Napoleon III Histoire de Jule SC
Napoleon III Histoire de Jule SC
Napoleon III Histoire de Jule SC
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UNIVERSITY OF CALIFORNIA
AT LOS ANGELES
m$g
s~&2^.
Z.
..
$&**
HISTOIRE
DE JULES
HISTOIRE
JULES CfiSAE
PAB
S.
M.
K NAPOLEON
III,
TOME PREMIER.
D.
NEW-YORK:
APPLETON ET C" LIBRAIRES-E~DITEURS.
5-
443
ET
445
BROADWAY.
MDCCCLXV.
Stack
Annex
K\
PREFACE.
La
la religion.
dme
juste, la haine
de ce qui
amour du beau
et
aux progres de
1'bu-
du
manite.
certaines conditions.
1'
fait obstacle
faits soient
lea
reproduits
changements
poli-
1'attrait
ne detourne pas
1' attention
bommes
publics
fasse
1'ecrivain
1'bistoire
comme
nous presente
les differentes
PREFACE.
donner
la demonstration scientifique.
il
transformation des
comme
le
societe"s.
Mais, en ecrivant
a la verite?
doit,
du
I'histoire,
quel est le
de
du a une grande
un
moyen
cause, jamais a
la
d'arriver
logique.
une petite
autrement
dit,
si elle
"
:
Ce
effet.
L'etin-
II
ya
dans chaque
"
une seule
avec
bataille;
en un mot,
"particuliereQ."
(')
Montesquieu, Grandeur
et
xvm.
PREFACE.
Si,
sortis
grands
les
et des
se constituant
la
Repu-
que
De meme
satisfaits
les
evene-
meme
il
que
la logique
la
preuve de sa bonte,
d'un
homme
La
faisait la force
qui
et
faisait
de
1'institution,
agir 1'homme.
comme
En
1'idee
predominante
glorifiant ainsi ce
Ce
de 1'organi-
PEEFACE.
de
grand empire, mais 1'examen approfondi
institutions;
ce n'est pas
homme
1'esprit
de ses
le secret
mobiles
non plus
si
Lorsque des
faits
extraordinaires
attestent
un genie
mediocrite
la
1'histoire
comme
a 1'hu-
Trop
et
et sur
nous serons
a leur hauteur, en
s'elever,
aux pieds
ses
d'abaisser les
inspi-
par
utilite.
justes.
une incontestable
corrompue par
Eome
dechiree
des
un pouvoir
PREFACE.
stable et plus juste
plus
au
lieu,
de tracer ce
dis-je,
meditant deja
le
s'il
se lie avec
Pompee,
s'il
voues a
a Sylla,
s'il
c'est
1'efFet
par
S'il resiste
pouvoir supreme.
est
ses projets
s'il
(')
traverse la
ou des
pour
soldats de-
mer pour
porter les
( ),
c'est
pour y cbercber
Bretagne
nemis de
( ).
Si,
1'Italie
pour
il
sa nature et qu'en
campagne
s'il
tete
cbauve
combles de
roi
( )-;
si,
enfin,
il
comme
s'il
n' etait
( )
2
( )
" Cesar
r6solut de passer dans la Bretagne, dont
pour cacber sa
les guerres,
les
peoples avaient,
( )
Appien, Guerres
civiles, I,
PREFACE.
10
que pour
la poste"rite plus
Suetone et Plutarque,
la
effet, le
Depuis
plus nobles.
les
telles
A 1'empire de ses
les rois
sa
mort ou de sa
defaite.
que durant sa
de
s'ecrier
vie.
son sys-
" Toutes
les actions de Cesar, ses ecrits, ses
il
suffi
monde
assez le
but que je
Ce but
obeit.
est
me
propose
de prouver que,
Charlemagne, Napole'on,
c'est
de plusieurs
comprennent
et
Heureux
siecles.
et les suivent
(')
leur Messie;
ils
les
Us
font
comme
les
mecon-
sont aveugles et
coupables
x.
PREFACE.
aveugles, car
ils
11
efforts
coupables, car
et feconde application.
En
effet,
Sainte-Helene, n'ont
pu
deux causes
de la
dans
liberte.
les
le
du masque
Ne"ron et de Caligula.
il
n'a pas
Rome
empeche
il
de
ressusciter, et,
grandes
questions
resolues,
satisfactions legitimes
Empire
des
passions
apaisees, des
Aussi se
pour que
"
puisse se realiser
que je
"
!
mars 1862.
NAPOLEON.
(')
En
effet,
que
d'agitations,
de guerres
civiles et
Italic,
de revolutions en Europe
en Pologne, en Belgique, en
LITRE
PREMIER.
CHAPITRE PREMIER.
EOME SOUS LES
EOI8.
J^'^
interrompue
leshistoires,
)."
auxquelles
Rome
exploits.
La
Rome
etait
ville avait
(')
Grandeur
devenue l'tat
le
plus puissant
et,
a sa
du Latium.
14:
un mur d'enceinte
et a l'exte"rieur par
protege" a llnterieur
un
1'on
poli-
ne
le
supposerait
( ).
XLIV.
en
de la
du rempart qui s'etendait entre la porte Esquiline
t
la porte
"
Colline
Rome est nmnie d'un fosse profond dc trente pieds, et large de
Tite-Live,
(')
I,
d'Halicarnasse
Denys
dit
parlant
partie
oii
il
1'est
le
moins.
Au-dessus de ce fosse
et large terrasse,
par la sape."
de sorte
qu'il
(Antiquitis ro-
et si,
le
d'Halicarnasse, IV,
(')
4
( )
qu'il contenait."
(Aulu-GeUe, H,
xm.
Denys
xm.)
allies
LIVKE
I,
CHAPITKE
I.
EOIS.
15
nom
de
clients, soit
Denys d'Halicarnasse pretend m6me que Roexige que chacun de ces derniers se choisit un
des plebeiens.
mulus avait
patron
guer au
Les
(').
del^l
et appele aujourd'hui
par
les
situe
champs
au nord et
et faisaient
vis-a-vis
de Carthage,
Les
"
robe bordee de pourpre, mais seulement ceux dont les peres avaient exerce une
dignite curule ; les autres avaient simplement la pretexte, encore fallait-il que
leurs peres eussent servi le
la cavalerie."
(Macrobe, Satur-
nalcs, I, vi.)
2
"
d'Halicarnasse,
(*)
II,
LXXVI.)
Denys d'Halicarnasse,
II, ix.
TEMPS ANTEBIErjES A
16
famille
partie de la
(').
une
fidelite inviolable
ils
ne
Get etat de
voir se sSparer dans une question politique.
choses avait quelque analogic avec la feodalite ; les grands
la protection par
protegeaient les petits, et les petits payaient
des redevances et des services ; toutefois, il existait une difference essentielle les clients n'etaient pas des serfs, mais des
:
hommes
libres.
constitutifs
de leur conduite.
Nommes alors affranchis, ils entraient
dans la client61e du patron, sans participer & tous les droits
de citoyen ( ).
l
La gens
se
un grand nombre
Je clients, d'affrancnis et d'esclaves. Pour
donner une idee de 1'importance des gentes dans les premiers
de Rome, il suffit de rappeler que, vers 1'an 251, un
certain Attus Clausus,
appele depuis Appius Claudius, Sabin
de la ville de Regille, aussi
distingue, dit Denys d'Halicarsiecles
vint se
rmgier chez
les
que par
Romains avec
"
(')
Agrorum partes attribucrant tenuioribus."
246, ^d. 0. Miiller.)
(*)
(')
1'objet
ses
grandes richesses,
de savantes recherches
mot
Patres, p.
LIVKE
I,
CHAPITEE
I.
17
KOIS.
hommes en
nom depopulus
('),
comme celui
reunion d'hommes
terets
lies
(').
organisation
tion, a la
ages
le
( )
( )
s
( )
4
Tite-Live,
n,
Tite-Live, H, xvi.
Denys d'Halicarnasse, IX, XT.
XLTIII.
( )
(')
"On
appelait decret
la
de
(Voyez Festus, au mot Scitum populi, p. 330.) En parlant des
tribuns, Tite-Live met dans la bouche d'Appius Claudius les paroles suivantes
" Non enim
populi, sed plebis, cum magistratum esse."
(Tite-Live, II,
la
plebe."
"
( )
LVI.)
La plebe
?enateur ni patricien."
C)
"
De
la
Republique,
I,
xxr.)
utilitatis
communione
sociatus."
18
Le
roi, 61u
commandait
1'armee.
II
Republique.
avait
un habit de pourpre, et
pour insignes une couronne d'or,
avait pour escorte vingt-quatre licteurs ('), portant les uns
des baches entourees de verges, les autres de simples ver4
la mort du roi, un magistrat appele interroi etait
ges
( ).
nomme
par
le
se conserva, avec le raeme titre, sous la republique consulorsque 1'absence des consuls empechait de tenir les co-
laire,
rnices.
Le
"
s6nat,
illustres,
( )
Tullum
legem
de
imperio
suo curiatam
tulit."
(Ciceron,
De
la Hepubligue, II,
xin-xxi.)
"
Les pr6de*cesseurs de Servius Tullius eVoquaient toutes les causes a
(')
leur tribunal et pronon9aient comme ils 1'entendaient sur toutes les contesta-
ou les particuliers.
Pour lui, il separa ces deux
ne se reservant que la connaissance des affaires ou 1'Etat etait interesse, il abandonna a d'autres juges les causes des particuliers, avec ordre
neanmoins de regler leurs jugements sur les lois qu'il avait portees." (Denys
choses,
et,
baches
4
" Les
consuls, comme les anciens rois, ont douze licteurs portant des
et douze licteurs portant des
verges."
(Appien, Guerres de Syrie, sv.)
"
le reste
desa
d'ivoire, et
vie,
une
son trone
;
lorsqu'il rendait la justice ou qu'il marchait par la ville, il
precede de douze licteurs qui portaient des baches entourees de verges.
(Denys ne compte pas les douze autres licteurs ne portant que des verges.) Apres
que les rois eurent e*te chasses deRome, les consuls annuels continuerent a s'eu
servir, except^ de la couronne et de la robe a liseres de pourpre.
On leur ota
e"tait
LIVKE
I,
CHAPITKE
I.
19
KOI8.
('),
trois tribus.
devait, sous
Chacune,
Romulus, fournir
chaque curie
mille
trois
d'abord
etait
un
curion.
fantassins
la legion.
et
Les
cents
trois
cavaliers,
formerent
un
certain
nombre de gen-
tes,
religieuses,
(*)
d'Halicarnasse,
vn.
II,
nombre de
en envoyaient
trois
en
chacune a 1'armee."
(Van-on,
De
la
et
des Titles
Langue latine, V,
81,
Denys d'Halicarnasse,
du mot curie.
(")
II,
facjons 1'origine
la ville
XXXY.
On
le fait
On
venir du
il
;"
Et,
comme
le
la curie etait
qu'on
ait
rere 477-480:
Sive quod hasta curis priscis est dicta Sabinis,
Bellicus a telo venit in astra Deus :
Sive BUO reel
nomen posuere
Quirites
ille
Cores.
20
nommait
abrogeait les
(')
on decidait de
lois
ou de la guerre ; on
on confirmait ou Ton
la paix
magistrats de la ville
les
( ).
8
infirmer les jugements
( ), qui pouvait
des magistrats, n'etait autre chose que 1'appel aux curies, et
c'est en y recourant, apres avoir e"te condamne par les duum-
L'appel au peuple
virs,
que
le
La
Pour obtenir
verses classes.
le
premier resultat,
ils
divise-
de
('),
et ils
De
cette
(')
Tito-Live,
(")
Denys d'Halicarnasse,
(')
I,
II,
(CiceVon,
(*)
Plutarque,
"
Numa, xvn.
De
meme
la
sous lea
Rejmllique,
rois,
II,
comme
le
montrent
les
xxxi.)
XXXIV,
r.
Servius Tullius ne se
(')
reglait plus comme autrefois d'apres 1'ordre ancicn des trois tribus
distingu^es par origine, mais d'aprSs celui des quatre
tribus nouvelles qu'U avait (Stabiles
par quartiers." (Denys d'Halicarnasse,
IV, xiv.)
(')
7
( )
Tite-Live,
I,
xxxv.
LIVKE
I,
CHAPITKE
I.
21
EOIS.
plus riches le fardeau de la guerre ('), ce qui etait juste, chacun s'equipant et s'entretenant a ses frais. La classification
des citoyens n'eut plus lieu par castes, mais d'apres la fortune
Patriciens et plebeiens furent mis sur le memo rang si leur
L'influence des plus riches predomina,
etait egal.
sans doute, mais en proportion des sacrifices qu'on exigeait
d'eux.
revenu
Servius Tullius ordonna un recensement general de la population, dans lequel tout le monde devait declarer son age,
sa fortune, le nom de sa tribu, celui de son pere, le nombre
de ses enfants et de ses esclaves. Cette operation fut appelee cens
(').
Le recensement
('),
une
et,
fois
( ).
Le
charges de l'tat.
fait
Pornement de
Live,
I,
( )
(*)
Rome pendant
la paix et sa force
pendant la guerre."
(Tite-
XLII.)
Denys
"
Lorsque Servius Tullius eut acheve le recensement, il ordonna a tous
de se reunir en armes dans la plus grande des plaines situ^es pros
les citoyens
de
la ville, et,
langes, et les
ayant range* les cavaliers par cscadrons, les fantassuis en phahommes armes a la legere dans leurs ordres respectifs, il les
soumit a une lustration par 1'immolation d'un taureau, d'un beh'er et d'un bouc.
II ordonna que les victimes fussent
promenees alentour de Parmee, apres quoi
il sacrifia a
Mars, auquel ce champ est de'die'. Depuis cette e"poque jusqu'a
present, les
Remains ont
ce qu'ils
nomment
lustre.
22
(')
et
en cent
la fortune de chacun, en
quatre-vingt-treize centuries, d'apres
les plus riches et en finissant par les plus
commenpant par
pauvres.
centuries,
quatrieme, vingt-deux
la
troisieme, vingt
la cinquieme,
ries,
te"te,
mais
la majorite des
les curies, le
vote
qu'il
suffisait
donna, d'apres ce qui est e*crit dans les tables du cens, 85,000 hommes, moins
300." (Denys d'Halicarnasse,
IV, TTTT.)
"
Ce bon ordre du gouvernement
(')
(sous Servius Tullius) s'est maintenu
chez les Remains pendant
plusieurs siecles, mais de nos jours il a ete" change,
la
force
des choses, a fait place a un
et, par
systeme
d^mocratique. Ce
plus
les votants
1'ai
XXI.)
"
xn.)
Tite-Live,
I,
XLIIL
LIVKE
CHAPITRE
I,
I.
EOI8.
23
danger
(*).
commencait
la vieillesse."
(Aulu-Gelle, X,
xxvm.
Denys d'Halicarnasse,
rv, xvi.)
J
ne depassait pas
le
incorporait dans
1'Etat
leur
nom
moins humiliant,
temps
difficiles, la
la hate, et
on
les equipait
aux
frais
de
24:
on pourrait ajouter,
personnes des deux sexes, auxquelles
suivant des conjectures, d'ailleurs assez vagues, quinze mille
marchands ou indigents
artisans,
prive's
du
droit de citoyen,
de 1'election des
le
nombre ne com-
prend que lea citoyens en e"tat de porter les armes." (Tite-Live, I, XLIV.)
de la population fournis par les anciens historiens ont
(') Les recensements
Les chiffres donnes de*signaiemVils tous les
ete diversement expliques.
citoyens,
ou seulement
Page de puberte
les chefs
A mon avis,
Denys d'Halicar-
nasse et Plutarque, s'appliquent a tous les hommes en e'tat de porter les armes,
c'est-a-dire, suivant 1'organisation de Servius Tullius, a ceux de dix-sept a
soixante ans.
Au-dessous de dix-sept ans, on e'tait trop jeuue pour compter dans 1'Etat ; audcssus de soixante, on etait trop vieux.
On
sait
que
les vieillards
qu'il fallait
mot
Cice"ron,
Sexaffenarius, p.
834.
(Festus,
au
xxxv.)
80,000
hommes en
e"tat
de porter
les
145,000 hommes, et, pour les deux sexes, en les supposant egaux en
nombre, 290,000 ames. En efiet, en France, sur 100 habitants, il y en a 35
n'ayant pas depasse 1'age de dix-sept ans, 55 age's de dix-sept a soixante ans,
soit
et
le reste
de
la
lation totale
lea
et
= 320,000
il
4 x 80,000
triple
ames,
et,
chiffre,
esclaves
et les
artisans.
Quelle que soit la proportion admise entre ces deux dernieres classes,
quo les esclaves Etaient alors peu nombreux.
rdsultera toujours
U en
LIVKE
CHAPITKE
I,
I.
KOIS.
25
nombre de
lois favo-
clientele
(').
La religion.
, v
,
a
,
de la vie pubhque ou privee, on imun caract6re sacrc. Alnsi se trouvaient sous
.
dans
les actes
primait a tout
la
tudes
('),
les limites
la ville
meme
( )
2
( )
parts,
champ de
teur de la legion
J
ci-
importants de
Au foyer domes-
les faits
( ).
Par
espace qu'il etait interdit de cultiver. Tout cet espace ou il n'etait permis ni
d'habiter, ni de labourer, au dela ou en de9a du mur, les Remains lui donnerent
le
nom
de Pomcerium.
reculait le rempart,
(Tite-Live,
3
( )
"
I,
XLIV.)
Fonde sur
le
( )
dieux."
qu'ils
regardent
comme
26
un jour
la maltresse
de
mais
Rome
devien-
d'unepart, le
contribuait a adoucir les
1'Italie (')
si,
une foule de
cas,
" De
la 1'interpretation
du
nom donne
Rome
au Capitole
humaine
les
en creusant
les fon-
LXI.)
"
(*)
Ce recours aux
du culte
firent oublier
Vive,
que
que
la
bonne
foi,
Tite-Live,
I,
que
la
fide"lit
des cbMments."
(Tite-Live, I
Rome
plus
xxi.)
XLV.
(Tite-Live,
(*)
I,
xxxvi.)
"Numa
LIVKE
I,
CHATITRE
I.
27
EOIS.
les citoyens
En
que
conformement aux
rites traditionnels
deciet
au
ceremonies se
( ),
surveillaient
le
peuple
(").
Apres
( ),
les vestales,
chargees d'entretenir
(Tite-Live,
(")
3
( )
V,
LII,
Discours de Camille;
VI, XLI.)
les
qui concernait les fune"railles, les moyens d'apaiser les manes, de distinguer,
entre les prodiges annonces par la foudre et d'autres phenomenes, ceux qui exigeaient une expiation."
(Tite-Live, I, xx.)
4
"
Le grand pontife remplit les fonctions d'interprete et de devin ou
( )
(Plutarque,
Numa,
XII.)
B
( )
Numa
Denys
( )
Denys d'Halicarnasse,
II,
LXIV.
(Tite-Live,
I,
six.
Plutarque,
il
Numa,
TEMPS AOTEBIEUBS
28
nommes
sacres,
CESAB.
i.
(*),
institutes
Tel etait
Les
( ).
Ds
),
destines
vertus
( ),
les
feciales vient de ce
car c'est par leur intervention que la guerre entreprise prenait le caractere d'une guerre juste, et que,
la guerre une fois terminee, la paix recevait d'un traite sa garantie.
Avant
qu'ils pr^sidaient
foi
c' etait
(Denys d'Halicarnasse,
institues par
Numa,
le
plus doux
d' examiner si
aux/ecfaZe*
II,
LXXII.)
pour etre
les gardiena
de la paix, les juges et les arbitres des motifs legitimes qu'on avait d'entreprendre
la guerre.
( )
"
61ev6s par
Numa."
la chastete
(Denys d'Halicarnasse,
II,
LXV
temple a
et LXXV.)
la
Foi publique,
LIVKE
autres Putilite
dieux
CHAPITKE
I,
I.
d'autres
('),
reconnaissance
la
29
EOIS.
envers
les
(').
ans
(')
petits 3tats
hommes aussi eclaires, des citoyens aussi courageux, mais il n'existait certainement pas chez eux, au me'me
peut-etre des
(')
la fete
II,
en 1'honneur de Pales,
les
LXXIT.)
"
Apres avoir fait ces choses dans la paix et dans la guerre, Servius
Tullius fit batir deux temples a la Fortune, qui semblait lui avoir te favorable
pendant toute sa vie, Pun dans le marcb.6 aux boeufs, 1'autre HUT le bord du
C)
e"
Tibre, et
chez
il
lui
donna
le
surnom de
virile, qu'elle
a conserve jusqu'aujourd'hui
les
(")
Numa
la
la
bataille
(Tite-Live,
I,
moins ce temple
1'avait ete
( )
Nous employons a
Ce
dessein le
nom
mot
1'Etat,
sous
les rois
comme
faire
une
"
On
(Cic6ron,
De
la
RepuUique,
II,
xxi.)
30
la foi
La
societe romaine etait fondee sur le respect de la fade la religion, de la propriete ; le gouvernement, sur
1' election
la politique, sur la conquete.
la tete de l'tat
est une aristocratie puissante, avide de gloire, mais, comme
toutes les aristocraties, impatiente de la royaute, dedaigneuse
de la multitude. Les rois s'eflbrcent de creer un peuple a cote
mille,
de
de
la
femme
elle entre
dans sa maison, elle a le droit d'acquerir, et partage egalement avec ses freres 1'heritage paternel (*).
La base de 1'impot est la base du recrutement et des droit s
politiques
il
il
n'y a de
pour voter,
les
Romains
champ de
bataille,
xxv.)
(*)
famille
Denys
" Des
Porigine,
dit
Mommsen,
la
romaine pr^sentait, par 1'ordre moral qui regnait entre ses membres et
romaine, 2e
edit. I, p. 54.)
(Hi*-
LIVKE
I,
CHAPITKE
I.
BOMB
31
est content!
sont, a differents degres, immediatement associes a la commune fortune ('), et maintcnus dans 1'obeissance par des colonies, postes
(').
a
( )
si
nombre des
torit6,
droit de cite."
(?)
HONOR UM).
Ire p^riode
CCEKINA (Sabine).
1-244.
Inconnue.
Reoolonisee
32
Les
arts,
les rites
tous les
recompense.
citoyens, pour une faiblesse devant 1'ennemi ou pour une
infraction a la discipline (*), les verges .ou la hache du licteur; a tous, pour une belle action, les couronnes honorichatinient
et
la
humaines,
le
fiques
(')
le
triomphe
et les de-
( )
mont Palatin
et le
iieges converts."
2
( )
Tite-Live,
avaient pris la
il
le
premier qui
(Denys d'Halicarnasse,
XLIT.
I,
"
Aussitot
fit
le
mont Aventin
III, LXVIII.)
les
dont
centurions
les
centuries
fuite, et les
condamnes a mort
Quant au
le baton.
fut le
tomba
le sort fut
fit
decimer
de chaque
pour
IX,
L.)
3
Romulus, xx.)
4
"Les6nat
( )
et le peuple decernerent
au
roi
Tarquin
les
(Plutarque,
honneurs du
le
grand
il
n'y a aucune
diffe-
LIVEE
CHAPITEE
I,
I.
33
EOIS.
Pour
opimes (') aux grands hommes, 1'apotheose.
les morts et pour se delasser des luttes sanglantes,
les citoyens courent aux jeux du cirque, ou la hierarchic
donne a chacun son rang (*).
Ainsi Rome, arrivee au troisieme siecle de son existence,
se trouve constitute par -les rois avec tous les germes de
grandeur qui se developperont dans la suite. L'homme a
pouilles
honorer
( )
Jupiter Feretrien
"
les
les
hommes.
les
offirir
ce prince.
au
memo
un combat ou
il
commandait
"
On ne
il
" Le
Jupiter Feretrien.
meme
il
fit
hommage
ennemis, leur firent mordre la poussiere mais, comme ils avaient combattu
sous les auspices d'un chef superieur, ils ne vinrent pas faire ofFrande de leurs
;
d6pouilles a Jupiter."
n,
3, 4, 5, 6.)
2
"
( )
Tarquin partagea les si6ges (du grand cirque) entre les trente curies,
assignant a chacune la place qui lui appartenait."
(Denys d'Halicarnasse, III,
" C'est alors
(apres la guerre centre les Latins) qu'on choisit 1'emLXVIII.)
placement qu'on appelle aujourd'hui le grand cirque. On y designa des places
(Tite-Live,
I,
xxxv.)
CHAPITRE DEUXIEME.
TABLIS8EMENT DE LA KfiPUBLIQUE CONSULAIEE.
(De 244 a 416.)
Ils disparaissent
I. Les rois sont expulses de Rome.
parce que leur mission est accomplie. II existe, on le dirait,
dans 1'ordre moral ainsi que dans 1'ordre physique,
ime ** suP r ^ me
comme
fiqne.
complots, les revokes, tout echoue contre la force irresistible qui maintient ce qu'on voudrait renverser ; mais si, au
les
peuvent
(')
un de
ses
en portait
les insignes, et
licteurs.
La duree de
ce pou-
LIVEE
I,
ETABLISSEMENT DE LA REPUBLIQUE.
CHAP. H.
memo
Mais une
fois le
35
des
moment venu ou
ils
Un homme
en tombant,
il
se partage
1'
Cette trans-
an.
aristocratic
les sena-
souveraine puissance.
son mobile mesquin.
il
Voila
Voyons
le calcul etroit
de I'homme et
que la ou un grand
personne n'est indivi-
le libre
La
plebe ne
au
lieu d'un
s'ils
Les premiers
seulement on
(Tite-Live, II,
i.)
36
*
d'hommes
et les
favorable au developpement de
Rome.
charges
les
charges etant
membre
Forum comme
rience
a celles
du champ de
bataille, fa9onnes
aux
administration, enfin dignes, par une expedurement acquise, de presider aux destinees de la
difficultes
de
1'
Republique.
age, aux
1'adresse
On
exigeait de lui
du
apprentissages
plein essor a toutes les capacites, mais elle reunissait, aux
yeux du peuple, sur le magistrat revetu de dignites diffePendant
rentes, la consideration attachee a chacune d'elles.
donne
la
fonction
du juge, du
pretre,
du
guerrier.
mandement
contribuait encore
au developpement des
facul-
LIVBE
I,
CHAP. H.
ETABLISSEMENT DE LA BEPUBLIQTTE.
37
autorite quelconque est toujours retenu par des liens puissants ; il obeit a une loi precise, a un reglement minutieux, a
un superieur. Le Romain, au contraire, abandonne a sa seule
sous
le pretexte,
succomberont
le
avait
victimes de la
meme
(*).
Ainsi tomberont
( )
peuple,
pour apaiser
le
(Tito-
memes."
inflexibles sortit
une sentence
164708
fatale,
38
par
tice.
En
n'etait pas
1'arbitraire
1'auraient,
quelques
siecles
Une
caste que ne renouvellent pas des elements etrangers est condamnee a disparaitre ; et le pouvoir
absoln, qu'il appartienne a un homme ou a une classe d'in-
vers sa ruine.
dangereux a
celui
patrie,
que
ntf vint
(')
Discours sur
2'ite-Live, I, v.
LIVEE
I,
CHAP. H.
ETABLISSEMENT DE LA BEPUBLIQUE.
si'
mobile.
En
39
naitre
II. Les deux consuls, dans 1'origine, etaient a la fois gen6raux, juges, administrateurs ; egaux en pouvoirs, ils se trouvaient souvent en disaccord, soit au Forum ('), Institntlon8 de
Leurs dissenti- to K6Pubiiqne.
soit sur le champ de bataille (').
( )
" Cassius
fit
venir secretement
autant de Latins et d'Herniques qu'il lui fut possible pour avoir leurs suffrages il en arriva a Rome un si grand nombre qu'en pen de temps la ville se
trouva pleine d'hotes. Virginius, qui en fut averti, fit publier par un heraut
;
dans tous
les
Rome
(An de Rome
(An de Rome
283.)
XLVIII.)
" Les
deux consuls dtaient du caractere le plus oppose et toujours en
( )
"
discorde (dissimiles discordesque)
"Tandis
(Tite-Live, XXII, XLI.)
!
qu'ils
perdent les
(Tite-Live,
moments en
XXII, XLV.)
( )
Tite-Live,
(<)
Tite-Livo,
XXI,
XXI,
LII.
LII.
Dion-Cassius, Fragments,
CCLXXI,
edit. Gros.
"
40
de leurs prerogatives,
les consiils
ils
n'etaient
supreme
1'unite et la fixite
meme
caste n'etait
venue 1'attenuer.
L'homme
valait
mieux
que
discorde
les plebeiens, qui composaient la plus grande
partie de 1'armee, demanderent a avoir leurs chefs militaires
s
pour magistrats ( ) ; 1'autorite des tribuns fut d'abord res:
treinte
loi
(')
mais
la deference d'Agrippa,
deux
le
LXX.)
jour de la bataille."
(Tite-Live, Sataille
en vue son int4ret personnel et non 1'interet g6n6ral, aimant mieux voir la
Republique essuyer un echec que son collegue se couvrir de gloire, et des
maux
sans
nombre
affligerent la patrie."
Gros.)
"
(*)
On
Crustu'm^re."
8
( )
"Les
magistrats
ensuite
ils
demanderent au s6nat
la
permission
d'e"lire
LIVBE
I,
ETABLISSEMENT DE LA BEPUBLIQTJE.
C5AP. H.
41
commun,
du
consuls et
convoquer
sans faire
le senat, et
deux plebeiens
(ediles)
les tribuns
pour seconder
ils
auraient besoin d'aide, pour juger les causes que ceux-ci leur remettraient entre
les mains, pour avoir soin des Edifices sacre"s et publice, et pour assurer les
approvisionnements du march6."
(An de Rome
260.)
(Denys d'Halicar-
Les tribuns s'opposent & Penrolement des troupes. (An deRome 269.)
" Licinius et
Sextius, ree"lus tribuns du
(Denys d'Halicarnasse, VIII, LXXXI.)
et, comme le peuple renompeuple, ne laisserent creer aucun magistrat curule
-
( )
mait toujours
les
tribuns militaires,
le
que
suffrages appartenait a
eux
" Tantot
seuls."
les
( )
4
( )
4:2
influence.
du troisieme
la fin
siecle, les
par tribus
( ),
de leurs
par
les centuries
( )
leurs de-
triciens
(')
ou
les
"
L'evenement le plus remarquable de cette annee (an de Rome 282),
succes militaires furent si balances, ou la discorde eclata au camp et
la ville avec tant de fureur, fut 1'etablissement des cornices par tribus,
innovation qui donna aux pleb6iens 1'honneur de la victoire, mais peu d'avanEn eflet, Pexclusion des patriciens ota aux cornices tout leur
tages reels.
dans
6clat
( )
s'y donnent,
le grand matin, la place publique se trouva occupee par une si grande foule
de gens de la campagne, qu'on n'y en avait jamais tant vu.
Les tribuns as-
des
et,
partageant
le
Forum par
la
pour
"Depuis cette epoque (an 283, con263.) (Denys d'Halicarnasse, VII, LIX.)
sulat d'Appius) jusqu'a nos jours, ce sont les cornices par tribus qui ont elu
les tribuns et les ediles, sans auspices ni observation d'autres
finirent
les troubles
dont
Rome
etait agit6e."
augures.
Ainsi
" Le
peuple romain, plus aigri qu'auparavant, voulut qu'on ajoutat
XLIX.)
par chaque tribu une troisieme urne pour la ville de Rome, afin d'y mettre les
suffrages."
(An de Rome 308.) (Denys d'Halicarnasse, XI, 11.)
3
" Duas civitatcs ex una factaa : suos
cuique parti magistratus, suas leges
( )
"... En effet nous sommes, comme vous le
ease."
(Tite-Live, II, XLIV.)
voyez vous-memes, partagcs en deux
villes,
LIVKE
I,
ETABLISSEMENT DE LA EEPTJBLIQUE.
CHAP. H.
43
patriciens ne voulureut pas d'abord faire partie des assemblies par tribus, mais bientot ils en reconnurent 1'a vantage et
(').
IIL Cette organisation politique, reflet d'une societe-composee de tant d'elements divers, aurait difficilement constitue
un ordre de choses durable si '1'ascendant d'une
Transfonnaclasse privilegiee n'eut pas domme les causes de tion de raristo-
bientot affaibli
ordres.
En
efiet, 1'arbitraire
ginairement par
senat seul
" L'autorite
nations.
"
le
consulaire,
s'ecriaient
les
plebeiens,
en
realite,
" centre le
peuple toutes les menaces des
lois,
"
les
( )
Appien, Guerres
(')
( )
riviles, I, i.
ments,
le
les patriciens."
(An de Rome
283.)
44
convoquer
Us
tribus.
nues
le
pendant
on decida
et,
a leur chute,
le tribunat, aboli
qu'il serait
permis
que les lois faites dans les assemblees par tribus, comme
dans les assemblees par centuries, seraient obligatoires pour
tous ( ). II y eut done ainsi trois sortes de cornices les co1
" Les
les tribuns
votees par le peuple dans les cornices par tribus devaient 6tre
obligatoires pour tous les Remains, et avoir la meme force que celles qui se
(')
lois
faisaient
dans
les cornices
et la confiscation contre
anciennes querelles des plebeiens et des patriciens, qui refusaient d'obeir aux
par le peuple, sous pretexte que ce qui se dScidait dans les assem-
lois faites
blees par tribus n'obligeait pas toute la ville, mais seulement les plebeiens, et
qu'au contraire ce qu'on decidait dans les cornices par centuries faisait loi,
premier soin des consuls fut de proposer aux cornices reunis par centuries une
loi portant que les ddcrets du
peuple assemble par tribus seraient lois de
1'Etat."
"Les patriciens preten(An de Rome 305.) (Tite-Live, HI, LV.)
daient qu'cur seuls pouvaient donner des lois."
(Tite-Live, HI, xxxi.)
(")
les cornices
taires, etc,"
(Tito-Live,
V,
LII.)
LIVRE
I,
CHAP. H.
ETABLISSEMENT DE LA BEPUBLIQUE.
4^,
cessions, Tantagonisme legal regnait toujours entre les pouvoirs, entre les assemblies et entre les diffcrentes classes de la
societe.
"
XV, xxvn.
IV, m.
(')
Aulu-Gelle,
2
( )
Tite-Live,
Festus, au
(*).
"
L'indignation du peuple 6tait extreme, parce qu'on lui rcfusait de
prendre les auspices, comme s'il eut 6t6 1'objet de la reprobation des dieux
immortels."
"Le tribun demanda pour quel motif un plebeienne pouvait
(*)
que
les
46
Aim
prime
les
chose essentielle,
c' etait
1'interroi qui
conVoquait
les cornices
Cependant les
au privilege de prendre seuls
les auspices, qu'en 398 on nomma, en 1'absence du consul
patricien, un interroi charge de presider les cornices, aim de
ne pas laisser ce soin au dictateur et a 1'autre consul, qui
6taient plebeiens
(*).
nommant
des plebeiens consuls, aux patriciens, qui seuls les peuvent observer ? "
(An de Rome
Au
386.)
une definition precise des deux classes d'auspices ; mais il semble resulde ce qu'en dit Giceron (Des Lois, II,
12), qu'on entendait par grands aus
pices ceux pour lesquels 1'intervention des augures etait indispensable ; les petits,
au contraire, ceux qui se prenaient sans eux.
(Voy. Aulu-Gelle, XIII, xv.)
Quant aux auspices pris dans les cornices ou s'elisaient les tribuns consuIaiss6
ter
passages de Tite-Live (V, xiv, LII ; VI, xi) prouvent qu'ils etaient
Tdlection des consuls, consequemment que c'^taient de
grands auspices, car nous eavons par Ciceron (De la Divination, I, 17 ; LT, 35.
laires, les
~les
un augure auquel
VH) que
le
(')
Tite-Live, VI, v.
(")
Tite-Live,
VH, rra.
LIVKE
I,
CHAP. H.
ETABLI88EMENT DE LA REPUBLIQUE.
Mais en permettant a
consulat, on avait
la classe populaire
d'arriver
47
au
matiere
civile,
la connaissance
questure
enfin,
consuls
!
( )
En
deux
333, leur
tresor et au
les
(*).
nom-
( )
voir
"Le
supreme sur
(Varron,
3
"
( )
virs,
nom
le
pou-
lui
donna aussL"
( )
comme
Tite-Live, VII, v.
(Tite-Live, VI,
xxxvn.)
48
En
415 la
loi
parmi
rang des citoyens et de prononcer sur 1'admission ou 1'exclusion des secateurs. La loi publilienne tendait done a clever
au meme rang 1'aristocratie des deux ordres, et & creer la
noblesse (nobilitas), composee de toutes les families illustrees
par les fonctions qu'elles avaient remplies.
Au commencement du v e
siecle de Rome, le rapprochement des deux ordres avait donne a la societe une plus
grande consistance mais, de m6me que nous
Elements de
dissolution.
avons vu, sous la royaute, poindre les principes
qui devaient un jour faire la grandeur de Rome, de mSme
nous voyons, alors, apparaitre des dangers qui se renouvelleront sans cesse.
La corruption electorale, la loi de perduellion, 1'esclavage, 1'accroissement de la classe pauvre, les
lois agraires et la
question des dettes, viendront, en differentes circonstances, menacer 1'existence de la Republique.
Constatons sommairement que ces questions, si graves dans
la suite, furent soulevees de bonne heure.
Corruption electorale. La fraude s'introduisit dans les
IV.
loi
empereurs, un
majeste'
"
si
nom
de
loi
de
lese-
(').
et Horatiua
du crime
LIVKE
I,
ETABLISSEMENT DE LA EEPUBLIQUE.
CHAP. H.
49
la societe, car,
pour
homines libres
de
1'autre,
mecontents de leur
sort,
les
des soulevements partiels annoncerent 1'etat deja redoutable d'une classe desheritee de tous les avantages, quoique
liee intimement a tous les besoins de la vie commune ( ). Le
l
nombre des
aux travaux de
la terre.
(')
il
y eut a
Rome une
il
conspira-
(An de Rome
"Du haut du Capitole, Herdonius ap253.) (Denys d'Halicarnasse, V, LI.)
II avait pris en main la cause du malheur
il
pelait les esclaves a la liberte.
venait retablir dans leur patrie ceux que 1'injustice en avait bannis, delivrer les
forts et
de mettre
le feu
aux
de cette entreprise."
c'est
au peuple remain
qu'il
(An de Rome
Les esclaves
294.) (Tite-Live, III, xv.)
conjures devaient, sur differents points, incendier la ville, et, le peuple une fois
toits
le Capitole.
(An de Rome
336.)
(Tite-
"
(')
riva en
livrer
abondance de
aux citoyens."
Sicile, et le
(An de Rome
le prix
auquel
il
fallait le
"
263.)
Comme
le
Rome
321.)
50
" nouveaux
soit par vente, soit
colons, soit a titre gratuit,
"
Quant a la partie inculte, qui, par
par "bail a redevanse.
" suite de la
la plus consideguerre, etait presque toujours
"
de la distribuer, mais on en
rable, on n'avait pas coutume
w abandonnait la
la
jouissance a qui voulait la defricher et
"
dixieme partie des moiscultiver, en reservant a 1'Etat la
" sons et la
On
des fruits.
iraposait egale-
cinquieme partie
"
race.
plus laborieuse, et pour avoir des allies de sa propre
la mesure produisit un resultat contraire a ce qu'on
" Mais
"
(')
Quand Romulus
51
curie,
Romulus
du domaine public."
(Denys
Tullus Hostilius
" Des
qu'il fut
monto sur
ct
En
villes le tiers
de leurs terres.
(H, xxxv.)
leurs terres
(Denys d'Halicarnasse, V, XLIX.) Un traite conclu avec les Herniques, eu 268, leur enlevait les deux tiers de leur territoire.
(Titc-Live, n,
iLi.)^-"En 413, les Priveraates perdirent les deux tiers de leur territoire en
arables.
416, les Tiburtins et lea Pre'nestins perdirent une partie de leur territoire."
"En 563, P. Cornelius Scipion Nasica ota aux
(Tite-Live, VIII, i, xrv.)
Boi'ens pres
de
la moiti6
de leur
territoire,"
(Tite-Live,
XXXVI,
xxxix.)
LIVEE
CHAP. H.
I,
ETABLISSEMENT DE LA REPUBLIQUE.
51
" avait
Les riches s'approprierent la plus grande
espere.
"
partie des terres non partagees, et, comptant que la longue
" duree de leur
occupation ne permettrait a personne de les
"
expulser, ils acheterent de gre a gre ou enleverent par la
" force
voisins leurs modestes he'ri-
$ux
"
tages, et
petits proprietaires
formerent ainsi de
" des
simples
" vant
vastes
domaines, au
cultivaient
champs qu'eux-me'mes
lieu
aupara-
(')."
