RDP1
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RDP1
JEAN DELEUZE
Rdacteur en chef
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ISSN: 0035-2640 - Dpt lgal parution
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Abonnement France 1an: 180euros
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Tl.: 01 55 62 69 75; 01 55 62 69 41
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LDITORIAL
Tabagisme: en finir
avec lomerta
THRAPEUTIQUE
O. Bouchaud
dclare avoir particip
des interventions
ponctuelles pour
BMS, Sigma-Tau,
Gilead, GSK, MSD,
Novartis.
FOTOLIA
FRIDA&DIEGO
OLIVIER BOUCHAUD
Service des maladies
infectieuses et
tropicales, hpital
Avicenne, AP-HP et
universit Paris-13Paris Sorbonne Cit,
Bobigny, France
olivier.bouchaud
@aphp.fr
ARTMISININE
ET IVERMECTINE:
12/01/2016 10:49
THRAPEUTIQUE
ARTMISININE ET IVERMECTINE
Artmisinine: une
dcouverte qui drive
de la guerre du Vit-Nam
Lartmisinine est trs exemplaire ce
sujet. Cette molcule a t extraite
dune plante traditionnelle chinoise, le
qinghao ou Artemisia annua (larmoise, plante somme toute assez banale), connue depuis des millnaires
en Chine (on en a trouv la trace dans
un crit datant de 168 avant notre re)
comme fbrifuge. Lastuce de Tu
Youyou, professeure lacadmie de
mdecine traditionnelle de Pkin, a t
de prendre le temps de plonger dans les
textes anciens mais galement dans les
mmoires des vieux tradipraticiens en
parcourant la Chine, pour identifier les
plantes mdicinales qui pourraient
avoir un intrt pour traiter le paludisme. Ctait dans les annes 1960. La
guerre du Vit-Nam battait son plein.
La chloroquine, antipaludique historique, tait devenue si peu efficace du
fait du dveloppement dune rsistance
que les soldats vietnamiens, qui arrivaient tenir tte larme amricaine
en se cachant dans des rseaux de tunnels, mourraient autant de paludisme
que des balles ennemies, les anophles
pullulant dans ces tunnels inonds rgulirement par les pluies. Ho Chi
Minh aurait alors demand de laide
son homologue chinois pour trouver
un mdicament efficace. Le code secret
de ce programme dont hrita Tu
Youyou tait 523 car officiellement
lanc le 23 mai 1967. Pour la petite histoire, les Amricains, qui avaient videmment les mmes besoins, ont dcouvert dans le mme temps la mfloquine
(encore utilise de nos jours notamment en chimioprophylaxie). La deuxime astuce de Tu Youyou a t de reprer, en observant la manire
traditionnelle de prparer les dcoctions fbrifuges, que linfusion se faisait
froid et non dans de leau bouillante
qui dtruit la molcule active qui, une
fois isole, fut appele artmisinine.
Le traitement antipaludique
de rfrence
Du fait dune trs grande rapidit daction lie une demi-vie trs brve effondrant la charge parasitaire en
quelques heures, lartmisinine et ses
drivs sont devenus depuis une quinzaine dannes la rfrence du traitement antipaludique en association
avec une autre molcule de demi-vie
plus longue pour permettre un schma
thrapeutique qui se limite 3 jours,
garant dune bonne observance.
Lautre intrt de la molcule est
dtre une des rares qui agit sur les
formes sexues (gamtocytes) prleves par les anophles, contribuant
ainsi rompre la chane de transmission. Ces bithrapies, communment
connues sous le terme gnrique
dACT pour artemisinin combined
therapy, ont aussi lavantage de
rendre plus difficile lmergence de
rsistances.3 Dans le paludisme grave,
lutilisation dun driv par voie intraveineuse, lartsunate, a entran une
baisse de mortalit de lordre de 30 %,
ce qui en fait maintenant son traitement de rfrence (y compris videmment en France), dtrnant la bonne
vieille quinine et sa dose de charge.4
Petit clin dil lhistoire, on ne peut
pas ne pas voir la similitude de destin
entre quinine et artmisinine, toutes
deux issues de la pharmacope traditionnelle (amrindienne pour la quinine) et qui ont rvolutionn quelques
deux sicles et demi dcart le traitement de ce flau de lhumanit. En
France, deux thrapies combines
base dartmisinine existent et ont
vocation supplanter lautre antipaludique recommand en premire
ligne, latovaquone-proguanil: lartmther- lumfantrine (Riamet) et plus
rcemment le dihydroartmisininepipraquine (Eurartesim).
Livermectine, dabord
un prlvement
sur un terrain de golf
Lhistoire de livermectine est plus
discrte, mme si son impact sur la
sant publique tropicale est galement considrable. Le champ de recherche de Satoshi Omura au Japon
tait didentifier des bactries pouvant produire des substances utiles en
thrapeutique. Il sest alors intress
des bactries telluriques (dont on
raconte que le prlvement initial
sest fait sur un terrain de golf !) et
notamment Streptomyces avermitilis.
Son institut de recherche ayant des
liens de coopration avec un institut
amricain, un autre personnage entre
dans la danse. Il sagit de William
Campbell, dorigine Irlandaise, qui
identifie une molcule qui semble active appele avermectine. Aprs une
transformation chimique pour accrotre
sa puissance dactivit nat livermectine, qui se rvle tre un antiparasitaire prometteur tout particulirement
vis--vis des helminthes et notamment
des nmatodes (vers ronds).
12/01/2016 10:49
THRAPEUTIQUE
ARTMISININE ET IVERMECTINE
Une arme majeure contre
les filarioses
Initialement dveloppe en mdecine
vtrinaire, livermectine est ensuite
applique la pathologie humaine.7
Outre la strongylodose (anguillulose),
son champ dapplication majeur est
les filarioses. Ces parasitoses transmises par des insectes sont peu
connues mais redoutables par les handicaps quelles entranent et touchent
les trois continents tropicaux bien
que principalement maintenant
lAfrique subsaharienne.
Concernant encore 120 millions de
patients, la filariose lymphatique du
fait de lobstruction des canaux lymphatiques par les filaires adultes se
manifeste par des dmes principalement des membres infrieurs et du
pelvis. Ces dmes apparaissent au
dbut par pousses puis se chronicisent et entranent les fameux lphantiasis parfois monstrueux
(certains se souviennent de cette
photo qui a longtemps hant les
manuels de parasitologie montrant
un patient portant ses bourses dmesures dans une brouette pour pouvoir se dplacer). La morbidit est
considrable par un handicap physique (40 millions de personnes, deuxime cause de handicap dans le
monde) et psychologique.
Lonchocercose, connue aussi sous
le nom de ccit des rivires, a t
une des premires causes de ccit
en Afrique et en Amrique du Sud
DVELOPPER
LA RECHERCHE CONTRE
LES MALADIES NGLIGES
L encore le message est clair. Les
maladies ngliges ou concernant
les populations pauvres du globe ne
bnficient que trs peu des programmes de recherche de lindustrie
pharmaceutique qui prfre pour des
raisons videntes de rentabilit se
concentrer sur des maladies lies
des populations solvables indpendamment de priorits de sant publique. Pourtant, ces deux exemples
de wonder drugs prouvent bien que
pour peu quon se penche sur les questions, des solutions peuvent tre trouves, avec des impacts majeurs sur la
sant publique. En cette priode de
vux, que pourrait-on souhaiter de
mieux que 2016 soit une nouvelle anne de rvlation dune molcule dintrt aussi considrable que lartmisinine et livermectine? V
RFRENCES
1. Thuan NH1, Pandey RP, Sohng JK.
Recent advances in biochemistry
and biotechnological synthesis of avermectins
and their derivatives. Appl Microbiol Biotechnol
2014;98:7747-59.
2. Ho WE, Peh HY, Chan TK, Wong WS.
Artemisinins: pharmacological actions
beyond anti-malarial.
Pharmacol Ther 2014;142:126-39.
3. Visser BJ, Wieten RW, Kroon D, et al.
Efficacy and safety of artemisinin combination
therapy (ACT) for non-falciparum malaria:
a systematic review. Malar J 2014;13:463.
4. Danis M, Jaurguiberry S. Les drivs de
lartmisinine doivent tre, en France,
le traitement de 1re intention de tous
les paludismes P. falciparum simples ou graves!
Rev Prat 2013;63:896-8.
5. Organisation mondiale de la sant.
World malaria report. 2014.
http://bit.ly/1JoQ5IE
6. Winzeler EA, Manary MJ. Drug resistance genomics
of the antimalarial drug artemisinin. Genome Biol
2014;15:544.
7. Crump A, Omura S. Ivermectin, wonder drug from
Japan: the human use perspective. Proc Jpn Acad Ser
B Phys Biol Sci 2011;87:13-28.
8. Horsberg TE. Avermectin use in aquaculture. Curr
Pharm Biotechnol 2012;13:1095-102.
9. Omura S, Crump A. Ivermectin: panacea for resourcepoor communities? Trends Parasitol 2014;30:445-55.
10. Panahi Y, Poursaleh Z, Goldust M. The efficacy of
topical and oral ivermectin in the treatment of human
scabies. Ann Parasitol 2015;61:11-6.
20
B-SFMG-180x61.indd 1
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THRAPEUTIQUE
Grippe. La vaccination est le meilleur moyen de prvention de la grippe. Mais, si
son efficacit chez les enfants et les adultes jeunes en bonne sant est bonne, elle
lest moins dans certains groupes spcifiquement viss par les recommandations
du fait de limmunosnescence ou dun systme immunitaire affaibli.
Lestimation de son efficacit est ainsi difficile, ce qui alimente les controverses.
P. Loubet dclare
avoir t pris en
charge loccasion
de congrs par Pfizer,
Gilead et BMS.
O. Launay dclare
des interventions
ponctuelles pour
Pfizer, GSK, MSD,
SP MSD et Sanofi
Pasteur; et avoir t
prise en charge
loccasion de congrs
par Pfizer, GSK,
MSD, SP MSD,
Gilead et BMS.
FOTOLIA DR_KATERYNA
PAUL LOUBET*, **
ODILE LAUNAY*, **, ***
* Universit
Paris-Descartes,
Sorbonne-Paris-Cit,
Paris, France.
**Inserm, CIC 1417,
Paris, France.
*** Fdration
dinfectiologie,
hpital Cochin,
AP-HP, Paris, France.
paul.loubet@aphp.fr
11
12/01/2016 10:57
THRAPEUTIQUE
VACCINATION ANTIGRIPPALE
du prcdent : si une personne a dj
attrap une grippe prcdemment,
limmunit quelle a acquise cette
occasion la protge au moins partiellement contre cette nouvelle souche ;
les cassuresdans le matriel gntique des virus ; ce phnomne peut
se produire pour les virus de type A,
et tre lorigine dpidmies plus svres. Ces cassures entranent des
changements radicaux des protines
antigniques du virus, avec le remplacement dune protine par une autre,
et donnent naissance un nouveau
virus, totalement diffrent de celui
partir duquel il est n. Dans le cas de
ces nouveaux variants, limmunit
acquise au cours dpisodes grippaux
antrieurs ne protge pas et un vaccin
prpar avec les souches prcdentes
est inefficace. Ce phnomne peut tre
lorigine dune pandmie.
Les modifications gntiques constantes
des virus grippaux imposent dajuster
chaque anne la composition du vaccin
pour y introduire les souches les plus
rcentes en circulation. Aussi, lefficacit du vaccin dpend de lge du patient, de ltat de son systme immunitaire, mais est galement conditionne
par la similitude entre les souches
utilises dans le vaccin (composition
du vaccin fixe en fvrier pour lhiver
suivant) et celles circulant dans lenvironnement au mme moment.
12
Comment valuer
lefficacit vaccinale?
Lefficacit vaccinale du vaccin contre
la grippe est difficile estimer pour
plusieurs raisons. Avant tout, lefficacit vaccinale dpend de ladquation
entre les souches vaccinales et les
souches circulantes. Aussi, lefficacit
vaccinale varie dune anne sur lautre
et il est important de lvaluer sur plusieurs annes pour tenir compte de ces
variations et dune protection pouvant
durer plusieurs annes.
Par ailleurs, le diagnostic de grippe est
le plus souvent un diagnostic clinique
alors que plus de 200 virus respiratoires peuvent tre lorigine dun
syndrome grippal (fivre, maux de
tte, douleurs, toux et coulement nasal). Cette notion est importante lorsquil sagit de souligner la difficult
dinterprtation de la littrature
scientifique. Certaines tudes sintressent limpact de la vaccination
sur la survenue de la grippe prouve
virologiquement, dautres sur la sur-
12/01/2016 10:58
THRAPEUTIQUE
VACCINATION ANTIGRIPPALE
tudes observationnelles sur la vacci
nation antigrippale dans cette population est leffet appel healthy user
effect, savoir que les personnes
ayant un style de vie sain se font plus
frquemment vacciner ; il en rsulte
un effet positif qui est plutt li au
meilleur tat de sant des personnes
vaccines qu la vaccination ellemme. Les mta-analyses du fait des
problmes sus-cits ont exclu la plupart des tudes existantes et de ce fait
nont pas la puissance ncessaire
pour dmontrer une ventuelle efficacit; ce qui ne doit cependant pas
tre interprt comme une preuve
dinefficacit.2-4
Toutefois, lapplication aux tudes de
cohortes de techniques permettant de
contourner les biais a permis de montrer une certaine efficacit de cette
vaccination. En effet, les tudes obser
vationnelles ayant tent de se soustraire diffrents biais, au moyen de
mthodologies complexes, ont rvl
une diminution de 4,6 % de la mortalit totale et une diminution de 8,5 %
des hospitalisations en raison dune
pneumonie ou de la grippe chez les
personnes vaccines ges de plus de
65 ans, par rapport aux personnes non
vaccines.5, 6
En France, des travaux de lInstitut
de veille sanitaire (InVS) ont montr
un impact de sant publique important de la vaccination, avec environ
2 000 dcs vits chaque hiver chez
les plus de 65 ans malgr une couverture vaccinale basse.7 Il est dailleurs
noter quune couverture vaccinale
plus leve permettrait daugmenter
cet impact.
On peut donc admettre que les vaccins
antigrippaux inactivs actuels
confrent une protection partielle
(probablement infrieure 50 %) et
un effet global modeste, en particulier
durant les saisons o la composition
vaccinale nest pas en adquation suffisante avec les virus Influenza cir
culants. Cependant il ressort de ces
lments que la balance bnficerisque de la vaccination reste positive
chez les personnes ges. Cest pourquoi les autorits sanitaires continuent
recommander la vaccination tout
en encourageant le dveloppement de
Personnes obses avec un IMC gal ou suprieur 40 kg/m2, sans pathologie associe ou atteintes dune pathologie autre que celles cites ci-dessus
Personnes sjournant dans un tablissement de soins de suite ainsi que dans un tablissement mdico-social dhbergement quel que soit leur ge
Entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois (rsidant sous le mme toit, la nourrice et les contacts rguliers du nourrisson) prsentant des facteurs
de risque de grippe grave ainsi dfinis : prmaturs, notamment ceux porteurs de squelles type de broncho-dysplasie, et enfants atteints de cardiopathie
congnitale, de dficit immunitaire congnital, de pathologie pulmonaire, neurologique ou neuromusculaire ou dune affection longue dure (cf. supra)
N.B. Pour les personnes qui nont pas reu linvitation de lAssurance Maladie, un bon de prise en charge vierge est tlchargeable par les professionnels de sant
sur votre espace pro (www.ameli.fr, rubrique commande de formulaire)
EN MILIEU PROFESSIONNEL
Professionnels de sant et tout professionnel en contact rgulier et prolong avec des personnes risque de grippe svre
Personnel navigant des bateaux de croisire et des avions et personnel de lindustrie des voyages accompagnant les groupes de voyageurs (guides)
fois il apparat queles soignants constituent un groupe dont le risque dinfection grippale est probablement
suprieur celui de la population gnrale.9 La vaccination prsente pour eux
un intrt individuel dautant que lefficacit vaccinale est largement dmontre chez les adultes jeunes en bonne
sant. De plus, les infections grippales
nosocomiales, qui ne sont pas rares et
peuvent avoir une ltalit jusqu 60 %
chez les immunodprims, ont souvent
les soignants comme origine et peuvent
avoir des consquences graves notamment en milieu hospitalier.10 Enfin,
plusieurs tudes ont dmontr une
protection indirecte des patients avec
notamment une association entre vaccination du personnel et baisse de la
mortalit toute cause et baisse des syndromes grippaux chez les rsidents de
centres de long sjour.11
Trois mta-analyses ont repris les
tudes sur le sujet avec pour objectif de
comparer le risque li la grippe chez
les patients les plus risque dinfections respiratoires (constitus majori-
Tableau
Daprs la rf. 1.
13
12/01/2016 10:58
THRAPEUTIQUE
VACCINATION ANTIGRIPPALE
tairement de patients gs de plus de
65 ans) au sein dinstitutions selon que
le personnel tait ou non vaccin.11-13
Pour tous les critres considrs, la direction de leffet allait toujours dans le
sens dun effet de la vaccination du personnel sur les patients. Toutefois, ces
analyses sont critiquables dans leurs
critres de slection des tudes retenues dans la mta-analyse ainsi que
dans le choix de leurs critres de jugement. En particulier, la plupart des
tudes slectionnes ont t ralises
dans des institutions de personnes
ges habituellement bien vaccines et
ne sont pas extrapolables au milieu
hospitalier o les patients risque sont
rarement vaccins.
Au vu des ces informations, la vaccination est recommande pour les professionnels de sant et tout professionnel
en contact rgulier et prolong avec des
personnes risque de grippe svre.
RFRENCES
1. Grippe saisonnire - Information
des professionnels de sant Ministre des Affaires sociales,
de la Sant et des Droits des
femmes - www.sante.gouv.fr.
http://www.sante.gouv.fr/grippesaisonniere-information-desprofessionnels-de-sante.html
2. Osterholm MT, Kelley NS,
Sommer A, Belongia EA. Efficacy
and effectiveness of influenza
vaccines: a systematic review
and meta-analysis. Lancet Infect
Dis 2012;12:36-44.
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Al-Ansary LA, Ferroni E,
Thorning S, Thomas RE. Vaccines
for preventing influenza in the
elderly. Cochrane Database Syst
Rev [Internet]. Hoboken (NJ) :
14
12/01/2016 10:58
J EAN-CLAU DE DU P ONT*
jeanclaude.dupont@curie.fr
PATRICIA B LANC**
imagineformargo@gmail.com
FRANOIS DOZ***
francois.doz@curie.fr
EN DBAT
Dans un contexte qui doit tre favorable la recherche de nouveaux mdicaments
et, tenant compte de lincertitude du bnfice dun nouveau traitement,
des garde-fous thiques doivent simposer.
16
* Directeur adjoint
de la chaire
Hospinnomics
(conomie de la
sant, AP-HP
et cole dconomie
de Paris).
** Prsidente
de lassociation
Imagine for Margo
(http://imagine
formargo.org/).
*** Pdiatre
oncologue,
dpartement
doncologie
pdiatrique,
adolescents, jeunes
adultes (DOPAJA),
et directeur dlgu
de la recherche,
ensemble hospitalier
de linstitut Curie;
professeur de pdiatrie,
facult de mdecine
Paris-Descartes,
Paris, France.
12/01/2016 11:05
EN DBAT
de ses parents, peut toujours refuser de participer un
essai. En toute hypothse, il ne peut tre pass outre
leur refus [des mineurs] ou la rvocation de leur acceptation (code de sant publique, art.L1122-2).
Comment faire de cette contrainte lgale forte
autre chose quun vu pieux ou quune source dincomprhensions, voire de tensions, en pdiatrie? Les
essais prcoces en cancrologie pdiatrique vhiculent
souvent un espoir important de la part des familles et
des soignants, ft-ce dune rponse tumorale transitoire. Quand la maladie est de mauvais pronostic ou
quand les traitements de premire ligne ont chou, la
tentation de lessai peut tre trs forte, irrsistible de
part et dautre, voire oppressante. Dans ce contexte,
soit lenfant ne peut pas dire non,9 soit son non peut
tre synonyme de rupture dalliance et de conflit.10 Ici,
il apparat combien le rle de linvestigateur plus
forte raison quand il est avant tout le mdecin de cet
enfant nest pas de recruter mais dabord de bien soigner et le bon soin peut passer par la proposition dinclusion dans un essai thrapeutique innovant. Cela signifie de communiquer la famille que le choix quelle
doit oprer est une dcision commune, consensuelle au
sein de la cellule familiale, et que la mauvaise dcision,
cest la dcision unilatrale. Dcider ensemble cest,
pour la famille, affirmer une solidarit et des valeurs,
par exemple de lutte rsolue face la maladie, qui
structurent lidentit commune et lestime de soi de
chacun des membres.11 Dcider ensemble cest aussi,
pour les parents, associer leur grand enfant ou adolescent aux dcisions qui le concernent et continuer de le
former lautonomie, de la mme manire que dans les
autres domaines de la vie.12 Mais des parents dmunis,
qui ont le sentiment de ne pas avoir le choix, dcideront
seuls non par autoritarisme mais par sentiment dimpuissance et par volont, nanmoins, dassumer la responsabilit de la dcision sans en imputer le poids
leur enfant. Pour cette raison, bien soigner implique
aussi parfois de ne pas recruter, cest--dire de mnager
aux familles une alternative relle la participation,
travers un traitement appropri des symptmes douloureux et dinconfort, toujours ncessaire, voire de
traitements anticancreux dont laction transitoire sur
la maladie peut tre bnfique. Dans ces conditions,
linvestigateur peut mnager aux familles la libert et
la force de dire non13 car le choix y compris de participer peut alors reflter des valeurs auxquelles patients et parents adhrent, et non une sorte de saut
dans linconnu. Il faut pour cela sortir du dilemme de
la maison en feu o tous les risques seraient permis,
sans autre chappatoire: donner aux enfants et aux
adolescents des molcules exprimentales hors rationnel scientifique ou hors essai peut nuire trs gravement
leur qualit de vie et une prise en charge approprie
de la maladie, alors mme quils ne peuvent pas ne
serait-ce que lgalement dcider pour eux-mmes.
Ds lors quun rationnel scientifique existe, laccs la
EN TOUTE
HYPOTHSE,
IL NE PEUT TRE
PASS OUTRE
LEUR REFUS
[des mineurs]
OU LA
RVOCATION
DE LEUR
ACCEPTATION.
J.-C. Dupont
et P. Blanc dclarent
navoir aucun lien
dintrts.
F. Doz dclare tre
investigateur dessais
cliniques pour
Novartis, Boehringer
Ingelheim, Bayer,
Roche, Genzyme/
Sanofi,
GSK et Celgene;
avoir fait un rapport
dexpertise pour
Novartis, des activits
de conseil pour
Celgene, Novartis
et Loxo Oncology,
une confrence
pour Sandoz, et des
actions de formation
pour Boehringer
Ingelheim; et avoir
t pris en charge
loccasion de
dplacements pour
congrs par Novartis.
17
12/01/2016 11:05
EN DBAT
lactivation de cet oncogne est galement observe dans
certaines tumeurs de lenfant (lymphome anaplasique
grandes cellules, certains neuroblastomes): le premier
inhibiteur dALK a t exempt de PIP en Europe alors
quil a pu faire lobjet dun dveloppement prcoce chez
lenfant aux tats-Unis, permettant dobserver demble
des rponses dans ces deux pathologies. Par ailleurs,
les PIP ne peuvent eux seuls couvrir tous les besoins
de financement du dveloppement de nouveaux mdicaments en cancrologie pdiatrique.
Le financement de la recherche connat lheure
actuelle des bouleversements majeurs lis aux volutions scientifiques mentionnes. Le schma traditionnel est celui de larges populations de patients et de
grands laboratoires rpartissant le risque sur un important portefeuille de molcules; dans ce schma, les
critres dinclusion sont gnriques (ge, pathologie, stade de gravit, etc.). Lavnement de la mdecine de prcision bouleverse cet quilibre en visant
le dveloppement de molcules ddies des sousgroupes de patients dtermins selon leur profil gntique ou le profil biologique de la tumeur. Cela signifie
dabord quil ne faut pas seulement financer la participation de la personne soigne mais, en amont, payer
aussi les analyses pour dterminer si elle est ligible;
le cot de ces analyses baisse, mais la recherche en
cancrologie pdiatrique doit en tenir compte car elle
repose essentiellement sur des fonds publics. Ensuite,
se pose une srie de questions autour des modalits de
financement dune recherche de pointe sur des populations rduites. Le risque financier est-il supportable, a fortiori pour des acteurs plus petits comme les
RFRENCES
1. Doz F, Lacour B, Clavel J, et al.
Cancrologie de lenfant.
Rev Prat 2014;64:1263-91.
2. Doz F, Marvanne P, FagotLargeault A. The person in
personalised medicine.
Eur J Cancer 2013;49:1159-60.
3. Kodish E. Pediatric ethics
and early-phase childhood cancer
research: conflicted goals and the
prospect of benefit.
Account Res 2003;10:17-25.
4. Kumar A, Soares H, Wells R,
et al. Are experimental treatments
for cancer in children superior to
established treatments?
Observational study of randomised
controlled trials by the Childrens
Oncology Group. BMJ
2005;331:1295.
18
Remerciements
J.-C. Dupont
a t soutenu
par le programme
europen FP7
(FP7-HEALTHF2-2011 Grant
no 261474)
pour la ralisation
dun post-doctorat
de 2011 2015,
dans le cadre du
rseau dexcellence
ENCCA (European
Network for Cancer
in Children and
Adolescents)
http://www.encca.eu/
12/01/2016 11:05
LAURENCE PELAGE*
lpelage@gmail.com
CAMILLE LE RAY
camille.le-ray@aphp.fr
PIETRO SANTULLI**
pietro.santulli@aphp.fr
EN DBAT
Le recours une fcondation in vitro avec don dovocytes, encore marginal,
augmente avec les volutions socitales. Les couples qui lenvisagent doivent
tre informs des risques materno-ftaux qui lui sont associs, mais le manque
de donneuses dovocytes en France favorise un tourisme procratif
ltranger avec ses drives potentielles.
LAURENCE PELAGE*
PIETRO SANTULLI**
CAMILLE LE RAY*
* Maternit
Port-Royal,
hpital Cochin,
DHU risques
et grossesse, AP-HP;
Inserm UMR 1153,
quipe de recherche
en pidmiologie
obsttricale, prinatale
et pdiatrique
(EPOP), centre
de recherche
pidmiologie
et statistique
Sorbonne-Paris-Cit,
Paris, France.
** Dpartement
de gyncologie
obsttrique II
et mdecine
de la reproduction,
hpital Cochin,
AP-HP; laboratoire
dimmunologie,
EA 1833, Inserm,
unit de recherche
U1016, facult
de mdecine,
institut Cochin,
CNRS (UMR8104),
universit
Paris-Descartes,
Sorbonne-Paris-Cit,
Paris, France.
19
DON DOVOCYTES
EN DBAT
autre couple qui bnficiera des ovocytes. Cette dmarche est non obligatoire mais a lintrt de rduire
les temps dattente parfois trs longs. En France, le don
dovocytes est destin des couples htrosexuels en
ge de procrer sans mention de limite dge claire et
dont linfertilit a t mdicalement constate. Il est
demand aux couples receveurs de signer un consentement au don dovocytes devant un tribunal de grande
instance ou un notaire. La prise en charge par lassurance maladie est assure jusqu 43ans au nom de
linfertilit du couple.
20
Ovocyte mature.
semblable celle dune FIV autologue. Une stimulation
ovarienne est ralise laide de gonadotrophines pendant 10 12jours afin de recueillir plusieurs follicules
matures, sous couvert dun monitorage de lovulation
biologique et chographique. Par la suite, ces ovocytes
matures sont rcuprs dans le liquide folliculaire
grce une ponction ovocytaire choguide par voie
transvaginale. Selon les habitudes du centre, les ovocytes prlevs sont ensuite confis au laboratoire qui,
soit ralise immdiatement la FIV (si la receveuse a
reu une prparation endomtriale synchrone et que
le sperme de son conjoint a pu tre recueilli), soit les
conserve par vitrification pour une ralisation ultrieure de la FIV.
Les complications potentielles de ce traitement ont
t pralablement expliques la donneuse. Les principaux risques encourus sont celui de lhyperstimulation ovarienne, le risque anesthsique et les risques
associs la chirurgie (lsions dorganes, hmorragie,
infection).
DON DOVOCYTES
EN DBAT
couple (couleur de peau, de cheveux et des yeux), du
statut srologique vis--vis du cytomgalovirus et si
possible de leur groupe sanguin.
Le traitement de la receveuse est conditionn par
son statut hormonal. En cas dinsuffisance ovarienne,
un traitement hormonal substitutif par estrognes est
prescrit, et lpaisseur endomtriale, lment pronostique principal, est value rgulirement par des
chographies pelviennes. Un traitement progestatif
est dbut le soir mme de la ponction de la donneuse.
En labsence dinsuffisance ovarienne, un traitement
par agoniste de lhormone de libration des gonadotrophines hypophysaires est institu pour prvenir une
maturation endomtriale trop prcoce.
En cas de traitement synchrone, le transfert dembryons est ralis en frais 48 72heures aprs la
ponction. Les embryons sont placs dans la cavit utrine laide dun cathter souple sous contrle chographique. En France, les recommandations de bonnes
pratiques sont de ne pas placer plus de deux embryons
par transfert et de nen placer quun en cas de pathologie
maternelle chronique. La stratgie de prvention des
grossesses multiples tend favoriser de plus en plus les
transferts mono-embryonnaires.2
21
DON DOVOCYTES
EN DBAT
dcrit ce jour. Dune part, on peut suspecter que laugmentation du risque de prclampsie, de grossesse
multiple et daccouchement par csarienne associ au
don dovocyte soit en cause dans cette association.
Dautre part, un risque augment danomalie dinsertion
placentaire a t dcrit jusqu 6fois plus lev en
cas de FIV quen cas de grossesse spontane et pourrait
expliquer laugmentation du risque dhmorragie du
post-partum associ au don dovocytes.15
Daprs les donnes de la littrature scientifique,
le risque de csarienne est augment en cas de don
dovocytes9, 14, 16 dun facteur valu 2,5. La part des
indications de csarienne attribuable aux grossesses
multiples17 ainsi qu lge maternel avanc (plus frquent en cas de don dovocytes) est considrer dans
cette association.
En amont du don dovocytes, certaines patientes
ont des pathologies chroniques graves pour lesquelles
une valuation prconceptionnelle est indispensable
et recommande. Par exemple, dans le cas du syndrome
de Turner, une valuation cardiaque est fondamentale.
Sur-risque de prmaturit?
Quelle que soit lorigine des ovocytes, des complications ftales et nonatales associes la FIV ont t
dcrites. Concernant spcifiquement le don dovocytes,
un sur-risque de prmaturit10, 14 et de petit poids de
naissance11 associ au don dovocytes a t dcrit en
comparaison de grossesses issues de FIV avec ovocytes
autologues. Mais la littrature scientifique nest pas,
ce jour, consensuelle; en effet, pour certains auteurs,
le risque de prmaturit sexplique par la prmaturit
RFRENCES
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in vitro fertilization
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Am J Epidemiol
2001;154:1043-50.
es technologies numriques
imprgnent massivement
et parfois brutalement
lconomie et la socit. La
mise au point par Intel du premier
circuit intgr date de 1971, mais
cest entre 1994 et 2000 que les technologies numriques se sont vritablement installes, la faveur
dun premier cycle de bulles financires qui ont pris le relais des
dpenses publiques pour financer
les infrastructures ncessaires
et permettre les premiers usages
grand public. Aprs lclatement de
la bulle Internet en 2000, les technologies numriques se sont progressivement dployes et ont cr
de nouveaux rgimes de valeur. Des
filires industrielles entires ont
t remanies. Toutefois, les industries de la sant nont pas encore t
transformes par les technologies
numriques. Leur pntration y est
plus lente pour plusieurs raisons
connues: la rgulation forte du
march, la bureaucratie, le conservatisme de certaines parties prenantes, la rigidit des modles
de paiement. De plus, la sant est
considre comme un bien suprieur qui doit tre scuris, ce qui
a frein certaines initiatives.
Quels objectifs?
En observant le paysage numrique
global, on distingue trois types de produits qui sadressent trois types de
publics et qui poursuivent trois objectifs. Les trois types de produits sont
les applications pour mobiles (smartphones), les logiciels et les offres
de services (dans lesquelles les >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
25
Remplacer la consultation
avec un praticien
Les entreprises concer nes se
concentrent sur certaines tches qui
pourraient chapper au mdecin.
Elles proposent une aide au diagnostic, la gestion quotidienne ou au
traitement de certaines maladies.
titre dexemple, on citera Omada
Health qui offre un programme digitalis de prvention du diabte, ou
Dermoscreen, une application mobile
qui vise dtecter les cancers de la
peau. Ces entreprises dveloppent
souvent des algorithmes et font le
pari quen remplaant le mdecin
ou en rduisant les consultations
ncessaires, elles ont le potentiel
dtre plus performantes en termes
devidence-based medicine, dtre
moins chres et plus pratiques pour
les patients. Peu dentreprises de ce
type existent en France par rapport
aux tats-Unis.
