RDP7
RDP7
RDP7
SOMMAIRE
Soldat amput au niveau du fmur pratiquant lescrime quip dune prothse bionique.
Source : service de mdecine physique et radaptation de lHpital dinstruction des Armes de Percy, Clamart, France.
699
ditorial
Pour un Appel massif
des professionnels de sant
contre le tabagisme
Jean Deleuze
et thrapies cibles
Arsne Mekinian, Olivier Fain
703 ACTUALIT
703
Thrapeutique.
Narcolepsie de type 1 : un lien avec
la vaccination H1N1 Yves Dauvilliers
707
Thrapeutique.
Prothse totale de hanche : voie
dabord antrieure ou postrieure ?
Marc Henry, Hoel Letissier,
Dominique Le Nen, Frderic Dubrana
711
En dbat.
La maladie de Lyme chronique
existe-t-elle ? Yves Hansmann
715
En dbat.
Inhibiteurs de lactylcholinestrase
dans la maladie dAlzheimer :
le dbat nest toujours pas tranch !
Thomas Gilbert
719 Revue de presse. Sbastien Rivire
721 Sant & socit.
Mortalit maternelle en France
et dans le monde Dominique
Chassard, Frdric J. Mercier,
Anne-Sophie Ducloy, Lionel Bouvet
727 DOSSIER
727
P RISE EN CHARGE DES
DYSLIPIDMIES DE LADULTE
Groupe de travail commissionn par
la Socit franaise dendocrinologie
(SFE), la Socit francophone du
diabte (SFD), la Nouvelle Socit
franaise dathrosclrose (NSFA)
742 ARTICLES NUMRIQUES: ECN
En ligne sur etudiants.larevuedupraticien.fr
e283 Item 61. Trouble schizophrnique
de ladolescent et de ladulte
David Misdrahi, Guillaume Fond,
Pierre-Marie Llorca
e290 Focus Item 61. Prendre en charge
la schizophrnie David Misdrahi,
Guillaume Fond, Pierre-Marie Llorca
e291 Item 289. Diagnostic des cancers.
menstruel. Mtrorragies.
Sandra Curinier, Michel Canis
Christine Grapin-Dagorno,
Albert Bensman
773 M
ise au point. Pathologies
diaphragmatiques de ladulte
Franoise Le Pimpec-Barthes,
Antoine Legras, Ciprian Pricopi,
Alain Badia, Arnaud Roussel,
Kaoutar Ghammad, Alex Arame
777 DOSSIER
M
DECINE DE GUERRE
Conseiller scientifique : Pr Thierry
Carmoi, service de mdecine interne,
Hpital dinstruction des Armes
du Val-de-Grce, Paris, France
778
Prise en charge prhospitalire du
bless de guerre : la mdicalisation
de lavant Luc Aigle, Romain
Castello, Mathieu David, Simon-Pierre
Corcostegui
783
Le tri des blesss Julien Bordes,
Yvain Goudard, Christophe Butin,
ric Meaudre
788
Modalits de transport arien
des blesss de guerre
Samuel Madec Jrme Bancarel,
Laurent Raynaud
791
Prise en charge hospitalire
des blesss de guerre : la chirurgie
de lavant Frdric Rongieras,
Antoine Bertani, Yoann Baudoin,
Laurent Mathieu
796
Spcificits de la pratique
de lanesthsie-ranimation
en oprations extrieures
Clment Dubost, Kevin Kearns,
Emmanuel Bordier,
Mehdi Ould-Ahmed
Rducation et radaptation
799
aprs une blessure de guerre
Julia Facione, Marie Thomas-Pohl,
Leo Borrini, ric Lapeyre
804 Carrires Sant
807 DCOUVRIR
807
1915 : Maurice Beaussenat
pratique la premire cardiotomie
765 M
ise au point. Que faire face
une demande de reconnaissance
de lorigine professionnelle
dune affection psychique ?
Acha El Khatib, Marc Delahousse,
Diane Godeau, Franois Guillon
769 Mise au point. Infections urinaires
de lenfant Sylvie Nathanson,
Agissez pour
le recyclage des
papiers avec
Global Mdia Sant
et Ecofolio.
Ce numro est assembl avec un encart de librairie Meilleures ventes destin aux mdecins et un supplment Les items de La Revue du Praticien destin aux tudiants.
Vol. 66 _ Septembre 2016
701
CONTENTS
Soldier practicing fencing fitted with a bionic prosthesis.
Source: Department of Physical Medicine and Rehabilitation in Percys Armies Instruction Hospital, Clamart, France.
699
Editorial
For a massive Call of health
professionals against tobacco
J. DeleuzeY
703 ACTUALITY
702
C. Quils, C. Lanon
remediation, a technique
of care to differentiate from
the cognitive behavioral therapy
C. Quils, C. Lanon
W
AR MEDICINE
778
Wounded soldier pre hospital
covering: the forward medicalisation
L. Aigle, R. Castello, M. David,
S.-P. Corcostegui
783
War casualty triage
J. Bordes, Y. Goudard, C. Butin,
. Meaudre
788
Aeromedical evacuation conditions
of war casualties
S. Madec, J. Bancarel, L. Raynaud
791
Hospital care for war casualties:
forward surgery
F. Rongieras, A. Bertani, Y. Baudoin,
L. Mathieu
796
Specificities of the practice
of anesthesia and intensive
care in external operations
C. Dubost, K. Kearns, E. Bordier,
M. Ould-Ahmed
799
Rehabilitation after a war injury
J. Facione, M. Thomas-Pohl,
L. Borrini, . Lapeyre
Agissez pour
le recyclage des
papiers avec
Global Mdia Sant
et Ecofolio.
Capital de 4289852euros
Dure de 99 ans compter du 30.03.99
ISSN: 0035-2640 - Dpt lgal parution
N de commission paritaire: 0217 T 81658
Impression: SIEP, 77590 Bois-le-Roi
DIRECTION GNRALE-DIRECTION DES PUBLICATIONS
Alain Trbucq (6903) atrebucq@gmsante.fr
DIRECTRICE FINANCIRE
Corine Vandenbroucke (6852)
cvandenbroucke@gmsante.fr
DIRECTRICE DU DVELOPPEMENT
Tatiana de Francqueville (6904)
tdefrancqueville@gmsante.fr
DIRECTRICE MARKETING ET DIGITAL
Solange Quina (6945) squina@gmsante.fr
MEDICAL EDUCATION
Valriane Cariou (6818) vcariou@gmsante.fr
Chef de projet
Nadia Belehssen (6808) nbelehssen@gmsante.fr
DIRECTION COMMERCIALE
Maxime Clment (6913) mclement@gmsante.fr
Directeurs de clientle
ric Durand (6886) edurand@gmsante.fr
lodie Gauchet (6917) egauchet@gmsante.fr
Chefs de publicit
Agns Chaminand (6962) achaminand@gmsante.fr
Maria Costa (6881) mcosta@gmsante.fr
Muriel Del Castillo (6838) mdelcastillo@gmsante.fr
Directrice de projets
Ccile Jallas (6915) cjallas@gmsante.fr
Emplois et carrires
Irne Rakotoharime (6957) irakoto@gmsante.fr
Chef de projets Digital
Karine Huchery (6811) khuchery@gmsante.fr
ABONNEMENTS
Abonnement France 1an: 195euros
CCP Paris 202 A (Global Mdia Sant SAS)
Tl.: 01 55 62 69 75; 01 55 62 69 41
Fax: 01 55 62 69 56 abo@gmsante.fr
La revue adhre la charte de formation mdicale continue par lcrit
du Syndicat de la presse et de ldition des professions de sant (SPEPS)
et en respecte les rgles. (Charte disponible sur demande).
Reproduction interdite de tous les articles sauf accord avec la direction.
Les liens dintrts des membres du Comit de lecture et de rdaction
scientifique sont consultables sur www.larevuedupraticien.fr (Qui sommes-nous?).
JEAN DELEUZE
Rdacteur en chef
LDITORIAL
699
YVES DAUVILLIERS
Centre de rfrence
national maladies
rares (narcolepsie,
hypersomnie
idiopathique et
syndrome de Kleine
Levin), unit des
troubles du sommeil,
service de neurologie,
hpital Gui-deChauliac, CHU de
Montpellier, Inserm
U1061, Montpellier,
France
y-dauvilliers@
chu-montpellier.fr
Y. Dauvilliers
dclare des liens
ponctuels (activit
dexpertise
et confrences)
avec UCB Pharma,
JAZZ, Bioprojet,
Flamel, NLS-pharma,
et Theranexus.
BSIP / SPL
THRAPEUTIQUE
Narcolepsie de type 1: un
lien avec la vaccination H1N1
703
THRAPEUTIQUE
NARCOLEPSIE DE TYPE 1
le Diagnostic and Statistical Manual
of Mental Disorders (DSM-5) qui distingue aussi la narcolepsie associe
une carence en hypocrtine des
autres hypersomnies. La prvalence
de la narcolepsie de type1 est estime
0,026% avec quelques htrognits
entre les populations, celle de la narcolepsie de type2 tant moins bien
tablie. La narcolepsie apparat gnralement au moment de la pubert/
adolescence avec un dlai diagnostique qui est encore de 8 10ans en
moyenne en Europe.
Infection et vaccination:
facteurs de risque
de narcolepsie
La narcolepsie nest pas une maladie
purement gntique. Seulement 30%
des paires de jumeaux monozygotes
sont concordantes pour le diagnostic
et les formes familiales sont retrouves dans seulement 1 2% des cas.
Lenvironnement joue ainsi un rle
majeur dans le dveloppement de la
narcolepsie de type1. La narcolepsie
est associe aux infections du tractus
respiratoire suprieur: les infections virus influenza de typeA et
Streptococcus pyogenes. Pour ce
dernier, les marqueurs spcifiques
de cette infection, anticorps antistreptolysineO et anti-DNaseB,
sont significativement plus levs
chez les patients narcoleptiques que
chez les sujets contrles, et ce dautant plus que le diagnostic de narcolepsie est rcent.5 Il est possible que
cet agent infectieux ne soit quun
simple co-infectant des virus influenza ou dautres pathognes associs
au dveloppement de la narcolepsie.
UNE ASSOCIATION
AVEC LA GRIPPE?
Figure 1. Destruction des neurones hypocrtine par le systme immunitaire aprs infection ou
vaccination H1N1. CPA: cellule prsentatrice dantigne; LT: lymphocyte T; AS03: adjuvant de Pandemrix.
Reproduit de rf. 11
704
THRAPEUTIQUE
NARCOLEPSIE DE TYPE 1
temporelle, le statut srologique des
patients tait inconnu. Cette augmentation tait de plus transitoire, lincidence tant revenue la normale
2ans aprs. Les virus influenza de
type A sont dj connus pour tre associs des maladies auto-immunes:
lencphalite lthargique dcrite par
von Economo aprs la grippe espagnole de 1918 et le syndrome de Guillain-Barr aprs la vaccination
contre la grippe porcine de 1977. Cette
association entre la narcolepsie et la
grippe na pas t trouve en France,
sans diffrence retrouve sur le
nombre dpisodes infectieux grippaux entre les cas et les contrles.
Toutefois les infections grippales
sont parfois totalement asymptomatiques chez lhomme. Le rle potentiel dinfections virales dans le dclenchement de la narcolepsie reste
encore incertain ce jour.
>>>
705
THRAPEUTIQUE
NARCOLEPSIE DE TYPE 1
de plusieurs cytokines pro-inflammatoires (interfron gamma) dans le
srum des narcoleptiques et ce dautant plus chez les patients vaccins
par le Pandemrix.12
Le profil volutif des narcolepsies
lies la vaccination par le Pandemrix
semble identique celui des patients
atteints de narcolepsie non lies la
vaccination.
MIMTISME MOLCULAIRE
La narcolepsie de type 1 est une cause
rare dhypersomnie caractrise par
la destruction des neurones hypocrtine survenant chez des sujets prdisposs gntiquement. La narcolepsie
de type 1 est une pathologie plurifac-
RFRENCES
1. Dauvilliers Y, Arnulf I,
Mignot E: Narcolepsy
with cataplexy. Lancet
2007, 369:499-511.
2. Dauvilliers Y, Lopez R.
Narcolepsie avec cataplexie:
narcolepsie de type 1.
Rev Prat 2016;66:671-6.
3. Siegel JM, Lopez R,
Torontali ZA, Peever JH.
Cataplexy-clinical aspects,
pathophysiology and
management strategy. Nat
Rev Neurol 2014;10:386-95.
4. Faraco J, Lin L, Kornum BR,
706
2013;136:2486-96.
9. Partinen M, Kornum BR,
Plazzi G, Jennum P, Julkunen
I, Vaarala O. Narcolepsy
as an autoimmune disease:
the role of H1N1 infection
and vaccination. Lancet
Neurol 2014;13:600-13.
10. Ahmed SS, Schur PH,
Macdonald NE, Steinman L.
Narcolepsy, 2009 A(H1N1)
pandemic influenza,
and pandemic influenza
vaccinations: What is
known and unknown about
the neurological disorder,
THRAPEUTIQUE
Prothse de hanche. Classiquement la voie dabord chirurgicale est
postro-latrale, mais chez certains patients fragiles ou au contraire actifs, la
voie antrieure est une alternative intressante car elle permet une rcupration
plus rapide.
VOIE POSTRO-LATRALE
La voie de Moore (fig. 1) dcrit une
incision cutane centre sur le grand
trochanter, et descendant sur la face
latrale de la cuisse. Elle expose
parfaitement le fmur proximal et
respecte la plupart des lments
musculo-aponvrotiques (tableau1).
La luxation est un risque connu de
cet abord (3-4% selon les sries et
plutt de survenue prcoce). Aussi,
les patients sont informs en propratoire et soumis une ducation
renforce des mouvements luxants.
La cicatrice tant latrale et postrieure, le risque dinfection de la
plaie opratoire chez un patient alit
nest pas ngligeable.
VOIE ANTRIEURE
La premire prothse totale de la
hanche fut implante par voie antrieure par Jean et Robert Judet en
1947.1-3 La voie dabord, drive de
la voie de Hueter, expose trs bien le
cotyle. Elle est anatomique car elle
respecte tous les lments musculoaponvrotiques (tableau2). Lincision
de 7 10cm part de lpine iliaque
707
THRAPEUTIQUE
PROTHSE DE HANCHE
Muscles
Dsinsr
Sectionn
Rinsr
Rpar
Intact
Grand glutal
Discis*
Moyen glutal
Petit glutal
Pelvi-trochantrien
Tenseur du FL
Comment choisir?
ABORD POSTRO-LATRAL
Muscles
Dsinsr
Sectionn
Rpar
Intact
Grand glutal
Moyen glutal
Petit glutal
Pelvi-trochantrien
708
Rinsr
THRAPEUTIQUE
PROTHSE DE HANCHE
Figures 7
et 8. Reprise
bipolaire dune
prothse
totale par voie
postro-latrale.
ABORD ANTRIEUR
Patient fragile, risque anesthsique lev. Cet abord ne ncessite
pas de placer le patient en dcubitus
latral, contrairement la voie de
Moore. De plus, linstallation en
dcubitus dorsal est optimale pour la
prise en charge anesthsique lourde.
Elle a aussi lavantage de raliser
une conomie sanguine pendant la
procdure du fait dune hmostase
709
THRAPEUTIQUE
PROTHSE DE HANCHE
Figures 11 et 12. Pose dune prothse de hanche par voie antrieure chez un
patient sportif.
ambulatoire dans des indications
slectionnes et la plupart du temps
dans le cadre dun programme de
rcupration rapide aprs chirurgie.
Patient fragile avec escarre sacre.
Le champ opratoire tant centr
et rduit autour de la voie dabord, il
nest pas ncessaire dinclure tout le
membre infrieur ni la fesse dans
le champ opratoire. Dans les cas
dune plaie chronique du membre
homolatral ou dune escarre sacre,
la voie antrieure est adapte.
Reprise unipolaire de cotyle. La
voie antrieure donne un jour excellent sur le cotyle en sagrandissant simplement vers le haut (voie
de Smith-Petersen).4, 5
710
RFRENCES
1. Judet J, Judet H. Voie dabord antrieure
dans larthroplastie totale de hanche. Presse
Med 1985;14:1031-3.
2. Judet J, Judet R. The use of an artificial
femoral head for arthroplasty of the hip joint.
J Bone Joint Surg Br 1950;32-B(2):166-73.
3. Judet R, Judet J. Technique and results
with an acrylic femoral head prosthesis.
J Bone Joint Surg Br 1952;34-B(2):173-80.
4. Smith-Petersen MN. A new supra-articular
subperiostal approach to the hip joint.
Am J Orthop Surg 1917;15:592-5.
5. Smith-Petersen MN. Approach tothe exposure
of the hip joint for mold arthroplasty. J Bone
Joint Surg Br. 1949;31A:40.
6. Dubrana F, Le Nen D, Lefvre C, PrudHomme
M. Manuel des voies dabord en chirurgie
orthopdique (2e d). Issy-les-Moulineaux:
Elsevier Masson, 2014.
YV ES HANSMAN N
yves.hansmann@chru-strasbourg.fr
EN DBAT
Il est des maladies qui frappent les esprits plus que dautres. La maladie de Lyme appartient
cette catgorie de maladie. On peut mme dire quelle sinscrit dans un phnomne de socit,
tel point que certains patients se la sont approprie et en font une cause qui pourrait expliquer
nombre de leurs maux.
711
MALADIE DE LYME
EN DBAT
QUE FAIRE DEVANT UN PATIENT AYANT DES MANIFESTATIONS CHRONIQUES SUSPECTES
DTRE EN RAPPORT AVEC UNE BORRLIOSE DE LYME?
Constatations
Actions
Tableau. * La srologie a une bonne valeur prdictive ngative. Dans la littrature mdicale, chez les patients o Borrelia est isole au cours de manifestations
prolonges, la srologie est en gnral positive. La sensibilit des techniques actuellement utilises en France et en Europe est de lordre de 90%.
La PCR est peu sensible dans le sang. Elle est intressante dans les biopsies cutanes ou les prlvements de tissu synovial, ce qui nest pas ralis en routine.
Sa valeur prdictive positive est considre comme excellente.
La srologie a peu dintrt dans le suivi: les critres de gurison sont avant tout cliniques, sachant que la srologie peut rester positive pendant plusieurs mois
plusieurs annes, mme dans les situations o les symptmes disparaissent dfinitivement.
** Antibiotiques recommands:
doxycycline en 1re intention pour les formes articulaires pendant une dure de 28 jours au moins, sans dpasser 90 jours;
ceftriaxone en 1re intention pour les neuroborrlioses pendant une dure de 21 28 jours.
*** Les dures ne sont pas formellement tablies, mais il ny a probablement pas dargument pour prolonger une antibiothrapie au-del de 3 mois :
alternative la doxycyline: ceftriaxone ;
alternative la ceftriaxone: doxycycline.
Les antibiotiques comme lazithromycine ou la clarithromycine, toutes deux efficaces sur Borrelia, ils ont lavantage thorique davoir une excellente diffusion
intracellulaire.
facilement en vidence Borrelia dans les tissus nerveux des patients ayant des troubles cognitifs, la recherche dune synthse intrathcale danticorps spcifiques est un moyen intressant pour identifier le
lien potentiel existant avec linfection. Sur un panel de
594patients vus pour des troubles cognitifs, 1,25%
avaient une synthse intrathcale positive et 0,44%
avaient sous traitement antibiotique une amlioration
ou une stabilit des troubles cognitifs, ce qui est en
faveur dune implication possible mais rare de Borrelia
dans les troubles cognitifs en zone dendmie.4
Concernant les arthrites, Borrelia a pu tre mis en
vidence au cours darthrites chroniques dfinies par
une dure de symptmes suprieure 1an (jusqu
4ans).5 Cependant, la frquence avec laquelle Borrelia
peut tre isole diminue avec le temps coul par rapport linoculation initiale.
712
MALADIE DE LYME
EN DBAT
rienne. Par exemple, les singes macaques de type
rhsus sont rceptifs B.burgdorferi. Son inoculation
entrane une infection persistante pouvant se manifester par des signes neurologiques. Une quipe a utilis ce modle pour valuer la persistance de Borrelia
4 6mois aprs un traitement antibiotique prsum
efficace:7 Borrelia, identifie prcocement dans les
biopsies cutanes par culture chez tous les animaux
avant le traitement antibiotique, a pu tre retrouve
chez un seul singe non trait aprs plusieurs mois, et
chez aucun des singes traits.7
713
MALADIE DE LYME
EN DBAT
L o la science ne peut pas rpondre, la mdecine
se doit de continuer apporter son soutien tous
les patients: nous nous devons de leur apporter des
rponses qui leur permettent de se reconstruire
labri de leurs angoisses. Notre rle est fondamental.
Or ce rle, travers les polmiques sur la maladie
de Lyme, a pour consquence daffaiblir le lien de
confiance qui peut exister entre le patient et son
mdecin, surtout sil sagit du mdecin traitant. Le
fait dtablir cette maladie comme une affaire dexperts retire ce dernier son pouvoir de rfrent,
et par l son pouvoir de rassurer les patients. Devant
RFRENCES
1. Lenormand C, Jaulhac B,
Debarbieux S, et al. Expanding
the clinicopathological spectrum
of late cutaneous Lyme
borreliosis (acrodermatitis
chronica atrophicans [ACA]):
A prospective study of 20
culture- and/or polymerase
chain reaction (PCR)-documented
cases. J Am Acad Dermatol
2016;74:685-92.
2. Nocton JJ, Bloom BJ, Rutledge BJ,
et al. Detection of DNA of Borrelia
burgdorferi by polymerase chain
reaction in cerebrospinal fluid in
Lyme neuroborreliosis. J Inf Dis
1996;174:623-7.
714
ces dbats sans fin, il peut se considrer comme dpass, et prfre ne pas sencombrer de considrations quil ne matrise pas. Cette situation qui est en
voie de sinstaller est dangereuse tout point de vue:
pour les patients qui perdent leur confident mdecin,
pour les mdecins qui perdent leur confiance en euxmmes. Cette situation contribue laisser sinstaller
un climat de mfiance rciproque qui ne peut tre que
dltre.
Il est temps darrter des polmiques ne reposant
que sur des prsomptions: la mdecine vaut bien
mieux que cela! V
THOMAS G I LB E RT
thomas.gilbert@chu-lyon.fr
EN DBAT
Alors que lefficacit des inhibiteurs de lactylcholinestrase est faible et de pertinence
clinique douteuse, les donnes de pharmacovigilance continuent de semer le doute
sur le bien-fond de leur prescription. Comment expliquer la persistance des spcialistes
recommander leur utilisation?
Inhibiteurs de lactylcholinestrase
dans la maladie dAlzheimer: un dbat
toujours non rsolu
Hospices civils
de Lyon. Institut
du vieillissement.
Service universitaire
de mdecine
griatrique,
groupement
hospitalier Sud,
Pierre-Bnite,
France.
T. Gilbert dclare
navoir aucun
lien dintrts.
DR
715
MALADIE DALZHEIMER
716
MAY / BSIP
EN DBAT
MALADIE DALZHEIMER
EN DBAT
leur prescription.14 En effet, il est bien connu que
lvolution spontane de la maladie peut diffrer dun
patient lautre et quil existe des dclineurs lents et
rapides. Il est donc possible que des facteurs pronostiques influencent les essais et que ces diffrences
entre patients puissent avoir pour consquence un
effet de rgression la moyenne lors des tudes
cliniques, minimisant ainsi lampleur de leffet du
traitement.14 Il faudrait alors chercher mieux cibler
les patients pour lesquels ces traitements seraient
susceptibles dtre efficaces ou tout du moins utiles.
plus lev multipli par 3,5 sous rivastigmine par rapport aux autres inhibiteurs de lactylcholinestrase.
Comme la rivastigmine est linhibiteur de lactylcholestrase le plus largement prescrit, il est possible quil
existe un effet loupe concernant les dclarations de
pharmacovigilance. Cependant, cela pourrait tre en
lien avec le caractre pseudo irrversible de linhibition de lactylcholinestrase pouvant donner lieu un
allongement inattendu de leffet et jouer sur la tolrance.33 Pour mmoire, cette tude a galement confirm le risque accru de rhabdomyolyse sous donpzil.28
AMBIVALENCE
Le dbat sur le rapport bnfices-risques des inhibiteurs de lactylcholinestrase est toujours ouvert,
et ne se rsume pas une confrontation entre des inconscients vendus aux labos et des ractionnaires
nihilistes.
Les avis de la Commission de la transparence de
la HAS concernant ces traitements rsument bien
cette forme dambivalence entourant les inhibiteurs de
lactylcholinestrase: lutilisation reste recommande en raison de labsence dalternative et de la gravit
de la maladie, mais lamlioration du service mdical
rendu (ASMR) a t juge faible (ASMR V) devant la
faiblesse de lefficacit dmontre de ces traitements,
et les effets indsirables potentiellement graves cits
plus haut.25 Le manque dinformations au-del de
6mois est galement problmatique. Selon cette mme
commission de la transparence, les inhibiteurs de
lactylcholinestrase ne devraient pas tre poursuivis
au-del dun an.25 Les donnes paraissent insuffisantes
pour justifier lassociation dun inhibiteur de lactylcholinestrase avec la mmantine.20 Enfin, les donnes
mdico-conomiques sont toujours trop rares, mme
si cette question est moins prgnante depuis la mise
disposition des gnriques.
Lefficacit bien que faible de ces traitements pourrait peut-tre lgitimer leur prescription aux patients
aux stades lgers modrs de la maladie dAlzheimer5
et demandeurs dun traitement, dautant que le profil
de rponse peut tre variable dun patient lautre.
Cependant, cette prescription doit faire lobjet dune
surveillance troite et dune rvaluation rgulire de
lefficacit (objective ou ressentie) et surtout de la
tolrance. Les patients et leurs aidants doivent tre
bien informs des risques potentiels et le traitement
doit tre arrt au moindre doute en cas deffets indsirables graves, mais aussi en cas deffets secondaires
bnins gnrant de linconfort.
Malgr cette tentative de compromis, les donnes
rcentes de pharmacovigilance concernant la rivastigmine et plus largement les inquitudes dun possible
sur-risque de mortalit des inhibiteurs de lactylcholinestrase appellent une remise en question rgu>>>
lire des pratiques.
Vol. 66 _ Septembre 2016
717
MALADIE DALZHEIMER
EN DBAT
Enfin, il est important de souligner ici que la dcision de prescrire ou non un inhibiteur de lactylcholinestrase ne doit pas remettre en question lintrt
essentiel dun suivi spcialis en consultations mmoire, qui offrent une plateforme pluriprofessionnelle
daccompagnement des patients et de leurs aidants
ainsi quune structure dappui en cas de symptmes de
RFRENCES
1. Dufouil C, Amouyel P.
pidmiologie. Fondation
Plan Alzheimer, 2015.
www.fondation-alzheimer.org
ou http://bit.ly/293c3tk
2. Lobo A, Launer LJ, Fratiglioni L,
Andersen K, et al.; Neurologic
Diseases in the Elderly Research
Group. Prevalence of dementia
and major subtypes in Europe:
A collaborative study of
population-based cohorts.
Neurology 2000;54(11
Suppl 5):S4-9.
3. Berr C, Akbaraly TN,
Nourashemi F, Andrieu S.
pidmiologie des dmences.
Presse Med 2007;36:1431-41.
4. Satizabal CL, Beiser AS,
Chouraki V, Chne G, Dufouil C,
Seshadri S. Incidence of
dementia over three decades
in the Framingham Heart Study.
N Engl J Med 2016;374:523-32.
5. Haute Autorit de sant.
Maladie dAlzheimer et maladies
apparentes: diagnostic et prise
en charge. Recommandations
de bonne pratique, HAS 2011.
http://bit.ly/297x45T
6. Schmidt R, Hofer E, Bouwman FH,
Buerger K, et al. EFNS-ENS/EAN
Guideline on concomitant use
of cholinesterase inhibitors
and memantine in moderate
to severe Alzheimers disease.
Eur J Neurol 2015;22:889-98.
7. Matsunaga S, Kishi T, Iwata N.
Combination therapy with
cholinesterase inhibitors
and memantine for Alzheimers
disease: a systematic review
and meta-analysis. Int J
Neuropsychopharmacol 2014;18(5).
8. Hanon O, Jeandel C.; Socit
718
franaise de griatrie et
grontologie, Conseil national
professionnel de griatrie.
Prescriptions mdicamenteuses
adaptes aux personnes ges:
le guide P.A.P.A. Paris:
Frison-Roche, 2014.
9. Kaduszkiewicz H, Zimmermann T,
Beck-Bornholdt HP, van den
Bussche H. Cholinesterase
inhibitors for patients with
Alzheimers disease: systematic
review of randomised clinical
trials. BMJ 2005;331:321-7.
10. Burns A, OBrien J; BAP Dementia
Consensus group, Auriacombe S,
Ballard C, Broich K, et al. Clinical
practice with anti-dementia
drugs: a consensus statement
from British Association
for Psychopharmacology.
J Psychopharmacol
2006;20:732-55.
11. Takeda A, Loveman E, Clegg A,
et al. A systematic review
of the clinical effectiveness
of donepezil, rivastigmine and
galantamine on cognition,
quality of life and adverse events
in Alzheimers disease. Int J
Geriatr Psychiatry 2006;21:17-28.
12. Birks JS. Cholinesterase inhibitors
for Alzheimers disease. In:
The Cochrane Collaboration,
editor. Cochrane Database of
Systematic Reviews [Internet].
Chichester: John Wiley & Sons
Ltd, 2006. http://bit.ly/291cZwf
13. Birks J, Harvey RJ. Donepezil
for dementia due to Alzheimers
disease. In: The Cochrane
Collaboration, editor. Cochrane
Database of Systematic
Reviews [Internet]. Chichester:
John Wiley & Sons Ltd, 2006.
http://bit.ly/28ZDiRQ
Mortalit maternelle
en France et dans le
monde
DOMINIQUE
CHASSARD*
FRDRIC
J. MERCIER**
ANNE-SOPHIE
DUCLOY***
LIONEL BOUVET*
* Service
danesthsie,
Hpital femmemre-enfant,
CHU de Lyon,
Bron, France
** Dpartement
danesthsieranimation,
universit
Paris-Sud,
AP-HP/Hpitaux
Universitaires
Paris-Sud, hpital
Antoine-Bclre,
Clamart, France
*** Service
danesthsie,
maternit
Jeanne-de-Flandre,
CHU de Lille,
Lille, France
dominique.
chassard@chu-lyon.fr
frederic.mercier
@aphp.fr
anne-sophie.ducloy
@chru-lille.fr
lionel.bouvet
@chu-lyon.fr
Mortalit maternelle
lchelle mondiale
Lestimation de la mortalit maternelle est difficile lchelle mondiale, la plupart des pays ne disposant pas de registres de mortalit
maternelle ou ne recueillant pas les
721
CNEMM
2004-2006
CNEMM
2007-2009
Rapport anglais
2009-2011
Causes directes
F. Mercier dclare
des interventions
ponctuelles (essais
cliniques et travaux
scientifiques) pour
lentreprise LFB
Biomdicaments.
Hmorragies
2,30
1,60
0,59
Sepsis
0,30
0,20
0,63
Hypertension
0,60
0,90
0,42
Thrombose
0,80
1,10
1,26
Embolie amniotique
1,40
0,80
0,29
A.-S. Robert
dclare avoir
des liens dintrts
durables avec LFB
Biomdicaments
et avoir t prise
en charge lors
de congrs par
le ministre
de la Sant, la
Socit franaise
danesthsie
et de ranimation
et le club
AnesthsieRanimation
en obsttrique.
Anesthsie
0,10
0,10
0,12
Cardiaques
0,80
1,20
2,14
Neurologiques
0,70
0,80
1,26
O. Rouvire
dclare avoir des
liens dintrts
(interventions
ponctuelles et
prises en charge
lors de congrs)
avec les
entreprises
EDAP-TMS
et Bracco.
722
Causes indirectes
Mortalit maternelle
en France
Mthodologie du recueil
La base de donnes de lInstitut national de la statistique et des tudes conomiques (Insee), la base nationale
du Programme de mdicalisation
des systmes dinformation (PMSI)
et le signalement des morts maternelles par les rseaux prinataux
compltent les donnes du Centre
dpidmiologie sur les causes
mdicales de dcs (CpiDc) pour
le comptage des morts maternelles.
Le Comit national dexperts sur la
mortalit mater nelle (CNEMM)
[cr en 1996] compos de 14experts
(sages-femmes, obsttriciens, anesthsistes-ranimateurs, mdecin
interniste) examine de manire anonyme les causes et facteurs provoquant les dcs maternels. Les dcs
sont classs en mort maternelle ou
non maternelle. Pour les dcs maternels, ceux-ci sont classs en cause
directe: cause spcifique la grossesse ou indirecte: pathologie
mdicale prexistante, aggrave/
dcompense par la grossesse et une
analyse des soins est faite. Les soins
sont classs en soins optimaux ou
non optimaux, et au final le dcs
est class en vitable ou non vitable ou peut-tre vitable selon
les circonstances qui ont entour ce
dcs. Pour un certain nombre de
dcs, la conclusion ne peut pas tre
tablie. Le taux dautopsies en France
est particulirement faible, de lordre
de 30%, alors quil atteint environ
60% dans les pays anglo-saxons.
Frquence et volution
de la mortalit maternelle
depuis 2001 en France
En moyenne, 80dcs maternels
surviennent chaque anne en France.
Le taux en France pour le triennium
2007-2009 tait de 9,6/100000 naissances vivantes.5 Depuis 2001, le taux
de mortalit maternelle pour 100000
naissances fluctue entre 8 et 12 selon
Caractristiques
pidmiologiques
des femmes dcdes:
rapport 2007-2009
La mortalit maternelle est au plus
bas entre 20 et 30ans, avec un taux
de 6/100000, pour tre multipli par
un facteur 2,5 entre 35 et 39ans. Audel de 45ans, elle est 8fois plus leve quentre 20 et 30ans. Un indice
de masse corporelle suprieur 30
est un autre facteur de risque de
mortalit maternelle. Les grossesses
multiples ainsi que la procration
mdicalement assiste multiplient
le taux de dcs maternels par 3,5 et
3respectivement.
Environ 70% des femmes qui sont
dcdes ont eu une csarienne
(vs20% dans la population globale).
La plupart des dcs surviennent
pendant laccouchement ou dans le
post-partum immdiat. Le plus grand
nombre de dcs maternels est enregistr dans les dpartements doutremer (32/100000), dans la rgion lede-France (12,5/100000), alors que
des taux infrieurs 4/100000 sont
relevs en Bretagne ou en Limousin.
Causes directes de
mortalit maternelle
en France
Dcs maternels par
hmorragies
En France, cest la premire cause
des dcs maternels sur la priode
2007-2009 (n=46), ce qui correspond
18,1% des 254 dcs. En comparaison,
en Grande-Bretagne, il y avait eu
14dcs dans les annes 2009-2011 et
seulement 11dcs sur la priode
2010-2012.10 Cependant, il est noter
quen France, si on reprend la mme
mthodologie de calcul, le taux de
dcs par hmorragie tait de 24,4%
dans les annes 2001-2003, de 25,8%
dans les annes 2004-2006 et de 19,1%
dans les annes 2007-2009. Lvitabi-
Hypertension artrielle
Le taux de mortalit li lhypertension artrielle est de 9,1% dans le
dernier rapport du CNEMM, et 62%
des complications hypertensives
ont t juges vitables. Lclampsie
reprsente 4,7% des dcs, avec des
risques de pousses dhypertension
artrielle responsables daccidents
vasculaires crbraux. Parmi les
dcs vitables, 50% taient dus
une mise en route retarde du sulfate de magnsium pour traiter une
prclampsie, des prises en charge
inadaptes sur le plan obsttrical
ou un mode darrive aux urgences
souvent retard du fait dune mconnaissance des signes dalerte. Il est
donc important de surveiller la pression artrielle des femmes enceintes
ainsi que leur protinurie. Il faut informer les femmes atteintes dhypertension artrielle des signes de
gravit qui doivent dclencher une
hospitalisation immdiate.
Embolie amniotique
Dcs maternels par
thromboembolie veineuse
Vingt-neuf dcs conscutifs une
embolie pulmonaire, un seul dcs
par thrombophlbite crbrale ont
t expertiss; 60% des dcs sont
survenus en post-partum. Au total,
11,8% des dcs maternels sont rattachs cette pathologie. Le taux
dvitabilit est ici de 53% environ.
La prvention repose essentiellement
sur la prescription dhparine de bas
poids molculaire pour les patientes
risque, prescription fonde sur des
scores publis par les socits savantes (SFAR 2005). On peut esprer
une rduction de la mortalit par
thromboembolie en prenant en
compte de manire rpte les facteurs de risque cliniques ou biologiques connus de la maladie thromboembolique pendant la grossesse.
La prescription de bas de contention
doit tre large, en particulier chez les
patientes alites ou subissant une
csarienne. Il est important aussi de
pratiquer un Doppler des membres
Elle reprsente 7,9% des morts maternelles en France. Dans 5cas sur
20, le dcs a t jug vitable. Il sagit
essentiellement de traitements inadquats des hmorragies avec troubles de la coagulation, dun retard
de prise en charge des dfaillances
hmodynamiques ou respiratoires.
Il existe par ailleurs des retards dans
la prise en charge des dtresses
ftales. Le pourcentage dvitabilit
est de 30%.
Cette pathologie se manifeste essentiellement par des manifestations
neurologiques, avec cphales,
malaises, perte de connaissance et
convulsions, et trs souvent une
dtresse respiratoire accompagne
dun collapsus cardiovasculaire. Une
hmorragie tait responsable dans
70% des cas de dcs secondaires
une embolie amniotique. Les troubles
de la coagulation sont trs frquents
et trs prcoces au cours de ces hmorragies. Le diagnostic biologique
repose sur la recherche de cellules
amniotiques et pithliales >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
723
724
Causes indirectes de
mortalit maternelle
en France 2007-2009
Maladie cardiovasculaire
Cette cause exclut les myocardiopathies du pri-partum qui sont rattaches aux causes directes en France.
Au total, 39dcs sont rattachs
cette cause, ce qui place les maladies
cardiovasculaires comme la deuxime cause de mortalit maternelle
et la premire cause dorigine indirecte; presque 80% des femmes
sont dcdes dans le post-partum,
dont 4 au-del de 42jours. Il sagit
principalement de cardiopathies
prexistantes, comme les myocardiopathies dilates, les cardiopathies
valvulaires tant plus rares sauf
chez les patientes migrantes. On note
rgulirement, dans les dossiers, une
sous-valuation de ltat cardiaque
avant laccouchement; et un certain
nombre de femmes se sont engages
dans des grossesses qui taient fortement dconseilles.
Les ruptures artrielles avec hmopritoine sont une particularit de la
femme enceinte avec des ruptures
danvrismes de lartre splnique ou
de lartre hpatique.
La dissection aortique est plus rare
et a concern essentiellement les
patientes atteintes de syndrome de
Turner. Cette pathologie a t cible
par des recommandations de la
Haute Autorit de sant qui, visiblement, ne sont pas connues de tous.
Quatre cas dinfarctus du myocarde
ont t expertiss, essentiellement
chez des femmes enceintes hypertendues et obses. Lhypertension artrielle pulmonaire est responsable
de 3 dcs, cette pathologie contre-in-
Accidents vasculaires
crbraux
Entre 2007-2009, 32dcs maternels
ont t enregistrs. Ces femmes ont
un ge moyen denvirons 35 ans et
sont surtout des multipares. La plupart des accidents vasculaires crbraux sont hmorragiques, quelquesuns sont ischmiques, et il y a un cas
de thrombophlbite crbrale. La
plupart des cas sont jugs non vitables, sauf un cas qui correspondait
la prise de bromocriptine chez
une patiente fumeuse. Les patientes
ayant des signes voquant un accident vasculaire crbral (cphales
brutales) doivent tre rapidement
orientes vers une unit neurovasculaire. Une imagerie crbrale, type
imagerie par rsonance magntique,
doit tre pratique le plus vite possible. Une thrombolyse est toujours
possible chez la femme enceinte
distance de laccouchement.
