhorreur et de mdiocrit, de tortures et dhbtude. Et ils ont dessin avec des crayons qui tremblaient de leur propre fatigue (Christian Pineau, dans la prface de lalbum des dessins de Favier et Mania publi en 1946(3)). I
1. Extrait de Claire Vionnet, Des silhouettes despoir dans lenfer concentrationnaire, Mmoire de matrise sous la direction de Franois Marcot, professeur dhistoire contemporaine lUniversit de FrancheComt, 1997-1998. 2. In Muse dhistoire contemporaine-BDIC, La Dportation, le systme concentrationnaire nazi,1995. 3. Buchenwald, scnes prises sur le vif des horreurs nazies, Lyon, 1946.

Les flambeaux funbres.

France Audoul,

la dpersonnalisation, la perte des repres Pourtant on ne peut pas suivre compltement Gervereau dans sa dmonstration lorsquil affirme que cest seulement quand les camps sont librs que tout change dans les reprsentations : il sagit dsormais de raconter les svices, les pendaisons, les souffrances. Le dessin devient alors un dessin de tmoignage et un dessin dengagement .

Certes ces dessins qui dnoncent lhorreur des camps se multiplient aprs leur libration et ils sont plus labors, mais ils existent dj dans la priode prcdente, comme en attestent certains dessins de Favier ou Mania Buchenwald, ceux de Delarbre Auschwitz, Buchenwald, Dora ou les peintures et sculptures de Daligault au camp NN de Hinzert ou la prison de Trves.

Les tapes de la dshumanisation travers les dessins raliss par les dports et leurs tmoignages
raliss en camp,

Le voyage, de la prison en

France jusquau camp de concentration, constitue la premire tape de la dshumanisation, le dbut de la chute. On peut rapprocher le rcit quen fait le docteur Franois Wetterwald dans Les morts inutiles, publi aux Editions de Minuit en 1946 de ce dessin On peut, grce aux dessins de Favier.

limagination ne font pas de trs grands bonds. Trois jours sans manger, sans boire, sans dormir, presque sans respirer. Trois jours sans vtements, nus tasss 125 dans des wagons

de marchandises (40 hommes, 8 chevaux) () (Franois Wetterwald, dport Mauthausen).


Larrive au camp et la quarantaine : aprs avoir t tota-

dont certains ont t publis () Et alors, la chute comimmdiatement mence. Une chute verticale et aprs la Libration, mieux saisir la ralit rapporte dans les rcits des tmoins.

lement dpouills lors de larrive au camp, les dtenus (Hftlinge) reoivent un numro matricule et subissent un vritable dressage. F. Lazare Bertrand, dport en juin 1944 comme otage au camp de Neuengamme,
Auguste Favier, extrait de Buchenwald : scnes prises sur le vif des horreurs nazies . 78 planches 40 x 29, dessines par Favier, Mania, Taslitzky.

bnficie dun rgime particulier qui lui permet de tenir un journal personnel et de faire des croquis. Il note que ce dessin a t fait de mmoire quelques temps aprs notre passage dans les mains des Polonais .

Enfin tondus, lavs, dpouills, nous voici couverts dune chemise et dun caleon rayures, chausss de socques en bois. Alors, voil, cest fini; comprends, mais comprends donc que tu nes plus rien; pas mme un esclave, sans recours devant aucun code ; te voici livr aux lois des besoins lmentaires et il ne te reste plus, comme richesses, que tes richesses intrieures. F. Wetterwald
Lazare Bertrand

La vie quotidienne
La vie dans les blocks, la promiscuit Auguste Favier, Block en bois dans le petit camp de Buchenwald. De 1000 1800 interns vivaient dans une superficie de 25 mtres sur 8.

Lon Delarbre,

qui va durer trois jours. Trois jours, est-ce long, est-ce court ? Trois jours de chute vers linconnu ; mais le prsent est tellement absorbant que lesprit,

Epouillage, tonsure, pilage (Dessin au crayon sur papier, 21 x 26,8 cm, MRD Besanon)

Dora, fvrier 1945. Aprs une dsinfection, au milieu de la nuit, ils attendent leurs vtements. Lentassement dans les blocks dans la vie journalire, tait au moins aussi compact.
Concours National de la Rsistance et de la Dportation 13

12 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Les tapes de la dshumanisation travers les dessins raliss par les dports et leurs tmoignages (suite) Lappel bouche, dans les yeux, entre les

Ecrits et pomes dans les camps


Henri Gayot

Les appels du soir taient terriblement pnibles. Aprs douze heures de travail et avec la faim et le froid, il nous fallait demeurer souvent deux heures, parfois trois, debout, sans faire un mouvement (Tmoignage de Paul Kern, dport franc-comtois)

mchoires qui souvrent et se ferment sur rien, sur lair qui entre dans la bouche. Les dents mchent lair et la salive. Le corps est vide. Rien que de lair dans la bouche, dans le ventre, dans les jambes et dans les bras qui se vident. Il cherche un poids pour lestomac, pour caler le corps sur le sol ; il est trop lger pour tenir. (extrait de Robert Antelme, Lespce humaine)
Lpuisement par le travail dans les camps

Lazare Bertrand

Lappel Neuengamme.

Henri Gayot, professeur de dessin au lyce de la Rochelle, fut arrt comme Rsistant et dport au camp de Natzweiler-Struthof. Il doit une maladie grave de travailler quelques temps labri dans son block. Il eut alors la possibilit de faire quelques croquis, do il ralisa un album en 1945.

sons du Reich, jugement par le Tribunal du Peuple, condamnation mort ou une peine de prison, transfert, aprs la purge de la peine, en camp de concentration. Un secret absolu entoure cette procdure et mme le dcs du dtenu nest pas communiqu la famille.
La mort, illustre

La vie au camp de femmes de Ravensbrck

France Audoul, ne Lyon dans une famille dartiste, passe trois ans lEcole des Beaux-Arts. Arrte comme rsistante dans la rgion de Toulouse, elle est dporte Ravensbrck en 1943. Elle russit rapporter trente-deux croquis excuts au camp et illustre en 1946 un ouvrage collectif Ravensbrck.

Ce qui sest crit dans les camps, sest crit clandestinement. Il ne pouvait en tre autrement car la prison (ou Bunker), signifiant des conditions aggraves de dtention ou parfois pire, tait au bout en cas de dcouverte ou de dnonciation. Les situations ont pu diffrer dun camp lautre, dun kommando lautre, dune priode lautre dans un mme camp, mais pour limmense majorit des dtenus, crire demeurait un exploit physique, matriel, moral et intellectuel.

Un thologien allemand, pasteur Berlin fut condamn sept ans de camp de concentration pour stre prononc pour lindpendance de lEglise sous le IIIe Reich. Il nous a laiss un texte qui est une alerte la ncessit de protestation et de vigilance : Comment cela a-t-il t possible ! Quand les nazis sont venus chercher les communistes Je nai rien dit, En effet, je ntais pas communiste. Quand ils ont jet en prison des sociaux-dmocrates, Je nai rien dit, En effet, je ntais pas social-dmocrate. Quand ils sont venus chercher les catholiques Je nai pas protest, En effet, je ntais pas catholique. Quand ils sont venus me chercher Il ny avait plus personne pour protester. Martin Niemuller (1892-1984)

Les pomes
essentiel de la production littraire de la priode de la dportation est constitu des milliers de pomes crits dans les prisons, les ghettos et les camps nazis, trs souvent par des dtenus maniant cette forme dexpression pour la premire fois, mais faisant preuve dune authentique ferveur potique, qui sut parfois atteindre le sublime. Ces pomes sont lirrsistible expression, la preuve dune vie spirituelle et dune survie de la pense cratrice au cur dun systme acharn la destruction et la ngation de lHomme. Passs leffroi et la stupeur des premiers jours, il fallait retrouver le chemin de lchange avec lAutre, ce que Robert Antelme exprime ainsi : Dimanche, il faudra faire quelque chose, on ne peut pas rester comme a. Il faut sortir de la faim. Il faut parler aux types. Il y en a qui dgringolent, qui sabandonnent : ils se laissent crever. Il y en a mme qui ont oubli pourquoi ils sont l. IL FAUT PARLER . Il faut parler , il faut redonner consistance ce magma humain, lui rendre une conscience collective. Cest pour beaucoup le rle qua jou la posie. Henri Pouzol crivait dans son introduction lanthologie de la posie europenne concentrationnaire(2) : Comment ces pomes parfois bruts, maladroits mme, rescaps dune odysse de mort conditionne et dbride, tout autant que ceux conus par les professionnels, comme les appelle Michel Borwicz, sont-ils parvenus jusquau monde libre ? Selon Gabriel Audisio, tous ont su accomplir une mission qui peut devenir un devoir . Ecrite, griffonne le plus souvent sur des dbris de papier dorigines trs diverses, cette posie dpasse la valeur de simple tmoignage, quelque rvlateur et accusateur quil soit. Elle est la geste de rsistance humaine loppression dmesure et criminellement mutilatrice fonde ici sur des prtextes politiques ou raciaux. Mais quoique limite lEurope, quoique ne stalant que sur les annes 30 et 40 de

Les crits
e sont pour lessentiel des lettres et journaux clandestins rapports par leur auteur ou un camarade survivant, parfois dcouverts enfouis ou cachs dans les camps, aprs la libration. Rdigs htivement, parfois inachevs et interrompus, ils nont dautre but que de fixer sur le papier lhorreur qui se droulait sous les yeux des tmoins, de crer un lien avec le monde du dehors au moyen de quelques mots griffonns. Certaines de ces prcieuses notes ont pu tre publies aprs la guerre, in extenso ou compltes par leur auteur leur retour des camps. Les cahiers dAuschwitz ( Hefte von Auschwitz ) ont ainsi publi dans un numro spcial quatre documents(1) dont les originaux sont conservs par le muse dEtat dAuschwitz. Ce sont : la lettre crite en franais par Cham Herman le 6 novembre 1944 sa femme et sa fille, retrouve enterre dans une bouteille prs dun des crmatoires de Birkenau. Lauteur indique avoir t dport de Drancy le 2 aot 1943 (ce qui a pu tre vrifi) et avoir t affect la corve spciale ( Sonderkommando) charge du traitement des cadavres. la lettre date du 6 septembre 1944 signe Salmen Gradowski, associe un cahier annot de la mme criture, lensemble tant enferm dans une sorte de bouteillon en aluminium dterr prs du Krematorium II de Birkenau en mars 1945. Lauteur y explique quil fait

Le manque de nourriture, le travail puisant, les svices conduisent une grande partie des dports la mort : mort par puisement ou mort violente pour toutes les victimes de la Shoah et pour les victimes de la rpression.

Lon Delarbre Appel gnral :

les morts et les mourants doivent tre prsents. (11,2 x 13,5) Dora le 10 mars 1945.

France Audoul,

Souvenez-vous dElles.

La faim

Le corps est vide. Il ny a pas de solution. Il ne souffre pas. Aucune douleur. Mais le vide dans la poitrine, dans la

Henri Gayot Travaux de terrassement (Extrait de Le Struthof, album de 15 planches sur le camp) La moindre dfaillance pouvait avoir des consquences funestes .

Lon Delarbre La gamelle partage


(12 x 10,4) Auschwitz, mai 1944.

Le camp se trouvait en Alsace annexe. Le dessin de Henri Gayot a t ralis aprs la guerre, mais il sappuie sur des souvenirs prcis. On remarque que certains dtenus portent la mention NN. La procdure NN (Nacht und Nebel = Nuit et Brouillard) permet la Wehrmacht dliminer en secret les auteurs dactes de rsistance : arrestation, transfert dans des camps ou pri-

Lon Delarbre Mort de misre


(15x15,5) Dora, fvrier 1945.

Violette Lecoq, Nourritures terrestres

Lon Delarbre Vingt-neuf Russes

sont pendus sur la place dappel en prsence de leurs camarades, dofficiers, de sous-officiers et de soldats allemands venus en spectateurs. (30 x 23) Dora, 21 mars 1945

Violette Lecoq dportersistante Ravensbrck fut affecte plusieurs mois au Revier (infirmerie), ce qui lui permit de faire ses dessins et de les cacher. Elle les rapportera en France en avril 1945.

partie de la corve spciale. un cahier dcolier, dterr prs du mme Krematorium en 1952. Vingt et une pages sont remplies, dont quatre traitent du camp de Belzec et dix-sept dAuschwitz. Lensemble a t crit en 1943-1944, la dernire date porte tant le 26 novembre 1944, mais lauteur, qui faisait clairement partie du Sonderkommando, na pas t identifi. soixante cinq feuilles crites par Salmen Lewental, trouves prs des ruines du mme Krematorium, dans un pot de verre extrait le 17 octobre 1962. Une partie du manuscrit est illisible, mais lauteur arriv Auschwitz le 10 dcembre 1942 fut lui aussi affect la corve spciale. Citons aussi le journal clandestin de Simone Saint-Clair, rsistante dporte, crit Ravensbrck entre juin 1944 et avril 1945 et dont elle dissimulait les feuillets dans son tui lunettes. Louvrage fut publi en 1945 avec pour titre Ravensbrck, lenfer des femmes.

14 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Concours National de la Rsistance et de la Dportation 15

DORA ce sicle, elle revt toutes les qualits dune rsistance universelle. Pomes de lhorreur, mais aussi pomes de lamour, de la camaraderie, de la solidarit, de la patrie, de lesprance, ils expriment la faim de beaut qui gagne chacun en opposition aux laideurs et aux atrocits des camps. Christian Pineau(3), englobant littrature et reprsentation graphique, considre que lart apporte autre chose que le document. Il est tmoignage non seulement des vnements quil dpeint, mais de la pense et des souffrances de ceux qui les ont vcus () leur uvre est ne du sein mme de leurs propres souffrances. UNE POUPE AUSCHWITZ
Sur un tas de cendre humaine une poupe est assise Cest lunique reliquat, lunique trace de vie. Toute seule elle est assise, orpheline de lenfant Comme autrefois elle ltait parmi ses jouets Auprs du lit de lenfant sur une petite table Elle reste assise ainsi, sa crinoline dfaite, Avec ses grands yeux comme en ont toutes les poupes du monde Qui du haut du tas de cendre ont un regard tonn Et regardent comme font toutes les poupes du monde. Pourtant tout est diffrent, leur tonnement diffre De celui quont dans les yeux toutes les poupes du monde Un trange tonnement qui appartient qu eux seuls Car les yeux de la poupe sont lunique paire dyeux Qui de tant et tant dyeux subsiste encore en ce lieu, Les seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine, Seuls sont demeurs des yeux les yeux de cette poupe Qui nous contemple prsent, vue teinte sous la cendre, Et jusqu ce quil nous soit terriblement difficile De la regarder dans les yeux Dans ses mains, il y a peu, lenfant tenait la poupe, Dans ses bras, il y a peu, la mre portait lenfant, La mre tenait lenfant comme lenfant la poupe, Et se tenant tous les trois cest trois quils succombrent Dans une chambre de mort, dans son enfer touffant. La mre, lenfant, la poupe, La poupe, lenfant, la mre. Parce quelle tait poupe, la poupe eut de la chance. Quel bonheur dtre poupe et de ntre pas enfant ! Comme elle y tait entre elle est sortie de la chambre, Mais lenfant ntait plus l pour la serrer contre lui, Comme pour serrer lenfant il ny avait plus de mre. Alors elle est reste l, juche sur un tas de cendre, Et lon dirait qualentour elle scrute et quelle cherche Les mains, les petites mains qui voici peu la tenaient. De la chambre de la mort la poupe est ressortie Entirement avec sa forme et son ossature, Ressortie avec sa robe et avec ses tresses blondes. Et avec ses grands yeux bleus qui tout pleins dtonnement Nous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent.

On trouve un pome de Christian Pineau dans l Anthologie des pomes dAndr Verdet(4). La posie concentrationnaire sapprcie sous langle de sa qualit potique et lyrique, et sous langle de son contenu. Cest souvent dans les pomes les plus simples, dpourvus de prtentions artistiques que la ralit clate. Les thmes de la faim, du pain, de lappel, de la souffrance et de lagonie, de la fume des crmatoires, du travail puisant, des barbels etc. sy trouvent largement voqus. Mais aussi ceux de lamour, de lespoir, de lamiti. Nous en reproduisons quelques uns ci-aprs. I

1. Cf. dossier ralis par le Muse de la Rsistance National de Champigny, Les cahiers du Sonderkommando dAuschwitz , paratre sous forme de CD en dcembre 2001. 2. Ces voix toujours prsentes Anthologie de la posie concentrationnaire, Presses Universitaires de Reims, F.N.D.I.R.P., Sainte-Savine, 1995. 3. Christian Pineau, La Simple vrit. Dport au camp de Buchenwald, Christian Pineau avait t un des hommes clef de la Rsistance, notamment comme organisateur et chef du rseau Phalanx et fondateur de lhebdomadaire clandestin LibrationNord. Aprs la guerre, il occupa de nombreux postes ministriels. Il fut aussi vice-prsident de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation. 4. Anthologie des pomes de Buchenwald dAndr Verdet, Laffont, 1945, Rd. Tirsias, 1995.

Tel du btail, Nous dormons dans des trous. Pour nous, le soleil ne brille pas. Pour nous, aucune toile ne sallume. Pour nous, il ny a que des roches abruptes, Des murs froids et morts. Les machines forer la montagne grondent sans rpit. Cest infernal. Lair est lourd, Et, dans les tnbres des galeries, La poussire empoisonne Colle comme un meurtrier nos talons, Comme un couteau tranchant Elle entaille nos poumons, Enlve les couleurs de nos joues, Brouille nos yeux Et couvre nos vtements et nos cheveux Dun gris uniforme. Nous navons pas le temps de nous plaindre Encore moins denlever de nos yeux Cette poussire collante. Nous ne sommes que des ombres, Des silhouettes aux joues creuses Qui vont au-devant de la mort dans les catacombes. Le dsespoir, langoisse Rongent sans cesse nos curs comme des loups affams. Des prires expirent Et se brisent sur les rochers insensibles.

APPEL A MAIDANEK AU BLOCK 4


Sous ltoile trop pure Du grand ciel froid La toile de la tente Au vent qui tourmente Claque et cest la voile Des galres dautrefois. Oppresss, compresss Les prisonniers sirritent Des toux rocailleuses Et des voix pleureuses Des mourants qui sagitent. Le projecteur est dur La sentinelle boit Je ferme mes gerures Et mes lvres sans joie. Le projecteur est dur La sentinelle boit Jtire mes jointures Et fais craquer le bois. Son strident de cloche La baraque craque comme un vieux tronc Dun pas mesur les hommes vont Marchent et tremblent de froid. Rangs gris de misreux Ossements fragiles Retenus par des loques. Le dsespoir frappe Sur ces plaines rocheuses. De fils de fer La peur senveloppe Des nuages, ailes noires, Sagitent, laube coule tel Un sanglant ruisseau. Le jour qui vient point de repos Pour les bras des forats Chargs de pierres. La cloche du camp se tait Sourdement les rangs emplissent La place dappel Crnes dnuds ravags Livrs au vent sauvage. Cest linstant de recueillement Lune prs de lautre soupirent Les poitrines. Jentends la toux Dans les hurlements du vent Et je sens la Mort dans sa marche.

ET NUNC
Nous porterons la France au-del de la mort Au-del du visage mourant du premier preux, Au-del de la haine, au-del de nos corps Qui nattendent plus rien que de passer Dieu. Nous porterons la France au-del de la peur Marque sur son front mort dune couronne impure. Nous porterons la France au-del du reproche Dans le calme enchant de lultime blessure. Nous porterons la France au-del du vieil Arbre O lange va lustrer la guerre et ses deux ailes O le fruit revenu dans le manteau du sacre Laisse fuir de son grain et lclair et lorage. Nous porterons la France sur le bord de nos plages O le vent soufflera son haleine dtoiles O les btes fuiront lhumidit des bois O la nuit lvera son voile vers le large. Le jour de la colre a sonn dans les bois, Nous porterons la France au vieux pas du cheval. La couronne de ronces a suffi pour sa foi, Lcume des cuirasses cuit les eaux du val. Nous porterons la France de village en village. Saluez donc bien bas sa robe dchire. Voici le tour de France, et puis tournez la page Les cloches de lHistoire sonnent toute vole.

Ovida Delect.
Compos en 1944, sans crayon ni papier dans un camp dextermination nazi.

Stanislas Radinecky Dora

Grigori Timofeevy Madanek SURSAUT


Laissez, amis, tous ces chants de tristesse ! Sans eux, dj, quil est lourd notre cur ! Que ne veux-tu ressusciter, jeunesse, Malgr le poids de toutes nos douleurs ! Toujours la vie a-t-elle t mauvaise ? Rappelez-vous la joyeuse saison ! Allons, enfants, chantons la Marseillaise Pour branler les murs de la prison !

ARBRE DES SOUFFRANCES


Pareils aux pouvantails qui se balancent dans le vent Planant au gr de lespace et du temps, Ainsi le voulait le stupide dcret : Pour punition : une heure au crochet Ils nous pendaient des crochets comme du btail. Ils navaient, tout bien pes, dans leurs poitrines, que des cloaques, l o ailleurs bat un cur.

Grigori Liouchine

Karl Schnog Buchenwald

RESISTANCE
Au courant des chemins et des airs de sacrilges, Nous marcherons des nuits sans feindre le repos Par des plaines de gel, des collines de neige Des cits endormies gardes par des schupos. Nous irons dlivrer de blanches Andromde Guettes sur leurs rochers par des monstres volants, Nos blessures dantan rouvertes sans remde Feront nos pas prudents et nos yeux vigilants Sur les sentiers de lombre et leurs pentes obscures, Nous glisserons furtifs environns dclairs, Les murs seront truqus, les retraites impures Et beaucoup se perdront dans dtonnants dserts. Mais nous terminerons nos dures popes, Nous rentrerons chez nous pour dautres lendemains. Nous ne rapporterons pas mme nos pes Et nous vivrons sans gloire avec rien dans les mains.

ESPOIR
Dans la dure et froide core des nuits Jai creus ton image Filins de feu Les phares sur Berlin Tendaient la toile du Grand Cirque La Mort caracolait La neige mordait au cur Avec tes bons yeux dpouvante Tes lvres sans sourire Patiemment jai grav Lpre visage de lEspoir

Jean Cayrol Mauthausen

AMOUR DU PROCHAIN
Qui a vu le crapaud traverser la rue ? Cest un tout petit homme : une poupe nest pas plus minuscule. Il se trane sur les genoux : il a honte on dirait, - Non. Il est rhumatisant, une jambe reste en arrire, il la ramne. O va-t-il ainsi ? Il sort de lgout, pauvre clown. Personne na remarqu ce crapaud dans la rue ; Jadis, personne ne me remarquait dans la rue. Maintenant, les enfants se moquent de mon toile jaune. Heureux crapaud ! Tu nas pas dtoile jaune.

Moshe Schulstein Auschwitz

Pierre Genty, Sachsenhausen Kommando de Lichterfeld. Hiver 1944 1945


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16 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Max Jacob Drancy

Jean Puissant Buchenwald 1944

CHANSON DAUTOMNE IL FAUDRA QUE JE ME SOUVIENNE


Il faudra que je me souvienne, Plus tard, de ces horribles temps, Froidement, gravement, sans haine, Mais avec franchise pourtant. De ce triste et laid paysage, Du vol incessant des corbeaux, Des longs blocks sur ce marcage Froids et noirs comme des tombeaux. De ces femmes emmitoufles De vieux papiers et de chiffons De ces pauvres jambes geles Qui dansent dans lappel trop long. Des batailles coups de louche, A coups de seau, coups de poing. De la crispation des bouches Quand la soupe narrive point. De ces coupables que lon plonge Dans leau vaseuse de baquets, De ces membres jaunis que rongent de larges ulcres plaqus. De cette toux perdre haleine, de ce regard dsespr Tourn vers la terre lointaine. O mon Dieu, faites-nous rentrer ! Il faudra que je me souvienne Cest la chanson dAutomne, Un peu triste pourtant. Le temps fuit et nous donne, Le regret du printemps ! Car sans rpit il coule, Brassant les heures passes, Comme le pas qui foule, Les feuilles entasses. Avons-nous su saisir, Des corolles fragiles : Le parfum, le plaisir, Comme labeille agile ? Peut-tre reste-t-il Une goutte de miel, De ce doux mois davril O nous comblait le ciel ? Dj la brise et frache, Et sen va lhirondelle ! Lherbe du square est sche, Dgarnie la tonnelle. Et mon cur douloureux, De voir senfuir mon rve, Songe ces jours heureux, Aux extases si brves !

Les objets fabriqus dans les camps


Couteau fabriqu au kommando de Erzingen dpendant de Natzweiler par Simon Lamy, rsistant dport transfr ensuite Buchenwald puis Dachau. La lame est un clou de charpente aminci sur un rail qui servait denclume.

PLACE DAPPEL (1940)


Dans la tempte, Autour des collines de Weimar, La neige danse Et grince la noire mort des miradors Dix mille statues de gel sur la place dappel la voix stridente du micro Dchire loreille des dix mille : Les croque-mort au grand portail sance tenante Et moi mlancoliquement me dvisage La tumeur livide au crne De lhomme devant moi Dans la tempte, Autour des collines de Weimar, La neige danse Et grince la noire mort des miradors.