Les
tions
(*),
bien le reconnaitre,
comme
ils
soutenaient la plus
( )
Appien, Gruerres
civiles,
I,
vn.'
post^rieure, s'applique
"
(")
a titre
rendre dans
un
certain delai,
et,
par
le
meme
edit,
il
etait
si les
(Denys
seuls possesseurs.
Mais
s'ils
voient
qu'on les Gte ^. ceux qui en per9oivent les revenus, et que le public rentre
en possession de son domaine, ils cesseront de nous porter envie, et le desir
qu'ils ont de les voir distribuer a chaque citoyen pourra se ralentir, quand on
leur fera connaitre
que ces
sed6es en
commun
d'Appiw
par la Re'publique."
grande
(An de Rome
utilit6
etant pos-
268.)
(Discour*
52
"
Tusage ou
" soit au
monde
de qui que ce
(')."
Malgre ce principe,
les consuls
par
memes.
En
275,
un
patricien,
Fabius Cseson,
1'initiative
prenant
quises, s'ecria
(')
6dit.
Agennius Urbicus,
Lachmann,
(")
Tite-Live,
1. 1,
H,
De controversiis agrorum,
dans
les
Gromatici
vcteres,
p. 82.
XLVIII.
" Lucius
^Emilius dit qu'il dtait juste que les biens communs fussent
partag^s entre tous les citoyens plutot que d'en laisser la jouissance a un petit
(*)
nombre de
;
qu'a l'6gard de ceux qui s'6taient empares des terres
devaient etre assez contents de ce qu'on les en avait laisses jouir
particuliers
ils
publiques,
pendant
si
d'apres lequel les biens publics sont communs a tous les citoyens, de meme
les biens des particuliers
appartiennent a ceux qui les ont acquis legitimcment, le sdnat dtait oblig6, par une raison speciale, a distribuer les terres au
que
il
LI.)
"
(')
LIVBE
I,
CHAP.
ETABLISSEMENT DE LA KEPUBLIQUE.
II.
53
six
meme
En
les
le senat,
(*).
371, apres
pour s'assurer
le
et deja livre
Ces conces-
( ).
tentions
elle
moindre portion
homines riches
et influents qui en
pe^oivent injustement
le
titre quo leur puissance et les voies de fait les plus inoui'es.
du
profit
qu'on en retire."
ils
Us demandent
(An de Rome
298.)
Le moment
au
Car
c'etait
blessait le peuple
coeur,
qu'elle
les terrains
comme
le reste, la proie
Tite-Live,
V, xxx.
VI, xxi. H parait que les Marais-Pontins etaient alors tr^spuisque Pline rapporte, d'apres Licinius Mucianus, qu'ils rcnfermaient
de
plus
vingt-quatre villes florissantes.
(Histoire natiirclle, III, v, 59, e"d.
(') Tite-Lire,
fertiles,
Sillig.)
4
( ) Tite-Live,
Appien, Guerres
civilcs, I,
vm.
54:
Les proprietaires
pauvres.
un
leurs terres
menter
on fixa
certain
la classe
nombre d'hommes
les legions
enfin
le
sur
res-
de
Cette
elle
loi
n procedait dans
moderation
depens du
quelques-uns, la depopulation de
1'Italie, et
par consequent
armees (').
nombreuses condamnations
I'affaiblissement des
De
la loi Licinia
colonies
(')
( ),
le
Voyez
les lois
ayraires ;
Paris, 1846.
COLONIES EOMAINE3.
(*)
lie pcriode
244-416.
SATRICUM
Anzo
Volsques.
(370).
Rive de 1'Astura.
COLONIES LATINES. He
ANJIUM
"
et Velletri.
(287).
pfiriode
244-416.
Volsques.
Disparut de bonne
heure.
CORA.
SIGMA
Volsqucs.
(259).
VELITR^S (260).
NORBA
ARDEA
Volsques.
(312).
Rutules.
Paolo.
Segni.
Volsques.
(262).
CIRCEII (361).
Cori.
(287.)
Volsques.
Vellclri.
Ardea.
Aurunces.
Monte
Circello
San
Felice
ou Porto di
LIVBE
I,
ETABLISSEMENT DE LA EEPUBLIQUE.
CHAP. H.
55
au peuple
La
Dettes.
taux de
( ).
Comme
guerre a leurs
frais, les
ne pouvaient
prendre soin de leurs champs ou de leurs fermes, et empruntaient pour subvenir a leurs besoins et a ceux de leurs fa-
moins
La dette
milies.
de la patrie
avait,
SATRICUM (369).
SUTRIUM (371).
SETIA (372).
NEFETE
le service
(").
Casale di Conca.
Volsques.
Etrurie
Via Cassia.)
Volsques.
Sezze.
Etrurie.
Nepi.
(381).
Sutri.
En 479, apres le
depart de Pyrrhus, le senat fit distribuer des terres ;\ eeux qui avaient combattu le roi d'Epire.
En 631, la loi flaminienne, que Polybe accuse a tort
d'avoir amene* la corruption dans Rome, partagea par t6te le territoire roniain
(Tite-Live,
XXXI,
XLIX.)
"
ment des
(An de Rome
Republique."
sc plaignaient que, pendant tant d'anne'es de guerre, leurs terres n'avaient rien
produit,
ou
que leurs bestiaux avaient peri, que leurs esclaves s'etaient 6chappes
e*te enleves dans les differentes courses des ennemis, et que
leur avaient
tout ce qu'ils possddaient a Rome, ils Tavaient depense pour les frais de la
D'un autre cote, les cranciers disaient que les pertcs 6taicnt comguerre.
munes a Jout
debiteurs
le
qu'ils
monde
qu'ils
prete en temps de paix a quelques citoyens indigents, outre ce que les ennemia
leur avaient enleve" pendant la guerre."
(Denys d'Hali(An de Rome 258.)
carnasse, VT, XXH.)
TEMPS ANTERIETIRS
56
CESAR.
aux debiteurs
rablc
et hostile a
defenseurs de
des
1'lStat,
exigeaient
fortes
les causes
(').
Les
les
rois, accueillant
expulsion,
rent plus intraitables, et 1'on vit des hommes, mines a cause
de leur service militaire, <3tre vendus a 1'encan, comme
3
( ),
par leurs creanciers. Aussi, lorsque la guerre
imminente, les pauvres refusaient-ils souvent de s'en"
roler ('), s'ecriant
Que nous servira-t-il de vaincre les enne-
esclaves
etait
(')
les causes des particuliers etaient presque tous senapour ce service de ties-fortes sommes, & titre d'honoraires.
tcurs, et exigeaient
XXXIV,
(Tite-Live,
iv.)
" Les
jours suivants, Servius Tullius fit dresser un dtat des debitcurs
D&8
insolvables, de leurs creanciers et du montant respectif de leurs dettes.
qu'il eut ce releve, il fit etablir des comptoirs dans le Forum, et, a la vue de
2
( )
tous,
IV,
(Denys d'Halicarnasse,
x.)
3
( )
"
fit publier par un heraut qu'il 6tait defendu a toutes perde vendre ou de retenir en gage les biens des Remains qui
Servilius
sonnes de
saisir,
vingt-huit batailles,
pour payer
d^ttcs,
les impots.
mon
mettaient leurs d6biteurs en prison, et les traitaient comme des esclaves qu'ils
auraicnt achetes a prix
d'argcnt."
(An de Rome 254.) (Denys d'Halicarnasse, V, LIII.)
(')
n' etaient
LIVBE
" mis
"
I,
ETABLIS8EMENT DE LA EEPUBLIQUE.
CHAP. H.
du dehors,
si
57
les fers
Cependant
(')
les
debiteurs
le
elles dissensions
En
de
la
de perpetu-
( ).
le
taux
de
lutionnaires et transitoires.
et
256.)
l
( )
"
C)
Appius Claudius Sabinus ouvrit un avis tout contraire a celui de Marcus Valerius : il dit qu'on ne pouvait douter que les riches, qui n'etaient pas
moins citoyens que le menu peuple, qui tenaient le premier rang dans la Republique, occupaient des emplois publics, et avaient servi dans toutes les
J
guerres,
ne trouvassent
fort
LXVI.)
(An de Rome
256.)
(Denys d'Halicarnasse, V,
58
V. Get aper9u rapide des maux deja sensibles qui travailromaine nous conduit a cette reflexion le
sort de tous les gouvernements, quelle que soit
~
Resume.
leur forme, est de renfermer en eux des germes
de vie qui font leur force, et des germes de dissolution qui
doivent un jour amener leur mine. Suivant done que la
Republique fut en progres on en decadence, les premiers o\i
les seconds se developperent et dominerent tour a tour;
laient la societe
c'est-a-dire, tant
que
1'aristocratie
si
laborieuse-
a s'en
feliciter.
Deux
adoucissement en
(')
resulte des
domination de
Rome
et
m6me
de ceux-ci, dans
Iigu6s contre
ans apres
le
completa le
Les Sabins ne furent definitivement reduits que par le consul Horatius,
268.
en 305. Fidenes, qui avait reconnu la suprematie de Tarquin, fut prise en
1'an 319, puis reprise encore,
A.UXUT
LIVEE
I,
ETABLISSEMENT DE LA KEPUBLIQUE.
CHAP. H.
59
tant
et
plus legitimes.
La
societe
homines eminents,
mius,
Coriolan,
s'etaient
tels
Spurius
distingues
Cassius,
comme
'Cincinnatus, Canaille,
et comme guer-
legislateurs
Rome
et
45,000 homines.
lois ecrites, et
mieux
emplois ne
fit
elle
se rajeunit sans se modifier, diminua le n ombre de ses adversaires et accrut celui de ses adherents.
Les families ple-
historien allemand
Terradne) ne
meme
aussi
un savant
1'abolition
ct Ve'ies, Faleries,
358
et 359.
En
408, la prise
en 416,
i\
60
(').
ne
suffit
pas, en
effet,
la
mais
preponderance a
les
pour apprecier
il
faut encore
1'etat
Wen
d'une
constater
la classe elevee.
les consuls, et
plebeiens
lors
consulat, le
2
ciens ( ). Depuis longtemps le mariage entre les deux ordres
se concluait sur un pied d'egalite, et cependant les prejuges
de caste e'taient loin d'etre detruits en 456, comme le prouve
de la patricienne Virginia, mariee au plebeien Volumnius, et que les matrones repousserent du temple de la
Pudicitia patricia (').
1'histoire
Les
protegeaient la liberte
le
temoigne
(')
Mommsen,
Q
( )
En
eix plebdiens
(')
au consulat.
Tite-Live,
X, xxin.
LIVKE
I,
ETABLISSEMENT DE LA BEPUBLIQUE.
CHAP. H.
61
Toutes
les tribuns
les fonctions
comme
devaient
il
fallait
e'tre
generalement avoir
annuelles, et
neanmoins
renommer plusieurs
avant
le
temps exige,
que Valerius Corvus, six fois conconsecutivement pendant les trois der-
tels
nieres annees; Papirius Cursor, cinq fois (de 421 & 441).
La vie des citoyens etait protegee par des lois, mais 1'opi-
libres,
mais
le
les deliberations,
soit
en declarant
(')
Tite-Live, X, ix.
"
(*)
le vice
du dictateur (Marcellus)
am
yeux
TEMPS ANTEKIEURS
0*2
CESAR.
le
quelles
fonctions,
leurs pouvoirs a la sanction des curies (lex curiata de impeII etait done possible a la noblesse de faire revenir
nd)
C).
"
" venait a se
repentir de ses preferences, avait la faculte d'y
"renoncer
La
(*)."
un
levier laisse
aux mains de
la
un consul
390 a 416,
( ).
il
Le senat
restait
plebeiens, car,
position,
il
etait le maitre d'eluder les plebiscites dont 1'exeSi 1'influence d'une classe- predo-
De
la Divination,
H, 35
Les consuls et
et
37
Des
(Tite-Live,
VHI, xxin.
Ciceron,
(')
preteurs ne pouvaient assembler les cornices, coin,
mander les urmees, juger en dernier ressort dans les afiiiires
civiles, qu'apres
avoir 6t6 investis de
Vimperium et du droit de prendre les auspices (jus auspidorpm) par une loi curiate.
a
( )
(*) lite-Live,
(*)
les
Si
IV, xxxi.
un citoyen
itaient confisques
refusait de
s'il
LFVKE
I,
ETABLISSEMENT DE LA KEPUBLIQUE.
CHAP. H.
63
le
n'examine pas
si
la scene
plus ou moins
nombreux
il n'est
frappe que de la grandeur
Aussi, loin de nous 1'intention de blamer la
noblesse, pas plus a Rome qu'en Angleterre, d'avoir conserve sa preponderance par tons les moyens que les lois ou
du
spectacle.
(Athenee, VII, xxr, p. 274.) Les magistrats qui entraient en charge ne pouvaient accepter d'invitations a diner que chez certaines personnes designees.
(Aulu-Gelle,
II,
XXIY.
ou une 6trangere
etait
affranchie.
(Valere Maxime,
et les funerailles.
(Ciceron,
(')
(*)
Plutarque, Caton
le
Le
celibat, a
Des
un certain
II existait
Ccnsmr, xxni.
64
les
Le pouvoir devait
habitudes mettaient a sa disposition
aux patriciens tant qu'ils s'en montreraient dignes, et,'
!
rester
meme
I'oeuvre de la civilisation
Au commencement du
lidee,
va
recueillir le
CHAPITRE TROISIEME.
CONQUETE DE
I/ITALIE.
la
appelle
partie
continentale,
c'est-u-dire
la
D escriptlon
<j
ritalle
grande plaine traversee par le P6 et qui s'etend
entre les Alpes, les Apennins et 1'Adriatique, en etait separe.
Cette plaine et une partie des montagnes sur les cotes de la
Mediterranee formaient la Ligurie, la Gaule cisalpine et la
Venetie.
La presqu'ile, ou Italic proprement dite, etait
bornee au nord, par le Rubicon, et, vraisemblablement, par
le cours inferieur de 1'Arno (')
a 1'ouest, par la Mediterranee
a Test, par 1'Adriatique
au sud, par la mer Jonienne.
-
1'Italie,
d'hiver a Lucques
faire partie
de
la
la frontiere
de
1'Italie
et
septen-
66
puis, arrives
presqu'ile en deux parties & peu pres egales
au mont Caruso ( Vultur), pres de la source du Bradano
(Bradanus), ils se partagent en deux branches, dont 1'une
peuetre en Calabre, 1'autre dans la Terre de Bari jusqu'u
;
Otrante.
principaux sont:
Metaurus (Metauro),
le
Rubicon,
le
Pisaurus (Foglia), le
Truentus (Tronto),
1'^Esis (JEsino), le
le
montagnes.
trouvent
le
Bradanus (Bradano},
le
Casuentus (Basiento)^
1'Aciris (Agri).
On
1'Italie
Au
ancienne
les
grandes
divi-
terranee.
Au
l?Abruzze ulterieure
Sabine
les
a Test
du Latium, dans
les
montagnes,
les
3ques
LIVKE
I,
CnAPITKE m.
COXQUETE DE
L'lTALIE.
67
Ics
rivieres
num
jusqu'au Fortore.
Le Samnium, repondant a
Abruzzes
et
L'ltalie
I'Adriatique:
la
du
En
Rome
les
Latins
Campanie. Sa suprematie
territoire actuel de Viterbe jusqu'au
s'eten-
416,
et possedait
avait definitivement
une partie de
dait depuis le
dompte
la
Les frontieres de la Republique etaient difficiles a defendre, ses limites mal determinees, et ses voisins les peuples les
plus belliqueux de la Peninsule.
Au nord seulenient, les monts de Viterbe, couverts d'une
foret epaisse (silva Ciminia), formaient un rempart centre
l'trurie. La partie meridionale de ce pays etait depuis
longtemps a demi romaine les colonies latines de Sutrium
;
(Sutri) et de
tion.
Nepete (Nepi) servaient de postes d'observaMais les ^trusques, animes depuis des siecles de send-
TEMPS ANT^EIEURS A
68
pris,
Rome,
les
Eques
et les
1'inac-
tion
mais
le
resister
mercenaires.
se trouverent en
presence, ils devaient evidemment en vcnir
aux mains; la lutte fut longue et terrible, et, pendant le
(')
CeUilina, LI.)
(Conjuration
LIVRE
CHAPITKE m.
I,
CONQUETE DE
69
L'lTALIE.
autour du Samniura
qu'ils se disputerent 1'emposition des Samnites etait tres-avanRetranches dans leurs montagnes, ils pouvaient, a
siecle, c'est
La
pire de 1'Italie.
tageuse.
leur choix, ou descendre dans la vallee
du
Liris,
de la
voitaient le territoire.
Au
meme
mobile, ni la meme organisation aristocratique puismeme confiance aveugle dans leurs destinees. On
sante, ni la
Rome
elle
guerre non
fit
la
devoir
memes
t6te,
70
La
moins
Rome
ne concourut pas
Situee an
du Latium, aux bords
de
position geographique
1'accroissement rapid e de sa puissance.
3,
mer,
pouvait
HE.
partir
du commencement du v e
siecle,
Rome
se
:,
,-..
de Messme.
Rien ne
,,
-i
empecnera de surmonter
de
1'Italie,
non en
assujettissant
immediatement tous
les
"celle-ljl,
"
**
latines, colonies
alliees, villes
LIVEE
I,
CHAPITRE
CONQUETE DE
HI.
L'rTALIE.
71
et le
le
quiritiuni).
y avait
II
dont
trois sortes
Au-dessous des municipes qui avaient leurs propres madans cette hierarchic sociale, les prefec-
gistrats, venaient,
1'excellente Hi&toire
romaine de M. Duruy, t
I,
chap. xi.
l
( )
son rnari
1'obeissance complete de
Dans
( )
(munut)
le
nom
3
( )
de municipes.
(Aulu-Gelle,
XYI, xin,
16.)
avoir laisse
trature.
4
( )
Aulu-Gelle,
XVI, xin.
p. 127.
72
y etait envoye
Livres par la
victoire a la discretion
du
mine.
rati socii}.
engagements.
merce (*), ou
sive
( ),
Au
et
dans
la defense
On
leur laissait, il est vrai, une certaine independance; on leur accordait le droit d'echange et le libre eta-
chef.
Rome
conservanto
(')
c'est-a-dire,
Das
droit de suffrage
le
nom
(')
Formies, Arpinum,
on continua cependant, par un ancien usage, de leur donner
fut aussi abusivement
applique a des colonies.
de prefecture, qui
Socius
VI, xcv
et
amicus.
(Tite-Live,
XXXT,
xi.)
Conf.
Denys d'Halicarnassc,
X, xxi.
(Tite-Live,
Tite-Live, VII,
xxvn
" Ut
eosdem quos populus romanus amicos atque
XXXVIII, vm.)
LIVBE
I,
CHAPITEE m.
CONQTJETE DE L'lTALIE.
73
0.
Quant aux
les
pour conserver
deux^ sortes
les
colonies latines.
differaient
uniquement
les
parmi
patriciens.
Les
colons
image de
celle
de
ou citoyens remains, ou
latins,
ou
Rome
(')
( ).
Les affranchis
etaient,
en
dedititii.
effet,
un chatiment grave,
s'ils
qu'ils
observees,
stances manquait.
2
" Valerius
(Institutes de Gains,
I,
envoya sur les terres conquises des Volsques une colonie d'un
certain nombre de citoyens choisis parmi les pauvres, tant pour y servir de
garnison centre les ennemis que pour diminuer a Rome le parti des seditieux
( )
(Corpus imcriptionum
ou de
latin,
pre*teurs,
passim)
dont quelquefois
les
ils
prenaient
qvinquennales correspoa-
TEMPS AOTEBTEURS
74
CESAR.
du Latium.
comme
les colonies
une
( ).
cites independantes,
romaines, rattachees
Mais la confedera-
La formula
des censeurs.
nombre des
fixait
soldats a fournir.
de
meme
cleensis, cap.
x
(')
et
seq.)
Tin certain
d'Halicarnasse des
(").
(')
Puisqu'elle
nommait
( )
1.
" Nulla
populi Romani lege
factus est."
(Aulu-Gelle,
21.)
loi agraire,
n, 27.
adstricti, nisi in
XVI, xin,
6.
Conf.
LIVEE
I,
CHAPITEE m.
CONQUETE DE
L'lTALIE.
75
n\'tait
peuples etrangers.
En
faisant
du
un avantage que
chacun
etait
heureux
appat
des mceurs de 1'antiquite que ce desir general, non de detruire le privilege, mais de compter au nombre des privi-
ou
les
Rome, non a
independance.
dependance meme.
On ne d^truit, en
laquelle s'ctablit la domination romaine.
effet, sans retour que ce que 1'on remplace avantageusement.
coup d'ceil rapide sur les guerres qui amenerent la
Un
conquete de
1'Italie
le
senat appli-
quait les principes indiques plus haut ; comment il sut profiter des divisions de ses adversaires, reunir toutes ses forces
(')
Tite-Live,
XXVII,
ix.
76
nouveaux
liens
Rome
par de
etablir sur tous les points strategiques immilitaires ; enfin, repandre partout la race
^remidre
guerre samnite.
<j
le
pour
Gaurus
du mont
sentiment exagere
de leur force et la prevention de marcher a 1'egal de Rome,
en etaient venus a exiger que Pun des deux consuls et la
et
de Suessula,
les Latins,
avec
le
( ) Florufl, I,
xvi
LIVEE
CHAPITRE
I,
CONQTTETE DE L'lTALIE.
IH.
77
"Vous
peres,
augmenter
On commenya
par rompre les liens qui faisaient des peuune espece de confederation. Toute communaute
politique, toute guerre pour leur propre compte, tous droits
de commercium et de connubium, entre cite"s differentes, leur
ples latins
furent interdits
Les
(').
pres de
Rome
et de suffrage (').
D'autres conserverent le titre d'alliees et
leurs propres institutions, mais elles perdirent une partie de
leur territoire
( ).
Quant aux
noyau des
grande rigueur
fois
nominis
elles
latini).
formerent
le
Velitres seule,
Antium dut
colonie maritime.
de soumettre
Latins
neanmoins
le
Alexandre le Molosse,
quait les Lucaniens et
(')
2
( )
qui,
les
VHI, xm,
XIT.
Ces
Tite-Live,
villas
Ce
( )
4
Velleius Paterculus,
Tite-Live, VIII, xiv.
I,
rv.
atta-
78
Tarentins
de
la
pendance.
V. Les contrees
fertiles
Romains et
^ es Samnites e ^ ^evenir la proie du vainqueur.
" La Cam anie
en effet dit Florus ( 2 ), est le plus
P
erre
'
cStt).
" beau
pays de 1'Italie et meme de 1'univers entier.
" Rien
de plus doux que son climat. Deux fois chaque annee
" le
printemps y fleurit. Rien de plus fertile que son sol. On
"
Point de mer
1'appelle le jardin de Ceres et de Bacchus.
"
plus hospitaliere que celle qui baigne ses rivages." En 427,
les deux
peuples s'en disputerent la possession, comme ils
1'avaient fait en 411.
Les habitants de Pateopolis ayant
Uttaque les colons remains de Vager Campanus, les consuls
Tito-Live, VIII,
(')
FloruB,
I,
xvi.
xix
et suiv.
Valere Maxime
VI n
LIVKE
I,
CHAPITRE
CONQUETE BE
HI.
L'lTALIE.
79
la prorogation du commandeinent
avec le titre de proconsul, qui apparait
de Publilius Philon
pour la premiere fois dans les annales militaires. Bientot les
Samnites furent chasses de la Campanie ; les Pala3Opolitains
Be rendirent ; on rasa leur ville ; mais ils s'etablirent tout
aupres, a Naples (Neapolis), ou un nouveau traite leur garantit une independance presque absolue, a la charge de fournir un certain nombre de vaisseaux a Rome.
Des lors,
presque toutes les villes grecques, successivement soumises,
obtinrent des conditions aussi favorables et formerent la
classe des socii navales
(').
La
deux capitaines
les
plus
A cette
destinees
homme
de genie et I'oauvre
1'
systcme qui, rattachant tous les peuples a un centre commun, devait peu a peu assurer sa domination sur 1'Italie
'le
( )
Tite-Live,
" E\tn
solam gentcm restare."
xi.
80
d'apres,
d'amitie
la
ils
general
a tant de milliers de prisonniers, sous la condition de remettre
en vigueur les anciens traites, ne toucha pas le senat. Quatre
il ne vit la qu'un affront
de Caudium ne fat pas ratifie,
le joug
legions avaient passe sous
Le
de plus a venger.
traite
bon
droit.
Cependant
le
un chatiment
hommes
par la terreur
une armee nombreuse
cruel, explique
En
inspiree.
non loin de
440
( ),
Caudium,
les
qu'ils
avaient
alia chercher,
et furent rejetes
Des Devoirs,
in, 30.
(')
Cic6ron,
(')
qui
LIVKE
I,
CHAPITKE m.
CONQTTETE DE L'lTALIE.
81
raient le
1'ile
de Pontia
('),
en face de Terra-
cine, et 1'on
le
et,
quoique
Rome
VI.
Une
1'an-
cienne ligue se reforma. Aguerris par leurs combats journaliers avec les Gaulois, et enhardis par le bruit
de la defaite de Lautula?, les E"trusques crurent le
la foret
Ciminienne
centre de
1'Italie,
)-
(')
Diodore de
Sicile,
XX, XXXTI.
2
( )
Diodore de
Sicile,
XIX,
( )
4
( )
6
( )
&
Tite-Live, IX,
Diodore de
ci.
xxx
Sicile,
XX, xxxr.
trois milles
teur de Narni.
82
La guerre
et 1'Etrurie,
se rallume ensuite
ou
le
dans 1'Apulie,
nomme
le
Sammum
de nouveau
Tout a coup
Ombriens con9oivent le projet de s'emparer de Rome
par surprise. Les consuls sont rappeles pour defendre la
Fabius bat les EVusques a Mevania (confins de
ville.
et 1'autre consul, Decius, maintient 1'lCtrurie.
les
Samnium par
le
Campanie, retablirent
anciennes frontieres.
les
1'Apulie et la
Bovianum
Rome
le
Eques.
traites
LIVRE
Les
I,
CONQUETE DE
CHAPITKE m.
les
83
L'lTALIE.
independance et
partie de
Les
le
flotte
Tarente)
(*).
considerablement augmentes.
De plus, la Republique avait
acquis de nouveaux allies elle possedait enfin les passages
des Apennins et dominait sur les deux mers (*). Une ceinture
de forteresses latines protegeait Rome et rompait les com;
le midi de Htalie
chez les
Eques, c'etaient Alba et Carseoli; vers les
sources du Liris, .Sora enfin, en Ombrie, Narnia. Des routes
militaires relierent ces colonies avec la metropole.
Marses
et
les
les
Rome
ment
^trusques, des
Ombriens et
desGauiois
au mot Prcefectura,
a
( )
8
( )
4
( )
(')
6
( )
Tite-Live, IX,
xm.
p. 233.
Diodore de
XLV ; X,
Sicile,
XX,
ci.
in, x.
i,
p. 56, edit.
Schweighaeuser.
leur
Festus,
84:
con9oit
breuse ('). L'orage grondait de tous cotes, et, tandis que les
generaux remains e"taient occupes les uns dans le Samnium,
les autres en Campanie, arriverent des depeches d'Appius,
place a la te'te de Tarmee d'lStrurie, annon9ant la terrible
coalition ourdie dans le silence par les peuples du nord, qui
concentraient toutes leurs forces en Ombrie pour marcher sur
Rome.
La
teur
du
peril.
Tous
les
affran-
mis sur
Dans ces graves circonstances (458), Fabius et Decius
pied.
furent, une fois de plus, eleves a la magistrature supreme, et
ils
remporterent, sous les murs de Sentinum, une eclatante
Pendant la bataille, Decius se
victoire, longtemps disputee.
devoua, a 1'exemple de son pere. La coalition une fois
dissoute, Fabius battit une autre armee sortie de Perouse,
chis, furent enr61es, et quatre-vingt-dix mille soldats
Les Samnites soutinrent encore une lutte opiniatre entremelee de succes et de revers. En 461, apres avoir fait
serment de vaincre ou de mourir, trente mille d'entre eux
jonchaient le champ de bataille d'Aquilonia. Quelques mois
plus tard, le celebre Pontius, le heros des
Fourches .Cau-
xxn
et suiv.
(')
Tite-Livc, X,
(')
(')
Zonare,
Polybe,
VU,
II,
xix.
(Titc-Live,
2.
Floftis, I, XTII.
X, XXXTII.)
Eutrope, H, r.
LIVKE
CHAPITRE
I,
HI.
CONQUETE DE
fois
renouvellement
le
des
anciens
85
L'lTALIE.
la qua-
traites
la
et
meme
la
6po-
que, une insurrection qui eclata dans la Sabine fut promptement reprimee par Curius Dentatus. L'ltalie centrale etait
conquise.
La paix avec
Rome
469).
les
et
fortifia
celles
des
Vulturne
Venafrum
et Allifoe)
(')".
villes
de la vallee du
Pour
surveiller 1'Italie
vingt mille
de
allies,
Dans
des treves.
au nord
la Peninsule,
compter comme
dionale on fonda la colonie romaine de Sena Gallica (Sinigagla cote du Picenum fut surveillee par celle de Castrum
;
lid)
Novum
et
VIII.
accrue.
mier
La
puissance de
Rome
s'etait
(*).
considerablement
role, etaient
le pre-
Troisieme
coalition
et
des
des Gauiois,
de
Tarents
Festus, au
(')
Velleius Paterculus,
(")
(')
Polybe,
II,
I,
xix, XXIT.
mot
Prcefccturce, p. 233.
86
devint 1'occasion d'une nouvelle ligue oil entrerent successivement les Tarentins, les Samnites, les ICtrusques et
jusqu'aux Gaulois. Bientot le nord fut en feu, et 1'Etrurie
raison de la viola-
La
ancien territoire.
Les
hostilites continuerent
avec
les
3trus-
m?ssionde
^rente
(474-
Romains tournerent
la
^ ont ^ e P eu pl e
Pendan t que le consul JEmilius
ville, les
leurs efforts
investissait la
aguerries
la nouvelle
de son arrivec a
conquete
de 25,000 soldats
la tete
LIVKE
I,
CHAPITEE
HI.
CONQUETE DE
L'lTALIE.
87
avec vingt elephants ('), les Remains enrolent tous les citoyens
en etat de porter les armes, meme les proletaires; mais,
admirable exemple d'energie
ils
repoussent 1'appui de
la flotte carthaginoise avec cette fiere declaration:
"La
"
Republique n'entreprend de guerres que celles qu'elle peut
2
" soutenir avec ses
propres forces ( )." Tandis que 50,000
honimes, sous les ordres du consul Laevinus, marchent contre
le roi d'fipire, afin d'empe"cher sa jonction avec les Samnites,
un autre corps d'armee entre dans la Lucanie. Le consul
Tiberius Coruncanius maintient I'E^rurie, de nouveau agitee.
Enfin un corps de reserve garde la capitale.
!
La3vinus rencontra
le roi'
Une
Pyrrhus tout
le
1'accueillirent
sud de la
avec en-
Mais, quoique vainqueur, il avait eprouve des pertes senreconnu a la fois la mollesse des Grecs d'ltalie et
sibles et
rable.
(')
Floras,
2
( )
(')
Tite-Livo, Epitome,
I,
XTIII.
XIH-XTV.
Eutrope,
II,
Plutarque, Pyrrhus,
TI-VIII.
Zonare,
p.
VHT,
XT
et suiv.
2.
88
m^me
resistance,
1'Italie,
Italic,
comp-
Dans
,
les
annees suivantes
pacifia definitivement le
(')
Cic^ron, Discours
(*)
Tite-Live, Epitome,
Rome
Samnium
prit Tarente
et s'empara de
111.
(482)
("),
Rhegium
LIVKE
I,
CHAPITKE m.
CONQUETE DE
L'lTALIE.
89
.(483-485).
un
(')
Florus,
(-)
Tite-Live, Epitome,
I,
XV.
COLONIES KOMAINES.
(*)
ANTIUM
(416).
TERRACINA (425).
racina.
Hie P 6riode
416-48&
{Via Appia.)
Ter-
90
Au
deux chacun
SINUESSA (459).
Via Appia.)
Rubies
Via Appia.)
Socca di Mondragone.
SENA GALLICA (465). Colonie maritime (Ombrie, in agro
Pres de
gallico.)
Via
Sinigaglia.
Valeria.)
CASTRUM NOTUM
(465).
(Via Valeria.)
Giulia nuova.
COLONIES LATINES.
GALES (420). Campanie. ( Via Appia.)
FREGELL^: (426). Volsques. Vallee du
Calvi.
Liris.
Ceprano
(?).
Ddtruite
en 629.
He en
face de Circeii.
Via Appia.)
Sessa.
Ponza.
Prestia, pres
Colonisee
d^ja pr^cedemment.
ALBA FCCENSIS
(451).
Marses.
(Via Valeria.)
tfAvezzano.
NARNIA
(455).
Ombrie.
VENUSIA
(463).
Venosa.
Via Flaminia.)
(Via Valeria.)
Renforcce en 555.
Narni.
Via Appia.)
Renforcee en 554.
Via Valeria
Anscdonia
et Salaria.)
(?),
Adri.
pres tfOrbitello.
Renforcee en 557.
Rimini.
LIVRE
capitale, les
CHAPITRE
I,
CONQTJETE DE L'lTALIE.
HI.
91
assistcr
ment par
une partie de celles de la Campanie, y compris les anciennes cites samnites Yenafrum et Allifae, obtinrent le droit
et
de
cite
avec suffrage.
Rome,
vers la fin
du
siecle,
saient,
pour 1'administration
Campaniens
Stellatina.
Latins
xvn). Volsques Pomptina et Piiblilia, en 396 (Tite-Live, VII, xv). Ausones : Ufentina ct Falerna, en 436 (Tite-Live, LX, xx). Piques : Aniensis et
Sabins : Vdina, et Quirina, en 513
Terentina, en 455 (Tite-Live, X, ix).
:
(Tite-Live, Epitome,
XIX).
92
guerre tous
pement
cites
hommes en
les
et la solde
Rome
nombre a
En
de revenus que
le fisc tirat
des
('),
formaient
allies,
1'
unique source
exempts d'ailleurs de
tribut. Pour surveiller 1'execution des ordres du senat, 1'equipement de la flotte et la rentree des fermages, on etablit
Les
chaque
ville
administration
communal e.
tique, sans
seraient
des Car-
thaginois.
etait la
meilleure, mais
tendre,
a 1'assimilation
complete de tous les habitants de
la Peninsule, et c'etait evidemment le but de la
sage politique des Camille et des Fabius.
Quand on considere que
les colonies de
citoyens presentaient une image fidele de
Rome, que les colonies latines avaient des institutions et des
en
effet,
lois
(')
domaines.
LIVRE
I,
CHAPITKE m.
CONQUETE DE
L'lTALIE.
93
la diffu-
en temps utile, eut donne a la Republique une noumais tn refus opiniatre devint la cause de la re;
velle force
volution
etouffee
est
XI.
1'epoque qui nous occupe,
dans toute sa splendeur.
la
Republique
Force deg ln .
solutions.
les
les
de patriotisme et de desinteressement.
(')
Tite-Live
remarquable
X, TII)
"
:
met dans
Jam ne
la
nobilitatis
beios nobiles
jam eisdem
un
"
:
Nam
pie-
(Tite-Live,
XXII, xxxiv.)
94:
le
nomme
aux interets de
ne garde
Sabins,
de
la
et,
campagne
(')
(*)
XIV, XLTIII.
La preuve en est dana la condamnation de ceux
Tite-Live,
qui enfreignaient la
de Stolon.
(')
4
( )
(')
(Tite-Live, X, xni.)
Valere Maximo, IV, in, 5.
Valere Maxime, IV, HI, 6.
VaVura Maxime, IV, in, 9.
loi
LIVKE
CONQTJETE DE L'lTALIE.
CHAPITKE m.
I,
95
de
la classe
perdaient dans
le
grand nombre
( ).
Le
tombees en desuetude.
Ainsi
il
( ).
En
450, Flavius,
fils
nuer
peu
la
intelligibles
De provocatione.
En
468, le peuple se reflra encore sur le Janicule, demandant la remise des dettes et s'indignant centre 1'usure ( 6 ). La
les dispositions
( )
2
( )
( )
L'ignorance du calendrier et du
mode de
ou
aux
permis de plaider.
Les jurisconsultes, de peur que leur ministere ne devint inutile pour
(<)
proce'der en justice, imagin^rent certaines formules, afin de se rendre ne^esil
6tait
"
saires."
(')
(Ciceron,
Pour Murena,
( )
Cicoron, Erutus,
c.
xiv.
xi.)
Pline,
XVI,
x, 37.
2.
96
Rome
de
L'ambition
semblait demesuree
cependant
La guerre contre
Palseopolis, tantot celle des Lucaniens.
Pyrrhus eut pour origine 1'assistance reclamee par les habiThurium
tants de
Mamertins en
enfin,
1'appui que solliciteront les
amenera bientot la premiere guerre
Sicile
punique.
Le
senat,
fondent
les
on
1'a
empires et
devant les
dangers de la patrie, egalite de devoirs et suspension meme
de la liberte. Aux plus dignes les honneurs et le commandement. Point de magistrature a qui n'a pas servi dans les
rangs de 1'armee.
L'exemple
est
donne par
main.
s'etaient
comme
enroles
champ de
bataille
(").
simples
Le triomphe
(')
ici
quoique
dictateur
Postumius d
servent
ple.
il's
age
les
sea trcupes ;
Tite-Live,
(')
les
perils
4, Y.
de
armes."
XXII, XLIX.
( )
exemptent de porter
ix.)
la guerre,
(Discours du
LIVEE
I,
CHAPITKE
CONQUETE DE L'lTALIE
HI.
97
avec
ils
Plus tard, Flamininus, vainqueur du roi de Macedoine, redescend par patriotisme, apres la victoire de Cynoscephales,
au grade de tribun des soldats ( l )
le grand Scipion lui;
meme, apres
frere
dans
la
de lieutenant a son
En se
Tout sacrifier a la patrie est le premier devoir.
devouant aux dieux infernaux, comme Curtius et comme les
deux Decius, on croit acheter, au prix de sa vie, le salut
des autres ou la victoire (*). L'observation de la discipline
va jusqu'a la cruaute: Manlius Torquatus, a 1'exemple de
Postumius Tubertus, punit par la mort la desobeissance de
son fils, quoique vainqueur.
Les soldats qui ont fui sont
declines, ceux qui abandonnent leurs rangs ou le champ de
bataille sont voues, les uns au supplice, les autres au deshonneur, et 1'on repousse*,
comme
Rome
devait en triom-
de Id, cette religion du serment et ce respect des engagements contracted les prisonniers remains auxquels Pyrrhus
:
avait
perm is de
se rendre a
Rome
pour
les fetes
de Saturne
(*)
() Tite-Live, IX, x.
98
Regulus
memorable de
la fidelite a
pour
faire diversion
(*)
gagne
les
un peuple
embrasse 1'univers.
"
(')
Une
si
(Tite-Live, VII,
Appius Sabinus, pour pr6venir les maux qui sont une suite inevitable
xn.)
de Poisivet6 jointe a 1'indigence, voulait occuper le peuple dans les guerres du
dehors, afin que, gagnant sa vie par lui-meme, et trouVant abondamment sur
les
h'eu
disait
d'un honnete pretexte pour faire la guerre ; que, si 1'on voulait juger de 1'avenir
par le pass6, on verrait clairement que toutes les seditions qui avaient jusqu'alors
ddchire la R6publique n'etaient jamais arrivees gue dans les temps de paix,
lorsqu'on ne craignait plus rien au dehors." (Denys d'Halicarnasse, IX, XLIII.)
9
( ) Claudius fit aussi la guerre dans 1'Ombrie et s'empara de la ville de
Camerinum, dont
"vT, T,
vendre
1.
il
Tite-Live, Epitome,
XV.)
a 1'encan.
comme esclaves.
(Tite-Live,
V, xxn.)
En
Les
,comme
esclaves au
nombre de 7,000.
CHAPITRE QUATRIEME.
PBOSP^RITE
DU
BASSIN DE LA MEDrTEBBANEE
I.
Deux
e^e"
necessaires
Rome
1'Illyrie, 1'lSpire, la
Syrie et I'^gypte.
Avant d'entreprendre le recit de ces conquetes, arretonsnous un instant pour considerer 1'etat ou se trouvait alors le
bassin de la Mediterranee, de cette mer autour de laquelle se
sont deroules successiveraent tous les grands drames de
1'histoire ancienne.
Dans cet examen nous ne verrons pas
sans un sentiment de regret que de vastes contrees, ou jadis
produits, monuments, richesses, armees et flottes nombreuses,
tout enfin revelait une civilisation avanc6e, soient adjourd'hui
desertes ou barbares.
La Mediterranee
la carte n 3.)
vu grandir et prosperer tour a tour
Vbyez
avait
pacifique et de rivalites
100
fecondes.
Aux
Pheniciens principalement,
le
Sud, 1'Orient,
mer
les
ifirythree
lointaius
lucratives.