Les faiblesses,
les obstacles
et les incertitudes
Dpasser le bien-tre et
aller vers une prise en charge
des vrais malades
Beaucoup doffres actuelles portent
sur le bien-tre, proposant des rgimes
alimentaires, des programmes dactivit physique ou de coaching. Les
entreprises ayant dvelopp ces
technologies sadressent surtout
aux personnes bien portantes et aises
financirement qui reprsentent un
march plus solvable pour elles mais
on manque de solutions pour les patients malades ou pour ceux avec peu
de moyens financiers alors que le potentiel du numrique y serait trs utile.
Rguler
Le rle premier de la rgulation est de
protger les populations mais tous
les rgulateurs revendiquent une
responsabilit dans la promotion de
linnovation.12 ce jour, il existe schmatiquement deux possibilits: soit
les technologies numriques ne sont
pas sous le rgime rglementaire, soit
elles sont considres comme des dispositifs mdicaux, de classe variable.
Ladaptation des rgulateurs ce produit dun nouveau genre est une condition essentielle au dveloppement de
linnovation tout en prservant la
scurit des patients.13 Les enjeux de
confidentialit sont dune importance
majeure. Le respect de lintimit
des usagers est indispensable et un
compromis avec une valorisation
des donnes, souvent recherche par
les entreprises, doit tre trouv.
** La destruction
cratrice est
un mcanisme
luvre dans
les conomies
de march,
qui engendre
simultanment
la disparition
de secteurs dactivit
conomique et la
cration de nouvelles
activits grce
linnovation opre
par les entrepreneurs
performants. Elle
a t formule et
surtout diffuse par
Joseph Schumpeter,
conomiste autrichien.
27
28
RFRENCES
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4. Kocher R, Roberts B. Why so many
new tech companies are getting into
health care. Harvard Business Review,
need for a better cost control, for therapeutic innovation and the
generalized connectivity appear to be the three main driving
factors. Digital companies invent applications for mobile phone,
software and services that aim to enable physician practices, to
substitute to medical advice and to reduce the need for hospitalizations through better management and prevention. There are
still weaknesses, hurdles and uncertainties yet it is likely that
the medical community will benefit from digital deployment in
the long run. To make it happen, we will need to involve ourselves into the conception of digital solutions and to contribute to
the needed changes regarding our business models.
29
DOSSIER
SCLROSE
EN PLAQUES
Coll. C. PAPEIX
DOSSIER LABOR
SELON LES CONSEILS
SCIENTIFIQUES
DU DR OLIVIER GOUT
service de neurologie,
Fondation
ophtalmologique
Adolphe de Rothschild,
Paris, France
ogout@
fo-rothschild.fr
L
SOMMAIRE
e diagnostic de sclrose en plaques repose sur la notion dune atteinte neurologique vocatrice dun vnement inflammatoire et dmylinisant du systme
nerveux central et dune dissmination spatiale et temporelle de lsions de la
substance blanche, dissmination qui peut tre montre par limagerie par rsonance magntique (IRM) ou par la clinique. Le diagnostic nest retenu quaprs
exclusion des diagnostics diffrentiels. Lvolutivit de la maladie tant difficilement
prvisible au niveau individuel, la dcision de traiter est souvent prise tt. Le suivi du
patient, clinique et par lIRM, permet dorienter au mieux les stratgies thrapeutiques.
Lobjectif du traitement est de prvenir lapparition d'un handicap qui peut tre physique
ou cognitif. Olivier Gout
f P.
f P.
31
SCLROSE EN PLAQUES
pidmiologie de la sclrose en plaques et nouveaux critres
diagnostiques
32
Figure 1. PRVALENCE DE LA
SCLROSE EN PLAQUES EN
FRANCE EN 2004. Les dpartements
en rouge correspondent aux
dpartements ayant une prvalence
suprieure au niveau moyen
franais; ceux en vert sont ceux o la prvalence est infrieure au
niveau moyen franais. Daprs la rf. 5.
principaux systmes dassurance maladie de notre pays
(dont la Caisse nationale dassurance maladie des travailleurs salaris [CNAM-TS], la Mutualit sociale agricole [MSA], et le Rgime social des indpendants [RSI])
et du Programme de mdicalisation des systmes dinformation (PMSI). Un bnficiaire tait considr comme
un cas de SEP sil tait dclar en affection longue dure
pour SEP (ALDn25), sil avait reu une prescription
dau moins un traitement spcifique de la SEP (interfron
bta, actate de glatiramre, fingolimod, natalizumab),
sil recevait une pension dinvalidit pour la SEP ou sil
avait au moins un sjour hospitalier avec un diagnostic
principal reli ou associ au code CIM-10 G35, cest--dire
SEP. Les rsultats montrent que les sources didentification des cas ne se chevauchent pas compltement,
linstar de ce qui avait t montr dans une tude conduite
SCLROSE EN PLAQUES
CRITRES DIAGNOSTIQUES 2010 DE SCLROSE EN PLAQUES
Tableau clinique
Aucune
Il est cependant souhaitable que tout diagnostic de SEP soit fait avec des donnes dimagerie
Si limagerie et les autres tests (LCR par exemple) sont ngatifs, le diagnostic de SEP ne doit
tre retenu quavec une extrme prcaution, et des diagnostics alternatifs doivent tre envisags
Tableau 1. IgG: immunoglobulines de type G; IRM: imagerie par rsonance magntique; LCR: liquide cphalo-rachidien; SEP: sclrose en plaques.
Adapt daprs la rf. 13.
rcemment en Lorraine avec une mthode de capturerecapture.3 Par ailleurs, un gradient croissant SudOuest/Nord-Est de la prvalence a t observ dans cette
tude, confirmant les rsultats de deux tudes antrieures (fig.1).4, 5 La premire tude4 portait seulement sur
la MSA et avait estim une prvalence globale de 65 pour
100000 au 1 er janvier 2003. Dans la seconde tude, 5
49417cas de SEP avaient t recenss au 31 octobre 2004
partir des donnes dALD du rgime gnral (CNAMTS), soit une prvalence brute de 94,7 pour 100000. La
comparaison des taux et des effectifs entre 2003, 2004 et
2012 montre une forte augmentation. On peut se demander si le diffrentiel est uniquement li la mthode (une
source unique [ALD] versus de multiples sources [dont
ALD]) ou sil correspond galement une relle augmentation de la frquence de la maladie dans notre pays. >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
33
SCLROSE EN PLAQUES
1,0
0,9
Probabilit de survie
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
Survie observe
Survie attendue
0,3
0,2
0,1
0,0
0
10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70
Annes depuis le dbut clinique de la SEP
34
SCLROSE EN PLAQUES
Phase de pousses
SEP rmittente-rcurrente
Phase progressive
SEP secondairement
progressive
Tableau 2. IRM: imagerie par rsonance magntique; SEP: sclrose en plaques. Adapte de la rf. 17.
tronc crbral) ou mdullaires. Les lsions rcentes
(moins de 1mois) apparaissent rehausses sur les squences pondres en T1 aprs injection de gadolinium.
Le critre de dissmination spatiale est rempli si
lon fait la dmonstration de la prsence de lsions
asymptomatiques dans deux des quatre zones prfrentielles dans la SEP: priventriculaire, sous-tentorielle,
juxtacorticale ou mdullaire.
Dissmination temporelle des lsions. Elle se dfinit
comme la succession dpisodes neurologiques dans le
temps. Elle tmoigne du caractre chronique de la pathologie et doit tre recherche systmatiquement linterrogatoire. Elle peut tre mise en vidence cliniquement
mais aussi lIRM, soit par lapparition de nouvelles lsions
asymptomatiques sur des IRM successives, soit sur lassociation de lsions prenant et ne prenant pas le contraste.
Dans les formes progressives demble, on considre par
dfinition que le critre de dissmination dans le temps
est rempli quand la maladie volue depuis plus dun an.
Analyse du liquide cphalo-rachidien. Elle permet de
mettre en vidence linflammation du systme nerveux
central, en montrant des bandes oligoclonales en immunofixation ou mieux en iso-lectrofocalisation (plus de
90% des SEP) et/ou un taux dimmunogobulines de typeG
(index dIgG) augment (suprieur 0,7) correspondant
une scrtion intrathcale dIgG. Le liquide cphalo-
Un premier dmembrement
La dernire dcade a par ailleurs vu le dmembrement
de ce qui tait auparavant considr comme des formes
cliniques de SEP. La dcouverte en 2005 dun auto-anticorps dirig contre un canal hydrique, laquaporine4,
a permis de distinguer la neuro-opticomylite (NMO) de
Devic de la SEP. Cette affection, cliniquement trs proche
de la SEP, a un tropisme trs particulier pour les nerfs
optiques et la moelle pinire, o elle donne lieu des
lsions tendues que lon ne voit pas classiquement
dans la SEP, avec un pronostic bien plus svre et un >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
35
SCLROSE EN PLAQUES
traitement immuno-actif diffrent. La gnralisation de la
recherche des anticorps anti-aquaporine-4 (anti-AQP4)
chez des patients ayant des tableaux cliniques ou IRM
inhabituels pour une SEP a permis dtendre le spectre
clinique de la neuro-opticomylite.14 Plus rcemment, on a
mis en vidence, surtout chez des enfants, chez des patients
ayant des nvrites optiques ou chez des patients ayant des
neuro-opticomylites sans anticorps anti-AQP4, un nouvel
anticorps contre une protine de surface de la myline,
la myelin oligodendrocyte glycoprotein (MOG).15 Peut-tre
est-on laube de dfinir une nouvelle entit physiopathologique, comme cela a t le cas pour les AQP4?
RSUM PIDMIOLOGIE DE LA
SCLROSE EN PLAQUES ET NOUVEAUX
CRITRES DIAGNOSTIQUES
Ces dernires annes ont vu des avances dans le domaine
de lpidmiologie et du diagnostic de la sclrose en plaques.
Les donnes de prvalence et dincidence montrent que la
maladie en France est plus frquente quon le croyait,
puisquelle touche environ 100000 personnes, avec environ
5 nouveaux cas par an pour 100000 habitants; lesprance
de vie est en revanche peu modifie. Une meilleure carac-
RFRENCES
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gnosis of multiple sclerosis (MS) in the recent years. Prevalence and incidence data show that MS is more frequent
than expected in France, with 100.000 people affected and
5 new cases each year per 100.000 inhabitants; survival is
only slightly decreased. A better definition of MS has also
been allowed by new diagnostic criteria in 2010, but also
by a modernization of the clinical course classification and
major improvements in the characterization of other disorders in the spectrum of MS, in particular neuromyelitis
optica.
SCLROSE EN PLAQUES
Accompagnement du patient atteint de sclrose en plaques
LISABETH MAILLART,
CAROLINE PAPEIX
Dpartement
des maladies
du systme nerveux,
groupe hospitalier
La Piti-Salptrire,
Paris, France
caroline.papeix
@aphp.fr
. Maillart dclare
des interventions
ponctuelles pour
Roche, Biogen Idec,
Novartis, Genzyme,
Teva et Merck Serono;
et avoir t prise
en charge loccasion
de congrs par Biogen
Idec, Novartis et Teva).
C. Papeix dclare
des interventions
ponctuelles et des
prises en charge
lors de congrs
avec Biogen Idec,
Roche, Teva, Genzyme
et Novartis.
37
SCLROSE EN PLAQUES
dimagerie et biologiques est une deuxime tape ncessaire pour avancer vers un diagnostic plus prcis.
Limagerie par rsonance magntique. LIRM permet
de localiser les lsions responsables des symptmes. Leur
taille, leur localisation, lintensit de leur signal renseignent sur la nature de ces lsions. Dans la sclrose
en plaques, lIRM rvle sur les squences pondres
en T2 des hypersignaux de forme ovode, de taille suprieure 3mm, dissmines dans la substance blanche.
Au niveau encphalique, leur disposition est le plus souvent perpendiculaire laxe des ventricules. Au niveau
mdullaire, les hypersignaux sont surtout observs
ltage cervico-dorsal et le plus souvent de localisation
postrieure. Sur les squences pondres en T1, les
plaques les plus anciennes apparaissent en hyposignal.
Linjection de produit de contraste permet quant elle
didentifier les plaques les plus rcentes.
Ainsi, lIRM encphalique renseigne sur le sige,
le nombre et lge des plaques. Dans certaines situations,
les informations apportes par lIRM manquent de
spcificit, et dautres examens sont ncessaires pour
prciser la nature des lsions.
La ponction lombaire. Elle apporte des informations
sur la composition du liquide cphalo-rachidien (cellularit, biochimie). La recherche de protines spcifiques
de linflammation dans le liquide cphalo-rachidien
renseigne sur ltat inflammatoire du cerveau, des nerfs
optiques et de la moelle pinire. Si le taux de certaines
protines comme les immunoglobulines est augment
dans le liquide cphalo-rachidien, alors quil est normal
dans le sang, cest le signe quil existe une inflammation
au sein du systme nerveux central. On parle alors de
synthse intrathcale dimmunoglobulines.
Lenregistrement des potentiels voqus. Cest un
examen lectrophysiologique qui renseigne sur le fonctionnement des nerfs et en particulier sur la vitesse de
conduction de linflux lectrique, des voies motrices,
sensitives ou visuelles.
Les prlvements sanguins. Ils sont surtout utiles pour
liminer des diagnostics de maladies qui miment la sclrose en plaques, notamment des maladies inflammatoires
gnrales qui affectent le systme nerveux central mais
aussi dautres organes telles que la sarcodose, la maladie
de Behet, le lupus systmique ou le syndrome de Goujerot-Sjgren. Certaines maladies infectieuses sont galement recherches, telles que la maladie de Lyme.
38
Lannonce, un moment
qui ne simprovise pas
Pendant longtemps, le diagnostic de sclrose en plaques
ntait annonc que plusieurs annes aprs les premiers
symptmes, une fois les premires squelles installes.
Cette rticence des quipes soignantes sexplique principalement de deux faons: dune part, par labsence jusqu
il y a peu de possibilits thrapeutiques dans cette maladie, et dautre part, par labsence doutils diagnostiques
performants comme lIRM qui permettent dsormais un
diagnostic prcoce. Depuis la dcouverte, dans les annes
1990, de traitements modifiant lvolution de la maladie,
et lutilisation en routine de lIRM, les mentalits ont
fondamentalement chang. La sclrose en plaques est
devenue une maladie neurologique qui peut tre soigne,
et son diagnostic peut tre port avec certitude ds que
la preuve de la chronicit de la maladie est montre sur
lIRM, soit bien souvent avant lapparition dune nouvelle
manifestation physique de la maladie. Ces avances
mdicales permettent aujourdhui au neurologue dannoncer un diagnostic de certitude en moyenne dans les
2ans qui suivent les premiers symptmes.
Quoi quil en soit, apprendre que lon souffre dune
maladie chronique potentiellement handicapante
est toujours trs douloureux et angoissant. Lquipe
soignante doit donc sassurer, avant lannonce du diagnostic, quun certain nombre de conditions sont remplies. Le diagnostic doit tre certain, il doit seffectuer
au calme en consultation par un neurologue et si possible
en prsence dun proche. La prsence dun proche est
particulirement recommandable car la perplexit
anxieuse qui suit lannonce diagnostique empche le
plus souvent dentendre les explications mdicales, les
paroles rassurantes et les perspectives thrapeutiques
qui sont proposes. Ainsi, en plus de son soutien affectif,
le proche apporte par son coute attentive la possibilit
un peu distance de rediscuter et de reprendre les informations donnes pendant la consultation.
Au cours de cette consultation dannonce, linformation se doit dtre la plus complte et la plus claire
possible, et adapte chaque patient. Un large temps
doit tre consacr aux questions concernant lhistoire
naturelle de la maladie et les traitements prventifs
SCLROSE EN PLAQUES
disponibles. Pour grer au mieux lanxit suscite
par lincertitude volutive, il est capital de garantir au
patient disponibilit et attention. Cette consultation
est parfois insuffisante pour rpondre lensemble des
interrogations que soulve ce diagnostic. Des consultations rapproches sont alors ncessaires. Elles permettent galement de sassurer que les informations
dlivres ou qui ont t retrouves par dautres moyens
dinformation (Internet, associations de malades, lectures) sont pertinentes et nont pas t mal interprtes.
En effet, aprs une annonce diagnostique de sclrose
en plaques, il est lgitime que le patient cherche des informations sur Internet, mais il faut le mettre en garde
sur le fait que les explications trouves sur la Toile sont
pour certaines pertinentes mais pour dautres parfaitement inexactes. Sur certains sites, une image exagrment dramatique de la maladie est vhicule; linverse, dautres laissent de faux espoirs sur des traitements ou des rgimes non valids. Il est donc important
de conseiller aux patients de naviguer sur des sites
dont les informations dlivres sont valides par des
professionnels de sant. Au-del de lannonce diagnostique, la proposition de traitement modifiant lvolution
de la maladie suscite aussi de nombreuses interrogations, et le patient peut tre orient vers des sminaires
dinformation et dducation thrapeutiques qui sont
dj en place dans certains services de neurologie, au
sein des rseaux rgionaux de soin ou proposs par
des associations runissant patients et mdecins.
Consultations de neurologie et
consultations multidisciplinaires
La sclrose en plaques est une maladie chronique invalidante qui justifie un suivi semestriel en consultation
de neurologie. Ces consultations ont pour principal
objectif dvaluer lvolution du handicap neurologique,
* Conformment
la dfinition
de lOrganisation
mondiale de la
sant aux travaux
de la Haute Autorit
de sant et de
lInstitut national
de prvention
et dducation
pour la sant.
Vol. 66 _ Janvier 2016
39
SCLROSE EN PLAQUES
sant, personnels mdico-sociaux et sociaux ncessaires.
Le PPS comprend le plan de soins et le plan daide. Le cas
chant, il peut inclure un plan dducation thrapeutique.
[]. Le mdecin traitant doit participer llaboration ou
la validation du PPS.
De concert avec le neurologue, le mdecin traitant
assure un suivi conjoint avec les soins de premier recours:
pousses, dpistage des effets indsirables (par exemple,
cytolyse ou lymphopnie sous traitements immunomodulateurs). Il intervient aussi pour la prescription des
traitements vise symptomatique. Il assure une mission
daccompagnement du patient tout au long de la pathologie, avec diffrentes questions: insertion professionnelle,
grossesse, vie de famille... Enfin, en collaboration avec les
diffrents acteurs de sant, il participe la prise en charge
multidisciplinaire du patient handicap.
LINDISPENSABLE COLLABORATION
La sclrose en plaques est une maladie neurologique
chronique invalidante dont les manifestations cliniques
sont polymorphes. Des premiers signes jusquaux
stades plus volus de la pathologie, en passant par lannonce diagnostique, une collaboration troite est indispensable entre les diffrents acteurs de soins, spcialement le mdecin traitant et le neurologue. V
FOCUS
AYMAN TOURBAH
Service de neurologie,
CHU de Reims,
universit de Reims
Champagne-Ardenne,
Reims, France
atourbah@
chu-reims.fr
A. Tourbah dclare
avoir reu des aides
la recherche et des
invitations lors de
congrs runions et
symposium de la part
de Medday, Biogen
Idec, Sanofi-Genzyme,
Novartis, Merck
Serono, Teva Pharma,
et Roche.
40
RFRENCES
1. Polman CH, Reingold SC, Banwell B, et al. Diagnostic criteria
for multiple sclerosis: 2010 revisions to the McDonald criteria.
Ann Neurol 2011;69:292-302.
SCLROSE EN PLAQUES
Syndrome
radiologique
isol
Sexe masculin
ge 37 ans
Lsion mdullaire
P1
10-20 ans
Nb lsions en T2
Lsions Gd+
Atrophie?
Charge lsionnelle en T2
Activit IRM
Atrophie
Pousses
Svrit
Localisation
Rcupration
Pousses
EDSS
EDSS
EDSS
Phnotype
Figure. DONNES ACTUELLES CONCERNANT LES FACTEURS PRONOSTIQUES DE LA SCLROSE EN PLAQUES. Les paramtres initiaux
les plus prdictifs de lactivit de la maladie sont issus de lIRM crbrale. Une activit initiale importante en IRM est prdictive
de lactivit clinique, qui prdit le niveau du handicap et de son volution les deux premires annes. La perte rapide du volume crbral
et le niveau du handicap initial sont deux autres paramtres dterminants.
EDSS: expanded disease status scale; Lsions Gd+: lsions dont le signal est rehauss sur les squences T1 aprs injection
de gadolinium en IRM; Nb : nombre; P1: premire pousse; SEP: sclrose en plaques; Trt: traitement.
* Le sexe fminin
apparat comme
faible risque
de progression
vers le score EDSS 3
en analyse univarie.2
Le sexe masculin
est caractris par
une phase rmittente
plus courte et un
ge plus jeune pour
atteindre le score
EDSS 3 quel que
soit le phnotype
de la maladie.3
41
SCLROSE EN PLAQUES
un dficit rsiduel aprs la premire
pousse (ou un niveau du handicap initial
lev). La dure dvolution de la maladie
augmente aussi le risque datteindre un
niveau de handicap ultrieur lev.
Un autre paramtre issu de lIRM
mais difficile quantifier en routine clinique est latrophie crbrale.5 Lactivit
et la svrit initiales de la SEP sont
prdictives de la stabilit du volume
RFRENCES
1. Okuda DT, Kantarci O, Inglese M,
et al.; Radiologically Isolated
Syndrome Consortium (RISC);
Club francophone de la sclrose
en plaques (CFSEP). Radiologically
isolated syndrome: 5-year risk for an
FOCUS
JEAN PELLETIER
Ple de neurosciences
cliniques, service
de neurologie,
hpital de La Timone,
AP-HM, Marseille,
France
jean.pelletier
@ap-hm.fr
J. Pelletier dclare
des interventions
ponctuelles et des
prises en charge
lors de congrs par
Biogen Idec, Novartis,
Genzyme et Teva.
42
de traitement de linformation et la mmoire de travail sont les plus frquemment perturbes. Ces troubles centrs
sur la mmoire de travail ont t retrouvs tous les stades volutifs de la
maladie. Au stade le plus prcoce de
la maladie (patients valus dans les
suites dun premier vnement dmylinisant inaugural), les perturbations cognitives sont principalement
caractrises par une atteinte du traitement rapide de linformation, de la
mmoire de travail et des fonctions
attentionnelles.3 Au stade plus volu
de la maladie, les perturbations deviennent plus globales et homognes,
responsables dun impact parfois
majeur en termes de handicap.
Quels facteurs confondants?
La fatigue, la dpression et lanxit
sont des symptmes frquemment
rencontrs chez les patients atteints de
SEP. Il nexiste pas de lien significatif
entre la prsence et limportance des
troubles cognitifs, le degr de fatigue,1
SCLROSE EN PLAQUES
mais la fatigue peut modifier les performances des patients de nombreux
tests neuropsychologiques. La dpression est le trouble psychiatrique le plus
frquent chez les patients atteints de
SEP (30-60%). Les troubles dpressifs ne semblent pas non plus corrls
limportance du dysfonctionnement
cognitif mais la dpression, lorsquelle
est svre, influence ngativement les
performances en mmoire de travail et
lors de tches mettant en jeu la vitesse
de traitement de linformation.1
Quels outils dvaluation?
Du fait de leur htrognit, le recours
des tests psychomtriques standardiss, reproductibles et permettant dobtenir des indicateurs sensibles lexistence et lvolutivit de perturbations
cognitives est indispensable. Malheureusement, les diffrents tests tudis
apparaissent peu spcifiques et particulirement sensibles lapprentissage
ou leffet test retest, rendant difficile
leur utilisation dans la pratique courante
et dans le cadre de suivis longitudinaux.
Ces limitations rendent ncessaire
llaboration de nouveaux outils dvaluation capables de mieux caractriser
le type et lvolution de la dtrioration
cognitive dans cette affection. Certains
dentre eux sont en cours dlaboration,
centrs sur des tests informatiss, de
dure suffisamment courte pour pouvoir
tre utiliss comme test de dpistage.4,
5
Des batteries courtes, sensibles et
reproductibles, et permettant dvaluer
les principaux domaines cognitifs frquemment touchs, ncessiteront le
recours un(e) psychologue, de mme
que les batteries extensives. 6 Ces
dernires seront indispensables pour
quantifier limportance des troubles
et leur retentissement, notamment sur
lactivit professionnelle.
Quels liens avec lvolution
de la maladie?
Les rapports entre laggravation des
troubles cognitifs et linvalidit ou la
dure dvolution de la maladie restent
discuts.1, 14, 15 Latteinte cognitive est
toutefois plus frquente et plus marque dans la forme progressive que
dans la forme rmittente.16 Les perturbations cognitives qui surviennent
un stade prcoce de la maladie saggravent frquemment au cours de lvolution mais le fonctionnement cognitif
peut rester normal malgr laccentuation du handicap fonctionnel.17
Quels supports
morphologiques?
Limportance et la localisation des lsions
identifies limagerie par rsonance
magntique (IRM) ne rendent pas ou peu
compte de ltat cognitif des patients.8
Il apparat probable que la charge lsionnelle ne soit quun des lments qui
puisse expliquer la prsence et laggravation des perturbations cognitives. En
particulier, et de faon prvalente par
rapport aux lsions et leur localisation,
latteinte diffuse et prcoce de la substance blanche pourrait avoir un impact
fonctionnel majeur sur la ralisation de
tches cognitives complexes sollicitant
les grandes voies dassociation intra- et
interhmisphriques.8 Latteinte de la
substance grise pourrait par ailleurs tre
un lment dterminant dans lapparition
et lvolution des troubles cognitifs.8
LIRM ne semble donc pas pertinente
pour orienter lvaluation neuropsychologique afin de confirmer la prsence de
troubles cognitifs.
Quelle prise en charge?
Actuellement, aucune thrapeutique
mdicamenteuse na montr une efficacit pour limiter lapparition ou laggravation des perturbations cognitives
dans cette affection. Toutefois, les traitements de fond utiliss dans la prise
RFRENCES
1. Chiaravalloti ND, DeLuca J. Cognitive
impairment in multiple sclerosis.
Lancet Neurol 2008;7:1139-51.
2. Feuillet L, Reuter F, Audoin B et al.
Early cognitive impairment in patients
with clinically isolated syndrome
suggestive of multiple sclerosis.
Mult Scler 2007;13:124-7.
3. Brochet B. Frquence des troubles cognitifs,
valuation et formes de la maladie.
In Defer G, Brochet B, Pelletier J (diteurs).
Neuropsychologie de la sclrose en plaques.
Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson,
2010:59-70.
43
SCLROSE EN PLAQUES
Nouveaux mdicaments, incidence sur la stratgie de prise
en charge de la sclrose en plaques
Triflunomide (Aubagio)
Le triflunomide est le mtabolite actif du lflunomide,
molcule commercialise depuis 1999 dans la polyarthrite rhumatode (Arava). Il inhibe la synthse denovo
de la pyrimidine en bloquant une enzyme, la dihydroorotate dhydrognase, ce qui restreint la prolifration
des lymphocytesT et B activs et des cellules fort taux
de rplication. Il est indiqu la posologie de 14mg par
44
SCLROSE EN PLAQUES
CARACTRISTIQUES DES POPULATIONS ET DONNES DEFFICACIT DES ESSAIS CLINIQUES VERSUS PLACEBO
Nombre
de patients
ge
Dure
dvolution
EDSS
Avant inclusion
TAP
% de PHC
DMT (%)
TAP
Placebo
DMT
Placebo
DMT
TRIFLUNOMIDE
TEMSO *
1088
38
8,7
2,7
25
1,4
0,54
0,37
27
20
TOWER *, **
1169
38
2,7
32
1,4
0,5
0,32
20
16
DIMTHYL FUMARATE
DEFINE
1234
38
5,4
2,4
40
1,3
0,36
0,17
27
16
CONFIRM
1417
37,3
4,7
2,6
29
1,4
0,4
0,22
17
13
FREEDOMS I
1272
36,7
8,1
2,4
38
1,4
0,4
0,18
24
18
FREEDOMS II
1083
40,1
10,5
2,4
75
1,4
0,4
0,21
29
28
942
36
2,3
1,5
0,73
0,23
29
17
FINGOLIMOD
NATALIZUMAB
AFFIRM
Tableau 1. DMT: disease-modifying therapies ou traitement de la sclrose en plaques; EDSS: expanded disability status scale;
PHC: progression du handicap confirme 12 semaines; TAP: taux annualis de pousse; . : donne non disponible.
* Le diagnostic de pousse ntait pas dfini. Il tait port par le neurologue valuateur, comme en vraie vie. Dans les autres essais, les pousses devaient
sassocier une augmentation du score sur lchelle dincapacit physique EDSS pour tre retenues par un comit indpendant.
** La dure de ltude tait limite 48 semaines.
CARACTRISTIQUES DES POPULATIONS ET DONNES DEFFICACITS DES ESSAIS CLINIQUES VERSUS IFN
Nombre
de patients
ge
Dure
dvolution
EDSS
324
35,9
7,1
Fingolimod (TRANSFORMS #)
1280
35,8
1171
Avant inclusion
TAP
% de PHC
DMT (%)
TAP
IFN
DMT
IFN
DMT
2,1
20
1,3
0,22
0,26
7,3
2,2
56
1,5
0,33
0,16
7,9
6,6 ns
38,9
2,4
100
1,5
0,75
0,34
29
23
563
33
1,8
0,39
0,18
10,6
6,5 ns
(CARE-MS II*, ~)
798
35,1
4,5
2,7
100
1,6
0,52
0,26
13,6
8,6
Ocrlizumab (OPERA I)
821
37
6,5
2,8
27
1,3
0,29
0,15
10,6
6,5
Tableau 2. DMT: disease-modifying therapies ou traitement de la sclrose en plaques; EDSS: expanded disability status scale; IFN: interfron bta;
ns : non significatif ; PHC: progression du handicap confirme 12 semaines; TAP: taux annualis de pousse; : donne non disponible.
* tudes en ouvert.
** Le critre de jugement principal tait composite associant la survenu de pousse et larrt du traitement. Le TAP tait un critre secondaire.
La dure de ltude tait limite 48 semaines.
#
La dure de ltude tait de 1 an.
##
Le groupe trait par natalizumab recevait en ad on de lIFN.
~
La confirmation de la progression du handicap tait ralise 24 semaines, ce qui est une mesure plus valide qu 12 semaines.
** La dure de ltude tait limite 48 semaines.
Vol. 66 _ Janvier 2016
45
SCLROSE EN PLAQUES
PROPORTION DE PATIENTS LIBRES DACTIVIT CLINIQUE ET RADIOLOGIQUE
Traitement
Clinique
Radiologique
Clinique et radiologique
Placebo
DMT
Placebo
DMT
Placebo
DMT
Triflunomide (TEMSO)
43
53
24
40
14
23
49
69
27
45
15
28
Fingolimod (FREEDOMS I)
42
62
21
51
13
33
Natalizumab (AFFIRM)
39
64
14
58
37
IFN
DMT
IFN
DMT
IFN
DMT
Alemtuzumab (CARE-MSI)
56
74
27
39
Alemtuzumab CARE-MSII
41
60
14
32
Ocrlizumab (OPERA I)
29,2
48
25,1
47
Tableau 3. DMT: disease-modifying therapies ou traitement de la sclrose en plaques; IFN: interfron bta.
thylhydrogen fumarate (95mg) est utilis en Allemagne dans le traitement du psoriasis (Fumaderm)
depuis 1994. Le traitement est dbut la dose de 120mg
matin et soir pendant une semaine et poursuivi 240mg
2fois par jour par voie orale. Lefficacit du dimthyl
fumarate a t value, dans deux tudes contre placebo
(DEFINE et CONFIRM)5, 6 [tableaux1 3]. Elles ont montr
une efficacit sur la rduction du nombre de patients
ayant une pousse et sur le taux annualis de pousses.
Les rsultats sur le taux de progression confirm du
handicap taient contradictoires. En revanche, dans les
deux tudes, le dimthyl fumarate rduisait significativement lactivit IRM de la maladie.
Les effets indsirables les plus frquents sont les
bouffes congestives (38-31%), les douleurs abdominales (21%), les diarrhes (15-13%), les nauses (1311%), les vomissements (6%) et le prurit (10%). Les
douleurs abdominales peuvent tre intenses et responsables de larrt du traitement. La prise du traitement
pendant les repas les limite. Laspirine ou les antihistaminiques peuvent rduire les bouffes congestives.
En prsence deffets secondaires gnants il est possible
de revenir la posologie de 120mg pendant 1mois avant
de repasser 240mg. Sur le plan biologique sont rapports des protinuries (9%), une hyperosinophilie au
cours des premiers mois de traitement, une rduction
du nombre des lymphocytes de 30% en moyenne. Trois
cas de leucoencphalite multifocale progressive (LEMP)
ont t rapports depuis la commercialisation du dimthyl fumarate. Une lymphopnie prolonge infrieure
500/mm3, prsente chez 6% des patients, ncessite
larrt du dimthyl fumarate. Une surveillance trimestrielle de lhmogramme, de la cratininmie et de la
46
Natalizumab (Tysabri)
Le natalizumab est un anticorps monoclonal qui reconnat l4 1 intgrine (VLA-4), molcule dadhsion prsente la surface des lymphocytes et monocytes activs.
