Barbie 2016 A
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Olivier Barbi
Institut Technique d'Agriculture Naturelle
Novembre 2015
Juin 2015
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Plan
1. Notion de rendement en agriculture
Le rendement brut par hectare
Les rendements agrgs
Approche qualitative de la performance
Approche subjective de la performance
Quels indicateurs pour l'agriculture biologique ?
2. Les rendements de Masanobu Fukuoka sont-ils crdibles ?
Les rendements de Fukuoka sont mal connus
Les rendements de Fukuoka ne sont pas meilleurs
La mthode de Fukuoka est fluctuante
Les vrifications empiriques contredisent Fukuoka
Les observations de Fukuoka ne sont pas significatives
La qualit des produits de Fukuoka fausse les rendements
Le rendement brut en glucides
Introduction
Nombreux sont aujourd'hui ceux qui cherchent la mthode agricole miraculeuse,
capable par ses principes de rconcilier linconciliable en augmentant les rendements des champs,
en amliorant les revenus des agriculteurs, en prservant la qualit des produits alimentaires tout en
prservant les ressources non renouvelables telles que l'eau, l'nergie, les sols, la biodiversit. Nous
cherchons tous un moyen de produire, sur une mme parcelle, plus et mieux, avec moins
d'intrants, tout en amliorant lenvironnement (eau, sol, biodiversit, bilan carbone) et le cadre de
vie. (circulaire de 2010)1
Rgulirement, de nouvelles mthodes agricoles sont mises au point et prsentes comme
tant capables d'atteindre simultanment tous ces objectifs, ou presque. Ce furent l'agriculture
1 Ministre franais de lalimentation, de l'agriculture et de la pche, Circulaire DGPAAT/SDBE/SDFB/C2010-3035
du 06 avril 2010.
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incontrlable des mauvaises herbes, ce qui conduit les agriculteurs employer encore plus
d'herbicides de synthse et rend leurs rsultats conomiques encore plus alatoires.8 Logiquement,
on devrait s'attendre ce que la situation soit pire encore au sujet de l'agriculture naturelle et de la
permaculture qui cumulent le non-labour et la multiplicit des cultures sur une mme parcelle.
Malheureusement, ces deux approches chappent largement au regard des scientifiques. D'une part,
elle ne sintressent pas l'agriculture commerciale. Or, c'est le seul objet d'tude des instituts
scientifiques d'agronomie. D'autre part, mais ce n'est vrai que de l'agriculture naturelle, elles
rejettent parfois la science exprimentale accuse d'tre la cause de la destruction des milieux
naturels. Toutefois, le cas de la permaculture n'est pas trs difficile trancher. Car elle recours des
procds de production qu'elle a emprunt soit l'agriculture naturelle (production des crales la
Fukuoka, jardin fort emprunt Robert Hart mais proche du 3-D farming de Fukuoka) soit
lagriculture marachre traditionnelle (cultures sur buttes, cultures sur couches appeles
lasagnes , culture des trois surs venue d'Amrique latine, etc). Au final, la permaculture ne
semble pas avoir dvelopp de thorie agronomique ou de pratiques agricoles qui lui soient propres.
De sorte que seule l'agriculture naturelle reste en lice. Je vais donc poser ici une question simple :
l'agriculture naturelle peut-elle obtenir de hauts rendements ?
Pour russir trancher la question, le plus simple est de procder en deux temps.
Premirement, il faut revenir la dfinition du rendement agricole pour qu'il n'y ait aucune
ambigut sur le sujet (1). En effet, bien que la notion de rendement soit utilise quotidiennement,
elle est souvent mal comprise. De plus, elle est bien loin d'puiser le sujet de l'valuation de la
performance agricole. Car paralllement au calcul des rendements bruts, il est ncessaire de tenir
compte des rendements agrgs (surtout lorsqu'une parcelle porte deux cultures). Enfin, des
indicateurs quantitatifs aussi frustes que le rendement brut ne peuvent convenir une socit
comme la notre qui fait grands cas de la qualit des produits agricoles et de l'impact des pratiques
culturales sur l'environnement. C'est pourquoi la plupart des fondateurs de l'agriculture biologique
ont dfendu leurs pratiques sur d'autres bases que le rendement brut l'hectare. Mais Masanobu
Fukuoka se distingue parmi eux en ce sens qu'il a prtendu que sa mthode tait la plus productive
possible sur la base de ce critre.
Il est donc ncessaire de lire attentivement Masanobu Fukuoka afin de vrifier quels sont
exactement les rendements qu'il a ou pas dclar, sans prter la moindre attention aux rumeurs (2).
Or, nous observerons que ses publication sont trs lacunaires sur le sujet. Et si l'on s'en tient ses
seuls crits, Fukuoka a obtenu des rendements trs variables et souvent pas trs bons, voire parfois
franchement mauvais. C'est pourquoi il a constamment cherch amliorer sa pratique. Et ce
faisant, il est maintenant difficile de savoir prcisment quels sont les vrais contours de l'agriculture
naturelle. Car cette mthode prsente finalement un aspect trs diffrent selon la culture envisage
(crales, lgumes ou fruits) et selon le niveau de rendement vis. Plus grave encore, Fukuoka a
refus dlibrment de s'astreindre tout protocole exprimental. Il en dcoule que ses observations
faites en matire de rendements ne sont pas statistiquement valables. Quand la qualit de sa
production, elle est trs diffrente de celle des produits du commerce, ce qui rend toute comparaison
hasardeuse. Au final, le seul rendement obtenu par Fukuoka qui soit valable et non nul est son
rendement en glucides obtenu par la culture de crales paille.
1. Notion de rendement en agriculture
Le monde agricole est tout entier obnubil par la notion de rendement, que ce soient les
agriculteurs, les techniciens-conseil ou les scientifiques ; c'est quasiment son unique faon dvaluer
8 INRA, 2013, Vers des agricultures hautes performances, volume 3, rapport destin au Commissariat gnral la
stratgie et la prospective (CGSP, anciennement CAS)
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sa performance. Pourtant, le calcul des rendements agricoles est une opration dlicate qui demande
beaucoup de prcautions si l'on veut obtenir des rsultats significatifs. De telles prcautions peuvent
tre prises en laboratoire ou sur des parcelles d'essai. Mais c'est beaucoup plus difficile en plein
champ. Ce qui entrane des aberrations et des contre sens dommageables au dbat.
Le rendement calcul le plus couramment est le rendement brut par unit de surface de terre
conduite en monoculture. La longueur mme de la dnomination de ce rendement montre que sous
son apparente banalit se cachent plusieurs hypothses qui mritent d'tre expliques. Nous verrons
aussi que ce rendement est loin d'tre le meilleur indicateur de la performance agricole et que
d'autres indicateurs plus sophistiqu mritent d'tre utiliss.
