Ionascu Anamaria Cristina

Inquisition





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LInquisition tait une juridiction spcialise (autrement dit un tribunal), cre par l'glise catholique
romaine et relevant du droit canonique. Elle tait charge d'mettre un jugement sur le caractre
conforme ou non (par rapport au dogme religieux) des cas qui lui taient soumis. L'Inquisition tait une
juridiction d'exception, tablie pour reprsenter l'autorit judiciaire du pape sur une rgion donne,
quand le fonctionnement courant des tribunaux ecclsiastiques s'avrait inadapt, voire dangereux pour
le pouvoir temporel de Rome[rf. ncessaire].

Dans l'Histoire, il y a eu plusieurs juridictions spcialises de ce type. Il est possible de distinguer trois
diffrentes Inquisitions, qui font l'objet d'articles spars :
1.l'Inquisition mdivale, introduite devant les tribunaux ecclsiastiques par le pape Innocent III en
11991 ;
2.l'Inquisition espagnole, infode la couronne d'Espagne, fonde en 1478 et supprime en 1834, et
l'Inquisition portugaise, infode celle du Portugal, dont l'Inquisition dans les colonies espagnoles et
portugaises ont dpendu ;
3.l'Inquisition romaine (Congrgation de l'Inquisition romaine et universelle), fonde en 1542,
remplace par la Sacre Congrgation du Saint-Office en 1908.

Le prsent article traite du fonctionnement institutionnel et procdural de l'Inquisition, par rapport
l'approche catholique de l'hrsie et sa justification politique. Les aspects historiques se limitent ici
aux origines de l'Inquisition, la chronologie gnrale des vnements et l'Histoire des
reprsentations de cette institution et de ses acteurs (fonctionnaires et victimes), qui ont fait l'objet
d'une propagande intense et de nombreuses recherches historiques. L'Inquisition conserve aujourd'hui
dans la mmoire collective une image de violence et d'arbitraire.





Saint Dominique prsidant un auto da f, Pedro Berruguete, 1475, muse du Prado.
Image allgorique (et anachronique) traduisant le fait que les inquisiteurs taient souvent dominicains,
et que la sanction de l'hrsie pouvait tre le bcher.
Contrairement ce que prsente l'image, saint Dominique est mort deux sicles avant la cration de
l'Inquisition espagnole, et les excutions n'avaient pas lieu pendant les crmonies d'auto da f.



Sommaire
[masquer] 1 Racines de l'Inquisition 1.1 volution de la vision de l'hrsie
1.2 Contestation de l'ordre social
1.3 La lutte contre l'hrsie avant l'Inquisition
1.4 volution de la procdure judiciaire

2 Fonctionnement institutionnel 2.1 Inquisiteur, Juge d'exception
2.2 Aspects administratifs
2.3 Procdure inquisitoire
2.4 Procdure pnale

3 Procdure type de l'Inquisition 3.1 Dcret de grce
3.2 Citation individuelle
3.3 Tmoignages et dfense
3.4 Question et torture 3.4.1 Frquence de l'usage de la torture
3.4.2 Limites de la torture

3.5 Avis d'un jury
3.6 Prononc du jugement
3.7 Peines et pnitences
3.8 L'appel

4 Victimes de l'inquisition
5 Problme du jugement d'opinion 5.1 Libert de conscience
5.2 Dire la vrit du dogme
5.3 Atteinte l'ordre social

6 Inquisition et pouvoir
7 Histoire des reprsentations de l'Inquisition 7.1 La Rforme protestante et l'Inquisition
7.2 L'anticlricalisme et l'Inquisition
7.3 Perception contemporaine de l'Inquisition

8 Chronologie de l'Inquisition 8.1 Lutte contre les hrsies dans l'Empire romain
8.2 Hrsies de l'an mille
8.3 Inquisition mdivale
8.4 XVe sicle et Inquisition espagnole
8.5 XVIe sicle, Rforme et Renaissance
8.6 XVIIIe sicle et XIXe sicle
8.7 Priode contemporaine

9 Notes et rfrences
10 Voir aussi 10.1 Articles connexes
10.2 Bibliographie 10.2.1 Ouvrages gnraux

10.3 Ouvrages spcialiss 10.3.1 Inquisition mdivale
10.3.2 Inquisition espagnole
10.3.3 Inquisition romaine
10.3.4 Articles
10.3.5 Sources primaires

10.4 Liens externes



Racines de l'Inquisition[modifier le code]

volution de la vision de l'hrsie[modifier le code]

Si l'glise avait connu une priode de calme relatif aprs le IXe sicle, les hrsies connaissent un
nouveau dveloppement aux XIe sicle et XIIe sicles, le plus souvent en suivant les routes de
plerinage. Des tudes locales[rf. souhaite] ont en effet montr que les hrsies se rpandent
souvent par ce biais, par le bouche oreille : les plerins discutent entre eux, et avec les villageois lors
de leurs tapes, propageant ainsi des questions et des rponses en dehors du pouvoir rgulateur de la
paroisse.

Au haut Moyen ge, l'hrtique est comme un lpreux qu'il faut loigner du corps sain des fidles par
l'excommunication, puis par l'exil ou la confiscation des biens. Au bas Moyen ge, l'hrsie constitue
une rupture du lien social. Rgine Pernoud crit ainsi :



Tout accident spirituel semble dans ce contexte plus grave qu'un accident physique. () Sous bien des
rapports, l'Inquisition fut la raction de dfense d'une socit pour laquelle, tort ou raison, la
prservation de la foi semblait aussi importante que de nos jours celle de la sant physique2.

Dans la bulle pontificale Vergentes in senium (25 mars 1199), Innocent III assimile mme l aberration
dans la foi un crime de lse-majest, concept romain redcouvert cette poque par les autorits
laques.

Aprs la cration de l'Inquisition, la dfinition de l'hrsie (pour laquelle elle deviendra progressivement
le seul tribunal comptent) sera constamment largie. Par opportunisme, on fait entrer dans le champ
de l'hrsie des lments de plus en plus divers : l'apostasie de juifs et musulmans convertis, ou encore
la sorcellerie, laquelle leur est assigne formellement en 1261 par Jean XXII. Mais on appelle aussi
hrtiques les schismatiques l'occasion de la lutte contre Frdric II ou, au XIVe sicle, du Grand
Schisme d'Occident ou encore ceux qui refusent de payer les dmes, voire les homosexuels (alors
appels bougres ou sodomites). La frontire se brouille galement entre indiscipline et hrsie : Jean
XXII appelle l'Inquisition contre les Spirituels, dissidents de l'ordre des franciscains, puis les bguins.

Les prrogatives croissantes de l'Inquisition et l'allgement constant de la tutelle qui devrait s'exercer
sur elle expliquent la toute-puissance de l'institution au XIIIe sicle : les inquisiteurs prennent l'habitude
de travailler seuls, et sans rendre de comptes, leur permettant ainsi de se rendre autonome vis--vis de
l'glise.

Contestation de l'ordre social[modifier le code]

L'hrsie n'est pas seulement affaire de doctrine : elle est vue comme un crime global contre Dieu, les
princes, la socit ce qui alors revient au mme. tant une rupture du lien social, la lutte contre
l'hrsie est une question d'ordre public. Les princes sont donc intresss par sa rpression plusieurs
titres, et l'autorit civile, pour prserver l'ordre public, se met lutter contre des hrsies et sanctionner
des hrtiques de manire potentiellement autonome : la dcrtale Ad abolendam (1184) de Lucius III
fait de la rpression de l'hrsie un lment constitutif du pouvoir de l'Empereur, en l'espce Frdric
Barberousse.

Cette confusion entre domaines spirituel et temporel est assez gnrale, en Europe, au XIIIe sicle. En
revanche, dans le midi de la France et tout au nord du Royaume d'Aragon, la libert de culte est trs
rpandue (Exemple : des juifs sont lus consuls Toulouse, cit dans "L'Histoire Gnrale du Languedoc"
par Dom Vaissete). L'tablissement du premier tribunal de l'Inquisition Carcassonne, aprs les
"Croisades Albigeoises", est donc, sans doute, une faon de s'assurer la coopration des "nouveaux"
seigneurs locaux aprs s'tre dbarrass des "anciens".

Cette implication des autorits laques entre en conflit avec l'autorit de l'glise : des tribunaux royaux
ou impriaux se prononcent sur des problmes de doctrine. Ce conflit de juridiction est tranch par
larrangement de Vrone (1148): les hrtiques doivent tre jugs par l'glise avant d'tre remis au
bras sculier . Inversement, l'glise oblige les autorits laques (dont la lgitimit se fonde sur un
modle de socit chrtienne) rechercher les hrtiques, sous peine d'excommunication ou de
dposition.

Ds le dbut, l'Inquisition est donc fonde sur le principe de la collaboration et du partage des tches
entre l'glise et les autorits laques, chacun intervenant dans son domaine et suivant sa responsabilit
propre.

La lutte contre l'hrsie avant l'Inquisition[modifier le code]

La lutte contre les hrsies n'est pas ne avec l'Inquisition. Avant l'institution de cette dernire, la
recherche des hrtiques est confie lordinaire (le plus souvent, l'vque) et la punition au juge
sculier.

La lutte anti-hrsies n'est pas du seul domaine de la papaut : au contraire, en raison de ses
dimensions sociales, les tats s'en chargent eux-mmes. Ils collaborent avec la papaut. Les premires
formes de rpression taient apparues au dbut du XIe sicle : Nol 1022, Robert le Pieux avait fait
brler dix clercs de la cathdrale d'Orlans. C'tait le premier bcher de l'histoire de la lutte contre
l'hrsie en Occident. Faisant suite l'accord de Vrone entre Lucius III et Frdric Barberousse, la
dcrtale Ad abolendam (1184) fait ainsi de la rpression de l'hrsie un lment constitutif du pouvoir
de l'Empereur.

Ces dispositions bientt ne suffisent plus : le pouvoir des vques reste limit leur territoire alors que
l'aire d'influence des hrsies est mouvante, et couvre souvent plusieurs diocses. Dans ce cas, l'vque
ne peut rprimer que la partie qui est dans sa juridiction, ce qui est peu efficace. En outre, les vques
sont confronts aux pressions locales : l'hrsie se dveloppe galement dans la noblesse ou chez les
bourgeois des villes, et un vque peut avoir un proche parent hrtique.

La doctrine cathare tant bien plus rpandue et grandissante que les petites hrsies habituelles, le
systme des vchs ne suffit plus. Certains prtres catholiques changent mme de camp pour rejoindre
les Bons Hommes . Le pape envoie alors deux lgats, en 1198, rpandre la Parole de Dieu , et leur
donne tous les pouvoirs et une mthode de jugement. Quarante ans avant l'heure, ces deux lgats sont
les premiers Inquisiteurs de l'Histoire, avec les mmes droits et mthodes.[rf. ncessaire]

L'glise et les tats recherchent donc de nouveaux moyens plus efficaces de lutte. D'abord, le IVe concile
du Latran en 1215 voque la possibilit d'un personnel spcialis, mais restant dans le cadre diocsain.
Divers dispositifs sont ensuite essays, suivant les ncessits locales, dans un effort pour dpasser les
limitations de la juridiction ordinaire. Ainsi, dans une ville lombarde, l'vque collabore la fois avec le
prince local et un lgat pontifical pour faire appliquer des constitutions impriales, diffuses par la
papaut. En France, le catharisme est combattu par la croisade des Albigeois et les vques appuys par
des lgats. En 1227, des dominicains appuys par un commissaire pontifical, Conrad de Marbourg,
parcourent la Rhnanie pour soutenir les commissions piscopales : ils se chargent de dnoncer
l'hrsie au cours de la procdure.

volution de la procdure judiciaire[modifier le code]

l'origine, le terme inquisition (du latin inquisitio, enqute ) dsigne une technique judiciaire. Elle
est rendue possible par le renouveau juridique du XIIe sicle, qui rintroduit dans les lgislations des
techniques de droit romain mme si la procdure elle-mme est inconnue du droit romain.





