Naturalis Me
Naturalis Me
Naturalis Me
Le naturalisme est un mouvement littraire qui, dans les dernires dcennies du xixe sicle,
cherche introduire dans les romans la mthode des sciences humaines et sociales, applique
la mdecine par Claude Bernard. Le mouvement est en partie cr par mile Zola.
Dfinition
Le Naturalisme est la suite logique du ralisme : ce dernier entendait dcrire la ralit de la
manire la plus prcise possible, y compris dans ses aspects immoraux ou vulgaires. Le
Naturalisme poursuit cette ide, mais en ajoutant un contexte physiologique et en montrant
que le milieu o vit le protagoniste est l'une des raisons de son comportement. Le naturalisme
est le reflet de la ralit : il s'intresse autant la bourgeoisie quaux individus pauvres,
comme les ouvriers ou les prostitues. Cependant, lcole naturaliste exige, si lon sen tient
la thorie dmile Zola1, que lcrivain applique une mthode strictement littraire qui se
rapproche de celle mise en uvre par les sciences naturelles, et qui avait t utilise pour la
premire fois dans la critique positiviste des phnomnes littraires par Charles-Augustin
Sainte-Beuve et Hippolyte Taine. Auguste Comte avait, en effet, affirm dans son Cours de
philosophie positive (1830-1842) que lart, parvenu au stade positif , obissait aux mmes
lois que la science. Suivant le positivisme, Taine va alors sattacher dcouvrir les lois qui
rgissent la littrature. Cest ainsi quil soutient que la race, le milieu naturel, social et
politique et le moment au cours duquel est cre une uvre littraire dfinissent ses traits
spcifiques et son volution (Introduction l'histoire de la littrature anglaise, 1563-1764).
Cest dans la prface de Thrse Raquin et surtout dans le Roman exprimental que Zola
formule sa thorie. Prenant comme modle le docteur Bernard de la Mdecine exprimentale
(1869), et suivant sa mthode pas pas, Zola considre que le romancier est fait d'un
observateur et d'un exprimentateur . Lobservateur choisit son sujet (lalcoolisme, par
exemple) et met une hypothse (lalcoolisme est hrditaire ou est d l'influence de
lenvironnement). La mthode exprimentale repose sur le fait que le romancier intervient
dune faon directe pour placer son personnage dans des conditions qui rvleront le
mcanisme de sa passion et vrifieront lhypothse initiale. Au bout, il y a la connaissance
de lhomme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale.
mile Zola sest fix un but pour faire partager sa thorie naturaliste : crire vingt romans
dune famille vivant sous le Second Empire. Le nom de lensemble des livres est "Les
Rougon-Macquart" ; titre utilisant le nom de famille des diffrents personnages. Le nom
1
complet et galement utilis est "Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second
empire". Chaque roman met en scne un personnage de cette famille, montrant l'expression de
ses caractres, hrditaires ou issus du milieu o il vit. Diverses conditions sociales sont
dcrites au fil des vingt romans : celle des mineurs dans Germinal, des artistes dans Luvre,
des militaires dans La dbcle, etc.
Zola se met lui mme en scne, dans l'uvre sous le patronyme transparent de Sandoz, dans
le personnage de l'crivain. Sandoz est visiblement compos de la runion du nom de Sand
(l'crivain que dans sa jeunesse Emile disait admirer le plus) et de oz (le dbut de Zola ,
retourn). Il fait dire Sandoz : ...J'en sais dont le crne est trop diffrent du mien, pour
qu'ils acceptent jamais ma formule littraire, mes audaces de langue, mes bonhommes
physiologiques, voluant sous l'influence des milieux... . Dans ce tome des Rougon
Macquart, mile Zola crira ses penses, ses convictions sur l'art moderne, et la difficult qu'il
prouve crire ses romans.
D'autres crivains sont cits comme tant naturalistes. On peut penser Guy de Maupassant
avec ses romans Une vie , Pierre et Jean ou encore Alphonse Daudet, qui toutefois ne
se joindra jamais au mouvement.
Les annes 1890 marquent en France le dclin du Naturalisme : mile Zola, qui achve le
cycle des Rougon-Macquart avec "Le Docteur Pascal" (1893), se tourne dsormais vers le
journalisme ; Maupassant meurt en 1893, Alphonse Daudet meurt en 1895.
Surralisme
Le surralisme est un mouvement littraire, culturel et artistique du xxe sicle, comprenant
lensemble des procds de cration et dexpression utilisant toutes les forces psychiques
(automatisme, rve, inconscient) libres du contrle de la raison et en lutte contre les valeurs
reues. En 1924, Andr Breton le dfinit dans le premier Manifeste du surralisme comme un
automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par
crit, soit de toute autre manire, le fonctionnement rel de la pense. Dicte de la pense, en
l'absence de tout contrle exerc par la raison, en dehors de toute proccupation esthtique ou
morale [...] .
Historie
Dans le courant du xixe sicle, le super naturalisme de Grard de Nerval, le
surnaturalisme d'Emanuel Swedenborg[rf. ncessaire] et aussi le symbolisme de Charles
Baudelaire et de Stphane Mallarm et, enfin surtout, le romantisme allemand de Jean Paul
(dont les rves annoncent l'criture automatique) et d'Hoffmann peuvent tre considrs
comme des mouvements prcurseurs du surralisme. Plus proches, les uvres littraires
d'Alfred Jarry, d'Arthur Rimbaud et de Lautramont, et picturales de Gustave Moreau et
Odilon Redon sont les sources sminales dans lesquelles puiseront les premiers surralistes
(Louis Aragon, Andr Breton, Paul luard, Philippe Soupault, Pierre Reverdy). Quant aux
premires uvres plastiques, elles poursuivent les inventions du cubisme.
poussant autant que possible la pataphysique de Jarry. partir de l, dbordant Dada, mais
nourris par ce mouvement, les artistes recherchent des ides nouvelles2.
Aprs avoir t sduit par Dada, les surralistes s'inscrivent en rupture par rapport ce
mouvement : ils considraient que le surralisme susciterait l'arrive de nouvelles valeurs, ce
que n'acceptaient pas les dadastes3. Dada, absolu dans sa dnonciation, ne survit pas une
querelle relative l'engagement suscite par la Rvolution sovitique et le risque d'une
nouvelle guerre, et en 1924 nat le surralisme avec la publication du premier Manifeste du
surralisme d'Andr Breton, soucieux d'agir sur la socit, sinon l'individu, sans tomber dans
l'embrigadement. Dali affirme d'ailleurs tre sr que le surralisme changerait le monde.
tant lui-mme adepte de ce mouvement, il s'y investit comme un devoir.
Cette aventure ( une attitude inexorable de sdition et de dfi ) passe par l'appropriation de
la pense du pote Arthur Rimbaud ( changer la vie ), de celle du philosophe Karl Marx (
transformer le monde ) et des recherches de Sigmund Freud4 : Breton s'est passionn pour
les ides de Freud5 qu'il a dcouvertes dans les ouvrages des Franais Emmanuel Rgis et
Angelo Hesnard en 19176. Il en a retir la conviction du lien profond unissant le monde rel
et le monde sensible des rves, et d'une forme de continuit entre l'tat de veille et l'tat de
sommeil (voir en particulier l'criture automatique). Dans l'esprit de Breton, l'analogie entre le
rveur et le pote, prsente chez Baudelaire, est dpasse. Il considre le surralisme comme
une recherche de l'union du rel et l'imaginaire : Je crois la rsolution future de ces deux
tats, en apparence si contradictoires, que sont le rve et la ralit, en une sorte de ralit
absolue.
En 1966, la mort du pote et chef de file va entraner la fin du surralisme; trois ans plus tard,
Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien Le Monde, lacte de dcs du
mouvement dans un article intitul Le Quatrime Chant 7.
Andr Breton
Le pote et crivain franais Andr Breton (1896-1966) fut le principal fondateur du
surralisme, le seul artiste, avec Benjamin Pret, avoir appartenu au mouvement depuis son
origine et jusqu' sa mort. En 1924, c'est lui qui pour la premire fois dcrit le surralisme
dans le premier Manifeste, puis, la mme anne, il contribue la cration du Bureau de la
recherche surraliste. Louis Aragon, Robert Desnos, Paul luard, Ren Magritte, Giorgio De
Chirico, Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Salvador Dal et Jacques Prvert sont quelquesuns des plus connus de ses camarades crivains, potes, peintres, artistes en somme. Nombre
4
d'entre eux vont galement adhrer au Parti Communiste franais pour soutenir leurs ides de
rvolution sociale : Breton rejoint le parti en 1927 et en est expuls en 1933.
tymologie
Le pote Arthur Rimbaud (1854-1891) voulait tre un visionnaire, se mettre en tat de
percevoir la face cache des choses, une autre ralit. C'est en poursuivant les tentatives de
Rimbaud que Guillaume Apollinaire (1880-1918) part la recherche de cette ralit invisible
et mystrieuse. Le substantif surralisme apparat pour la premire fois en mars 1917 dans
une lettre de Guillaume Apollinaire Paul Derme : Tout bien examin, je crois en effet
qu'il vaut mieux adopter surralisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employ .
Surralisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode manier que
surnaturalisme dj employ par MM. les Philosophes. C'est le pote Pierre Albert-Birot qui
suggra Apollinaire de sous-titrer la pice que celui-ci tait en train d'achever, Les Mamelles
de Tirsias, drame surraliste plutt que surnaturaliste 8.