725
D. Chassard et
F.-J. Mercier
ont particip la
rdaction du rapport
2007-2009 du
Comit national
dexperts sur la
mortalit maternelle
(CNEMM) avec:
Dr Albertine Aouba,
Dr Andr Benbassa,
Mme Marie-Hlne
Bouvier-Colle,
Pr Pierre
Charbonneau,
Dr Henri Cohen,
Dr Catherine
Deneux-Tharaux,
Dr Serge Favrin,
Dr Daniel Fillette,
Dr Vronique
Le Guern,
Mme Sylvie Leroux,
Pr Grard Levy
et Pr Francis Puech.
726
RSUM MORTALIT
MATERNELLE
EN FRANCE ET DANS
LE MONDE
La mortalit maternelle est dfinie
comme le dcs dune femme pendant
la grossesse et dans les 45 jours
suivant laccouchement. Elle reprsente un indicateur de sant publique
et de performance du systme de
soins dans le monde. limage de
lOrganisation mondiale de la sant, la
France sest fix pour objectif de rduire le taux de ces dcs. Les
moyens mis en uvre sont lanalyse
des dossiers par une enqute nationale triennale, lorganisation des maternits en rseaux, ldition et la
diffusion de recommandations par les
socits savantes et lvaluation des
pratiques professionnelles. Le taux de
la mortalit maternelle en France se
situe entre 8 et 12 pour 100000
naissances. Les causes de ces dcs
peuvent tre obsttricales directes
(hmorragie du post-partum, maladie
thromboembolique, prclampsie,
embolie amniotique, sepsis et complications anesthsiques). Elles peuvent
tre obsttricales indirectes (cardiopathies, accidents vasculaires crbraux et autres causes diverses) ou
non obsttricales (traumatismes ou
suicides). La premire cause de mort
RFRENCES
1. Hogan MC, Foreman KJ, Naghavi M, et al.
Maternal mortality for 181 countries,
1980-2008: a systematic analysis
of progress towards Millennium Development
Goal 5. Lancet 2010;375:1609-23.
2. Say L, Chou D, Gemmill A et al.
Global causes of maternal death:
a WHO systematic analysis. Lancet
Glob Health 2014;2:e323-33.
3. Alkema L, Chou D, Hogan D et al. Global,
regional, and national levels and trends in
maternal mortality between 1990 and 2015,
with scenario-based projections to 2030:
a systematic analysis by the UN Maternal
Mortality Estimation Inter-Agency Group.
Lancet 2016;387:462-74.
4. Kassebaum N, Bertozzi-Villa A, Coggeshall
MS et al. Global, regional, and national levels
and causes of maternal mortality during
1990-2013: a systematic analysis for the
Global Burden of Disease Study 2013.
Lancet 2014;384:980-1004.
5. Enqute nationale confidentielle sur les morts
maternelles France, 2007-2009. Rapport
du Comit national dexperts sur la mortalit
maternelle (CNEMM). www.invs.sante.fr
6. Comit national dexperts sur la mortalit
maternelle. Rapport 1995-2001 remis au
ministre dlgu la Sant, Paris, mai 2001.
http://bit.ly/29mZb0o
7. Rapport du Comit national dexperts
sur la mortalit maternelle (CNEMM)
2001-2006. Janvier 2010. www.invs.sante.fr
8. Blondel B, Lelong N, Kermarrec M, et al.
Trends in perinatal health in France
from 1995 to 2010. Results from the
French National Perinatal Surveys. J Gynecol
Obstet Biol Reprod (Paris) 2012;41:e1-e15.
9. Saucedo M, Deneux-Tharaux C, Bouvier-Colle
MH; for the French National Experts
Committee on Maternal Mortality.
Ten years of confidential inquiries
into maternal deaths in France, 1998-2007.
Obstet Gynecol 2013;1222:752-60.
10. Knight M, Tuffnell D, Kenyon S,
Shakespeare J, Gray R, Kurinczuk JJ
(Eds.) on behalf of MBRRACE-UK.
Saving Lives, Improving Mothers Care Surveillance of maternal deaths in the UK
2011-13 and lessons learned to inform
maternity care from the UK and Ireland
Confidential Enquiries into Maternal Deaths
and Morbidity 2009-13. Oxford: National
Perinatal Epidemiology Unit, University of
Oxford, 2015.
DOSSIER
CONSENSUS RELATIF
LA PRISE EN CHARGE DES
DYSLIPIDMIES DE LADULTE*
SOMMAIRE
* Une version
en langue anglaise
de ce document
est co-publie
par Diabetes
& Metabolism
ainsi que par
les Annales
dendocrinologie.
** Une cotation
des recommandations
a t effectue en
reprenant le principe
de notation de la
Haute Autorit de
sant de A C
pour la force de
la recommandation
de niveau dcroissant,
et de 1 3 pour
lvaluation de
la qualit de la
littrature sur laquelle
elle est adosse
(v. tableau p. 736).
f P.
f P.
GROUPE DE TRAVAIL
COMMISSIONN
PAR LA SOCIT
FRANAISE
DENDOCRINOLOGIE
(SFE), LA SOCIT
FRANCOPHONE
DU DIABTE (SFD),
LA NOUVELLE
SOCIT FRANAISE
DATHROSCLROSE
(NSFA)
727
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
GROUPE DE TRAVAIL COMMISSIONN PAR LA SOCIT FRANAISE DENDOCRINOLOGIE (SFE), LA SOCIT FRANCOPHONE DU DIABTE (SFD),
LA NOUVELLE SOCIT FRANAISE DATHROSCLROSE (NSFA)
GROUPE DE TRAVAIL
Sophie Bliard : service de nutrition, maladies mtaboliques, endocrinologie, Assistance publique-Hpitaux de Marseille, CHU hpital de la Conception, 13009 Marseille.
Fabrice Bonnet : service dendocrinologie-diabtologie, CHU de Rennes, universit de Rennes-1, Inserm U1018, Rennes.
Batrice Bouhanick : service dHTA et thrapeutique, CHU Rangueil, ple CVM, universit de Toulouse-3, 31059 Toulouse.
Sybil Charrire : fdration dendocrinologie, groupe hospitalier Est, Hospices civils de Lyon, universit de Lyon 1, Inserm UMR 1060 CarMeN, 69003 Lyon.
Bertrand Cariou : clinique dendocrinologie, Institut du thorax, CHU de Nantes, Inserm UMR 1087, universit de Nantes, 44000 Nantes.
Vincent Durlach : ple thoracique cardio-vasculaire et neurologique, hpital Robert-Debr, 51092 Reims
Philippe Moulin : fdration dendocrinologie, groupe hospitalier Est, Hospices civils de Lyon, Universit de Lyon-1, Inserm UMR 1060 CarMeN, 69003 Lyon.
Ren Valro : service de nutrition, maladies mtaboliques, endocrinologie, Assistance publique-Hpitaux de Marseille, CHU hpital de la Conception, 13009 Marseille.
Bruno Vergs : service endocrinologie, diabtologie et maladies mtaboliques, CHU de Dijon, universit de Bourgogne Franche-Comt, Inserm LNC UMR866, 21000 Dijon.
GROUPE DE RELECTURE
Franck Boccara, Paris, Nouvelle Socit franaise dathrosclrose.
Michel Farnier, Dijon, Nouvelle Socit franaise dathrosclrose.
Bruno Feve, Paris, Socit franaise dendocrinologie.
Pierre Gourdy, Toulouse, Socit franaise dendocrinologie.
Bruno Guerci, Nancy, Socit francophone du diabte.
Michel Krempf, Nantes, Socit francophone du diabte.
AUTEUR CORRESPONDANT
Philippe Moulin
Fdration dendocrinologie, hpital cardiovasculaire Louis-Pradel, groupe hospitalier Est, 69003 Lyon, France.
philippe.moulin@chu-lyon.fr
CONFLITS DINTRTS DES MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL
Les participants dclarent avoir eu des activits ayant conduit des rmunrations ou des crdits de recherche (confrences, essais cliniques ou subventions de recherche)
au cours des annes 2012-2016.
S. Bliard : Aegerion, Amgen, ISIS, MSD, Novartis, Novo Nordisk, Sanofi.
F. Bonnet : AMGEN, AstraZeneca, BMS, Boehringer-Ingelheim, Coca-Cola, ISA, Lilly, MSD, Novo Nordisk, Sanofi, Takeda.
B. Bouhanick : AstraZeneca, Lilly, Novo Nordisk, Sanofi.
. Bruckert : Aegerion, AMGEN, Chiesi, Danone, Genfit, Ionis-pharmaceuticals, Isis, MSD, Lilly, Regeneron, Rottapharm-MEDA, Sanofi, Unilever.
B. Cariou : Amgen, AstraZeneca, Genfit, Janssen, Eli-Lilly, Novartis, MSD, Novo Nordisk, Pierre Fabre, Regeneron, Sanofi, Takeda.
S. Charriere : AstraZeneca, Boehringer-Ingelheim, Lilly, Merck Serono, MSD, Novartis, Novo Nordisk, Sanofi.
V. Durlach : AstraZeneca,Amgen, Bioprojet, Sanofi.
P. Moulin : Aegerion, Akcea/ionis, Amgen, AMT, AstraZeneca/Bristol Myers Squibb, Chiesi, Jansen, Lilly, MSD, Novartis, Novo Nordisk, Olympus, Pierre Fabre, Regeneron,
Unicure, Sanofi, Servier.
R. Valro : Amgen, AstraZeneca, Chiesi, Danone, ISIS, Janssen, Lesieur, Lilly, MSD, Novo Nordisk, Sanofi, Unilever.
B. Verges : AstraZeneca/Bristol Myers Squibb, Bayer Pharma, Janssen, MSD, Novartis Pharma, Novo Nordisk, Novartis, Sanofi, Servier, Takeda.
CONFLITS DINTRTS DES MEMBRES DU GROUPE DE RELECTURE
Les participants dclarent avoir eu des activits ayant conduit des rmunrations ou des crdits de recherche (confrences, essais cliniques ou subventions de recherche)
au cours des annes 2012-2016.
F. Boccara : Amgen, BMS, Jansen, MSD, Regeneron, Sanofi, Gilead, ViiV Healthcare.
M. Farnier : Abbott/Mylan, Akcea/ionis, Amgen, AstraZeneca, Eli Lilly, Kowa, Merck and Co, Pfizer, Roche, Sanofi/Regeneron, Servier.
B. Feve : AstraZeneca, Bristol-Myers Squibb, Sanofi Aventis, GlaxoSmithKline, Novartis, NovoJansen, MSD, Novo Nordisk, Eli Lilly, Boehringer Ingelheim, Janssen, Intarcia, Metacure,
Pfizer, MSD, Roche Diagnostic, Medtronic, Menarini Diagnostic, Abbott, Vitalaire, Dinno Sant, Orkyn Sanofi, Viiv Healthcare.
P. Gourdy : AstraZeneca, Boehringer-Ingelheim, Bristol-Myers-Squibb, Janssen, Eli Lilly, Glaxo-Smith-Kline, Merck Sharpe & Dohme, Novartis, Novo Nordisk, Pierre Fabre, Sanofi,
Servier, Takeda.
B. Guerci : Abbott, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Bristol-Myers Squibb, Dinno Sant, Eli lilly, Intarcia, Janssen, GlaxoSmithKline, Medtronic, Menarini Diagnostic, Metacure,
MSD, Novartis, Novo Nordisk, Orkyn, Pfizer, Roche Diagnostic, Sanofi Aventis, Vitalaire.
M. Krempf : Astra Zeneca, AMGEN Boehringer Ingelheim, Danone, Eli Lilly, Ionis pharmaceuticals, Janssen, Menarini Diagnostic, MSD, Novartis, Novo Nordisk, Sanofi, Unilever.
728
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
valuation initiale
Identification dune dyslipidmie
secondaire
Il convient dliminer une dyslipidmie secondaire en
recherchant les pathologies et les traitements pouvant
gnrer des hyperlipidmies. Cela conduit vrifier au
besoin la thyrostimuline (TSH), la glycmie, la protinurie la bandelette urinaire, et la cratininmie.
Lhypothyrodie et les cholestases peuvent induire une
hypercholestrolmie, le contexte des cholestases est
gnralement vocateur. Les syndromes nphrotiques
sont une cause dhyperlipidmie mixte intense. Les
diabtes, le syndrome mtabolique, linsuffisance rnale
ainsi quune consommation dalcool excessive gnrent
frquemment des hypertriglycridmies. Les principaux
traitements augmentant le cholestrol li aux lipoprotines de basse densit (LDL-cholestrol et/ou les
triglycrides) sont la ciclosporine, les rtinodes, les
corticodes, lthynilestradiol par voie orale ainsi que
certains antirtroviraux, neuroleptiques et certaines
thrapies cibles en oncologie.
729
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
INDICATION DU DOSAGE DE LA LIPOPROTINE (a)
730
Gnotypage. Lors des hyperlipidmies primitives (gntiques), le gnotypage des patients dans des centres
experts permet de caractriser la pathologie en cause
(recherche de variants gntiques: LDLR, APOB, PCSK9,
APOE, LPL,). Prochainement, il pourra ventuellement
conditionner laccs des traitements spcifiques. En
revanche, actuellement, ltude des nombreux polymorphismes gntiques associs au risque cardiovasculaire
ne permet pas damliorer notablement la prdiction de
ce risque. La prise en compte des antcdents familiaux
a un effet intgrateur plus pertinent lheure actuelle.23, 24
Explorations fonctionnelles. En situation de risque
intermdiaire, la prise en compte de marqueurs de risque
complmentaires tmoignant dun athrome infraclinique prmatur peut permettre de reclasser les sujets
dans la catgorie risque lev ou faible.
preuve deffort. Elle na pas sa place dans lestimation du risque cardiovasculaire en population gnrale
asymptomatique. Ses indications relvent, dans le cadre
de modalits dbattues, de la surveillance de malades
risque lev ou trs lev ayant, soit une smiologie
suspecte dinsuffisance coronaire, des anomalies lectriques suspectes llectrocardiogramme de base,
soit une probabilit particulirement leve dischmie
myocardique silencieuse tels que certains sous-groupes
de diabtiques. La ralisation dune preuve deffort
est galement indique dans le cadre de la reprise dune
activit physique soutenue chez des sujets sdentaires
ayant un risque cardiovasculaire lev.
Scintigraphie myocardique, chographie cardiaque
deffort, chographie sous dobutamine. Ces explorations,
outre le caractre irradiant et onreux de la scintigraphie, ne constituent pas des examens de premire ligne
destins stratifier le risque cardiovasculaire via le
reprage dune insuffisance coronaire infraclinique
chez un malade risque dyslipidmique et silencieux.25
Explorations fonctionnelles vasculaires. La vlocit de
londe de pouls carotido-fmorale dont lacclration
tmoigne dune rigidit artrielle a une valeur ajoute
insuffisante en termes de reclassement du risque cardiovasculaire chez les sujets dyslipidmiques normotendus
alors quelle a pu tre considre comme pertinente chez
les hypertendus (B2).26 La recherche dune dysfonction
endothliale relve de la recherche clinique du fait de sa
difficult et sa variabilit.
La mesure systmatique de lindex de pression systolique
(IPS) chez des sujets dyslipidmiques risque faible
intermdiaire conduit un taux de reclassement du
risque cardiovasculaire insuffisant.27, 28 La mesure de
lIPS apporte un complment lors dun Doppler dans
le cadre dune artriopathie oblitrante des membres
infrieurs mais ne parat pas recommande chez un
sujet dyslipidmique risque en labsence de suspicion
clinique dartriopathie oblitrante (B3).
Imagerie.
chographie carotidienne. La mesure de lpaisseur
intima-mdia carotidienne, intressante en recherche
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
clinique comme marqueur intgrateur de risque, a une
valeur prdictive insuffisante en pratique clinique pour
ajuster la prdiction des vnements cardiovasculaires.
De surcrot, la variabilit de sa mesure selon lacquisition et le logiciel employ handicape la comparaison de
deux examens distincts.21, 29 La capacit de reclassement
du risque ischmique est limite. Son utilisation en pratique clinique nest pas recommande (B2). En revanche,
la recherche de plaques carotidiennes significatives peut
constituer un outil intgrateur prdictif et loccasion
de dpister des stnoses serres.30, 31 Nanmoins ces dernires sont rares et surviennent le plus souvent dans un
contexte de haut risque cardiovasculaire et/ou datteinte
polyvasculaire avre. Le groupe de travail prconise
lchographie carotidienne avec recherche de plaques
lorsque laccs un scanner multibarettes quip pour
la mesure du score calcique coronaire nest pas possible
chez les malades risque intermdiaire (B2).
Score calcique coronaire. La quantification des calcifications coronaires lors dune tomodensitomtrie sans
injection est une mthode peu irradiante. Une valeur
trs leve tmoigne dune charge importante en plaques
athromateuses calcifies et sous-entend la prsence de
Approche dittique
Recommandations nutritionnelles
gnrales de prvention cardiovasculaire
Apports lipidiques
Lapport lipidique total recommand est compris entre
25-35% des apports caloriques totaux chez ladulte (A2).
Les acides gras saturs majorent le LDL-cholestrol et
lapport journalier ne devrait pas dpasser 8 10% de la
731
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
docosahexanoque [DHA]) au-del des apports nutritionnels conseills (ANC) savre trs limit, la suite
de plusieurs essais randomiss rcents successivement
ngatifs:45 le groupe de travail ne prconise pas le recours
des supplments alimentaires ds lors que les besoins
(ANC) sont couverts par une alimentation diversifie
incluant du poisson (B1).
Une rduction des apports d'aliments riches en cholestrol a un impact inconstant sur le LDL-cholestrol,
moindre que celui obtenu par la modulation de la
composition des acides gras. Une modration moins
de 300mg/j est une mesure de bon sens nanmoins
recommande en particulier lors dapports mixtes riches
en acides gras saturs, cholestrol et chlorure de sodium
(charcuterie) (B2).39
Apport en fibres
Un apport quotidien de 30 45g de fibres, dont 5 15g de
fibres solubles par jour, est recommand. Il est prconis
de privilgier la consommation de fruits (2 portions) et
de lgumes (3portions) chaque jour (A2).46, 47 Des apports
levs en fruits ou jus de fruits peuvent majorer les
hypertriglycridmies.
Consommation dalcool
Ds lors quelle se situe des niveaux de consommation
faibles modrs (0,5 2U/j [1U = quivalent 10g dalcool
pur]), la consommation dalcool nest pas dconseille
dans une perspective de prvention cardiovasculaire
compte tenu de lassociation tablie avec un abaissement
modr de ce risque.48 Cependant cette relation na pas
fait la preuve dune causalit, elle est indpendante du
type dalcool ingr et les mta-analyses des tudes
observationnelles ne montrent pas de baisse significative
de la mortalit cardiovasculaire.49
Complments alimentaires
Phytostrols
Leur utilisation reste discute du fait de labsence dtude
dintervention portant sur les vnements cardiovasculaires.50 dose efficace, 2g/j, ils abaissent de 10%
le LDL-cholestrol.51 Il ny a pas de consensus au sein
du groupe de travail sur leur utilisation systmatique
chez les malades hypercholestrolmiques ou risque
cardiovasculaire (C3).52, 53
Policosanol
Le policosanol na pas deffet hypocholestrolmiant
probant selon les dernires tudes rigoureusement
contrles. Son utilisation nest donc pas prconise.56
732
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
Recommandations thrapeutiques
gnrales
Des mesures dittiques sont prconises chez tous
les patients sauf ceux ayant un LDL-cholestrol infrieur
1,3g/L et un risque cardiovasculaire faible: SCORE
<1% (A1). En complment des mesures dittiques et de
la promotion dune activit physique rgulire, une aide
au sevrage du tabac est un lment majeur de la dmarche
de prvention cardiovasculaire (A1).2
En prvention primaire, en population gnrale, la
dcision thrapeutique dpend de lvaluation du risque
cardiovasculaire 10 ans (tables ou calcul SCORE, cumul
de facteurs de risque cardiovasculaire) (A2).
Le traitement mdicamenteux de premire intention
est alors une statine (A1). En prvention primaire, il est
recommand daugmenter progressivement les doses de
statine jusqu la cible. En cas dintolrance confirme
aprs avoir test dautres statines faible dose ou en cas
de contre-indication aux statines, les alternatives thrapeutiques sont lztimibe, voire la cholestyramine (B 3).58
Lefficacit du traitement et lobservance sont surveilles avec un bilan lipidique 1 et 3mois puis annuel
733
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
Niveau de risque
Trs lev
lev
Intermdiaire
Faible
SCORE
10 %
5%
IRC 3b
D2 : 1 FRCV
risque lev
1%
D2 : 0 FRCV additionnel
risque intermdiaire
< 0,7
< 1,0
< 1,3
< 1,8
< 2,6
< 3,4
LDLc
Prvention secondaire
Prvention primaire risque quivalent prvention secondaire
D2 2 FRCV / D2 : avec atteinte significative des organes cibles
Figure 1. Repres thrapeutiques. D2 : diabte de type 2 ; FRCV : facteur de risque cardiovasculaire ; IRC : insuffisance rnale chronique ;
LDLc : cholestrol li aux lipoprotines de basse densit.
Risque cardiovasculaire intermdiaire
(risque de dcs CV 10ans compris entre
1 et <5% ou 2facteurs de risque CV)
Le seuil de LDL-cholestrol se situe 1,30g/L (3,4mmol/L)
(B2). Il concerne galement les diabtiques sans facteurs
de risque additionnels. Un traitement par statine est
habituellement souhaitable dans cette situation.
Lessai clinique HOPE3 a explor la situation du
risque intermdiaire en prvention primaire (mortalit
CV dans le groupe placebo projete 10 ans: 5,1%). Il a
montr un bnfice de la rosuvastatine 10mg/j sur
les vnements cardiovasculaires ischmiques majeurs.
Le LDL-cholestrol moyen linclusion se situait
1,27g/L avec une diminution moyenne du LDL-cholestrol de 0,35g/L versus placebo.59, 60
Cependant cette cible est modulable, la dcision
finale doit prendre en compte:
le choix du patient;
lexistence dune maladie associe un sur-risque
cardiovasculaire: une maladie inflammatoire chronique
(par exemple polyarthrite rhumatode), une radiothrapie incluant le territoire cardiaque, une insuffisance
rnale chronique modre (dbit de filtration glomru-
734
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
NOTION DINTENSIT DE TRAITEMENT PAR STATINE
Traitement par statine faible intensit
Fluvastatine 20 - 40 mg
Pravastatine 10 - 20 mg
Simvastatine 10 mg
Atorvastatine 10 - 20 mg
Fluvastatine 80 mg
Pravastatine 40 mg
Simvastatine 20 - 40 mg
Rosuvastatine 5 - 10 mg
Atorvastatine 40 - 80 mg
Rosuvastatine 20 mg
TG sous
mesures HD
> 5 g/L
< 5 g/L
oui
LDLc
lobjectif ?
non
Fibrate*
TG
< 5 g/L
Statine
LDLc
lobjectif ?
non
oui
TG 2 g/L et
HDL-C
non
oui
oui
LDLc
lobjectif ?
non
oui
LDLc
lobjectif ?
non
Risque CV
lev ? oui
non
Stop
ztimibe
> 5 g/L
Stop
Fibrate
(avis spcialis)
+ Statine
(avis spcialis)
+ Statine
(avis spcialis)
+ -3 ?
(avis spcialis)
Figure 2. : Conduite tenir en cas dhypertriglycridmie. * Seul le fnofibrate a t employ en association avec une statine lors dessais cliniques
grande chelle ; lassociation gemfibrozil + statine est contre-indique. ** Le calcul du LDL-cholestrol ne peut pas tre utilis en cas dhypertriglycridmie
> 4 g/L. Il faut au besoin employer une mthode de mesure directe ou le dosage de lapo B ou le calcul du cholestrol non HDL. Apo B : apolipoprotine B ;
CV : cardiovasculaire ; HD : hyginio-dittiques ; HDLC : cholestrol li aux lipoprotines de haute densit ; LDLc : cholestrol li aux lipoprotines de haute
densit ; LDLc : cholestrol li aux lipoprotines de basse densit ; TG : triglycrides.
Vol. 66 _ Septembre 2016
735
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
rnale, il ny a plus dindication introduire ce stade
une statine (B2), en revanche il est suggr de ne pas
arrter une statine qui aurait t introduite pralablement lors de la phase dinsuffisance rnale chronique
svre (C2).
A
Preuve scientifique tablie
Niveau 1
- essais comparatifs randomiss de forte puissance
- mta-analyse dessais comparatifs randomiss
- analyse de dcision fonde sur des tudes bien menes
B
Prsomption scientifique
Niveau 2
- essais comparatifs randomiss de faible puissance
- tudes comparatives non randomises bien menes
- tudes de cohortes
C
Faible niveau de preuve scientifique
Niveau 3
- tudes cas-tmoins
Niveau 4
- tudes comparatives comportant des biais importants
- tudes rtrospectives
- sries de cas
- tudes pidmiologiques descriptives (transversale, longitudinale)
Tableau. Niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique tat des lieux, avril 2013.
http://bit.ly/1BhqiU5
736
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
737
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
738
CONCLUSION
Ce consensus sappuie sur des lments dont le niveau de
preuve est htrogne, il repose sur lanalyse dune littrature en volution continue. Les dyslipidmies gntiques
relvent de recommandations spcifiques et davis spcialiss car lestimation du risque et les enjeux thrapeutiques
sont diffrents. La synthse actuelle sadresse la population gnrale des sujets dyslipidmiques risque cardiovasculaire. Du fait de la prvalence du diabte et de linsuffisance rnale, de leur risque cardiovasculaire attribuable
et des dyslipidmies secondaires observes dans ces situations, des repres ont t fournis pour ces populations
dont la prise en charge est lobjet de recommandations
spcifiques. Aprs une phase de dcroissance des cots du
traitement des dyslipidmies conscutive lapparition
des gnriques des statines, lapparition de nouvelles
molcules onreuses telles que les anticorps monoclonaux
anti-PCSK9 va conduire rvaluer prochainement
certaines indications dans la perspective dune efficience
suffisante compte tenu de leur puissance et de leur cot. V
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
RFRENCES
1. Catapano AL, Reiner Z, De Backer
G, et al. ESC/EAS guidelines for
the management of dyslipidaemias
the task force for the management
of dyslipidaemias of the European
Society of Cardiology (ESC)
and the European Atherosclerosis
Society (EAS). Atherosclerosis
2011;217:3-46.
2. Perk J, De Backer G, Gohlke H,
et al. European guidelines on
cardiovascular disease prevention
in clinical: the fifth joint task
force of the European Society of
Cardiology and other societies on
cardiovascular disease prevention
in clinical practice (constituted
by representatives of nine societies
and by invited experts).
Atherosclerosis 2012;223:1-68.
3. Expert Panel on Dyslipidemia.
An International Atherosclerosis
Society position paper: global
recommendations for the
management of dyslipidemia:
executive summary.
Atherosclerosis 2014; 232: 410-3.
4. Piepoli MF, Hoes AW, Agewall S et
al,; Authors/Task Force Members.
2016 European Guidelines on
cardiovascular disease prevention
in clinical practice: The Sixth
Joint Task Force of the European
Society of Cardiology and other
societies on cardiovascular disease
prevention in clinical practice
(constituted by representatives
of 10 societies and by invited
experts): developed with the
special contribution of the
European Association for
Cardiovascular Prevention
& Rehabilitation (EACPR).
Eur Heart J 2016 May 23.
In press pii: ehw106.
5. Stone NJ, Robinson JG,
Lichtenstein AH, et al. 2013 ACC/
AHA Guideline on the treatment
of blood cholesterol to reduce
atherosclerotic cardiovascular risk
in adults: a report of the American
College of Cardiology/American
Heart Association Task Force
on Practice guidelines. Circulation
2014;129 (25 Suppl 2):S49-73.
739
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
Investigators. Primary prevention
of cardiovascular disease with
a Mediterranean diet. N Engl
J Med 2013;168:1279-990.
39. Astrup A, Dyerberg J, Elwood P,
et al. The role of reducing
intakes of saturated fat in the
prevention of cardiovascular
disease: where does the
evidence stand in 2010?
Am J Clin Nutr 2011;93:684-8.
40. Siri Tarino PW, Sun Q, Hu FB,
Krauss RM. Meta-analysis
of prospective cohort studies
evaluating the association of
saturated fat with cardiovascular
disease. Am J Clin
Nutr 2010;91:535-46.
41. Al-Khudairy L, Hartley L,
Clar C, Flowers N, Hooper L,
Rees K. Omega 6 fatty acids
for the primary prevention
of cardiovascular disease.
Cochrane Database Syst
Rev 2015;11:CD011094.
42. Mozaffarian D, Katan MB,
Ascherio A, Stampfer MJ,
Willett WC. Trans fatty acids
and cardiovascular disease. N
Engl J Med 2006;354:1601-13.
43. http://health.gov/
dietaryguidelines/2015scientific-report/
44. Harris WS, Mozaffarian D,
Rimm E, et al. Omega-6 fatty
acids and risk for cardiovascular
disease: a science advisory from
the American Heart Association
Nutrition subcommittee of the
Council on Nutrition, Physical
Activity, and Metabolism; Council
on Cardiovascular Nursing;
and Council on Epidemiology
and Prevention. Circulation
2009;119:902-7.
45. Rizos EC, Ntzani EE, Bika E,
Kostapanos MS, Elisaf MS.
Association between -3 fatty
acid supplementation and risk
of major cardiovascular disease
events: A systematic review
and meta-analysis. JAMA
2012;308:1024-33.
46. Hartley L, May MD, Loveman E,
Colquitt JL, Rees K. Dietary
fibre for the primary prevention
740
of cardiovascular disease.
Cochrane Database Syst Rev
2016;1:CD011472.
47. Dauchet L, Amouyel P, Hercberg
S, Dallongeville J. Fruit and
vegetable consumption and
risk of coronary heart disease:
a meta-analysis of cohort studies.
J Nutr 2006;136:2588-93.
48. Rimm EB, Williams P, Fosher K,
Criqui M, Stampfer MJ. Moderate
alcohol intake and lower risk
of coronary heart disease:
meta-analysis of effects on
lipids and haemostatic factors.
BMJ 1999;319:1523-8.
49. Zheng YL, Lian F, Shi Q,
Zhang C, et al. Alcohol intake
and associated risk of major
cardiovascular outcomes
in women compared with men:
a systematic review and
meta-analysis of prospective
observational studies. BMC
Public Health 2015;15:773-9.
50. De Jong A, Plat J, Bast A,
Godschalk RW, Basu S, Mensink
RP. Effects of plant sterol
and stanol ester consumption
on lipid metabolism, antioxidant
status and markers of oxidative
stress, endothelial function
and low-grade inflammation
in patients on current statin
treatment. Eur J Clin Nutr
2008;62:263-73.
51. Bard JM, Paillard F, Lecerf JM.
Effect of phytosterols/stanols
on LDL concentration and
other surrogate markers of
cardiovascular risk. Diabetes
Metab 2015;41:69-75.
52. Vergs B, Fumeron F. Potential
risks associated with increased
plasma plant-sterol levels.
Diabetes Metab 2015;41:76-81.
53. www.anses.fr/fr/system/files/
NUT2010sa0057Ra.pdf
54. https://www.anses.fr/fr/content/
compl%C3%A9mentsalimentaires-%C3%A0-basede-levure-de-riz-rouge-avantconsommation-prenez-conseil
55. http://www.ansm.sante.
fr/S-informer/Points-dinformation-Points-d-information/
Complements-alimentaires-abase-de-levure-de-riz-rougemises-en-garde-de-l-ANSMPoint-dinformation/
%28language%29/fre-FR
56. Berthold HK, Unverdorben S,
Degenhardt R, Bulitta M,
Gouni-Berthold I. Effect
of policosanol on lipid levels
among patients with
hypercholesterolemia or
combined hyperlipidemia: a
randomized controlled trial.
JAMA 2006;295:2262-9.
57. Hegele RA, Ginsberg HN,
Chapman MJ, et al.; European
Atherosclerosis Society
Consensus Panel. The polygenic
nature of hypertriglyceridaemia:
implications for definition,
diagnosis, and management.
Lancet Diabetes Endocrinol
2014;2:655-66.
58. Stroes ES, Thompson PD,
Corsini A, et al.; European
Atherosclerosis Society
Consensus Panel. Statinassociated muscle symptoms:
impact on statin therapyEuropean Atherosclerosis
Society consensus panel
statement on assessment,
aetiology and management.
Eur Heart J 20151;36:1012-22.
59. Yusuf S, Bosch J, Dagenais G,
et al. ; HOPE-3 investigators.
Cholesterol lowering in
intermediate-risk persons without
cardiovascular disease. N Engl
J Med 2016;374:2021-31.
60. Yusuf S, Lonn E, Pais P,
et al.; HOPE-3 investigators.
Blood-pressure and cholesterol
lowering in persons without
cardiovascular disease. N Engl
J Med 2016;374:2032-43.
61. Hokanson JE, Austin MA.
Plasma triglyceride level is a risk
factor for cardiovascular disease
independent of high-density
lipoprotein cholesterol level:
a meta-analysis of populationbased prospective studies. J
Cardiovasc Risk 1996;3:213-9.
62. Sarwar N, Danesh J, Eiriksdottir
G, et al. Triglycerides and the risk
Society of Cardiology/American
Heart Association Task Force
on Practice Guidelines.
Circulation 2014;129:S49-73
and the European Atherosclerosis
Society (EAS). Eur Heart
J 2011;32:1769-818.
68. Rabar S, Harker M, O'Flynn N,
Wierzbicki AS; Guideline
Development Group. Lipid
modification and cardiovascular
risk assessment for the primary
and secondary prevention
of cardiovascular disease:
summary of updated NICE
guidance. BMJ 2014;349:g4356.
69. The FIELD study investigators.
Effects of long-term fenofibrate
therapy on cardiovascular events
in 9795 people with type 2
diabetes mellitus (the FIELD
study): randomised controlled
trial Lancet 2005;366:1849-61.
70. Sacks FM, Carey VJ, Fruchart JC.
Combination lipid therapy
in type 2 diabetes. N Engl
J Med 2010;363:692-4.
71. ACCORD Study Group,
Ginsberg HN, Elam MB,
Lovato LC, et al. Effects
of combination lipid therapy
in type 2 diabetes mellitus. N
Engl J Med 2010;362:1563-74.
72. Berglund L, Brunzell JD,
Goldberg AC, Goldberg IJ,
Stalenhoef A. Treatment options
for hypertriglyceridemia: from
risk reduction to pancreatitis.
Best Pract Res Clin Endocrinol
Metab. 2014;28:423-37.
73. Koren MJ, Hunninghake DB;
ALLIANCE Investigators.
Clinical outcomes in
managed-care patients with
coronary heart disease treated
aggressively in lipid-lowering
disease management clinics:
the alliance study. J Am
Coll Cardiol 2004;44:1772-9.
74. Cholesterol Treatment Trialists
(CTT) Collaboration, Baigent C,
Blackwell L, Emberson J, et al.
Efficacy and safety of more
intensive lowering of LDL
cholesterol: a meta-analysis
of data from 170,000 participants
PRISE EN CHARGE
DES DYSLIPIDMIES
in 26 randomised trials.
Lancet 2010;376:1670-81.
75. Study of the Effectiveness
of Additional Reductions in
Cholesterol and Homocysteine
(SEARCH) Collaborative
Group, Armitage J, Bowman L,
Wallendszus K, et al. Study
of the effectiveness of additional
reductions in cholesterol
and homocysteine (SEARCH)
intensive lowering of LDL
cholesterol with 80 mg versus
20 mg simvastatin daily in
12,064 survivors of myocardial
infarction: a double-blind
randomised trial. Lancet
2010;376:1658-69.
76. De Lemos JA, Blazing MA,
Wiviott SD, et al.; investigators.
Early intensive vs a delayed
conservative simvastatin strategy
in patients with acute coronary
syndromes: phase Z of the A to
Z trial. JAMA 2004;292:1307-16.
77. LaRosa JC, Grundy SM, Waters
DD, et al.; Treating to New
Targets (TNT) investigators.
Intensive lipid lowering with
atorvastatin in patients with
stable coronary disease. N Engl
J Med 2005;352:1425-35.
78. Pedersen TR, Cater NB,
741
VOS IMAGES
Une cphale
positionelle
Monsieur T, 32 ans, sans antcdent
particulier, consultait pour un pisode de cphale
paroxystique aigu suivi dune altration de la
vigilance, spontanment rsolutif et sans dficit
neurologique au dcours. La tomodensitomtrie
crbrale en urgence rvlait une dilatation
biventriculaire par une lsion arrondie isodense
du troisime ventricule (V3). Limagerie par
rsonance magntique (IRM) montrait une lsion
kystique appendue au toit de V3, homogne,
arrondie, bien limite, en hyposignal T2 (fig.1);
la squence FLAIR (fig.2) montrait une rsorption
transpendymaire signant lhydrocphalie
due au phnomne de clapet. La prise en charge
a consist en lexrse du kyste sous
ventriculoscopie. Lvolution fut favorable sans
squelle. Lexamen anatomopathologique de la paroi
confirmait le diagnostic de kyste collode.
AURORE SELLIER,
CHRISTOPHE
JOUBERT,
JACQUES FESSELET,
ARNAUD DAGAIN
Service de
neurochirurgie
de lhpital
dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France.
aurore.sellier@live.fr
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
RFRENCES
1. Jeffree RL, Besser M. Colloid cyst of the third ventricle: a clinical review
of 39 cases. J Clin Neurosci 2001;8:328-31.
2. Fikri M, El Fatemi N, Bellakhdar F, et al. Colloid cyst of the third ventricle.
Feuill Radiol 2014;54:57-8.
Vol. 66
Vol.65
_ Septembre
_ Fvrier 2015
2016
745
VOS IMAGES
BRUNO ROSIER
Antenne mdicale de Camaret, base arienne
115, Orange, France
bruno.rosier@hotmail.fr
B. Rosier dclare navoir aucun lien dintrts.
IMAGERIE
RFRENCE
1. D e Barbeyrac B, Juguet F, Bebear C. Maladie de Nicolas et Favre. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Maladies infectieuses, 8-076-A-10, 2009.
RPONSES PAGE 743: E. POLYARTHRITE RHUMATOIDE. PAGE 744: B. ABCS DU POUMON STAPHYLOCOQUE
746
WWW.LAREVUEDUPRATICIEN.FR
LE CAS CLINIQUE
UNE DPRESSION
POST-NATALE
PAULINE
MINJOLLET*, **, ***
EMMANUEL
DEVOUCHE*, #
GISLE APTER*, **
* Laboratoire
de recherche en
psychiatrie et en
psychopathologie,
EPS Erasme, Antony
** Laboratoire
de psychanalyse
et psychopathologie
clinique, universit
Denis-Diderot
*** Service
de gyncologieobsttrique et
mdecine de
la reproduction,
hpital AntoineBclre, AP-HP
#
Laboratoire
psychopathologie
et processus
de sant (LPPS),
universit
Paris Descartes
France
gisele.apter@
eps-erasme.fr
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
UN REPRAGE
SOUVENT DIFFICILE
es symptmes de la dpression
du pr-partum sont parfois difficiles dceler du fait de leur chevauchement avec les symptmes dits
sympathiques de la grossesse (fatigabilit, asthnie, labilit motionnelle, troubles de lalimentation).4
Il existe parfois un dcalage important entre limage que la femme (le
couple) se fait de la grossesse et le
vcu de cette grossesse. Ce dcalage
entre ralit et reprsentation idalise de la priode prinatale est
entretenu par la transmission que
lentourage fait de son propre >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
747
LE CAS CLINIQUE
DPRESSION POST-NATALE
UN AUTO-QUESTIONNAIRE DE DPISTAGE FACILE UTILISER
LEdinburgh postnatal depression scale (EPDS) est un auto-questionnaire de dpistage de la dpression post-natale simple et facile dutilisation destin aux
professionnels de la prinatalit (gyncologues, sage-femmes, pdiatres).1 Sa version dfinitive est constitue de 10 items cots chacun sur une chelle
de 0 3, do un score final allant de 0 30 (v. tableau). Initialement utilis pour dpister, 6 semaines aprs laccouchement, des lments dpressifs spcifiques
cette priode, son utilisation sest tendue la priode antnatale et post-natale plus long terme.