Die Inquisition in Portugall, gravure de Jean David Zunner d'aprs Description de L'Univers, Contenant
les Diffrents Systmes de Monde, Les Cartes Gnrales & Particulires de la Gographie Ancienne &
Moderne. par Alain Manesson Mallet, Frankfurt, 1685 (From the Dr. Nuno Carvalho de Sousa Private
Collections - Lisbon)
Avant le XIIIe sicle, le droit canonique n'admet en effet que la procdure accusatoire : le juge instruit
les plaintes ; la charge de la preuve lui revient. Apparat ensuite la procdure dnonciatoire, fonde sur
une simple dnonciation et non plus une plainte en bonne et due forme.

La procdure inquisitoire confre au juge l'initiative de la poursuite. Dans cette nouvelle forme de
procdure, le juge peut lancer d'office une procdure sur la base de la fama publica (la notorit ).
Soit il trouve des accusateurs prcis par le biais d'une enqute, gnrale ou individuelle, soit il se charge
lui-mme d'administrer la preuve. L'ensemble de la procdure fait une large place l'acte crit, au
tmoignage et l'aveu.

La procdure inquisitoire est utilise d'abord des fins de discipline ecclsiastique : rpression de la
simonie, contestations d'lections abbatiales, etc. Cependant, elle se dploie trs vite dans le champ de
la lutte contre les hrsies. La lgislation en la matire est bauche avec les dcrets du IIe concile du
Latran (1139). Le concile de Tours de 1163, prsid par Alexandre II, autorise les princes toulousains et
gascons, dans le cadre de la lutte contre les hrtiques, recourir la procdure inquisitoire. Elle est
codifie par une srie de dcrtales d'Innocent III (1198-1216), en particulier Licet Heli (1213),
complte par Per tuas litteras.

La lutte contre les hrtiques puise dans de nombreuses traditions pour se dfinir : paralllement la
rsurgence du droit romain, les traditions germaniques sont galement utilises. Ainsi, se fondant sur
les punitions trs dures de la loi carolingienne contre le sacrilge, Frdric II choisit en 1224, dans le
statut accord la ville de Catane, d'appliquer la peine du feu aux hrtiques de Lombardie. C'est la
premire dcision systmatique de ce genre.

S'agissant des peines, la papaut se borne un travail de synthse des lgislations civiles, c'est ce qu'on
appelle souvent les statuts du Saint-Sige : Honorius III tend la dcision de Frdric II toute l'Italie
et en 1231, Grgoire IX la transforme en norme canonique.

Au dbut du XIIIe sicle, les vques disposent donc d'une importante lgislation pour lutter contre
l'hrsie, mais pas d'une institution spcialise.

Fonctionnement institutionnel[modifier le code]

Le fonctionnement de l'Inquisition relve la fois du domaine du droit et de celui de la religion.

Inquisiteur, Juge d'exception[modifier le code]





Toms de Torquemada, Premier Grand Inquisiteur d'Espagne
Pour le fonctionnement du droit canonique, les procs et jugements dans l'glise relvent d'un tribunal
ecclsiastique, administr sous l'autorit de l'ordinaire du lieu, le plus souvent l'vque. Rome
n'intervient qu'en deuxime ligne, la fois comme autorit d'appel, et comme garant du bon
fonctionnement de l'ensemble.

Quand cette organisation locale se rvle insuffisante ou inadapte pour dfendre les besoins de la foi,
le pape peut dcider de crer une fonction dinquisiteur. C'est un reprsentant qui le pape dlgue son
autorit, pour juger toutes les questions relatives la foi dans une rgion donne. C'est une juridiction
d'exception , ce qui signifie que lorsque cette juridiction existe, elle est seule comptente pour juger de
l'orthodoxie d'une cause qui lui est soumise. L'inquisiteur est donc essentiellement le reprsentant du
pape, et hrite de son autorit.

Ils taient choisis gnralement parmi les franciscains ou les dominicains. Les inquisiteurs rguliers
vivaient en marge de la vie conventuelle, et pour accomplir leur mission ils taient relevs de leurs vux
d'obissance envers leurs suprieurs [rf. souhaite].

Aspects administratifs[modifier le code]

L'organisation que met en place l'inquisiteur pour raliser sa mission de jugement donc un tribunal
est l'Inquisition, au sens administratif du terme. Le tribunal inquisitoire possdait le plus souvent un
sige fixe (o taient notamment conserves les archives trs fournies[rf. souhaite]), mais pas
ncessairement : des inquisiteurs ont t itinrants. Les inquisiteurs taient assists d'un personnel
nombreux : clercs, tels les notaires, greffiers, geliers, etc.

Au dbut de l'Inquisition, les inquisiteurs travaillaient par deux, avec des comptences gales. Par la
suite, la charge d'une rgion fut confie un inquisiteur unique.

Procdure inquisitoire[modifier le code]

Une juridiction d'Inquisition tire son nom de sa capacit avoir recours la procdure inquisitoire,
procdure extraordinaire (et inconnue du droit romain). Un tribunal classique ne peut pas se saisir
spontanment d'une cause: il ne peut intervenir que pour rpondre une plainte (droit civil) ou une
dnonciation (droit pnal). Au contraire, un tribunal d'Inquisition peut examiner d'office (au sens littral:
de par sa mission mme, son office) toute question dans son domaine de comptence, sans avoir besoin
d'tre saisi par un tiers. Ce pouvoir a t attribu pour permettre d'examiner rapidement et
efficacement tout ce qui pouvait tre souponn d'hrsie.

Le pouvoir inquisitoire est un pouvoir exorbitant du droit commun, susceptible d'tre employ
abusivement[rf. ncessaire] , et de ce fait habituellement refus aux juridictions classiques. Il faut
comprendre quel point ce pouvoir est extraordinaire : Napolon Ier disait du juge d'instruction qu'il
tait l'homme le plus puissant de France , par sa libert d'action, mais il ne pouvait intervenir que sur
commission. L'inquisiteur cumulait les pouvoirs d'un juge d'instruction, d'un procureur, et avait la
facult de s'autosaisir d'une affaire.

Procdure pnale[modifier le code]

Parler de la procdure pnale de l'Inquisition introduit une catgorie peu lgitime : la procdure
pnale employe par les juridictions d'Inquisition tait essentiellement celle de l'poque, avec peu de
spcificit relle. Les procdures qui apparaissent aujourd'hui scandaleuses taient globalement
normales pour l'poque : en regard de ce que connat le droit moderne, les garanties de procdure et
les dispositions qui assurent aujourd'hui la protection de l'inculp taient alors extrmement
rudimentaires, quelle que soit la juridiction. Cependant, on peut souligner que les juridictions
d'Inquisition ont globalement t progressistes, par rapport ce qui se pratiquait l'poque dans les
procdures quivalentes de l'autorit civile.

Cette procdure est issue de la redcouverte du droit romain. La procdure tait codifie par des
documents gnraux (voir les dcrtales cites dans les sources latines), et par des instructions
d'application promulgues par les inquisiteurs pour les procdures de leur ressort. La procdure tait
entirement crite, un notaire transcrivait tous les dbats. L'ensemble de la procdure se droulait sous
le contrle de l'vque du lieu, qui recevait copie de tous les documents. Les actes de la procdure
taient normalement rdigs en latin, langue officielle de l'glise, mais les interrogatoires taient
naturellement faits en langue vernaculaire.

L'accus pouvait rcuser un juge, ou faire appel Rome. En cas d'appel Rome, l'ensemble des
documents tait envoy sous scells, et la cause tait examine et juge Rome sur les pices
recueillies.

La procdure de l'Inquisition a vari dans le temps, et selon les rgions, mais ses grandes lignes sont
donnes ci-aprs.

Procdure type de l'Inquisition[modifier le code]





Michael Pacher, Saint Wolfgang et le Dmon
Selon Valrie Toureille, la procdure utilise par l'Inquisition reposait sur trois principes nouveaux :
l'ignorance par l'accus du nom des tmoins charge, la suppression de certaines incapacits
tmoigner et l'emploi de la question 3.

Dcret de grce[modifier le code]

L'enqute gnrale tait proclame dans une rgion entire. Quand l'Inquisition procdait par secteur
gographique, l'ouverture d'une enqute de l'Inquisition dans un secteur hrtique donn prenait
gnralement la forme d'une prdication gnrale, o l'inquisiteur exposait la doctrine de l'glise et
rfutait les thses de l'hrsie. Il publiait ensuite un dcret de grce et un dit de foi, convoquant tous
les habitants devant l'inquisiteur.

Pendant une dure fixe par le dcret de grce (typiquement de 15 30 jours), ceux qui se prsentaient
en temps et en heure et confessaient spontanment leurs fautes se voyaient imposer une pnitence
religieuse (typiquement un plerinage), mais chappaient aux sanctions du pouvoir civil. Inversement,
l'dit de foi donnait obligation de dnoncer les pratiques hrtiques.

Ces premiers aveux spontans, qui devaient tre complets, permettaient galement par leur
tmoignage d'identifier des hrtiques qui ne s'taient pas prsents. Le dlai accord par le dcret de
grce permettait galement de mener des enqutes locales et, le cas chant, de rcolter des dlations.

Les fidles suspects d'hrsie qui ne s'taient pas prsents pendant le dlai de grce faisaient l'objet
d'une citation individuelle.

Citation individuelle[modifier le code]

La citation individuelle se faisait le plus souvent par le biais du cur. Ceux qui refusaient de comparatre
se trouvaient excommunis.

Un suspect devait jurer (sur les quatre vangiles) de rvler tout ce qu'il savait sur l'hrsie. Si le suspect
reconnaissait immdiatement et librement ses erreurs, il se voyait infliger des pnitences comme
prcdemment, et les peines ventuelles taient lgres.

Le serment tait une arme redoutable entre les mains de l'inquisiteur. De nombreuses sectes
proscrivaient le serment, et la violation ou le refus du serment tait donc un indice srieux d'hrsie.
D'autre part, la sanction contre les parjures tait la prison vie, trs dissuasive.

Les peines srieuses ne concernaient que ceux qui refusaient de reconnatre leur erreur, mme aprs
avoir jur de dire la vrit, et malgr des tmoignages permettant de douter srieusement de leur
sincrit. Pour ceux-l, la procdure inquisitoire s'engageait rellement.

Le dcs de l'accus ne suspendait pas la procdure : si le mort tait coupable d'hrsie, cette erreur
devait tre reconnue par un jugement.