Franz Hackel Buchenwald

Damien Sylvere, dport Buchenwald. Ce pome fut crit, durant la priode 1943-1945 de sa dportation.

Cuillre fabrique laide dune lame de rasoir par Robert Chanut, intern au fort de Montluc puis dport Mauthausen, matricule 62122.

Ceinture ralise en camp.

Ecusson brod par Eliane Lenoir-Le Rolland, dporte NN Lauban puis Ravensbrck, matricule 79987, enfin dans un kommando dpendant de Mauthausen o elle sera libre.

Micheline Maurel Ravensbrck Dcembre 1944 PEINE


Si trop battue Je laisse un jour Pencher sur neige Lme violette Si trop battue Je laisse un jour Tourner le ciel Dacier mortel Si trop battue Je laisse un jour Des mains crispes Griffer la glace Si trop battue Je laisse un jour Un long corps bleu Port deux

LEVASION
Pierres et toujours pierres Le camp entier est ptrifi En vain tu tentes de desceller ces pierres Qui se sont refermes sur le monde Jours de sueur et de sang Nuits de pourriture toile Mme alors tu dors pas Car les tourments chassent ton sommeil Laube de nouveau te chasse vers le travail Un bruit denfer fracasse les tempes Et une folle pense alors insiste : Peut-tre les SS ne me rattraperont-ils pas ! Le vent se lve les oiseaux fuient Dune maison cest un appel vers la route vole Et tu cours tu cours tu cours sans rpit Bruits de bottes cris salve les rocs se dchiqutent et les cailloux rsonnent puis le silence tombe sur la vie sur le chemin sanglant un homme gt Il est libre il nappartient plus personne.

SOIF
Lorsque nous quitterons ce dantesque dcor, Lorsque les horizons seront devenus bleus, Ma sur, il nous faudra nous souvenir encor De nos rves mort-ns dans le soir nbuleux. Mais retrouveras-tu la maison familire Et ce got de bonheur qui mrissait en toi Ainsi quun fruit pulpeux tout gorg de lumire Et nauras-tu pas soif et nauras-tu pas froid Comme dans les wagons plombs de la misre Lorsque nous haletions au rythme des convois Dans le petit matin putride et dltre O nous comptions nos morts tout en baissant la voix ? La soif, la grande soif des pays sans aurore, De notre souvenir saurons-nous la chasser ? Jai peur dune autre soif plus exigeante encore Que nulle eau saurait jamais tancher.

a fabrication dobjets sculpts, brods, dcors qui rvlent un certain talent artistique de la part de leurs auteurs peut juste titre faire partie de lvocation des pratiques artistiques au camp. Ne nous y trompons pas, ils ont en gnral une dimension autre. Lensemble de ces fabrications constitue en soi un acte de rsistance : les matriaux sont en gnral vols latelier, le port dune marque ou la possession dun objet personnel peut engendrer les exactions. Sparons dabord les objets usage personnel de ceux lis une pratique collective.

Dans le premier cas, lobjet fabriqu est souvent et dabord utilitaire : cuillre, couteau Quil sagisse de bout de mtal rcupr puis aplati pour en faire une lame ou dun morceau de bois vid pour servir de cuillre, nous sommes l dans le systme dbrouille qui permet au dport de conserver un peu de dignit, de pouvoir manger sans laper et partager au mieux sa maigre pitance. Parfois ces objets seront personnaliss et le couteau est certainement lexemple le plus frquent, grav du numro matricule, du nom parfois dun dcor vitant ainsi le vol mais participant aussi la ncessit

Violette Maurice Ravensbrck

Ovida Delect, dporte Neuengamme pour faits de Rsistance. Compos, sans crayon ni papier, en janvier 1945, dans un des camps dextermination nazis, aprs une marche de 5 kilomtres, pieds nus, dans la neige. Javais alors dix-huit ans.

Grzegorz Timofiejew Gusen 1943


Une partie de la table 12 travaille pour le block des enfants juifs sous la surveillance de Micat: dessin de Jeannette Lherminier au Block 22 Ravensbrck de fvrier avril 1944.

que chacun dentre nous a de possder quelques affaires personnelles. On retrouve ce besoin dans les broderies : cusson, ceinture, qui permettent davoir un aspect diffrent. Il est noter que l encore si la croix de Lorraine ou les motifs vgtaux, lusage des couleurs tricolores marquent la nationalit et au-del le patriotisme et lattachement la France, les mentions sont souvent du mme ordre : nom, numro matricule, nom du camp ou du kommando, probablement les seules admises. Cette ncessit de personnaliser sa tenue est souligne par Jeannette Lherminier, auteur de nombreux dessins et dporte Holleischen, propos de ses camarades qui posent le dimanche pour elle: Elisabeth en train de faire des petites pelles pour les boutonnires des travailleuses du sable. Elle fut dailleurs punie pour cela. La pratique religieuse engendre galement la fabrication dobjets : chapelet, croix, ciboire en mie de pain, en laine, avec des morceaux de caoutchouc ou de mtal. Objet personnel mais aussi partag avec dautres dans le cadre de prires, de mditations, le dimanche, rare moment de libert et de dsuvrement. Ce sont aussi, pour ces aprs-midi priviConcours National de la Rsistance et de la Dportation 19

18 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

lgies, quen commun on fabrique un dcor pour Nol, des jeux de cartes, des cadeaux pour pouvoir fter lanniversaire de lun, les vingt ans de lautre. Porte-monnaie, breloques, botes, jouets pour les plus jeunes, autant daccessoires qui permettent de resserrer les liens de cette communaut quest la baraque ou le groupe de nationalit. Cette solidarit sexerce aussi envers les plus dmunis et nous ne citerons ici que lexemple de la fabrication de jouets par les dportes pour les enfants du block juif de Ravensbrck, linitiative de Genevive de Gaulle. Si cration il y a eu, elle est cependant extrmement limite en raison du manque de matriaux, des risques encourus, de la priorit donne aux activits de survie. A contrario, la priode de la libration, lattente du rapatriement et le dsuvrement durant ce laps de temps engendreront la fabrication de nombreux objets, souvent plus futiles :

pipes, botes cigarettes, poudrier L encore, lidentit du dport demeure avec la prsence du matricule ct des initiales ou des prnoms des tres chers que lon va bientt retrouver. On confectionne des lments vestimentaires qui permettront davoir une allure . Lutilisation des couleurs bleu-blanc-rouge, les croix de Lorraine, les V de la victoire sont prsents aux cts des noms des camps et kommandos o lon a survcu. Les matriaux demeurent rares et ce seront les plaques matricules qui serviront de base la fabrication de bracelets par exemple. Il est clair que cette priode se caractrise par une soif didentit et de possession aprs tout ce temps dshumanis, dmuni et tourn vers les besoins essentiels. Ces objets qui qualifient le retour la vie sont aussi les plus nombreux dans les collections. Conservs comme souvenirs car dignes de ltre, ils ont travers le temps. I

TEREZIN
Un peu de salet cerne dans la lpre des murs avec un peu de barbels autour. 30 000 sont l dormant qui un jour sveilleront et ce jour-l verront la mare de leur sang. Je fus jadis un enfant, voil tantt trois ans. Ma candeur rvait dautres mondes. Elle est passe, lenfance. Jai vu les flammes, je suis mr prsent et jai connu la peur, les mots sanglants, les jours assassins : o sont les croquemitaines dantan ?

Dessin de Irena Karpelesova

Dessin de Joseph Novak

Cas particuliers
Dessins et pomes des enfants du camp-ghetto de Terezin
ans la ville tchcoslovaque de Theresienstadt (ou Terezin), situe en Bohme une heure de route de Prague, les nazis implantent le 24 novembre 1941 un ghetto quils qualifient de site dimplantation juif. Dj, ds 1939, la petite forteresse de Terezin servait de prison et de camp dinternement pour les antinazis tchques. Plusieurs milliers de personnes de toutes nationalits y ont t dtenus. Le camp-ghetto de Terezin, qui accueille ensuite des Juifs (artistes clbres, intellectuels, anciens combattants), est utilis par les nazis pour servir de vitrine la politique juive du IIIe Reich. Ce qui fait la particularit de ce camp-ghetto, cest la prsence dans un mme lieu concentrationnaire de conditions de vie trs dures (promiscuit, sous-alimentation, travail souvent meurtrier) et dune vie artistique unique dans lensemble du systme concentrationnaire nazi. Un orchestre, une bibliothque, une troupe de thtre, le tournage dun film ou la visite de dl-

Vierge brode par Marguerite Bonnamy au moment de sa libration Swodau avec la croix de Lorraine rouge. Chapelet confectionn avec des restes de laine bleu-blanc-rouge par une dporte polonaise pour Alice Genty, Ravensbrck, matricule 38820. Bote cigarettes fabrique Schnebeck, kommando de Buchenwald.

Pipe sculpte Dachau par le dport Lucien Dupont, matricule 72522, numro grav sur le fourneau.

Porte-monnaie confectionn au Kommando dAbteroda par les camarades de Jacqueline Fleury, matricule Ravensbrck 42176, loccasion de son anniversaire le 12 dcembre 1944. Le cuir provient des usines dAbteroda.

gus de la Croix-Rouge en juin 1944, avaient pour seul objet de prsenter une image positive de ce camp, dans un but de propagande . Terezin a t, comme dautres camps, un lieu de transit vers les camps dextermination de lEst de lEurope et plus particulirement dAuschwitz : 88 000 personnes dportes Terezin ont disparu dans les camps dextermination. Parmi celles-ci de nombreux enfants, environ 15000, dont seulement quelques centaines sont revenus. En 1975, le muse juif dEtat de Prague a publi une plaquette intitule Dessins denfants du camp de concentration de Terezin : une collection de 4 000 dessins est lhritage le plus connu, le mieux conserv et le plus impressionnant des enfants martyrs de ce camp. Du point de vue des thmes, les dessins de Terezin se divisent en deux groupes principaux. Ce sont dune part les dessins aux sujets typiques denfants, o les petits voquaient le souvenir heureux de leur enfance perdue. Ils dessinaient les jouets, les assiettes pleines de nourriture, le milieu disparu de leur foyer, des villes et des paysages vivant toujours dans leurs mmoires. Ils dessinaient et peignaient les prs aux fleurs et aux papillons volants, les motifs des contes de fe, les jeux denfants. Ce type reprsente la partie la plus volumineuse de la collection. Le second groupe est form par les dessins qui refltent la ralit cruelle du camp. Ils figurent les casernes, les rues et baraquements, les soupentes trois lits et les gardiens de Terezin. On peut y voir

aussi des situations contre lesquelles dhabitude les adultes protgent leurs enfants: malades et hpitaux, transport, enterrement, excution Ces dessins constituent des documents bouleversants sur la destine tragique des enfants. Ils portent, pour la plupart, la signature de lenfant, parfois une date, lindication de la maison o il vivait et celui du groupe dont il tait membre. Sur la base de ces donnes on a russi tablir les dates de naissance et de dportation des enfants depuis Terezin. Une autre partie importante de lhritage des petits prisonniers de Terezin, cest leur uvre littraire. Les enfants crivaient avant tout des vers et publiaient, naturellement en toute illgalit, leurs propres journaux. Le journal Vedem (Nous menons) est le plus important de tous les journaux conservs. Il tait publi par un groupe de garons de la maison I., une des premires fonde, qui se trouvait dans ldifice dune ancienne cole, marque par le chiffre L 417. Des garons de 13 15 ans y avaient leur propre auto-administration sous la direction dun ancien professeur de lyce. Le journal Vedem (paru du 18 dcembre 1942 lautomne 1944) publiait des posies, des articles en prose, des comptes rendus, des observations et mme des critiques de la ralit de Terezin ainsi que des traductions de la littrature trangre, surtout russe et sovitique. Parmi les garons qui crivaient dans ce journal se distinguent surtout Petr Ginz et Hanus Hachenburg. Petr Ginz tait rdacteur en chef du journal. Il procurait les articles et illustrations, crivait lui-mme les reportages,

Mais je crois, moi, quaujourdhui est un songe, quavec mon enfance je reviendrai l-bas. Enfance, fleur dglantier, cloche bourdonnant du fond des rves, mre couvant son petit souffreteux de lamour le plus fort, ivre de sa fminit. Jeunesse affreuse qui guette lennemi, la corde. Enfance affreuse qui dans son for intime se dira: un tel est bon, mais cet autre est mchant. Douce enfance lointaine qui doucement repose dans ces petites alles dun parc et l, sur cette maison, quelque part se penche quand pour moi restait seul le mpris, l-bas dans les jardins et dans les fleurs o du sein maternel, je suis n au monde pour pleurer La bougie brle et je dors sur ma couche, pour comprendre plus tard peut-tre que je ntais quun tout petit, juste aussi petit que le chur des 30 000 dont la vie dort, l-bas dans les parcs se rveillera, ouvrira un beau jour ses yeux et, parce quelle en verra trop, dans le sommeil replongera Hanus Hachenburg (12.7.1929 7.1944, Auschwitz)

histoires, vers, crait les dessins et peintures. En automne 1944, 16 ans, ce garon aux nombreux talents est mort dans une chambre gaz Auschwitz. Hanus Hachenburg reprsente le plus marquant des enfants potes. Il a crit de nombreux vers excellents ; lui aussi est mort Auschwitz, 15 ans, probablement en juillet 1944. Voici un de ses pomes, qui exprime la fois le souvenir heureux de la douce enfance lointaine , lhorreur concentrationnaire, et lespoir de revenir la maison. I
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La musique dans les camps


a musique et le chant(1) ont t utiliss par les SS comme moyen dhumiliation ou de torture des dtenus, dans les camps. Il est impossible dvoquer la place et le rle de la musique pendant la priode concentrationnaire sans rappeler ces tristes ralits. Les dtenus, affams, puiss de labeur quotidien, taient souvent contraints de chanter pendant leurs dplacements pied, des chants imposs du rpertoire officiel . Dautres durent chanter en subissant des chtiments corporels Des orchestres de dtenus taient constitus pour accompagner le rituel de la vie au camp, dont les excutions spectacles ! Il leur fallait aussi animer parfois des soires musicales au profit des SS et de leur famille. Cette musique officielle et contrainte, na heureusement pas compltement teint le recours des dports dautres formes dexpression musicale, le plus souvent clandestines, et qui jourent un rle important dans lentretien dun sentiment dhumanit et de solidarit chez eux. Plusieurs exemples en donnent lillustration.

CHANT DES MARAIS


Loin vers linfini stendent Les grands prs marcageux Pas un seul oiseau ne chante Dans les arbres secs et creux O terre de dtresse O nous devons piocher sans cesse Piocher Piocher Dans ce camp morne et sauvage, Entour de murs de fer, Il nous semble vivre en cage Au milieu dun grand dsert O terre de dtresse O nous devons piocher sans cesse Piocher Piocher Bruits de chanes, bruits des armes Sentinelles jour et nuit Et du sang, des cris, des larmes, La mort pour celui qui fuit. O terre de dtresse O nous devons piocher sans cesse Piocher Piocher Mais un jour dans notre vie, Le printemps refleurira Libre alors ma patrie Je dirai : Tu es moi O terre enfin libre O nous pourrons revivre Aimer Aimer

(pour lui dire) que je suis prisonnier Auschwitz. A Auschwitz on a trs faim Et rien manger. Pas mme un bout de pain Et le chef de Block est mauvais. Tous les jours il nous bat Et nous envoie au travail. Si une fille lui plat, il lemmne Et lui dit : couche-toi l. Le jour o je partirai pour rentrer la maison Je tuerai le chef de Block . CHANT DU CAMP DE CONCENTRATION DE NIS EN SERBIE Phabol lampa maskar o logori, Voi svetil amare Romenge. De ma Devla dui bare phakora te urav Nemso te mudarav Te lav lestar o bare nataira tai te phutrav o Nisko logori. Une lampe brille Au milieu du camp Elle claire nos Roms. Donne-moi, oh Seigneur, Deux grandes ailes Pour que je menvole, Pour tuer un Allemand Pour prendre ses grandes clefs Et pour ouvrir Le camp de Nis.
Ci-dessous, programme musical de Buchenwald.

Brundibar production de lensemble Justiniana. Opra National de Paris.

Le chant des Marais(2)


Dans la phase initiale et anarchique des camps allemands grs par les SA, entre 1933 et 1937, le chant fut un moyen de crativit, dvasion et dexpression collective. Des sinistres marcages de Brgermoor, dans le Nord de lAllemagne, surgit le clbre Chant des Marais, sorte de complainte guerrire jaillie des profondeurs du marais, dont la mlodie la fois rythme et nostalgique jette un cri de dtresse face loppression et lesclavage mais aussi un cri despoir et damour. Repris de camp en camp par le jeu des transferts affectant les dtenus, traduit de langue en langue, il est finalement devenu le chant de la dportation.

tions de vie, dans les ghettos et les camps, avant leur extermination. Les Roms, dans leur ensemble, ont cach leur descendance leurs souffrances et le gnocide dont les leurs furent victimes. Ils ont cherch oublier ce cauchemar. Beaucoup taient illettrs. Ces diffrents facteurs expliquent la raret des crations retrouves. Quelques chants, dans une cration sans doute beaucoup plus abondante en camp mais hlas disparue avec ses auteurs, sont parvenus jusqu nous. En voici deux exemples :
CHANT RAPPORT DAUSCHWITZ, par Ruzena Danielova (Tchcoslovaquie) Oh, toi, oiseau noir Prends ma lettre Prends-la pour ma femme

Musique dans les camps


Musique et dportation forment aujourdhui encore une association qui reste douloureuse. Ce que lon sait de la cration musicale dans les camps demeure bien pauvre. La musique dinitiative non officielle tait, en rgle gnrale, illgale. A partir de 1942, dans quelques camps, une pratique musicale a t rendue possible, assortie de conditions dencadrement trs strictes, propos de laquelle on ne peut parler de cration proprement dite. Les tmoins, dont Pierre-Yves Boulongne, dport Buchenwald, dont certains pomes mis en musique ont donn naissance de trs beaux oratorios aprs la

Musique et chants tsiganes


Souvent sollicits pour le bon plaisir des SS, les tsiganes, dont la tradition musicale est lgendaire, ont recouru la musique comme remde moral face leurs condi-

guerre, attestent que des ensembles musicaux ont bien exist Buchenwald : jazz, quartettes, chorales. Cette facult na t possible que pour une infime fraction de dtenus, autorise organiser des soires varits au profit dune autre partie de dtenus. De nombreux tmoignages de dports attestent que la pratique des chants, en particulier des chants emprunts aux traditions des folklores nationaux, leur redonnait courage, espoir et envie de rsister. Le chant enfin tait en outre la forme musicale la plus simple. Mais ctait tout sauf un plaisir effrn, tout au plus lun des moyens psychologiques de rsister lagression ambiante.

La musique au camp-ghetto de Terezin (3)


Dans ce camp atypique o la vie devait paratre artificiellement gaie et insouciante une vie musicale intense pu se dvelopper. Viktor Ullmann y composa un opra : LEmpereur dAtlantide ou la mort abdique, o il se livre une rflexion sur le pouvoir et la mort, au XXe sicle Theresienstadt entre 1943 et 1944. Son uvre, forte inspiration et connotation rsistantes, fut interdite par les SS. Viktor Ullmann luimme fut dport et assassin Auschwitz. Mais luvre symbole de Terezin fut un opra crit en 1938 pour enfants et inter-

prt par des enfants : Brundibar, uvre de lcrivain Adolph Hoffmeister et du compositeur tchque Hans Krasa. Il ft donn pour la premire fois en 1942 lorphelinat juif de Prague, alors que les auteurs du projet taient dj dports Terezin. Bientt commena au camp une srie de reprsentations de Brundibar qui tait trs demand. Cest un conte moral, qui voque les contes de fes anciens. I
1. Source : John Eckhard, in F.N.D.I.R.P., crer pour survivre, colloque, 1996. 2. Ou Brgermoorlied (chant de Brgermoor) compos par Rudy Goguel. 3. Concernant le camp-ghetto de Terezin, cf. aussi pages 20-21.
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En marge des camps


ans la littrature de cette priode, il nest pas possible de passer sous silence quelques uvres crites en marge de lunivers concentrationnaire proprement dit, mais en rapport direct avec lui. Nous citons l quelques exemples.

Le pote Aragon apprenant en 1943 le destin des femmes du convoi parti de Romainville, emportant Danielle Casanova, Mat Politzer, Hlne Solomon, Marie-Elisa Cohen et Charlotte Delbo, crit sous son pseudonyme Franois la Colre :
Moi, si je veux parler, cest afin que la haine Ait le tambour des sons pour scander ses leons Aux confins de Pologne, existe une ghenne Dont le nom siffle et souffle une affreuse chanson. Auschwitz ! Auschwitz ! syllabes sanglantes ! Ici lon vit, ici lon meurt petit feu. On appelle cela lextermination lente. Une part de nos curs y prit peu peu Limites de la faim, limites de la force : Ni le Christ na connu ce terrible chemin Ni cet interminable et dchirant divorce De lme humaine avec lunivers inhumain Puisque je ne pourrais ici tous les redire Ces cent noms, doux aux fils, aux frres, aux maris, Cest vous que je salue, en disant en cette heure la pire, Marie-Claude, en disant : Je vous salue Marie. A celle qui partit dans la nuit la premire, Comme la Libert monte le premier cri, Marie-Louise Fleury, rendue la lumire, Au-del du tombeau : je vous salue Marie Les mots sont nuls et peu touchants. Mat et Danielle Y puis-je croire ? Comment achever cette histoire ? Qui coupe le cur et le chant ?

Marguerite Duras
1945, lattente des familles Paris est libre en aot 1944. Les mois passent. Les familles attendent le retour des leurs. Lcrivain Marguerite Duras, pouse de Robert Antelme, tient son journal. 20 avril 1945 : Cest aujourdhui quarrive le premier convoi des dports politiques de Weimar Marguerite Duras se rend, comme chaque jour, au centre de rapatriement dOrsay o affluent les prisonniers de guerre : elle y pointe les revenants. Je travaille mal, tous ces noms que jadditionne ne sont jamais le sien .

Robert Antelme nest pas parmi les dports de ce premier retour. Ce nest pas ordinaire dattendre ainsi. Je ne saurai jamais rien. Je sais seulement quil a eu faim et quil na pas revu un morceau de pain avant de mourir, mme pas une seule fois () Sil revient, nous irons la mer. Ce sera lt, le plein t () Jai choisi de lattendre comme je lattends, jusqu en mourir. . 22 avril 1945 On nexiste plus ct de cette attente. Il passe plus dimages dans notre tte quil y en a sur les routes dAllemagne. Des rafales de mitraillettes chaque minute lintrieur de la tte. Et on dure, elles ne tuent pas. Fusill en cours de route. Mort le ventre vide. Sa faim tourne dans la tte pareille un vautour. Impossible de rien lui donner. On peut toujours tendre du pain dans le vide. On ne sait mme pas sil a encore besoin de pain. On achte du miel, du sucre, des ptes. On se dit : sil est mort, je brlerai tout. Rien ne peut diminuer la brlure que fait sa faim 27 avril 1945 () Nous sommes de ce ct du monde o les morts sentassent dans un inextricable charnier. Cest en Europe que a se passe. Cest l quon brle les juifs, des millions. Cest l quon les pleure. LAmrique tonne regarde fumer les crmatoires de lEurope () 28 avril 1945 () Le monde entier attend ()Ce nouveau visage de la mort organise, rationalise, dcouverte en Allemagne, dconcerte avant que dindigner () Si ce crime nazi nest pas largi lchelle du monde entier, sil nest pas entendu lchelle collective, lhomme concentrationnaire de Belsen qui est mort seul, avec une me collective et une conscience de classe, celle-l mme avec laquelle il a fait sauter le boulon du rail, une certaine nuit, un certain endroit de lEurope, sans chef, sans uniforme, sans tmoin, a t trahi. Si lon fait un sort allemand lhorreur nazie et pas un sort collectif, on rduira lhomme de Belsen au ressortissant rgional. La seule rponse face ce crime est den faire un crime de tous. De le partager () Jai

entendu des cris dans lescalier, un remuemnage, un pitinement. Puis des claquements de portes et de cls. () Je nai pas pu lviter. Je suis descendue pour me sauver dans la rue. Beauchamp et D. le soutenaient par les aisselles () Il avait les yeux levs. Je ne sais plus exactement. Il a d me regarder et me reconnatre et sourire. Jai hurl que non, que je ne voulais pas le voir () Je hurlais, de cela, je me souviens. La guerre sortait dans les hurlements. Six annes sans crier () Devant moi. Je ne le reconnais pas. Il me regarde. Il sourit. Il se laisse regarder. Une fatigue surnaturelle se montre dans son sourire, celle dtre arriv vivre jusqu ce moment-ci Le difficile retour au monde Quand il tait pass dans la cuisine, il avait vu le clafoutis () Je peux en manger ? Nous ne savons pas, cest le docteur qui le dira Son visage stait recouvert dune douleur intense et muette parce que la nourriture lui tait encore refuse, que a continuait comme au camp de concentration. Et comme au camp, il avait accept en silence. Il navait pas vu quon pleurait Sil avait mang ds le retour du camp, son estomac se serait dchir sous le poids de la nourriture Non, il ne pouvait pas manger sans mourir. Or il ne pouvait plus rester encore sans manger sans en mourir. L tait la difficult. La lutte a commenc trs vite avec la mort. Il fallait y aller doux avec elle, avec dlicatesse, tact, doigt. Sa faim a appel sa faim. Elle est devenue de plus en plus grande, insatiable. Elle a pris des proportions effrayantes () Hier aprs-midi, il est all voler du pain dans le frigidaire. Il vole. On lui dit de faire attention, de ne pas trop manger. Alors, il pleure () Les forces reviennent .