La
espagnole partage
orientale et
le
conquetes intelligentes
d'Alexandre.
etait
la
les dernieres
elle
(Appien,
( )
4
( )
&
( )
D'aprea
LIYBE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITERRANEE.
IV.
101
avaient reyu ses comptoirs. Carthage avait fait prehegemonie sur tous les anciens etablissements
valoir son
un contingent de soldats
et
En
exploitait le fer
de Malte,
et le vin
elle tirait
la Corse, la cire, le
metaux
et des esclaves
de 1'Espagne, 1'or,
elle envoyait jusqu'a 1'extremite de la
peaux d'animaux
Bretagne, aux lies Cassiterides (les Sorlingues), des navires
;
les
les
travaux de
sommes
= 5 centimes.
Un sesterce = 0,975 grammes = 19 centimes.
=
Le denier
3,898 grammes = 75 centimes.
Le grand sesterce = 100,000 sesterces = 19,000
=
Le talent attique ou euboique, de 26k,1968
=
Lamuw
436
Ludrachme
4 ,37 =
L'oa de cuivre
-fa
deniers
Uobole
Le
5,821
97
0,73=
fr.
00
c.
00
97
16
francs.
les
pour
fr.
(Athenee,
XU,
( )
(*)
102
acheter Tetain
Dans
(').
et 1'on
a celui de Carthage,
oil
se pressaient des
etre compare
homines de toutes
les nations.
seaux.
( ) ;
on
supposent d'immenses
revenus.
JVIeme
(') Voyez 1'ouvrage de Heeren, Ideen uber die Politik, den VerJcehr und
den Handel der vornehmsten Volker der alien Welt, part. I, t. II, sect T et TI,
p. 163 et suiv. 188 et suiv. 3 6cL
les
traito sur
en
(Strabon,
XVD,
in, 707.)
C) En
(6,985,200
L,
LXH,
(')
LXIII,
LXXXVIII
XV, XVHI.
m,
Tite-Live,
6.
Polybe,
XXY,
I,
XXXTII, XLT.)
LXXII.
LIVKE
CHAP.
I,
LE BASSIN DE LA MEDITEKKANEE.
IV.
103
sud de
Cette province, surnommee JBmjooria, c'est-a-dire la concommer9ante par excellence, est vantee par le geo-
tree
la partie la plus
magnifique et
la
ginois 1'enorme
francs)
contribution
(5,821
(').
villes
du
fertilite
littoral
En
537, le vaste
Hippo-Regius (B6ne) etait encore une ville maritime considerable au temps de Jugurtha ('). Tingis (Tanger), dans la
Mauritanie, qui se vantait d'une origine tres-ancienne, faisait
la Betique.
Trois peuples africains
eurent
d'abondantes cercales.
(')
Diodore de
(*) Pline,
(')
Sicile,
XX,
XTII.
p. 49, ed.
Hudson.
( ) Tite-Live,
XXXIV,
() 68,200 francs.
7
( )
LXII.
(Tite-Live,
XXH,
xxxi.)
104
Hannon, amiral
et
numides, chez
les
peuples
du Maroc
et peut-etre
meme
du Senegal
Mais ce
n'etait pas
navigables pour
les
adopte
les
thaginois.
Une
fois etablis
en Espagne,
Grecs
mite de la Betique
par les Carthaginois, devint un de leurs
principaux arsenaux maritimes. C'est la que s'armaient des
batiments qui se hasardaient
jusque dans POcean pour aller
chercher les produits de
1'Armorique, de la Bretagne et
me-me des Canaries. Bien
que Gades eut perdu de son importance par la fondation de Carthagene (la nouvelle Carthage) en 526, elle avait encore, au temps de Strabon, une
(')
y- le
rdvoque en doute.
(ffistoire rtaturette,
V,
r,
LIVEE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITEERANEE.
IV.
105
en grandeur
si
qu'a
(').
Les
moutons et les chevaux de la Betique le disputaient en
renom a ceux des Asturies. Corduba (Cordoue), Hispalis
(Seville), ou les Remains fonderent plus tard des colonies,
e"taient deja de grandes places de commerce et avaient des
ports pour les batiments qui remontaient le Betis ( Guadald'Hercule, affluaient les richesses de toute 1'Espagne.
quivir)
(*).
O
(*)
3
( )
4
( )
6
Strabon,
III, T,
trouvait
se
140.
II,
m,
30.
Pline, III,
i,
40.
XXXIII, VH,
(Strabon, III,
122.)
() 767,695 livres d'argent et 10,918 livres d'or, sans compter ce que fournirent certaines impositions partielles, parfois fort ^lev^es, comme celles de
( )
ir,
Marcob'ca, 1 million de sesterces (230,000 fr.), et de Certima, 2,400,000 sesterces (550,000 fr.).
(Voy. les livres XXVIII a XLVI de Tite-Live.) Telles
4taient les ressources de 1'Espagne,
602
C. Marcellus imposait
meme
a une petite
dans
ville
les
6tait regardee
Guerres
Strabon
par
tf Espagne, XLVIII,
(III,
moindres
comme
fr.),
des plus
Iocalit6s,
qu'en
des Celtiberes
moderns.
(Appien,
6dit.
fr.).
106
enumere
les
produits de 1'agriculture
La
(')
du
chiffre
xxvm,
60, edit.
(Athen6e,
I,
Schweighoeuser.)
(*)
Diodore de
(")
(*)
eule.
(')
Sicile,
V, xxxiv, xxxv.
XIX,
i,
10.
1'epoque d'Annibal, cette ville 6tait une des plus riches de la P6nin-
en moyenne, en France, 10
Un metretes de vin (39 litres) valait 1 drachme
fr.)
(0 Tr. 97 cent.); un lievre, 1 obole (0 fr. 16 cent.); une chevre, 1 obole (0 fr.
16 cent.) ; un agneau, de 3 & 4 oboles
fr. 60 cent.) ; un
(0 fr. 50 cent, a
pore de 100 livres, 5 drachmes (4 fr. 85 cent.) ; une brebis, 2 drachmes (1 fr.
95 cent.) ; un bocuf d'attelage, 10 drachmes
un reau, 5
fr. 70
(9
drachmes (4
cent.)
fr.
85 cent.)
un
cent.)
de
figues, 3 oboles (0
fr.
45
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSE* DE LA MEDITEKKANEE.
IV.
107
( ).
La
la
Mediterranee
bouches du Rhone,
ere, les
et,
des
le
du
1'etroit
milieu
Gaulois se trouvaient a
comptait deux cent quatre-vingt-treize dans 1'Espagne citdrieure, et cent soixante et dix-neuf dans la Be"tique. (Histoire naturelle, III, in, 18.)
On peut
d'ailleurs appre"cier le nombre des habitants par le calcul des troupes levees
pour resister aux Scipions. En additionnant les chiffres fournis par les auteurs,
on arrive au total effrayant de 317,700 hommes tues ou faits prisonniers.
XXX
et suiv.)
En 648, on voit deux nations de 1'Espagne, les Ilergetes et les Ausetans, r6unies a quelques petites peuplades, mettre sur pied
(Tite-Live,
au bout de quelques
anne'es,
108
Plus civilises que les Iberes, mais non moins energiques, ils
unissaient des moeurs douces et hospitalieres a une grande
contact avec les colonies
activite, que developpa encore leur
grecques repandues des Alpes maritimes aux Pyrenees. La
culture des champs, 1'eleve du betail constituaient leur princides produits du sol
pale richesse, et leur Industrie s'aliraentait
et
des troupeaux.
renommees que
On y
celles
quantite en Italic.
( )
2
( )
Buiv. 3
(')
4
( )
Strabon, IV,
153
dit
n, 15Y
ni, 160.
6dit
Pline,
XXI, xxxi.
Diodore de
Sicile,
( )
i,
Voyez ce que
e
( ).
D6inosthene,
V, xxn.
XXXII'
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITERKANEE.
IV.
les
109
Ligures n'etaient
du
Si quelques villes
Au
commerce
maritime,
par des echanges reguliers
rissait,
littoral ligure, et
faisaient le
contraire, la
(*)
y^netie'et
I11
yrie -
plutot que
( ).
On peut s'en faire une idee par les pertes qu'essuya cette
province pendant une periode de vingt-sept annees, de 1'an
554 a 1'an 582 ; Tite-Live donne un total de 257,400 hommes
3
les
Le nombre des
villes
ligures,
(')
(")
Diodore de
Sicile,
( )
Voy. Tite-Live,
V, xxxix.
i XLII.
XXXII
i, 179, 180.
Strabon, V, i, 181.
mais les
(") L'or etait aussi, originak-ement, tres-abondant dans la Gaule
mines d'ou il etait extrait, les rivieres qui le charriaient, durent s'epuiser promp-
(*)
Voy. Strabon, V,
(>)
tement, car
HO
de
la
P6.
par
les fitrusques.
Tels etaient
5,000 homines ( ).
L'lllyrie etait pauvre et n'offrit que
peu de ressources aux Romains, malgre la fertilite du sol.
(')
(")
Strabon, V, i, 177.
Tite-Live, X, n.
PUne, Slstoire naturelle, HI, xrr, 119.
xxv.~
( )
Polybe, H,
v.
les employait.
la
LIVBE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITEEEANEE.
IV.
Ill
L'agriculture
e'tait
L'Istrie renfermait
Dyrrachium
(*),
et d'Apollonie obtinrent
une veritable
importance.
au
chiffre
150,000.
(') Tite-Live,
(')
Polybe,
(')
Tite-Live,
XLI, n,
IT, xi.
vi.
XXXIX,
II,
T.
Polybe,
(')
Polybe,
TmT,
XXX,
xin.
xv,
5.
Tite-Live,
XLV, xxxiv.
e"norme de
112
aux
Le Peloponnese
nait
IStoliens.
Acheens,
le
cependant Plutarque, en comprenant sous ce nom les peuples de race hellenique, avance que ce pays fournissait au
roi Philippe Pargent, les vivres et les
de son armee
La
(').
La marine grecque
approvisionnements
Sicyone et
Sur terre
vaisseaux.
insignifiantes.
La
La Grece
Remains a
la victoire
de Cynos-
mille statues
etait
(*).
Plutarque, Flamininus, u.
(')
Polybe, V, ix.
(")
Aristide,
(*)
Pausanias, Attiquc,
Panathcn.
p.
149.
xxvm.
LIVRE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITERKANEE.
IV.
113
un
de Phenicie
tres-actif
Au
amour que
:
de la paix
productives on y fabriquait des tissus de byssus qui rivalisaient avec les mousselines de Cos et se vendaient au poids
;
de For
(')
( ).
La ville
beau gymnase de
( )
(')
Tite-Live,
( )
XXXTV,
xxix.
Pline,
Hhtoire
xu.
naturelle,
XIX,
i,
4.
114
la
Grece ; on venait
un an a
1'avance,
Pyrrhus
d'ivoire de la deesse,
Nemee,
Grece
oil se
(*).
celebrait
xxm
et XXIT.
(')
Pausanias,
(*)
Pausanias, tflide,
(')
Strabon,
(*)
( )
6
( )
VIH,
I,
n.
avait
les
( )
1.
"Les marehandises
Corinthe
Ton y
tflide, II,
Pausanias, At&que, n.
(Strabon,
VHL
Dans ce
n, 28Y, 288.
cas, Corinthe
Polybe IV,
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSET DE LA MEDITEKKANEE.
IY.
Dans
la
vente du butin
fait
Parmi
115
nombreux temples,
tide, representant
ceuvres d'art
d'^retrie,
lors
de
la
guerre de
VIII.
La Macedoine
1'Asie.
Alexandre,
les
grande partie de la Grece et de la Thrace, occupant la Thessalie, etendant sur 1'^pire sa suze(')
Cic6ron,
De
5
( )
Strabon,
VHI,
(')
la Jtepubligue,
vi, 327.
(')
Tite-Livc,
XXXTT,
xvi.
H,
IT, 7, 8.
16.
XXXV, x,
Velleius Paterculus,
36.
I,
xi.
116
royaux
('),
suifisaient
mont Pangee
(*).
En
et des impots,
Vers
1'an 563
II reunit
sures, releve 1'importance de la Macedoine.
ses arsenaux de quoi equiper trois annees et des vivres
pour
moins florisCe prince donna a Cotys, pour un service de six mois,
sante.
avec 1,000 cavaliers, la somme considerable de 200 talents ( ).
la bataille de Pydna, qui consomma sa mine, pros de
dix ans.
Sous Persee,
la
Macedoine
n'etait pas
20,000
hommes
faits prisonniers
resterent
&
( ).
La
Tite-Live,
( ) Tite-Live,
-
( )
XLV, xvm.
XLH, XH.
de plomb et de fer.
Persee
Tite-Live,
(") Tite-Live,
T
( )
Tite-Live,
XLIV,
XLIV,
XLII.
XLI.
XLV, xxxn.
(Polybe, V, LXXXIX.)
avait promis le double.
lui
(Tite-
LIVRE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITEBKANEE.
IV.
autant de chefs-d'oeuvre
sien
Aucun triomphe
(').
117
n'egala le
(').
Valere d'Antium estime a plus de 120 millions de sesterces (environ 30 millions de francs) 1'or et 1'argent exposes en
cette occasion (').
La Macedoine, on le voit, avait absorbe
anciennes richesses de la Grece.
les
La
Thrace, longtemps
du Pont-Euxin, y
sation
bien-etre,
et
le
parmi ces
et,
colonies,
Byzance,
les
( )
Tite-Live,
dura
XLV, xxxin.
trois jours
le
premier
suffit
le
armes, placees sur des chars que suivaient 3,000 guerriers portant 750 urnes
monnaye chacune, soutenue par quatre homines, contenait
trois talents (en tout, plus de 13 millions de francs).
Apres eux venaient ceux
remplies d'argent
Le
troisieme jour, on
dait les
(Plutarque, Paul-lZmile,
s
( ) Tite-Live,
4
du general remain.
XLV,
enfin
le
char du triomphateur.
xxxn, xxxin.)
XL.
( )
(')
(')
1.
TEMPS ANTEBIEUKS
118
CE8AE.
tats indepeudants.
1'empire d'Alexandre, des
Les principales se re"unirent en quatre groupes,
royaumes participaient a
differents degres
de
la prosperite
de
la Macedoine.
"
L'Asie, dit Ciceron, est si riche et si fertile que la fecon" dite de ses
campagnes, la varie*te de ses produits, Fetendue
" de ses
paturages, la multiplicite des objets que le commerce
" en
exporte, lui donnent une superiorite incontestable sur
1
" tous les autres
de la terre
pays
La
richesse de 1'Asie
)."
Mineure ressort du
sitions qu'elle
paya aux
differents
X. Le plus septentrional des quatre groupes nommes cidessus forma une grande partie du royaume de Pont., Cette
province, 1'ancienne Cappadoce Pontique, jadis
satrapie persane, asservie par Alexandre et ses
et vint confiner a la
(')
(')
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSE* DE LA MEDITEEEANEE.
IV.
119
grand des salaisons ( ), 1'huile de dauphin ('), et, comme produits de 1'interieur, les laines de la Gadilonitide (*), les toisons d'Ancyre, Ids chevaux de 1'Armenie, de la Medie et de
la Paphlagonie ( ), le fer des Chalybes, population de mineurs
au sud de Trapezonte, deja celebre au temps d'Homere, et
La se trouvaient aussi des mines
citee par Xenophon (*).
d'argent, abandonnees a 1'epoque de Strabon ('), et dont 1'exDes ports
ploitation a ete reprise dans les temps modernes.
importants sur la mer Noire ouvraient a ces produits des debouches faciles. C'est a Sinope que Lucullus trouva une
partie des tresors qu'il etala a son triomphe, et qui nous
l
(').
On
(Strabon,
VH,
vr,
266
La
(Samsoun).
4
( )
6
( )
( )
Strabon,
XH,
II,
857.
in, 470.
( ) On y vit passer une statue d'or du roi de Pont, de six pieds de hauteur,
avec son bouclier garni de pierres pre" cieuses, vingt 6tagSres couvertes de vases
d'argent, trente-deux autres pleines de vaisselle d'or, d'annes du me'ine metal
et d'or monnay6 : ces e"tageres etaient portees par des hommes suivis de huit
mulcts charge's de lits d'or, et apres lesquels en venaient cinquante-six autres
portant 1'argent en lingots, et cent sept charges de tout 1'argent monnaye,
montant a 2,700,000 drachmes (2,619,000 francs).
(Plutarque, Lucullits,
XXXTII.)
8
xxm.
( )
Plutarque, Lucullus,
(")
120
coinme une des plus florissantes et des plus riches du pays (').
une des grandes
1'interieur, Amasia, devenue depuis
forteresses de 1'Asie Mineure et la metropole du Pont, avait
des guerres p uniques, un
dejA vraisemblablement, au temps
Cabire, appelee ensuite Sebaste, puis N'eockde la resistance de Mithridate le Grand centre
Lucullus, devait a son magnifique temple de la Lune une
ancienne celebrite. Du pays de Cabire, il n'y avait, au dire
certain renom.
saree, centre
XL
avec celui des villes maritimes du Pont, et notamment Nicee et Nicomedie. Cette derniere, fondee en 475 par
Nicomede Pr prit une rapide extension ('). Heraclee Pontirivalisait
(*)
(*)
Voyez ce qui
(')
est rapporte
(')
(')
Strabon,
XH,
IT, 482.
tftienne de Byzance,
V, xxxu, 149.
au mot
LIVKE
I,
CHAP.
IV.
LE BASSE* DE LA MEDITEEEANEE.
121
qtte,
Mithridate
le
elle
abritait
chevaux (').
XII.
A 1'est
de la Galatie,
la
royaume
(')
2
( )
8
( )
4
( )
de
Strabon, XII,
m,
465.
la province.
6
( )
Tite-Live,
C) Tite-Live,
XXXVHI, xxm.
XXXVIH, XXTI.
le plus
grand march^
-TEMPS ANTEKEEURS
122
CESAE.
de ce pays
1' alliance
En
( ).
des
Remains
talents
Mazaca (depuis
Cesaree), capitale
de la Cappadoce, ville d'origine tout asiatiqtie, avait ete, des
une epoque ancienne, renommee pour ses paturages (*).
XUL
connue.
(*).
s'accrut sans
yaume de Pergame, qui, gr&ce aux liberalides Remains envers Eumene II,
cesse jusqu'au moment ou il tomba sous leur
suzerainete.
Eoyaume de
Pergame.
^e
t s interessecs
deux Phiygies,
ce
la
royaume
se
Lycaonie, la Lydie.
Cette
beaux-arts etaient cultives avec le plus d'eclat.
deux ports 1'un se prolongeait jusqu'au centre de
ville avait
son enceinte
marche public
1'autre formait
6
Le
(')
J
( )
Diodore de
Sicile,
XVIH,
XTI.
Cappadoce."
4
( )
6
( )
LIVKE
Pline
CHAP.
I,
(')
le
IV.
port
LE BASSIN DE LA MEDrTEKRANEE.
123
etait la residence des Attalides; ces princes, zeles protecteurs des sciences et des arts, avaient fonde dans leur capi-
tale
un vaste
Pergame
trafic
dans
( ).
faisaitf
grande quan4
Cyzique,
( ).
sur la Propontide, avec deux ports fer6
offrant environ deux cents cales pour les navires ( ), le
tite,
une
situee dans
mes
ile
disputait
Adramyttium
les
10
).
On
En
Remains.
]
Histdre
( )
1
('-
C'est de
naturelle,
1^1
et,
Eumene
II,
V, xxx, 126.
les flottes
(Tite-Live,
cette ville,
les
la sortie
du papyrus egyptien.
4
( )
ble (Tite-Live,
(Polybe,
6
( )
6
( )
7
( )
8
( )
(")
Strabon, XII,
10
mddimnes de
Strabon,
XV,
vm,
492, 493.
in, 626.
'TEMPS AOTEBIEUKS
124:
CESAE.
un
(*).
Leur
autorite directe ne
territoire fort
triomphe de Manlius et les reflexions de Tite-Live, rapprochees du temoignage d'Herodote, revelent toute la splendeur
du royaume de Pergame. C'est apres la guerre contre Antiochus et 1'expedition de Manlius que le luxe s'introduisit a
4
Rome
( ).
enrichis en Asie
(*).
dans
surtout le
commerce des
Tite-Live,
XXXII, xvi
(")
Tite-Live,
XXXVH,
(*)
Le
( )
petit roi
talents et 10,000
XXXVI,
si
conside
XLIII.
vin.
medimnes de
XXXVIII, xiv
et
xv)
xvm
xix), et les villes de cette partie de 1'Asie contribuerent, a la premiere sommation du gdn6ral remain, pour environ 600 talents
(soit 3,500,000 francs) ; elles
livrerent aussi pres de 60,000 me'dimnes de cerSales.
4
( )
B
Tite-Live,
XXXIX,
TI.
Manlius, quoiqu'il cut 6t6 d4pouil!6, & son retour, d'une partie de son
immense butin par les montagnards de la Thrace, fit encore porter a son
triomphe des couronnes d'or de 212 livres, 220,000 livres d'argent, 2,103 livres
( )
d'or, plus
(Ti^Live,
XXXIX,
vn.)
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITEKKANEE.
IV.
125
rabies, que cela nous engage a parler ici d'un fait qui se rap
porte a cette petite ile, situce assez loin de 1'Asie, pres des
cotes de la Thrace
le
sanctuaire des
les soldats
XIV. Sur
la cote meridionale
villes soutenaient le
la valeur
( ).
rang
un ou deux
siecles auparavant.
La
Halicamasse, ville tres-forte,
Carl6i
comme
Lycie et
les
(*).
Les Milesiens
la
( ).
flotte
par Brutus
le
meme
]
( )
3
( )
3
( )
4
( )
6
( )
8
( )
7
( ).
XIV,
Strabon, XIV,
Strabon,
i,
XIV,
V, xxix, xxx.
in, 568.
( )
(*)
H^rodote,
I,
542.
Strabon,
Sous la domination
n, 565.
( )
(').
CLXXVI.
Dion-Cassius,
XLVH,
XXXIT.
126
Plus a
risees;
1'est, les
tour
dominees
tour
par
les
Macedoniens,
les
gands pour
1'Orient
La
et
dont
Soles,
de sa
fidclite
faisait 1'envie
des Rhodiens
Ces
( ).
mouve-
les
XY. Par la fondation de 1'empire des Seleucides, la civilisation grecque fut portee j usque dans 1'interieur de 1'Asie, ou a
1'immobilite de la societe orientale succeda la vie
Les
active de 1'Occident.
mer de
( )
V, XXTII, 101.
( )
Strabon,
( )
4
( )
Strabon,
XIV,
XIV,
T, 571.
T, 670.
T, 674).
( )
v.
nom
VAntioche, cinq du
nom
de Laodi-
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSE* DE LA MEDITEERANEE.
IV.
du temps de Pline
ruinees
127
(').
de
la dynastic greco-syrienne,
ceinte
Non
de
loin
Daphne, dont
le bois,
de
paturages.
Seleucus
du
et
500 elephants
(").
Le tem-
Heliopolis (aujourd'hui Baalbek}, etait I'osuvre d'architecture la plus colossale qui eut jamais existe (T).
La puissance de 1'empire des Seleucides s'accrut jusqu'au
ple
a,
Soleil,
jour ou les Romains s'en emparerent. S'etendant de la Mediterranee a 1'Oxus et au Caucase, cet empire etait compose de
cee,
tie,
neuf du
et
nom
de Seleucie, trois du
un grand nombre
nom
d' Apamee,
une du
nom
de Stratoni-
noms
grecs.
Pline (Histoire naturelle, VI, XXTI, 119) cite une de ces villes qui avait
eu 70 stades de tour
(')
8
( )
Strabon,
Pausanias, VI, n,
( )
et n'e"tait plus
XVI, n, 638.
Strabon,
XVI, n,
7.
638.
( )
7
( )
Strabon,
XVI, n, 640.
sur une terrasse de 1,000 pieds de longueur sur 300 pieds
II s'61evait
128
presque toutes
les
la Medie
et renfermait des peuples d'origines differentes ( )
etait fertile, et sa capitale, Ecbatane, que Polybe nous represente comme 1'emportant par ses richesses et le luxe incroya:
ble de ses palais sur les autres cites de 1'Asie, n'avait point
2
encore 6te dcpouillee par Antiochus III ( ) la Babylonie,
;
la Phenicie,
longtemps
commerpante du monde, faisaient partie de
Des carala Syrie et touchaient aux frontieres des Parthes.
vanes, suivant un itineraire qui est reste le meme pendant
bien des si6cles, mettaient en relation la Syrie avec
la contree la plus
1'
Arabic
( ),
1'ivoire, les
parfums,
chelles
commerce avec Sandrocottus. Les denrees de ce pays remontaient 1'Euphrate jusqu'a Tbapsacus de la elles etaient
4
exportees dans toutes les provinces ( ). Des relations aussi
lointaines et aussi multipliees expliquent la prosperite de
;
1'empire
Tyr,
La Babylonie
des Seleucides.
Phrygie pour
les tissus
brodes
la
rivalisait
pourpre et
ouvrages d'orfevrerie et
avec la
de
les tissus
les teintures
de
puis
( ).
C^)
Polybe, X, xxvii
(Appien,
Ecbatane paya a Antiochus III un tribut de 4,000 ta23,284,000 francs), produit de la fonte des tuiles
les
II y avait jadis
2,910,500 francs). (Polybe, XIII, ix.)
Diodore de Sicile, II, L.)
beaucoup d'or en Arabic. (Job, XXTIII, 1, 2.
4
( ) Strabon, XVI, iv, 652.
(talents attiques
(')
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITERKAKEE.
IV.
129
un canal de la
Les mines de metaux
precieux etaient assez rares dans la Syrie mais 1'or, 1'argent,
introduits par les Pheniciens, importes de 1' Arabic ou de
1'Asie centrale, y affluaient.
On peut juger de la quantite de
numeraire quo possedait Seleucie, sur le Tigre, par le chiffre
de la contribution a laquelle la soumit Antiochus III (mille
J
Les sommes que les monarques syriens s'engatalents) ( ).
gerent a payer aux Romains Etaient immenses ('). Le sol
entre la Grece et la Bactriane, en construisant
mer Noire a
la
mer Caspienne
(').
ses cereales,
La
tee pour
(')
2
( )
fees
troupeaux
La
(").
Polybe, V, LIT.
Si,
comme
il
est probable,
il
s'agit ici
de talents baby-
peup!6e. Pline (Histoire naturelle, VI, xxvi, 122) lvalue le chiffre de ses
habitants a 600,000.
Strabon (XVI, n, 638) nous dit que Seleucie surpassait
meme
en grandeur Antioche.
Cette
ville,
( )
En
565,
Antiochus
HI donne
15,000
talents
(talents
attiques
Romams.
(Polybe,
XXH,
XXTI,
119.)
5
( )
et
Suivant Strabon,
meme
(')
deux
XV,
Strabon,
XVI, n, 640.
9
peu probable.
130
dance
si
prosp6re au
vn
si6cle
de Kome, que
nius nous represente les habitants se livrant a des fetes continuelles et partageant leur temps entreles travaux des champs,
banquets et les exercices du gymnaseC). Les fetes d'AnIV dans la ville de Daphne (") donnent 1'idee du luxe
que deployaient les grands de ce pays.
Les forces militaires reunies a diverses epoques par les
rois de Syrie permettent d'apprecier la population de leur
les
tiochus
hommes ( ).
La marine n'etait pas moins
pied 40,000
La Phenicie
imposante.
comptait des ports nombreux et des arsenaux bien approvisionnes
Tyr
tels etaient
(Sour).
decadence.
chus
III,
pulation
La
( ).
d'ailleurs,
sous
les
^gyptiens,
6dit. SchVcigliseuser.
( )
Polybe, V, LXXIX.
( )
Tite-Live,
XXXVII, xxxvu.
XVI, n,
( )
Strabon,
(')
Polybe, V, LXX.
646.
LIVEE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDITEEBANEE.
IV.
131
Le commerce
la Mediterranee,
marchands;
comme
nombreux navires
1'Euphrate,
etait
sil-
mer EVythree
et
mediterranean.
L'em-
gypte.
pire des Seleucides offrait le spectacle de 1'ancienne civilisation, de 1'ancien luxe de Ninive et de Babylone, transfonnes
le
par
genie grec.
( )
Sa
civilisation remontait
XXXIII, XLI.
Strabon, XVI, n, 640.
Tite-Live,
Polybe, V,
au dela de
nx.
Strabon,
XYI, n,
( )
639, 640.
deux cents
et
bailments legers.
C'est la plus grande flotte
(Tite-Live, XXXHI, xix.)
syrienne dont il soit fait mention dans ces guerres. Au combat de Myonnese,
la
flotte
lutte
XLIII.)
possedait,
non compris
la
un peu avant
flotte
XXXVI,
XLIII
XXXVII,
132
trois mille ans.
Les
florissaient deja
quand
tait
(86,150,800
et a 1 million et
fr.)
demi d'artabes
( )
de ble
(').
leves dans les possessions etrangeres atteignaient le chiffre d'a pen pres 10,000
au
et
demi)
( ).
Une
seule
Philadelphe 2,240 talents (plus de 13 milLes sommes accumulees dans le tresor montaient
coutait
fete
(*).
a,
chiffre, peut-etre
de francs) (').
En 527, Ptolemee
EVergete put, sans trop amoindrir ses ressources, envoyer
milliards
(')
5
( )
300
millions
Herodotc,
( )
(*)
5
( )
Polybe, V, LXXIX.)
Bockh, Slaatshaushaltung der Athener,
I, XIT, 15.
Flavius Josephe, Antiquites
judatques, XII, IT.
Athenee, V, p. 203.
Perse.
nay6
et
Cyrus avait gagne, par la conquete de 1'Asie, 34,000 livres d'or mon500,000 d'argent. (Pline, XXXIH, XT.) Sous Darius, fils d'Hystaspes,
talents
7,600
babyloniens d'argent (le talent babylonien
7,426 francs)
etaient verses annuellement au fisc
royal, plus 140 talents, affect6s a 1'entretien de la cavalerie sicilienne, el?360 talents d'or
(4,680 talents
d'argent^payes
les Indes.
(Herodote, III, xciv.) Ce roi avait done un revenu annuel de
14,560 talents (108 millions de francs). Darius emmenait avec lui en campagne
deux cents chameaux charges d'or et
d'objets precieux.
(Demosthene, Sur
les symmories, p. 185
;
XT, p. 622, ed. Miiller.) Aussi, d'apres Strabon, Alexandre le Grand trouva-t-il dans les quatre
tresors
de ce roi
grands
par
(a Suse,
Pereis,
francs).
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSET DE LA MEDITERBANEE.
IV.
133
et dix millions
abondaient dans
d'une
traces
1'
exploitation
aujourd'hui
comme
1'attestent les
puisee et la foule
Pendant
quel-
devint,
viz"
siecle
monde
le
commencement du
de
( ).
la
Rome,
spacieux et commodes, qui permettaient aux plus gros naLa arrivaient les marvires de venir mouiller a quai (').
1'
Arabic, de 1'^tbiopie, de la c6te
unes apportees a dos de chameau de Myos4
Hoi-rnos (au nord de Cosseir), puis transporters sur le Nil ( ) ;
les autres venues par canaux du fond du golfe de Suez, ou
chandises de 1'Inde, de
d'Afrique
les
amenees du port de Berenice sur la mer Rouge (*). L'occupation de cette mer par les gyptiens avait mis un terme
aux pirateries des Arabes (') et permis de fonder de nombreux comptoirs.
L'Inde fournissait
bois d'ebene
1'
mousse-
Tous
ces produits
( )
a
Polybe, Y, LXXXIX.
( )
Strabon, XVII,
i,
6Y8.
(*)
Strabon, XVII,
i,
672, 673.
Strabon,
XVI,
IT,
664
i,
683.
( )
6
( )
Strabon, XVII,
Diodore de
XVH,
i,
692.
134
La
XV
s'etendait
meme
jusque sur
les
montagnes
(*)
(laserpitium)
le vin, 1'huile,
que
le
silphium
( ).
10.
Eii 637, a Raphia, 1'armde egyptienne s'61e70,000 fantassins, 5,000 cavaliers, 73 elephants. (Polybe, V, LXXIX ;
Appien, Preface,
(')
vait
(*),
ii
voyez aussi Y, LXT.) Polybe, qui nous donne ces details, ajoute que la solde
des officiers etait d'une mine (97 francs) par jour. (X1H, n.)
5
Athenee (V, XXXTI, 284) et
( ) Theocrite, Idylle XVII, vers 90-102.
PtolemSe IV PhiloAppien (Preface,
10) donnent le detail de cette flotte.
pator
fit
construire jusqu'a
( )
et
30 de
espece de
gomme
nement a
et d'assaison-
Lorsque, en 658, la Cyrena'ique fut incorporee a la Edpublique romaine, la province payait son tribut annuel en silphium. Trente
livres de ce sue, apportees a Rome en
667, 6taient regardees comme une
merveille
du tr6sor
la cuisine.
et,
lorsque C6sar, au
public,
il
Athenee,
XV,
LIVBE
I,
CHAP.
LE BASSIN DE LA MEDirEERANEE.
IV.
135
Cependant
revolutions
les
politiques
prosperite de ce
pays ('), qui constituait auparavant par sa navigation, son
commerce et ses arts, peut-<Hre la plus belle des colonies fon( ).
avaient
XVIII. Les
nombreuses de
lies
la
Mediterranee jouis-
mer
et rnunies d'excellents
1'figypte
pierres
de
1'ile
notamment
XIX. La
relle,
(')
3
( ).
XXXTIII, 514?
Diodore de
Sicile,
( )
5
( )
le
Ath6nee, HI,
LTIII, 392.
XVII, XLIX.
( )
( )
le
xxix, 487
On
meme ( Cuprum).
sanctuaires,
10.
animaux, V, LTI.
2, 3.
Strabon,
XIV,
TI, 583.
( )
Virile, tineide,
I,
415.
Stace, Thebatde,
V, 61.
XXXIV,
n,
IT, 94.
136
services, les
renommes, combattaient
Cr6tois, archers
comme
XX.
Rhodes, au contraire,
Deja habitee, au temps d'Homere, par une popunombreuse, et renfermant trois villes importantes,
e
Lindos, lalysos et Camiros (*), Pile etait, au v siecle de Rome,
lation
fois
(')
.
(')
(')
( ).
Ils possedaient,
sur le
(Tite-Live,
(')
Polybe,
XXX,
vn, an de
Rome
590.
ville
Sicile,
de Rhode en Espagne,
les dtablis-
( )
notamment ^ 1'epoque ou
LrVBE
I,
CHAP.
LE BASSE* DE LA MEDITERBANEE.
IV.
137
La
francs).
maintenir
le
Charges d'esclaves, de
s
viandes salees
( ),
du Bosphore Cimmerien (mer cTAzof) des bles alors tresrenommes (*), et portaient sur la cote septentrionale de 1'Asie
Mineure
Au moyen
de
ses flottes, et
quoique n'ayant qu'une armee de terre composee d'etrangers ( ), Rhodes fit plusieurs fois la guerre avec succes. Elle
lutta contre Athenes, notamment de 397 a 399 elle resista
victorieusement, en 450, a Demetrius Poliorcete, et dut son
4
d'lalysos, oeuvre de
cette
epoque
de Rhodes, et
allies
Nous voyons en effet avec quel soin les Rhodiens se mdnageaient des
du cot6 du Pont-Euxin. (Polybe, XXVII, TI.)
( )
s
( )
4
( )
5
( )
Pendant
aux flammes
XXXIII,
le siege
des
XTIII.
le projet
de
livrer
Edifices publics
(Aulu-Gelle,
XV,
xxxi.)
() En 555, vingt navires en 556, vingt butiments pont^s; en 563, vingtCette derniere flotte de trentecinq batiments pontes et trente-six vaisseaux.
six vaisseaux fut detruite, et cependant les Rhodiens purent remettre a la mer,
;
138
La
Rhodes
celebrite de
n'etait pas
que dans
le
moms
grande dans
Apres le regne
commerce.
d'Alexandre,
(*)
dans
comme
de toutes
les parties
de
1'art oratoire.
lies de la mer
gee avaient presque toutes
perdu leur importance politique, et leur vie commerciale
etait absorbee par les 3tats nouveaux de 1'Asie Mineure, par
II n'en etait pas de meme de
la Macedoine et par Rhodes.
1'archipel de la mer lonienne, dont la prosperite continua
jusqu'au moment ou il tomba au pouvoir des Remains. Corcyre, qui reyut dans son port les flottes romaines, devait a
Les autres
comme Byzance
XXI.
130,000
la
m6me
(Tite-Live,
hommes
XXXI, XLVI
En
XXXII, xvi
584,
ils
avai(Hit
quarante vaisseaux.
ix, xi,
xn
XLII, XLV.)
J
( )
Pline,
XXXIV, XTH.
( )
a
Strabon,
XIV, n, 557.
( )
(')
Tite-Live,
XXIII, XL.
Tite-Live,
( )
4
( )
Le
chiflre
de 80,000
hommes que
LIVKE
I,
CHAP.
LE BASSE* DE LA MEDITEBKANEE.
IV.
139
XXHI. La
Sicile,
les
les
les
donne par
J
( )
n, 187.
3
( )
4
( )
5
( )
Tite-Live,
XLI, xxi.
Polybe, I, LXXIX
IV, sect I, ch. n.
Diodore de Sicile, V, xv.
Tite-Live, XXIX, xxxvi.
Voyez Heeren,
Tite-Live,
t.
Strabon, V,
XXX, xxxvm.
Strabon, V, n, 187.
Diodore de
Sicile,
V, xiv.
( )
Strabon, V, n, 186-187.
( )
XXXIT
XLII, vn.)
En
cire, et
140
digieuse
pour
les
fertilite, etait,
on
deux peuples
le
La
Sicile,
comprend,
tin objet
Rome
de
elle-
1'Italie
( ).
( ).
le
pour
les
( )
Tite-Live,
(*)
Polybe,
(*)
6
( )
XLVI.)
7
( )
v6tements.
I,
XXV, xxxi.
xvn et xvm.
xxvi)
et
Polybe
(I,
XLI, XLII,
Floras, II, n.
LITRE
I,
CHAP.
IV.
LE BASSIN DE LA MEDITERKANEE.
141
deux ou
Le souvenir d'une
de renaitre a
la vie et a la civilisation
CHAPITRE CINQUIEME.
GUERBES PUNIQUES, DE MACEDOINE ET
D'ASIE.
*,**
meridionale de
Comparaison
entreEomeet
Carthage.
partage en deux
le
grand bassin de
de deux
la
MMiterranee.
Elle
avec Rome,
et,
imprevoyante de
1'avenir,
felicite le
le peuple,
les
vertus
civiques, tandis qu'& Carthage les premieres families, enrichies par le commerce, amollies
un luxe effrene, formaient
par
LIVEE
I,
CHAP. V.
143
a Carthage, se recomposait avec peine ; a Rome, elle se refonnait aussitot, puisque le peuple etait soumis au recrutement. Si la penurie du tresor obligeait de retarder la paye,
les soldats carthaginois se revoltaient et
mettaient
peril
les
1'lStat
et la
en
misere
La religion carthaginoise faisait de la divinite une puissance jalouse et malfaisante, qu'il fallait apaiser par d'horribles sacrifices ou honorer par des pratiques honteuses de la
:
bon sens ou
brutalite du paga-
Rome,
le
du gouvernement temperait la
nisme, et maintenait dans la religion des id6es de morale (').
Rome avait
Quelle difference encore dans la politique
1'interet
dompte par
vironnaient
est yrai, les peuples qui 1'enelle s'etait pour ainsi dire fait pardonner
mais
il
du moins,
(Diodore de
Moloch tenant un
Sicile,
gril destin6
Antiquitea sardet, pL
XX,
xiv.)
Remarquer
254.)
les
figurines
(Alb. della
de
Marmora,
144:
la jeunesse, tandis
que Carthage
etait arrivee a ce
degre de
indociles
et
des sujets
la Mediterranee.
puerre nunique
leur convoitise.
alors partagee entre Hieron, tyran de Syracuse, les Carthaginois et les Mamertins.
Ces derniers, issus d'aventuriers
e"tablis
cusains.
Us
solliciterent
tion
nom
ils
par consequent
meme
Le
commune
d'une
Italiotes,
uns
en obtinrent;
qu'ils
exigeants,
^taient
ou
senat hesitait
le
apres,
passait le d^troit, battait les Syracusains d'abord, puis les
Tel fut
Carthaginois, et s'etablissait militairement dans 1'ile.
le
commencement de
(')
Polybe,
I,
TII, xi.
la premiere guerre
punique.
LIVEE
I,
CHAP. V.