Mme en l'absence d'aveux, le suspect n'tait pas ncessairement emprisonn. Il pouvait rester en
libert sur parole, sur caution, ou prsenter des personnes se portant garantes de sa comparution
devant l'inquisiteur. L'incarcration pouvait tre utilise, mais le plus souvent ne s'tendait pas toute
la dure de la procdure.

Tmoignages et dfense[modifier le code]





Scne d'Inquisition par Francisco Goya
Des protections taient accordes aux accuss, comme aux tmoins. Ainsi l'identit des tmoins
charge tait tenue secrte, pratique courante de l'poque. Dans cette mme logique, les notions de
confrontation de tmoin et de contre-interrogatoire taient inconnues. En revanche, dans les tribunaux
de l'Inquisition, les accuss taient autoriss fournir une liste des personnes susceptibles de leur en
vouloir, lesquelles taient alors rcuses comme tmoins.

Les tribunaux de l'poque n'acceptaient pas de tmoignages d'origine douteuse : voleurs, prostitues,
personnes de mauvaise vie, mais galement hrtiques et excommunis. Trs rapidement, les tribunaux
d'Inquisition se dmarquent de cette rgle, en ce qui concerne le tmoignage d'hrtiques, pour des
raisons pratiques videntes : les activits hrtiques taient gnralement caches, les tmoignages
correspondants ne pouvaient gure provenir que des hrtiques eux-mmes. Cette pratique est
officialise en 1261 par Alexandre IV.

L'accus bnficiait d'une protection gnrale certaine dans la manire dont on punissait le faux
tmoignage : les tmoignages taient obtenus sous serment, et le crime de parjure tait svrement
sanctionn par la rclusion vie.

L'accus a gnralement le droit un dfenseur, mais ce droit tait le plus souvent thorique dans le cas
de l'Inquisition, faute de volontaire. Les avocats d'hrtiques risquaient d'tre eux-mmes accuss de
complaisance avec l'hrsie poursuivie. Pour la mme raison, les accuss traduits devant un tribunal
d'Inquisition ne bnficiaient gnralement pas de la prsence de tmoins dcharge.

Question et torture[modifier le code]





Diverses manires dont le Saint Office fait donner la question, par le graveur protestant Bernard Picart
(1673-1733) (Madrid, Biblioteca National).
La procdure inquisitoriale accorde une grande importance l'aveu de l'accus. En effet, juridiction
religieuse, l'inquisition se proccupe du rachat des mes donc souhaite obtenir le repentir des accuss.
Toute une procdure est alors mise en place pour obtenir leur tmoignage. Pour aider les clercs
procder aux interrogatoires, des manuels de l'inquisiteur sont rdigs dont les plus clbres sont le
Manuel de l'inquisiteur de Bernard Gui, le manuel d'Eymerich, et le manuel de Torquemada4. On y
indique la procdure, les questions poser, les pressions morales et les pressions physiques que l'on
peut y faire subir. L'inquisiteur doit extraire la vrit ventuellement par la ruse et la sagacit 5.
Parmi les pressions physiques, on peut citer la rclusion qui, selon Bernard Gui, ouvre l'esprit , ainsi
que la privation de nourriture et la torture. Mais une des particularits de l'instruction inquisitoriale est
le secret : l'accus et ses proches ne connaissent aucun des chefs d'inculpation et la dfense se fait donc
l'aveugle6.

Frquence de l'usage de la torture[modifier le code]

La frquence de l'usage de la torture, majoritairement reconnue durant les sicles prcdents comme
faisant quasi systmatiquement partie de la procdure inquisitoriale, est remise en cause par des
historiens contemporains.

D'abord, ils rappellent que la pratique de la torture (ou question , du latin qustio) tait l'poque
utilise aussi dans les tribunaux sculiers7, sauf par exemple en Aragon8, et n'tait donc pas l'apanage
de l'Inquisition9.

Ensuite, ils revoient la baisse les anciennes estimations. Ainsi, Bennassar value entre 7 et 10 % le
nombre de prisonniers de l'Inquisition espagnole ayant subi ces supplices10 et prcise que l'usage de
la torture n'a jamais t la rgle pour l'Inquisition et peut mme apparatre, certaines poques,
comme l'exception 11.

Trait singulier de la torture sous l'Inquisition, la noblesse ne bnficiait pas de privilge particulier
comme cela tait le cas auprs des autres tribunaux12.

Cependant, l'usage de la torture en particulier, et le nombre de victimes de l'inquisition en gnral, reste
difficilement quantifiable car la plupart des donnes statistiques concernant la priode avant 1560 ont
disparu13. Les aveux obtenus sous la torture n'tant pas recevables, cette partie de la procdure ne
faisait gnralement pas l'objet d'un enregistrement crit[rf. ncessaire], et les archives des procs
sont le plus souvent muettes ou au mieux allusives sur ce sujet. On trouve ainsi dans les minutes des
interrogatoires de courtes phrases du type, confessionem esse veram, non factam vi tormentorum, qui
la fois voque l'hypothse d'une torture, et nie que l'aveu not en ait t l'effet ( l'aveu est spontan,
non fait sous la force de la douleur ). Les notations explicites postquam depositus fuit de tormento (
aprs son retour de la torture ) sont rarissimes.

Limites de la torture[modifier le code]

Bartolom Bennassar, parlant de l'Inquisition espagnole, rappelle que la pratique de la torture y est trs
codifie14. Trois tortures sont prconises : l'eau, la poutre et le feu15.

Bennassar considre pour preuve que la torture fut applique avec modration le fait que nombreux
sont ceux qui y rsistrent16. De mme, Laurent Albaret considre qu'au XIIe sicle, la pratique de la
torture () est modre et le personnel inquisitorial sincrement peu convaincu de ses rsultats 17.

L'usage de la torture posait un problme moral pour les inquisiteurs, qui, en tant que clercs, n'avaient
pas le droit de verser le sang. Aprs un flou juridique initial, cette pratique est officiellement autorise
pour l'Inquisition en 1252 par la bulle Ad extirpenda, sous rserve de ne conduire ni la mutilation ni
la mort, et en excluant les enfants, les femmes enceintes et les vieillards de son champ d'application18.
De plus, il a souvent t exig par le pape qu'elle ne puisse tre donne qu'avec le consentement de
l'vque du lieu. Dans cette bulle, l'accus bnficie de deux protections : la question ne peut tre
donne qu'une fois, et les aveux doivent tre rpts librement pour tre recevables.

Une autre source disponible permettant de se faire une ide sur l'usage de la torture dans les procs de
l'Inquisition sont les manuels et instructions des inquisiteurs. Dans les manuels, l'interdiction de
soumettre plusieurs fois la question semble ne pas avoir t prise au srieux : des arguments formels
permettaient de justifier que cette interdiction est formellement respecte, tout en la laissant sans
effet. La question tait par exemple considre comme forme de plusieurs tapes, la fin d'une tape
n'impliquant pas la suspension de toute la procdure. Un autre argument a t que la dcouverte de
nouvelles charges justifiait nouveau l'usage de la question spcifiquement contre cette charge. Enfin,
l'interdiction ne concernait que l'accus par rapport son chef d'accusation, pas le cas des tmoignages
obtenus de la part d'autres tmoins.

Selon Nicolas Eymerich, inquisiteur gnral d'Aragon, la torture n'tait toutefois pas un moyen fiable et
efficace d'obtenir la vrit (qustiones sunt fallaces et inefficaces)19 car il estimait que, non seulement
la capacit de rsistance variait considrablement d'un individu l'autre, mais aussi que certains accuss
usaient de sorcellerie pour devenir insensibles la douleur, voire prfraient mourir que de
confesser20. En 1561, l'inquisiteur gnral Fernando de Valds fit preuve du mme scepticisme21.
Nanmoins, il a t relev de nombreux cas d'abus22 ; un des pires exemples, loin d'tre un cas isol,
fut sans doute celui de Diego Rodriguez Lucero, inquisiteur de Cordoue de 1499 1508, date laquelle il
a finalement t relev de ses fonctions23.

Avis d'un jury[modifier le code]

Dans les cas difficiles, le tribunal devait entendre l'avis d'un collge de boni viri, conseil (en latin
consilium) form de trente une centaine d'hommes de murs, de foi et de jugement confirms. Ce
conseil est impos et confirm par les instructions du pape partir de 1254. Son rle ira croissant dans
l'Inquisition, et sera tendu d'autres juridictions pour finalement tre l'origine du jury moderne24.

Aprs qu'ils ont prt serment de s'exprimer en conscience, l'ensemble des actes du procs leur tait
transmis, mais de manire anonyme, censur du nom de la personne accuse. Ils transmettaient deux
avis l'inquisiteur : sur la nature de la faute constate, et sur la nature de la sanction opportune.

L'inquisiteur reste souverain et responsable de sa sentence, mais l'avis de ce conseil tait le plus souvent
suivi, et quand il ne l'tait pas, c'tait pour amoindrir les sanctions proposes.

Prononc du jugement[modifier le code]





Le Pape et l'inquisiteur, peinture de Jean-Paul Laurens
Les sentences de l'Inquisition taient prononces dans une crmonie officielle, en prsence des
autorits civiles et religieuses. Cette crmonie une liturgie dans le sens antique du terme avait
pour fonction de marquer symboliquement la restauration de l'quilibre social et religieux qui avait t
rompu par l'hrsie. C'tait donc un acte de foi public, ce qui est la signification exacte du terme
portugais auto da f .

Un jour ou deux avant le prononc, les inculps se voyaient lire nouveau les charges retenues contre
eux (traduites en langue vernaculaire), et taient convoqus pour entendre le verdict de l'inquisiteur,
avec les autorits du lieu et le reste de la population.

La crmonie s'ouvrait tt le matin, par un sermon de l'inquisiteur, d'o son autre nom de sermon
gnral . Les autorits civiles prtaient ensuite serment de fidlit l'glise, et s'engageaient prter
leur assistance dans sa lutte contre l'hrsie.

La lecture des verdicts venait ensuite, en commenant par les actes de clmence : remises de peines
ou commutations. Les pnitences de toutes nature (dons, plerinages, mortifications, etc.) suivaient
ensuite. Venaient enfin les sanctions proprement dites, jusqu'aux plus svres qu'taient
l'emprisonnement vie ou la peine de mort. Les condamns taient alors remis au bras sculier par une
formule solennelle : Cum ecclesia ultra non habeat quod faciat pro suis demeritis contra ipsum, idcirco,
eundum reliquimus brachio et judicio saeculari ( Puisque lglise na plus prsent accomplir son rle
contre ceux-ci, pour cette raison, nous les laissons au bras sculier et sa justice ). Sur ce, la crmonie
s'achevait. L'inquisiteur avait achev son rle, l'glise s'tait prononce sur l'hrsie.

Chacun pouvait alors rentrer chez soi avec sa bonne conscience retrouve sauf bien sr les coupables
de crimes contre la socit, qui le bras sculier allait faire subir leurs peines. Contrairement aux
pnitences religieuses, ces peines taient en effet dfinies par le pouvoir temporel. Elles sanctionnaient
les crimes commis contre la foi et l'glise, toutes deux officiellement protges par l'tat.

Peines et pnitences[modifier le code]





Pnitents se flagellant
Le tribunal inquisitoire n'infligeait pas de peines proprement parler, mais des pnitences . Les
moins graves taient appeles pnitences arbitraires . C'tait la flagellation publique au cours de la
messe, les visites aux glises, les plerinages, l'entretien d'un pauvre, le port de la croix sur les
vtements, etc.