CREATION ET PRODUCTION DE LA PERIODE POST CONCENTRATIONNAIRE

DEUXIEME PARTIE

Isaac Celnikier, Birkenau. Triptyque : mmoire, rvolte et vie.

a dcouverte des camps de concentration la Libration provoqua un choc dans lopinion mondiale. Les photographies publies alors, ainsi que les dessins des dports, constiturent un seuil jamais atteint dans la reprsentation de lhorreur et marqurent une rupture dans la continuit historique telle quelle tait perue jusque-l:

Enfin citons le roman dAnne Seghers, La Septime croix, sur le camp dOsthofen (Westhofen dans le roman) qui contribua largement, juste avant la guerre, la mobilisation des antinazis. Il a t crit pendant lexil de lauteur au Mexique, en 1942 (la traduction franaise date de 1947). I

Bergen Belsen, en avril 1945, avec ces scnes de famines et de mort dune ampleur jamais vue auparavant, devient le symbole de la bestialit du rgime nazi.

dune part, le nazisme reprsente en effet, dans sa thorie comme dans sa pratique, la plus tragique violation des droits de lhomme de toute lhistoire de lhumanit, au point que la communaut internationale a dfini une nouvelle notion juridique pour la qualifier, celle de crime contre lhumanit. dautre part aucune reprsentation de la mort de masse navait jamais t montre ainsi au grand public. Lart et la littrature ne pouvaient rester tranger cette problmatique qui concerne toutes les formes dexpression artistiques. Gatan Picon disait Lhistoire est le mauvais rve de lart. Cest le cauchemar dont il doit se dgager Et Michel Ribon(1) ajoutait : () Mais le peut-il tout fait ? Lartiste vrai, qui revendique la libert de son art, refuse tout enrlement de sa production

dans la poursuite dune quelconque finalit de lHistoire. Pourtant, mme si le temps qui parle dans une uvre est plus profond et plus ouvert que le temps de lvnement historique quelle peut reprsenter, luvre reste attache au temps o se sont drouls de tels vnements. Luvre est en effet venue au monde, mais aussi du monde dont elle a pris vie. Ce monde l, cette poque-l sont prsents en elle qui en fait toujours, de quelques faon, retentir lcho. Notre sicle scientifique et barbare ne peut vouloir tre ignor de lart parce quil a t secou et boulevers par des manifestations extrmes de lhorreur : la boucherie de Verdun, le fanatisme des masses en dlire, Nuremberg et sa tribune de haine et de mort, les chambres gaz ()Plombe de mort, cette Histoire-l ne cesse de faire retentir son cho dans lart contemporain () Lart contemporain est en effet hant par
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UVRES DES DPORTS RESCAPS


IMMEDIATES (1945-1948)

Littraires

C
Maurice de La Pintire, O la faim se faisait cruellement sentir

les crimes du nazisme et en tout premier lieu par les vocifrations haineuses des nazis, par lunivers concentrationnaire, par le gnocide perptr contre les Juifs et les Tsiganes et le massacre des Slaves. Ces spectres sont parfois explicites dans les uvres les plus figuratives, mais munis de quelques cls interprtatives il devient possible den dceler la prsence dans des crations plus abstraites. Aujourdhui comment reprsenter les camps, la dshumanisation, lexploitation industrielle des hommes et de leurs objets les plus intimes, le meurtre de masse industriellement excut ? Les barbels, les miradors, les blocks et leurs paillasses, les costumes rays simposent comme des symboles graphiques incontournables des camps nazis. Les cris de haine, le bruit des bottes, les claquements de fusils, les hurlements des SS larrive des convois peuvent tre suggrs dans certaines compositions visuelles, thtrales ou musicales. Foules anonymes sans visage, silhouettes dcharnes, chiffres et tatouages disent la dshumanisation de lunivers concentrationnaire. Les paysages dvasts reprsentent les Oradour de toute lEurope, les ruines silencieuses et dpeuples voquent les ghettos liquids, les villages juifs polonais anantis. Les amoncellements dobjets (vtements, valises, cheveux, prothses) expriment la rcupration, lexploitation systmatique et froidement orchestre des hommes et de leurs objets les plus

intimes. Limage des poupes ou des jouets dlaisss peut alors tre vue comme une rfrence explicite au massacre des enfants. Enfin, le thme de la mort massivement organise sexprime travers la vision obsessionnelle des charniers, des empilements de corps inanims ou lamoncellement de fragments non identifiables des victimes, comme de simples mains par exemple. Dautres artistes, au contraire, sattachent, dans une sorte de clbration particulire, restituer une identit lisible aux morts, choisissant de ne reprsenter quun visage, quun destin. Enfin, artistes dports et non dports puisent leur inspiration dans leur propre hritage culturel et religieux, revisitant les images bibliques du martyr, de la Vierge, le combat de David contre Goliath, le sacrifice de Job, scnes dont le profane devra rechercher le sens. Recherches esthtiques avant-gardistes, reprsentations abstraites jusqu lhermtisme, fictions imaginatives, les formes et le sens des uvres post-concentrationnaires peuvent donner lieu dbats, voire controverses. Jusquo peut aller le crateur dans son interprtation intime de lunivers barbare des camps ? La rponse est largement, comme toujours en matire dart, subjective. Toutefois, quelques uvres ont suscit la rprobation unanime des survivants. I
1. Michel Ribon LArt et lor du temps, Editions Kim, 1997.

ontrairement lopinion courante, les dports parlent et crivent ds leur retour, ou sy essaient. Ce quils viennent de vivre suscite des rcits en forme de tmoignage ou des crits plus labors, enrichis de rflexions philosophiques et thiques. Entre 1945 et 1948, en France, quelques deux cents ouvrages dimportance et de valeurs trs ingales sont dits. Pour leurs auteurs, crire est un besoin, un impratif moral, le moyen de communiquer avec les autres , ceux qui nont pas connu les camps, le moyen aussi de retrouver leur propre humanit. Le rcit devient alors une sorte de thrapie. Les images sortent des consciences, se fixent sur le papier et peuvent tre contemples du dehors . A la diffrence des pomes, ces rcits exigent un patient travail dlaboration, impossible en camp mais qui le devient au retour. Leur nombre est important dans les premires annes. Ouvriers, prtres, mdecins, crivains, jeunes et moins jeunes se lancent dans lcriture sans recul. Ils ne revendiquent aucun talent littraire et insistent sur la vracit de leurs propos, comme par crainte de ntre pas crus. Le style est simple, direct, motif, parfois emprunt didologie. Il y a toujours identit entre lauteur et lexprience vcue. La plupart des productions sont autobiographiques. Parmi elles, quelques uvres matresses, passes parfois inaperues leur parution, simposent aujourdhui. Lunivers concentrationnaire de David Rousset , crit ds 1945 et publi en 1946, fournit la premire fresque descriptive du phnomne concentrationnaire rpressif. Lauteur matrise la

technique de la cration littraire. Il entend faire vivre son rcit, conduire le lecteur l o il veut et sen donne la libert dans un style prcis, prouvant, o simpose la vrit. () Les camps de concentration sont ltonnante et complexe machine de lexpiation. Ceux qui doivent mourir vont la mort avec une lenteur calcule pour que leur dchance physique et morale, ralise par degrs, les rende enfin conscients du Mal et non des hommes. Et le prtre justicier prouve une sorte de plaisir secret, de

la mentalit SS et de soubassements sociaux se retrouvent dans bien dautres secteurs de la socit mondiale. Toutefois, moins accuss et, certes, sans commune mesure avec les dveloppements connus dans le grand Reich. Mais ce nest quune question de circonstances. Ce serait une duperie, et criminelle, que de prtendre quil est impossible aux autres peuples de faire une exprience analogue () (Aot 1945 ). LHomme et la bte de Louis MartinChauffier (1) (1947) sinscrit dans le

passage de la frontire, que la conscience me revint, et que je sus ce que ctait que le retour. Jeus une sorte de vertige, comme si javais brusquement tourn sur moi-mme : et je vis, enfin, devant moi, lavenir auquel, jusqualors, javais tourn le dos. Le prsent prit la tte et alla de lavant, hardiment vers le temps des promesses, au lieu de suivre en tranant le poids des jours enfuis. Ce qui suit ne regarde personne. Le bonheur na pas besoin de confidents et ne porte pas tmoignage. () Kergantelec, t 1945 t 1947. Lespce humaine de Robert Antelme (1947) appartient aussi la gnration des uvres de limmdiat aprs-guerre. Elle se distingue des deux prcdentes par sa dimension philosophique. Les situations saisies sont indpendantes les unes des autres, elles auraient pu se situer ailleurs, un autre moment. On est plong dans la grisaille, sans repre, sans horizon. Le style dpouill, vrai, cruel mais lucide, ne manque pas dlgance. A aucun moment il nest larmoyant. Robert Antelme ne cherche pas apitoyer. Il le reconnat lui-mme : son exprience est trop dense, trop intime, pour tre transmissible. Lagression verbale dont il fait parfois preuve est une riposte lhumiliation subie. Elle le rinstalle dans sa dignit dhomme. Une constante traverse le rcit dun bout lautre : lacharnement survivre par tous les moyens. Car, si la mort est terrible, dans certaines circonstances lhrosme est plutt du ct de la survie. Lessentiel pour Robert Antelme tient en ces mots : () Le ressort de notre lutte naura t que revendication forcene et presque toujours solitaire, de rester jusquau bout des hommes () . Nous citons ci-dessous quelques thmes et la relation simple mais saisissante quil en fait : Lespce : () Le rgne de lhomme, agissant ou signifiant, ne cesse pas. Les SS ne peuvent pas muter notre espce. Ils sont eux-mmes
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les tmoins avons rflchi et travaill face la difficult de faire sentir Nous limpossible ; cest--dire la fois la souffrance impose par des hommes,

les nazis, dautres hommes, leurs victimes, mais aussi la lutte des hommes pour rester des tres humains. Nous avons constat lexceptionnelle puissance de lart qui peut instaurer une relle empathie entre le tmoin et ses auditeurs. Devant la monstruosit dAuschwitz, certains sarrtent sa seule contemplation, allant jusqu sacraliser la Shoah. Pourtant un tel drame est un phnomne de socit quil faut essayer danalyser pour en prvenir le retour : nest-ce pas l un devoir et un travail dHistoire, auquel les sciences humaines sont invites participer. En effet, au-del de la connaissance intellectuelle, aucun phnomne de socit ne peut tre totalement apprhend si lon ne tient pas compte du vcu de ceux qui en ont t les acteurs agissants ou subissants ? Pour que le savoir incite les jeunes gnrations se mobiliser contre le retour du mal, il faut quelles se sentent touches dans leur propre humanit par le cri des gnrations qui les prcdent, actualis. La littrature permet en particulier une certaine identification aux personnages, rels ou de fiction. Marie Jos Chombart De Lauwe. Entretiens de lAssociation des Amis de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation, Paris, juin 2001.

volupt intime, ruiner les corps. Cette philosophie seule explique le gnial agencement des tortures, leur raffinement complexe les prolongeant dans la dure, leur industrialisation, et toutes les composantes des camps. () Lavertissement quil lance la fin de son livre rsonne comme un cri dalarme et invite la rflexion. () Lexistence des camps est un avertissement. La socit allemande, en raison la fois de la puissance de sa structure conomique et de lpret de la crise qui la dfaite, a connu une dcomposition encore exceptionnelle dans la conjoncture actuelle du monde. Mais il serait facile de montrer que les traits les plus caractristiques et de

mme registre : le style est rude et sans complaisance ; la description de la technique de lavilissement concert, est sans faille, sans emphase non plus ; le propos incisif passe alternativement de la bte lhomme et inversement, lun et lautre visage npargnant pas plus les victimes que les bourreaux. Ladieu final nchappe pas la vigueur gnrale du ton : () Lun des membres de lquipage sortit de la cabine du pilote et nous dit: Cest la France Nous regardmes par les hublots, pour la voir glisser lentement, quelques centaines de mtres au-dessous de nous. Ma voisine me serra la main si fort quelle semblait saccrocher, au bord de la chute. Personne nosait plus parler. Cest l, au

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enferms dans la mme espce et dans la mme histoire. Il ne faut pas que tu sois : une machine norme a t monte sur cette drisoire volont de con () Ils ont brl des hommes et il y a des tonnes de cendres, ils peuvent peser par tonnes cette matire neutre. Il ne faut pas que tu sois, mais ils ne peuvent pas dcider, la place de celui qui sera cendre tout lheure, quil nest pas () (p. 79). Le froid : () Dans le creux de la carrire, une dizaine de types se sont colls en grappe pour se protger contre le froid. Ceux qui sont lextrieur essaient dentrer lintrieur de la grappe. La mchoire infrieure est paralyse par le froid. Quand on essaye de parler, la langue glisse, on ne forme que la moiti des mots. On livre une bataille minuscule pour grignoter ou dfendre des centimtres, pour entrer au cur de la grappe ou sy maintenir. (p. 83) Le pain : () Lapparition du morceau de pain, cest lapparition dun certain futur assur. La consommation du pain, cest celle mme de la vie : on se rejette dans le risque, le vide, la fragilit de chaque seconde () (p. 89) Si cest un homme(2) de Primo Levi. Captur par les milices fascistes, Primo Levi est dport en fvrier 1944 Auschwitz. Il chappe la slection pour la chambre gaz et est envoy BunaMonowitz travailler en qualit de chimiste dans la fabrique de caoutchouc synthtique de lIG Farben. Il crit Si cest un Homme ds son retour de dportation, anim par une volont farouche de rvler ce quil a vu et vcu. La premire parution est obtenue de justesse dune petite maison ddition(3). Cest malheureusement un chec. En 1958 un diteur turinois(4) important accepte de publier luvre nouveau. Le livre est traduit, son succs considrable. Le rcit introduit le lecteur dans lintimit du quotidien de la vie du dtenu, confront la ralit du camp avec ses rites, ses interdits, ses souffrances. () Les interdictions sont innombrables : interdiction () de dormir avec sa veste, ou sans caleon, ou le calot sur la tte () ; de ne pas aller la douche les jours prescrits et dy aller les jours qui ne le sont pas

() de mettre du papier ou de la paille sous ses habits pour se dfendre du froid () Le soir, il faut passer au contrle des poux et au contrle du lavage des pieds ; le samedi, il faut se faire raser la barbe et les cheveux () le dimanche cest le contrle gnral de la gale et le contrle des boutons de veste () Quand les ongles poussent, il faut les couper et nous ne pouvons le faire quavec les dents () (pages 34 et 35 Editions Pocket). () Et que lon naille pas croire que dans la vie du Lager, les souliers constituent un facteur ngligeable. La mort commence par les souliers. Ils se sont rvls tre pour la plupart dentre nous de vritables instruments de torture qui provoquaient au bout de quelques heures de marche des plaies douloureuses destines sinfecter. Celui qui a mal aux pieds est oblig de marcher comme sil tranait un boulet (do lallure bizarre de larme de larves qui rentre chaque soir au pas militaire) ; il arrive bon dernier partout, et partout reoit des coups ; il ne peut pas courir si on le poursuit ; ses pieds enflent, et plus ils enflent, plus le frottement contre le bois et la toile du soulier devient insupportable. Alors il ne lui reste plus que lhpital : mais il est extrmement dangereux dentrer lhpital avec le diagnostic de dicke Fsse (pieds enfls), car personne nignore, et les SS moins que quiconque, que cest un mal dont on ne gurit pas () Il montre comment la violence atteint ltre dans ses gestes les plus banaux ; le rle primordial des rapports entre dtenus, qui aident dcrypter les rgles dites et non-dites du camp; limportance vitale de la relation lautre, ft-elle silencieuse; ce monde complexe quil qualifie de zone grise et dont il explore tous les espaces. Primo Levi dcrit Auschwitz, avec ltonnante lucidit et le sens pdagogique du scientifique quil tait. I
1. Louis Martin-Chauffier sengage dans la Rsistance ds 1941. Il devient rdacteur en chef du journal clandestin Libration. Il est arrt et dport en 1944. Il reoit le Grand Prix National des Lettres en 1957. Il meurt en 1980. 2. Le titre du livre est emprunt un ver de Dante dans la Divine Comdie . 3. Editions De Silva, 1947. 4. Editeur Einaudi, Turin, 1958.

ULTRIEURES

Tmoignages littraires
Elie Wiesel Dport Auschwitz o meurent sa mre et sa sur, Elie Wiesel vit sa dportation avec son pre quil verra mourir prs de lui Buchenwald au terme dune terrible marche de la mort, peu avant larrive des Allis. Il crit La nuit (ditions de Minuit, Paris), rcit autobiographique publi en 1958, o il relate la dportation des Juifs de Sighet, petite ville de Transylvanie. Quelques essais, nouvelles, romans, pomes (voir bibliographies) y feront suite. Ces uvres plus tardives voquent le gnocide du peuple juif, mais lauteur refusant quiconque, et donc lui-mme, le droit de parler au nom des victimes, prfre aborder la Shoah dans son antriorit, dcrivant la judit et la culture juive europenne davant la guerre, puis dans ses consquences, par ltude de lempreinte quelle a laisse sur les survivants. Il demeure rserv sur le recours la cration artistique pour voquer des vnements aussi tragiques que ceux lis aux camps et au gnocide. Dans La Nuit toutefois il tmoigne : () Non loin de nous, des flammes montaient dune fosse, des flammes gigantesques. On y brlait quelque chose. Un camion sapprocha du trou et y dversa sa charge : ctaient des petits enfants. Des bbs ! Oui, je lavais vu, de mes yeux vu Des enfants dans les flammes. Est-ce donc tonnant si depuis ce temps-l le sommeil fuit de mes yeux ? Voil donc o nous allions. Un peu plus loin se trouverait une autre fosse, plus grande, pour des adultes. Je me pinai le visage : vivais-je encore ? Etais-je veill ? Je narrivais pas le croire. Comment tait-il possible quon brlt des hommes, des enfants et que le monde se tt ? Non, tout cela ne pouvait tre vrai. Un cauchemar [] Jamais je noublierai cette fume. Jamais je noublierai les petits visages des enfants dont javais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet. Jamais je noublierai ces flammes qui consumrent pour toujours ma Foi ()

Jorge Semprun N Madrid, ancien lve du lyce Henri IV, li de nombreux intellectuels parisiens, Jorge Semprum sengage dans la Rsistance au sein du rseau Buckmaster, en Bourgogne. Arrt puis dport Buchenwald, il est libr le 11 avril 1945 par larme de Patton. Il ncrira que quinze ans aprs. Son premier roman autobiographique, Le grand voyage (Gallimard, Paris) nest en effet publi quen 1963. Contrairement Elie Wiesel il nhsite pas parler du camp, persuad toutefois que la ralit concentrationnaire est tellement invraisemblable quil lui faut se donner le moyen de la rendre vraisemblable. Il en explique ainsi les rgles : () Comment raconter ? () ds le dpart, javais pens, mme avant de songer crire une ligne, quil fallait construire une narration, quil fallait utiliser les procds de la fiction narrative pour raconter la vrit et pour que la vrit devienne vraisemblable. Quelles sont les limites ? Les limites sont trs simples : quel que soit le

raccourci narratif quon invente pour faire comprendre les choses, quel que soit le personnage quon invente, fond sur des personnages rels divers et varis, quelle que soit cette fiction narrative, il y a une limite ne pas franchir : cest de napporter aucun dtail qui puisse tre utilis par les rvisionnistes ou les ngationnistes. Aucun Voil la limite absolue () (Entretiens de lAFMD (1), Paris, juin 2001). Lcriture ou la vie (Gallimard, Paris, 1994) obtient le prix Fmina. Semprum nous rapporte ce quil ressent avec un ralisme saisissant : () Ainsi, paradoxalement, du moins premire et courte vue, le regard des miens,(), me renvoyait la mort, (). Nous vivions ensemble cette exprience de la mort, cette compassion. Notre tre tait dfini par cela : tre avec lautre dans la mort qui savanait. Le regard du SS, en revanche, charg de haine inquite, mortifre, me renvoyait la vie. Au fou dsir de lui survivre () (p 34) () Ctait excitant dimaginer que le fait de vieillir, dornavant, compter de ce jour davril fabuleux nallait pas me rapprocher de la mort, mais bien au contraire men loigner () (p. 25) () Mais qui aura t disponible, autour de nous, en ce tempsl du retour, une coute inlassable et mortelle des voix de la mort ? () (p. 167)

Hernan (sculpture), collection prive.

Charlotte Delbo Charlotte Delbo, assistante du clbre comdien et metteur en scne Louis Jouvet, quitte sa troupe alors en tourne en Amrique du Sud pour rejoindre son mari, Georges Dudach, et entrer dans la Rsistance ses cts. Tous les deux sont arrts le 2 mars 1942. Lui est fusill au Mont Valrien. Elle est transfre la prison du fort de Romainville le 24 aot, puis dporte Auschwitz-Birkenau en janvier 1943. Elle ne rentrera en France quen mai 1945 aprs un passage Ravensbrck. Dans les six mois qui suivent son retour, mue par une forte volont de tmoigner par crit,

elle sattle la rdaction dun manuscrit dans lequel sont consignes des images presque insoutenables quelle veut livrer la contemplation et la mditation du lecteur. Le climat peu rceptif de laprs guerre lincitera pourtant cacher ce manuscrit pendant prs de 20 ans. Au journal Le Monde, elle dclare le 20 juin 1975 : () Quand je suis rentre du camp, jai voulu tmoigner. Il fallait que quelquun rapporte les paroles, les gestes, les agonies dAuschwitz () . Elle y contribuera par la posie et la tragdie. Sa bouleversante trilogie Auschwitz et aprs (Aucun de nous ne reviendra en 1966, une Connaissance inutile en 1970, Mesure de nos jours en 1971) est une uvre de mmoire et dimagination, qui nous fait pntrer lunivers concentrationnaire, par lil expert dune femme de thtre. () Une femme que deux tiennent par les bras. Une juive. Elle ne veut pas aller au 25, cest--dire la phase qui prcde la chambre gaz. Les deux la tranent. Elle rsiste. Ses genoux raclent le sol. Son vtement remonte sur le cou. Le pantalon dfait () trane derrire elle, lenvers, retenu aux chevilles. Une grenouille dpouille ()Essayez de regarder, Essayez pour voir () Extrait de Aucun de nous ne reviendra. Parmi les scnes auxquelles il lui est donn dassister, le viol du lien sacr de la famille par les SS au cours du processus de slection lui arrache ces cris dindignation : () Ma Mre ctait des mains, un visage. Ils ont mis nos mres nues devant nous, Ici les mres ne sont plus mres leurs enfants () Marie. Son pre, sa mre, ses frres et ses surs ont t gazs larrive, Les parents taient trop vieux, les enfants trop jeunes. Elle a dit : Elle tait belle ma petite sur ! Vous ne pouvez pas vous reprsenter comme elle tait belle ! Ils nont pas d la regarder. Sils lavaient regarde, ils ne lauraient pas tue. Ils nauraient pas pu ! Des compagnies thtrales mettent en scne ses diffrents textes qui prennent une valeur universelle, comme ceux des plus grands classiques Mais le drame quelle voque, elle la rellement vcu. I
1. Cf. Entretiens de lAssociation des Amis de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation, Paris, juin 2001.
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ESSAYONS DOUBLIER

La Posie post concentrationnaire


Toujours aussi prsente, mais hsitante entre le souvenir encore vivace et meurtri, le dsir doublier, lespoir et lamour retrouvs et toujours ce lancinant appel tmoigner. I

Mais quarante ans aprs, nous nous trouvons tranges, Epaissis et blanchis, tasss, brinqueballant Prcurseurs vhments de sniles phalanges En voquant Nessus ne fouettons que du vent. Je voudrais oublier ! Parfois je le rappelle Aux jeunes daujourdhui qui mcoutent polis ; Ils sont indiffrents, raillent les kyrielles, Considrant moqueurs nos tristes boulis. Ils me font souvenir de cette vieille corc Qui racontait sa guerre, en pleurant sur des morts, Laissant Douaumont sa jeunesse et sa force De se voir encor l, sexprimait en remords ! Et quand je lcoutais, attentif, sarcastique, Incrdule, mes yeux semblaient ironiser, Sa voix samplifiait, son geste hiratique Semblait voir lennemi, le fendre, le viser. Dport ! Rsistant ! Ami, vieux camarade Revenu comme moi de ces camps de la mort, En ayant vit le nud et la noyade, Fais taire ta rancur, ne clame pas si fort ! Essayons doublier notre preuve lointaine, Puisque certains ont su combattre en chevalier, Ensemble allons puiser leau de la fontaine, La goutte damiti qui sait faire oublier.

