DOB II - Tome 2 (Synthèse)
DOB II - Tome 2 (Synthèse)
DOB II - Tome 2 (Synthèse)
Larticle 1134 al. 1 C.C. affirme que les conventions lgalement formes tiennent lieu de loi ceux
qui les ont faites. Cette loi tient son fondement dans plusieurs principes et notamment celui de
lautonomie de la volont. Lautonomie de la volont se dcline en trois facettes : la libert
contractuelle, la force obligatoire du contrat (ou convention-loi) et le consensualisme.
La doctrine contemporaine ne dfend cependant pas lide selon laquelle la volont des parties
contractantes fonderait, elle seule, la force obligatoire du contrat. Il existe, en effet, de nombreuses
limites ce principe (abus de droit, interventions jurisprudentielles et lgales sur le contenu et la forme
du contrat, etc.).
Les explications la force obligatoire du contrat se dont orients dans plusieurs directions :
- Vers une perspective positive, faisant de la loi la seule source dobligation conventionnelle.
- Vers une perspective jusnaturaliste, mettant laccent sur lexigence de justice et dquilibre.
- Vers un principe de confiance, la force obligatoire du contrat et de lengagement par
dclaration unilatrale de volont tant alors fonds sur les attentes lgitimes de chacune des
parties.
La doctrine et la jurisprudence belge rcentes accordent un rle croissant la thorie de la confiance
lgitime en droit des obligations, comme sources dobligations ou comme critre dvaluation du
manquement dune partie ses obligations, notamment dans la priode prcontractuelle.
Le contrat ne produit donc deffets quen vertu du droit objectif et fait lobjet dun encadrement lgislatif
de plus en plus strict qui limite le rle de la volont. Nanmoins, laccord de volont demeure un
lment essentiel sans lequel un contrat ne peut natre. Labandon du dogme de lautonomie de la
volont ne signifie pas labandon de la libert contractuelle : elle demeure mais sous contrainte. Les
parties gardent donc une marge de manuvre pour dterminer lobjet, le type de contrat, lintensit
des obligations, les sanctions contractuelles ou encore la dtermination de la loi applicable.
La volont continue daffirmer son rle en ce qui concerne linterprtation des conventions : en cas de
difficult, celle-ci reste gouverne par la recherche de la commune intention des parties (1156 C.C.).
Cependant, la volont trouve vite ses limites. En effet, le juge de fond nest pas prisonnier de la
qualification choisie par les parties ; il peut, en cas de contestation ou doffice si lordre public est en
jeu, lui substituer une qualification plus conforme ce quil estime tre la volont des cocontractants
en se fondant non seulement sur les termes du contrat en cause mais sur les circonstances et le
contexte dans lequel il sexcute.
Il nous arrive aussi que la qualification retenue par les parties aboutisse appliquer la relation
contractuelle un rgime juridique dont elles nont pas prvu ni voulu toute la rigueur, qui est souvent
dorigine prtorienne. A partir de la qualification (rattachement de la situation une catgorie
contractuelle dtermine), les jurisprudences belge et franaise ont dgag lide quil existe, par type
de contrat, un minimum obligatoire incompressible, une obligation essentielle ou fondamentale dont
les parties ne sauraient sexonrer par convention.
norme
de
bon
lexcution du contrat mais aussi dans la formation de celui-ci. De faon plus prcise, le principe de
lexcution de bonne foi implique une triple obligation de loyaut, de pondration et de collaboration
dans lexcution des contrats .
Lobligation de loyaut et de collaboration implique lobligation de favoriser la russite de lentreprise
contractuelle, notamment en livrant au cocontractant les informations ncessaires la bonne
excution du contrat et en prenant les mesures ncessaires pour que le partenaire puisse excuter
ses obligations.
Quant au devoir de modration, il impose au crancier de se montrer raisonnable dans lexercice de
ses prrogatives et dans le choix des sanctions appliquer en cas dinexcution du contrat. Il ne faut
pas abuser de ses droits en matire contractuelle, pas plus quen matire extracontractuelle.
La bonne foi permet la rgle morale de pntrer dans le droit positif mais moyennant transmutation.
La bonne foi nest ni la bont ni la fraternit car le contrat reste une confrontation dintrts divergents.
Le souci de moralisation du contrat explique que les tribunaux et la doctrine tendent le principe de
bonne foi au stade de la formation des contrats o simpose galement aux ngociateurs, futurs
contractants, une obligation de loyaut et de collaboration dont lobligation de renseignements offre
une illustration remarquable. Des discussions ont lieu quant au fondement du devoir de loyaut
existant dans la priode prcontractuelle. Parfois, la lois sexprime explicitement et concrtise le
devoir de bonne foi (ex : loi du 6 avril 2010).
Section 2 : Fonctions
La bonne foi est un principe en expansion. La doctrine a t amene systmatiser les diffrentes
fonctions de la bonne foi.
1. Fonction interprtative
Il ne faut pas sen tenir au sens littral des termes dun contrat mais excuter le contrat conformment
son esprit. Fait ainsi preuve de mauvaise foi dans linterprtation et lexcution dune convention un
cafetier qui tente de se drober la clause dapprovisionnement exclusif du contrat de brasserie, en
vendant une bire concurrente, non dans son tablissement, mais dans une caravane installe sur le
parking de ltablissement au motif quil sagirait dun tablissement distinct. Cette fonction
interprtative est conteste car elle est proche de la recherche dune volont commune vise larticle
1156 du Code Civil.
3. Fonction modratrice
La fonction modratrice de la bonne foi impose aux parties un devoir de pondration dans lexercice
de leurs droits contractuels et leur interdit den abuser. Labus de droit sest vu confrer le droit de cit
en matire contractuelle par Un arrt de la Cour de cassation du 19 septembre 1983. Cet arrt fonde
labus de droit non sur larticle 1382 du Code civil mais sur le principe de lexcution de bonne foi des
conventions nonc larticle 1134 al. 3 du Code Civil.
Selon la Cour de cassation, si le principe de lexcution de bonne foi des conventions, consacr par
larticle 1134 C.C., interdit une partie un contrat dabuser des droits que lui confre celui-ci, pareil
abus suppose que lorsque cette partie use, dans son seul intrt, dun droit quelle puise dans la
convention, elle en retire un avantage disproportionn la charge corrlative de lautre partie .
La jurisprudence inaugure par larrt du 19 septembre 1983 a un triple intrt :
- Labus de droit contractuel se voit reconnatre un fondement juridique propre et se trouve
sanctionn par les rgles de la responsabilit contractuelle, ce qui permet dviter le problme
du cumul des responsabilits.
- Elle consacre leffet modrateur (appel aussi effet restrictif ou limitatif) de la bonne foi
labus de droit contractuel.
- La Cour se rfre au critre de proportionnalit. Labus de droit ne se dduit pas du simple fait
que le titulaire du droit lexerce son avantage ou gostement, mais rsulte de lexercice dun
droit dune manire qui dpasse manifestement les limites de lexercice de celui-ci par une
personne normalement diligente et prudente. Au fil du temps, la jurisprudence a dgag des
critres spcifiques (dautres peuvent exister) qui permettent de concrtiser la notion :
o Lexercice dun droit dans lintention de nuire.
o Lexercice dun droit sans intrt ou motif lgitime ou encore sans intrt raisonnable
et suffisant, de faon prjudiciable autrui.
o Le choix entre diffrentes faons dexercer un droit avec la mme utilit, et lexercer
de la faon la plus dommageable autrui.
o Lexercice dun droit entrainant une importante disproportion entre lavantage obtenu
par le titulaire du droit et le prjudice caus lautre partie.
o Le dtournement du droit de sa finalit, sil sagit dun droit fonction.