La pnitence tait souvent rduite par la suite. Les archives de l'Inquisition montrent de nombreux
exemples de pnitences attnues ou leves pour des motifs varis, parfois sur simple demande. On cite
ainsi le cas d'un fils obtenant la libration de son pre en faisant simplement appel la clmence de
l'inquisiteur, d'autres sont librs pour assister leurs parents malades jusqu' leur gurison ou leur
mort .

Mais l'Inquisition condamne aussi des peines conomiques et sociales. La confiscation des biens lui
permet de bnficier de subsides lui permettant de fonctionner25. L'Inquisition espagnole condamne
aussi l'ostracisme par le biais du port du sanbenito26 ou par l'exposition de celui-ci avec le nom du
condamn dans les glises27. La peine de l'inhabilet28 conduisait aussi la ruine et la misre celui qui
en tait frapp29.

En revanche, les hrtiques qui ne s'taient pas prsents dans les dlais de grce, ou ceux qui taient
retombs dans l'hrsie, encouraient la prison vie. La prison connaissait deux modes possibles : le
mur large , comparable une rsidence surveille, et le mur troit , rclusion solitaire. Le mur troit
pouvait tre aggrav en carcer strictissimus, le condamn mis au cachot (communment appel un in
pace) tant attach par des chanes, et priv de tout contact.

Le relaps, ou l'obstin qui refusait d'avouer son crime (qui devait par ailleurs avoir t dmontr), tait
abandonn l'autorit sculire, et la peine de son crime tait souvent l'incarcration ou le bcher. En
toute rigueur, la peine la plus svre que prononait l'glise tait l'excommunication. Les
condamnations mort taient prononces en fonction de la loi civile et excutes par les autorits
sculires. Il faut dire, cependant, qu'il n'y avait pas de sparation nette entre les domaines civils et
religieux : les autorits civiles taient elles-mmes tenues d'apporter leur concours sous peine
d'excommunication.

L'appel[modifier le code]

Dans certaines circonstances, en particulier en cas de faute lors du droulement de la procdure,
l'accus peut faire appel au pape. En pratique, cette possibilit est rarement offerte. Bernard Gui prcise
que l'inquisiteur passe outre tout privilge d'exemption et l'appel. Valence en 1494, ce droit
l'appel est dni ceux condamns pour hrsie30. Au XVIe sicle, l'appel au pape et au parlement se
gnralise et permet de bloquer la procdure tant que la plainte n'a pas t analyse31.

Victimes de l'inquisition[modifier le code]

Le nombre de personnes abandonnes la justice civile et livres au bcher est difficile valuer. La
mmoire collective est marque par les excutions massives de Montsgur32, Vrone33 ou du Mont-
Aim34 et par la rptition des bchers certaines priodes de l'Inquisition espagnole.

Les registres des procs ont partiellement disparu et les historiens sont amens valuer le bilan
humain seulement partir de documents partiels. Ce principe d'valuation conduit des rsultats
extrmement variables, de 400 victimes pour les dix premires annes35 plusieurs millions sur
plusieurs sicles et dans de nombreux pays selon l'estimation de l'historien Jules Michelet en 186236.
Juan Antonio Llorente dans son tude Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne depuis l'poque de son
tablissement par Ferdinand V, jusqu'au rgne de Ferdinand VII, en 1818, estime environ 30 000
condamnations mort physique et 15 000 par effigie37 durant les trois sicles de l'Inquisition espagnole
de 1481 1781 (date de la dernire excution) dont 8 800 pour la priode de Torquemada. Cependant,
des historiens contemporains trouvent cette valuation grandement exagre38 et la dsignent comme
un instrument de la lgende noire au XIXe sicle39.

Les quelques tudes menes pour le XIIIe sicle donnent une proportion de condamnations au bcher
infrieure 10 % des peines40. D'aprs Patrick Henriet41, Il ne fait aucun doute qu'au XIIIe sicle,
comme encore par la suite, la justice inquisitoriale s'est montre beaucoup moins expditive que celle
des cours civiles . Bartolom Bennassar pointe la grande variabilit en nombre de ces condamnations
selon les priodes (rigoureuses ou plus calme). Il value ainsi 40 % des personnes juges celles
montant sur le bcher lors de la priode la plus terrible de l'inquisition espagnole (fin du XVe sicle),
pour tomber 1 % dans la seconde moiti du XVIIe sicle42. D'aprs Jean Dumont, Bernard Gui a
prononc, entre 1308 et 1323, 42 condamnations au bcher sur 930 sentences, soit 4,5 %43.

Au temps de l'inquisition triomphante, on posa en 1524 Sville une plaque commmorative donnant
un bilan des quarante premires annes de l'inquisition espagnole, supposes les plus terribles :
L'an du Seigneur 1481 *+ a commenc en ce lieu le Saint Office de l'Inquisition contre les hrtiques
judasants, pour l'exaltation de la foi. Par lui, depuis l'expulsion des juifs et des Sarrasins jusqu'en l'anne
1524 *+ plus de vingt mille hrtiques ont abjur leurs criminelles erreurs, et plus de mille obstins
dans l'hrsie ont t livrs aux flammes, aprs avoir t jugs conformment au droit *+ 44.
D'aprs lecclsiastique Henri-Dominique Lacordaire, l'inquisition est un progrs vritable compare
tout ce qui avait eu lieu dans le pass. la place d'un tribunal sans droit de grce, assujetti la lettre
inexorable de la loi, on avait un tribunal flexible duquel on pouvait exiger le pardon par le repentir, et
qui ne renvoya jamais au bras sculier que l'immense minorit des accuss. L'inquisition a sauv des
milliers d'hommes qui eussent pri par les tribunaux ordinaires .

Au dbut du XXe sicle, dans le journal catholique La Croix, Jean Guiraud compare, en la justifiant,
l'action de l'inquisition la lutte alors en cours contre les ides du bolchvisme, et relativise ses excs en
soulignant () qu'en six sicles l'Inquisition a fait beaucoup moins de victimes que Lnine et Trotsky en
trois ans [pertinence conteste]45.

En mars 2000, l'glise catholique a offert sa repentance officielle contre, notamment, les excs de
l'Inquisition, et a lanc en 1998 une tude sur l'Inquisition qui a donn lieu la publication d'un
document de 800 pages recensant les dommages causs par celle-ci et dans lequel Jean-Paul II
manifestait le repentir de lglise romaine (voir dtails et rfrences dans Chronologie Priode
contemporaine).

Problme du jugement d'opinion[modifier le code]





Destruction par le feu de livres (autodaf) condamns par l'Inquisition.
Libert de conscience[modifier le code]

Pour la doctrine catholique, la suite de la Bible, qui affirme Dieu ne veut pas la mort du pcheur,
mais qu'il se convertisse (Ez 33:11, 2P 3:9, prologue de la rgle de St Benot), la position de l'glise est
qu'il faut tuer l'hrsie, mais non les hrtiques[rf. ncessaire].

l'poque mme o la premire Inquisition est fonde, Bernard de Clairvaux formule que la foi doit
tre persuade, non impose .

Dominique de Guzmn, de son ct, fonde son ordre des prcheurs pour rduire l'hrsie albigeoise par
la prdication et l'exemple d'une vie mendiante, se dmarquant de la croisade guerrire mene la
mme poque sous Innocent III la solide formation dogmatique des Dominicains leur vaudra
ultrieurement de fournir bon nombre d'inquisiteurs. Dans sa ligne, Thomas d'Aquin, futur docteur de
l'glise, affirme clairement, dans la Somme Thologique, que la libert de conscience est absolue : pour
lui, si un chrtien voit un conflit entre le dogme et sa conscience, il doit suivre sa conscience et non le
dogme.[rf. ncessaire]

Dire la vrit du dogme[modifier le code]

Mme si la conscience est libre, cette libert ne se comprend que par rapport deux devoirs dans la
pense catholique :
Le devoir moral de chaque individu de chercher la vrit et de vivre en consquence ;
Le devoir institutionnel de l'glise d'annoncer et de dfendre ce qu'elle peroit de la Vrit, c'est--dire
typiquement le dogme.

Un tribunal d'Inquisition, par lui-mme, ne fait que se prononcer sur l'orthodoxie du cas qui lui est
soumis. Un tel jugement est un devoir institutionnel et ne pose aucun problme moral. Le drame de
l'Inquisition n'est pas d'examiner l'orthodoxie d'une cause ; il commence quand l'glise accepte que la
consquence de son jugement soit lie une sanction pnale du pouvoir temporel.

Atteinte l'ordre social[modifier le code]





Les habitants de Carcassonne expulss de la cit en 1209
Pour la socit mdivale, le christianisme fait partie de l'ordre social, et l'ordre social se fonde sur la
religion.
Dans cette organisation, sur le plan religieux, une hrsie constitue ncessairement une rupture de
l'ordre social. Inversement, sur le plan politique, la seule manire de contester l'ordre tabli est d'entrer
en rupture (schisme) avec la religion institutionnelle.
Il est normal que le pouvoir temporel dfende d'une manire ou d'une autre l'ordre social, en
sanctionnant au besoin ce qui le met en danger (mme si la dfense est dlicate, et doit s'exercer avec
prudence, pour ne pas tomber dans un immobilisme ractionnaire).
Dans la mesure o l'hrsie met en danger la socit, elle doit tre combattue par le pouvoir temporel.
Mais dans la mesure o l'hrsie s'exprime dans le domaine de la foi, elle doit tre juge par une
autorit religieuse.

Par consquent, les tribunaux religieux se mettent juger des fauteurs de troubles sociaux. Ce partage
des rles est act dans larrangement de Vrone (1148) entre le Pape et l'Empereur : les hrtiques
doivent tre jugs par l'glise avant d'tre remis au bras sculier, pour y subir la peine due (debita
animadversione puniendus).

Inquisition et pouvoir[modifier le code]

L'histoire de l'Inquisition est l'illustration du drame qui menace les hommes chaque fois qu'une liaison
organique s'tablit entre l'tat et lglise , a crit l'historien et professeur Bartolom Bennassar.

Le fonctionnement mme de l'inquisition (promulgation d'dit obligeant la dnonciation, tenue et
conservation de registres sur toutes les dnonciations, procdure soumise au secret) en fait une
formidable outil de rpression46 dont le pouvoir religieux et royal usera.

Selon les poques, l'Inquisition servira ou s'opposera au pouvoir politique. En France, l'inquisition
mdivale, dans ses dbuts, est principalement au service du pape qui tente de rasseoir son autorit et
de lutter contre les hrsies et le roi s'opposera parfois la rigueur de la rpression. Mais, ds la fin du
XIIIe et jusqu'au XVe sicle, les souverains sollicitrent le pouvoir inquisitorial pour se dbarrasser des
individus devenus gnants pour les puissants47. Au XIVe sicle, le pape ragit certaines drives sur
l'autonomie laisse l'inquisition en exigeant la collaboration entre inquisiteurs et vques. Le droit
absolu de l'inquisiteur est remis en question. Mais les juridictions civiles fragilisent aussi peu peu la
puissance d'un tel tribunal. Toulouse, en 1331, un commissaire du roi assimile l'inquisition une
juridiction royale, en 1412, l'inquisiteur de Toulouse est arrt sur l'ordre du roi. En Dauphin, le
tribunal est progressivement subordonn au Parlement de Grenoble.