En se fixant sur le VLA-4, le natalizumab empche le
lymphocyte de traverser la barrire hmato-encphalique. Son administration se fait sous la forme dune
perfusion intraveineuse mensuelle de 300mg. Les tudes
AFFIRM et SENTINEL ont montr une efficacit marque sur les critres defficacit clinique et IRM7,8 (tableaux1 3). Des ractions dhypersensibilit sont observes chez 4% des patients, le plus souvent au cours des
premires perfusions. La prsence d'anticorps anti-natalizumab, lorigine dune diminution de son efficacit,
doit tre recherche en cas de pousse. Leur persistance
aprs 6 semaines conduit larrt du natalizumab. Parmi
les patients traits par natalizumab, 556cas dencphalopathie lie l'infection par le virus JC sont rapports
avec une mortalit estime 24%. Le risque de LEMP a
t stratifi en tenant compte de trois facteurs, la srologie pour le virus JC, le temps dexposition au natalizu-
SCLROSE EN PLAQUES
Abstention thrapeutique
interfron bta
actate de glatiramre
dimthyl fumarate
triflunomide
SEP-RR
svre
natalizumab
fingolimob
mitoxantrone
interfron bta
actate de glatiramre
dimthyl fumarate
triflunomide
Stratgie dinduction
Figure. STRATGIE THRAPEUTIQUE. SEP-RR : sclrose en plaques rcurrente rmittente. Svre : a) 2 pousses invalidantes dans lanne ET b) 1 lsion
prenant le gadolinium (Gd+) ou une augmentation du nombre de lsions T2 significative. Agressive : a) 2 pousses avec squelles au cours des 12 derniers mois
et 1 lsion G+ sur une IRM < 3 mois OU b) une progression de 2 points de lchelle dincapacit physique EDSS au cours des 12 derniers mois et 1 lsion
G+ sur une IRM < 3 mois.
mab et les antcdents de traitement immunosuppresseur. Chez les patients dont la srologie pour le virus JC
est positive, le risque devient trs important aprs 2ans
de traitement, en particulier sils ont t traits par des
immunosuppresseurs, et est estim 1/80patients/an.
La surveillance chez les patients JC positif est rapproche, avec une IRM tous les 6mois et des contrles inter-
47
SCLROSE EN PLAQUES
TABLEAU 4. AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCH DU NATALIZUMAB ET DU FINGOLIMOD
Au moins 1 pousse dans lanne, sous traitement, ET> 9 hypersignaux en T2 ou au moins 1 lsion prenant le gadolinium (Gd+)
Au moins 2 pousses invalidantes dans lanne ET au moins 1 lsion Gd+ ou une augmentation significative en T2
Un non-rpondeur peut galement tre dfini comme un patient dont le taux de pousses na pas chang ou a augment par rapport
lanne prcdente ou qui continue avoir des pousses svres
Fingolimod (Gilenya)
Le fingolimod est un agoniste de quatre des cinq rcepteurs la sphingosine 1-phosphate, dont le rcepteur
sphingosine-1-phosphate-1 (S1P1) prsent sur les lymphocytes. Les rcepteurs S1P1 permettent aux lymphocytes activs de sortir des ganglions lymphatiques
le long d'un gradient de sphingosine-1-phosphate. En
induisant linternalisation des rcepteurs S1P1, le
fingolimod capte les lymphocytes au sein des organes
lymphodes secondaires. Son action nest pas spcifique
et concerne aussi les rcepteurs S1P2 et S1P3 prsents
sur lendothlium vasculaire, les myocytes de latrium,
les muscles lisses bronchiques et vasculaires. Le fingolimod a permis dobtenir une rduction du taux annualis de pousses versus placebo dans les tudes
FREEDOMSI et II, 9-10 et versus INF- dans ltude
TRANSFORM11 (tableaux1 3). Le nombre de patients
ayant une progression du handicap confirme 12
et 24semaines tait plus faible dans le bras trait
par fingolimod dans FREEDOMSI. En revanche cette
rduction ntait pas observe dans FREEDOMSII.
Une efficacit a t observe sur les critres IRM dactivit de la maladie.
La fixation du fingolimod sur les rcepteurs S1P2
et S1P3 est lorigine deffets secondaires:
lexistence de bradyarythmie (frquence cardiaque
<45, bloc atrio-ventriculaire I et II, QT> 450ms) au
moment de lintroduction du traitement impose une
surveillance par scope du rythme cardiaque pendant
6heures. Loubli dune prise pendant les deuxpremires
semaines de traitement ncessite une rintroduction
hospitalire. Il en va de mme pour un arrt de plus de
7jours au cours des 3e et 4esemaines et de plus de 1mois
au-del. Enfin les traitements bradycardisants et antiarythmiques sont contre-indiqus car ils potentialisent
leffet bradycardisant du fingolimod;
la survenue dune hypertension artrielle (6%)
conduit surveiller la pression artrielle plus
rgulirement;
des dmes maculaires peuvent survenir (0,5%), le
plus souvent au cours des troispremiers mois de
traitement, ce qui ncessite la ralisation dune tomographie en cohrence optique avant lintroduction et
aprs 3mois.
Dautres risques sont associs limmunodpression induite par le produit:
des cas de mlanome ont t dcrits pendant les tudes
48
Traitements venir
Alemtuzumab (Lemtrada)
Lalemtuzumab est un anticorps monoclonal humanis
dirig contre la molcule CD52 exprime sur les lymphocytesT et B, les cellules natural killer, les monocytes
et macrophages. Il induit une dpltion prolonge
des lymphocytes associe une modification de leur
rpertoire. LAgence europenne du mdicament a autoris sa commercialisation avec une indication large:
SCLROSE EN PLAQUES
patients adultes atteints dune forme rmittente-rcurrente de sclrose en plaques avec signe dactivit clinique
ou radiologique. Actuellement, il ne peut tre utilis
en France que dans le cadre d'une autorisation exceptionnelle dimportation pour des patients ayant une
maladie agressive sans alternative thrapeutique. Son
efficacit a t dmontre dans les tudes CARE-MSI et
II versus linterfron.12, 13 Les effets secondaires les plus
frquents sont les ractions associes un syndrome
de relargage cytokinique observ chez 90% des patients
et lapparition de pathologie auto-immune (purpura
thrombopnique, pathologie thyrodienne auto-immune, syndrome de Goodpasture).
Ocrlizumab
Locrlizumab est un anticorps monoclonal humanis
dirig contre le CD20. Il a une action cible sur les lymphocytesB CD20+ quil dplte. Il diminue la production
danticorps de cytokines pro-inflammatoires et limite
lactivation des lymphocytesT et des macrophages. Les
rsultats des essais de phaseIII (OPERAI et II), prsents oralement, ont montr la supriorit de locrlizumab sur linterfron tant sur les critres cliniques que
sur les critres IRM. De plus, locrlizumab a montr
une efficacit dans les formes demble progressive, de
SEP, compar un placebo, en rduisant la progression
du handicap.
CONCLUSION
Les nouveaux traitements de fond rcemment commercialiss permettent denvisager un meilleur contrle
de lactivit clinique et radiologique de la maladie du
fait de leur plus grande efficacit (pour les traitements
de 2eligne) et, pour les traitements de 1religne, dviter
les injections sous-cutanes ou intramusculaires.
Ces traitements permettent parfois dobtenir une
rmission clinique et radiologique qui le plus souvent
sarrte linterruption du traitement, soulignant
la ncessit de poursuivre les traitements pour une
dure indtermine. V
Vol. 66 _ Janvier 2016
49
SCLROSE EN PLAQUES
RSUM NOUVEAUX MDICAMENTS,
INCIDENCE SUR LA STRATGIE DE PRISE
EN CHARGE DE LA SCLROSE EN PLAQUES
Actuellement, 10 mdicaments sont approuvs pour le traiementde la
forme rcurrente-rmittente de la sclrose en plaques (SEP). Depuis
2007, quatre nouveaux traitements ont t approuvs et plusieurs seront
bientt commercialiss, notamment de nouvelles formes galniques
auto-injectables dinterfronbta-1a pgyl et dactate de glatiramre.
Bien que ces formes auto-injectables aient une efficacit modre, il a
t montr quils sont srs sur le long terme et capables de retarder la
progression de linvalidit et lentre dans la phase progressive secondaire
de la maladie. Certains de ces nouveaux traitements ont une efficacit
similaire aux plus anciens; dautres sont plus efficaces, mais avec un
risque dvnements indsirables graves. Nous rapportons lefficacit et
les effets indsirables de ces nouveaux mdicaments en rfrence leur
RFRENCES
relapsing multiple sclerosis:
1. OConnor P, Wolinsky JS, Confavreux
a randomised, controlled phase 3
C, et al. TEMSO Trial Group.
trial. Mult Scler 2014;20:705-16.
Randomized trial of oral teriflunomide 4. Miller AE, Wolinsky JS, Kappos L
for relapsing multiple sclerosis.
et al. Oral teriflunomide for patients
N Engl J Med 2011;365:1293-303.
with a first clinical episode suggestive
2. Confavreux C, O'Connor P, Comi G,
of multiple sclerosis (TOPIC):
et al.; TOWER Trial Group. Oral
a randomised, double-blind,
teriflunomide for patients with
placebo-controlled, phase 3 trial.
relapsing multiple sclerosis (TOWER):
Lancet Neurol. 2014;13:977-86.
a randomised, double-blind,
5. Gold R, Kappos L, Arnold DL,
placebo-controlled, phase 3 trial.
et al. DEFINE Study investigators.
Lancet Neurol 2014;13:247-56.
Placebo-controlled phase 3 study
3. Vermersch P, Czlonkowska A, Grimaldi
of oral BG-12 for relapsing
LM, et al.; TENERE trial group.
multiple sclerosis. N Engl
Teriflunomide versus subcutaneous
J Med 2012;367:1098-107.
interferon beta-1a in patients with
6. Fox RJ, Miller DH, Phillips JT, et al.;
CAROLINE BENSA
Fondation
Rothschild,
Paris, France
cbensa@
fo-rothschild.fr
C. Bensa dclare
avoir reu des
honoraires comme
consultante ou pour
des prsentations
et des frais
de congrs de
Biogen-Idec, Teva
Pharma, Genzyme,
Novartis, Merck
Serono et Sanofi
Aventis.
50
DOSSIER
SCLROSE
EN PLAQUES
Coll. C. PAPEIX
DOSSIER LABOR
SELON LES CONSEILS
SCIENTIFIQUES
DU DR OLIVIER GOUT
service de neurologie,
Fondation
ophtalmologique
Adolphe de Rothschild,
Paris, France
ogout@
fo-rothschild.fr
L
SOMMAIRE
e diagnostic de sclrose en plaques repose sur la notion dune atteinte neurologique vocatrice dun vnement inflammatoire et dmylinisant du systme
nerveux central et dune dissmination spatiale et temporelle de lsions de la
substance blanche, dissmination qui peut tre montre par limagerie par rsonance magntique (IRM) ou par la clinique. Le diagnostic nest retenu quaprs
exclusion des diagnostics diffrentiels. Lvolutivit de la maladie tant difficilement
prvisible au niveau individuel, la dcision de traiter est souvent prise tt. Le suivi du
patient, clinique et par lIRM, permet dorienter au mieux les stratgies thrapeutiques.
Lobjectif du traitement est de prvenir lapparition d'un handicap qui peut tre physique
ou cognitif. Olivier Gout
f P.
f P.
31
SCLROSE EN PLAQUES
pidmiologie de la sclrose en plaques et nouveaux critres
diagnostiques
32
Figure 1. PRVALENCE DE LA
SCLROSE EN PLAQUES EN
FRANCE EN 2004. Les dpartements
en rouge correspondent aux
dpartements ayant une prvalence
suprieure au niveau moyen
franais; ceux en vert sont ceux o la prvalence est infrieure au
niveau moyen franais. Daprs la rf. 5.
principaux systmes dassurance maladie de notre pays
(dont la Caisse nationale dassurance maladie des travailleurs salaris [CNAM-TS], la Mutualit sociale agricole [MSA], et le Rgime social des indpendants [RSI])
et du Programme de mdicalisation des systmes dinformation (PMSI). Un bnficiaire tait considr comme
un cas de SEP sil tait dclar en affection longue dure
pour SEP (ALDn25), sil avait reu une prescription
dau moins un traitement spcifique de la SEP (interfron
bta, actate de glatiramre, fingolimod, natalizumab),
sil recevait une pension dinvalidit pour la SEP ou sil
avait au moins un sjour hospitalier avec un diagnostic
principal reli ou associ au code CIM-10 G35, cest--dire
SEP. Les rsultats montrent que les sources didentification des cas ne se chevauchent pas compltement,
linstar de ce qui avait t montr dans une tude conduite
SCLROSE EN PLAQUES
CRITRES DIAGNOSTIQUES 2010 DE SCLROSE EN PLAQUES
Tableau clinique
Aucune
Il est cependant souhaitable que tout diagnostic de SEP soit fait avec des donnes dimagerie
Si limagerie et les autres tests (LCR par exemple) sont ngatifs, le diagnostic de SEP ne doit
tre retenu quavec une extrme prcaution, et des diagnostics alternatifs doivent tre envisags
Tableau 1. IgG: immunoglobulines de type G; IRM: imagerie par rsonance magntique; LCR: liquide cphalo-rachidien; SEP: sclrose en plaques.
Adapt daprs la rf. 13.
rcemment en Lorraine avec une mthode de capturerecapture.3 Par ailleurs, un gradient croissant SudOuest/Nord-Est de la prvalence a t observ dans cette
tude, confirmant les rsultats de deux tudes antrieures (fig.1).4, 5 La premire tude4 portait seulement sur
la MSA et avait estim une prvalence globale de 65 pour
100000 au 1 er janvier 2003. Dans la seconde tude, 5
49417cas de SEP avaient t recenss au 31 octobre 2004
partir des donnes dALD du rgime gnral (CNAMTS), soit une prvalence brute de 94,7 pour 100000. La
comparaison des taux et des effectifs entre 2003, 2004 et
2012 montre une forte augmentation. On peut se demander si le diffrentiel est uniquement li la mthode (une
source unique [ALD] versus de multiples sources [dont
ALD]) ou sil correspond galement une relle augmentation de la frquence de la maladie dans notre pays. >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
33
SCLROSE EN PLAQUES
1,0
0,9
Probabilit de survie
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
Survie observe
Survie attendue
0,3
0,2
0,1
0,0
0
10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70
Annes depuis le dbut clinique de la SEP
34
SCLROSE EN PLAQUES
Phase de pousses
SEP rmittente-rcurrente
Phase progressive
SEP secondairement
progressive
Tableau 2. IRM: imagerie par rsonance magntique; SEP: sclrose en plaques. Adapte de la rf. 17.
tronc crbral) ou mdullaires. Les lsions rcentes
(moins de 1mois) apparaissent rehausses sur les squences pondres en T1 aprs injection de gadolinium.
Le critre de dissmination spatiale est rempli si
lon fait la dmonstration de la prsence de lsions
asymptomatiques dans deux des quatre zones prfrentielles dans la SEP: priventriculaire, sous-tentorielle,
juxtacorticale ou mdullaire.
Dissmination temporelle des lsions. Elle se dfinit
comme la succession dpisodes neurologiques dans le
temps. Elle tmoigne du caractre chronique de la pathologie et doit tre recherche systmatiquement linterrogatoire. Elle peut tre mise en vidence cliniquement
mais aussi lIRM, soit par lapparition de nouvelles lsions
asymptomatiques sur des IRM successives, soit sur lassociation de lsions prenant et ne prenant pas le contraste.
Dans les formes progressives demble, on considre par
dfinition que le critre de dissmination dans le temps
est rempli quand la maladie volue depuis plus dun an.
Analyse du liquide cphalo-rachidien. Elle permet de
mettre en vidence linflammation du systme nerveux
central, en montrant des bandes oligoclonales en immunofixation ou mieux en iso-lectrofocalisation (plus de
90% des SEP) et/ou un taux dimmunogobulines de typeG
(index dIgG) augment (suprieur 0,7) correspondant
une scrtion intrathcale dIgG. Le liquide cphalo-
Un premier dmembrement
La dernire dcade a par ailleurs vu le dmembrement
de ce qui tait auparavant considr comme des formes
cliniques de SEP. La dcouverte en 2005 dun auto-anticorps dirig contre un canal hydrique, laquaporine4,
a permis de distinguer la neuro-opticomylite (NMO) de
Devic de la SEP. Cette affection, cliniquement trs proche
de la SEP, a un tropisme trs particulier pour les nerfs
optiques et la moelle pinire, o elle donne lieu des
lsions tendues que lon ne voit pas classiquement
dans la SEP, avec un pronostic bien plus svre et un >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
35
SCLROSE EN PLAQUES
traitement immuno-actif diffrent. La gnralisation de la
recherche des anticorps anti-aquaporine-4 (anti-AQP4)
chez des patients ayant des tableaux cliniques ou IRM
inhabituels pour une SEP a permis dtendre le spectre
clinique de la neuro-opticomylite.14 Plus rcemment, on a
mis en vidence, surtout chez des enfants, chez des patients
ayant des nvrites optiques ou chez des patients ayant des
neuro-opticomylites sans anticorps anti-AQP4, un nouvel
anticorps contre une protine de surface de la myline,
la myelin oligodendrocyte glycoprotein (MOG).15 Peut-tre
est-on laube de dfinir une nouvelle entit physiopathologique, comme cela a t le cas pour les AQP4?
RSUM PIDMIOLOGIE DE LA
SCLROSE EN PLAQUES ET NOUVEAUX
CRITRES DIAGNOSTIQUES
Ces dernires annes ont vu des avances dans le domaine
de lpidmiologie et du diagnostic de la sclrose en plaques.
Les donnes de prvalence et dincidence montrent que la
maladie en France est plus frquente quon le croyait,
puisquelle touche environ 100000 personnes, avec environ
5 nouveaux cas par an pour 100000 habitants; lesprance
de vie est en revanche peu modifie. Une meilleure carac-
RFRENCES
1. Browne P, Chandraratna D, Angood C,
et al. Atlas of Multiple Sclerosis 2013:
A growing global problem with
widespread inequity. Neurology
2014;83:1022-4.
2. Foulon S, Weill A, Maura G,
Dalichampt M, Debouverie M,
Moreau T. Prvalence de la sclrose
en plaques en France en 2012
et mortalit associe en 2013
partir des donnes du
Sniiram-PMSI. Rev Epidemiol Sante
Publique 2015;63S:S14-S22.
3. El Adssi H, Debouverie M, Guillemin F.
Estimating the prevalence and
incidence of multiple sclerosis
in the Lorraine region, France,
by the capture-recapture method.
Mult Scler 2012;18:1244-50.
4. Vukusic S, Van Bockstael V, Gosselin
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in the prevalence of multiple sclerosis
in French farmers. J Neurol Neurosurg
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Psychiatry 2007;78:707-9.
5. Fromont A, Binquet C, Sauleau EA,
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of multiple sclerosis in France.
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6. Yaouanq J, Tron I, Kerbrat A, et al.
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sclerosis in Brittany (north-western
France), 2000-2001. Acta Neurol
Scand 2015;131:321-8.
7. Fromont A, Binquet C, Sauleau E,
et al. National estimate
of multiple sclerosis incidence
in France (2001-2007).
Mult Scler 2012;18:1108-15.
8. Debouverie M, Pittion-Vouyovitch S,
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sclerosis among women in Lorraine,
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9. Scalfari A, Knappertz V, Cutter G,
Goodin DS, Ashton R, Ebers GC.
Mortality in patients with multiple
gnosis of multiple sclerosis (MS) in the recent years. Prevalence and incidence data show that MS is more frequent
than expected in France, with 100.000 people affected and
5 new cases each year per 100.000 inhabitants; survival is
only slightly decreased. A better definition of MS has also
been allowed by new diagnostic criteria in 2010, but also
by a modernization of the clinical course classification and
major improvements in the characterization of other disorders in the spectrum of MS, in particular neuromyelitis
optica.
SCLROSE EN PLAQUES
Accompagnement du patient atteint de sclrose en plaques
LISABETH MAILLART,
CAROLINE PAPEIX
Dpartement
des maladies
du systme nerveux,
groupe hospitalier
La Piti-Salptrire,
Paris, France
caroline.papeix
@aphp.fr
. Maillart dclare
des interventions
ponctuelles pour
Roche, Biogen Idec,
Novartis, Genzyme,
Teva et Merck Serono;
et avoir t prise
en charge loccasion
de congrs par Biogen
Idec, Novartis et Teva).
C. Papeix dclare
des interventions
ponctuelles et des
prises en charge
lors de congrs
avec Biogen Idec,
Roche, Teva, Genzyme
et Novartis.
37
SCLROSE EN PLAQUES
dimagerie et biologiques est une deuxime tape ncessaire pour avancer vers un diagnostic plus prcis.
Limagerie par rsonance magntique. LIRM permet
de localiser les lsions responsables des symptmes. Leur
taille, leur localisation, lintensit de leur signal renseignent sur la nature de ces lsions. Dans la sclrose
en plaques, lIRM rvle sur les squences pondres
en T2 des hypersignaux de forme ovode, de taille suprieure 3mm, dissmines dans la substance blanche.
Au niveau encphalique, leur disposition est le plus souvent perpendiculaire laxe des ventricules. Au niveau
mdullaire, les hypersignaux sont surtout observs
ltage cervico-dorsal et le plus souvent de localisation
postrieure. Sur les squences pondres en T1, les
plaques les plus anciennes apparaissent en hyposignal.
Linjection de produit de contraste permet quant elle
didentifier les plaques les plus rcentes.
Ainsi, lIRM encphalique renseigne sur le sige,
le nombre et lge des plaques. Dans certaines situations,
les informations apportes par lIRM manquent de
spcificit, et dautres examens sont ncessaires pour
prciser la nature des lsions.
La ponction lombaire. Elle apporte des informations
sur la composition du liquide cphalo-rachidien (cellularit, biochimie). La recherche de protines spcifiques
de linflammation dans le liquide cphalo-rachidien
renseigne sur ltat inflammatoire du cerveau, des nerfs
optiques et de la moelle pinire. Si le taux de certaines
protines comme les immunoglobulines est augment
dans le liquide cphalo-rachidien, alors quil est normal
dans le sang, cest le signe quil existe une inflammation
au sein du systme nerveux central. On parle alors de
synthse intrathcale dimmunoglobulines.
Lenregistrement des potentiels voqus. Cest un
examen lectrophysiologique qui renseigne sur le fonctionnement des nerfs et en particulier sur la vitesse de
conduction de linflux lectrique, des voies motrices,
sensitives ou visuelles.
Les prlvements sanguins. Ils sont surtout utiles pour
liminer des diagnostics de maladies qui miment la sclrose en plaques, notamment des maladies inflammatoires
gnrales qui affectent le systme nerveux central mais
aussi dautres organes telles que la sarcodose, la maladie
de Behet, le lupus systmique ou le syndrome de Goujerot-Sjgren. Certaines maladies infectieuses sont galement recherches, telles que la maladie de Lyme.
38
Lannonce, un moment
qui ne simprovise pas
Pendant longtemps, le diagnostic de sclrose en plaques
ntait annonc que plusieurs annes aprs les premiers
symptmes, une fois les premires squelles installes.
Cette rticence des quipes soignantes sexplique principalement de deux faons: dune part, par labsence jusqu
il y a peu de possibilits thrapeutiques dans cette maladie, et dautre part, par labsence doutils diagnostiques
performants comme lIRM qui permettent dsormais un
diagnostic prcoce. Depuis la dcouverte, dans les annes
1990, de traitements modifiant lvolution de la maladie,
et lutilisation en routine de lIRM, les mentalits ont
fondamentalement chang. La sclrose en plaques est
devenue une maladie neurologique qui peut tre soigne,
et son diagnostic peut tre port avec certitude ds que
la preuve de la chronicit de la maladie est montre sur
lIRM, soit bien souvent avant lapparition dune nouvelle
manifestation physique de la maladie. Ces avances
mdicales permettent aujourdhui au neurologue dannoncer un diagnostic de certitude en moyenne dans les
2ans qui suivent les premiers symptmes.
Quoi quil en soit, apprendre que lon souffre dune
maladie chronique potentiellement handicapante
est toujours trs douloureux et angoissant. Lquipe
soignante doit donc sassurer, avant lannonce du diagnostic, quun certain nombre de conditions sont remplies. Le diagnostic doit tre certain, il doit seffectuer
au calme en consultation par un neurologue et si possible
en prsence dun proche. La prsence dun proche est
particulirement recommandable car la perplexit
anxieuse qui suit lannonce diagnostique empche le
plus souvent dentendre les explications mdicales, les
paroles rassurantes et les perspectives thrapeutiques
qui sont proposes. Ainsi, en plus de son soutien affectif,
le proche apporte par son coute attentive la possibilit
un peu distance de rediscuter et de reprendre les informations donnes pendant la consultation.
Au cours de cette consultation dannonce, linformation se doit dtre la plus complte et la plus claire
possible, et adapte chaque patient. Un large temps
doit tre consacr aux questions concernant lhistoire
naturelle de la maladie et les traitements prventifs
SCLROSE EN PLAQUES
disponibles. Pour grer au mieux lanxit suscite
par lincertitude volutive, il est capital de garantir au
patient disponibilit et attention. Cette consultation
est parfois insuffisante pour rpondre lensemble des
interrogations que soulve ce diagnostic. Des consultations rapproches sont alors ncessaires. Elles permettent galement de sassurer que les informations
dlivres ou qui ont t retrouves par dautres moyens
dinformation (Internet, associations de malades, lectures) sont pertinentes et nont pas t mal interprtes.
En effet, aprs une annonce diagnostique de sclrose
en plaques, il est lgitime que le patient cherche des informations sur Internet, mais il faut le mettre en garde
sur le fait que les explications trouves sur la Toile sont
pour certaines pertinentes mais pour dautres parfaitement inexactes. Sur certains sites, une image exagrment dramatique de la maladie est vhicule; linverse, dautres laissent de faux espoirs sur des traitements ou des rgimes non valids. Il est donc important
de conseiller aux patients de naviguer sur des sites
dont les informations dlivres sont valides par des
professionnels de sant. Au-del de lannonce diagnostique, la proposition de traitement modifiant lvolution
de la maladie suscite aussi de nombreuses interrogations, et le patient peut tre orient vers des sminaires
dinformation et dducation thrapeutiques qui sont
dj en place dans certains services de neurologie, au
sein des rseaux rgionaux de soin ou proposs par
des associations runissant patients et mdecins.
Consultations de neurologie et
consultations multidisciplinaires
La sclrose en plaques est une maladie chronique invalidante qui justifie un suivi semestriel en consultation
de neurologie. Ces consultations ont pour principal
objectif dvaluer lvolution du handicap neurologique,
* Conformment
la dfinition
de lOrganisation
mondiale de la
sant aux travaux
de la Haute Autorit
de sant et de
lInstitut national
de prvention
et dducation
pour la sant.
Vol. 66 _ Janvier 2016
39
SCLROSE EN PLAQUES
sant, personnels mdico-sociaux et sociaux ncessaires.
Le PPS comprend le plan de soins et le plan daide. Le cas
chant, il peut inclure un plan dducation thrapeutique.
[]. Le mdecin traitant doit participer llaboration ou
la validation du PPS.
De concert avec le neurologue, le mdecin traitant
assure un suivi conjoint avec les soins de premier recours:
pousses, dpistage des effets indsirables (par exemple,
cytolyse ou lymphopnie sous traitements immunomodulateurs). Il intervient aussi pour la prescription des
traitements vise symptomatique. Il assure une mission
daccompagnement du patient tout au long de la pathologie, avec diffrentes questions: insertion professionnelle,
grossesse, vie de famille... Enfin, en collaboration avec les
diffrents acteurs de sant, il participe la prise en charge
multidisciplinaire du patient handicap.
LINDISPENSABLE COLLABORATION
La sclrose en plaques est une maladie neurologique
chronique invalidante dont les manifestations cliniques
sont polymorphes. Des premiers signes jusquaux
stades plus volus de la pathologie, en passant par lannonce diagnostique, une collaboration troite est indispensable entre les diffrents acteurs de soins, spcialement le mdecin traitant et le neurologue. V
FOCUS
AYMAN TOURBAH
Service de neurologie,
CHU de Reims,
universit de Reims
Champagne-Ardenne,
Reims, France
atourbah@
chu-reims.fr
A. Tourbah dclare
avoir reu des aides
la recherche et des
invitations lors de
congrs runions et
symposium de la part
de Medday, Biogen
Idec, Sanofi-Genzyme,
Novartis, Merck
Serono, Teva Pharma,
et Roche.
40
RFRENCES
1. Polman CH, Reingold SC, Banwell B, et al. Diagnostic criteria
for multiple sclerosis: 2010 revisions to the McDonald criteria.
Ann Neurol 2011;69:292-302.
SCLROSE EN PLAQUES
sant, personnels mdico-sociaux et sociaux ncessaires.
Le PPS comprend le plan de soins et le plan daide. Le cas
chant, il peut inclure un plan dducation thrapeutique.
[]. Le mdecin traitant doit participer llaboration ou
la validation du PPS.
De concert avec le neurologue, le mdecin traitant
assure un suivi conjoint avec les soins de premier recours:
pousses, dpistage des effets indsirables (par exemple,
cytolyse ou lymphopnie sous traitements immunomodulateurs). Il intervient aussi pour la prescription des
traitements vise symptomatique. Il assure une mission
daccompagnement du patient tout au long de la pathologie, avec diffrentes questions: insertion professionnelle,
grossesse, vie de famille... Enfin, en collaboration avec les
diffrents acteurs de sant, il participe la prise en charge
multidisciplinaire du patient handicap.
LINDISPENSABLE COLLABORATION
La sclrose en plaques est une maladie neurologique
chronique invalidante dont les manifestations cliniques
sont polymorphes. Des premiers signes jusquaux
stades plus volus de la pathologie, en passant par lannonce diagnostique, une collaboration troite est indispensable entre les diffrents acteurs de soins, spcialement le mdecin traitant et le neurologue. V
FOCUS
AYMAN TOURBAH
Service de neurologie,
CHU de Reims,
universit de Reims
Champagne-Ardenne,
Reims, France
atourbah@
chu-reims.fr
A. Tourbah dclare
avoir reu des aides
la recherche et des
invitations lors de
congrs runions et
symposium de la part
de Medday, Biogen
Idec, Sanofi-Genzyme,
Novartis, Merck
Serono, Teva Pharma,
et Roche.
40
RFRENCES
1. Polman CH, Reingold SC, Banwell B, et al. Diagnostic criteria
for multiple sclerosis: 2010 revisions to the McDonald criteria.
Ann Neurol 2011;69:292-302.
SCLROSE EN PLAQUES
Syndrome
radiologique
isol
Sexe masculin
ge 37 ans
Lsion mdullaire
P1
10-20 ans
Nb lsions en T2
Lsions Gd+
Atrophie?
Charge lsionnelle en T2
Activit IRM
Atrophie
Pousses
Svrit
Localisation
Rcupration
Pousses
EDSS
EDSS
EDSS
Phnotype
Figure. DONNES ACTUELLES CONCERNANT LES FACTEURS PRONOSTIQUES DE LA SCLROSE EN PLAQUES. Les paramtres initiaux
les plus prdictifs de lactivit de la maladie sont issus de lIRM crbrale. Une activit initiale importante en IRM est prdictive
de lactivit clinique, qui prdit le niveau du handicap et de son volution les deux premires annes. La perte rapide du volume crbral
et le niveau du handicap initial sont deux autres paramtres dterminants.
EDSS: expanded disease status scale; Lsions Gd+: lsions dont le signal est rehauss sur les squences T1 aprs injection
de gadolinium en IRM; Nb : nombre; P1: premire pousse; SEP: sclrose en plaques; Trt: traitement.
* Le sexe fminin
apparat comme
faible risque
de progression
vers le score EDSS 3
en analyse univarie.2
Le sexe masculin
est caractris par
une phase rmittente
plus courte et un
ge plus jeune pour
atteindre le score
EDSS 3 quel que
soit le phnotype
de la maladie.3
41
SCLROSE EN PLAQUES
un dficit rsiduel aprs la premire
pousse (ou un niveau du handicap initial
lev). La dure dvolution de la maladie
augmente aussi le risque datteindre un
niveau de handicap ultrieur lev.