Quen est-il de linertie prolonge dun crancier dans lexercice de son droit ? Par exemple dun
crancier omettant de rclamer ce qui lui est du pendant ans et qui se manifeste en rclamant les
intrts de sa crance. Ce type de comportement a soulev un dbat franco-flamand sur lintroduction
en droit belge de la rechtsverwerking . Cette thorie affirme quun droit subjectif ne peut plus tre
invoqu toute les fois que le titulaire aura adopt un comportement objectivement inconciliable avec
ce droit. Dans deux arrts, la Cour de cassation rejette cette thorie comme principe gnral de droit
tout en nexcluant pas la possibilit de lappliquer dans certains cas particuliers, pour autant quelle
remplisse les critres de labus de droit.
Dans un arrt du 16 septembre 1982, la Cour de cassation a prcis que lexercice abusif dun droit
est sanctionn non par la dchance totale de ce droit mais par la rduction de celui-ci son usage
normal ou par la rparation du dommage que labus a caus. Dans certains cas, la rduction du droit
quivaut une dchance parce que la prrogative contractuelle exerce abusivement. Dans dautres
cas, la sanction applique par le juge consistera substituer un remde autre que celui rclam par le
crancier.
Section 3 : Limites
La fonction correctrice ou adaptatrice de la bonne foi permettrait aux juges dadapter le contenu dun
contrat en fonction de circonstances exceptionnelles qui ont pour effet de bouleverser lconomie
contractuelle, lquilibre des prestations prvu la conclusion du contrat. Elle nest pas admise en
droit belge. Le principe doit, en effet, tre concili avec le respect du principe de convention-loi (qui
garantit la scurit juridique), interdisant ainsi au juge de modifier le contrat pour cause dquit.
de la loi que la clause litigieuse seule ou combine avec une ou plusieurs autre, cre un dsquilibre
manifeste entre les droits et les obligations des parties au dtriment du consommateur .
Cette dfinition de la clause abusive est une dfinition large. Enfin, la notion de dsquilibre manifeste
laisse un grand pouvoir dapprciation au juge et fait lobjet des dbats en doctrine. Il sagit dun
dsquilibre indiscutable apparaissant la lecture du contrat, dun dsquilibre entre les droits et les
obligations des parties. La loi ne permet pas au juge de remettre en cause le rapport conomique
sous-jacent la contestation juridique parce quil y aurait une disproportion importante entre la valeur
des prestations rciproques. Le pouvoir dapprciation donn au juge est large mais il nest pas sans
limites. Le dsquilibre manifeste est une notion lgale soumise au contrle de la Cour de cassation.
Quelles sont les sanctions applicables en cas de clause abusive ? Selon larticle 75, 1er, de la loi,
toute clause abusive est interdite et nulle. Le juge doit donc prononcer la nullit de la clause. La nullit
ne stend pas en principe lensemble du contrat (cfr. Article 75, 1er, al.2, de la loi, ancien article
33, 1er, alina de la LPCC). Le maintien du contrat est une solution avantageuse pour le
consommateur.
Llimination de la clause abusive par le juge restaure lapplication du droit commun et notamment les
rgles de la responsabilit contractuelle paralyse totalement ou partiellement par la clause querelle.
Lapplication de la nullit sanctionnant labus entraine la restauration du rgime de droit commun. Le
contrat est non seulement nettoy mais, dans une certaine mesure, remeubl .
Nonobstant larticle 33, 1er, alina 3 de la LPCC, la doctrine belge considrait en gnral larticle 32
(nouvel article 74 de la LMPC) comme une disposition imprative dont la violation est sanctionne par
une nullit relative.
Un arrt Ocano Gruppo du 27 juin 2000 de la Cour de justice de lUnion europenne a cependant
jet le doute en affirmant que la directive du 5 avril 1993 concernant les clauses abusives dans les
contrats conclus avec les consommateurs ne pouvait assurer une protection effective ces derniers
que si le juge saisi avait le pouvoir dapprcier doffice le caractre abusif de la clause.
Cela implique-t-il que la loi du 14 juillet 1991, dans ses dispositions relatives aux clauses abusives,
aurait un caractre dordre public et non pas simplement impratif ? La Cour de cassation rpond par
la ngative : la nullit qui sanctionne une clause reste une nullit relative avec toutefois une facult et
mme un devoir du juge de soulever la nullit doffice. La clause abusive peut aussi faire lobjet dune
action en cessation (article 113 LMPC) visant lliminer dans tous les contrats dadhsion qui
limposent. Ce genre daction est utilis par des organisations dfendant un intrt collectif.
Lexcution
en
nature
de
lobligation
B. Formes et contenu
Selon larticle 1139 du Code civil, le dbiteur est mis en demeure par une sommation dhuissier ou par
un acte quivalent. La tendance est lassouplissement. Malgr les termes de larticle 1139, il est
admis, en matire commerciale, que la forme dune mise en demeure est libre (lettre recommand,
etc.). La jurisprudence rcente se montre dailleurs moins exigeante que la jurisprudence ancienne
quant la forme de la mise en demeure, mme en matire civile, ds lors que le crancier manifeste
sans quivoque son intention dobtenir le paiement de lobligation en souffrance et invite son dbiteur
sexcuter.
Dans son arrt du 28 mars 1994, la Cour de cassation a rompu avec le formalisme impos par larticle
1139 du Code civil. Par acte quivalent, selon la Cour, il y a lieu dentendre tout acte contenant une
interpellation dont le dbiteur a d ncessairement induire quil tait mis en demeure dexcuter son
obligation .
La mise en demeure doit exprimer de manire claire et non quivoque la volont du crancier de voir
excuter lobligation principale et indiquer avec prcision lobligation en souffrance. Il existe toutefois
quelques exceptions (crdit la consommation, formalisme particulier quand la mise en demeure
mane dun mandataire professionnel, etc.).
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droit, compter du jour suivant, de plein droit et sans mise en demeure, au paiement
dintrt . Le champ dapplication de la loi est toutefois limit aux transactions
commerciales (art. 2) cest--dire aux transactions portant sur la fourniture de biens ou de
services entre des entreprises ou entre des entreprises et des pouvoirs adjudicateurs.
D. Effets
La mise en demeure est un pralable pour pouvoir recourir lexcution force en nature ou par
quivalent, lexceptio non adimpleti contractus ou la rsolution judiciaire du contrat.
Elle fixe aussi le point de dpart des intrts moratoires qui compensent le prjudice d au retard
dans lexcution (articles 1146 et 1153, al. 3 du Code civil). Les intrts moratoires sont les intrts
dus par le dbiteur la suite du retard apport au paiement dune somme dargent (articles 1153
1155 du Code civil). En principe, ils commencent courir la date de la mise en demeure, moins
que la partie nait convenu de les faire courir de plein droit dater de lchance de lobligation ou
moins que la loi ne les fasse courir de plein droit.
Enfin, la mise en demeure opre un transfert de la charge des risques sur le dbiteur de lobligation de
livrer un corps certain (articles 1138 al. 2 et 1302 du Code civil). Lorsque le dbiteur a t mis en
demeure de livrer la chose, la charge des risques est dplace et le dbiteur mis en demeure doit
rpondre des risques de perte ou de dtrioration de la chose. Cet effet repose sur une prsomption :
si le dbiteur avait livr la chose temps cette perte ou ces dtriorations ne se seraient pas
produites chez le crancier.
Le Code civil, en son article 1302 al. 2, dispose toutefois que le dbiteur peut renverser la
prsomption nonce ci-dessus. Il peut invoquer leffet libratoire de la cause trangre sil dmontre
que la chose aurait pri chez le crancier mme si elle avait t livre en temps utile.
2. Lastreinte
Lastreinte est une condamnation pcuniaire prononce par le juge charge du dbiteur en cas
dinexcution par celui-ci de la condamnation principale.