En Espagne, l'inquisition est sous l'autorit du roi. C'est lui qui dsigne les inquisiteurs. Le pape n'aura
que trs peu d'influence sur l'inquisition espagnole et face l'intransigeance d'un Torquemada, il ne
peut qu'lever une protestation. Instrument du pouvoir, elle est d'abord une force d'unification dans
l'Espagne aprs la Reconquista. Elle se met ensuite au service du pouvoir devenant une arme contre les
fueros48. Elle sert lutter contre les ennemis du pouvoir (parti navarrais, Antonio Prez, rpression des
meutes de 1591, rpression de la rvolution de 1640 en Catalogne, prise de parti dans la guerre de
Succession d'Espagne). Elle fournit, par ses condamnations, de la main d'uvre pour les galres et se
plie aux alas de la politique (indulgence envers les hrtiques anglais en 1604 lors de la construction de
la paix). Elle sert aussi de police politique en contrlant les trangers. Elle devient peu peu une force
ractionnaire contre les changements au sein de l'Espagne dont la puissance perdurera jusqu'en
180849.

Histoire des reprsentations de l'Inquisition[modifier le code]

L'Inquisition, par la violence de son systme de contrle de la libert de penser et de terreur, et en
particulier par ses grands autodafs publics, a durablement marqu l'imaginaire collectif. Cependant,
des tudes d'historiens contemporains tendent relativiser la frquence et l'intensit de l'usage des
moyens les plus violents, comme la torture et les condamnations mort, pour rtablir une image plus
objective et nuance de la norme du fonctionnement de cette institution50.

Confronter l'image populaire de l'Inquisition aux recherches historiques a amen les historiens, la fin
du XXe sicle, tudier l'histoire des reprsentations de ce sujet pour comprendre l'origine et la nature
de l'cart entre idologie et ralit51.

La Rforme protestante et l'Inquisition[modifier le code]

La premire phase de diffusion crite d'une reprsentation idologiquement oriente de l'Inquisition est
lie la rpression de la Rforme protestante, en particulier sur les territoires espagnols, sous les rgnes
de Charles Quint puis de son fils Philippe II.

En 1522, Charles Quint cre un poste d'Inquisiteur Gnral des Pays-Bas, qui taient alors en possession
du roi d'Espagne, en y nommant Franois Vander Hulst, pour tendre son pouvoir imprial travers
cette institution et lutter plus efficacement contre les schismatiques. Cette Inquisition hollandaise,
principalement au milieu du XVIe sicle, rprima de manire particulirement violente ce qui tait
considr par l'glise catholique comme une hrsie. Les victimes de cette rpression religieuse furent
considres comme des martyrs de la Rforme, et la rpression elle-mme alimenta dans la population
nerlandaise le rejet du rgime espagnol, qui fut obtenu la suite de prs d'un sicle de troubles (guerre
dite de Quatre-Vingts Ans, 1566-1648). L'indpendance de la Hollande se construisit ainsi sur un fond de
lutte pour la libert religieuse, contre l'Espagne catholique et son Inquisition.

la fin du XVIe sicle, le thme de l'Inquisition passe ainsi dans la culture des glises rformes, port
par un culte des hros la fois nationaliste et religieux. De nombreux pamphlets commencent diffuser
alors une image raliste mais caricaturale de l'Inquisition, dcrivant les pires pratiques inquisitoriales
comme tant la norme d'une institution vicieuse et fanatique. C'est ainsi qu'en 1567 le protestant
espagnol Antonio del Corro (sous le pseudonyme Reginaldus Gonzalvus Montanus) expose les pratiques
de l'Inquisition espagnole dans son ouvrage Sanctae Inquisitionis Hispanicae Artes aliquot detectae ac
palam traductae, en prsentant chaque victime de l'inquisition comme innocente, chaque inquisiteur
comme vnal et trompeur, et chaque tape de la procdure inquisitoriale comme une violation des lois
de la nature et de la raison (Peters 1988, p. 134). Ce livre aura un norme succs : rimprim et traduit
de nombreuses reprises, il restera longtemps la rfrence absolue sur l'Inquisition pour ses
dtracteurs[rf. ncessaire]. Une autre source notable sera l'Apologie de Guillaume de Nassau, publie
en 1581 par le huguenot Pierre Loyseleur de Villiers52. La majorit des charges contre l'Inquisition
s'appuieront ensuite sur de telles sources.

L'Angleterre du XVIIe sicle est la fois protestante, en contact culturel et conomique troit avec la
Hollande, et en lutte d'influence contre l'Espagne catholique. De plus, depuis 1533, elle baigne dans un
anti-papisme officiel et la rconciliation avec Rome durant le bref rgne de Marie Tudor (de 1553
1558), assortie de perscutions contre les protestants, ne fera que radicaliser le rejet du catholicisme
sous le rgne suivant d'Elizabeth I. Dans ce contexte, le thme de l'Inquisition trouve un nouveau relais
dans les milieux protestants et nationalistes anglais (Peters 1988, p. 139-144). En dcrivant les violences
des dbuts de l'Inquisition espagnole comme une norme du fonctionnement de cette institution et, par
extension, du catholicisme (on trouve un exemple prcoce de cette relecture dans l'histoire et l'uvre
d'Antonio del Corro(es)), la rfrence l'Inquisition permet aux Anglais de valoriser, par contraste, la
libert et la libration apportes par le protestantisme, et de justifier moralement la lutte contre le
catholicisme aussi bien externe (guerre contre l'Espagne) qu'interne (perscutions religieuses en
Irlande).

L'anticlricalisme et l'Inquisition[modifier le code]





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Voltaire.
Le XVIIIe sicle est celui des Lumires, dont la philosophie se dfinit comme se dmarquant de
l'obscurantisme pass : la religion naturelle s'oppose au dogme traditionnel. L'ide de chercher la vrit
travers le libre exercice de la raison claire par le dbat, porte par la noble ambition de former des
hommes libres et de bonnes murs , est alors oppose au dogmatisme que symbolise l'Inquisition.

L'incursion de l'Inquisition dans le domaine du dbat scientifique avec le procs de Galile (1633) fut
l'origine de la raction de Descartes et de sa philosophie mcaniste. La confusion entre vrits de foi et
recherche d'un fondement scientifique posa un problme de mthode, qui reste actuel. La
revendication d'une certaine autonomie par Galile est l'origine du principe d'autonomie de la science,
qui s'oppose aux mthodes juges arbitraires de l'Inquisition. Ce programme passe des loges anglaises,
largement en symbiose avec l'glise d'Angleterre, et essaime en France, dans une lite intellectuelle qui
commence tre dchristianise. Les francs-maons, qui taient alors devenus des ennemis farouches
de l'glise catholique et de l'Inquisition, surtout aprs leur premire condamnation par le Pape en 1738,
ont utilis les descriptions les plus ngatives de l'Inquisition pour illustrer les dbats sur l'obscurantisme
et la libert.

L'Inquisition devient alors un thme rcurrent du discours anticlrical. Voltaire la prend pour cible
constante53. Diderot et d'Alembert la prennent galement pour cible dans leur Encyclopdie : dans le
Discours prliminaire de l'Encyclopdie, d'Alembert la critique svrement, sans la nommer, pour la
condamnation de Galile54. Le thme de cette nouvelle image n'est plus seulement la violence, mais la
raison. L'Inquisition devient le symbole de l'obscurantisme, l'instrument par lequel l'glise impose un
dogme par la violence55.





Victor Hugo, 1883.
Au XIXe sicle, le thme des lumires continue vivre dans le discours anticlrical, et est de plus relay
par la vision que le romantisme a donn du Moyen ge, dont l'image est reconstruite cette poque
(voir par exemple dans un autre registre le cas de Viollet le Duc). Ainsi, Jules Michelet publie en 1841 le
Procs des Templiers, en 1862 La Sorcire ; Victor Hugo publie en 1882 un drame en quatre actes
intitul Torquemada , et relate, dans Notre Dame de Paris, le sort d'Esmralda. Quelques annes plus
tt, en 1867, le Don Carlos de Verdi, d'aprs Friedrich von Schiller, avait diffus dans le public une image
la fois ngative et emblmatique avec le personnage du Grande Inquisitore, cieco e nonagenario
(le Grand Inquisiteur, aveugle et nonagnaire ). Ce genre de thme littraire (se prsentant parfois
comme des uvres historiques, voir Histoire de l'Inquisition en France) entretient et dveloppe l'image
d'une Inquisition mene par des ecclsiastiques rigides et pervers ayant opprim les populations de la
mme manire barbare toutes les poques. Cette vision est galement propage par l'cole publique
rendue publique, laque et obligatoire par les lois Jules Ferry56.

Au XXe sicle, l'Inquisition passe dans le vocabulaire courant, devenant un mot commun pour dsigner
un certain genre de perscution, hystrique, souvent collective et toujours spectaculaire. Le genre
littraire toujours actif se prolonge dans la bande dessine, les jeux vido, faisant plus souvent rfrence
aux strotypes de la lgende noire de l'Inquisition que prtendant reflter une ralit plus nuance sur
la base des recherches historiques contemporaines2.

la fin du XXe sicle, deux uvres occupent une place part. Dans son roman Le Nom de la rose
(1980), Umberto Eco choisit pour personnage principal un ancien inquisiteur, Guillaume de Baskerville,
qui fait office de dtective lucidant une srie de meurtres. Un an plus tard, dans son film La Folle
Histoire du monde (1981), Mel Brooks se met lui-mme en scne dans un sketch parodique qui
reprsente l'inquisition sous la forme d'une comdie musicale.

Perception contemporaine de l'Inquisition[modifier le code]

Article dtaill : Image de l'Inquisition.

La superposition de ces mouvements et enjeux sociaux a probablement contribu grossir les traits les
plus noirs de la mthode de l'Inquisition : torture, dogmatisme, injustice envers des victimes innocentes,
fanatisme, antijudasme, obscurantisme, etc.

La trs grande majorit des publications contemporaines qui n'manent pas de spcialistes de l'histoire
vhiculent une reprsentation de l'Inquisition uniforme et trs ngative, reproduisant des images
strotypes, telles que des scnes de torture sadique, des conditions d'emprisonnement inhumaines,
des inquisiteurs en plein dlire fanatique prenant plaisir condamner mort des innocents et les
flammes d'un bcher dress sous un ciel d'orage, d'o le condamn lance une dernire maldiction57.

Sur le plan smantique, les mots de la famille Inquisition , inquisitorial , etc. sont passs dans le
langage courant avec une connotation trs ngative, et l'ide gnrale de quelqu'un qui fait subir un
interrogatoire en rgle sans en avoir le droit moral.