Le rendement brut par hectare
Le rendement brut est le rapport entre la masse de la production rcolte (exprime en
tonnes, en quintaux, en kilogrammes, voire en hectolitres pour des liquides de densit unitaire ou
proches de l'unit) et un facteur de production. Le facteur de production retenu est celui qui est jug
le plus rare. Presque toujours, il s'agit de la surface de terre cultive. On divise alors la production
par la surface occupe par une culture (gnralement exprime en hectares). C'est un indicateur
physique de la performance qui permet d'valuer par comparaison une terre, une varit, une
pratique agricole.
Au cours de l'Antiquit, le rendement brut tait habituellement exprim de manire
rationnelle. Par exemple, on disait que l'on rcoltait 5 pour 1 en bl (not 5:1 en bl), ce qui
correspond un rendement brut en valeur absolue de 12,5 quintaux par hectare (si l'on sme 250 kg
de bl par hectare). Cette notation a t abandonne. Elle est peu prcise pour les crales ayant des
rendements faibles. En effet, la dose de semence joue un grand rle dans le rsultat et doit tre
prcise chaque fois. De plus, chaque varit ayant une graine d'un poids diffrent, il existe une
dose de semence pour chaque varit. Enfin, cette notation est inapplicable pour les cultures
prennes : vigne, arbres fruitiers, ...
Avant les annes 1950, les agronomes prfraient utiliser le rendement net plutt que le
rendement brut. Pour calculer le rendement net, il suffit de retrancher au rendement brut la quantit
de semence employe. Par exemple, si l'on sme 250 kg de bl par hectare et qu'on rcolte 12,5
quintaux de bl par hectare, le rendement net est de 10 quintaux de bl l'hectare tandis que le
rendement brut est de 12,5 quintaux. Dans ce cas, la diffrence est de 20%, ce qui correspond
l'inverse du rendement net exprim de manire rationnelle).
Avec les progrs de l'agriculture, il est maintenant possible de produire 100 quintaux de bl
l'hectare en semant seulement 150 kilogramme de bl l'hectare. La diffrence entre le rendement
brut (100 q) et le rendement net (98,5 q) est alors ngligeable (1,5%). Ceci explique que le
rendement le plus couramment calcul soit le rendement brut exprim en valeur absolue. Les
principaux avantages du rendement brut par unit de surface (pour une seule varit) est qu'il
permet des comparaisons faciles et qu'il est toujours calculable. Mais il ne faut jamais oublier que
plus le rendement est faible et moins le rendement brut est significatif.
Au vingtime sicle, certains scientifiques ont estim que la surface de terre cultive n'tait
pas le facteur de production le plus critique et qu'il valait mieux s'attacher d'autres facteurs. C'est
d'ailleurs une pratique gnralise pour valuer la performance de l'levage. L'exemple le plus
connu est l'utilisation du temps en tant que facteur de production 9. Il est la base du calcul du gain
9 Le concept de facteur de production est un concept conomique. Or, la plupart des coles de pense conomique
n'incluent pas le temps au nombre des facteurs de production. On remarque toutefois que l'cole autrichienne
considre systmatiquement le temps comme un facteur de production depuis Ludwig von Mises. Tandis que
certains thoriciens du dveloppement conomiques tels que Robert Solow intgre parfois le temps dans leurs
calculs de production.
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moyen quotidien (GMQ) qui permet de mesurer la croissance des animaux de boucherie en
grammes de poids vif supplmentaire par jour.
De mme, plusieurs thoriciens issus des rangs de l'agriculture biologique on privilgi dans
leurs calculs la quantit d'nergie consomme10 par l'activit de production (Bill Mollison,
Masanobu Fukuoka notamment)11. Cette dmarche remplace dans son raisonnement le rendement
physique par l'efficience nergtique.
On prtend souvent que l'agriculture scientifique a une productivit leve, mais si nous
calculons l'efficience de l'nergie de production, nous nous apercevons que celle-ci diminue
avec la mcanisation. (Fukuoka, 1985)12
L'avantage de cette mthode d'valuation et qu'elle s'applique aussi bien la culture qu' l'levage.
Dans ce cas, on conclura qu'une technique agricole est meilleure qu'une autre au motif qu'elle
permet d'obtenir une quantit de production plus leve par unit d'nergie consomme.
Les rendements agrgs
L'valuation des pratiques agricoles par le seul rendement brut est facile dans le cas des
monocultures. En revanche, il est impossible de calculer cet indicateur lorsque la surface agricole
porte simultanment plusieurs cultures (compagnonnage, cultures sous-couvert, agroforesterie).
Pour envisager la fin de la monoculture systmatique des terres, il faut alors passer par une ruse
arithmtique qui permet de calculer les rendements des terres conduites en polyculture en les
comparant aux rendements des terres quivalentes conduites en monoculture. Par exemple, si l'on
rcolte sur une parcelle agroforestire d'un hectare 8 tonnes de pommes cidre et 4 tonnes de bl,
on comparera cette rcolte la situation d'une monoculture conventionnelle qui produit environ 25
tonnes de pommes l'hectare et 5 tonnes de bl par hectare. On dira que la parcelle agroforestire
d'un hectare produit autant qu'une parcelle de 8/25 d'hectares de monoculture de pommier (0,32 ha)
et qu'une parcelle de 5/7 d'hectare de monoculture en bl (0,71 ha). Donc, l'hectare d'agroforesterie
produira autant que 1,03 ha de monoculture. Or cette quivalence est largement fictive. 13 En effet,
on compare dans ce calcul des hectares de terrain qui sont de nature diffrente (sol, climat,
historique) et qui sont conduits de faon diffrente (itinraire technique soit agroforestier soit en
monoculture). La comparaison est ainsi entache d'erreurs, souvent aussi importantes que peut l'tre
la diffrence de rendement qui apparat. De sorte que le rsultat de la comparaison est gnralement
indtermin.
Une autre ruse arithmtique consiste agrger toutes les productions via une unit commune
imaginaire appele unit de compte. L'unit de compte est habituellement la monnaie qui a cours
dans le pays o se trouvent les terres. Malheureusement, la valorisation montaire des productions
ne fait que transformer la question de l'addition de biens exprims en des units diffrentes en une
autre question, tout aussi redoutable, qui est celle de la valorisation objective des cultures. Car,
comme la science conomique l'a largement dmontr, la valeur des rcoltes correspond leur prix
montaire dans un seul cas : lorsque les prix se forment au sein de marchs parfaitement
10 L'nergie est un facteur de production couramment employ par les macro-conomistes depuis 1979 suite au livre de
Nicholas Georgescu-Roegen, Demain la dcroissance : entropie, cologie, conomie.
11 En ce qui concerne le rendement nergtique de Mollison, consulter : BARBI O., Septembre 2013, La philosophie
de la perma-culture : Dfinitions, finalits et principes , Le rendement nergtique , document de travail
ITAN.
12 FUKUOKA M., 1985, L'agriculture naturelle : thorie et pratique pour une philosophie verte, publi en 1985 aux
tats-Unis et en 1989 en franais, ditions Trdaniel, p. 45.