Le concept est divulgu par la plaquette de prsentation qu'Apollinaire est charg par Serge
Diaghilev de rdiger pour la premire de Parade, ballet raliste en un tableau le 18 mai 1917
au thtre du Chtelet Paris. Du spectacle total conu par Jean Cocteau conjuguant le
premier orchestre d'Erik Satie, le premier dcor de Pablo Picasso, les premires chorgraphies
cubiste de Lonide Massine, et le premier essai pour un pote de s'exprimer sans paroles o
la collaboration a t si troite que le rle de chacun pouse celui de l'autre sans empiter
sur lui 9, il explique :
De cette alliance nouvelle, (...) il est rsult dans Parade, une sorte de sur-ralisme o je vois
le point de dpart d'une srie de manifestations de cet esprit nouveau qui, trouvant aujourd'hui
l'occasion de se montrer, ne manquera pas de sduire l'lite et se promet de modifier de fond
en comble les arts et les murs dans l'allgresse universelle, car le bon sens veut qu'ils soient
au moins la hauteur des progrs scientifiques et industriels. Jean Cocteau appelle un ballet
raliste. Les dcors et les costumes cubistes de Picasso tmoignent du ralisme de son art. Ce
ralisme, ou ce cubisme, comme on voudra, est ce qui a le plus profondment agit les arts
durant les dix dernires annes
G. Apollinaire, Parade et l'esprit nouveau, in Programme des Ballets russes, Paris, mai
191710.
Ainsi Apollinaire entend thoriser le sursaut potique provoqu par la Premire Guerre
mondiale11 par lequel Jean Cocteau, comme quatre ans plus tard dans le spectacle des Maris
de la Tour Eiffel, ddouble la reprsentation raliste du quotidien bourgeois du spectateur
par celle de la fantaisie inhumaine12 et rve de personnages-machines. Dans ce manifeste se
trouve dj tout ce que ses dtracteurs trouveront reprocher au surralisme : rupture avec
tout traditionalisme, litisme, modernit, c'est--dire progrs scientifique et, l'instar des
futuristes, industrialisme.
Dans une chronique de mai 1917 consacre au mme ballet, Apollinaire, admiratif des dcors
crs par Picasso, revient sur le concept d' [...] une sorte de sur-ralisme o [il] voit le
point de dpart d'une srie de manifestations de cet esprit nouveau qui [...] se promet de
modifier de fond en comble les arts et les murs [...] Cette tche surraliste que Picasso a
accomplie en peinture, [...] je m'efforce de l'accomplir dans les lettres et dans les mes [...]
13. Dans une lettre du 16 juin 1917, adresse Thodore Fraenkel, Jacques Vach annonce
la premire des Mamelles de Tirsias pour le 24 : [...] et j'espre tre Paris [...] pour la
reprsentation surraliste de Guillaume Apollinaire14.
Pour Grard Durozoi, le mot surralisme est dsormais [...] victime de sa fausse popularit :
on n'hsite pas qualifier de surraliste le premier fait un peu bizarre ou inhabituel, sans
davantage se soucier de rigueur. Le surralisme [...] est pourtant exemplaire par sa cohrence
et la constance de ses exigences. 15 Cependant, Alain et Odette Virmaux pensent que cette
volution smantique n'est pas du tout dviante et qu'elle reste en accord avec le mot [...]
les surralistes ayant une prdilection pour l'humour noir et le nonsense16.
Influence internationale
Le surralisme connat une fortune particulire dans la littrature francophone belge. Paul
Noug, dont la posie prsente un aspect ludique trs marqu, fonde en 1924 un centre
surraliste Bruxelles avec entre autres les potes Camille Goemans, Marcel Lecomte. Un
autre groupe important, Rupture , se cre en 1932, La Louvire, autour de la personnalit
d'Achille Chave.
indpendant, mort trop tt pour donner sa pleine mesure17, et auquel le pote Max-Pol
Fouchet rendra un hommage fort18.
En dpit d'une perte de prestige partir de 1940, le surralisme a exist comme groupe
jusqu'aux annes 1960, en se renouvelant au fur et mesure des dparts et des exclusions. Le
surralisme fut galement revendiqu comme source d'inspiration par l'Alternative orange, un
groupe artistique d'opposition polonais, dont le fondateur, le Major (Commandant) Waldemar
Fydrych, avait proclam Le Manifeste du Surralisme Socialiste. Ce groupe, qui organisait
des happenings, peignait des graffiti absurdes en forme de lutins sur les murs des villes et tait
un des lments les plus pittoresques de lopposition polonaise au communisme, utilisait
largement lesthtique surraliste dans sa terminologie et dans la place donne lacte
spontan.
Parmi les grands noms du surralisme japonais, nous trouvons entre autres Junzabur
Nishiwaki (1894 - 1982), Shz Takiguchi (1903 - 1979), Katsue Kitazono (1902 - 1978).
Parmi les peintres peuvent tre cits Harue Koga (1895 - 1933), Ichir Fukuzawa (1898 1992), Noboru Kitawaki (1901 - 1951), ou encore le photographe et pote Kansuke
Yamamoto (1914 - 1987). Quant aux romanciers, les uvres les plus marquantes nous ont t
laisses par Kb Abe (1924 - 1993). Concernant les mangas, une brche fut ouverte la
possibilit d'emploi de tournures surralistes avec l'uvre Nejishiki() de Yoshiharu
Tsuge (publie dans le numro de juin du magazine Garo en 1968), puis le secteur put obtenir
un appui crasant de la gnration du Zenkyt (quivalent de mai 68) sous l'influence
considrable d'artistes et de nombreux intellectuels non initis ce type d'uvre. Le
surralisme japonais ne s'inscrit pas dans la continuit du dadasme. Au Japon, la quasitotalit des crivains appartenant au mouvement dadaste (groupe d'crivains faisant partie du
MAVO) ne sont pas devenus surralistes, et inversement, la plupart des surralistes japonais
n'uvrent pas en tant que dadastes.
7
Les rcits et les analyses de rves consistent dcrire ses rves et trouver le fil conducteur
qui les relie la ralit. Des jeux d'criture collectifs faisant intervenir le hasard sont
galement pratiqus ; le cadavre exquis en est un. Dans ce jeu, tous les participants crivent
tour tour une partie de phrase sur une feuille sans connatre ce que les personnes prcdentes
ont marqu. L'ordre syntaxique nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit tre respect : on
obtient ainsi une phrase grammaticalement correcte. Le nom de cadavre exquis vient de la
premire phrase obtenue de cette manire : Le cadavre exquis boira le vin nouveau
. Enfin, pendant les sances de sommeil hypnotique, les participants notent leurs dlires et
hallucinations parfois provoqus par prise de drogues ou d'alcool.
Personnalits
La Biographie succincte des personnalits de la constellation surraliste22 propose un
recensement des artistes et intellectuels qui ont gravit autour du mouvement surraliste, les
conditions de leur participation et ventuellement celles de leur dpart ou loignement.
Denis Diderot
Denis Diderot, n le 5 octobre 1713 Langres et mort le 31 juillet 1784 Paris, est un
crivain, philosophe et encyclopdiste franais des Lumires, la fois romancier, dramaturge,
conteur, essayiste, dialoguiste, critique d'art, critique littraire, et traducteur.
Diderot est reconnu pour son rudition, son esprit critique et un certain gnie. Il laisse son
empreinte dans l'histoire de tous les genres littraires auxquels il s'est essay : il pose les bases
du drame bourgeois au thtre, rvolutionne le roman avec Jacques le Fataliste, invente la
critique travers ses Salons et supervise la rdaction d'un des ouvrages les plus marquants de
son sicle, la clbre Encyclopdie. En philosophie galement, Diderot se dmarque en
proposant plus de matire un raisonnement autonome du lecteur plutt qu'un systme
complet, ferm et rigide. Rien en fait ne reprsente mieux le sens de son travail et son
originalit que les premiers mots de ses Penses sur l'interprtation de la nature (2e d.,
1754) :
Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu' la fin de cet ouvrage, tu ne seras pas
incapable d'en entendre un meilleur. Comme je me suis moins propos de t'instruire que de
t'exercer, il m'importe peu que tu adoptes mes ides ou que tu les rejettes, pourvu qu'elles
emploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra connatre les forces de la nature ; il
me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes.
10
Mal connu de ses contemporains, tenu loign des polmiques de son temps, peu enclin la
vie des salons et mal reu par la Rvolution, Diderot devra attendre la fin du xixe sicle pour
recevoir enfin tout l'intrt et la reconnaissance de la postrit dans laquelle il avait plac une
partie de ses espoirs.
uvres principales
Plan d'une universit (rd. 1775). Il s'agit d'un plan idal des tudes command par Catherine
II. Transmis par l'intermdiaire de Grimm, elle semble ne jamais l'avoir lu, au grand regret de
Diderot.
Lettre sur l'ducation des enfants la princesse Nassau-Saarbruck, 1758.
Lettre la comtesse de Forbach sur l'ducation des enfants (rd. vers 1772)
Rfutation d'Helvtius (rd. 1773-1778, Corr. 1783-1786)
Il aurait galement contribu43 la rdaction de De l'ducation publique, DominiqueFranois Rivard.
Montesquieu
Charles Louis de Secondat, baron de La Brde et de Montesquieu, dit Montesquieu, est un
penseur politique, franc-maon, prcurseur de la sociologie, philosophe et crivain franais
des Lumires, n le 18 janvier 1689 La Brde (Guyenne, prs de Bordeaux) et mort le 10
fvrier 1755 ( 66 ans) Paris.