1. Cox JL, Holden JM, Sagovsky R. Detection of postnatal depression. Development of the 10-item Edinburgh Depresssion Scale. Br J Psychiatry 1987;150:782-6.
Absolument pas
2. Je me suis sentie confiante et joyeuse en pensant
lavenir:
Pratiquement pas
3. Je me suis reproche, sans raison, dtre responsable
quand les choses allaient mal*:
Oui, parfois
Non, jamais
4. Je me suis sentie inquite ou soucieuse sans motifs:
Presque jamais
Oui, parfois
Oui, parfois
Oui, parfois
Non, jamais
9. Je me suis sentie si malheureuse que jen ai pleur*:
Non, jamais
10. Il mest arriv de penser me faire du mal*:
Parfois
Presque jamais
Jamais
Les catgories de rponses sont notes 0, 1, 2, 3 selon la svrit des symptmes. Les items ayant un astrisque sont nots inversement (3, 2, 1, 0).
Le total est calcul en additionnant les rsultats des 10 items. Si le rsultat est suprieur 10, la patiente doit tre oriente vers un spcialiste
de la sant mentale. Une note de 13 indique une dpression majeure. Une rponse positive litem 10 impose une valuation plus pousse.
748
LE CAS CLINIQUE
DPRESSION POST-NATALE
>>> vcu dont il ne ressort a priori
dans le discours que les aspects positifs. Fonction de loubli, conformisme
culturel ou tout simplement image
positive que lon souhaite donner et
retenir de ces 9mois, de nombreux
facteurs concourent entretenir la
reprsentation dune priode bnie favorisant ainsi la difficult
dassumer une grossesse qui ne se
droule pas bien, et alimentant un
terrain risque de dpression.
Le reprage par les professionnels
(v. encadr) est compliqu par le fait
que 60% des femmes enceintes
ayant plusieurs critres diagnostiques de la dpression majeure indiqus par le DSM-V considrent
quil sagit de symptmes normaux
suscits par la grossesse.
DIFFRENCIER
DU BLUES
DU POST-PARTUM
UN IMPACT
SUR LINTERACTION
MRE-BB
749
LE CAS CLINIQUE
DPRESSION POST-NATALE
Soutenue par son mari, elle avait
alors fait appel au centre de protection maternelle et infantile
(PMI) o la puricultrice rencontre lui avait conseill de prendre
contact avec la psychiatre du
service de gyncologie-obsttrique de lhpital o elle avait
accouch. Elle a ainsi t prise
en charge et mise sous antidpresseur. Le passage domicile
dune puricultrice de la PMI
avait t mis en place et Mme G.
tait partie plusieurs semaines
chez ses parents, en province,
pour tre soutenue jour et nuit.
LIMPORTANCE
DES SOUTIENS
LE BLUES DU POST-PARTUM
750
UN RAPPORT
BNFICE-RISQUE
COMPLEXE
LE CAS CLINIQUE
DPRESSION POST-NATALE
deffet thrapeutique maternel. ce
jour, toutes les prescriptions de
psychotropes sont susceptibles de
donner des syndromes de sevrage
la naissance. Ceux-ci sont difficiles
prvoir car ingaux dans leur ampleur et ce malgr la connaissance
des doses donnes la patiente.
Laugmentation du volume plasmatique maternel en fin de grossesse
oblige augmenter les doses pour
maintenir une fonction thrapeutique, et surveiller le nouveau-n
en maternit avec un examen et un
suivi pdiatrique appropri.
RFRENCES
1. Cox JL, Murray D, Chapman G.
A controlled study of the onset,
duration, and prevalence
of postnatal depression. Br
J Psychiatry 1993;163:27-31.
2. OHara MW, Swain AM. Rates
and risk of post-partum
depression- a meta- analyses.
LTAT DANXIT,
UNE COMORBIDIT
FRQUENTE
751
VIVRE AVEC
LA PEUR DES SOINS. La grande majorit des enfants nont pas
peur des mdecins ou des piqres! Mme si certains rencontrent des difficults
passagres, elles nont pas de consquences majeures, surtout si elles restent
isoles. Mais pour une proportion non ngligeable denfants, des soins difficiles
ou douloureux peuvent laisser des traces indlbiles.
LES TMOIGNAGES
Les yoyos de Damien,
2 ans et demi
Notre fils Damien a subi la pose
darateurs transtympaniques. La
pose na pos aucun problme, mais,
malgr la visite du site Sparadrap,
cette intervention la beaucoup angoiss. Si bien que le rveil de lanesthsie sest mal pass. Rsultat,
pendant 2ans, Damien a trs mal
dormi: plus moyen daller se coucher, rveils nocturnes de 2 4fois
par nuit. La prise en charge psychologique a montr un stress intense
d cette opration.
La prise de sang de Paul,
2ans et demi
Dans le laboratoire de ma ville,
sans que jaie pu le rassurer, deux
aides-soignantes ont emmen Paul
dans une salle de prlvement et la
responsable du laboratoire ma barr le chemin, minterdisant catgoriquement dentrer dans la salle,
prtextant que ctait interdit ici!
Au dbut jai accept, mais entendant derrire une porte ferme que
mon fils, qui faisait sa premire
prise de sang, pleurait, jai voulu
aller le voir pour pouvoir le rassurer. L encore, la responsable ma
conduite, me disant que les pleurs
de mon fils taient de faux pleurs
et que je lui transmettais mes
peurs. Or je fais des prises de sang
tous les mois et cet acte ne me fait
753
VIVRE AVEC
LA PEUR DES SOINS
maladies. Je vais donc souvent lhpital. Jai peur des piqres et jen ai
toutes les fois et je nai pas les possibilits analgsiantes telles le MEOPA
(mlange quimolaire oxygne et
protoxyde dazote)... Cela maiderait
beaucoup.
COMMENTAIRES
DE LASSOCIATION
SPARADRAP
Difficile de soigner
un enfant apeur ou
phobique
La mmoire dun soin difficile ou douloureux existe, mme chez les bbs.
Tout geste, mme apriori non douloureux, peut tre mal vcu par lenfant.
Lenjeu consiste agir pour que les
premiers gestes se passent bien (au
cabinet, au laboratoire en ville, en
tablissement de soins) afin dviter la classique spirale infernale
o lenfant inquiet, effray, agit se
retrouve contenu de force, ce qui renforce son agitation et sa dtresse
Une attention continue des professionnels cette problmatique peut
apporter de multiples bnfices. Il est
ainsi possible de:
prvenir ou minimiser les effets
dltres, voire traumatisants de ces
situations de soin;
Accueillir et informer
lenfant
En sadressant directement lui, on
peut lui expliquer ce quon va lui
faire et pourquoi, sans banaliser ni
dramatiser. Il doit pouvoir anticiper
ce qui risque dtre inconfortable,
gnant, douloureux et connatre
les prcautions ou solutions qui seront prises pour laider. dfaut, il
peut imaginer bien pire et/ou se sentir trahi sil se retrouve en difficult.
Il existe des moyens pour linformer
de faon adapte: avec des mots
simples, en saidant dillustrations,
de schmas, de photos, si possible en
reproduisant les gestes sur une poupe ou en lui faisant manipuler le
matriel mdical. Mme si les capacits de comprhension de lenfant
sont limites (bb, enfant tranger
ou handicap), il peroit lattention
bienveillante du soignant son
gard. Les parents bnficient aussi
de ces efforts dinformation car, trs
viter et soulager
la douleur
Les douleurs induites sont prvisibles, et les professionnels disposent
aujourdhui dune panoplie importante de moyens pour les viter. Peur
et douleur sont intimement lies,
en particulier chez les enfants. La
complmentarit des moyens est
donc indispensable: information,
confort, cadre chaleureux, ambiance
sereine, soutien parental, solutions
sucres, allaitement, anesthsiques,
antalgiques, distraction
Favoriser le rle
des proches
Lenfant a besoin dtre accompagn
par un proche quand il se retrouve
dans un milieu inconnu et contraignant car il est plus vulnrable. Cette
vidence nest malheureusement
pas toujours prise en compte dans
certains contextes (laboratoire en
ville, centre dimagerie mdicale,
salle de rveil) malgr les progrs
dans la connaissance des besoins
psychologiques de lenfant. V
754
et/ou orienter au
mieux si le choix
est possible;
informer lenfant lavance et/ou
conseiller et orienter les parents
pour quils compltent linformation;
selon lhistoire et lanxit de
lenfant, prescrire ou conseiller des
moyens antalgiques ou anxiolytiques.
Depuis 23ans, lassociation
Sparadrap aide mieux prparer
les enfants un soin, un examen,
une hospitalisation. Une mine
dinformations est disponible sur:
www.sparadrap.org
La gastroentrologie connat de
nombreuses avances. Certains
de ces progrs, hors cancrologie,
sont ici prsents en suivant une
approche par organe.
SOPHAGE
Endobrachysophage:
le risque de dgnrescence
Le risque de dgnrescence adnocarcinomateuse de lendobrachysophage est de lordre de 0,2% par an.
Ce risque augmente avec ltendue de
lendobrachysophage (fig.1), lge,
le sexe masculin et la prsence dune
obsit. La transformation adnocarcinomateuse est prcde par
lapparition dune dysplasie de bas
puis de haut grade. Ce risque justifie
une surveillance endoscopique en
particulier lorsque la lsion est
tendue. Les nouvelles techniques
dendoscopie utilisant des colorations vitales ou lectroniques permettent de guider les biopsies sur les
zones suspectes identifies.1 Le diagnostic de dysplasie qui dtermine
la conduite tenir doit tre confirm
par une double lecture anatomopathologique. Plusieurs quipes ont
mis en vidence lapport de la microscopie confocale qui permet une tude
quasi histologique invivo dans le
diagnostic de dysplasie sur endobrachysophage. Une fois la dysplasie
confirme, la destruction de lendobrachysophage peut tre efficacement ralise par des mthodes
de radiofrquence.2 Un traitement
endoscopique curatif par mucosectomie au capuchon, voire par dissection sous-muqueuse, peut tre
propos pour les cancers superficiels
de petite taille sur endobrachysophage. La chirurgie peut ainsi tre
vite lorsque la totalit de la lsion
est rsque avec des marges saines.
sophagite osinophiles:
quand y penser?
Lsophagite osinophiles est une
pathologie se dveloppant le plus
souvent sur un terrain allergique
chez lenfant comme chez ladulte.
Sa survenue semble, comme celle
dautres pathologies allergiques,
en augmentation. 3 Il sagit de la
seconde cause de symptmes sophagiens chroniques ou rcurrents
aprs la pathologie de reflux. Lsophagite osinophiles doit tre voque devant la survenue dpisodes
intermittents de dysphagie et/ou
dimpaction alimentaire. Lendoscopie peut montrer un aspect de lsophage en anneau trachifi. Elle
permet la ralisation de biopsies multiples. Linfiltration de la muqueuse
sophagienne par des osinophiles
(>15/champs) fait le diagnostic.
Aprs un traitement dpreuve par
traitement antiscrtoire de type
inhibiteur de la pompe protons, la
persistance des symptmes et/ou
de linfiltrat osinophiles peut justifier un traitement par corticodes
Troubles moteurs
sophagiens:
des pronostics diffrents
Le dveloppement de la manomtrie
de haute rsolution a permis une meilleure classification des troubles moteurs sophagiens et en particulier
de lachalasie avec description de trois
types ayant un pronostic diffrent.5
Classiquement, lachalasie peut tre
traite soit chirurgicalement par
myotomie de Heller, soit par dilatation endoscopique. La place respective de ces deux traitements a t
mieux prcise.6 Lintrt dune dilatation pneumatique endoscopique
premire a ainsi t confirm pour
la plupart des patients. Une mthode
de myotomie par voie endoscopique
dite POEM a aussi t rcemment
dveloppe. Cette technique consiste,
aprs incision de la muqueuse du
tiers moyen de lsophage, raliser
un cheminement sous-muqueux de
lendoscope permettant de dissquer
les fibres musculaires du bas >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
755
ESTOMAC
Hmorragie digestive:
quel risque li aux
anticoagulants oraux directs?
Le risque dhmorragie digestive
sous hparine ou antagoniste de
la vitamine K est classique et bien
document. Les anticoagulants
oraux directs sont une nouvelle
classe danticoagulants laquelle
appartiennent les anti-IIa comme
Pradaxa, et les anti-Xa comme Xarelto et Eliquis. Ces anticoagulants
sont de plus en plus utiliss et pourraient comporter un risque accru
dhmorragie digestive.7 Grce
leur demi-vie courte, le simple arrt
du traitement est le plus souvent
suffisant pour aider au contrle de
lhmorragie sans ncessiter le
recours des inhibiteurs spcifiques disponibles ou en cours de
dveloppement.
Une poudre hmostatique de type
Hemospray peut tre vaporise
par voie endoscopique pour traiter
une hmorragie digestive haute. Son
utilisation est simple mais coteuse.
Elle est rserve aux hmorragies
756
Helicobacter pylori:
les modalits dradication
ont volu
Le traitement dradication dH.pylori doit tre adapt lvolution de
lantibiorsistance, en particulier
celle de la clarithromycine.9 En premire ligne, son radication peut
tre ralise par un inhibiteur de la
pompe protons (IPP) double dose
associ une antibiothrapie, soit
par amoxicilline, mtronidazole et
clarithromycine pendant 14jours,
soit par mtronidazole, ttracycline
et sels de bismuth (Pylera) pendant
10 voire 14jours.10 Aprs chec dun
traitement de premire ligne, lassociation dun IPP, de sels de bismuth,
de mtronidazole et de ttracycline
pendant 10 voire 14jours ou dune
antibiothrapie base de quinolones
peut tre propose. Le traitement
peut alors tre guid sur les rsultats
de lantibiogramme aprs culture
de biopsies gastriques ou sur ltude
molculaire de ces biopsies. Les indications de lradication dH.pylori
sont formelles et consensuelles en
cas dulcre gastrique ou duodnal,
de lymphome gastrique du MALT et
dantcdent familial de cancer
gastrique. Pour certains auteurs,
cette radication doit tre systmatique pour toute infection par H.pylori documente. En effet, le rle
carcinogne gastrique dH.pylori est
certain et document. En revanche,
INTESTIN GRLE
ET CLON
De nouveaux moyens
dexploration
Lutilisation dendoscopes haute
dfinition avec traitement de limage
(computed virtual chromoendoscopy
system [FICE] ou narrow band imaging [NBI]) ou de colorations vitales
permettent de guider les biopsies sur
des zones anormales, de visualiser
des lsions planes comme les polypes
plans festonns ou dapporter une
aide pour effectuer une polypectomie marges saines.13 Lintrt des
colorations vitales comme lindigo
carmin a ainsi t clairement dmontr. Le coloscanner (fig.3) lair
est rserv lexploration du clon
aprs coloscopie incomplte ou en
cas de refus ou de contre-indication
la coloscopie. En effet, la sensibili-
Maladies inflammatoires
chroniques de lintestin
(MICI): une frquence accrue
La frquence de la rectocolite hmorragique et de la maladie de Crohn
(fig.4) augmente. Cette augmentation
pourrait tre lie une modification
de ltat immunitaire secondaire
aux amliorations de lhygine de
vie et/ou lusage large dantibiothrapie au cours des premires
annes de la vie.
Une panoplie thrapeutique
qui slargit
La prise en charge de ces pathologies
Figure 2. Test
immunologique
de dpistage du
cancer du clon.
Daprs Faivre J.,
Manfredi S.
Dpistage et
prvention du
cancer colorectal.
RevPrat2015;
65:774-8.
757
PHOTOTAKE / BSIP
758
Objectif : la cicatrisation
muqueuse
Lobjectif de ces thrapies est
dobtenir, au-del de lamlioration
symptomatique, biologique et endoscopique initialement recherche,
une relle cicatrisation muqueuse
endoscopique et idalement histologique. En effet, cette cicatrisation
est seule garante dune rmission
durable et dune amlioration de la
qualit de vie.17 Un suivi multimodal
non invasif est actuellement privilgi mais ne saurait se substituer
totalement la coloscopie. Linflammation digestive peut tre estime
par le dosage sur un chantillon de
selles de la calprotectine (en voie de
remboursement). Ltude de la paroi
digestive par imagerie par rsonance magntique (entro-IRM)
donne des informations sur lactivit de la maladie. Lentro-IRM mesure lpaisseur de la paroi et value
ltendue des stnoses de lintestin
grle. Elle donne une estimation de
la part fibreuse et inflammatoire de
latteinte en utilisant des squences
de diffusion. Lentro-IRM peut
mme donner une estimation de
latteinte colique, et prend toute sa
valeur en comparaison des examens prcdents. Il est inutile de les
rpter trop souvent, en dehors de la
recherche de complication, leur modification ne se jugeant que tous les
6 12mois. La vido-capsule de lintestin grle permet aussi de rechercher une cicatrisation muqueuse.18
Transplantation fcale:
en cours dvaluation
Les angiodysplasies coliques et de
lintestin grle sont des malformations artrio-veineuses frquemment responsables danmie ferri-
PANCRAS ET VOIES
BILIAIRES
Les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancras sont
des lsions frquentes de dcouverte
le plus souvent fortuite en imagerie.
Le risque de dgnrescence augmente en fonction de la taille des lsions et de leur localisation, soit sur
le canal principal de Wirsung, soit sur
les canaux secondaires. Latteinte du
canal principal est associe un
risque de dgnrescence trs important, ce qui justifie, si le terrain le
permet, une chirurgie pancratique
RFRENCES
1. Muthusamy VR, Kim S, Wallace MB.
Advanced Imaging in Barretts
Esophagus. Gastroenterol
Clin North Am 2015;44:439-58.
2. Wolf WA, Pasricha S, Cotton C,
et al. Incidence of esophageal
adenocarcinoma and causes
of mortality after radiofrequency
ablation of Barrett's esophagus.
Gastroenterology 2015;149:1752-61.
3. Heine RG. Insights into the emerging
epidemic of eosinophilic oesophagitis.
Best Pract Res Clin Gastroenterol
2015;29:731-7.
4. Gonzlez-Cervera J, Lucendo AJ.
Eosinophilic esophagitis: an
evidence-based approach to therapy.
J Investig Allergol Clin Immunol
2016;26:8-18.
5. Ou YH, Nie XM, Li LF, Wei ZJ,
Jiang B. High-resolution manometric
subtypes as a predictive factor
for the treatment of achalasia:
a meta-analysis and systematic
review. J Dig Dis 2016;17:222-35.
6. Krill JT, Naik RD, Vaezi MF.
Clinical management of achalasia:
current state of the art. Clin
Exp Gastroenterol 2016;9:71-82.
7. Skaistis J, Tagami T. Risk of fatal
bleeding in episodes of major
bleeding with new oral anticoagulants
and vitamin K antagonists: a
systematic review and meta-analysis.
PLoS One 2015;10:e0137444.
8. Changela K, Papafragkakis H,
Ofori E, et al. Hemostatic powder
spray: a new method for managing
gastrointestinal bleeding. Therap
Adv Gastroenterol 2015;8:125-35.
759
MISE AU POINT
Orthopdie. Elle est frquente, en particulier chez le jeune sportif, do une
discussion thrapeutique parfois dlicate en fonction des attentes du patient.
760
a luxation de lpaule ou
luxation glno-humrale
est une pathologie courante
(incidence de 2% dans la
population gnrale). Les luxations
antrieures sont de loin les plus frquentes (95% des cas) et surviennent
le plus souvent chez des hommes
jeunes et sportifs.
Interrogatoire: bien
analyser le mcanisme
traumatique
Linterrogatoire du patient doit permettre de recueillir lge, le caractre traumatique ou insidieux de la
survenue de linstabilit, le nombre
dpisodes de luxations vraies et la
prsence de subluxations, le caractre dominant ou non du membre
atteint, la prsence de traumatismes
associs, le type de sport pratiqu, le
niveau et le calendrier sportif, ainsi
que des attentes du patient.
Il doit galement porter sur le mcanisme du traumatisme, les symptmes alors prsents, le retentissement sur les activits de la vie quotidienne, professionnelle et sportive.
Il faut rechercher dans les antcdents personnels et familiaux des
pisodes dinstabilit dautres articulations ou une maladie du tissu
conjonctif (syndrome de Marfan,
maladie dEhlers-Danlos).
Le mcanisme traumatique doit tre
analys scrupuleusement: lors du
traumatisme, quelle activit le
patient ralisait-il? Dans quelle
position tait son bras? Quelle est
la direction de limpact imprim
sur lpaule?
Les luxations antrieures de lpaule
surviennent le plus souvent lors dun
mouvement en abduction et rotation
Examen clinique:
comparatif et bilatral
Lexamen clinique doit tre comparatif et bilatral, patient torse nu.
Le diagnostic positif de linstabilit
est pos sur la prsence dun test
dapprhension positif. Un examen
standard de lpaule est galement
ralis pour rechercher les complications de linstabilit.
MISE AU POINT
INSTABILIT DE LPAULE
associe une instabilit infrieure
et ne doit pas conduire porter
par excs le diagnostic dinstabilit
infrieure.
Lhyperlaxit infrieure doit tre
recherche avec le signe du sulcus
ou signe du sillon. Le patient est examin assis, le bras pendant et relax
en rotation neutre. Lexaminateur
applique une force de distraction
infrieure sur lhumrus distal
avec une main et palpe avec lautre
main lespace sous-acromial qui
apparat augment.
Le test dhyperabduction de Gagey
permet de rechercher une hyperlaxit du ligament glno-humral infrieur. Il est ralis assis avec lexaminateur plac derrire le patient. Le
coude est flchi 90 avec le bras en
rotation neutre. Lexaminateur place
une main sur la face suprieure de
lpaule et bloque les mouvements de
larticulation scapulo-thoracique.
Lautre main entrane le bras du patient en abduction passive qui, lorsquelle excde 105, signe une laxit
du ligament glno-humral infrieur.
Instabilit multidirectionnelle
Linstabilit multidirectionnelle
combine les signes cliniques prcdemment dcrits et est dfinie par
la prsence de symptmes dinstabilit dans au moins deux directions.
Linstabilit dans une direction associe des signes dhyperlaxit
dans dautres directions est plus
frquente mais ne peut tre considre comme une vraie instabilit
multidirectionnelle, rare. Une hyperlaxit ligamentaire gnralise
doit galement tre recherche.
DES COMPLICATIONS?
linspection
Lexaminateur cherche la prsence
dune amyotrophie du deltode et
des fosses supra- et infra-pineuses
pouvant tmoigner dune atteinte
neurologique ou dune rupture de
la coiffe associe. Enfin, la peau
doit tre inspecte la recherche de
cicatrices opratoires. Latrophie
cutane ou llargissement des
cicatrices peuvent tmoigner dune
maladie du collagne.
QUELQUES DFINITIONS
La laxit est une
translation glnohumrale physiologique
et asymptomatique.
Linstabilit est, en
revanche, un processus
pathologique qui
correspond une
translation excessive
glno-humrale
responsable de
symptmes tels que
luxations, subluxations
et douleurs.
Une luxation
glno-humrale
est dfinie par une
dissociation complte
des surfaces articulaires,
ncessitant une
la palpation
La palpation de la ceinture scapulaire cherche dabord une chaleur
rgionale puis une douleur la
pression de points lectifs (pointe
de la coracode, gouttire bicipitale,
articulation acromio-claviculaire
et insertion du supra-pineux sur
le trochiter).
Examens de la mobilit
articulaire et de la force
musculaire
Lexaminateur mesure les amplitudes articulaires, passives et actives. Il est prfrable dexaminer le
patient de dos afin de dtecter une
asymtrie scapulaire ou une winged
scapula qui peuvent tre lies
une dyskinsie scapulaire ou une
atteinte neurologique (paralysie
du nerf long thoracique ou de la
xiepaire crnienne).
Il faut galement mesurer la force
musculaire en abduction dpaule
et raliser un testing moteur complet
et comparatif des membres suprieurs. Les muscles de la coiffe des
rotateurs doivent galement tre
tests de faon spcifique.
Examen neuro-vasculaire
Un pisode de luxation dpaule
peut se compliquer de lsions neurologiques et vasculaires.
Le nerf axillaire est le plus frquemment touch. Une diminution de la
sensibilit de la face latrale de
lpaule doit faire suspecter son
atteinte. Le testing moteur rvle
une diminution de force en abduc-
manuvre manuelle
de rduction.
Une subluxation
correspond une
dissociation partielle et
transitoire des surfaces
articulaires glnohumrales qui se rduit
de faon spontane.
Quels examens
complmentaires?
BILAN RADIOGRAPHIQUE
STANDARD
Il comporte des radiographies de
lpaule de face en rotation neutre,
externe et interne. Cette dernire
incidence permet de voir une encoche humrale de Malgaigne (ou
encoche de Hill-Sachs). Des clichs
de profil axillaire et surtout de
Bernageau permettent de visualiser
une fracture ou une rosion du bord
antro-infrieur de la glne.1
TOMODENSITOMTRIE ET IRM
Un arthroscanner est utile pour documenter les lsions osseuses glnodiennes et limportance de lencoche
humrale. Il permet de visualiser la
dsinsertion du bourrelet glnodien. >>>
761
MISE AU POINT
INSTABILIT DE LPAULE
LSION DE BONY BANKART
Il sagit dune lsion de Bankart
associe une fracture du bord
antro-infrieur de la glne.
ENCOCHE DE MALGAIGNE
OU DE HILL-SACHS
Cette encoche est une fracture
impaction de la partie postrieure
de la tte humrale sur le rebord
glnodien lors de la luxation antrieure (fig.2).
Traitement conservateur
ou chirurgical?
MODALITS THRAPEUTIQUES
CONSERVATRICES
Immobilisation
Le patient est le plus souvent immobilis coude au corps le bras en rotation mdiale pour une dure qui ne
doit pas dpasser une dizaine de
jours chez les patients de plus de
35ans alors quelle doit tre de 4
6semaines lors dune premire luxation chez les sujets jeunes.
Les principales
lsions capsulo-labrales
et humrales
LSION DE BANKART
762
Rducation
La rducation doit tre rapidement dbute la leve de limmobilisation. Elle consiste dans un
premier temps rcuprer les amplitudes articulaires par une mobilisation glno-humrale prcoce
puis un travail isomtrique dactivation du muscle subscapulaire.
Dans un deuxime temps, un renforcement musculaire du subscapulaire et un travail proprioceptif
sont raliss.
MODALITS THRAPEUTIQUES
CHIRURGICALES
Les deux principales techniques
chirurgicales dcrites sont la bute
coracodienne de Latarjet et lintervention de Bankart.
La bute osseuse type
Bristow-Latarjet
Lintervention est ralise par une
voie dabord delto-pectorale. Un bloc
osseux denviron 2cm est prlev au
dpend de la coracode en respectant
le tendon conjoint qui sinsre sa
pointe. Le bloc est ensuite pass au
travers du muscle subscapulaire
QUELLES INDICATIONS?
Traitement conservateur
ou chirurgical?
Plusieurs facteurs sont considrer
lors du choix entre traitement
conservateur ou traitement chirurgical: le caractre traumatique
ou atraumatique de linstabilit de
lpaule, la prsence dune hyper-
MISE AU POINT
INSTABILIT DE LPAULE
INSTABILITY SEVERITY INDEX SCORE
Points
ge lintervention
Niveau sportif
Sport propratoire
<20 ans
> 20 ans
Comptition
Loisirs ou rien
Autres
Oui
Non
Oui
Non
Hyperlaxit dpaule
(RE1 85 ou test de Gagey positif)
Encoche sur radiographie de face
Perte de contour radiologique de los sous-chondral de la glne
Tableau. ISIS 3: indication un Bankart; ISIS> 3: indication un Latarjet; RE1: rotation externe coude au corps.
laxit ligamentaire gnralise,
lge, le nombre dpisodes de luxation, lactivit professionnelle et
sportive et la prsence de lsions
associes (lsions de la coiffe des
rotateurs, lsions de passage glnodiennes et humrales importantes).
La stabilisation chirurgicale prcoce montre dexcellents rsultats
dans les suites dun premier pisode
de luxation traumatique chez un
patient jeune et actif. Le taux de rcidive aprs chirurgie dans cette
population apparat significativement moins lev que dans le traitement conservateur.
Le principal facteur de risque de
rcidive est un ge jeune de survenue de la premire luxation. Avant
18ans, ce risque est de lordre de
80% la premire anne. Ce risque
est galement lev chez les patients
pratiquant les sports de contact et
darms contrs en particulier en
comptition, de mme que chez ceux
ayant des lsions osseuses glnodiennes et humrales importantes.
Environ 40% des patients traits de
faon conservatrice ne rcidivent
pas. Il existe de nombreux tableaux
763
MISE AU POINT
INSTABILIT DE LPAULE
principaux facteurs de risques
propratoires pronostiques de
rcidives constitue une aide prcieuse dans le choix entre Bankart
et Latarjet (v.tableau).10
764
RFRENCES
1. Kahn JH, Mehta SD. The role
of post-reduction radiographs
after shoulder dislocation.
J Emerg Med 2007;33:169-73.
2. Walch G, Boileau P.
Latarjet-Bristow procedure
for recurrent anterior
instability. Tech Shoulder Elbow
Surg 2000;1:256-61.
3. Lafosse L, Lejeune E,
Bouchard A, Kakuda C, Gobezie
R, Kochhar T. The arthroscopic
Latarjet procedure for the
treatment of anterior shoulder
instability. Arthroscopy
2007;23:1242.e1-5.
4. Casabianca L, Gerometta A,
Massein A et al. Graft position
and fusion rate following
arthroscopic Latarjet. Knee
Surg Sports Traumatol
Arthrosc 2015;24:507-12.
5. Hovelius L, Olofsson A,
Sandstrm B et al. Nonoperative
treatment of primary anterior
shoulder dislocation in patients
forty years of age and younger:
a prospective twenty-five-year
follow-up. J Bone Joint
Surg Am 2008;90:945-52.
6. Jakobsen BW, Johannsen HV,
Suder P, Sjbjerg JO. Primary
repair versus conservative
MISE AU POINT
Maladies professionnelles. Face au patient exprimant une souffrance
psychique rapporte au travail, on ne doit considrer comme lment objectif
que la seule plainte, son vcu et son retentissement et ne certifier que des faits
rellement constats.
765
MISE AU POINT
MALADIES PROFESSIONNELLES
* mobbing: il existe
plusieurs termes
pour dsigner
le harclement
au travail, faisant
rfrence des
approches et des
contextes culturels
diffrents. Le
mobbing est dfini
en Sude par Heinz
Leyman. Il dcrit
la survenue du
harclement comme
faisant suite des
conflits au travail
non rgls, qui
vont dgnrer
en harclement,
soit lenchanement
sur une assez longue
priode, de propos
et dagissements
hostiles, exprims
ou manifests par
une ou plusieurs
personnes envers
une tierce personne
(la cible).
Comment faire
reconnatre lorigine
professionnelle
de la souffrance?
Les affections psychiques sont identi-
766
La prise en charge
au titre dun accident
de travail est galement
possible, mais dans un
cadre prcis
Il est possible de faire reconnatre un
trouble psychique au titre de lacci-
GARO/PHANIE
MISE AU POINT
MALADIES PROFESSIONNELLES
2. lemployeur prouve que ces agissements sont justifis par des lments
objectifs trangers tout harclement;
3. le juge forme sa conviction aprs
son instruction.
Le salari ne doit pas prouver le lien
de causalit entre la dgradation
des conditions de travail et la dtrioration de son tat de sant. Ce
nest pas aux certificats mdicaux
de faire le lien entre les agissements
du harceleur et la souffrance
de la victime. Les pices de nature
mdicale se contentent dtablir une
dgradation de ltat de sant du salari. Si lexistence dun harclement
parat vraisemblable, alors il y a
basculement de la charge de la
preuve vers lemployeur qui doit
dmontrer que les mesures prises
lencontre du salari taient trangres au harclement invoqu. V
Vol. 66 _ Septembre 2016
767
MISE AU POINT
MALADIES PROFESSIONNELLES
RFRENCES
1. Vignola E. La souffrance mentale
au travail en mdecine gnrale,
enqute auprs de 77 patients
en Franche-Comt suivis par 21
mdecins (thse de mdecine).
Universit de Besanon, 2011.
2. Direction de lanimation de
la recherche des tudes et
des statistiques. Lorganisation
du travail lpreuve des risques
psychosociaux. Dares analyses, janvier
2016. http://bit.ly/1S3MmHw
3. Meyer F, Guillon F. La reconnaissance
des pathologies psychiques. Semaine
sociale Lamy. 2011;1492:4-6.
4. Caisse nationale dassurance maladie
768
MISE AU POINT
Pdiatrie. Lorsquune infection urinaire est suspecte chez un enfant,
sa prise en charge se droule en quatre tapes: il faut prouver la bactriurie,
localiser linfection et la traiter, et en rechercher la cause.
Les bandelettes:
un dpistage
semi-quantitatif
Les bandelettes urinaires ractives
permettent le dpistage des infections urinaires grce la dtection
de leucocytes et de nitrites. Leur
dpistage est semi-quantitatif. Le
seuil de dtection des leucocytes
est de 10000/mL. La prsence dentrobactries bactries ayant une
nitrate rductase peut tre dpiste
grce leur proprit de rduire
les nitrates dorigine alimentaire en
nitrites. Leur seuil de dtection est
de 105/mL.
QUELLE SENSIBILIT?
QUELLE SPCIFICIT?
En ce qui concerne la leucocyturie,
la sensibilit globale du test de leucocyte estrase est en moyenne de 79%.
Certaines situations telles que les
infections un stade prcoce, et les
neutropnies sont lorigine de faux
ngatifs. La spcificit moyenne de
la leucocyturie est de 87%. Les faux
positifs peuvent tre lis un mauvais recueil urinaire responsable de
la prsence de leucocytes dorigine
prpuciale, vaginale, cutane ou digestive.
Le test aux nitrites a une faible sensibilit, de lordre de 49%.1 Ce test
est faussement ngatif dans de nombreuses situations: lorsque linfection est lie la prsence dun germe
ne rduisant pas les nitrates, ce qui
est le cas des pyocyaniques et des entrocoques, streptocoquesB notamment; lorsque le sjour des urines
dans la vessie est trop bref, ce qui se
produit lorsque lenfant a une pollakiurie; cest galement le cas chez
les nourrissons de moins de 3mois
qui ont des mictions rflexes toutes
les 2heures environ.
Le test des nitrites est hautement
spcifique, en moyenne 98%.
Confirmer la bactriurie
Il est confirm en prsence dune bactriurie suprieure 105 UFC/mL
(UFC: unit faisant colonie) [critres
de Kass]. Une leucocyturie pathologique suprieure 104/mL accompagne le plus souvent la bactriurie.
Les critres de Kass sappliquent si
les urines ont t prleves par la
technique des poches ou au milieu
du jet. En cas de prlvement par cathtrisme urtral, une bactriurie
suprieure 104 UFC/mL est pathologique. Par ponction sus-pubienne,
une bactriurie suprieure 102
est pathologique car il ny a pas de
risques de souillure.
>>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
769
MISE AU POINT
INFECTIONS URINAIRES
0,1
99
0,2
98
0,5
95
1
2
5
10
20
30
40
50
60
70
80
90
95
2000
1000
500
200
100
50
20
10
6
2
1
Glucose positif
Pyurie et bactriurie positives
Leucocytes et nitrites positifs
Leucocytes ou nitrites positifs
Pyurie ou bactriurie positives
90
80
70
60
50
40
30
0,5
0,2
0,1
0,05
0,02
0,01
0,005
0,002
0,001
0,0005
10
5
2
1
0,5
0,2
99
0,1
Probabilit
post-test %
Rapport de
vraisemblance
20
98
Probabilit
pr-test %
COMMENT PRLEVER
LES URINES?
Une toilette prinale rigoureuse
doit prcder lexamen. Chez le nouveau-n et le nourrisson, qui nont
pas de mictions volontaires, la technique de la poche est la plus facile.
Pour diminuer les risques de contamination, la poche ne doit pas rester en place plus de 20minutes. Le
recueil des urines au milieu du jet
chez le nouveau-n et le nourrisson
est aussi fiable que la ponction
sus-pubienne.5 Elle ncessite parfois
plusieurs minutes dattente avant la
miction. Une technique de stimulation de la vessie et de massage de la
rgion lombaire paravertbrale qui
permet dobtenir une miction beaucoup plus rapidement a t dcrite.6
770
Quel traitement?
PYLONPHRITE AIGU:
LES RECOMMANDATIONS
DU GPIP
Aujourdhui, les infections urinaires
lies des bactries produisant des
btalactamases spectre tendu
(BLSE), ou bactries multirsistantes, font partie du quotidien du
pdiatre. Le taux de colonisation
E. coli BLSE chez des nourrissons
suivis en cabinet de ville est pass de
MISE AU POINT
INFECTIONS URINAIRES
TRAITEMENT DES PYLONPHRITES AIGUS
Sepsis ou enfant de moins de 3 mois
ou uropathie
Autres situations
Cfixime demble
10 jours
par voie orale par cfixime est possible pour les enfants gs de plus
de 3mois ayant une fivre voluant
depuis moins de 48heures, un tat
gnral conserv, nayant pas dantcdent dinfection urinaire ni duropathie, et nayant reu aucun traitement antibiotique rcent.
Dans les infections entrocoques, le
traitement dattaque est lamoxicilline par voie intraveineuse qui peut
tre associe la gentamicine, avant
un relais oral par amoxicilline.10
La dure totale du traitement, quel
que soit le germe responsable, est de
10 14 jours (v. tableau).
CYSTITE: 5 JOURS
Les antibiotiques utiliss aprs obtention de lantibiogramme sont
lamoxicilline-acide clavulanique,
ou le cotrimoxazole, en dernier lieu
le cfixime uniquement en cas de rsistance ou de contre-indication au
cotrimoxazole. Le traitement se fait
par voie orale pour une dure de
5jours.
BACTRIURIE ASYMPTOMATIQUE:
PAS DE TRAITEMENT
En labsence duropathie malformative, une bactriurie asymptomatique ne justifie aucun traitement
antimicrobien car elle est due des
germes non virulents.11
Quel bilan?
Toute pylonphrite aigu de lenfant justifie un bilan causal.
Les principales causes dinfection
urinaire chez lenfant sont le reflux
vsico-urtral, les uropathies obstructives, la lithiase, et le dysfonctionnement vsical; 90% des reflux
sont rvls par une infection urinaire.
LEXAMEN CLINIQUE
RECHERCHE
UN DYSFONCTIONNEMENT
VSICAL
Le dysfonctionnement vsical est
une cause frquente dinfection urinaire de lenfant ayant acquis la propret.12 Il sagit le plus souvent dune
instabilit vsicale dont la symptomatologie est assez univoque: pollakiurie, mictions imprieuses responsables de fuites urinaires diurnes et
parfois nocturnes.
Linstabilit vsicale est la consquence dune vessie immature. Elle
est favorise par une constipation
chronique avec fcalomes et encoprsie dont le traitement efficace peut
suffire normaliser le fonctionnement vsical. Le diagnostic dinstabilit vsicale est clinique; les
preuves urodynamiques sont inutiles si le tableau est typique.