Lastreinte vise favoriser lexcution en nature de lobligation en faisant pression sur le dbiteur
rcalcitrant pour quil excute la dcision judiciaire le condamnant. Il ne sagit toutefois que dun
incitant lexcution et ne permet pas de contraindre physiquement un dbiteur rcalcitrant. Elle est
accessoire la condamnation principale. Elle doit tre demande au juge qui peut ou non laccorder et
qui en fixe souverainement le montant et les modalits.
Diffrents types dastreinte sont possibles. Certaines condamnations ne peuvent toutefois tre
assorties dastreinte, telles que les condamnations pcuniaires et celles tendant lexcution des
contrats de travail.
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Code civil font application en matire dobligations contractuelles de faire et de ne pas faire.
Ce remplacement peut aussi aboutir lexcution force en nature des obligations de donner.
Le juge jouit-il dun pouvoir souverain dapprciation en la matire ou doit-il accder la
demande dautorisation ? La tendance rcente est de considrer que lautorisation de
remplacement constitue un droit pour le crancier et quelle nest pas dapplication facultative
pour le juge du fond. Encore faut-il que ce droit ne soit pas exerc de faon abusive par le
crancier insatisfait.
Le remplacement du dbiteur initial par un autre dbiteur implique-t-il la rsolution du contrat
initial ? Le remplacement judiciaire implique la survie du contrat initial alors que la rsolution
prvue larticle 1184 du Code civil vise rompre le lien contractuel.
Chapitre
2:
Lincidence
dun
changement
circonstances sur la force obligatoire du contrat
de
Il existe des situations o le rapport qui existait la conclusion du contrat entre les prestations des
parties est substantiellement altr en raison de la survenance dvnements techniques,
conomiques ou politiques imprvisibles la conclusion du contrat et indpendants de la volont des
parties.
La thorie de limprvision vise admettre la dissolution ou ladaptation du contrat quand il devient
tout fait dsquilibr suite des circonstances imprvisibles postrieurs la conclusion du contrat et
non imputables la partie qui sen prvaut.
Il y a lieu de ne pas confondre imprvision et lsion (qui concerne un dsquilibre affectant le contrat
ds sa formation). Limprvision ne doit pas non plus tre confondu avec la force majeure (qui
entrane pour le dbiteur une impossibilit dexcution) alors que limprvision entrane un
bouleversement de lconomie contractuelle, une aggravation substantielle des charges pour le
dbiteur.
La thorie de limprvision nest pas reue, comme telle en droit belge. La scurit juridique prvaut
sur les considrations dquit qui pourraient conduire le juge remodeler un peu facilement un
contrat que le dbiteur trouve dsquilibr suite aux circonstances. Admettre limprvision serait, au
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nom de lquit, compromettre la scurit que le droit a voulu assurer par le principe de la convention
loi . Des lois apportent cependant des correctifs dans des domaines particuliers.
Les concepts et principes gnraux du droit des obligations peuvent aussi tre sollicits, afin de porter
remdes aux situations les plus choquantes. Elargissement de la force majeure : la force majeure doit
tre apprcie de manire raisonnable, ce qui permet au juge de remdier aux cas dimprvision les
plus criants en largissant la force majeure des hypothses de difficults dans lexcution de
lobligation, au risque de dnaturer la notion de force majeure.
Labus de droit peut aussi faire obstacle lexcution dune convention dont lconomie a t
profondment bouleverse. Rappelons toutefois que labus doit tre caractris. Aucun de ces
remdes nest toutefois pleinement satisfaisant car ils ne permettent pas comme tels dimposer une
partie, favorise par le bouleversement de lconomie contractuelle, lobligation daccepter une
radaptation du contrat.
La convention, loi des parties, peut assouplir le droit commun. La pratique contractuelle,
particulirement dans les contrats internationaux de longue dure, a dvelopp des clauses dites de
hardship dimprvision ou de sauvegarde. Celles-ci prvoient la rvision ou la dissolution du contrat
lorsquun bouleversement des circonstances modifie profondment lquilibre initialement convenu
entre les parties. Dans le mme ordre dides, quand lobjet des prestations consiste dans le paiement
dune somme dargent, la pratique contractuelle, pour contrer le principe du nominalisme montaire
prvu larticle 1895 du Code civil, a mis au point des clauses de protection contre la dprciation
montaire.
La monnaie est une matire sensible laquelle les Etats sont attentifs. Il sagit notamment dviter la
dprciation de la monnaie en limitant la possibilit de clauses conventionnelles dindexation. Le
lgislateur met parfois des limites aux clauses dindexation pour des raisons de politique montaire. Il
le fait aussi par souci de protection de la partie faible.
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2. Parties et tiers
A. Les parties
a. Vue densemble
Sont parties ceux qui ont contract, cest dire ceux qui ont particip la conclusion de lacte et y ont
donn leur consentement. Un mandataire nest pas partie lacte, il est reprsentant.
Certaines personnes, qui nont pas particip la conclusion de lacte, sont parties ou le deviennent.
Sont ainsi considres comme parties contractantes :
- Les personnes reprsentes.
- Les ayants cause universels ou titre universel recueillant tout ou fraction du patrimoine de
leur auteur dcd.
- Les cessionnaires de contrat (ou de crance, voir tome 4).
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b. Personnes reprsentes
Des personnes reprsentes peuvent tre parties contractantes alors quelles nont pas particip la
conclusion du contrat :
- La reprsentation est en effet une technique par laquelle une personne, le reprsentant,
accomplit un acte juridique au nom et pour le compte dune autre de manire telle que les
effets de cet acte se produisent dans le chef du reprsent. Le reprsent est seul li par les
actes accomplis par son reprsentant pour autant que celui-ci agisse dans les limites de son
pouvoir et ait une volont saine.
- La reprsentation suppose lexistence dun pouvoir dans le chef du reprsentant, cest--dire
dune aptitude engager autrui. Ltendue des pouvoirs dpend de la source de la
reprsentation (lgale, conventionnelle ou judiciaire).
- Il existe diffrents types de reprsentations.
o La reprsentation est parfaite : quand lacte accompli par le reprsentant au nom et
pour le compte du reprsent lie immdiatement ce dernier qui est alors partie au
contrat.
o La reprsentation est imparfaite : lorsque leffet de substitution ne se produit pas
immdiatement mais se produit ultrieurement la conclusion de la convention. Le
reprsentant est personnellement li envers le tiers contractant et lui incombe de
transfrer la personne quil reprsente les charges et les avantages de lopration.
- La reprsentation ne produit en principe ses effets que dans la mesure o me reprsentant
na pas excd ses pouvoirs. La jurisprudence notamment par le biais du mandat apparent, et
la loi temprent parfois la rigueur de ce principe pour des raisons de protection des tiers. Le
mandat apparent a pour effet de confrer la qualit de partie contractant un pseudomandant qui na pas, en ralit, entendu donner son consentement lacte conclu par celui
que le tiers contractant a pu lgitimement considrer comme mandataire.
B. Les tiers
La notion de tiers est quelque peu tautologique (proposition dont la conclusion nonce une vrit dj
contenue dans le point de dpart) : sont tiers ceux qui ne sont pas parties ou ne le sont pas devenus
en reprenant les droits et obligations de lune delles.
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La notion de tiers est relative et volutive. Elle est aussi polysmique. Il y a une graduation dans la
notion de tiers en fonction de lintensit des relations que les tiers entretiennent avec une des parties :
- Il y a des tiers parfaitement trangers au contrat ou aux contractants.
- Dautres tiers sont plus proches dune partie contractante parce que dune faon ou dune
autre, ils subissent certaines consquences dune opration juridique de leur dbiteur.