13 BARBI O., Mai 2014, Le rendement de lagroforesterie : Calcul et prvisions , La performance de
l'agroforesterie mesure par la mthode des surfaces quivalentes , document de travail ITAN.
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concurrentiels14 et lorsque la monnaie n'est pas manipule15. Or, ce n'est pas du tout le cas de
l'immense majorit des pays dans lesquels les prix agricoles sont distordus par d'innombrables
subventions, taxes et barrires douanires non tarifaires et pour lesquels les monnaies sont
outrancirement manipules par les taux directeurs des banques centrales, la rglementation
bancaire et les dlits d'initis entre agents de change. Par consquent, les prix montaires des
productions agricoles dont nous disposons n'indiquent pas la valeur de ces productions et rend toute
agrgation par les prix parfaitement arbitraire. Sans compter que l'conomie mondiale est loin d'tre
totalement montarisme et marchandise. En effet, il existe encore de larges pans d'une conomie de
subsistance non-montaire, mme dans les pays industrialiss, ce qui rend impossible toute tentative
d'agrgation par les prix de la production ainsi produite. De sorte que l'on en revient presque
toujours au calcul physique du rendement brut.
Approche qualitative de la performance
Le rendement brut est un indicateur physique de la performance. Mais il est essentiellement
quantitatif. C'est pourquoi guider l'amlioration des techniques agricoles par ce seul critre conduit
des aberrations. Car ce qui fait la valeur des produits agricoles, leur got, leur capacit entrer
dans la composition de certaines recettes, est ignor. Ceci explique que les industriels clients de
l'agriculture sintressent eux des indicateurs de qualit des produits tels que le taux de protine, le
taux de sucre, l'intensit du parfum, etc. ou des critres esthtiques tels que le calibre des fruits,
leur couleur, leur aspect brillant, etc.
De mme, les grandes organisations internationales (FAO, ONU), ainsi que les historiens,
ont aussi une approche qualitative de l'agriculture. Et ils convertissent trs souvent les rendements
bruts agricoles par espce en tonnes de nutriments (glucides, protines, lipides) voire mme
directement en kilocalories. Cette mthode prsente deux avantages : elle permet d'avoir une
approche qualitative et elle permet l'agrgation physique des rendements. Bien sur, c'est une
approche qualitative trs basique, beaucoup plus que celle des industriels. De plus, elle reste trs
proche de l'valuation quantitative standard puisque son rsultat s'exprime toujours en tonnes de
produit. Mais elle permet toutefois un agrgation physique parfaitement scientifique. Sur une
parcelle agroforestire produisant la fois des pommes et du bl, les glucides simples produits sont
tous identiques, qu'ils proviennent des pommes ou du bl (leur formule brute tant toujours
C6H12O6). Cette mthode dvaluation est donc privilgier lorsque les rendements sont levs. Dans
le cas des rendements faibles, elle doit tre dlaisse pour la mthode des rendements nets.
Approche subjective de la performance
Il n'y a qu'un tout petit nombre de thoriciens qui ait utilis des indicateurs non chiffrs pour
valuer la performance agricole. Ces thoriciens ont alors tent d'valuer la production agricole, non
de manire quantitative, mais directement de manire qualitative, en insistant par exemple sur sa
qualit sanitaire (cristallisation sensible des biodynamiciens), sa puret (agriculture naturelle de
Mokiti Okada), sa valeur spirituelle (agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka). Ajoutons ce
groupe toutes les pratiques d'amnagements paysagers qui valuent leur production en termes
esthtiques.
Une telle valuation peut surprendre tant nous sommes habitus employer le seul
rendement brut l'hectare. Pourtant, elle prsente de nombreux avantages. Tout d'abord, elle est
absolument insensible aux problmes calculatoires qui empoisonnent l'valuation de la performance
14 DEBREU G, 1959, The Theory of Value: An axiomatic analysis of economic equilibrium.
15 FISHER I, 1928, The money Illusion.
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des systmes agricoles mens en polyculture. Elle reste valable aussi bien dans le cas des
productions ayant un faible rendement que dans celui des production ayant un haut rendement. De
plus, la mesure de la performance est quasiment immdiate. Et surtout, elle est est indiscutable. Qui
pourra soutenir qu'un jardin anglais qui plat son commanditaire est moins performant qu'un jardin
la franaise qui ne lui plat pas ? Cependant, l'valuation subjective prsente un grave dfaut : elle
est propre chaque observateur. Autrement dit, la valeur mesure de la performance agricole
dpend autant de l'objet mesur que de la personne qui mesure. Cette difficult, bien connue et
nanmoins admise en physique quantique, semble impensable en agriculture... Les ingnieurs
agricoles, les agronomes, les hommes politiques, la assureurs, les banquiers exigent des chiffres
vrifiables par tous, les plus objectifs possibles, quitte ce que ces mmes chiffres soient sans
grande signification. Or, si l'on prend pour exemple le cas simple du rendement brut appliqu la
production de pommes-de-terres, il est clair pour tout le monde qu'un champ produisant 40 tonnes
par hectare produit plus qu'un champ qui ne produit que 20 tonnes par hectare. Entendons nous bien.
Cela ne signifie pas qu'il soit interdit de juger la valeur morale d'un indicateur qui suppose que l'on
peut (doit) faire toujours plus et qui ignore le sage proverbe le mieux est l'ennemi du bien . Au
contraire, il est tout fait lgitime de penser que le rendement brut est un indicateur secondaire
voire mme dangereux. Nanmoins, cet indicateur est objectif car le rsultat ne dpend pas de la
personne qui l'emploie. Grce lui, il est possible de distinguer entre les pratiques agricoles qui
permettent d'obtenir un rendement de 40 tonnes par hectare et celles qui n'y parviennent pas, et rien
de plus.
Pour clore cette revue des modes de calcul du rendement, il faut rattacher l'valuation
subjective les indicateurs synthtiques de performance. Par exemple, au lieu de calculer le
rendement d'une culture en tonnes de grain par hectare, on calculera un indicateur de l'intrt social
de cette culture.16 Le but des indicateurs synthtiques est d'introduire une petite dose de bon sens et
dintrt collectif dans les calculs. Il s'agit d'indicateurs issus ordinairement de la multiplication
d'indicateurs objectifs et d'indicateurs quantitatifs dont la forme s'inspire de la fonction de
production de Philip Wicksteed17. Par exemple, j'ai pu dduire des textes fondateurs de la
permaculture18 qu'elle devait tre value selon son intrt social calcul comme suit :
I' = A' ' K' a L' b
Avec
I : l'intrt social
A : un paramtre de productivit (le progrs technique)
: un indicateur de biodiversit
K : le capital technique (les machines, installations et
btiments)
L : le travail
a : la productivit (marginale) du capital technique
b : la productivit (marginale) du travail
' : ce signe indique qu'il s'agit de la drive par rapport
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synthtique est alors quantifie autant que cela est possible. Ces trois critres ont d'ailleurs t
pressentis ds le dbut des annes 1970 par la permaculture de Bill Mollison. 19 Mais Mollison s'tait
bien gard d'essayer de chiffrer la durabilit et la biodiversit.