En revanche, quand lenfant est dysurique, il faut toujours craindre un
dysfonctionnement vsico-sphinctrien (vessie neurologique, syndrome
de Hinman). Une dysurie est toujours
pathologique chez lenfant et grave
>>>
jusqu preuve du contraire.
Vol. 66 _ Septembre 2016
771
MISE AU POINT
INFECTIONS URINAIRES
IMAGERIE: INDISPENSABLE
EN CAS DE PYLONPHRITE
Lchographie rnale et vsicale est
systmatique en cas de pylonphrite aigu.
La cystographie rtrograde est recommande uniquement, dans un
deuxime temps, en cas danomalie
de lchographie ou en cas de rcidive infectieuse.
La scintigraphie ne doit pas tre ralise en routine chez lenfant pour
le bilan dune infection urinaire. La
scintigraphie au DMSA (traceur qui
se fixe dans les reins) est demande
titre de bilan propratoire lorsque
la fonction dun des deux reins
semble altre et pour poser une
ventuelle indication de nphrectomie. La scintigraphie au Mag 3 couple linjection de Lasilix est utile
lorsquil existe une dilatation importante de larbre urinaire, soit pour
suivre lvolution dune uropathie
obstructive, soit pour poser une ventuelle indication opratoire.
Lurographie par rsonance magntique (uro-IRM) est encore peu utilise malgr son intrt. Cest un
examen de deuxime intention, qui
est ralis pour mieux tudier une
uropathie complexe.
Le bilan dimagerie ngatif. Dans
certains cas, tout le bilan tiologique
est normal. Les facteurs de virulence
de certaines souches (endotoxines
scrtes par la bactrie, capsule
polysaccharidique, hmolysines,
fimbriae qui favorisent la colonisation de larbre urinaire) permettent
une adhsivit et une diffusion rapide depuis la flore fcale vers le rein
et peuvent expliquer linstallation
dune pylonphrite aigu en labsence de malformation de larbre
urinaire ou de dysfonctionnement
vsical.
772
RFRENCES
1. Williams GJ, Macaskill P,
Chan SF, Turner RM, Hodson E,
Craig JC. Absolute and relative
accuracy of rapid urine tests
for urinary tract infection in
children: a meta-analysis. Lancet
Infect Dis 2010;10:240-50.
2. Dubos F, Raymond J. Febrile
urinary tract infection in
infants: diagnostic strategy.
Arch Pediatr 2012;19:S101-8.
3. Whiting P, Westwood M,
Watt I, Cooper J and Kleijnen J.
Rapid tests and urine sampling
techniques for the diagnosis
of urinary tract infection (UTI)
in children under five years:
a systematic review. BMC
Pediatrics 2005;5:1-13.
4. Glissmeyer EW, Korgenski EK,
Wilkes J, et al. Dipstick
screening for urinary tract
infection in febrile infants.
Pediatrics 2014;133:e1121-e7.
5. Ramage IJ, Chapman JP,
Hollman AS, Elabassi M, McColl
JH, Beattie TJ. Accuracy of
extended-spectrum
beta-lactamase-producing
Enterobacteraiceae in
French children. BMC Infect
Dis 2012;12:315.
10. Cohen R, Raymond J,
Faye A, Gillet Y, Grimprel E;
Socit franaise de pdiatrie;
Socit de pathologie
infectieuse de langue franaise.
Prise en charge des infections
urinaires de lenfant.
Recommandations du groupe
de pathologie infectieuse
pdiatrique de la Socit
franaise de pdiatrie
et de la Socit de pathologie
infectieuse de langue franaise.
Arch Pediatr 2015;22:665-71.
11. Linshaw M. Asymptomatic
bacteriuria and vesicoureteral
reflux in children.
Kidney Int 1996;50:312-29.
12. Leclair MD, Heloury Y.
Non-neurogenic elimination
disorders in children.
J Pediatr Urol 2010;6:338-45.
MISE AU POINT
Pathologie du diaphragme. Diffrentes pathologies affectent cet organe.
Les hernies congnitales doivent, le plus souvent, tre opres pour viter tout
tranglement dorgane abdominal alors que les dysfonctions diaphragmatiques
doivent tre values afin den connatre la svrit et destimer lventualit de
leur rversibilit.
Pathologies diaphragmatiques
de ladulte
FRANOISE LE
PIMPEC-BARTHES,
ANTOINE LEGRAS,
CIPRIAN PRICOPI,
ALAIN BADIA,
ARNAUD ROUSSEL,
KAOUTAR GHAMMAD,
ALEX ARAME
Service de chirurgie
thoracique et
transplantation
pulmonaire, facult
Paris-Descartes,
Hpital europen
Georges-Pompidou,
Paris, France
francoise.
lepimpec-barthes
@aphp.fr
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
* Les aspects
tumoraux ne sont
pas traits ici.
Hernies
diaphragmatiques
Elles correspondent une brche
dans le diaphragme travers laquelle passent des organes sous la
pousse de la pression abdominale,
et doivent dans la plupart des cas
tre opres pour viter tout tranglement dun organe abdominal. 1
Le bilan comporte une tomodensitomtrie (TDM) ou mieux une imagerie par rsonance magntique
(IRM).
La hernie de Larrey-Morgagni, qui
se fait au travers des insertions priphriques antrieures rtrosternales du diaphragme, est la plus
frquente (fig.1A). Paucisymptomatique et dcouverte de faon fortuite
en cas de petite taille, elle peut tre
responsable dune dyspne si le
contenu, le plus souvent piploque
ou digestif, est de grande taille
(fig.1A). Elle est alors traite chirurgicalement par voie sous-xiphodienne en rinsrant le muscle sur
la paroi.
Les hernies para-sophagiennes
au contact du hiatus sophagien
reprsentent 5% des hernies hiatales et relvent des mmes indications thrapeutiques.
Dysfonctions
diaphragmatiques
Elles regroupent toute atteinte,
dune ou des deux coupoles du dia-
phragme, ne permettant pas dobtenir une contraction efficace ncessaire un fonctionnement optimal
du poumon.
Ces dysfonctions rsultent parfois
dune anomalie musculaire primitive (ventration congnitale) ou
sont plus souvent secondaires une
paralysie phrnique (centrale ou
priphrique) ou une maladie musculaire acquise (ventration secondaire). Les hernies nentranent une
dysfonction diaphragmatique que
si elles sont de grande taille.
>>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
773
MISE AU POINT
PATHOLOGIE DU DIAPHRAGME
LE DIAPHRAGME, VRITABLE BARRIRE PHYSIQUE
MUSCULO-APONVROTIQUE
Situ entre la cavit thoracique
et la cavit abdominale (fig.A),
le diaphragme est le muscle
inspiratoire principal permettant
une respiration spontane
et automatique permanente.
Il est compos de deux coupoles,
situes chacune sous chaque
poumon (fig.B), en continuit
au centre avec la partie infrieure
du sac pricardique. Latralement,
les coupoles sont insres par
des digitations musculaires sur
toute la priphrie de la cavit
pleurale directement sur les ctes
basses (fig.C). Il existe des
orifices naturels par lesquels
Figure. Vue peropratoire de la face suprieure dune coupole
passent lsophage, les gros
diaphragmatique. A. Partie musculaire priphrique de la coupole.
vaisseaux (aorte et veine cave)
B. Aspect de la coupole lors dune contraction (ltoile montre le
poumon non ventil durant lintervention). C. Insertions priphriques
ainsi que des nerfs et le canal
de la coupole sur les ctes (flche jaune) dlimitant les culs de sacs
thoracique. La contraction du
pleuraux.
diaphragme, sous la dpendance
dune double commande centrale
thalamique et corticale, permet une entre active dair dans les poumons. Linformation dlivre par cette
commande est transmise jusquaux muscles diaphragmatiques par les deux nerfs phrniques (un nerf par coupole)
dont les motoneurones spinaux sont situs au niveau mdullaire C4 (parfois aussi C3 et C5).
Si lorigine de la dysfonction est crbrale ou mdullaire haute (cause vasculaire, traumatique, tumorale ou
congnitale), la paralysie est bilatrale
et se traduit par une absence de respiration spontane. Les causes priphriques, essentiellement unilatrales,
se traduisent par une respiration
spontane normale associe des
symptmes apparaissant dans certaines situations: leffort, lors de
limmersion dans une piscine ou en
position allonge... Certaines de ces
causes peuvent tre temporaires et
rversibles (accident vasculaire, maladie inflammatoire comme dans le syndrome de Parsonage et Turner).
Dautres sont identifies demble
comme irrversibles (section mdullaire ou du nerf phrnique).
QUELLES CONSQUENCES?
Une atteinte du nerf phrnique, de
774
la jonction neuromusculaire ou du
muscle entrane une amyotrophie
des fibres musculaires conduisant
une distension de la coupole qui
se laisse refouler par la pression
positive abdominale et devient
ascensionne (fig. 2). Cela entrane
une rduction de la cavit pleurale,
une compression du poumon (fig.2A),
voire un refoulement du cur vers
le ct controlatral (fig.2B).
Les consquences cliniques dune
dysfonction unilatrale du diaphragme sont essentiellement de
type respiratoire, dyspne deffort
et antpne (gne, voire blocage respiratoire en se penchant en avant),
ou des pisodes infectieux bronchopulmonaires rpts lis la compression du poumon par la coupole.
Des troubles du rythme cardiaque
peuvent galement tre observs
tout comme des troubles digestifs
QUAND Y PENSER?
Devant une ascension de la coupole
de dcouverte fortuite ou lors dun
bilan de dyspne dapparition spontane ou dans un contexte traumatique (iatrogne ou post-chirurgical).
Les lments cliniques les plus vocateurs du diagnostic sont lexistence
dune antpne ou de lapparition
dune dyspne intense, pouvant aller
jusqu la sensation dasphyxie lors
de limmersion en piscine ou en mer.
COMMENT EN FAIRE
LE DIAGNOSTIC ?
Le bilan morphologique comporte
une radiographie thoracique de face
et de profil faite en inspiration et en
expiration, une tomodensitomtrie
thoracique. Le bilan fonctionnel
minimal comporte un sniff test,
une chographie diaphragmatique
et au mieux un lectromyogramme
diaphragmatique avec des tests de
stimulation et parfois une IRM avec
clichs dynamiques.
QUEL BILAN?
Les objectifs du bilan prthrapeutique sont de situer le niveau de la
dysfonction et son mcanisme, de
mesurer les consquences fonctionnelles et dvaluer les possibilits de
rcupration.
Lexamen clinique comporte une
recherche des antcdents mdicaux
(tumeur ou maladie neurologique),
chirurgicaux ou traumatiques pour
identifier le mcanisme de dysfonction. Lobservation de la respiration
(est-elle spontane ou non?) permet
de dtecter une asymtrie de lampliation thoracique et une asymtrie
de contraction entre les deux coupoles lors des manuvres de reniflement (sniff test).
La radiographie thoracique de
face et de profil permet dobserver le
niveau de chacune des coupoles
(fig.3). Il est normal davoir un dcalage de 2 5 cm entre la coupole droite
(plus haute) et la gauche (plus basse).
Cet cart peut tre modifi en cas
dantcdent de lobectomie pulmo-
MISE AU POINT
PATHOLOGIE DU DIAPHRAGME
naire rduisant la taille du poumon
restant et se traduit par une lgre
ascension de la coupole mais nentrane pas de dysfonction en labsence datteinte du nerf phrnique).
En dehors dun tel antcdent, si cet
cart est suprieur ou sil est invers,
une anomalie de la cintique peut
tre voque. Les clichs en inspiration puis expiration permettent de
mesurer la course diaphragmatique
(fig.3). La TDM thoracique avec injection recherche une cause de paralysie du nerf phrnique. LIRM permet
une analyse morphologique de la
coupole et une valuation de ses
dplacements (fig.4).
Les explorations fonctionnelles
respiratoires permettent de rechercher un syndrome restrictif saggravant en position couche.
Les tests de stimulation sont raliss en cas dabsence de respiration
spontane ou lorsquil existe un
doute quant une possible rcupration dactivit de la coupole. Ils permettent danalyser la transmission
de la commande ltage mdullaire
(stimulation transcrnienne),
ltage du nerf phrnique (stimulation magntique cervicale avec recueil de llectromyogramme au niveau diaphragmatique). Lanalyse de
la qualit de la contraction diaphragmatique se fait par la mesure de la
pression transdiaphragmatique.2
LE TRAITEMENT EST
CHIRURGICAL
Figure 2. Radiographies standard de face (A) et de profil (B) montrant une ventration majeure de la
coupole diaphragmatique gauche.
Figure 3. Radiographies standard de face en inspiration (A) et en expiration (B) montrant une ascension
de la coupole gauche en inspiration entranant une bascule mdiastinale controlatrale se majorant en expiration.
la coupole (fig.5B) et de restaurer une
barrire physique solide entre labdomen et la cavit pleurale (fig.5D).
La coupole ainsi tendue, un niveau
satisfaisant, les phnomnes compressifs sur le poumon et le cur
disparaissent et les organes digestifs
ascensionns (foie, estomac, clon...)
se remettent en place.
Cette intervention est gnralement
mene par une courte thoracotomie
latrale, parfois par vidothoracoscopie, et rarement par laparoscopie.
Le premier temps consiste identifier lexcs de longueur de la coupole.
Celui-ci est alors repli sur la coupole
>>>
elle-mme puis sutur en
Figure 4.
Imagerie
par rsonance
magntique
du thorax
en vue sagittale
montrant la course
diaphragmatique
entre linspiration
et lexpiration.
Les flches
jaunes
schmatisent
cette course
diaphragmatique
(plus importante
en arrire).
Vol. 66 _ Septembre 2016
775
MISE AU POINT
PATHOLOGIE DU DIAPHRAGME
776
RFRENCES
1. Maish MS. The diaphragm. Surg Clin
North Am 2010;90:955-68.
2. Le Pimpec-Barthes F, Gonzalez-Bermejo J,
Hubsch JP, et al. Intrathoracic phrenic pacing:
a 10-year experience in France. J Thorac
Cardiovasc Surg 2011;142:378-83.
3. Freeman RK, Van Woerkom J, Vyverberg A,
Ascioti AJ. Long-term follow-up of the functional
and physiologic results of diaphragm plication
in adults with unilateral diaphragm paralysis.
Ann Thorac Surg 2009;88:1112-7.
4. Groth SS, Andrade RS. Diaphragm plication for
eventration or paralysis: a review of the literature.
Ann Thorac Surg 2010;89:S2146-50.
5. Alshekhlee A, Onders RP, Syed TU, Elmo M,
Katirji B. Phrenic nerve conduction studies
in spinal cord injury: applications
for diaphragmatic pacing. Muscle Nerve
2008;38:1546-52.
DOSSIER
MDECINE
DE GUERRE
DOSSIER LABOR
SELON LES CONSEILS
SCIENTIFIQUES DU
PR THIERRY CARMOI
Service de mdecine
interne, hpital
dinstruction des
armes du Val-deGrce, Paris, France.
dr.carmoi@gmail.com
SOMMAIRE
La chane de
soutien mdical
en opration:
les diffrentes
structures de soins
sont positionnes
par rapport la zone
de combat. Il sagit
dune organisation
modulaire dont
les lments sont
mis en uvre
en fonction des
missions, du niveau
de risque valu et
de lenvironnement
tactique. En
Afghanistan par
exemple, la chane
sant ntait
constitute que
de postes mdicaux
(rle 1) et dun
hpital mdicochirugical (rle 3).
T. Carmoi dclare
avoir t pris
en charge lors
de congrs
par Octapharma.
e cur de mtier du service de sant des armes (SSA) est le soutien mdical aux
combattants au plus prs de la ligne de front pour offrir aux blesss la meilleure
chance de survie, de rcupration et de rinsertion professionnelle et sociale. La
prise en charge initiale dun bless est souvent dterminante pour le pronostic. Le
sauvetage au combat et la doctrine de mdicalisation de lavant sont des lments
essentiels de lengagement des forces armes. Le SSA a organis une chane sant complte
et autonome, de soins, dexpertises, de formation, de ravitaillement en produits de sant et
de conseil au commandement pour remplir ces missions oprationnelles. Un certain nombre
des pratiques dcrites dans ce dossier font lobjet de collaborations entre acteurs militaires
et civils du monde de la sant dans le cadre de la gestion des plans de crise, en particulier
pour la formation.
Thierry Carmoi
Afin de complter
ce dossier, nous publierons
dans un prochain numro
un article plus spcifiquement
consacr au stress
post-traumatique
des combattants.
777
MDECINE DE GUERRE
Prise en charge prhospitalire du bless de guerre:
la mdicalisation de lavant
Un standard de soins
pour que le bless arrive vivant
au bloc opratoire
LUC AIGLE*
ROMAIN CASTELLO*
MATHIEU DAVID**
SIMON-PIERRE
CORCOSTEGUI***
* Centre mdical des
armes de Calvi, camp
Raffalli, Calvi, France
** Antenne mdicale
spcialise de Souge,
Martignas-sur-Jalles,
France
*** Antenne mdicale
de Poitiers, quartier
gnral Le Puloch,
Poitiers, France
aigleluc@
hotmail.com
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
778
le niveau1 (SC1), applicable sur le terrain par tout combattant; le sauvetage au combat de niveau2 (SC2) ralis
par du personnel spcifiquement form; et enfin la formation des mdecins et infirmiers des forces, correspondant au troisime niveau (SC3).
MDECINE DE GUERRE
Avant
Rle 1
Rle 2/ Rle 3
Hmostase tactique
FAST +/- TDM
Garrot
Pansements
hmostatiques
Hmostase chirurgicale
Damage control surgery
EVASAN
Patient stabilis
Figure 1.
CGR: concentr
de globules
rouges; damage
control: contrle
des dgts;
EVASAN:
vacuation
sanitaire;
PLyo: plasma
lyophilis;
PSL: produits
sanguins
labiles; rFVIIa:
facteur VII
activ
recombinant;
TDM:
tomodensitomtrie.
Ranimation hmodynamique
Remplissage vasculaire limit
Vasopresseurs prcoces
Ranimation transfusionnelle
CGR / PLyo
Sang total
Acide tranexamique
(Exacyl) 1 g
Couverture isothermique
Rchauffement de lenvironnement
Rchauffement du solut et PSL
Mise en condition
Remplissage vasculaire
779
MDECINE DE GUERRE
GLOSSAIRE
780
des pansements compressifs. Cette action est fondamentale car lhmorragie est la premire cause de dcs au
combat. Les plaies soufflantes du thorax, associes une
dyspne, entranent la mise en position assise et la ralisation dun pansement 3 cts. Rustique, il sagit
simplement dun emballage plastique de compresses fix
sur trois cts, le bord libre tant en distalit. Se collabant
sur la plaie linspiration, il permet lvacuation des
fluides et de lair en cas dhmopneumothorax. Les blesss conscients et douloureux sont soulags par une injection sous-cutane dune syrette de morphine. La lettre
M est alors marque sur le front avec lheure dinjection. Si le patient est toujours algique, une deuxime
syrette de morphine peut tre utilise 30minutes aprs.
Le massage cardiaque externe est contre-indiqu sous
le feu de lennemi car dangereux en raison de lexposition
du sauveteur et par la physiopathologie lie au dsamorage de la pompe cardiaque non rversible par ce seul
geste. La mthode SAFE-ABC permet dviter les
conduites inappropries, parfois fatales, et dagir de manire prioritaire sur les causes de mort vitable.
lissue de cette phase, les blesss les plus graves
sont identifis et les gestes simples effectus.4 Il est alors
possible de dbuter un examen plus pouss du bless de
guerre.
MDECINE DE GUERRE
Figure 3.
La dmarche
SAFE
MARCHE-RYAN.
teindre la menace
valuer la situation
se mettre labri
Examen du bless
A airways
B bleeding
C cognition
Gestes durgence
Airways
Respiration
Choc
Head, Hypothermia
Evacuation
Rvaluer lefficacit
Y Yeux
A Analgsie
A pour Airways: assurer la libert des voies ariennes suprieures. Le sauveteur vacue au doigt les
dbris qui peuvent obstruer la bouche, respecte la position de confort respiratoire du bless (gnralement la
position demi-assise) et place en position latrale de
scurit les inconscients. La technique de subluxation
de la mchoire infrieure est enseigne. Si malgr ces
actions lasphyxie persiste par obstruction des voies
ariennes suprieures, il peut raliser une coniotomie
(mini-trachotomie), avec un matriel spcifique de type
kit Mini Trach2.
R pour Respiration: maintenir une ventilation
efficace. ce stade il faut examiner le thorax du patient
et valuer sa respiration. Tout bless ayant une dyspne
doit tre install en position demi-assise. Dans le cas
dune dtresse respiratoire chez un patient traumatis
du thorax, labsence de pouls radial associe une asymtrie des mouvements respiratoires doit faire voquer
le diagnostic de pneumothorax compressif et conduire
immdiatement une exsufflation laiguille. Ce geste
est effectu au niveau du 2eespace intercostal antrieur
sur la ligne mdio-claviculaire. Devant une plaie thoracique et en labsence de pneumothorax suffocant, >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
781
MDECINE DE GUERRE
Figure 4.
Fiche mdicale
de lavant.
VVP: voie veineuse
priphrique;
IV: voie
intraveineuse;
H: heure;
SC: voie
sous-cutane;
SSH: srum sal
hypertonique.
782
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
JULIEN BORDES*, **
YVAIN
GOUDARD**, ***
CHRISTOPHE
BUTIN**, #,
RIC MEAUDRE*
* Dpartement
danesthsieranimation,
hpital dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France
** 7e antenne
chirurgicale
parachutiste.
*** Service de
chirurgie viscrale,
hpital dinstruction
des armes Laveran,
Marseille, France.
#
Service de chirurgie
orthopdique,
hpital dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France.
bordes.julien@neuf.fr
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
Patient dont le pronostic vital est menac et dont lvacuation doit se faire le plus tt possible
Cela correspond la catgorie T1 (et T4, mais cette catgorisation ne doit pas tre utilise au niveau de la relve,
tout patient grave ce niveau doit tre T1)
Priorit
Patient dont le pronostic vital nest pas engag et dont lvacuation doit se faire ds que possible
Cela correspond aux catgories T2 et T3
Routine
Patients qui auront besoin de soins mdicaux, mais dans des dlais plus longs
Lvacuation est possible dans les 72 heures
783
MDECINE DE GUERRE
EXEMPLES DATTEINTE ET CLASSEMENT PAR RGION POUR LE TRIAGE CHIRURGICAL
T1
Mise en jeu du pronostic vital si un traitement
chirurgical ou de ranimation nest pas entrepris le
plus vite possible
T2
Traitement chirurgical urgent mais qui peut tre
diffr sans mettre en jeu le pronostic vital
T3
Patients ncessitant un geste chirurgical sans
urgence ou ne ncessitant pas de geste chirurgical
Fractures fermes
Brlures minimes
Plaies minimes des parties molles
T4
Patients trop gravement blesss
Chance trs limite de survie
Tableau 2.
784
MDECINE DE GUERRE
peuvent tre oprs ultrieurement.
Les blesss de la catgorie T3
doivent tre pris en charge hors de la
structure chirurgicale.
Les blesss de la catgorie T4 correspondent deux types de patients.
Ce sont soit des patients dont ltat
est trop grave car ils sont moribonds
et au-del de toute ressource thrapeutique quels que soient la situation et le
niveau de soins disponibles, soit des
patients dont ltat est trop grave car
ils ont des lsions au pronostic incertain et ncessitent un investissement
trop important au regard des moyens
disponibles et du nombre de patients
traiter, investissement qui se ferait au
dtriment des patients de la catgorie
T1. Dans tous les cas, ils doivent tre
isols, bnficier dun traitement antalgique et de soins de confort.
Certains blesss stables dont la nature exacte des lsions est incertaine
(polycriblage du tronc en particulier)
>>> Y pour Yeux et ORL: value ces organes fonctionnels. Ils sont nettoys, des pansements oculaires peuvent
tre poss et des protections auriculaires mises en place
(en cas de traumatisme sonore).
A pour Analgsie: le SC2 dispose pour lutter contre
la douleur de paractamol et de syrettes de morphine
(10mg sous-cutan). Il est autoris administrer une
troisime dose 30minutes plus tard si le patient est toujours douloureux et conscient. Limmobilisation participe lanalgsie, par des dispositifs sommaires type
collier cervical ou attelles Sam Splint.
N pour Nettoyer: devant toute plaie ou fracture ouverte, le SC2 administre 2g/200mg damoxicilline-acide
clavulanique par voie intraveineuse directe. En cas dallergie connue aux pnicillines, la clindamycine (600mg
en intraveineuse lente) ou la gentamicine sont utilises
par lquipe mdicale. Les pansements sont rvalus et
radapts.
Le service de sant des armes a adopt une organisation pragmatique de la trousse mdicale base sur
lacronyme MARCH qui permet une plus grande fluidit dans la prise en charge car tous les sacs sont quips
avec les matriels spcifiques et organiss de la mme
manire, augmentant par l mme lefficacit et la rapidit de mise en uvre des techniques de sauvetage au
combat.
Au-del de la prise en charge lextrme avant, le SC2
est galement un renfort prcieux lors de situations dexception. Il permet au mdecin et/ou linfirmier de dlguer certains gestes techniques ou dassurer une sur-
RFRENCES
1. Quinot J. Triage militaire. In: Urgences
et Ranimation en milieu militaire.
Sassy JM (ed). Rueil-Malmaison: Arnette, 2000.
2. Schreiber MA, Perkins J, Kiraly L, Underwood S,
Wade C, Holcomb JB. Early predictors
of massive transfusion in combat casualties.
J Am Coll Surg 2007;205:541-5.
3. Boulanger BR, McLellan BA, Brenneman FD,
Ochoa J, Kirkpatrick AW. Prospective evidence
of the superiority of a sonography-based
algorithm in the assessment of blunt abdominal
injury. J Trauma 1999;47:632-7.
4. Nau A, de Waroquier A, Mardelle V,
Puidupin A, Peytel E. Triage en Oprations
Extrieures: concept, faits, contraintes
et perspectives. Ranoxyo 2007;20:21-4.
5. Merat S, Daban JL, Grasser L, Peraldi C, de Saint
Maurice G, Pons F. Le Service de Sant face
aux afflux saturants. Reanoxyo 2010;26:5-9.
6. Organisation du trait de lAtlantique Nord. Allied
Joint Doctrine for Medical Evacuation. NATO report,
2008. AJMedP-22008 http://bit.ly/2cqXiTZ
Un savoir-faire technique
Le sauvetage au combat de niveau 3 permet une optimisation de la ranimation du bless de guerre grce plusieurs comptences, que sont tout dabord la ralisation
de gestes techniques invasifs: intubation oro-tra- >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
785
MDECINE DE GUERRE
chale (bless crnio-crbral ou en insuffisance respiratoire aigu), drainage thoracique (hmopneumothorax massif) ou perfusion intra-osseuse (perceuse
lectrique EZ-IO). Il est ensuite le premier acteur mdical dune stratgie de damage control resuscitation,8 afin
de lutter contre le choc hmorragique9, 10 et la triade
ltale qui lui est associe: acidose, hypothermie et
trouble de la coagulation. Cette stratgie passe par un
remplissage vasculaire petit volume, la mise prcoce
sous amines (adrnaline titre), ladministration dans
la premire heure de la blessure de 1 g dacide tranexamique et une lutte active contre lhypothermie. Il peut
aussi dbuter une stratgie transfusionnelle au poste
mdical grce au plasma lyophilis11 du service de sant
des armes, voire, dans certaines situations particulirement isoles, une collecte et la transfusion de sang
total.
La gestion de lantalgie, quelle soit gnrale (titration de produits anesthsiques) ou loco-rgionale (bloc
fmoral pour les atteintes des membres infrieurs), est
fondamentale pour un bless mobile. Le contexte particulier du bless de guerre a conduit la mise en avant
de mdicaments peu utiliss en milieu civil. Ainsi, la
ktamine est le produit de prdilection du mdecin militaire: faible impact hmodynamique et respiratoire,
dlai daction trs rapide (2minutes), analgsie de surface efficace sur le brl ou encore potentialisation des
effets morphiniques, permettant une consommation
modre dopiacs, intressante lorsque les capacits
demport de matriel sont limites (combat dbarqu,
infiltration pied).
Enfin, le SC3 poursuit la mise en condition avant
vacuation en optimisant la gestion des immobilisations, lantibiothrapie en cas de fracture ouverte, le
nettoyage des plaies ou encore en dlivrant des
consignes de surveillance pour les SC2. Cette mise en
condition est complte par la rdaction de la fiche mdicale de lavant (fig.4), premier document mdico-administratif qui suit le bless de guerre, traant lensemble des gestes raliss par les acteurs du sauvetage
au combat.
Un savoir-tre mdico-militaire
Au-del de la simple gestion technique du bless de
guerre, le SC3 permet au mdecin et linfirmier militaires une prise en charge plus globale de ce bless dans
un environnement de combat. Via une gestion de lenvironnement, en dlguant certains gestes au SC2, le
SC3 vite leffet tunnel du bless, lui permettant de
regarder au-del de la mle. Il peut ainsi grer le positionnement des quipes par rapport au danger, coordonner son intervention avec le chef militaire ou alerter
prcocement la chane mdicale (choix du moyen dvacuation, mise en uvre en aval dune stratgie de transfusion de sang total, daccueil de nombreux blesss ou
ncessit dune chirurgie spcialise). Ce recul lui permet galement de graduer son niveau de soin en fonction
786
MDECINE DE GUERRE
ladage que tout ce qui nest pas fait au sol ne le sera pas
en vol) ou en fonction du contexte tactique.
En cas dafflux de blesss, il doit savoir se retirer du
soin en dlguant de nombreux gestes, afin de prendre
du recul sur la situation et tre mme de trier les patients (v.encadrp. 783), en priorisant les vacuations en
relation avec le ranimateur et le mdecin responsable
des vacuations mdicales du thtre (v.encadr p. 796).
Ce sauvetage au combat permet, au travers de son
acronyme et de son apprentissage standardis, une chronologie raisonne des gestes, un langage commun pour
le travail en quipe, une fluidit lors des transmissions
de consignes (parfois courtes, sous les pales dun hlicoptre, de nuit) et reprsente pour tous une branche
laquelle se raccrocher quand la situation tactique
RFRENCES
1. Schaal JV. La prise en
charge du bless de guerre
travers les sicles. In:
Le bless de guerre. Paris:
Arnette 2014:XXIX-LVIII.
2. Eastridge BJ, Mabry RL,
Seguin P, et al. Death on
the battlefield (2001-2011):
implications for the future
of combat casualty care.
J Trauma Acute Care Surg
2012;73(6Suppl5):S431-7.
3. Kotwal RS, Montgomery HR,
Kotwal BM, et al. Eliminating
preventable death on
the battlefield. Arch
Surg 2011;146:1350-8.
4. Enseignement du sauvetage
au combat. Rfrentiel
de formation valid sous
le numro denregistrement:
0309/EVDG/DPMO du 30
mars 2012.
5. Vardon F, Harrois A,
Duranteau J, Geeraerts T.
The initial management
in intensive care of pelvic
ring injury patients.
Ann Fra Anesth Reanim
2013;33:344-52.
6. Hoffmann C, Poyat C,
Alhanati L, et al.
pidmiologie des blesss
de guerre franais en
Afghanistan: de la blessure
la rinsertion. Confrence:
Urgences 2015 - Congrs
de la Socit franaise
de mdecine durgence, at
Paris; volume: chapitre 83.
7. Pohl JB, Novel S, Cavallini
SUMMARY WOUNDED
SOLDIER PRE HOSPITAL
COVERING:
THE FORWARD MEDICALISATION
Forward medicalisation is, for French
medical service, the first link of wounded
soldier all round chain, whose goal is the
more precocity arrival in a military hospital on national field after has been done
the necessary measures for the survival
and prevention of sequelae during all this
chain. This forward medicalisation is based
hmorragique. Socit
franaise danesthsie
et de ranimation.
www.sfar.org ou
http://bit.ly/2c2Hy9P
11. Daban JL, Clapson P,
Ausset S, Deshayes AV,
Sailliol A. Freeze dried
plasma: a French army
speciality. Critical Care
2010;14:412.
12. Planchet M, Delbart C,
Thomas A, Chenais L,
Cazes N, Puidupin A.
Prise en charge dun
afflux saturant de blesss
de guerre franais en
Afghanistan. Med Armes
2013;41:175-82.
13. Prcloux P, Brend M,
Petitjeans F, et al. volution
de la stratgie de prise
en charge des blesss
de guerre au Role 1.
Concepts pdagogiques
et intrts dun registre
des soins durgence
au combat. Med Armes
2011;39:387-93.
787
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
SAMUEL MADEC*,
JRME BANCAREL**,
LAURENT
RAYNAUD***
* Centre mdical des
armes de
Villacoublay,
Villacoublay, France
** Cellule M3-Conduite
des oprations de
ltat-major
oprationnel sant,
Paris, France
*** Service
danesthsie, hpital
dinstruction des
armes Bgin,
Saint-Mand, France
samuel.madec
@gmail.com
S. Madec dclare
avoir t pris
en charge lors de
congrs par Servier.
J. Bancarel
et L. Raynaud
dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
788
MDECINE DE GUERRE
Elles sont techniques: lembarquement et le dbarquement sont des
phases particulirement critiques chez
des patients graves, porteurs de multiples quipements mdicaux et
la stabilit prcaire.
Elles sont physiques: lhypobarie
lie laltitude est une contrainte incontournable. La pression diminuant,
le volume des gaz augmente selon la
loi de Boyle-Mariotte, notamment dans
les cavits ariques du corps humain
physiologiques ou traumatiques. Malgr la pressurisation des aronefs, les
patients sont soumis au dysbarisme et
ce facteur est considrer ds lors
quil y a des barotraumatismes (oreilles
et sinus), des pneumencphalies, des
pneumothorax. Lhypoxie est galement une consquence de laltitude,
par la baisse de la pression partielle en
oxygne conformment la loi de Dalton. Lun des moyens de limiter les
consquences du dysbarisme et de
lhypoxie, facteurs de complication ou
de dcompensation, est dassurer une
altitude cabine la plus proche possible du niveau de la mer, en jouant sur
laltitude de vol et/ou laugmentation
de la pressurisation de la cabine en
fonction des capacits de laronef. La
compensation par administration
doxygne est par ailleurs toujours ncessaire chez ces patients traumatiss. Les vibrations, trs prsentes en
hlicoptre et dans les soutes davions
tactiques, gnrent des phnomnes
douloureux sur les foyers de fracture,
par exemple, ou encore des difficults
de fonctionnement sur les matriels
lectriques.2 Lambiance thermo-hygromtrique, sche et froide, est un
facteur majeur de complication (hypothermie et surtout bouchons muqueux
des voies respiratoires) en particulier
chez le polytraumatis poumon ls.3
Enfin, les contraintes sont ergonomiques. Outre lexigut des zones de
travail, linstallation de plusieurs patients rpond un plan de chargement
prcis permettant un zonage facilitant
la fois laccs aux patients les plus
graves et leur positionnement dans
laronef facilitant leurs embarquement et dbarquement. Linstallation
dun patient doit tre envisage en
fonction de lexistence dune hyperten-
789
MDECINE DE GUERRE
Figure 3.
A. BOEING
C-135 FR
B. module de
soins intensifs
MORPHEE.
A
patient movement request pour les
medevac stratgiques.5-7 Les patients
sont alors classs selon leur degr de
gravit dterminant les dlais de rapatriement et donc la priorit, et leur niveau de dpendance dterminant la
composition de lquipe de convoyage
selon la classification de lOrganisation du trait de lAtlantique Nord
(OTAN).8
RFRENCES
1. Dufour KM. Air medical evacuation
in the military: how we deal
with the stresses of flight. Air Med
J 2003;22:245.
2. Franchin M, Bisconte S,
Frattini B, Kerrien C, Morgand E,
Coste S. Pathologies mdicales
et vacuation sanitaire par voie
arienne. Mdecine aronautique
790
et spatiale 2011;52:164-70.
3. Franck L, Forsan E, Daban J, et al.
Transport arien dun bless grave.
Mdecine aronautique et spatiale
2011;52:1506.
4. Singh JM, MacDonald RD, Bronskill
SE, Schull MJ. Incidence and
predictors of critical events during
urgent air-medical transport.
Can Med Assoc J 2009;181:57984.
qui peuvent tre extrmement dltres. Elle implique de nombreux personnels mdicaux et paramdicaux sur
le terrain et en mtropole, ainsi que divers vecteurs avec leurs quipages de
conduite et de maintenance. Il sagit
donc dun enjeu majeur pour les armes
par limplication de leurs moyens et le
fort impact sur le moral des troupes en
opration. V
MDECINE DE GUERRE
Prise en charge hospitalire des blesss de guerre:
la chirurgie de lavant
FRDRIC
RONGIERAS*, **
ANTOINE BERTANI**
YOANN BAUDOIN#
LAURENT MATHIEU##
* Service de chirurgie
orthopdique,
HIA Desgenettes;
service de chirurgie
orthopdique,
membre infrieur,
hpital douardHerriot, Lyon, France
frederic.rongieras
@chu-lyon.fr
** 5e antenne
chirurgicale
arotransporte,
service de chirurgie
orthopdique, HIA
Desgenettes, Lyon,
France
# e
14 antenne
chirurgicale
parachutiste, service
de chirurgie viscrale;
##
Service de chirurgie
orthopdique et
traumatologique, HIA
Percy, Clamart, France
791
MDECINE DE GUERRE
F. Rongieras
dclare avoir
t pris en
charge lors
de congrs
par Biomet et Tornier.
A. Bertani dclare
avoir t pris
en charge lors
de congrs par
FH Fournitures
Hospitalires.
Y. Baudoin et
L. Mathieu dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
792
vacuation dun panchement pricardique et thoracique diagnostiqu lors de lchographie FAST (focused
assessment with sonography in trauma).
La prise en charge chirurgicale est indique dans les
situations suivantes:
la thoracotomie de ressuscitation (massage cardiaque
direct thorax ouvert?) est exceptionnelle (<1%) et ne
doit tre envisage quin extremis chez un patient vivant
lors de la prise en charge;
la thoracotomie dhmostase est indique dans 10%
des cas chez les patients ayant un hmothorax massif
lors du drainage (>1,5L) ou sil persiste un saignement
actif de plus de 200mL/h aprs vacuation initiale de
lhmothorax;
la thoracotomie darostase est ralise sil existe des
lsions bronchiques proximales qui peuvent tre responsables de pneumothorax compressifs itratifs ou de fuite
ariques persistantes malgr le drainage;
lexistence dune plaie de laire cardiaque associe un
tableau de tamponnade ou dpanchement lchographie en fentre pricardique ncessite une thoracotomie
exploratrice avec ouverture du sac pricardique et au
besoin suture cardiaque.
Ainsi, si 80% des lsions thoraciques sont stabilises
par le seul drainage thoracique, et si les indications de
thoracotomie sont bien codifies ainsi que la technique
(thoracotomie antrolatrale 4e espace ou bithoracotomie au 4eespace), il faut toujours envisager la possibilit
dune lsion abdominale associe.
MDECINE DE GUERRE
Irak-Afghanistan). Si les traumatismes crniens ferms
nont pas une prise en charge diffrente de la pratique
civile, les plaies cranio-crbrales bnficient actuellement de la ranimation et des moyens dimagerie moderne incluant la tomodensitomtrie afin doptimiser la
prise en charge de ces blesss graves. Le cerveau est souvent le sige dun dme important li au blast au cours
du traumatisme (explosion) ou secondaire aux lsions
anatomiques cres par le projectile. Il sensuit une hypertension intracrnienne qui majore les phnomnes
ischmiques.