- Sont aussi des tiers les agents dexcution (un agent dexcution est une personne qui un
contractant confie tout ou partie des obligations contractuelles quil assume lgard de son
propre crancier). Les prposs et les sous-traitants sont des catgories typiques dagents
dexcution.
o En droit belge, le statut dagent dexcution est assez ambigu : le prpos ou lagent
dexcution que le transporteur se substitue pour excuter tout ou une partie du
contrat de transport, nest pas un tiers au regard de lexcution du contrat et lgard
du cocontractant du transporteur. Dautre part, il est tiers par rapport la formation du
contrat principal conclu entre le crancier et le dbiteur. Cette ambigut a des
consquences. Puisque lagent dexcution nest pas un tiers, il sensuit, en principe,
une viction des rgles de la responsabilit dlictuelle dans les rapports entre le
crancier principal insatisfait et lagent dexcution dfaillant. Celui-ci bnficie en
jurisprudence belge dune quasi-immunit vis--vis du crancier principal.
Il importe de prciser ici le statut des ayants cause titre particulier qui ne sont pas viss par larticle
1122 du Code civil. Layant cause titre particulier est un tiers par rapport aux conventions conclues
par son auteur et nest donc en principe pas tenu des dettes ni bnficiaire des crances de son
auteur. Un acheteur par exemple nest en principe as tenu dune dette que le vendeur dun immeuble
a contracte pour des travaux antrieurs la vente.
Les choses sont complexes. Il y a lieu doprer des distinctions. Les droits rels portant sur le bien
sont transfrs avec le bien auquel ils sappliquent et simposent layant cause titre particulier,
pour autant que le formalisme dopposabilit ait t suivi. Les droits de crance et obligations ne lui
sont en principe pas transmis. En principe, layant cause titre particulier nest pas tenu des dettes de
son auteur. Il y a peu de drogations ce principe.
En revanche, dans certains hypothses, la loi ou la jurisprudence permettent layant cause titre
particulier de se prvaloir des droits de son auteur notamment des garanties dont celui-ci bnficie
contre son cocontractant :
- En matire de vente, la jurisprudence admet, en sappuyant sur larticle 1615 du Code civil,
que le sous-acqureur dun bien ayant fait lobjet de ventes successives puisse agir contre le
vendeur initial en garantie des vices cachs. Le vendeur peut toutefois opposer au sousacqureur les exceptions quil peut opposer son acheteur direct.
- En matire dassurances terrestres , larticle 57 de la loi du 25 juin 1992 prvoit que
lassurance dun bien alin entre vifs continue de bnficier au cessionnaire pendant trois
mois aprs la date de passation de lacte authentique, sauf si ce dernier bnficie dune
garantie rsultant dun autre contrat.
La thorie des groupes de contrats, dveloppe surtout en doctrine franaise, oblige repenser ou
nuancer les notions corrlatives de parties et de tiers. La notion de groupe de contrats vise un
ensemble de contrats distincts mais lis parce quil portent sur un mme bien ou quil participent une
opration conomique unitaire. La consquence de cette thorie est dtendre la sphre contractuelle
au-del des parties originaires certains cocontractants de lune des parties qui doivent normalement
tre considrs comme tiers au regard de larticle 1165 du Code civil. Un des enjeux de la question
est celui de la reconnaissance dune action contractuelle entre les parties extrmes de la chaine des
contrats, ce qui permet dviter lintrusion de la responsabilit dlictuelle.
Le droit civil classique reconnat dj linterdpendance de certains contrats dont lun est principal et
lautre accessoire. Le droit positif rcent, sil ne consacre pas la thorie des groupes de contrats de
faon gnrale, tire cependant des consquences juridiques des liens qui peuvent exister entre des
contrats unissant des personnes diffrentes.
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B. Conditions
Il faut un contrat valable entre stipulant et promettant par lequel le premier manifeste une volont
certaine de faire naitre un droit propre au profit dun tiers. Les conditions de fond de validit des
conventions doivent tre remplies. Lobjet et la cause de la stipulation doivent tre licites.
La stipulation doit tre faite au profit dun tiers. Celui-ci doit tre capable lors de lacceptation. Il ne doit
pas tre nommment dsign mais il doit tre dterminable au moment o la stipulation doit tre
excute. Il nest pas requis que le bnficiaire accepte la stipulation pour que le droit naisse son
profit mais son acceptation rend le droit irrvocable (Art. 1121 Code civil).
Selon larticle 1121, la stipulation au profit dun tiers doit tre la condition dune stipulation que lon
fait pour soi-mme ou dune donation que lon fait un autre . Lintervention du stipulant ne pourrait,
si lon suit cette disposition, se limiter faire promettre une prestation au profit dun tiers.
C. Effets
Leffet principal de la stipulation pour autrui est douvrir une action du tiers bnficiaire contre le
promettant vis--vis duquel il va pouvoir faire valoir des droits . Le tiers ne se voit en principe pas
imposer dobligation. Trois rapports sont analyser :
- Entre promettant et stipulant, la stipulation pour autrui est un engagement contractuel soumis
aux principes de lexcution en nature et de la responsabilit contractuelle.
- Les rapports du promettant et du tiers bnficiaire sont au cur de la stipulation pour autrui.
Le droit du tiers bnficiaire contre le promettant appartient la dfinition de la stipulation
pour autrui. Le tiers tire le droit dexiger une prestation du promettant dune convention
laquelle il nest pas partie. Le droit du bnficiaire prsente plusieurs caractristiques :
o Il sagit dun droit direct (ou propre). Le bnfice de la crance revient au tiers
bnficiaire dont le droit est propre. La prestation due par le promettant ne transite
donc pas par le patrimoine du stipulant et nimplique pas lintervention de celui-ci. En
cas dinexcution de sa prestation par le promettant, le tiers dispose contre celui-ci
dune action propre en excution force ou en dommages-intrts. En revanche, il ne
dispose pas dune action en nullit ou en rsolution qui appartiennent au stipulant.
o Il sagit aussi dun droit satellite ou dpendant du lien contractuel originaire entre
stipulant et promettant. Ce dernier pourra donc opposer au tiers bnficiaire les
exceptions lies la nullit du contrat principal ou linexcution par le stipulant de
ses obligations.
o Il sagit dun droit qui prend naissance au moment mme de la stipulation.
Lacceptation du tiers a pour seul effet de rendre la stipulation irrvocable par le
stipulant.
o Il sagit dun droit personnel qui ne peut tre exerc par les cranciers par la voie de
laction oblique prvue larticle 1166 du Code civil.
-
Il nexiste pas de lien de droit entre le stipulant et le tiers bnficiaire La stipulation pour autrui
ne donne pas de droit au stipulant contre le tiers bnficiaire ni au tiers bnficiaire contre le
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stipulant. Le stipulant peut rvoquer la stipulation pour autrui tant que le tiers ne la pas
accepte. Lacceptation du tiers bnficiaire met fin la facult de rvocation du stipulant. Elle
nest pas soumise des exigences de forme (des lois particulires peuvent toutefois prvoir
des formes spcifiques). Lacceptation du tiers bnficiaire ne peut naturellement intervenir
que si le tiers est au courant de la stipulation.
B. Conditions
Un certain nombre de conditions sont requises pour quune action directe puisse tre intente :
- Il y a les conditions de fond.
o Une premire condition est que le titulaire de laction directe ait une crance valable et
exigible contre le dbiteur intermdiaire. Cette crance peut tre soit de nature
contractuelle, comme celle du sous-traitant contre lentrepreneur principal soit de
nature dlictuelle comme la crance en responsabilit de la victime contre lassur
dans les assurances de responsabilit civile. Si cette crance nexiste pas ou si elle
est prescrite, il ne peut y avoir daction directe.
o Une deuxime condition de fond est quil existe une crance
du dbiteur
intermdiaire contre le dfendeur laction directe. Le sous-dbiteur nest tenu envers
le titulaire de laction directe que parce quil est dbiteur du dbiteur intermdiaire et
dans la mesure de sa dette envers celui-ci.