Jeune homme passionn par les sciences et l'aise avec l'esprit de la Rgence, Montesquieu
publie anonymement les Lettres persanes (1721), un roman pistolaire qui fait la satire
11
amuse de la socit franaise vue par des Persans et met en cause les diffrents systmes
politiques et sociaux, y compris le leur. Il voyage ensuite en Europe et sjourne plus d'un an
en Angleterre o il observe la monarchie constitutionnelle et parlementaire qui a remplac la
monarchie autocratique. De retour dans son chteau de La Brde au sud de Bordeaux, il se
consacre ses grands ouvrages qui associent histoire et philosophie politique : Considrations
sur les causes de la grandeur des Romains et de leur dcadence (1734) et De l'esprit des lois
(1748) dans lequel il dveloppe sa rflexion sur la rpartition des fonctions de l'tat entre ses
diffrentes composantes, appele postrieurement principe de sparation des pouvoirs .
Montesquieu, avec entre autres John Locke, est l'un des penseurs de l'organisation politique et
sociale sur lesquels les socits modernes et politiquement librales s'appuient. Ses
conceptions notamment en matire de sparation des pouvoirs ont contribu dfinir le
principe des dmocraties occidentales.
uvres
Essai sur le got (1757)
loge de la sincrit (1717)
Lettres persanes (1721), roman pistolaire
Le Temple de Gnide (1725), pome
Histoire Vritable
Arsace et Ismnie
Considrations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur dcadence (1734)
De l'esprit des lois (1748)
Dfense de L'Esprit des lois (1750)
Penses (recueil de rflexions personnelles)
Spicilge (recueil de notes, anecdotes, etc.)
Discours sur la cause de l'cho20
Discours sur l'usage des glandes rnales
Discours sur la cause de la pesanteur des corps
Mmoire sur le principe et la nature du mouvement (prcdemment intitul: Dissertation sur
le mouvement relatif)
12
Des manuscrits indits furent dits par un descendant du Baron de Montesquieu dans les
annes 1890.
Jean-Jacques Rousseau
Jean-Jacques Rousseau, n le 28 juin 1712 Genve et mort le 2 juillet 1778 ( 66 ans)
Ermenonville, est un crivain, philosophe et musicien genevois francophone.
La vie de Jean-Jacques Rousseau est une vie d'indpendance et d'instabilit. Il quitte d'abord
Genve seize ans pour la Savoie, o il reoit un complment d'ducation et une initiation
l'amour par Mme de Warens avant de gagner Paris en 1742, pensant faire carrire dans la
musique. Il mne alors une existence difficile, cherchant divers protecteurs et vivant avec
Thrse Levasseur, qui lui donnera cinq enfants, tous confis l'Assistance publique. Dans le
mme temps, il rencontre Diderot et crit des articles sur la musique pour l'Encyclopdie.
Son uvre ( structure et dcide disait Raymond Trousson) participe l'esprit des
Lumires par son rejet des rgimes autocratiques, mais il s'en distingue notamment quant
l'ide que le sicle serait un heureux sicle de fer et de progrs comme chez Voltaire : Tout
sert au luxe, au plaisir de ce monde. Oh ! le bon temps que ce sicle de fer ! , Voltaire, Le
Mondain (1726).
Rousseau entre dans l'histoire des ides avec ses brefs essais : Discours sur les sciences et les
arts (1750) et Discours sur l'origine et les fondements de l'ingalit parmi les hommes (1755),
en opposant l'tat de nature qui faisait le bonheur de l'humanit, l'tat social, source des
insatisfactions gnrales. Ayant pris le contrepied de la philosophie de Hobbes, il sait
nanmoins un retour l'origine impossible et il poursuit une rflexion sur le fonctionnement
d'une socit dmocratique base sur le Contrat social (1762) dans lequel le peuple souverain
13
organise la vie collective. Rousseau propose aussi, avec mile, ou De l'ducation (1762), une
rflexion sur l'ducation, qu'il affirme devoir s'appuyer sur la prservation des qualits
naturelles de l'enfant et assurer plutt des savoir-faire concrets que des savoirs livresques.
Dans le domaine littraire, l'apport de Jean-Jacques Rousseau est galement dterminant avec
Julie ou la Nouvelle Hlose (1761), roman par lettres sur le modle anglais du Pamla ou la
Vertu rcompense de Samuel Richardson, qui sera un des plus gros tirages du sicle en
sduisant par sa peinture prromantique du sentiment amoureux et de la nature. Les
Confessions (rdiges entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789) et Les
Rveries du promeneur solitaire (crites en 1776-1778, publies en 1782) fondent
lautobiographie ; l'auteur s'y livre une observation approfondie de ses sentiments intimes.
Ainsi l'influence de Jean-Jacques Rousseau est-elle majeure aussi bien dans le domaine de la
philosophie politique en nourrissant la rflexion sur la dmocratie que dans le domaine de la
littrature, et, au-del, dans les comportements, avec la place nouvelle faite la sensibilit, qui
s'panouira au dbut du sicle suivant avec le romantisme.
uvres
L'dition de rfrence, riche en introductions, notes et variantes, est pour l'heure, celle des
uvres compltes, Paris, Gallimard, coll. Bibliothque de la Pliade , 5 tomes, publie
sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond76 sous le patronage de la Socit
Jean-Jacques Rousseau et avec l'appui du Fonds national suisse de la recherche scientifique et
de l'tat de Genve.
On trouve l'intgrale des uvres de Rousseau sur le site rousseauonline . Il s'agirait d'une
numrisation de l'dition Du Peyrou-Moultou mais certains passages laissent penser que le
projet contient un mlange de plusieurs ditions. Il est galement important de noter que le
texte "OCRis" n'a pas encore t relu, ni corrig.
R. A. Leight (dir.), Correspondance complte de Rousseau : dition complte des lettres,
documents et index (Volumes 1-52), Voltaire foundation - University of Oxford, 343 ill., 20
474 p. (ISBN 9780729406857, prsentation en ligne)
Voltaire
Franois-Marie Arouet, dit Voltaire, n le 21 novembre 1694 Paris, ville o il est mort le 30
mai 1778 ( 83 ans), est un crivain et philosophe franais qui a marqu le xviiie sicle et qui
occupe une place particulire dans la mmoire collective franaise et internationale.
Figure emblmatique de la philosophie des Lumires, chef de file du parti philosophique, son
nom reste attach son combat contre le fanatisme religieux, quil nomme lInfme , pour
la tolrance et la libert de pense. Anticlrical et diste en dehors des religions constitues,
son objectif politique est celui dune monarchie modre et librale, claire par les
philosophes . Intellectuel engag au service de la vrit et de la justice, il prend, sur le tard,
seul et en se servant de son immense notorit, la dfense de victimes de lintolrance
religieuse et de larbitraire dans des affaires quil a rendues clbres : Jean Calas, Pierre-Paul
Sirven, chevalier de La Barre, comte de Lally.
Son uvre littraire est varie : son thtre, ses posies piques, ses uvres historiques, firent
de lui lun des crivains franais les plus clbres au xviiie sicle mais elle comprend
galement des contes et romans, les Lettres philosophiques, le Dictionnaire philosophique et
une importante correspondance, plus de 21 000 lettres retrouves.
Tout au long de sa vie, Voltaire frquente les Grands et courtise les monarques, sans
dissimuler son ddain pour le peuple, mais il est aussi en butte aux interventions du pouvoir,
qui lembastille et le contraint lexil en Angleterre ou lcart de Paris. En 1749, aprs la
mort dmilie du Chtelet, avec laquelle il a entretenu une liaison houleuse pendant quinze
ans, il part pour la cour de Prusse mais, du dans ses espoirs de jouer un grand rle auprs de
Frdric II Berlin, se brouille avec lui aprs trois ans et quitte Berlin en 1753. Il se rfugie
un peu plus tard aux Dlices, prs de Genve, avant dacqurir en 1759 un domaine Ferney,
16
sur la frontire franco-genevoise, labri des puissants. Il ne reviendra Paris quen 1778,
ovationn par le peuple aprs une absence de prs de vingt-huit ans. Il y meurt 83 ans.
Voltaire aime le confort, les plaisirs de la table et de la conversation quil considre, avec le
thtre, comme lune des formes les plus abouties de la vie en socit. Soucieux de son
aisance matrielle, qui garantit sa libert et son indpendance, il acquiert une fortune
considrable dans des oprations spculatives qui prfigurent les grandes spculations
boursires sous Louis XVI et dans la vente de ses ouvrages, ce qui lui permet de sinstaller en
1759 au chteau de Ferney et d'y vivre sur un grand pied, tenant table et porte ouvertes. Le
plerinage Ferney fait partie en 1770-1775 du priple de formation de llite europenne
claire. Investissant ses capitaux, il fait du village misrable de Ferney une petite ville
prospre. Gnreux, d'humeur gaie, il est nanmoins chicanier et parfois froce et mesquin
avec ses adversaires comme Jean-Jacques Rousseau ou Crbillon1.
Considr par la Rvolution franaise avec Jean-Jacques Rousseau, son frre ennemi
comme un prcurseur, il entre au Panthon en 1791, le deuxime aprs Mirabeau. cette
mme priode, sur l'initiative du marquis de Villette qui l'hbergeait, le quai des Thatins
o l'crivain habitait Paris au moment de sa mort sera baptis quai Voltaire . Clbr par
la IIIe Rpublique (ds 1870, Paris, un boulevard et une place portent son nom), il a nourri,
au xixe sicle, les passions antagonistes des adversaires et des dfenseurs de la lacit de
ltat et de lcole publique, et, au-del, de lesprit des Lumires.
uvres
Mmoire sur le calcul intgral (1739), premire uvre publie
Trait de dynamique (1743 puis 1758) (notice BnF no FRBNF35209593s)
17
18
L'tranger
Ltranger est un roman dAlbert Camus, paru en 1942. Il prend place dans la ttralogie que
Camus nommera cycle de labsurde qui dcrit les fondements de la philosophie
camusienne : labsurde. Cette ttralogie comprend galement lessai intitul Le Mythe de
Sisyphe ainsi que les pices de thtre Caligula et Le Malentendu. Le roman a t traduit en
quarante langues et une adaptation cinmatographique en a t ralise par Luchino Visconti
en 1967.