145
Les
mais
Une incomparable
batiments ennemis.
peu de temps a
1'insuffisance
de la
energie supplea en
flotte: cent
vingt galeres
furent construites d'apres le modele d'une quinquereme cartl.aginoise echouee sur la cote d'ltalie ; et on exer9a a terre
des soldats au maniement des rames
J
( )
2
( )
Polybe,
I,
bout de deux
xvi.
Nous avons
Au
( ).
la prise
d'Antium (Porto
(TA.nzo), avait deja une marine, mais elle n'avait pas de galeres a trois rangs
ou a cinq rangs de rames. Rien de plus vraisemblable alors que le r6cit de
Titc-Live, qui
avance que
les
Romains
prirent pour
hasard nous
offrait
probleme ne
serait
un modele.
( )
Polybe,
I,
xx, xxi.
10
146
de sa superiorite maritime.
Cependant
effort
Ses premiers
ple d'Agathocle, imagina d'y porter la guerre.
succes furent tels que Carthage, dans son effroi et pour eviter le siege dont elle et-ait menacee, s'appretait a renoncer
& ses possessions en Sicile. Trop confiant dans la faiblesse
des resistances qu'il avait rencontrees, Regulus crut pouvoir
ils
flottes des
La
dition maritime.
le
( )
Chaque vaisseau
pour
portait
fait,
300 rameurs
pour
et
120 soldats,
la flotte
carthaginoise,
(Polybe,
I,
pendant
six
xxv
soit
420 hommes
147,000 hommes,
et xxvi.
et,
LIVEE
norme,
I,
les
CHAP. V.
14:7
equiper encore
une
flotte
deux
de
cents quinqueremes.
tanes,
et,
pour
la
malgre ce succes definitif, il y eut des echecs momenon doit les attribuer en grande partie a 1'instabilit^
des plans de campagne variant annuellement avec les genePlusieurs consuls, cependant, ne manquerent ni d'haraux.
bilete ni de perseverance, et le senat, toujours reconnaissant, recompensa dignement leurs services.
Quelques-uns
titude.
grands desseins.
( )
(*)
Polybe,
I,
xxxvi.
(Polybe,
I,
uai.)
148
les auxiliaires, qui leur dison peut citer aussi 1'inputaient le poste le plus p6rilleux ;
sauva les legions
trepidite du tribun Calpurnius Flamma, qui
enfermees par Amilcar dans un defile. II couvrit la retraite
avec trois cents homines, et, retrouve vivant sous un monceau de cadavres, re9ut du consul une couronne de feuillage,
modeste recompense, mais suffisante alors pour inspirer 1'herolsme. Tous les sentiments nobles etaient exaltes au point
premiere guerre punique les Carthaginois menacerent souvent les cotes de 1'Italie, sans jamais tenter un
debarquement serieux. Ils ne purent trouver d'allies parmi
Pendant
les
la
entre
le
que
qu'il avait
se
fit
dant
combler
dans
1'interieur le senat
les legions.
prestige, et a 1'exterieur il jouissait
alors d'une reputation de bonne foi
qui lui assurait des
alliances sinceres.
un grand
La premiere guerre punique exer9a sur les mceurs une inJusqu'alors les Remains n'avaient pas
fluence remarquable.
l
( )
Valfcre
a
( )
Tite-Live, Epitome,
Maxime, V,
i,
2.
XIX.
LIVKE
I,
CHAP. V.
se
fit
nombreuses
La
149
conque'te de
et actives, et bientot
sentir ce
fois d'utile et
les
donne
Rome deux
sectes de
rielles.
adopta.
La guerre
Les
les
Mamertins,
le
et
( )
150
par
anciens maitres.
Vers
meme
la
parerent de la Corse,
et,
Ligures et les
paix depuis quarante-cinq ans.
e jj e entreprenait centre
un
bares, c'est-a-dire etrangers ula race hellenique; il est probable pourtant qu'ils avaient avec elle une certaine affinite.
civilisation
aux Pheniciens
les
Siciliens
LIVEE
I,
CHAP. V.
151
feroces, elles 6taient pretes & vendre leurs services et leur sang
a qui roulait les payer, fort semblables, en un mot, aux
Le
exerpait la regence.
ment etrangeres a
Ce
un
fait seul
la civilisation hellenique et
romaine.
Un
(').
Cette expedition valut a la Republique une grande popular^ dans toute la Grece ; les Atheniens, et la ligue Acheenne
surtout, furent prodigues de remerciments, et commencerent
des lors a considerer les Romains comme des protecteurs con-
Macedoine. Quant
ne suffit pas pour les
corriger de leurs habitudes de piraterie. Dix ans plus tard,
une autre expedition dut aller chatier les Istriens au fond de
tre leurs
aux
1'Adriatique ( ),
trius aux ordres
et,
du senat ramena
la
guerre en
Illyrie.
DemeII fut
que
(')
2
( )
le
ou
le sujet
de la Repu-
Florus, II, v.
O Polybe,
II,
( )
1'allie
Tite-Live, Epitome,
XX, an de Rome
533.
152
l
blique
( ).
attirait
1'attention des
blic,
pour
du
Le meme
anima
L'effroi fut
( ).
immense a Rome.
les
( )
2
( )
" Ce n'etait
pas
3
( )
loise,
ealut."
-
Rome
( )
seule
;
ils
(Polybe,
n,
xxii, rsxiv.)
que
alli6es
Sabins et Etrusques
Les Ombriens
et
tants de 1'Apennin
Ce'nomans
A Rome
et
2,000
30,000
50,000 et plus de 4,000
Sarsinates, habi-
Venetes
20,000
20,000
20,000
"
"
1,500
LIVKE
I,
CHAP. V.
153
dant, que les homines valides e"taient alors dans une proporCes documents donnent
tion beaucoup plus grande (').
ils
ils
Dans les annees suiv antes, les tribus gauloises, successivement refoulees au dela du P6, essuyerent une nouvelle defaite
la coalition
complete du pays.
de Plaisance contribuerent
la soumission
Cremone
et
neanmoins a le contenir.
Pendant que le nord de 1'Italie semblait devoir absorber
1'attention des Remains, de graves evenements se passaient
en Espagne.
V. Carthage, humiliee, avait perdu 1'empire de la mer, la
Rome, au contraire, s'etait affermie
Sicile et la Sardaigne.
Allies (de la reserve)
30,000
Latins
80,000
6,000
70,000
7,000
Samnites
lapygiens
Lucaniens
et
Messapiens
En
Sicile et
2,000
50,000
16,000
30,000
3,000
20,000
4,000
et
liers
8,400
400
250,000
23,000
(')
Voyez
Berlin, 1841.
le
154:
Deuxi&ne
{merre punique
la
Mediterranee, en Illyrie
,
,
a coup la scene
m
Tout
Un
apparition
dans
homme
de
changement
ge"nie,
si
imprevu
rangs de
Annibal.
les
Son
Charge ensuite de
cenaires.
vaincu
les
bonne heure
il
le
se 1'etait attache
En
le
il
lui
fois,
comme
a l'e"gard des
Mamertins, elle montrait une sym-
( )
( )
Tite-Live,
XXI, vu.
LIVKE
I,
CHAP. V.
155
reu
les
Ceux-ci
ils
n'arriverent
Un butin im-
mains, envoyes pour exiger des indemnites et meme demander la tete d' Annibal, furent mal re9us et revinrent en declarant les hostilites inevitables.
Rome
s'y prepara avec sa fermete et son energie ordiL'un des consuls eut ordre de passer en Sicile et de
en Afrique, 1'autre de diriger une arme par mer sur
naires.
1&
PEspagne
avec
les
(')
il
x.
du Rhone, lorsque
le
consul
156
Cornelius Scipion, de
charge de conquerir 1'Espagne, P.
barque pres de 1'embouchure orienfale de ce fleuve, apprit
dans les Alpes. II laisse alors
qu'Annibal etait dejii engage
son armee a son frere Cnseus, retourne promptement a
des troupes destinees a combattre les
Pise, se met a la tete
Boiens, traverse le
P6 avec
fatigue et affaibli,
le
il
1'Italie.
se
1'accueillirent
marais du Val di
romaine pres du lac de Trasimene, dans des lieux defavorables, la detruisit presque tout
de 537,
Chiana,
il
entra en
et,
attirant 1'armee
entiere.
bal ?
Mettre
les
Apennins entre
lui et
Rome,
se rapprocher
LIVKE
I,
CHAP. V.
157
imprudemment
a 87,000
d'allies, s'elevant
hommes
(538)
Un
(").
des consuls
champ de
bataille
(').
Des
une partie du
lors
Samnium, de
1'
(')
leur attachement."
" Les
(Tite-Live,
XXH,
"
LXI.)
fermes dans
xxxix.)
(") H y avait
XXVH, XLIII.)
3
( )
Tite-Live,
dans
les troupes
XXTT, XLIX
romaines de
XXHI,
xii.
"Dans
la
deuxieme
guerre
punique 1'usage des anneaux etait deja devenu vulgaire; sans cela il eut ^t^
impossible a Annibal d'envoyer trois modius d'anneaux & Carthage." (Pline,
XXXIII,
vi,
4.)
On
lit
dans Appien:
"Les
vm,
( )
Live,
Guterres puniques,
CT.)
" Les
villes grecques,
XXIV, i.)
Meme dans
le
Bruttium, la petite
ville
(Tite-
de Petelie se defendit
158
Vers
le
meme
envoye centre
pieces.
Les Romains
so faisaient surtout
le senat,
s'etaient
retirees
du combat,
et les
envoya en
Sicile
avec
La
d'Annibal.
de cetix
rhomme
Chacun
rivalisa
de sacrifices et de devouement.
ti
personne.
leva de
On
nouvelles
homines.
(')
les
femmes
se battirent
comme
(") Tite-Live,
Tite-Live,
"
La
XXVI,
XXIV,
i.
XIT.
loi
( )
Oppia, proposee par le tribun C. Oppius, sous le consulat de Q.
Fabius et de Tiberius Sempronius
(539), au fort de la seconde guerre punique,
d6fendait aux
LIVBE
I,
CHAP. V.
159
les
La preuve
la plus
de Carthage.
sacrifices publics."
loi,
Valere Maxime, I,
" C' etait dans la
Numides
il
(Tite-Live,
XXXTV,
i,
vi.)
15.
i,
Rome."
(Polybe, IX,
m.)
"La
perte de
500
tage,"
3
( )
(543.)
(Tite-Live,
XXVI, xxxvm.)
" Annibal se
Bouvenait d'avoir echoue devant Plaisance."
(Tite-Live,
XXVII, xxxix.)
4
( )
Tite-Live,
XXIH, xv
Casilinum et de Nucerie
et
et
xvni.
quant a
(Tite-Live
la citadelle
XXVH,
xxv.)
160
ne pouvant y parvenir,
la cote orientale, oil
du
roi
il
de Macedoine.
il
Locres et Rhegium.
Toutes les defaites essuyees par les generaux de la Republique avaient eu pour cause d'abord la superiorite de la
1
cavalerie
hate
('),
1'exces
numide
Cependant
( )
LIVKE
CHAP. V.
I,
161
dans
le
midi de
1'Italie,
dont
la
evitant les engagements, s'eloiguant peu de la mer, et ne depassant pas 1'extremite meridionale du Samnium.
En
par un de ses
s'avan9ait,
en longeant la cote de 1'Adriaconsulates etaient chargees de comCarthaginois 1'une, sous les ordres du consul M.
le rejoindre,
pour
Deux armees
tique.
battre les
meme
canie, et
mentum.
Annibal
s'etait
bal, qui
Bruttium
il
menacee par les legions romaines, deja sur le sol afripour la defendre.
La marine des deux nations joua dans cette guerre un
role important.
Les Remains mirent tout en osuvre pour
patrie,
cain, le rappelle
rester maitres
XXYH,
xiix.
(')
Tite-Live,
3
( )
8
( )
En
(Tite-Live,
636,
Rome
XXI,
avait sur
et
11
20
petits vaisseaux
maniere
efficace lea
162
La
difficulte
bles,
(').
En 537, Scipion,
(Tite-Live, XXI, XLIX, LI.)
avec 35 vaisseaux, detruit une flotte carthaginoise aux embouchures de 1'Ebre
(Tite-Live, XXII, xix), et le consul Servilius Geminus debarque en Afrique
cotes de la Sicile et de
1'Italie.
avec 120 bailments, afin d'empecher Carthage d'envoyer des renforts a Annibal.
En 538, la flotte de Sicile est renforcee de 25
(Tite-Live, XXII, xxxi.)
navires.
(Tite-Live,
En
XXII, xxxvn.)
tique, portee
Live, XXIII,
a 55
voiles, re9oit la
xxxvm.)
La meme
Carthaginois.
vaisseaux (Tite-Live,
XXIV,
xi)
ann4e, la flotte
de
Sicile,
(Tite-Live,
;
le roi
le territoire d'Utique.
L'eflectif
pas varie jusqu'en 543, epoque a laquelle la Grece necessitait encore la presence
de 50 batiments remains, et la Sicile, de 100. (Tite-Live, XXVI, i.) En 544,
En
les
les arrivages
ville.
une descente en
(Tite-Live,
(')
" Les
Carthaginois, uniquement prdoccupes de semauitenir en Espagne,
comme s'il n'avait eu que des succes
xm et XLI.
5
( )
Tite-Live,
XXTII,
LIVRE
H faut
mis qui
CHAP. V.
I,
163
En m6me
les
temps
La
Sicile,
de la en Afrique,
oil,
apres une
(')
642
540,
Rome
en
xxii,
xxxvi
()
" Les
Rome ou
XXX,
n, xxvn, XLI
Remains ne prenaient
dans de Latium."
XXXI,
Tin.)
(rite-Live,
XXII, xxxvii.)
164
jouissait
La
immense avantage de
faire cesser
effet,
a toujours cet
les divisions
interieures
de Cannes
les
hommes
des
(')
2
( )
Tite-Live,
XXm, xxm.
"
Q. Metellus disait
que 1'invasion d'Annibal avait reveille la vertc
du
peuple remain deja plong4 dans le sommeil." (Valfere Maxime, VH, n, 3.)
3
Dix-huit
( ) Le s^nat demanda a trente colonies des hommes et de 1' argent.
donnerent 1'un et 1'autre ayec
ce furent
Norba, Saticu-
empressement,
Signia,
plus ni
Cars^oles,
Sora,
XXVII, ix.)
4
( ) "Les
Suessa,
Setia,
Circeium,
(Salluste,
Interamna.
guerre punique."
Narni,
(Tite-Live,
la seconde
LIVKE
CHAP. V.
I,
165
du renouvellement
annuel des pouvoirs consulaires (') ; mais cette cause incessante de faiblesse, comme on 1'a vu plus haut, etait compensee
le patriotisme.
En voici un exemple frappant Fabius
etant prodictateur, Minucius, chef de la cavalerie, fut, chose
Ce dernier, entraine
insolite, investi des memes pouvoirs.
par
par son ardeur, compromit 1'armee, qui fut sauvee par FaII reconnut alors ses torts, se rangea de bonne grace
bius.
sous les ordres de son collegue, retablissant ainsi par sa
seule volonte 1'unite de
commandement
( ).
Quant au chan-
que,
Et plus
" avait
joint 1'ennemi, mais avait et6 rappele avant d'avoir
"
(')
Quatre tribus s'en remettent au s6nat pour accorder le droit de sufArpinum ; mais on leur rdpond qu'au peuple seul
Vm,
(')
16.)
xxix.
Tite-Live,
XXH,
Tite-Live,
XXVII,
4
( )
v,
vn.
166
" Iivr6 bataille
"1'annee a
Rome
"
)."
pas
et le
donner des terres aux soldats qui avaient fini leur temps ; et,
en 552, on assigna aux veterans de Scipion, pour chaque
annee de service en Afrique et en Espagne, deux arpents des
a
(*),
Rome
( ), oil,
malgre
les sacrifices
imposes par
la guerre, le
commerce
illes
que
Tite-Live,
XXXII, xxvni.
(*)
Tite-Live,
(')
Tite-Live,
XXXI,
XXIV,
XLIX.
( )
Zonare, Annales,
V1H,
6
( )
Tite-Live,
(")
ir, XLIX.
Polybe,
16.
XXXIX, m.
m,
LXXV.
LIVEE
I,
CHAP. V.
167
milieu
le
faveur.
donnees par
composant
accrus en
(*).
comme
nombre avec
diviser en
le
possedant
se
longtemps
civiles
(*)
les
et souvent appeles a
"peratores)(')." Pendant les guerres puniques, ils avaient rendu de grands services en faisant des avances considerables pour
appro visionner les armees ("), et si quelques-uns, comme entrepreneurs de transports, s'etaient enrichis aux depens de
l'tat, le senat Eesitait a punir les malversations, dans la
T
( ).
La richesse
en partie dans la main des grands propriecela ressort de plusieurs faits et, entre autres, de
territoriale etait
taires
( ).
(')
2
( )
3
( )
" Et
equites romanos, milites et negotiatores."
Tite-Live,
XXXIV,
LIV.
(Salluste,
Jugurtha,
^XY.)
4
( )
disette,
s
"En
342,
un senateur
de 1'approvisionnement de Rome."
( )
Seminarium
(')
Tite-Live,
( ) Tite-Live,
(")
et
senates.
(Tite-Live,
XXTTT, XLII.
XXI,
(Tite-Live, IV,
XIH,
LXI.)
Valere Maxime, V, n,
XXV, m.
vm, 2.
LXIII
charge's,
8.
m.)
pendant une
168
Le
atteintes,
etabli,
dans
La
de
la royaute,
on n'avait
les
"dit Valere
" senateur."
aux membres du senat des places reservees. II est necessaire, pour le bon ordre d'une societe, de rendre les lois
plus severes a mesure que le sentiment de la hierarchic
sociale s'affaiblit.
Le
mais quelques
L'assemblee des
( ),
( ).
( )
187.)
" Maintenant
vous avez encore
( )
par tribus.
les cornices
curies, ils
pices."
4
L'ancien
( )
Ad
ment
le
Denys d'Halicarnasse, V,
Ti, 36.
i.
Aulu-GeUe,
(Tite-Live,
XV, xxvn.
XXVII, vin.
XXVII,
Tite-Live,
LIVEE
I,
CHAP. V.
169
Champ de Mars
et
noramant
memes
Ainsi
les
les institutions
se transformaient
memes,
blees politiques, les lois des Douze Tables, les classes etapar Servius Tullius, 1'annualite des fonctions, le ser-
blies
rtKEurs romaines
pas detruire ce qu'ils rempla9aient ; ils appliquaient les anciennes formes aux nouveaux principes, et introduisaient ainsi
des innovations sans secousse et sans affaiblir le prestige des
institutions consacr6es par le temps.
VII. Pendant la seconde guerre punique, Philippe HI, roi
de Macedoine, avait attaque les etablissements remains en
Ulyrie, envahi plusieurs provinces de la Grece et
fait alliance avec Annibal. Oblige de contenir ces Maccdoine
dangereuses agressions, le s6nat, de 540 a 548, entretint sur les cotes de 1'fipire et de la Maccdoine des forces
imposantes uni 5- la ligue ^tolienne et a Attale I", roi de
;
170
Pergame,
Le
lois, ses
sciences, sa litterature
et ses arts.
1
doine les Acheens et les I^eotiens, et, avec 1'aide des togagna en Thessalie la bataille de Cynoscephales (557),
liens,
ou
et
~des conditions
onereuses, dont les premieres etaient 1'obligation de retirer ses garnisons des villes de la Grece et de
1'Asie, et la defense
de
faire la
s6nat.
Le
]
( )
recit
xxxrv,
L.)
cents pour
le
ea part."
decret qui
(Tite-Live,
LIVKE
proclame
I,
CHAP. V.
171
la Iibert6
un peuple.
"
L'epoque de la celebration des jeux Isthmiques attirait
" ordinairement une
grande foule de spectateurs, soit a cause
" du
gout naturel aux Grecs pour toute sorte de jeux, soit a
" cause de la situation de
Corinthe, assise sur deux mers qui
" offrent aux curieux un acces facile.
Mais, en cette circon"
stance, un concours immense s'y etait porte de toutes parts,
" dans 1'attente du sort futur de la Grece en
general et de
"
"
"
1'arene,
1'usage,
" ces
paroles Le, senat romain, et T. Quinctius, imperator,
"
vainqueurs de Philippe et des Macedoniens, retablissent dans
"
lajouissance de la liberte, de leurs lois et de leurs immunit'es,
" les
Corinthiens, les Phoceens, les Locriens, Vile d'Eubee, les
"
Magnates, les Thessaliens, les Perrhebes et les Acheens de la
"
Phthiotide.
C'etait le nom de toutes les nations qui
"
avaient ete sous la domination de Philippe.
cette procla"
mation, 1'assemblee pensa succomber sous 1'exces de sa joie.
" Personne ne
croyait avoir bien entendu. Les Grecs se regar" dent les uns
les autres, comme s'ils etaient encore dans les
"
illusions d'un songe agreable que le reveil va dissiper ; et,
" se defiant du
temoignage de leurs oreilles, ils demandaient
" a leurs
Le heraut est
voisins s'ils ne s'abusaient
:
point.
rap"pele, chacun brulant, non-seulement d' entendre, mais de
"voir le messager d'une si heureuse nouvelle ; il fait une
" seconde lecture
du decret. Alors, ne pouvant plus douter
" de
leur bonheur, ils poussent des cris de joie et donnent a
" Les
jeux furent ensuite Celebris, mais a la hate, sans attirer
172
Un seul
les regards, ni 1'attention des spectateurs.
" interet absorbait leur ame entiere et leur otait le sentiment
" de tons les autres
"ni
plaisirs.
" Les
jeux
finis,
"de
*"
que
pas
" nation
injuste, et que le droit, 1'equite, la loi, fussent par" tout les
plus puissants. II avait suffi de la voix d'un heraut
"
pour affranchir toutes les villes de la Grece et de 1'Asie.
" La seule idee d'un
pareil dessein supposait une grandeur
" d'ame
peu commune ; mais, pour 1'executer," il avait fallu
I
-1'arrivee d'un
(')
s
( )
Tite-Live,
"
Lea
il
aurait
pu aneantir
( ).
Mais Flami-
XXXTTI, xxxn.
allies s'ecriaient
LIVRE
I,
CHAP. V.
173
et
comme
et
de la Gaule
VHI. La
du senat
politique
si les
les
la
Grece
Guerre contre
Amiochns
ils
toliens,
les
puis
dans
le
moment
Dans
la presqu'ile
liens,
de
se ^saisir
Demetriade,
ils
appe-
Ne pas
tyran, sans quoi la libert^ de la Grbce serait toujours en danger.
prendre les armes edt ete plus avantageux que de les poser sans avoir atteint
le but.
Le consul repondait
tiochus)
si
puissant et
(0 Tite-Live,
si
Si le siege
Rome
redoutable
XXXHI,
xn.
pourrait-elle opposer ^
"
(Tite-Live,
un monarque (An-
XXXIV, ixxm.)
1Y4
lerent Antiochus
de rh6gemonie
Remains.
HI
qu'ils
meilleure partie de I'immense heritage laisse par Alexle Grand etait echue a ce prince.
Deja, depuis
plusieurs annees, Flamininus lui avait fait declarer qu'il etait
La
andre
domination
la
Ainsi, en
proclamant les idees les plus genereuses, la Republique justifiait son ambition.
Les services rendus par Rome e"taient deja oublies ( a ).
Aussi Antiochus trouva-t-il en Grece de nombreux allies,
secrets ou declares.
II organisa une confederation redoutable, dans laquelle entrerent les
toliens, les Athamanes, les
leens, les Beotiens,
donner
la
Grece, L.
vainqueur
jusque dans sea
frere,
(')
(*)
oubli
Tite-Live,
Scipion,
de Carthage,
tats.
XXXIV,
ay^ant
alia,
Philippe
le
chercher
favorisa le passage
de
LVIII.
" D'autres
peuples de la GrJsce avaient, dans cette guerre, montr6 un
bienfaits du peuple romain."
^Tite-Live,
XXXVI, xxn.)
LIVKE
I'arme'e
I,
CHAP. V.
romaine, qui
traversa
la
la Mace"doine,
175
Thrace,
provinces en
un
tiers
de
la
Le
yrie.
roi
de Pergame et la
flotte
des Rhodiens
Eumene H, successeur
Rhodes obtint
la
Lycie
et la Carie.
(*).
IX. La prompte soumission de 1'Orient etait un fait heureux pour la Republique, car pres d'elle des ennemis, toujours
fremissants, pouvaient, d'un moment a 1'autre,
Guerre dans
soutenus ou pousses par leurs freres de 1 autre la cisalpine
'
.,
meme
de son
empire.
En
effet,
la Cisalpine,
dont
s' etait
perpetue"e dans
quoique souvent
La
Cenomans vinrent
arr^ter
XXXVH,
XLV.
(')
Tite-Live,
(*)
176
telle,
Rome
que
contre Annibal.
terres
au dela du
Tite-Live,
s
( )
COLONIES EOMAINES.
488-608.
Jesi,
( )
JSsuLUM
(507),
en Ombrie, sur
XXXIX,
la riviere
JSsis.
ALSIUM
Colonie maritime,
(507).
^trurie.
Via Aurelia.)
Palo, pres
de Porto.
FKEGEN^: (509).
Colonie maritime,
tftrurie.
(Via Aurelia.)
Torre
(Via Aurelia.)
Santa
Maccarese.
FTRGI (avant
536).
Colonie maritime,
^trurie.
Severa.
CASTRUM
(555).
Reunie en 631 a
PITTEOLI (560).
VULTURNUM
Colonie maritime.
Campanie.
Colonie maritime.
(560).
Castel di Volturno.
trois
(560).
Pres de Squillace.
Pozzuoli.
'Prefecture.
Castellamare ou
Campanie.
Prefecture.
LITESINUM (560).
Colonie maritime.
du Lago di Patria. Prefecture.
SALERNUM
Bruttium.
la colonie Minervia.
Colonie maritime.
Campanie.
Campanie.
Tor
di Patria, pres
Salerno.
DScrete'e
ans auparavant.
BUXENTCM
(560).
SIPONTUM (560).
Colonie maritime.
Colonie maritime.
Lucanie.
Apulie.
Policastro.
Recolonisee.
^MPSA
CROTON (560).
Colonie maritime.
Bruttium.
Bruttium.
Cotrone.
Peut-etre prea
LIVBE
GUERKES PTJNIQUES ET
CHAP. V.
I,
177
D'OEIEIIT.
Tout en achevant la soumission de cette derniere province, Rome avait mis fin a d'autres guerres moins imporEn 577 elle reduisait les Istriens, en 579 les Sardes
tantes.
et les Corses, enfin,
en Espagne,
oil elle
de 569 a 573,
elle
eus Carthage.
>-
POTENTIA (570).
Colonie maritime.
Picenum.
Colonie maritime.
Ombrie
Porto di Portenza ou di
Ricanati.
PISACRUM
(570).
gauloise.
Via Flaminia.)
Pesaro.
PARMA
(571).
MUTINA
(571).
ture.
SATURNIA (671).
^trarie (centre).
Saturnia.
Colonie maritime, ^trurie (sud).
GRAVISC.E (573).
Clementina ou
le
Saline ?
Picenum.
(490).
^ESERNIA (491).
Samnium.
Via Valeria.)
488-603.
Fermo.
Isernia.
BONONIA
JBibona.
(565).
aussi HIPPO.
Gaule cispadane.
Via ^Emilia.)
12
Monte-Leone.
Bologna.
178
En
effet,
ment puni
demment
s'attirer
Rome un
si
son courroux.
Oh
que
le
Rome
peuples de POrient. Outre la population belliqueuse de son pays, il disposait de peuples barbares tels
que les Ulyriens, les Thraces et les Bastarnes, habitant non
du Danube. Malgre le traite qui interdisait a la Macedoine de faire la guerre sans 1'aveu du
senat, Persee s'etait
agrandi silencieusement du cote de la Thrace, il avait place
des garnisons dans les villes maritimes d^Enos et de Maro-
loin
pour entrainer
(')
Tite-Ltve,
()
Tite-Live,
(')
les
XXXIX,
XXTI.
XLJ, six.
Tite-Live, XLI, xxn.
LIVRE
I,
CHAP. V.
habilement attir6
roi
les
la bienveillance
179
Eumene n,
des Grecs.
La
un
dans ses
Cette denon-
En
retournant
tats,
il
Des
monarque macedonien ils suffirent a la Republique
pour declarer la guerre a un prince dont la puissance comblesse.
sur le
men9ait a
hauteur
les
il
attendit en Thes-
P.
et
( ).
Frappe de tant
c'etait
la-
des barbares de
1'
( )
Tite-Live, XLII,
Occident.
LXIL
presomption
180
Les campagnes de 584 et 585 ne furent pas plus henreuses pour les armes de la Republique. Un consul cut 1'idee
temeraire d'envahir la Macedoine par les gorges de Calliexterminee si le roi avait eu le
peuce, ou son armee eut ete
Papproche des legions il prit la
courage de s'y defendre.
sans perte d'une position
fuite, et les Remains se tirerent
Enfin le peuple, sentant la necessite d' avoir
perilleuse ( ).
de
le
seconder.
Les Rhodiens
et le roi
de Pergame
Celle-ci
eerent, par la
Par
moitie.
(')
La Republique
Tite-Live,
() Tite-Live,
(')
Tite-Live,
XLI,
appliquait,
v.
XLV, xxi et
XLV, xxix.
suiv.
comme on
le voit, le sys-
LIVBE
CHAP. V.
I,
en 449,
celle des
181
la confederation
Herniques.
On
divisa
rie a cette
epoque
" II fut
arrete,
dit-il,
que la
liberte serait
pour
verains,
peuples,
(*)."
La Grece
subirent la
Acheenne, dont la
otages
(').
littoral
( )
Tite-Live,
XLV,
XZTI.
lois,
n'y
fit
( )
Polybe,
XXX, x; XXXV,
vi.
il
(Tite-Live,
XLV,
xxxii.)
182
et,
libertes,
Gaule
elle n'avait
qu'une partie de
cisalpine.
combien
les
alliances sures etaient preferables a une domiEn Espagne, elle agrandit le territoire de
nation directe.
allies.
Apres
la
c'est qu'il
see,
mais
elle
donna a
la
Macedoine des
ses
engagements;
lois e"quitables.
meme
La
jus-
a 1'egard de sa rivale
plus ancienne
car, lorsque Masinissa, dans ses demeles
avec Carthage, demanda
1'appui du senat, on se borna a
lui repondre que, meme en sa
faveur, requite ne serait pas
la,
sacrifice
(').
XXIX.)
LIYEE
I,
CHAP. V.
183
En
extreme
justice.
Eumene, devenu
suspect,
envoya a
Rome
son frere Attale, qui, voulant profiter des sentiments favorables qu'il avait inspires, eut la pensee de solliciter pour
lui
romain ne
( ).
Comment done
magnanimite dans
le succes,
comme
les rois.
Lorsque
les
Remains en
vinrent & penser que rien ne leur resisterait plus, parce que
rien j usque-la ne leur avait resiste, ils se crurent tout perIls ne firent plus la guerre pour proteger leurs allies,
defendre leurs frontieres ou briser les coalitions, mais pour
mis.
Republique plus soup9onneuse, plus exigeante, et la portaient a compter desormais plutot sur des sujets que sur
des allies. Vainement le senat cherchait & suivre les grandes
(')
Tite-Live,
(*) Tite-Live,
3
( ) Tite-Live,
XLV, xm.
XLV, XLII.
XLV, SLIT.
184
les
pagne
( ).
d'autres enfin
Tous
oppriment
les
peuples d'Es-
blame du
( ).
Tant qu'il ne s'etait agi que de former des hommes destines & un role modeste sur un theatre restreint, rien de plus
favorable que 1' election annuelle des consuls et des preteurs,
systeme qui, au bout d'un certain laps de temps, faisait participer aux premieres fonctions un grand nombre des princila noblesse patricienne et plebeienne.
Des
pouvoirs ainsi exerces sous les yeux de leurs concitoyens,
plutot par honneur que par interet, leur imposaient le devoir
d$ s'en rendre dignes ; mais lorsque, conduisant leurs legions
paux citoyens de
(')
Tite-Live,
XXXVHI,
Tite-Live,
XLI, vn.
( )
XLT.
3
( ) Tite-Live,
4
( ) Tite-Live,
6
( )
m6mes
sants."
"
On
XLIII,
r.
XXXIX,
in.
disait ge"neralement
ix, 10.
persofanages
LIVBE
I,
CHAP. V.
185
dans
faire fortune
"
"
effet
s'est agrandie,
naturel etait de
" faire
plus de duree. Mais alors le peuple seul, guide par son instinct, sentait le besoin de remedier au vice de 1'institution,
magistrature.
Toutes ces mesures allaient centre le but qu'on se propoEn maintenant les elections annuelles, on laissait la
carriere libre aux convoitises vulgaires en excluant la jeunesse des hautes fonctions, on comprimait 1'essor de ces natures d'elite qui se revelent de bonne heure, et dont 1'elevation exceptionnelle avait si souvent sauve Rome des plus
grands desastres. N'avait-on pas vu, par exemple, en 406,
Marcus Valerius Corvus, porte au consulat a I'age de vingttrois ans, gagner sur les Samnites la bataille du mont Gausait.
rus
Scipion 1'Africain,
nomme
(')
teur perpetuel."
(Tite-Live,
XXXVIII,
LTI.)
186
le consul Quinctiua
conquerir 1'Espagne et abaisser Carthage
Flamininus remporter a trente ans, sur Philippe, la victoire
de Cynoscephales ? Enfin, bientot Scipion ISmilien, qui doit
detruire Carthage, sera nomine consul avant Page fixe par la
;
loi
me'me de Caton.
Sans doute Caton
le censeur,
port
(').
Mais
le
hommes moins
absolus, plus
Us desiraient
reprimer les abus, faire prevaloir une politique de moderation, mettre un frein a 1'esprit de conquete et accepter de la
nicns.
(Plutarque, Caton
le
censeur,
xvm.)
C'6tait
La Grece
( )
Plutarque, Caton
(")
Tite-Live, Epitome,
le
censeur,
XLVHI.
en
effet
latin.
une
(Valere Maxime,
vm et xxv.
Valere Maxime, IV,
Ath
vieille habi-
i,
10.
II,
LIVKE
I,
CHAP. V.
187
Delenda
traire, s'opposait
est
la"
Carthago.
Scipion Nasica, au condestruction de Carthage, qu'il jugeait
trop faible pour nuire, mais encore assez forte pour entretenir
une crainte salutaire, propre a empecher le peuple de se jeter
Romains a douter de
la vertu
(').
En
aux
tice
xxxiv.
(')
Plutarque, Caton
5
( )
Titc-Live, Epitome,
(')
" Caton
aboyait sans cesse contre la grandeur de Scipion."
xxxvin,
"
( )
Livej
le
censeur,
XLIX.
(Tite-Live,
LIT.)
P. Caton avait
XXXTX,
XL.)
un
esprit aigre, la
188
Quand
il
exempt,
flagellait le
il
peuple
morale
comme
a,
ses
remontrances
accusateur et
( ).
comme
lois, il
qui faisait battre la mer de verges pour conjurer les ternpetes ("). Son influence, impuissante a arreter le mouvement
d'une civilisation se substituant a une autre, ne laissa pas de
produire un
Le
d'extermination.
Vers
commencement du vn e
le
royaumes
et
detruite, la
liberte, celle
le
meme
sort.
patients
parti a prendre.
"D
lui-meme se
livrait
a ce
trafic
sous
un nom emprunte."
(Plutarque, Caton
le
centeur, xxxin.)
'
( )
(*)
thage."
le
censeur,
faire decider la
mine de
Car-
LIVBE
I,
CHAP. V.
189
litige
citoyens
(').
comme
moments de
les litats ("),
de la patrie
tout changement politique est funeste.
Cependant le senat
remain crut devoir temporiser, a cause de la guerre
d'Espagne,
tribun.
oti
le
sol
Charge
il
a Cyrene
(').
En
hommes, en
605.
( )
2
( )
Tite-Live, Epitome,
A Carthage,
XLVIH.
la multitude
gouvemait ; a Borne,
6tait entiere.
s
( )
4
( )
xcm
et suiv.
la puissance
du s4nat
190
thage
et protegent les assiegeants ; dans la mer, une digue colossale intercepte toutes les communications, et livre la ville
mourir; puis, apres avoir egorge ses deux enfants, se preTriste image d'une nation qui
cipiter dans les flammes.
acheve elle-m^me sa ruine, mais qui ne succombe pas sans
gloire.
du monde.
la guerre
de Persee,
la
LIVKE
I,
CHAP. V.
1'Acha'ie;
mais
le
191
retour sanction
en
Per game
la ligue Acheenne et les villes du Peloponnese qu'elle convoitait et dont elle n'hesitait pas a punir les resistances par
la destruction et le pillage.
en
a Corinthe
Espagne
(').
('),
ressement.
public.
fils
(')
a
( )
XXXIV, i.
Pausanias, Vn, XTI.
Justin,
() Polybe, XL,
xi.
le
Tite-Live, Epitome,
Justin,
XXXIV,
LL
n.
Polybe,
I,
n, ni.
192
Thraces.
tra,
tua
le
Chasse" de Thessalie par Scipion Nasica, il y renpreteur Juventius Thalna, et fit alliance avec les
(612).
II
Ardyens
Scipion
(618).
Macedoine,
Mummius de
I'll-
lyrie.
1'est et
au midi,
le
1'Africain et
Sempronius Gracchus, de
et avaient
lus,
remains,
(')
finit
LII.
LIVKE
CHAP. V.
I,
193
(').
Cependant
les
Lusitaniens se soumirent, et
les legions
La
Numance
oft,
furent defaits.
resistcrent
II fallut
que
le siege,
un
passa, avec le
XIV. Plus
l
nom
la
( )
a
( )
La
ville
venge par un de
royaume, pacific,
le
13
194
non-seulement
effet,
rieure
4 la Sardaigne et la Corse
la Sicile
1'Afrique
trees
ces
la
deux annees,
De
Quinctius Flamininus,
" mation du
il
lui disait
" Chez
vous, c'est
1'esti-
'c
Appien, Guerres
(*)
civttes,
V,
XL
IT, 38.
LIVEE
I,
CHAP. V.
195
preeminence legale
II est
Romain
les
(')."
souvent
difficile
les cornices, et
dont
il
est
du senat
(").
au peuple
Le gouvernement
ro-
commencement de
a etendre les
Quand
lois
le
droits
la Republique, il
1'un
du peuple,
1'autre
a les restreindre.
liberates
du passe
etaient eludees.
les
ou attribue
de 557 et de 559, il etait
au peuple
(')
( ).
Tite-Live,
() Tite-Live,
(')
Tite-Live,
Par
XXXIV, xxxi.
XLV, xxi.
VH, XLII.
4
( ) En 555, en 585,
Hommes illiistres, LXII.
B
( )
Le tribun
en 639.
(Tite-Live,
XLV,
XT.)
Aurelius Victor,
par Sylla.
196
pour
les elections
du peuple dans
les
et
de grandeur
meme
temps,
elle
a franchi ses
Au
nord, elle a dompte les Gaulois cisalpins et depasse les Alpes ; a 1'ouest et au midi, elle a conquis
limites naturelles.
les
grandes
1'Espagne.
1'est, les
lies
Mac^doine
est
( )
a
( )
LVH
Tite-Live, Epitome,
Expedition centre les Scordisques, en C19.
LIVEE
I,
CHAP. V.
197
CHAPITRE SIXIEME.
LE8 GKACQUES, MAEIUS ET SYLLA.
(621-6Y6.)
Le temps du desinteressement
I.
etait passe
tat
de
la
E6-
avait dure pres de quatre cents ans, et, penc^ ant cet te
periode, 1'antagonisme cree par la diil
pubiiqne.
vergcnce des opinions et des interets n' avait jamais amene de conflits sanglants. Le patriotisme de 1'aristocratie, le bon sens du peuple avaient su eviter cette fatale extremite ; mais, a dater des premieres annees du vn* siecle, les
choses changerent de face, et on ne vit, a chaque proposition
de reforme, a chaque convoitise du pouvoir, que seditions,
peut ajouter que sa decadence commen9ale jour ou leurs successeurs cesserent d'etre dignes de leurs devanciers. En effet,
la plupart de ceux
qui, depuis les Gracques, jouerent un
role furent si egoistes et si cruels qu'il est difficile de
au milieu de leurs exces, quel etait le representant
de la meilleure cause.
grand
distinguer,
SaUuste,
Fragm.
I, TIII.
LIVKE
I,.
CHAP.
VI.
199
troubles,
seditions,
parts
" des
guerres civiles. Un petit nombre d'hommes puissants,
" dont la
plupart des citoyens recherchaient bassement la
"
faveur, exercerent un veritable despotisme sous le nom irn"
posant tantot du senat, tantot du peuple. Le titre de bon
" et de mauvais
citoyen ne fut plus le prix de ce qu'on faisait
"
ou centre la
car tous etaient
corrom-
pour
patrie,
egalement
pus mais plus on etait riche et en etat de faire impune"ment le mal, pourvu qu'on defendit 1'ordre present des
"
Des ce
choses, plus on passait pour homme de bien.