La Peinture
Profondment marqus par leur douloureuse exprience concentrationnaire, les peintres dports ont voulu porter tmoignage leur retour. Ils ont illustrs les publications collectives damicales ou dassociations de dports, comme Robert Houlgatte ou Milos Batic pour Mauthausen, France Audoul pour Ravensbrck et galement Maurice de la Pintire pour Dora. Ils ont ralis des uvres plus magistrales comme Boris Taslitzky ou Isaac Celnikier. I
Boris Taslitzky, La Mort de Danile Casanova, 1950.

LEMPREINTE
Du champ clos barbel, filtre un regard furtif Vers le triste horizon, que sa nuit vient confondre Au profil dun ghetto, car son espoir seffondre Dans le flot des proscrits, do monte un chur plaintif. Dsarm, ce vaincu ne se croit pas fautif, Il a bien dcid de ne plus se morfondre ; Limage de son fils son creuset, veut fondre La volont dagir, deffacer le captif. Partir ? viril besoin, pur dsir de victoire, Au mpris du pril, peut paratre illusoire Quand lexil odieux interdit le dbat. Il fallait tout tenter pour briser cette treinte, Et prouver de lamour, en gagnant un combat Qui marquait de son sang lindlbile empreinte.

KOMMANDO
Au premier kommando des wagonnets de glaise, Sa force vacillait devant ce dur effort, Son corps pench trop bas, ses mains mal leur aise Dcelaient le penseur, mais non pas lhomme fort. Dans lenclos barbel se terrait la baraque, A cinq pour deux chlits, le pou pour compagnon, Je craignais quau moral quelque chose en lui craque, Tombe son flux nerveux, faiblisse sa raison. Ds lors, le kommando lia nos existences, La tche demandait leffort dmesur, Le travail surveill prenait des exigences ; Se sachant entour, nous lavons rassur. Malgr notre amiti, tout esprit secourable, Sa sant dclinait, sa peau smaciait, Sa fiert du dbut ntait plus comparable Et son corps dcharn lentement se vidait. Je ne voyais en lui quun regard, cette flamme Qui brillait par instants dans ses yeux caverneux, Semblait dire Tu vois ! pas de corps ! mais une me ! Cest elle qui tiendra, je le crois ! Je le veux !

DPORTATION
Contacts et missions, veilles et filire Ton rseau permanent se voit organis Le vent qui te poussait joindre lAngleterre Sarrta cette nuit en route pour Jersey. Ce fut le premier temps de schlague et de torture Qui scandait bien souvent la confrontation Les craintes du mitard cette angoisse qui dure En nous paralysant de peur, dmotion. Vint ce jour le plus long . Les portes sentrouvrirent, La prison se vida dun convoi pour lenfer Pour la captivit beaucoup de nous soffrirent, Alors quil eut fallu griffer, mordre le fer. Ctait le grand dpart des foules asservies Dans le mme convoi, qui nous a dports. Ce jour-l, le destin runissait nos vies, Et fraternellement nous a toujours ports.
Isaac Celnikier, Lhomme ltoile.

connat de multiples prisons dans lesquelles ses codtenus firent appel ses talents de peintre, avant dtre finalement dport Buchenwald. Issu de lEcole des BeauxArts, lve de Jacques Boris Taslitzky, Linsurrection de Buchenwald, toile monumentale. Lipschitz, il apprit beauvies, des visages, des yeux donc des douleurs, coup en copiant Rembrandt, Rubens, chaque fois uniques () Isaac Celnikier Gericault En 1990, il donne une vision entre ainsi au panthon des uvres inou- lyrique de linsurrection des dtenus de bliables () celle de Breughel et de Goya. Buchenwald du 11 avril 1945, laquelle il a particip. Voir tryptique p.25.

Isaac Celnikier
Rescap du gnocide, issu dune famille juive de Varsovie, Isaac Celnikier connut la fuite, le ghetto (Bialystok 1939), les camps du Stutthof, Auschwitz-Birkenau, Buna-Monowitz, les vacuations de janvier 1945, Mauthausen, Sachsenhausen, Flossenbrg. Il est retrouv seul survivant de son wagon par des soldats amricains. A la libration, il est intern par les sovitiques au camp de Sumperk en Tchcoslovaquie, do il svade. De sa peinture Max Gallo a dit : Il russit () faire surgir ce qui a disparu, la souffrance et la peur, ces foules o lindividu nest plus quune ombre, o la personne nest plus rien et nous rappeler que dans ces amas () il y a des destins, des

Boris Taslitzky Enfant de rfugis russes en France, n en 1911. Elve des Beaux-Arts, il tudie et copie Rembrandt, Rubens et Gricault. Prisonnier de guerre vad en 1940, arrt en 1941 pour raisons politiques, il

Maurice de La Pintire Dport au camp de Dora. artiste de talent, il a traduit son exprience dans des dessins saisissants, quil a excuts aussitt aprs sa dportation, lorsquil tait encore sous le choc de lvnement. Dora la mangeuse dhommes , regroupe les reproductions de 35 lavis faits en 1945.
Informations lAmicale Dora Ellrich CEP, 55 quai Le Gallo 92100 Boulogne.

Le Plateau dAvron 1975

Tmoignages versifis de Serge Lopold Camman. Dport Rsistant au camp de Neuengamme.

Maurice de La Pintire, O chaque pellete de terre tait mouille de leurs larmes et de leur sang.
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CONTRE-TMOIGNAGE

UVRES DES NON DPORTS

La mort est mon mtier est une cration toffe et imaginative. Le personnage central Rudolf Lang, sinspire largement de Rudolf Hoess, ancien commandant du camp dAuschwitz. Robert Merle a tudi les notes du Docteur Gilbert, psychologue des armes allies, qui eut de nombreux entretiens avec le bourreau pendant sa dtention. Grce ces matriaux, le romancier pntre en quelque sorte la personnalit du criminel. Il raconte son itinraire la premire personne, tout en interprtant chaque tape de sa construction mentale et permet ainsi au lecteur, de saisir les moments et les raisons du basculement dun individu vers le crime froidement excut.

Je ne peux rien dire de la dportation sinon que maman sappelait Valrie et mon pre Salomon et que nous vivions heureux ! Je ne peux rien dire de la dportation sinon que lanne mil neuf cent quarante-trois fut celle de mon dsarroi et celle de leur extermination Je ne peux rien dire de la dportation sinon que mon pre a connu trois semaines denfer que ma mre est partie immdiatement en fume et que jaurais aim tre avec eux. Je ne peux rien dire de la dportation sinon que ma vie sest arrte et quune autre a dbut. Qui sera toujours perturbe. ()

CHANSON POUR OUBLIER DACHAU


Nul ne rveillera cette nuit les dormeurs Il ny aura pas courir les pieds nus dans la neige Il ne faudra pas se tenir les poings sur les hanches jusquau matin Ni marquer le pas le genou pli devant un gymnasiarque dment Les femmes de quatre-vingt-trois ans les cardiaques ceux qui justement Ont la fivre ou des douleurs articulaires ou Je ne sais pas moi les tuberculeux Ncouteront pas les pas dans lombre qui sapprochent Regardant leurs doigts dj qui sen vont en fume Nul ne rveillera cette nuit les dormeurs Ton corps Ton corps nest plus le chien qui rde et qui ramasse Dans lordure ce qui peut lui faire un repas Ton corps nest plus le chien qui saute sous le fouet Ton corps nest plus cette drive aux eaux dEurope Ton corps nest plus cette stagnation cette rancur Ton corps nest plus la promiscuit des autres Nest plus sa propre puanteur Homme ou femme tu dors dans des linges lavs Quand tes yeux sont ferms quelles sont les images Qui repassent au fond de leur obscur crin Quelle chasse est ouverte et quel monstre marin Fuit devant les harpons dun souvenir sauvage Quand tes yeux sont ferms revois-tu revoit-on Mourir aurait t si doux linstant mme Dans lpouvante o lquilibre est stratagme Le cadavre debout dans lombre du wagon Quand tes yeux sont ferms quel charanon les ronge Quand tes yeux sont ferms les loups font-ils le beau Quand tes yeux sont ferms ainsi que des tombeaux Sur des morts sans suaire en labsence des songes Tes yeux Homme ou femme retour denfer Familiers dautres crpuscules Le got de soufre aux lvres gtant le pain frais Les rflexes dmesurs la quitude villageoise de la vie Comparant tout sans le vouloir la torture Dshabitus de tout Hommes et femmes inhabiles ce semblant de bonheur revenu Les mains timides aux ttes denfants Le cur tonn de battre Leurs yeux Derrire leurs yeux pourtant cette histoire Cette conscience de labme Et labme O cest trop dune fois pour lhomme tre tomb Il y a dans ce monde nouveau tant de gens Pour qui plus jamais ne sera naturelle la douceur Il y a dans ce monde ancien tant et tant de gens Pour qui toute douceur est dsormais trange Il y a dans ce monde ancien et nouveau tant de gens Que leurs propres enfants ne pourront pas comprendre Oh vous qui passez Ne rveillez pas cette nuit les dormeurs Aragon 1947

Littrature
a littrature contemporaine, porte la trace des blessures faites lhumanit dans les camps nazis. De Vercors Les armes de la nuit, 1951 Patrick Modiano Dora Bruder, 2000, les crivains franais puisent leur inspiration dans ce drame, ses prmisses et ses consquences. En 1945, lcrivain Vercors assiste au retour des dports. Son roman Les armes de la nuit (1), sera publi en 1951. Pierre, ombre de lui-mme, farouche, fuyant les questions, se renferme dans la coquille de silence, peine revenir dans le monde des vivants. Que sest-il pass ? L-bas, jai perdu ma dignit dhomme lche-t-il en confidence. Puis il explique la sale besogne impose aux dports par les SS. Il ma montr le tas des morts, le pauvre tas de charogne humaine. Tu les mettras au four () Vous savez maintenant le pire () Jai enfourn des corps par centaines, peuttre par milliers () Que mon corps passt son tour par la gueule ouverte, ce ntait quune question de jour, qui dpendait seulement de lhumeur des geliers () . Cette fiction de Vercors est la premire aborder la question des Sonderkommandos. De quelle maladie parle Albert Camus en 1947 dans La Peste, lorsquil affirme Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparat, si ce nest de la radicalit du mal incarne par la barbarie nazie ?

Tapisserie de Rolande Brandely, Le royaume des rays et des tondus Andr Malraux.

En 1960, Anna Langfus publie Le Sel et le soufre. Ecrivain polonaise, Anna Langfus na pas connu lunivers concentrationnaire. Rsistante, arrte par la Gestapo, elle a t interne dans une prison Plock. Etablie en France, elle se consacre aprs-guerre lcriture thtrale, collaborant notamment avec Sacha Pitoff. Dans ce roman, elle imagine le destin dune jeune femme polonaise privilgie, goste, qui bascule brutalement avec la cration des ghettos. Prives des siens, elle souhaite alors la mort comme une dlivrance, mais se voit condamne vivre, seule face ladversit. Romain Gary, n Vilno en Lituanie, migr en France en 1928, est un hros de la France Libre. En 1967, cet adepte du roman total o les hros doivent se mesurer au monde pour en changer le cours, publie La danse de Gengis Cohn. Il sagit dune fable baroque qui met aux prises le fantme dun juif extermin lAllemagne post-nazie. Lhistoire se situe en 1967. Mais la prsence du mort-vivant Gengis Cohn permet la confrontation permanente du pass et du prsent. Sur un mode satirique, nourri de nombreux jeux de mots sur les personnages, qui frisent parfois lhumour noir, lauteur dresse un rquisitoire. Le bourreau Schatz, tel Ponce Pilate, se lave les mains sans arrt, incarne

lirresponsabilit des bourreaux. Nous sommes ici dans un monde totalement fictif qui, pour autant, renvoie limplacable ralit. Avec le choix de Sophie du romancier William Styron, la fiction devient perverse et frle linacceptable. Dans ce roman qui propose une vision mtaphorique de la dportation, les coupables ne sont plus coupables, les victimes sont complices, bref lambigut de la dmarche est constante et pose clairement un problme dthique ou de dontologie des crivains. Lexprience des camps est-elle un domaine que les crateurs peuvent investir de leurs fantasmes sans trahir une certaine ide de la dignit de lhomme ? La question est pose.

Claude Gutman La maison vide, Page Blanche, Gallimard. Le pre de David perd sa premire pouse et ses trois enfants lors dun pogrom perL.L.M. nuit du 2 avril 1995 entre le ptr par une bande de Polonais ivres. Il retour du Struthof et le dpart pour part alors sinstaller en France, Paris, Auschwitz. Liliane Lelaidier-Marton enfant juive cache administratrice de jusquau jour o les Allemands arrivent. lAFMD. Le 16 juillet 1942 lors de la rafle du VelHiv, David, rfugi chez des voisins, assiste impuissant larrestation de ses parents. Lhistoire Hommage Paul Etoc, mon pre, dport, rsistant, de ce garon commence alors. mort Neuengamme en janvier 1945 Aprs quelques mois drama A celui que jai peu connu mais beaucoup aim . tiques sous une fausse identit dans un collge religieux, puis LE CHEMIN DU CALVAIRE dans une maison pour enfants il dcouvre la libert, lentraide Je suis all Neuengamme Pour mettre mes pas dans les tiens et lamiti. Mais la tragdie est Je suis all Neuengamme encore au rendez-vous : les Pour chercher et trouver ta main. Allemands emmnent ses A lentre du sinistre enfer camarades et leur monitrice. Cirque immonde o tu as souffert, David, une fois encore, en Jai revu ton triste visage, Ton bon regarde plein de courage. rchappe mais se retrouve seul devant la maison vide. I En traversant la cour dappel
1. Rdit sous le titre Les Armes de la nuit et la puissance du jour, Collection Point n 323, Seuil, 1997. Jai dfi tes bourreaux cruels ; L, presque nu et frissonnant, Tu chancelais dans le grand vent. Dans laube grise o le froid mord Tu commandes ton pauvre corps De suivre un chemin de calvaire, En trbuchant dans les ornires. () Au pied du crmatoire o ton corps est poussire, Jai dpos des fleurs et fait une prire ; Alors jai entendu ta voix mourante et lasse Dire en un long sanglot sur cette triste place : Mon fils noublie jamais ce crime abominable Que les bourreaux nazis infligent leurs semblables. Je te tends le tmoin, transmets notre pense : Mon supplice est le prix de votre libert . Pleurant, agenouill, jai saisi le tmoin Et depuis ce soir-l, jai retrouv ta main. Daniel Etoc 5 aot 1995 Aprs le plerinage de Neuengamme mai 1995

Robert Merle La mort est mon mtier, 1952 (Folio, 369 pages). Lorsque Robert Merle crit La mort est mon mtier, la plupart des rcits majeurs des dports sont parus et, dj, le silence retombe sur leurs expriences. Profondment marqu par les crimes nazis, il veut faire comprendre comment un homme ordinaire peut devenir un criminel capable dexterminer en masse, sans remords.

Posies
de la deuxime gnration
Les enfants de dports ont aussi exprim leur faon une souffrance diffrente, par des vers qui se veulent en mme temps hommage et adieu aux disparus.

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Thtre

our peu quon veuille le dcrypter, le thtre contemporain est habit par les ombres des victimes des camps et de leurs bourreaux. Pour ne citer que deux grandes figures, lune franaise, lautres allemande : cest Jean-Paul Sartre dans Les Squestrs dAltona qui voque sur un plan philosophique lternelle question de la responsabilit personnelle des bourreaux. Cest Bertold Brecht qui dcrit avec un terrible humour frondeur lirrsistible ascension dArturo Ui et nous appelle la vigilance en ces termes : () Vous, apprenez voir au lieu de regarder btement ! Agissez au lieu de bavarder ! () () Voil ce qui a failli dominer le monde. Les peuples ont fini par en avoir raison () () Mais nul de doit chanter victoire hors de saison () () Le ventre est encore fcond do a surgi la bte immonde () .

De multiples crations devaient, aprs 1945, voquer le pire : que lon songe, par exemple, aux nombreuses adaptations du Journal dAnne Frank. Nous rappellerons ici quelques uvres plus axes sur lexprience concentrationnaire. Luvre de Charlotte Delbo, est aujourdhui mise en scne en de multiples circonstances par de nombreuses troupes ou comdiennes : on pense par exemple la comdienne Edith Scob, qui cra Qui rapportera ces paroles ou, plus prs de nous, Marie Isabelle Heck, auteur et scnariste de Je rentre la maison, monte et mise en scne partir de textes choisis dans la trilogie Auschwitz et aprs de Charlotte Delbo (le spectacle a t parrain par la Fondation pour la Mmoire de la Dportation). Rentrer aprs tout serait facile. Et cest bien l que nous nous trompions, Et cest l que nous avons t pris au dpourvu . Charlotte Delbo Parmi dautres entreprises, celle de la compagnie Bagages de Sable mrite que lon sy arrte. Ctait en 1995. Le mme

jour, la mme heure, au signal donn sur France Culture, dans 160 communes de lhexagone, 320 comdiennes, entamaient la lecture des biographies des femmes du convoi du 24 janvier et des textes de Charlotte Delbo. Grce cette initiative de Bagages de Sable, les Editions de Minuit rditrent les ouvrages de cette rsistante dporte. Deux comdiennes par ville lune de lge des dportes, lautre de lge de leurs petitesfilles se relayrent, dans une complicit inspire de la fusion amicale des dportes du convoi. Comme () des bougies vivantes dans un monde obscur , ces lectrices () passeuses de parole Lire et rapporter cest tre debout dans sa tte () , travaillent () comme un long pome, doux linceul pour envelopper les morts , dont lcriture est agent dune rsistance active au morbide . Cette anne Une petite fille privilgie est propose par la Compagnie des spectacles de lAn 2000, sur une mise en scne par Philippe Ogouz, et une interprtation de Mireille Perrier. Cette uvre tire du tmoignage de Francine Christophe, dporte avec sa mre au camp de BergenBelsen, connat un vif succs suscitant des demandes de tourne en province(1). Les Lettres de Louise Jacobson mises en scne par Alain Guinburger, interprtes par la jeune Juliette Battle, sinspirent de trente-trois lettres mouvantes, envoyes de Drancy do Louise Jacobson fut dporte sans retour. Auschwitz de mes nuits crit et mis en scne par Jean-Manuel Florensa pour le Centre dramatique des Landes de Mont de Marsan relate le retour dun rescap du Sonderkommando dAuschwitzBirkenau, dans un dcor entirement mdical il est en cure et revit ses hallucinations. Ce rescap est dchir entre deux personnages : lun, incarn par un comdien, veut oublier ; lautre, jou par un second acteur, veut au contraire se souvenir. Cette pice suscita lintrt de Marie-Claude Vaillant-Couturier, premire prsidente de la Fondation pour la mmoire de la Dportation, elle-mme rescape dAuschwitz.

revivre Jeanne dArc sous les traits dune femme noire ; enfin se veut instrument de mmoire Woman in the Moon, 2001, fut crite en souvenir des esclaves du tunnel de Dora o se fabriquaient les fuses V1 et V2 voquant galement lobscure pass de von Braun, pre de larospatiale moderne (la pice sera produite en France au cours de lanne 2002).

Photographie

Julia Pascal (Grande Bretagne) ou la passion du thtre au service de la mmoire. Eleve Manchester et Blackpool dans les annes 50, Julia Pascal tout la fois dramaturge, metteur en scne et actrice, se consacre depuis 20 ans lvocation de la Seconde Guerre mondiale et des drames qui lont marque. Son uvre tend ranimer le souvenir des vies perdues et dune culture ensevelie dans le massacre organis des Juifs dEurope : Holocaust trilogy, compose de trois pices Thrsa Le dybook et Une morte en vacances ; Thereza (1989), histoire de trois femmes juives dnonces Guernesey par un policier anglais et dportes ; Dybbuck (1992), dont lhistoire se passe dans un ghetto de Lituanie ou de Pologne en 1942 ; ou dnonce impitoyablement le racisme: Lanne zro, France 1940, vocation de la France collaborationniste et raciste de Ptain, Saint-Joan is back (1995) qui fait

Armand Gatti N en 1924, crivain et homme de thtre, est arrt en tant que rsistant en 1942 en Corrze et dport Linderman prs de Hambourg. Journaliste et grand reporter son retour de dportation il reste nanmoins hant par la mmoire des camps qui sera le fil conducteur de toute son uvre : tout ce que je fais, cest pour eux dit-il propos des petits enfants juifs extermins. Ses premires pices sont cres par Jean Vilar au TNP. Depuis une trentaine dannes ses spectacles sont le fruit dun travail collectif dont les interprtes sont souvent des non professionnels issus de milieux difficiles. Pour lui les vrais exclus sont les exclus du langage. Leur redonner les cls de ce langage et de la connaissance cest pour lui, donner des armes aux rsistants daujourdhui. Gatti est galement pote et cinaste (Lenclos, 1961).
Informations complmentaires : La parole errante 5/7 rue Franois de Bergue 93100 Montreuil. Tl. : 01 48 70 00 76

lment Chroux, historien de la photographie, a publi en janvier 2001, loccasion dune exposition photographique organise lHtel de Sully sur les camps nazis de concentration et dextermination, un important catalogue intitul Mmoire des camps (Paris Editions Marval, janvier 2001). Outre lintrt des photos qui y sont montres et commentes, cet ouvrage prsente une remarquable synthse de la problmatique gnrale de la photographie travers une srie darticles portant sur : le rle de la photographie dans la constitution dune mmoire culturelle appele relayer la mmoire communicative . ()La photographie facteur et vecteur dune mmoire culturelle ? la question de la vrit historique de limage et de sa possible falsification (facilite par la rvolution numrique), question dpasser en la faisant plutt porter sur le rle de limage dans la formation de la mmoire collective dune socit un moment donn, la reprsentation des crimes de masse et les gnocides, le sens et la valeur dune expression visuelle artistique de la photo, paralllement sa nature raliste ou docu-

mentaire, le vrai problme tant de dfinir avec quelle esthtique traduire la ralit une poque et dans une socit donne. Si la photo, indicateur et moteur de lvolution de la mmoire, prend toute sa place dans le domaine de la cration artistique, il faut sans cesse sefforcer de la rintgrer dans un contexte, dans un discours et dans une poque. Cest quoi nous invitent Pierre Bonhomme et Clment Chroux. I
(En haut) Krysztof Pruszkowski, Photosynthse de 15 miradors du camp de Majdanek, 1992-1993.

Georges Tabori Ecrivain hongrois dont luvre pose la question du rcit deux voix celui du tmoin et celui du crateur. Le courage de ma mre a t cr rcemment dans une mise en scne de Claude Yersin, Paris et Angers. Information : cahier du nouveau thtre dAngers, le thtre de G. Tabory est dit aux ditions Thtrale. Tadousz Kantor Metteur en scne Polonais mondialement connu, dont luvre est elle aussi hante par cette priode de lhistoire. Nombreux ouvrages et cassettes vido facilement accessible. I
1. Renseignements auprs de M. Philippe Ogouz, 3 Place Andr-Malraux 75001 Paris. Tl. : 01 49 27 03 53.

Michael Kenna, clture et mirador, Majdanek, 1993.


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34 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Cinma

lus que tout autre expression artistique le cinma est fait pour frapper limaginaire. Un film est une composition, destine susciter une prise de conscience, une raction, une rflexion coup sr, et laisser une trace affective ou rationnelle dans la mmoire. Cest dire limportance du cinma dans la formation dune mmoire collective de la dportation et du gnocide. La production cinmatographique est prsente ci-aprs par grandes priodes lintrieur desquelles les crations se rpartissent entre deux ples, lun plus historique et respectueux de la ralit, lautre plus proche de la fiction, en recherche dune symbolique. Les deux formules se rejoignant toutefois dans des rflexions philosophiques sur lhomme et son destin.