Rsum
Le roman met en scne un personnage-narrateur nomm Meursault, vivant Alger en Algrie
franaise. Le roman est dcoup en deux parties.
Au dbut de la premire partie, Meursault reoit un tlgramme annonant que sa mre, qu'il
a interne lhospice de Marengo vient de mourir. Il se rend en autocar lasile de vieillards,
situ prs dAlger. Veillant la morte toute la nuit, il assiste le lendemain la mise en bire et
aux funrailles, sans avoir l'attitude attendre dun fils endeuill ; le hros ne pleure pas, il ne
veut pas simuler un chagrin qu'il ne ressent pas.
Le dimanche midi, aprs un repas bien arros, Meursault, Raymond et Masson se promnent
sur la plage et croisent deux Arabes, dont le frre de la matresse de Raymond. Une bagarre
clate, au cours de laquelle Raymond est bless au visage d'un coup de couteau. Plus tard,
Meursault, seul sur la plage accable de chaleur et de soleil, rencontre nouveau lun des
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Arabes, qui, sa vue, sort un couteau. Meursault tire une fois sur l'homme sans raison
apparente , puis tire quatre autres coups de feu sur le corps.
Dans la seconde moiti du roman, Meursault est arrt et questionn. Ses propos sincres et
nafs mettent son avocat mal l'aise. Il ne manifeste aucun regret. Lors du procs, on
l'interroge davantage sur son comportement lors de l'enterrement de sa mre que sur le
meurtre. Meursault se sent exclu du procs. Il dit avoir commis son acte cause du soleil, ce
qui dclenche l'hilarit de l'audience. La sentence tombe : il est condamn la guillotine.
Meursault voit laumnier, mais quand celui-ci lui dit qu'il priera pour lui, il dclenche sa
colre.
Avant son dpart, Meursault finit par trouver la paix dans la srnit de la nuit.
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Rsum
Trois personnages se retrouvent leur mort dans une mme pice. Il s'agit de Garcin,
journaliste, Ins, employe des Postes et Estelle, une riche mondaine. Ils ne se connaissent
pas, viennent de milieux trs diffrents, ne partagent ni les mmes convictions ni les mmes
gots. Dans cette pice dbute alors un procs huis clos o chacun des trois personnages
juge et est jug sur les actes qui composent son existence. Jean-Paul Sartre nous dcrit ici
son enfer avec brio dans lequel il n'y a ni bourreau, ni d'instruments de torture physique :
l'enfer, c'est les autres . Cette phrase, qui a valu Sartre les pires accusations, explique
seulement que la vie se ressent, se peroit travers les autres ; rien ne vaut les individus
qui nous font prendre conscience de nous-mme, de la triste ralit humaine, mais qui restent
ncessaires pour se raliser. Les trois protagonistes se dbattent sans cesse pour chapper
leur situation mais l'Enfer finit par reprendre le dessus. Cette pice de thtre est en un acte
compos de cinq scnes, dont la dernire est hypertrophie.
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La Cure
La Cure est un roman dmile Zola paru en 1871. Deuxime volume de la srie Les RougonMacquart, il a pour thme la vie dbauche de Paris au Second Empire, que Zola rsume en ce
groupe binaire lor et la chair .
Trame
Le personnage principal est Aristide Rougon, dit Saccard, qui va faire une rapide fortune en
spculant sur les futurs terrains btir lpoque des grands travaux mens Paris par le
baron Haussmann.
Laction se droule Paris. Eugne Rougon a fait carrire en politique grce son soutien
Napolon III : il est ministre. Son frre Aristide commence en bas de lchelle par un modeste
emploi. Sa femme sappelle Angle. Ils ont une fille (Clotilde) et un garon (Maxime), vivant
encore chez ses grands-parents Plassans . Ils vivent dans un modeste appartement de deux
pices. Eugne aide son frre obtenir un emploi la mairie de Paris, ce qui permet ce
dernier davoir accs tous les plans des travaux dHaussmann. Sa femme meurt. Il envoie sa
fille chez Pascal, un de ses frres, et se marie, par intrt, une jeune fille nomme Rene
Braud du Chtel . Ayant pris le nom dAristide Saccard, il peut participer la cure, le
dpeage de Paris par les spculateurs, tche dont il sacquitte merveille. Il accumule
rapidement une grande fortune en achetant bas prix des immeubles entiers, dont il sait quils
seront bientt rachets prix dor par la ville, qui souhaite les dtruire afin de construire les
futurs grands boulevards de la capitale. Pourtant, Aristide a un train de vie faramineux et ne
refuse aucune dpense pour ses proches. Ayant besoin de toujours plus dargent, et alors quil
accumule les checs spculatifs, il escroque sa propre femme Rene, qui possde un important
capital immobilier, sans aucun scrupule.
Le roman comporte galement une intrigue amoureuse. Devenu veuf, Saccard a pous Rene
Braud du Chtel, dont la fortune lui avait permis de se lancer dans la spculation. Le couple
est libre, chacun des deux poux ayant de nombreux amants sans que cela gne lautre le
moins du monde. Jusquau jour o Rene, nouvelle Phdre, tombe amoureuse de Maxime, fils
que Saccard a eu de son premier mariage. La relation semi-incestueuse entre Rene et
Maxime est finalement connue de Saccard, sans que celui-ci en soit vraiment affect. Le
roman se clt sur une Rene abandonne par Maxime, dpossde de sa fortune par Aristide,
et qui sombre dans la folie avant de mourir dune mningite.
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Personnages
Aristide Rougon/Saccard : fils de Pierre et Flicit Rougon, il est le frre cadet de Eugne
Rougon, quil admire. Dj apparu dans La Fortune des Rougon, il y joue dans le premier
roman de la srie des Rougon-Macquart le rle du journaliste rpublicain de province.
Opportuniste, il change de camp au moment du coup dtat et soutient le parti de ses parents,
assistant sans intervenir au meurtre par un gendarme de son cousin, jeune insurg politique
idaliste. Aristide Rougon change de nom pour Saccard son arrive Paris, en partie pour ne
pas compromettre son frre en cas de dcouverte de ses malversations et, en partie car il y a
de largent dans ce nom l ; on dirait que lon compte les pices de cent sous1 .
Profondment cupide et fin stratge, son frre lui trouve une place lHtel de ville, ce qui lui
permet de prendre part la Cure, via des spculations relatives la vente dimmeubles et de
terrains parisiens loccasion de la ralisation des projets damnagement du baron
Haussmann. De son premier mariage avec Angle Sicardot, il a deux enfants, Clotilde et
Maxime. Aprs la mort, bienvenue, de son pouse, il se remarie par lentremise de sa sur,
Mme Sidonie, avec Rene Braud du Chtel, riche hritire qui il volera discrtement son
argent et ses biens. Devenu une grande fortune de Paris, malgr des risques srieux de
banqueroute, il survit sa seconde pouse la fin du roman, plus complice de son fils et du
rgime que jamais. Il rapparat par la suite dans L'Argent.
Rene Saccard : ne Braud du Chtel, fille dun ancien magistrat ayant dmissionn aprs le
coup dtat de Louis-Napolon Bonaparte. Alors quelle sortait dun couvent, elle est viole
par un homme de quarante ans et tombe enceinte. Elle rvle son pre sa grossesse, mais
non son viol, avec la complicit de sa tante. la recherche dun homme acceptant de se faire
passer pour le pre de lenfant, elle trouve pour jouer ce rle et lpouser, via Mme Sidonie,
Aristide Saccard. Lenfant ne voit pas le jour, Rene fait une fausse couche, permettant
Aristide de cumuler les avantages dans le monde que constituent une belle pouse, un grand
nom, une grande fortune et de belles proprits sans avoir linconvnient de les partager avec
un hritier. Personne amorale, ponctuellement dvore de remords lis son ducation de
grande bourgeoise classique, elle mne une vie de luxe insolent et de succs mondains,
cherchant satisfaire son dsir de vices et de plaisirs. larrive au foyer familial de
Maxime, elle le traite comme son enfant, rapidement comme son ami avant de former le
projet de le sduire et den faire, avec succs, son amant. Lorsque Maxime la quitte pour se
marier Louise et que son mari lui vole ses biens, elle sombre dans le chagrin, le jeu, et finit
par mourir dune mningite.
Maxime Rougon/Saccard : fils de Aristide et Angle Rougon, il passe les quinze premires
annes de sa vie Plassans lev par sa grand-mre, Flicit Rougon (La Fortune des
Rougon). Arriv Paris aprs la mort de sa mre, son physique androgyne et sa malice lui
ouvrent les faveurs des hautes bourgeoises parisiennes. Archtype de lhomme-femme,
symbole de la dcadence de la haute socit impriale, il reprsente galement le petit crev
, fils de parvenu parisien du Second Empire vivant des rentes de ses parents.
Sidonie Rougon/Saccard : sur dAristide Rougon/Saccard que tout le monde appelle Mme
Sidonie. Efface, doucereuse, vtue dune ternelle robe noire, elle dirige un commerce
douteux, jouant la fois le rle dentremetteuse et de commerante. Elle vit de lagio et de
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lembarras des autres. Ce personnage fait clairement cho celui de La Mchain, qui apparat
dans L'Argent. Comme toute la branche des Rougon, elle est anime dune soif de largent, du
gain. Elle nhsite ainsi pas un instant proposer Saccard de se marier avec Rene alors que
sa prcdente femme, Angle, agonise encore dans la chambre adjacente.