Un autre paramtre issu de lIRM
mais difficile quantifier en routine clinique est latrophie crbrale.5 Lactivit
et la svrit initiales de la SEP sont
prdictives de la stabilit du volume
RFRENCES
1. Okuda DT, Kantarci O, Inglese M,
et al.; Radiologically Isolated
Syndrome Consortium (RISC);
Club francophone de la sclrose
en plaques (CFSEP). Radiologically
isolated syndrome: 5-year risk for an
FOCUS
JEAN PELLETIER
Ple de neurosciences
cliniques, service
de neurologie,
hpital de La Timone,
AP-HM, Marseille,
France
jean.pelletier
@ap-hm.fr
J. Pelletier dclare
des interventions
ponctuelles et des
prises en charge
lors de congrs par
Biogen Idec, Novartis,
Genzyme et Teva.
42
de traitement de linformation et la mmoire de travail sont les plus frquemment perturbes. Ces troubles centrs
sur la mmoire de travail ont t retrouvs tous les stades volutifs de la
maladie. Au stade le plus prcoce de
la maladie (patients valus dans les
suites dun premier vnement dmylinisant inaugural), les perturbations cognitives sont principalement
caractrises par une atteinte du traitement rapide de linformation, de la
mmoire de travail et des fonctions
attentionnelles.3 Au stade plus volu
de la maladie, les perturbations deviennent plus globales et homognes,
responsables dun impact parfois
majeur en termes de handicap.
Quels facteurs confondants?
La fatigue, la dpression et lanxit
sont des symptmes frquemment
rencontrs chez les patients atteints de
SEP. Il nexiste pas de lien significatif
entre la prsence et limportance des
troubles cognitifs, le degr de fatigue,1
SCLROSE EN PLAQUES
un dficit rsiduel aprs la premire
pousse (ou un niveau du handicap initial
lev). La dure dvolution de la maladie
augmente aussi le risque datteindre un
niveau de handicap ultrieur lev.
Un autre paramtre issu de lIRM
mais difficile quantifier en routine clinique est latrophie crbrale.5 Lactivit
et la svrit initiales de la SEP sont
prdictives de la stabilit du volume
RFRENCES
1. Okuda DT, Kantarci O, Inglese M,
et al.; Radiologically Isolated
Syndrome Consortium (RISC);
Club francophone de la sclrose
en plaques (CFSEP). Radiologically
isolated syndrome: 5-year risk for an
FOCUS
JEAN PELLETIER
Ple de neurosciences
cliniques, service
de neurologie,
hpital de La Timone,
AP-HM, Marseille,
France
jean.pelletier
@ap-hm.fr
J. Pelletier dclare
des interventions
ponctuelles et des
prises en charge
lors de congrs par
Biogen Idec, Novartis,
Genzyme et Teva.
42
de traitement de linformation et la mmoire de travail sont les plus frquemment perturbes. Ces troubles centrs
sur la mmoire de travail ont t retrouvs tous les stades volutifs de la
maladie. Au stade le plus prcoce de
la maladie (patients valus dans les
suites dun premier vnement dmylinisant inaugural), les perturbations cognitives sont principalement
caractrises par une atteinte du traitement rapide de linformation, de la
mmoire de travail et des fonctions
attentionnelles.3 Au stade plus volu
de la maladie, les perturbations deviennent plus globales et homognes,
responsables dun impact parfois
majeur en termes de handicap.
Quels facteurs confondants?
La fatigue, la dpression et lanxit
sont des symptmes frquemment
rencontrs chez les patients atteints de
SEP. Il nexiste pas de lien significatif
entre la prsence et limportance des
troubles cognitifs, le degr de fatigue,1
SCLROSE EN PLAQUES
mais la fatigue peut modifier les performances des patients de nombreux
tests neuropsychologiques. La dpression est le trouble psychiatrique le plus
frquent chez les patients atteints de
SEP (30-60%). Les troubles dpressifs ne semblent pas non plus corrls
limportance du dysfonctionnement
cognitif mais la dpression, lorsquelle
est svre, influence ngativement les
performances en mmoire de travail et
lors de tches mettant en jeu la vitesse
de traitement de linformation.1
Quels outils dvaluation?
Du fait de leur htrognit, le recours
des tests psychomtriques standardiss, reproductibles et permettant dobtenir des indicateurs sensibles lexistence et lvolutivit de perturbations
cognitives est indispensable. Malheureusement, les diffrents tests tudis
apparaissent peu spcifiques et particulirement sensibles lapprentissage
ou leffet test retest, rendant difficile
leur utilisation dans la pratique courante
et dans le cadre de suivis longitudinaux.
Ces limitations rendent ncessaire
llaboration de nouveaux outils dvaluation capables de mieux caractriser
le type et lvolution de la dtrioration
cognitive dans cette affection. Certains
dentre eux sont en cours dlaboration,
centrs sur des tests informatiss, de
dure suffisamment courte pour pouvoir
tre utiliss comme test de dpistage.4,
5
Des batteries courtes, sensibles et
reproductibles, et permettant dvaluer
les principaux domaines cognitifs frquemment touchs, ncessiteront le
recours un(e) psychologue, de mme
que les batteries extensives. 6 Ces
dernires seront indispensables pour
quantifier limportance des troubles
et leur retentissement, notamment sur
lactivit professionnelle.
Quels liens avec lvolution
de la maladie?
Les rapports entre laggravation des
troubles cognitifs et linvalidit ou la
dure dvolution de la maladie restent
discuts.1, 14, 15 Latteinte cognitive est
toutefois plus frquente et plus marque dans la forme progressive que
dans la forme rmittente.16 Les perturbations cognitives qui surviennent
un stade prcoce de la maladie saggravent frquemment au cours de lvolution mais le fonctionnement cognitif
peut rester normal malgr laccentuation du handicap fonctionnel.17
Quels supports
morphologiques?
Limportance et la localisation des lsions
identifies limagerie par rsonance
magntique (IRM) ne rendent pas ou peu
compte de ltat cognitif des patients.8
Il apparat probable que la charge lsionnelle ne soit quun des lments qui
puisse expliquer la prsence et laggravation des perturbations cognitives. En
particulier, et de faon prvalente par
rapport aux lsions et leur localisation,
latteinte diffuse et prcoce de la substance blanche pourrait avoir un impact
fonctionnel majeur sur la ralisation de
tches cognitives complexes sollicitant
les grandes voies dassociation intra- et
interhmisphriques.8 Latteinte de la
substance grise pourrait par ailleurs tre
un lment dterminant dans lapparition
et lvolution des troubles cognitifs.8
LIRM ne semble donc pas pertinente
pour orienter lvaluation neuropsychologique afin de confirmer la prsence de
troubles cognitifs.
Quelle prise en charge?
Actuellement, aucune thrapeutique
mdicamenteuse na montr une efficacit pour limiter lapparition ou laggravation des perturbations cognitives
dans cette affection. Toutefois, les traitements de fond utiliss dans la prise
RFRENCES
1. Chiaravalloti ND, DeLuca J. Cognitive
impairment in multiple sclerosis.
Lancet Neurol 2008;7:1139-51.
2. Feuillet L, Reuter F, Audoin B et al.
Early cognitive impairment in patients
with clinically isolated syndrome
suggestive of multiple sclerosis.
Mult Scler 2007;13:124-7.
3. Brochet B. Frquence des troubles cognitifs,
valuation et formes de la maladie.
In Defer G, Brochet B, Pelletier J (diteurs).
Neuropsychologie de la sclrose en plaques.
Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson,
2010:59-70.
43
SCLROSE EN PLAQUES
Nouveaux mdicaments, incidence sur la stratgie de prise
en charge de la sclrose en plaques
Triflunomide (Aubagio)
Le triflunomide est le mtabolite actif du lflunomide,
molcule commercialise depuis 1999 dans la polyarthrite rhumatode (Arava). Il inhibe la synthse denovo
de la pyrimidine en bloquant une enzyme, la dihydroorotate dhydrognase, ce qui restreint la prolifration
des lymphocytesT et B activs et des cellules fort taux
de rplication. Il est indiqu la posologie de 14mg par
44
SCLROSE EN PLAQUES
CARACTRISTIQUES DES POPULATIONS ET DONNES DEFFICACIT DES ESSAIS CLINIQUES VERSUS PLACEBO
Nombre
de patients
ge
Dure
dvolution
EDSS
Avant inclusion
TAP
% de PHC
DMT (%)
TAP
Placebo
DMT
Placebo
DMT
TRIFLUNOMIDE
TEMSO *
1088
38
8,7
2,7
25
1,4
0,54
0,37
27
20
TOWER *, **
1169
38
2,7
32
1,4
0,5
0,32
20
16
DIMTHYL FUMARATE
DEFINE
1234
38
5,4
2,4
40
1,3
0,36
0,17
27
16
CONFIRM
1417
37,3
4,7
2,6
29
1,4
0,4
0,22
17
13
FREEDOMS I
1272
36,7
8,1
2,4
38
1,4
0,4
0,18
24
18
FREEDOMS II
1083
40,1
10,5
2,4
75
1,4
0,4
0,21
29
28
942
36
2,3
1,5
0,73
0,23
29
17
FINGOLIMOD
NATALIZUMAB
AFFIRM
Tableau 1. DMT: disease-modifying therapies ou traitement de la sclrose en plaques; EDSS: expanded disability status scale;
PHC: progression du handicap confirme 12 semaines; TAP: taux annualis de pousse; . : donne non disponible.
* Le diagnostic de pousse ntait pas dfini. Il tait port par le neurologue valuateur, comme en vraie vie. Dans les autres essais, les pousses devaient
sassocier une augmentation du score sur lchelle dincapacit physique EDSS pour tre retenues par un comit indpendant.
** La dure de ltude tait limite 48 semaines.
CARACTRISTIQUES DES POPULATIONS ET DONNES DEFFICACITS DES ESSAIS CLINIQUES VERSUS IFN
Nombre
de patients
ge
Dure
dvolution
EDSS
324
35,9
7,1
Fingolimod (TRANSFORMS #)
1280
35,8
1171
Avant inclusion
TAP
% de PHC
DMT (%)
TAP
IFN
DMT
IFN
DMT
2,1
20
1,3
0,22
0,26
7,3
2,2
56
1,5
0,33
0,16
7,9
6,6 ns
38,9
2,4
100
1,5
0,75
0,34
29
23
563
33
1,8
0,39
0,18
10,6
6,5 ns
(CARE-MS II*, ~)
798
35,1
4,5
2,7
100
1,6
0,52
0,26
13,6
8,6
Ocrlizumab (OPERA I)
821
37
6,5
2,8
27
1,3
0,29
0,15
10,6
6,5
Tableau 2. DMT: disease-modifying therapies ou traitement de la sclrose en plaques; EDSS: expanded disability status scale; IFN: interfron bta;
ns : non significatif ; PHC: progression du handicap confirme 12 semaines; TAP: taux annualis de pousse; : donne non disponible.
* tudes en ouvert.
** Le critre de jugement principal tait composite associant la survenu de pousse et larrt du traitement. Le TAP tait un critre secondaire.
La dure de ltude tait limite 48 semaines.
#
La dure de ltude tait de 1 an.
##
Le groupe trait par natalizumab recevait en ad on de lIFN.
~
La confirmation de la progression du handicap tait ralise 24 semaines, ce qui est une mesure plus valide qu 12 semaines.
** La dure de ltude tait limite 48 semaines.
Vol. 66 _ Janvier 2016
45
SCLROSE EN PLAQUES
PROPORTION DE PATIENTS LIBRES DACTIVIT CLINIQUE ET RADIOLOGIQUE
Traitement
Clinique
Radiologique
Clinique et radiologique
Placebo
DMT
Placebo
DMT
Placebo
DMT
Triflunomide (TEMSO)
43
53
24
40
14
23
49
69
27
45
15
28
Fingolimod (FREEDOMS I)
42
62
21
51
13
33
Natalizumab (AFFIRM)
39
64
14
58
37
IFN
DMT
IFN
DMT
IFN
DMT
Alemtuzumab (CARE-MSI)
56
74
27
39
Alemtuzumab CARE-MSII
41
60
14
32
Ocrlizumab (OPERA I)
29,2
48
25,1
47
Tableau 3. DMT: disease-modifying therapies ou traitement de la sclrose en plaques; IFN: interfron bta.
thylhydrogen fumarate (95mg) est utilis en Allemagne dans le traitement du psoriasis (Fumaderm)
depuis 1994. Le traitement est dbut la dose de 120mg
matin et soir pendant une semaine et poursuivi 240mg
2fois par jour par voie orale. Lefficacit du dimthyl
fumarate a t value, dans deux tudes contre placebo
(DEFINE et CONFIRM)5, 6 [tableaux1 3]. Elles ont montr
une efficacit sur la rduction du nombre de patients
ayant une pousse et sur le taux annualis de pousses.
Les rsultats sur le taux de progression confirm du
handicap taient contradictoires. En revanche, dans les
deux tudes, le dimthyl fumarate rduisait significativement lactivit IRM de la maladie.
Les effets indsirables les plus frquents sont les
bouffes congestives (38-31%), les douleurs abdominales (21%), les diarrhes (15-13%), les nauses (1311%), les vomissements (6%) et le prurit (10%). Les
douleurs abdominales peuvent tre intenses et responsables de larrt du traitement. La prise du traitement
pendant les repas les limite. Laspirine ou les antihistaminiques peuvent rduire les bouffes congestives.
En prsence deffets secondaires gnants il est possible
de revenir la posologie de 120mg pendant 1mois avant
de repasser 240mg. Sur le plan biologique sont rapports des protinuries (9%), une hyperosinophilie au
cours des premiers mois de traitement, une rduction
du nombre des lymphocytes de 30% en moyenne. Trois
cas de leucoencphalite multifocale progressive (LEMP)
ont t rapports depuis la commercialisation du dimthyl fumarate. Une lymphopnie prolonge infrieure
500/mm3, prsente chez 6% des patients, ncessite
larrt du dimthyl fumarate. Une surveillance trimestrielle de lhmogramme, de la cratininmie et de la
46
Natalizumab (Tysabri)
Le natalizumab est un anticorps monoclonal qui reconnat l4 1 intgrine (VLA-4), molcule dadhsion prsente la surface des lymphocytes et monocytes activs.
En se fixant sur le VLA-4, le natalizumab empche le
lymphocyte de traverser la barrire hmato-encphalique. Son administration se fait sous la forme dune
perfusion intraveineuse mensuelle de 300mg. Les tudes
AFFIRM et SENTINEL ont montr une efficacit marque sur les critres defficacit clinique et IRM7,8 (tableaux1 3). Des ractions dhypersensibilit sont observes chez 4% des patients, le plus souvent au cours des
premires perfusions. La prsence d'anticorps anti-natalizumab, lorigine dune diminution de son efficacit,
doit tre recherche en cas de pousse. Leur persistance
aprs 6 semaines conduit larrt du natalizumab. Parmi
les patients traits par natalizumab, 556cas dencphalopathie lie l'infection par le virus JC sont rapports
avec une mortalit estime 24%. Le risque de LEMP a
t stratifi en tenant compte de trois facteurs, la srologie pour le virus JC, le temps dexposition au natalizu-
SCLROSE EN PLAQUES
Abstention thrapeutique
interfron bta
actate de glatiramre
dimthyl fumarate
triflunomide
SEP-RR
svre
natalizumab
fingolimob
mitoxantrone
interfron bta
actate de glatiramre
dimthyl fumarate
triflunomide
Stratgie dinduction
Figure. STRATGIE THRAPEUTIQUE. SEP-RR : sclrose en plaques rcurrente rmittente. Svre : a) 2 pousses invalidantes dans lanne ET b) 1 lsion
prenant le gadolinium (Gd+) ou une augmentation du nombre de lsions T2 significative. Agressive : a) 2 pousses avec squelles au cours des 12 derniers mois
et 1 lsion G+ sur une IRM < 3 mois OU b) une progression de 2 points de lchelle dincapacit physique EDSS au cours des 12 derniers mois et 1 lsion
G+ sur une IRM < 3 mois.
mab et les antcdents de traitement immunosuppresseur. Chez les patients dont la srologie pour le virus JC
est positive, le risque devient trs important aprs 2ans
de traitement, en particulier sils ont t traits par des
immunosuppresseurs, et est estim 1/80patients/an.
La surveillance chez les patients JC positif est rapproche, avec une IRM tous les 6mois et des contrles inter-
47
SCLROSE EN PLAQUES
TABLEAU 4. AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCH DU NATALIZUMAB ET DU FINGOLIMOD
Au moins 1 pousse dans lanne, sous traitement, ET> 9 hypersignaux en T2 ou au moins 1 lsion prenant le gadolinium (Gd+)
Au moins 2 pousses invalidantes dans lanne ET au moins 1 lsion Gd+ ou une augmentation significative en T2
Un non-rpondeur peut galement tre dfini comme un patient dont le taux de pousses na pas chang ou a augment par rapport
lanne prcdente ou qui continue avoir des pousses svres
Fingolimod (Gilenya)
Le fingolimod est un agoniste de quatre des cinq rcepteurs la sphingosine 1-phosphate, dont le rcepteur
sphingosine-1-phosphate-1 (S1P1) prsent sur les lymphocytes. Les rcepteurs S1P1 permettent aux lymphocytes activs de sortir des ganglions lymphatiques
le long d'un gradient de sphingosine-1-phosphate. En
induisant linternalisation des rcepteurs S1P1, le
fingolimod capte les lymphocytes au sein des organes
lymphodes secondaires. Son action nest pas spcifique
et concerne aussi les rcepteurs S1P2 et S1P3 prsents
sur lendothlium vasculaire, les myocytes de latrium,
les muscles lisses bronchiques et vasculaires. Le fingolimod a permis dobtenir une rduction du taux annualis de pousses versus placebo dans les tudes
FREEDOMSI et II, 9-10 et versus INF- dans ltude
TRANSFORM11 (tableaux1 3). Le nombre de patients
ayant une progression du handicap confirme 12
et 24semaines tait plus faible dans le bras trait
par fingolimod dans FREEDOMSI. En revanche cette
rduction ntait pas observe dans FREEDOMSII.
Une efficacit a t observe sur les critres IRM dactivit de la maladie.
La fixation du fingolimod sur les rcepteurs S1P2
et S1P3 est lorigine deffets secondaires:
lexistence de bradyarythmie (frquence cardiaque
<45, bloc atrio-ventriculaire I et II, QT> 450ms) au
moment de lintroduction du traitement impose une
surveillance par scope du rythme cardiaque pendant
6heures. Loubli dune prise pendant les deuxpremires
semaines de traitement ncessite une rintroduction
hospitalire. Il en va de mme pour un arrt de plus de
7jours au cours des 3e et 4esemaines et de plus de 1mois
au-del. Enfin les traitements bradycardisants et antiarythmiques sont contre-indiqus car ils potentialisent
leffet bradycardisant du fingolimod;
la survenue dune hypertension artrielle (6%)
conduit surveiller la pression artrielle plus
rgulirement;
des dmes maculaires peuvent survenir (0,5%), le
plus souvent au cours des troispremiers mois de
traitement, ce qui ncessite la ralisation dune tomographie en cohrence optique avant lintroduction et
aprs 3mois.
Dautres risques sont associs limmunodpression induite par le produit:
des cas de mlanome ont t dcrits pendant les tudes
48
Traitements venir
Alemtuzumab (Lemtrada)
Lalemtuzumab est un anticorps monoclonal humanis
dirig contre la molcule CD52 exprime sur les lymphocytesT et B, les cellules natural killer, les monocytes
et macrophages. Il induit une dpltion prolonge
des lymphocytes associe une modification de leur
rpertoire. LAgence europenne du mdicament a autoris sa commercialisation avec une indication large:
SCLROSE EN PLAQUES
patients adultes atteints dune forme rmittente-rcurrente de sclrose en plaques avec signe dactivit clinique
ou radiologique. Actuellement, il ne peut tre utilis
en France que dans le cadre d'une autorisation exceptionnelle dimportation pour des patients ayant une
maladie agressive sans alternative thrapeutique. Son
efficacit a t dmontre dans les tudes CARE-MSI et
II versus linterfron.12, 13 Les effets secondaires les plus
frquents sont les ractions associes un syndrome
de relargage cytokinique observ chez 90% des patients
et lapparition de pathologie auto-immune (purpura
thrombopnique, pathologie thyrodienne auto-immune, syndrome de Goodpasture).
Ocrlizumab
Locrlizumab est un anticorps monoclonal humanis
dirig contre le CD20. Il a une action cible sur les lymphocytesB CD20+ quil dplte. Il diminue la production
danticorps de cytokines pro-inflammatoires et limite
lactivation des lymphocytesT et des macrophages. Les
rsultats des essais de phaseIII (OPERAI et II), prsents oralement, ont montr la supriorit de locrlizumab sur linterfron tant sur les critres cliniques que
sur les critres IRM. De plus, locrlizumab a montr
une efficacit dans les formes demble progressive, de
SEP, compar un placebo, en rduisant la progression
du handicap.
CONCLUSION
Les nouveaux traitements de fond rcemment commercialiss permettent denvisager un meilleur contrle
de lactivit clinique et radiologique de la maladie du
fait de leur plus grande efficacit (pour les traitements
de 2eligne) et, pour les traitements de 1religne, dviter
les injections sous-cutanes ou intramusculaires.
Ces traitements permettent parfois dobtenir une
rmission clinique et radiologique qui le plus souvent
sarrte linterruption du traitement, soulignant
la ncessit de poursuivre les traitements pour une
dure indtermine. V
Vol. 66 _ Janvier 2016
49
SCLROSE EN PLAQUES
RSUM NOUVEAUX MDICAMENTS,
INCIDENCE SUR LA STRATGIE DE PRISE
EN CHARGE DE LA SCLROSE EN PLAQUES
Actuellement, 10 mdicaments sont approuvs pour le traiementde la
forme rcurrente-rmittente de la sclrose en plaques (SEP). Depuis
2007, quatre nouveaux traitements ont t approuvs et plusieurs seront
bientt commercialiss, notamment de nouvelles formes galniques
auto-injectables dinterfronbta-1a pgyl et dactate de glatiramre.
Bien que ces formes auto-injectables aient une efficacit modre, il a
t montr quils sont srs sur le long terme et capables de retarder la
progression de linvalidit et lentre dans la phase progressive secondaire
de la maladie. Certains de ces nouveaux traitements ont une efficacit
similaire aux plus anciens; dautres sont plus efficaces, mais avec un
risque dvnements indsirables graves. Nous rapportons lefficacit et
les effets indsirables de ces nouveaux mdicaments en rfrence leur
RFRENCES
relapsing multiple sclerosis:
1. OConnor P, Wolinsky JS, Confavreux
a randomised, controlled phase 3
C, et al. TEMSO Trial Group.
trial. Mult Scler 2014;20:705-16.
Randomized trial of oral teriflunomide 4. Miller AE, Wolinsky JS, Kappos L
for relapsing multiple sclerosis.
et al. Oral teriflunomide for patients
N Engl J Med 2011;365:1293-303.
with a first clinical episode suggestive
2. Confavreux C, O'Connor P, Comi G,
of multiple sclerosis (TOPIC):
et al.; TOWER Trial Group. Oral
a randomised, double-blind,
teriflunomide for patients with
placebo-controlled, phase 3 trial.
relapsing multiple sclerosis (TOWER):
Lancet Neurol. 2014;13:977-86.
a randomised, double-blind,
5. Gold R, Kappos L, Arnold DL,
placebo-controlled, phase 3 trial.
et al. DEFINE Study investigators.
Lancet Neurol 2014;13:247-56.
Placebo-controlled phase 3 study
3. Vermersch P, Czlonkowska A, Grimaldi
of oral BG-12 for relapsing
LM, et al.; TENERE trial group.
multiple sclerosis. N Engl
Teriflunomide versus subcutaneous
J Med 2012;367:1098-107.
interferon beta-1a in patients with
6. Fox RJ, Miller DH, Phillips JT, et al.;
CAROLINE BENSA
Fondation
Rothschild,
Paris, France
cbensa@
fo-rothschild.fr
C. Bensa dclare
avoir reu des
honoraires comme
consultante ou pour
des prsentations
et des frais
de congrs de
Biogen-Idec, Teva
Pharma, Genzyme,
Novartis, Merck
Serono et Sanofi
Aventis.
50
VOS IMAGES
Purpura de Henoch-Schnlein
Ce patient de 22 ans, sans antcdent, consultait pour une ruption
cutane et des douleurs abdominales. Lexamen clinique notait un purpura
vasculaire, prdominant aux membres infrieurs (fig. 1), des arthralgies
(genoux et poignets), des douleurs abdominales intenses, des vomissements
alimentaires et des rectorragies. Le scanner abdominal montrait un
paississement parital duodnal (premire anse jjunale, dernire anse ilale),
du caecum, du clon droit et du sigmode avec une importante prise de
contraste paritale, ainsi quun hmatome parital de la dernire anse (fig. 2).
La CRP tait 43 mg/L, la cratininmie normale; avec une hmaturie
microscopique sans protinurie. La biopsie cutane montrait une vascularite
leucocytoclasique avec des dpts de C3 et dIgA en immunofluorescence
directe. Le diagnostic de vascularite IgA (purpura de Henoch-Schnlein
ou purpura rhumatode) avec atteinte digestive tait confirm, et un traitement
par corticodes intraveineux instaur, permettant une amlioration rapide.
La vascularite IgA touche les vaisseaux de
petit calibre. Elle affecte principalement les
enfants (incidence annuelle ~ 1/5000), plus
rarement les adultes (1/100000), et associe
purpura vasculaire, atteintes articulaire
(genoux et chevilles notamment) et rnale
(bandelette urinaire systmatique la recherche dhmaturie et protinurie).1 Chez
ladulte, tout le tube digestif peut tre atteint,
les segments les plus frquemment atteints
tant le duodnum et lilon terminal. Les
symptmes sont les douleurs abdominales
(50 60%), les nauses et vomissements
(14%), pouvant se compliquer dhmorra-
CHARLOTTE
LAURENT*
ARSNE MEKINIAN*
FLORE VIRY**
MARC GATFOSS*
OLIVIER FAIN*
* Service
de mdecine
interne, DHUi2B,
** service de
radiologie, AP-HP,
hpital Saint-Antoine,
Universit Paris 6,
75012, Paris, France.
olivier.fain@aphp.fr
C. Laurent,
A. Mekinian,
F. Viry
et M. Gatfoss
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
O. Fain dclare
tre conseiller
scientifique
auprs des
laboratoires
Shire, Behring;
avoir reu
un financement
de congrs
ltranger
par les laboratoires
Shire, Behring,
GSK et Pfizer.
RFRENCES
1. Audemard-Verger A, et al. IgA vasculitis
(Henoch-Shnlein purpura) in adults:
diagnostic and therapeutic aspects. Autoimmun
Rev 2015;14:579-85.
2. Calvo-Ro V, et al. Henoch-Schnlein purpura
in northern Spain: clinical spectrum of the
disease in 417 patients from a single center.
Medicine 2014;93:106-13.
3. Trouillier S, et al. Abdominal manifestations of
Henoch-Schnlein purpura in adults. A retrospective
study of 23 cases. Rev Med Int 2009;30:661-7.
Vol.
Vol.65
66 _ Janvier
Fvrier 2015
2016
53
IMAGERIE
VOS IMAGES
FIG. 2
GILDAS BAULIER,
ISSA NAHEMA
Ranimation
mdicale, hpital
Saint-Andr,
Bordeaux, France
gildas.baulier@
chu-bordeaux.fr
G. Baulier dclare
avoir t pris en
charge en avril 2015
par Shire loccasion
dun dplacement
Amsterdam
loccasion du Gaucher
Expert Summit.
RFRENCES
1. Grey Turner G.
Local discoloration
of the abdominal
wall as a sign of acute
pancreatitis. Br
J Surg 1919;7:394-5.
2. Jan F, Allaqaband S,
Mahboob H. Regarding
the coexistence
of Cullens and Grey
Turners signs in acute
pancreatitis. Am J Med
2009;122(11):e15.
RPONSES PAGE 51: MYLOPATHIE CERVICARTHROSIQUE ; PAGE 52: ACN MDICAMENTEUSE SURVECTOR
54
WWW.LAREVUEDUPRATICIEN.FR
LE CAS CLINIQUE
AGNS PORTIER,
GRALD RAJZBAUM
Service de
rhumatologie,
groupe hospitalier
Paris-Saint-Joseph,
Paris, France
grajzbaum@hpsj.fr
A. Portier dclare
avoir t prise en
charge loccasion
de congrs
par AbbVie,
Pfizer et UCB.
G. Rajzbaum dclare
des interventions
ponctuelles pour
AbbVie, Amgen,
Ipsen et MSD.
CHIRURGIE EN MOINS
DE 48 HEURES
ne discussion multidisciplinaire est alors engage rapidement avec les radiologues et les
chirurgiens orthopdistes. Le caractre urgent dune intervention
chirurgicale tant justifi par lexistence dun syndrome de la queue
de cheval voqu devant:
le diagnostic de lombosciatiqueS1
rcidivante associ une hypoesthsie en selle avec des troubles gnitaux depuis 3jours;
une imagerie concordant avec
lexistence dune hernie discale L5S1
comprimant la racine S1 >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
55
LE CAS CLINIQUE
HERNIE DISCALE
Figure 1.
RADIOGRAPHIES
DU RACHIS
LOMBAIRE,
NOVEMBRE 2014 :
PINCEMENT
DISCAL L5 S1.
ATTENTION AUX
MODIFICATIONS DE LA
SYMPTOMATOLOGIE!
Figure 2.
IRM DU RACHIS
LOMBAIRE,
TAGE L5S1.
HERNIE
DISCALE L5S1
PARAMDIANE
GAUCHE,
AVEC CONFLIT
SUR LA RACINE
S1 GAUCHE.
56
LE CAS CLINIQUE
HERNIE DISCALE
TOUTE SUSPICION
IMPOSE UNE IRM
LOMBO-SACRE EN
URGENCE
conduire raliser une IRM lombo-sacre en urgence pour confirmer la suspicion diagnostique. Dans
le cas prsent, la hernie discale L5S1
sest majore et exclue entre lIRM
de novembre 2014 et celle daot2015.
La seconde IRM a donc permis de
confirmer le diagnostic de syndrome
de la queue de cheval par la visualisation dune compression des racines sacres S1 et S2, en corrlation
avec lexamen clinique.
Si lIRM confirme la pathologie, le
patient doit tre adress un chirurgien spcialis pour envisager un
geste de dcompression chirurgicale, selon la cause retrouve. Cest
une urgence chirurgicale, le dlai
recommand entre le dbut des
symptmes et la chirurgie est de
moins de 48heures. Une revue de la
littrature portant sur des patients
oprs dun syndrome de la queue
de cheval secondaire une hernie
discale a montr une amlioration
significative des dficits sensitif et
moteur et des troubles sphinctriens
chez les patients oprs dans les
48heures, par rapport aux patients
oprs plus tardivement.5
En conclusion, le syndrome de la
queue de cheval est une entit peu
frquente, et souvent difficile diagnostiquer. Il est primordial de savoir
interroger les patients de manire
systmatique et rigoureuse devant
une lombo-radiculalgie aigu. La
suspicion clinique de ce syndrome
doit conduire demander une IRM
lombo-sacre en urgence. Le chirurgien spcialiste doit tre prvenu
ds la suspicion clinique. V
RFRENCES
1. Diagnostic, prise en charge et suivi
des malades atteints de lombalgie
chronique. Rev Rhum 2002;69:338-43.
2. Nater A, Fehlings MG. The timing
of decompressive spinal surgery
in cauda equina syndrome.
World Neurosurg 2015;83:19-22.
3. Schoenfeld AJ, Bader JO. Cauda
equina syndrome: an analysis
of incidence rates and risk factors
among a closed North American
57
VIVRE AVEC
LAUTISME. Si des progrs sont apparus dans la prise en charge des
LHISTOIRE DE JULIEN
Julien est un jeune adulte de
23ans ayant un certain nombre de
comptences mais aussi des besoins
ducatifs prcis sans lesquels il se
retrouve en grande difficult, avec
des comportements-problmes
svres.
COMMENTAIRE
DE LASSOCIATION
AUTISME-FRANCE
Alors quils reprsentent les deux
tiers des personnes autistes, les
adultes se voient rarement proposer
des solutions de prise en
>>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
59
VIVRE AVEC
LAUTISME
charge satisfaisantes: le manque de
places est patent et laccompagnement souvent inadapt.
Cest un problme majeur qui revt
une dimension tragique: en France,
on na jamais anticip quun enfant
autiste devenait obligatoirement un
adulte autiste. Statistiquement, les
adultes autistes reprsentent environ les deux tiers des personnes
autistes. Or, paradoxalement, si
des progrs existent en direction
des enfants et des adolescents, on
voit trs peu davances en direction
des adultes.
Laxe1 du Plan Autisme3 met laccent, juste titre, sur la prcocit
du diagnostic et les interventions
mettre en uvre pour les enfants.
Les enfants sont effectivement
mieux diagnostiqus et leur accompagnement a t dvelopp dans
des recommandations de bonnes
pratiques. Il faudrait dsormais
mettre laccent sur les adultes pour
lesquels tout reste faire.
Lurgence porte avant tout sur le
diagnostic et la cration de services
et solutions daccueil.