"
moment, les antiques mo3urs ne se corrompirent plus par
"
mais la depravation se repandit
degres comme autrefois
" avec la
rapidite d'un torrent, et la jeunesse fut tellement
" infectee du
poison du luxe et de 1'avarice, qu'on vit une
"
generation de gens dont il fut juste de dire qu'ils ne pou" vaient avoir de
patrimoine ni souffrir que d'autres en
" eussent
"
(*)."
les
phiques et religieux,
Italic
(')
truite,
"La
1'
corruption s'etait surtout accrue, parce que, la Macedoine deempire du monde semblait d^sormais assure a Rome." (Polybe, XI,
XXXII.)
a
( )
Salluste,
Fragm.
I,
x.
Les Romains s'expatriaient a tel point que, lorsque Mithridate comil fit massacrer en un
men9a
jour tous les citoyens lomains repandus
dans ses
tats
150,000, suivant Plutarque (Syllo, XLTIII); 80,000, selon
(")
la guerre,
200
Les Bomains
tionnes, le mepris des anciennes institutions.
avaient subi une influence comparable a celle qu'exerca, sur
Fran9ais des
les
xv e
il
est vrai,
gagne toutes
Deux
Comme
moraux
1'
s'etaient
argent avaient
les classes.
de cent soixante-neuf
Frappe de la majeste et du patriotisme des secompare le senat a une assemblee de rois. Jugurtha,
au contraire, venant a Rome (643) plaider sa cause, y epuise
pre (474).
nateurs,
il
promptement
et,
" acheteur
"
( )
vu
des
affranchis
travail libre.
s'accroitre, enfin
les
esclaves remplacer le
Le
La
Salluste,
LTVBE
CHAP.
I,
VI.
201
peuple de Rome.
Les
allies
e"taient toujours
dans un
e"tat
on exemptait
triomphes meme, leurs
cohortes, humiliees, suivaient, au dernier rang et en silence,
II etait done naturel que, penetres du
le char du vainqueur.
etaient sounds a des chatiments corporels dont
les soldats
des legions.
Dans
les
sentiment de leur dignite et des services rendus, ils aspirasLe peuple remain proprement
sent a etre traites en egaux.
divises en trente-cinq tribus, dont quatre seulement appartenaient a la ville, et les autres a la campagne. Dans ces
dernieres, on avait inscrit, il est vrai, les habitants des colonies et de plusieurs villes d'ltalie, mais la grande majorite des
etait privee de droits politiques, et aux portes
monies de Rome restaient encore des cites desheritees, telles
Italiotes
le
domaine
')
).
" Et
Rome
refusait d'admettre
acquis cette grandeur dont elle etait fiere jusqu'a mepriser les peuples du meme sang et d'une meme origine."
(Velleius Pater-
par lesquels
elle avait
( )
Voyez
la liste des
Mommsen,
mais au
202
bassin de la Me"diterrane"e, re9ut, soit a titre de contribusoit par ^change, une immense quantite de cereales
tion,
et les
fertiles, la
champs
se
fermiers ge"neraux
(publicains),
du pays
etait
dans
les
mains de
il
('),
n'y avait plus en trurie,
en 620, que des etrangers pour laboureurs et pour patres,
et partout les esclaves s'etaient multiplies dans une telle
proportion que, seulement en Sicile, 200,000 prirent part a
2
En 650, le roi de Bithynie se declarait
la revolte de 619 ( ).
jour pour
1'Italie
( ).
il ne restait
qu'un seul citoyen du pays sur les quatrevingt-quatre fermiers qui s'y etaient instal 6 5 tous les autres appartenaient :\
la noblesse romaine.
Ci< 6ron, Quatrieme discours cotitre
(Mommsen, II, 75.
:
( )
a
( )
3
( )
Diodore de
Sicile,
Diodore de
Sicile,
( )
Strabon,
XIV,
Fragments,
T, 570.
XXXVI,
p. 147, ed.
Schweig' amser.
LIVRE
I,"
CHAP.
Le nombre
VI.
203
un danger
une cause de faiblesse pour 1'^tat ( ) ;
la societe et
pour
meme
ni eux ni leurs
admis dans la communaute romaine, tantot repousses, veritemps anciens, ils participaient de deux
natures et portaient toujours le stigmate de leur origine (*).
Relegues dans les tribus urbaines, ils avaient, avec les proletaires, augmente cette population de Rome pour laquelle le
vainqueur de Carthage et de N"umance montrait souvent un
" Silence
s'ecriait-il un jour, vous que
veritable dedain
"
" 1'Italie ne reconnait
et, comme les
pas pour ses enfants
murmures
"
Ceux que
conduire ici
" enchaines ne
m'effrayeront point parce qu'aujourd'hui on a
s'elevaient encore,
j'ai fait
"
tions,
renferme dans les quatre tribus urbaines (Tite-Live, IX, XLVI); vers 530,
d'autres censeurs leur ouvrent encore une fois toutes les tribus ; en 534, les
censeurs L. JEmilius Papus et C. Flaminius retablissent 1'ordre de 460 (Titeune exception est faite pour ceux qui ont un fils ag6 de
Live, Epitome, XX)
;
plus de cinq ans, ou qui possedent des terrains d'une valeur de plus de 30,000
sesterces (XLV, xv) ; en 585, le censeur Tiberius Sempronius Gracchus les expulse des tribus rustiques, ou ils s'6taient introduits de nouveau, et les reunit
dans une seule tribu urbaine, l'Esquilme.
Cic^ron,
(Tite-Live, XLV, xv.
De
204
)."
Lorsque
le
peuple de la
ville se re-
Forum
unissait au
independantes,
il
rendre dignes elles semblaient dedaigner cette education severe qui les avait rendues capables de remplir tous les em;
plois
( ),
Rome
peuple.
satisfaire,
les terres
Tous
les
le nial et
cherchaient
Caius Laelius, entre autres, ami de Scipion Emilien, et probablement a son instigation, cut la pensee de proposer des reformes salutaires ; mais la crainte de susciter des
le
remede.
troubles 1'arreta
( ).
(*)
1'art militaire."
(*)
LIVEE
II.
I,
CHAP.
VI.
205
Cornelie,
deurs du moment,
bation des
( )
il
hommes
de distribuer aux
(')
domaine public (').
Le peuple lui-meme demandait cette mesure a grands cris, et tous les jours les murs
de Rome etaient converts d'inscriptions pour la reclamer (").
Tiberius, dans une harangue au peuple, signala avec
eloquence tous les germes destructeurs de la puissance roprojet
pauvres
le
maine, et tra9a le tableau de la deplorable position des citoyens repandus sur le territoire de 1'Italie, sans asile ou
reposer leur corps affaibli par la guerre, apres avoir verse
leur sang pour la patrie.
J
( )
m,
II cita
facile princeps."
(Florus,
XIT.)
2
( )
Velleius Paterculus, H, n.
d Harcia,
Seneque
le
Philosophe,
De
la Consolation,
XTI.
"
Amm6
()
( )
(Plutarque,
206
comme
tempete parmi
le
par
les
les
Le
grands.
allait 1'adopter, le
peuple
citoyens
riches
( ),
y opposa un veto
inflexible.
coup dans
ses desseins, Tiberius prit la resolution hardie et contraireaux lois de faire deposer le tribun par
Arre*te tout a
un vote des
tribus.
Celles-ci
promulguee, et Ton
nomma
(')
avait adresse"
une plaisanterie en
le
Appien, Guerres
civi/es, I,
i,
12.
(Aulu-Gelle, X, in.)
LIVEE
remain
I,
CHAP.
VI.
servirait
aux
frais d'etablissement
207
(').
1'opiniatrete
" biens
tremes
le
contraignit
le
peuple
Q."
moyens
5
signes de la future royaute du tribun ( ).
Celui-ci, pour s'en
defendre, eut recours $, des propositions inspirees plutot par
le desir d'une vaine popularite que par 1'inter^t general.
La
lui
la
2
( )
Appien, Guerres
( )
4
civiles, I,
r,
13.
(*)
(*)
Appien, Guerres
( )
civiles, I,
n, 14.
I,
xxxTii.
il
avait
208
commenc^ une
revolution.
Or, pour 1'accomplir, il ne reupas les qualites necessaires.
Melange singulier de
douceur et d'audace, il dechafnait la tempete et n'osait pas
lancer la foudre. Entoure de ses adherents, il marcha aux
nissait
les
riches,
entoures de leurs
mandant
le
comme
de la porte de 1'enceinte sacree. Tous ses partisans furent recherches et subirent le meme sort, entre autres
le rheteur Diophane.
siens, pres
L'homme
1'opinion publique foryait le senat a ne plus s'opposer a 1'execution de la loi agraire, a remplaceu Tiberius, commissaire
loi rencontrait neanmoins bien des obLes limites de Yager publicus n'avaient jamais ete
bien definies peu de titres subsistaient, et ceux qu'on pouvait produire etaient souvent
La valeur de
inintelligibles.
L'execution de la
stacles.
des ameliorations.
(')
La
LIVBE
CHAP.
I,
VI.
Dans
209
Italiotes
le
chaque
de M. Fulvius,
le
Italiotes (629).
Cette reclamation amene* des troubles : elle
est rejetee, et le senat, pour eloigner Fulvius, 1'envoie contre
les Salluviens, qui mena9aient Marseille.
Mais deja les allies
eux-mernes, impatients de voir leurs droits sans cesse meconnus, tentaient de les revendiquer par la force, et la colonie
latine de Fregelles se revoke la premiere
elle est bientot
:
il
champion.
comme un depot
venger.
revint a
Rome
arriva a
Rome
telle
le
que
de tous
les points
Champ-de-Mars ne put
14
de
1'Italie, et
1'amuence fut
les contenir, et
que plusieurs
210
meme
les toits
( ).
Rev6tu de
puissance tribunitienne, Gracchus en fit usage pour soumettre a la sanction du peuple plusieurs lois les unes dirila
("),
un
ca-
ractere de permanence a des* fonctions deja si prepondeEnsuite la loi frumentaria, tour a tour mise en prarantes.
4
gagnerent la faveur de I'annee. L'etablissement de nouveaux peages (portoria) augmenta les ressources de l'tat ;
de nouvelles colonies ( r ) furent fondees, non-seulement en
lui
( )
Plutarque, C. Gracchus, \.
( )
4
( )
Appien, Guerres
" En
au peuple un million de
-Live,
XXXIH,
modiw
de bid de
Sicile,
( )
(')
I,
boisseau."
(Tite-
Plutarque
les lois
Jl
dix campagnes,
il
en a
( )
DERTONA (630).
P^EIODE.
En
COLONIES KOMAIXE3.
FABRATERIA (630).
terra.
le
HI, 21.
a deux as
XLII.)
(Laiium Majus.)
Act. Falva-
LIVEE
CHAP.
I,
VI.
211
STTLLA
l
mais dans
loi agraire,
tombes en desuetude
de Rome, mirent
les
( ).
la
convenance
pour dejouer
SEXTI.E (631).
les calculs
sa
de 1'ambition et de la
Aix (Bouches-du-Rh6ne).
Cite"e
a tort
comme
MINERVIA (Scylacium)
En
(632).
Colonie des
Gracques.
NEPTCNIA (Tarentum)
En
(632).
Calabre, act.
Gracques.
Tarento.
Colonie des
similation de
si
1'Italie,
latines.
de
1'Italie,
fondle, en Espagne, par Scipion en 548, pour ceux de ses veterans qui voulaient rcster dans le pays.
titre
de colonie.
dans la
2
( )
a
meme
On
Les habitants
non point le
devaient se trouver a peu pres
situation.
( )
Appien, Guerres
(*)
civile*, I,
Plutarque,
(7.
in, 19 et suiT.
Appien, Guerres
212
cupidite, il fut regie que le senat assignerait, avant 1'election des consuls, les provinces qu'ils devaient administrer (').
Pour
les dispositions
la peine capitale ( ) contre un citoyen remain, hors le cas de haute trahison (perduellio), mais encore
de 1'appliquer sans la ratification du peuple. C'etait rappeler
ment de prononcer
de provocation, dont
la loi
les lois
dans
proposa de conferer
tants de 1'Italie
les classes
( ).
fussent
(')
Salluste, Juguriha,
(*)
8
( )
"
vi),
xxvu.
les
provinces consu-
laires, n,
xv.
Plutarque,
il
C.
Alpes."
4
( )
que
la possession
ou
remain
I'usufruit.
le proprie'taire
(Gaius, Institutes,
II,
LIVKE
I,
CHAP.
VI.
reduits a la condition de
les,
simples usufruitiers.
213
(*).
Ces mesures
Gracchus.
Le
telle,
du tribun
succes
que
le
peuple
fut
immense
sa popularite devint
de designer lui-m^me
les trois
executer.
apparence avec Caius Gracchus mais au fond la haine exison suscita contre lui un autre tribun, Livius
Drusus, avec mission de proposer des mesures destinees a
rendre au senat 1'affection du peuple.
C. Gracchus avait
voulu admettre les allies jouissant du droit latin au droit de
;
tait toujours, et
(')
On
et
recents de prevarication
Manius Aquilius,
le
vainqueur de
1'Asie.
2
( )
Toutefois
de 300.
civiles, I,
I
Epitome de Tite-Live (LX) parle de 600 chevaliers au lieu
(Voyez Pline, Hisloire naturette, XXXIH, vn.
Appien, Querre*
in, 22.
214
cite
Drusus
declarer que,
fit
comme
les citoyens
ils
remains,
loi des
D'apres la
chacune.
et
( ),
dont
il
en compromettait la cause par des exagerations danOpimius, ennemi acharne des Gracques, se presen-
gereuses.
tait
pour
le consulat.
battre
un
parti
si
un pretexte
d'obtenir la revocation
religieux, tentait
du
decret relatif a la colonie de Carthage. Le jour de la deliberation arrive, deux partis occuperent de bonne heure le
Capitole.
Le
de
senat,
vu
dans
1'interet
du
corps d'arcbers cretois, mit facilement en deroute un rassemblement tumultueux. Caius prit la fuite, et, se voyant
poursuivi, se
J
( )
5
( )
donna
la mort.
Fulvius subit
Appien, Guerres
civiles, I,
in, 24.
le
meme
sort.
La
LIVKE
I,
CHAP. VL
215
tete
1'
Us
perirent, dit
la violence a 1'execution
Appien
fet,
Cependant
1'oeuvre des
Gracques
n'etait pas
morte avec
enx.
La
grands racheterent
ete enlevees
('),
les portions
de quinze annees.
Implique dans les actes de corruption
imputes a Jugurtha, dont il sera bientot question, le consul
Opimius eut le meme sort que Scipion Nasica et une fin
II est curieux de voir deux hommes,
aussi malheureuse.
chacun vainqueur d'une sedition, terminer leur vie sur la
terre etrangere, en butte a la haine et au m6pris de leurs
concitoyeus. La raison en est cependant naturelle ; ils com*
battirent par les armes des idees que les armes ne pouvaient
au contraire, lorsqu'une societe", profondement travaillee par des besoins reels et imperieux, exige des reformes, le succes de la repression la plus violente n'est que
mais,
( )
Appien, Guerres
civilfs, I,
in, 27.
216
momentane
et,
comme
autres renaissent.
IV.
Une
Rome
du
parti populaire
aura-t-elle
ancetres.
Jugurtha, fils de Micipsa, roi de Numidie, et d'une concubine, s'etait distingue dans les legions romaines au siege
de Numance.
Comptant sur la faveur dont il jouissait a
il avait resolu de
s'emparer de 1'heritage de Micipsa,
au prejudice des deux enfants legitimes, Hiempsal et Adherbal.
Le premier fut egorge par ses ordres, et, malgre cet
attentat, Jugurtha etait pai-venu a corrompre les commissaires remains charges de diviser le royaume entre lui et
Adherbal, et a s'en faire adjuger la meilleure partie. Mais
bientot, maitre de tout le pays par la force des armes, il
avait fait perir Adherbal. Le senat envoya contre Jugurtha
Rome,
le
consul
Bestia
comme
"
A 1'une
"
" consens
et 1'autre epoque, ce
rendre au
ne fut pas la
loi,
Au
mais leur
surplus, j'y
peuple ses droits, c'est aspirer d la
LHTRE
"
I,
CHAP.
royautb, et
il
VI.
faut regarder
comme
217
"
geance obtenue par le sang des citoyens .... Dans ces der" nieres
annees, vous gemissiez en secret de voir le tresor
"
public dilapide, les rois et des peuples libres tributaires
" de
quelques nobles, de ceux-la qui seuls sont en possession
" des
dignites eclatantes et des grandes richesses. Cependant
"c'etait trop peu pour eux de pouvoir impunement com" mettre de tels attentats ils ont fini
par livrer aux ennemis
" de 1'Etat vos
lois, la d ignite de votre empire et tout ce
"
qu'il y a de sacre aux yeux des dieux et des hommes
" Mais
que sont-ils done, ceux qui ont envahi la Republique ?
" Des scelerats couverts de
sang, devores d'une mons:
" trueuse
cupidite, les plus criminels et en me'me temps
" les
plus orgueilleux de tous les hommes. Pour eux, la
" bonne
foi, 1'honneur, la religion, la vertu, sont, comme
" le
Les uns ont fait perir des
vice, des objets de trafic.
" tribuns du
les autres vous ont intente
d'injustes
peuple
procedures ; la plupart ont verse votre sang, et ces exces
" sont leur
sauvegarde plus ils ont ete loin dans le cours
" de leurs
attentats, et plus ils se voient en surete
;
"
"
(')."
il
s'etait
Numide
cornices,
il
confie le
( )
Salluste,
Jugurtha,
commandement a son
XXZL
frere le propreteur
218
'
punis, et,
stances, la
les
bornes de la
de
la noblesse (')."
Y. Les Gracques
s'etaient faits,
pour
cham-
il
du grand Cesar.
(') Salluste,
J
instinct
ou par son
intelli-
Juffvrtha, v.
"Marius
territoire
(*)
d'Arpinum,
" Obtint
a-
Cereatce, aujourd'hui
1'estime des
deux
partis."
LIVEE
gence,
CHAP.
I,
il
VI.
un peuple de proletaires
219
et d'allies qui
dans 1'Etat.
Arrive au consulat par sa haute reputation militaire, mais
aussi par des intrigues, il fut charge de la guerre de Numidie, et, avant son depart, exposa avec energie, dans un discours au peuple, les rancunes et les principes de la democratie d'alors.
"
"
"
qu'ils
ont
ou'i
homme
A ces
nouveau.
Ce
" moi-meme.
.
" sance et ma fortune
" leur infamie
.
lui
comparez Marius,
moi
La
"
"
perils
)."
Apres ce
(') Salluste,
discours,
ou
Juffurtha, LXXIV.
ceux
TEMPS ANTERIETJKS A
220
CESAfZ.
bientot a jouer un si grand role, issu d'une famille patricienne illustre, ambitieux, ardent, plein d'audace et de
confiance en lui-meme, ne reculait devant aucun obstacle.
le
( )
a
( )
Plutarque, Marius, x.
Plutarque, Marius, xix.
LIVEE
I,
CHAP.
VI.
221
Ce
n'etait
Marius comme
le seul
homme
seconde
fois consul,
la
Gaule.
Republique.
Consul pour
de
1'Italie,
auxiliaires,
de cite
gues.
( ).
democratique,
il
les excita
ne pouvaient reussir. Quand les gouveraants repoussent les voeux legitimes du peuple et les
idees vraies, les factieux alors s'en emparent cornme d'une
qu'il s'aper9ut qu'ils
(')
2
( )
( )
222
personnels
le
sum
puis,
et les factieux
1'Italie, le
prudents croyaient
le
temps arrive de
satisfaire
au VODU des
un
Italiotes,
s'etaient
partager.
les
fils
du
LIVEE
I,
CHAP.
VI.
223
precedent,
aveugle.
etait
terres
de partager avec
les Ita-
meconnaitre.
( ) Tite-Live,
(")
civile,
XXHI, xin.
notre avis, bien & tort qu'on a traduit bellum sociale ou socioguerre sociale," expression qui, en fran9ais, donne un sens tout &
C'est, i
rum, par
"
allies (*),
fait contraire
it
la
224:
mille citoyens,
bataille
(').
Rome
cut le dessus,
est vrai, et
il
cepeudant
c'est
1'Italie.
(')
An
Vclleius Paterculus,
de Eome.
2
( )
II,
ST.
Cens.
1ST
245
2T8
I,
110,000 (Plus
de).
119,309
d'apres Eutrope,
I,
280
vers
286
8,714
(sic).
de).
Corrigez:
118,714.
295
331
tion armenienne.
365
415
435
460
XTI, ^d.
Sillig.)
XXXHI,
1.)
260,000.
V Epitome, 272,320.
olympiade cxxi,
4, ecrit
270,000
le
Eusebe,
traducteur arm6nien,
220,000.)
465
4T4
4T9
292,334 (Eutrope,
XIV.)
489
602
Corrigez
282,234.
LIVRE
La
I,
CHAP.
VI.
225
provoquee par
An
de Borne.
50T
513
534
546
Cens.
XXVD,
On
xxxvi.)
enorme aux pertes 6prouvees dans les cinq premieres annees de la deuxieme guerre punique, et Tite-Live
ne constate, lui, qu'une difference minime, minor aliquanto
numerus quam qui ante bellum fuerat ; ce qui donnerait
difference
lieu
le chiffre
du
re-
censement;
650
2 14,000 (Tite-Live,
XXIX, xxxvn
Les cen-
Pastes capitolins.')
dans
561
le
recensement.
566
258,318
XXXVin,
du nom
(Tite-Live,
Beaucoup
nombre des
le
d'allies
xxxvi);
Epitome,
258,310.
compris dans
le cens.
576
Les
chiffres des
recensementa
681
" La raison de
269,015 (Tite-Live, XLII, x) Epitome, 267,231.
1'inferiorite du recensement de 581 etait, suivant Tite-Live,
;
1'edit
conformement a
n'y cut pas
(Tite-Live,
un
1'edit
du consul
XLD, x)
586
591
595
15
C. Claudius,
en sorte
XLVH.)
qu'il
Rome."
226
une armee
Rome
un sentiment
par
par
An
le
la
de Borne.
Gens.
XLVIII.)
600
608
613
618
623
629
639
66T
684
3.)
1.)
Dion-Cassius (XLIII,
900,000 (Titc-Live, Epitome, XCVIH.)
xxv) rapporte que le recensement ordonnd par Cesar, apres
la guerre civile, avait
chiffre
de la population
(oeivi) bhryavdpairia).
que
Appien
(II,
la moitie environ
du cens
du
cens.
(Voir Sudtone,
Cesar, XLI.)
dit expressdment qu'entre les annees 684 et
n'y a pas eu de recensement, post annum alterum et
Auguste
726
il
quadragesimum.
(Monument
d'Ancyre,
tab.
2.)
Le
nombre de
cod.
XCVII Fragm.
;
in,
606.)
726
M6
d'Ancyre.)
4,233,000 deuxieme cloture du lustre par Auguste,
767
(Monument d'Ancyrc.)
4,037,000 suivant le Monument d'Ancyre ; 9,300,000 suivant la
Chronique d' Eusebe ; troisieme cloture du lustre par Auguste et Tib. C6sar, son collegue, sous
Pompeius et de Sex. Appuleius.
le
lui
seul.
consulat de Sex.
LIVEE
CHAP. VL
I,
Tous deux
d'AnnibaL
mandement supreme.
du comsysteme de
confederation fut une copie des
se partagerent 1'honneur
II parait d'ailleurs
227
la
que
le
Substituer 1'Italie a
Rome, remplacer
domination d'une seule ville par celle d'un grand peuple,
tel etait le but avoue de la ligue nouvelle.
Un senat fut
nomme, ou plutot une diete, et chaque cite y eut ses representants on elut deux consuls, Q. Pompsedius Silon, Marse,
la
Les
soldats braves et
Les
allies
Marius
il
romaine a tous
cite
les
allies fideles
a la Repu-
la
guerre.
ITALIA
Un
en caracteres
caracteres osques
denier de la Bibliotheque
>
{-f|
latins, et,
G(aijili).
228
du
Latiura.
Remains
la
preponderance dans
les cornices.
Aux
trente-
cinq tribus anciennes, on en ajouta huit nouveUes dans lesquelles tous les Italiotes furent inscrits, et, comme les votes
par tribu, et non par tete, on voit que 1'innouveaux citoyens devait e"tre a peu pres nulle (").
L'J^trurie n'avait pris aucune part a la guerre sociale. La
noblesse etait devouee & Rome, et le peuple vivait dans une
condition voisine du servage. La loi Julia, qui donnait aux
se comptaient
fluence des
Italiotes le droit
thousiasme.
Tandis que
1'Italie etait
En meme temps
doce, et en chassa les rois allies de Rome.
il nouait des
intelligences avec les Samnites, auxquels il
promettait des subsides et des soldats.
qu'inspiraient
alors
les
etrangers,
A 1'exception du
sa fin.
Deja la guerre sociale tirait
Samnium, toute 1'Italie etait soumise, et le
ii
(').
(Appien, Guerres
civiles, I,
49.)
(*)
(*)
Voyez
la note 3
de
la
Appien, Guerres
page 199.
civiles, I, T, 49.
T,
LIVEE
CHAP.
I,
parait, le tribun
229
VI.
du peuple P. Sulpicius
s'etait fait
Homme
un
remarquable quoique
parti puissant.
sans scrupules, il avait les qualites et les defauts de la'plupart
de ceux qui jouerent un role dans ces epoques de dissension (').
Escorte de six cents chevaliers remains, qu'il appelait 1'antisenat ("), il vendait publiquement le droit de citoyen aux
affranchis et aux etrangers, et en recevait le prix sur des
tables dressees au milieu de la place publique
un
qui,
droits
memes
II fit
rendre
loi Julia,
des
maintenir dans
dans
( ).
au subterfuge de la
fin
il
au lieu de
les
par tous
les
et Marius.
le vote, et Sylla,
menace
donner au vieux Marius la province d'Asie et le commandement de 1'expedition contre Mithridate. Mais Sylla avait
son armee en Campanie et etait determine a soutenir ses
pretentious.
Tandis que
la faction
de Marius se
livrait,
dans
a des violences contre la faction opposee, les soldats de Sylla s'irritaient de se voir enlever par les legions
de son rival le riche butin que leur promettait 1'Asie ; ils
la ville,
" P.
son
Sulpicius avait recherch6 par sa droiture 1'estime populaire
(')
Eloquence, son activit^, son esprit, sa fortune, en faisaient un homme remar;
quable."
2
( )
xvm.)
( )
Appien, Guterres
civiles, I,
vu,
67.
TEMPS ANTEKIEUBS
230
deputations
Rome.
il
marche en
i.
CEBAB.
avan,t et penetre
dans
les rues
de
empecha
le pillage,
convoqua
1'as-
de Sulpicius,
les historiens
du temps ne
et,
1'
exception
comme
( )
ne
tint
Appien, Guerres
civiles, I, TII,
59.
Sylla
(Ciceron,
LIVKE
I,
CHAP.
VI.
231
dait en
aux
meme temps
(')
il
deman-
esclaves.
le
fut declare
dechu du
Injure meritee,
"
dangereux (*)."
asile aux Sarnnites, encore en armes.
De la il parvint a
nouer des intelligences avec 1'armee romaine chargee d' observer le Samnium, et, une fois assure des dispositions des
soldats, penetra dans leur camp, demandant protection
un
legions
elles
et Cn. Papirius
avec
lui
La guerre
Sertorius et
"
En
admis a cette faveur ne devinssent pas plus puissants que ceux qui la leur
Mais Cinna, suivant les traces de Marius et de Sulpicius,
avaient accorded.
annon9a
Velleius Paterculus,
dans toutes
1'Italie."
II,
xx.
les tribus
et,
(Velleius Paterculus,
II,
xx.)
ils
232
celle
a marches forcees, sous les murs de Rome, cherchant a vendre ses services au senat ou a s'accommoder avec Marius
II ne tarda pas a s'apercevoir que les insurges
Ses soldats, leves
6taient ass'ez forts pour se passer de lui.
et son parti.
Picenum
dans
le
se battre
le
jeune
les defia
Pompee
se
coucha en travers de
la porte
du camp
et
Strabon de
Selon quelques auteurs, il succomba aux atteintes d'une maladie epidemique ; suivant d'autres, il fut frappe de la foudre
au milieu
meme
de son camp.
passa a 1'ennemi;
le
populace se soulevait
Marius.
Remains,
Marius
s
et
( )
(")
Plutarque, Sertorius, r.
LIVRE
I,
CHAP.
VI.
233
Rome les armes a la main, que leur but etait d'assurer aux
Italiotes 1'entiere jouissance des droits de cite romaine ; ils se
declarerent consuls 1'un et 1'autre pour Pannee 668. Leur
e"tait trop considerable pour etre coutestee, les
nouveaux citoyens leur fournissant un contingent de trente
puissance
les
( )
" Cinna
comptait sur cette grande multitude de nouveaux Remains, qui
de trois cents cohortes, reparties en trente legions. Pour
dormer a sa faction
il
Quod
2.
aux
Sext.
234:
rer ses pertes, et il se trouvait en presence d'un nouvel ennemi, le lieutenant de Valerius Flaccus, le farouche Flavius
les
provinces dont
vit
au senat pour
lui
annoncer
la fin
Trois ans,
de la guerre d'Asie et
disait-il, lui
avaient
suffi
la Grece, la
anciennes possessions
une ambassade du
II ajoutait,
( ).
1'emancipation de
bons citoyens,
& craindre de
rie,n
Cette
des
lettre,
hommes
encore.
1'Italie, et
nouveaux comme
les
lui.
que
le
hate des troupes nombreuses, mais mal disciplinees, se disposerent & faire tete de leur mieux a la tempete qui s'appro-
(')
a
( )
Appien, Guerrea
LIVBE
I,
CHAP.
VI.
235
1'Italie
Une
La
Macedoine.
suivit la voie
flotte
Appienne,
et atteignit la
( ).
Campanie apres un
ment inepte
restait des
assure".
M.
que
de Strabon, general a vingt-trois ans,
leva une armee dans le Picenum, battit trois corps ennemis,
Cn. Pompee,
le fils
( )
a
( )
I,
ix, 79.
I,
x, 95.
236
pee
et
aux autres lieutenants de Sylla. An midi, les Sammis sur pied toutes leurs forces et se disposaient
nites avaient
a secourir Preneste, assiegee par Sylla en personne et defenPontius Telesinus, le general des
due par le jeune Marius.
Une
ville, le
1'aile droite,
les
complete de
Les Samnites designaient ainsi les Ro(') Velleius Paterculus, II, XXTII.
mains, par allusion a la louve, nourrice du fondateur de Rome. Une me'daille
samnite repre'sente un taureau, symbole de 1'Italie, terrassant un loup. Elle
porte le
nom
le titre
tfJEmbratur,
QVSRQ81H3,
latin imperator.
" Ainsi
se terminent deux guerres des plus desastreuses : Yitaligue, ap( )
pelee aussi guerre sociale, et la guerre civile ; elles avaient dure dix ans 1'une
2
hommes, dont
vingt-quatre avaient ete consuls, sept preteurs, soixante 6diles, et pres de deux
cents s6nateurs."
(Eutrope, V, vi.)
LTVKE
I,
CHAP.
VI.
237
rien
II inaugura sa
couta non plus pour s'y maintenir.
rentree au senat par 1'egorgement, pres du temple de BelUn
lone, de trois mille Samnites qui s'etaient rendus (*).
ne
lui
1'Italie
furent prives
du
( )
il
Rome
dans
seule,
il
( ).
il traita en
prisonniers de guerre les enfants des families les plus nobles et les plus considered, et,
le parti populaire,
(Plutarque,
Si/lla,
xvi.)
Dion-Cassius
a 3,000.
3
( )
homme du
et honorables."
donn6 pour
leurs services
I, 6.)
nombreux
vu le peuple remain, sur la proposition du dictateur Sylla, Oter, dans les cornices
des centuries, le droit de cite a plusieurs villes municipales ; nous Pavons vu
les priver aussi des terres qu'elles possedaient. .
Quant au droit de cite, 1'in.
terdiction
ne dura pas
meme
( )
(*)
Appien, Guerres
dictateur."
4
() Strabon, V,
(')
civiles, I, xi,
95.
IT, 20Y.
Dion-Cassius,
XXXIY,
CXXXTII,
1.
du
238
Forum avec
noms des
les
rire
1'asile
il
laissa
mer les consuls, exemple suivi plus tard par les empereurs.
Le calme retabli dans Rome, une constitution nouvelle
promulguee, qui rendait a 1'aristocratie son ascendant.
du dictateur fut de croire qu'un systeme fonde par
fut
L'illusion
II est
idees.
(')
3
( )
(*)
4
( )
Dion-Cassius,
XXXIV, cxxxvu.
Tile-Live, Epitome,
LXXXIX.
LIVBE
I,
CHAP.
VI.
decimee pendant
Par
la
guerre
il
239
civile,
enleva
Rome
corn'diens) (*), pris parmi les esclaves dont les maitres avaient
Des affranchissements semblables eurent lieu
6te proscrits.
dans
le reste
de
1'Italie.
II avait
nations, les Etrusques et les Samnites ; il repeupla les contrees desertes en repartissant sur les proprietes de ses adversaires un nombre considerable de ses soldats, qiie quelques
auteurs elevent au chiffre prodigieux de quarante-sept 164
gions ( ), et crea pour ses veterans vingt-trois colonies mi-
pour
On
la preture, quarante-trois
La loi exigeait un intervalle de deux ans entre 1'exerde deux magistratures difierentes, et de dix entre la
sulat.
cice
(')
Appien,
I,
xi, 100.
Uauxilium
^tait
la protection accordee
Mommsen,
4
Epitome, LXXXIX.
Appien, Guerres civiles, I, xi, 100.
Appien, Guerres civiles, I, xi, 100.
( ) Tite-Live,
(*)
(')
En 674 on
(Tite-Live,
XL,
avait dej&
XLIV.)
fix"6
1'age
240
meme
pour
1'
Ofella,
mort.
aux chevaliers
fit
et
en ameliorer 1'administration.
gestion des affaires civiles retenait a Rome les deux consuls et les huit preteurs pendant 1'annee de leur charge.
La
Us prenaiSnt ensuite, en qualite de proconsuls ou de propreteurs, le commandement d'une des dix provinces, qu'ils
exeryaient durant un an des lors une nouvelle loi curiate
;
devenait inutile pour renouveler Vimperium ; ils le conservaient jusqu'a leur retour a Rome. Trente jours leur etaient
accordes pour quitter la province apres 1'arrivee de leurs
successeurs
( ).
Le nombre des
pontifes et des
precedente
(')
a
( )
3
( )
( ).
Au nombre
Victor,
Tite-Live, Epitome,
Hommes
illustres,
LXXXIX.
Tite-Live, Epitome,
LXXXIX.
6, 8, 10.
xxn.
Aurelius
LXXV.
"
( )
eait
xi, 101.
( )
I,
LIVKE
CHAP.
I,
VI.
241
paux actes
qualities
restat a accomplir.
il
families,
respectueuse et soumise.
po avoir, soutenu d'ailleurs par les dix mille corneliens presents dans Rome et devoues a sa personne ('), que, redevenu
simple citoyen, on le laissa agir en maitre absolu, et, la veille
meme de sa mort, arrivee en 676, il se rendait 1'executeur
d-'une impitoyable justice, en osant faire impunement egorger sous ses yeux le preteur Granius, coupable de concussion
(').
on porta
;
son corps au Champ-de-Mars, ou jflsqu'alors les rois seuls
s
avaient etc inhumes ( ). II laissait Htalie domptee, mais non
Ses funerailles furent d'une magnificence inou'ie
soumise
les
fremissantes sous
1'
d^sormais sans
heureux ( 4 ).
est
Vin.
de
la
( )
(Tacite, Annales,
(')
I,
LXXII.)
Appien, Guerres
II
attendait la
somme
16
242
ciennes coutumes mais leur regne fut 6phemere ('), car ils
Au lieu d'embrasser
ne representaient que des factions.
dans leur ensemble les voeux et les interets de toute la penin;
Italiotes,
homme
en
de chacun de
(*)
" On ne
peut nier que Sylla
ait petabli la
XXT.)
R6publique."
n'ait
roi, quoiqu'iJ
LIVBE
et
le
I,
CHAP.
sentiment
VI.
243
hierarchic.
Get
homme
etait Cesar.
LITRE
DEUXIEME.
CHAPITRE PREMIER.
(654-684.)
Caius Julius Cesar naquit a Rome le 4 des ides de quin(12 juillet) 654 ('), et, en son honneur, le mois de quin-
tilis
(')
n'admet pas
la date
de 654.
II
par la raison que, depuis Sylla, 1'age requis pour les grandes magistratures 6tait
trente-sept ans pour I'edilit6, quarante pour la preture, quarante-trois pour le
consulat, et comme Cesar avait 6te edile curule en 689, preteur en 692, consul
en 695, il aurait, s'il etait n6 en 654, exerce chacune de ces magistratures deux
ans avant Page legal.
Cette objection, certes assez grave, disparalt a nos yeux devant d'autres
temoignages historiques.
la loi,
quand
il
s'agissait
Z4b
tills,
nom du grand
homme.
II etait fils
de C. Julius Cesar
Pompee
('),
6tait consul
preteur,
mort
neurs
du
M. Mommsen,
En
il
n6 au mois de
juillet
nepouvait avoir quarante-trois ans qu'au mois de juillet 695 et, comme
la nomination des consuls pre'cedait de six mois leur entre'e en charge, c'est au
652,
il
mois de
l'anne"e
juillet
694
qu'il aurait
du atteindre
(Cesar, LXXXVIII), Appien (Guerres civiles, II, CXLIX), s'accordent a dire que
Cesar avait cinquante-six ans lorsqu'il fut assassine, le 15 mars 710, ce qui fixe
sa naissance & 1'annee 654.
D'un autre cote, suivant Velleius Paterculus (II,
xun), Cesar, sortant a peine de 1'enfance, fut designe flamine de Jupiter par
or, a Rome, 1'enfance finissait a quatorze ans environ, et le
Marius et Cinna
pr6c6dente.
Cdsar
ses premieres armes en Asie, a la prise de Mitylene, en 674 (TiteLive, Epitome, LXXXIX), ce qui donne vingt ans comme date de son entree
au
fit
service.
pontife,
IIM),
donne
trente-neuf.
Tacite egalement,
comme on
le
meme
famille,
362, 367, et
connue.
La
un
gene"alogie de C6sar ne
LIVEE n, CHAPITRE
1
247
( ),
654-684.
i.
par ses
alliances,
Cesar avait
L. Jul. C*iar.
Praetor 631.
L. Jal.
Con.
Poplllia.
Cam.
664.
C. Ja\. Cwar.
Strabon.
^diL
Cenor.
cur.
C. Jul. Caar.
Prator.
Aurelia,
664.
Fttlvia.
L. Jnl.
Cot.
Caar.
Julia.
M-Antonhu.
690.
P. Lentulut.
C. Jul. Casar.
Dictator.
Cornelia.
--
Julia major.
L. Pinariua,
Q. Pedins.
Julia.
L.
JuL Caar.
Cn.Poipeiu.
L'opipion la plus accreditee, chez les anciens, sur 1'origine du nom de Ceque Julius tua un elephant dans un combat En langue punique,
sar, c'est
ccesar signifie
elephant.
cette hypothese
(Cohen, Medailles consulates, pi. XX, 10.) On sait que quelques symboles
des medailles romaines sont des especes d'armes parlantes. Pline donne une
autre etymologie
dictus,
du nom de Cesar
qua de causa
"
:
Primusque Caesarum a
et Ccesones appellati."
(Histoire naturelle,
" Ccesar a
VH,
IT.)
sarem vel ab elephanto (qui lingua Maurorum ccesar dicitur) in praelio cseso, eum
qui primus sic appellatus est, doctissimi et eruditissimi viri putant dictum rel
quia mortua matre, ventre casso sit natus; vel quod cum magnis crinibus sit
;
vel
quod
humanum morem
vigu-
248
herite
et
une
illustration recente.
D'un
nus
(')
il
cote,
de
1'autre,
Lorsque
la
veuve de ce grand
eapi-
" cote
maternel, est issue des rois ; par le cote paternel, elle
" descend des dieux
immortels, car sa mere etait une Mar" cia
La
les Marcius Rex sont issus d'Ancus Marcius.
(*), et
" famille
descend de Venus ellea
Julia,
" meine.
laquelle j'appartiens,
"
rois, qui sont les plus puissants parmi les homines, la saintete
" reveree des
dieux, qui tiennent les rois eux-memes dans leur
3
"d(jpendance( )."