Angle Rougon/Saccard : ne Sicardot, calme et douce, folle de nourriture et de maquillage,
elle est la premire femme dAristide Rougon. Elle dcouvre le secret de la Cure lorsque son
mari, ivre, lui rvle les plans secrets du baron Haussmann. sa mort, des suites dune
maladie foudroyante, elle comprend les plans de remariage de son mari, mais semble dans son
dernier regard lui pardonner cette cruaut.
Eugne Rougon : dj apparu dans La Fortune des Rougon, il est un des proches de Napolon
III et soutient son frre Aristide tout le long de son ascension. Ministre du Second Empire, il
est le personnage principal de Son Excellence Eugne Rougon et joue galement un rle
occulte dans la conqute de Plassans.
Clotilde Rougon/Saccard : fille dAristide et Angle Rougon/Saccard, aprs la mort de sa
mre elle part vivre chez son oncle Pascal Plassans. Elle rapparat dans Le Docteur Pascal.
Louise de Mareuil : fille de bourgeois, trs riche hritire, elle est une des premires
dcouvrir linceste entre Maxime et Rene. Fiance de Maxime elle reste placide cependant et
lpouse. Atteinte dune grave maladie, bossue et pleine desprit, elle finit sa vie en Italie avec
son jeune mari dans la premire anne de son mariage.
Analyse
'La cure' est surtout une histoire quasi stendhalienne (malgr l'anachronisme) d'un parvenu,
d'un pervers, ici un affairiste 'politique' dsireux de russir tout prix, qui ne le cache gure et
y parviendra d'une curieuse et triple manire : d'une part la trahison et l'opportunisme qui vont
jusqu' la mort, y compris d'un parent en principe 'aim' (changeant de casquette lorsqu'il sent
tourner le vent en faveur de Napolon III, il le laissera fusiller sans intervenir, donnant ainsi
des gages au nouveau pouvoir qu'il a ralli in extremis), d'autre part la corruption (il spcule
ensuite sur des biens qui vont lui tre rachets dix fois le prix qu'il les a pays, usant des
informations d'un frre ministre -complice- qui connat les projets de rnovation de Paris, c'est
ce qu'on pourrait appeler de nos jours un dlit d'initi) . Il exploite enfin des 'tablis' de tous
temps, riches personnages futiles et finalement dsarms, prsents comme dcadents et nafs,
les femmes en premier. Alors que sa propre pouse, gravement malade, n'est pas encore
morte... (elle expirera opportunment peu aprs), il va mme se marier avec une jeune, belle
et riche aristocrate, unique hritire d'une fortune, malencontreusement enceinte au sortir du
couvent la suite d'un viol (par un homme plus g qu'elle de 20 ans) que son pre cherche
tout prix tablir (elle fera une fausse-couche et ce sera tout bnfice).
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Zola pointe ici la fragilit des classes dominantes englues dans des positions morales rigides,
inadquates et mortifres, dont les femmes font les frais en tout premier lieu, le pre
n'ignorant rien de ce que vaut Saccard et des raisons qui le fondent pouser Rene et
l'acceptant tout de mme, la sacrifiant ainsi pour ce qu'il croit tre l'honneur de son nom. Elle
s'tourdira ensuite par une vie futile et dispendieuse et quelques amants de la mme veine,
dans l'indiffrence d'un mari qui ne l'aime pas et auquel de telles dispositions conviennent
parfaitement. Frustration? Irrespect pour cet homme qui la dlaisse et sous des dehors
aimables, la mprise ouvertement et l'exploite ? (il a accapar tout son argent sans qu'elle n'en
sache rien mais elle nignore pas qu'il ne l'a pouse que pour le profit.) Elle tombera
follement amoureuse de son propre beau-fils, rappel de Province par son pre, un tre
comme elle (le cynisme en plus) lger, inconsistant, voguant au gr des circonstances et
totalement dpendant d'un pre qui a tout pouvoir sur lui. Un amour fou envers un hommeenfant qu'elle domine, qui ne lui semble pas dangereux ; son pre l'a marie de force avec un
homme qui l'a viole, ce dernier n'en voulant qu' sa position et sa dot. Aussi, les hommes lui
semblent des personnages redoutables. Notons que la diffrence d'ge entre son beau-fils et
elle est moindre que celle entre Rene et son mari. Maxime lui cde et ce sont quelques
instants de gaiet, de bonheur pur et enfantin.
Puis Saccard dcouvre l'adultre et, en pragmatiste, occulte sa fiert blesse... et songe s'en
servir. Coup double encore une fois car il sait tirer profit et bnfice de toutes situations,
mme les plus tragiques. Dsireux prsent de se dbarrasser d'une femme encombrante qui
risque de le dnoncer (il a besoin de toute sa dot, du reste dj investie dans ses affaires, se
trouve ce moment au creux de la vague.. et ne peut la rembourser). Il va alors utiliser son
fils pour l'atteindre, le circonvenant pour qu'il la quitte en lui faisant miroiter un riche mariage
avec une jeune fille infirme, seule issue pour le sauver de la banqueroute. Double but. Le
jeune homme rsiste.. puis cde sous la pression. Dsespre par la trahison du seul homme
qu'elle ait aim, Rene tentera de le reconqurir, en vain, et sombrera alors dans la folie. Peu
aprs, elle mourra de douleur (et d'une mningite). Maxime est mari, sa jeune pouse ne
vivra pas longtemps, la fortune de Saccard est une fois de plus sauve par les femmes et les
affaires.
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En second lieu je serai toujours sobre ; j'aurai beau tre tent par la bonne chre, par des vins
dlicieux, par la sduction de la socit ; je n'aurai qu' me reprsenter les suites des excs,
une tte pesante, un estomac embarrass, la perte de la raison, de la sant, et du temps, je ne
mangerai alors que pour le besoin ; ma sant sera toujours gale, mes ides toujours pures et
lumineuses. Tout cela est si facile, qu'il n'y a aucun mrite y parvenir.
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Ensuite, disait Memnon, il faut penser un peu ma fortune ; mes dsirs sont modrs ; mon
bien est solidement plac sur le receveur-gnral des finances de Ninive ; j'ai de quoi vivre
dans l'indpendance : c'est l le plus grand des biens. Je ne serai jamais dans la cruelle
ncessit de faire ma cour : je n'envierai personne, et personne ne m'enviera. Voil qui est
encore trs ais. J'ai des amis, continuait-il, je les conserverai, puisqu'ils n'auront rien me
disputer. Je n'aurai jamais d'humeur avec eux, ni eux avec moi ; cela est sans difficult.
Ayant fait ainsi son petit plan de sagesse dans sa chambre, Memnon mit la tte la fentre. Il
vit deux femmes qui se promenaient sous des platanes auprs de sa maison. L'une tait vieille,
et paraissait ne songer rien ; l'autre tait jeune, jolie, et semblait fort occupe. Elle soupirait,
elle pleurait, et n'en avait que plus de grces. Notre sage fut touch, non pas de la beaut de la
dame (il tait bien sr de ne pas sentir une telle faiblesse), mais de l'affliction o il la voyait. Il
descendit, il aborda la jeune Ninivienne dans le dessein de la consoler avec sagesse. Cette
belle personne lui conta, de l'air le plus naf et le plus touchant, tout le mal que lui faisait un
oncle qu'elle n'avait point ; avec quels artifices il lui avait enlev un bien qu'elle n'avait jamais
possd, et tout ce qu'elle avait craindre de sa violence. Vous me paraissez un homme de si
bon conseil, lui dit-elle, que si vous aviez la condescendance de venir jusque chez moi, et
d'examiner mes affaires, je suis sre que vous me tireriez du cruel embarras o je suis.
Memnon n'hsita pas la suivre, pour examiner sagement ses affaires, et pour lui donner un
bon conseil.
La dame afflige le mena dans une chambre parfume, et le fit asseoir avec elle poliment sur
un large sofa, o ils se tenaient tous deux les jambes croises vis--vis l'un de l'autre. La dame
parla en baissant les yeux, dont il chappait quelquefois des larmes, et qui en se relevant
rencontraient toujours les regards du sage Memnon. Ses discours taient pleins d'un
attendrissement qui redoublait toutes les fois qu'ils se regardaient. Memnon prenait ses
affaires extrmement coeur, et se sentait de moment en moment la plus grande envie
d'obliger une personne si honnte et si malheureuse. Ils cessrent insensiblement, dans la
chaleur de la conversation, d'tre vis--vis l'un de l'autre. Leurs jambes ne furent plus croises.
Memnon la conseilla de si prs, et lui donna des avis si tendres, qu'ils ne pouvaient ni l'un ni
l'autre parler d'affaires, et qu'ils ne savaient plus o ils en taient.
Comme ils en taient l, arrive l'oncle, ainsi qu'on peut bien le penser : il tait arm de la tte
aux pieds ; et la premire chose qu'il dit fut qu'il allait tuer, comme de raison, le sage Memnon
et sa nice ; la dernire qui lui chappa fut qu'il pouvait pardonner pour beaucoup d'argent.
Memnon fut oblig de donner tout ce qu'il avait. On tait heureux dans ce temps-l d'en tre
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quitte si bon march ; l'Amrique n'tait pas encore dcouverte, et les dames affliges
n'taient pas beaucoup prs si dangereuses qu'elles le sont aujourd'hui.
Memnon, honteux et dsespr, rentra chez lui : il y trouva un billet qui l'invitait dner avec
quelques uns de ses intimes amis. Si je reste seul chez moi, dit-il, j'aurai l'esprit occup de ma
triste aventure, je ne mangerai point ; je tomberai malade ; il vaut mieux aller faire avec mes
amis intimes un repas frugal. J'oublierai, dans la douceur de leur socit, la sottise que j'ai
faite ce matin. Il va au rendez-vous ; on le trouve un peu chagrin. On le fait boire pour
dissiper sa tristesse. Un peu de vin pris modrment est un remde pour l'me et pour le corps.