Un manque criant
doffres et de places
Loffre mdico-sociale est en effet
trs infrieure celle destine aux
enfants; il nest pas rare que les
jeunes adultes subissent des ruptures de prise en charge lissue de
leur parcours dans les tablissements et services pour enfants,
la suite nayant pas t anticipe.
Labsence doffre concerne aussi
bien les adultes autistes relativement autonomes, pour lesquels un
tablissement et service daide par
le travail (ESAT) peut tre une possibilit, condition que ladaptation
ce public soit organise, que les
adultes souvent trs dpendants qui
sont orients principalement en
maison daccueil spcialise (MAS)
et en foyer daccueil mdicalis
(FAM). Il ny a sur le territoire que
six services daccompagnement mdico-social pour adultes handicaps
(SAMSAH) autistes: cette absence
est grave car beaucoup dadultes
pourraient faire des parcours en
milieu ordinaire sils avaient
ltayage dun tel service.
60
soutien ducatif.
De 5 10% des adultes
enferms en units pour malades
difficiles (UMD) sont autistes:
cest un scandale. Les personnes
autistes nont rien y faire.
Un grand nombre dadultes
devraient pouvoir bnficier
de services de droit commun,
avec le soutien dun service.
Labsence peu prs totale
de services daccompagnement
mdico-social pour adutes
handicaps autistes rend pour
le moment la tche impossible:
ces services devraient relever
de la solidarit nationale.
Laccompagnement dune
personne autiste doit tre
pens vie, mme si ltayage
ncessaire na pas forcment
tre intensif.
Lamlioration du pronostic
des patients est lie la somme
de beaucoup de petits progrs
ANNE-SOPHIE
MOREAU,
SAAD NSEIR
CHU Lille,
centre de
ranimation,
universit Lille2,
Lille, France
s-nseir@
chru-lille.fr
Les auteurs
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
PROGRS DANS
LINSUFFISANCE
RESPIRATOIRE AIGU
Une technique nouvelle
doxygnothrapie
61
CHOC SEPTIQUE:
UNE AMLIORATION
PROGRESSIVE DU
PRONOSTIC
Le choc septique est la principale
cause de mortalit en ranimation,
avec des taux de mortalit hospitalire allant de 19 33% en fonction
des comorbidits, daprs une srie
rtrospective multicentrique portant sur plus de 100000 patients en
Australie et en Nouvelle-Zlande
entre 2000 et 2012.7 Dans cette tude,
une amlioration trs nette du
pronostic tait note, la mortalit
62
Lternelle question
du remplissage
Le choix du solut de remplissage
vasculaire idal la phase initiale
dun choc septique est source de
nombreux dbats. Rcemment,
ltude CRISTAL, comparant cristallodes et collodes dans les tats
de choc hypovolmiques, na pas
mis en vidence de diffrence de
mortalit entre les deux groupes,
ni daugmentation du taux dinsuffisance rnale aigu dans le groupe
collodes.10 Les collodes concerns taient les hydroxythylamidons (Voluven) et les glatines
(Glofusine). En revanche, une
autre tude comparant des soluts
Labandon de la protine C
active
Aprs ltude PROWESS publie en
2001, la protine C active constituait un rel espoir pour lamlioration du pronostic des patients ayant
un sepsis svre, en raison de ses
puissantes proprits antithrombotiques, anti-inflammatoires et
profibrinolytiques.15 Ces espoirs ont
t anantis en 2012 par ltude
PROWESS SHOCK, qui a compar
son utilisation un placebo chez
des patients dont la situation tait
ARRT CARDIAQUE:
BNFICE DE
LHYPOTHERMIE?
Larrt cardio-respiratoire extrahospitalier est grev par une mortalit extrmement leve, de lordre
AFFECTIONS ONCOHMATOLOGIQUES:
UNE MORTALIT EN
CHUTE
Avant les annes 2000, le pronostic
des patients ayant une affection
onco-hmatologique admis en ranimation tait considr comme
mauvais, conduisant certains
centres refuser systmatiquement
ces patients. Depuis une quinzaine
dannes, le pronostic sest considrablement amlior, en raison de
lamlioration de la ranimation,
mais aussi de traitements hmatologiques, moins toxiques et mieux
adapts aux comorbidits. Un des
biais des premires tudes tait
lhtrognit des populations
tudies, avec des rsultats difficiles interprter dans les souspopulations. Les doutes quant au
pronostic de ces patients ont t
levs par la premire tude prospective observationnelle multicentrique nayant inclus que des
patients dhmatologie (1011 patients), publie en 2013. Les auteurs
rapportent une mortalit intrahospitalire de 40%, 50% J90 et
63
INFECTIONS
ACQUISES EN
RANIMATION:
TOUJOURS UNE
PROCCUPATION
** Bundle : ensemble
de pratiques bien
dfinies qui, mises
ensemble, ont plus
defficacit que
lorsquune seule est
utilise.
64
OBJECTIF: NE
PLUS SDATER,
SAUF NCESSIT
La sdation en ranimation est
rendue ncessaire en raison de
linconfort et des douleurs gnrs
par les soins invasifs et la ventilation mcanique. Cependant, la pratique dune sdation profonde prolonge la dure de la ventilation
mcanique et du sjour en ranimation en raison dune altration de
ltat gnral et dune sarcopnie
trs rapide chez le patient sdat
immobilis, phnomne appel en
anglais ICU-acquired weakness.39
Les pratiques actuelles sorientent
donc vers une diminution maxi-
RFRENCES
1. Frat JP, Thille AW, Mercat A,
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NUTRITION:
DES RSULTATS
DCEVANTS
Comme voqu prcdemment,
limmobilisation prolonge, mais
aussi lhypercatabolisme li la
pathologie aigu, la rponse inflammatoire et le stress endocrinien
sont des facteurs majeurs conduisant la dnutrition des patients,
avec pour consquence un risque
accru dinfections et de dcs. 43
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65
66
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chlorhexidine-alcohol
versus povidone
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and without skin scrubbing,
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eicosapentaenoic acid,
gamma-linolenic acid
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ventilation and early enteral
feeding: a randomized
controlled trial. JAMA
2013;309:249-56.
MISE AU POINT
Pneumologie. La lgionellose, dont lincidence est sous-estime,
est une pneumonie de gravit variable souvent associe des manifestations
extrathoraciques, de dclaration obligatoire et survenant surtout aprs 50 ans.
Son pronostic est conditionn en grande partie par linitiation prcoce dune
antibiothrapie ayant une bonne diffusion intracellulaire.
LIENS INTERNET
UTILES:
http://www.sante.
gouv.fr/spip.php?
page=recherche
&recherche=
legionelles
cnr-legionelles.
univ-lyon1.fr
Sommes-nous gaux
face Legionella?
lvidence, nous ne sommes pas
gaux face aux bactries du genre
67
MISE AU POINT
LGIONELLOSE
TESTS DIAGNOSTIQUES DE LA LGIONELLOSE
Test
chantillon
Dlai de
rsultat
Sensibilit Spcificit
(%)
(%)
Commentaires
<1 h
70-90
> 99
Uniquement srogroupe 1
Concentration des urines avant analyse
Positif pendant plusieurs semaines
Culture
3-10 jours
10-80
100
10
100
Respiratoire
Sang
PCR
Respiratoire
Srum
Urine
<4 h
80-100
30-50
45-85
> 90
> 90
> 90
Technique davenir
Dtecte toutes les espces
Peut tre associ la recherche dautres pathognes (PCR multiplex)
Identification avant le rsultat de la culture
Encore non reconnu comme critre de dfinition
Immunofluorescence
directe
Respiratoire
<4 h
25-70
> 95
Srologie
Srum
3-10
semaines
60-80
> 95
68
MISE AU POINT
LGIONELLOSE
Figure. SYNTHSE
DES ARGUMENTS
EN FAVEUR DUNE
LGIONELLOSE
COMMUNAUTAIRE
ET CONDUITE
TENIR.
CPK: cratine
phosphokinase.
Arguments anamnestiques
Voyage, htels climatiss, croisires
Exposition leau (arosols)
Cas groups, alerte
Aggravation malgr le traitement
par btalactamines
(3e jour de traitement)
Arguments cliniques
(frquence daprs la rf. 1)
Fivre> 38 C (67-100%),
toux (41-92%)
Frissons (15-77%), dyspne (36-56%)
Manifestations neurologiques (38-53%),
digestives (19-47%)
Arguments biologiques
Hyponatrmie
Cytolyse
lvation des CPK
Myoglobinurie
lvation ferritinmie
Antibiothrapie probabiliste
en monothrapie par macrolides
ou fluoroquinolones si immunosuppression.
La bithrapie ne se discute que
pour les formes svres relevant
dune hospitalisation
Ngative
Positive
(plus de 90% des lgionelloses en France)
poursuite du traitement antibiotique
dclaration de la maladie
organiser prlvement respiratoire
69
MISE AU POINT
LGIONELLOSE
AIDE LA GESTION DE LANTIBIOTHRAPIE DES LGIONELLOSES
Contexte du traitement
antibiotique
Choix de la famille
dantibiotiques
Monothrapie
Patients ambulatoires:
absence de signes de svrit par macrolides en
premire intension
absence de comorbidit
menaante
traitement per os possible
Monothrapie par
fluoroquinolone
envisager si maladie ou
traitement entranant une
immunosuppression
Principales molcules
Posologies
Essentiellement:
azithromycine
clarithromycine
roxithromycine
500 mg x 1/j
500 mg x 2/j
150 mg x 2 /j
1 g x 3/j
9 M UI x 2-3/j
Plutt:
lvofloxacine
500 mg x 1-2/j
Mais aussi:
ofloxacine
ciprofloxacine
500 mg x 1-2/j
400 800 mg x 2-3/j
400 mg x 2-3/j
Envisager plutt
fluoroquinolone en
premire intention mais
macrolide possible
Envisager bithrapie
Plutt association
dazithromycine
et de lvofloxacine
Idem
Commentaires
Recommandation hors AMM
concernant lazithromycine
Dure de traitement adapter selon
lvolution de 8 10 j le plus souvent,
pouvant tre limite 5 j avec
lazithromycine si volution rapidement
favorable (48 h dapyrexie)
Prcautions: foie, interactions
mdicamenteuses
Une dose initiale de 750 mg est propose
par certains pour la lvofloxacine
Voie IV possibles avec tous ces
mdicaments
En seconde intention car favorise
lmergence de bactries rsistantes,
y compris en ville
Tendinopathies (corticodes)
Dure de traitement pouvant
tre prolonge au-del de 10 j
Dure de traitement de 21 j
La rifampicine reste propose
par certains
70
Quels outils
diagnostiques?
Suspecter une lgionellose impose
dessayer den confirmer le diagnostic bactriologique, non seulement pour la gestion du traitement
antibiotique mais aussi du fait de
lenqute pidmiologique qui en
dcoule. Les tests disponibles sont
lists dans le tableau1, avec leurs performances diagnostiques. 4, 13 Lp1
tant incrimin dans plus de 90%
des lgionelloses en France, la dtection dantignes urinaires est aujourdhui lexamen de premier plan,
lorigine actuellement de prs de
90% des diagnostics de lgionellose
en Europe
Lchantillon urinaire est facile
obtenir, les antignes sont prsents
dans les 2 4jours suivant les premiers signes, le rsultat est rapide et
concernant Lp1, sensibilit et spcificit sont bonnes, voire excellentes,
ce dautant plus que les urines sont
concentres. Le test est plus sensible
pour certains sous-types (Lp1 Mab
MISE AU POINT
LGIONELLOSE
3/1 positif) et moins sensibles pour
dautres sous-types (Lp1 Mab 3/1 ngatif).5, 14 Cet examen peut tre ralis
en ville. Le test nest pas ngativ par
lintroduction dune antibiothrapie,
sa sensibilit est corrle la gravit
de la maladie et est moins bonne
chez les patients immunodprims.5, 14 Il faut rappeler que ce test
est mis en dfaut en cas dinfection
par une espce ou srogroupe autre
que Lp1, situation plus frquemment
rencontre loccasion dinfections
acquises lhpital. loppos, le
test peut rester positif plusieurs semaines ou plusieurs mois aprs linfection par Lp1 (en moyenne 2mois).
La possibilit dune lgionellose
impose de raliser prcocement un
prlvement respiratoire mme si la
recherche dantignes urinaires est
positive. Pour une infection acquise
en ville, lexpectoration peut permettre disoler la bactrie. La bactrie
tant fragile, si le patient expectore,
le prlvement respiratoire doit tre
achemin rapidement au laboratoire
qui transmettra le prlvement au
laboratoire hospitalier capable de
cultiver la bactrie. Chez les patients
hospitaliss, la recherche de la bactrie se fait sur lexpectoration ou
mieux, sur laspiration trachale
ou le lavage broncho-alvolaire. Le
prlvement doit tre ralis de
prfrence avant la mise en place
du traitement antibiotique. En cas de
traitement par antibiotique adquat
avant le prlvement, la mise en
culture peut tre nanmoins effectue mme aprs 72heures de traitement en particulier pour les patients
ayant des signes infectieux. Outre
le diagnostic microbiologique, la
culture positive permet une comparaison entre la souche clinique avec
des souches environnementales
aprs une analyse gnotypique. Il
sagit dun lment majeur de la
surveillance pidmiologique, mais
la culture est lente (jusqu 10jours),
difficile et ncessite des milieux spciaux. La technique de dtection par
polymerase chain reaction (PCR) est
potentiellement la technique davenir, ce dautant plus que des PCR
dites multiplex permettent lidenti-
Traitement prcoce
probabiliste
par les macrolides
Pour la prise en charge dune lgionellose, on peut se reporter au site
de lAgence nationale de scurit du
mdicament et des produits de sant
(www.ansm.sante.fr). Les critres
de gravit et dhospitalisation ne
diffrent pas de ceux des autres pneumonies communautaires (comorbidit, immunodpression, signes
dinsuffisance respiratoire aigu) et
justifient mme en soi un traitement
probabiliste contre la lgionelle dont
la prcocit dinitiation est un lment pronostique majeur. En tho-
71
MISE AU POINT
LGIONELLOSE
des raisons dantibiorsistance, on
restreint les fluoroquinolones aux
formes svres. La voie orale peut tre
utilise en labsence de troubles digestifs, avec des dures de traitement de
5jours pour lazithromycine et de 5
10jours pour la lvofloxacine pour les
patients ayant une forme non svre
et pouvant tre traits en ville. Lassociation macrolides-fluoroquinolones est propose pour les formes
svres justifiant les soins intensifs
ou la ranimation, ce dautant plus
que le patient est immunodprim.
Lassociation de la rifampicine un
macrolide ou une fluoroquinolone ne
semble plus justifie aujourdhui
mme si elle reste encore propose
par certaines socits savantes. Les
checs microbiologiques se voient
essentiellement chez les immunod-
RSUM LGIONELLOSE
La lgionellose est une cause importante de pneumonie acquise en ville ou lhpital. En France et
en Europe, Legionella pneumophila srogroupe 1
(Lp1) est lagent impliqu dans la plupart des cas.
Lincidence de la maladie est sous-estime. Les
principaux facteurs de risque sont lge, les pathologies chroniques et limmunosuppression. Cest une
pneumonie dite atypique qui peut ressembler aux
autres pneumonies bactriennes et qui est souvent
RFRENCES
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Bilan des cas de lgionellose
survenus en France
en 2014. Donnes InVS,
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Epidemiology and clinical
72
DCLARATION, PRVENTION
ET AVENIR
Il ny a pas de vaccin contre la lgionellose. La dclaration de la maladie
est obligatoire, par le clinicien ou
le biologiste. Cette dclaration dclenche la ralisation dune enqute
conduite par lAgence rgionale de
sant ( v. encadr). Depuis 2005, des
mesures de prvention sont appliques aux tablissements de sant,
aux cures thermales, ainsi quaux
tours arorfrigrantes. Il faut lutter
contre la corrosion et la stagnation
de leau. Le squenage de lADN de
la bactrie a permis de distinguer
suffisamment svre pour ncessiter lhospitalisation. La recherche dantignes urinaires est le test
diagnostique de premire ligne, mais limit Lp1.
La culture de prlvement respiratoire est recommande car elle permet le diagnostic de toutes les
Legionella spp et linvestigation des pidmies. La
maladie doit tre dclare. Les macrolides (azithromycine) et les quinolones (lvofloxacine) sont
efficaces sur L. pneumophila. Les btalactamines
et les aminosides sont inefficaces.
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serogroup 1(Lp1) is the causative agent in most
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debilitating conditions, and immunosuppression.
This is an atypical pneumonia that might clinically ressemble to other bacterial pneumonias and
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to Chlamydophila psittaci
and CAP due to Legionella
is often severe enough to require hospital admission. Urinary antigen detection is the first-line
diagnostic test, although it is limited to Lp1.
Sample culture of the lower respiratory tract is
recommended since it enables the diagnosis of all
legionella spp and outbreak investigation. Disease
notification is required. Macrolides (azithromycin)
and fluoroquinolones (levofloxacin) are effective
against L. pneumophila. - lactams and aminoglycosides are ineffective.
pneumophila admitted
to the intensive care unit
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Current and emerging
Legionella diagnostics
DOSSIER
ARTRIOPATHIES
OBLITRANTES DES MEMBRES
INFRIEURS
DOSSIER LABOR
SUR LES CONSEILS
DU P R JEAN-NOL
FIESSINGER,
professeur mrite
de mdecine
vasculaire, universit
Paris Descartes,
Paris, France
jean-noel.fiessinger
@aphp.fr
BSIP
J.-N. Fiessinger
est membre
de lAcadmie
nationale
de mdecine
et du comit
de rdaction
de La Revue
du Praticien.
Il na pas dautre
lien dintrts.
I
SOMMAIRE
l y a 10 ans La Revue du Praticien publiait une monographie consacre aux artriopathies oblitrantes des membres infrieurs; 10 ans plus tard La Revue a volu,
accompagnant les nouveaux modes de lecture, le thme des artriopathies est
dsormais trait en seulement 3 articles et pourtant, pendant la dcennie coule,
la mdecine vasculaire sest affirme comme une spcialit part entire et la prise
en charge des patients atteints dartriopathie a chang.
Larticle consacr la prise en charge nous rappelle les fondamentaux de celle-ci et la place
essentielle de la mesure de lindex de pression systolique (IPS) dans lapprciation de la
svrit de lischmie permettant de distinguer ces deux situations qui sont dcisives au
moment des indications thrapeutiques, la claudication intermittente et lischmie critique.
Le traitement mdical a volu: la prise en charge non mdicamenteuse du patient >>>
f P.
f P.
91
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
claudicant est une premire tape. Le dbat sur les mdicaments vasoactifs fait partie
dsormais du pass, le traitement de la maladie athromateuse occupe la place centrale;
antiagrgants plaquettaires, statines, inhibiteurs de lenzyme de conversion ont dmontr leur
efficacit non seulement sur le risque cardiovasculaire mais aussi sur le primtre de marche.
Les techniques de revascularisation et par consquent leurs indications ont volu avec le
dveloppement spectaculaire des techniques de revascularisation endovasculaire. Au stade
de claudication, le contrle des facteurs de risque cardiovasculaire associ une rducation
de la marche est un pralable indispensable toute revascularisation. En cas dchec de
cette prise en charge et chez les patients en ischmie critique, une revascularisation est
ncessaire. Si la chirurgie ouverte garde des indications dans les lsions occlusives longues
et complexes, les progrs des techniques endovasculaires rduisent progressivement ses
indications mais les preuves dune supriorit dune technique en fonction des lsions restent
encore imprcises, rendant ncessaire que lquipe ait accs aux deux approches.
Le diabte, en progression croissante, est dsormais un problme majeur de sant publique.
Associant micro- et macro-angiopathie, le pied diabtique est encore trop souvent source
damputations. Les diabtologues et les divers intervenants en pathologie vasculaire, chirurgiens, mdecins, radiologues ont su rpondre ce dfi en crant des rseaux de prise en
charge. Dsormais tout patient diabtique ayant une plaie du pied doit tre adress ces
structures spcialises o une prise en charge vasculaire et orthopdique permettra une
cicatrisation.
Jean-Nol Fiessinger
92
Distinguer 3 classes
Deux classifications cliniques similaires coexistent:
celle de Fontaine et celle de Rutherford (v.tableau). Ces
classifications ont le dsavantage de prsenter lartriopathie des membres infrieurs comme responsable dun
continuum de lsions qui, progressivement, voluent
de la phase la moins grave (asymptomatique) la plus
svre (troubles trophiques). En ralit, chez beaucoup
de patients, lartriopathie athromateuse est diagnostique demble un stade avanc, sans que les patients
aient eu de symptmes de claudication.
Pour la pratique, il est plus efficace de distinguer trois
classes: lartriopathie oblitrante asymptomatique,
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
CLASSIFICATION CLINIQUE DE LARTRIOPATHIE OBLITRANTE DES MEMBRES INFRIEURS
Classification de Fontaine
A. Bura-Rivire dclare
des interventions
ponctuelles (essais
cliniques et travaux
scientifiques) pour
Astra-Zeneca, Bayer,
Boehringer-Ingelheim,
Leo Pharma,
Pfizer/BMS et Sanofi;
et avoir t prise
en charge loccasion
de dplacements
pour congrs par ces
mmes entreprises.
F.-X. Lapbie
dclare navoir aucun
lien dintrts.
Classification de Rutherford
Stade
Symptmes
Grade
Catgorie
Symptmes
asymptomatique
asymptomatique
II
claudication
claudication minime
claudication modre
claudication svre
III
douleur de repos
II
douleur de repos
IV
ulcre
III
III
lischmie deffort (ou claudication artrielle intermittente), lischmie permanente ou critique. Au stade
dischmie deffort, il existe un risque de mortalit cardiovasculaire lev, mais un risque damputation trs
faible (moins de 5% 5ans). Sa prise en charge repose
sur la prvention cardiovasculaire. Le stade dischmie
critique est gnralement dfini par la prsence de douleurs de dcubitus ou de troubles trophiques depuis au
moins 15jours avec une pression artrielle systolique
infrieure 50mmHg la cheville (ou 30mmHg lorteil)
ou une pression doxygne mesure travers la peau
(TcPO2) infrieure 30mmHg.1, 2 Ce stade est dit critique,
car, en plus du risque de mortalit cardiovasculaire, le
patient a un risque damputation trs lev (30% 6mois)
et les chances de gurison, en labsence de la restauration
dun flux artriel de bonne qualit, sont infimes.
Quel bilan?
La dcouverte dune artriopathie oblitrante des
membres infrieurs implique deffectuer un bilan biologique et clinique la recherche des facteurs de risque
dathrome (en particulier, hypertension artrielle, dyslipidmies, tabagisme, diabte), et de rechercher dautres
localisations athromateuses par linterrogatoire et
lexamen clinique, un lectrocardiogramme de >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
93
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
8,0
Hommes
Femmes
4,0
2,0
1,0
0,5
< 0,60
0,61-0,70
0,71-0,80
0,81-0,90
0,91-1,00
1,01-1,10
1,11-1,20
Rfrence
1,21-1,30
1,31-1,40
> 1,40
Figure. HAZARD RATIO POUR LA MORTALIT TOTALE CHEZ LES FEMMES ET LES HOMMES, EN FONCTION DE LIPS LINCLUSION.
Daprs la rf. 25.
repos, une chographie de laorte (dpistage de lanvrisme de laorte abdominale) et un cho-Doppler des
troncs supra-aortiques (HAS 2006).1
94
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
de mort cardiovasculaire, infarctus du myocarde et accident vasculaire crbral a t constate dans ltude
HOPE chez des patients haut risque (dont des artriopathes) traits par des doses progressivement croissantes
de ramipril jusqu 10 mg/j.13 Ces mdicaments doivent
tre introduits en augmentant progressivement les
doses sous surveillance de la pression artrielle et de la
cratininmie. Un effet bnfique sur le temps de marche
et sur la distance de marche a t mis en vidence avec
le ramipril ds le dbut du traitement.14 Ce traitement
est conseill par les recommandations amricaines
mme en cas dartriopathie athromateuse asymptomatique pour rduire le risque cardiovasculaire.6
Des mdicaments insuffisamment prescrits. Dans
une tude mene sur un registre amricain, le taux de
dcs dune population ayant un IPS0,9 et sans antcdent cardiovasculaire linclusion tait de 16% pour
un suivi moyen de 4,4ans. La prsence dau moins deux
traitements parmi un antiplaquettaire, une statine, un
IEC ou un antagoniste des rcepteurs de langiotensineII
(ARAII), rduisait cette mortalit de 65%.15 Ces traitements restent insuffisamment prescrits: dans une tude
de registre danoise, 18mois du diagnostic dune artriopathie oblitrante des membres infrieurs (avec ou
sans antcdent datteinte coronarienne), seuls 53%
des patients bnficiaient dun antiagrgant plaquettaire, 40% dune statine et 20% dun IEC.16
95
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
importante et persistante aprs consultation pluridisciplinaire.1, 4
Ltude CLEVER a compar, chez des patients ayant
une claudication intermittente et des lsions aortoiliaques isoles, lefficacit dune prise en charge par
angioplastie et stent un programme dentranement
la marche supervis. Lamlioration de la dure de
marche maximale 6mois tait plus importante dans le
groupe exercice supervis, alors que lamlioration
de la qualit de vie tait plus importante dans le groupe
angioplastie et stent.21
96
ducation thrapeutique
Lartriopathie oblitrante des membres infrieurs est
une maladie chronique, qui fait partie des 30affections
de longue dure; une demande de prise en charge
100% doit tre initie ds le diagnostic. Lducation
thrapeutique a pour but la modification du mode de
vie des patients, lamlioration de lobservance des
traitements et lapprentissage de lautosurveillance.
Des programmes spcifiques devraient tre mis la
disposition de tous les patients, mais ils ne sont actuellement effectus que dans un nombre limit de centres
hospitaliers.
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
RSUM PRISE EN CHARGE DE
LARTRIOPATHIE ATHROMATEUSE
Lartriopathie athromateuse des membres infrieurs est
dpiste par la mesure du rapport entre la pression systolique la cheville et la pression systolique humrale (IPS).
Il sagit dun puissant marqueur de risque de mortalit
cardiovasculaire. Lcho-Doppler artriel est lexamen effectuer en premire intention pour un bilan morphologique
et hmodynamique des lsions artrielles. La prise en charge
repose sur la prvention de la mortalit cardiovasculaire qui
est obtenue par le contrle strict des facteurs de risque et
sur lutilisation dantiplaquettaires, de statines et dinhibiteurs
du systme rnine-angiotensine. Lentranement la marche
supervis est utile au stade dischmie deffort pour rduire
RFRENCES
1. Haute Autorit de sant. Prise
en charge de lartriopathie
chronique oblitrante athrosclrose
des membres infrieurs.
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despite improvement in use
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Norager CB, Madsen MR,
Vestersgaard-Andersen T,
Lindholt JS. Drug therapy
for improving walking distance
in intermittent claudication:
97
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
FOCUS
ALESSANDRA
BURA-RIVIRE
Service de mdecine
vasculaire,
CHU de Toulouse,
Universit
Paul Sabatier,
Toulouse, France
bura-riviere.a@
chu-toulouse.fr
A. Bura-Rivire
dclare des
interventions
ponctuelles
(essais cliniques
et travaux
scientifiques)
pour Astra-Zeneca,
Bayer, BoehringerIngelheim, Leo Pharma,
Pfizer/BMS et Sanofi;
et avoir t prise
en charge loccasion
de dplacements
pour congrs par ces
mmes entreprises.
98
0,08
0,07
0,06
0,05
0,04
0,03
0,02
0,01
0,00
30-34
35-39
40-44
45-49
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
Groupe dge
5
Hommes
Femmes
4
3
2
1
0
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
> 85
Classe dge
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Dans ltude Rotterdam, fonde sur la
mesure des IPS, lartriopathie oblitrante des membres infrieurs est moins
frquente chez les hommes que chez les
femmes, avec une prvalence de 16,9%
et 20,5% et un rapport homme/femme
de 0,82 (fig. 2).2
Diffrences ethniques:
des donnes limites
Les donnes sur lassociation entre
lartriopathie oblitrante des membres
infrieurs et lorigine ethnique sont
limites, la plupart des tudes ayant
t conduites chez des sujets blancs,
non hispaniques. Plusieurs grandes
RFRENCES
1. Aboyans V, Criqui MH, Abraham P,
et al.; American Heart Association
Council on Peripheral Vascular
Disease; Council on Epidemiology
and Prevention; Council on
Clinical Cardiology; Council
on Cardiovascular Nursing;
Council on Cardiovascular Radiology
and Intervention, and Council
on Cardiovascular Surgery and
Anesthesia. Measurement and
interpretation of the ankle-brachial
index: a scientific statement from
the American Heart Association.
Circulation 2012;126:2890-909.
2. Meijer WT, Hoes AW, Rutgers D,
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in the elderly: The Rotterdam
study. Arterioscler Thromb
Vasc Biol 1998;18:185-92.
99
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Techniques de revascularisation des artriopathies
Des revascularisations
endovasculaires moins
invasives
JONATHAN
SOBOCINSKI,
RICHARD AZZAOUI,
TERESA
MARTIN-GONZALEZ,
ADRIEN HERTAULT,
RAFAELLE SPEAR,
RACHEL CLOUGH,
STPHAN HAULON
Service de chirurgie
vasculaire,
Centre de laorte,
Hpital cardiologique,
CHU de Lille,
Lille, France
jonathan.sobo
@gmail.com
J. Sobocinski dclare
des liens dintrts
(confrences)
avec Abbott Vascular.
R. Spear dclare
des prises charge
loccasion
de congrs par
COOK Medical,
Vascutek et Bard.
R. Azzaoui, R. Clough,
T. Martin-Gonzalez
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
S. Haulon et
A. Hertault nont
pas transmis de
dclaration dintrts.
100
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Figure 1.
RECONSTRUCTION
RALISE PARTIR
DUNE ANGIOGRAPHIE
PAR RSONANCE
MAGNTIQUE.
La flche blanche
montre le pontage
prothtique fmoro-poplit
droit; les flches orange
rvlent une occlusion
chronique de lartre
fmorale superficielle
post-ostiale gauche
avec une reprise au niveau
du canal des adducteurs
(Hunter).
Lartriographie par rsonance magntique (ARM)
apporte peu dinformations sur la qualit de la paroi
artrielle et peut sous-estimer les difficults opratoires
(fig. 1) . Certains chirurgiens se satisfont dun choDoppler seul et proposent une artriographie en intention de traiter; cela limite les injections de produit de
contraste iod chez des patients dont la fonction rnale
est souvent altre.
Deux lments importants orientent le choix de la
stratgie de revascularisation: les caractristiques de
la lsion artrielle celles se rapportant au patient incluant son tat physiologique, et la prsence dun greffon
autologue utilisable pour la ralisation dun pontage.
Le choix du stent
Aucune recommandation ne peut tre faite quant au
choix du stent: certains auteurs valuent linfluence du
design des stents,6 quand dautres valuent les bnfices
des stents couverts ou des stents lution de mdicaments (stents actifs).7 Lutilisation de ballons enduits
de mdicaments (drug-eluting balloon [DEB]) est aujourdhui une alternative au stenting, en cours dvaluation. Ces ballons permettraient dobtenir daussi bons
rsultats que le stenting en ne laissant aucun matriel
dans lartre.8 Dans le mme esprit, des plateformes
rsorbables lution de mdicaments ou non sont en
cours dvaluation.9 Ces dispositifs ne sont pour linstant
pas rembourss par l'Assurance maladie en France.
Il nest pas recommand davoir recours limplantation systmatique de stents dans les artres de jambes;10
lutilisation de stent actif cet tage pourrait avoir un
avantage comparativement aux stents nus, ou mme
langioplastie seule.11 Le ballon lution de mdicaments
est aussi valu ltage jambier, mais l encore les
premires tudes comme IN.PACT (Medtronic) nont pas
>>>
confirm son intrt.12
Vol. 66 _ Janvier 2016
101
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
tion antgrade fmorale et rtrograde jambire ou poplite (fig.3). Malgr la diffusion de ces techniques, grce
notamment au dveloppement dun matriel ddi (introducteurs, guides et cathters), un chec de franchissement des lsions artrielles chroniques est rpertori
dans environ 10% des cas.15 Ces checs techniques aboutissent le plus souvent la ralisation dun pontage.
Il est difficile dvaluer linfluence du degr de calcification des lsions dans le choix de la stratgie de revascularisation. En cas de traitement endovasculaire, la
prsence de calcifications expose le patient un risque
lev demboles distaux, dchec de langioplastie ou de
limplantation de stent. Le recours un cathter dathrectomie associ ou non un systme de rcupration des
emboles pourraient ici avoir un intrt. La prsence de
calcifications importantes longues, diffuses et occlusives
peut aussi dcourager une revascularisation endovasculaire et orienter demble vers une chirurgie ouverte.