Cette orgueilleuse glorification de sa race atteste le prix
qu'on mettait, a Rome, & 1'anciennete de 1'origine mais
Cesar, issu de cette aristocratic qui avait produit tant
;
( )
"
6tait issu
En
effet, la
de Numa Pompilius, dont il avait eu Ancus Marcius, qui fut roi de Rome
apres la mort de Tullus Hostilius. (Plutarque, Coriolan, i. Numa, xxvi.)
fille
( )
vi.
Ce passage, tel qu'on le traduit ordinairement, est
parce que les traducteure ont rcndu les mots Martii Regcs par let
Suetone, Cesar,
inintelligible,
( )
Plutarque, Char, x.
(')
ainsi Aurelie,
mere de Cesar;
LIVKE H, CHAPITRE
249
654r-684.
I.
Alexandrie
( ).
La Grece
et la
langue
Aussi le grec et le latin pouvaient-ils <2tre appeles les deux
langues de 1'Italie, comme ils le furent plus tard par 1'em3
pereur Claude ( ). Cesar les parlait toutes les deux avec la
meme facilite, et, en tombant sous le poignard de Brutus, il
4
pronon9a en grec les derniers mots sortis de sa bouche ( ).
tratifs .pour agir sur les interets, les discussions et les discours
enfin
les
mere d'Auguste,
ainsi Atia,
dont
fants,
elles
firent
prfeidfcrent,
nous
dit-on,
de grands hommes."
(Tacite,
XZTUI.)
"
(')
doctus."
"
tmre,
Sur
les
grammairiens
illustrcs,
grsece
quam
latine
vn.)
(Quintilien, Institution ora-
I, i.)
( )
"
(Suetone,
Claude, s'adressant a
un Stranger qui
( )
Kat
ai, riicvov
250
choisis
('),
un
livre sur la
ouvrages etaient
lui
ecrits
Divination
d'un style
si
pur
linguae, latince
'II
( ).
fut
grams auctor
1'art
de la
(")
Cesar, LV.)
3
( )
4
( )
fait
bibliotheques publiques.
que
lui,
Tu quoque,
(')
vis,
" Liberal
jusqu'a la profusion et d'un courage au-dessus de la nature
humaine et meme de Timagination." (Velleius Paterculus, II, XLI.)
7
"H
( )
tenait, sans contredit, le second rang parmi les orateurs de Rome."
8
( )
"
(')
Quamvis moderate
Traite de la colere,
IT,
xxm.)
xvm,
3.)
xxv.
LIVKE n, CHAPITKE
i.
251
654^684.
"
il
servir
mais
les
compagnons de Cesar
se
il
Ces
manque de
savoir-vivre (*)."
peu importants en eux-memes, temoignent cedu bon cceur de Cesar et de cette delicatesse de
faits,
pendant et
1'homme bien eleve, qui observe partout
A ses qualites
les
convenances.
une education
Sa
brillante, venaient s'ajouter des avantages physiques.
taille elevee, ses membres arrondis et bien proportionnes,
imprimaient a sa personne une grace qui
tous
(').
II
avait les
yeux
noirs, le
le distinguait
regard penetrant,
de
le teint
( )
(')
"A
('-)
sans doute
et forte."
(Yelleius Paterculus,
252
sonne
par un regime frugal, et par 1'habitude de s'exposer a 1'intemperie des saisons ('). Adonne, des sa jeunesse, a tous les
exercices du corps, il montait a cheval avec hardiesse (*), et
B
Sobre
supportait sans peine les privations et les fatigues ( ).
du
par 1'exces
costume qui distinguait la jeunesse elegante et effeminee de cette epoque. Mais Sylla ne se trompait pas a ces
reins,
apparences de
prendre garde
( )
4
dos."
6
"
( )
II
( )
7
( )
Suetone, Cesar,
"
Et
.
pos6s, et
qu'un
tel
quand
quand
LIII.
Plutarque, Cesar,
xvin
et LVIII.
si
homme
blique romaine."
si noir,
artistement dis-
ne saurais
de renverser
la
croire
Repu-
LITRE n, CHAPI-TEE
253
654-684.
i.
gravee
de Venus armee
(*).
En
passion de la vie militaire dans toute sa sirnplicite et sa rudesse ; en un mot, il alliait 1'elegance des formes, qui seduit,
ii
1'energie
II.
du
caractere, qui
commande.
persecute
bles,
Fiance a seize ans, sans doute malgre lui, & Cossutia, fille
il s'etait
degage de sa promesse (*) des
XLHI,
( )
Dion-Cassius,
(')
Velleius Paterculus,
( )
Suetone (Cesar,
i)
XLIII.
II,
dit
XLI.
que C6sar
cree,
formalite,
on
n'6tait
or,
notre avis,
il
Vel-
avait ete
6te inaugure, c'est que Sylla put le r6voquer et, d'un autre cote, Tacite dit
III, LVIII) qu'apres la mort de Cornelius Merula le flaminat de Ju;
(Annales,
charge.
(*)
Cesar,
i.)
254:
la
resserrer,
alli-
le parti populaire,
fait, se
II
Her plus
voulut
etroi-
le contrain-
dre a repudier Cornelia, mais il le trouva inebranlable. Lorsque tout flechissait devant sa volonte, que, par son ordre,
Pison se separait d'Annia, veuve de Cinna ("), et que Pompee
fille d'Antistius, mort
pour epouser milie, belle-fille du dictateur,
Cesar maintenait son independance au prix de sa surete per-
a cause de lui
( ),
sonnelle.
4
d'assassins
Sylla,
il
gagna
le
chef, Cornelius
B
Phagita, en lui donnant deux talents (environ 12,000 fr.) ( ),
Notons ici que, parvenu a la souveet sa vie fut preservee.
raine puissance,
Cesar rencontra ce
meme
Phagita, et
le
marie & Cossutia, car Suetone se sert du mot dimittere, qui veut dire liberer,
de plus, despoiisala, qui
et non du mot repudiare, avec son veritable sens
;
Cesar, v.)
Plutarque, Cesar, v.
Velleius PateFculus, II, XLI.
"
Quelle indignite d'introduire dans sa maison une femme enceinte, du
( )
vivant meme de son mari, et d'en chasser ignominieusement, cruellement, An(')
(')
3
tistia,
dont
le
le
mari qui
la repudiait !"
(Plutarque,
Pompee, vni.)
4
( )
5
( )
Suetone, Cesar,
i.
Plutarque, Cesar,
voyez page 100, note 6.
i.
LIVKE n, CHAPITRE
i.
255
654-684.
Les vestales
aussi,
dont
Vaincu par
(').
" Eh
tant de solicitations, Sylla ceda enfin, en s'ecriant
"
sachez
mais
celui
dont
vous
vous
le
voulez
bien, soit,
que
" demandez la
gr&ce causera un jour la perte du parti des
:
>-
famille qui desiraient faire leur apprentissage militaire suivaient un general a 1'armee. Admis dans son intimite, sous
le nom de contubernales, ils 4taient attaches a sa personne.
!
( )
2
(
i.
( )
(Plutarque,
"
La
Numa,
xiv.)
iv, 6)
rapporte le
fait
suivant
Tiolence son pere, Appius Claudius Pulcher, de son char de triomphe, s'interde s'opposer
posa entre le tribun et ce dernier, en vertu du droit qu'elle avait
aux violences."
( )
Suetone, Cesar,
i.
fait
egalement allusion
256
HISTOIEE
DK JULES CESAK.
civique
(*).
Peu de temps
apres,
il
Sa presence frequente
a la cour de Nicomede servit de pretexte a une accusation
de honteuse condescendance.
Cependant les relations de
fendre la cause d'un de ses clients.
reue: ce
Les motifs de sa conduite furent neanmoins tellement denatures, que des allusions injurieuses se retrouvent dans certains debats du senat et jusque dans les chansons des soldats
C. Cesar,
grand
ainsi dans son exorde
( )
Suetone, Cesar, H.
() Suetone, Cesar, n.
3
( ).
Pline,
pontife,
"
:
XVI,
Aulu-Gelle, V, vi.
IT.
(celle d'etre
Ton ne
du
s'exprime
Nicomede, le lien
debattue, ne m'ont pas permis,
vecu, et
les Bithyniens,
roi
abandonner ses
clients,
eux a qui nous devons appui, immediatement apres nos proches." (Aulu-Gelle,
V, xin.)
4
" Rien ne
porta prejudice a sa reputation sous le rapport de la pudicite,
( )
son sejour chez Nicomede mais 1'opprobre qui en rejaillit
sur lui fut grave et durable il 1'exposa aux railleries de tous. Je ne dirai rieu
de ces rers si connus de Calvus Licinius
dit Suetone, excepte
Bithynia quidquid
en
LIVBE n, CHAPITKE
i.
257
654-684.
pour
pour
les
repoussait-il avec
1'abri
nom
de reine.
C.
Memmius
le
( ).
un
du
(')
Celui-ci lira
son 6pee
ct le tua.
il
ir
fut
258
Apres avoir
fait ses
la
la
de
et,
la Cilicie.
" II
alluma, dit Florus, le feu de la guerre civile au
meme du dictateur (')." II voulait abroger les lois
Corneliennes, rendre aux tribuns leur puissance, aux proscrits
tion.
" bucher
commandement
militaire.
ou
un
instruit
de ces tentatives,
le
rappela a
lui.
Rome, vers
Le
senat,
la fin
de
an nee, pour tenir les cornices ('). Lepidus, laissant le preteur Brutus canape sous Modene, marcha sur Rome a la tete
1'
pouvait souffrir qu'on publiat qu'il avait 6te aimd de Nicombde. Iljurait que
c'etait une calomnie."
(Xiphilin, Jules Cesar, p. 30, 6dit. Paris, 1678.)
l
( )
a
( )
(*)
4
Orose, V,
xxm.
xxm.
cvn.
( )
Appien,
(')
(') Salluste,
I,
Fragments,
I,
p. 363.
LIVKE n, CHAPITKE
de son armee.
il
i.
654-684.
259
defaite, s'enfuit
armes.
II fallait,
pour
le
moment,
les
instruments de
la tyrannic passee.
faire
preuve de
patriotisrae.
que soutenaient des personnages eminents et que defendaient des orateurs tels que Hortensius et L. Aurelius Cotta.
D'ailleurs, il deploya une telle eloquence, qne ce premier
6
discours lui valut tout d'abord une veritable celebrite ( ).
(')
a
jeunes gens s'attachassent a la poursuite des coupables comme des chiens g6nereux s'acharnent sur les b6tes sauvages." (Plutarque, Lucullw, i.)
4
( )
ed. Schiitz.
6
( )
Valere Maxime,
vm,
ix,
3.
260
inconnues.
nomme
ete
accueilli
du regime precedent.
II s'etait
natus
unum
et viginti
(De V Orateur,
ron.
(')
I,
xxvi, 121.)
Asconius,
Commentaircs sur
le
discours
"In
LIVKE H, CHAPITRE
I.
654-684.
261
momentanement de la scene ; ils evitent ainsi de se compromettre dans des luttes journalieres sans portee, et leur repuPendant
tation, au lieu de s'aflaiblir, grandit par 1'absence.
1'hiver de 678, Cesar quitta done de nouveau 1'Italie, dans
1'intention d'aller a Rhodes perfectionner ses etudes.
Cette
ile,
annees auparavant.
Pendant
de Pharmacuse, petite
ile
voisines
Quoique
( ).
les
alliees fussent,
en ce
cas, obligees
( )
Cette
Kalessi.
tionnent, et le dernier
( )
( )
4
( )
Suetone, Cesar,
IT.
Velleius Paterculus,
II,
XLI.
262
s'en faisait
fois libre
les ferait
il
"etat(')!"
Des
qu'il eut
la paya.
Debarque sur
la cote,
villes sa ran9on, il
s'empressa d'equiper des
Les pirates, surpris a 1'ancre
il
de Pergame, pour
il
les livrer a
et les
fit
mettre
Molon,
le
un de
lius Cotta,
nomine gouverneur de
la Bithynie,
Cotta, battu sur terre et sur mer pr6s de Chalcedoine, se trouvait dans de grands embarras, et Mithridate
s'avan9ait centre Cyzique, ville alliee que delivra plus tard
Mithridate.
Lucullus.
D'un autre
Eumaque, ravageait
1'Asie Mineure.
]
( )
a
( )
(*)
Plutarque, Cesar, n.
Plutarque, Crassus, vm.
Sue*tone signale comme
aient 6te
mis en
leur agonie.
C6sar
les
un
ayant
(Sue" tone, Cesar, LXXIV.
croix,
fait
Velleiua Paterculus,
II, XLII.)
LIVEE n, CHAPITKE
i.
654-684.
263
VL
mer
A peine de
retour a
Rome,
il
a une
il
1'emporta
( )
4
Velleius Paterculus,
II, XLIII.
Asconius,
Sur
le
discours de Ciceron
II, LIII.
Suetone, Cesar, v.
Plutarque, Cesar, v.
Les tribuns a la nomination du g6n6ral s'appelaient ordinairement rufuli, parce qu'ils avaient 6te ^tablis par la loi de Rutilius Rufus ; les tribuns
militaires elus par le peuple se nommaient comitiati ; ils 6taient reputes de
( )
5
( )
(Pseudo-Asconius, Commentaire stir le premier discours de Ciceron centre Verres, p. 142, 6d. Orelli ; et Festus, au mot fiufuli,
v6ritables magistrals.
p.
261, Miiller.)
264:
En Espagne,
les
joint, en 677,
la tete
par Perpenna, a
lieutenants' de Sylla.
de trente cohortes
Re('),
( ),
Deja
Espagnols lui donnaient le nom de second Annibal.
Mais Pompee, envoye en toute hate en Espagne, vint renforcer 1'armee de Metellus, enlever a Sertorius tout espoir de
les
dans son armee, et lui-meme perdit de son assuaurait neanmoins resiste encore longtemps, si, par
une infame trahison, Perpenna ne 1'eut fait assassiner. Le
se mirent
rance.
II
guerre d'Espagne.
En Asie, Lucullus continuait avec succes la campagne
centre Mithridate, qui soutenait courageusement la lutte et
etait
Lucullus
au
Senat.)
LIVBE H, CHAPITKE
I.
654-684:.
265
Tigranocerte.
En
Macedoine
nombre de
liberte.
En
revenait d'Espagne.
bataille livree
de Capoue a Rome.
Les occasions de se perfectionner dans le metier des
armes ne manquaient done pas a Cesar ; mais on comprend
son inaction, car les partisans de Sylla etaient seuls a la te'te
des armees en Espagne, Metellus et Pompee ; le premier,
:
du dictateur
beau-frere
lieutenant
( )
I,
en
Italic,
Vellcius Paterculos, D,
CXTII.
xxx
et
civiles,
266
dans
les
soin de mettre
entre
ses
adversaires
pour y demander ou y
Rome, a
la tete
saisir le pouvoir.
Le
de leurs armees,
senat devait etre
les
Sertorius
( ).
La meme ambition
animait
Pompee et Crassus;
premier a congedier son
la sienne aux portes de la
le
ville.
les
par
(')
a
( )
3
( )
Appien, Gverres
civiles, I,
xir, 121.
CHAPITRE DEUXIEHE.
684-691.
I. Lorsque
Pompee et Crassus arriverent an consulat, il
avait soixante-trois ans que 1'Italie etait en proie a des
luttes intestines.
pnbiique
(').
Sylla avait
cm
retablir la
Republique BUT
ses anciennes
le droit
sante et un peuple profondement divise. Le pays se partageait entre ceux que la tyrannic avait enrichis et ceux
qu'elle avait depouilles : les uns craignant de perdre ce qu'ils
"
(')
La Republique, pour
(Salluste,
Fragments,
I,
68.)
de
re-
268
HISTOIBE
DE JULES CE8AK.
comme
s'ecriait
trafic sans
( )
le coeur
1'activite
des
hommes nouveaux.
se4
( ).
dans
Pour
les yeux, que de pi6ges ils nous tendent . . . On did'une autre nature, d'une autre espece, tant leurs sentiments et
leurs volontes sont en opposition avec les notres."
(Cic6ron, Deuxieme action
Tout
homme
ui.
(*)
Salluste, Catilina,
(*)
( )
9,
12
Deuxtime
action,
LIVKE H, CHAPITBE H.
684-691.
269
H s'6tait forme de nombreuses societes secretes pour 1'exploitation du droit de suffrage; elles se divisaient en decuries,
dont les chefs particuliers obeissaient a un chef supreme, qui
traitait avec les candidats et leur vendait les votes de ses associes, soit pour de 1'argent, soit en stipulant a leur profit ou
au sien certains avantages. Ces socie'tes faisaient la plupart
des elections, et Ciceron lui-meme, qui se vanta si souvent de
1'unaniraite avec laquelle il avait ete nomine consul, leur dut
I,
29.
OrelH.
"
(')
Dans ces
hommes qui
causes de ces hommes, et je sais ce qui vous a ete promis et quelles garanties
vous ont et6 donndes par leurs associeV (Sur la petition au Consulat adrestee
v.)
270
" sesterces
comment,
le
"
pable de concussion devant le preteur Hortensius, on com"prit dans 1' amende 1'argent qu'il avait re9u en qualite de
"
juge ; comment C. Herennius et C. Popilius, tous deux sena"
teurs, ayant ete convaincus du crime de peculat, et M. Ati" lius du crime de
lese-majeste, il fut prouve qu'ils avaient
"
re9U de 1'argent pour prix d'une de leurs sentences ; com" ment il s'est trouve des senateurs
qui, des que leur nom fut
" sorti
de 1'urne que tenait C. Verres, alors preteur urbain,
" al!6rent
sur-le-champ donner leur voix centre 1'accuse, sans
" avoir entendu la cause comment enfin on a vu un
senateur,
cause, recevoir 1'argent de 1'accuse
autres juges, et 1'argent de 1'accusa1'accuse.
Pourrai-je alors assez de-
"
meme
plorer cette tache, cette honte, cette calamite qui pese sur
"
Malgre
(')
generaux
malgre le patronage des grands de Rome,
a
les peuples soumis ( ) etaient toujours en butte aux exactions
des magistrats, et Verres fut le type de 1'immoralite la plus
et des publicains,
"
( )
une
Ciceron,
lettre
ce que les habitants des provinces ont & endurer de la part des fermiers publics.
Lorsqu'on supprima plusieurs plages en Italic, les reclamations s'adressaient
LTVEE n, CHAPITRE n.
de leur
suite, soit
pour payer
271
684r-691.
les fermiers
"sonnables,
" les soldats
ils
comme
regardaient
que de craindre
les
" au
contraire, les generaux, redevables du premier rang &
" la violence et non au
merite, forces de tourner leurs armes
"les uns centre les autres plutot que centre les ennemis,
" etaient reduits a courir
apres la popularite. Charges du
"
commandement, ils prodiguaient 1'or pour procurer des
"jouissances & une armee dont ils payaient cher les fatigues:
" ils rendaient leur
patrie venale, sans y prendre garde, et
"se faisaient eux-memes les esclaves des hommes les plus
"
"mieux
" ce
qui
Py ramena
centre Sylla
voilH ce qui
fit
de Cinna
On
)."
campagne, deposait
(')
Dion-Cassius, LXXXTI,
Fragm.
272
Un
il
repose.
commandaient
toujours le vrai peuple, et les generaux elus par eux les chefs
legitimes de la Republique ? Tout abus a de longues racines
dans
le passe, et
on peut retrouver
la cause originelle
de la
puissance des pretoriens sous les empereurs dans 1'organisation primitive et les attributions des centuries etablies par
Servius Tullius.
Quoique 1'armee n'eut pas encore acquis cette preponderance, elle pesait pourtant d'un grand poids dans les decisions
du Forum.
cote des homines habitues aux nobles hasards
des combats, existait une veritable armee de 1'emeute, entretenue aux frais de 1'^tat ou des particuliers, dans les villes
principales de 1'Italie, surtout a
Capoue
soldats, en
temps de guerre
Cicdron,
Brutus, xiv.
(')
Des Devoirs,
II,
17
civile
;
(*).
Plutarque,
LIVBE n, CHAPITKE H.
Ainsi tout
donnait
e"tait
684-691.
273
La
force brutale
frappe de decadence.
le pouvoir, et la
la societe
la ve-
Rome
les uns,
premier parti s'appuyait sur les institutions de Sylla le second avait pris le nom de Marius comme symbole de ses espe;
rances.
II faut aux gran des causes une figure historique qui perL'homme une fois
sonnifie leurs interets et leurs tendances.
(*)
cependant
la
" Le nom de C.
Marius, de ce grand homme que nous pouvons & juste
appeler le pere de la patrie, le regen6rateur de notre liberte, le sauveur
" J'en ai
de la Republique." (Ciceron, Discours pour Rabirius, x.)
pour
(')
litre
13
274:
du but,
et son succes
mena9ait
il
fut
aneanti
difficiles
qui dominat la
Mais alors
a prevoir.
le
faits.
IE. Par une conduite tout opposee a celle de Cesar, Pomp6e avait grandi dans les guerres civiles. Des 1'age de vingttrois ans, il avait re9u de Sylla le titre di!lmperar
2
tor et le nom de Grand ( ) '; il passait pour le
Pompee et de
Crassus.
\'
premier homme de guerre de son temps, et s etait
distingue en Italic, en Sicile et en Afrique, centre les partisans de Marius, qu'il fit massacrer impitoyablement ('). Le
sort Tavait sans cesse favorise.
En Espagne, la mort de
Sertorius lui avait rendu la victoire facile ; a son retour, la
(')
III, 36.)
Plutarque, Pompee,
Pompee fit tuer Carbon, Perpenna et Brutus, le pere de 1'assassin de
lui
le premier avait proteg6 sa jeunesse et sauv6
eon patrimoine.
LIVEE H, CHAPITEE H.
684-691.
de Spartacus
fin
succes
dejii,
275
lui
profitera des
Aussi un ecrivain
distin-
gue a-t-il
Pompee arrivait toujours a
temps pour terminer a sa propre gloire les guerres qui allaient
& la gloire d'autrui (').
vulgaire, qui salue le bonheur a 1'egal du genie, entourait alors le vainqueur de 1'Espagne de ses hommages, et
finir
Le
un moyen, pour
mais indecis,
le flattaient.
il
etait,
qu'un but.
Honnete,
ral habile
Par
ses
parti
de
antecedents,
1'aristocratie,
il
etait
mais
le
plutot le representant
desir de se concilier
du
la
faveur publique et sa propre intelligence lui faisaient comprendre la necessite de certaines modifications dans les
lois; aiissi,
(*).
II e'tait
(')
(*)
qu'il
to
pervers que son visage etait modeste." (Salluste, Fragm. II, 176.)
"
Enfin, lorsque Pomp4e, haranguant pour la premiere fois le peuple aux
(*)
276
grands
lui
(*),
mais
le
de
de celui que
la fortune elevait
moment, assurer
concours loyal
Nous
le
si
haut pouvait
seul,
pour
le
tait-ce un
Republique.
croyons, mais il n'excluait pas une
les destinees
de
la
portes de la ville, en qualite de consul designe, vint a traiter le point qui semblait devoir etre le plus vivement attendu, et fit comprendre qu'il retablirait
il fut accueilli par un
leger bruit, un leger murmure
d'assentiment ; mais quand il ajouta que les provinces etaient devastees et
opprimees, les tribunaux fletris, les juges sans pudeur, qu'il voulait veiller a
la puissance tribunitienne,
" Les
sance tribunitienne, commenca par ces paroles pleines d'autorite
peres
consents administrent mal et scandaleusement la justice ; et s'ils eussent, dans
les tribunaux, voulu repondre a 1'attente du peuple remain, la puissance des
:
LITRE H, CHAPITRE n.
277
684r-691.
jour.
alors
il
de la lutte
Pompee
M. Licinius Crassus.
Get
homme
fallait
frais
une armee
(*).
Quoique
charges,
la
fair
il
bles
( )
J
(' )
( )
( )
Plutarque, Crassus,
vm.
I, TIII.
278
s' clever
il
"
)."
Pompee
Cesar,
il
tri-
buns
le droit
autres magistratures.
La seconde avait rapport a la justice. Au lieu de laisser
au senat seul le pouvoir judiciaire, le preteur Aurelius Cotta,
oncle de Cesar, proposa une loi qui devait concilier tous les
intere'ts,
(')
a
( )
s
( )
Sylla ab
illis
titus est."
ad senatum
(Velleius Paterculus,
II,
xxxn.)
LIVEE H, CHAPITEE
II.
684-691.
279
ce nombre etaient compris lea debris de 1'armee de Lepidus restes en Espagne depuis la defaite de Sertorius, et
parmi lesquels se trouvait L. Cornelius Cinna, beau-frere de
Dans
Ce
Cesar.
promptement
le
La
rayerent du senat soixante-quatre de ses membres, probablement creatures de Sylla. Au nombre des exclus figurerent
influence
lois.
Malgre un premier refus du dictateur, il
avait obtenu a vingt-six ans les honneurs du triomphe, sans
avoir rempli aucune des conditions legales. Malgre les lois,
majeste des
un second triomphe
sulat,
"
(')
quoique hors de
Rome
que
le con-
necessitate,
non
labore,
non opera,
tous les
(Certes, je crois avoir ddploy^ tout le zele,
efforts, toute 1'habilete' que reclamait notre parent<5.) C6sar cit6 par Aulu-Gelle,
Nonius Marcellus, De la signification diverse des mots, au mot
XIII, in.
non
industria defuisse."
Necessitas.
3
( )
Salluste,
Fragments,
I,
68.
280
les
comme
L'effet
momentane
d'un
se soumettant
la
"
Oui, je les ai toutes faites,
exigees par la loi, il repondit :
"
moi
eu
que
pour general ( )." L'ostentation
n'ayant jamais
1
de
la
Pompee
etait
une
mais
il
c^sar qnesteur
L'occasion se presenta
apres avoir etc nomme questeur et admis au senat, il perdit sa tante Julie et sa femme
Cornelie, et s'empressa de faire de leur oraison funebre une
veritable manifestation politique (").
C'etait la coutume a
bientot.
Peu de temps
Rome
de prononcer 1'eloge des femmes, mais seulement lorsmouraient dans un age avance. Cesar, en derogeant
a 1'usage a 1'egard de sa jeune femme, obtint 1'approbation
3
pub li que; on y vit, selon Piutarque ( ), une preuve de sensiqu'elles
bilite et
(*)
(")
de douceur de moeurs
Piutarque, Cesar, T.
( )
Piutarque, Cesar,
v.
LIVKE n, CHAPITEE
281
684-691.
II.
en cire, portee par 1'ordre de Cesar dans la procession funebre, reparaissait pour la premiere fois depuis les proscriptions de Sylla (').
Apres avoir rendu les derniers devoirs a sa
femme, il
accompagna, en qualite de questeur, le preteur Antistius
a
Vetus, envoy e dans 1'Espagne ulterieure ( ). La Peninsule
etait aloi-s divisee en deux grandes provinces
1'Espagne
:
comme
Les
(*).
affaires.
rum
( ),
( )
aussi
2
( )
( )
4
( )
6
( )
Velleius Paterculus,
Ciceron, Discours
la loi Manilla,
XXXYIII.
Cesar, Guerre
"
pour
civile, I,
Longue
figuraient
Plutarque, Cesar, v.
xn
II, XLIII.
pour
Fonteius, n.
cxistimabatur."
(*)
Ciceron,
Deuxieme
Leitres familieres,
XV,
iv.
n, 20, 24, 30
IV, 29
282
Betique
( ).
les
son esprit de conciliation et d'equite ( ), et montra aux Espagnols une vive sollicitude pour leurs interets ('). Comme
hommes
caractere des
actions,
il
illustres se revele
aussi sensible a 1'amitie qu'il fut plus tard oublieux des injures.
Cependant 1'amour de
hautes facultes
la gloire et la conscience
le faisaient aspirer
de ses
II
visita a
6
pion
),
Gades,
le
comme
A la
il
d'Alexandre,
il
pres 1'jige auquel mourut Alexandre. Ayant obtenu son rappel a Rome, il s'arreta, a son retour, dans la Gaule transpadane ( T ) (687). Les colonies fondees dans cette contree posso
(')
Lusitanie se tenaient
Emerita,
i,
Pax
et IV,
xxxv.
Les
trois conventus
de
la
les
( )
(*)
une
Des
le
affection particuliere."
( )
(*)
6
Plutarque, Cesar, \.
Tite-Live, XXI, xxi.
Floras, II,
( )
(*)
xvn.
et
de Cesar, v.
LITRE n, CHAPITKE n.
283
684r-691.
daient deja
Pompee
quelque temps en
(').
il
commandement,
s'etant en-
d'elle.
C'etait
un motif de
IV. La decadence d'un corps politique est evidente lorsque, au lieu de venir de son initiative prevoyante, les mesures
les plus utiles ;\ la gloire du pays sont provoquees Ij0l Q^^^
(687)
par des hommes obscurs et souvent decries, organes fideles, mais fletris, de 1'opinion publique. Ainsi les
propositions faites a cette epoque, loin d'etre inspirees par le
senat, furent mises en avant par des individus peu consideres
et imposees par 1'attitude violente du peuple.
La premiere
cut rapport aux pirates qui, soutenus et encourages par
-
(')
2
( )
8
Cesar, v.
fille
de
Sylla.
Plutarque,
284
Mithridate, infestaient depuis longtemps les mers et ravageaient toutes les cotes ; une repression energique 6tait in-
civiles avaient
mains, et
elle avait
de
Enfin
(').
ble, indispensables
remedier a un tat
Pour
du peuple Aulus Gabinius
guerre centre les pirates a un seul gene"-
a 1'approvisionneraent de la ville.
de choses si humiliant, le tribun
proposa de confier la
ral, de lui donner pour trois ans des pouvoirs etendus, des
forces considerables, et de placer plusieurs lieutenants sous
ses ordres
( ).
"
"
(')
ils
s'ils
( ).
villes
dont
s'6taient
a
( )
3
( )
4
( )
etait
un tres-mauvais
(Dion-Cassius,
XXXVI, vn.
( )
Dion-Cassius,
(')
XXXVI,
vi.)
LIVKE n, CHAPITBE
IT.
684-691.
285
Pompee
gre
fortes, detruisit trois cents villes, prit huit cents navires et fit
vingt mille prisonniers, qu'il transfera dans 1'interieur des
qui re9ut
le
nom
il
les
de Pompeiopolis
( ).
XXXVI,
xr.
(')
Dion-Cassius,
J
( )
vi.)
286
V.
alors dans
1'ile
Lot Manilla
(688).
date et
etre compromise.
II a\>ait eprouve des revers, 1'insubordination regnait parmi ses soldats ; sa severite excitait leurs
plaintes, et la nouvelle de 1'arrivee des deux proconsuls de
Cilicie, Acilius Glabrion et Marcius Rex, designes pour com-
mander une
tion de donner a
fiees
vant
a Lucullus, en
le
pouvoir
exe^ait deja
qu'il
un
seul
homme
tout
"
avec
force^;
toute 1'autorite a
si 1'on
devait confier
etait plus
digne
ne fallait pas accumuler sur un seul
tant d' autorite (*). Catulus s'ecriait que e'en etait fait de la
liberte, et que dorenavant, pour en jouir, on serait force de se
4
retirer dans les bois et sur les montagnes ( ).
Ciceron, au
qu'il
Dion-Cassius,
XXXV,
xiv
( )
(')
( )
et XT.
loi
Manilla, XTII.
LIVEE n, CHAPITKE n.
684-691.
de
287
1'avenir.
"Tant
" d'autres
generaux, disait-il en terminant, ne partent pour
" une
expedition qu'avec 1'espoir de s'enrichir
L'ignorent"
ils, ceux qui pensent qu'il ne faut point deferer tous les
"
pouvoirs & un seul homme, et ne voyons-nous pas que ce
"
qui rend Pompce si grand, ce ne sont pas seulement ses
"
"
Quant a Cesar, il
vertus, mais les vices des autres (') ?
seconda de tous ses moyens les efforts de Ciceron ( 2 ) pour
!
1'adoption de la
avait heureusement
commencee
(')
mais
le succes definitif
de
la
campagne
acharne des Romains, qui continuait la lutte depuis vingtquatre anne"es, et que la mauvaise fortune n'avait pu decourager, ne voulait traiter, malgre ses soixante-quatre ans
les
ramener
seul
En
la discipline
les
enne-
pour retablir 1'ordre et retenir sous les drapeaux les vieux soldats, qui avaient obtenu
4
leurs conges et voulaient rentrer dans leurs foyers ( ) ; ils
mis.
effet,
sa presence
suffit
( )
(')
Dion-Cassius,
( )
XXXVI,
xxvi.
Plutarque, Jbucullus,
" Le tribun
Manilius, &me vfeale
autres."
L,
et lache instrument
in.
de 1'ambition des
"
( )
Cassius,
XXXV,
XY.)
288
1'elite
le
dans toutes
electoraux
( ).
qui, obeissant
On
( )
appelait Valeriens les soldats de Valerius Flaccus qui, passes sous le
commandement de Fimbria, avaient abandon^ en Asie leur gen6ral pour se
joindre a Sylla.
de nouveau
" Ces
memes
les Valeriens),
de Pompee (car
il
tant un
enrola
homme
( )
4
( )
En
effet,
un autre de Salluste.
pour Murena (xxni), s'exprime ainsi
"
Confusioncm suffragwrum flagitasti, prorogationem legis Maniliae, aequationem gratiae, dignitatis, su|Tragiorum." II est clair que Ciceron ne pouvait
pas faire allusion a la loi Manilia sur les affranchis, mais a celle de Caius
Gracchus, puisque Salluste emploie, a propos de cette loi, a peu pres les memes
" Sed de
termes, en disant :
magistratibus creandis baud mihi quidem absurde
quam C. Gracchus in tribunatu promulgaverat ut ex confusis guinque classibus sorte centuriae vocarentur. Ita cocequati dignitate pecunia, virtute
anteire alius alium properabit."
(Salluste, Lettres d Cesar, vn.)
placet lex,
LTVTRE n,
CHAPITEE n.
289
084r-691.
II fit
adopter par surprise le
rappel de la loi Sulpicienne, qui donnait le vote aux affranchis en les distribuant dans les trente-cinq tribus, et
pr4ten-
Mais
consentement de Crassus
et
de Pompee.
ne
le
la croyaient pas
reclamee par
1'
opinion publique
semblaient s'accumuler
les faveurs
du moment, Cesar,
reste a
(*).
Rome,
ment a
la depense, et
y compromit meme
sa fortune.
Deux
il
Des portiques
provisoires s'eleverent,
3
exposa une foule d'objets precieux ( ). Ces
depenses n'etaient point insolites ; depuis le triomphe du
sous lesquels
il
(')
a
( )
(')
Plutarque, Cesar, Y.
Su^tone, Cesar, x.
( ) Tite-Live,
( )
comme nous
Plutarque, Cesar, r.
IX, XL.
Dion-Cassius,
19
XXXVH,
Tin.
parlerions au-
290
HISTOIRE
DE JULES CESAK.
a
paraissent
si
le caractere re-
le seul
point d'appui de
(')
On
" Les
gladiateurs que vous avez achetes sont une tres-belle acquisition.
vous les aviez voulu louer dans les
retire ce qu'ils
(Cice'-
ron, Lettres
a
( )
Sur
les spectacles, v.
XXIII, xxx
XXIX,
XLVI.
TertiUlien,
Valere Maxime,
7.
II, IT,
3
Tite-Live,
le
"
Quand C6sar, depuis dictateur, mais alors edile, donna des jeux fune( )
bres en 1'honneur de son pere, tout ce qui devait servir dans 1'arene e"tait
d'argent ; des lances d'argent brillaient dans les mains des criminels, et per9aient les betes farouches, exemples qu'imitent maintenant de simples villes
(Pline, Histaire naturelle, XXXIII, in.)
municipales."
4
( )
Suetone, Cesar,
x.
LIVBE H, CHAPITKE n.
291
684-691.
Non
content d'avoir contribue a plusieurs mesures reparatrices, d'avoir gagne Pompee a ses opinions, et tente une
premiere fois de faire revivre la memoire de Marius, il voulut,
de les placer pendant la nuit au Capitole ( ). Le lendemain, quand on vit ces images etincelantes d'or, ciselees
avec un art infini et ornees descriptions qui rappelaient les
l
1'ordre
mais
proscrits
nombre au
drissement en voyant
les
traits
veneres de
grand capitaine
leur
ancien
successeur de ce
(").
"
"
du peu-
il
Le temps de son
edilite expire,
Cesar
sollicita la
(')."
mission
d'aller transformer I'lSgypte en province romaine ( ). II s'agissait de faire executer un testament du roi Ptolemee Alexas
(')
a
( )
( )
4
( )
6
( )
xi.
Cice"ron,
Premier discours
siir la lot
ayraire,
i,
16.
292
HISTOIRE
DE JULES CESAR.
comme
( ).
gers
etait difficile
6.
( )
3
.1'Egypte, en defendant
de voter,
Discours de Ciceron
Ciceron,
( )
le droit
le
aux senateurs
et
II
loi
agraire, xvi.
d'Etat, s'en
fit
une de sequestrer
premier ambitieux qui s'emparerait de cette province, ou, tenant les clefs de
la terre et de la mer, il pourrait se defendre, avec trSs-peu de soldats, contre
le
de grandes armees."
4
( )
5
( )
8
" Vous
me
XXXVII,
ix.
Si
done, a vos yeux, doivent-ils etre des dtrangers ces comp6titeurs, 1'elite de
qui viennent de tous cotes vous disputer les magistratures et les
honneurs ? " (Ciceron, Discours pour P. Sylla, vm.)
I'ltalie,
LIVKE H, CHAPITKE H.
puisque souvent
meme
293
684r-691.
(').
VII. Cesar reprit bientot la lutte politique engagee au debut de sa carriere centre les instruments encore
vivants de 1' oppression des temps passes. II ne quonegligea aucune occasion d'appeler sur eux les ri-
les
le tresor (').
Ces
derniers etaient en butte a 1'animadversion publique, et, quoique Caton cut obtenu la restitution des sommes allouees
4
comme prix de la tete des proscrits ( ), personne n'avait encore ose les traduire en justice ('). Cesar, malgre la loi de
Sylla, les mit en accusation.
Sous sa presidence, en qualite dejud&c qucestionis, L. Luspar ordre du dictateur, avait fait p6rir trois proscrits, et L. Bellienus, oncle de Catilina et meurtrier de
Lucretius Ofella, furent mis en jugement et condamn6s ( 6 ).
cius, qui,
torien,
(')
2
( )
Voy. Drumann,
J. Paul,
Julii, 147.
Sentences,
V,
4, p. 417, &1.
Huschke.
Justinien, Inttitutet,
5.
Ulpien, Sur T office dv> proconsul, vii.
IV, xvin,
3
" Puis dans I'instruction
( )
dirigee centre les sicaires, et
posees par la
M. Marius
loi Cornelia,
il
qui,
pendant
la
^ Dion-Cassius,
le
discours de
294:
egalemeut decries, et cependant ils ne manquaient pas d'adherents dans la classe inferieure, dont ils flattaient les passions ; dans la classe elevee, dont ils servaient la politique ou
les rancunes.
P. Sylla et Autronius, apres avoir ete designes
consuls en 688, avaient ete raycs pour brigue de la liste du
La rumeur publique me*la a leurs sourdes manoeuvres
senat.
noms de Crassus
les
ces
quence de
ses
immenses richesses ?
Remarquons,
d'ailleurs,
s'agi-
(')
LIVKE n, CHAPITEE H.
295
684-691.
le
;
il
velle ardeur a braver les perils d'une conjuration et a poursuivre les honneurs du consulat. C'etait pour le senat 1'adversaire
le
plus dangereux.
Dans un
fendre
On le voit, le
les
hommes
Difflculte de
constuuer un
parti
nou vcau.
mepris. ,
Aux
epoques de transition, et
un passe glorieux
hommes audacieux
et
C'est toujours un
grand mal pour un pays en proie aux agitations quand le
parti des honnetes gens ou celui des bons, comme 1'appelle
( )
Ciceron,
I,
Pour P.
s'il
n.)
Sylla, xxix, 81.
mon
parti."
(Cic6-
296
rabilite'
personnages
illustres tels
un
sacrilege ?
Au
du naufrage de
( )
ils
un
se
LIVEE n, CHAPITRE n.
684-691.
297
publique avait du sa grandeur amenassent alors sa decadence. Effrayes de toute innovation, ils confondaient dans
temps ont un tel empire sur les esprits, qu'ils eussent encore
empeche le triomphe de la cause populaire, si Cesar, en se
mettant a sa tete, ne lui eut donne un nouvel eclat et une
force irresistible.
Un parti, comme une armee, ne peut
vaincre qu'avec un chef digne de le commander, et tous
ceux qui, depuis les Gracques, avaient arbore 1'etendard des
reformes, 1'avaient souille dans le sang et compromis dans
les emeutes.