Premire priode, 1945-1955 :

un certain vide
Dans les dix premires annes daprsguerre, le cinma sest tourn prioritairement vers le thme de la Rsistance. Sans doute, sciemment ou pas, a-t-on cherch au cours de cette priode effacer limage dune France collaborationniste en valorisant celle dune France rsistante . Toujours est-il quun seul film y voque la Dportation: Le retour la Vie dAndr Cayatte (sorti en 1949), encore quil ne fasse queffleurer le sujet en prsentant la dtresse dune rescape de Dachau, seule dporte sur les cinq sketches dvelopps. La dernire tape (Ostatni Etap), 1947 Ralistaur Wanda Jakubowska uvre importante et essentielle notamment parce quelle fut ralise par une dtenue dAuschwitz et tourne sur les lieux-mme de lhorreur concentrationnaire, ce film traite de la vie des femmes en camp.
Deuxime priode, 1955-1961 :

dport), que le comit dHistoire de la Deuxime Guerre mondiale avait dailleurs appel de ses vux. En labsence de toute production franaise antrieure sur la dportation, Nuit et Brouillard marque une tape et constitue une rfrence. Aprs une brve mise en situation, le film dcrit le fonctionnement de la machine concentrationnaire de 1933 1945, voque le gnocide par le biais dune analyse des diffrentes mthodes de massacre collectif, surtout entre 1942 et 1945, pour montrer enfin, la condition de travailleurs-esclaves des dports au profit de lindustrie allemande. Il sachve par un retour au prsent en forme de mditation sur la responsabilit des crimes passs et actuels et une mise en garde contre la mmoire dfaillante. A une priode o la connaissance historique et la recherche historiographique ntaient qu peine amorces, lobjectif tait surtout de frapper les esprits et de susciter une rflexion prventive. Avec Nuit et Brouillard le souvenir des crimes nazis jusqualors vcu individuellement commence participer une mmoire collective. Au dbut de la dcennie 60, les mmoires se rveillent et la volont de porter lcran la question des camps se concrtise par quelques productions rapproches. Le journal dAnne Franck (The Diary of Ann Frank), 1960 Ralisateur Georges Stevens Adapt du livre ponyme, ce film marque le dbut du cinma hollywoodien dans son dsir de traiter de la perscution des juifs. Malgr quelques complaisances de style inhrentes au systme des studios amricains, Georges Stevens russit nanmoins retranscrire avec une certaine justesse et motion le drame de la petite Anne et de sa famille, obliges de se cacher pour viter la dportation. En 1961, Armand Gatti sort lEnclos dont il avait semble-t-il conu le scnario ds 1945. Lintrigue met en situation deux dports, un politique allemand communiste et anti-fasciste, et un juif,

tous deux condamns sentre-tuer la suite dun pari entre deux SS. Leur face face impos dclenche un mouvement de solidarit dans lequel lorganisation clandestine internationale du camp joue un rle capital. Le temps du ghetto, 1961 Ralisateur Frdric Rossif Frdric Rossif nous plonge dans lhistoire du ghetto de Varsovie en faisant apparatre lintention criminelle qui inspira sa cration par les nazis. Lorganisation de la mort lente y est rvle par une alternance de tmoignages et de documents quavaient films les nazis eux-mmes. Le vieil homme et lenfant, 1966 Ralisateur Claude Berri Ce film tourne en drision lantismitisme franais travers lhistoire vraie dun petit garon juif de neuf ans, qui est envoy la campagne pour fuir les tourments de la guerre et des perscutions. Lenfant se retrouve alors auprs dun vieux campagnard antismite qui ignore son identit. Peu peu le vieil homme et lenfant noueront une relation tendre et amicale. Dans un style nostalgique et non polmique, Claude Berri sattache avant tout retranscrire les sensations et les souvenirs de lenfance, extraire de cette rencontre un message de tolrance et dhumanit. Par la suite et jusqu la dcennie 1970 la production cinmatographique sur la dportation cesse : lheure est la dcolonisation. Puis le thme rapparat, abord plutt par le biais de lOccupation, dans des situations en rapport avec le sort des Juifs, dont lissue est sense tre connue de tout le monde.
Troisime priode :

atrocits nazies en mme temps quil a cre une confusion entre ralit et fiction. A linverse de ce quon constate dans Nuit et Brouillard , le ralisateur recherche le pathtique et la terreur l o Resnais ne faisait que suggrer. Il a nanmoins favoris une prise de conscience de la ralit gnocidaire.
Quatrime priode :

1980-2001
Shoah, 1985 Ralisateur Claude Lanzmann Monument de mmoire du Gnocide, auquel il a fini par donner jusqu son titre, ce film a exig douze ans de tournage. Claude Lanzmann retrouve les lieux souvent devenus mconnaissables, fait parler les tmoins et les acteurs, pour faire resurgir la ralit. Raul Hilberg(1) y expose la conception nazie de llimination des Juifs. Requiem pour un massacre (Va et Regarde), 1985 Ralisateur Elem Klimov, Russie Un jeune homme voulant rejoindre la rsistance arme est le tmoin terrifi de la guerre dextermination mene par les nazis contre lUnion Sovitique. Un des rares films mettant en scne, dans son incroyable sauvagerie, le processus dextermination dont est victime la population civile. Au revoir les enfants, 1987 Ralisateur Louis Malle, daprs une histoire vraie. Hiver 1943 , la rentre des classes Julien se lie damiti avec un nouveauvenu qui dissimule son identit juive. Louis Malle ralise ce film partir dun douloureux souvenir denfance. A la fin du film, la voix de Malle prononce ces mots : Plus de quarante ans ont pass, mais jusqu ma mort je me rappellerai chaque seconde de ce matin de janvier . La liste de Schindler, 1994 Ralisateur Steven Spielberg Fiction mettant en scne un industriel allemand qui, avec de la main duvre juive obtenue des SS, remet une fabrique de matriel de cuisine en route en Pologne, en tire dnormes profits grce aux commandes militaires et utilise cet
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Voyages, dEmmanuel Finkiel, ni un documentaire, ni un film de fiction.

tage de documents divers allant de linterview aux actualits, des discours aux photos. Il dresse une typologie des ractions (collaboration, rsistance,) dans diffrentes situations. Des tmoins de tous bords sont entendus. Ophls a sans doute voulu rvler les moteurs cachs de la collaboration : gosme, peur, privilges Les Violons du Bal, 1973 Ralisateur Michel Drach Le ralisateur Michel Drach, dorigine juive, raconte son enfance et la vie de sa famille pendant la guerre en 1940. Les guichets du Louvre, 1974 Ralisateur Michel Mitrani Le film suit le trajet de deux adolescents dans le Paris occup du 16 juillet 1942 Le jeudi noir o la police franaise rassembla 14 000 juifs au Vlodrome dHiver avant de les dporter. Dans un style dpouill et simple, Michel Mitrani tente de retranscrire latmosphre monstrueuse qui rgnait ce jour-l, de cet antismitisme franais . Lacombe Lucien 1974 Ralisateur Louis Malle Lacombe Lucien conte lhistoire dun jeune paysan du sud de la France qui se range, sans relle conviction, dans le camp des miliciens. Avec largent, les armes, les vtements neufs et le pouvoir que lui apportent ses fonctions, il se forge une

nouvelle identit. Alors quil ne souffre gure dtre mis lcart par sa famille et ses anciens amis, Lucien est trs troubl par lamour qui le porte vers une jeune et riche juive, quil sauvera finalement de la dportation et lamnera vers la rsistance. Lacombe Lucien se veut une uvre politique, anti-conformiste, qui traite des comportements de certains Franais de cette poque. Un sac de billes, 1974 Ralisateur Jacques Doillon Adaptation du roman de Joseph Joffo. Mr Klein, 1976 Ralisateur Joseph Losey Le thme de M. Klein, cest lindiffrence, linhumanit de lhomme envers lhomme. Plus prcisment, le film traite de linhumanit de la population franaise lgard de certains de ses reprsentants. Ce nest pas un film sur les mchants Teutons. Cest un film qui montre ce que des gens trs ordinaires, tels que nous pouvons en rencontrer autour de nous, sont capables de faire subir dautres gens ordinaires Joseph Losey, Notes de travail publies dans le dossier de presse du film, Cannes 1976. Holocauste, 1978 Ralisateur Marvin Chomsky Production Hollywoodienne, dnonce notamment par Elie Wiesel, ce feuilleton a rvl au grand public amricain, les

le rveil
1955, anne du 10e anniversaire de la Libration des camps, voit sortir sur les crans Nuit et Brouillard , un film dAlain Resnais et Jean Cayrol (ancien

la dcennie 70
Le Chagrin et la Piti, 1970 Ralisateur Marcel Ophuls Chronique dune ville franaise sous loccupation (Clermont-Ferrand), ce film reprsente quatre ans et demi de mon-

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Musographie
armi les modes dexpression des rescaps des camps de concentration leur retour, la Musographie tient une place originale qui la situe mi-chemin entre luvre dart et la contribution la connaissance historique. Cest la voie choisie par Denise Lorach, fondatrice du muse de Besanon. La cration de ce muse nest pas isole : partir du 20 e anniversaire de la Libration, les Rsistants et les Dports prouvent la ncessit de crer des muses, essentiellement sur le thme de la mmoire des rsistants-dports. Cette volont se concrtise dans les 20 annes qui suivent Besanon, Champigny, Grenoble, Lyon, Nantua, Toulouse Ces initiatives sont souvent prennises grce lappui des administrations et institutions locales, en mme temps que ces muses se dotent de centres de documentation et darchives. Dans les dernires dcennies du sicle, dautres tablissements sont ns, lis une volont politique, comme le Mmorial de Caen, le Centre dHistoire de la Rsistance de

Lyon, le centre de la Coupole de SaintOmer. Le muse de Besanon a t choisi ici parce quil se distingue par la place rserve la Dportation, dans son parcours de visite comme dans ses collections. La fondation du muse fut dabord un enjeu de mmoire Denise Lorach, fondatrice du muse fait partie des rares dports juifs rentrs des camps. Arrte en fvrier 1944, elle fut dporte en mai, en compagnie de son fils g de 4 ans, Bergen-Belsen. Malgr la faim, le froid, les maladies, ils survcurent tous les deux. En 1964, avait eu lieu au muse des Beaux-Arts de Besanon, une exposition destine commmorer le 20e anniversaire de la Libration de la France. Denise Lorach explique comment elle avait t choque par le fait que lexposition faisait une place infime la dportation . Elle a donc demand la municipalit de fournir une salle pour combler cette lacune, mais Jean Minjoz, maire et ancien rsistant, lui suggra de faire plutt un

Denise Lorach, fondatrice du muse de Besanon.

argent pour protger un millier de Juifs. Spielberg utilise le noir et blanc et recourt des truquages pour simuler le document dpoque . Il met en perspective les massacres perptrs dans le Ghetto, sattache au sort particulier des enfants, montre le dnuement des camps et dnonce lodieuse bureaucratie de la mort qui traque les invalides, brise sans sourciller les liens familiaux les plus sacrs. Il loppose la bureaucratie Schindler tourne vers la sauvegarde des vies. Ce film conduit sinterroger sur litinraire du hros et sur certaines techniques dramatiques utilises par Spielberg. La Trve, 1997 Ralisateur Francesco Rosi Film adapt du second ouvrage de Primo Levi (1963) dans lequel est dcrit son interminable voyage de retour dAuschwitz Turin, via lURSS. La Vie est belle, 1998 Ralisateur Roberto Begnini Benigni a voulu faire un conte philosophique prtant rflexion sur la barbarie. Sous forme de fable, il met en scne la victoire de lintelligence sur loppression. Ce film a remport de nombreux prix.

Train de vie, 1998 Ralisateur Radu MilhaiIeanu. Radu Mihaileanu raconte lquipe des membres dune communaut juive de Roumanie qui, lapproche des armes du Reich , forment un faux convoi de dports laide dun train de location et parviennent ainsi chapper au pire. Le Ralisateur, juif franco-roumain, dclare quil admet trs bien que lon contruise des fables fondes sur le gnocide juif, conditions toutefois de ne pas reprsenter les camps de concentration, qui sont pour lui, infilmables. Voyages, 1999 Ralisateur Emmanuel Finkiel Pologne, Paris, Tel-Aviv, la qute de trois femmes aux destins entremls Riwka, Rgine et Vra vont tenter de se rconcilier avec leurs pass. Voyages est un film unique et magnifique qui interroge lhistoire et la mmoire (Comment vivre en imaginant quune mre, un frre, une tante survivent peut-tre quelque part ? Comment affronter la perte ?) sur un ton qui nest ni celui du documentaire, ni celui de la fiction mais le ton dun cinaste singulier.

Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, 2001 Ralisateur Claude Lanzmann A Sobibor le 14 octobre 1943 16 heures prcises une poigne dhommes se rvolte contre ses bourreaux mettant ainsi fin au processus dextermination qui a conduit 250 000 personnes vers les chambres gaz de ce camp polonais. En 1979, sur le tournage de la Shoah Lanzmann filme Yehuda Lerner lun des hros de cette rvolte, et en 2001, il part sur ses traces pour nous rapporter les images dun pass toujours prsent. Paragraphe 175, 2001 Ralisateurs Rob Epstein, Meffrey Friedman Entre 1933 et 1945 les nazis ont envoys plus de 10000 homosexuels en camp de concentration (moins de la moiti y a survcu) et ce en vertu du paragraphe 175 du code pnal allemand, en vigueur jusquen 1994. Les ralisateurs ont recueilli les tmoignages de quelques-uns de ces oublis de lhistoire en les illustrant dimages darchives. Leur film a obtenu lOurs dOr du documentaire Berlin 2000. I
1. Historien, auteur de La Destruction des Juifs dEurope.

muse, condition que les diffrentes associations de rsistants et dports se mettent daccord, ce qui sest concrtis par la cration dune association des Amis du muse. Cest la Citadelle, o furent excuts 100 rsistants, que le muse ouvrit ses portes le 17 juillet 1971 dans un btiment que la ville avait mis sa disposition. Laccroissement des collections et du nombre des visiteurs rendit ncessaire son transfert dans des locaux plus vastes

Muse de Besanon, salle 16, panneaux La journe dun dport et Natzweiler Struthof.

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en 1982. Au dbut de lenregistrement qui guide le visiteur dans le muse, Denise Lorach explique pourquoi elle a consacr sa vie ce muse : La ville de Besanon ma demand de crer ce muse. Jai pens quil fallait remplir cette mission en souvenir de tous ceux qui ne sont pas rentrs, ceux de nos camarades qui taient mourants disaient Si vous rentrez, dites au monde ce que nous avons vcu, dites au monde ce que nous avons souffert. Cest pourquoi jai pens quil mincombait, puisque lon moffrait cette possibilit, de crer ce muse, pour lequel jai choisi la devise : ne pas tmoigner serait trahir. Denise Lorach est dcde le 8 septembre 2001, mais son muse perptue dsormais son message et entretient sa mmoire. Non pas un simple mmorial, mais un muse dhistoire Ds le dpart, Denise Lorach et lquipe fondatrice ont fait un choix essentiel : celui de faire du muse un lieu dhistoire, prsentant des documents et appelant la rflexion, un instrument pdagogique dans lequel la dportation et le gnocide soient replacs dans leur contexte. Ce choix est symbolis par la deuxime devise du muse : Ceux qui ne se souviennent pas du pass sont condamns le revivre, sentence du philosophe amricain Santayana. On parle beaucoup propos de la dportation et encore plus du gnocide, du devoir de mmoire. Les historiens naiment gure cette expression, allant mme jusqu affirmer(1) : En tout tat de cause, nous navons pas le choix : dans un Etat dmocratique, cest le devoir dhistoire et non le devoir de mmoire qui forme le citoyen. Car lhistoire, si elle est fidle sa vocation, implique distance, remise en cause des strotypes et surtout dbat et diversit des points de vue. Elle prserve du simplisme et du manichisme, gnrateurs de haine et dintolrance. Elle apprend la lucidit et lesprit critique qui mettent labri des illusionnismes . Un vritable muse dhistoire est caractris par cette dimension ducative qui le distingue du simple lieu de mmoire. Franois Marcot, historien du muse depuis 1971, insiste aussi sur la ncessit dune scnographie fortement structure qui facilite la lisibilit de lexposition pour

Jean Daligault, autoportrait, Trves Captivit, 22 mai 1944 (270x195).

les visiteurs et qui exprime les choix de lhistorien(2). Il considre que pour remplir sa fonction sociale de diffusion du savoir historique, le muse doit satisfaire deux exigences : la premire appelle une scnographie qui rende sensible la relation du visiteur avec lexposition, car lmotion cre lempathie, la seconde exigence est celle dune approche pdagogique qui se donne des objectifs clairs dinformation, dexplication et de mise en perspective historique Nous rvons dun muse dhistoire dans lequel la scnographie serait fonde sur la confrontation historique ou qui du moins lintgrerait fortement dans sa dmarche. Cest aussi un muse dart : Un vritable muse prsente des documents originaux qui permettent au visiteur dentrer en contact, dune manire motionnellement forte, avec des pices rares, vestiges du pass. Concernant la dportation, le muse possde et expose de trs nombreux objets fabriqus en camp. Parmi ces documents, les uvres dart tiennent une place part. Les dessins de Lon Delarbre, les peintures et sculptures de lAbb Daligault, raliss en camp ou en prison, sont des tmoignages inestimables sur la dportation.

() ils sont le poids de lhistoire autant que le sens de notre responsabilit morale de justice (3). Le muse possde aussi des uvres inspires par la dportation, ralises par des artistes non dports. La statue du Tmoin, dresse en face du muse, mrite une attention particulire. Elle a t excute en 1950 par Georges Oudot, sous le nom du Prophte. Au moment de la cration du muse, la ville acquiert la statue quelle a rebaptise Le tmoin. Depuis 1969, elle est dresse en face du muse, comme une sorte dinvitation y pntrer. Sur vingt salles, le muse de la Rsistance et de la Dportation de Besanon en consacre six lunivers concentrationnaire nazi, ce qui en fait le plus important muse de France consacr la dportation et aux gnocides. Il faut y ajouter deux petites salles, o sont conserves deux prcieuses collections de dessins, de peintures et de sculptures, ralises au pril de leur vie, en camp de concentration par Lon Delarbre et en prison par lAbb Daligault. I
1. Philippe Joutard dans un article de la revue LHistoire en mai 1998. 2. Franois Marcot, Muse dhistoire : enjeu de mmoire, enjeu dhistoire, enjeu social , in Des muses dhistoire pour lavenir , Paris : Nosis ; Pronne : Historial de la Grande guerre, 1998. 3. Prface du livre publi par le Muse de la Rsistance et de la Dportation de Besanon, Jean Daligault, Editions de La Martinire, 1996.

Art monumental
linitiative des associations et amicales danciens dports, parfois des pouvoirs publics, des artistes, plasticiens ou sculpteurs, ont t invits prenniser dans des uvres monumentales la mmoire de la Rsistance et de la Dportation. Dans la priode qui a suivi immdiatement la Libration, la Dportation fut le plus souvent associe la Rsistance dont elle tait considre comme une consquence. Si des noms taient gravs, ils voquaient toutes les victimes quels quaient pu tre lorigine de leur dportation (raciale, otage, rsistant) et le sort des dports. Parfois mme dports et fusills sont regroups dans un hommage global aux victimes du nazisme. Tous les camps ou presque disposent aujourdhui dun mmorial autour duquel sorganisent les manifestations du souvenir. Les camps de regroupement, do sont partis les convois (essentiellement Drancy et Compigne pour la France) et mme certains grands cimetires (le Pre Lachaise Paris) ont accueilli galement leurs monuments commmoratifs. Par opposition aux camps proprement dits qui restent des camps de mort et rendent compte de la ralit concentrationnaire, certains tant classs au patrimoine de lhumanit, les monuments sont lexpression dun symbolisme propre la cration artistique, et porteurs dune mmoire et dun message. Chaque monument, sa faon, dans lesprit des initiateurs et selon linspiration de lartiste, exprime une certaine ide de la dportation quil est intressant de dcouvrir et de confronter lhistoire. A la diffrence des autres mmoriaux en effet, ceux ddis la dportation sont chargs de signes multiples : silhouette de dports debout (voir le tmoin de la citadelle de Besanon) ou gisant (comme Nantua ou au Struthof), flamme, urnes de cendres et de terre, triangle que portait chaque dport sur son vtement (voir page suivante, le caveau-monument rig Dole), barbels, rayures, rose de la Rsurrection, corps ou cendres du dport inconnu, terre des camps

Mmorial Natzweiler-Struthof.

Le Mmorial Natzweiler-Struthof
Monument imposant (conception Bertrand Monnet, Architecte en chef des Monuments Historiques sculpteur Lucien Fenaux, Grand Prix de Rome), dun peu plus de 40m de haut, ce mmorial comporte une base arrondie ouverte vers louest qui stire en forme hlicodale vers le ciel, dans sa partie suprieure. A lintrieur et sur toute la hauteur, est grav un personnage reprsentant un dport arriv lextrme limite de la rsistance

Georges Oudot, Le tmoin.

humaine, dsign dans le vocabulaire concentrationnaire par le terme de musulman(1). La base arrondie voque lenfermement ; louverture vers louest la libert, en direction de la France ; la partie suprieure symbolise la flamme du crmatoire unissant les victimes dans le mme sacrifice et en mme temps, par son lvation en spirale vers linfini, incarne laspiration la libert et lesprance dune rconciliation universelle souhaite par les survivants.
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40 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Le mmorial des martyres de la Dportation, Paris.

cette commune de 1 500 habitants de se lancer dans la conception et la ralisation dun monument en mtal. Les lves et les professeurs imaginrent un dport sextirpant du globe terrestre une main tendue vers lespoir et la libert. Le monument de 3 m 50 de haut, pesant 250 kg, expos dabord dans une cour du lyce, fut install sur une place de la ville. Les scolaires furent au centre de linauguration, le 11 avril 1991. Ce sont eux qui chantent le Chant des Marais ouvrant la crmonie, la Marseillaise aprs le dpt de gerbes et le Chant des Partisans qui la clt. Ce sont eux qui dvoilent les 3 plaques du monument
Extrait du livre de Serge Barcellini et Annette Wieviorka passant, souviens-toi. Les lieux du souvenir de la deuxime guerre mondiale en France . Editions Plon.

Le monument de lIle de la Cit


Implant linitiative du rseau du souvenir, au cur de Paris, la pointe de lIle de la cit, le mmorial des martyrs de la Dportation a t conu tout en symboles par larchitecte Georges Henri Pingusson, pour rappeler la ralit concentrationnaire : hautes murailles, entres troites, escaliers raides, herses acres. Dans la crypte, des niches triangulaires portent le nom des diffrents camps et renferment de la terre et des cendres des victimes. Le triangle tait la marque distinctive conue et impose par les SS pour distinguer les diffrentes catgories de dports et leur origine, cest pourquoi le triangle est omniprsent dans ce monument. Les dports eux-mmes sont symboliss par des milliers de petites lumires tapissant la galerie, lentre de laquelle se trouve la tombe du Dport Inconnu du camp de Natzweiler-Struthof (Alsace). Sur les parois sont gravs des extraits de pomes de Desnos, Aragon, Eluard, Sartre, Saint-Exupry. Les galeries suprieures, situes au-dessus de la crypte, comportent des alvoles o lhorreur concentrationnaire est voque par des photos, des textes ou des dessins. Lensemble est fait pour crer une impression denfermement et inciter au recueillement et la rflexion sur lhorreur dun systme qui broya des millions dtre humains. Le monument a t inaugur par le Gnral de Gaulle en 1962.

Le monument de Varzy
Ce monument procde dune initiative qui illustre limportance donne dsormais aux scolaires. En 1990, la FNDIRP avait organis une exposition Clamecy. Dans la foule, le Sous-Prfet et le prsident de la section de la FNDIRP locale demandrent au lyce professionnel de

Rflexions sur les monuments de mmoire


(Extraits de James E. Young, crire le monument : site, mmoire, critique(2). Le monument, substitut de la mmoire? Une fois admis que les monuments sont ncessairement les mdiateurs de la mmoire mme quand ils cherchent la crer, certains en viennent les considrer comme des substituts de la mmoire quils taient censs matrialiser Pire encore, insistant sur le fait que la mmoire du monument tait aussi fixe que la position de celui-ci dans le paysage, certains reprochent ces monuments de ptrifier la mmoire et de la couper du renouvellement ncessaire de la vie En fait, il se peut que la tendance initiale mmorialiser des vnements tels que lHolocauste ait en ralit sa source dans le dsir, gal et oppos, de les oublier

Les rapports art et socit propos des monuments Pour beaucoup dartistes contemporains, la priorit appartient non au public ou la mmoire, mais aux exigences de lart Pour les artistes travaillant dans une priode dexpressionnisme abstrait, dart brut et dart conceptuel, pour les architectes des courants post moderne et dconstructiviste, ils ne peroivent souvent pas dautre public queux-mmes. Lune des consquences en est que tandis que artistes, architectes, critiques et conservateurs de muse accueillent favorablement les crations contemporaines, celles-ci se heurtent non seulement un mur de consternation publique mais aussi une raction outrage des survivants. Car bien des survivants des camps pensent que la brlante ralit de leur exprience exige une expression mmoriale aussi littrale que possible. Les tortures que nous avons subies, lassassinat de nos familles nont pas t une abstraction, disent les survivants, ctait rel Ainsi se pose la question du double rle du public et de la mmoire dans lart public Une rponse originale, le monument invisible de Sarrebrck
La question la plus dlicate est celle de la mmoire des victimes du gnocide : peut-on, doit-on lever un monument leur mmoire ? Si oui, comment rendre prsente au public leur absence ? A ces questions certains artistes, comme lartiste conceptuel Jochen Gerz, ont apport des rponses originales. Jochen Gerz est un artiste franais dorigine allemande n en 1940 Berlin. Il na cess de sinterroger sur les rapports art-littrature, la non-correspondance entre mots et photographies. Enfin il a apport plusieurs rponses originales la conception des mmoriaux. Tout dabord avec le Mmorial hambourgeois contre le fascisme, la guerre et la violence (1989) : cest une colonne de 10 mtres revtue de plomb sur laquelle les passants peuvent graver leur nom, et qui senfonce progressivement sous son poids. En 1991-1993, il cre Sarrebruck un monument invisible dont J.E. Young expose ci-dessous la gense et la signification Gerz a t invit comme professeur lcole des beaux-arts de Sarrebruck en 1991.