102
CONCLUSION
La chirurgie ouverte est toujours envisage pour les
lsions occlusives longues et complexes, mais les progrs des techniques endovasculaires permettent de
proposer des revascularisations des membres infrieurs moins invasives chez ces patients fragiles. Il
est indispensable davoir accs aux deux techniques
pour proposer la meilleure stratgie en fonction
des caractristiques des lsions artrielles et de ltat
physiologique des patients. V
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
RSUM TECHNIQUES DE REVASCULARISATION DES ARTRIOPATHIES
Dans le cadre de lischmie critique chronique, la menace pour le
patient de perdre le membre hypoperfus engage le chirurgien
proposer un geste de revascularisation rapide. Celui-ci peut tre
ralis par chirurgie ouverte, ou par des techniques de revascularisation endovasculaires moins invasives. Lengouement rcent pour
les traitements endovasculaires en pathologie artrielle priphrique
est contemporain du dveloppement doutils spcifiquement ddis
ce type de procdures. Des amliorations sur les ballons et les
stents ont t proposes; de nouveaux dispositifs, comme les cathters dathrectomie ont t dvelopps. Des amliorations sur les
introducteurs, guides et cathters ont t effectues pour rpondre
RFRENCES
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3. Norgren L, Hiatt WR,
Dormandy JA, et al.
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Peripheral Arterial Disease
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12. Zeller T, Baumgartner I,
Scheinert D, et al.
Drug-eluting balloon versus
standard balloon angioplasty
for infrapopliteal arterial
revascularization in critical
limb ischemia: 12-month
results from the IN.PACT
DEEP randomized trial. J
Am Coll Cardiol
2014;64:1568-76.
13. Kang JL, Patel VI, Conrad
MF, Lamuraglia GM, Chung
103
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Pied du diabtique: les situations durgence
104
La neuropathie priphrique
hypoesthsique est la cause
essentielle du pied diabtique
La neuropathie priphrique hypoesthsique risque
dapparatre aprs de nombreuses annes de diabte
insuffisamment quilibr, modifie le positionnement
du pied et entrane hyperpressions et hyperkratose.
Cette hyperkratose, par des forces de cisaillement et
les microtraumatismes induits, dtriore les tissus sousjacents et permet la formation de collections aseptiques
secondairement fistulises la peau: le mal perforant
plantaire. La neuropathie entrane galement une augmentation du risque traumatique par dfaut de signal
dalerte douloureux lors dun chaussage inadapt (corps
tranger, couture intrieure, conflit avec la chaussure
des dformations comme un hallux valgus ou des orteils
en griffe), dune brlure, de blessure lors de la marche
pieds nus sur des objets coupants (cailloux, coquillages,
dbris de verre...).
Du fait de labsence de douleur lie la neuropathie,
le retard diagnostique est frquent chez les patients qui
nont pas bnfici dducation thrapeutique: tout
patient diabtique doit donc connatre son risque podologique, la gradation du risque faisant partie intgrante
du bilan annuel de retentissement du diabte. Sans
neuropathie, le risque de plaie nest pas augment et le
risque podologique est de 0/3. En cas de neuropathie
hypoesthsique diagnostique par un test au monofilament pathologique, le grade est de 1/3 en labsence
dautre anomalie du pied, mais de grade2/3 en cas
dartrite associe ou de trouble de la statique plantaire.
Enfin, tout patient ayant eu une plaie chronique (ayant
dur plus de 1mois) ou une amputation dune partie du
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Dermo-hypodermite du pied
diabtique: la clinique avant tout
Linfection des plaies du pied est frquente chez le patient
diabtique, essentiellement du fait de leur chronicit:
plus longtemps la plaie persiste, plus la probabilit
quelle sinfecte est grande. Sil est bien quilibr, le
diabte en lui-mme nest pas un facteur de risque
dinfection. Sil est dsquilibr (hmoglobine glyque
[HbA1c]> 8%), les dfenses immunitaires risquent
dtre amoindries. Une prise en charge immdiate de la
dermo-hypodermite est essentielle pour viter ses
complications: extension loco-rgionale de linfection,
septicmie, ncrose infectieuse, amputations.
Diagnostiquer linfection
Le point essentiel pour diagnostiquer une infection
cutane (la dermo-hypodermite, que lon nommait auparavant improprement cellulite) est de ne pas se fier
aux prlvements bactriologiques de la plaie: ils sont
toujours positifs du fait de la colonisation bactrienne,
mais la prsence de germes sur le prlvement ne prjuge
pas de lexistence dune infection, ni de la pathognicit
des germes retrouvs. La clinique prime: une infection
est suspecte sil existe au moins deux signes ou symptmes suivants: rythme pri-lsionnel, dme local,
coulement purulent, chaleur et douleur locales.1, 2
noter que la douleur locale est souvent absente
chez le diabtique souffrant de neuropathie priphrique. Si elle est prsente, il faut rechercher une ostite
ou une fracture sous-jacente, ou encore une ostoarthrite infectieuse. En cas de dermo-hypodermite, on
cherche des signes gnraux (fivre, hypothermie, frissons), des signes de gravit (lymphangite, abcs, ostoarthrite), qui justifient le plus souvent une hospitalisation. La plaie doit tre soigneusement et prcautionneusement sonde la recherche de fistules, de dcollement
cutan, de contact osseux. Certains cas rares mais
svres dinfections seront voqus plus loin: tnosynovite, fasciite ncrosante, gangrne gazeuse.
NE PAS OUBLIER
Ne jamais omettre la vrification du statut vaccinal du patient vis--vis
du ttanos et une ventuelle prvention thromboembolique.
Vol. 66 _ Janvier 2016
105
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
thrombotique: douleur aigu du membre avec disparition
des pouls, lividit et froideur cutane, neuropathie hypoesthsique ischmique; lvolution en labsence de revascularisation en urgence va vers un aspect marbr puis
cyanos, les ulcres cutans et la ncrose musculaire.3
106
Un diagnostic clinique
Le patient se plaint dune douleur diffuse dun pied, dintensit faible modre, continue, non majore par la
marche. lexamen clinique, il ny a initialement ni plaie,
ni lsion traumatique, ni signe infectieux. On trouve, en
revanche, une neuropathie priphrique hypoesthsique,
et souvent des douleurs neuropathiques intriques avec
la douleur osseuse. Les signes permettant de diagnostiquer un pied de Charcot aigu sa phase initiale sont tnus,
mais doivent tre recherchs systmatiquement: discrte
chaleur du pied atteint par rapport au pied controlatral,
discret dme diffus du pied. Cet dme peut tre nglig
si le pied nest pas compar au pied indemne, en cherchant
notamment le comblement des sillons intertendineux.
Un certain degr drythme peut tre prsent, li
lhyperhmie due linflammation et la dysautonomie
vgtative: il doit tre diffrenci de lrythme secondaire une infection bactrienne (plus franc, mieux
dlimit, indpendant de la position dclive).
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
syndrome inflammatoire important, qui orienterait vers
un phnomne infectieux.
107
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Remerciements
au Dr Omar Tazi,
angiologue lhpital
Corentin-Celton
(Issy-les-Moulineaux),
pour son attentive
et amicale relecture.
drythme sur un trajet tendineux, de dermo-hypodermite nvoluant pas favorablement en 48heures sous
antibiothrapie orale, de mobilisation active douloureuse,
il faut suspecter une tnosynovite et adapter le traitement.
Une IRM ou un scanner peuvent aider au diagnostic dans
les cas litigieux, et le cas chant dcrire ltendue de
latteinte.
La prise en charge ncessite une antibiothrapie
intraveineuse et parfois un dbridement chirurgical
avec drainage et mchage.
Diagnostic diffrentiel: dermo-hypodermite,
fasciite ncrosante.
RSUM PIED DU
DIABTIQUE: LES SITUATIONS
DURGENCE
Toute plaie du pied diabtique doit bnficier
rapidement dune prise en charge spcialise et
multidisciplinaire, afin daugmenter les chances
de cicatrisation et de diminuer le risque dam-
RFRENCES
1. Lipsky BA, Berendt AR, Cornia PB,
et al. 2012 Infectious Diseases
Society of America Clinical Practice
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treatment of diabetic foot infections. J
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ulcer-healing? Diabetes Metab
2015;S1262-3636(15)00083-X.
CONCLUSION
Le pied diabtique ncessite une prvention adapte
au risque podologique, ainsi qu'une prise en charge
prcoce, globale et pluridisciplinaire des plaies.
Il est essentiel de prendre en compte: le statut infectieux (local, osseux et gnral), le statut vasculaire, la
dcharge de la plaie, les soins locaux, lquilibre glycmique et nutritionnel, la douleur.
Les situations durgence ont t prsentes (notamment la dermo-hypodermite et lischmie critique),
afin que tout mdecin confront la pathologie puisse
dispenser les premier traitements, sans perte de chance
pour le patient. V
DOSSIER
ARTRIOPATHIES
OBLITRANTES DES MEMBRES
INFRIEURS
DOSSIER LABOR
SUR LES CONSEILS
DU P R JEAN-NOL
FIESSINGER,
professeur mrite
de mdecine
vasculaire, universit
Paris Descartes,
Paris, France
jean-noel.fiessinger
@aphp.fr
BSIP
J.-N. Fiessinger
est membre
de lAcadmie
nationale
de mdecine
et du comit
de rdaction
de La Revue
du Praticien.
Il na pas dautre
lien dintrts.
I
SOMMAIRE
l y a 10 ans La Revue du Praticien publiait une monographie consacre aux artriopathies oblitrantes des membres infrieurs; 10 ans plus tard La Revue a volu,
accompagnant les nouveaux modes de lecture, le thme des artriopathies est
dsormais trait en seulement 3 articles et pourtant, pendant la dcennie coule,
la mdecine vasculaire sest affirme comme une spcialit part entire et la prise
en charge des patients atteints dartriopathie a chang.
Larticle consacr la prise en charge nous rappelle les fondamentaux de celle-ci et la place
essentielle de la mesure de lindex de pression systolique (IPS) dans lapprciation de la
svrit de lischmie permettant de distinguer ces deux situations qui sont dcisives au
moment des indications thrapeutiques, la claudication intermittente et lischmie critique.
Le traitement mdical a volu: la prise en charge non mdicamenteuse du patient >>>
f P.
f P.
91
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
claudicant est une premire tape. Le dbat sur les mdicaments vasoactifs fait partie
dsormais du pass, le traitement de la maladie athromateuse occupe la place centrale;
antiagrgants plaquettaires, statines, inhibiteurs de lenzyme de conversion ont dmontr leur
efficacit non seulement sur le risque cardiovasculaire mais aussi sur le primtre de marche.
Les techniques de revascularisation et par consquent leurs indications ont volu avec le
dveloppement spectaculaire des techniques de revascularisation endovasculaire. Au stade
de claudication, le contrle des facteurs de risque cardiovasculaire associ une rducation
de la marche est un pralable indispensable toute revascularisation. En cas dchec de
cette prise en charge et chez les patients en ischmie critique, une revascularisation est
ncessaire. Si la chirurgie ouverte garde des indications dans les lsions occlusives longues
et complexes, les progrs des techniques endovasculaires rduisent progressivement ses
indications mais les preuves dune supriorit dune technique en fonction des lsions restent
encore imprcises, rendant ncessaire que lquipe ait accs aux deux approches.
Le diabte, en progression croissante, est dsormais un problme majeur de sant publique.
Associant micro- et macro-angiopathie, le pied diabtique est encore trop souvent source
damputations. Les diabtologues et les divers intervenants en pathologie vasculaire, chirurgiens, mdecins, radiologues ont su rpondre ce dfi en crant des rseaux de prise en
charge. Dsormais tout patient diabtique ayant une plaie du pied doit tre adress ces
structures spcialises o une prise en charge vasculaire et orthopdique permettra une
cicatrisation.
Jean-Nol Fiessinger
92
Distinguer 3 classes
Deux classifications cliniques similaires coexistent:
celle de Fontaine et celle de Rutherford (v.tableau). Ces
classifications ont le dsavantage de prsenter lartriopathie des membres infrieurs comme responsable dun
continuum de lsions qui, progressivement, voluent
de la phase la moins grave (asymptomatique) la plus
svre (troubles trophiques). En ralit, chez beaucoup
de patients, lartriopathie athromateuse est diagnostique demble un stade avanc, sans que les patients
aient eu de symptmes de claudication.
Pour la pratique, il est plus efficace de distinguer trois
classes: lartriopathie oblitrante asymptomatique,
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
CLASSIFICATION CLINIQUE DE LARTRIOPATHIE OBLITRANTE DES MEMBRES INFRIEURS
Classification de Fontaine
A. Bura-Rivire dclare
des interventions
ponctuelles (essais
cliniques et travaux
scientifiques) pour
Astra-Zeneca, Bayer,
Boehringer-Ingelheim,
Leo Pharma,
Pfizer/BMS et Sanofi;
et avoir t prise
en charge loccasion
de dplacements
pour congrs par ces
mmes entreprises.
F.-X. Lapbie
dclare navoir aucun
lien dintrts.
Classification de Rutherford
Stade
Symptmes
Grade
Catgorie
Symptmes
asymptomatique
asymptomatique
II
claudication
claudication minime
claudication modre
claudication svre
III
douleur de repos
II
douleur de repos
IV
ulcre
III
III
lischmie deffort (ou claudication artrielle intermittente), lischmie permanente ou critique. Au stade
dischmie deffort, il existe un risque de mortalit cardiovasculaire lev, mais un risque damputation trs
faible (moins de 5% 5ans). Sa prise en charge repose
sur la prvention cardiovasculaire. Le stade dischmie
critique est gnralement dfini par la prsence de douleurs de dcubitus ou de troubles trophiques depuis au
moins 15jours avec une pression artrielle systolique
infrieure 50mmHg la cheville (ou 30mmHg lorteil)
ou une pression doxygne mesure travers la peau
(TcPO2) infrieure 30mmHg.1, 2 Ce stade est dit critique,
car, en plus du risque de mortalit cardiovasculaire, le
patient a un risque damputation trs lev (30% 6mois)
et les chances de gurison, en labsence de la restauration
dun flux artriel de bonne qualit, sont infimes.
Quel bilan?
La dcouverte dune artriopathie oblitrante des
membres infrieurs implique deffectuer un bilan biologique et clinique la recherche des facteurs de risque
dathrome (en particulier, hypertension artrielle, dyslipidmies, tabagisme, diabte), et de rechercher dautres
localisations athromateuses par linterrogatoire et
lexamen clinique, un lectrocardiogramme de >>>
Vol. 66 _ Janvier 2016
93
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
8,0
Hommes
Femmes
4,0
2,0
1,0
0,5
< 0,60
0,61-0,70
0,71-0,80
0,81-0,90
0,91-1,00
1,01-1,10
1,11-1,20
Rfrence
1,21-1,30
1,31-1,40
> 1,40
Figure. HAZARD RATIO POUR LA MORTALIT TOTALE CHEZ LES FEMMES ET LES HOMMES, EN FONCTION DE LIPS LINCLUSION.
Daprs la rf. 25.
repos, une chographie de laorte (dpistage de lanvrisme de laorte abdominale) et un cho-Doppler des
troncs supra-aortiques (HAS 2006).1
94
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
de mort cardiovasculaire, infarctus du myocarde et accident vasculaire crbral a t constate dans ltude
HOPE chez des patients haut risque (dont des artriopathes) traits par des doses progressivement croissantes
de ramipril jusqu 10 mg/j.13 Ces mdicaments doivent
tre introduits en augmentant progressivement les
doses sous surveillance de la pression artrielle et de la
cratininmie. Un effet bnfique sur le temps de marche
et sur la distance de marche a t mis en vidence avec
le ramipril ds le dbut du traitement.14 Ce traitement
est conseill par les recommandations amricaines
mme en cas dartriopathie athromateuse asymptomatique pour rduire le risque cardiovasculaire.6
Des mdicaments insuffisamment prescrits. Dans
une tude mene sur un registre amricain, le taux de
dcs dune population ayant un IPS0,9 et sans antcdent cardiovasculaire linclusion tait de 16% pour
un suivi moyen de 4,4ans. La prsence dau moins deux
traitements parmi un antiplaquettaire, une statine, un
IEC ou un antagoniste des rcepteurs de langiotensineII
(ARAII), rduisait cette mortalit de 65%.15 Ces traitements restent insuffisamment prescrits: dans une tude
de registre danoise, 18mois du diagnostic dune artriopathie oblitrante des membres infrieurs (avec ou
sans antcdent datteinte coronarienne), seuls 53%
des patients bnficiaient dun antiagrgant plaquettaire, 40% dune statine et 20% dun IEC.16
95
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
importante et persistante aprs consultation pluridisciplinaire.1, 4
Ltude CLEVER a compar, chez des patients ayant
une claudication intermittente et des lsions aortoiliaques isoles, lefficacit dune prise en charge par
angioplastie et stent un programme dentranement
la marche supervis. Lamlioration de la dure de
marche maximale 6mois tait plus importante dans le
groupe exercice supervis, alors que lamlioration
de la qualit de vie tait plus importante dans le groupe
angioplastie et stent.21
96
ducation thrapeutique
Lartriopathie oblitrante des membres infrieurs est
une maladie chronique, qui fait partie des 30affections
de longue dure; une demande de prise en charge
100% doit tre initie ds le diagnostic. Lducation
thrapeutique a pour but la modification du mode de
vie des patients, lamlioration de lobservance des
traitements et lapprentissage de lautosurveillance.
Des programmes spcifiques devraient tre mis la
disposition de tous les patients, mais ils ne sont actuellement effectus que dans un nombre limit de centres
hospitaliers.
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
RSUM PRISE EN CHARGE DE
LARTRIOPATHIE ATHROMATEUSE
Lartriopathie athromateuse des membres infrieurs est
dpiste par la mesure du rapport entre la pression systolique la cheville et la pression systolique humrale (IPS).
Il sagit dun puissant marqueur de risque de mortalit
cardiovasculaire. Lcho-Doppler artriel est lexamen effectuer en premire intention pour un bilan morphologique
et hmodynamique des lsions artrielles. La prise en charge
repose sur la prvention de la mortalit cardiovasculaire qui
est obtenue par le contrle strict des facteurs de risque et
sur lutilisation dantiplaquettaires, de statines et dinhibiteurs
du systme rnine-angiotensine. Lentranement la marche
supervis est utile au stade dischmie deffort pour rduire
RFRENCES
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en charge de lartriopathie
chronique oblitrante athrosclrose
des membres infrieurs.
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15. Pande RL, Perlstein TS,
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20. Momsen AH, Jensen MB,
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Vestersgaard-Andersen T,
Lindholt JS. Drug therapy
for improving walking distance
in intermittent claudication:
97
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Dermo-hypodermite du pied
diabtique: la clinique avant tout
Linfection des plaies du pied est frquente chez le patient
diabtique, essentiellement du fait de leur chronicit:
plus longtemps la plaie persiste, plus la probabilit
quelle sinfecte est grande. Sil est bien quilibr, le
diabte en lui-mme nest pas un facteur de risque
dinfection. Sil est dsquilibr (hmoglobine glyque
[HbA1c]> 8%), les dfenses immunitaires risquent
dtre amoindries. Une prise en charge immdiate de la
dermo-hypodermite est essentielle pour viter ses
complications: extension loco-rgionale de linfection,
septicmie, ncrose infectieuse, amputations.
Diagnostiquer linfection
Le point essentiel pour diagnostiquer une infection
cutane (la dermo-hypodermite, que lon nommait auparavant improprement cellulite) est de ne pas se fier
aux prlvements bactriologiques de la plaie: ils sont
toujours positifs du fait de la colonisation bactrienne,
mais la prsence de germes sur le prlvement ne prjuge
pas de lexistence dune infection, ni de la pathognicit
des germes retrouvs. La clinique prime: une infection
est suspecte sil existe au moins deux signes ou symptmes suivants: rythme pri-lsionnel, dme local,
coulement purulent, chaleur et douleur locales.1, 2
noter que la douleur locale est souvent absente
chez le diabtique souffrant de neuropathie priphrique. Si elle est prsente, il faut rechercher une ostite
ou une fracture sous-jacente, ou encore une ostoarthrite infectieuse. En cas de dermo-hypodermite, on
cherche des signes gnraux (fivre, hypothermie, frissons), des signes de gravit (lymphangite, abcs, ostoarthrite), qui justifient le plus souvent une hospitalisation. La plaie doit tre soigneusement et prcautionneusement sonde la recherche de fistules, de dcollement
cutan, de contact osseux. Certains cas rares mais
svres dinfections seront voqus plus loin: tnosynovite, fasciite ncrosante, gangrne gazeuse.
NE PAS OUBLIER
Ne jamais omettre la vrification du statut vaccinal du patient vis--vis
du ttanos et une ventuelle prvention thromboembolique.
Vol. 66 _ Janvier 2016
105
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
thrombotique: douleur aigu du membre avec disparition
des pouls, lividit et froideur cutane, neuropathie hypoesthsique ischmique; lvolution en labsence de revascularisation en urgence va vers un aspect marbr puis
cyanos, les ulcres cutans et la ncrose musculaire.3
106
Un diagnostic clinique
Le patient se plaint dune douleur diffuse dun pied, dintensit faible modre, continue, non majore par la
marche. lexamen clinique, il ny a initialement ni plaie,
ni lsion traumatique, ni signe infectieux. On trouve, en
revanche, une neuropathie priphrique hypoesthsique,
et souvent des douleurs neuropathiques intriques avec
la douleur osseuse. Les signes permettant de diagnostiquer un pied de Charcot aigu sa phase initiale sont tnus,
mais doivent tre recherchs systmatiquement: discrte
chaleur du pied atteint par rapport au pied controlatral,
discret dme diffus du pied. Cet dme peut tre nglig
si le pied nest pas compar au pied indemne, en cherchant
notamment le comblement des sillons intertendineux.
Un certain degr drythme peut tre prsent, li
lhyperhmie due linflammation et la dysautonomie
vgtative: il doit tre diffrenci de lrythme secondaire une infection bactrienne (plus franc, mieux
dlimit, indpendant de la position dclive).
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
syndrome inflammatoire important, qui orienterait vers
un phnomne infectieux.
107
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Remerciements
au Dr Omar Tazi,
angiologue lhpital
Corentin-Celton
(Issy-les-Moulineaux),
pour son attentive
et amicale relecture.
drythme sur un trajet tendineux, de dermo-hypodermite nvoluant pas favorablement en 48heures sous
antibiothrapie orale, de mobilisation active douloureuse,
il faut suspecter une tnosynovite et adapter le traitement.
Une IRM ou un scanner peuvent aider au diagnostic dans
les cas litigieux, et le cas chant dcrire ltendue de
latteinte.
La prise en charge ncessite une antibiothrapie
intraveineuse et parfois un dbridement chirurgical
avec drainage et mchage.
Diagnostic diffrentiel: dermo-hypodermite,
fasciite ncrosante.
RSUM PIED DU
DIABTIQUE: LES SITUATIONS
DURGENCE
Toute plaie du pied diabtique doit bnficier
rapidement dune prise en charge spcialise et
multidisciplinaire, afin daugmenter les chances
de cicatrisation et de diminuer le risque dam-
RFRENCES
1. Lipsky BA, Berendt AR, Cornia PB,
et al. 2012 Infectious Diseases
Society of America Clinical Practice
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treatment of diabetic foot infections. J
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charge du pied diabtique infect.
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3. Piriou V, Closon M, Feugier P.
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dun patient en ischmie aigu
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(Elsevier Masson SAS, Paris),
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4. Vouillarmet J. Lower-extremity
arterial revascularization: Is there
any evidence for diabetic foot
ulcer-healing? Diabetes Metab
2015;S1262-3636(15)00083-X.
CONCLUSION
Le pied diabtique ncessite une prvention adapte
au risque podologique, ainsi qu'une prise en charge
prcoce, globale et pluridisciplinaire des plaies.
Il est essentiel de prendre en compte: le statut infectieux (local, osseux et gnral), le statut vasculaire, la
dcharge de la plaie, les soins locaux, lquilibre glycmique et nutritionnel, la douleur.
Les situations durgence ont t prsentes (notamment la dermo-hypodermite et lischmie critique),
afin que tout mdecin confront la pathologie puisse
dispenser les premier traitements, sans perte de chance
pour le patient. V
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
FOCUS
ALESSANDRA
BURA-RIVIRE
Service de mdecine
vasculaire,
CHU de Toulouse,
Universit
Paul Sabatier,
Toulouse, France
bura-riviere.a@
chu-toulouse.fr
A. Bura-Rivire
dclare des
interventions
ponctuelles
(essais cliniques
et travaux
scientifiques)
pour Astra-Zeneca,
Bayer, BoehringerIngelheim, Leo Pharma,
Pfizer/BMS et Sanofi;
et avoir t prise
en charge loccasion
de dplacements
pour congrs par ces
mmes entreprises.
98
0,08
0,07
0,06
0,05
0,04
0,03
0,02
0,01
0,00
30-34
35-39
40-44
45-49
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
Groupe dge
5
Hommes
Femmes
4
3
2
1
0
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
> 85
Classe dge
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Dans ltude Rotterdam, fonde sur la
mesure des IPS, lartriopathie oblitrante des membres infrieurs est moins
frquente chez les hommes que chez les
femmes, avec une prvalence de 16,9%
et 20,5% et un rapport homme/femme
de 0,82 (fig. 2).2
Diffrences ethniques:
des donnes limites
Les donnes sur lassociation entre
lartriopathie oblitrante des membres
infrieurs et lorigine ethnique sont
limites, la plupart des tudes ayant
t conduites chez des sujets blancs,
non hispaniques. Plusieurs grandes
RFRENCES
1. Aboyans V, Criqui MH, Abraham P,
et al.; American Heart Association
Council on Peripheral Vascular
Disease; Council on Epidemiology
and Prevention; Council on
Clinical Cardiology; Council
on Cardiovascular Nursing;
Council on Cardiovascular Radiology
and Intervention, and Council
on Cardiovascular Surgery and
Anesthesia. Measurement and
interpretation of the ankle-brachial
index: a scientific statement from
the American Heart Association.
Circulation 2012;126:2890-909.
2. Meijer WT, Hoes AW, Rutgers D,
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Peripheral arterial disease
in the elderly: The Rotterdam
study. Arterioscler Thromb
Vasc Biol 1998;18:185-92.
99
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Techniques de revascularisation des artriopathies
Des revascularisations
endovasculaires moins
invasives
JONATHAN
SOBOCINSKI,
RICHARD AZZAOUI,
TERESA
MARTIN-GONZALEZ,
ADRIEN HERTAULT,
RAFAELLE SPEAR,
RACHEL CLOUGH,
STPHAN HAULON
Service de chirurgie
vasculaire,
Centre de laorte,
Hpital cardiologique,
CHU de Lille,
Lille, France
jonathan.sobo
@gmail.com
J. Sobocinski dclare
des liens dintrts
(confrences)
avec Abbott Vascular.
R. Spear dclare
des prises charge
loccasion
de congrs par
COOK Medical,
Vascutek et Bard.
R. Azzaoui, R. Clough,
T. Martin-Gonzalez
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
S. Haulon et
A. Hertault nont
pas transmis de
dclaration dintrts.
100
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Figure 1.
RECONSTRUCTION
RALISE PARTIR
DUNE ANGIOGRAPHIE
PAR RSONANCE
MAGNTIQUE.
La flche blanche
montre le pontage
prothtique fmoro-poplit
droit; les flches orange
rvlent une occlusion
chronique de lartre
fmorale superficielle
post-ostiale gauche
avec une reprise au niveau
du canal des adducteurs
(Hunter).
Lartriographie par rsonance magntique (ARM)
apporte peu dinformations sur la qualit de la paroi
artrielle et peut sous-estimer les difficults opratoires
(fig. 1) . Certains chirurgiens se satisfont dun choDoppler seul et proposent une artriographie en intention de traiter; cela limite les injections de produit de
contraste iod chez des patients dont la fonction rnale
est souvent altre.
Deux lments importants orientent le choix de la
stratgie de revascularisation: les caractristiques de
la lsion artrielle celles se rapportant au patient incluant son tat physiologique, et la prsence dun greffon
autologue utilisable pour la ralisation dun pontage.
Le choix du stent
Aucune recommandation ne peut tre faite quant au
choix du stent: certains auteurs valuent linfluence du
design des stents,6 quand dautres valuent les bnfices
des stents couverts ou des stents lution de mdicaments (stents actifs).7 Lutilisation de ballons enduits
de mdicaments (drug-eluting balloon [DEB]) est aujourdhui une alternative au stenting, en cours dvaluation. Ces ballons permettraient dobtenir daussi bons
rsultats que le stenting en ne laissant aucun matriel
dans lartre.8 Dans le mme esprit, des plateformes
rsorbables lution de mdicaments ou non sont en
cours dvaluation.9 Ces dispositifs ne sont pour linstant
pas rembourss par l'Assurance maladie en France.
Il nest pas recommand davoir recours limplantation systmatique de stents dans les artres de jambes;10
lutilisation de stent actif cet tage pourrait avoir un
avantage comparativement aux stents nus, ou mme
langioplastie seule.11 Le ballon lution de mdicaments
est aussi valu ltage jambier, mais l encore les
premires tudes comme IN.PACT (Medtronic) nont pas
>>>
confirm son intrt.12
Vol. 66 _ Janvier 2016
101
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
tion antgrade fmorale et rtrograde jambire ou poplite (fig.3). Malgr la diffusion de ces techniques, grce
notamment au dveloppement dun matriel ddi (introducteurs, guides et cathters), un chec de franchissement des lsions artrielles chroniques est rpertori
dans environ 10% des cas.15 Ces checs techniques aboutissent le plus souvent la ralisation dun pontage.
Il est difficile dvaluer linfluence du degr de calcification des lsions dans le choix de la stratgie de revascularisation. En cas de traitement endovasculaire, la
prsence de calcifications expose le patient un risque
lev demboles distaux, dchec de langioplastie ou de
limplantation de stent. Le recours un cathter dathrectomie associ ou non un systme de rcupration des
emboles pourraient ici avoir un intrt. La prsence de
calcifications importantes longues, diffuses et occlusives
peut aussi dcourager une revascularisation endovasculaire et orienter demble vers une chirurgie ouverte.
102
CONCLUSION
La chirurgie ouverte est toujours envisage pour les
lsions occlusives longues et complexes, mais les progrs des techniques endovasculaires permettent de
proposer des revascularisations des membres infrieurs moins invasives chez ces patients fragiles. Il
est indispensable davoir accs aux deux techniques
pour proposer la meilleure stratgie en fonction
des caractristiques des lsions artrielles et de ltat
physiologique des patients. V
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
RSUM TECHNIQUES DE REVASCULARISATION DES ARTRIOPATHIES
Dans le cadre de lischmie critique chronique, la menace pour le
patient de perdre le membre hypoperfus engage le chirurgien
proposer un geste de revascularisation rapide. Celui-ci peut tre
ralis par chirurgie ouverte, ou par des techniques de revascularisation endovasculaires moins invasives. Lengouement rcent pour
les traitements endovasculaires en pathologie artrielle priphrique
est contemporain du dveloppement doutils spcifiquement ddis
ce type de procdures. Des amliorations sur les ballons et les
stents ont t proposes; de nouveaux dispositifs, comme les cathters dathrectomie ont t dvelopps. Des amliorations sur les
introducteurs, guides et cathters ont t effectues pour rpondre
RFRENCES
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Endovasc Surg
2007;33:S1-75.
4. Bekken J, Jongsma H, Ayez
N, Hoogewerf CJ, Van Weel
V, Fioole B. Angioplasty
Endovascular Surg
2014;48:18-26.
11. Fusaro M, Cassese S,
Ndrepepa G, et al.
Drug-eluting stents for
revascularization of
infrapopliteal arteries:
updated meta-analysis of
randomized trials. JACC
Cardiovasc Interv
2013;6:1284-93.
12. Zeller T, Baumgartner I,
Scheinert D, et al.
Drug-eluting balloon versus
standard balloon angioplasty
for infrapopliteal arterial
revascularization in critical
limb ischemia: 12-month
results from the IN.PACT
DEEP randomized trial. J
Am Coll Cardiol
2014;64:1568-76.
13. Kang JL, Patel VI, Conrad
MF, Lamuraglia GM, Chung
103
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Pied du diabtique: les situations durgence
104
La neuropathie priphrique
hypoesthsique est la cause
essentielle du pied diabtique
La neuropathie priphrique hypoesthsique risque
dapparatre aprs de nombreuses annes de diabte
insuffisamment quilibr, modifie le positionnement
du pied et entrane hyperpressions et hyperkratose.
Cette hyperkratose, par des forces de cisaillement et
les microtraumatismes induits, dtriore les tissus sousjacents et permet la formation de collections aseptiques
secondairement fistulises la peau: le mal perforant
plantaire. La neuropathie entrane galement une augmentation du risque traumatique par dfaut de signal
dalerte douloureux lors dun chaussage inadapt (corps
tranger, couture intrieure, conflit avec la chaussure
des dformations comme un hallux valgus ou des orteils
en griffe), dune brlure, de blessure lors de la marche
pieds nus sur des objets coupants (cailloux, coquillages,
dbris de verre...).