Les mesures de ranimation essayent de restaurer
une pression de perfusion correcte de lencphale. La
chirurgie sattache effectuer le parage des parties
molles, des fragments osseux de la vote crnienne,
vacuer les hmatomes dans les lsions focales et raliser une crniectomie dcompressive si ncessaire. Les
lsions diffuses, intressant les deux hmisphres ou
chez des patients demble en coma profond, sont traites
par des mesures palliatives daccompagnement.
Les lsions rachidiennes sont frquentes chez les
patients morts au combat. Les lsions du rachis sont prsentes dans 5 % des cas. Le bilan est ralis par des clichs
simples et parfois par une tomodensitomtrie. Lexamen
clinique recherche les dficits mdullaires complets ou
partiels. Les lsions instables font lobjet dune stabilisation chirurgicale. Les dficits incomplets ou volutifs
ncessitent une dcompression en urgence (laminectomie). Les brches mninges sont fermes autant que
possible dans les traumatismes ouverts.
Figure 3. Aspect de la jambe aprs parage, lavage, exofixation mise en place pour
vacuation secondaire.
lution vers un sepsis. Il se dcompose en deux phases:
un dbridement de la plaie (agrandissement) pour raliser lexploration et une excision des tissus dvitaliss
(parage proprement dit) pour limiter la contamination.
Les fragments de projectiles sont enlevs chemin faisant
sans augmenter le dlabrement tissulaire par une dissection abusive. Seuls les projectiles intra-articulaires
ou en contact intime avec des vaisseaux ou des nerfs
ncessitent absolument une exrse.
l Le lavage par une irrigation abondante (de 3
9litres) de la plaie par du srum physiologique rchauff basse pression est prconis.
l La non-fermeture initiale de la plaie est une rgle
intangible. Ces plaies doivent tre initialement laisses
ouvertes et largement draines afin de limiter le risque
de complication infectieuse. La fermeture est toujours
ralise secondairement, gnralement autour du >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
793
MDECINE DE GUERRE
* Fracture ouverte
Gustilo 3 :
dlabrement
cutanomusculaire,
lsion vasculonerveuse
possible,
contamination
bactrienne majeure.
Type 2
Type 3
Type 4
Type 5
794
Lamputation primaire
On distingue lamputation primaire de lamputation secondaire ralise distance du traumatisme, le plus
souvent devant un chec thrapeutique. Lamputation
primaire peut alors simposer dans quatre situations:10
lorsque la conservation du membre est impossible (dlabrement majeur, lsions vasculo-nerveuses, perte de
substance osseuse);
lorsque le sauvetage de la vie exige le sacrifice du
membre;
en cas dafflux massif avec ncessit de traiter rapidement de nombreux blesss;
lorsque la conservation du membre est possible mais
au prix dune reconstruction complexe, et dun rsultat
MDECINE DE GUERRE
fonctionnel attendu mauvais ou mdiocre. Il sagit alors
dune amputation de raison.
Dans le cadre du damage control orthopaedic de
guerre, lamputation primaire doit tre la plus conomique possible, cest--dire la plus distale possible, et le
moignon doit tre laiss ouvert. Cette amputation est
reprise secondairement et ferme selon les rgles
habituelles.
RFRENCES
1. Ivey KM, White CE, Wallum TE, et al.
Thoracic injuries in US combat
casualties: a 10-year review
of Operation Enduring Freedom
and Iraqi Freedom. J Trauma
Acute Care Surg 2012;73(6 Suppl
5):S514-9.
2. Belmont PJ Jr, McCriskin BJ,
Sieg RN, Burks R, Schoenfeld AJ.
Combat wounds in Iraq and
Afghanistan from 2005 to 2009.
J Trauma Acute Care Surg
2012;73:3-12.
3. Rossaint R, Bouillon B, Cerny V,
et al. The European guideline
on management of major bleeding
and coagulopathy following trauma:
fourth edition. Crit Care 2016;20:100.
4. Bograd B, Rodriguez C, Amdur R,
Gage F, Elster E, Dunne J.
Use of damage control and
the open abdomen in combat.
Am Surg 2013;79:747-53.
5. Serkin FB, Soderdahl DW,
Hernandez J, Patterson M,
Blackbourne L, Wade CE.
Combat urologic trauma
in US military overseas contingency
operations. J Trauma 2010;69
Suppl 1:S175-8.
6. Brown KV, Guthrie HC, Ramasamy A,
Kendrew JM, Clasper J. Modern
military surgery: lessons from Iraq
and Afghanistan. J Bone Joint
Surg Br 2012;94:536-43.
7. Mathieu L, Ouattara N, Poichotte A,
et al. Temporary and definitive
external fixation of war injuries:
use of a French dedicated fixator.
Int Orthop 2014;38:1569-76.
8. Mathieu L, Saint-Macary E,
Frank M, et al. Multiple blast
extremity injuries: is definitive
795
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
CLMENT DUBOST,
KEVIN KEARNS,
EMMANUEL BORDIER,
MEHDI OULD-AHMED
Ple anesthsie,
ranimation, urgences
et bloc opratoire,
hpital dinstruction
des armes Bgin,
Saint-Mand, France
mehdi.ould-ahmed
@intradef.gouv.fr
C. Dubost dclare
avoir t pris en
charge par Baxter
SAS loccasion
dune formation
lhmofiltration.
K. Kearns, E. Bordier,
M. Ould-Ahmed
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
Spcificits de la pratique
de lanesthsie-ranimation
en oprations extrieures
796
MDECINE DE GUERRE
aux populations civiles largit le spectre
nosologique.
Les conflits actuels, qualifis dasymtriques, nadmettent pas une ligne
de front derrire laquelle une certaine
scurit rgnerait. La menace est
omniprsente, pouvant atteindre les
structures sanitaires elles-mmes ou
engendrer un afflux massif, parfois saturant, de blesss.
Ces blesss de guerre sont classiquement dcrits comme des hommes
jeunes, sans antcdents mdicaux,
aux lsions ouvertes, multiples, soccultant et samplifiant rciproquement.
Elles sont le fait darmes de guerre.
Les armes lgres dinfanterie propulsent des balles de petit calibre, mais
haute vlocit. Leur balistique intracorporelle nest pas forcment linaire.
La trajectoire peut tre complique par
la fragmentation de la balle, les clats
secondaires notamment osseux. Elle
est associe une cavitation temporaire et permanente, dont le collet est
de profondeur variable (13-29cm).
Ainsi, lorifice de sortie, sil existe, est
dune taille suprieure celle du point
dentre.
Les explosions par bombes, missiles,
obus, roquettes ou mines sont compltes, lors des conflits asymtriques, par
les engins explosifs improviss.1 Elles
exposent au mme risque physiopathologique: leffet de souffle. De faon
didactique, il est dcrit en quatre phnomnes intriqus, aux rpercussions
variables: le blast primaire est li aux
cisaillements des tissus de densits
htrognes lors de leur traverse par
londe de choc; le blast secondaire est
conscutif limpact de fragments de
munition, lorigine dun polycriblage,
de lacrations ou damputations; le
blast tertiaire correspond la projection de la victime; tandis que le blast
quaternaire regroupe les autres lsions,
notamment thermiques ou par compression prolonge (crush syndrom)
Doctrine et solutions
La doctrine mdicale des armes nat
avec Dominique-Jean Larrey (17661842). En 1792, au sein de larme du
Rhin, il cre les ambulances hippomobiles, qui permirent la relve prcoce
des blesss sur le champ de bataille.
797
MDECINE DE GUERRE
Les besoins qualitatifs ncessitent des
rythrocytes, des plaquettes et des facteurs plasmatiques de la coagulation
pour restaurer les pouvoirs oxyphorique
et hmostatique du sang. Indpendamment du Clottafact (fibrinogne)
et du Novoseven (facteurVII activ
recombinant), les produits sanguins
sont collects, prpars, qualifis et
distribus par le Centre de transfusion
sanguine des armes (CTSA). Il est
lhritier des Organismes de ranimation et transfusion, qui ont pourvu, ds
1942, aux besoins des armes, lors de
leurs campagnes, de lAfrique du Nord
lAllemagne. Cest l, que Jean Julliard,
dont le nom a t donn au CTSA, a ralis les travaux fondamentaux ouvrant la
voie lactuel plasma lyophilis (PLYO).
Les plasmas lyophiliss sont prpars
au CTSA, par lyophilisation de plasmas
dleucocyts, traits par amotosalen
(qui inactive virus et bactries), issus de
10donneurs des groupes A, B et AB,
exempts danticorps hmolysants anti-A ou anti-B. Leur conservation est de
deux annes, entre +2C et +25C,
avec une tolrance +50C sur le
terrain. Dusage universel, le lyophilisat est reconstitu en 6minutes pour
un volume final de 210mL. Il renferme
au moins 0,5UI/mL de facteurVII et
RFRENCES
1. Sheridan RL, Shumaker PR,
King DR, Wright CD,
Itani KM, Cancio LC. Case
15-2014: a man in the
military who was injured
by an improvised explosive
device in Afghanistan. N Engl
J Med 2014;370:1931-40.
2. Savage E, Forestier C,
Withers N, Tien H, Pannell D.
Tactical combat casualty
care in the Canadian
Forces: lessons learned
from the Afghan war. Can
798
J Surg 2011;54:S118-23.
3. Eastridge BJ, Mabry RL,
Seguin P, et al. Death
on the battlefield
(2001-2011): implications
for the future of combat
casualty care. J Trauma
Acute Care Surg,
2012;73:431-7.
4 . Dubost C, Goudard Y,
Soucanye de Landevoisin E,
Contargyris C, Evans D,
Pauleau G. Combat
casualties from two current
conflicts with the seventh
and coagulopathy
in the Defense medical
services. Anaesthesia
2013;68(suppl.1):49-60.
7. Morrison JJ, Dubose JJ,
Rasmussen TE, Midwinter
MJ. Military application of
tranexamic acid in trauma
emergency resuscitation
(MATTERs) study. Arch
Surg 2012;147:113-9.
8. Holcomb JB, Tilley BC,
Baraniuk S, et al.; PROPPR
Study Group. Transfusion
of plasma, platelets, and red
MDECINE DE GUERRE
Rducation et radaptation aprs une blessure de guerre
epuis le dbut du xxi sicle, les armes franaises sont impliques dans plusieurs conflits
confrontant les armes rgulires aux actes
de terrorisme. Les blessures de guerre sont
trs souvent provoques par lexplosion dengins improviss. Paralllement, la performance des quipements
de protection du combattant et les progrs de la prise en
charge mdico-chirurgicale initiale ont modifi lpidmiologie des blessures de guerre. Des blesss trs graves
survivent souvent au prix dun pronostic fonctionnel
svrement engag.1
La mission principale du service de sant des armes
est doffrir aux militaires blesss les meilleures chances
de survie et de rcupration fonctionnelle. Pour mener
bien cette mission, une chane sant dfinie en 4rles
est dploye depuis la zone de combat (rle1) jusqu
lhpital militaire en France (rle4). Aprs une mdicalisation de lavant et une prise en charge chirurgicale
prcoce sur le thtre dopration, le bless est rapatri
au rle4. Dabord hospitalis en ranimation ou chirurgie dans lun des deux hpitaux militaires parisiens
(Percy ou Bgin), le bless est pris en charge rapidement
par les quipes de mdecine physique et de radaptation
depuis les phases initiales de rducation jusqu la rinsertion socio-professionnelle: cest la notion de postrle4. Tout est mis en uvre pour permettre au bless
de retrouver une place dans la socit avec le moins de
squelles possible. Des processus novateurs de radaptation et de rinsertion ont t dvelopps dans le service
de mdecine physique et de radaptation de lhpital
Percy qui a accueilli la majorit des blesss au combat
de ces dernires annes.
e
Blessures de guerre
Le bless de guerre est un individu jeune et sportif, polytraumatis de la tte aux pieds, qui a en moyenne
3plaies et 11,2blessures associes.2 Deux facteurs influencent les caractristiques du bless de guerre
actuel1:
la forte prvalence des blessures par explosion (70-80%
des blesss)1, 2 qui sont lorigine de lsions spcifiques
BAT e
JULIA FACIONE,
MARIE THOMAS-POHL,
LO BORRINI,
RIC LAPEYRE
Service de mdecine
physique et de
radaptation,
Hpital dinstruction
des armes Percy,
Clamart, France
juliafacione
@outlook.fr
Les auteurs
dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
Rducation et radaptation
aux armes
Le bless de guerre est un traumatis la fois physique
et psychique. Les blessures physiques sont souvent multiples et graves: lsions neurologiques (traumatismes
crnio-crbraux dont la prvalence est estime plus
de 60% chez les blasts6 et traumatismes vertbro-mdullaires), lsions orthopdiques (polyfracas osseux,
amputations de membres) et parfois brlures graves.
La prise en charge en mdecine physique et radaptation est ncessairement globale et pluridisciplinaire;
seules les spcificits de la prise en charge des blessures
de guerre seront abordes ici. Mme si la dichotomie
est un peu artificielle, la prise en charge des blesss en
post-rle 4 se dcoupe en phases primaires et
>>>
secondaires.
Vol. 66 _ Septembre 2016
799
MDECINE DE GUERRE
Figure 1.
Radiographie
de thorax (A)
et de main (B)
de victimes
dexplosion.
Lsion de
polycriblage
dans le cadre
dun blast
secondaire
provoqu
par lexplosion
dun engin
explosif
improvis.
Figure 2.
Radiographie (A)
et photographie
(B) dun pied
de pont. Lsions
architecturales
du pied provoques
par lexplosion
dun engin
explosif improvis
et traitement
chirurgical par
fixateurs externes
et aponevrotomie
de dcharge.
Phases primaires
Elles correspondent la prise en charge aigu de blesss
polylsionnels non encore stabiliss. Elles ncessitent
une action pluridisciplinaire visant prvenir et prendre
en charge les complications mdico-chirurgicales et
dbuter les actions dautonomisation du bless dans les
activits quotidiennes.
Les traumatismes crniens lgers ou modrs secondaires un blast sont frquents, imposant la recherche
systmatique de troubles cognitifs. Les domaines altrs
sont la mmoire pisodique, lattention, la vitesse de
traitement de linformation et les fonctions excutives.
Le recours limagerie crbrale par rsonance magntique tenseur de diffusion permet dsormais un dpis-
800
tage prcoce du traumatisme crnien lger, en visualisant les lsions axonales diffuses.7, 8
Ltat de stress post-traumatique, dont la frquence
est leve chez les blesss de guerre, est systmatiquement dpist. Il est suspect devant lassociation dun
syndrome de rptition (cauchemars, flash-back), de
comportements dvitement et dhypersensibilit psychique avec hypervigilance. Il est plus frquent chez les
traumatiss crniens lgers et est parfois confondu, parfois associ, aux troubles cognitifs du traumatisme crnien. Il ncessite une prise en charge pluridisciplinaire
spcialise.
Les fracas de membres sont de gestion complexe. Le
pied de mine, provoqu par le contact direct avec la
MDECINE DE GUERRE
A
Figure 3. Para-osto-arthropathie
neurogne du genou chez un brl.
Ossification ectopique du genou chez un
brl grave 70 % de surface corporelle.
Phases secondaires de
radaptation-rinsertion
Elles entrent dans le champ du mdico-social. La mise
en uvre des projets de radaptation personnaliss n-
cessite la collaboration des quipes de mdecine physique et radaptation et de psychiatrie avec les diffrents
acteurs sociaux de linstitution militaire. La plupart des
blesss souhaitent, quand cela est possible, rester dans
linstitution militaire selon le dogme au plus prs du
rgiment, au plus prs de la fonction. Pour relever ce
dfi, de nouveaux processus spcifiques au milieu militaire et adapts aux blesss de guerre ont t
dvelopps.
La cellule de radaptation et rinsertion des blesss
en opration (C2RBO) est un concept original cr en 2011
lhpital Percy. Elle regroupe mdecins de mdecine
physique et radaptation, psychiatres, travailleurs sociaux et reprsentants des cellules de blesss des diffrentes armes. Dautres membres dassociations ou dorganisations telles que le service des pensions militaires
dinvalidit (ministre de la Dfense) ou lOffice national
des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG)
peuvent y tre invits. Elle a pour mission de btir et de
suivre le projet personnalis de rinsertion professionnelle de chaque bless vers un retour dans linstitution
militaire, si cela est possible, ou vers le monde civil en
lui facilitant laccs lemploi et aux formations. Cest
un vritable outil thrapeutique de radaptation et de
rinsertion.10
Le recours aux nouvelles technologies et le financement des prothses bioniques chez lamput: lappareillage occupe une place majeure dans la prise en charge
des blesss de guerre frquemment victimes damputation de membre. Sagissant dune population jeune et
active, les exigences en termes de performance sont leves (fig.4). Les prothses bioniques offrent dsormais
aux blesss de nouvelles perspectives fonctionnelles.
Elles ne sont pas inscrites sur la liste des produits >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
801
MDECINE DE GUERRE
et prestations rembourss, mais bnficient dune prise
en charge par dcret ministriel pour les militaires blesss en mission sinscrivant dans un projet de rinsertion
socio-professionnelle.
La rinsertion par le sport: les blesss de guerre ont
la particularit dtre des individus jeunes et sportifs.
Avant la blessure, le sport occupait une place importante
dans leur quotidien. Rapidement, les blesss bnficient
de programmes de rentranement leffort et dactivits
physiques adaptes dveloppes au sein des services de
mdecine physique et de radaptation. Depuis quelques
annes, en collaboration avec les cellules daide aux blesss, des stages sportifs sont proposs aux blesss pour
leur redonner le got de leffort et leur faire dcouvrir
leurs nouvelles capacits sportives. Ces stages constituent de vritables outils de reconstruction, dintgration et de rinsertion pour les blesss. Les plus motivs
dentre eux peuvent, en collaboration avec le Centre national des sports de la Dfense, voluer dans le handisport, parfois haut niveau, et participer des comptitions internationales telles que les Invictus Games ou les
War Wounded Trials.
La rinsertion socio-familiale: les blesss de guerre
franais tant originaires de toute la France, la toute
nouvelle Maison des blesss et des familles facilite la
prsence des proches aux cts du bless ds son arrive
au rle 4. Elle joue ensuite le rle dun vritable htel
thrapeutique permettant laccueil de ces patients dans
un cadre ambulatoire pour la poursuite de la rducation.
En outre, le service de mdecine physique et de radaptation de lhpital Percy dispose dun appartement thrapeutique permettant au bless de se retrouver en condition de vie relle, avec les amnagements intrieurs et
les aides techniques adapts son handicap.
La reconnaissance et rparation du prjudice: le droit
rparation des blesss est inscrit dans le code des pensions militaires dinvalidit. En fonction des squelles,
le bless peroit une pension et bnficie dautres avantages tels que les soins mdicaux gratuits (article L.115).
Les prjudices extrapatrimoniaux (douleur, sexuel, esthtique, agrment) sont indemniss en application de la
jurisprudence Brugnot. La reconnaissance du prjudice
subi se traduit par la remise dune dcoration spcifique
et du carnet du bless visant tracer les diffrentes tapes
du parcours de rinsertion, facilitant ainsi le suivi et la
coordination de son accompagnement.
La recherche et lenseignement se dveloppent sur
des thmatiques spcifiques telles que lappareillage des
amputs, le rle du blast dans la survenue du traumatisme crnien lger et les para-osto-arthropathies neurognes du brl et du bless vertbro-mdullaire, afin
damliorer encore la prise en charge de ces blesss.
802
physique et de radaptation dun militaire bless au combat mobilise une quipe pluridisciplinaire spcialiste du
traumatisme de guerre. La rducation et la radaptation du bless sont menes lhpital militaire jusqu
lobtention de la meilleure rcupration possible. Les
squelles sont prises en charge parfois chirurgicalement,
parfois compenses par un appareillage ou des aides techniques. Le sport occupe une place prpondrante dans
la reconstruction du bless. En parallle, le parcours de
rinsertion socio-professionnelle se construit. Le bless
bnficie tout au long de ce parcours dun accompagnement personnalis et dun suivi au long cours grce
la mise en uvre de nouveaux processus. Enfin, des rflexions sont menes pour garantir la continuit entre
les diffrents acteurs du parcours de soins du militaire
bless et crer un vritable rseau coordonn. Dans ce
cadre, un Ple de rhabilitation de la Dfense verra le
jour lhorizon 2020, incluant les hpitaux militaires
parisiens, lInstitution nationale des Invalides, les hpitaux militaires priphriques et les centres mdicaux
des armes, pour crer un maillage territorial qui apportera une rponse globale et intgre la prise en charge
des blesss de guerre. Il permettra dtendre cette offre
de soins aux victimes civiles dactes de terrorisme ou
de catastrophe, tmoignant ainsi de la contribution du
monde de la Dfense au devoir de reconnaissance de
la nation envers ses enfants blesss. V
RFRENCES
1. Owens BD, Kragh Jr JF, Wenke JC,
Macaitis J, Wade CE, Holcomb JB.
Combat wounds in Operation Iraqi
Freedom and Operation Enduring
Freedom. J Trauma 2008;64:295-9.
2. Champion HR, Holcomb JB,
Lawnick MM, et al. Improved
characterization of combat injury.
J Trauma 2010;68:1139-50.
3. DePalma RG, Burris DG, Champion
HR, Hodgson MJ. Blast injuries.
N Engl J Med 2005;352:1335-42.
4. Pasquier P, Jault P, Renner J,
Jarrassier A, Salvadori A. Le bless
de guerre par explosion.
In Le bless de guerre. Paris:
Arnette, 2014:353-63.
5. Cordier PY, Nau A, Prat N, Dniel C,
Peytel E. Agents vulnrants, effets
de protection et principes de balistique
lsionnelle. In Le bless de guerre.
Paris: Arnette, 2014:13-22.
6. Clark ME, Scholten JD,
Walker RL, Gironda RJ. Assessment
and treatment of pain associated
with combat-related polytrauma.
MDECINE DE GUERRE
RSUM RDUCATION
ET RADAPTATION APRS
UNE BLESSURE DE GUERRE
Le bless de guerre est un traumatis
grave la fois physique et psychique. Les
blessures sont souvent provoques par
lexplosion dengins improviss responsables de lsions multiples et pntrantes,
damputations de membre, de traumatismes crniens ou vertbro-mdullaires
et parfois de brlures graves. La performance des quipements de protection et
lefficacit de la prise en charge mdicale
initiale permettent ces blesss de survivre, souvent au prix dun pronostic
fonctionnel svrement engag. Aprs la
prise en charge critique ranimatoire et
chirurgicale, les quipes pluridisciplinaires
de mdecine physique et de radaptation
(MPR) interviennent auprs des blesss
pour initier la rducation et les accompagner jusqu la rinsertion socio-professionnelle. Cette prise en charge se droule
en deux temps: les phases primaires de
rducation initiale visent prvenir
et traiter les complications mdico-chirurgicales et dbuter les actions dautono-
sur lensemble hospitalier militaire parisien, jusquau plus prs des forces, dans
les centres mdicaux des armes.
SUMMARY REHABILITATION
AFTER A WAR INJURY
Combat wounds can be the cause of serious physical and mental trauma. Injuries
caused by the explosion of improvised
devices are responsible for multiple penetrating injuries, limb amputations, brain or
spinal-cord injuries, and sometimes severe
burns. The performance of protective
equipment and the effectiveness of the
initial medical care allow those injured to
survive, often at the cost of severely compromised functional prognoses. Following
critical and surgical care, the multidisciplinary teams of Physical Medicine and
Rehabilitation (PM&R) intervene with the
wounded to initiate rehabilitation and assist with social and occupational reintegration. This support takes place in two
steps: the primary phase of "acute rehabilitation" is aimed at preventing and
treating complications and starting to
relearn activities of daily living; the second
phase of "rehabilitation-reintegration"
encompasses both the medical and social
fields. The implementation of individualized rehabilitation requires the collaboration of PM&R and psychiatric teams, along
with various officials within the military
institution. New processes specific to the
military environment and adapted to the
war wounded have been developed: the
creation of the War Wounded Rehabilitation and Reintegration Unit (C2RBO: Cellule de Radaptation et Rinsertion des
Blesss en Opration); the use of new
technologies and funding of bionic
prostheses for amputees; the development
of sports rehabilitation programs; the
creation of tools to promote social and
family reintegration; and the improved
recognition of and compensation for injuries. In parallel, the care connection has
been reorganized to create a "Defense
Rehabilitation Pole" underpinned by a
territorial network ensuring the implementation of a care course for every injured
soldier, from the initial care in the Parisian
military hospital complex to the military
medical centers closer to the forces.
803
DOSSIER
MDECINE
DE GUERRE
DOSSIER LABOR
SELON LES CONSEILS
SCIENTIFIQUES DU
PR THIERRY CARMOI
Service de mdecine
interne, hpital
dinstruction des
armes du Val-deGrce, Paris, France.
dr.carmoi@gmail.com
SOMMAIRE
La chane de
soutien mdical
en opration:
les diffrentes
structures de soins
sont positionnes
par rapport la zone
de combat. Il sagit
dune organisation
modulaire dont
les lments sont
mis en uvre
en fonction des
missions, du niveau
de risque valu et
de lenvironnement
tactique. En
Afghanistan par
exemple, la chane
sant ntait
constitute que
de postes mdicaux
(rle 1) et dun
hpital mdicochirugical (rle 3).
T. Carmoi dclare
avoir t pris
en charge lors
de congrs
par Octapharma.
e cur de mtier du service de sant des armes (SSA) est le soutien mdical aux
combattants au plus prs de la ligne de front pour offrir aux blesss la meilleure
chance de survie, de rcupration et de rinsertion professionnelle et sociale. La
prise en charge initiale dun bless est souvent dterminante pour le pronostic. Le
sauvetage au combat et la doctrine de mdicalisation de lavant sont des lments
essentiels de lengagement des forces armes. Le SSA a organis une chane sant complte
et autonome, de soins, dexpertises, de formation, de ravitaillement en produits de sant et
de conseil au commandement pour remplir ces missions oprationnelles. Un certain nombre
des pratiques dcrites dans ce dossier font lobjet de collaborations entre acteurs militaires
et civils du monde de la sant dans le cadre de la gestion des plans de crise, en particulier
pour la formation.
Thierry Carmoi
Afin de complter
ce dossier, nous publierons
dans un prochain numro
un article plus spcifiquement
consacr au stress
post-traumatique
des combattants.
777
MDECINE DE GUERRE
Prise en charge prhospitalire du bless de guerre:
la mdicalisation de lavant
Un standard de soins
pour que le bless arrive vivant
au bloc opratoire
LUC AIGLE*
ROMAIN CASTELLO*
MATHIEU DAVID**
SIMON-PIERRE
CORCOSTEGUI***
* Centre mdical des
armes de Calvi, camp
Raffalli, Calvi, France
** Antenne mdicale
spcialise de Souge,
Martignas-sur-Jalles,
France
*** Antenne mdicale
de Poitiers, quartier
gnral Le Puloch,
Poitiers, France
aigleluc@
hotmail.com
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
778
le niveau1 (SC1), applicable sur le terrain par tout combattant; le sauvetage au combat de niveau2 (SC2) ralis
par du personnel spcifiquement form; et enfin la formation des mdecins et infirmiers des forces, correspondant au troisime niveau (SC3).
MDECINE DE GUERRE
Avant
Rle 1
Rle 2/ Rle 3
Hmostase tactique
FAST +/- TDM
Garrot
Pansements
hmostatiques
Hmostase chirurgicale
Damage control surgery
EVASAN
Patient stabilis
Figure 1.
CGR: concentr
de globules
rouges; damage
control: contrle
des dgts;
EVASAN:
vacuation
sanitaire;
PLyo: plasma
lyophilis;
PSL: produits
sanguins
labiles; rFVIIa:
facteur VII
activ
recombinant;
TDM:
tomodensitomtrie.
Ranimation hmodynamique
Remplissage vasculaire limit
Vasopresseurs prcoces
Ranimation transfusionnelle
CGR / PLyo
Sang total
Acide tranexamique
(Exacyl) 1 g
Couverture isothermique
Rchauffement de lenvironnement
Rchauffement du solut et PSL
Mise en condition
Remplissage vasculaire
779
MDECINE DE GUERRE
GLOSSAIRE
780
des pansements compressifs. Cette action est fondamentale car lhmorragie est la premire cause de dcs au
combat. Les plaies soufflantes du thorax, associes une
dyspne, entranent la mise en position assise et la ralisation dun pansement 3 cts. Rustique, il sagit
simplement dun emballage plastique de compresses fix
sur trois cts, le bord libre tant en distalit. Se collabant
sur la plaie linspiration, il permet lvacuation des
fluides et de lair en cas dhmopneumothorax. Les blesss conscients et douloureux sont soulags par une injection sous-cutane dune syrette de morphine. La lettre
M est alors marque sur le front avec lheure dinjection. Si le patient est toujours algique, une deuxime
syrette de morphine peut tre utilise 30minutes aprs.
Le massage cardiaque externe est contre-indiqu sous
le feu de lennemi car dangereux en raison de lexposition
du sauveteur et par la physiopathologie lie au dsamorage de la pompe cardiaque non rversible par ce seul
geste. La mthode SAFE-ABC permet dviter les
conduites inappropries, parfois fatales, et dagir de manire prioritaire sur les causes de mort vitable.
lissue de cette phase, les blesss les plus graves
sont identifis et les gestes simples effectus.4 Il est alors
possible de dbuter un examen plus pouss du bless de
guerre.
MDECINE DE GUERRE
Figure 3.
La dmarche
SAFE
MARCHE-RYAN.
teindre la menace
valuer la situation
se mettre labri
Examen du bless
A airways
B bleeding
C cognition
Gestes durgence
Airways
Respiration
Choc
Head, Hypothermia
Evacuation
Rvaluer lefficacit
Y Yeux
A Analgsie
A pour Airways: assurer la libert des voies ariennes suprieures. Le sauveteur vacue au doigt les
dbris qui peuvent obstruer la bouche, respecte la position de confort respiratoire du bless (gnralement la
position demi-assise) et place en position latrale de
scurit les inconscients. La technique de subluxation
de la mchoire infrieure est enseigne. Si malgr ces
actions lasphyxie persiste par obstruction des voies
ariennes suprieures, il peut raliser une coniotomie
(mini-trachotomie), avec un matriel spcifique de type
kit Mini Trach2.
R pour Respiration: maintenir une ventilation
efficace. ce stade il faut examiner le thorax du patient
et valuer sa respiration. Tout bless ayant une dyspne
doit tre install en position demi-assise. Dans le cas
dune dtresse respiratoire chez un patient traumatis
du thorax, labsence de pouls radial associe une asymtrie des mouvements respiratoires doit faire voquer
le diagnostic de pneumothorax compressif et conduire
immdiatement une exsufflation laiguille. Ce geste
est effectu au niveau du 2eespace intercostal antrieur
sur la ligne mdio-claviculaire. Devant une plaie thoracique et en labsence de pneumothorax suffocant, >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
781
MDECINE DE GUERRE
Figure 4.
Fiche mdicale
de lavant.
VVP: voie veineuse
priphrique;
IV: voie
intraveineuse;
H: heure;
SC: voie
sous-cutane;
SSH: srum sal
hypertonique.
782
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
JULIEN BORDES*, **
YVAIN
GOUDARD**, ***
CHRISTOPHE
BUTIN**, #,
RIC MEAUDRE*
* Dpartement
danesthsieranimation,
hpital dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France
** 7e antenne
chirurgicale
parachutiste.
*** Service de
chirurgie viscrale,
hpital dinstruction
des armes Laveran,
Marseille, France.
#
Service de chirurgie
orthopdique,
hpital dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France.
bordes.julien@neuf.fr
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
Patient dont le pronostic vital est menac et dont lvacuation doit se faire le plus tt possible
Cela correspond la catgorie T1 (et T4, mais cette catgorisation ne doit pas tre utilise au niveau de la relve,
tout patient grave ce niveau doit tre T1)
Priorit
Patient dont le pronostic vital nest pas engag et dont lvacuation doit se faire ds que possible
Cela correspond aux catgories T2 et T3
Routine
Patients qui auront besoin de soins mdicaux, mais dans des dlais plus longs
Lvacuation est possible dans les 72 heures
783
MDECINE DE GUERRE
EXEMPLES DATTEINTE ET CLASSEMENT PAR RGION POUR LE TRIAGE CHIRURGICAL
T1
Mise en jeu du pronostic vital si un traitement
chirurgical ou de ranimation nest pas entrepris le
plus vite possible
T2
Traitement chirurgical urgent mais qui peut tre
diffr sans mettre en jeu le pronostic vital
T3
Patients ncessitant un geste chirurgical sans
urgence ou ne ncessitant pas de geste chirurgical
Fractures fermes
Brlures minimes
Plaies minimes des parties molles
T4
Patients trop gravement blesss
Chance trs limite de survie
Tableau 2.
784
MDECINE DE GUERRE
peuvent tre oprs ultrieurement.
Les blesss de la catgorie T3
doivent tre pris en charge hors de la
structure chirurgicale.
Les blesss de la catgorie T4 correspondent deux types de patients.
Ce sont soit des patients dont ltat
est trop grave car ils sont moribonds
et au-del de toute ressource thrapeutique quels que soient la situation et le
niveau de soins disponibles, soit des
patients dont ltat est trop grave car
ils ont des lsions au pronostic incertain et ncessitent un investissement
trop important au regard des moyens
disponibles et du nombre de patients
traiter, investissement qui se ferait au
dtriment des patients de la catgorie
T1. Dans tous les cas, ils doivent tre
isols, bnficier dun traitement antalgique et de soins de confort.
Certains blesss stables dont la nature exacte des lsions est incertaine
(polycriblage du tronc en particulier)
>>> Y pour Yeux et ORL: value ces organes fonctionnels. Ils sont nettoys, des pansements oculaires peuvent
tre poss et des protections auriculaires mises en place
(en cas de traumatisme sonore).
A pour Analgsie: le SC2 dispose pour lutter contre
la douleur de paractamol et de syrettes de morphine
(10mg sous-cutan). Il est autoris administrer une
troisime dose 30minutes plus tard si le patient est toujours douloureux et conscient. Limmobilisation participe lanalgsie, par des dispositifs sommaires type
collier cervical ou attelles Sam Splint.
N pour Nettoyer: devant toute plaie ou fracture ouverte, le SC2 administre 2g/200mg damoxicilline-acide
clavulanique par voie intraveineuse directe. En cas dallergie connue aux pnicillines, la clindamycine (600mg
en intraveineuse lente) ou la gentamicine sont utilises
par lquipe mdicale. Les pansements sont rvalus et
radapts.
Le service de sant des armes a adopt une organisation pragmatique de la trousse mdicale base sur
lacronyme MARCH qui permet une plus grande fluidit dans la prise en charge car tous les sacs sont quips
avec les matriels spcifiques et organiss de la mme
manire, augmentant par l mme lefficacit et la rapidit de mise en uvre des techniques de sauvetage au
combat.
Au-del de la prise en charge lextrme avant, le SC2
est galement un renfort prcieux lors de situations dexception. Il permet au mdecin et/ou linfirmier de dlguer certains gestes techniques ou dassurer une sur-
RFRENCES
1. Quinot J. Triage militaire. In: Urgences
et Ranimation en milieu militaire.
Sassy JM (ed). Rueil-Malmaison: Arnette, 2000.
2. Schreiber MA, Perkins J, Kiraly L, Underwood S,
Wade C, Holcomb JB. Early predictors
of massive transfusion in combat casualties.
J Am Coll Surg 2007;205:541-5.
3. Boulanger BR, McLellan BA, Brenneman FD,
Ochoa J, Kirkpatrick AW. Prospective evidence
of the superiority of a sonography-based
algorithm in the assessment of blunt abdominal
injury. J Trauma 1999;47:632-7.
4. Nau A, de Waroquier A, Mardelle V,
Puidupin A, Peytel E. Triage en Oprations
Extrieures: concept, faits, contraintes
et perspectives. Ranoxyo 2007;20:21-4.
5. Merat S, Daban JL, Grasser L, Peraldi C, de Saint
Maurice G, Pons F. Le Service de Sant face
aux afflux saturants. Reanoxyo 2010;26:5-9.
6. Organisation du trait de lAtlantique Nord. Allied
Joint Doctrine for Medical Evacuation. NATO report,
2008. AJMedP-22008 http://bit.ly/2cqXiTZ
Un savoir-faire technique
Le sauvetage au combat de niveau 3 permet une optimisation de la ranimation du bless de guerre grce plusieurs comptences, que sont tout dabord la ralisation
de gestes techniques invasifs: intubation oro-tra- >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
785
MDECINE DE GUERRE
chale (bless crnio-crbral ou en insuffisance respiratoire aigu), drainage thoracique (hmopneumothorax massif) ou perfusion intra-osseuse (perceuse
lectrique EZ-IO). Il est ensuite le premier acteur mdical dune stratgie de damage control resuscitation,8 afin
de lutter contre le choc hmorragique9, 10 et la triade
ltale qui lui est associe: acidose, hypothermie et
trouble de la coagulation. Cette stratgie passe par un
remplissage vasculaire petit volume, la mise prcoce
sous amines (adrnaline titre), ladministration dans
la premire heure de la blessure de 1 g dacide tranexamique et une lutte active contre lhypothermie. Il peut
aussi dbuter une stratgie transfusionnelle au poste
mdical grce au plasma lyophilis11 du service de sant
des armes, voire, dans certaines situations particulirement isoles, une collecte et la transfusion de sang
total.
La gestion de lantalgie, quelle soit gnrale (titration de produits anesthsiques) ou loco-rgionale (bloc
fmoral pour les atteintes des membres infrieurs), est
fondamentale pour un bless mobile. Le contexte particulier du bless de guerre a conduit la mise en avant
de mdicaments peu utiliss en milieu civil. Ainsi, la
ktamine est le produit de prdilection du mdecin militaire: faible impact hmodynamique et respiratoire,
dlai daction trs rapide (2minutes), analgsie de surface efficace sur le brl ou encore potentialisation des
effets morphiniques, permettant une consommation
modre dopiacs, intressante lorsque les capacits
demport de matriel sont limites (combat dbarqu,
infiltration pied).
Enfin, le SC3 poursuit la mise en condition avant
vacuation en optimisant la gestion des immobilisations, lantibiothrapie en cas de fracture ouverte, le
nettoyage des plaies ou encore en dlivrant des
consignes de surveillance pour les SC2. Cette mise en
condition est complte par la rdaction de la fiche mdicale de lavant (fig.4), premier document mdico-administratif qui suit le bless de guerre, traant lensemble des gestes raliss par les acteurs du sauvetage
au combat.
Un savoir-tre mdico-militaire
Au-del de la simple gestion technique du bless de
guerre, le SC3 permet au mdecin et linfirmier militaires une prise en charge plus globale de ce bless dans
un environnement de combat. Via une gestion de lenvironnement, en dlguant certains gestes au SC2, le
SC3 vite leffet tunnel du bless, lui permettant de
regarder au-del de la mle. Il peut ainsi grer le positionnement des quipes par rapport au danger, coordonner son intervention avec le chef militaire ou alerter
prcocement la chane mdicale (choix du moyen dvacuation, mise en uvre en aval dune stratgie de transfusion de sang total, daccueil de nombreux blesss ou
ncessit dune chirurgie spcialise). Ce recul lui permet galement de graduer son niveau de soin en fonction
786
MDECINE DE GUERRE
ladage que tout ce qui nest pas fait au sol ne le sera pas
en vol) ou en fonction du contexte tactique.
En cas dafflux de blesss, il doit savoir se retirer du
soin en dlguant de nombreux gestes, afin de prendre
du recul sur la situation et tre mme de trier les patients (v.encadrp. 783), en priorisant les vacuations en
relation avec le ranimateur et le mdecin responsable
des vacuations mdicales du thtre (v.encadr p. 796).