- Il y a les conditions de forme ou de procdure.
o En ce qui concerne la procdure, il ne semble pas requis que le titulaire de laction
directe mette son propre dbiteur en demeure pralablement son action contre le
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C. Rgime
Les effets juridiques de laction directe sont complexes, faute notamment dun rgime gnral
applicable toutes les actions directes :
- Un premier effet est commun toutes les actions directes : le titulaire de celle-ci dispose de
deux recours, lun contre son dbiteur (immdiat), lautre contre le sous-dbiteur. Les deux
dbiteurs (maitre de louvrage et entrepreneur / assureur et responsable de laccident) sont
tenus in solidum.
- Laction directe a aussi un effet conservatoire : la crance du dbiteur intermdiaire est
bloque dans le patrimoine de celui-ci.
- Leffet le plus spectaculaire de laction directe est leffet dit privilge. Le titulaire de laction
directe peut rclamer directement le paiement de sa crance au sous-dbiteur sans que le
produit de cette action transite par le patrimoine du dbiteur intermdiaire. Ceci permet donc
au titulaire de laction directe dchapper la loi du concours avec les autres cranciers du
dbiteur intermdiaire.
En ce qui concerne lopposabilit des exceptions par le dfendeur laction directe, , en principe, le
dfendeur laction directe peut opposer au demandeur toutes les exception qui auraient pu tre
opposes au demande par le dbiteur intermdiaire et toutes les exceptions quil aurait pu, lui
dfendeur, opposer au dbiteur intermdiaire. Il peut donc opposer les exceptions lies aux deux
crances qui justifient laction directe.
Les exceptions du dfendeur laction directe doivent tre antrieures lintentement de laction. Les
exceptions lies la crance du dbiteur intermdiaire doivent, pour tre opposables au titulaire de
laction directe, tre nes avant lexercice de laction directe.
D. Dispositions lgales
a. Actions directes du Code Civil
Le Code civil comporte quelques exemples daction directe :
- Larticle 1798 du Code civil en matire dentreprise.
- Larticle 1994, alina 2 en matire de mandat que la jurisprudence applique en matire de
virements bancaires ou en matire judiciaire.
- Larticle 1753 du Code civil protgeant les droits du bailleur vis--vis du sous-locataire.
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Section 2 : Effets
1. Libration du dbiteur et dissolution du contrat
Le Code civil nest pas trs bavard sur les effets de la force majeure. Plusieurs questions doivent tre
distingues. La force majeure a tout dabord un effet libratoire pour le dbiteur.
Il est libr de lexcution de sa prestation et de lobligation de restituer la chose qui fait lobjet du
contrat (sauf sil sagit dune chose de genre). Dautre part, sa responsabilit contractuelle nest pas
engage (Article 1147 et 1148 du Code civil).
Quen est-il du contrat, en cas dobstacle lexcution de celui-ci ?
- Si obstacle temporaire : lobligation n'est que suspendue, condition que lexcution garde
son utilit.
- Si obstacle partiel : le dbiteur ne sera libr que si lexcution partielle nest pas concevable
(1722 CC) ; dans le cas contraire, le dbiteur devra sexcuter dans la mesure du possible
(1245 CC).
- Si obstacle dfinitif, le contrat dissous ex nunc, sans rtroactivit (>< rsolution, qui a effet
rtroactif). Souvent, Ct internationaux prcisent les effets de la force majeure sur les O des
parties et la procdure suivre.
Il est toujours possible que les parties rglent les conditions et les effets dune cause trangre
exonratoire.
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Section 3 : Preuve
La charge de la preuve de la cause trangre incombe au dbiteur qui l'invoque (1302 al.3 et 1147
CC). Le dbiteur dune O de rsultat doit en principe prouver positivement la cause trangre, sans
pouvoir se limiter prouver labsence de faute. Toutefois, la jurisprudence est tolrante. (Exemple en
matire de louage, 1732 CC : le locataire rpond des dgradations qui arrivent pendant sa jouissance
moins quil ne prouve quelles ont eu lieu sans sa faute).
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L exceptio non adimpleti contractus est dabord une stratgie dfensive, un moyen de pression.
Elle cre une situation provisoire, une suspension dans lexcution du contrat. Cette suspension est
appele se dnouer soit par une reprise de lexcution, soit par une action judiciaire en excution
force ou en rsolution si lexception dinexcution na pas produit ses effets.
2. Conditions
Un rapport de connexit, dinterdpendance forte doit exister entre les obligations rciproques
incombant aux parties contractantes. La connexit est une notion complexe. Il peut y avoir une
connexit objective comme cest le cas pour le contrat de bail o les obligations du bailleur et du
locataire se rpondent lune lautre. Il peut aussi y avoir connexit conventionnelle, dfinie par les
parties pour viter la contestation.
Lexception dinexcution trouve son fondement dans linterdpendance des obligations rciproques
caractrisant les contrats synallagmatiques : elle est inhrente aux contrats synallagmatiques, et peut
donc mme tre oppose par le cd au cessionnaire de la crance, mme si le manquement du
cdant est postrieur laccomplissement des formalits dopposabilit.
La crance dont se prvaut lexcipiens doit tre certaine et exigible, ce qui nest pas le cas si le
cocontractant bnficie dun terme non chu. Elle ne doit pas forcment tre liquide. Lexception ne
peut tre invoque que si dfaillance cocontractant est consomme (elle ne peut donc pas tre
invoque anticipativement). Il existe toutefois des exceptions prvues dans le Code civil. La
dfaillance du dbiteur doit lui tre imputable. Lexception ne peut tre invoque si le dbiteur
bnficie dune cause trangre exonratoire. Dans ce cas, cest la thorie des risques qui doit
sappliquer.
Lexception doit tre invoque dans le respect du principe de bonne fois et ne peut tre exerce de
manire abusive. Il doit exister une proportionnalit entre le manquement dnonc et le dommage
caus au cocontractant dfaillant par la suspension du contrat : des manquements mineurs ne
peuvent justifier la suspension de lensemble des obligations contractuelles. Lexception doit tre
refuse celui qui est de mauvaise foi. Cela vaut galement pour celui qui, par son fait, a provoqu
linexcution du cocontractant dont il entend se prvaloir. Celui qui invoque lexception abusivement
doit rparer le prjudice matriel ou moral subi par le cocontractant.
Lapprciation des tribunaux est plus rigoureuse quand lexception dinexcution aboutit privation
services de premire ncessit (eau, gaz, etc.). La dignit humaine (article 23 de la Constitution) peut
constituer une limite lapplication de lexception.
3. Effets
Entre parties, les effets de lexception sont provisoires et suspensifs. Le jeu de lexception ne peut
aboutir causer un dommage dfinitif lautre partie. De facto, la suspension de lexcution de
certaines obligations a des effets dfinitifs. Des loyers impays le resteront mme si le contrat reprend
par la suite. Cest pour ce motif quon a parfois rapproch lexception dune rsolution partielle.
Le contrat nest toutefois pas rsolu. Le crancier excipiens garde ses recours si le dbiteur sobstine
ne pas sexcuter ; il pourra demander par la suite lexcution force ou la rsolution du contrat.
En cas de faillite, lexception est opposable au curateur de la partie dfaillante, ce qui permet au
cocontractant du failli de jouir dune situation de faveur par rapport aux autres cranciers du failli. La
fonction de garantie de lexceptio non adimpleti contractus acquiert le caractre dun moyen de
dfense permanent qui fait chapper son titulaire la loi du concours.