Dans un atelier consacr aux monuments conceptuels, il invita ses tudiants participer un projet clandestin de travail sur la mmoire A la faveur de la nuit, huit tudiants sintroduiraient sur la grande place pave conduisant au Saarbrucker Schloss, ancienne rsidence de la Gestapo pendant le Reich hitlrien Ils devaient desceller furtivement quelque 70 pavs de la place et leur substituer des pierres de taille identique. Simultanment, dautres tudiants devaient rechercher les noms et les emplacements de tous les anciens cimetires juifs dAllemagne plus de 2000 aujourdhui abandonns ou disparus Ils gravrent les noms des cimetires juifs disparus, sur les pierres, une par une. La nuit qui suivit la fin de leur travail, (ils) replacrent les pierres dans leur lieu dorigine, mais les pierres taient replaces face grave contre le sol, ne laissant voir aucune trace de lopration. Le mmorial devenait invisible, souvenir vanescent, hors de la vue et, par consquent, affirmait Gerz, prsent lesprit Lorsque les journaux eurent vent du projet, ils dclenchrent une violente controverse Les visiteurs accoururent sur les lieux, la recherche des 70 pierres disperses parmi les 8 000 ou plus qui couvraient la place. Ils commencrent eux aussi, se demander quelle tait leur position par rapport aux pierres commmoratives. Sur le mmorial ? A lintrieur ? En fait, y avait-il vraiment un mmorial ? Gerz esprait que, cherchant la mmoire, ils se rendraient compte que cette mmoire tait dj en eux. Ce mmorial devenait un mmorial intrieur

de la mmoire ne peut tre spare des actions faites en son nom et que la mmoire prive de consquences contient les germes de sa propre destruction. Nous contenter de noter passivement les contours de ces mmoriaux, ne pas voir leur gense et ne pas tre affects par lacte de remmoration, cest dire que nous ne nous sommes souvenus de rien. I
1. Par analogie avec la posture prostre du croyant en prire. 2. Un important article de James E. Young, crire le monument : site, mmoire, critique , paru dans les Annales ESC en mai-juin 1993, pose les questions fondamentales propos des monuments de mmoire. On pourra aussi consulter quelques unes des contributions du catalogue de lexposition du Centre Pompidou, Face lHistoire, lartiste moderne devant lvnement historique, Flammarion, 1996.

Peinture
es uvres commmoratives dartistes non dports nont pas dautonomie formelle strictement distincte de lhistoire de lart contemporain. Leur valeur de tmoignage est indirecte, car ces artistes commmorent la dportation sans lavoir vcue eux-mmes. Ils communiquent travers leurs uvres un savoir et une motion qui rsultent dune transmission. Cest ainsi que dans leurs tableaux, certains peintres comme par exemple Pablo Picasso ou Mick Rooney, communiquent ce qui leur fut racont ou ce quils ont lu. A leur manire ils prservent la mmoire de ceux qui ont souffert ou qui sont mort anonymement dans les camps. Dautres artistes, comme William Gropper, Lonard Baskin voquent la dportation ou le systme concentrationnaire et sinterrogent sur la reprsentation des crimes nazis dans leurs uvres. I

Le monument de Varzy.

A quelle fin nous souvenons-nous ? Aprs les contre-monuments conus par Gerz et autres, la notion de monument public et notre approche critique ne sauraient plus tre tout fait les mmes Il ne suffit pas de se demander si nos mmoriaux se souviennent ou non de lHolocauste, ni mme comment ils sen souviennent. Il faut aussi se demander quelles fins nous nous sommes souvenus, comment nous rpondons la situation actuelle, la lumire de ce pass dont nous nous souvenons. Reconnatre que la forme

Pour plus dinformations sur ces artistes et pour observer leurs uvres, il est recommand de faire une recherche sur le site www.google.fr ou www.google.com en allant sur la rubrique Image.

42 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

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Sculpture
ct des uvres monumentales destines la mmoire collective, figurent beaucoup de sculptures plus intimistes, abrites dans des collections publiques ou prives, ralises par danciens dports ou par des artistes sensibiliss par ce phnomne sans quivalent: ombres squelettiques, famliques et anonymes chez Alberto Giacometti, accumulation de prothses figurant la mort en masse chez lavant-gardiste Arman, ou simple tmoignage comme les ralisations du sculpteur espagnol Angel Hernandez Garcia, arrt en France et dport Mauthausen. I

Le dport agonisant, de Franoise Salmon, dporte Auschwitz. Mmorial du camp de concentration de Neuengamme.

de retracer un fait historique de manire objective. Il vise, travers lexpression dune mmoire dficiente qui tente de rassembler les fragments vcus par le rescap, de nous faire sentir la cruaut de cet vnement. Pour Jean Claude Casadesus, Chef de lorchestre de Lille, Arnold Schoenberg appartient la ligne des compositeur qui chantent leur dsesprance et leur combat contre labjection, le racisme, la dictature. A cette ligne appartient sans nul doute Iannis Xenakis. Iannis Xenakis est n le 29 mai 1922 Braka en Roumanie. Il fait ses tudes Athnes, o il devient Polytechnicien. Il participe la Rsistance en Grce, o il est condamn mort. Bless au visage, intern, il russit svader. Aprs la guerre, il gagne la France o il stablit partir de 1947. Ingnieur et architecte, il collabore avec Le Corbusier. Il poursuit ses tudes musicales avec Olivier Messiaen et Darius Milhaud. Inventeur des concepts de masses musicales, et de musique stochastique (4), il utilise ses connaissances mathmatiques. Introduisant les calculs des probabilits et la thorie des ensembles dans ses compositions, il fut lun des premiers se servir des ordinateurs pour le calcul des formes musicales et fait figure de pionnier dans llectro acoustique. Que lon ne sy trompe pas, derrire ces outils informatiques, sa musique est celle dun tragique au sens grec du terme, celle dun Eschyle. Elle en a la monumentalit. Linstinct et le choix subjectif sont les seuls garants de luvre affirme-t-il. Il apparat ainsi aujourdhui comme lune des figures les plus radicales de la musique contemporaine. Il enseigna notamment luniversit de Jussieu. En 1967, il compose Nuits, uvre pour 12 voix mixtes en hommage aux victimes de la dportation, salue par la critique comme une des russites marquantes. Ces douze voix sont mobilises pour voquer une des grandes tragdies du sicle et expriment le silence auquel les dtenus sont rduits. Sans doute sa propre exprience de rsistant, traqu, enferm influena-t-elle cette composition, dont la tonalit extrmement tendue rvle de dlicats alliages sonores. Il est dcd le 4 fvrier 2001.

Peut-tre serait-il intressant de comparer sur le plan musical ces deux uvres avec celle dun autre musicien, Chostakovitch (5), qui a consacr, en 1962, une composition en hommage aux massacrs de Babi-Yar (ravin o furent excuts 30 000 juifs, hommes, femmes et enfants). Ce dernier, loign cette poque du dodcaphonisme de Schoenberg, puisa plutt son inspiration dans lhritage de Moussorgski. Francis Poulenc Le Disparu Aux lendemains de la seconde guerre mondiale, en 1947, le compositeur franais Francis Poulenc cre le Disparu en hommage son ami la pote Robert Desnos, dport Theresienstadt do il nest pas revenu. Darius Milhaud Le Chteau du Feu De mme Darius Milhaud, compositeur franais dorigine juive, crit en 1954 une

cantate la mmoire des dports des camps hitlriens, Le Chteau du Feu pour chur et petit orchestre. Luigi Nono Il Canto Sospeso Contemporaine du film dAlain Resnais, Nuit et Brouillard (1956), luvre du compositeur italien Luigi Nono, Il Canto Sospeso ( Le chant suspendu ) reflte la mme approche historiographique de la Rsistance et de la Dportation. Accompagne dune version cinmatographique prsentant des documents sur Auschwitz et Birkenau, Il Canto Sospeso a t cr avec des fragments lus de lettres dadieu de rsistants de la seconde Guerre Mondiale. Steve Reich et Henri Dutilleux La Dportation inspire galement, de faon intermittente, des compositeurs plus contemporains. Insistons plus particulirement sur deux dentre eux, lun

Hernan (collection prive).

Musique & chorgraphie


Arnold Schoenberg , n en 1874 Vienne, est contraint en 1933, devant la monte des perscutions antismites, de quitter lAllemagne, o il enseigne alors et se rfugie aux Etats-Unis o il reste pendant toute la dure de la guerre. En aot 1947, il entend le tmoignage dun survivant de linsurrection du ghetto de Varsovie(1). Boulevers, il dcide aussitt de composer une uvre dramatique. Cet opus n 46 pour orchestre, chur masculin et rcitant, est crit entre le 11 et le 23 aot et sintitule Un survivant de Varsovie . Compos sur un mode dodcaphonique (2) et athmatique, il ne dure que sept minutes. Aprs une introduction musicale, les six squences suivantes sont consacres la narration du survivant. Tout au long de la pice, sa voix est au premier plan, comme si Schoenberg avait choisi de confier toute la puissance tragique lvnement lui-mme, qui, du coup, devient essentiel. Les six sections mdianes peuvent tre entendues comme une sorte de rcitatif moderne, les diverses tapes du textes rapportant la fois les faits remmors et les tats motifs du rescap. Le texte nest pas proprement chant, mais rcit selon un Sprechgesang(3) prcis, sauf en final, lorsque le chur interprte le Shema Isral, issu de la Torah.
A SURVIVOR FROM WARSAW OP.46 (1947) I cannot remember evrything. I must have been unconscious most of the time. I remember only the grandiose moment When they all strated to sing as if prearranged, The old prayer they had neglected for so many years The forgotten creed ! But I have no recollection how I got underground To live in the sewers of Warsaw for so long a time The day began as usual: Reveille when it still was dark. Get out ! Whether you slept or whether worries kept you awake the whole night. You had been separated from your children, from your wife, from your parents ; You dont know what happened to them how could you sleep ? The trumpets again Get out ! The sergeant will be furious ! They came out; some very slow: the old ones, the sick ones; Some with nervous agility. They fear the sergeant. They hurry as much as they can. In vain ! Much too much noise ; much too much commotion- and fast enough ! The Feldwebel shouts : Achtung ! Stilljestanden ! Na wirds mal ? Oder soll ich mit dem Jewehrkolben nachhelfen ? Na jutt ; wenn ihrs durchaus haben wollt ! The sergeant and his subordinates hit everybody : Young or old, quiet or nervous, guilty or innocent. It was painful to hear them groaning and moaning. I heard it though I had been hit very hard, So hard that I could not help falling down. We all on the ground who could not stand up were then beaten over the head. I must have been unconscious. The next thing I knew was a soldier saying : They are all dead, whereupon the sergeant ordered to do away with us. There I lay aside hafconscious. It had become very still fear and pain. Then I heard the sergeant shouting : Abzhlen ! They started slowly and irregularly: one, two, three, four Achtung ! the sergeant shouted again, Rascher ! Nochmal von vorn anfangen ! In einer Minute will ich wissen, wieviele ich zur Gaskammer abliefere ! Abzhlen ! They began again, first slowly : one, two, three, four, Became faster and faster, so fast That it finally sounded like a stampede of wild horses, And all of a sudden, in the middle of it, They began singing the Shema Isral. [Shema Isral Prayer]

Le livret comporte trois langues diffrentes, renforant le choc motif. Le rcitant sexprime gnralement en anglais, mais quelques reprises, le souvenir des exclamations des soldats nazis sexprime en Allemand, tandis que le dernier chant religieux est interprt en Hbreu. Il est clair quen crivant cette composition immdiatement et en transfigurant le tmoignage du rescap en acte esthtique, Arnold Schoenberg visait sopposer au refoulement historique. La rfrence la mmoire est explicite dans ces mots du livret : () que ces paroles restent graves dans ton cur. Tu les inculqueras ton fils et tu mditeras dans ta maison et dans tes voyages () . Il est non moins clair que lopus 41, acte volontaire de mmoire, na pas pour but

1939-1945 Dportation, extermination. Rien ne doit tre oubli, tout doit tre dit, lart est un vecteur essentiel pour laisser en veil cette horreur du pass. Depuis longtemps, je portais en moi lenvie de crer un ballet sur ce thme, et, aprs une longue priode de recherches, est ne lEtoile de David . La musique ma donn les mots, le mouvement des corps sest spoli lintensit tragique de cette infme barbarie ne de lhomme pour dtruire dautres hommes. Eric Coll Tableau final

Un exemple dexprience chorgraphique : la danse au rendez-vous de lhistoire

Chorgraphe et danseur, Eric Coll a tent la dmarche audacieuse daborder les thmes aussi sensibles que dlicats de la Dportation et du Gnocide des Juifs travers un spectacle de danse prsent Troyes au dbut de lanne 2001 : LEtoile de David. Ce ballet dune demi-heure, excut sur une musique emprunte au film La Liste de Schindler voque le destin dramatique dun frre et dune sur, Salomon et Elsa. Toute la charge motionnelle de ce trs beau spectacle tend montrer le triomphe de lamour sur la barbarie et la mort. Il a sans doute russi montrer que la danse pouvait tre une expression de lme.
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amricain, Steve Reich, lautre franais, nai pas souffert de quoi que ce soit. Pourtant, dportation et plus particulirement aux nous vivions encore les suites de la premire rsistants, leur combat, leur dignit, Henri Dutilleux. Le premier, Steve Reich est n en 1936; il guerre mondiale quand Hitler a fait par- ils voulaient simplement ne plus vivre est considr comme lun des plus grands ler de lui. Ce sicle aura t assez terrible. genoux . Toutefois, le chanteur largit compositeurs amricains actuels. Il repr- Pourtant, je ne me rsous pas tre pessi- son propos en exprimant un devoir de sente la premire gnration de ce quon miste. Jai dabord travaill sans ide ni plan mmoire o il convie les gnrations suiappelle la musique rptitive lectroacous- prconus. Jai jet des ides sur le papier. vantes se souvenir pour quun jour, les tique nord-amricaine. Cest un composi- Ctait des fragments pour bois et cuivres, enfants sachent qui vous tiez . teur influenc par les rythmes amricains, que lon retrouve dailleurs, presque tels quels, dans la version dfinitive. Dveloppant 1965 libanais et la cantillation hbraque. Steve Reich compose en 1988 Different travers sa musique une rflexion sur lesTrains, mditation sur le gnocide crite pace et le temps, luvre de Henri pour voix enregistres et quatuor cordes Dutilleux se nourrit des crits de Proust postsynchronis. Il sagit dune uvre en et de Shakespeare. The Shadows of Time trois parties (triptyque) sur les trains et est un hommage Anne Franck, pour leurs sons hypnotiques, entrecoupes de Anne Franck, et pour tous les enfants du monde, innocents . souvenirs de la Dportation. Il dcrit ainsi cette composition : jai construit Different Trains partir dinterviews que javais ralises, partir de la CHANSON structure, de lintonation, du rythme, de la Jean Ferrat posie des mots et de bouts de phrases, mais Jean Ferrat, auteur compositeur, en 1963, aussi de leur sens. Dans un second temps, dans sa chanson Nuit et brouillard , a toujours grce lchantillonnage de cla- rendu hommage aux victimes de la viers, jy ai ajout des bruits de A loccasion du 20e anniversaire train. Les violons et les violoncelles de la Libration les collgiennes NUIT ET BROUILLARD ne sont venus quaprs, ils se sont de la chanson Marie Annick, greffs naturellement sur ce squeAnnette, Dominique et Made Ils taient vingt et cent, ils taient des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombs, lette, qui ntait pas un simple colont voulu rendre hommage aux Qui dchiraient la nuit de leurs ongles battants, lage de mots. Jai fait un martyrs de la Dportation, en Ils taient des milliers, ils taient vingt et cent. rapprochement entre mon enfance, enregistrant un disque au profit Ils se croyaient des hommes, ntaient plus que nombres : Depuis longtemps leurs ds avaient t jets. passe dans les trains entre New de lamicale des Dports et Ds que la main retombe il ne reste quune ombre, York et Los Angeles, et, la mme Familles de Neuengamme. I Ils ne devaient jamais plus revoir un t. priode, lHolocauste Juif. Le 9 octobre 1997, le compositeur franais Henri Dutilleux, n en 1916, cre Boston une uvre symphonique The Shadows of Time. Je naime pas les programmes, mais je dois avouer que pour The Shadows of Time, jai t influenc par la priode pendant laquelle jai commenc travailler. Ctait pendant le cinquantenaire de la Libration, et beaucoup de souvenirs sont revenus ma mmoire. Jai pens aux enfants dIzieu, Anne Franck . Do le texte court, que chantent les trois voix denfants dans linterlude, au centre de la pice: Pourquoi nous, pourquoi ltoile ? Jai eu une enfance heureuse, un peu mlancolique, mais je
La fuite monotone et sans hte du temps, Survivre encore un jour, une heure, obstinment Combien de tours de roues, darrts et de dparts Qui nen finissent pas de distiller lespoir. Ils sappelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, Certains priaient Jsus, Jhovah ou Vichnou, Dautres ne priaient pas, mais quimporte le ciel, Ils voulaient simplement ne plus vivre genoux. Ils narrivaient pas tous la fin du voyage ; Ceux qui sont revenus peuvent-ils tre heureux ? Ils essaient doublier, tonns qu leur ge Les Veines de leurs bras soient devenus si bleues. Les Allemands guettaient du haut des miradors, La lune se taisait comme vous vous taisiez, En regardant au loin, en regardant dehors, Votre chair tait tendre leurs chiens policiers. On me dit prsent que ces mots nont plus cours, Quil faut mieux ne chanter que des chansons damour, Que le sang sche vite en entrant dans lhistoire, Et quil ne sert rien de prendre une guitare. Mais qui donc est de taille pouvoir marrter ? Lombre sest faite humaine, aujourdhui cest lt, Je twisterais les mots sil fallait les twister, Pour quun jour les enfants sachent qui vous tiez. Vous tiez vingt et cent, vous tiez des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombs, Qui dchiriez la nuit de vos ongles battants, Vous tiez des milliers, vous tiez vingt et cent.
1. Le ghetto de Varsovie, cre en 1940, couvre 40 hectares et prend au pige un demi millions de Juifs lorsquil est boucl. A partir de 1942, des convois entiers partent vers les camps dextermination de Treblinka. Le 19 avril 1943, la rsistance arme dcide une insurrection qui sera noye dans le sang. 2. Dodcaphonique : du grec dodeka (douze) et phonos (son) : utilisation dune chelle chromatique de douze sons selon un ordre dtermin 3. Sprechgesang : mode parl-chant. 4. Stochastique : dune racine grecque signifiant conjectural, soppose au dterminisme ; caractrise, en mathmatique, la prsence dune variable alatoire. 5. Attention : les dictionnaires gnraux prsentent ce compositeur sous la graphie Chostakovitch, alors que dans les mdiathque, les disques et CD sont enregistrs sous Shostakovitch. On doit aussi ce compositeur n en 1906 Saint Ptersbourg, une symphonie (n17) crite en 1941 dans la ville assige de Leningrad. Il est dcd en 1975.

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Orientations bibliographiques
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LITTRATURE CONCENTRATIONNAIRE
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ART CONCENTRATIONNAIRE
Rene BILLOT - Lon DELARBRE - le peintre dport : croquis dAuschwitz, Buchenwald et Dora - Jarville-la-Malgrange: d. de lEst, 1989 (Prestiges de lEst). Boris TASLITZKY- cent onze dessins faits Buchenwald - (s.l.) Hautefeuille, 1978. Alfred BRAUNER - Jai dessin la guerre : le dessin de lenfant dans la guerre publ. par le Groupement de recherches pratiques pour lenfance - Paris: Expansion scientifique franaise, 1991. Les carnets de Bertrand Lazare maire de Sens, otage dport Neuengamme - prsents et comments par Jol DROGLAND - [S.l.]: Association Nationale des Anciens Combattants de la Rsistance; Sens: Socit Archologique de Sens, 1999. Lon DELARBRE - Croquis clandestins : Auschwitz, Buchenwald, Dora, BergenBelsen - Lon DELARBRE prf. de Denise J. Lorach et de P. Maho - 2e d. - Besanon: Ctre ; Muse de la Rsistance et de la dportation, 1995. La prf. de P. Maho est celle de la 1re d. (Paris, Michel DE ROMILLY, 1945).

concentration - Violette MAURICE et Marielle LARRIAGA - Lyon: ditions lyonnaises dart et dhistoire, 1999. Yves MESSAGER - Retours : la posie et les camps, du tmoignage lindicible, in La France de 1945, rsistance, retours, renaissance, Caen, Presses Universitaire, 1996. Edmond MICHELET - Rue de la Libert : Dachau, 1943-1945 Paris: Seuil, 1998 - Livre de vie; 102. Moshe BEN SHAUL - Anthologie de la posie hbraque de laprs Shoah - Paris, Tirsias, 2001. Joseph ONFRAY - Lme rsiste : journal dun dport - Alenon: Imprimerie alenonnaise, 1946. Michel REYNAUD - La foire lhomme : crits-dits dans les camps du systme nazi de 1933 1945 - runis et prsents par Michel REYNAUD - Paris: Ed. Tirsias, 1996 - 2 vol. Andr ROGERIE - Vivre cest vaincre - Maulvrier: dition Hrault, 1988. David ROUSSET - Lunivers concentrationnaire - Paris: Hachette, 1993 - Pluriel. David ROUSSET - Les jours de notre mort - Paris, Hachette, collection pluriel, 1996. Simone SAINT-CLAIR Ravensbrck lenfer des femmes Paris, Fayard, 1992. Jorge SEMPRUN - Le Grand voyage - Paris: Gallimard, 1972. Jorge SEMPRUN - Quel beau dimanche - Paris: B. Grasset, 1980. Jorge SEMPRUN - Lcriture ou la vie - Paris: Gallimard, 1994. Jorge SEMPRUN - Le mort quil faut - Paris, Gallimard, 2001. Andr VERDET - La nuit nest pas la nuit - Paris, Mlis, 2000. Elie WIESEL - Le Chant des morts - Paris: Seuil, 1966. Elie WIESEL - La Nuit, laube, le jour - Paris: Seuil, 1969. Elie WIESEL - Silences et mmoire dhommes : essais, histoires, dialogues - Paris: Seuil, 1989. On pourra galement consulter une liste de publications dcrits de dports de limmdiat aprsguerre (1945-1948) sur le site de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation (www.fmd.asso.fr). Sur Primo Levi : voir Revue Lcole des lettres, 15 juillet 1991 - 82e anne, Autour de la 2e guerre mondiale, Paris, galement Dossier lcole des Loisirs et lcole des Lettres, second cycle 2001-2002, n 45.

Sonderkommando Auschwitz : 1902-1985 - New-York : The Beate Klarsfeld Foundation, 1989. Odette ELINA - Sans fleurs, ni couronnes; avec dessins de lauteur - [S.l.] : Imprimerie Nouvelle, 1982. Maurice DE LA PINTIRE, Dora, la mangeuse dhommes : reproductions de 35 lavis faits en 1945 - supplment au n 9 - (s.l.): Presse dAujourdhui, 1993 Bulletin de lassociation des dports de Dora, Ellrich, Harzungen et K. Plus jamais a : leurs mmoires pour lamiti entre les peuples/Ill. de Daniel PIQUEAUDRAIN - Paris: Amicale de Mauthausen, 1976.

3. SOURCES DE SAVOIR SUR LA DPORTATION


ART ET LITTRATURE
Diane AFOUMADO - Les dessins concentrationnaires franais : tmoins de la rsistance spirituelle dans les camps nazis Diane AFOUMADO, In: Les intermittences de la mmoire , Revue dhistoire de la Shoah: le monde juif, janvier-avril 1998, n 162, p. 96-126 Giorgio AGAMBEN - Ce qui reste dAuschwitz : larchive et le tmoin - Giorgio AGAMBEN; trad. de litalien par Pierre Alferi Paris: d. Payot & Rivages, Homo sacer; 3 - Bibliothque Rivages. Franois BDARIDA - Histoire et mmoire du gnocide : Comment crire lhistoire du gnocide, In: Auschwitz: la Solution finale, numro spcial de Les Collections de lhistoire , octobre 1998, n 3, p. 78-81. Maurice BLANCHOT - Lcriture du dsastre - Maurice BLANCHOT - Paris: Gallimard, 1980. Les camps et la littrature : une littrature du XXe sicle Textes runis et prsents par Daniel DOBBELS et Dominique MONCONDHUY - Poitiers: la Licorne, 2000 Jean CLAIR - La barbarie ordinaire : Music Dachau Paris: Gallimard, 2001 - Blanche. Crer pour survivre : actes du Colloque international critures et pratiques artistiques dans les prisons et les camps de concentration nazis , Reims, 20, 21 et 22 septembre 1995 organis par lUniversit de Reims Champagne-Ardenne et la Fdration nationale des dports et interns rsistants et patriotes, FNDIRP - Paris: Fdration nationale des dports et internes rsistants et patriotes, 1996. Catherine DANA - Fictions pour mmoire : Camus, Perec et lcriture de la Shoah - Paris: lHarmattan, 1998 - Critiques littraires. Samuel DRESDEN Extermination et littrature : les rcits de la Shoah - Paris: Nathan, 1997 - Collection Essais & recherches. Les guetteurs de lespoir Michel REYNAUD. Exposition - Reims, Muse des beaux-arts - 1995.