Ce sauvetage au combat permet, au travers de son
acronyme et de son apprentissage standardis, une chronologie raisonne des gestes, un langage commun pour
le travail en quipe, une fluidit lors des transmissions
de consignes (parfois courtes, sous les pales dun hlicoptre, de nuit) et reprsente pour tous une branche
laquelle se raccrocher quand la situation tactique
RFRENCES
1. Schaal JV. La prise en
charge du bless de guerre
travers les sicles. In:
Le bless de guerre. Paris:
Arnette 2014:XXIX-LVIII.
2. Eastridge BJ, Mabry RL,
Seguin P, et al. Death on
the battlefield (2001-2011):
implications for the future
of combat casualty care.
J Trauma Acute Care Surg
2012;73(6Suppl5):S431-7.
3. Kotwal RS, Montgomery HR,
Kotwal BM, et al. Eliminating
preventable death on
the battlefield. Arch
Surg 2011;146:1350-8.
4. Enseignement du sauvetage
au combat. Rfrentiel
de formation valid sous
le numro denregistrement:
0309/EVDG/DPMO du 30
mars 2012.
5. Vardon F, Harrois A,
Duranteau J, Geeraerts T.
The initial management
in intensive care of pelvic
ring injury patients.
Ann Fra Anesth Reanim
2013;33:344-52.
6. Hoffmann C, Poyat C,
Alhanati L, et al.
pidmiologie des blesss
de guerre franais en
Afghanistan: de la blessure
la rinsertion. Confrence:
Urgences 2015 - Congrs
de la Socit franaise
de mdecine durgence, at
Paris; volume: chapitre 83.
7. Pohl JB, Novel S, Cavallini
SUMMARY WOUNDED
SOLDIER PRE HOSPITAL
COVERING:
THE FORWARD MEDICALISATION
Forward medicalisation is, for French
medical service, the first link of wounded
soldier all round chain, whose goal is the
more precocity arrival in a military hospital on national field after has been done
the necessary measures for the survival
and prevention of sequelae during all this
chain. This forward medicalisation is based
hmorragique. Socit
franaise danesthsie
et de ranimation.
www.sfar.org ou
http://bit.ly/2c2Hy9P
11. Daban JL, Clapson P,
Ausset S, Deshayes AV,
Sailliol A. Freeze dried
plasma: a French army
speciality. Critical Care
2010;14:412.
12. Planchet M, Delbart C,
Thomas A, Chenais L,
Cazes N, Puidupin A.
Prise en charge dun
afflux saturant de blesss
de guerre franais en
Afghanistan. Med Armes
2013;41:175-82.
13. Prcloux P, Brend M,
Petitjeans F, et al. volution
de la stratgie de prise
en charge des blesss
de guerre au Role 1.
Concepts pdagogiques
et intrts dun registre
des soins durgence
au combat. Med Armes
2011;39:387-93.
787
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
SAMUEL MADEC*,
JRME BANCAREL**,
LAURENT
RAYNAUD***
* Centre mdical des
armes de
Villacoublay,
Villacoublay, France
** Cellule M3-Conduite
des oprations de
ltat-major
oprationnel sant,
Paris, France
*** Service
danesthsie, hpital
dinstruction des
armes Bgin,
Saint-Mand, France
samuel.madec
@gmail.com
S. Madec dclare
avoir t pris
en charge lors de
congrs par Servier.
J. Bancarel
et L. Raynaud
dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
788
MDECINE DE GUERRE
Elles sont techniques: lembarquement et le dbarquement sont des
phases particulirement critiques chez
des patients graves, porteurs de multiples quipements mdicaux et
la stabilit prcaire.
Elles sont physiques: lhypobarie
lie laltitude est une contrainte incontournable. La pression diminuant,
le volume des gaz augmente selon la
loi de Boyle-Mariotte, notamment dans
les cavits ariques du corps humain
physiologiques ou traumatiques. Malgr la pressurisation des aronefs, les
patients sont soumis au dysbarisme et
ce facteur est considrer ds lors
quil y a des barotraumatismes (oreilles
et sinus), des pneumencphalies, des
pneumothorax. Lhypoxie est galement une consquence de laltitude,
par la baisse de la pression partielle en
oxygne conformment la loi de Dalton. Lun des moyens de limiter les
consquences du dysbarisme et de
lhypoxie, facteurs de complication ou
de dcompensation, est dassurer une
altitude cabine la plus proche possible du niveau de la mer, en jouant sur
laltitude de vol et/ou laugmentation
de la pressurisation de la cabine en
fonction des capacits de laronef. La
compensation par administration
doxygne est par ailleurs toujours ncessaire chez ces patients traumatiss. Les vibrations, trs prsentes en
hlicoptre et dans les soutes davions
tactiques, gnrent des phnomnes
douloureux sur les foyers de fracture,
par exemple, ou encore des difficults
de fonctionnement sur les matriels
lectriques.2 Lambiance thermo-hygromtrique, sche et froide, est un
facteur majeur de complication (hypothermie et surtout bouchons muqueux
des voies respiratoires) en particulier
chez le polytraumatis poumon ls.3
Enfin, les contraintes sont ergonomiques. Outre lexigut des zones de
travail, linstallation de plusieurs patients rpond un plan de chargement
prcis permettant un zonage facilitant
la fois laccs aux patients les plus
graves et leur positionnement dans
laronef facilitant leurs embarquement et dbarquement. Linstallation
dun patient doit tre envisage en
fonction de lexistence dune hyperten-
789
MDECINE DE GUERRE
Figure 3.
A. BOEING
C-135 FR
B. module de
soins intensifs
MORPHEE.
A
patient movement request pour les
medevac stratgiques.5-7 Les patients
sont alors classs selon leur degr de
gravit dterminant les dlais de rapatriement et donc la priorit, et leur niveau de dpendance dterminant la
composition de lquipe de convoyage
selon la classification de lOrganisation du trait de lAtlantique Nord
(OTAN).8
RFRENCES
1. Dufour KM. Air medical evacuation
in the military: how we deal
with the stresses of flight. Air Med
J 2003;22:245.
2. Franchin M, Bisconte S,
Frattini B, Kerrien C, Morgand E,
Coste S. Pathologies mdicales
et vacuation sanitaire par voie
arienne. Mdecine aronautique
790
et spatiale 2011;52:164-70.
3. Franck L, Forsan E, Daban J, et al.
Transport arien dun bless grave.
Mdecine aronautique et spatiale
2011;52:1506.
4. Singh JM, MacDonald RD, Bronskill
SE, Schull MJ. Incidence and
predictors of critical events during
urgent air-medical transport.
Can Med Assoc J 2009;181:57984.
qui peuvent tre extrmement dltres. Elle implique de nombreux personnels mdicaux et paramdicaux sur
le terrain et en mtropole, ainsi que divers vecteurs avec leurs quipages de
conduite et de maintenance. Il sagit
donc dun enjeu majeur pour les armes
par limplication de leurs moyens et le
fort impact sur le moral des troupes en
opration. V
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
JULIEN BORDES*, **
YVAIN
GOUDARD**, ***
CHRISTOPHE
BUTIN**, #,
RIC MEAUDRE*
* Dpartement
danesthsieranimation,
hpital dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France
** 7e antenne
chirurgicale
parachutiste.
*** Service de
chirurgie viscrale,
hpital dinstruction
des armes Laveran,
Marseille, France.
#
Service de chirurgie
orthopdique,
hpital dinstruction
des armes
Sainte-Anne,
Toulon, France.
bordes.julien@neuf.fr
Les auteurs dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
Patient dont le pronostic vital est menac et dont lvacuation doit se faire le plus tt possible
Cela correspond la catgorie T1 (et T4, mais cette catgorisation ne doit pas tre utilise au niveau de la relve,
tout patient grave ce niveau doit tre T1)
Priorit
Patient dont le pronostic vital nest pas engag et dont lvacuation doit se faire ds que possible
Cela correspond aux catgories T2 et T3
Routine
Patients qui auront besoin de soins mdicaux, mais dans des dlais plus longs
Lvacuation est possible dans les 72 heures
783
MDECINE DE GUERRE
EXEMPLES DATTEINTE ET CLASSEMENT PAR RGION POUR LE TRIAGE CHIRURGICAL
T1
Mise en jeu du pronostic vital si un traitement
chirurgical ou de ranimation nest pas entrepris le
plus vite possible
T2
Traitement chirurgical urgent mais qui peut tre
diffr sans mettre en jeu le pronostic vital
T3
Patients ncessitant un geste chirurgical sans
urgence ou ne ncessitant pas de geste chirurgical
Fractures fermes
Brlures minimes
Plaies minimes des parties molles
T4
Patients trop gravement blesss
Chance trs limite de survie
Tableau 2.
784
MDECINE DE GUERRE
peuvent tre oprs ultrieurement.
Les blesss de la catgorie T3
doivent tre pris en charge hors de la
structure chirurgicale.
Les blesss de la catgorie T4 correspondent deux types de patients.
Ce sont soit des patients dont ltat
est trop grave car ils sont moribonds
et au-del de toute ressource thrapeutique quels que soient la situation et le
niveau de soins disponibles, soit des
patients dont ltat est trop grave car
ils ont des lsions au pronostic incertain et ncessitent un investissement
trop important au regard des moyens
disponibles et du nombre de patients
traiter, investissement qui se ferait au
dtriment des patients de la catgorie
T1. Dans tous les cas, ils doivent tre
isols, bnficier dun traitement antalgique et de soins de confort.
Certains blesss stables dont la nature exacte des lsions est incertaine
(polycriblage du tronc en particulier)
>>> Y pour Yeux et ORL: value ces organes fonctionnels. Ils sont nettoys, des pansements oculaires peuvent
tre poss et des protections auriculaires mises en place
(en cas de traumatisme sonore).
A pour Analgsie: le SC2 dispose pour lutter contre
la douleur de paractamol et de syrettes de morphine
(10mg sous-cutan). Il est autoris administrer une
troisime dose 30minutes plus tard si le patient est toujours douloureux et conscient. Limmobilisation participe lanalgsie, par des dispositifs sommaires type
collier cervical ou attelles Sam Splint.
N pour Nettoyer: devant toute plaie ou fracture ouverte, le SC2 administre 2g/200mg damoxicilline-acide
clavulanique par voie intraveineuse directe. En cas dallergie connue aux pnicillines, la clindamycine (600mg
en intraveineuse lente) ou la gentamicine sont utilises
par lquipe mdicale. Les pansements sont rvalus et
radapts.
Le service de sant des armes a adopt une organisation pragmatique de la trousse mdicale base sur
lacronyme MARCH qui permet une plus grande fluidit dans la prise en charge car tous les sacs sont quips
avec les matriels spcifiques et organiss de la mme
manire, augmentant par l mme lefficacit et la rapidit de mise en uvre des techniques de sauvetage au
combat.
Au-del de la prise en charge lextrme avant, le SC2
est galement un renfort prcieux lors de situations dexception. Il permet au mdecin et/ou linfirmier de dlguer certains gestes techniques ou dassurer une sur-
RFRENCES
1. Quinot J. Triage militaire. In: Urgences
et Ranimation en milieu militaire.
Sassy JM (ed). Rueil-Malmaison: Arnette, 2000.
2. Schreiber MA, Perkins J, Kiraly L, Underwood S,
Wade C, Holcomb JB. Early predictors
of massive transfusion in combat casualties.
J Am Coll Surg 2007;205:541-5.
3. Boulanger BR, McLellan BA, Brenneman FD,
Ochoa J, Kirkpatrick AW. Prospective evidence
of the superiority of a sonography-based
algorithm in the assessment of blunt abdominal
injury. J Trauma 1999;47:632-7.
4. Nau A, de Waroquier A, Mardelle V,
Puidupin A, Peytel E. Triage en Oprations
Extrieures: concept, faits, contraintes
et perspectives. Ranoxyo 2007;20:21-4.
5. Merat S, Daban JL, Grasser L, Peraldi C, de Saint
Maurice G, Pons F. Le Service de Sant face
aux afflux saturants. Reanoxyo 2010;26:5-9.
6. Organisation du trait de lAtlantique Nord. Allied
Joint Doctrine for Medical Evacuation. NATO report,
2008. AJMedP-22008 http://bit.ly/2cqXiTZ
Un savoir-faire technique
Le sauvetage au combat de niveau 3 permet une optimisation de la ranimation du bless de guerre grce plusieurs comptences, que sont tout dabord la ralisation
de gestes techniques invasifs: intubation oro-tra- >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
785
MDECINE DE GUERRE
chale (bless crnio-crbral ou en insuffisance respiratoire aigu), drainage thoracique (hmopneumothorax massif) ou perfusion intra-osseuse (perceuse
lectrique EZ-IO). Il est ensuite le premier acteur mdical dune stratgie de damage control resuscitation,8 afin
de lutter contre le choc hmorragique9, 10 et la triade
ltale qui lui est associe: acidose, hypothermie et
trouble de la coagulation. Cette stratgie passe par un
remplissage vasculaire petit volume, la mise prcoce
sous amines (adrnaline titre), ladministration dans
la premire heure de la blessure de 1 g dacide tranexamique et une lutte active contre lhypothermie. Il peut
aussi dbuter une stratgie transfusionnelle au poste
mdical grce au plasma lyophilis11 du service de sant
des armes, voire, dans certaines situations particulirement isoles, une collecte et la transfusion de sang
total.
La gestion de lantalgie, quelle soit gnrale (titration de produits anesthsiques) ou loco-rgionale (bloc
fmoral pour les atteintes des membres infrieurs), est
fondamentale pour un bless mobile. Le contexte particulier du bless de guerre a conduit la mise en avant
de mdicaments peu utiliss en milieu civil. Ainsi, la
ktamine est le produit de prdilection du mdecin militaire: faible impact hmodynamique et respiratoire,
dlai daction trs rapide (2minutes), analgsie de surface efficace sur le brl ou encore potentialisation des
effets morphiniques, permettant une consommation
modre dopiacs, intressante lorsque les capacits
demport de matriel sont limites (combat dbarqu,
infiltration pied).
Enfin, le SC3 poursuit la mise en condition avant
vacuation en optimisant la gestion des immobilisations, lantibiothrapie en cas de fracture ouverte, le
nettoyage des plaies ou encore en dlivrant des
consignes de surveillance pour les SC2. Cette mise en
condition est complte par la rdaction de la fiche mdicale de lavant (fig.4), premier document mdico-administratif qui suit le bless de guerre, traant lensemble des gestes raliss par les acteurs du sauvetage
au combat.
Un savoir-tre mdico-militaire
Au-del de la simple gestion technique du bless de
guerre, le SC3 permet au mdecin et linfirmier militaires une prise en charge plus globale de ce bless dans
un environnement de combat. Via une gestion de lenvironnement, en dlguant certains gestes au SC2, le
SC3 vite leffet tunnel du bless, lui permettant de
regarder au-del de la mle. Il peut ainsi grer le positionnement des quipes par rapport au danger, coordonner son intervention avec le chef militaire ou alerter
prcocement la chane mdicale (choix du moyen dvacuation, mise en uvre en aval dune stratgie de transfusion de sang total, daccueil de nombreux blesss ou
ncessit dune chirurgie spcialise). Ce recul lui permet galement de graduer son niveau de soin en fonction
786
MDECINE DE GUERRE
ladage que tout ce qui nest pas fait au sol ne le sera pas
en vol) ou en fonction du contexte tactique.
En cas dafflux de blesss, il doit savoir se retirer du
soin en dlguant de nombreux gestes, afin de prendre
du recul sur la situation et tre mme de trier les patients (v.encadrp. 783), en priorisant les vacuations en
relation avec le ranimateur et le mdecin responsable
des vacuations mdicales du thtre (v.encadr p. 796).
Ce sauvetage au combat permet, au travers de son
acronyme et de son apprentissage standardis, une chronologie raisonne des gestes, un langage commun pour
le travail en quipe, une fluidit lors des transmissions
de consignes (parfois courtes, sous les pales dun hlicoptre, de nuit) et reprsente pour tous une branche
laquelle se raccrocher quand la situation tactique
RFRENCES
1. Schaal JV. La prise en
charge du bless de guerre
travers les sicles. In:
Le bless de guerre. Paris:
Arnette 2014:XXIX-LVIII.
2. Eastridge BJ, Mabry RL,
Seguin P, et al. Death on
the battlefield (2001-2011):
implications for the future
of combat casualty care.
J Trauma Acute Care Surg
2012;73(6Suppl5):S431-7.
3. Kotwal RS, Montgomery HR,
Kotwal BM, et al. Eliminating
preventable death on
the battlefield. Arch
Surg 2011;146:1350-8.
4. Enseignement du sauvetage
au combat. Rfrentiel
de formation valid sous
le numro denregistrement:
0309/EVDG/DPMO du 30
mars 2012.
5. Vardon F, Harrois A,
Duranteau J, Geeraerts T.
The initial management
in intensive care of pelvic
ring injury patients.
Ann Fra Anesth Reanim
2013;33:344-52.
6. Hoffmann C, Poyat C,
Alhanati L, et al.
pidmiologie des blesss
de guerre franais en
Afghanistan: de la blessure
la rinsertion. Confrence:
Urgences 2015 - Congrs
de la Socit franaise
de mdecine durgence, at
Paris; volume: chapitre 83.
7. Pohl JB, Novel S, Cavallini
SUMMARY WOUNDED
SOLDIER PRE HOSPITAL
COVERING:
THE FORWARD MEDICALISATION
Forward medicalisation is, for French
medical service, the first link of wounded
soldier all round chain, whose goal is the
more precocity arrival in a military hospital on national field after has been done
the necessary measures for the survival
and prevention of sequelae during all this
chain. This forward medicalisation is based
hmorragique. Socit
franaise danesthsie
et de ranimation.
www.sfar.org ou
http://bit.ly/2c2Hy9P
11. Daban JL, Clapson P,
Ausset S, Deshayes AV,
Sailliol A. Freeze dried
plasma: a French army
speciality. Critical Care
2010;14:412.
12. Planchet M, Delbart C,
Thomas A, Chenais L,
Cazes N, Puidupin A.
Prise en charge dun
afflux saturant de blesss
de guerre franais en
Afghanistan. Med Armes
2013;41:175-82.
13. Prcloux P, Brend M,
Petitjeans F, et al. volution
de la stratgie de prise
en charge des blesss
de guerre au Role 1.
Concepts pdagogiques
et intrts dun registre
des soins durgence
au combat. Med Armes
2011;39:387-93.
787
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
SAMUEL MADEC*,
JRME BANCAREL**,
LAURENT
RAYNAUD***
* Centre mdical des
armes de
Villacoublay,
Villacoublay, France
** Cellule M3-Conduite
des oprations de
ltat-major
oprationnel sant,
Paris, France
*** Service
danesthsie, hpital
dinstruction des
armes Bgin,
Saint-Mand, France
samuel.madec
@gmail.com
S. Madec dclare
avoir t pris
en charge lors de
congrs par Servier.
J. Bancarel
et L. Raynaud
dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
788
MDECINE DE GUERRE
Elles sont techniques: lembarquement et le dbarquement sont des
phases particulirement critiques chez
des patients graves, porteurs de multiples quipements mdicaux et
la stabilit prcaire.
Elles sont physiques: lhypobarie
lie laltitude est une contrainte incontournable. La pression diminuant,
le volume des gaz augmente selon la
loi de Boyle-Mariotte, notamment dans
les cavits ariques du corps humain
physiologiques ou traumatiques. Malgr la pressurisation des aronefs, les
patients sont soumis au dysbarisme et
ce facteur est considrer ds lors
quil y a des barotraumatismes (oreilles
et sinus), des pneumencphalies, des
pneumothorax. Lhypoxie est galement une consquence de laltitude,
par la baisse de la pression partielle en
oxygne conformment la loi de Dalton. Lun des moyens de limiter les
consquences du dysbarisme et de
lhypoxie, facteurs de complication ou
de dcompensation, est dassurer une
altitude cabine la plus proche possible du niveau de la mer, en jouant sur
laltitude de vol et/ou laugmentation
de la pressurisation de la cabine en
fonction des capacits de laronef. La
compensation par administration
doxygne est par ailleurs toujours ncessaire chez ces patients traumatiss. Les vibrations, trs prsentes en
hlicoptre et dans les soutes davions
tactiques, gnrent des phnomnes
douloureux sur les foyers de fracture,
par exemple, ou encore des difficults
de fonctionnement sur les matriels
lectriques.2 Lambiance thermo-hygromtrique, sche et froide, est un
facteur majeur de complication (hypothermie et surtout bouchons muqueux
des voies respiratoires) en particulier
chez le polytraumatis poumon ls.3
Enfin, les contraintes sont ergonomiques. Outre lexigut des zones de
travail, linstallation de plusieurs patients rpond un plan de chargement
prcis permettant un zonage facilitant
la fois laccs aux patients les plus
graves et leur positionnement dans
laronef facilitant leurs embarquement et dbarquement. Linstallation
dun patient doit tre envisage en
fonction de lexistence dune hyperten-
789
MDECINE DE GUERRE
Figure 3.
A. BOEING
C-135 FR
B. module de
soins intensifs
MORPHEE.
A
patient movement request pour les
medevac stratgiques.5-7 Les patients
sont alors classs selon leur degr de
gravit dterminant les dlais de rapatriement et donc la priorit, et leur niveau de dpendance dterminant la
composition de lquipe de convoyage
selon la classification de lOrganisation du trait de lAtlantique Nord
(OTAN).8
RFRENCES
1. Dufour KM. Air medical evacuation
in the military: how we deal
with the stresses of flight. Air Med
J 2003;22:245.
2. Franchin M, Bisconte S,
Frattini B, Kerrien C, Morgand E,
Coste S. Pathologies mdicales
et vacuation sanitaire par voie
arienne. Mdecine aronautique
790
et spatiale 2011;52:164-70.
3. Franck L, Forsan E, Daban J, et al.
Transport arien dun bless grave.
Mdecine aronautique et spatiale
2011;52:1506.
4. Singh JM, MacDonald RD, Bronskill
SE, Schull MJ. Incidence and
predictors of critical events during
urgent air-medical transport.
Can Med Assoc J 2009;181:57984.
qui peuvent tre extrmement dltres. Elle implique de nombreux personnels mdicaux et paramdicaux sur
le terrain et en mtropole, ainsi que divers vecteurs avec leurs quipages de
conduite et de maintenance. Il sagit
donc dun enjeu majeur pour les armes
par limplication de leurs moyens et le
fort impact sur le moral des troupes en
opration. V
MDECINE DE GUERRE
Prise en charge hospitalire des blesss de guerre:
la chirurgie de lavant
FRDRIC
RONGIERAS*, **
ANTOINE BERTANI**
YOANN BAUDOIN#
LAURENT MATHIEU##
* Service de chirurgie
orthopdique,
HIA Desgenettes;
service de chirurgie
orthopdique,
membre infrieur,
hpital douardHerriot, Lyon, France
frederic.rongieras
@chu-lyon.fr
** 5e antenne
chirurgicale
arotransporte,
service de chirurgie
orthopdique, HIA
Desgenettes, Lyon,
France
# e
14 antenne
chirurgicale
parachutiste, service
de chirurgie viscrale;
##
Service de chirurgie
orthopdique et
traumatologique, HIA
Percy, Clamart, France
791
MDECINE DE GUERRE
F. Rongieras
dclare avoir
t pris en
charge lors
de congrs
par Biomet et Tornier.
A. Bertani dclare
avoir t pris
en charge lors
de congrs par
FH Fournitures
Hospitalires.
Y. Baudoin et
L. Mathieu dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
792
vacuation dun panchement pricardique et thoracique diagnostiqu lors de lchographie FAST (focused
assessment with sonography in trauma).
La prise en charge chirurgicale est indique dans les
situations suivantes:
la thoracotomie de ressuscitation (massage cardiaque
direct thorax ouvert?) est exceptionnelle (<1%) et ne
doit tre envisage quin extremis chez un patient vivant
lors de la prise en charge;
la thoracotomie dhmostase est indique dans 10%
des cas chez les patients ayant un hmothorax massif
lors du drainage (>1,5L) ou sil persiste un saignement
actif de plus de 200mL/h aprs vacuation initiale de
lhmothorax;
la thoracotomie darostase est ralise sil existe des
lsions bronchiques proximales qui peuvent tre responsables de pneumothorax compressifs itratifs ou de fuite
ariques persistantes malgr le drainage;
lexistence dune plaie de laire cardiaque associe un
tableau de tamponnade ou dpanchement lchographie en fentre pricardique ncessite une thoracotomie
exploratrice avec ouverture du sac pricardique et au
besoin suture cardiaque.
Ainsi, si 80% des lsions thoraciques sont stabilises
par le seul drainage thoracique, et si les indications de
thoracotomie sont bien codifies ainsi que la technique
(thoracotomie antrolatrale 4e espace ou bithoracotomie au 4eespace), il faut toujours envisager la possibilit
dune lsion abdominale associe.
MDECINE DE GUERRE
Irak-Afghanistan). Si les traumatismes crniens ferms
nont pas une prise en charge diffrente de la pratique
civile, les plaies cranio-crbrales bnficient actuellement de la ranimation et des moyens dimagerie moderne incluant la tomodensitomtrie afin doptimiser la
prise en charge de ces blesss graves. Le cerveau est souvent le sige dun dme important li au blast au cours
du traumatisme (explosion) ou secondaire aux lsions
anatomiques cres par le projectile. Il sensuit une hypertension intracrnienne qui majore les phnomnes
ischmiques.
Les mesures de ranimation essayent de restaurer
une pression de perfusion correcte de lencphale. La
chirurgie sattache effectuer le parage des parties
molles, des fragments osseux de la vote crnienne,
vacuer les hmatomes dans les lsions focales et raliser une crniectomie dcompressive si ncessaire. Les
lsions diffuses, intressant les deux hmisphres ou
chez des patients demble en coma profond, sont traites
par des mesures palliatives daccompagnement.
Les lsions rachidiennes sont frquentes chez les
patients morts au combat. Les lsions du rachis sont prsentes dans 5 % des cas. Le bilan est ralis par des clichs
simples et parfois par une tomodensitomtrie. Lexamen
clinique recherche les dficits mdullaires complets ou
partiels. Les lsions instables font lobjet dune stabilisation chirurgicale. Les dficits incomplets ou volutifs
ncessitent une dcompression en urgence (laminectomie). Les brches mninges sont fermes autant que
possible dans les traumatismes ouverts.
Figure 3. Aspect de la jambe aprs parage, lavage, exofixation mise en place pour
vacuation secondaire.
lution vers un sepsis. Il se dcompose en deux phases:
un dbridement de la plaie (agrandissement) pour raliser lexploration et une excision des tissus dvitaliss
(parage proprement dit) pour limiter la contamination.
Les fragments de projectiles sont enlevs chemin faisant
sans augmenter le dlabrement tissulaire par une dissection abusive. Seuls les projectiles intra-articulaires
ou en contact intime avec des vaisseaux ou des nerfs
ncessitent absolument une exrse.
l Le lavage par une irrigation abondante (de 3
9litres) de la plaie par du srum physiologique rchauff basse pression est prconis.
l La non-fermeture initiale de la plaie est une rgle
intangible. Ces plaies doivent tre initialement laisses
ouvertes et largement draines afin de limiter le risque
de complication infectieuse. La fermeture est toujours
ralise secondairement, gnralement autour du >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
793
MDECINE DE GUERRE
* Fracture ouverte
Gustilo 3 :
dlabrement
cutanomusculaire,
lsion vasculonerveuse
possible,
contamination
bactrienne majeure.
Type 2
Type 3
Type 4
Type 5
794
Lamputation primaire
On distingue lamputation primaire de lamputation secondaire ralise distance du traumatisme, le plus
souvent devant un chec thrapeutique. Lamputation
primaire peut alors simposer dans quatre situations:10
lorsque la conservation du membre est impossible (dlabrement majeur, lsions vasculo-nerveuses, perte de
substance osseuse);
lorsque le sauvetage de la vie exige le sacrifice du
membre;
en cas dafflux massif avec ncessit de traiter rapidement de nombreux blesss;
lorsque la conservation du membre est possible mais
au prix dune reconstruction complexe, et dun rsultat
MDECINE DE GUERRE
fonctionnel attendu mauvais ou mdiocre. Il sagit alors
dune amputation de raison.
Dans le cadre du damage control orthopaedic de
guerre, lamputation primaire doit tre la plus conomique possible, cest--dire la plus distale possible, et le
moignon doit tre laiss ouvert. Cette amputation est
reprise secondairement et ferme selon les rgles
habituelles.
RFRENCES
1. Ivey KM, White CE, Wallum TE, et al.
Thoracic injuries in US combat
casualties: a 10-year review
of Operation Enduring Freedom
and Iraqi Freedom. J Trauma
Acute Care Surg 2012;73(6 Suppl
5):S514-9.
2. Belmont PJ Jr, McCriskin BJ,
Sieg RN, Burks R, Schoenfeld AJ.
Combat wounds in Iraq and
Afghanistan from 2005 to 2009.
J Trauma Acute Care Surg
2012;73:3-12.
3. Rossaint R, Bouillon B, Cerny V,
et al. The European guideline
on management of major bleeding
and coagulopathy following trauma:
fourth edition. Crit Care 2016;20:100.
4. Bograd B, Rodriguez C, Amdur R,
Gage F, Elster E, Dunne J.
Use of damage control and
the open abdomen in combat.
Am Surg 2013;79:747-53.
5. Serkin FB, Soderdahl DW,
Hernandez J, Patterson M,
Blackbourne L, Wade CE.
Combat urologic trauma
in US military overseas contingency
operations. J Trauma 2010;69
Suppl 1:S175-8.
6. Brown KV, Guthrie HC, Ramasamy A,
Kendrew JM, Clasper J. Modern
military surgery: lessons from Iraq
and Afghanistan. J Bone Joint
Surg Br 2012;94:536-43.
7. Mathieu L, Ouattara N, Poichotte A,
et al. Temporary and definitive
external fixation of war injuries:
use of a French dedicated fixator.
Int Orthop 2014;38:1569-76.
8. Mathieu L, Saint-Macary E,
Frank M, et al. Multiple blast
extremity injuries: is definitive
795
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
CLMENT DUBOST,
KEVIN KEARNS,
EMMANUEL BORDIER,
MEHDI OULD-AHMED
Ple anesthsie,
ranimation, urgences
et bloc opratoire,
hpital dinstruction
des armes Bgin,
Saint-Mand, France
mehdi.ould-ahmed
@intradef.gouv.fr
C. Dubost dclare
avoir t pris en
charge par Baxter
SAS loccasion
dune formation
lhmofiltration.
K. Kearns, E. Bordier,
M. Ould-Ahmed
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
Spcificits de la pratique
de lanesthsie-ranimation
en oprations extrieures
796
MDECINE DE GUERRE
aux populations civiles largit le spectre
nosologique.
Les conflits actuels, qualifis dasymtriques, nadmettent pas une ligne
de front derrire laquelle une certaine
scurit rgnerait. La menace est
omniprsente, pouvant atteindre les
structures sanitaires elles-mmes ou
engendrer un afflux massif, parfois saturant, de blesss.
Ces blesss de guerre sont classiquement dcrits comme des hommes
jeunes, sans antcdents mdicaux,
aux lsions ouvertes, multiples, soccultant et samplifiant rciproquement.
Elles sont le fait darmes de guerre.
Les armes lgres dinfanterie propulsent des balles de petit calibre, mais
haute vlocit. Leur balistique intracorporelle nest pas forcment linaire.
La trajectoire peut tre complique par
la fragmentation de la balle, les clats
secondaires notamment osseux. Elle
est associe une cavitation temporaire et permanente, dont le collet est
de profondeur variable (13-29cm).
Ainsi, lorifice de sortie, sil existe, est
dune taille suprieure celle du point
dentre.
Les explosions par bombes, missiles,
obus, roquettes ou mines sont compltes, lors des conflits asymtriques, par
les engins explosifs improviss.1 Elles
exposent au mme risque physiopathologique: leffet de souffle. De faon
didactique, il est dcrit en quatre phnomnes intriqus, aux rpercussions
variables: le blast primaire est li aux
cisaillements des tissus de densits
htrognes lors de leur traverse par
londe de choc; le blast secondaire est
conscutif limpact de fragments de
munition, lorigine dun polycriblage,
de lacrations ou damputations; le
blast tertiaire correspond la projection de la victime; tandis que le blast
quaternaire regroupe les autres lsions,
notamment thermiques ou par compression prolonge (crush syndrom)
Doctrine et solutions
La doctrine mdicale des armes nat
avec Dominique-Jean Larrey (17661842). En 1792, au sein de larme du
Rhin, il cre les ambulances hippomobiles, qui permirent la relve prcoce
des blesss sur le champ de bataille.
797
MDECINE DE GUERRE
Les besoins qualitatifs ncessitent des
rythrocytes, des plaquettes et des facteurs plasmatiques de la coagulation
pour restaurer les pouvoirs oxyphorique
et hmostatique du sang. Indpendamment du Clottafact (fibrinogne)
et du Novoseven (facteurVII activ
recombinant), les produits sanguins
sont collects, prpars, qualifis et
distribus par le Centre de transfusion
sanguine des armes (CTSA). Il est
lhritier des Organismes de ranimation et transfusion, qui ont pourvu, ds
1942, aux besoins des armes, lors de
leurs campagnes, de lAfrique du Nord
lAllemagne. Cest l, que Jean Julliard,
dont le nom a t donn au CTSA, a ralis les travaux fondamentaux ouvrant la
voie lactuel plasma lyophilis (PLYO).
Les plasmas lyophiliss sont prpars
au CTSA, par lyophilisation de plasmas
dleucocyts, traits par amotosalen
(qui inactive virus et bactries), issus de
10donneurs des groupes A, B et AB,
exempts danticorps hmolysants anti-A ou anti-B. Leur conservation est de
deux annes, entre +2C et +25C,
avec une tolrance +50C sur le
terrain. Dusage universel, le lyophilisat est reconstitu en 6minutes pour
un volume final de 210mL. Il renferme
au moins 0,5UI/mL de facteurVII et
RFRENCES
1. Sheridan RL, Shumaker PR,
King DR, Wright CD,
Itani KM, Cancio LC. Case
15-2014: a man in the
military who was injured
by an improvised explosive
device in Afghanistan. N Engl
J Med 2014;370:1931-40.
2. Savage E, Forestier C,
Withers N, Tien H, Pannell D.
Tactical combat casualty
care in the Canadian
Forces: lessons learned
from the Afghan war. Can
798
J Surg 2011;54:S118-23.
3. Eastridge BJ, Mabry RL,
Seguin P, et al. Death
on the battlefield
(2001-2011): implications
for the future of combat
casualty care. J Trauma
Acute Care Surg,
2012;73:431-7.
4 . Dubost C, Goudard Y,
Soucanye de Landevoisin E,
Contargyris C, Evans D,
Pauleau G. Combat
casualties from two current
conflicts with the seventh
and coagulopathy
in the Defense medical
services. Anaesthesia
2013;68(suppl.1):49-60.
7. Morrison JJ, Dubose JJ,
Rasmussen TE, Midwinter
MJ. Military application of
tranexamic acid in trauma
emergency resuscitation
(MATTERs) study. Arch
Surg 2012;147:113-9.
8. Holcomb JB, Tilley BC,
Baraniuk S, et al.; PROPPR
Study Group. Transfusion
of plasma, platelets, and red
MDECINE DE GUERRE
FOCUS
CLMENT DUBOST,
KEVIN KEARNS,
EMMANUEL BORDIER,
MEHDI OULD-AHMED
Ple anesthsie,
ranimation, urgences
et bloc opratoire,
hpital dinstruction
des armes Bgin,
Saint-Mand, France
mehdi.ould-ahmed
@intradef.gouv.fr
C. Dubost dclare
avoir t pris en
charge par Baxter
SAS loccasion
dune formation
lhmofiltration.
K. Kearns, E. Bordier,
M. Ould-Ahmed
dclarent navoir
aucun lien dintrts.
Spcificits de la pratique
de lanesthsie-ranimation
en oprations extrieures
796
MDECINE DE GUERRE
aux populations civiles largit le spectre
nosologique.
Les conflits actuels, qualifis dasymtriques, nadmettent pas une ligne
de front derrire laquelle une certaine
scurit rgnerait. La menace est
omniprsente, pouvant atteindre les
structures sanitaires elles-mmes ou
engendrer un afflux massif, parfois saturant, de blesss.
Ces blesss de guerre sont classiquement dcrits comme des hommes
jeunes, sans antcdents mdicaux,
aux lsions ouvertes, multiples, soccultant et samplifiant rciproquement.
Elles sont le fait darmes de guerre.
Les armes lgres dinfanterie propulsent des balles de petit calibre, mais
haute vlocit. Leur balistique intracorporelle nest pas forcment linaire.
La trajectoire peut tre complique par
la fragmentation de la balle, les clats
secondaires notamment osseux. Elle
est associe une cavitation temporaire et permanente, dont le collet est
de profondeur variable (13-29cm).
Ainsi, lorifice de sortie, sil existe, est
dune taille suprieure celle du point
dentre.
Les explosions par bombes, missiles,
obus, roquettes ou mines sont compltes, lors des conflits asymtriques, par
les engins explosifs improviss.1 Elles
exposent au mme risque physiopathologique: leffet de souffle. De faon
didactique, il est dcrit en quatre phnomnes intriqus, aux rpercussions
variables: le blast primaire est li aux
cisaillements des tissus de densits
htrognes lors de leur traverse par
londe de choc; le blast secondaire est
conscutif limpact de fragments de
munition, lorigine dun polycriblage,
de lacrations ou damputations; le
blast tertiaire correspond la projection de la victime; tandis que le blast
quaternaire regroupe les autres lsions,
notamment thermiques ou par compression prolonge (crush syndrom)
Doctrine et solutions
La doctrine mdicale des armes nat
avec Dominique-Jean Larrey (17661842). En 1792, au sein de larme du
Rhin, il cre les ambulances hippomobiles, qui permirent la relve prcoce
des blesss sur le champ de bataille.
797
MDECINE DE GUERRE
Les besoins qualitatifs ncessitent des
rythrocytes, des plaquettes et des facteurs plasmatiques de la coagulation
pour restaurer les pouvoirs oxyphorique
et hmostatique du sang. Indpendamment du Clottafact (fibrinogne)
et du Novoseven (facteurVII activ
recombinant), les produits sanguins
sont collects, prpars, qualifis et
distribus par le Centre de transfusion
sanguine des armes (CTSA). Il est
lhritier des Organismes de ranimation et transfusion, qui ont pourvu, ds
1942, aux besoins des armes, lors de
leurs campagnes, de lAfrique du Nord
lAllemagne. Cest l, que Jean Julliard,
dont le nom a t donn au CTSA, a ralis les travaux fondamentaux ouvrant la
voie lactuel plasma lyophilis (PLYO).
Les plasmas lyophiliss sont prpars
au CTSA, par lyophilisation de plasmas
dleucocyts, traits par amotosalen
(qui inactive virus et bactries), issus de
10donneurs des groupes A, B et AB,
exempts danticorps hmolysants anti-A ou anti-B. Leur conservation est de
deux annes, entre +2C et +25C,
avec une tolrance +50C sur le
terrain. Dusage universel, le lyophilisat est reconstitu en 6minutes pour
un volume final de 210mL. Il renferme
au moins 0,5UI/mL de facteurVII et
RFRENCES
1. Sheridan RL, Shumaker PR,
King DR, Wright CD,
Itani KM, Cancio LC. Case
15-2014: a man in the
military who was injured
by an improvised explosive
device in Afghanistan. N Engl
J Med 2014;370:1931-40.
2. Savage E, Forestier C,
Withers N, Tien H, Pannell D.
Tactical combat casualty
care in the Canadian
Forces: lessons learned
from the Afghan war. Can
798
J Surg 2011;54:S118-23.
3. Eastridge BJ, Mabry RL,
Seguin P, et al. Death
on the battlefield
(2001-2011): implications
for the future of combat
casualty care. J Trauma
Acute Care Surg,
2012;73:431-7.