Le droit de rtention qui permet au crancier de refuser la livraison dune chose appartenant au
dbiteur tant quil est impay est, pour une bonne part, une application de l'exception. Ainsi, un
garagiste retient la voiture tant que sa crance de prix reste impaye. Ce droit de rtention ne peut
tre exerc abusivement. Il y a une superposition des deux institutions mais le droit de rtention nest
pas limit aux contrats synallagmatiques. A linverse, lexception nest pas seulement limite aux
obligations de livrer.
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4. Charge de la preuve
La rpartition de la charge de la preuve entre lexcipiens et le dbiteur dfaillant reste dbattue. La
Cour de cassation considre que cest celui qui soulve lexception dinexcution quil incombe
dapporter la preuve du fait qui justifie cette exception. Lexcipiens doit prouver linexcution par lautre
partie de son obligation pour autant quelle soit exigible en premier lieu (il sagit dune application de
larticle 1315 al.2 CC : celui qui se prtend libr, doit justifier le paiement ou le fait qui a produit
lextinction de son obligation ).
Certains auteurs se sont toutefois demands si la preuve ne devait pas incomber au demandeur
laction, qui devrait tablir laccomplissement de ses obligations. Cette thse serait galement fonde
sur larticle 1315 al.2 du Code civil : le crancier qui poursuit son dbiteur en excution de son
obligation doit avoir excut sa propre obligation, supposer que celle-ci ait t la premire exigible .
Il incomberait donc au crancier demandeur de prouver sa propre libration, rendant ainsi lexception
dinexcution injustifie.
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La Cour de Cassation a estim, en son arrt du 5 septembre 1980, que ce droit appartient
exclusivement au crancier victime de linexcution. Ce choix du crancier victime de linexcution
fautive connat quelques limites :
- Le choix n'existe plus lorsque le crancier a renonc une des branches de l'option sans
aucune rserve et de faon expresse (ex : lorsquil fait jouer une clause rsolutoire expresse
prvue au contrat).
- Labus de droit constitue une seconde limite. lexercice par un crancier de son droit doption
ne peut tre abusif (Cass 16/01/1986). Les conditions de labus de droit doivent tre remplies
(labus doit tre caractris) : lapplication de labus de droit aboutit imposer aux
demandeurs la rsolution quils n'avaient pas sollicite, c..d. lautre branche de loption. Le
juge conserve son pouvoir d'apprciation et peut dcider du maintien du Ct si les chances
dexcution de celui-ci sont raisonnables et que lexcution conserve un intrt pour le
crancier.
La rsolution prvue lart. 1184 CC doit se concilier avec les dispositions particulires prvues par
certains contrats spciaux (contrat de vente 1641 ; etc.) qui limitent / suppriment la facult de
rsolution. Parfois, la loi spcifie le manquement qui peut entrainer la rsolution judiciaire.
b. Drogations
Le caractre judiciaire de la rsolution nest ni dordre public, ni impratif. Les partis peuvent y droger
par des clauses contractuelles appeles clauses rsolutoires expresses (ou pactes commissoires
exprs). Ces clauses visent supprimer le contrle pralable du juge parce que ce contrle, dans une
situation de crise contractuelle, peut prendre trop de temps et que son issue nest pas totalement
prvisible. Toutefois, le juge garde le droit de contrler a posteriori l'abus dans lexercice de la clause
par la partie qui linvoque.
Le caractre judiciaire de la rsolution a des inconvnients :
- La justice est trop lente trancher.
- Lissue du conflit nest pas certaine puisque le juge dispose dun pouvoir dapprciation
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Ceci explique que des drogations soient apportes au caractre judiciaire de la rsolution par le
lgislateur lui-mme (1657 CC ; lois particulires : loi Ct travail, etc.). La doctrine et la jurisprudence
ont admis que la rsolution peut tre dcide unilatralement par crancier, sans recours au juge,
mme si pas de clause rsolutoire expresse.
La rsolution non judiciaire ou unilatrale peut tre admise en raison de circonstances
exceptionnelles :
- Le dbiteur doit avoir commis une faute suffisante, un manquement grave.
- Toutefois, les droits de la dfense doivent tre respects (mise en demeure, etc.).
- Constat des dfaillances du dbiteur
- Urgence.
- Confiance dfinitivement rompue.
- Excution ultrieure savre sans intrt pour le crancier
Ainsi, la mesure unilatrale ne peut tre prise quavec la runion de toutes ces conditions ; ces
conditions font lobjet dun contrle, a posteriori, du juge. La rsolution unilatrale pour circonstances
exceptionnelles est bien implante chez les juges du fond et la Cour de cassation ny est pas hostile.
B. Conditions
La rsolution sapplique un contrat synallagmatique (nomm ou innom) existant au moment de
l'inexcution fautive (une convention sous condition suspensive existe et peut tre rsolue pour
inexcution fautive). Parfois restrictions ou particularits (LPC), ou exclue par la loi (1978 CC). Il reste
cependant possible aux parties de prvoir un pacte commissoire exprs.
Linexcution du dbiteur doit tre fautive (si pas, cest la thorie des risques qui trouve sappliquer).
Si le crancier ne peut tre l'origine de l'inexcution du dbiteur, il ne pourra pas demander la
rsolution (ex : le bailleur demandant la rsolution dun contrat de bail pour non-paiement du loyer
alors que lui-mme nexcute pas son obligation dentretien). Cette inexcution du dbiteur doit tre
constate au pralable par une mise en demeure. En pratique, lassignation en rsolution du contrat
vaut mise en demeure, do lon peut dire que ce principe est inutile.
La rsolution est en principe judiciaire (moyennant les rserves supra). Ceci signifie que la rsolution
est demande en justice et soumise l'apprciation du juge. Celui-ci tient compte de la gravit du
manquement, de l'utilit conomique de la poursuite du contrat pour le crancier, des possibilits
d'excution ultrieure. Le pouvoir d'apprciation du juge est fort large, puisquil porte tant sur la gravit
du manquement que sur le choix de la sanction appliquer.
C. Effets
La rsolution, aussi bien la rsolution judiciaire que celle qui rsulte dune clause rsolutoire expresse,
implique lanantissement rtroactif du contrat (article 1183 du Code civil). La rsolution joue donc en
principe ex nunc et implique des restitutions qui ne sont pas des dommages et intrts.
La rtroactivit nest pas toujours possible. Lorsque des prestations de faire ont dj t excutes, il
y a impossibilit de restitution en nature. La rsolution joue alors non pas ex nunc mais ex nunc. Cette
affirmation connait son tour des nuances. La restitution par quivalent peut tre ordonne.
Que signifie ex nunc ? La rsolution prend-elle effet compter de linexcution fautive, compter
de la demande de rsolution ou compter du prononc de la dcision ? La jurisprudence varie :
- Arrts du 29/05/1980 et du 8/10/1987 : la Cour de cassation a affirm le principe selon lequel
la rsolution judiciaire dun contrat synallagmatique prestations successives remonte en
rgle, quant ses effets, la demande en justice.
- Affinement par la Cour : le point de dpart de la rsolution peut tre antrieur la date de
lintroduction de la demande toutes les fois que la question des restitutions ne se pose pas.
La rtroactivit de la rsolution pose des problmes lgard des tiers qui ont pu acqurir des droits :
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des missions qui leur a confies. Ces fautes ne constituent pas pour le dbiteur une cause
trangre exonratoire.
Le crancier ne peut pas exercer de recours contractuel contre lagent dexcution puisque le
crancier est un tiers par rapport cet agent.
Lagent dexcution ne peut tre considr comme un tiers par rapport au contrat, et il ne peut
pas faire lobjet dun recours sur une base extracontractuelle, moins que lon puisse
dmontrer quil a commis une faute aquilienne et que le dommage en rsultant soit distinct de
celui qui provient de linexcution du contrat.