ART
Bernard ALDEBERT - Chemin de croix en 50 stations : de Compigne Gusen II en passant par Buchenwald, Mauthausen, Gusen I - Paris: Fayard, 1946. Miklos BOKOR - Le Dlire de lhomme : dessins - Toulouse: Pictura Edelweiss, 1985. Isaac CELNIKIER: mmoire, rvolte, vie : exposition. loccasion du 50e anniversaire de la rvolte du ghetto de Varsovie. David OLRE : un peintre au

2. LES UVRES POSTCONCENTRATIONNAIRES


LITTRATURE
Simone ALIZON - Lexercice de vivre : une adolescence Auschwitz - Paris: Stock, 1996.

Concours National de la Rsistance et de la Dportation 47

Orientations bibliographiques
Crer pour survivre : exposition, Reims, Muse des beaux-arts de Reims, 21 septembre-26 novembre 1995 - organise par la Fdration nationale des dports et interns rsistants et patriotes; catalogue rd. par Vronique Alemany-Dessaint Paris: d. FNDIRP, 1995. Exposition organise en complment du colloque sur lcriture et les pratiques artistiques dans les camps dinternement vichystes et les camps de concentration nazis, Reims, 20 au 22 septembre 1995. Maurice FEDERMAN - Reflets prsent par Vera FEYDER - Paris: Tirsias Michel REYNAUD, 1995. Alfred GROSSER - Le crime et la mmoire - Paris, Flammarion, 1987. La foire lhomme : crits-dits dans les camps du systme nazi de 1933 1945 - runis et prsents par Michel REYNAUD - Paris: Ed. Tirsias, 1996. Stphan HESSEL - Danse avec le sicle - Paris, Le Seuil, 1997. Annette INSDORF LHolocauste lcran - prf. de Elie WIESEL - Paris: Cerf, 1985 Cinmaction; 32. Jean LAFFITTE - La pendaison - prf. Andr LACAZE, Paris, Julliard, 1983. Hermann LANGBEIN - La Rsistance dans les camps nationaux-socialistes - Paris, Fayard, 1981. Marielle LARRIAGA - Les voix de la mmoire - Echo des camps de concentration - rflexion sur la cration concentrationnaire - lyon, Lyonnaise et Histoire, 1998. Gustave LEROY - A chacun son d ; Jedem das Seine - Lacer (Impr.); Paris, 1962 - brochure. Primo LEVI - Le devoir de mmoire : entretien avec Anna BRAVO et Federico CEREJA Paris: Ed. Mille et une nuits, 1995. La Littrature de la Shoah n 25, Anne 1987 - Paris: Institut National des Langues et Civilisations Orientales, 1988 - Yod. Revue des tudes hbraques et juives modernes et contemporaines. La littrature des camps : la qute dune parole juste, entre silence et bavardage - tudes rassembles et prsentes par Vincent Engel - Louvain-la-Neuve : Les Lettres romanes, 1995. Alexandre OLER - Tmoins, lHolocauste en hritage Alexandre OLER; ill. David OLVE - Paris: Wern, 1998. Alain PARRAU - Ecrire les camps - [Paris]: Belin, 1995. Georges PETIT - Retour Langenstein - Paris, Belin, 2000. Pourquoi se souvenir ? - forum international Mmoire et histoire, Unesco, 25 mars 1998 - la Sorbonne, 26 mars 1998 - organis par lAcadmie universelle des cultures; ouvrage publ. sous la dir. de Franoise BARRET-DUCROCQ; prf. dlie WIESEL - Paris: B. Grasset, 1999. Myriam RUSZNIEWSKIDAHAN - Romanciers de la Shoah : si lcho de leur voix faiblit - Paris: LHarmattan, 1999 - Critiques littraires. Pierre SEGHERS - La Rsistance et ses potes, Paris, Seghers, 1974. Jorge SEMPRUN - LArt contre loubli : lcriture ravive la mmoire, In : Mmoire et fiction, Dossier extrait de Le Monde des dbats, mai 2000, p. 10-13. Shoah, mmoire et criture : Primo Levi et le dialogue des savoirs : colloque, Nancy, mai 1996 - sous la dir. de Giuseppina SANTAGOSTINO - Paris; Montral: lHarmattan, 1997 Collection Forum de lIFRAS. La Shoah : tmoignages, savoirs, uvres/journes dtude organises Orlans les 14, 15 et 16 nov. 1996 par le CERCIL; dir. Annette WIEWORKA, Claude MOUCHARD - Orlans: Centre de recherche et de documentation sur les camps dinternement et la dportation juive dans le Loiret; Saint-Denis (Seine-Saint-Denis): Presses universitaires de Vincennes, 1999. Fabienne SURIN - Parole et criture de la dportation, In : Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, janvier-mars 1999, n 62, p. 21-74. Alain TAPI - Retours : la peinture et la dportation, In : La France de 1945: rsistances, retours, renaissances - Caen: Presses Universitaires, 1996, p. 205-209. Le temps des tnbres : Zoran MUSIC, Miklos BOKOR - Alain TAPI, In: La Shoah: tmoignages, savoirs, uvres - journes dtude organises Orlans les 14, 15 et 16 nov. 1996, par le CERCIL; dir. Annette WIEWORKA, Claude MOUCHARD - Orlans: Centre de recherche et de documentation sur les camps dinternement et la dportation juive dans le Loiret; Saint-Denis: Presses universitaires de Vincennes, 1999, p. 377-387. Germaine TILLON - Ravensbrck - Paris, Le Seuil, 1988. Charlotte WARDI - Le Gnocide dans la fiction romanesque : histoire et reprsentation - Paris: Presses universitaires de France, 1986 - criture.

Eugne KOGON - LEtat SS trad. de lallemand - Paris, Le Seuil, 1970. La Dportation - Paris: FNDIRP (Fdration Nationale des Dports Interns Rsistants et Patriotes), 1968. La dportation : le systme concentrationnaire nazi ouvrage publ. sous la dir. de Franois BDARIDA et Laurent GERVEREAU ; publ. par le Muse dhistoire contemporaine de la BDIC - Nanterre : BDIC; Paris: diff. la Dcouverte-SODIS, 1995 - Collection des publications de la BDIC. Leons de tnbres : rsistants et dports - FNDIR; UNADIF; ouvrage dir. par Jean MANSON Paris: Plon, 1995. Philippe RAXHON - Les territoires de la mmoire : le catalogue - Bruxelles: Crdit Communal, 1999. Marcel RUBY - Le livre de la dportation: La vie et la mort dans les 18 camps de concentration et dextermination - Paris: R. Laffont, 1995. Andr SELLIER - Histoire du camp de Dora - Paris, La Dcouverte, 1998. Voix et Visages - revue de lAssociation des Internes et Dportes de la Rsistance - ADIR Maurice VOUTEY - Les camps nazis : de camps sauvages au systme concentrationnaire, 19331945 - Paris: Graphein, 1999. Maurice VOUTEY - Evolution et rle du systme concentrationnaire nazi - Dijon, CNDP-CRDP, 1984. Maurice VOUTEY - LEre Hitlrienne, chronologie 18891948 - Paris, Graphein, 2000. Annette WIEVIORKA Dportation et gnocide : entre la mmoire et loubli - Paris: Plon, 1992. Olga WORMSER-MIGOT Tragdie de la dportation : tmoignages de survivants des camps de concentration allemands, : 1940-1945 - 3e dition revue et augmente Paris: Hachette, 1955. Voix et visages, revue de lADIR. Voir annexe gnrale.

Henri R. COTY - Paris: Polygram vido, 1995 - 1 vidocassette Scam (87 minutes) + livret pdagogique. La Dportation : 1942-1945 Cannes: PEMF (Publications de lcole Moderne Franaise), 1993 La Seconde guerre mondiale BT sonore ; 22. LHistoire de la Shoah : de la perscution lextermination des Juifs dEurope - Producteur excutif Richard Schlirf - Paris: Softissimo, 1997 - CD-Rom. Mmoires de la dportation prsent par la Fondation pour la Mmoire de la Dportation - Paris: Fondation pour la Mmoire de la Dportation, 1998 - CD-ROM + livret daccompagnement. 1939-1945 : La seconde guerre mondiale - Paris: Muse de lArme: Fondation de la France Libre, 2000 - CD-ROM. Histoires du Ghetto de Varsovie : Fentres sur la mmoire - Paris: Montparnasse Multimdia, 1997 - 1 disque optique numrique - CD-Rom. Anne GRYNBERG - La Shoah : limpossible oubli - Paris: Gallimard, 1995. 1942-1945 : La dportation Cannes: PEMF (Publications de lcole Moderne Franaise), 1993 BT sonore ; 22 La Seconde guerre mondiale. William KAREL - Primo LEVI 1919-1987 - [S.l.]: SIIS interimage: France 3, 1997 - 1 vidocassette Scam (60 minutes) - Documentaire. Un sicle dcrivains. Jacqueline MARGUERITTE Jorge Semprun - Paris: CNDP, 1996 - 1 vidocassette Scam (15 minutes) - Ecrivains tmoins de leur temps. Annette WIEVIORKA Auschwitz expliqu ma fille Paris: Seuil, 1999.

BANDES DESSINES :
Pascal CROCI - Auschwitz Paris: Ed. du Masque, 2000 Atmosphres/Emmanuel Proust. Roberto INNOCENTI - Rose blanche - ill. par Roberto INNOCENTI; texte de Christophe GALLAZ - Paris: Gallimard, Collection Folio cadet; 197. Rouge. Alexandra KAMANIECKI - La Mmoire sur des rails - Paris: Tirsias Michel Reynaud, 1995. Le numro - Jean-Pierre Vittori; images Manuel Gracia Paris: FNDIRP: Graphein, 1996. Art. SPIEGELMAN - Maus: un survivant - Paris: Flammarion.

5. AUTRES FORMES DE PRODUCTION


OUTILS PDAGOGIQUES
Catherine BOURDIN PROVENCHRES: Tmoignage autour de Primo LEVI - Paris: Adav/Taxi vido Brousse, 1991 1 vidocassette Scam (52 minutes) - Documentaire. Stphane BRUCHFELD Dites-le vos enfants : histoire de la Shoah en Europe - 1933-194. Paris: Ramsay, 2000. Henry COLOMER - Primo Levi - Paris: Arte vido: La sept vido, 1995 - 1 vidocassette Scam (24 minutes). Richard DINDO - Charlotte, vie ou thtre ? - Paris: La sept vido, 1992 - 1 vidocassette Scam (60 minutes). Les camps de concentration nazis, 1933-1945 : 50e anniversaire de la libration des camps, 19451995 - Ralisation de Marion et

POUR EN SAVOIR PLUS

4. HISTOIRE
Claudine CARDON-HAMET Les 45 000, mille otages pour Auschwitz. Le convoi du 6 juillet 1942 - Paris, Graphein, 1997. Marie Jos CHOMBART DE LAUWE - Toute une vie de Rsistance, Paris, Graphein, 1998. Raul HILBERG - La destruction des Juifs dEurope, Paris, Fayard, 1998. Eugne KOGON, Hermann LANGBEIN, Albert RUCKERL, Les chambres gaz secret dEtat trad. de lallemand, Paris, ditions de Minuit, Point Histoire, 2000.

CINMA, VIDO
Roberto BENIGNI - La vie est belle - Paris: TF1 Vido, 1999 1 vidocassette Scam (117 minutes). Pierre BOUTRON - Les annes sandwich, France, 1988. Jacques DOILLON - Un sac de billes, France, 1974. Robert ENRICO - Au nom de tous les miens, France, 1983. Finger BLANCHE et William KAREL - Opration Vent printanier, 16 au 17 juillet 1942. La rafle du Vel dHiv, France, 1995. Documentaire. Marion COTY et Henri R. COTY - Les camps de Concentration

Nazis 1933-1945 - avec livret pdagogique, Paris, H. R. COTY, 1995. Judith ELEK - Dire lindicible, la qute dElie Wiesel - un film de Judit ELEK; texte dit par Jean-Hugues ANGLADE - Paris: Arte vido, 1998 - 1 vidocassette Scam (105 minutes) + 1 livret daccompagnement crivains. Emmanuel FINKIEL - Voyages Paris : La sept vido, 2000 1 vidocassette Secam (115 minutes). Karel KACHINIA - Le cri du papillon - France, Tchcoslovaquie, 1991. Claude LANZMANN - Shoah Paris: Ren Chateau Vido, 19761985 - 4 vidocassettes Scam (570 minutes) - La mmoire de lhistoire. Rafael LEWANDOWSKI Une ombre dans les yeux - Paris: Porte Rouge, 1998 - 1 vidocassette Scam (52 minutes). Jocelyne MALHER - Ralisateur Jean Daligault : prtre dport : la lumire, lombre et la nuit ralisation de Jocelyne Malher et Franois Royet - Caen: Visual production Yvonne Gugan, 1995, 1 vidocassette (25 minutes). Marcel OPHULS - Htel terminus Klaus Barbie et son temps, France, 1989. Laurent Perrin - Lcriture et la vie, Jorge Semprun - un film de Laurent Perrin et Patrick Rotman Paris: ADAV/Arte distribution, 1996 - 1 vidocassette Scam (90 minutes) - Documentaire. Alain RESNAIS - Nuit et brouillard - Lille: Conseil Rgional Nord Pas-de-Calais, 1956 - 1 vidocassette Scam (32 minutes). Fabienne ROUSSO-LENOIR Zakhor, souviens-toi - [S.l.]: F. Rousso-Lenoir: P. Picasso, 1996 1 vidocassette Scam (22 minutes) Documentaire. Frdric ROSSIF - De Nuremberg Nuremberg - France, 1989. Jacques ROUFFIO - La passante du sans souci - France, 1982. Franois ROYET - Crayon, terre, savon et rouille sur fond de journal - un court mtrage de Franois ROYET - Besanon: Aster Big Bang productions - 1995 1 vidocassette Scam (11 minutes). Vronique SARTRE - Silences film ralis par Vronique SARTRE; Franoise BOURVIS - Montpellier: ADL Production; Lyon: France 3 Lyon, 1996 - 1 vidocassette Scam (24 minutes). Des dports ont russi tmoigner travers des dessins, des croquis, des esquisses, de lhorreur des camps de concentration. Ce film nous rvle lhistoire de ces dessins et la difficult du tmoignage. Franois TRUFFAULT - Le dernier Mtro - France, 1980.

Dportation de Besanon - SaintEtienne: Les cahiers intempestifs, 2000. Livre dartiste ralis loccasion de lexposition Se taire est impossible prsente la Citadelle de Besanon du 28 avril au 27 aot 2000.

Georges PEREC - W ou le souvenir denfance - Paris, Gallimard, 1974. William STYRON - Le Choix de Sophie - Paris: Gallimard, 1983 Du monde entier.

PHOTOGRAPHIES ROMANS
Patrick BOUSQUET - La balle rouge - Woippy (Moselle) : Serpenoise, 2000. Rolande CAUSSE - Les Enfants dIzieu - Paris, Seuil (Petits-Points), 1989. Grald GREEN - Holocauste : roman - Paris: Club franais du livre, 1978. Denis LACHAUD - Japprends lallemand - Denis LACHAUD Arles (Bouches-du-Rhne): Actes sud, 1998. Robert MERLE - La Mort est mon mtier - Paris: Gallimard, 1978. Auschwitz Birkenau : que linnommable ne devienne pas linnomm - photos de Adam BUJAK; textes de Elie WIESEL, Jean-Marie LUSTIGER, Rita SSSMUTH, Wladislaw BARTOSZEWSKI - Paris: Criterion, 1990. Exposition. Paris, Htel de Sully. 2001 - Mmoire des camps : photographies des camps de concentration et dextermination nazis : 1933-1945 : Exposition, Htel de Sully, Paris 12 au 25 mars 2001 - textes du catalogue Ilsen ABOUT, Pierre BONHOMME, Clment CHROUX et al.;

photogr. Erwin BLUMENFELD, Christian BOLTANSKI, Margaret BOURKE-WHITE et al. - Paris; Marval, 2001. Erich HARTMANN - Dans le silence des camps - Paris: d. de La Martinire, 1995 Franois PAOLINI - Soleils noirs - Lyon: Centre dhistoire de la Rsistance et de la Dportation, 1995. Le Passage du tmoin : portraits et tmoignages de rescaps des camps de concentration et dextermination nazis - La Lettre vole - 1995; Fondation Auschwitz, 1995.

MUSIQUE
Pomes et chants concentrationnaires par Mouloudji, Michel Bouquet, Madeleine Robinson Editions AZ - MOULOUDJI. Henri DUTILLEUX - The Shadows of Time - Seiji OZAWA,

Orchestre symphonique de Boston, Erato, 1998. Hans KRASA - Brundibar - Joza KARAS, Channel Classics, 1993. Albert MANOUVRIER et Lon BOUTBIEN, Natzweiler - La montagne magnifique et maudite - avec lOrchestre de Chambre Pierre MNET, lEnsemble Vocal Franais (chef de chur Gilbert MARTIN-BOUYER), rcitant Andr CHANU, Corlia, 1995. Darius MILHAUD - Le Chteau du feu - Serge BAUDO, Le chant du monde, 1991. Luigi NONO - Il Canto Sospeso - Claudio ABBADO, Majano LIPOVSEK, Lisa OTTO, 1993. Francis POULENC - Le Disparu - 1947, Fabio LUISI, Pierre BERNAC, Cascavelle, 1999. Le Chant des marais - mlodie de Rudy GOGUEL, Le Chur de lArme franaise (direction Yves PARMENTIER), Corlia, 1995.

Krzysztof PENDERECKI - Dies Irae la mmoire des victimes dAuschwitz - Antoni WIT, J. GADULANKA, Pneuma, Enregistrement: 1967, 1993. Steve REICH - Different Trains - Electric Counterpoint, avec le Kronos Quartet et Pat Metheny, Elektra Nonesuch/WEA, 1989. Arnold SCHOENBERG - Un survivant de Varsovie, in The last world War - Vaclav Suprahon NEUMANN - 1998. Disque: Prire pour les morts dAuschwitz, par S. Katz, dition Le chant du monde. Les revues dites par les diffrentes amicales, notamment dans la priode daprs-guerre, constituent des sources prcieuses documentaires. Voir liste des amicales et associations en annexe gnrale.

Annexe gnrale
adresses utiles
Vous trouverez, ci-aprs, une liste dorganismes susceptibles de vous guider lors de vos travaux de recherche. Cette liste nest bien sre pas exhaustive. Tout dabord, nous vous avons indiqu les adresses de quelques Fondations, Fdrations, Unions et Associations nationales issues de la Rsistance et de la Dportation qui pour la plupart ont des dlgations ou des reprsentants dans un grand nombre de dpartements. Vous aurez aussi intrt consulter les archives dpartementales, les Centres Dpartementaux de Documentation Pdagogique (C.D.D.P.) ainsi que les Directions dpartementales des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Aussi, afin de vous permettre dentrer plus facilement en contact avec ces organismes, nous avons indiqu pour chaque rgion administrative les adresses des Centres Rgionaux de Documentation Pdagogique (CRDP) et des Directions interdpartementales des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. la suite de ces deux types dtablissements, vous trouverez une liste des muses et centres de documentation spcialiss.

Amicale des Anciens Interns Politique et Rsistant du camp Vernet/Arige


10 rue Boulbonne 09100 PAMIERS Tl.: 0561671687

Amicale de Dora-Ellrich
CEP - 55 Quai Le Gallo 92100 BOULOGNE

Association Ceux de Rawa-Ruska


17 rue des Petits Htels 75010 PARIS Tl.: 0142467564

Amicale de Drancy
4 alle Thiellement 93340 LE RAINCY Tl.: 0143815038

Amicale des Anciens de Montluc Fondation de la Rsistance


Htel National des Invalides Corridor de Metz, escalier K 75700 Paris 07 SP Tl.: 0147057369 (secrtariat) et 0145512706 (documentaliste) www.fondationresistance.com. E-mail : fondresistance@club-internet.fr. 5 rue Rollin 75005 PARIS Tl.: 0143268489

Association Citadelle et Maquis dIndochine


195 avenue Jean-Jaurs 75019 PARIS

Amicale dEysses-Dachau
10 rue Leroux 75116 PARIS Tl.: 0144173827

Association des Dports NN


15 avenue du gnral de Gaulle 67000 STRASBOURG Tl.: 0388613272

Amicale dAurigny-Alderney
22 avenue Klber 94130 Nogent S/Marne Tl.: 0148712771

Amicale de Flossenbrg
15, rue de Richelieu 75001 PARIS Tl.: 0142963422

Association de Dports de Schonebeck-Mulhausen


15 Cinquime Avenue 77680 ROISSY EN BRIE Tl.: 0190629668

Amicale dAuschwitz
73 avenue Parmentier 75011 PARIS Tl.: 0147009095 Fax: 0147009033

Amicale de Jawischowitz
125 avenue Ledru-Rollin 75011 PARIS Tl.: 0148051529

Fondation Charles de Gaulle


5 rue de Solfrino 75007 PARIS Tl.: 0144186677 www.charles-de-gaulle.org E-mail : Ficdj@charles-de-gaulle.org

Amicale de Ravensbrck
10 rue Leroux 75116 PARIS Tl.: 0144173829

Amicale de Mauthausen
31 Boulevard Saint-Germain 75005 PARIS Tl.: 0143265451

Amicale de Bergen-Belsen
12 Villa St-Pierre 94220 CHARENTON LE PONT Tl.: 0143782858

Fondation de la France Libre


59 rue Vergniaud 75013 PARIS

Amicale de Natzweiler-Struthof
Seme Grain - 42 rue de Bel Air 37400 AMBOISE Tl.: 0247571281

Association de Dports de Wansleben


La Raudire 86190 BERUGES Tl.: 0549533218

Amicale des Anciens de Dachau


2 rue Chauchat 75009 PARIS Tl.: 0145233999

Amicale de Blechhammer Auschwitz III


14 Place des Vosges 75004 PARIS Tl.: 0149461515

Amicale de Neuengamme
35 Grande Rue 45410 ARTENAY Tl.: 0238800053

Amicale des Anciens Dports des Familles de disparus des amis du Fort/Queuleu
7 bis, impasse de Bretagne 57111 AMANVILLIERS Tl.: 0387534077

Amicale de Blechhammer Heidebreck


73 avenue Parmentier 75011 PARIS Prsident : Nathan PROCHOWNIK

Association Nationale des Anciens Combattants de la Rsistance (A.N.A.C.R.)


79 rue Saint-Blaise 75020 PARIS

Amicale de Neu-Stassfurt
11 rue Saint-Maurille 49100 ANGERS Tl.: 0241252075

Amicale des Anciens Dports et Interns Camps/Drancy


40 avenue de Saint-Ouen 75018 PARIS Tl.: 0143268489

Association franaise de Buchenwald-Dora


66 rue des Martyrs 75009 PARIS Tl.: 0142854493

Amicale dOranienburgSachsenhausen
77 avenue Jean-Jaurs 75019 PARIS Tl.: 0142457488

Association Nationale des Anciennes Dportes et internes de la Rsistance (A.D.I.R.)


241 boulevard Saint-Germain 75007 PARIS Tl.: 0145513414

Amicale des Anciens Dports et Interns Juifs


16 rue Barbs 92100 LEVALLOIS PERRET Tl.: 0147587427

Amicale de Buchenwald-Dora/ K. De Schnebeck Mlhausen


72 rue Andr Theuriet 63000 CLERMONT-FERRAND Tl.: 0473342087

Amicale des Rseaux Action de la France combattante


Htel National des Invalides 129 rue de Grenelle 75007 PARIS

Association Nationale des Combattants Volontaires de la Rsistance


Htel National des Invalides Cour dhonneur - bote courrier n 6 esc I 75007 PARIS

DESSINS, PEINTURES
Voir aussi les uvres de Chagall, Picasso, Bacon Amishai-Maisels, Ziva - Dpiction and interpretation: The influence of the Holocaust of the Visual Arts Oxford - New-York - Seoul - Tokyo: Pergamon Press, 1993. Jean-Marc CERINO - A des amis qui nous ont manqu - Jean-Marc Cerino; en collaboration avec le Muse de la Rsistance et de la

Amicale des Anciens Dports Juifs de France


10 rue St-Claude 75003 PARIS Tl.: 0142716819

Amicale de Buna Monowitz


18, rue Marbeuf 75008 PARIS Tl.: 0147233868

Amicale du 369 Kobjercyn


46 rue de Londres 75008 PARIS Tl.: 0143277016

Fondation pour la Mmoire de la Dportation


71 rue Saint Dominique 75007 PARIS Tl.: 0147053188 Fax: 0144423562 www.fmd.assoc.fr. E-mail : contact fmd @fmd.assoc.fr.