4 . Dubost C, Goudard Y,
Soucanye de Landevoisin E,
Contargyris C, Evans D,
Pauleau G. Combat
casualties from two current
conflicts with the seventh
and coagulopathy
in the Defense medical
services. Anaesthesia
2013;68(suppl.1):49-60.
7. Morrison JJ, Dubose JJ,
Rasmussen TE, Midwinter
MJ. Military application of
tranexamic acid in trauma
emergency resuscitation
(MATTERs) study. Arch
Surg 2012;147:113-9.
8. Holcomb JB, Tilley BC,
Baraniuk S, et al.; PROPPR
Study Group. Transfusion
of plasma, platelets, and red
MDECINE DE GUERRE
Rducation et radaptation aprs une blessure de guerre
epuis le dbut du xxi sicle, les armes franaises sont impliques dans plusieurs conflits
confrontant les armes rgulires aux actes
de terrorisme. Les blessures de guerre sont
trs souvent provoques par lexplosion dengins improviss. Paralllement, la performance des quipements
de protection du combattant et les progrs de la prise en
charge mdico-chirurgicale initiale ont modifi lpidmiologie des blessures de guerre. Des blesss trs graves
survivent souvent au prix dun pronostic fonctionnel
svrement engag.1
La mission principale du service de sant des armes
est doffrir aux militaires blesss les meilleures chances
de survie et de rcupration fonctionnelle. Pour mener
bien cette mission, une chane sant dfinie en 4rles
est dploye depuis la zone de combat (rle1) jusqu
lhpital militaire en France (rle4). Aprs une mdicalisation de lavant et une prise en charge chirurgicale
prcoce sur le thtre dopration, le bless est rapatri
au rle4. Dabord hospitalis en ranimation ou chirurgie dans lun des deux hpitaux militaires parisiens
(Percy ou Bgin), le bless est pris en charge rapidement
par les quipes de mdecine physique et de radaptation
depuis les phases initiales de rducation jusqu la rinsertion socio-professionnelle: cest la notion de postrle4. Tout est mis en uvre pour permettre au bless
de retrouver une place dans la socit avec le moins de
squelles possible. Des processus novateurs de radaptation et de rinsertion ont t dvelopps dans le service
de mdecine physique et de radaptation de lhpital
Percy qui a accueilli la majorit des blesss au combat
de ces dernires annes.
e
Blessures de guerre
Le bless de guerre est un individu jeune et sportif, polytraumatis de la tte aux pieds, qui a en moyenne
3plaies et 11,2blessures associes.2 Deux facteurs influencent les caractristiques du bless de guerre
actuel1:
la forte prvalence des blessures par explosion (70-80%
des blesss)1, 2 qui sont lorigine de lsions spcifiques
BAT e
JULIA FACIONE,
MARIE THOMAS-POHL,
LO BORRINI,
RIC LAPEYRE
Service de mdecine
physique et de
radaptation,
Hpital dinstruction
des armes Percy,
Clamart, France
juliafacione
@outlook.fr
Les auteurs
dclarent
navoir aucun
lien dintrts.
Rducation et radaptation
aux armes
Le bless de guerre est un traumatis la fois physique
et psychique. Les blessures physiques sont souvent multiples et graves: lsions neurologiques (traumatismes
crnio-crbraux dont la prvalence est estime plus
de 60% chez les blasts6 et traumatismes vertbro-mdullaires), lsions orthopdiques (polyfracas osseux,
amputations de membres) et parfois brlures graves.
La prise en charge en mdecine physique et radaptation est ncessairement globale et pluridisciplinaire;
seules les spcificits de la prise en charge des blessures
de guerre seront abordes ici. Mme si la dichotomie
est un peu artificielle, la prise en charge des blesss en
post-rle 4 se dcoupe en phases primaires et
>>>
secondaires.
Vol. 66 _ Septembre 2016
799
MDECINE DE GUERRE
Figure 1.
Radiographie
de thorax (A)
et de main (B)
de victimes
dexplosion.
Lsion de
polycriblage
dans le cadre
dun blast
secondaire
provoqu
par lexplosion
dun engin
explosif
improvis.
Figure 2.
Radiographie (A)
et photographie
(B) dun pied
de pont. Lsions
architecturales
du pied provoques
par lexplosion
dun engin
explosif improvis
et traitement
chirurgical par
fixateurs externes
et aponevrotomie
de dcharge.
Phases primaires
Elles correspondent la prise en charge aigu de blesss
polylsionnels non encore stabiliss. Elles ncessitent
une action pluridisciplinaire visant prvenir et prendre
en charge les complications mdico-chirurgicales et
dbuter les actions dautonomisation du bless dans les
activits quotidiennes.
Les traumatismes crniens lgers ou modrs secondaires un blast sont frquents, imposant la recherche
systmatique de troubles cognitifs. Les domaines altrs
sont la mmoire pisodique, lattention, la vitesse de
traitement de linformation et les fonctions excutives.
Le recours limagerie crbrale par rsonance magntique tenseur de diffusion permet dsormais un dpis-
800
tage prcoce du traumatisme crnien lger, en visualisant les lsions axonales diffuses.7, 8
Ltat de stress post-traumatique, dont la frquence
est leve chez les blesss de guerre, est systmatiquement dpist. Il est suspect devant lassociation dun
syndrome de rptition (cauchemars, flash-back), de
comportements dvitement et dhypersensibilit psychique avec hypervigilance. Il est plus frquent chez les
traumatiss crniens lgers et est parfois confondu, parfois associ, aux troubles cognitifs du traumatisme crnien. Il ncessite une prise en charge pluridisciplinaire
spcialise.
Les fracas de membres sont de gestion complexe. Le
pied de mine, provoqu par le contact direct avec la
MDECINE DE GUERRE
A
Figure 3. Para-osto-arthropathie
neurogne du genou chez un brl.
Ossification ectopique du genou chez un
brl grave 70 % de surface corporelle.
Phases secondaires de
radaptation-rinsertion
Elles entrent dans le champ du mdico-social. La mise
en uvre des projets de radaptation personnaliss n-
cessite la collaboration des quipes de mdecine physique et radaptation et de psychiatrie avec les diffrents
acteurs sociaux de linstitution militaire. La plupart des
blesss souhaitent, quand cela est possible, rester dans
linstitution militaire selon le dogme au plus prs du
rgiment, au plus prs de la fonction. Pour relever ce
dfi, de nouveaux processus spcifiques au milieu militaire et adapts aux blesss de guerre ont t
dvelopps.
La cellule de radaptation et rinsertion des blesss
en opration (C2RBO) est un concept original cr en 2011
lhpital Percy. Elle regroupe mdecins de mdecine
physique et radaptation, psychiatres, travailleurs sociaux et reprsentants des cellules de blesss des diffrentes armes. Dautres membres dassociations ou dorganisations telles que le service des pensions militaires
dinvalidit (ministre de la Dfense) ou lOffice national
des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG)
peuvent y tre invits. Elle a pour mission de btir et de
suivre le projet personnalis de rinsertion professionnelle de chaque bless vers un retour dans linstitution
militaire, si cela est possible, ou vers le monde civil en
lui facilitant laccs lemploi et aux formations. Cest
un vritable outil thrapeutique de radaptation et de
rinsertion.10
Le recours aux nouvelles technologies et le financement des prothses bioniques chez lamput: lappareillage occupe une place majeure dans la prise en charge
des blesss de guerre frquemment victimes damputation de membre. Sagissant dune population jeune et
active, les exigences en termes de performance sont leves (fig.4). Les prothses bioniques offrent dsormais
aux blesss de nouvelles perspectives fonctionnelles.
Elles ne sont pas inscrites sur la liste des produits >>>
Vol. 66 _ Septembre 2016
801
MDECINE DE GUERRE
et prestations rembourss, mais bnficient dune prise
en charge par dcret ministriel pour les militaires blesss en mission sinscrivant dans un projet de rinsertion
socio-professionnelle.
La rinsertion par le sport: les blesss de guerre ont
la particularit dtre des individus jeunes et sportifs.
Avant la blessure, le sport occupait une place importante
dans leur quotidien. Rapidement, les blesss bnficient
de programmes de rentranement leffort et dactivits
physiques adaptes dveloppes au sein des services de
mdecine physique et de radaptation. Depuis quelques
annes, en collaboration avec les cellules daide aux blesss, des stages sportifs sont proposs aux blesss pour
leur redonner le got de leffort et leur faire dcouvrir
leurs nouvelles capacits sportives. Ces stages constituent de vritables outils de reconstruction, dintgration et de rinsertion pour les blesss. Les plus motivs
dentre eux peuvent, en collaboration avec le Centre national des sports de la Dfense, voluer dans le handisport, parfois haut niveau, et participer des comptitions internationales telles que les Invictus Games ou les
War Wounded Trials.
La rinsertion socio-familiale: les blesss de guerre
franais tant originaires de toute la France, la toute
nouvelle Maison des blesss et des familles facilite la
prsence des proches aux cts du bless ds son arrive
au rle 4. Elle joue ensuite le rle dun vritable htel
thrapeutique permettant laccueil de ces patients dans
un cadre ambulatoire pour la poursuite de la rducation.
En outre, le service de mdecine physique et de radaptation de lhpital Percy dispose dun appartement thrapeutique permettant au bless de se retrouver en condition de vie relle, avec les amnagements intrieurs et
les aides techniques adapts son handicap.
La reconnaissance et rparation du prjudice: le droit
rparation des blesss est inscrit dans le code des pensions militaires dinvalidit. En fonction des squelles,
le bless peroit une pension et bnficie dautres avantages tels que les soins mdicaux gratuits (article L.115).
Les prjudices extrapatrimoniaux (douleur, sexuel, esthtique, agrment) sont indemniss en application de la
jurisprudence Brugnot. La reconnaissance du prjudice
subi se traduit par la remise dune dcoration spcifique
et du carnet du bless visant tracer les diffrentes tapes
du parcours de rinsertion, facilitant ainsi le suivi et la
coordination de son accompagnement.
La recherche et lenseignement se dveloppent sur
des thmatiques spcifiques telles que lappareillage des
amputs, le rle du blast dans la survenue du traumatisme crnien lger et les para-osto-arthropathies neurognes du brl et du bless vertbro-mdullaire, afin
damliorer encore la prise en charge de ces blesss.
802
physique et de radaptation dun militaire bless au combat mobilise une quipe pluridisciplinaire spcialiste du
traumatisme de guerre. La rducation et la radaptation du bless sont menes lhpital militaire jusqu
lobtention de la meilleure rcupration possible. Les
squelles sont prises en charge parfois chirurgicalement,
parfois compenses par un appareillage ou des aides techniques. Le sport occupe une place prpondrante dans
la reconstruction du bless. En parallle, le parcours de
rinsertion socio-professionnelle se construit. Le bless
bnficie tout au long de ce parcours dun accompagnement personnalis et dun suivi au long cours grce
la mise en uvre de nouveaux processus. Enfin, des rflexions sont menes pour garantir la continuit entre
les diffrents acteurs du parcours de soins du militaire
bless et crer un vritable rseau coordonn. Dans ce
cadre, un Ple de rhabilitation de la Dfense verra le
jour lhorizon 2020, incluant les hpitaux militaires
parisiens, lInstitution nationale des Invalides, les hpitaux militaires priphriques et les centres mdicaux
des armes, pour crer un maillage territorial qui apportera une rponse globale et intgre la prise en charge
des blesss de guerre. Il permettra dtendre cette offre
de soins aux victimes civiles dactes de terrorisme ou
de catastrophe, tmoignant ainsi de la contribution du
monde de la Dfense au devoir de reconnaissance de
la nation envers ses enfants blesss. V
RFRENCES
1. Owens BD, Kragh Jr JF, Wenke JC,
Macaitis J, Wade CE, Holcomb JB.
Combat wounds in Operation Iraqi
Freedom and Operation Enduring
Freedom. J Trauma 2008;64:295-9.
2. Champion HR, Holcomb JB,
Lawnick MM, et al. Improved
characterization of combat injury.
J Trauma 2010;68:1139-50.
3. DePalma RG, Burris DG, Champion
HR, Hodgson MJ. Blast injuries.
N Engl J Med 2005;352:1335-42.
4. Pasquier P, Jault P, Renner J,
Jarrassier A, Salvadori A. Le bless
de guerre par explosion.
In Le bless de guerre. Paris:
Arnette, 2014:353-63.
5. Cordier PY, Nau A, Prat N, Dniel C,
Peytel E. Agents vulnrants, effets
de protection et principes de balistique
lsionnelle. In Le bless de guerre.
Paris: Arnette, 2014:13-22.
6. Clark ME, Scholten JD,
Walker RL, Gironda RJ. Assessment
and treatment of pain associated
with combat-related polytrauma.
MDECINE DE GUERRE
RSUM RDUCATION
ET RADAPTATION APRS
UNE BLESSURE DE GUERRE
Le bless de guerre est un traumatis
grave la fois physique et psychique. Les
blessures sont souvent provoques par
lexplosion dengins improviss responsables de lsions multiples et pntrantes,
damputations de membre, de traumatismes crniens ou vertbro-mdullaires
et parfois de brlures graves. La performance des quipements de protection et
lefficacit de la prise en charge mdicale
initiale permettent ces blesss de survivre, souvent au prix dun pronostic
fonctionnel svrement engag. Aprs la
prise en charge critique ranimatoire et
chirurgicale, les quipes pluridisciplinaires
de mdecine physique et de radaptation
(MPR) interviennent auprs des blesss
pour initier la rducation et les accompagner jusqu la rinsertion socio-professionnelle. Cette prise en charge se droule
en deux temps: les phases primaires de
rducation initiale visent prvenir
et traiter les complications mdico-chirurgicales et dbuter les actions dautono-
sur lensemble hospitalier militaire parisien, jusquau plus prs des forces, dans
les centres mdicaux des armes.
SUMMARY REHABILITATION
AFTER A WAR INJURY
Combat wounds can be the cause of serious physical and mental trauma. Injuries
caused by the explosion of improvised
devices are responsible for multiple penetrating injuries, limb amputations, brain or
spinal-cord injuries, and sometimes severe
burns. The performance of protective
equipment and the effectiveness of the
initial medical care allow those injured to
survive, often at the cost of severely compromised functional prognoses. Following
critical and surgical care, the multidisciplinary teams of Physical Medicine and
Rehabilitation (PM&R) intervene with the
wounded to initiate rehabilitation and assist with social and occupational reintegration. This support takes place in two
steps: the primary phase of "acute rehabilitation" is aimed at preventing and
treating complications and starting to
relearn activities of daily living; the second
phase of "rehabilitation-reintegration"
encompasses both the medical and social
fields. The implementation of individualized rehabilitation requires the collaboration of PM&R and psychiatric teams, along
with various officials within the military
institution. New processes specific to the
military environment and adapted to the
war wounded have been developed: the
creation of the War Wounded Rehabilitation and Reintegration Unit (C2RBO: Cellule de Radaptation et Rinsertion des
Blesss en Opration); the use of new
technologies and funding of bionic
prostheses for amputees; the development
of sports rehabilitation programs; the
creation of tools to promote social and
family reintegration; and the improved
recognition of and compensation for injuries. In parallel, the care connection has
been reorganized to create a "Defense
Rehabilitation Pole" underpinned by a
territorial network ensuring the implementation of a care course for every injured
soldier, from the initial care in the Parisian
military hospital complex to the military
medical centers closer to the forces.
803
DCOUVRIR
Grande Guerre. Le chirurgien Maurice Beaussenat russit
extraire un clat de grenade du ventricule droit dun soldat bless.
1915: MAURICE
BEAUSSENAT pratique
la premire cardiotomie
COLL. DR C. BERTRAND
Remerciements au
Dr Claude Bertrand,
endocrinologue et
petit-fils de Maurice
Beaussenat, pour les
documents fournis.
807
DCOUVRIR
LA PREMIRE CARDIOTOMIE
EXTRAIT DU COMPTE RENDU
DE SANCE DU 4 MAI 1915
DE LACADMIE DE MDECINE
3
plaie ncessite encore des soins et que depuis sa blessure il na cess dprouver une dyspne deffort trs
pnible et une angoisse prcordiale trs violente, surtout nocturne, et allant presque jusqu la syncope.
Aprs plusieurs radiographies et radioscopies, le diagnostic est pos: Fragment de balle implant dans le
pricarde et suivant tous les mouvements du cur.
Le mdecin-inspecteur gnral Delorme propose
une intervention chirurgicale que le bless refuse.
Le sergent A. sort de lhpital de Nantes le 26 janvier avec sept jours de permission au cours desquels il
se prsente au bureau mdical de la Place de Paris.
Il accuse des malaises constants avec sensation
persistante dangoisse qui ont beaucoup augment
depuis sa sortie dhpital. Il entre lhpital auxiliaire
n 147, le 4fvrier.
Examen clinique. Pas dantcdents noter. Facies
ple et un peu anxieux. Respiration courte qui devient
trs rapide et presque anhlante ds que le malade se
lve, marche, et mme ds quil parle. Il studie marcher doucement, parler lentement, et ne pas faire
de mouvements brusques pour ne pas avoir de malaises.
Il est plus gn dans la position horizontale que dans
la position verticale et les nuits sont particulirement
mauvaises. Il a une tendance porter la main son
cur. De ce ct, on note simplement de lrthisme,
sans souffle ni autre signe anormal, sauf une sorte de
frmissement cataire la pointe.
Rien du ct des autres appareils. Temprature
normale. Urine sans albumine ni sucre.
Examen radioscopique pratiqu le 5fvrier par le
Dr Jaugeas qui conclut la prsence dun petit
fragment de projectile anim de mouvements rguliers
et de faible amplitude synchrones aux battements
du cur, non influencs par la suspension des mouve-
808
DCOUVRIR
LA PREMIRE CARDIOTOMIE
Figures illustrant
la cardiotomie
pratique
par Maurice
Beaussenat.
Extrait de la rf. 2.
809
DCOUVRIR
LA PREMIRE CARDIOTOMIE
louverture du ventricule dans leur intervalle et de
maintenir cette ouverture bante pendant la recherche
du corps tranger.
Ceci fait, le projectile est amen le plus possible en
contact du bord externe du ventricule droit assez prs
de la pointe. Il est immobilis dans cette position par le
pouce gauche plac en arrire du cur et par les trois
derniers doigts gauches placs lavant, lindex restant
libre. Pendant que laide exerce une traction sur les fils
de soutien en les cartant lun de lautre de faon
tendre la paroi ventriculaire, jincise prudemment le
ventricule dans leur intervalle. Un flot de sang noir
apparat, instantanment arrt par mon index qui
vient obturer la plaie et sur lequel, pendant la diastole,
je glisse une pince qui va saisir le projectile. Mais cette
premire prise nest pas bonne, et le projectile chappe.
Mon index intervient nouveau pour oblitrer lincision
ventriculaire et une deuxime prise permet dextraire
le corps tranger.
Cest un clat mtallique contours irrguliers mesurant un centimtre et demi de long sur 1centimtre
de large et 3millimtres dpaisseur. Poids: 1gramme
et demi.
Le cur est sutur la soie. Toilette et suture du
pricarde. Runion des plans superficiels.
Pendant les trois premiers jours, la dyspne fut
intense, la syncope toujours imminente, le pouls faible
et irrgulier, le facies anxieux et ple.
lauscultation on trouvait un rythme trois temps
trs net. Le quatrime jour, lgre lvation de temp-
RFRENCES
1. Larcan A, Ferrandis JJ.
Le service de sant
aux armes pendant la
Premire Guerre mondiale.
Paris: ditions LBM, 2008
2. Viala F. De la cardiotomie.
810
droit. Cardiotomie et
extraction du projectile.
Gurison. Comptes rendus
des sances de lAcadmie
de sciences, sance
du 10 avril 1916. Bull
Acad Sci;1916:162:573-5.
Socit mdico-chirurgicale
des hpitaux libres. Archives
Hospitalires 1940;17:465.
RR
Item 61
TROUBLE SCHIZOPHRNIQUE
DE LADOLESCENT ET DE LADULTE
Dr David Misdrahi1, Dr Guillaume Fond2, Pr Pierre-Michel Llorca3
1. Centre hospitalier Charles-Perrens, Bordeaux, fondation FondaMental, CNRS UMR5287-INCIA, universit de Bordeaux, France
2. Ple de psychiatrie des Hpitaux universitaires Henri-Mondor, DHU Pe-PSY, universit Paris-Est Crteil,
fondation FondaMental, INSERM U955, quipe de psychiatrie translationnelle, Crteil, France
3. CMP B, CHU, EA 7280 facult de mdecine, universit dAuvergne, fondation FondaMental, BP 69, 63003 Clermont-Ferrand Cedex1, France
david.misdrahi@u-bordeaux.fr
objectifs
DIAGNOSTIQUER un trouble
schizophrnique. ARGUMENTER lattitude
thrapeutique et PLANIFIER le suivi tous
les stades de la maladie.
valuation clinique
Les symptmes de la schizophrnie sont htrognes et sont
rarement prsents en totalit chez un mme patient. Ces manifestations cliniques sont nombreuses mais dexpression et dintensit variable dun individu un autre et chez un mme individu
au cours de lvolution de la maladie. Aucun signe nest pathognomonique de la maladie, mais ils sont tous impliqus des
e283
RR Item 61
e284
Modes volutifs
Le dbut peut tre brutal (50% des cas) sous la forme dun
pisode psychotique aigu, avec des symptmes positifs et une
dsorganisation au premier plan. Dans lautre moiti des cas,
lvolution est dapparition insidieuse, de diagnostic plus difficile,
progressive, avec des symptmes ngatifs (dsinvestissement
social, scolaire ou professionnel). La schizophrnie est une maladie dvolution chronique. En gnral, elle volue avec des
rechutes (phases aigus) durant les premires annes, puis se
stabilise avec une persistance de symptmes rsiduels. Dans
50% des cas, la rsolution est partielle, avec une stabilit vers
un tat fonctionnel disadaptatif. Dans 20 25% des cas, on
observe une dtrioration progressive avec dgradation sociale
et psychique profonde. Chez 20 25% des patients, une restitution ad integrum est possible avec un retour ltat fonctionnel
au niveau prmorbide. Un peu moins de la moiti des patients
souffrant de schizophrnie raliseront au moins une tentative de
suicide au cours de lvolution. Le taux de dcs par suicide est
Facteurs pronostiques
Trouble schizophrnique de ladolescent et de ladulte
Le pronostic varie en fonction des caractristiques de la maladie. Il dpend de la qualit du soutien psychosocial, de laccs
aux soins et de ladhsion la prise en charge. Un diagnostic
prcoce, le recours un traitement antipsychotique, la rduction
des dures dhospitalisation au long cours sont des dterminants dune meilleure volution. Parmi les facteurs de bon pronostic, on retrouve: le sexe fminin, une situation sociale et familiale stable, une bonne conscience de la maladie (bon insight),
une prise en charge prcoce, un dbut tardif de la maladie et
une bonne observance thrapeutique. Inversement, une priode
longue avant laccs au diagnostic et aux soins, des symptmes
ngatifs intenses, la persistance de symptmes rsiduels en dpit
dun traitement bien conduit, une comorbidit addictive, et une
mauvaise observance sont de mauvais pronostic.
Formes cliniques
Les formes cliniques dcrites dans le DSMIV-R (paranode,
indiffrencie, catatonique et rsiduelle) ont t abandonnes
dans la nouvelle version du DSM-5. Elle taient peu utilises car
considres comme non pertinentes pour dfinir des profils volutifs ou des stratgies thrapeutiques.
Le syndrome catatonique fait partie maintenant des critres
retenus dans le diagnostic de schizophrnie selon le DSM-5
(tableau). Pourtant, il faut retenir que le syndrome catatonique est
transnosographique. Il nest pas spcifique de la schizophrnie
et peut se rencontrer dans de trs nombreuses pathologies. En
psychiatrie, le syndrome catatonique est dailleurs plus frquemment prsent dans les troubles de lhumeur. Cest un syndrome
psychomoteur associant la catalepsie (flexibilit cireuse des
membres avec maintien des attitudes imposes) au ngativisme
(attitudes de rsistance voire dopposition active pouvant aller
jusquau refus de salimenter). Des troubles du comportement
sont dcrits comme des strotypies, impulsions, ou encore
cholalie (rptition non volontaire de la fin des phrases, mots ou
sons de linterlocuteur) ou chopraxie (imitation non volontaire
en miroir des gestes de linterlocuteur).
Hypothses tiopathogniques
Comme pour les autres maladies psychiatriques, la schizophrnie reste une maladie complexe dont lorigine est encore
mal connue. Son origine est multifactorielle, associant des facteurs gntiques et environnementaux. Lhypothse dune origine neuro-dveloppementale est conforte par plusieurs tudes
pidmiologiques qui ont mis en vidence des liens entre des
facteurs de stress prcoce que ce soit dans la priode in utero
(lors de la grossesse de la mre) ou durant la priode prinatale
et un risque accru de schizophrnie. Ces situations de stress
seraient responsables de perturbations dans la maturation du
systme nerveux central dont les consquences pourraient tre
lapparition au moment de ladolescence (en particulier lors de
certains remaniements dans la vie du sujet mais galement de
e285
RR Item 61
TABLEAU
Deux ou plus des symptmes suivants sont prsents pendant une partie
significative du temps sur une priode dun mois (ou moins quand elles
rpondent favorablement au traitement).
Au moins lun dentre eux doit tre 1, 2 ou 3.
1. Ides dlirantes
2. Hallucinations
3. Discours dsorganis (coq--lne frquents ou incohrence)
4. Comportement grossirement dsorganis ou catatonique
5. Symptmes ngatifs (rduction de lexpression motionnelle, aboulie)
Principes gnraux
1. Objectifs du traitement
Les objectifs du traitement mdicamenteux sont de rduire ou
dliminer les symptmes, de prvenir le risque suicidaire, de
prvenir les rechutes, de prserver les capacits cognitives et
les capacits dadaptation pour contribuer lautonomie et la
qualit de vie.
Les objectifs du traitement non mdicamenteux sont daider le
patient prendre conscience de sa pathologie et accepter son
traitement, dassurer une prise en charge globale du patient et
un soutien de lentourage, dassurer et engager des mesures
psycho-ducatives pour le patient et son entourage.
La prise en charge doit tre globale et multidisciplinaire (psychiatre, mdecin traitant, quipe paramdicale, services sociaux). La prise en charge somatique ne doit pas tre nglige
au profit de la prise en charge psychiatrique, la mortalit par
maladies cardio-vasculaires tant trs leve chez ces patients.
2. Modalit de prise en charge (ambulatoire ou hospitalisation)
Les hospitalisations sont souvent ncessaires en dbut de
maladie et lors des pisodes de dcompensation aigu. La d-
e286
Traitements mdicamenteux
Les antipsychotiques constituent le traitement pharmacologique
de rfrence. Leurs effets indsirables doivent tre prvenus et
recherchs. Le choix de la molcule doit notamment tenir compte
du bilan clinique et biologique initial (v. infra). Le traitement mdicamenteux antipsychotique est indispensable dans la schizophrnie. Il permet la fois une action curative sur les symptmes
de la phase aigu, essentiellement les symptmes positifs, et
une action prventive des rechutes. Le traitement mdicamenteux est souvent insuffisant lui seul, et la prise en charge de la
schizophrnie renvoie dautres modalits thrapeutiques synergiques.
Les antipsychotiques de deuxime gnration sont recommands en premire intention, en raison dun profil efficacit-tolrance
neurologique plus favorable que les antipsychotiques de premire
gnration. Les antipsychotiques de deuxime gnration disponibles en France sont: la rispridone, lolanzapine, laripiprazole,
la qutiapine, le palmitate de palipridone, lamisulpride et la clozapine (v.items72 et 326).
Le traitement doit tre instaur si possible en monothrapie,
aprs bilan prthrapeutique, per os, avec possibilit de passer
ensuite une formulation daction prolonge. La posologie minimale efficace est recherche par la suite.
Une surveillance rapproche de lefficacit et de la tolrance du
traitement doit tre ralise: lectrocardiogramme (allongement
du QT), temprature (syndrome malin aux neuroleptiques), syndrome mtabolique (poids, primtre abdominal, bilan lipidique
et glycmie).
Le traitement des symptmes associs doit tre intgr:
agitation, troubles du comportement: utilisation dantipsychotique sdatif (cyammazine, loxapine) et/ou benzodiazpine.
Dans ce type de situation, la voie orale, notamment par solution buvable ou comprim oro-dispersible, en monothrapie
doit tre privilgie. La voie intramusculaire doit tre prfre
la voie intraveineuse si ladministration parentrale est ncessaire. Ces traitements devront tre interrompus ds que ltat
clinique du patient le permet;
symptmes dpressifs: utilisation danxiolytiques et danti
dpresseurs;
symptmes catatoniques: utilisation de benzodiazpines (lora
zpam ou zolpidem) en premire intention, sinon sismothrapie. Les antipsychotiques de premire gnration et la rispridone seront vits car ils aggraveraient la symptomatologie.
La rsistance au traitement est dfinie par lchec de deux
squences de traitements antipsychotiques, dont au moins un
de seconde gnration et si possible de mcanismes diffrents,
e287
RR Item 61
Message de l'auteur
Exemple dun cas clinique et des questions qui peuvent tre poses
totale au dlire.
dcoute et lincurie.
dun proche.
imagerie crbrale.
la psychothrapie de soutien, la
de rinsertion professionnelle.
e288
+
POUR EN SAVOIR
!297!_rdp3_couv:Mise en page 1
11/03/13
9:48
Page 297
revue
praticien
13
rdp3_a
11/03/
Page
12:19
325
Schizophrnie
Rev Prat 2013;
63(3):323-62
DOSSIER
Cardiopathies congnitales
lge adulte
Monographie
www.larevuedupraticien.fr
tats
DOSSIER
DU
MOIS
et/ou des
iques
un tat
n vers
prodrom
des tats le taux de transitio
r
en charge
et la prise objectif de diminue
ltude
comme
te pour
, avec
manifes
x risque
mentau
hrnes
tique avr.
de 15 ans
psycho
nes schizop
des
vie rduite
person
nce de
en lumire fait
vie des
e et met
du
nce de
une espra
ion gnral venir. Au-del
mais
ntes, lespra
la populat les annes
idits somaes importa
rapport
les comorb
lit, les
ces avanc n 15 ans par
porter dans
que
i-morta
Malgr
devront
denviro
se qualit, dune surmorb
efforts
es sacmauvai
reste rduite lesquels nos
ables
ou atypiqu
le
x est de
es sur
et respons e gnration
gnrau
t. En outre,
domain
aux soins prises en charge
de second
es et dobsilon estime que
dits
laccs
mal
es
t
que
asculair
o
les
s cardiov
sont souven nts antipsychotiqu
la mesure survient dans
tiques
de maladie mortalit, dans
ux traiteme risque accru
et que celui-ci
nte de
nouvea
ente,
importa
nent dun
nt par suicide
tion perman
compag
e une cause hrnes dcde
et dvolu sur des quipes
constitu
schizop
suicide
s,
de rflexion
% des sujets la maladie.
source
ment centre es sanitaire
de
10 15
trie est
Actuelle
tes
les structur
socit.
es annes soins en psychia
ions entre structures innovan en
dans la
premir
des
interact
es
des
r les sujets
isation
ent des
Lorgan
t se greffer recherche organis
s,
bnfici
but de rinsre
logique
es viennen
et de
ayant pour les prises en charge
s, psycho
les
, sur lesquell res de soins
clinique
triques,
de secteur,
s et sociales . Ces structu
on de bilanssecteurs psychia
-sociale
ralisati
experts
les
mdico
tent la
riat avec
n des
les centres
l permet
la questio
nationa
comme
t en partena
ions pas
au niveau
pour toute
, et agissenns gnralistes.
nabord
rseau
sociaux
est, comme
que la
si nous
ues et
finalit
ou les mdeci complte
verrons
la
somatiq
dont
ions
s. Nous
tres libraux ne serait pas
hrnie
patient
aux interact
psychia
la schizop soigner nos
raphie
laissant
trie grce
he sur
psychia
Cette monog de recherc
urs, etc.,
r mieux
ntielle en
, ingnie
axes
ne, darrive
expone
aticiens
grands
mdeci
hrnie.
he en
iens, mathm de schizop
pe de manire
recherc
atteints
tes, statistic
he se dvelop
recherc
tres, biologis r pour les patients
entre psychia up despoi
beauco
ir
entrevo
Mars 2013 - Tome 63 - N 3 (297-444)
!323!_
urhoff
vp_sch
navoir
aucun
lien
m 195
DOC,
DOC
erche de
Utilisez
de rech
en
le moteur
Pratici
La Revue
du
us sur :
Rendez-vo
Schizophrnies
dclare
lite
erchez
Vous rech plus de temps...
dez
Ne per
praticien
F. Schrhoff
dintrts.
revue
MONOGRAPHIE
Schizophrnies
Limportance dun diagnostic
prcoce
/docdoc
praticien.fr
ET AUSSI SUR LE WEB
larevuedu
LA REVUE
VOL. 63
DU PRATICIEN 2013
Mars
325
Mais aussi :
Haute Autorit de sant. ALD n23. Schizophrnies,
www.has-sante.fr/portail/jcms/c_565630/fr/ald-n23-schizophrenies
Petitjean F, Marie-Cardine M. Schizophrnies dbutantes:
diagnostic et modalits thrapeutiques.
6eConfrence de consensus de la Fdration franaise de psychiatrie
(23-24janvier 2003). Paris, John Libbey Eurotext, 2003, p.304.
Llorca PM. La Schizophrnie,
https://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-schizo.pdf
e289
RR
FOCUS
Item 61
Prendre en charge
la schizophrnie
290
RR
Item 289
objectifs
DCRIRE les principes du raisonnement
diagnostique en cancrologie.
EXPLIQUER les bases des classifications
qui ont une incidence pronostique.
CONNATRE les principaux marqueurs
diagnostiques et prdictifs des cancers.
Diagnostic de cancer
Circonstances de dcouverte
Elles sont nombreuses. Tout symptme, qui persiste ou saggrave malgr les traitements habituels ou qui saccompagne
dune altration de ltat gnral, doit tre pris au srieux.
Dpistage systmatique: cest la dcouverte du cancer un
stade prcoce avant tout symptme clinique (ex: cancer du
sein, cancer du clon dans le cadre des dpistages de masse;
e291
RR Item 289
Examen anatomo-pathologique
Cest lacte essentiel que rien ne remplace pour obtenir la
certitude du diagnostic. Il comprend lexamen direct de la lsion,
suivi de son tude microscopique.
1. Aspects macroscopiques
Laspect macroscopique est vident si lon a accs la tumeur
(peau, muqueuses par vision directe ou endoscopique, pices
opratoires), mais peut tre apport par des examens para
cliniques tels que la tomodensitomtrie (TDM):
tumeurs bourgeonnantes: vgtantes avec des bourgeons
charnus, implants sur une base troite (aspect de lacune sur
la radiographie avec injection de produit de contraste);
tumeurs infiltrantes: indures souvent sur une grande surface
reposant sur une base large (aspect de rigidit ou de stnose
sur la radiographie), de symptomatologie souvent insidieuse
plus tardive;
tumeurs ulcrantes: ulcrations qui ne cicatrisent pas avec une
zone de ncrose centrale et une priphrie charnue (aspect de
niche en radiographie).
Souvent, il existe des formes mixtes ulcro-bourgeonnantes
ou ulcro-infiltrantes.
2. Aspects microscopiques
Ce sont les lments fondamentaux pour le diagnostic et le
traitement ultrieur.
La cytologie: elle consiste examiner des cellules isoles au
cours dun prlvement dans des scrtions naturelles (frottis
vaginal, crachats) ou au cours de ponction laiguille fine dans
une sreuse (pleursie, ascite) ou dans un nodule plein
(ganglion, sein, foie). Cest un examen simple, utile pour le
dpistage de masse ou pour confirmer lexistence dune autre
localisation dun cancer dj connu, mais il prsente quelques
insuffisances:
les rsultats nont de valeur que sils sont positifs, les cellules
malignes ayant pu chapper un recueil trs ponctuel;
laffirmation du caractre malin des cellules repose sur lexistence danomalies nuclaires ou cytoplasmiques, ncessitant
un observateur expriment en raison du nombre important
danomalies douteuses;
les caractristiques de la tumeur telles que son type histologique, son degr de diffrenciation ne peuvent tre apprcies
de faon prcise.
Lexamen histologique: il est ralis sur un fragment tissulaire, et
non plus sur des cellules isoles. Il permet dtudier la fois les
anomalies cellulaires et les modifications de structure du tissu. Il
ncessite un matriel tumoral plus important obtenu par biopsie
chirurgicale, ponction-biopsie (drill-biopsie dans les tumeurs du
sein, biopsie endoscopique) ou examen de la pice opratoire
(avec examen extemporan, puis examen dfinitif). Cet examen
permet:
daffirmer le diagnostic de cancer (anomalies cellulaires et de
structure du tissu);
e292
Bilan dextension
Gnralits
Il repose sur un examen clinique cibl et des examens complmentaires appropris (sensible, spcifique, le moins invasif possible,
disponible).
Trois niveaux dextension sont explorer:
local: valuation des rapports de la tumeur par rapport aux
organes de voisinage;
loco-rgional: recherche dadnopathie tmoignant de latteinte des ganglions lymphatiques dans le territoire de drainage lymphatique de lorgane atteint par la tumeur primitive. Si
le ganglion est palpable, la ttrade vocatrice (mais inconstante) dune adnopathie tumorale est dure, fixe, immobile,
rarement douloureuse;
gnral: recherche de lsions secondaires distance du site
primitif que lon appelle des mtastases. Les mtastases
peuvent tre viscrales ou ganglionnaires dans le cas de
ganglions qui ne sont pas dans le territoire de drainage.
Moyens diagnostiques
1. Examen clinique
Il peut sagir de:
syndrome tumoral: adnopathies priphriques palpables,
hpatomgalie, splnomgalie, douleurs spontanes ou provoques par la palpation, touchers pelviens;
signes dinsuffisance dorgane;
syndrome compressif: syndrome occlusif en cas de carcinose
pritonale, hydronphrose par compression extrinsque (tumeurs pelviennes) ou intrinsque (tumeur urothliale), dysphonie,
dysphagie, dyspne par compression respectivement des
Bilan prthrapeutique
Il a plusieurs objectifs:
capacit du patient supporter le traitement anticancreux;
choix du traitement en fonction du terrain.
e293
RR Item 289
Bilan du terrain
Il est important en cas de comorbidit, avec une valuation
spcialise au cas par cas et quilibre des traitements prexistants (diabte, insuffisance cardiaque, hypertension artrielle,
asthme).
Bilan propratoire
Il value lextension de la maladie et le retentissement fonctionnel pouvant ncessiter une chirurgie en urgence (occlusion,
stnose, anurie).
Bilan pr-chimiothrapie
Il est fonction du protocole de chimiothrapie envisag, en lien
avec les toxicits spcifiques de certaines molcules de chimiothrapie.
Pose dune voie veineuse centrale de type chambre implantable
sous-cutane ou cathter central dinsertion priphrique (Picc
line) permettant ladministration de la chimiothrapie intraveineuse (produits irritants ou vsicants) directement dans la veine
cave suprieure.
e294
Classification
Les objectifs des classifications sontde prciser le degr
dextension du cancer, en diffrentes classes, au dcours du
bilan local, rgional et gnral, le choix de la thrapeutique et la
dtermination du pronostic global selon la classe dtermine.
Gnralits
Le bilan dextension local, rgional et gnral du cancer permet de classer prcisment la maladie en diffrents profils diag
nostiques, de gravit croissante.
La classification va aider le mdecin dans ses choix thrapeutiques. Elle facilite galement les changes dinformations entre
diffrents centres de traitement, notamment linternational
(classifications internationales des cancers).