Du fait de labsence de douleur lie la neuropathie,
le retard diagnostique est frquent chez les patients qui
nont pas bnfici dducation thrapeutique: tout
patient diabtique doit donc connatre son risque podologique, la gradation du risque faisant partie intgrante
du bilan annuel de retentissement du diabte. Sans
neuropathie, le risque de plaie nest pas augment et le
risque podologique est de 0/3. En cas de neuropathie
hypoesthsique diagnostique par un test au monofilament pathologique, le grade est de 1/3 en labsence
dautre anomalie du pied, mais de grade2/3 en cas
dartrite associe ou de trouble de la statique plantaire.
Enfin, tout patient ayant eu une plaie chronique (ayant
dur plus de 1mois) ou une amputation dune partie du
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Dermo-hypodermite du pied
diabtique: la clinique avant tout
Linfection des plaies du pied est frquente chez le patient
diabtique, essentiellement du fait de leur chronicit:
plus longtemps la plaie persiste, plus la probabilit
quelle sinfecte est grande. Sil est bien quilibr, le
diabte en lui-mme nest pas un facteur de risque
dinfection. Sil est dsquilibr (hmoglobine glyque
[HbA1c]> 8%), les dfenses immunitaires risquent
dtre amoindries. Une prise en charge immdiate de la
dermo-hypodermite est essentielle pour viter ses
complications: extension loco-rgionale de linfection,
septicmie, ncrose infectieuse, amputations.
Diagnostiquer linfection
Le point essentiel pour diagnostiquer une infection
cutane (la dermo-hypodermite, que lon nommait auparavant improprement cellulite) est de ne pas se fier
aux prlvements bactriologiques de la plaie: ils sont
toujours positifs du fait de la colonisation bactrienne,
mais la prsence de germes sur le prlvement ne prjuge
pas de lexistence dune infection, ni de la pathognicit
des germes retrouvs. La clinique prime: une infection
est suspecte sil existe au moins deux signes ou symptmes suivants: rythme pri-lsionnel, dme local,
coulement purulent, chaleur et douleur locales.1, 2
noter que la douleur locale est souvent absente
chez le diabtique souffrant de neuropathie priphrique. Si elle est prsente, il faut rechercher une ostite
ou une fracture sous-jacente, ou encore une ostoarthrite infectieuse. En cas de dermo-hypodermite, on
cherche des signes gnraux (fivre, hypothermie, frissons), des signes de gravit (lymphangite, abcs, ostoarthrite), qui justifient le plus souvent une hospitalisation. La plaie doit tre soigneusement et prcautionneusement sonde la recherche de fistules, de dcollement
cutan, de contact osseux. Certains cas rares mais
svres dinfections seront voqus plus loin: tnosynovite, fasciite ncrosante, gangrne gazeuse.
NE PAS OUBLIER
Ne jamais omettre la vrification du statut vaccinal du patient vis--vis
du ttanos et une ventuelle prvention thromboembolique.
Vol. 66 _ Janvier 2016
105
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
thrombotique: douleur aigu du membre avec disparition
des pouls, lividit et froideur cutane, neuropathie hypoesthsique ischmique; lvolution en labsence de revascularisation en urgence va vers un aspect marbr puis
cyanos, les ulcres cutans et la ncrose musculaire.3
106
Un diagnostic clinique
Le patient se plaint dune douleur diffuse dun pied, dintensit faible modre, continue, non majore par la
marche. lexamen clinique, il ny a initialement ni plaie,
ni lsion traumatique, ni signe infectieux. On trouve, en
revanche, une neuropathie priphrique hypoesthsique,
et souvent des douleurs neuropathiques intriques avec
la douleur osseuse. Les signes permettant de diagnostiquer un pied de Charcot aigu sa phase initiale sont tnus,
mais doivent tre recherchs systmatiquement: discrte
chaleur du pied atteint par rapport au pied controlatral,
discret dme diffus du pied. Cet dme peut tre nglig
si le pied nest pas compar au pied indemne, en cherchant
notamment le comblement des sillons intertendineux.
Un certain degr drythme peut tre prsent, li
lhyperhmie due linflammation et la dysautonomie
vgtative: il doit tre diffrenci de lrythme secondaire une infection bactrienne (plus franc, mieux
dlimit, indpendant de la position dclive).
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
syndrome inflammatoire important, qui orienterait vers
un phnomne infectieux.
107
ARTRIOPATHIES OBLITRANTES
DES MEMBRES INFRIEURS
Remerciements
au Dr Omar Tazi,
angiologue lhpital
Corentin-Celton
(Issy-les-Moulineaux),
pour son attentive
et amicale relecture.
drythme sur un trajet tendineux, de dermo-hypodermite nvoluant pas favorablement en 48heures sous
antibiothrapie orale, de mobilisation active douloureuse,
il faut suspecter une tnosynovite et adapter le traitement.
Une IRM ou un scanner peuvent aider au diagnostic dans
les cas litigieux, et le cas chant dcrire ltendue de
latteinte.
La prise en charge ncessite une antibiothrapie
intraveineuse et parfois un dbridement chirurgical
avec drainage et mchage.
Diagnostic diffrentiel: dermo-hypodermite,
fasciite ncrosante.
RSUM PIED DU
DIABTIQUE: LES SITUATIONS
DURGENCE
Toute plaie du pied diabtique doit bnficier
rapidement dune prise en charge spcialise et
multidisciplinaire, afin daugmenter les chances
de cicatrisation et de diminuer le risque dam-
RFRENCES
1. Lipsky BA, Berendt AR, Cornia PB,
et al. 2012 Infectious Diseases
Society of America Clinical Practice
Guideline for the diagnosis and
treatment of diabetic foot infections. J
Am Podiatr Med Assoc 2013;103:2-7.
2. Socit de pathologie infectieuse
de langue franaise. Prise en
charge du pied diabtique infect.
Recommandations pour la pratique
clinique, SPILF. Med Mal Infect
108
2007;37:26-50.
3. Piriou V, Closon M, Feugier P.
Prise en charge en urgence
dun patient en ischmie aigu
des membres infrieurs. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris),
Med Urg 2007;25-190-A-20.
4. Vouillarmet J. Lower-extremity
arterial revascularization: Is there
any evidence for diabetic foot
ulcer-healing? Diabetes Metab
2015;S1262-3636(15)00083-X.
CONCLUSION
Le pied diabtique ncessite une prvention adapte
au risque podologique, ainsi qu'une prise en charge
prcoce, globale et pluridisciplinaire des plaies.
Il est essentiel de prendre en compte: le statut infectieux (local, osseux et gnral), le statut vasculaire, la
dcharge de la plaie, les soins locaux, lquilibre glycmique et nutritionnel, la douleur.
Les situations durgence ont t prsentes (notamment la dermo-hypodermite et lischmie critique),
afin que tout mdecin confront la pathologie puisse
dispenser les premier traitements, sans perte de chance
pour le patient. V
DCOUVRIR
Livre. Il faudra plus de 30 ans Copernic pour quil accepte de dvoiler,
juste avant de mourir, ce quil avait fini par considrer tre un secret:
cest la Terre qui tourne autour du soleil et non linverse
1543: LA TERRE
NEST PLUS au milieu
du monde!
ans lhistoire de la pense et de la science occidentales, 1543 est une date retenir. Deux
ouvrages rvolutionnaires parus presque
simultanment vont bouleverser bien des
conceptions. Ble, le grand anatomiste Vsale publie
son De humani corporis fabrica (La Fabrique du corps
humain), qui ouvre une nouvelle re pour la mdecine,
tandis qu Nuremberg parat le De revolutionibus orbium clestium (Des rvolutions des orbes clestes)
de Nicolas Copernic.* Ce dernier ouvrage vient de faire
lobjet, aux Belles Lettres, dune trs belle dition critique
bilingue, associant la traduction franaise en regard du
texte original. Cette somme de plus de 2700 pages, accompagne dun riche appareil critique, devient dsormais
ldition scientifique de rfrence de cet ouvrage majeur.
Nous publions ici, avec lautorisation de lditeur, un
extrait issu de la partie la plus clbre de louvrage
(livreI, chapitre10), lequel contient pour la premire fois
dans lhistoire un schma qui ne place plus la Terre au
centre du monde!
Jean Deleuze
PORTRAIT
DE COPERNIC.
Muse de Torun.
DR
* sur ce point,
voir: Canguilhem G.
Lhomme de Vsale
dans le monde
de Copernic. in:
tudes dhistoire
et de philosophie
des sciences.
Vrin 1968, pages
146-54 (rdition,
Les Empcheurs
de penser en rond,
1991.
** ce paragraphe
rsume et reprend
des extraits
de lintroduction
consacre la
gense de luvre
de Copernic
dans ldition des
Belles Lettres.
111
DCOUVRIR
COPERNIC
Mais ce propos liminaire, charg de protger
louvrage, dissimule mal son importance exceptionnelle: Copernic dloge en effet la Terre de sa
position centrale pour lui donner le statut plein et
entier de plante, cest--dire quil en fait un astre
errant, au mme titre que Mercure, Vnus, Mars,
Jupiter et Saturne, plantes tournant toutes autour
du Soleil qui, lui, se voit immobilis au milieu
du monde [] Le monde plantaire forme pour la
premire fois un vritable systme et nest plus un
simple agrgat de plantes qui se meuvent dans le
ciel sans loi mathmatique rigoureuse [] Mais
Copernic dclare aussi que les toiles se trouvent
une distance si considrable du centre du monde que la
trajectoire hliocentrique de la Terre ne modifie en rien
le paysage stellaire tout au long de sa course. Autrement
dit, alors que les Anciens tenaient le ciel de Saturne et
celui des toiles fixes pour contigus, Copernic introduit
entre eux un intervalle immense, soit un espace vide
de tout corps. Espace immense au point que lon a pu se
demander si le monde de Copernic nenflerait pas jusqu
devenir infini!. La fortune dun ouvrage aussi rvolutionnaire fut discrte jusqu ce que Galile, avec
toute son autorit, proclame partir de 1610 la justesse
des observations de Copernic. On sait ce quil lui en
cotera!
112
DE
REVOLUTIONIBUS
ORBIUM
COELESTIUM /
DES RVOLUTIONS
DES ORBES
CLESTES
DE NICOLAS
COPERNIC
dition bilingue
avec le soutien
de lObservatoire
de paris, traduction
par Michel-Pierre
Lerner, Alain
Philippe Segonds
et Jean-Pierre
Verdet
Introduction
et notes de
Michel-Pierre
Lerner,
Concetta Luna,
Isabelle Pantin,
Denis Savoie,
Alain Philippe
Segonds,
Michel Toulmonde,
Jean-Pierre Verdet
Les Belles Lettres,
Paris, 3 volumes,
2700 pages,
199
DCOUVRIR
COPERNIC
de la nature qui, tout de mme quelle a vit au plus
haut point de produire quelque chose de superflu ou
dinutile, a de mme souvent prfr attribuer une
chose unique plusieurs effets.
Bien que toutes ces considrations soient difficiles
et presque inconcevables (car elles sont contraires
lopinion du plus grand nombre), nanmoins, au cours
de notre dmarche, et avec laide de Dieu, nous les rendrons plus claires que le Soleil lui-mme pour ceux
du moins qui nignorent pas la science mathmatique.
Cest pourquoi, puisque notre premier principe reste
valide et en effet personne ne saurait en trouver de
meilleur que celui qui permet de mesurer la grandeur
des orbes par la longueur du temps , lordre des
sphres, en commenant par le haut, est le suivant.
113
RR
FOCUS
Item 78
Personne
CONDUITES
DOPANTES
Substances
FIGURE
Environnement
(social,
culturel...)
e3
RR
FOCUS
Item 78
e4
D OP AGE
Pistes thrapeutiques
La prise en charge des sportifs (professionnels et amateurs)
est une affaire de spcialistes.
Il est important denvisager une prise en charge pluridisciplinaire,
tant sur le plan biologique que psychologique et psychothrapeutique, voire social.
Un suivi addictologique, psychiatrique, somatique, gastro
entrologique, hmatologique et en cardiologie doit tre amorc
au plus vite.
Les approches psychothrapeutiques, principalement les thra
pies comportementales cognitives, doivent tre systmatiquement
associes un traitement pharmacologique.
U. Herv dclare navoir aucun lien dintrts.
+
POUR EN SAVOIR
Escriva JP, Vassort P. Addictions sportives, dopage et toxicomanie.
ditions La Cne, 2000
Karila L, Benhaiem A. Accro ! ditions Marabout, 2015 : chapitre 8
Trop vite, trop haut, trop fort : addiction lexercice physique .
RR
FOCUS
Item 280
Constipation de lenfant:
physiopathognie
et signes dalerte
a constipation correspond un retard dvacuation de matires dont le sjour dans lintestin a de ce fait t prolong.
Ceci peut rsulter soit dune propulsion colique insuffisante lie
un trouble moteur ou la prsence dun obstacle aboutissant
un certain degr de rtention, soit, et cest le plus souvent le cas
chez lenfant, dune rsistance lvacuation du fait dun dysfonctionnement pelvien et anorectal joint aux anomalies de
consistance des matires qui se sont dshydrates du fait de leur
sjour colique prolong. De cette rtention rsultent des symptmes dsagrables pour le patient qui justifient la demande de
consultation: douleurs abdominales, exonration difficile et douloureuse, fissure anale, et ensuite souillures et encoprsie.
Les constipations aigus sont la consquence gnralement
dun pisode aigu fbrile, dun alitement, dune gastroentrite,
ou dun changement soudain dhabitudes (modification du rgime,
ou des conditions de vie). Un pisode aigu de selles dures et
sches engendre fissure anale et douleur qui vont aboutir une
apprhension et une peur de la dfcation avec attitude de rtention fcale (enfant debout, jambes tendues, muscles pelviens
contracts). La rtention volontaire aboutit une disparition du
besoin en raison de lencombrement rectal et de la distension
qui sensuit. Cette distension entrane un degr variable des
anomalies de la sensibilit et de la compliance rectale qui vont
prenniser le trouble. Les selles, dures et volumineuses, lors
dun passage ultrieur vont engendrer une douleur intense
lorigine dun cercle vicieux avec prennisation du symptme.
Au maximum, la sensation de besoin disparat totalement, et
lenfant perd la capacit de se retenir ou de dfquer lorsque le
rectum se remplit. Il sensuit alors des pisodes dincontinence.
Des facteurs psychologiques et comportementaux sont galement
impliqus dans la prennisation du symptme. Des troubles anxieux
et dpressifs, des troubles de lattention ou des troubles dadaptation sociale sont en effet retrouvs chez 30 % des denfants
suivis pour encoprsie.
Les constipations chroniques, voluant depuis plus de 4 semaines,
procdent de la ngligence dun phnomne a priori transitoire
e5
RR
FOCUS
Item 274
lors que le traitement de la lithiase vsiculaire symptomatique est consensuel et bien codifi, la prise en charge de
la lithiase de la voie biliaire principale reste discute. Elle peut
tre chirurgicale ou endoscopique. Le choix de la stratgie thrapeutique entre ces deux modalits repose sur le mode de rvlation de cette lithiase de la voie biliaire principale, ltat gnral
du patient mais aussi sur lexpertise du centre.
e6
RR
FOCUS
Item 35
Contraception et risque
de maladie veineuse
thromboembolique
e7
RR
FOCUS
Item 35
Thrombus
FIGURE
Thrombose veineuse.
e8
V SOL DI
RR
Item 78
objectifs
CONNATRE les principales substances utilises
des fins de dopage dans la pratique du sport.
CONNATRE les circonstances du dpistage,
la prise en charge mdicale de lutilisateur
et les principes de la lutte contre le dopage
dans le sport.
Dfinition du dopage
Dans le cadre de la pratique sportive, le code mondial anti
dopage a dfini linfraction de dopage par la violation des rgles
suivantes:
la prsence dune substance interdite, de ses mtabolites ou
de ses marqueurs dans lchantillon fourni. Il incombe chaque
sportif de sassurer quaucune substance interdite ne pntre
dans son organisme. Les sportifs sont responsables de toute
substance interdite, de ses mtabolites ou marqueurs, dont la
prsence est dcele dans leurs prlvements corporels;
lusage ou la tentative dusage dune substance ou dune m
thode interdite;
le refus ou le fait de se soustraire sans justification valable un
prlvement dchantillons aprs notification, en conformit
avec les rglements antidopage en vigueur, ou encore le fait
dviter un prlvement dchantillons;
la violation des exigences de disponibilit des sportifs pour les
contrles hors comptition, y compris le non-respect par les
sportifs de lobligation de fournir des renseignements sur leur
localisation;
la falsification ou la tentative de falsification de tout lment du
processus de prlvement ou danalyse des chantillons;
e9
TABLEAU 1
RR Item 78
D O PA G E
Classe de substances et mthodes figurant sur la liste des interdictions (au 1erjanvier 2016)
En permanence
S3 / Bta-2 agonistes
En comptition
uniquement
S7 / Narcotiques
Tous les opiacs (morphine, hrone, fentanyl)
S9 / Glucocorticodes
M3 / Dopage gntique
Dans certains
sports
uniquement
P1 / Alcool
e10
Agents anabolisants
Les strodes anabolisants andrognes peuvent tre exognes
(par exemple danazol, nandrolone, stanozolol) ou endognes
(par exemple androstnediol, androstnedione, dihydrotestos
trone, testostrone).
La classe des agents anabolisants regroupe des substances
qui augmentent la synthse des protines musculaires.
Les effets recherchs sont laugmentation de la masse mus
culaire, la diminution de la fatigue, lamlioration de la rcup
ration aprs blessure, laugmentation de lagressivit, leuphorie,
et la diminution de la priode de rcupration entranant une
augmentation des charges dentranement en dure et en in
tensit.
Il existe dautres agents anabolisants: clenbutrol, modulateurs
slectifs des rcepteurs aux andrognes (SARMs), tibolone, z
ranol, zilpatrol.
Les effets indsirables sont:
chez lhomme: atrophie testiculaire, acn, strilit, gynco
mastie, rtention hydrosode, hypertrophie prostatique, modifi
cation de la libido accompagne souvent dimpuissance, acc
lration de la calvitie;
chez la femme: virilisation, hirsutisme, hypertrophie clitori
dienne, raucit de la voix, acn, alopcie, modification de la
libido, amnorrhe.
Il existe aussi des effets mtaboliques(augmentation du LDLcholestrol, baisse du HDL-cholestrol, rduction de lapoprot
ineA1, rtention hydrosode), une toxicit hpatique (hpatite
cholestatique, hpatome), un risque de dcompensation dune
insuffisance cardiaque, ou dautres maladies cardiovasculaires
(hypertension artrielle [HTA], coronaropathies), une hypertro
phie musculaire gnralise avec prdominance sur le haut du
corps.
Les effets neuropsychiatriques possibles sont les troubles du
comportement, lanxit, la dpression, la paranoa, lagressi
vit, le syndrome maniaque, avec parfois une vritable dpen
dance physique et psychique (dont un risque de syndrome de
sevrage proche de celui observ avec les opiacs en cas dar
rt brutal).
e11
RR Item 78
D O PA G E
Bta-2 agonistes
Tous les bta-2 agonistes, y compris leurs isomres optiques
(d-etl-) sil y a lieu, sont interdits, sauf les trois formes inhales
suivantes: salbutamol (maximum 1600g/24hs); formotrol
(maximum 54g par 24h); salmtrol (conformment aux
schmas dadministration thrapeutique recommands par les
fabricants).
La prsence dans lurine de salbutamol une concentration
> 1000ng/mL ou de formotrol une concentration > 40ng/mL
est prsume ne pas tre la consquence dune utilisation thra
peutique intentionnelle et est considre comme un rsultat
danalyse anormal, moins que le sportif ne prouve par une
tude de pharmacocintique contrle que ce rsultat anormal
est bien la consquence de lusage dune dose thrapeutique
par inhalation jusqu la dose maximale indique ci-dessus.
Au-del des concentrations maximales autorises pour ces
trois formes inhales, et pour lutilisation des autres bta-2 ago
nistes, une autorisation dusage des fins thrapeutiques (AUT)
est ncessaire.
Les effets recherchs sont secondaires leur effet broncho
dilatateur: amlioration de la fonction respiratoire, augmentation
de la rsistance leffort.
Par leur effet anabolisant fortes doses, ils augmentent la masse
musculaire.
Parmi les effets indsirables, on note: nervosit, vasodilatation
priphrique, tachycardie rflexe, palpitations, cphales, trem
blements des extrmits, crampes musculaires, ruptures tendi
neuses et musculaires, possibilit dhypokalimie et dlvation
de la glycmie.
e12
Dopage
Dopage gntique
Le dopage gntique est lensemble des procds pharmaco
logiques modernes qui inflchissent les voies de rgulation,
cest un dtournement de la thrapie gnique qui permet de
remplacer un gne dfaillant ou den modifier lexpression.
e13
RR Item 78
D O PA G E
e14
Narcotiques
Les produits utiliss sont la buprnorphine, la diamorphine
(hrone), le fentanyl, la mthadone, loxycodone, la morphine et
autres opiacs.
Les neurotransmetteurs impliqus sont la noradrnaline, la
dopamine, la srotonine et le GABA (acide -aminobutyrique).
Les effets recherchs sont analgsiques et euphorisants.
Parmi les effets indsirables: somnolence, myosis, nauses et
vomissements, constipation, dpression respiratoire svre, coma,
confusion mentale, augmentation de la pression intracrnienne,
augmentation de la pression dans les voies biliaires.
Il peut y avoir addiction.
Le syndrome de sevrage comprend larmoiement, billements,
sueurs, agitation, rhinorrhe, mydriase, myalgies, douleur osseuse,
diarrhe. Il ne met pas en jeu le pronostic vital.
Cannabinodes
Le9-ttrahydrocannabinol(THC) naturel (p. ex. le cannabis, le
haschich, la marijuana) ou synthtique et les cannabimimtiques
sont interdits.
Leffet relaxant permet de mieux aborder une comptition.
Leuphorie et laugmentation de lagressivit facilitent laffron
tement du danger. La diminution de la perception de la fatigue
et des douleurs musculaires permet la ralisation defforts
prolongs.
Les complications somatiques sont souvent des accidents
vasculaires crbraux, des artrites, un syndrome coronarien
aigu, des bronchites chroniques, des cancers (ORL, poumon) et
des complications gyncologiques et obsttricales (retard de
croissance, prmaturit, mort subite).
Les complications psychiatriques sont des attaques de panique
induites, un syndrome dpressif, des tentatives de suicide, un
syndrome de dpersonnalisation et une possible dcompensation
des troubles anxieux ou de lhumeur, une dpendance ou addic
tion.
Le syndrome de sevrage se manifeste par une agitation, une
anxit, une humeur dysphorique, une perte dapptit, des nau
ses, la perturbation du sommeil, lirritabilit ou lhyperactivit.
Btabloquants
Les btabloquants (acbutolol, atnolol, mtoprolol, esmolol,
pindolol, btaxolol, bisoprolol, propranolol, sotalol, timolol, car
vdilol, labtalol, sans sy limiter) sont interdits en comptition
seulement, dans les sports suivants:
automobile (FIA);
billard, toutes les disciplines (World Confederation of Billiard
Sports, WCBS);
flchettes (World Darts Federation, WDF);
golf (International Golf Federation, IGF);
ski (Fdration internationale de ski, FIS) pour le saut skis, le
saut free style/halfpipe et le snowboard halfpipe/big air;
sports subaquatiques (Confdration mondiale des activits
subaquatiques, CMAS) pour lapne dynamique avec ou
sans palmes, lapne en immersion libre, lapne en poids
constant avec ou sans palmes, lapne en poids variable,
lapne jump blue, lapne statique, la chasse sous-marine et
le tir sur cible;
tir (International Shooting Sport Federation [ISSF], International
paralympic committee [IPC]), aussi interdits hors comptition;
tir larc (WA), aussi interditshors comptition.
Les effets recherchssont la baisse de la tachycardie de
stress, la limitation des tremblements, la relaxation, la stabilit
motionnelle.
Parmi les effets indsirables, il y a la bradycardie, la chute ten
sionnelle, le bloc atrio-ventriculaire, linsuffisance cardiaque, le
bronchospasme, lhypoglycmie, le syndrome de Raynaud, lim
puissance, les troubles digestifs, laugmentation du LDL-choles
trol et des triglycrides.
Groupe cible
Certains sportifs sont inscrits sur une liste spcifique appele
groupe cible. Il existe deux types de groupe cible:
groupe cible international: dtermin pour chaque discipline
par les fdrations internationales et constitu des meilleurs
sportifs mondiaux;
groupe cible national: dtermin par lAssociation franaise de
lutte contre le dopage partir des inscrits sur la liste des sportifs
de haut niveau ou des sportifs espoirs, des sportifs professionnels,
et ceux qui ont fait lobjet dune sanction disciplinaire.
e15
RR Item 78
D O PA G E
Mthodologie
Il existe deux mthodes de dtection de substances interdites
dans la lutte contre le dopage: directe et indirecte.
1. Mthodes directes
Elles sont bases sur la mise en vidence de substances inter
dites ou leurs mtabolites, dans les chantillons prlevs lors de
contrles antidopage, conformment une procdure rgle
mente.
Ces contrles peuvent tre diligents par lAgence mondiale
antidopage, les fdrations internationales, lAFLD, la Direction
rgionale jeunesse et sports, et les fdrations franaises
concernes habilites diligenter un contrle.
Les diffrents types de prlvements sont :
urinaire: le plus rpandu (opiacs, cocane, amphtamines,
cannabis, bta-2 agonistes);
sanguin: permet deffectuer des recherches rapides;
salivaire: p. ex. opiacs, cocane, amphtamines, cannabis;
air expir: p. ex. lalcool;
capillaire: les glandes capillaires et les cheveux conservent sur
de trs longues dures les traces de produits dopants, en par
ticulier lalcool et les stupfiants;
sueur: par exemple le cannabis;
e16
Article 4.3.
Une demande dAUT ne saurait tre
approuve rtrospectivement, lexception
des cas suivants:
A. Urgence mdicale ou traitement dun tat
pathologique aigu
ou
B. Si, en raison de circonstances
exceptionnelles, il ny pas eu suffisamment
de temps ou de possibilits pour le demandeur
de soumettre, ou pour le Comit pour lautorisation
dusage des fins thrapeutiques (CAUT) dtudier,
une demande avant le contrle du dopage.
Source: Standard international 2011 pour les AUT, AMA.
Cannabis: la substance recherche dans les urines est le THCCOOH, un driv mtabolique du cannabis. Il se retrouve dans les
urines plusieurs semaines aprs une prise. Un usage festif mme
ponctuel du cannabis peut donc entraner un contrle positif.
Depuis le 18juin 2013, lAgence mondiale antidopage a relev le
seuil de dtection du cannabis de 15ng/mL 150ng/mL. Cette
mesure rduit les cas de contrle positif cette substance. La d
tection peut tre aussi salivaire, capillaire, sanguine et par la sueur.
Ces mthodes directes bien quindispensables prsentent un
certain nombre de limites. Par exemple, il nexiste pas de m
thode de dpistage pour toutes les substances interdites (insulin
growth factor 1 [IGF-1], insulines, adrenocorticotropic hormone
[ACTH]) ni pour les transfusions autologues. De plus, la fe
ntre de dtection des substances ayant une demie-vie courte
telles que lhormone de croissance ou lrythropotine est r
duite, la dtection de la prise de faibles doses de testostrone
est difficile dceler.
2. Mthodes indirectes
Les mthodes indirectes sont bases sur lobservation de pa
ramtres biologiques dont les variations anormales sont lies la
prise dune substance, et pourraient suppler aux insuffisances
des mthodes directes de dtection. Toute variation significative
par rapport aux niveaux normaux dun athlte est susceptible
dtre tudie pour dceler de possibles manipulations.
La premire tentative dutilisation dune mthode indirecte
dans le contrle antidopage remonte aux Jeux olympiques de
Sydney en 2000 et concernait le dpistage de lrythropotine.
Passeport biologique de lathlte: il contient actuellement deux
modules: un module hmatologique et un module endocrinien.
Le module hmatologique est bas sur le suivi des paramtres
suivants: hmatocrite, hmoglobine, numration rythrocytaire,
rticulocytes, volume globulaire moyen (VGM), teneur corpuscu
laire moyenne en hmoglobine (TCMH), concentration corpus
culaire moyenne en hmoglobine (CCMH). Il est notamment utile
pour dpister les effets hmatologiques des transfusions autolo
gues et des injections drythropotine.
Le module strodien surveille dans les urines les taux de testos
trone, pitestostrone, androstrone, tiocholanolone, 5Adiol,
5Adiol ainsi que la densit relative de lchantillon durine.
Le module visant dpister le dopage par hormone de crois
sance est en cours dlaboration.
Le passeport biologique de lathlte (ABP) est un dossier lec
tronique individuel propre chaque sportif, dans lequel sont r
unis les rsultats de tous les contrles antidopage raliss dans
le cadre de ce programme sur une priode donne.
Chaque passeport contient les rsultats des contrles urinaires
et sanguins individuels raliss. En suivant ces paramtres de
faon constante tout au long de la carrire dun sportif, il est
possible dtablir son profil hmatologique/strodien afin de
dterminer ses valeurs normales et de mieux faire apparatre
dventuelles variations. Ces donnes sont effaces au plus tard
8ans aprs leur enregistrement.
Quelques exemples:
transfusions homologues: lAgence mondiale antidopage a
mis en place un test de dtection des transfusions sanguines
homologues aux Jeux olympiques dt de 2004 Athnes;
transfusions autologues:de toutes les pratiques dopantes r
pertories ce jour avec certitude (Lance Armstrong y avait
recours), lautotransfusion de sang est la seule tre indtec
table. En dehors dun tmoignage visuel, pendant les 15
20minutes de la transfusion, il ny a aucun moyen de confondre
un auto-transfus ;
l'AICAR: aucun test de dpistage probant na t mis au point
afin de dtecter cette substance car elle est naturellement pr
sente dans le corps humain sous forme dacadsine.
En structure spcialise
Devant labsence de lieu daccueil, dcoute voire de prise en
charge mdicale de sportifs ou danciens sportifs ayant eu re
cours des pratiques dopantes, des antennes mdicales de
prvention du dopage (AMPD) ont vu le jour en 2001.
Ces antennes sont situes dans les tablissements hospitaliers
et rattaches le plus souvent aux services daddictologie ou de
mdecine du sport. Elles organisent des consultations ouvertes
aux personnes ayant eu recours des pratiques de dopage.
Ses consultations sont anonymes la demande des intresss
et gratuites. Un suivi mdical et une prise en charge mdicale
spcifique sont proposs aux sportifs dops qui se rendent volon
tairement dans une antenne.
Le sportif sanctionn pour dopage a lobligation de se rendre
une consultation dantenne mdicale de prvention du dopage
pour tre soign. Une attestation nominative lui est remise, sur
dcision mdicale, qui lui permet de renouveler sa licence sportive.
Elles assurent une prise en charge multidisciplinaire des utilisateurs
(mdecine du sport, psychiatrie, toxicologie, pharmacologie, hmato
logie, endocrinologie).
Le sportif et de son entourage bnficient dune information et
dune expertise sur les risques lis lusage des produits et
procds dopants.
e17
RR Item 78
D O PA G E
TABLEAU 2
e18
CONNATRE
PRVENIR
CONTRLER
ANALYSER
HARMONISER
SANCTIONNER
PNALISER
COOPRER
AU NIVEAU NATIONAL
AU NIVEAU INTERNATIONAL
AFLD
Extension d'autres fdrations
Rformation des dcisions fdrales
Sanctions directes des non-licencis
(sportifs, encadrement)
Fdrations internationales
Voies de recours
Conseil
d'tat
Tribunal
administratif
FIGURE
Pouvoir disciplinaire et voies de recours en cas de non-respect des rgles antidopage. AFLD : Agence franaise de lutte contre le dopage.
e19
RR Item 78
D O PA G E
QUESTION 6
CAS CLINIQUE
En tant que mdecin prleveur agr, vous tes missionn par lAFLD pour faire un contrle
antidopage lors dune comptition de course pied pour soutenir une cause humanitaire. Des
coureurs amateurs ainsi que des sportifs de haut niveau participent pour soutenir cette cause.
Plusieurs sportifs ont t contrls lissue de cette comptition par prlvement urinaire.
l Le sportif A a refus de se prsenter au contrle antidopage alors que la notification lui a t
dlivre en bonne et due forme.
2 mois aprs ce contrle, les sportifs ont t informs des rsultats danalyses par lettre
recommande avec accus de rception.
l Le sportif B est contrl positif au cannabis alors quil jure ne pas en avoir consomm dans
la semaine qui a prcd la course. Sa dernire consommation remonte deux semaines
lors dune soire festive avec sa compagne.
l Le sportif C, sportif de haut niveau, qui participait sur invitation du maire de la commune,
est contrl positif aux bta-2-mimtiques une concentration dpassant les seuils autoriss.