Effet, la grande faiblesse des indicateurs synthtiques (que l'on pense au clbre indicateur
de dveloppement humain des conomistes) c'est qu'ils sont forcment critiquables en ce sens qu'ils
refltent plus des choix moraux que l'tat de la situation observe. De plus, ils sont trs difficiles
calculer puisqu'ils agrgent de nombreuses donnes, d'origine diffrente et exprimes en des units
varies. Enfin, ils ne sont pas immdiatement comprhensibles. Cette dernire proprit leur est
d'ailleurs fatale. Elle rsulte du fait que si l'on multiplie des donnes ayant des units diffrentes, le
rsultat n'a gure de signification. Par exemple, si l'on multiplie un rendement agricole en tonnes par
hectares (de crales, de viande, de fruits et lgumes) par un indicateur de durabilit et un indicateur
de biodiversit, on aboutit un rsultat aberrant exprim en tonnes (d'on ne sait quoi) par hectare
d'units de durabilit d'units de biodiversit. Les scientifiques sont alors obligs d'ignorer le
problme est de n'afficher qu'un nombre pur (comme pour l'indice de dveloppement humain) qui
ne veut rien dire en soi mais qui permet tout de mme de faire des comparaisons, et donc au bout du
compte des choix.
Quels indicateurs pour l'agriculture biologique ?
La plupart des thoriciens de l'agriculture biologique se sont montrs critiques vis vis d'une
approche purement quantitative. En la matire, Masanobu Fukuoka s'est montr tout
particulirement radical puisqu'il a pos la question de l'valuation agricole en termes
philosophiques, et mme mtaphysiques :
La dcision fondamentale en faveur de l'agriculture scientifique ou de l'agriculture
naturelle dpend de ce que cherche l'homme. (Fukuoka)20.
Pour sa part, il attendait d'une agriculture qu'elle lui permette de restaurer la nature dtruite par le
savoir et l'action de l'homme et de ressusciter une humanit spare de Dieu. (Fukuoka)21.
Laissons au matre la question de Dieu et concentrons-nous sur la nature. Fukuoka n'a pas
rellement prcis ce qu'il entendait par restaurer la nature . Il est fort probable qu'il ait eu en tte
une intention assez proche de la prsevation de la biodiversit dans son ensemble. mus
concrtement, il a cherch restaurer la fertilit de ses sols. C'est d'ailleurs ce qu'il a chercher faire
pour son verger, lui qui tait avant tout arboriculteur :
Il va sans dire que l'amlioration de la terre du verger est le but principal de l'organisation
du verger. () On pourrait dire que, plutt que de faire pousser des agrumes et des lgumes
sur ces hauteurs, j'ai aid restaurer la fertilit du sol. (Fukuoka)22
Ainsi, Fukuoka s'est-il dlibrment inscrit dans la ligne des restaurateurs de sols initie par Smith
John Russel et qui aujourd'hui est anime par des personnages aussi diviers que Claude et Lydia
Bourguinon ou John Jeavons. Et il est bien vident que la restauration de la fertilit des sols vise
augmenter les rendements ou, au minimum, les maintenir un niveau lev. Cet aspect est loin
d'puiser la pense de Fukuok. Mais, comme tous les autres fondateurs de l'agriculture biologique,
Fukuoka savait pertinemment que seul le rendement quantitatif est susceptible de convaincre des
19 BARBI O., Avril 2014, De la performance conomique et sociale de l'agroforesterie , Les indicateurs
fonctionnels de Bill Mollison , document de travail ITAN.
20 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 246.
21 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 9.
22 FUKUOKA M., 1975, LA RVOLUTION D'UN SEUL BRIN DE PAILLE, GUY TRDANIEL DITEUR, 2005, p. 86.
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en gnral, toutes techniques confondues. En 1975, ce n'est pour lui qu'une ventualit trs
probable.
Ces dernires annes j'ai essay une ancienne varit de riz glutineux du sud. Chaque
grain sem la vole produit en moyenne 12 tiges de 250 grains par tte. Avec cette varit,
je crois que je pourrai un jour moissonner une rcolte thoriquement proche de la plus
grande que l'on puisse obtenir de l'nergie solaire atteignant le champ. (Fukuoka)29
Mais en 1985, c'est devenu pour lui une certitude :
les moissons naturelles donnent toujours les meilleurs rendements possibles et ne sont
jamais infrieures aux moissons produites par l'agriculture scientifique. (Fukuoka)30
Le thorme de l'agriculture naturelle de Fukuoka, intgre par Bill Mollison la permaculture, est
alors le suivant : l'agriculture naturelle est meilleure car plus saine, plus spirituelle, plus durable
MAIS EN PLUS ses rendements bruts sont gaux voire suprieurs ceux de l'agriculture
contemporaine la plus productive.
Pendant des dizaines d'annes, Fukuoka a affirm pouvoir produire plus et mieux grce
l'agriculture naturelle. Et, travers ses livres, il a promis tous ceux qui le suivraient dans cette voie
que eux aussi pourraient produire plus et mieux. Une telle promesse parat toujours suspecte
l'agronome qui garde en mmoire les checs rpts du meilleur laboureur de France , Mathieu
de Dombasle et de ses pigones (Auguste Bella, Csaire Nivire) 31. Si Fukuoka avait raison, alors ce
serait une perte immense que de ne pas avoir tudi sa mthode. Et s'il s'est tromp, alors nous
aurons toujours le loisir de le ranger dans la longue srie de ceux qui ont cherch en vain
rvolutionner l'agriculture.
Malheureusement, le thorme de l'agriculture naturelle ne pourra jamais tre totalement
dmontr, du moins par la mthode scientifique notamment en ce qui concerne la valeur spirituelle
de l'agriculture naturelle, puis que c'est une valuation subjective. Quant la dmonstration de
l'intrt de l'agriculture naturelle en matire de sant ou du durabilit, elle n'a jamais t faite et
demandera des recherches longues et coteuses. Mme l'agriculture biologique de Howard et la
biodynamie de Steiner, pourtant infiniment mieux institutionnalises que l'agriculture naturelle,
n'ont pas su faire la preuve de leur supriorit en ces domaines. La conclusion s'impose d'elle mme.
Seule la performance quantitative de l'agriculture naturelle peut se prter une dmonstration
scientifique rapide, vrifiable et indiscutable. Or, les donnes disponibles sont bien maigres. Et il n'y
a gure que Fukuoka qui ait publi des donnes chiffres de ses rendements.
Dans le chapitre suivant, je vais reprendre les rendements annoncs par Fukuoka. Puis je
vais exposer ces chiffres la critique scientifique la plus serr. Nous verrons ainsi que certaines
affirmations de Fukuoka sont dignes d'intrt, et en particulier son rendement brut l'hectare
exprims en glucides. Cela seul justifie que la science agronomique tudie avec soin l'agriculture
naturelle.