Association Nationale des Mdaills de la Rsistance Franaise


51 bis boulevard de la Tour Maubourg 75007 PARIS

Amicale des Anciens Interns Patriotes de Chateaubriant Voves-Rouill


23 avenue Gabriel Pri 93400 SAINT-OUEN Tl.: 0140115872

Amicale des Camps de Gurs


Boulevard Auvergne 222 Bel-Air Bat A2 16000 ANGOULEME Tl.: 0545929377

Association des Amis de la Fondation pour la mmoire de la Dportation


31 boulevard Saint-Germain 75005 PARIS Tl.: 0143258498

Association R.D., Emprisonns et Interns Politiques AFN


10 rue Leroux 75116 PARIS

48 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Concours National de la Rsistance et de la Dportation 49

Annexe gnrale adresses utiles


Association des Tatous du convoi du 27 avril 1944
18 avenue de la Rpublique 91170 VIRY-CHATILLON Tl.: 0169242066

CRDP
23, rue du Marchal Juin BP 279/R7 67007 STRASBOURG CEDEX

Muse de la Rsistance en Morvan


Maison du Parc 58230 SAINT-BRISSON Tl.: 0386787016 ou 0386787299

CHAMPAGNEARDENNE
08105152

LIMOUSIN
192387

MIDI-PYRNNES
0912313246658182

CRDP
21, rue du Moulin-au-Roy BP 5152 14040 CAEN CEDEX 01

POITOU-CHARENTES
16177986

Muse Mmorial dIzieu. Maison des enfants dIzieu


Hameau de Llinaz 01300 IZIEU Tl.: 0479872105

Union Interns de la prison de Graudenz


18 Chemin des Chauvines Quartier du Repos 13170 LES PENNES MIRABEAU Tl.: 0442027166

Muse et camp du Struthof


Natzweiller 67130 SCHIRMECK Tl.: 0388970449

Muse de la Rsistance
4 bis, rue Andr Malraux 58640 VARENNES VAUZELLES Tl.: 0386573166 (mairie de Vauzelles)

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative Rue du Chanoine Collin BP 1055 57036 METZ CEDEX 1 57, rue Emile Bertin Case Officielle 63 54036 NANCY CEDEX

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


22, rue Mirabeau 87060 LIMOGES CEDEX

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative, btiment. B Boulevard Armand Duportal BP 42 31902 TOULOUSE CEDEX

Mmorial Muse de la Paix


Esp. Gnral Eisenhower BP 6261 14066 CAEN CEDEX

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


22, rue Mirabeau 87060 LIMOGES CEDEX

Muse dpartemental de la Rsistance en Ardche


13, rue de la Rpublique 07400 LE TEIL Tl.: 0475490111 ou 0475491046

CRDP
6, rue Sainte Catherine 86034 POITIERS CEDEX

Comit dAction de la Rsistance


45-47 rue Lacpde 75005 PARIS Tl.: 0147070295

AQUITAINE
2433404764

Muse de la Libert
Rue de la Plage 50310 QUINEVILLE Tl.: 0233214044

CRDP
39 F, rue Camille Gurin 87036 LIMOGES CEDEX

CRDP
3, rue Roquelaine - BP 7045 31069 TOULOUSE CEDEX 07

LE DE FRANCE
7577789192939495

Comit National de Liaison des Anciens Dports et Interns EDF/GDF


23 rue de Vienne 75008 PARIS Tl.: 0140086173

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


10, av. du Val de Fontenay 94135 FONTENAY-SOUS-BOIS CEDEX

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit Administrative Rue Jules Ferry BP 80 33090 BORDEAUX CEDEX

Muse de la Rsistance dans le Jovinien. Muse du groupe Jovinien Bayard


5, rue Boffrand 89300 JOIGNY Tl.: 0386622096

Muse charentais de la Rsistance et de la Dportation


34, rue de Genve 16000 ANGOULEME

Centre historique de la Rsistance en Drme et de la Dportation


2 rue Sainte-Marie 26100 ROMANS-SUR-ISERE Tl.: 0475058136

CRDP
47, rue Simon B P 387 51063 REIMS CEDEX

Muse Dpartemental de la Rsistance et de la Dportation


2, quai Edmond Perrier 19000 TULLE

Muse de la Rsistance du maquis de Villelongue


Cabanes 12800 NAUCELLE Tl.: 0565470586

Muse du Bocage Normand


Chteau de Flers BP 229 61104 FLERS CEDEX

Muse dOrbigny-Bernon
2, rue Saint-Cme 17000 LA ROCHELLE Tl.: 0546411883

Muse de la Rsistance du Vercors


26420 VASSIEUX EN VERCORS Tl.: 0475482846

HAUTE-NORMANDIE
2776

BRETAGNE
22293556

Muse de la Rsistance Mussy du Maquis


6, rue Boursault 10250 MUSSY-SUR-SEINE Tl.: 0325384010 (mairie)

CRDP
75, cours dAlsace-Lorraine 33075 BORDEAUX CEDEX

Confdration Nationale des A.C. Franais vads/France des Interns en Espagne


5 rue Guillaumat 75012 PARIS

Centre National de Documentation Pdagogique (C.N.D.P.)


37, rue Jacob 75270 PARIS CEDEX 06

Muse de la Rsistance et de la Dportation


Centre National J. Moulin 48, rue Vital Carles 33000 BORDEAUX Tl.: 0556796600

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative Boulevard de la Libert 35021 RENNES CEDEX

Centre National dtudes de la Rsistance et de la Dportation Edmond Michelet


4, rue Champanatier 19100 BRIVE Tl.: 0555740608

Muse dpartemental de la Rsistance et de la Dportation


52, alle des Demoiselles 31400 TOULOUSE Tl.: 0561148040

Muse municipal de Royan Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
Cit administrative Saint Sever 2, rue Saint Sever 76032 ROUEN CEDEX Htel de Ville Route de Pontaillac 17200 ROYAN Tl.: 0546395656

Muse de la Rsistance et de la Dportation


14, rue Hbert 38000 GRENOBLE Tl.: 0476423853

CORSE
2A2B

Muse de la Rsistance et de la Dportation


Rue Pagodouts 32000 AUCH Tl.: 0562616556

Centre rgional des ressources historiques


1, rue Jules Ferry BP 139 79104 THOUARS CEDEX Tl.: 0549660288

Centre dHistoire de la Rsistance et de la Dportation (CHRD)


14, avenue. Berthelot 69007 LYON Tl.: 0478722311 et 0472733354

Confdration Nationale des Combattants Volontaires de la Rsistance


10, rue des Pyramides 75001 PARIS Tl.: 0142604241

CRDP
Acadmie de Crteil 20, rue Danielle Casanova 94170 LE PERREUX-SUR-MARNE

Acadmie de Versailles
584, rue Fourny BP 326 78533 BUC CEDEX

Muse Dpartemental de la Rsistance et de la Dportation Jean Philippe


40 rue Montesquieu 47000 AGEN Tl.: 0553660426

CRDP
92, rue dAntrain 35003 RENNES CEDEX

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Av. du Colonel Colonna dOrnano BP 32 20181 AJACCIO CEDEX 1

Muse de la Rsistance Henri Queuille


Rue du Commerce 19160 NEUVIC DUSSEL Tl.: 0555959687

CRDP
2, rue du Docteur Fleury BP 88 76132 MONT-SAINT-AIGNAN CEDEX

Muse de la Rsistance
Place du Gnral. de Gaulle BP 294 46005 CAHORS CEDEX

Muse de la Rsistance
Bureau de la Conservation des Muses 22, av. de la Snatorerie 23000 GURET

Confdration Nationale des Dports et Interns et Ayants droit de la Rsistance


Chemin de la Chapelle Bruno 59126 LINSELLES Tl.: 0320232632

Muse de la Rsistance
Mairie de Saint-Connan 22480 SAINT-GILLES-PLIGEAUX Tl.: 0296214357

Centre de Documentation Juive Contemporaine (C.D.J.C.)


17, rue Geoffroy lAsnier 75004 PARIS Tl.: 0142774472

CRDP
8, cours du Gnral Leclerc BP 836 20192 AJACCIO CEDEX 4

Muse de la Dportation et de la Rsistance Tarbes et Hautes Pyrnes


63, rue Georges Lassalle 65000 TARBES Tl.: 0562511160

Muse de la Rsistance et de la Dportation de lEure


Champ de Bonnebos 27500 MANNEVILLE-SUR-RISLE Tl.: 0232569486

PROVENCE-ALPESCTE DAZUR
040506138384

Centre de Documentation sur la Dportation des Enfants Juifs (CDDEJ)


9 avenue Leclerc 69007 LYON Tl.: 0472695093

AUVERGNE
03154363

Muse de la Rsistance bretonne


Les Hardys Bhellec 56140 SAINT-MARCEL Tl.: 0297751690

Muse de la Rsistance et de la Dportation


Pavillon Est de lAncien vch Place de la Cathdrale 87000 LIMOGES Tl.: 0555456175

Muse de la Rsistance et de la Dportation


Rue du Marchal Leclerc 76440 FORGES LES EAUX Tl.: 0235905210

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


11, rue Lafon BP 6 13251 MARSEILLE CEDEX 06

Muse communal de la Rsistance et de la Dportation


21 place Lon Sublet 69200 VENISSIEUX Tl.: 0472500767

Fdration des Amicales de Rseaux Renseignement et vasion de la France Combattante


1 avenue du Gnral Balfourier 75016 PARIS Tl.: 0146515656

Muse de lordre de la Libration


Htel National des Invalides 51, bd de La Tour Maubourg 75007 PARIS Tl.: 0147050410

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative Rue Plissier BP 152 63034 CLERMONT-FERRAND CEDEX 1

Muse dhistoire Corse Mditerrane A Bandera


1, rue gnral Levie 20000 AJACCIO

Muse de la Rsistance et de la Dportation


Maison du combattant 33, Grand-rue Villenouvelle 82000 MONTAUBAN Tl.: 0563660311

Muse Savoisien
1, Square de Lannoy de Bissy 73000 CHAMBRY Tl.: 0479334448

CENTRE
182836374145

FRANCHE-COMT
25397090

LORRAINE
54555788

PAYS DE LA LOIRE
4449537285

CRDP
31, Boulevard dAthnes 13232 MARSEILLE CEDEX 01 51 ter, avenue Cap-de-Croix BP 11 06101 NICE CEDEX 2

Muse dHistoire Contemporaine


Bibliothque de Documentation Internationale Contemporaine (B.D.I.C.) Htel National des Invalides 129, rue de Grenelle 75007 PARIS Tl.: 0144423771

Fdration Nationale des Dports Interns Rsistants et Patriotes (FNDIRP)


10 rue Leroux 75116 PARIS Tl.: 0144173819 www.fndirp.asso.fr (a publi un supplment du n 746 du Patriote Rsistant consacr au Concours 2002)

CRDP
15, rue dAmboise 63037 CLERMONT-FERRAND CEDEX 2

Directions interdpartementales des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


2, rue de lHospitalit 37032 TOURS CEDEX 4, rue Marcel Proust B P 2535 45038 ORLEANS CEDEX 1

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


4 bis, rue Hoche BP 1584 21032 DIJON CEDEX

Directions interdpartementales des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative rue du Chanoine Collin BP 1055 57036 METZ CEDEX 1 57, rue Emile Bertin Case Officielle 63 54036 NANCY CEDEX

NORD-PAS-DE-CALAIS
5962

Muse Haut-Savoyard de la Rsistance


74, rue Sainte Catherine BP 74 74130 BONNEVILLE Tl.: 0450973842

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


104, rue Gambetta BP 1016 44036 NANTES CEDEX 01

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative Rue de Tournai 59048 LILLE CEDEX

Muse municipal dhistoire de la Seconde Guerre mondiale


Place Paradis 04000 DIGNES-LES-BAINS

Mmorial de la Dportation
Morette 74230 LA BALME DE THUY Tl.: 0450020814

Fdration Nationale des Dports et Interns de la Rsistance (FNDIR)


8 rue des Bauches 75016 PARIS Tl.: 0153922103

Mmorial du Marchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libration de Paris


Muse Jean Moulin (ville de Paris) Dalle jardin Atlantique 23, alle de la 2e D.B. 75015 PARIS Tl.: 0140643944

Muse de la Rsistance de Montluon


Mairie Place Jean Jaurs 03100 MONTLUCON

CRDP
5, chemin de lHerbergement BP 92226 44322 NANTES CEDEX

Muse de la Rsistance azurenne


Villa Les Chrubins 1, rue Jean-Jacques Rousseau 06000 NICE Tl.: 0493811596

CRDP
6, rue des Fusills BP1153 25003 BESANCON CEDEX

CRDP
55, rue Notre Dame de Recouvrance B P 2219 45012 ORLEANS CEDEX 1

CRDP
3, rue Jean Bart BP 199 59018 LILLE CEDEX

Muse du souvenir 39-45


Les tangs Neufs, Lavardin 72240 CONLIE Tl.: 0243277132

DPARTEMENTS DOUTRE-MER
971972973974

Muse de la Rsistance et de la Dportation Joseph Lhomende


43230 FRUGIERES LE PIN Tl.: 0471764215

CRDP
99, rue de Metz Co 3320 54014 NANCY CEDEX

O.R.A
4 boulevard des Invalides 75007 PARIS Tl.: 0145515181

Bibliothque de Documentation Internationale Contemporaine (B.D.I.C.)


6, alle de lUniversit 92000 NANTERRE Tl.: 0140977900

Muse de la Rsistance et de la Dportation de Bourges et du Cher


Halle St Bonnet 8 boulevard de la Rpublique 18000 BOURGES Tl.: 0248690262

Muse de la Rsistance et de la Dportation


La Citadelle 25000 BESANCON Tl.: 0381650755 (muse) 03 81 65 07 57 (centre de documentation) www.besancon.com

Muse dhistoire 39-45


Chemin du Gouffre 84800 FONTAINE DE VAUCLUSE Tl.: 0490202400

Muse de la Rsistance en zone interdite


Place Wilson 59220 DENAIN

C.R.D.P
Antilles-Guyane Route du Phare Pointe des Ngres BP529 97206 FORT-DE-FRANCE CEDEX La Runion 16, rue Jean Chatel 97489 SAINT DENIS CEDEX

Muse de la Rsistance du Mont Mouchet


43300 AUVERS Tl.: 0471741191

Muse mmorial de la Rsistance et de la Dportation


Fort Queuleu Alle Jean Burger 57070 METZ QUEULEU Tl.: 0387754509

PICARDIE
026080

Muse de la Dportation
Rue Larue 62113 LABOURSE Tl.: 0321659315

RHNES-ALPES
0107263842697374

Union Chrtienne des Dports


15 rue Monsieur 75007 PARIS Tl.: 0140616400

Muse de lHistoire vivante


31, bd Thophile Sueur 93100 MONTREUIL Tl.: 0148706162

Union Nationale des Associations de Dports, Interns et Familles de disparus (UNADIF)


8, rue des Bauches 75016 PARIS Tl.: 0153922103

Muse de la Rsistance de lInternement et de la Dportation du Puy de Dme


7, place Beaulieu 63400 CHAMALIERES Tl.: 0473312842

Muse dpartemental de la guerre 39-45


12, rue du Cheval Blanc 28000 CHARTRES Tl.: 0237210859

LANGUEDOCROUSSILLON
1130344866

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative Saint Sever 2, rue Saint Sever 76032 ROUEN CEDEX

Muse rgional de la Rsistance et de la Dportation


Square Jean Moulin 57100 THIONVILLE Tl.: 0382519495

Muse dpartemental de la Rsistance et de la Dportation


Palais Saint-Vaast 22, rue Paul Doumer 62000 ARRAS

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


53, rue de Crqui BP 6057 69412 LYON CEDEX 06

Direction dpartementale des A.C.V.G.


Cit Guillard Rue du Chteau dEau 97109 BASSE-TERRE CEDEX

CRDP
45, rue Saint-Leu BP 2605 80026 AMIENS CEDEX

Muse de la Rsistance Nationale


88, av. Max Dormoy 94500 CHAMPIGNY SUR MARNE Tl.: 0148810080

BOURGOGNE
21587189

Muse de la Rsistance et de la bataille de la Loire


Ancienne cole 37530 CHARGE Tl.: 0247570401

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


2, place Paul Bec 34078 MONTPELLIER CEDEX 2

Exposition permanente de la Dportation


Htel de Ville Place Henri Breton 88130 CHARMES Tl.: 0329388585

Muse municipal de Harnes


50, rue Andr Deprez 62440 HARNES Tl.: 0321490229

CRDP
Academie de Grenoble 11, avenue du Gnral-Champon 38031 GRENOBLE CEDEX

Union Nationale des Dports et Interns et Victimes de Guerre


49 rue du Faubourg du Temple 75010 PARIS Tl.: 0142080340

ALSACE
6768

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


4 bis, rue Hoche BP 1584 21032 DIJON CEDEX

Muse de la Rsistance et de la Dportation, de la Libration


1, pl. de la Grve 41000 BLOIS

CRDP
Alle de la Citadelle 34064 MONTPELLIER CEDEX 2

BASSE-NORMANDIE
145061

Muse et Centre de documentation Alfred Desmasures


Impasse du chteau 02500 HIRSON Tl.: 0323987742

Direction dpartementale des A.C.V.G.


9, rue Louis Blanc 97200 FORT-DE-FRANCE

Acadmie de Lyon
47-49, rue Philippe de Lassalle 69316 LYON CEDEX 04

Union des Rsistants et Dports Juifs de France


37 rue Saint-Ferdinand 75017 PARIS Tl.: 0144099377

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


Cit administrative 2, rue de lHpital militaire 67084 STRASBOURG CEDEX

C.R.D.P.
3, avenue Alain Sovary BP 490 21013 DIJON CEDEX

Muse dpartemental de la Rsistance et de la Dportation


Esplanade Charles de Gaulle 45260 LORRIS Tl.: 0238948419

Centre Rgional dhistoire de la Rsistance et la Dportation


Place de la Libert 34170 CASTELNAU-LE-LEZ Tl.: 0467142745

Muse des activits anciennes de la fort de la Rsistance en Vge


La Rsidence 11, rue de Moulin-Robert Clairey 88260 HENNEZEL Tl.: 0329070080

Direction dpartementale des A.C.V.G.


40, rue des 14 et 22 juin 1962 BP 5004 97305 CAYENNE CEDEX

Direction interdpartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre


16, alle de la Verte Valle BP 6259 14065 CAEN CEDEX

Muse dpartemental de la Rsistance et de la Dportation en Picardie


1, place Carnegie Fargniers 02700 FARGNIERS Tl.: 0323579377

Muse dpartemental dhistoire de la Rsistance et de la Dpor-tation de lAin du Haut-Jura


2, monte de lAbbaye 01130 NANTUA Tl.: 0474750750

Direction dpartementale des A.C.V.G.


11, rue de Nice 97400 SAINT-DENIS

50 Concours National de la Rsistance et de la Dportation

Concours National de la Rsistance et de la Dportation 51

Remerciements
La Fondation Charles de Gaulle, La Fondation pour la Mmoire de la Dportation et la Fondation de la Rsistance remercient de leur soutien et de leur participation la ralisation de ce dossier : Monsieur le ministre de lducation Nationale (Direction des Enseignements Scolaires) ; Monsieur le Ministre de la Dfense (Direction de la Mmoire du Patrimoine et des Archives) ; Monsieur le Maire de Paris ; les membres du groupe de travail qui a ralis le dossier: Madame Danile Baron (FNDIRP) Madame Catherine Breton (Association des Amis de la Fondation) Madame Julia Pascal (crivain, comdienne) Madame lisabeth Pastwa (conservateur du Muse de la Rsistance et de la Dportation de Besanon) Madame Ccile Vast (Fondation de la Rsistance) Monsieur Cyrille Le Quellec (Fondation pour la Mmoire de la Dportation) Monsieur Yves Lescure (Fondation pour la Mmoire de la Dportation) Monsieur Frantz Malassis (Fondation de la Rsistance) Monsieur Jol Meny (Service ducatif du Muse de la Rsistance et de la Dportation de Besanon) Monsieur Jean-Pierre Thiercelin (secrtaire gnral de lAmicale Dora-Ellrich, comdien) Monsieur Yann Tissier-Jakubowicz (Fondation pour la Mmoire de la Dportation) ; le directeur de la revue lcole des Lettres ; les associations et organismes suivants : Association Nationale des Anciennes Dportes et Internes de la Rsistance (ADIR) Association des Franais Libres (AFL) Amicale des Anciens de Dachau Amicale dAuschwitz Association franaise de Buchenwald-Dora Amicale de Buna-Monowitz Amicale de Dora-EIIrich Amicale de Flossenbrg Amicale de Mauthausen Amicale de Neuengamme Amicale dOranienburgSachsenhausen Amicale des Rseaux Action de la France Combattante Association Nationale des Anciens Combattants de la Rsistance (ANACR) Association Nationale des Combattants Volontaires de la Rsistance (ANCVR) Association Nationale des Mdaills de la Rsistance Franaise (ANMRF) Comit dAction de la Rsistance (CAR) Confdration Nationale des Combattants Volontaires de la Rsistance (CNCVR) Fdration des Amicales de Rseaux, Renseignements et vasion de la France Combattante (FARREFC) Fdration Nationale des Dports Interns de la Rsistance (FNDIR) Fdration Nationale des Dports Interns Rsistants et Patriotes (FNDIRP) Association Libre Rsistance Association des Amis de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation (AFMD) Association Mmoire et Espoirs de la Rsistance (MER) Organisation de la Rsistance de lArme (ORA) Union des Aveugles de la Rsistance Union Nationale des Associations de Dports, Interns et Familles de disparus (UNADIF) Les trois Fondations remercient aussi les associations et organismes qui apportent une contribution pdagogique la prparation du Concours National de la Rsistance et de la Dportation par la ralisation dun dossier spcifique, et en particulier : le Muse de la Rsistance nationale de Champigny, le Muse dpartemental de la Rsistance et de la Dportation de Toulouse, la FNDIRP, la FNDIR-UNADIF. Informations complmentaires Les associations suivantes proposent aux laurats de poursuivre des tudes et des recherches inities lors de leur participation au Concours et les encouragent entreprendre avec elles un approfondissement : Association des Amis de la Fondation pour la Mmoire de la Dportation , 31, boulevard Saint-Germain 75005 Paris. Tl. : 01 43 25 84 98. Fax : 01 43 29 58 92 Association Mmoire et Espoirs de la Rsistance, 16/18, place Dupleix 75015 Paris. Tl. : 01 45 66 92 32 Association nationale des laurats du Concours de la rsistance et de la Dportation Edward Arkwirght, 6 avenue de Camons 75006 Paris. Tl. : 01 45 27 12 56.

Ministre de lducation Nationale (Direction des Enseignements Scolaires)

Ministre de la Dfense (Direction de la Mmoire du Patrimoine et des Archives)

Fondation pour la Mmoire de la Dportation

Fondation de la Rsistance

Fondation Charles de Gaulle

Crdits photographiques: Illustration de couverture dessin de Serge Cogan (FNDIRP) collection FNDIRP p. 8-10-12 -13-14 (H. Gayot) (A. Favier) - p.25 (I. Celnikier, Bergen Belsen) - p.31 (I. Celnikier, B. Taslitzky) - p.32 (R. Brandely) - p.41 - p.42 (Varzy) Muse de la Rsistance et de la Dportation La Citadelle p. 11-13 (L. Delarbre, L. Bertrand) p.14 (L. Delarbre, L. Bertrand) - p. 19 et 20 (J.-P. Tupin) p. 21 p. 39-40 p. 23 Opra National de Paris, Brundibar p.26 p. 31 (M. de la Pintire) p. 35 K. Pruszkowski et Patrimoine photographique p.37 - 38 Les films du Poisson (Voyages) p.38 BAC distribution (La Vie est belle) p. 45 Photo AAFMD D.R. p. 23 (programme musical) - p. 29 (Hernan), p. 34, p.42 (Ile de la Cit), p. 44, p. 46 (Amicale des Dports et Famille de Neuengamme).

Mmoire Vivante - Trimestriel dit par la Fondation pour la Mmoire de la Dportation - A.S.B.L. reconnue dutilit publique (dcret du 17 octobre 1990) - Place sous le Haut Patronage de M. le Prsident de la Rpublique - SIRET 380 616 433 00021 APE 913E - C.C.P. 19.500 23 W Paris - 71 rue Saint-Dominique, 75700 Paris 07 SP - Tl. 01 47 05 31 88 - Tlcopie 01 44 42 35 62 Internet : http://www.fmd.asso.fr - Email: contactfmd@fmd.asso.fr - Directeur de la publication: Marie-Jos Chombart de Lauwe - directeur de la rdaction: Franois Perrot Maquette, photogravure et impression : SEPEG International, 75015 Paris Numro 32 spcial concours - dcembre 2001 - Dpt lgal : dcembre 2001 - Commission paritaire n 3 986 D 73 ACS - ISSN 1253-7535.

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