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b. Critres de distinction
Il arrive que la loi se prononce sur la qualification de lobligation ou fournisse des indications
permettant de la qualifier en obligation de moyens ou de rsultats (ex : 1147, 1784 CC,..). Parfois, la
loi prvoit une obligation de rsultat attnue (1732 CC,). Mais le Code nest pas systmatique (ex :
1137 al.2).
Lobligation de moyens a plusieurs degrs :
- Elle peut tre renforce. Ex : en matire de prt usage 1880, etc.
- Ou parfois, elle peut tre allge : la loi allge sort dbiteur. Ex : 1927 (dpositaire bnvole).
Larticle 1927 C.C. consacre la culpa levis in concreto.
La libert contractuelle reste un principe dominant la formation des contrats :
- La volont des parties peut allger ou durcir les obligations du dbiteur :
o Une obligation considre comme une obligation de moyens par application du critre
de lala peut se muer, par la volont des parties, en obligation de rsultat.
- La volont des parties est dterminante pour qualifier une obligation contractuelle (Cass).
- En labsence de disposition contractuelle claire, la solution consiste retenir une obligation de
moyen (1162 CC).
- La recherche de la commune intention des parties (qui doit permettre la qualification de
lobligation en obligation de moyens ou de rsultat) a des limites : elle parait inadapte pour
qualifier les obligation trangres lexcution du contrat, telle que lobligation
prcontractuelle dinformation ou de scurit. Ce sont dailleurs des obligations que les
contractants nont pas voulues. Ceci soulve le problme de la dlimitation du primtre
contractuel.
- Un critre frquent pour dterminer la qualification de lobligation est celui de lala (incertitude
qui s'attache la ralisation du rsultat promis au contrat). (Ex : obligation de soins du
mdecin, obligation de lavocat = ex classique dobligation de moyens. Le rsultat est espr
plus que garanti).
Si lincertitude est telle que lobtention du rsultat envisag par les parties ne peut pas tre garantie
par le dbiteur, lobligation sera normalement considre comme une obligation de moyen.
- Il existe beaucoup dautres critres. Lala est souvent coupl lanalyse du rle, +/- actif, du
crancier dans lexcution de lobligation contractuelle (ex : contrat de conseil = obligation de
moyens).
- Lobjet de l'obligation peut dterminer son appartenance lune ou lautre catgorie. (Ex :
obligation de donner = obligation de rsultat / obligation de ne pas faire = obligation de
rsultat / obligation de faire => dbat : parfois obligation moyen parfois rsultat).
- La qualit des parties en prsence joue aussi un rle important. Le dbiteur professionnel
qualifi est en principe jug plus rigoureusement raison de sa comptence et de sa
supriorit par rapport au profane.
c. Porte de la distinction
La distinction est utile, et a obtenu un vif succs. Mais elle est toutefois relative, car un mme Ct peut
superposer les deux types d'obligations (ex : un mdecin. Si lobligation de soins du mdecin est
gnralement qualifie comme une obligation de moyens, certaines franges de son activit donnent
naissance des obligations de rsultat). Il en est ainsi pour son obligation de se rendre chez son
patient. Dans le dpt, lobligation de dpositaire de veiller la conservation de la chose est une
obligation de moyens. Le problme vient du fait que lobligation de restitution est, quant elle,
gnralement qualifie dobligation de rsultat.
La jurisprudence peut aussi voluer : ainsi, lobligation de scurit est-elle selon les dcisions mais
aussi selon les poques, tantt de moyens, tantt de rsultat. Le critre dcisif reste sans doute ce qui
a t promis au Ct mais celui-ci doit tre interprt.
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pcuniaire soit fourni au crancier pour le replacer dans une situation aussi proche que possible de ce
quaurait procur lexcution en nature de la convention (rparation dite en nature).
Ce principe de la rparation intgrale explique la varit de dommages rparables :
- Dommage matriel, moral ou corporel.
- Dommage positif (damnum emergens) et dommage ngatif (lucrum cessans) vis larticle
1149 du Code civil.
- Dommages et intrts compensatoires (rparant le prjudice caus par la carence dfinitive
du dbiteur) ou dommages et intrts moratoires (sanctionnant le retard dans le paiement
dune dette de somme).
Les dommages sont donc assez compltements couvertes, mme si lindemnisation de certains types
de dommages tels que la perte d'une chance est plus problmatique. La jurisprudence belge a connu
des volutions sur plusieurs points :
- De plus en plus nettement se dgage le principe que le crancier victime de linexcution doit
prendre les mesures ncessaires pour limiter son dommage (application de la BF).
- Cour de cassation le 2/9/04 a dcid que les frais et honoraires davocat ou conseil font
partie du dommage rparable.
- 1153 et 1155 du Code civil : indemnisation du retard de paiement ( lire).
Intrts moratoires (Article 1153 du Code civil) = intrts sanctionnant le retard mis par le dbiteur
excuter une obligation qui se borne au paiement d'une certaine somme . Le taux de ces intrts
moratoires pour 2009 : 5,5 %. Et pour 2010 : 3,5 % Il sagit dun forfait ce qui signifie que le crancier
ne peut pas rclamer de dommages et intrts supplmentaires sauf en cas de dol ou si clauses
prvoyant des intrts moratoires plus levs. Larticle 1154 du Code civil rglemente strictement
lanatocisme, cest--dire la capitalisation des intrts. La jurisprudence admet cependant que cet
article ne sapplique pas la capitalisation des intrts en compte courant.
Une remarque simpose. Elle concerne la porte de larticle 1153 du Code civil. Cet article vise les
dettes de sommes et non les dettes de valeur.
- Une dette de somme = dette dont le montant est dtermin ou dterminable en vertu de la loi
ou du contrat. Un loyer, prime dassurance, etc. sont des dettes de sommes donnant lieu, en
cas de retard, des intrts moratoires, compter de la mise en demeure du dbiteur.
- Une dette de valeur = dette dont le montant est indtermin la naissance doit tre fix par
le juge. Ce type de dette sidentifie lobligation de rparer le dommage en matire
contractuelle ou extracontractuelle.
Exemple : dette de rparation pour dgts locatifs = dette de valeur tant que son montant nest pas
dtermin par le juge. Une dette de valeur donne lieu des intrts compensatoires qui rparent le
prjudice supplmentaire subi par victime cause du retard de l'indemnisation. Il sagit plus dune
indemnit que dintrts proprement dits ; leur taux est fix librement par le juge et ils naissent ds
que lobligation de rparer le dommage existe.
Il y a lieu de rappeler que la mise en uvre de la responsabilit contractuelle est soumise une mise
en demeure pralable (Article 1146 du Code civil). Larticle 1153, alina 3 du code civil indique en effet
les intrts moratoires ne sont dus qu partir du jour de sommation payer.
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dun
de
certaines
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ne pourra, en cas de dolance forme par lune des parties, que constater lexistence du
manquement ventuel, tel que celui-ci est dfini dans le contrat. Une telle clause suppose
lenvoi dune mise en demeure.
Soit le contrat peut prvoir que celui-ci sera rsolu de plein droit sans mise en demeure
pralable. Il faut alors que cette clause soit prvue de faon indiscutable.
Il existe, bien sr, un certain nombre dexception aux clauses rsolutoires expresses : certaines lois
mais aussi des dispositions impratives ou dordre public.
Il y a lieu de distinguer la clause rsolutoire expresse de la clause de rsiliation unilatrale : cette
dernire permet une partie de rompre le contrat, en dehors de toute ide de faute ; elle ne
sanctionne pas un manquement contractuel et ne dissout le contrat que pour lavenir.