Cesar le releva et le purifia. Pour constituer
son parti, il recourut quelquefois, il est vrai, a des agents peu
estimables le meilleur architecte ne peut batir qu'avec les
;
materiaux qu'il a sous la main mais sa constante pre"occupation fut de s'associer les hommes les plus recommandables,
et il n'epargna aucun effort pour s'adjoindre tour a tour
;
Dans
est a
CHAPITRE TROISIEME.
(691-695.)
I.
Dans
au consulat etaient
Ciceron, C. Antonius Hybrida, L. Cassius Longinus, Q. Cornificius, C. Lucinius Sacerdos, P. Sulpicius Galba
et Catilina (').
Instruit des trames ourdies depuis
tonius, consuls
si
longtemps,
le
les
voix dont
il
dis-
le
dans
(')
Asconius,
Argument du
6d. Orelli.
(")
LIVEE n, CHAPITEE m.
"de
299
691-695.
" aurait
"
cm
le
superieur,
puisque, dans un
moment
le
peuple qu'a un
un homme
homme
sorti
de
sein.
ple
il
II.
peine Ciceron etait-il entre en fonctions, que. le
tribun P. Servilius Rullus renouvela un de ces projets qui,
j^j a^j^ de
EulluB-
On
appelait
qui,
vendre, sauf
parmi leurs
ancfetres,
n'en
(Appien, Guerre*
le
premier
homme
nouveau que, depuis un grand nombre d'ann6es, on se rappelle vous avoir vus
nommer consul et ce poste Eminent, oii la noblesse s'etait en quelque sorte
retranch4e, et dont elle avait ferm6 toutes les avenues, vous en avez, pour
;
me
les
agraire,
3
( )
Salluste, Catilina,
"
le
m6rite
la
loi
i.)
2
( )
(Cic6ron,
xxin.
Ciceron favorisait tant6t les uns, tantot les autres, pour etre recherch6
(Dion-Cassius,
XXXVI,
xxvi.)
300
HI8TOIEE
DE JULES CE8AK.
nommer, suivant
le
mode
usite
pour
1' election
faire
du grand pon-
de distribuer ou d'aliener
pouvait etre
cluait
nomme
Pompee,
les
domaines de
partout ou
s'il
ils le
n'ctait present a
et 1'autorite des
la
Republique
voudraient.
Rome,
et
Nul ne
ce qui ex-
En un
les auspices, et
choisir
parmi
les chevaliers
deux cents
per-
sonnes pour faire executer dans les provinces leurs ordonnances, qui etaient sans appel.
Ce projet oifrait des inconvenients, mais aussi de grands
Rullus, certes, avait tort de ne pas designer
avantages
tous les endroits oil il voulait etablir des colonies, de faire
:
(')
(*)
affran-
LIVEE n, CHAPITBE
deux
HI.
691-695.
301
defavorable
Pompee,
pouvoirs trop
etendus, pretant a des actes arbitraires et a des speculations; neanmoins son projet avait un but politique important.
Le domaine
le
temps, doivent
1'etre
aussi par la
loi, afin
d'eteindre
rite,
aux
Si le grand orateur avait su s'elever au-dessus des questions de personnes et de parti, il aurait, comme Cesar,
appuye la proposition du tribun, sauf :i 1'amender dans ce
qu'elle avait de trop absolu ou de trop vague ; mais, circonla faction des grands et desirant plaire aux che-
venu par
valiers,
dont la
loi lesait
les
interets,
il
1'attaqua avec sa
En
paraissant favoriser
Pompee,
cause de
poue deviendrait
la capitale
de
1'Italie, et
Rome, entouree
302
loi, il
Ciceron neanmoins signale clairement le caractere poli" La noutique du projet, tout en le blamant, lorsqu'il dit
" velle loi enrichit ceux
qui occupaient les terres domaniales,
" et les soustrait a
Que de gens sont
1'indignation publique.
" embarrasses de leurs vastes
possessions, et ne peuvent sup"
Combien
porter la haine attachee aux largesses de Sylla
" voudraient les vendre et ne trouvent
point d'acbeteurs
" Combien cliercbent un
moyen, quel qu'il soit, de s'en dessai:
"
"
"
" des
possesseurs des biens confisques par Sylla (')
On le voit, Ciceron semble nier la necessite de faire cesser
!
les
paration lui parut injuste, mais par la crainte que la rehabilitation dans les droits politiques n'entrainat la reintegration
les proprietes,
les interets
( ).
opposees
L'opinion de Ciceron triompba neanmoins, grace
a son eloquence, et le projet, malgre la vive adhesion du peu!
(')
2
( )
loi affraire,
1.
XXTI.
Plutarque,
Ciceron,
xvn.
"
boulevenement de
aux cornices
et
1'Etat, j'osai
aux honneurs."
LIVKE n, CHAPCTKE m.
303
691-695.
y a des
le vaincu.
Tel fut
le
succes de Ciceron.
Le
rejet
de
que
la loi
dommage ;
et sou vent,
HISTOIKE
304:
DE JULES CESAR.
omnipotence pour se defaire de certains factieux sans obserPlus les agitations etaient
ver les formes de la justice.
devenues frequentes, plus on avait use de ce remede extreme.
Les tribuns protestaient toujours inutilement centre une
mesure qui suspendait toutes les lois etablies, legitimait les
Laassassinats, faisait de Rome un champ de bataille.
bienus tenta de nouveau d'emousser dans les mains du senat
une arme si redoutable.
Trente-sept* annees auparavant, on s'en souvient, Saturninus,
faveur
Malgre ce long
une
pas au coupable,
comme
et,
en
la loi
le -declarant
supplices cruels et
1'exil volontaire,
( )
Cice'ron,
(')
ix.
ces prerogatives
LIVBE n, CHAPITEE m.
fenseurs Hortensius et Ciceron,
perduellion.
fit
305
691-695.
ecarter la fonnule
de
et 1'affaire
que plus tard, etant dictateur, il traita avec bienveilil voulait seulement montrer au senat la force du
parti populaire, et 1'avflrtir que desormais il ne lui serait plus
permis, comme du temps des Gracques, de faire immoler ses
adversaires au nom du salut public.
Si, d'un cote, Cesar ne laissait echapper aucune occasion
de fletrir le regime passe, de 1'autre il etait le defenseur enipresse des provinces, qui attendaient vainement de Rome
birius,
lance;
le
Ciceron
vigilant.
La
la popularite
XXXVII,
20
Dion-Cassius,
xxvi, XXTII.
306
de la Republique,
c^sar grand
pontife (691).
etait a vie et
des Remains.
pour
( ).
Servilius Isauricus et Catulus, coraptant sur leurs antecedents et sur 1'estime dont ils jouissaient, se croyaient
d'autant plus surs d'etre elus que, depuis Sylla, le peuple
et,
suivant 1'habitude,
ils
entreprirent de seduire
Macrobe,
Macrobe
(1.
Saturnales,
c.) cite
le
XVI*
xvi.
I,
livre
du
( ).
de Cesar sur
d.
Putsch.
les auspices.
Dion-
XXXVII, xxxvn,
avant
2
la conjuration
de Catilina.
( )
Appien, Gucrres
3
( )
civiles,
H,
Tin, xiv.
lieu
LTVBE n, CHAPITKE m.
691-695.
307
Enfin arriva
Cesar.
lant que,
s'il
a s'exiler,
peut-etre
"
sombres agitaient son ame ardente, et, calcune reussissait pas, ses dettes le contraindraient
succes
il
Tiit
mere en 1'embrassant
sa
me
Aujourd'hui tu
le.
augmenta
exces
Jusqu'alors
il
meme.
si Ton en juge
par le luxe deploye pour la reception
d'un simple pontife, a laquelle il assistait comme roi des
sacrifices, et dont Macrobe nous a conserve les curieux de-
tueuse,
tails
De
( ).
plus,
il
se
fit
() Snetone, Cesar,
(*)
xm.
" Le 23
( )
aout, jour de 1'inauguration de Lentulus, flamine de Mare, la
maison fut decode, et des lits d'ivoire furent dresses dans les triclinia. Dans
4
les
sons de mer, huitres crues a discretion, pelourdes (espece d'huitres d'une grosseur extraordinaire), spondyles (coquillage du genre de 1'hultre), grives, asperges,
mentionno par Pline), orties de mer, becde sanglier, volailles grasses saupoudr6es de farine,
becfigues, murex et ursins (coquillage herisSe de pointes qui donnait la pourpre
aux anciens). Second service, tetines de truie, hure de sanglier, pate de poisdyles, glycomarides (autre coquillage
figues, filets
son, pate
de chevreuil
de tetines de
et
truie,
308
IIISTOIKE
DE JULES CESAR.
Le moment
Catilina.
conjuration.
en Asie,
semblait
favorable.
privee de troupes ;
Antonius, affilie au complot, partageait le consulat avec CiceLe calme existait a la surface, cependant de* passions
ron.
se trouvant
Pompee
mal
1'Italie etait
cieux de
(*).
de douter
qu'il
dit Ciceron, et
comme
comme
le
On
au temps de sa
jeuntfsse,
trempe
dans
les
mouture
num."
a
on en
que
1'on obtient
(Macrobe, JSaturnales,
II, ix.)
Ciceron, XT.)
LIVE
n,
CHAPHEE m.
691-695.
309
La verit6 se
vouloir regner sur des ruines et des tombeaux.
presentera mieux dans le portrait suivant, trace par Ciceron,
sept ans apres la mort de Catilina, alors que, revenu a une
appreciation plus calme, le grand orateur peignait sous des
couleurs moms sombres celui qu'il avait tant defigure : " Ce
"
Catilina, vous n'avez pu Poublier, je pense, avait, sinon la
"
realite, du moins 1'apparence des plus grandes vertus.
"faisait sa societe d'une foule d'hommes pervers, mais il
La
de citoyens
notables
des
villes
alliees,
participaient.
preparatifs effrayants.
s'ecrie
(-)
698.
M.
Cceliu*, v.
Ce discours
fut
prononc6 en Fan
310
"
Le peuple remain
mena9ante
"sans t6te: je
:
est
fc
un corps
robuste, mais
que la Republique ne
ce
repttt
aucun dommage.
II
envoya
autrefois
employee contre
ses projets
( ).
a seconder
de Ciceron etait
A Rome
m&ne
1'assassinat
audacieusement tente.
Le
de
nouveau,
le
novembre.
Catilina,
foudroyante, le for9a de s'eloigner ( ).
accompagne de trois cents de ses adherents, partit le lendemain meme, et alia rejoindre Mallius ( 6 ). Les jours sui-
ciation
jeterent
( )
( )
Salluste, Catilina,
xxvn,
XXTIII.
tour, TII).
V,
Atticus, XII,
xxi;
vi.)
4
( )
6
( ) Su'.Iuste,
Catena, xxxn.
Seconde Catilinaire,
I.
(Cice-
Aulu-Gelle,
LIVKE n, CHAPITEE m.
311
691-695.
le
sSnat et
Le
le droit
du peuple.
(') Salluste,
Catilina,
(*) Salluste,
Catilina, XLVII.
312
" Peres
consents, tous ceux qui deliberent sur des affaires
"douteuses doivent 6tre exempts de haine, d'affection, de
" colere et de
Anime de ces sentiments, on parvient
pitie.
" difficilement
a demeler la verit4, et jamais personne n'a
"
pu a la fois servir sa passion et ses interets. Degagez
" votre
raison de ce qui 1'offusque, et vous serez forts ; si la
"
passion s'empare de votre esprit et le domine, vous serez
" sans
force.
Ce serait ici 1'occasion, Peres consents, de rap"
peler combien de rois et de peuples, entraines par la colere ou
" la
pitie, ont pris de funestes resolutions ; mais j'aime mieux
"
rapporter ce que nos ancetres, en resistant a la passion, ont
" su faire de bon
et de juste.
Dans notre guerre de Mace" doine centre
le roi Persee, la republique de Rhodes, puis" sante et
fiere, qui devait sa grandeur a 1'appui du peuple
"
remain, se montra deloyale et hostile ; mais, lorsque, la
"
guerre termin.ee, on delibe'ra sur le sort des Rhodiens, nos
" ancetres
les laisserent impunis, afin que personne n'attribuat
la guerre a leurs richesses plutot qu'a leurs
" torts. De
meme, dans toutes les guerres puniques, quoique
" les
Carthaginois eussent souvent, soit pendant la paix, soit
"la cause de
"
"
"
"
"
"
"
"
" ce
qu'on peut imaginer, il faut, je le pense, s'en tenir a ce
qui a ete prevu par les lois.
" La
plupart de ceux qui ont enonce avant moi leur opi" nion ont
deplore en termes etudies et pompeux le malheur
" de la
Republique ils ont enumere les horreurs de la guerre
" et les maux des
vaincus, le rapt des jeunes filles et des
"
"
LIVEE n, CHAPITEE m.
313
691-695.
"
"
qu'un attentat
" 1'enflammera
!
"
si
"
"
"
"
s'il
a ete trop
" severe.
" Ce
"cet
Certes, Silanus,
1'indignation
" aura
force, vous, consul designe, a adopter un nouveau
"
genre de peine. Quant a la crainte, il est inutile d'en
lorsque, grace a 1'active prevoyance de notre
" illustre
Quant
consul, tant de gardes sont sous les armes.
" au
chatiment, il nous est bien permis de dire la chose tellc
"parler,
314
"
qu'elle est
dans
1'affliction et
"a
"
cruel,
considrez
1'influence
que, pour
"
le
fait
que
tard, lorsque s'accrurent les abus
" de ce
pouvoir, bons et mechants furent egalement immoles
" au
Ainsi
gre" du caprice ; le reste etait dans la terreur.
"factieux, dont
les
Rcpu-
LIVKE n, CHAPITRE m.
"
"
691-695.
Mais ce
315
fut le
"
"bre des
"
ete un sujet de joie furent bientot euxtraines au supplice, et les massacres ne cesserent
"
que lorsque Sylla eut gorge tous les siens de richesses.
"
Certes, je ne redoute rien de semblable, ni de M. Tullius,
"
Damasippe avait
memes
" fois le
glaive, qui 1'arretera, qui le raoderera ?
" Nos
ancetres, Peres conscrits, ne manquerenf jamais de
"
prudence ni de decision, et 1'orgueil ne s'opposait point ii ce
"
qu'ils adoptassent les usages etrangers, quand ils leur pa" raissaient bons. Aux Samnites ils
leurs armes
" offensives et defensives
"
emprunterent
aux 3trusques, la plupart des
in-
" bons
la ineme epoque,
exemples que d'en etre jaloux.
"
adoptant un usage de la Grece, ils infligerent les verges aux
"
et le dernier
aux condamnes. Plus tard
citoyens
supplice
"la
316
" et en
grossir 1'armee de Catilina
"
leurs biens soient
?
Nullement mais je vote
confisques, eux-memes empripour que
" sonnes dans les
municipes les mieux pourvus de force armee,
"afin qu'on ne puisse jamais, par la suite, proposer leur reha"
que quiconque conbilitation, soit au senat, soit au peuple
" treviendra a cette mesure soit declare
par le senat ennemi
" de 1'^tat et du
repos public ( )."
ce noble langage, qui revele 1'homme d'fitat, com;
" sanctuaires
"
1'Italie,
a la devastation (*)...
"
"
Lucius Opimius
(') Salluste,
(*)
Catilina,
Appien, Guerres
LI.
i.
(*)
(*)
Deuxieme
Catilinaire, ir.
() Premitre Catilinaire,
i,
n.
LIVEE H, CHAPITRE
fameuse,
brillants
HI.
691-695.
317
il
appelait les deux celebres tribuns les plus
genies, les vrais amis du peuple ('), et que les
accuses.
du senat par
auditoire;
il en
appelle aux interets ego'istes et a la peur.
des dieux immortels, s'ecrie-t-il, je vous adjure,
"
vous, pour qui vos maisons, vos terres, vos statues, vos
"tableaux, ont toujours etc d'un.plus grand prix que la Re"
publique, si ces biens, de quelque nature qu'ils soient, vous
"voulez les conserver; si a vos jouissances vous voulez
"
menager un loisir necessaire, sortez enfin de votre engour" ce
" dissement et
qui
prenez en main la chose publique (*) ;
en d'autres termes " Si vous voulez
veut
patriotisme,
"
Au nom
dire,
"blement de vos
" entendre."
richesses,
C'est ce que
condamnez
fit le
senat.
Un
(*)
(*)
( ) Salluste,
Catilina,
m.
la lot ayraire, T.
un
billet.
le
318
HISTOIEE
DE JULES CESAB.
avec empressement. Caton et d'autres senateurs, supposant un message de 1'un des conjures, veulent en exiger la
lecture devant le senat.
Cesar remet le billet a Caton, place
Celui-ci reconnalt une lettre d'amour de sa sceur
pres de lui.
"
Servilie, la rejette avec indignation, s'ecriant
Tiens,
"
"
rendait
lui-meme
ivrogne (')
injure gratuite, puisqu'il
lit
ou il disait que, de
qui avaient renverse l'tat, c'etait le seul
qui 1'eut fait a jeun (*). Caton exprime encore avec plus de
force les apprehensions de son parti, en disant " Si, au milieu
" d'alarmes
si grandes et si generales, Cesar seul est sans
"
c'est
comme
motif
crainjustice & la temperance de Cesar, le jour
hommes
tous les
pour moi un
pour vous
crainte,
de
3
" dre
daVantage ( )." Caton alia plus loin. Apres la condamnation a mort des accuses, il essaya de pousser a bout
Cesar en tournant centre eux une opinion que celui-ci avait
Le debat
prit alors
il
le sort
et,
consulte.
(')
Plutarque, Colon,
(*)
Su6tone, Cesar,
xxvm.
Til.
(') Salluste,
4
( )
un.
Catilina, LII.
Voy.
le Parallele
cFAlexandre
et
de Cesar,
LIVKE n, CHAPITKE
proferant des menaces,
et,
319
691-695.
HI.
et celle de
(Specs,
site
il
et la liberte
Ciceron, sans perdre de temps, alia avec les preteurs chercher les condamnes et les conduisit dans la prison du Capitole, oil ils furent
immediatement executes.
Alors
la foule
inquiete, ignorante de ce qui se passait, demandant ce qu'etaient devenus les prisonniers, Ciceron repondit ces simples
mots
(')."
pressement par
la foule
des envieux
s'il
en cut
( ).
e"te,
II avait une
suffi pour les faire absoudre en triomphe (*}.
haute idue de lui-meme, il jouissait d'une trop grande
sideration, pour penser arriver au pouvoir par une voie
terraine et des moyens reprouves.
Quelque ambitieux
(')
a
trop
consou-
que
xxvn.)
plutfit
(Plu-
320
armee
?
Si Ciceron avait cru Cesar coupable, aurait-il hesite
a 1'accuser, quand il n'avait pas craint de compromettre, a
1'aide d'un faux temoin, un personnage aussi important que
:
Licinius Crassus
( )
Comment,
il ne voulait
pas qu'on s'ecartat, pour la reprimer, des
II rappelle a des hommes
regies eternelles de la justice.
aveugles par la passion et la crainte que les violences inutiles
tion,
tires
la sienne
les pays
aux divisions des partis, combien n'y a-t-il pas de gens
qui souhaitent le renversement du gouvernement existant,
sans cependant vouloir prendre part a une conspiration ? Telle
livres
etait la position
La
gnere etre
(')
de Cesar.
" Et
justifiee.
j'ai
Violer la
moi-m6me entcndu
du senat ne peut
une neces-
si
LIVKB n, CHAPITRE m.
691-695.
321
sur
les dispositions du
( ), que
peuple, d'abord
s
favorables a la re volte, se tournerent bientot contre elle ( ).
Que Catilina se soit associe, comme tous les promoteurs
On
lire
peut
dans
les historiens
du temps
le re'cit
Des
un homme,
( ).
et tous auraient
mang6 de
Ciceron, xiv.
( )
le
dit que ce gen6ral se contenta de louer tous les actes du s6nat, sans rien ajouter
" mais
de personnel a lui, Ciceron ;
Crassus, continuc-t-il, se leva et en parla
avec beaucoup d'eloquence.
Bref, il aborda tout ce lieu commun defer et de
flamme, que j'ai coutume de trailer, vous savez de combien de manieres,
.
Atticu*,
I,
le
souverain critique."
(Ciceron, Lettret
xiv.)
" La
populace, qui d'abord, par amour de la nouveaute", n'avait ^t6 que
( )
trop portee pour cette guerre, change de sentiment, maudit 1'entreprise de
61eve
Ciceron jusqu'aux nucs." (Salluste, Catilina, XLVIII.)
et
Catilina,
3
(*) Salluste.
Catilina,
21
xxxix.
Dion-Cassius,
XXXVII, xxxvi.
322
fils
Plusieurs
families de leur pays, vinrent se joiridre a Catilina.
arretes au moment ou ils allaient passer aux insurges, et mis
a mort par les ordres de leur pere. Presque toute la jeunesse
Que
un homme pervers
et cruel
dans
le
il savait
que le seul drade nombreux partisans etait celui de
Aussi conservait-il depuis longtemps chez lui, avec
peau capable de
Marius.
un
rallier
de cet
il
participation
" Plusieurs
(')
jeunes gens estimables 6taient attaches h cet hommc mechant
" II avait
reuni
corrompu."
(Ciceron, Discours pour M. Coelius, iv.)
autour de lui des hommes pervers et audacieux, en memo temps qu'il s'etait
et
attache
nombre de
vertu affecte'e."
( )
3
( )
un
Salluste, Catilina,
"
.
autel."
4
( )
xvn.
(Cic6ron,
Deuxieme
il
Catilinaire, vi.)
maison
LIVEE n, CHAPITEE
in.
323
691-695.
Protege-la, je
" t'en
supplie par la tete de tes enfants. Adieu."
Les memes sentiments animaient les insurges sous les
" Nous
ordres de Mallius. Us se revelent par ces paroles
"
prenons les dieux et les hommes a temoin que ce n'est ni
" contre la
patrie que nous avons saisi les annes, ni centre la
" surete de nos
concitoyens. Nous voulons seulement ga" rantir nos
personnes de 1'oppression, nous, malheureux
"
indigents, qui, grace aux violences et a la cruaute des
:
324
" la vie.
" des
citoyens." Ce qui prouve que Catilina, quoique sans
scrupules et sans principes, avait cependant la conscience
de defendre une cause qu'il voulait ennoblir, c'est que, loin
d'appeler.les esclaves a la liberte,
comme
et Cinna,
( )
xxxm,
Salluste, Catilina,
supreme.
Marcius Rex.
5
( )
xxx.
Salluste, Catilina,
)
4
( )
Salluste, Catilina,
"En
attendant,
XXXTI.
il
des le commencement,
commune
( )
" Gens
qui tomberont a nos pieds, si je leur montre, jc ne dis pas la
pointe de nos armes, mais 1'edit du preteur." (Ciceron, Deuxieme Catili6
( )
naire, in.)
LIVRE H, CHAPITRE
325
691-695.
HI.
Pistoia le 5
1'espoir de
ne recule.
armes a la
main ; tous sont retrouves sans vie, mais a leurs rangs, groupes
aiitour de 1'aigle de Marius, relique glorieuse de la guerre
contre les Cimbres, insigne venere de la cause populaire ( l ).
Certes Catilina e*tait coupable de tenter le renversement
mais
il
ne
faisait
que
suivre les exemples de Marius et de Sylla. II revait une dictature revolutionnaire, la mine du parti oligarchique, et,
comme le dit Dion-Cassius, le changement de la constitution
de
la
et le
Republique
soulevement des
Son succes
allies (*).
(').
compromettaient
la
mort
ron-
il
doit,
() Dion-Cassius, XXXVII, x.
L'Empereur Napoleon, dans
(*)
loi,
car alors
le
Memorial de
de fable cette opinion des historiens qui pretendent que Catilina voulait bruler
Rome et la livrer au pillage, pour gouverner ensuite sur des ruines. L'Empereur pensait, dit M. de Las-Cases, que c'etait plutot quelque nouvelle faction,
a la fa9on de Marius et de Sylla, qui, ayant e'choue', avait TU accumuler sur son
326
HISTOJRE
DE JULES CESAK.
de
blamer
la severite
la repression.
II se
(').
" souvenir
que
du chatiment,
Avant meme
s'il
la bataille de
quand
)."
les poursuites
de Ciceron.
la conduite
Lors-
qu'au sortir de ses fonctions celui-ci voulut haranguer le peuple, afin de glorifier son consulat, Metellus, nomine tribun, lui
ferma la bouche en s'ecriant " L'homme qui n'a pas perrnis
" aux accuses de se defendre ne se defendra
pas lui-mome."
:
Et
"
( )
bles du
action,
mais
II n'allait
Catilina et de Lentulus."
( )
(*)
Voy.
( )
le
voulu,
moi
1'une,
dans
ici,
le senat,
troisieme, sur
Othon
la quatrieme,
1'autre,
pour Kabirius
devant
le
peuple
la cinquiSrne, sur
la
les
LIVEE H, CHAPITBE
HI.
691-695.
327
Q^
pr6tenr
grand prix.
Les personnes chargees de
entierement termine.
illegalite,
accusa Catulus d'avoir detourrie une partie de 1'argent destine a cette restauration, et proposa de charger Pompee, a
La
d6sistcment de ma province ; la
huiticme a et6 prononc6e devant
la neuvieme, a la tribune, le jour ou les
la sbriSme, sur
mon
la
le
loi agraire."
(Ciceron, Lettres d Attiats, II, i.)
Velleius Patcrculus, II, XL.
Dion-Cassius, XXXVII, xxi.
mieres sur la
(')
2
( )
(')
Dion-Cassius,
XXXVII, TLIT
XLIII, xiv.
328
rejeter
et, le
( ).
Le sentiment public
du
Caton
mee
et Q. Minucius, offusques deja des succes de 1'ara ces propositions une resistance
d'Asie, opposerent
absolue.
Le jour du vote des tribus, les scenes les plus tumultueuses eurent lieu.
Caton alia s'asseoir entre le preteur
Cesar et le tribun Metellus, pour les empe'cher de commu-
niquer ensemble.
et les
On
4
( ).
le destitua
Ce
dernier
( )
(*)
XLIII.
( ) Dion-Cassius, XXXVH,
eours pour Sextius, xxix.
4
( )
Ciceron, Dis-
LIVBE H, CHAPITEE
HI.
- 691-695.
329
Cependant cet outrage aux lois ne fut pas pris avec indifDeux jours apres un attroupement se forma devant
demeure de Cesar on le pressait a grands cris de ressaisir
ference.
la
il
la preture.
actes arbitraires.
part du peuple.
La justice que
de
faire
de complicite dans
la
conspiration de
Catilina.
leur
Novius Niger
('),
et Curius,
auquel des
recompenses
pu-
ce fait de la bouche
meme
de Catilina.
Cesar se defendit
inquiete
du
montrait
si
irritee,
(')
a
( )
II,
XXIT.
(*).
330
On
se hata
Curius
femme de Crassus
fille
Lollia,
mais
bien y
mune avec
des
le
VIII.
dius,
(')
a
lui
dans toutes
qui Tinteressaient,
cette
Clo-
( )
(')
Suetone, Cesar,
L.
Suetone, Cesar,
L.
( )
les questions
consulat de Ciceron.
LIVEE n, CHAPITEE m.
691-695
331
en femme, choisit pour s'introduire dans la maiou, avec les matrones, elle celebrait, la nuit,
des mysteres en 1'honneur du peuple romain ('). Or il etait
interdit a tout homme d'assister a ces ceremonies religieuses,
dius, deguise'
son
le
moment
( )
J
( )
Plutarque, Cesar, x.
Suetone,
Cesar,
i.
Plutarque,
Ciceron,
xxvn
Char,
x.
" Ce
par
offert
pour
le
hommes
pardonne un
et
que Oodius
pareil attentat."
nomme
la
(Ciceron,
aruspices, xvn.)
la terre
(')
(*)
I,
I,
xiv.
xvi.
332
passion
La
quitterent.
vingt-cinq
( ).
ses
membres
et se separa
Rome
a tout
Pompee
deux peuples de
jours de marche de la
plus Mi-
(')
a
( )
(*)
LIVKE n, CHAPITKE
in.
333
691-695.
Jerusalem
(*).
s'alliant
avec
les
Scythes et
les
peuples de la Crimee,
etait
il
arrive sur les bords de 1'IIellespont cimmerien ; mais il meditait de plus vastes desseins.
Apres avoir noue des intelli-
gences avec
1'Illyrie,
franchir les
comme
et,
re9ut
de ses
retabli
de Rome.
consulat,
(')
(')
et,
a cet
effet,
834
DE JULES CESAK.
HISTOIRE
.cornices.
contre
(*).
la
Apres
II avait appris la
repudier
( ).
lui.
Lucullus ne
sa patrie
3
( )
4
xii.
Dion-Cassius,
XXXVII,
XLIX.
LIVEE n, CHAPITEE m.
de deference pour son merite,
fois sans droiture et
il
335
691-695.
sans elevation
(').
Pressentant
mau-
le
il
comp-
il
tenait
plus
1'
On
ou etaient
inscrits
conquis, depuis la Judee jusqu'au Caucase, et des bords du Bosphore jusqu'aux rives de 1'Eu-
les
le
denombrement des
elles
2
pense avait touche 1,500 drachmes (1,455 francs) ( ) ; les
revenus publics, qui n'etaient, avant Pompee, que de 50
millions de drachmes (48 millions et demi), atteignirent
on remarquait la Dactyliotheque (collection de pierres gradu roi de Pont ( ) ; uu echiquier fait de deux seules
s
vees)
trois lits
pour
les repas,
"
( )
politique
( )
des
xm).
(")
nombre
Pline,
XXXYII,
v.
336
un
horloge
a Darius,
lit
fils
baume
( ).
On
perles.
puis le
Enfin des
c'etaient 1'ebenier
et precieux:
( )
et
femme
et sa
fille
la
ur
J
( )
le
monde
entier
( ).
conleurs de 1'arc-en-ciel,
( )
4
( )
(Pline,
XXXVII, vn
et vin.)
XXXIII, LIV.
Strabon, XII, 546.
Appien, Guerre de Mithridate, CXTI.
Pline,
XXXVI,
XH,
n.
ix et LIT.
Velleius Paterculus,
( )
Dion-Cassius,
(')
C) Plutarque, Pompee,
XLTII.
Dion-Cassius,
H, xxxiv, XL.
XXXVII,
xxi.
LIVEE H, CHAPITKE
HI.
691-695.
337
les envieux.
avec
les impositions
On
alia
encore plus
loin.
Vers le mois de Janvier 694 (2 ), le tribun L. Flavius proposa de racheter et d'affecter aux veterans de Pompee, pour
y etablir des colonies, le territoire declare domaine public en
521, et vendu depuis de partager entre les citoyens pauvres
;
des proprietes particulieres en laissant Yager pubttcus intact, tandis que dans son discours contre Rullus il avait
blame,
comme une
(*)
(*)
Dion-Cassius,
4
( )
6
(')
( )
8
XXXVH,
L.
I,
xix.
d Atticus, I, xlx.
Cic6ron, Deuxieme discours contre
Ciceron, Lettres
22
la loi
agrairet xxni.
338
DE JULES CESAK.
HISTOIRE
tion de
colonies
achetees
des par-
(').
le
eut peur
Pompee
(').
Vers
fois
et Cesar, fut approuvee par tous ; cependant le senat tenta, mais vainement, d'eflfacer de la loi le nom
de son auteur, ce qui montre, suivant Dion-Cassius, que cette
assemblee n'acceptait rien de ses adversaires, pas meme un
bienfait
(').
X. Ainsi toutes
Marchefatale
desev^ne-
les forces
-,
Le
satisfaction personnelle.
J
" CTest
que vos ancfetres ne vous ont point donn6 1'exemple d'acheter
( )
Toutes les
des terres aux particuliere pour y envoyer le peuple en colonies.
lots, jusgu^d present, rCen ont etabli que sur lea domaines de la JRepubliqut."
(Ciceron,
(")
( )
Dion-Cassius,
XXXVH,
LI.
xxxn.
LIVEE n, CHAPITEE m.
339
691-695.
ego'istes, et
autrefois, les
grands
inte-
rets de la patrie.
un
y concourt
but, tout
attaques et les esperances de ceux qui desirent un changela crainte et la resistance de ceux qui voudraient
ment que
tout arreter.
Apres
mort de
la
perseverance de relever
le
coup
le
ment du
plus sensible a 1'ancien regime, par le retablisseLa faveur qui s'attachait a ses prodigieux
tribunat.
comme par
cratie
et
dans
ses antecedents,
il
par nature
penchait du cote de
dans
le parti
1'aristo-
populaire
de toutes
de Catiliua,
il
hommes nouveaux
Ciceron.
Dans
general
par crainte
abaisse les
le
il
viole
comme dans
la
mauvaise fortune, au
340
lieu
aux soldats
parmi
il
tance
de
la
les rendait
;
Tinconstance de son esprit, Caton, avec la te"nacite systematique d'un stoicien, demeurait inflexible dans 1'application de principes absolus
les plus utiles, et,
il
combattait
meme
les projets
les
il
lui
(')
LIVEE H, CHAPITEE
Sans egard pour
avait
il
outre,
les
fait
341
691-695.
HI.
Ce
rendu
au senat
ils le
intentions,
comme dans
lie de Romu-
(').
Rien
done
le parti de
que tout autre. Evidemment on marehait vers une revolution ; or une revolution,
Cesar voulait lui
c'est un fleuve qui renverse et inonde.
creuser un lit ; Pompee, assis fierement au gouvernail,
n'arretait
le
croyait
inebranlable
au cours
"
(')
comme un
irresistible qui
On
roc, se flattait
emportait la
de resister a
vieille societe
lui seul
romaine.
Ainsi cette
vilipende le s^nat, 1'ordre des chevaliers s'en separe.
la fois les deux bases solides sur lesquelles j'avais,
seul, assis la
deux ordres."
I,
XTIII.)
CHAPITRE QUATRIEME.
(693-695.)
L Tandis
qu'a
Rome
les
meme
aux
allies,
montagnards de
(')
( )
Appien, Guerres
fait
civiles,
4 millions 750,000
II,
francs.
n,
8,
parle de
(Sn6-
LIVEE
et'
II,
CHAPITBE
IV.
693-695.
34:3
1
soustraire
Numidie.
On
raconte
arrete dans
un
qu'en traversant
les
demanderent en riant
dans ce coin de terre des
pour
le salut
il leva
promptement dix nouvelles
aux vingt autres dej^, dans le pays,
lui donnerent trois legions, forces suffisantes pour pacifier
bientot la province (*). La tranquillite en etait sans cesse
troublee par les incursions des habitants du mont Hernii-
nium
la plaine.
( ), qui ravageaient
vinssent s'y etablir: ils refuserent.
(')
a
( )
(")
\loppidum principal des populations de ces montagnes parait avoir et6 Medobrega (Membrio), dont il est fait mention dans les Comrnentaires de Cesar,
Guerre d^Alexandrie, XLVIII.
344
mais Cesar
grossier
dispersa.
nord de
tants
lui
il
la Lusitanie,
il
apprit que, sur ses derrieres, les habis'etaient revoltes de nouveau pour
du mont Herminium
une autre
II
lui
en prit alors
barrer
le pas-
sage en se pla9ant dans le pays situ6 entre la Serra Albardos (') et la mer ; vaincus, et leur retraite coupee, ils furent
forces de s'enfuir vers 1'Ocean, et se refugierent dans
Cima
une
(voyez planche
lie
IV],
il
temps auciens,
jusqu'a la ville d'Atoguia ; mais, puisque Dion-Cassius parle de la maree inontante qui aurait englouti des soldats, il faut croire qu'il existait
quelques gues i
maree basse. Nous donnons ici les extraits de divers auteurs portugais qui
ont 6crit a ce sujet
abbrder, que la peninsule oii se trouve une localite qui, prenant le nom de la
situation qu'elle a, s'appelle
Peniche, nous dirons, avec notre Resende, que
c'est d'elle que parlent tous les auteurs.
Et je ne crois pas qu'il soit possible
d'en trouver une plus confonne en tout
que celle-la, parce que, outre qu'elle
est
unique et peu distante de la terre fenne, nous voyons qu'a la mer basse on
peut traverser a sec le d6troit qui la separe, et avec bien plus de facilite encore
qu'on n'aurait pu le faire dans les temps antiques, par la raison que la mer a
ensab!6 une grande partie de cette
cote, et produit ce r6sultat que la maree
Occupe ce terrain avec moina d' Elevation ; mais, toutefois, cette Elevation n'est
LIVRE n, CHAPITKE
iv.
693-695.
34:5
barques
Et quum
alia
littus nulla
nostro sevo exstet, haec de qua Dion loquitur, vel incumbenti violentius
genda.
Nam
ilia
vado
potest.
sende,
De
man
oppidi Peniche juxta Atonguiam, erit intellietiam nunc alveo quingentis passibus lato a continente sejungitur,
Et
(L.
fit,
neque
adiri
Andre de Re-
Conimbricse, 1790,
t. I,
p. 77.)
t.
II, p.
144.
Lisboa,
quam non
glycyrrbizum) habet.
ultra
corrupta, in
narum
una quarum
quondam gratissimum
multa
oflSci-
sccretale hos-
picium."
(Crucesignati Anglici epistola de expugnatione Olisiponis, dans:
Portugallun momimcnta historica a saculo octavo post Christvm usque ad
edita.
Volumen
quiiitiim, decimum,jussit Academice scientiarum Olisiponciisis
I,
MDCCCLXI,
p. 395.)
346
L'expedition terminee,
(").
vainqueur des Lusitaniens s'occupa de I'adininistration, et
II
fit regner dans sa province la justice et la concord e.
merita la reconnaissance des Espagnols en supprimant le
le
influence se
de la Lusitanie
les
" Cesar
(') Dion-Cassius, XXXVII, LII-LIII.
battit, des son arrivee, les
Lusitaniens et les Gallaques (habitants de la Galice), et s'avan9a jusqu' la mer
ext^rieure, soumit ainsi aux Remains des peuples qui n'avaient point encore
reconnu leur autorite, et revint de ce gouvernement charge de gloire et de
richesses, dont il donna une partie a ses soldats."
(Zonare, Annales, X, vi.)
2
( )
3
( )
4
( )
Appien,
Qmrres
civiles, II,
vm.
"
(*)
Une
des particuliers."
Suetone, XLII.)
LIVEE n, CHAPITBE
jusqu'a sacrifier
lia
iv.
693-695.
(').
34:7
C'est la qu'il se
d'amitie avec
equite,
a,
recompenser ses soldats et a verser dans
des sommes considerables, sans etre accuse de con-
tin,
le tresor
teur en Espagne
( )
fut louee
Ce
n'est
done pas,
armee ce
amassa de
ainsi
( )
n'est pas
si
"
nees
;
1'empressement avec lequel, a la priere de Balbus, il les a comble'a
de bienfaits."
Discours pour Balbus, xix.)
(Cicdrqjj,
" Des sa
jeunesse il a connu Cesar, il a plu a cet homme Eminent.
(*)
Cesar, dans la foule de ses amis, 1'a distingu6 comme un de ses intimes dans
disparaitre
travaux de C4sar."
3
k" Car
il
1'a
(Cic6ron, Discours
homme
cet
fusaient de se rendre,
( )
34:8
Cesar
II.
etait
revenu a
Rome vers
le
mois de juin
(')
sans
corame precipite, ne
ie
wmmiat
i rs
de
que
le
1'entree.
etre
mandes incompatibles
(')
peut-e*tre
m6me
aurait-il
accorde
dant ne
pas montre
en 684
mais c'est
;
de Sertorius, cet
ennemi de 1'aristocratie, quoique ofliciellement il ne fut
8
question que des victoires sur les Espagnols ( ).
Oblige d'opter entre une vaine ceremonie et le pouvoir, Cesar n'hesita
s' etait
si
rigide
en realite
pas.
Le
terrain etait bien prepare pour son-election ; sa popuque croitre, et le senat, trop fier de ses
av.antages,
(')
(")
s'etait
aliene les
" C6sar
arrive dans deux jours."
De li le nom de candidat.
hommes
les
(Ciceron d
( )
() Floras,
III,
xxni.
plus
Atticus,
H,
puissants.
i.
Juin 694.)
nommes quoique
absents,
UVEE
n, CHAPI-TRE iv.
349
693-695.
affaires,
monde
lorsqu'ils avaient
homines
dans
les
du
plus heureux
barbeaux assez
une
fois le
danger
P. Sylla,
lui,
passe",
avait-il
ne voyaient plus en
prudemment change de
lui
con-
1'exterminateur des
un des complices de
( )
(")
I,
XTIII.
I,
xvm.
XII.)
DE JULES CESAK.
HISTOEKE
350
"
qu'ils
plus solides
"
appuis
En
(')."
s'etait
effet, il
"
"
disait-il
ne
salt
mais
me
II
;
deux,
"
que,
"
(*)."
Ciceron se
ment de
hommes
qui convertissait
" ecrivait-il a
Atticus, au sujet de ma liaison avec Pompee,
" rnais
n'allez pas imaginer que je 1'aie contracted en vue de
" ma surete
Les circonstances ont tout fait ;
personnelle.