C'est ainsi que pense le sage Memnon ; et il s'enivre. On lui propose de jouer aprs le repas.
Un jeu rgl avec des amis est un passe-temps honnte. Il joue ; on lui gagne tout ce qu'il a
dans sa bourse, et quatre fois autant sur sa parole. Une dispute s'lve sur le jeu, on
s'chauffe : l'un de ses amis intimes lui jette la tte un cornet, et lui crve un oeil. On
rapporte chez lui le sage Memnon ivre, sans argent, et ayant un oeil de moins.
Il cuve un peu son vin ; et ds qu'il a la tte plus libre, il envoie son valet chercher de l'argent
chez le receveur-gnral des finances de Ninive pour payer ses intimes amis : on lui dit que
son dbiteur a fait le matin une banqueroute frauduleuse qui met en alarme cent familles.
Memnon, outr va la cour avec un empltre sur l'oeil et un placet la main pour demander
justice au roi contre le banqueroutier. Il rencontre dans un salon plusieurs dames qui portaient
toutes d'un air ais des cerceaux de vingt-quatre pieds de circonfrence. L'une d'elles, qui le
connaissait un peu, dit en le regardant de ct : Ah, l'horreur ! Une autre, qui le connaissait
davantage, lui dit : Bonsoir, monsieur Memnon ; mais vraiment, monsieur Memnon, je suis
fort aise de vous voir ; propos, monsieur Memnon, pourquoi avez-vous perdu un oeil ? Et
elle passa sans attendre sa rponse. Memnon se cacha dans un coin, et attendit le moment o il
pt se jeter aux pieds du monarque. Ce moment arriva. Il baisa trois fois la terre, et prsenta
son placet. Sa gracieuse majest le reut trs favorablement, et donna le mmoire un de ses
satrapes pour lui en rendre compte. Le satrape tire Memnon part, et lui dit d'un air de
hauteur, en ricanant amrement : Je vous trouve un plaisant borgne, de vous adresser au roi
plutt qu' moi, et encore plus plaisant d'oser demander justice contre un honnte
banqueroutier que j'honore de ma protection, et qui est le neveu d'une femme de chambre de
ma matresse. Abandonnez cette affaire-l, mon ami, si vous voulez conserver l'oeil qui vous
reste.
Memnon, ayant ainsi renonc le matin aux femmes, aux excs de table, au jeu, toute
querelle, et surtout la cour, avait t avant la nuit tromp et vol par une belle dame, s'tait
enivr, avait jou, avait eu une querelle, s'tait fait crever un oeil, et avait t la cour, o l'on
s'tait moqu de lui.
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Ptrifi d'tonnement et navr de douleur, il s'en retourne la mort dans le coeur. Il veut rentrer
chez lui ; il y trouve des huissiers qui dmeublaient sa maison de la part de ses cranciers. Il
reste presque vanoui sous un platane ; il y rencontre la belle dame du matin, qui se promenait
avec son cher oncle, et qui clata de rire en voyant Memnon avec son empltre. La nuit vint ;
Memnon se coucha sur de la paille auprs des murs de sa maison. La fivre le saisit ; il
s'endormit dans l'accs, et un esprit cleste lui apparut en songe.
Il tait tout resplendissant de lumire. Il avait six belles ailes, mais ni pieds, ni tte, ni queue,
et ne ressemblait rien. Qui es-tu ? lui dit Memnon. Ton bon gnie, lui rpondit l'autre.
Rends-moi donc mon oeil, ma sant, ma maison, mon bien, ma sagesse, lui dit Memnon.
Ensuite il lui conta comment il avait perdu tout cela en un jour. Voil des aventures qui ne
nous arrivent jamais dans le monde que nous habitons, dit l'esprit. Et quel monde habitez-vous
? dit l'homme afflig. Ma patrie, rpondit-il, est cinq cents millions de lieues du soleil, dans
une petite toile auprs de Sirius, que tu vois d'ici. Le beau pays ! dit Memnon : quoi ! vous
n'avez point chez vous de coquines qui trompent un pauvre homme, point d'amis intimes qui
lui gagnent son argent et qui lui crvent un oeil, point de banqueroutiers, point de satrapes qui
se moquent de vous en vous refusant justice ? Non, dit l'habitant de l'toile, rien de tout cela.
Nous ne sommes jamais tromps par les femmes, parceque nous n'en avons point ; nous ne
faisons point d'excs de table, parceque nous ne mangeons point ; nous n'avons point de
banqueroutiers, parcequ'il n'y a chez nous ni or ni argent ; on ne peut nous crever les yeux,
parceque nous n'avons point de corps la faon des vtres ; et les satrapes ne nous font jamais
d'injustice, parce que dans notre petite toile tout le monde est gal.
Memnon lui dit alors : Monseigneur, sans femme et sans dner, quoi passez-vous votre
temps ? A veiller, dit le gnie, sur les autres globes qui nous sont confis : et je viens pour te
consoler. Hlas ! reprit Memnon, que ne veniez-vous la nuit passe pour m'empcher de faire
tant de folies ? J'tais auprs d'Assan, ton frre an, dit l'tre cleste. Il est plus plaindre que
toi. Sa gracieuse majest le roi des Indes, la cour duquel il a l'honneur d'tre, lui a fait crever
les deux yeux pour une petite indiscrtion, et il est actuellement dans un cachot, les fers aux
pieds et aux mains. C'est bien la peine, dit Memnon, d'avoir un bon gnie dans une famille,
pour que de deux frres, l'un soit borgne, l'autre aveugle, l'un couch sur la paille, l'autre en
prison. Ton sort changera, reprit l'animal de l'toile. Il est vrai que tu seras toujours borgne ;
mais, cela prs, tu seras assez heureux, pourvu que tu ne fasses jamais le sot projet d'tre
parfaitement sage. C'est donc une chose laquelle il est impossible de parvenir ? s'cria
Memnon en soupirant. Aussi impossible, lui rpliqua l'autre, que d'tre parfaitement habile,
parfaitement fort, parfaitement puissant, parfaitement heureux. Nous-mmes, nous en sommes
bien loin. Il y a un globe o tout cela se trouve ; mais dans les cent mille millions de mondes
qui sont disperss dans l'tendue tout se suit par degrs. On a moins de sagesse et de plaisir
dans le second que dans le premier, moins dans le troisime que dans le second, ainsi du reste
jusqu'au dernier, o tout le monde est compltement fou. J'ai bien peur, dit Memnon, que
notre petit globe terraqu ne soit prcisment les Petites-Maisons de l'univers dont vous me
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faites l'honneur de me parler. Pas tout--fait, dit l'esprit ; mais il en approche : il faut que tout
soit en sa place. Eh mais ! dit Memnon, certains potes, certains philosophes, ont donc grand
tort de dire que tout est bien ? Ils ont grande raison, dit le philosophe de l-haut, en
considrant l'arrangement de l'univers entier. Ah ! je ne croirai cela, rpliqua le pauvre
Memnon, que quand je ne serai plus borgne.
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La Cinquime Rpublique
La Cinquime Rpublique, ou Ve Rpublique, est l'actuelle forme du rgime rpublicain en
vigueur en France. Elle succde, le 4 octobre 1958, la Quatrime Rpublique, instaure en
1946. Elle marque une rupture par rapport la tradition parlementaire de la Rpublique
franaise dans la volont de renforcer le rle du pouvoir excutif.
Elle est rgie par la Constitution du 4 octobre 1958, approuve par voie rfrendaire. Son
instigateur en est Charles de Gaulle et il en devient le premier prsident lu. Sur le plan de la
dure, la Cinquime Rpublique, qui fte ses 57 ans en 2015, est le rgime rpublicain
franais le plus stable aprs la Troisime Rpublique (1870-1940). Qualifi de rgime semiprsidentiel en vertu des pouvoirs accords au prsident de la Rpublique qui tient sa
lgitimit du suffrage universel direct, instaur par rfrendum en 1962, il a notamment
fonctionn durant trois priodes de cohabitation depuis 1986.
Mise en place
La crise de mai 1958, dclenche par le putsch d'Alger men par l'arme, conduit l'arrive au
pouvoir du gnral Charles de Gaulle.
Nomm prsident du Conseil le 1er juin 1958, il obtient du Parlement, deux jours plus tard,
l'autorisation de faire procder la rdaction d'une nouvelle Constitution. Tandis que celle de
1946 avait t prpare par une Assemble constituante lue cet effet, la Constitution de
1958 est rdige sous l'autorit du gouvernement par une quipe conduite par Michel Debr
(Garde des Sceaux et futur Premier ministre). Le projet est alors approuv par rfrendum
(82,60 % de Oui 1) le 28 septembre 1958, et devient la Constitution du 4 octobre 1958
souvent appele Constitution de la Cinquime Rpublique.
Des juristes ont argu que la mise en place de la Cinquime Rpublique s'est opre selon une
procdure non constitutionnelle et doit tre considre comme un coup d'tat : en effet, la
Quatrime Rpublique ne prvoyait pas la possibilit de modifier la Constitution par
rfrendum. Toutefois, en gnral, on considre que l'exercice du droit souverain du peuple
disposer de lui-mme , exprim pour l'occasion par voie rfrendaire, prvaut sur le texte
constitutionnel.
organisations patronales, syndicales et des associations, projet dfendu par De Gaulle dans
son discours de Bayeux en 1946. Le texte doit galement respecter le principe de la sparation
des pouvoirs et celui de la responsabilit du gouvernement devant le Parlement, trait distinctif
du rgime parlementaire. L'indpendance de l'autorit judiciaire doit tre garantie, et enfin
doivent tre organiss les rapports de la Rpublique avec les peuples qui lui sont associs .