Bien sr, cette image de l'Inquisition n'est pas uniquement le fruit de la propagande ngative diffuse
par les opposants de l'glise catholique et des pays qui y taient allis : elle repose sur la mmoire de
faits historiques ne reprsentant qu'une proportion mineure de l'activit de cette institution mais rels,
non ngligeables et qui, par rapport aux normes sociales et thiques contemporaines, sont
extrmement choquants, alors mme qu'ils n'taient pas exceptionnels pour leur poque (l'usage de la
violence pour terroriser les populations a davantage t une mthode impose par les monarques pour
contrler et unifier leur territoire, et ainsi donner naissance l'tat moderne, qu'une spcificit de
l'Inquisition au sein de son poque).[rf. ncessaire]

Pour Mgr Claude Dagens : l'Inquisition fait partie, avec les Croisades, les guerres de religion et les
pratiques d'exclusion l'gard de certaines personnes (notamment les Juifs), de la mmoire sombre de
l'glise. Il n'est donc pas question de se refuser des dmarches de repentance. Il constate nanmoins
que cette mmoire sombre entrane une perte de visibilit de l'glise, et qu'elle se traduit aujourd'hui
par une certaine indiffrence religieuse. Les chrtiens doivent y faire face partir d'une culture
historique plus solide. Il ne faut pas que des pisodes ngatifs du pass s'imposent dans le prsent d'une
manire fantasmatique. Le travail de la mmoire n'est pas fait pour aggraver une culpabilit collective,
mais pour librer la conscience sous le regard de Dieu et pour aller de l'avant 58.

Chronologie de l'Inquisition[modifier le code]

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rfrences vrifiables ou les modles {{refnec}} ou {{refsou}} sur les passages ncessitant une source.

Lutte contre les hrsies dans l'Empire romain[modifier le code]
Ier sicle : Dans ses ptres, Paul de Tarse mentionne les premires divisions et querelles au sein des
communauts chrtiennes primitives (Tit 3 :10, 1Tim 1 :20).
IIe sicle : Irne de Lyon rdige Rfutation de la prtendue gnose au nom menteur galement appel
Contre les hrsies, qui est la fois un manuel de vie chrtienne et informe sur les principales
"dviances" de cette poque qui ne se nomme pas encore les hrsies.
287 : L'empereur Diocltien dcrte la mise mort des manichens, les chefs seront brls vifs. Ce
prcdent dans le droit imprial justifiera par la suite qu'on brle les hrtiques59.
313 : Constantin promulgue l'dit de Milan autorisant le christianisme dans l'Empire romain.
385 : L'vque Priscillien, dont les thses sont condamnes au synode de Saragosse en 380, est excut
par l'empereur Magnus Maximus auprs duquel il avait fait recours Trves. Ce meurtre suscite
l'poque le scandale et la protestation de nombreux vques parmi lesquels Ambroise de Milan et
l'vque de Rome Sirice.
407 : Contre le donatisme, la loi romaine assimile l'hrsie un crime de lse-majest. la mme
poque, Augustin d'Hippone et Jean Chrysostome s'opposent l'usage de la violence dans la lutte
contre l'hrsie.
556 : Excution de manichens Ravenne par la justice de l'empire.

Hrsies de l'an mille[modifier le code]
1000 : Expansion de l'hrsie manichenne.
1022 : En France, Robert le Pieux fait condamner 13 hrtiques tre brls vifs.
1139 : Concile de Latran II. Anathme contre les ennemis de la Foi. Les hrtiques doivent tre punis.
1148 : Arrangement de Vrone entre le Pape et l'Empereur : les hrtiques doivent tre jugs par
l'glise avant d'tre remis au bras sculier.
1150 1200 : Forte expansion de l'hrsie cathare. Rpression de l'hrsie par la collaboration de
l'autorit civile et de l'vque du lieu (Flandres, France, etc.). Les hrtiques sont brls et leurs biens
confisqus. Une trentaine d'hrtiques sont brls en Angleterre par Henri II (1166). cette poque,
Bernard de Clairvaux rappelle que la foi ne doit pas tre impose. Cologne et Lige, la mme
poque, la foule veut brler des hrtiques cathares emprisonns, contre l'avis de l'vque qui
s'interpose.
1179 : IIIe concile du Latran ; anathme contre les Cathares. Acceptation de principe de la croisade
contre les Albigeois, qui ne sera effectivement lance que 30 ans plus tard. Interdiction est faite aux
Vaudois de prcher.

Inquisition mdivale[modifier le code]





Excution des Templiers1199 : le pape Innocent III assimile l'hrsie au crime de lse-majest dfini
dans le droit romain hrit de l'Antiquit dans la bulle Vergentes in senium60.
1200 : Vers cette poque : promulgation de lois punissant de mort les hrtiques par l'empereur
Frdric II (1220), par Louis VIII en France (1226), par Raymond V de Toulouse (1229), Pierre II dAragon
(1226), etc. Le bcher devient la sanction usuelle contre les hrtiques.
1205 : le pape Innocent III, dans sa bulle Si adversus vos, condamne ceux qui viennent la dfense des
hrtiques, leur interdisant de fait le secours d'un avocat, voire de tmoins dcharge.
1207 : le pape Innocent III fait prcher la croisade contre les albigeois. Elle prendra fin par le Trait de
Paris (1229)
1213 : la dcrtale Licet Heli permet d'appliquer la procdure inquisitoire contre les hrsies. Elle sera
complte par la dcrtale Per tuas litteras.
1215 : IVe concile du Latran, qui reprend et met en ordre toutes les dispositions relatives la procdure
inquisitoriale.
1231 : Constitution Excommunicamus condamnant l'hrsie, excommunie les hrtiques, et officialisant
les ordonnances du pouvoir temporel : la prison vie pour les repentants, le bcher pour les hrtiques
rcalcitrants.
partir de 1231 : Les premiers inquisiteurs sont dsigns et missionns par le Saint-Sige, qui fait des
choix pour le moins malheureux. Le premier des inquisiteurs Conrad de Marbourg, nomm en 1231,
sera assassin en 1233. En 1235, Robert le Bougre est nomm inquisiteur de France. L'Inquisition est
confie aux dominicains, mais cette fondation a lieu aprs la mort de leur fondateur, oppos toute
forme d'action autre que la prdication et la persuasion verbale.
1232 : suivant l'avis de son confesseur Raymond de Peafort, Jacques Ier d'Aragon demande
l'instauration d'une Inquisition en Aragon.
avril 1233 : Bulle Ille humani generis : la comptence contre les hrsies est retire aux tribunaux
ecclsiastiques quand un tribunal d'Inquisition existe.
1234 : les tribunaux d'Inquisition sont installs Toulouse et Carcassonne. Ils sont confis aux
Dominicains.
1237 : Raymond VII de Toulouse obtient la suspension de l'Inquisition dans ses tats.
1237 : Carcassonne, rpression particulirement muscle par Ferrier, surnomm le marteau des
hrtiques. Ce surnom sera plus tard donn Torquemada et Antoine de Padoue.
1239 : en Champagne, Robert le Bougre fait brler 180 personnes au Mont-Aim, juges en peine une
semaine.
1242 : premier manuel de l'Inquisition, labor par Raymond de Peafort.
1242 : deux inquisiteurs, Guillaume Arnaud et tienne de Saint-Thibry, sont assassins Avignonet.





Une bguine (telle Marguerite Porete), imprime Lbeck en 14891244 : fin de l'hrsie Montpellier,
le tribunal de l'Inquisition y est supprim.
1246 : Innocent IV veut suivre de prs et intervient dans le fonctionnement des tribunaux d'Inquisition,
ce qui cause des frictions (voir Inquisition mdivale).
1249 : sans passer par le tribunal de l'Inquisition, Raymond VII de Toulouse fait brler quatre-vingts
hrtiques en sa prsence, sans leur permettre de se rtracter.
1250 : l'Inquisition (inquisitio heretic pravitatis) est en place et fonctionne dans toute l'Europe
occidentale.
1252 : Pierre de Vrone, qui sera surnomm Pierre Martyr , est assassin en Italie. Il est canonis un
an plus tard.
1252 : Innocent IV promulgue la bulle Ad extirpanda autorisant l'usage de la question dans les enqutes
de l'Inquisition. Cette autorisation est confirme en 1259 (Alexandre IV) et 1262 (Clment IV), date
laquelle les inquisiteurs sont finalement autoriss assister la question.
1254 : Innocent IV renouvelle l'interdiction faite aux autorits civiles d'emprisonner ou de brler les
hrtiques sans l'avis de l'vque du lieu, interdiction souvent rappele par la suite.
1255 : Innocent IV prescrit l'usage des boni viri.
1255 : les dominicains s'tablissent Toulouse.
1261 : Le tmoignage des hrtiques et apostats est officiellement admis devant les tribunaux de
l'Inquisition.
1273 : Thomas d'Aquin dans la Somme thologique considre que la peine de mort peut tre
lgitimement employe pour assurer le maintien de l'ordre public, y compris contre les hrsies.
1278 : deux cents Cathares sont brls Vrone.
1286 : plainte du consul de Carcassonne au roi de France sur la cruaut des inquisiteurs du lieu.
1300 : procs et radication des Guillelmites Milan
1301 : Philippe IV le Bel prend prtexte des excs de l'Inquisition pour reprendre la main sur le
fonctionnement de ces tribunaux.
1306 : Clment V ordonne une enqute sur le fonctionnement de l'Inquisition dans le sud de la France.
1307 : les premiers Templiers sont brls sur ordre de Philippe le Bel.





Jean Hus sur le bcher.1308 : Bernard Gui est nomm inquisiteur de Toulouse.
1310 : Marguerite Porete, dite Marguerite des Prs est brle pour hrsie, femme de lettres, mystique
et chrtienne du courant des bguines, ne vers 1250, brle avec son livre Le Miroir des mes simples
et ananties.
octobre 1311 - mai 1312, le concile de Vienne, est convoqu par le pape Clment V, pour statuer de
l'Ordre du Temple.
1312 : les constitutions Multorum querela et Nolentes sont promulgues lors du concile de Vienne,
exigeant le contrle de l'vque du lieu pour tous les actes importants de la procdure de l'Inquisition.
1314 : les Matres Templiers sont brls pour hrsie sodomie, etc.
1317-1322 : Annes terribles pour les Spirituels et les Bguins, considrs comme hrtiques, ceux-ci
sont poursuivis, jugs et nombre d'entre eux sont livrs au bcher
1321 : le dernier dignitaire cathare, Guillaume Blibaste, est brl Villerouge-Termens, par
l'Inquisition de Carcassonne.
1324 : Jean de Beaune, inquisiteur de Carcassonne.
1326 : l'archevque de Cologne intente un procs en Inquisition contre le thologien dominicain Jean
Eckhart.
1328 : dernier hrtique brl Carcassonne.
1400 : la fonction d'inquisiteur devient progressivement un titre accessoire ou honoraire.
1415 : Jean Hus est brl pour hrsie.

XVe sicle et Inquisition espagnole[modifier le code]
1478 : Isabelle la Catholique obtient du pape Sixte IV la bulle crant l'Inquisition espagnole. Elle est mise
en place et commence fonctionner en 1480, les inquisiteurs tant nomms par les souverains.
1481 : Organisation des premiers Auto da f
1482 : Dans un bref du 29 janvier, Sixte IV condamne les excs de l'Inquisition espagnole.
1483 : Torquemada est nomm par le pape grand inquisiteur d'Espagne. Il publie son code de
l'inquisiteur en 1484. Sa rigueur suscite de nombreuses protestations et l'intervention de Sixte IV.
1484 : Innocent VIII promulgue la bulle Summis desiderantes affectibus autorisant l'Inquisition agir en
matire de sorcellerie.
1486 Parution du Marteau des sorcires (malleus maleficarum) des inquisiteurs Henri Institoris et
Jacques Sprenger et dbut de la chasse aux sorcires
1492 : Dcret d'expulsion des juifs d'Espagne (Dcret de l'Alhambra, rest officiellement en vigueur
jusqu'en 1967).