" an
moindre desaccord entre nous, il y avait trouble dans
"1'^tat.
J'ai pris mes mesures et fait mes conditions, de
"
sorte que, sans transiger sur mes principes, qui sont les
"bons, je 1'ai lui-meme amene a des sentiments meilleurs.
" II est un
Si
peu gueri de sa manie de popularite
(')
I,
I,
xix.
xix.
LIVBE n, CHAPITKE
"je reussis de
"
"
meme
vogue a pleines
1'ifitat
(')
iv.
351
693-695.
voiles, aurai-je
"
Ciceron,
comme
tous les
hommes dont
la pa-
hommes
d'epee.
Pendant qu'a
Rome
les
dominateurs
dumonde
se livraient
armes
de leurs frontieres.
Les consuls de 1'annee precedente tirerent au sort leurs provinces, et on decida d'envoyer des commissaires charges de
s'entendre avec les peuplades gauloises pour resister aux invasions etrangeres. Les noms de Pompee et de Ciceron furent aussitot prononces mais le senat, mu par differentes
;
ment.
(')
II,
(")
I,
i.
xix.
352
HISTOIKE
DE JULES CESAK.
Tous
ses
Ce
Remains, disparut bientot devant les exigences de la poliQuant a Crassus, qu'un antagonisme jaloux separait
tique.
depuis longtemps de Pompee, tonte 1'habilete de Cesar et
la seduction de ses manieres furent necessaires pour le rapprocher de son rival. Mais, pour les amener 1'un et 1'autre
a suivre une meme ligne de conduite, il fallait, en outre,
faire valoir a leurs yeux des motifs puissants, capables de
Les historiens, en general, n'ont donne,
les convaincre.
comme raison de 1'entente de ces trois hommes, que 1'appat
de 1'interet personnel. Certes Pompee et Crassus n'etaient
pas insensibles a une combinaison favorisant leur amour
pour le pouvoir et les richesses, mais on doit preter a Cesar
un mobile plus eleve, et lui supposer 1'inspiration du vrai patriotisme.
La
situation de la
la
mage a
quel changement!
Tous
les
(')
Su&one, Cesar,
L.
maux
LIVKE
plus grands encore.
rr,
CHAPITEE
iv.
693-695.
353
"
Que PAsie y
"
une direction plus stable et plus forte n'emane pas du pouLa Republique suit sans regie un systeme
voir central ?
d'envahissement qui epuisera ses ressources il est imposde combattre tous les peuples a la fois et de maintenir
:
sible
les allies
les
a
et reconnaitre comme amis du peuple
( ),
royaumes avec lesquels il y a chance de vivre en
Les ennemis les plus dangereux sont les Gaulois, et
romain
les
paix
( ).
A Rome, combien de
ou de
I'lStat
Pour-
(')
3
( )
3
( )
23
Germains.
354
un grand bienfait, lorsque, temperee par les moeurs, contenue par une aristocratie puissante, elle developpait les
facultes de chacun sans nuire a la prosperite de tous mais,
depuis que, les moeurs antiques disparaissant avec 1'aristo;
cratie,
on a vu
les lois
un
trafic, le
Forum, un champ de
fai-
du moment
1'eftervescence de la foule.
;
ment
1'avenir, les uns par leur resistance, les autres par leur
emportement.
Ces considerations devaient etre facilement comprises de
Pompee et de Crassus, acteurs dans de si grands evenements, temoins de tant de sang repandu dans les guerres
civiles, de tant d'idees genereuses tantot triomphantes,
tantot abattues.
On
( ).
appelait
les
OVEE
n, CHAPITEE iv.
355
693-695.
du pouvoir
et ses
engagements envers
les partisans
de
1'oligarchie, inquiet
il
approuvait une
trois
ardemment
1'ceuvre
a,
les
IV. Parmi
les
son caractere
(*),
immense
i ec tionde
Cesar-
pouvant reussir a
justice quiconque acheterait les suffrages, donna sa quotepart, avouant cette fois qu'il fallait, dans I'intere't public, faire
6
flechir ses principes ( ).
Ciceron ne se montrait pas plus
austere, et
(')
a
il
( )
3
( )
( )
8
( )
356
Porte par
le
milieu
au consulat,
il
ne desesperait pas de
pu 1'empecher
d'arriver
im-
fut faite en
regie, assigna a
gent?
Mais, direz-vous, nous n'aurons les chevaliers pour nous qu'& prix d'ar"
faire?,. . . Avons-noue le choix des moyens ?
(Ciceron, Lettres
Qu'y
Atticus,
2
( )
U,
i.)
(*)
Ex Ponto, IV
epist. iv.)
CHAPITRE CINQUIEME.
CONSULAT DE CESAK ET DE BIBULUS.
(695.)
I. Cesar est parvenu a la premiere magistrature de la
Republique. Consul avec Bibulus a quarante et un ans, il n'a
pas encore acquis la juste celebrite de Pompee, il Tentattvesde
et cependant
son influence est peut-etre plus grande que celle de ces deux
personnages. L'influence politique, en effet, ne depend pas
seulement des succes militaires ou de la possession d'hnmenses
richesses
elle
un
principe.
Depuis 1'age de dix-huit ans, il a affronte les
coleres de Sylla et 1'inimitie des grands, pour faire valoir
sans
cesse
et
les
des opprimes
griefs
et
les
droits
des
provinces.
il
transige avec personne, poursuit sans menagement les adh^rents du parti oppose, et soutient energiquement ses opinions, au risque de blesser ses advorsaires; mais, une fois
consul, il abdique tout ressentiment et fait un appel loyal a
Dion-Cassius,
XXXVIH,
i.
DE
HI8TOIEE
358
JTJLE8 OESAE.
tion
(*).
envoye,
II fait
dans
sa villa
troublee,
il
Devant
les perils
Pom-
de cooperation seraient
d'une societe profondement
offres
supposait aux autres les sentiments qui 1'aniL'amour du bien public, la conscience de
maient lui-meme.
s'y devouer tout
entier, lui
donnaient dans
le
patriotisme
d'autrui cette confiance sans reserve qui n'admet ni les rivail se trompait.
lites mesquines, ni les calculs de 1'egoisme
:
Le
il
lui
donna en mariage sa
Faustus,
(')
2
Appien, CHterres
civiles, IL,
x.
"
in.
Consul, il voulait que je prisse
Sans les approuver, je dus cependant
part aux operations de son consulat.
lui savoir gre" de sa def6rence."
(Discours sur les provinces consulaires, XTII.)
( )
( )
4
( )
(')
II,
LIVKE H, CHAP.
CESAK ET
V.
BIBTJLU8,
CONSULS (695).
359
de publier jour par jour les actes du senat et ceux du peuque 1'opinion publique pesat de tout son poids sur
les resolutions des peres consents, dont jusque-la. les deliple, afin
L'initiative que
(*).
debut de son consulat, en interpellant les
senateurs sur les projets de lois, est un indice qu'il eut les
faisceaux avant Bibulus.
On sait, en effet, que les consuls
jouissaient de cet honneur alternativement pendant un mois,
et c'est dans la periode ou ils e"taient entoures des signes
distinctifs du pouvoir qu'il leur etait permis de demander
Cesar des
prit
1'avis
le
des senateurs
( ).
Lois agraires.
positions
(")
(")
4
( )
B
( )
Appien, Ghterres
civiles, II,
vu.
Obligation pour
360
On
territoires
libre disposition.
Pompee
vie
les elections,
1'annee
server
"
suivante,
durent
prendre
1'engagement
de
1'ob-
( ).
3
seditions,
"
(')
2
Dion-Cassius, XXXVIH, i.
Lettres d Atticus, I, XTIII.
fati-
qui suit
dieux p6nates."
16-24.)
3
( )
Dion-Cassius,
XXXVIH,
i.
iv,
LIVEE H, CHAP.
V.
(695).
361
"
dont
1'effet est
Rome
le
desseins ambitieux,
lui,
;
puis, appelant les
senateurs par leurs noms, les uns apres les autres, il demanda a chacun son opinion, se declarant pret a modifier
la loi
ou a
la retirer
meme,
si elle
de frivoles pretextes.
declarait
1'adversaire de
toute espece d'innovation ; mais, le moment venu de se prononcer, il renouvela son ancienne tactique, et rendit toute
deliberation impossible en parlant la journee entiere, ce qui
9
lui avait deja reussi pour priver Cesar du triomphe ( ).
Celui-ci perdit patience, et fit conduire en prison 1'orateur
obstine ; Caton fut suivi d'un grand nombre de senateurs, et
M. Petreius, 1'un d'eux, repondit au consul, qui lui repro-
de
la
liberte a
Caton
puis
il
XXXVIH,
congedia
Dion-Cassius,
(")
Maxime, H,
x,
n.
(>)
IV, x.
le
les
7.
devoirs
du senateur,
cit^
par Aulu-Gclle,
362
paroles
" cette
"
loi, afin
que,
deplaisait, elle
il
la
"
opposerait par la violence, Si quelqu'un osait tirer le glaive,
"
s'ecria-t-il, moi, je prendrais m^rne le bouclier," voulant dire
par la qu'il viendrait sur la place publique arnie copime pour
fallait
repousser ouvertement la
loi (').
Le jour des
dant la nuit.
Castor, ou son collegue haranguait la multitude ^ il essaya en
vain de parler, fut precipite du haut des degres et contraint
l
( )
a
Dion-Cassius,
XXXVIH,
( )
(')
Appien, Guerres
IT.
LIVKE H, CHAP.
de
V.
vu
363
(695).
deux
Caton, a son tour, tenta d'aborder les rostres ; expulse par la force, il y revint, mais, au lieu de traiter la question, voyant que personne ne Pecoutait, il attaqua Cesar avec
tribuns.
illegale
(*).
C'etait avouer
hautement
le
but politique de
cette formalite.
"
ete favorables.
(')
5
( )
Dion-Cassius,
Eh
quoi
XXXYHI,
s'ecria alors
Annibal, avez-vous
TI.
Les consuls, les prdteurs, et en gdndral tous ceux qui presidaient une
assemblee du peuple, ou meme qui s'y trouvaient en qualite de magistrats,
avaient un droit de veto fond6 sur la superstition populaire. Ce droit s'cxer^ait
en declarant qu'un phonomene celeste avait 6te observe par eux, et qu'il n'etait
plus permis de deliberer.
Jupiter lanfant la foudre ou la pluie, on ne peut
plus traiter des affaires avec
politique rendue en 697.
en
effet
Bait.
le
peuple:
de
la loi religieuse
ou
(Ciceron,
consulates, xix.
9,
ou
qu'il plut
edition de Ciceron, Vffl, 126, Index legum, articles Lois jElia et Fufia.)
364
HISTOIRE
DE JULES CESAK.
"
"
un mechant
foie
comme moi
(')
"
Quoi qu'il
soit, 1'obligation de ne point tenir de cornices lorsqu'un magistral observait le ciel etait une loi, et, pour
se disculper de ne 1' avoir pas observee, comme pour empecher
en
et,
de
1'ap-
Campanie
senat
(')
et
de
Stella,
( )
Plutarque, Caton,
le
( ).
Dion-Cassius,
6.
xxxvn.
XXXVIII, vn.
" La
II,
on
lui
en
sait
un gre
infini."
xvni.)
Plusieurs
( ) C'est ce qui r6sulte des paroles de Dion-Cassius, XXXVIII, i.
6rudits n'ont pas admis 1'existence de deux lois agraires ; cependant Ciceron,
dans sa lettre a Atticus (II, TII), ecrite en avril, annonce que les vingt commiseaires sont nommes.
Dans cette premiere loi (Lettres familieres, XIII, iv), il
la
premiere
loi
agraire.
il
LIVKE H, CHAP.
En
CESAB ET
V.
execution de la
loi, les
BIBULTI8,
CONSULS (695).
365
veterans de
Pompee re9urent
a Minturnae, LanuSamnium, a Bovianum,
('),
et avilie.
c'etait retablir
recommaudables
( ).
De
ce
nombre
etaient C. Cosconius,
Clodius ne put
blame surtout
le part-age
du
territoire
de
" Enfl6 de
dit positivement :
cette vic( Caton, XXXYIII)
Cesar proposa une nouvelle loi pour partager aux citoyens pauvres et
"
et prece'demment, au
indigents presque toutes les terres de la Campanie ;
Cesar, et Plutarque
toire,
meme
chapitre xxxvi, le
rendues
it
un caractere plus
Dion-Cassius, apres avoir rapport^ la proposition de la premiere loi
general.
agraire,
de
la
YII.)
( )
civiles,
Csesaris a
4
( )
xx
x.
viris
deducta."
(Liber coloniarum,
I,
p. 231, 6d.
(')
(')
Discours sur
( )
Appien, Ghterres
Lachmann.)
Ciceron,
les
Plu-
Atticus,
U, xix.
366
Capoue,
comme privant
la
et se
demande ce qui
sur
Faflranchissement des
restera a 1'lCtat,
si
ce n'est le vingtieine
distribuer
le
merite
( ).
iu>if d^cfsar.
nution du prix de leur bail. Par cette mesure severe, le senat s'etait aliene 1'ordre des chevaliers,
En
effet, le
il
se vit contraint
ment
genereux
il
leur
( )
Appien, Guerres
(')
Cic6ron, Discours
pour Plancus,
XIT.
Sur
le dis-
CESAR ET
LIVEE n, CHAP. V.
BIBULTJS,
CONSULS (695).
367
ini-
(').
La
loi
satisfaction
il n'etait
pas moins important de faire droit
aux justes reclamations de Pompee. Aussi Cesar obtint-il
du peuple la sanction de tous les actes du vainqueur de
7
Mithridate ( ). Lucullus avait ete jusqu'alors un des plus
ardents adversaires de cette mesure. II ne pouvait oublier la
gloire dont 1'avait frustre Pompee mais la crainte d'une
poursuite en concussion fut telle, qu'il tomba aux genoux de
chevaliers
lui
des
avait envoye
s'etait
pee
soit
( )
2
( )
3
( )
Ciceron, Lettres
Attlcus, II,
i.
Dion-Cassius,
XXXVIII, vn.
Appien,
II,
xin.
Scholiaste de
Ciceron, Deuxieme discours contre la loi agraire, XTI.
" In
le discours de Ciceron
rege Alexandrine," p. 350, ed. Orelli.
Ptolemee Alexas ou Alexandre parait avoir e"t6 un batard d' Alexandre I er,
( )
Bobbio, Sur
Ce
frerc cadet de
cede a Alexandre
II, fils
dans ce
II
cas,
il
avait suc-
Berenice, unique
Ptolemee Aulete.
fille
368
Aulete ami
et allie
de
Rome
(').
Sur sa demande,
la
meme
Rome.
II
Repu-
Une
la
generalement
du
peuple.
nageait Clodius, de 1'autre, il connaissait ses projets de vengeance contre Ciceron, et ne voulait pas lui donner une autorite dont il pouvait abuser.
Mais lorsque, vers le mois de
ploboiens
violemment
les depositaires
du
meme
pouvoir, le
( ),
( )
"
Ce
mon
collegue, je
heure que,
me
plai-
plaiguis de
LIVEE H, CHAP.
tribunat
CESAE ET
V.
II existait
).
un troisieme
tribun, dont le
369
nom
est
Non
Nam
presageait 1'empire du
monde
(").
h,
quelques
hommes de grande
(')
s
la
mes
paroles autrement
Guerra
Appien,
Plutarque, Pompee, L
( )
consideration
meme jour, a
Pour
Ciceron,
xn.
Ciceron, xxxix.
Sezliiis,
1.
c.
" Tout
Ciceron, en parlant a Atticus du premier consulat de Cesar, dit
Cesar 6tait plus fort que toute la Republique." (Lettres
:
d Atticus, YII,
4
( )'
ix.)
" Bibulus
croyait rendre
Cesar suspect,
il
le
rendit
plus puissant."
( )
forme humaine,
doigts.
II
24
un grand soin ce
cheval,
ne dans sa maison
car les
HISTOIRE
370
DE JULES CESAB.
personne.
De
1'acte
de Labie-
comme
candidats au sacerdoce,
non-seulement les postulants presents, mais encore tous les
absents ayant un titre quelconque a cet honneur (').
nus,
fit
declarer admissibles
et s'en
les
pres magistrats
par leurs propres lois et leurs proAussi Ciceron considerait-il cette mesure
(').
premier qui
la suite,
il
le
lui
Cdsar fut
le
Cesar, LXI.)
" Je
pense tout a fait que les titres des candidats absents aux sacerdoces
(')
peuvent etre examines par les cornices, car cela a deja eu lieu precedemment.
C. Marius, etant en Cappadoce, fut fait augure
d'apres la loi Domitia, et
aucune autre
"
titres
(*)
sont examines."
il
est dit
(Cic6ron, Lettres
d Brutus,
I,
v.)
(*) Ciceron,
Pison, xvi.
Dwcourt sur
les
provinces consulates, iv
Discours contre
LIVEE H, CHAP.
V.
comme ayant
371
tabilite et les
sortir
vernement ( ).
Les generaux soumettaient les pays administres par eux
a deux lourde^ charges
ils exigeaient, sous le pretexte du
triomphe, des couronnes d'or d'un prix considerable (aurum
coronarium} et faisaient supporter aux pays qu'ils traver:
xxi
Ciceron, Discours
Lettres
tique usage subsistaient encore, je n'aurais remis les comptes qu'apres en avoir
confere et les avoir arretes de bon accord et avec les precedes que comportent
nos relations intimes. Ce que j'eusse fait a Rome suivant 1'ancien mode, j'ai du,
sous le regime de la loi Julia, le faire en province y deposer mes comptes et
II fallait bien executer les
reporter seulement au tresor les copies conformes. .
On a depose dans deux villes les comptes dument arretes
prescriptions de la loi.
:
Laodicee et Apamee.
aux termes de
la loi, les
n'y ai compris que les tribuns militaires, les prefets et les officiers de ma maison
J'ai meme commis une erreur.
Je croyais avoir toute latitude
(contubernales).
choses sont dans leur entier, en ce qui concerne les centurions et les contubernales des tribuns militaires, car la loi est muette a 1'egard de ces derniers."
(Ciceron, Lettres familieres, V, xx.)
4
( )
HISTOIKE
372
DE JULES CESAK.
Cesar remedia
saient leurs depenses et celles de leur suite.
a ces abus en defendant aux proconsuls d'exiger la contribution coronaire avant que le triomphe eut ete decide (*), et
en soumettant aux regies les plus severes les prestations en
3
nature qu'on devait fournir ( ). On peut juger combien ces
prescriptions etaient necessaires par ce fait que Ciceron, dont
1'administration passait avec raison pour integre, avoue avoir
retire, huit ans apres la loi Julienne, de fortes sommes de son
gouvernemeut de
La meme
Cilicie
(*).
defendait a tout gouverneur, sans la permission du senat et du peuple, de sortir de sa province, ou d'en
loi
Etat voisin
( )
( )
" Jc ne
parle pas de
si
de reclamations incessantes
( ).
Cice-
1'or
tu devais le
gendre deTendait de le
ete accorde."
(Ciceron, Discours contre Pison, xxxvu.)
2
Lettrcs d Atticus, V,
( ) Ciceron, Discours contre Pison, xxxvu
;
et xvi.
" Faites
attention, s'il vous plait, que j'ai depose a Ephese, entre les
( )
mains des publicains, une somme qui m'appartient tres-legitimement, 22 mil3
pris
pendant
lui
diminuer la duree
(Ciceron,
Des
elle n'avait
lots, III,
Tin.)
LIVKE H, CHAP.
ron
V.
un an
une
loi
373
(695).
les
il
provoqua
ont
dispositions
loi
De
provinciis
ordinandis.
(*).
Elle contenait
de concussion, tant a
Rome
ques en partie ou en
totalite, suivant la
du coupable ne
nature du crime
( ).
fin la
J
( )
D'ailleurs, je crois
Atticus,
2
( )
suffisait
XV,
de
xi.
les
que
Index leyum,
pour
en vertu de
la loi Julia, si
(')
(Ciceron, Lettres
"
contraires."
et la
p. 192.)
Sextius, LXIV.
("),
Orelli,
Ciceron, Discours
les entreprises
xxxvn,
xvi.J
Plusieurs de ces chapitres ont
comme
sur les
tires
de la
meme
monuments des
loi
freres arvales,
t.
( )
6
( )
Fragments de
(*)
5
XLVIII,
La
tit.
xi
la loi Julia
De
note 44.
iv, v.
374
loi allait
Un
la moralite
des transactions.
remarquer c'est celui qui defendait d'accepter comnie terinine un ouvrage qui ne 1'etait pas.
Cesar avait sans doute en vue 1'action qu'il avait inutilement
intentee contre Catulus pour le non-achevement du temple de
article particulier est a
Jupiter Capitolin.
On peut encore enregistrer
comme
lois
de Cesar
la plu-
Us peuvcnt accepter de
la suite
de ces fonctionnaires,
ou de
leurs
femmes.
reu
Pour
dire leur
ou pour
de 1'argent
pour
ou
accuser
naitre
s'etre
assure
de sa bonne qualite
pour se charger de
ait ete
constate
pour
faiies,
loi
m&me
ne peut plus
t6moin.
Dion-Cassius,
XXXVIII,
vin.
la deportation
dans une
lie
ou
la
peine
LIVKE H, CHAP.
comme
une
fois
n'avaient
ils
juges; jusque-la
nombre
T.
375
(695).
pu en recuser qu'un
certain
(').
sure
flattait 1'orgueil
( )
de Pompee, dont
le
Pompee
pere,
ordres dont
se
rement.
" ant
du
Au
tresor.
lieu d'emettre
un
furent appeles a exprimer leur opinion sepaDion-Cassius explique la loi en ces tennes " Voy-
avis collectif,
ils
ainsi,
secret,
Toutes
J
( )
De
non
mais
les lois
1'
le
vote
celle
de Cesar porterent
le
nom
de
lois Julien-
" Les
citoyens qui, n'etant pas de votre ordre, ne peuvent, gr^ce aux
(Ciceron,
lois
8
Verres, II discours, xxxi.)
3
( )
4
( )
Dion-Cassius,
XXXVIII, vni.
Orelli,
XXXVffl, vni.
376
nes
elles furent
opposition
(*),
sanctionnees par
Caton iui-me'me ne
et
le
les
On peut se convaincre par les faits precedents que, pendant son premier consulat, un mobile unique animait Cesar,
1'interet public.
Sa pensee dominante etait de porter remede
Ses actes, que plusieurs
aux maux qui affligeaient le pays.
historiens ont incrimine's comme subversifs et inspires par
une ambition demesuree, n'etaient, a les examiner attentivement, que le resultat d'une sage politique et 1'execution
d'un programme bien connu, proclame autrefois par les
Gracques et recemment par Pompee lui-meme. Comme les
Gracques, Cesar avait voulu la distribution du domaine
public, la reform e de la justice, le soulagement des provinces,
1'extension des droits de cite comme eux, il avait protege
1'ordre des chevaliers pour 1'opposer aux resistances obstinees
;
du senat
(*).
ticus des
le
sommes
(')
(TI), Ciceron, en lui reprochant de ne
" Je te
demande d'abord T'en
pas avoir tenu compte des auspices, s'ecrie :
" II est vrai
es-tu rapport6 au senat, comme 1'a fait Cesar ?"
que les actes
de Cesar ont ete, pour le bien de la paix, confirmes par le senat." (Ciceron,
:
Deuxieme
(")
3
( )
Philippiqite, xxxix.)
Dion-Cassius,
"
XXXVIII,
TII.
(Plutarque, Cras-
SU8, XVII.)
4
( )
" C6sar
publia des
audacieux."
lois
LIVKE
II,
CHAP. V.
377
il
aurait substitue
un metal dore
mais
menager, n'en parle ni dans ses lettres, ou se revele sa mauvaise humeur, ni dans son Discours contre Vatinius, devoue
a Cesar et, d'un autre cote, Pline (*) cite un fait analogue
;
Pompee.
desirait
obtenir
Republique et
les
ses
les
un commandement a
frontieres de
la
c^gan.^^
116
preserver de 1'invasion de m^dies
ennemis. On se souvient Gaules
"
plus puissants
que, lors de 1'election des consuls, le senat leur avait
attribue la surveillance des forets et des chemins publics.
II
de
avait
la
part
mandements
Numidie
du peuple
cisalpine, obtint
commandement de
la Cilicie
(').
Pompee. Fort
de ces precedents, Vatinius proposa au peuple de confier a
Cesar, pendant cinq ans, le commandement de la Gaule
4
cisalpine et de 1'Illyrie, avec trois legions ( ).
Pompee apcette
motion
de
toutes
ses
forces.
Les
amis de Craspuya
sus
*
('),
J
( )
Clodius
( )
( )
4
et L.
d Atticus, VI,
i.
Appien, Guerres
( )
(*)
Appien, Guerre
civiles, II,
xiv.
la loi.
civiles, II,
Pline,
Monnnsen
3
( )
Ciceron, Lettres
xiu.
Drumann
et
378
HISTOIEE
DE JULES CESAB.
Demander
frait
le
Le
bornes ordinaires, et Cesar acquerait par la une base d'operations solide, au milieu de populations devouees, ou ses legions pouvaient etre facilement recrutees. Quant a la province au dela des Alpes, il etait probable qu'un evenement
fortuit ou une proposition nouvelle la placerait sous ses ordres.
C'est ce qui arriva plus tot qu'il ne s'y attendait, car le senat,
par un calcul habile, mais rare a cette epoque, ajouta a ce
commandement une
leurs tetes
(*).
Cette anecdote n'est pas vraisemblable. II etait trop prudent pour provoquer en face ses adversaires, au moment Ou
"
il allait
s'eloigner de Rome.
Toujours maitre de lui-meme,
" dit un ancien
il
ne
heurtait
auteur,
personne inutilement (')."
XXXVIII, vm.
(')
Dion-Cassius,
( )
Dion-Cassius,
XL, XXXIT.
Su^tone, xxn.
LIVEE H, CHAP. V.
serieuses,
les
la
difficultes
les
379
plus
Republique sur do
"
on 1'a fait repeter mille fois.- Plus loin, les cris de I'assembl6e
" Tin
temps viendra ou tu
accompagne sa voix, lorsqu'il a dit
"
gemiras profondement sur ta malheureuse puissance," etc. Car ce sont des
Ces
vers qu'on dirait faits pour la circonstance par un ennemi de Pompee.
" te
fait
grand
entiere ont
mots
" Si rien ne te
retient, ni les
autrefois
vite
il
a, dit-on,
Lettres
d Atticus,
II,
est a
(Ciceron,
IX
"
Republique.
xix.)
Suetone, Cesar,
3
(
la
( )
II,
xix.
sais trop
pourquoi
mais enfin on
abime
il
la terreur
1'autre,
milieu.
mon
(Ciceron, Leltres
d Atticus,
II,
380
beaucoup de succes.
II est triste de voir I'accomplissement de grandes choses
entrave souvent par les petites passions d'hommes a courte
vue, qui ne connaissent le monde que dans le cercle etroit oil
vivent renfermes. En secondant Cesar, Bibulus pouvait
acquerir une juste renommee, il prefera 3tre le heros d'une
coterie et aima mieux obtenir les applaudissements interesses
ils
que tout
a Atticus,
rois,
quelle irritation
Pompee
" Crassus
"
et s'ecrie
Quels mur
quelle haine contre notre ami
" mures
"
( )
vieillit
comme
celui
du
ricfie
(')."
( )
"
II
se ticnt
prudemment
h,
1'ecart,
mais
espfcre assister
( )
(')
Ciceron, Lettres
nanfrage."
a
de loin a leur
LIVKE H, CHAP.
"
V.
(695).
381
1
pense pas sans fremir aux explosions qui sont inevitables ( )."
qu'il portait a Clodius et a Vatinius egarait sa
La haine
raison.
le
cours de sa
destinee, le genie de Ciceron, au lieu de comprendre 1'avenir et de hater le progres par sa cooperation, resistait a 1'elan
general, niait 1'evidence, et ne savait pas, a travers les de-
de
du pouvoir, discerner
la
grandeur
la cause.
quelque
"meme rang, s'ils parviennent a etre injuries a leur tour.
" Cesar crut done ne devoir entrer en lice avec
personne.
"Telle fut sa regie de conduite envers tous ceux qui 1'insul-'
"
taient, et, comme il voyait bien alors que Ciceron cherchait
" nioins a 1'offenser
qu'a faire sortir de sa bouche quelques
"
propos injurieux, par le desir qu'il avait d'etre regard e
" comme son
egal, il ne se preoccupa aucunement de lui, ne
" tint
pas compte de ce qu'il disait, et laissa meme Ciceron
" 1'insulter tout a son aise et se louer outre mesure.
Cepen" dant il etait loin de le
mepriser ; mais, naturellement doux,
" il ne se mettait
pas facilement en colere. II avait beaucoup
"a
punir, comme cela devait arriver au milieu des grandes
" affaires
auxquelles il etait mele mais jamais il ne cedait a
;
"
1'emportement
II
( )
survint
( )
(*)."
Dion-Cassius,
XXXVIII,
II,
xi.
xx, xxi.
1'animosite d'un
382
On
Pompee.
trouva sur
lui
un
poi-
gnard,
et,
bras de 1'assassin.
Suetone, au contraire, reproche a
Cesar d'avoir suborne Vettius afin de jeter le blame sur ses
le
adversaires.
En
mieux
presence de
est,
ces
comme dans
renseignements contradictoires, le
proces ordinaires, de juger de la
les
moyen
Un
senatus-con-
le
fit
du a
1'egard de ce dernier,
la liaison
on
de Cesar avec
lendemain.
(*)
II,
xxiv.
XL
Dion-Cassius,
XXXVIII, ix
LIVKE H, CHAP. V.
383
(').
1'anarchie par
la fois le
rieusement eleve.
II n'ignorait ni le
de
il
enuemis:
ses
Forum
et la Curie,
savait
nombre
leur
s'il
que,
ni la puissance
abandonnait
le
irait jusqu'a lui enlever son commanPon doutait du degre de haine dont il etait
ses actes,
mais qu'on
dement.
Si
jours
l
( )
(').
Scboliaste de Bobbio,
Sur le
(")
(')
( )
plairait
fallait,
chose
difficile,
6d. Orelli.
il
ct
xu.
"H
leur amitieV'
I,
XLIV.)
384
pouvoir diriger
les
elections
neurs
il
or la constitution romaine
deux consuls,
les
1'aristocratie
mune devaient
hommes qu'ils
1'ambition
craindre
avaient
eleves,
Enfin un
et
1'ingratitude
des
et
du
parti
la fin
fonctions.
Ce
Republique
sorti
C.
de charge que
le
(').
Cependant on traduisit en
lui-meme y fut cite par le tribun
college tout entier se desista de la
L. Antistius
mais
le
( )
(*)
Memmia, qui
( )
Su^tone, Cesar,
xxm
Neron, n.
defendait d'accueillir
LIVBE H, CHAP.
V.
(695).
385
(').
xxm.
Rome
II
resta
(')
2
( )
6 tait
gardait le silence."
"
qu'il
xvi.)
" Cesar 6tait
deja sorti
(Ciceron, Discours sur la reponse des aruspices, xxu.)
Rome avec son armee." (Dion-Cassius, XXXVin, xvn.)
3
( ) Dans plusicurs passages des lettres de Cice'ron, Cesar est represents'
II,
de
comme etant aux portes de Rome a la tete de son arm^e, et cependant on sait,
par la lecture des Commentaires, qu'il n'avait, au commencement de la guerre
des Gaules, que quatre legions, dont la premiere se trouvait sur les bords du
Rhone
a Aquilee, en
Illyrie.
est
done
difficile
de com-
prendre comment il aurait eu aux portes de Rome des troupes, dont il n'est plus
fait mention dans le cours de sa campagne.
Le moyen de concilier les lettres
de Ciceron et les Commentaires est d'admettre que C6sar, inde'pendamment des
legions qu'il trouva hors de
les veterans
le
consuls
Pompee
renommer
Rome un
et Crassus,
Cesar envoya a
bien qu'il cut dans son armee d'autres soldats citoyens remains.
D'ailleurs, si
Cesar
fit
aux portes de
Rome
qu'allie's,
qui avaient
"
toutes les
Marius, avant de partir pour la guerre contre Jugurtha, fit un appel a tout ce
le Latium avait de plus vaillants soldats.
La plupart lui e" taient connus
que
25
386
VL
lent
(*),
LoisdeCloExiide
dins.
le signal
du
(*),
fait
de choses actuel, on dirait qu'il va se ruer contre ses auteurs mais, quand 51
voit de quel c6te sont les moyens d'action et la force armee, il fait volte-face
;
contre nous."
(Cicdron, Lettres
Atticus, II,
xxn.)
Ces clubs (collegia compitalitia) avaient une organisation presque militaire, divis6e par quartiers et composee exclusivement de proletaires.
(Voyez
-(")
Mommsen,
au
senat, xin.)
8
( )
Dion-Cassius,
XXXVin, xm.
LIVEE H, CHAP.
V.
38T
demment
prononce.
Rome
commandement
par
et,
quand
le
Clo-
entree.
il
de-
etait bien
1'
1' affaire
des complices de
Catilina; que, neanmoins, il desapprouvait une loi pronon9ant des peines sur des faits qui appartenaient au passe (').
A cette
occasion le senat prit le deuil, afin de faire payeux son mecontentement ; mais les consuls
les senateurs a
renoncer a cette
demonstration intempestive.
Cesar, pour soustraire Ciceron au danger qui le mena9ait,
lui proposa de 1'emmener avec lui dans les Gaules comme son
a
lieutenant
( ).
sur sa propre influence ('), et eomptant d'ailleurs sur la proII parait positif, d'apres cela, que Clotection de Pompee.
dius allait au dela des vues de Cesar
(')
" Je
( )
XXXVIH,
xvn.
pour
me
rendre
"H
comme
fait
passer
de voir
aux importunites.
depuis
il
me
xvm.)
conseilla,
non que je
le
jugeasse au-dessous de
loin de
laires,
xvn.)
" Grace a mes
( )
jour.
Je ne
soins,
me mele
HISTOteE
388
DE JULES CE8AK.
plus habiles.
:
Quand
"
que 1'argent,
)."
efforts
ment.
Reste
1'
opposition de Caton
( )
(*)
Plutarque, Ciceron,
xu.
Clodius
LIVKE H, CHAP.
V.
389
(695).
se
charge
mission
il
rejaillissant
sur
Rome,
cette
gloire
changera
face
la
du
monde.
VII.
Nous avons montre Cesar n'obeissant qu'a ses concomme promoteur ardent de toutes
mesures populaires, soit comme partisan dePompee ; nous 1' avons montre aspirant, la condnite de
par une noble ambition, au pouvoir et aux honneurs mais nous n'ignorons pas que les historiens en general
donnent d'autres motifs de sa conduite. On le represente,
les
clare de
insu, complice
son ambition
(')
2
( )
Velleius Paterculus,
Su^tone, xxin.
II,
XLV.
390
HISTOIRE
DE JULES CESAK.
faire
commandement de
il
s'il
defend
le pouvoir,
la tyrannic.
Enfin, si
tous les membres de la
hommes
et,
En
1'anxiete.
de toutes parts
le cri
"
Pompee, XLT.)
"Cependant tout le monde craignait au plus haut point
on ne savait pas s'il congedierait son armee." (Dion-Cassius,
Pompee:
XXXVII,
SLIT.)
391
S'il revient en maitre, personne ne peut lui resisCentre 1'attente generale, Pompee licencia ses troupes.
Comment done Cesar pouvait-il prevoir d'avance une moderation si peu dans les habitudes du temps ?
Est-il plus vrai de dire que Cesar, devenu proconsul,
N"on, en partant pour la
aspirait a la souveraine puissance ?
Gaule, il ne pouvait penser a regner sur Rome, pas plus que
le general Bonaparte, en partant pour 1'Italie, en 1796, ne
tait-il possible a Cesar de prevoir
pouvait rever 1'Empire.
d'alarme.
ter.
que, pendant un sejour de dix ans dans les Gaules, il y enchalnerait toujours la fortune, et que, au bout de ce long
espace de temps, les esprits, a Rome, seraient encore favorables & ses projets ?
fille
briserait
liens
les
suivre
de cruaute.
Ne cherchons pas sans cesse de petites passions dans de
grandes ames. Le succes des hommes superieurs, et c'est
une pensee consolante, tient plutot a 1'elevation de leurs
sentiments qu'aux speculations de 1'egoisme et de la ruse ;
ce succes depend bien plus de leur habilete a profiter des
circonstances que de cette presomption assez aveugle pour se
croire capable de faire naitre les evenements, qui sont dans la
main de Dieu seuL Certes Cesar avait foi dans sa destinee
et confiance
un
mais
la foi est
un
inarche mysterieuse.
instinct,
non
en deviner la
PREFACE...
Pages
5
LIVRE PREMIER.
CHAPITKE PREMIEB.
EOME SOUS LES
I.
Les
IL
Organisation sociale
IIL
Organisation politique
IV.
Religion
Resultats obtenus par la royaute
V.
244).
13
(Ctorfen !.)
15
1*7
25
29
CHAPITRE DEUXIEME.
fiTABLISSEMENT DE LA BEPTJBLIQUE CON8ULAIBE
(244-416).
34
I.
Avantage de 1'etablissement de
H.
Institutions de la R4publique
39
IIL
Tranaformation de 1'aristocratie
43
IV.
Elements de dissolution
V.
Re'sumS...
la
RSpublique
48
.
58
393
CHAPITRE TROISIEME.
CONQUETE DE L'lTALIE
(416-488).
Pages
L
IL
III.
IV.
V.
VI.
VII.
65
Rome
67
70
76
78
VHL
IX.
Pyrrhus en
X.
Preponderance de Rome
Force des institutions.
XL
83
85
86
Italic.
81
89
93
CHAPITRE QUATRIEME.
PBOSPEBITi}
DU
BASSIN DE LA MEDITERBANEE
Commerce de
n.
Afrique septentrionale
la Mediterranee.
in.
Espagne
IV.
Gaule meridionale
V.
Ligurie.
PFXIQtTES.
(Carte
99
3.)
100
104
Gaule cisalpine.
Venetie et
Illyrie
107
109
VI.
Epire
Ill
VIL
Grece
112
\Tn.
Macedoine
115
IX.
Asie Mineure
117
118
X.
Royaume de Pont
XL
Bithynie
120
XII.
Cappadoce
121
Xin.
XIV.
Royaume de Pergame
122
125
XV.
Syrie
126
XVL
Egypte
131
394
Pages
XVH.
134
Cyrenaique
XVIII. Chypre
135
XIX.
Crete
135
XX.
Rhodes
136
XXI.
Sardaigne
XXII. Corse
138
XXIII. Sidle
139
139
OHAPITEE CINQUIEME.
GUEBEES PUNIQUES, DE MACEDOINE ET D'ASIE
Rome
(488-621).
142
I.
Comparaison entre
II.
HI.
IV.
V.
153
169
VI.
VII.
VIII.
et Carthage
144
150
152
164
173
X.
XI.
XII.
XIII.
190
XTV.
Resume
198
IX.*
175
177
181
188
CHAPITEE SIXIEME.
LES GBACQTJES, MAEIUS ET SYLLA
I.
H.
III.
tat de la
Republique
(621-6T6).
198
205
209
1Y.
216
V.
Marius(647)
Guerre des alii 6s (663)
218
223
Sylla(666)
Efiet de la dictature de Sylla
241
VI.
VH.
VIII.
228
395
LIVRE DEUXIEME.
CHAPITEE PEEMEE.
654-6S4.
Paei
H.
111
IV.
Cesar de retour a
V.
VL
Rome
245
(Portrait de Cesar.)
253
265
258
(676)
260
263
'..
CHAPITEE DEUXIEME.
684-691.
I.
II.
HI.
IV.
VIL
VUL
IX.
Difficult^
V.
VI.
267
274
280
283
286
289
298
294
295
CHAPITEE TEOISIEME.
691-695.
L
H.
III.
IV.
V.
VL
VH.
VTO.
298
299
303
305
Conjuration de Catilina
Erreur de CicSron
308
327
325
331
396
Pages
IX.
Retour
X.
Marche
et
triomphe de
fatale des
Pompee
(692)
evenements
CHAPITBE QUATRIEME.
HI*
n 4.)
Cesar propreteur en Espagne (693).
( Carte
Cesar demande le triOmphe et le consulat (694)
Alliance de Cesar, de Pomp6e et de Crassus
IV
Election de Cesar
342
348
351
.
855
OHAPITEE CINQUIEME.
CONSULAT DE CtiSAR ET DE BIBULUS
(695).
I.
Tentatives de conciliation
II.
Lois agraires
El.
357
359
366
IV.
V.
379
VI.
Lois de Clodius.
Exil de Cicdron
386
VII.
389
377
University of California
Parking Lot 17
Box 951388
it
was borrowed.
'^158
00940 3782
'
',
--
h
.