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pas toujours sans quelques heurts (tel le refus du prsident Mitterrand de signer des
ordonnances le 14 juillet 1986).
Institutions
lection
Il est lu au suffrage universel direct depuis la rforme constitutionnelle de 1962. Depuis le
rfrendum sur le quinquennat prsidentiel demand par Jacques Chirac en l'an 2000, le
prsident de la Rpublique est lu pour cinq ans. Depuis la loi constitutionnelle du 23 juillet
2008, il ne peut exercer plus de deux mandats conscutifs. En cas de vacance du pouvoir, les
fonctions de prsident de la Rpublique franaise sont assures par le prsident du Snat, ce
qui est arriv en 1969, la suite de la dmission de Charles de Gaulle et en 1974, la mort de
Georges Pompidou, tous deux alors remplacs par Alain Poher.
Pouvoirs
L'lection du prsident de la Rpublique au Suffrage universel direct confre celui-ci une
lgitimit politique considrable. Mais de plus la Constitution attribue au prsident de la
Rpublique des pouvoirs propres qui rompent avec le rle purement honorifique qui lui tait
attribu sous la IIIe rpublique et la IVe Rpublique.
En effet, la Constitution du 4 octobre 1958 prvoit que le prsident dispose, d'une part de
pouvoirs qui sont dispenss du contreseing ministriel, et d'autre part de pouvoirs soumis
contreseing :
nommer et mettre fin aux fonctions du Premier ministre sur la prsentation par celui-ci de la
dmission du gouvernement (article 8 alina 1C),
organiser un rfrendum (article 11, C) sur proposition, du gouvernement ou, conjointe des
deux assembles,
dissoudre l'Assemble nationale (article 12),
et dans certaines circonstances dramatiques (atteinte l'intgrit du territoire national,
interruption du fonctionnement des pouvoirs publics, etc.), endosser des pouvoirs
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exceptionnels (article 16) qui crent une sorte de pouvoir d'exception temporaire (6 mois),
sous rserve que soient supposes tre remplies certaines conditions prvues par les textes
(avis du premier ministre, des prsidents de l'Assemble nationale, du Snat et du conseil
constitutionnel),
saisir le Conseil constitutionnel avant la promulgation d'une loi (Article 61, tout comme en
nommer trois de ses membres et lire son prsident, article 56).
Pour les pouvoirs soumis contreseing ministriel :
nommer et mettre fin aux fonctions des membres du gouvernements (article 8 alina 2),
promulguer la loi (article 10),
signer les dcrets et ordonnances (article 13 alina 1),
nommer aux emplois civils et militaires (article 13 alinas 2, 3 et 4),
exercer son droit de grce (article 17),
ouvrir et clore les sessions extraordinaires du parlement (article 30),
rviser la Constitution par la voie du rfrendum (article 89).
Autres pouvoirs du prsident :
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Pour ceux qui ont pu rester chez eux, l'existence est marque par la pnurie : les prlvements
effectus par l'Allemagne sur l'conomie franaise et le ralentissement des changes cause
de la guerre provoquent une baisse de la production. Les Franais manquent de denres
alimentaires, mais aussi de cuir, de papier, de charbon. Les achats se font dsormais avec des
cartes de rationnement. Le quotidien est marqu par l'attente devant les magasins, par la
rduction des rations caloriques et par le march noir.
En outre, le caractre policier du rgime de Vichy, la prsence de la Gestapo et des militaires
allemands sur le territoire limitent les liberts des Franais. La propagande est intense, les
seuls journaux autoriss sont ceux qui sont favorables au gouvernement.
Parmi la population, certaines catgories subissent plus encore la duret des annes de guerre.
Les Juifs, exclus ds 1940 de certains mtiers puis de certains lieux, soumis au port de l'toile
jaune partir de 1942, sont bientt victimes de rafles et envoys en dportation.
La Rsistance
Une minorit de Franais refuse les conditions imposes par Vichy et entre en rsistance
contre ce rgime et contre l'occupation allemande. L'acte de naissance de la Rsistance est
l'appel lanc le 18 juin 1940 par le gnral de Gaulle. Autour de lui se construit peu peu une
rsistance dite " extrieure ", car elle se forme en dehors de la mtropole, autour d'un
gouvernement provisoire en exil. Elle se dote d'une arme et d'un emblme. Elle bnficie du
soutien parfois hsitant des Allis et de celui de certaines colonies franaises, et participe de
nombreux combats en Afrique du Nord, Italie, France
Paralllement se dveloppe une rsistance dite " intrieure ", car situe sur le sol mme de la
mtropole franaise. L, rpondant l'appel de De Gaulle ou leur propre conscience, des
Franais entrent en lutte clandestine contre les Allemands. Ces hommes et ces femmes se
regroupent dans des mouvements, en zone sud et nord, pour braver la censure, couter la
BBC, diffuser des informations clandestinement, saboter les voies de communication utilises
par les Allemands, perptrer des attentats contre l'occupant. Traqus par la Milice et par la
Gestapo, 30 000 rsistants sont fusills au cours de la guerre, et 60 000 dports.
Au cours de la Guerre, Charles de Gaulle uvre au rapprochement de la rsistance extrieure
et de la rsistance intrieure. Il confie Jean Moulin le soin de cette unification. C'est chose
faite en mai 1943 avec la cration du Conseil national de la Rsistance, qui participe
activement la Libration.
GLAGOLSKI SUSTAV :
Le mode quasi-nominal (ou simplement mode nominal) est le premier mode de la
chronognse. A ce stade trs prcoce, le verbe est encore proche du plan du nom dont il peut
assumer d'ailleurs les fonctions (substantif et adjectif), d'o cette appellation.
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B. Terminaisons de l'imparfait
Les terminaisons de l'imparfait de l'indicatif sont les mmes pour tous les verbes.
Les terminaisons
1er groupe
2e groupe
3e groupe
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je / j' -ais
aimais finissais
mettais
tu
aimais finissais
mettais
-ais
il / elle / on
-ait
aimait finissait
nous
-ions aimions
vous
-iez
ils / elles
finissions
mettait
mettions
aimiez finissiez
mettiez
-aient aimaient
finissaient
mettaient
Remarque : Certains verbes peuvent s'crire avec plusieurs i successifs, ou avec un y suivi
d'un i !
Exemples : Nous criions, vous criiez, nous payions, vous payiez.
C.Les auxiliaires ont une conjugaison spcifique qu'il faut maitriser car ils permettent de
former le plus que parfait de l'indicatif de tous les autres verbes.
avais tais
il / elle / on
avait
nous
avions tions
vous
aviez tiez
ils / elles
tait
avaienttaient
Expression de lordre :
Les phrases injonctives
La phrase injonctive indique une action qui doit tre ralise par un
interlocuteur. Elle sert gnralement donner un ordre ou une interdiction,
parfois seulement un conseil ou une prire .
Elle se termine soit par un point soit par un point dexclamation selon le ton
mis par celui qui parle.
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Adverbes de temps
Aux adverbes de temps correspondent les questions sur des donnes temporelles (quand ?).
Les adverbes de temps sont : aujourd'hui, aprs, aussitt, autrefois, avant, bientt, d'abord,
dj, demain, encore, enfin, en mme temps, ensuite, hier, jadis, jamais, maintenant,
quelquefois, parfois, puis, rarement, soudain, souvent, tard, toujours, tt, tout coup, tout de
suite, etc.
Les adverbes quelquefois, parfois, autrefois ( distinguer de d'autres fois) -- comme d'ailleurs
la conjonction toutefois -- s'crivent en un seul mot.
De mme les adverbes sitt, bientt, aussitt, tantt, s'crivent en un seul mot. Ces adverbes
doivent tre distingus des locutions :
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si tt : contraire de si tard
Certains adverbes de temps sont forms comme les adverbes de manire en ment :
-
dernier : dernirement...
LINGVISTIKA:
Andr
Martinet
On entend souvent dire que le langage humain est articul (...) . Il convient toutefois de
prciser cette notion d'articulation du langage et de noter qu'elle se manifeste sur deux plans
diffrents (...).
La premire articulation est celle selon laquelle [tout message transmettre] s'analyse en une
suite d'units doues chacune d'une forme vocale et d'un sens. Si je souffre de douleurs la
tte, je puis manifester la chose par des cris. (...) Mais cela ne suffit pas en faire une
communication linguistique. Chaque cri est inanalysable et correspond l'ensemble,
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PRAGUE CERCLE DE
I. STRUCTURALISME LINGUISTIQUE
Le structuralisme, mme restreint son champ d'origine - l'analyse de la langue ne constitue
pas proprement parler une communaut de doctrine comme l'histoire de la grammaire a pu
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en connatre dans un pass proche ou plus lointain. Il se caractrise plutt par le partage d'un
ensemble de principes trs gnraux qui peuvent orienter ou inflchir les recherches dans des
directions diffrentes: attention porte au signifiant phonique, tentative pour rendre compte de
la langue en termes de pure combinatoire, rflexion sur la forme dans les phnomnes
linguistiques, prise en compte de la diversit des codes et des normes qui rglent la langue
(crit et oral)... Seule, d'ailleurs, cette orientation mthodologique et pistmologique du
structuralisme linguistique assure la continuit relle partir de F. de Saussure: le Cours de
linguistique gnrale propose une rflexion sur les conditions de possibilit les plus gnrales
d'une connaissance des langues plutt qu'une doctrine linguistique dveloppe.