Il prsente lors du contrle son AUT (autorisation dutilisation thrapeutique) pour le traitement
de son asthme.
l Le sportif D est contrl positif aux glucocorticodes. Il dclare avoir obtenu une prescription
de son mdecin traitant de corticodes et dantibiotiques pour une laryngite. Il lui avait expliqu
quil voulait un traitement de choc pour tre en forme le jour de sa comptition de course pied.
l Le contrle du sportif E, sportif de haut niveau invit par le Conseil rgional, na pas rvl la
prsence de substance dopante.
QUESTION 1
QUESTION 4
QUESTION 2
QUESTION 3
Le sportif B soffusque davoir t contrl sitt
la ligne darrive franchie, alors quil sagit de
sa premire participation une course et quil
nest quamateur. De surcrot, sa compagne frue
dathltisme lavait inscrit pour lui donner got
lesprit des comptitions sportives.
Ce contrle antidopage est-il valable?
e20
QUESTION 7
Le sportif E contrl ngatif a t victime dune
embolie pulmonaire 3 mois aprs la course.
Son passeport biologique a montr une lvation
des taux dhmatocrite.
Quelle(s) substance(s) dopante(s) ou mthode(s)
interdite(s) suspectez-vous?
QUESTION 8
Le sportif C dtenait une AUT (autorisation
dutilisation thrapeutique).
Quelles sont les conditions ncessaires pour
lobtention dune AUT?
QUESTION 9
Trois ans plus tard, le sportif B (qui tait contrl
positif au cannabis) se prsente spontanment
lAMPD.
Vous remarquez quil bille, quil larmoie,
quil transpire, il se plaint de douleurs diffuses
et de diarrhe.
Que suspectez-vous?
QUESTION 5
Quatre mois aprs la course, une perquisition
est faite dans la voiture de lpouse du sportif C,
par les douanes. On a retrouv des substances
interdites : Dianabol et Deca-Durabolin
(strodes anabolisants andrognes) ainsi
que des seringues dans le coffre.
lissue des rsultats du contrle antidopage
et de la perquisition, que risquent chacun
des 5 sportifs ainsi que lpouse du sportif C ?
OK
RR
Item 280
CONSTIPATION CHEZ
L'ENFANT ET L'ADULTE
(AVEC LE TRAITEMENT)
Constipation
ARGUMENTER les principales hypothses
diagnostiques et JUSTIFIER les examens
complmentaires pertinents.
ARGUMENTER l'attitude thrapeutique
et PLANIFIER le suivi du patient.
TABLEAU 1
objectifs
Dfinitions
Dfcation normale
e21
RR Item 280
C O N S T IPAT IO N DE LE NFANT
Incontinence, encoprsie
Lincontinence fcale dsigne lmission de selles en une place
inapproprie]. Elle peut tre dorigine organique (neurologique,
anatomique) ou fonctionnelle. Dans ce dernier cas, elle peut
tre ou ne pas tre associe la constipation.
Lencoprsie est dfinie par lmission de selles (intentionnelle
ou involontaire) dans un endroit inappropri par un enfant g de
plus de 4 ans (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders [DSM]-IV). Les souillures, correspondant au terme anglais
soiling, dsignent une perte de selles minime (traces) aboutissant tacher les sous-vtements. Lincontinence fcale de type
encoprsie est rapporte chez 2,5 3 % des enfants de plus de
4 ans, avec une trs nette prdominance masculine. Il faut noter
que 10 30 % des cas dencoprsie ne sont pas associs la
constipation.
Interrogatoire
TABLEAU 2
Il senquiert:
des antcdents familiaux ;
de lheure dmission du premier mconium (pathologique si
> 48h) ;
de la date de dbut de la constipation et des vnements
concomitants (prcession dun pisode fbrile ou dune gastro
entrite, changement dalimentation, exprience dune dfcation douloureuse, mise sur le pot, rentre scolaire, problmes
familiaux, etc.) ;
de la frquence, de laspect et de la consistance des selles ;
des ventuelles raisons de non-frquentation des toilettes ;
des habitudes et modalits de la dfcation (lieu, position, rites) ;
e22
Examen
Il recherche:
au plan gnral, une cassure de la croissance staturo-pondrale, et les courbes de croissance doivent tre systmatiquement tablies, voire des signes de dnutrition, un retard psycho
moteur ;
au niveau de labdomen, un mtorisme, des fcalomes pal
pables ;
au niveau de lanus, quil faut savoir dplisser: une antposition
(position normale de lanus = 1/3 de la distance vagin-coccyx
ou de la distance scrotum-coccyx), un prolapsus, sans gravit propre, et en dplissant la marge anale une ou plusieurs
fissures. Frquentes chez le nourrisson et lenfant, elles contribuent prenniser la constipation du fait de la douleur quelles
entranent. Elles sont souvent responsables de rectorragies
habituellement peu abondantes (le sang entoure la selle) ;
par le toucher rectal, la tonicit du sphincter, la prsence ou non
de matires dans lampoule rectale, lexistence dune douleur
ou dune stnose. Ce toucher doit dans les formes chroniques
tre ralis au moins une fois.
Examens complmentaires
Aucun nest systmatiquement ncessaire. Le diagnostic de
constipation est avant tout clinique, et la pratique dun clich
dabdomen sans prparation nest pas justifie, sauf exceptionnellement pour ventuellement valuer le degr de rtention ou
en dmontrer la ralit des parents dubitatifs ou chez lenfant
obse ou qui refuse la pratique dun toucher rectal. Certains
examens peuvent tre demands pour confirmer lorigine dune
constipation secondaire. Lavement radio-opaque et surtout
manomtrie se justifient en cas de suspicion de maladie de
Hirschsprung.
Diagnostic tiologique
Lobjectif est darriver distinguer les constipations secondaires
ou organiques (rares) des constipations fonctionnelles, les plus
frquentes. La plupart du temps, lanamnse et lexamen clinique
le permettent (v. Focus), les examens orients venant alors confirmer
lhypothse clinique. Sinon, en cas de suspicion dune cause
anatomique, certaines investigations seront discutes en fonction
de lhypothse.
Constipation de lenfant
Constipations secondaires
Elles peuvent, si laffection primitive est mconnue, tre confirmes par des examens orients :
hypothyrodie (TSH) ;
mucoviscidose normalement dpiste la naissance, test de
la sueur, lastase fcale) ;
maladie cliaque (anticorps antitransglutaminase) ;
allergie aux protines du lait de vache ;
diabte insipide ;
hypercalcmie ;
hyperkalimie;
maladie neurologique, dficience mentale, paralysie crbrale,
mylomningocle ;
anorexie mentale ;
mdications: paississants, traitement martial, analgsiques
morphiniques, drivs de latropine, vincristine, anticonvulsivants, antidpresseurs, codine, antispasmodiques ;
intoxication au plomb.
Constipations fonctionnelles
Ce type de constipation peut au dbut tre :
une constipation au lait de mre (tableau 3) ;
li une alimentation mal adapte: excs de lait de vache
(> 1 L/j, surtout si demi-crm), insuffisance de rsidus, ou au
contraire excs de fibres) ;
li un traitement anticholinergique, antispasmodique ou pais
sissant.
e23
RR Item 280
C O N S T IPAT IO N DE LE NFANT
TABLEAU 3
Diagnostic
e24
Message de l'auteur
Exemples de questions
w Devant une constipation chronique du nourrisson, quels
sont les lments cliniques et paracliniques qui doivent faire
voquer une cause organique?
w Chez un nourrisson constip depuis plusieurs semaines,
que recherchez-vous lexamen clinique et quels examens
complmentaires demandez-vous?
w Quelles sont les principales causes de la constipation
de lenfant et quels lments pertinents doivent en permettre
le diagnostic si voqu?
w Diagnostic et prise en charge dune constipation
fonctionnelle de lenfant.
w Modalits de traitement dune constipation fonctionnelle
de lenfant.
e25
RR Item 280
C O N S T IPAT IO N DE LE NFANT
+
POUR EN SAVOIR
Hyman PE, Milla PJ, Benninga MA, et al. Childhood
functional gastrointestinal disorders: neonate/toddler.
Gastroenterology 2006;130:1519-26.
Rasquin A, Di Lorenzo C, Forbes D, et al. Childhood
functionnal gastrointestinal disorders: child/
adolescent. Gastroenterology 2006;130:1527-37.
Montgomery DF, Navarro F. Management
of constipation and encopresis in children.
J Pediatr Health Care 2008;22:199-204.
Loening-Baucke V. Chronic constipation
in children. Gastroenterology 1993;105:1557-64.
Wald ER, Di Lorenzo C, Cipriani L, Colborn DK,
Burgers R, Wald A. Bowel habits and toilet training
in a diverse population of children. J Pediatr
Gastroenterol Nutr 2009;48:294-8.
Di Lorenzo C, Benninga MA. Pathophysiology
of pediatric fecal incontinence. Gastroenterology
2004;126:S33-40.
Voskuijl WP, Heijmans J, Heijmans HS, et al.
Use of Rome II criteria in childhood defecation
disorders: applicability in clinical and research
practice. J Pediatr 2004;145:213-7.
Belamarich PF. Constipation, in American Academy of
Pediatrics textbook of pediatric care. McInerny A et al
eds. American Academy of Pediatrics 2009:1424-32.
e26
RR
Item 274
LITHIASE BILIAIRE
ET COMPLICATIONS
Dr Thibault Voron, Dr Sophie Torres, Pr Franck Zinzindohou
Service de chirurgie digestive, Hpital europen Georges-Pompidou, 75015Paris, France
thibault.voron@gmail.com
Calculs cholestroliques
objectifs
DIAGNOSTIQUER une lithiase biliaire
et ses complications.
IDENTIFIER les situations durgence
et PLANIFIER leur prise en charge.
ARGUMENTER lattitude thrapeutique
et PLANIFIER le suivi du patient.
pidmiologie
La lithiase biliaire est une pathologie frquente, dfinie par la
prsence de calculs dans les voies biliaires (vsicule biliaire, voie
biliaire principale ou voies biliaires intra-hpatiques), et dcrite
pour la premire fois par Antonius Benivenius en 1507.
On estime qu'environ 10% de la population mondiale est
porteuse dune lithiase vsiculaire et que, chaque anne, 1
2% de ces patients vont devenir symptomatiques (colique
hpatique, cholecystite aigu, angiocholite aigu, pancratite
aigu biliaire).
Calculs pigmentaires
Les calculs pigmentaires sont composs majoritairement de
bilirubine et de ses drivs.
Il existe deux types de calculs pigmentaires selon quils sont
composs principalement de polymres de bilirubine (calculs
noirs) ou de bilirubinate de calcium (calculs bruns).
Les calculs noirs se forment dans la vsicule biliaire, partir de
la bilirubine non conjugue, dans les situations o la concentration de bilirubine non conjugue est anormalement leve dans
la bile. Cest le cas dans les tats dhyperhmolyse (dysrythropose, anmie hmolytique) et dans les cirrhoses.
Les calculs bruns se forment principalement dans les voies biliaires intra-hpatiques suite lhydrolyse de la bilirubine conjugue
dans la bile sous leffet de glucuronidases, provoque par une infection bactrienne et/ou une raction inflammatoire observe
en cas de stnose des voies biliaires, danastomose bilio-digestive,
de diverticule duodnal pri-ampullaire, ou de maladie congnitale
des voies biliaires (maladie de Caroli).
e27
RR Item 274
Facteurs favorisants
Lithiase vsiculaire
TABLEAU 1
Calculs
cholestroliques
e28
La lithiase vsiculaire asymptomatique est dfinie par la dcouverte fortuite, le plus souvent sur une chographie, dune lithiase
vsiculaire nayant jamais donn lieu des symptmes. Lvolution dune lithiase asymptomatique vers une lithiase symptomatique tant peu frquente (10-25%) et la mortalit tant quasiment nulle, la cholcystectomie nest pas indique de principe.
Frquence
80%
20%
Origine
Sursaturation biliaire
en cholestrol
Prcipitation de la bilirubine
non conjugue
Couleurs
Jaunes
Noirs ou bruns
Facteurs favorisants
z ge lev
z Obsit
z Perte de poids rapide
z Hypertriglycridmie
z Grossesse
z Traitement par fibrate
z Rsection ilale tendue
z Thalassmie
z Drpanocytose
z Valve cardiaque
z Infection bactrienne
biliaire
FIGURE 1 Rapport de la vsicule avec la voie biliaire principale et le foie.
Le triangle de Calot (en bleu) o passe lartre cystique est form par le canal
cystique droite, la voie biliaire principale gauche et le bord du foie en haut.
Cholcystite aigu
La cholcystite aigu est provoque par lobstruction prolonge du canal cystique par la lithiase. Cette obstruction empche
la vidange vsiculaire, entrane la stagnation de la bile et provoque
linflammation des parois vsiculaires, puis linfection de la vsicule biliaire.
1. Interrogatoire
Toute douleur aigu biliaire de plus de 6heures doit faire suspecter une lithiase biliaire complique. Dans le cas dune cholcystite aigu, cette douleur est prolonge (suprieure 24heures),
continue et associe un syndrome infectieux (fivre et frissons).
Des nauses et/ou vomissements sont galement possibles.
2. Examen physique
Linspection permet dliminer lexistence dun ictre ou de lsions de grattage voquant en premier lieu une angiocholite ou
un syndrome de Mirizzi dans ce contexte septique.
la palpation, on recherche une sensibilit pigastrique ou de
lhypochondre droit, voire une dfense, ainsi quune inhibition de
linspiration profonde la pression de lhypochondre droit (signe
de Murphy clinique).
3. Examens complmentaires biologiques
Le bilan biologique rvle lexistence dun syndrome inflammatoire biologique (hyperleucocytose polynuclaires neutrophiles, lvation de la CRP) sans perturbation du bilan hpatique
(pas de cytolyse, pas de cholestase, pas dlvation de la bilirubine). La lipasmie, demande systmatiquement devant une
douleur abdominale aigu, est normale et permet dliminer le
diagnostic de pancratite aigu.
4. Examens complmentaires radiologiques
Avec une sensibilit de 90-95%, lchographie abdominale est
lexamen dimagerie de rfrence pour confirmer le diagnostic de
cholcystite aigu (fig.2).
e29
RR Item 274
TABLEAU 2
e30
Syndrome de Mirizzi
Le syndrome de Mirizzi est une complication possible de la
cholcystite aigu, mais peut galement rvler la lithiase biliaire.
Ce syndrome exceptionnel associe les signes dune chol
cystite aigu (douleur en hypochondre droit voluant depuis
plus de 6heures, signe de Murphy, fivre) et un ictre cutanomuqueux. Sur le bilan biologique, il existe une cholestase
ictrique avec cytolyse. lchographie abdominale, on retrouve
les signes vocateurs dune cholcystite aigu, associs une
dilatation des voies biliaires au-dessus de labouchement du
canal cystique dans la voie biliaire principale. Ce syndrome est
secondaire une compression extrinsque de la voie biliaire
principale par une lithiase obstruant le collet vsiculaire.
Le traitement consiste en une cholcystectomie chirurgie
reconstructrice de la voie biliaire principale en fonction des difficults de dissection.
Cholcystite chronique
TABLEAU 3
Migration lithiasique
Lorsque les calculs traversent la voie biliaire principale et franchissent la papille, ils peuvent gnrer une hyperpression transitoire des voies biliaires.
Cette migration lithiasique est voque devant des douleurs
aigus biliaires de courte dure, associe une cytolyse mo
dre isole. Lchographie abdominale rvle gnralement
la prsence dune lithiase vsiculaire sans autre anomalie
retrouve.
Angiocholite aigu
Lobstruction partielle ou complte de la voie biliaire principale
par la lithiase gnre une infection aigu des voies biliaires aboutissant une angiocholite aigu.
Critres diagnostiques
Traitement
Grade I
z Antibiothrapie IV
z Cholcystectomie dans les 72 heures
Grade II
z Antibiothrapie IV
z Cholcystectomie dans les 72 heures
GradeIII
e31
TABLEAU 4
RR Item 274
TABLEAU 5
1. Examen clinique
Lexamen clinique sattache rechercher les lments de la
triade de Charcot :
douleur pigastrique ou en hypochondre droit, dapparition
rapidement progressive, continue, persistante depuis plus de
6heures;
fivre 39C accompagne de frissons et de sueurs;
ictre cutano-muqueux.
Critres diagnostiques
Grade I
z Antibiothrapie IV
z Dsobstruction de la voie biliaire principale
(endoscopie ou chirurgie) +
z Cholcystectomie
Grade II
z Antibiothrapie IV
z Dsobstruction de la voie biliaire principale
par sphinctrotomie endoscopique
z Cholcystectomie
e32
Traitement
z Ranimation
z Correction des dfaillances dorganes
z Antibiothrapie IV
z Dsobstruction de la voie biliaire principale
endoscopique en urgence ou drainage biliaire percutan
z Cholcystectomie discuter distance
1
2
4. Critres diagnostiques
(recommandations internationales, Tokyo, 2013)
Comme pour la cholcystite aigu, les recommandations internationales (Tokyo, 2013) ont tabli des critres pour poser le diag
nostic dangiocholite aigu de faon probable ou certaine
(tableau 4).
5. Traitement
Le traitement de toute angiocholite aigu est fond sur deux
grands axes: le traitement du sepsis dorigine biliaire et la ds
obstruction de la voie biliaire principale.
Le traitement de linfection repose sur une antibiothrapie initialement probabiliste large spectre, puis adapte aux donnes bactriologiques, efficace contre les germes digestifs.
La dsobstruction de la voie biliaire principale peut tre ralise
par voie endoscopique ou chirurgicale. Le choix entre ces deux
techniques dpend de lexpertise du centre, de ltat gnral du
patient et du grade de svrit de langiocholite aigu selon les
critres de Tokyo (tableau 5 et v. Focus).
Le traitement endoscopique consiste en une sphinctrotomie
(section du sphincter dOddi), aprs confirmation de lorigine
lithiasique par opacification rtrograde de la voie biliaire principale (cholangio-pancratographie rtrograde par voie endoscopique: CPRE) (fig.3) ou par cho-endoscopie. Cette sphinctrotomie se complique dans 5 10% des cas de pancratite
aigu, dhmorragie digestive, dinfection des voies biliaires ou
de perforation duodnale. Afin dviter les autres complications
lithiasiques (cholcystite aigu), une cholcystectomie est prvoir dans les suites de ce geste endoscopique.
FIGURE 4 Cholangiographie peropratoire: principes et rsultats. Aprs section partielle du canal cystique, on introduit le cathter de cholangiographie (1) par lequel on
opacifie les voies biliaires. La cholangiographie peropratoire ne met pas en vidence de lithiase de la voie biliaire principale (2).
e33
RR Item 274
Message de l'auteur
Litem n274 Lithiase biliaire et complications est un sujet
incontournable qui peut tre abord sous diffrents angles. Les
auteurs de dossier pourront tout dabord interroger ltudiant sur les
diffrents diagnostics voquer de faon systmatique devant une
douleur pigastrique dapparition brutale sans fivre. Ces derniers
peuvent tre dorigine abdominale (lithiase vsiculaire, migration
lithiasique, pancratite aigu, ulcre gastroduodnal) mais aussi
extra-abdominale (syndrome coronaire aigu, embolie pulmonaire). Ils
feront discuter, dans la suite du dossier, les symptmes et les signes
cliniques rechercher ainsi que les examens biologiques et
dimagerie demander afin dorienter la prise en charge diagnostique
et thrapeutique.
La question de la lithiase biliaire peut galement faire lobjet dun
dossier o les complications se succderont: lithiase vsiculaire
symptomatique se compliquant rapidement (avant cholcystectomie)
dangiocholite ou de pancratite aigu biliaire puis cholcystite chez
un patient sphinctrotomis. Outre la prise en charge thrapeutique
propre chaque complication, ce dossier soulignera limportance de
lanalyse du bilan biologique et de la ralisation dexamen dimagerie
performants.
Au final, litem Lithiase biliaire et complications permet
llaboration de dossiers transversaux de type ECN 2015,
mais galement de dossiers progressifs de type iECN 2016.
e34
Lorigine lithiasique est fortement suspecte devant la prsence dune lithiase vsiculaire lchographie abdominale.
La conduite diagnostique et thrapeutique fait lobjet dun
autre item de lECN (item 268/iECN 353).
Lithiase intra-hpatique
Les calculs intra-hpatiques sont par dfinition situs en amont
de la convergence biliaire principale. Il sagit dune affection rare
dans les pays occidentaux, reprsentant 1% de lensemble des
cas de lithiases.
Ces calculs intra-hpatiques peuvent tre classs en 3groupes
selon leur origine et lexistence danomalies des voies biliaires.
la lithiase de migration: il sagit de calculs forms dans la vsicule biliaire ou dans la voie biliaire principale et ayant migr
secondairement en intra-hpatique. Ils sont frquemment associs une lithiase vsiculaire ou de la voie biliaire principale,
et se manifestent par des crises dangiocholite aigu;
la lithiase primitive sans anomalie des voies biliaires: cette pathologie est lie une sursaturation du cholestrol dans la bile
secondaire un dfaut de scrtion des phospholipides. Il sagit
de calculs cholestroliques situs dans des voies biliaires ne
prsentant aucune anomalie, et dcouverts dans le bilan tiologique de pancratites aigus ou de douleurs aigus biliaires
rptition. Les patients prsentant cette pathologie sont
souvent porteurs dune mutation du gne ATPB4;
la lithiase primitive avec anomalies des voies biliaires: la prsence
danomalies des voies biliaires intra-hpatiques (dilatation ou
stnose) favorise la stase biliaire et le dveloppement dune
infection de la bile, lorigine de la formation de calculs pigmentaires intra-hpatiques. Ces calculs se manifestent par des douleurs biliaires rptition ou des sepsis dorigine biliaire.
Contrairement la lithiase primitive sans anomalie des voies
biliaires o un traitement mdical par acide ursodsoxycholique
doit tre propos en premire intention, les autres calculs intrahpatiques sont traits chirurgicalement (hpatectomie ou trans
plantation) ou par voie percutane (extraction des calculs par
lavage sous pression, sonde de Dormia ou lithotritie).
T. Voron, S. Torres et F. Zinzindohou dclarent n'avoir aucun lien dintrts.
+
POUR EN SAVOIR
Pittau G, Castaing D. Lithiase de la voie biliaire principale.
Rev Prat Med Gen 2013;897:190-2.
Chirica M, Paye F. Traitement de la lithiase biliaire responsable
d'une pancratite aigu. Rev Prat 2011;61(2):224-5.
Pariente A. Lithiase biliaire : quoi de neuf ?
Rev Prat Med Gen 2011;855:190-2.
RR
Item 35
CONTRACEPTION
Pr Genevive Plu-Bureau, Dr Lorraine Maitrot-Mantelet, Dr Justine Hugon-Rodin, Pr Anne Gompel
Unit de gyncologie endocrinienne, hpital Cochin-Port-Royal, 75014 Paris, France
genevieve.plu-bureau@cch.aphp.fr
Contraceptions hormonales
Contraception combine estroprogestative
1. Mode daction
Leffet contraceptif de la contraception estroprogestative agit
par plusieurs mcanismes:
action antigonadotrope du compos progestatif accentu par
la molcule destrogne supprimant ainsi le pic ovulatoire des
hormones lutinisante (LH) et folliculostimulante (FSH);
TABLEAU 1
objectifs
Types de contraception
Contraceptions dfinitives
Fminine
Par voie clioscopique
Par voie hystroscopique
Masculine
e35
TABLEAU 2
RR Item 35
C O N T R A C E PT ION
Triphasique
thinylestradiol 35 mg
+ norethistrone 0,5-0,75-1 mg
Monophasique
Triafemi
Triphasique
thinylestradiol 35 mg
+ norgestimate 180-215-250 mg
Effiprev
Monophasique
thinylestradiol 35 mg
+ norgestimate 250 mg
Monophasique
thinylestradiol 30 mg
+ lvonorgestrel 150 mg
Prise continue de 21 cps actifs
+ 7 cps placebo
Prise continue de 84 cps actifs
+7 cps contenant 10 mg d'thinylestradiol
Seasonique
Leeloo
Lovavulo
Optilova
Femosia
Monophasique
Adepal
Pacilia
Biphasique
thinylestradiol 30-40 mg
+ lvonorgestrel 150-200 mg
Trinordiol
Daily
Amarance
Evanecia
Triphasique
thinylestradiol 30-40 mg
+ lvonorgestrel 50-75-125 mg
thinylestradiol 20 mg
+ lvonorgestrel 100 mg
+ 7 cps placebo
Monophasique
thinylestradiol 30 mg
+ dsogestrel 150 mg
Varnoline
Continu
Optideso 30
Monophasique
Carlin 30
Efezial 30
Felixita 30
Minulet
Optinesse 30
Monophasique
Carlin 20
Efezial 20
Felixita 20
Harmonet
Meliane
Optinesse 20
Monophasique
thinylestradiol 20 mg
+ Gestodne 75 mg
Cycleane 20
Mercilon
Desobel G 20
Optideso 20
Monophasique
thinylestradiol 20 mg
+ dsogestrel 150 mg
Melodia
Minesse
Edenelle
Optinesse 15
Monophasique
thinylestradiol 15 mg
+ gestodne 60 mg
= 24 cps avec lassociation
et 4 cps placebo, pour prise en continu
Tri-Minulet
Perleane
Triphasique
Belara
Monophasique
thinylestradiol 30 mg
+ chlormadinone 2 mg
Jasmine
Convuline
Drospibel 30
Monophasique
thinylestradiol 30 mg
+ drospirnone 3 mg
Jasminelle
Belanette
Drospibel 20
Monophasique
thinylestradiol 20 mg
+ drospirnone 3 mg
Jasminelle
Continu
Monophasique
thinylestradiol 20 mg
+ drospirnone 3 mg
Prise continuede 21 cps actifs
+ 7 cps placebo
Yaz
Monophasique
thinylestradiol 20 mg
+ drospirnone 3 mg
Prise continuede 24 cps actifs
+ 4 cps placebo
Patch
3 patchs changer
tous les 7 jours
thinylestradiol 750 mg
+ norelgestromine 6 mg
Nuvaring
Anneau vaginal
thinylestradiol 2,7 mg
+ tonogestrel 11,7 mg
thinylestradiol 30 mg
+ gestodne 75 mg
thinylestradiol 30-40 mg
+ Gestodne 50-70-100 mg
Quadriphasique
Zoely
Monophasique
1,5 mg estradiol
+ 2,5 mg actate de nomgestrol
Prise continue de 24 cps actifs
+ 4 cps placebo
Monophasique
thinylestradiol 35 mg
+ actate de cyprotrone 2 mg
* pas dAMM pour la contraception mais AMM pour le traitement antiacnique. NR: Non rembours.
e36
TABLEAU 3
ge > 35 ans
ge > 35 ans
Dyslipidmie
Surpoids, obsit
Tabac
Diabte
Antcdents familiaux
avant 60 ans 1er degr
Hypertension
Surpoids - Obsit
Migraine (avec aura)
Antcdents familiaux :
infarctus du myocarde
ou
accident vasculaire crbral
avant 60 ans (65 ans femmes)
e37
RR Item 35
C O N T R A C E PT ION
e38
TABLEAU 4
Molcules
Orale
Nom commercial
Dose
Lvonorgestrel
Microval
cp 0,030 mg
Dsogestrel
Crazette
Antigone
Desopop
Clareal G
Diamilla
Optimizette
cp 0,075 mg
Implant sous-cutan
tonogestrel
Nexplanon
Dispositif intra-utrin
Lvonorgestrel
Mirena
Jaydess*
TABLEAU 5
Molcules
Nom commercial
Doses employes
par jour pour obtenir un effet
antigonadotrope
Prgnane
Actate de chlormadinone
Mdrogestrone
Actate de cyprotrone
Luteran
Colprone
Androcur
10 mg
10 mg
50 mg
Norprgnane
Actate de nomgestrol
Promgestone
Lutenyl
Surgestone
5 mg
0,5 mg
Mthodes de barrire
Il sagit du prservatif masculin ou fminin, des spermicides,
du diaphragme et de la cape cervicale, dont lefficacit est nettement moindre que les mthodes prcdemment dcrites.
Les prservatifs (fminins ou masculins) sont les meilleures
mthodes pour prvenir les infections sexuellement transmissibles.
Il sagit de la premire mthode de contraception utilise chez
les adolescentes et femmes jeunes.
Contraceptions dfinitives
La strilisation, quelle concerne lhomme ou la femme, est
encadre par des textes juridiques (encadr 1).
e39
RR Item 35
C O N T R A C E PT ION
Chez la femme
Lgislation contraception
dfinitive (strilisation)
1.
Chez lhomme
Il sagit de la vasectomie bilatrale. Lefficacit nest pas immdiate (90 jours aprs le geste). Elle peut tre effectue sous
anesthsie locale ou gnrale.
Contraceptions durgence
Contraception durgence
en pratique
2.
e40
FIGURE
Conduite tenir en cas doubli(s) de pilule (HAS 2013, ANAES 2004). * sauf mention spciale de l'AMM.
Choix de la contraception
Ce choix dpend de lexistence de contre-indications. Il faut
expliquer les avantages et effets indsirables potentiels de la
contraception, informer la patiente sur les infections sexuellement
Interrogatoire
Il prcise:
les antcdents personnels et familiaux de cancer du sein,
dpisodes thromboemboliques veineux ou artriels, hypertension
artrielle, diabte, dyslipidmie, tabagisme, obsit, migraine
avec ou sans aura, ge;
les antcdents gynco-obsttricaux: ge des premires rgles,
troubles du cycle, mastodynies, dysmnorrhes, pisodes infectieux, grossesse extra-utrine;
la prise de mdicaments, notamment inducteurs enzymatiques
(tableau 7).
Examen clinique
Il doit tre gnral, pelvien et mammaire, incluant prise de
pression artrielle et calcul de lindice de masse corporelle (poids
et taille).
e41
TABLEAU 6
RR Item 35
C O N T R A C E PT ION
Utilisation
parfaite
Pilules combines
estroprogestatives
(orale, patch, anneau)
8%
0,3 %
Pilules microprogestatives
8%
0,3 %
Implant au lvonorgestrel
0,05 %
0,05 %
0,8 %
0,6 %
Dispositif intra-utrin au
lvonorgestrel
0,1 %
0,1 %
Prservatif masculin
15 %
2%
Prservatif fminin
21 %
5%
Retrait
27 %
4%
29 %
18 %
Diaphragme
16 %
6%
Mthode
Cape
Femmes uni-/multipares
Femmes nullipares
Strilisation
Fminine
Masculine
Aucune mthode
e42
32 %
16 %
20 %
9%
0,5 %
0,15 %
0,5 %
0,10 %
85 %
85 %
Contraception
Examens complmentaires
Initiation
Ils comprennent :
un bilan mtabolique (cholestrol total, triglycrides, glycmie
jeun) en cas de prescription dun estroprogestatif. Sil existe
des antcdents familiaux de dyslipidmie ou daccidents artriels, ce bilan doit tre ralis avant la premire utilisation,
puis aprs trois mois dutilisation dune contraception estroprogestative. Sans antcdents familiaux, le deuxime bilan
suffit;
un bilan de thrombophilie en cas de contexte familial de pathologie thromboembolique veineuse;
un frottis cervico-vaginal ( effectuer tous les 3 ans).
valuation/surveillance
Un examen clinique tous les 3 mois pendant les 6 premiers mois,
puis tous les 6 mois 1 an est indiqu.
Cet examen permet la vrification de lobservance et de la
bonne tolrance clinique de la contraception et de labsence dun
nouvel vnement personnel ou familial pouvant laisser apparatre
TABLEAU 7
Antipileptiques
phnobarbital
primidone
phnytones
carbamazpine
felbamate
topiramate (dose > 200 mg/j)
rufinadine
oxcarbazpine
primidone
Antirtroviraux
favirenz
travirine
lopinavir
nelfinavir
nviparine
ritonavir
Certains antibiotiques
rifampicine
Antidpresseur
millepertuis
Vasodilatateur
bosentan
Faiblement inducteurs
Antifongique
grisofulvine
Psychostimulant
modafinil
Antimtique
aprpitant
Sdatif
mprobamate
+
POUR EN SAVOIR
HAS. Contraception chez lhomme et chez la femme. Avril 2013.
Maitrot-Mantelet L, Plu-Bureau G, Gompel A. Contraception.
EMC Mdecine gnrale 2012.
CAS CLINIQUE
Une femme ge de 31 ans, G2P2, vous consulte pour le renouvellement de sa contraception orale.
Elle souffre de crises migraineuses sans aura depuis lge de 25 ans. Elle ne prsente pas dantcdents
personnels ni familiaux de thrombose veineuse ou de pathologie carcinologique.
QUESTION 4
Elle revient vous voir au bout de trois mois.
Les cphales sont dsormais prcdes
pendanr 45 minutes de troubles visuels
type de lignes brises.
Quel est votre diagnostic?
QUESTION 5
QUESTION 1
QUESTION 3
QUESTION 2
Que recherchez-vous lexamen clinique?
QUESTION 6
Quelle contraception pouvez-vous
lui proposer ?
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