29 FUKUOKA M., La rvolution d'un seul brin de paille, dj cit, pp. 81-82.
30 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 96.
31 BOULAINE J et LEGROS J. - P., D'Olivier de Serres Ren Dumont. Portraits d'agronomes, TEC & DOC Lavoisier,
1998.
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Conversions
37,7 53,7 q / ha
59,7 q / ha
67,5 68,7 q / ha
78,7 q / ha
81 82,5 q / ha
90 q / ha
100 q / ha
94,4 134,3 q / ha
116 q / ha
i : nombre d'pis
u : nombre de tiges
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n'est utilis qu' une trs faible dose. Pour tre honnte il faut dire aussi que l'apport de fumier de
volaille n'a t pratiqu par Fukuoka qu' partir du moment o il n'a plus pu laisser divaguer
librement ses canards.60
l'inverse, la quantit de matire organique apporte aux cultures marachres dans le cadre
de l'agriculture naturelle avec fumier est trs importante :
[Lorsque les lgumes] sont dans un petit potager, la seule chose qui compte est de faire
pousser le bon lgume au bon moment dans une terre riche, obtenue par addition d'engrais
ou de matire organique. 61
Lorsque la croissance [des lgumes] est faible, on peut gnralement l'amliorer quand
mme en plantant du trfle en mme temps que les lgumes, et en pandant des crottes de
poules, du fumier et des dchets humains convenablement dcomposs. 62
Comme je l'ai indiqu plus haut, la mthode la plus simple pour amliorer le sol est d'y
enfouir dans des tranches des matires organiques brutes. 63
Le second de ses principes que Fukuoka a malmen pour augmenter ses rendement est le
labour. En effet, il a prconis de labourer pour la production de lgume et celle des crales. Dans
le cas du marachage, ce labour s'accompagne d'un drainage :
Cela consiste d'une manire caractristique disposer le champs en sillons un ou deux
mtres d'intervalle ou creuser des canaux de drainage tous les quatre ou cinq mtres la
premire anne, puis soit ne pas cultiver l'anne suivante, soit, au plus, pratiquer un
labourage peu profond suivi par le semage et un travail du sol rotatif. 64 (c'est moi qui
souligne)
cinq centimtres de profondeur dans le cas des crales65.
On peut aussi labourer le champ lgrement cinq centimtres environ de profondeur, puis
semer des graines de trfle et d'orge et recouvrir ces graines de paille de riz. Ou, aprs un
labour lger, on peut utiliser un semoir pour planter les graines individuellement ou semer en
ligne. On peut obtenir de bons rsultats dans les rizires retenant mal l'eau en utilisant la
premire mthode, et en passant ensuite la culture sans labour. 66. (c'est moi qui souligne)
Mais il faut remarquer que ce n'est que pour la priode limite dans le temps (l'installation du
trfle) qui permet la transition entre une mthode d'agriculture quelconque et l'agriculture naturelle.
De plus, on ne peut pas rellement appeler labour une faon culturale qui ne travaille le sol que sur
5 cm, sans le retourner67. Il s'agit plus exactement d'un travail du sol lger tel qu'il se pratiquait
60 FUKUOKA M., La rvolution d'un seul brin de paille, dj cit, p. 63. Cette mthode est aujourd'hui connue sous le
nom de mthode Furuno, du nom de Takao Furuno, un autre agriculteur japonais pratiquant une forme d'agriculture
naturelle et contemporain de Fukuoka.
61 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 249.
62 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 252.
63 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 167.
64 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 248.
65 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 199.
66 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 198.
67 Cette pratique est d'ailleurs ancestrale. Pour faire leur bl, les Romains labouraient l'araire trois ou quatre fois
une paisseur de trois doigts. (ENJALBERT Henri, 1947, A propos du Dry Farming , Culture scientifique du bl et
motorisation , Bulletin de l'Association de gographes franais, Anne 1947, Volume 24, Numro 185-186, pp. 61p. 61.)
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autrefois l'araire et tel qu'on le pratique aujourd'hui l'aide de cultivateurs dents ou disques
Mme le principe du sarclage n'chappe pas des exceptions. Cela concerne le verger
comme le potager.
cinq ou six ans aprs avoir plant, lorsque les arbres commencent donner des fruits, il est
bien venu de creuser la terre la binette, sur la colline en amont des arbres fruitiers, et
d'amnager des terrasses comme des marches et un chemin flanc de verger. Une fois ces
terrasses construites et les mauvaises herbes d'origine remplaces par des herbes plus
tendres () le verger commence vraiment ressembler un verger. 68
Enfin, Fukuoka se servait d'au moins un pesticide, l'huile pour moteur, pour protger ses arbres
fruitiers :
Sur quelques arbres du verger il a occasionnellement recours une mulsion d'huile de
machine pour contrler la cochenille. (Bernadette Prieur)69
Au final, il est difficile d'imputer les rendements obtenus par Fukuoka telle ou telle
mthode. Car l'agriculture naturelle de Fukuoka n'est pas stable dans le temps et volue au contraire
constamment en fonction du rendement objectif, du terrain, du prcdant cultural, etc. Mme si l'on
connaissait avec certitude les rendements obtenus par Fukuoka, il serait difficile de les reproduire
car on ne sait pas exactement comment il est parvenu les obtenir.
On est l bien loin d'un protocole exprimental qui aurait permis d'valuer correctement les
rendement permis par l'agriculture naturelle. Mais il faut aussi en tirer une leon et se dire que
l'agriculture naturelle n'est pas une recette dfinitive que l'on pourrait apprendre et appliquer, aussi
surement que l'on peut le faire avec l'agriculture conventionnelle. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment
une mthode. C'est plus exactement une tat d'esprit.
Les observations de Fukuoka ne sont pas significatives
Les rares rendements qui sont publis par Fukuoka souffrent de deux faiblesses : ils sont
issus d'une mesure approximative et ne sont pas significatifs d'un point de vue statistique.
On constate en effet que les rendements en riz de Fukuoka varient dans de fortes proportions
(de 1 2,5). Un tel constat oblige se pencher sur la mthode de calcul des rendements employe.
Et il se trouve qu'elle ne consistait pas, comme l'on pourrait s'y attendre, peser la production puis
diviser cette masse par la surface. Fukuoka utilisait une autre mthode que l'on connat sous le
nom d'analyse des composantes du rendement. En thorie, cette mthode consiste suivre un rang
de la culture (ou bien la diagonale de la parcelle) pour y dnombrer les plantes (ou pieds), les tiges
par plantes, les pis par tige, les pillets par pis et les grains par pillets. Une seconde variante
existe selon laquelle le dnombrement ne se fait pas le long d'une ligne relle (rang) ou imaginaire
(diagonale) mais sur des chantillons de surface identiques. Fukuoka a appliqu cette mthode dans
sa seconde variante et divers stades de dveloppement du riz.