Les Ecoles structuralistes en linguistique se dveloppent partir des annes 20
essentiellement Prague, Copenhague et aux Etats-unis. Genve et Paris (les deux villes o
Saussure enseigna) donnrent plutt naissance des personnalits originales, informes, mais
relativement isoles. Le point de vue structural, dans ses diffrentes versions, dominera
l'avantgarde des recherches linguistiques jusqu'au dbut des annes 60, (apparition du
gnrativisme de N. Chomsky). On pourrait schmatiser les caractristiques communes ces
coles, dans quelques principes gnraux que nous prsentons ici: - Le fonctionnement de
toute langue obit des rgles que les sujets parlants adultes mettent en oeuvre
individuellement sans connatre explicitement le systme dont elles relvent. La description
de ce systme (ainsi que la dtermination des diffrents niveaux de l'analyse linguistique
(phonme, morphme ou monme, syntagme, phrase...) incombe au linguiste dans une
perspective dlibrment non-normative et constructiviste (la langue est l'objet d'une
reconstruction partir des donnes individuelles de la parole des sujets). Dans le
structuralisme amricain, par exemple, le travail sur corpus (chantillon de langue constitu
d'noncs oraux ou crits) va devenir un enjeu de la thorie du langage et de ses mthodes.
L'orientation synchronique du structuralisme (on tudie un tat de langue et non le devenir
d'une langue, son volution diachronique) dcoule de ce premier principe: les sujets parlants
ignorent les lois d'volution de la langue qu'ils parlent: ils obissent des contraintes de
structure. Ce principe mthodologique implique son tour un choix fondamental: ce sont des
noncs qu'il s'agit de rendre compte, et non de la situation de communication ou de
l'intention de l'metteur. L'ide de structure implique bien, de ce point de vue, qu'on travaille
sur un ensemble clos de donnes: certains linguistes parlent ce sujet de texte, dont le modle
explicatif devrait pouvoir rendre compte de manire exhaustive, en ce qui concerne tant la
structuration du signifiant que celle du signifi. Par rapport ce texte, les intentions du sujet
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parlant et les conditions concrtes de l'nonciation chappent l'analyse structurale qui, sans
en dnier l'existence, en laisse la charge aux disciplines connexes: sociologie,
pychosociologie, psychanalyse, anthropologie... Si toutefois R. Jakobson, E. Benveniste, Ch.
Bally tudient certains aspects du procs de l'nonciation, c'est uniquement dans la mesure o
le code linguistique (dans le systme des pronoms, des embrayeurs, du systme verbal, des
modalisateurs...) porte la trace systmatique et manifeste, objective, de la subjectivit des
locuteurs. L encore, ce n'est donc pas la subjectivit toute puissante, infiniment variable dans
ses manifestations discursives, qui les intresse, mais plutt la subjectivation contrainte par le
jeu des rgles systmatiques de la langue. - La dfinition du signe arbitraire comme unit
indissociable du signifiant et du signifi implique non seulement la forclusion du rfrent (le
linguiste n'a pas affaire une ralit extrieure la langue, ou aux tats mentaux des
locuteurs), mais une conception du sens comme pur effet de structure, et une conception de la
forme comme antrieure tout contenu. Si le structuralisme place le signe au coeur de ses
constructions thoriques, c'est donc dans une perspective explicitement non-substantialiste,
qui suppose une rflexion renouvele sur l'identit d'units linguistiques purement
iffrentielle et oppositive. Le signe n'est signe que pour un autre signe, dans un faisceau de
relations qui lui confrent sa valeur: Les Ecoles structuralistes interprtent, modulent,
explicitent et discutent l un thme fondamental de Saussure: la langue est une forme et non
une substance. Il rsulte de cet axiome une certaine incommensurabilit entre les langues, et
le structuralisme est en ce sens un relativisme linguistique qui ne reconnat pas d'universaux
linguistiques, mme s'il peut en chercher dans l'axiomatique de leur description (c'est le cas de
la Glossmatique). L'incommensurabilit des codes est l'affirmation - dont le statut
pistmologique varie d'une thorie l'autre (fait empirique, dcision thorique, culturalisme,
postulation de type logique...) - qu'il n'existe pas de langue neutre, de langue-talon,
susceptible de rendre possible une transposition sans reste d'une langue l'autre. Dans le
structuralisme amricain cette thse est discute partir de l'affirmation par B. L. Whorf et E.
Sapir selon laquelle la langue est une conception du monde, et elle nourrit de nombreux
dbats sur les limites de la traductibilit - La langue est un fait social (et non un organisme
vivant). Elle est une manation de la communaut sociale, de son histoire, et elle contribue
la fonder en retour en tant que communaut parlante: elle constitue comme linfrastructure de
la culture. Dans des styles pistmologiques diffrents, Benveniste et Jakobson insistent
particulirement sur ce point, et contribuent de cette manire aux extrapolations extralinguistiques du structuralisme gnralis (non linguistique) qui se manifestent en
anthropologie et sociologie, dans la smiologie et les thories du texte littraire. Ces principes
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Lhistoire du franais
Le franais porte mal son nom, qui vient du peuple germain qutaient les Francs Or notre
langue n'est pas germanique, elle est romane, c'est--dire d'origine latine, et ce n'est que plus
tard qu'elle subit l'influence des Francs. De plus, on a souvent tendance faire remonter notre
langue au gaulois, langue celtique, ce qui est une erreur.
Le gaulois est une langue celtique, qui appartient la grande famille des langues indoeuropennes.
Environs 6 mille ans avant notre re, des populations parlant des langues dites indoeuropennes, occupaient les rgions du Caucase et de la mer Noire : une partie de ces
populations s'est dirige plus tard vers l'Inde, tandis que l'autre dferlait sur presque la totalit
de l'Europe et engendrait cinq grands courants de langues (hellnistique, germanique, slave,
romane et celtique ). C'est ainsi que les Celtes, nos Gaulois, sont arrivs dans la rgion qui
allait devenir la Gaule au cours du premier millnaire avant JC.
Le gaulois va donc partir de -800 se mler aux parlers locaux voqus plus haut. Mais
la pntration gauloise tait plutt superficielle et ingale, et cohabitait avec ces langues nonindo-europennes. De mme, ne subsiste aujourd'hui de la langue gauloise que quelques
dizaines de termes, ruraux en gnral, comme charrue, chne, glaner, sillon, ).
Quoi qu'il en soit, vers 120 avant JC, avait commenc la conqute romaine de la Gaule.
En un peu plus d'un demi-sicle, l'ensemble de la Gaule tait dans l'orbite romaine et les
Gallo-romains abandonneront finalement leur langue celtique en faveur du latin. Ils se mirent
parler latin leur faon, avec leur accent, leur prononciation. Ainsi, dans leur bouche,
"auguste" par exemple, devint agosto, puis aosto, aoust et enfin aot.
Il est difficile de dterminer avec exactitude la "date de naissance" du franais car les
premiers textes en franais sont rares. Le plus clbre est celui des "Serments de Strasbourg",
sign en 842 par les petits-fils de Charlemagne, (voir extrait ci-dessous ), qui est considr
comme le premier document officiel de la langue franaise; une langue encore bien loin de
celle que l'on parle actuellement !
On peut galement citer la "Squence de sainte Eulalie", suite de 29 vers qui raconte la vie
exemplaire d'une jeune fille martyrise au IVe sicle. Dans ce texte en ancien franais crit au
IXe sicle, on reconnat dj mieux notre langue contemporaine.
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Cependant, malgr ces premiers textes, il serait abusif de parler de LA langue franaise
cette poque. Le latin ressass par des bouches diffrentes avait fini par prendre des formes
aussi diffrentes dans chaque rgion. Ce morcellement en dialectes divers fut d'autant plus
facilit par le systme fodal et le cantonnement autour de la terre du seigneur. On distingue
ainsi cette poque trois principaux dialectes :
-la langue d'oc (dans laquelle oui se dit "oc" ) avec un parler plus proche du latin.
-la langue d'ol (o oui se dit "ol" ) influenc par les langues germaniques.
-le franco-provenal (parler de type occitan qui se rapproche de la langue d'oc)
-et de nombreux parlers plus rgionaux : basque, catalan, breton, flamand, alsacien,
6. L'affirmation du franais
Ds la fin du XIIe, la "langue du roi", c'est--dire le parler de la cour et d'Ile de France, est
mieux reconnue, et elle devient une langue de prestige largissant ainsi son domaine.
C'est partir de la Renaissance, quatre sicles plus tard, que la question de la fixation de
la "langue du roi" se pose fortement. Dans le domaine de la vie pratique, le franais
remplacera dsormais le latin dans tous les documents administratifs, partir de 1539, date
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En effet, le langage patoisant et populaire a l'orthographe fantaisiste est encore aux portes de
Paris; en voici un exemple:
Piarot:"Le cardinal est py qu'anrag conte l Parisian a cause qui l'avon confrisqu sn'office.
Le cardinal est plus qu'enrag contre les Parisiens qui lui ont confisqu son office.
Janin : H queul office avety?
H quel office avait-il?
Piarot: Je nan say par ma fy rian"
Je n'en sais ma foi rien
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9. Le franais contemporain
Au XXe sicle, c'est encore le franais, c'est--dire la langue commune, qui bnficiera des
nouvelles techniques, permettant une plus large diffusion, (la T.S.F., la radio, la tlvision,).
Ceci a nettement contribu l'uniformisation de la langue, tant au niveau du vocabulaire,
qu'au niveau de la prononciation qui tend devenir plus neutre, et dlaissant peu peu les
parlers rgionaux. Peut-on ainsi aller jusqu' dire que le franais perd lentement sa richesse?
En conclusion, on peut dire que le franais est la plus germanique des langues romanes.
Son histoire est celle de l'volution du latin parl en Gaule et de son enrichissement constant,
apport avec le temps au contact des langues voisines.
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