Il y a lieu de distinguer la clause rsolutoire expresse de la condition rsolutoire : celle-ci est trangre
lide de sanction contractuelle et opre de plein droit automatiquement.
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B. Restrictions jurisprudentielles
La jurisprudence cherche carter ces clauses quand elles conduisent des abus.
La jurisprudence belge a ainsi utilis des techniques dinterprtation permettant de limiter la porte de
certaines clauses. Le principe de leffet utile prvu larticle 1157 C.C. est galement utilis.
Lorsquune clause prte diverses interprtations, il est parfois possible de linterprter dans un sens
qui la rend licite : une clause rdige en termes gnraux, qui semble exonrer le dbiteur de toute
responsabilit en cas dinexcution peut, par application de larticle 1157 C.C., tre carte en cas de
faute lourde ou de faute dolosive, mais tre considr comme efficace en cas de faute lgre.
La jurisprudence a mis au point deux critres pour apprcier la validit dune clause exonratoire ou
limitative de responsabilit :
- La clause est inefficace lorsquelle prtend exonrer le dbiteur de son propre dol. Le
fondement de cette solution est discut : certains parlent du principe de linterdiction des
conditions purement potestatives (article 1174 C.C.), dautres disent que sexonrer du dol
est contraire lordre public (article 6 C.C.), dautres encore invoquent le principe de
labus de droit et enfin, dautres parlent du principe dexcution de bonne foi des
obligations . De plus la notion de dol est trs controverse.
- La clause ne peut pas non plus porter atteinte une obligation essentielle du contrat ou vider
le contrat de sa substance, de tout contenu. Cette approche produit lide dun minimum
incompressible par type de contrat. Attention ! La nullit ne frappe pas ncessairement tout le
contrat ; si une seule clause du contrat est frappe dillicit, lannulation ne va pas
automatiquement stendre au contrat tout entier. Lensemble de la convention ne sera
annule que si, dans lintention des parties, la clause illicite forme avec les autres dispositions
contractuelles un ensemble indissociable.
C. Restrictions lgales
Les clauses dexonration ne sont pas valables lorsquelles sont contraires lordre public ou des
dispositions lgales impratives.
Le Code Civil connat dautres restrictions la validit de ces clauses : Il rsulte de larticle 1645 C.C.
que les clauses de non-responsabilit stipules dans les contrats de vente sont nulles ds linstant o
lacheteur dmontre que son vendeur connaissait les vices de la chose, etc.
Ces restrictions se sont tellement multiplis que le lgislateur a du intervenir pour rglementer, de
faon plus gnrale, les clauses exonratoires ou limitatives de responsabilit. Ainsi, la loi du 6 avril
2010 comprend bon nombre de dispositions permettant de combattre les clauses limitatives ou
exonratoires abusives, soit que celles-ci fassent partie de la liste des clauses interdites par larticle
74, soit quelles aboutissent crer un dsquilibre manifeste entre les droits et les obligations des
parties au dtriment du consommateur.
Ces dispositions ne sappliquent que dans le cadre de relation entre consommateurs et entreprises. Il
nest pas exclut, toutefois, que certaines des solutions quelle consacre sappliquent par
contamination aux rapports entre professionnels ou aux rapports entre non professionnels.
Le lgislateur contemporain procde plutt par type de relations que par problme. Les textes sont
parfois dune qualit douteuse.
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En bref, dans une clause pnale, les parties saccordent pour dterminer, de faon anticipe et
forfaitaire, les dommages-intrts auxquels le crancier a droit en cas dinexcution de lengagement.
Le crancier est dispens dtablir lexistence et le montant du prjudice calcul forfaitairement la
conclusion du contrat de mme que le lien causal entre la faute et le dommage. Ce second point est
nanmoins discut.
Les clauses pnales sont trs varies : elles peuvent prvoir un montant absolu, un pourcentage du
montant d, des intrts moratoires suprieurs au taux dintrt lgal ou encore la combinaison dune
majoration du montant d et dintrts moratoires conventionnels.
Les clauses pnales prsentent plusieurs caractres :
- Caractre forfaitaire.
- Caractre accessoire. Le sort de la clause pnale est tributaire de celui de lobligation
principale.
- Caractre sanctionnateur. Elle sanctionne linexcution fautive dune convention.
o Selon la Cour de cassation, il y a une diffrence entre clause pnale et clause
de ddit : la clause pnale est la compensation des dommages et intrts que le
crancier souffre de linexcution de lobligation principale ; la clause de ddit est le
prix payer par le dbiteur pour quitter le contrat. Dans la pratique, la distinction entre
les deux types de clauses est tnue.
o La mise en uvre de la clause pnale implique une mise en demeure pralable du
dbiteur dfaillant (article 1230 C.C.) sauf si des clauses conventionnelles dispensant
le crancier de mise en demeure sont possibles.
La clause pnale a t-elle une fonction indemnitaire ou peut-elle remplir une fonction coercitive,
comminatoire ?
Une premire conception attribue la clause pnale une fonction comminatoire : si elle prvoit un
forfait lev, plus lev que le dommage prvisible pouvant rsulter de linexcution de la convention,
elle constitue un moyen de pression sur le dbiteur, une sorte de peine prive.
Une seconde conception assigne une fonction exclusivement indemnitaire la clause pnale : celle-ci
doit se limiter prvoir une valuation forfaitaire des dommages-intrts dus en cas dinexcution
fautive de ses obligations par le dbiteur.
Cette deuxime conception a t clairement affirme en jurisprudence belge depuis un arrt de la
Cour de cassation du 17 avril 1970 selon lequel : lorsque la clause ne peut-tre une rparation du
dommage et procure au crancier un bnfice beaucoup plus important que lexcution normale du
contrat, elle est contraire aux dispositions de larticle 6 du Code Civil . Elle est confirme par larticle
1226, mme si le Code, dans dautres dispositions, utilise le mot peine plusieurs reprises (article
er
1231 1 C.C.).
er
Face au caractre comminatoire de certaines clauses, larticle 1231 1 C.C. permet au juge de
rduire la clause lorsque la somme prvue par celle-ci excde manifestement le montant que les
parties pouvaient fixer pour rparer le dommage rsultant de linexcution de la convention . Ceci
sapplique donc in concreto par rapport un homme raisonnable et, le caractre comminatoire
sapprcie ex ante par rapport au dommage potentiel envisageable la conclusion du contrat.
La loi du 23 novembre 1998 permet, dans larticle 1231 1 C.C., la rduction des clauses pnales
er
excessives. Le juge dispose donc maintenant dun pouvoir de rduction en vertu des articles 1231 1
C.C. (clauses pnales excessives) et 1153 alina 5 nouveaux (clauses dintrts moratoires
excessives). Attention, en vertu de larticle 1231 2 C.C., le juge ne peut condamner le dbiteur une
somme infrieure celle qui aurait t due en labsence de clause pnale.
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C. Autres dispositions
Dautres dispositions existent en matire de clauses pnales. Cet parpillement rend les approches
densemble difficiles. En ce qui concerne la rduction des clauses pnales par exemple, celle-ci peuttre accorde dans plusieurs hypothses :
er
- Rduction des clauses pnales excessives, prvue par les articles 12311 C.C. et 1153
alina 5 du Code Civil.
- Adaptation de la clause pnale en cas dexcution partielle de lobligation par application de
larticle 1231 2 du C.C.
- En vertu des principes gnraux, rduction des clauses pnales pour abus de droit fonde sur
larticle 1134 alina 3 du Code Civil. Cette rduction sapplique une clause valide mais
utilise de faon abusive ; dans un arrt de la Cour de cassation du 18 fvrier 1988, la Cour
de cassation permet au juge de fond, qui constate que le crancier abuse de son droit en
rclamant lapplication intgrale de la clause, de rduire lusage de la clause son exercice
normale.
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