XVIe sicle, Rforme et Renaissance[modifier le code]
1512-1517 : Ve concile du Latran. Les livres imprims doivent tre soumis l'avis de l'glise (voir 1559).
1520 : Organisation d'une Inquisition moderne aux Pays-Bas.
1523 : Premiers martyrs de la Rforme aux Pays-Bas.
1525 : L'Inquisition espagnole commence poursuivre les illuministes et se dfie des mystiques. Les
mystiques espagnols seront souvent inquits par l'Inquisition : c'est le cas de Thrse d'Avila et de Jean
de la Croix, futurs docteurs de l'glise.
1531 : L'Inquisition est tablie au Portugal par autorisation du pape Clment VII.
1542 : Cration du Saint-Office Rome, cour d'appel pour les jugements concernant les hrsies et la
foi, et tribunal des causes rserves au pape. Il est l'origine de l'Inquisition romaine.
1550 : Le thologien rformateur Heinrich Bullinger dclare Genve que l'hrsie peut tre punie de la
peine de mort, comme le meurtre ou la trahison.
1553 : l'antitrinitariste Michel Servet, poursuivi par l'inquisition espagnole, est captur et excut par le
consistoire protestant de Genve.
1559 : Cration de lIndex par le Saint-Office de Rome. Le premier index espagnol, dit de Valds, est
publi quelques mois plus tard : il incorpore de nouvelles uvres, en particulier en langue romane : sur
670 ouvrages interdits, 170 sont en langue vulgaire.
1559 : Crise protestante en Castille : l'Inquisition anantit brutalement des groupuscules htrodoxes en
Espagne (1559-1563).
1563 : Publication de The Book of Martyrs, de John Foxe, un martyrologe protestant qui donnera une
consistance durable aux reprsentations anticatholiques en Grande-Bretagne (bchers, tortures, etc.).
1568 : Dbut de la guerre de Quatre-Vingts Ans aux Pays-Bas espagnols, en partie motive par la crainte
de voir s'tablir dans les Flandres une Inquisition de type espagnol.
1600 : L'Inquisition romaine condamne le dominicain Giordano Bruno tre brl vif.
1601 : Raymond de Peafort est canonis.
1605 : Dans son fameux roman, Miguel de Cervantes met en scne un Don Quichotte poursuivi par
l'Inquisition (et l'Inquisition espagnole ne l'inquite pas particulirement).
1616 : Les ides de Copernic sont condamnes par le Saint-Office, Galile doit cesser d'enseigner ses
thses.
1633 : Condamnation des thses de Galile, qui se voit assign rsidence.

XVIIIe sicle et XIXe sicle[modifier le code]
1717 : Fondation de la Grande Loge d'Angleterre, dbut de la franc-maonnerie moderne.
1759 : Voltaire dnonce les excs de l'Inquisition dans Candide.
1781 : Dernire excution par le feu : bate condamne au bcher le 7 novembre 1781 Sville.
1808 : Le roi d'Espagne Joseph Bonaparte abolit l'Inquisition d'Espagne.
1814 : L'Inquisition est rtablie en Espagne par Ferdinand VII.
1815 : Publication des Lettres un gentilhomme russe sur l'Inquisition espagnole par le comte Joseph de
Maistre.
1817 : Llorente publie lHistoire critique de l'Inquisition en Espagne.
1820 : L'Inquisition espagnole est supprime de fait par la rvolution espagnole, mais reste inscrite dans
les textes61.
1823 : la restauration, Ferdinand VII ne remet pas en vigueur l'Inquisition.
1829 : Publication de Histoire de l'Inquisition en France, qui s'avrera tre un document purement
fantaisiste62.
1831 : Victor Hugo publie Notre-Dame de Paris.
1834 : L'Inquisition espagnole est dfinitivement abolie.
1841 : Jules Michelet publie Le Procs des Templiers.
1862 : Michelet publie La Sorcire.
1880 : Dostoevski prsente le grand inquisiteur dans Les Frres Karamazov.
1882 : Victor Hugo publie Torquemada, drame en quatre actes.

Priode contemporaine[modifier le code]
1965 : la congrgation du Saint-Office est remplace par la Congrgation pour la doctrine de la foi,
comptente pour ce qui touche aux points de doctrine et aux murs.
1966 : dissolution de l'Index.
1981 : le cardinal Ratzinger est nomm la tte de la Congrgation pour la doctrine de la foi.
1992 : sous la prsidence du cardinal Ratzinger, repentance de l'glise catholique qui reconnat ses
erreurs dans l'affaire Galile63.
1994 : pour la prparation du Jubil de l'an 2000, dans la lettre apostolique Tertio Millenio adveniente,
Jean-Paul II souhaite que l'glise prenne en charge, avec une conscience plus vive, le pch de ses
enfants, dans le souvenir de toutes les circonstances dans lesquelles, au cours de son histoire, ils se sont
loigns de l'esprit du Christ et de son vangile, prsentant au monde, non point le tmoignage d'une
vie inspire par les valeurs de la foi, mais le spectacle de faons de penser et d'agir qui taient de
vritables formes de contre-tmoignage et de scandale ; l'Inquisition n'est pas encore mentionne
explicitement64.
1998 : le pape Jean-Paul II dcide d'ouvrir les archives concernant l'Inquisition et l'Index dans les
Archives secrtes du Vatican65.
1998 : le Vatican lance les premiers travaux de recherche sur l'Inquisition ; un Symposium international
est organis sur l'Inquisition (29-31 octobre)66.
2000 : sous la prsidence du cardinal Ratzinger, repentance officielle de l'glise catholique contre les
excs de l'Inquisition63.
2004 : premiers rsultats de l'tude mene par le Vatican sur l'Inquisition et ractions67.

Notes et rfrences[modifier le code]