Dans son livre de 197570, il dnombre 20-25 pieds par mtre carr, 250-300 tiges par mtre
carr et une centaine de grains par tige pour un poids du grains de 900-1000 g/m. On en dduit un
rendement de 20-25 pieds/m x 10-15 tiges/pieds x 100 grains/tige x 30-40 g/1 000 grains = 9001 000 g/m soit 90-100 q/ha. La valeur de 30-40 g/1 000 grains se dduit des autres donnes.
68 FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 217. La liste des adventices donne par Fukuoka rvle que le
binage est rgulier, sur plusieurs annes.
69 Note de bas de page de la traductrice Bernadette Prieur Dutheillet de Lamothe in FUKUOKA M., La rvolution d'un
seul brin de paille, dj cit, p. 61.
70 FUKUOKA M., La voie du retour la nature, dj cit, p. 79.
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Dans son livre de 198771, Fukuoka part de la densit de semis (12 cm d'intervalle entre les
pieds), la multiplie par le nombre d'pis (12 20), multipli par le nombre de grains par pis (53
300), multipli lui-mme par le poids au mille grains (27 27,5 grammes). On en dduit un
rendement de 69,4 pieds/m x 12-20 tiges pieds x 53-300 grains/tige x 27-27,5 g/1 000 grains =
1 192-11 458 g/m soit 119-1 145 q/ha.
pieds/m
tiges/pieds
grains/tige
q/ha
1975
20 25
10 15
100
30 *40
90 100
1987
*69,4
12 20
53 300
27 27,5
119 *1 145
cart
208,44%
28,00%
76,50%
-22,14%
565,26%
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La recherche moderne divise la nature en petits morceaux et fait des expriences qui ne
sont conformes ni la loi naturelle ni la pratique. Les rsultats sont amnags pour les
commodits de la recherche, non pour les besoins du paysan. Penser que ses conclusions
peuvent tre appliques avec un immanquable succs dans le champs du paysan est une
lourde faute. (Fukuoka)75
C'est donc la rbellion de Fukuoka contre la science qui explique que les donnes prouvant la
supriorit de son agriculture naturelle en matire de rendement sont rares, lacunaires et trs
approximatives. On peut le regretter. On peut aussi ce souvenir que l'agriculture naturelle est ne de
cette rbellion.76
Les vrifications empiriques contredisent Fukuoka
Tous ceux qui ont appliqu l'agriculture naturelle en respectant scrupuleusement ses
principes ont dcouvert par eux-mme le niveau des rendements qu'elle permet. Le jardin sauvage
ne permet que des rendements drisoires. Par contre, la production de fruits avec des arbres de plein
vent non fums revient peu de chose prs cultiver les fruitiers comme le faisaient les paysans
avant 1950. Les fruits sont souvent nombreux, mais pas tous les ans. En revanche, ils sont petits et
presque toujours abms par les ravageurs et les maladies. En ce qui concerne les crales paille,
bien peu se sont essay appliquer l'agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka. Et quand il l'ont
fait, ils n'ont que trs rarement calcul le rendement de leur rcolte. Nous ne pouvons gure
invoquer que l'agriculture naturelle de Marc Bonfils et celle de Joseph Pousset.
Le premier essai document a t celui men par Marc Bonfils. Pendant trois ans, dans les
annes 1980, il a cultiv une micro parcelle de bl d'hiver dans la Beauce, sans travail du sol ni
intrants mais sous couvert de trfle. Voici les chiffres avancs77 :
Systme
Conventionnel Naturel
Plants/m
350
1,5 4
03
100 150
12 15
35
13
20 30
40 60
Il apparat tout de suite que le tableau fourni affiche un poids des 1000 grains (PMG)
particulirement faible en agriculture conventionnelle, on s'attendrait plutt trouver 50 g et non 20
30 g. Mais surtout, si l'on prenait pour chaque systme uniquement des valeurs moyennes (voir
75 FUKUOKA M., La rvolution d'un seul brin de paille, dj cit, p. 101.
76 Le chemin que j'ai suivi, cette agriculture sauvage, qui parat trange beaucoup, s'explique d'abord en raction
l'volution irrflchie et constante de la science. (FUKUOKA M., Agriculture Naturelle, dj cit, p. 48.)
77 Je n'ai pas pu me procurer le texte original de Marc Bonfils. Ce texte est connu sous deux versions :
- Marc Bonfils. Le bl dhiver et sa physiologie vgtale selon la mthode Fukuoka-Bonfils. Permaculture Pyrnes.
Association las Encantadas. B.P. 217. F-11300 Limoux, France.
- Marc Bonfils. The harmonious wheatsmith: can we regenerate our soils and still grow the food we need?
Permaculture Association, Old.
J'ai donc travaill sur la base de commentaires :
- How to grow winter wheat? The Fukuoka-Bonfils method , Ileia newsletter, December 2000, p. 13.
- Eric van Essche, 28/06/2012, Agriculture naturelle : le bl dhiver en Europe du Nord selon la mthode
Fukuoka-Bonfils. Texte en ligne l'adresse : http://fr.scribd.com/doc/101346332/Ble-d-hiver-version-pour-impression.
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Systme (Valeurs
moyennes)
Conventionnel Naturel
Plants/m
350
2,75
1,5
125
13,5
35
25
50
Rendement en q/ha
35
421
Il est absolument vident que le rendement naturel est tout aussi aberrant que le rendement
conventionnel. Le rendement conventionnel devrait tre le double, ce qui s'obtient immdiatement
avec un PMG de 50 g, les autres valeurs tant inchanges (voir tableau des valeurs crdibles). Quant
au rendement naturel, il suppose un tallage et un nombre de grains par pis tout fait fantaisistes.
On ne trouve gure de bls produisant plus de 5 grains par pillet, et mme Bonfils le reconnat. 78
D'autre part, les personnes qui ont tent de reproduire l'exprience de Bonfils (Bernadette Prieur
Dutheillet de Lamothe, La ferme de Kermelin Quistinic, pour ne citer qu'eux) ont obtenu, si l'on
en croit les photos publies, des plantes 30-40 tiges et pis cours (environ une dizaine d'pillets).
C'est dj norme mais c'est encore trois fois en dessous des chiffres avancs par Marc Bonfils.
Marc Bonfils devait tre conscient du problme car en 1986, le rendement qu'il revendiquait
l'oral tait de 150 q/ha79, et c'est dj un rendement digne du mas irrigu ! Or, ce rendement
correspond 3 quintaux prs au rendement permis par ses chiffres minimaux (1,5 plants/m, 100
pis par plants, 35 pillets par pis, 7 grains par pillets, PMG de 40g). Il savait donc pertinemment
qu'en utilisant des valeurs suprieures, on obtenait des rendements ridiculement levs.
La vrit est que cette mthode de dduction du rendement ne fonctionne pas. Fukuoka
employait la mme et il s'est heurt des difficults identiques. Car une telle mthode d'valuation
du rendement suppose des comptages statistiquement significatifs, ce qui est hors de porte d'une
personne seule et ne disposant que d'une toute petite parcelle. Un rendement crdible se mesure
uniquement en divisant la masse totale de la rcolte ( taux d'humidit connu) par la surface
cadastrale de la parcelle. Toute autre mthode ne fait que multiplier les erreurs les unes par les
autres.
Au vu de ce que nous venons de dire, le tableau des donnes de Marc Bonfils doit tre
corrig. Pour la culture conventionnelle, le poids des mille grains doit tre mis 50 g. Pour la
culture naturelle, il ne faut retenir que les valeurs minimales sauf pour les valeurs manifestement
errones telles que le nombre d'pis par plante (il devait tre d'environ 35 si l'on en croit les autres
essais qui ont t mens) et le nombre de grains par pillet (qui ne peut pas tre suprieur 5). On
obtient alors des rendements respectivement de 71 q/ha par hectare en agriculture conventionnelle et
de 30 q/ha en agriculture naturelle. Bien sr, le rendement de l'agriculture naturelle est ici trs
incertain. Il suffit toutefois donn un ordre d'ide : c'est un rendement infrieur de moiti celui
de l'agriculture conventionnelle et il est au moins cinq fois plus faible que ce qu'en disait Marc
Bonfils dans ses moments les plus humbles...
78 Eric van Essche, 28/06/2012, Agriculture naturelle ... , dj cit.
79 Permaculture - 10h de cours M. Bonfils (1986) , retranscription de cassettes audio de la session de cours de Marc
Bonfils, du 1er au 4 mai 1986. 10 heures de cours. Source : http://fr.scribd.com/doc/101345637/Permaculture-10hde-cours-M-Bonfils-1986.
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Systme (Valeurs
crdibles)
Conventionnel Naturel
Plants/m
350
1,5
1,5
35
13,5
35
50
40
Rendement en q/ha
71
29
Ces rendements sont mettre en relation avec ceux obtenus par l'agriculture naturelle de Joseph
Pousset. Depuis 1979, Joseph Pousset cultive en renonant au labour, aux pesticides et aux engrais
(mme biologiques), et compense par beaucoup de mcanisation (disques crnels, semoir en ligne
classique, herse trille, bineuse) et des rotations sophistiques (mteils, couverts de lgumineuses).
Sa mthode est donc intermdiaire entre l'agriculture naturelle de Fukuoka et une agriculture
biologique sans fumure. Joseph Pousset revendique des rendements de l'ordre de 28 32 q/ha 80. On
voit que ces rendements sont du mme ordre que ceux obtenus par Marc Bonfils. Les bornes de ce
rendement tant au minimum le rendement permis par la fertilit intrinsque du sol telle qu'elle est
observe (15-30 q/ha) et au maximum le rendement permis thoriquement par un couvert permanent
de lgumineuse (100 q/ha).81 J'avais d'ailleurs obtenu les mmes bornes thoriques en 2007.82 Ces
quelques exemples montrent que si les rsultats affiches par Masanobu Fukuoka ne sont pas
impossibles, ils n'ont jusqu'ici pas pu tre reproduits.
La qualit des produits de Fukuoka fausse les rendements
Masanobu Fukuoka affirme obtenir, parfois, de trs bons rendements en employant une
sorte d'agriculture naturelle et des rendements honorables, couramment, en crales grce une
agriculture naturelle stricte. Cependant, les bases de comparaison qu'il utilise agrgent des
donnes qui concernent des varits diffrentes et surtout des rcoltes dont la qualit est variable.
Ce point a clairement t identifi clairement par Fukuoka, mais il n'en a pas tir la conclusion
mathmatique qui s'impose : ses calculs de rendements ne sont pas valables. En effet, un
rendement brut est de la forme Rendement = (quantit / unit de facteur de production) x qualit
de produit. Notons cela R = Y/S P. Si la qualit P varie, alors l'unit du rendement R change. Par
exemple, 40 quintaux l'hectare de bl dur ne sont pas comparables 40 quintaux l'hectare de
bl tendre, tout simplement parce que le bl dur n'est pas la mme chose que le bl tendre. Et
c'est pour cela que le bl dur ne se vend pas au mme prix que le bl tendre. De mme, un
rendement de 40 quintaux par hectare de noix 'Franquette' dont le cerneau est de qualit
Blanc (non tch) diffre considrablement d'un rendement de 40 quintaux par hectare de
noix 'Franquette' dont le cerneau est de qualit Arlequin (tch de rouge). Car le cerneau
Arlequin est quasiment invendable alors que le cerneau Blanc est recherch par les
courtiers. Ce problme est fortement minor par Fukuoka alors mme qu'il lui a pos de
nombreux soucis lorsqu'il a chercher commercialiser sa production.
80 POUSSET J., 2008, Agriculture naturelle, rponde aux nouveaux dfis, collection Dveloppement durable, ditions
Agridcisions.
81 POUSSET J., 2008, Agriculture naturelle, dj cit, p. 279.
82 BARBI O., 2007, Cultiver sans Fertilisants ?, document de travail de l'ITAN, p. 25.
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n'tait pas comparable celle des produits agricoles commercialiss dans la rgion la mme
poque, sauf peut tre en crales d'hiver. Doit-on s'en tonner ? Fukuoka a toujours critiqu l'ide
mme d'une agriculture commerciale.
Quand la conception de l'agriculture commerciale fit son apparition je m'y opposai. 89
La faillite est invitable. L'agriculture japonaise a perdu de vue sa ligne, elle est devenue
instable. Elle erre loin des principes de base de l'agriculture et est devenue une affaire
commerciale. 90
Il est donc logique qu'il ait ignor le problme de la qualit commerciale de ses produits, se
contentant pour son auto-consommation de produits sauvages , et prfrant rechercher des
consommateurs adapts sa production plutt que d'adapter sa production ses clients, pour ne pas
risquer de retomber dans les travers de l'agriculture conventionnelle. Tout lecteur de Fukuoka doit
tre conscient de cela. Son agriculture suppose que la production soit auto-consomme ou distribue
par un rseau de commercialisation construit sur mesure.
Et comme d'habitude, Bill Mollison s'est montr plus clair, plus systmatique que Fukuoka.