1. Larousse 2005 page 1453 ISBN 2-03-530406-7
2. a et b Rgine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen ge, ditions du Seuil, 1979, 158 p. (ISBN 978-
2020050746), p. 103. Le chapitre L'index accusateur est entirement consacr une mise au point
sur l'image de l'Inquisition dans la socit contemporaine.
3. Crime et chtiment au Moyen ge, ditions du Seuil, p. 121 [archive].
4. D'autres manuels antrieurs existent aussi selon Laurent Albaret, L'inquisition rempart de la foi ?, p.
56.
5. Nicolas Eymerich
6. Encyclopdia Universalis, article sur la torture
7. En particulier, au XIIIe sicle en gnral selon Laurent Albaret (L'Inquisition rempart de la foi ?, p.
51).
8. Henry Charles Lea, A History of the Inquisition of the Middle Ages Volume 3, Cosimo ed., 2005, page
312 : () In 1310, Clement sent to Aragon, as elsewhere, special papal inquisitors to conduct the trials.
They were met by the same difficulties as in England: in Aragon, torture was not recognized by the law,
and in 1325 we find the Cortes protesting against its use and against the inquisitorial process as
infractions of the recognized liberties of the land () .
9. Bennassar 1979, p. 106-107 : il n'existe aucune raison pour imaginer que, dans la foule des juges,
civils ou ecclsiastiques, le monopole du sadisme ait t dvolu quelques inquisiteurs .
10. Bennassar 1979, chapitre La pdagogie de la peur , section Les mauvaises raisons : la torture ,
p. 117.
11. Bennassar 1979, chapitre La pdagogie de la peur , section Les mauvaises raisons : la torture ,
p. 111.
12. Voir le Manuel des Inquisiteurs rapport page 29 in The Spanish Inquisition, Joseph Perez, Yale
University, 2005
13. Voir page 171 in The Spanish Inquisition, Joseph Perez, Yale University, 2005
14. Bartolom Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe sicle, (La pdagogie de la peur - les
mauvaises raisons : la torture), p. 110
15. Extraits (page 198) de Les crimes et les peines dans l'antiquit et dans les temps modernes : tude
historique, Jules Loiseleur, Hachette, 1863 : La premire se donnait en liant laide dune corde les
bras du prvenu renverss par derrire. On lui attachait aux pieds de lourdes pierres, on lenlevait en
lair au moyen dune poulie et on le laissait ensuite brusquement retomber presque jusqu terre de
faon que la secousse disloqut les jointures. Cette torture durait une heure et quelquefois davantage.
Pour la torture de leau, les bourreaux couchaient la victime sur un chevalet, espce de banc creux qui
se refermait sur elle et la comprimait autant quon le voulait. Les reins portaient sur un bton
transversal et lpine dorsale navait pas dautre appui. Le questionnaire, comprimant le nez du patient
couch dans cette horrible position, lui versait lentement dans la bouche une quantit dtermine
deau. Il parat quil avait soin prliminairement dintroduire dans la gorge un linge fin et mouill dont
lextrmit recouvrait les narines afin que leau filtrt avec plus de lenteur. Cest du moins ce quaffirme
Llorente, quil ne faut pas toujours croire sans examen ; mais ici son tmoignage est confirm par
Damhoudre qui nous apprend quon usait de ce procd dans certaines parties des Flandres. La torture
du feu ntait pas moins cruelle. Laccus les mains lies tait couch sur le dos. Ses pieds pralablement
frotts dhuile ou de lard taient passs dans une sorte dentrave en bois qui les tenait suspendus au-
dessus dun rchaud ardent. Voir aussi page 207 de LHistoire de lInquisition et de son origine, Abb
Jacques Marsollier, 1693
16. Bartolom Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe sicle'', (La pdagogie de la peur - les
mauvaises raisons : la torture), p. 117
17. Laurent Albaret, L'Inquisition rempart de la foi? [archive]
18. Martin-Bagnaudez 1992, p. 42 [archive].
19. Voir Directorium inquisitorum, Nicolas Eymerich, 1376, traduit en franais sous le titre Le manuel
des inquisiteurs par Louis Sala-Molins, 1973
20. Voir page 63 in Manual de los Inquisidores, (traduction de Directorium inquisitorum, Nicolas
Eymerich), Ed. Alfonso, Buenos Aires 1972
21. Voir page 147 in The spanish inquisition, Joseph Perez, Yale University, 2005
22. Voir entre autres les pages 65-87 in Inquisition: the reign of fear, Toby Green, Macmillan, 2007 o
sont relats de nombreux faits (Cordoue, Mexico, Canaries, Cartagne)
23. Voir pages 238 in Conversos, Inquisition, and the Expulsion of the Jews from Spain, Norman Roth,
University of Wisconsin, 2003
24. Jean Dumont, L'glise au risque de l'histoire, ditions de Paris, 1984, lire en ligne, p. 300 303
[archive]
25. Laurent Albaret, L'inquisition rempart de la foi ?, p. 51
26. Tunique jaune marque d'une croix rouge et portant le nom du condamn
27. Bartolom Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe sicle, (La pdagogie de la peur - les vraies
raisons : la mmoire de l'infamie), p. 131
28. Interdiction de certaines professions comme le commerce, le courtage en foire, la boucherie
29. Bartolom Bennassar, L'Inquisition espagnole XVe - XIXe sicle, (La pdagogie de la peur - les vraies
raisons : la mmoire de l'infamie), p. 133
30. Laurent Albaret, L'inquisition rempart de la foi ?, p. 103
31. Etienne Leon de la Mothe Langon, Histoire de l'inquisition en France, p. 87
32. En mars 1244, environ 200 cathares sont brls Montsgur
33. En 1278, 200 cathares sont brls Vrone
34. Le 13 mai 1239, 183 accuss sont brls Bergres-ls-Vertus lors d'une inquisition mene par
Robert le Bougre
35. Didier Leserf sur le site de Christi City (Archive Wikiwix Que faire ?).
36. Jules Michelet, dans La sorcire (1862) estime que l'inquisition espagnole a conduit la mort
plusieurs millions de victimes
37. On brlait l'effigie des personnes condamnes au bcher qui avaient chapp l'excution, soit
parce qu'ils taient morts avant la condamnation, soit parce qu'ils avaient russi s'chapper.
38. Bennassar, dans L'Inquisition espagnole (chap. I, p. 15-16), indique qu'Henry-Charles Lea
n'prouvait aucune sympathie pour le Saint-Office , mais que la conclusion de son History of the
Inquisition in Spain (1906-1907), qui reste, en dpit de [son anciennet], l'ouvrage le plus document
sur le sujet , est que Llorente exagre normment (tome IV [archive], livre IX, chapitre 2, p. 516-
525). De mme, Henry Kamen, dans The Spanish Inquisition: A Historical Revision, crit : Llorente came
up with the incredible figures of 31,912 relaxations in person, 17,659 relaxations in effigy, and 291,450
penitents, a grand total of 341,021 victims. All the historical evidence has shown this greatly
exaggerated figure to be without any foundation (p. 280-281 de l'dition de 1965).
39. Lea 1906-1907, tome IV [archive], livre IX, chapitre 2, page 517 : There is no question that the
number of these has been greatly exaggerated in popular belief, an exaggeration to which Llorente has
largely contributed by his absurd method of computation . De mme, Grard Dufour, spcialiste
reconnu de Llorente, crit dans l'article Juan Antonio Llorente, de servidor a crtico de la Inquisicin
(Historia 16, no 83, 1983, (ISSN 0210-6353)) : Lo que interesaba en la Historia crtica no era tanto lo
que deca Llorente como lo que permita decir contra los ultrarrealistas de otra sociedad secreta, muy
temida por los liberales franceses: Congrgation. Creyendo hacer una obra histrica, Llorente haba
hecho obra poltica .
40. Dossier 'Inquisition et intgrisme', Historia spcial, no 47, mai-juin 1997.
41. Patrick Henriet (Matre de confrence d'histoire mdivale l'Universit Paris IV Sorbonne) in
Histoire de la papaut, sous la direction d'Yves-Marie Hilaire, Le contrle du monde chrtien , coll.
Histoire, Points Seuil, 2003, p. 225-226
42. Bartolom Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe sicle, (les quatre temps) p. 35, p. 39
43. Jean Dumont, L'glise au risque de l'Histoire [archive], dition de Paris, p. 307, 1984
44. Anno Domini millessimo quadringentessimo octogessimo primo, Sixto IV pontifice maximo,
Ferdinand V et Elisabeth Hispaniarum et utriusque Sicili regibus catholicis, Sacrum Inquisitionis
Offcium contra hreticos judaizantes ad fidei exaltationem hic exordium sumpsit. Ubi post Judorum
et Saracenorum ex pulsionem ad annum usque millessimum quingen tessimum vigessimum quartum,
divo Carolo Romanorum imperatore ex materna hereditate eorumdem regum catholicorum successore
tunc regnante, ac reverendissimo domino Alphonso Manrico archiepiscopo Hispalensi fidei officia
prfecto, viginti millia hereticorum et ultra nefandum hreseos crimen abjurarunt, necnon hominum
fere millia in suis hresibus obstinatorum postea jure previo ignibus tradita sunt et combusta.
Innocentio VIII, Alexandro VI, Pio III, Julio II, Leonne X, Adriano VI (qui etiam dum cardinalis Hispaniarum
gubernator, ac generalis inquititor esset, in summum pontificatum assumptus est) et Clemente VII
annuentibus et faventibus. Domini nostri imperatoris jussu et impensis, licenciatus de la Cueva poni
jussit, dictante domino Didaco a Cortegana archidiacono Hispalensi, anno Domini millessimo
quingentessimo vigessimo quarto. Cit par Llorente, Histoire critique de l'inquisition d'Espagne
[archive], p. 274-275.
45. Voir La Croix du 4-1-1921) ditorial de Jean Guiraud [archive]
46. Julien Thery, Une politique de la terreur, L'vque dAlbi Bernard de Castanet (v. 1240-1317) et
lInquisition *archive+*PDF+, paru dans L. Albaret, dir., Les inquisiteurs. Portraits de dfenseurs de la foi
en Languedoc (XIIIe-XIVe sicles)
47. Laurent Albaret L'inquisition rempart de la foi ?, p. 62 et 65
48. Tribunaux locaux
49. Bartolom Bennassar, L'Inquisition espagnole XVe - XIXe sicle, (Pour l'tat, contre l'tat)
50. Les peines taient beaucoup plus clmentes, mme aux moments les plus forts de l'hrsie, que la
lgende noire ne l'a rpandu par la suite, selon Andr Langui (Dictionnaire de la culture juridique,
PUF, 2003, p. 834).
51. Voir en particulier sur ce thme la synthse d'Edward Peters (professeur d'histoire de l'Universit
de Pennsylvanie), Inquisition, The Free Press, 1988.
52. Lire en ligne [archive]
53. Par exemple dans Candide et dans La Princesse de Babylone.
54. Voir l'article Discours prliminaire de l'Encyclopdie
55. Un cho tardif de cette logique se trouve dans Les Frres Karamazov, de Dostoevski.
56. Jacques Heers, Le Moyen ge, une imposture, ditions Perrin, 2008, 384 p. (ISBN 978-2-262-02943-
2), p. 271-300.
57. Voir par exemple les articles dcrivant le jeu vido Inquisitor, le jeu de plateau Imperium
(Warhammer 40000), le jeu de cartesDoomtrooper, la srie Nicolas Eymerich, inquisiteur et son
adaptation en bande dessine, l'pisode 2-26 de la srie Les Envahisseurs, et pratiquement toutes les
entres de fiction dans la Catgorie:Inquisition de la prsente encyclopdie.
58. Mgr Claude Dagens, Entre preuves et renouveaux, la passion de l'vangile, indiffrence religieuse
visibilit de l'glise et vanglisation, Bayard / Cerf / Fleurus-Mame, p. 79-80
59. (en) Inquisition [archive], Catholic Encyclopedia, sur New Advent [archive].
60. Larousse 2005 page 1453 (ISBN 2-03-530406-7)
61. Cf. encyclopaedia universalis
62. (en) Jenny Gibbons, Recent Developments in the Study of the Great European Witch Hunt [archive]
63. a et b Voir l'article wikipdia Repentance de l'glise pour plus de dtails.
64. Tertio Millenio adveniente, 33 [archive]
65. Florian Michel, Les Archives secrtes vaticanes : des sources pour lhistoire des relations
internationales , Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 2/2012 (no 36), p. 131-137 [archive]
66. (en) Voir l'article Vatican Is Investigating the Inquisition, in Secret [archive], Alessandra Stanley,
New York Times, 31 octobre 1998
67. (en) Voir l'article Vatican looks back at Inquisition [archive], Frances d'Emilio, Associated Press
(report par CBS News), 6 juin 2004

Voir aussi[modifier le code]

Articles connexes[modifier le code]
Catharisme
Index
Le Manuel des inquisiteurs : concerne la soumission la Torture.
Manuel de l'inquisiteur de Bernard Gui
Nouveaux chrtiens
Chambre ardente (tribunal)
Chasse aux sorcires
Thmes accusatoires Blasphme
Anathme
Repentance
Hrsie

Voir galement les catgories: Inquisition : tous les articles indexs par Inquisition .
Inquisiteur : ceux de sinistre mmoire, mais aussi ceux qui ont t canoniss.
Victimes de l'Inquisition : pour un renvoi vers les notices bibliographiques dtailles des victimes.

Congrgation pour la doctrine de la foi
Repentance de l'glise

Bibliographie[modifier le code]

Ouvrages gnraux[modifier le code]
Laurent Albaret, LInquisition, rempart de la foi?, Paris, Dcouvertes Gallimard, 2006, 5e d. (1re d.
1998), 128 p. (ISBN 9782070534586).
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Ouvrages spcialiss[modifier le code]

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Didier Le Fur, L'inquisition en France, enqute historique : France, XIIIe XVe sicle, Tallandier, 2012,
190 p. (ISBN 978-2847349344)
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version originale en anglais consultable sur Wikisource
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Articles[modifier le code]
Jean-Pierre Dedieu, Ren Millar Carvacho, Entre histoire et mmoire. L'Inquisition l'poque moderne
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2005, Paris, EHESS, 2006, p. 593-594. Lire et tlcharger librement sur le site Halshs
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2010, p. 373-386. Lire et tlcharger librement sur le site Halshs

Sources primaires[modifier le code]
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(ISBN 2226125787)
adapt en 1578 par Francisco Pea
.
Annette Pales-Gobilliar (traduction), Livre des sentences de l'inquisiteur Bernard Gui, 1308-1323, Paris,
CNRS, 2002, 1801 p. (ISBN 2271060478).
Bernard Gui (trad. G Drioux, et G Mollat), Manuel de l'inquisiteur de Bernard Gui, Paris, Belles Lettres,
2006, 167 p. (ISBN 2251340556).
Julien Thry, Le Livre des sentences de l'inquisiteur Bernard Gui. Extraits choisis, traduits et prsents,
CNRS ditions, coll. Lire le Moyen ge (poche) , 2010 (ISBN 9782271068590)
Jess Martnez de Bujanda, Index de l'Inquisition espagnole, Librairie Droz, 1984 (ISBN 2762200245) Sur
Google Livres/
Jacques Marsollier, Histoire de l'Inquisition et son origine, Pierre Marteau, 1693 Sur Google Livres/
Heinrich Institoris,Jacques Sprenger,Amand Danet, Le Marteau des sorcires, Malleus Maleficarum
Juan Antonio Llorente, Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne : Depuis l'poque de son
tablissement par Ferdinand V jusqu'au rgne de Ferdinand VII, Treuttel et Wrz, 1817 (lire en ligne)

Liens externes[modifier le code]
(fr) Inquisition, Lexique de l'Espagne moderne, Michel Boeglin Vicent Parello, U.O.H, 2009.
(en) New advent catholic encyclopedia Inquisition
(la) Bulle Ad abolendam cite sur la bibliotheca augustana et dans les dcrtales
(fr) La lgende noire de lInquisition sur historia-nostra.com
(fr) Documents originaux ( enqutes et tribunaux )
Textes issus de la contre-rvolution : Lettres un gentilhomme russe sur l'Inquisition espagnole (1815),
par le comte Joseph de Maistre (1753-1821). et L'Inquisition. Extrait de Charles Barthlemy, Erreurs et
mensonges historiques, 1875) : Document original : Sous apparence de rfuter des erreurs, dnoncerait
en fait aussi la cruaut de l'inquisition ou approbation du principe?
Procs et condamnation de Jeanne d'Arc, textes originaux
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