Au dpart, il souhaitait que la permaculture puisse concurrencer l'agriculture conventionnelle
commerciale, sans pour autant retomber dans l'impasse des cultures vivrires (d'autoconsommation) :
En premier lieu, nous avons labor notre systme comme une tentative d'amliorer les
pratiques agricoles existantes, tant celles de l'agriculture commerciale occidentale que celle
des cultures vivrires et villageoises du tiers-monde. (Mollison et Holmgren)91
Mais l'chec s'imposa immdiatement et la permaculture a tout de suite renonc aux grandes
surfaces comme aux cultures commerciales, devenant de ce fait une simple mode svissant dans le
milieu des jardiniers amateurs :
[notre systme] peut trs bien ne pas tre adapt une entreprise agrocommerciale
importante, ou inapplicable la culture conventionnelle, mais il convient bien ceux qui
souhaitent utiliser la totalit, ou une partie, de leur environnement pour se rapprocher de
l'auto-suffisance. (Mollison et Holmgren)92
Ce faisant, le projet de la permaculture devenait compatible avec les performances permises par
l'agriculture naturelle. D'ailleurs, si l'on largi le dbat, on observe qu'aprs cinquante ans de
promotion intense, l'agriculture biologique ne concerne toujours que moins de 5% des terres
agricoles franaises. Cet chec relatif a certainement voir avec les difficults que rencontre
l'agriculture biologique en gnral, et pas seulement l'agriculture naturelle et la permaculture,
lorsqu'il s'agit de produire des rcoltes d'une qualit standard tel qu'attendue par les marchs.
Le rendement brut en glucides
Dans ses crits, Masanobu Fukuoka se rfre souvent au rendements de ces crales en
agrgeant les rcoltes de riz et de crales d'hiver. En effet, conformment l'agriculture
traditionnelle du Japon, il faisait chaque anne sur chaque champ une une rcolte de crales d'hiver
89
90
91
92
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(en dbut d't) et une rcolte de riz (en milieu d'automne). Pour pouvoir additionner ces deux
rcoltes, Fukuoka a eu l'ide d'exprimer son rendement brut non en tonnes de grain par hectare mais
en tonnes de fculent93 ou d'amidon94. Par fculent, il faut comprendre une matire vgtale
contenant une forte proportion d'amidon. Comme la cellulose, l'amidon est un glucide de formule
brute (C6H10O5)n. Mais la cellulose est surtout concentre dans les pailles et est indigeste. Alors que
l'amidon est concentr dans le grain et peut tre digr, surtout aprs cuisson.
La farine d'orge contient environ 72 g de glucides aux 100 g, celle de seigle 77,5 g et celle
de riz 78 g. Ces farines sont constitues au trois quarts de glucides, et ces glucides sont
essentiellement de l'amidon. Il est donc lgitime de les agrger sur ce critre puisqu'elle sont
relativement homognes ( 8% prs).95
L'avantage de passer par une mesure du rendement en amidon est qu'elle permet de
comparer la production agricole quelle que soit sa qualit (commerciale ou non), sans que les
comparaisons ne soient perturbes par des diffrences de varit, de calibre, d'aspect, etc. Grce
cette mesure, il est possible de comparer sans biais les productions de l'agriculture traditionnelle
avec celles de l'agriculture conventionnelle ou de l'agriculture biologique.
Bien sr, cette comparaison ne peut pas se passer de donnes mathmatiquement
significatives. C'est pourquoi, Fukuoka est aventureux lorsqu'il dit aux agriculteurs qu'
En faisant du riz chaque anne et en faisant suivre par une rcolte de bl, ils pourraient
tripler leur production de fculent. (Fukuoka)96
D'autant plus qu'il n'est gure utile de produire de grandes quantits de produits agricoles
difficilement commercialisables.
Conclusion
L'agriculture biologique est rpute pour produire des aliments sains grce des mthodes
peu polluantes. Mais elle a peu prs dsert la question des rendements au profit des questions
sanitaires et environnementales. Aussi est-il intressant de relire ceux qui ont enseign une
agriculture biologique se voulant productive, plus productive mme que l'agriculture industrielle
conventionnelle. Parmi ces derniers, le plus emblmatique est certainement Masanobu Fukuoka,
grande figure de l'agriculture dite naturelle. Au fil de ses livres, il n'a cess de clamer qu'en arrtant
de labourer le sol, en renonant tous les fertilisants, mme biologiques, et tous les pesticides, il
avait pu produire plus que ces confrres employant les mthodes industrielles et chimiques. Ce
discours a donc permis de reparler de productivit pour une agriculture biologique sans concessions,
une agriculture biologique qui va au bout de sa logique. Malheureusement, la mesure exacte,
vrifiable et comparable de la productivit d'une pratique agricole est trs dlicate raliser. C'est
pourquoi j'ai du revenir en pralable sur des notions aussi fondamentales que les critres
d'valuation de la performance agricole et des approches qualitatives comme subjectives de cette
performance. Dans ce cadre complexe d'valuation qui est le notre, le concept de rendement brut,
commun toutes les doctrines agronomiques, se rvle tre un indicateur de performance de pitre
qualit, difficile employer dans le cas des cultures associes et des cultures faible rendement.
Nanmoins, il a t employ par Fukuoka qui a crit explicitement que l'agriculture naturelle
permettait les meilleurs rendements.
Cependant, lorsqu'il s'agit de connatre la valeur exacte des rendements de l'agriculture
93 FUKUOKA M., La voie du retour la nature, p. 56.
94 FUKUOKA M., La rvolution d'un seul brin de paille, dj cit, p. 79.
95 Orge (farine) : 350 kcals, protines 11 g, glucides 72 g, lipides 2 g.
Riz (farine) : 355 kcals, protines 7,5 g, glucides 78 g, lipides 0,5 g,
96 FUKUOKA M., La voie du retour la nature, p. 56.
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naturelle, il apparat immdiatement que les donnes quantitatives sures sont extrmement maigres,
voire inexistantes. Masanobu Fukuoka n'a procd aucune mesure systmatique et prcise de ses
rendements. aucun moment, sa dmarche ne s'est coule dans celle de la rigueur scientifique,
pourtant seule capable de produire de l'objectivit. Pire, en relisant les centaines de pages laisses
par Fukuoka, on dcouvre dissmines un peu au hasard, des remarques du matre qui prouvent que
la plupart du temps et pour la grande majorit de ses cultures (fruits, lgumes), les rendements qu'il
a obtenu taient faibles, dcevants, voire catastrophiques. Au bout du compte, on dcouvre qu'il n'a
rellement dfendu qu'un seul de ses rendement : le rendement en glucides obtenu par la production
de crales selon les rgles d'une forme trs particulire d'agriculture naturelle, la culture de deux
crales (riz et orge par exemple) sur une mme parcelle, au milieu d'un couvert de trfle blanc.
Cette conclusion sera perue comme dcevante par tous ceux qui ont pris Fukuoka au pied
de la lettre et ont clam un peu trop vite que l'agriculture naturelle produisait plus que l'agriculture
conventionnelle. Pour moi, elle est au contraire porteuse d'un grand espoir car elle montre qu'il est
ventuellement possible, sans labourer, sans sarcler, sans fertiliser d'aucune manire et sans traiter
les cultures, de faire des rcoltes honorables, parfois mme excellentes certaines annes. C'est sur
cette base que nous devons travailler en mettant en vidence ce qui a permis l'agriculture naturelle
de produire des crales et, partir ce cette comprhension nouvelle, tendre cette mthode toutes
les cultures.
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Bibliographie
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