La classification permet aussi dapprcier et de comparer objectivement les rsultats des traitements.
Chaque localisation de cancer dispose de sa propre classification.
Classification TNM
Cest la classification la plus utilise pour la majorit des tumeurs solides. Elle est formule par lUnion internationale contre
le cancer (UICC).
Lextension anatomique de la maladie repose sur les troislments suivants:
e295
RR Item 289
Message de l'auteur
Cet item est trs vaste, et aucun cas clinique ne peut
tre construit partir de ce seul chapitre. Cependant,
son contenu sera utilis pour tous les dossiers portant
sur un cas de cancer. Plusieurs types de dossiers
peuvent tre proposs ncessitant les connaissances
fondamentales de cet item (dossier clinique pur
sur un cancer en particulier et/ou dossier transversal).
Il est impratif de savoir hirarchiser les examens
complmentaires et de garder en tte limprative
ncessit dune preuve anatomo-pathologique avant
tout traitement du cancer. Il faut savoir penser au bilan
dextension aprs chaque diagnostic de cancer.
Vous devez insister sur linformation donne au patient,
et la marche suivre dans lannonce diagnostique
du cancer. Le mode dcisionnaire en RCP de tout
traitement pour un cancer est connatre.
Le cadre gnral des symptmes du cancer conduisant
au diagnostic doit tre compris et doit permettre
dlaborer des hypothses diagnostiques (symptmes
gnraux, symptmes directement lis la tumeur
maligne, et syndromes paranoplasiques), la majorit
des dossiers comprenant de la cancrologie sont
transversaux avec des complications lies au cancer
lui-mme (hypercalcmie, occlusion, compression
mdullaire) ou ses traitements.
Les marqueurs tumoraux peuvent tre demands
sur un cas clinique de cancer du sein, cancer
de la prostate, cancer du pancras, tumeurs germinales
ou cancer du clon.
Les dpistages recommands en France doivent tre
matriss ainsi que les conditions particulires amenant
un diagnostic individuel prcoce.
La classification TNM est connatre pour les cancers
du sein, du clon, de la prostate et du poumon
essentiellement.
e296
Classification en stades
La classification TNM fournit une description trs prcise de
lextension anatomique du cancer.
Une localisation tumorale dont la classification a 4catgories
de T, 3catgories de N et 2catgories de M correspond
24catgories TNM possibles.
Dans une optique de simplification, toutes ces catgories sont
gnralement groupes en stades de gravit croissante.
Chaque stade correspond un groupe relativement homogne
de catgories TNM sur le plan de la survie. Les diffrences de
survie entre les diffrents stades sont souvent trs importantes.
Le plus souvent, on distingue 5stades de gravit croissante:
stade 0: cancer in situ;
stade 1: tumeur primitive de petit volume, sans adnopathie
ni mtastase;
stade 2: extension locale plus avance et/ou envahissement
ganglionnaire minime;
stade 3: extension locale trs avance avec possible atteinte
des organes de voisinage et/ou envahissement ganglionnaire
important;
stade 4: prsence de mtastase(s) distance et/ou adnopathies distance de la tumeur primitive.
Dans la majorit des cas, les cancers de stade0, 1 et 2 sont
traits avec un objectif curatif, tandis que les stades3 et 4 sont
des indications de traitement but palliatif.
Classifications spcifiques
Pour certaines localisations de cancer, et certains stades, des
classifications spcifiques sont utilises. Par exemple, la classification de DAmico pour les cancers de prostate localiss:
permet de dterminer le risque de rechute aprs traitement
local du cancer;
distingue 3groupes risque de rechutefaible, intermdiaire et
lev;
est fonde sur TNM, taux sanguin de PSA au diagnostic et score
anatomo-pathologique de Gleason.
La classification de la Fdration internationale de gyncologie
et dobsttrique (FIGO) distingue:
pour le cancer de lovaire, 4stades: limit lovaire, extension
vers les organes de voisinage, extension au pritoine ou lymphatique rgionale, extension distance (plvre, foie);
pour le cancer du col utrin, 4stades: limit au col, extension
au vagin (deux tiers suprieurs) et/ou aux paramtres, extension au tiers infrieur du vagin et/ou la paroi pelvienne, extension la vessie et/ou au rectum et/ou aux organes distance;
pour le cancer de lendomtre, 4stades: limit au corps utrin,
extension au stroma du col, extension ganglionnaire rgionale
et/ou annexes et/ou paramtres et/ou sreuses, extension la
vessie et/ou intestin et/ou distance.
Enfin, la classification dAnn Arbor sadresse aux lymphomes
malins non hodgkiniens et lymphomes hodgkiniens.
Pronostic
Terrain
Gnralits
Il value:
lge;
ltat gnral et notamment le degr dautonomie;
le statut nutritionnel: une dnutrition modre svre est un
facteur de mauvais pronostic;
la prsence de comorbidits: insuffisance rnale, hpatique,
cardiopathie, coronaropathie, artriopathie, insuffisance respiratoire obstructive, restrictive, dficit immunitaire;
ltat psychologique: dpression, troubles anxieux, troubles
psychiatriques;
la situation socio-professionnelle: bas niveau socio-conomique,
prcarit, mauvaise observance thrapeutique;
gntique: formes familiales (exemple: polypose adnomateuse
familiale), cytogntique;
statut hormonal (mnopause et cancer du sein).
Tumeur
Lvaluation dpend de:
la taille de la tumeur et lextension du cancer:
. extension paritale, aux organes de voisinage;
. extension ganglionnaire;
. extension distance: la dcouverte de mtastases est un
facteur pronostique pjoratif majeur;
lhistologie, en particulier:
. le type histologique (par exemple, pour les tumeurs crbrales
primitives, glioblastome de moins bon pronostic que les oligodendrogliomes);
. le degr de diffrenciation: le caractre indiffrenci aggrave le
pronostic;
. lindex de prolifration: le temps de doublement court pour une
tumeur est un marqueur dagressivit donc de mauvais pronostic;
. lenvahissement vasculaire (emboles vasculaires pritumoraux);
. le grade histologique (par exemple, score de Gleason pour le
cancer de la prostate, score Scarff-Bloom-Richardson pour le
cancer du sein, grade de la Fdration nationale des centres
de lutte contre le cancer [FNCLCC] dans les sarcomes des
tissus mous).
la biologie, par exemple:
. hormonosensibilit: prsence de rcepteurs lestrogne et
la progestrone pour une tumeur du sein, facteurs de bon pronostic;
. analyse de lexpression (immuno-marquage) et/ou de lamplification (FISH) de certains gnes dans la tumeur: par exemple,
HER2 et cancer du sein;
. dosages sriques des marqueurs tumoraux: par exemple
-hCG, LDH et FP dans le cancer du testicule, immunoglobuline monoclonale et mylome multiple.
Traitement
Les lments importants sont:
dlai de prise en charge initiale: facteur pronostique majeur
pour certains types de tumeurs;
qualit de lexrse chirurgicale (=marges): une rsection
complte monobloc microscopique est un facteur de meilleur
pronostic quune rsection macroscopiquement incomplte;
rponse au traitement initial: chimiothrapie, radiothrapie;
prise en charge pluridisciplinaire, prrequis indispensable un
traitement de qualit;
rcidive prcoce malgr le traitement, lment pronostique
pjoratif;
arrt ou poursuite dune exposition risque (tabagisme, alcoolisme).
Conclusion
Le cancer est devenu la premire cause de mortalit en France
et lincidence augmente en raison du vieillissement de la population, de facteurs gntiques mais aussi toxiques, environnementaux, socitaux.
Dans le cadre de lapprentissage de la cancrologie, il est important pour les tudiants en mdecine, quelle que soit leur spcialit, dtre sensibiliss lintrt des dpistages organiss
(sein, col de lutrus, clon-rectum), aux signes dappel vocateurs (syndrome tumoral, syndrome compressif, hmorragie,
altration de ltat gnral) et aux principaux facteurs de
risque (antcdents personnels et familiaux, exposition professionnelle, tabagisme actif ou passif).
e297
RR
FOCUS
Item 289
e298
RR
Item 249
AMAIGRISSEMENT TOUS
LES GES
PrAnne-Laure Fauchais, DrAnne Cypierre
Service de mdecine interne A, CHU Dupuytren, 87000 Limoges, France
anne-laure.fauchais@chu-limoges.fr
Le poids
objectifs
ARGUMENTER les principales hypothses
diagnostiques et JUSTIFIER les examens
complmentaires pertinents.
Dfinition
Lamaigrissement est dfini par une perte de poids suprieur
5% du poids corporel sur une priode de 6mois. Il est considr
important sil est suprieur ou gal 10% du poids.
Lamaigrissement est distinguer de la maigreur constitutionnelle o le poids, bien quinfrieur la norme, est stable et ne
saccompagne daucun symptme.
Lamaigrissement peut avoir plusieurs origines:
une insuffisance dapport alimentaire;
un dfaut dabsorption des aliments;
un excs de consommation mtabolique (maladies inflammatoires, noplasies).
Une grande varit de pathologies peuvent tre lorigine
dun amaigrissement, linterrogatoire et lexamen clinique guidant
habituellement la prise en charge. Lorsque lamaigrissement est
isol, la dmarche diagnostique doit faire appel des examens
complmentaires hirarchiss.
Dmarche diagnostique
Elle est essentielle, vrai travail de dtective, sappuyant sur le
recueil prcis des antcdents et des traitement suivis, retraant
les modalits et la rapidit dinstallation des symptmes, chiffrant
la perte de poids.
Lamaigrissement, signe aspcifique, est rarement rellement
isol, et la dmarche diagnostique doit sattacher dcouvrir un
signe anamnestique, clinique ou biologique plus spcifique qui
servira de fil conducteur lenqute tiologique.
e299
RR Item 249
Lexamen clinique
Le poids, la taille et le calcul de lindice de masse corporelle
sont la base de lvaluation, il ne faut pas se contenter de noter ce que dclare le patient mais il faut raliser rellement les
mesures. Lpaisseur cutane tricipitale permet la mesure de la
masse adipeuse.
Ltat nutritionnel est systmatiquement valu avec:
la recherche dune dnutrition: un indice de masse corporelle
moins de 17 ou une perte de poids en un mois suprieure
5% permettent de laffirmer;
la recherche dune amyotrophie ou de signes de carence
(peau sche, dpilation, chute des cheveux, purpura des
membres infrieurs, gingivorragies);
la recherche dun syndrome dmateux li lhypoprotidmie, les dmes pouvant masquer une partie de la perte de
poids.
On recherche ensuite plus particulirement un syndrome tumoral; la palpation des aires ganglionnaires est systmatique,
de mme que la ralisation des touchers pelviens et un examen
thyrodien.
Les signes de gravit clinique sont systmatiquement recherchs: indice de masse corporelle< 15, perte de poids >30%,
hypothermie, hypotension artrielle, bradycardie, ralentissement
psychomoteur.
Examens complmentaires
Le bilan biologique recherche des signes de gravit :
hypoglycmie ;
troubles ioniques ;
hypophosphormie ;
perturbation du bilan hpatique ;
hypo-albuminmie profonde.
Le choix des examens complmentaires doit tre guid avant
tout par un point dappel clinique: en labsence, on ralise un
bilan de premire et deuxime intention non consensuel quant
son contenu (fig.1 et 2) sans oublier le bilan de la dnutrition
souvent associe.
La recherche dun syndrome inflammatoire doit tre syst
matique et permet de guider la dmarche diagnostique. Sa
prsence fait discuter la biopsie de lartre temporale chez le
sujet g.
Une hospitalisation est parfois ncessaire, permettant de reprendre lenqute en recherchant nouveau un trouble du comportement alimentaire (fiche de recueil alimentaire++), un trouble
psychiatrique mais galement dapprofondir la recherche dune
pathologie organique par la ralisation dune tomodensitomtrie
thoraco-abdomino-pelvienne et dendoscopies digestives.
e300
tiologie
Les principaux cadres diagnostiques sont les suivants, tio
logiques, noplasiques, infectieuses, digestives et endocrinologiques tant les plus frquentes des pathologies somatiques
responsables dun amaigrissement chez ladulte.
Le tableau rsume les points cls de certaines causes pouvant
se rvler par un amaigrissement et connatre pour lECN.
Noplasiques
Tout cancer peut tre rvl par un amaigrissement, la frquence
des origines noplasiques pouvant atteindre 25 35% des cas
dans certaines tudes, avec une majorit de cancers digestifs.
Lorigine de la perte de poids est souvent multiple (cytokinique,
rduction alimentaire consquence directe des cancers digestifs
et ORL, hypercatabolisme, douleurs).
Le bilan est orient par:
des antcdents personnels ou familiaux noplasiques;
le tabagisme, lthylisme chronique;
un syndrome tumoral clinique;
lanmie de profil ferriprive (noplasie digestive) ou inflammatoire
(noplasie rnale)
Perte de poids
avec apports
nutritionnels conservs
ou augments
Perte de poids
avec apports
nutritionnels diminus
(anorexie)
Maigreur
constitutionnelle
Diabte (glycmie)
Hypertrophie (TSH)
Malabsorption (SB carence)
Bilan tiologique
liminer
causes organiques
Attention chez SA
ou polypathologique
Causes intriques
Facteur dclenchant aigu
Situation de rupture
causes psychiatriques
causes iatrognes
causes sociales
FIGURE 1
Dmarche diagnostique au cours dun amaigrissement isol. SB: signes biologiques; TSH: thyrostimuline.
Orientation diagnostique
Exploration cible
Intradermoraction la tuberculine
Tomodensitomtrie
thoraco-abdomino-pelvienne
Endoscopies digestives avec biopsies
systmatiques duodnales
Radiographie de thorax,
chographie abdomino-pelvienne
FIGURE 2 Bilan biologique et paraclinique hirarchis. NFS: numration formule sanguine; EPP:lectrophorse des protines plasmatiques ; ECBU: examen
cytobactriologique des urines; LDH: lactate dshydrognase; TSH: thyrostimuline; VIH: virus de limmunodficience humaine.
e301
TABLEAU
RR Item 249
Pour y penser
Causes noplasiques
Tout type de cancer
Syndrome cardinal
Diabte de type1 de novo
Diabte de type2 dsquilibr ou devenant insulino-requrant
Glycmie
Hmoglobine glyque (HbA1c)
Rechercher pancratite chronique associe+++
Hyperthyrodie
TSH effondre
Hypercalcmie
Anorexie
Syndrome polyuro-polydypsique
Insuffisance surrnalienne
Hypotension, mlanodermie
Tableau pseudo-abdominal
Hyponatrmie et hyperkalimie
Hypoglycmie
Traitement dpreuve
Dosage matinal de cortisol et de lACTH
Endocardite
Hmocultures
Syndrome inflammatoire
chocardiographie transthoracique chocardiographie
transsophagienne
Tuberculose
Fivre, anorexie
Sueurs nocturnes
Contexte socio-conomique
Radiographie du thorax
Intradermoraction la tuberculine
Causes infectieuses
Hpatopathies
Ictre
Hpato-splnomgalie
e302
La to do list
de lamaigrissement
1. Sassurer de la ralit, quantifier lamaigrissement et
toujours rechercher une dnutrition associe.
2. Faire une rapide enqute alimentaire la recherche dune
systmatique.
6. Rechercher les troubles digestifs, parfois au deuxime plan;
4. Digestives
Ce sont les ulcres gastriques ou duodnaux, sophagites,
candidoses bucco-sophagiennes, hpatopathies chroniques
(thylique, virale, mtabolique et auto-immune), la malabsorption
(insuffisance pancratique, la maladie cliaque, la pullulation
microbienne, les maladies inflammatoires du tube digestif).
Le bilan est orient par:
lanorexie au premier plan, diarrhe chronique;
lanmie de profil ferriprive associe.
5. Inflammatoires
Ce sont surtout les vascularites (artrite giganto-cellulaire de
Horton: forme systmique avec altration de ltat gnral isole
et syndrome inflammatoire), sarcodose, maladies auto-immunes
systmiques, mais lamaigrissement est rarement isol dans ce
cadre tiologique.
Lamylose peut, en revanche, tre responsable dun amaigrissement isol.
Le bilan est orient par:
un syndrome inflammatoire chronique (protine C ractive et
fibrinogne levs);
des signes cliniques spcifiques rechercher systmatiquement.
6. Cardiaque
On retient linsuffisance cardiaque terminale (toute cardiopathie
notamment de surcharge: amylose, hmochromatose, shunts
vieillis).
Le bilan est orient par:
un antcdent personnel ou familial;
la portion N-terminale du propeptide natriurtique de type B
(NT-ProBNP), llectrocardiogramme.
7. Pulmonaire
Ce sont: linsuffisance respiratoire chronique dcompense
ou terminale (broncho-pneumopathie chronique obstructive,
pneumopathies interstitielles), la noplasie pulmonaire, la tuber
culose, les embolies pulmonaires rcidivantes (noplasie ou
syndrome des antiphospholipides).
Le bilan est orient par:
une dyspne progressive;
une hmoptysie.
8. Iatrognique
Cest extrmement frquent chez le sujet g et/ou polypatho
logique reprsentant 10-15% des hospitalisations des personnes
ges de plus de 75ans.
Le bilan est orient parla lecture de lordonnance:
hyponatrmie des diurtiques et/ou des inhibiteurs de recapture de la srotonine;
syndrome confusionnel des psychotropes;
insuffisance rnale aigu des anti-inflammatoires non strodiens;
surdosage en digitaliques
9. Neurologique
On retient la dmence chez le sujet g, souvent non encore
diagnostique, lencphalopathie carentielle, la maladie de Parkinson, les squelles dun accident vasculaire crbral
e303
RR Item 249
Causes psychognes
Elles comprennent le syndrome dpressif, lanxit avec somatisation, laddiction (alcool, toxicomanie), lanorexie mentale
(triade anorexie, amaigrissement, amnorrhe). Les origines
psychognes reprsentent 15 60% des cas selon les tudes.
Lorigine psychogne de lamaigrissement reste un diagnostic
dexclusion.
Le bilan est orient par:
la normalit de lexamen clinique et des examens complmentaires vise tiologique;
lattention lintrication avec une pathologie aigu somatique.
Amaigrissement inexpliqu
Entre 10 et 15% des amaigrissements restent inexpliqus malgr
une enqute tiologique bien conduite.
e304
Message de l'auteur
Litem Amaigrissement est le prototype du dossier
progressif transversal o les premires questions se
focalisent sur la dmarche diagnostique (ne jamais
oublier le bilan du retentissement, cest--dire les signes de
gravit et une dnutrition associe), le dossier dbouchant
ensuite sur le diagnostic de nombreuses pathologies,
quelles soient noplasiques (cancer digestif et anmie
ferriprive), infectieuses (endocardite, tuberculose, VIH),
digestives (diarrhe chronique de la maladie cliaque
ou des maladies inflammatoires du tube digestif) voire
neurologiques (amaigrissement, confusion aigu et diagnostic
de dmence) Lamaigrissement inexpliqu peut galement
rvler un trouble des conduites alimentaires avec un diagnostic
final danorexie mentale la fin du dossier progressif.
+
POUR EN SAVOIR
Leduc D, Roug PE, Rousset H, Maitre A, Champay-Hirsch AS, Massot C.
Clinical study of 105 cases of isolated weight loss in internal medicine. Rev
Med Interne 1988 Nov-Dec;9(5):480-6.
Hernndez JL, Riancho JA, Matorras P, Gonzlez-Macas J. Clinical
evaluation for cancer in patients with involuntary weight loss without specific
symptoms. Am J Med 2003;114(8):631-7.
Metalidis C1, Knockaert DC, Bobbaers H, Vanderschueren S. Involuntary
weight loss. Does a negative baseline evaluation provide adequate
reassurance? Eur J Intern Med 2008 Jul;19(5):345-9.
Baicus C, Rimbas M, Baicus A, Caraiola S. Cancer and involuntary
weight loss: failure to validate a prediction score. PLoS One 2014 Apr
24;9(4):e95286.
A.-L. Fauchais dclare avoir particip des interventions ponctuelles pour les entreprises
Actelion, Roche, GSK, LFB, Genzyme, Pzizer, Lilli et avoir t prise en charge, loccasion
de dplacement pour congrs, par elles. A. Cypierre dclare n'avoir aucun lien d'intrts.
RR
Item 198
BIOTHRAPIES ET
THRAPIES CIBLES
Dr Arsne Mekinian, Pr Olivier Fain
Service de mdecine interne, hpital Saint-Antoine, AP-HP, universit Paris-VI, 75012 Paris, France
arsene.mekinian@aphp.fr
objectifs
CONNATRE les bases cellulaires et molculaires
des cellules souches embryonnaires et adultes,
des cellules reprogrammes.
CONNATRE les principes des thrapies cellulaires
et gniques.
EXPLIQUER les principes dvaluation
des biothrapies.
CONNATRE les bases cellulaires et tissulaires
daction des thrapies cibles.
ARGUMENTER les principes de prescription
et de surveillance.
e305
RR Item 198
Thrapie gnique
La thrapie gnique est une stratgie thrapeutique fonde sur
le transfert de gnes avec lobjectif dintroduire la copie normale
ou de modifier lexpression du ou des gnes responsables de la
maladie chez le patient. Le gne exogne est ainsi un mdicament dont lobjectif est de modifier la source de la protine ou
de la molcule anormale, cest--dire le matriel gntique.
Il existe deux modalits de thrapie gnique:
somatique, qui consiste transfrer le(s) gne(s) au patient
(soit in vivo dans le tissu cible laide dun vecteur, soit ex vivo
en modifiant les cellules cibles qui seront r-administres au
patient);
germinale, qui nest pas actuellement utilise du fait de lois
biothiques et qui consisterait introduire un gne lembryon
au stade prcoce et ainsi le transmettre toutes les cellules
qui seront formes au cours de lembryogense.
Les vecteurs sont le plus souvent viraux, ou non viraux (tels
que des sphres lipidiques, les liposomes).
La thrapie gnique est encore au stade dessais cliniques,
mais les indications thoriques pourraient tre trs nombreuses.
e306
faon spcifique un lment ou vnement molculaire caractrisant une cellule tumorale. Pour quune cible soit pertinente, elle
doit tre exprime par un grand nombre de cellules tumorales,
tre accessible une thrapeutique et que son ciblage ait un impact
clinique. La cible peut tre un marqueur exprim spcifiquement par
un type cellulaire particulier, une molcule dans la transduction du
signal, en particulier celui de la cellule tumorale (tel quun rcepteur
HER2), un facteur de croissance ncessaire lexpansion tumorale
(tel que le VEGF [pour vascular endothelial growth factor]).
Les anomalies molculaires spcifiques des cellules tumorales
le plus souvent cibles sont les molcules de la famille HER, les
gnes de fusion (ABL-BCR) et la no-angiogense tumorale.
Ces cibles sont diffrentiellement exprimes entre les tissus
sains et le tissu tumoral. Les anticorps monoclonaux humaniss
(x-mab) ciblent ses marqueurs cellulaires et les petites molcules les fonctions tyrosine kinase (X-inib).
Parmi les anticorps monoclonaux, les principaux sont les anticorps
anti-CD20, ciblant les lymphocytesB de faon spcifique. Ils
sont indiqus, entre autres, dans le traitement des lymphomesB.
En oncologie, notamment dans le traitement de certains cancers du sein, les anticorps anti-HER2 bloquent la transmission
du signal de la rplication du HER2, empchant la prolifration
des cellules tumorales. Le VEGF est un facteur de croissance
des cellules endothliales ncessaire la croissance et la vascularisation des tissus. Le blocage de cette molcule peut inhiber
la croissance tumorale. Les thrapies anti-angiogniques ciblent
la population endothliale (stroma). Lanticorps monoclonal
bvacizumab (Avastin) bloque le VEGF, il est utilis dans le cancer
colorectal et le cancer du sein mtastatiques.
Les petites molcules: le sorafnib (Nexavar) ou le sunitinib
(Sutent) sont indiqus dans le carcinome hpatocellulaire et le cancer du rein mtastatique. Dans ce cas, on cible une molcule produite par la tumeur et non pas directement la tumeur elle-mme.
Immunothrapies en oncologie
et en mdecine interne (tableaux1 et 2)
Limmunothrapie consiste moduler (inhiber, activer) le systme immunitaire, afin dinduire le contrle dune tumeur, dune
maladie auto-immune ou dune greffe dorgane. Celle-ci peut
tre spcifique (par exemple dun antigne tumoral particulier,
dun auto-antigne) ou non spcifique, modulant de faon gnrale non spcifique dun antigne la rponse immunitaire. Bien
qutant non spcifique dun antigne tumoral ou dun auto-antigne, cette immunothrapie non spcifique est une thrapeutique cible, inhibant par exemple une cytokine particulire (les
anticorps anti-TNF) ou un type de cellules en particulier (les
lymphocytesB par les anticorps anti-CD20).
Les diffrents types dimmunothrapie non spcifiquesont dirigs contre les:
cytokines immunomodulatrices (activatrices ou inhibitrices);
molcules dinteraction cellulaires (anti-CTLA4, anti-PD1);
Le rituximab est un anticorps monoclonal dirig contre la molcule CD20 prsente de faon spcifique la surface des cellulesB du stade pr-B au stade de lymphocyteB mature. Il
sagit dun anticorps chimrique compos de domaines constants
humains et de domaines variables murins. Le rituximab induit
une dpltion lymphocytaireB par diffrents mcanismes, induisant une apoptose de lymphocytesB.
Des anticorps contre l EGFR (epidermal growth factor receptor)
[ctuximab et panitumumab] bloquent la croissance tumorale et
sont indiqus dans le traitement des adnocarcinomes coliques
et, pour le ctuximab, des carcinomes pidermodes de la sphre
ORL. Un anticorps monoclonal dirig contre le rcepteur HER2,
le trastuzumab, est indiqu dans le traitement des tumeurs du
sein et de lestomac surexprimant cet oncogne.
e307
TABLEAU 1
RR Item 198
Caractristique
Voie dadministration
et posologie
Prcaution dutilisation
Principaux effets
secondaires
Infliximab (Remicade)
tanercept (Enbrel)
Adalimumab (Humira)
Antagonistes de TNF
Vaccinations, prvention BK
Ractions dhypersensibilit
Infections
Ractivation BK
Cancers cutans
Tocilizumab (Roactemra)
Anti-IL-6 Rcepteur
Ractions dhypersensibilit
Infections
Ractivation BK
Cancers cutans
anakinra (Kineret)
Anti-IL-1
Ractions dhypersensibilit
Infections
Ractivation BK
rituximab (Mabthera)
Antagoniste de CD20
1 g J1-J15 (IV)
375 mg/m2/semaine,
4 semaines (IV)
Vaccinations, prvention BK
Ractions dhypersensibilit
Infections
Hypogammaglobulinmie
TABLEAU 2
BK: bacille de Koch; CD20: cluster de diffrenciation 20; IL: interleukine; IV: intraveineux; SC: sous-cutan; TNF: tumor necrosis factor alpha.
Caractristique
Biomarqueur
Indication
Imatinib, dasatinib
Translocation BCR-ABL
LMC, LAL
Gefitinib
Mutation EGFR
Cancer poumon
Sorafnib
Ctuximab
Trastuzumab
Amplification HER2
Bvacizumab
BCR-ABL: break-point cluster region-Abelson; EGFR:epidermal growth factor receptor; KRAS: kirsten rat sarcoma; LAL:leucmie aigu lymphode; LMC:leucmie mylode chronique;
VEGF: vascular endothelial growth factor.
e308
Message de l'auteur
Connatre les principes de la greffe de moelle ou de cellules
souches et de la thrapie gnique.
Conclusion
Lessor des immunothrapies et des thrapies cibles devrait
permettre de gagner en efficacit thrapeutique, tout en diminuant
les effets secondaires. La stratgie, pour tre efficace, doit cibler
une molcule particulirement implique dans la physiopathologie
de la maladie.
A. Mekinian dclare avoir t pris en charge lors de congrs par LFB, Genzyme et Chugai. O. Fain dclare tre conseiller scientifique auprs des laboratoires Shire, Behring, GSK et Pfizer.
e309
RR
Item 34
ANOMALIES DU CYCLE
MENSTRUEL. MTRORRAGIES
Dr Sandra Curinier, PrMichel Canis
Ple gyncologie obsttrique et reproduction humaine, CHU Estaing, 63003 Clermont Ferrand Cedex 1, France
scurinier@chu-clermontferrand.fr
objectifs
Hypothalamus
Rtrocontrle ngatif :
strogne, inhibine
GnRH
Hypophyse
FSH/LH
Ovaires
Utrus
1. Folliculogense, follicule
dominant (De Graaf) :
production d'strognes
2. Corps jaune : production
de progestrone
1. Prolifration endomtriale
2. Diffrenciation
et maturation endomtriale
Physiopathologie
Laxe hypothalamo-hypohysaire
Lant-hypophyse scrte de manire cyclique les hormones
gonadotropes: lhormone folliculo-stimulante (FSH, pour follicle
stimulating hormone) et lhormone lutinisante (LH, pour luteinizing
hormone) sous linfluence de lhormone de libration des gonado
trophines hypophysaires (GnRH pour gonadotropin releasing
hormone) produite par lhypothalamus. Il existe galement des
rtrocontrles entre ces deux niveaux (fig.1).
Chez la femme, la FSH a pour rle:
de stimuler les cellules de la granulosa qui scrtent de lstradiol et de linhibineB et expriment des rcepteurs pour la LH;
sous linfluence de la FSH elles produisent galement laromatase capable de convertir les andrognes en strognes;
dentraner la croissance des follicules;
de permettre lovulation en fragilisant la paroi de lovaire.
La LH a pour rle de dclencher lovulation puis de provoquer
la transformation du follicule rompu en corps jaune pendant la
phase lutale du cycle menstruel.
progestrone
LH
strognes
FSH
Le cycle menstruel
Phase folliculaire
J1
FIGURE 2
Phase lutale
J14
J28
Le cycle menstruel.
e311
RR Item 34
1. Phases
Le cycle menstruel comprend 3phases.
De J1 J14, phase folliculaire: la FSH stimule la croissance
folliculaire. En quelques jours, les follicules vont produire les
strognes qui exerceront un rtrocontrle ngatif sur
lhypophyse pour rguler les taux de FSH et viter lhyper
stimulation.
Avant lovulation, le follicule dominant produit beaucoup
dstrognes, faisant ainsi chuter le taux de FSH.
J14, ovulation: comme on peut lobserver sur les courbes,
cest le rtrocontrle positif des strognes (lorsque leur taux
dpasse les 200pg/mL) qui provoque le pic de LH. Ce dernier
induit lovulation dans les 24 36heures qui suivent.
Hyperplasie
congnitale
des surrnales
TUMEUR VIRILISANTE
DE L'OVAIRE :
Tumeur de Leydig
Arrhnoblastome
Syndrome
des ovaires
polykystiques
17-OH P augmente
test au synactne
Testostronmie
augmente
LH > FSH
Absent
RETARD PUBERTAIRE
Viriliss
Caractres sexuels
secondaires
Amnorrhe
primaire
Absents
Retard de croissance
FSH et LH
sont basses
Surveillance simple
Ssamode du pouce
Prsent
IMPUBRISME
Normaux
Courbe de temprature
Normale
Douleur
Oui
Douleur
Non
Malformation
Imperforation
hymnale
Aplasie du col
Diaphragme vaginal
Aplasie vaginale
Malformation
Syndrome de
Rokitansky
Tuberculose
prpubertaire
FIGURE 3
e312
Monophasique
FSH et LH
augmentes
FSH et LH
basses
Entranement intense
Anorexie mentale
Hypothyrodie fruste
de Kallman-De Morsier
(olfaction-)
Syndrome de Morris
46XY
Turner 45X0
Mosaiques
Autres dysgnsies
gonadiques
Chimiothrapie
Radiothrapie
Auto-immunit
Tumeur hypothalamohypophysaire
Craniopharyngiome
Gliome nerf optique
Pan hypopituitarisme
Toxoplasmose
congnitale
Amnorrhe
Diagnostic
Lamnorrhe est dfinie par labsence de rgles. On parle
damnorrhe primaire en cas dabsence de cycle menstruel
chez la fille aprs lge de 16ans et damnorrhe secondaire
en cas dinterruption des rgles pendant plus de 3mois chez
une femme pralablement rgle. Les causes sont lies une
atteinte de laxe hypothalamo-hypophyso-ovarien ou une anomalie anatomique de lutrus et/ou du vagin.
Causes
1. Amnorrhe primaire
En cas damnorrhe primaire, lexamen clinique recherche
les autres caractres sexuels secondaires pour diffrencier les
amnorrhes primaires avec ou sans retard pubertaire. Chez la
jeune fille, les caractres sexuels secondaires correspondent
la mnarche, la thlarche (dveloppement de la glande mammaire), au dveloppement de la pilosit pubienne (pubarche) et
axillaire et au pic de croissance (diffrences galement sur le
squelette, la rpartition des masses musculaire et graisseuse).
Lexamen recherche galement des signes cliniques de virilisation, et en fonction de ces lments on soriente vers les diffrentes causes (fig.3).
Amnorrhe primaireavec retard pubertaire: dans cette situation, la
mnarche na pas eu lieu et les autres caractres sexuels secondaires sont galement absents aprs lge de 16ans. Si la
cause est haut situe sur laxe hypothalamo-hypophysaire (FSH,
LH, estradiol et progestrone bas), on parle dun hypogonadisme
hypogonadotrope, et les causes peuvent tre:
une tumeur hypothalamo-hypophysaire;
un retard pubertaire simple (diagnostic dlimination);
une anomalie congnitale (syndrome de Kallmann-De Morsier);
un entranement intense, une anorexie mentale.
e313
RR Item 34
Amnorrhe
primaire
Grossesse
Courbes
de temprature
biphasiques
FSH, LH,
E2, PRL, T
Normaux
Prolactine
Courbes
de temprature
plate
FSH, LH, b
E2 c
Cause
utrine
Cause
ovarienne
Hystrosalpingographie
Dysgnsie
gonadique
Hyperprolactinmie
chographie
ovarienne
Non
IRM hypothalamohypophysaire
FIGURE 4
Mnopause
prcoce
Primitive
Secondaire
Chirurgie
Chimioirradiation
Adnome prolactine
ou tumeur
hypothalamohypophysaire
ou IRM normale
IRM hypothalamo-hypophysaire
Testostrone
> 1,5 ng/mL b
Scanner des
surrnales
chographie
ovarienne
Deux gros
ovaires
Pathologique
Tumeur
ou infiltration
de la rgion
hypothalamohypophysaire
Normale
Ovaires
polykystiques
Enqute
nutrition
Amnorrhe
psychogne
Tumeur des
surrnales
ou ovarienne
androgno
scrtante
e314
Courbe
de temprature
plate
FSH normale ;
LH > FSH
T normale
ou < 1,5 ng/mL
Insuffisance
gonadotrope
Enqute
mdicamenteuse
Oui
Stnose du col
Synchie
traumatique
tuberculose
Courbe
de temprature
plate
FSH, LH, E2 c
TABLEAU 1
On retrouve ensuite deux types dtiologies: centrale ou priphrique. L encore, aprs lexamen clinique, cest un bilan hormonal qui guide la recherche tiologique (fig.4).
Causes damnorrhe secondaire centrales: les causes hypothalamiques sont rechercher lexamen clinique: anorexie ou dnutrition, stress, pratique intensive du sport.
Parmi les causes lies lhypophyse, on retrouve principalement ladnome prolactine qui par le syndrome de masse quil
entrane diminue la production de GnRH. La prolactinmie est
augmente, et une IRM de la selle turcique doit tre demande.
Le syndrome de Sheehan, devenu exceptionnel, est galement
une cause damnorrhe secondaire par insuffisance anthypophysaire conscutive une anoxie lors dune hmorragie de la
dlivrance.
Causes damnorrhe secondaire priphriques: linterrogatoire,
il faut rechercher la prise de contraception mais aussi lantcdent de geste endo-utrin (curetage pour avortement spontan
incomplet ou interruption volontaire de grossesse, rvision utrine, embolisation) ou dhystrotomie (csariennes, myomectomies) qui peuvent tre lorigine de synchies utrines.
Lchographie pelvienne est lexamen de premire intention
raliser. Cette dernire peut galement mettre en vidence des
ovaires polykystiques. Le syndrome des ovaires polykystiques(fig.5) touche 6 8% des femmes en ge de procrer
et constitue une cause dinfertilit. Ces patientes ont un taux
de LH plus important qui stimule la scrtion dandrognes par
les ovaires et entrane une maturation folliculaire aberrante. Cliniquement, elles prsentent des cycles anovulatoires (dure de
plus de 35jours ou moins de 8menstruations par an), une
spaniomnorrhe et dans 50% des cas une amnorrhe, dans
+
Exclusion des autres causes d'hyperandrognisme
et anovulation (voir tableau 1)
FIGURE 5 Critres diagnostiques du syndrome des ovaires polykystiques.
* : un rapport LH/FSH augment est un lment de plus pouvant faciliter le
diagnostic. D'aprs Lujan ME, Chizen DR, Pierson RA. Diagnosis criteria for
polycystic ovary symdrome: pitfalls and controversies. J Obstet Gynaecol Can
2008;30:671-9.
lments rechercher
Hormones doser
Hyperprolactinmie
Hyper- et hypothyrodie
z TSH
Grossesse
z b-hCG
Troubles hypothalamiques
z LH et FSH c
z FSH bb
z progestrone-17-OH b, DHEAS b
Tumeurs ovariennes
z testostrone bb
Syndrome de Cushing
z cortisol srique
D'aprs Welt C, Barbieri RL. Etiology, diagnosis, and treatment of secondary amenorrhea. UpToDate, version 17.3. Site Internet : www.uptodate.com.
e315
RR Item 34
Mnorragie et mtrorragie
Les rgles normales ont une dure de 3 6jours avec une
perte sanguine menstruelle considre comme normale jusqu
80mL. La dfinition des mnorragies concerne donc des rgles
de plus de 7jours et/ou une perte sanguine suprieure 80mL.
Les mtrorragies sont dfinies par des pertes sanguines dorigine utrine en dehors des rgles.
La prvalence des mnomtrorragies est estime de 11 13%
dans la population gnrale et augmente avec lge pour atteindre
24% chez les 36-40ans.
Causes
Examens complmentaires
Dfinitions
Examen clinique
TABLEAU 2
1. Interrogatoire
Il vise quantifier les pertes en utilisant par exemple le score
de Higham (tableau 3).
Causes fonctionnelles
Iatrognes
z anticoagulant
Idiopathiques
Dovulation
ou
fonctionnelles cycliques
z causes endocriniennes :
hypothyrodie, diabte, obsit
z insuffisances cardiaques
et respiratoires chroniques
Conduite tenir
Locales
z cancer de lendomtre : voquer
en 1re intention pour tout pisode de
mtrorragies post-mnopausiques
Anovulatoires
z syndrome des ovaires polykystiques
z mtrorragies primnopausiques par
hyperstrognie relative
e316
TABLEAU 3
Nom :
Prnom :
DN :
Date :
Jour de rgles
Serviette ou tampon
er
5e
6e
7e
8e
Points
1 point /
linge
5 points /
linge
20 points /
linge
Caillots
Dbordement
Total des points
z Durant les rgles, il faut noter, chaque jour, le nombre de linges (serviettes ou tampons) dans la case correspondant au degr d'imprgnation en sang.
z En additionnant les points la fin des rgles, on obtient la valeur du score de Higham.
z Un score suprieur 100 points correspond un saignement suprieur 80 mL du sang (dfinition de la mnorragie).
Extrait et adapt de Michel Ploin. Mnomtrorragies : un symptme souvent difficile apprhender par le gyncologue. Gnsis, numro spcial, fvrier 2003.
NON
Dispositif intra-utrin
au lvonorgestrel
Acide tranexanique
Acide tranexamique
Anti-inflammatoires
non strodiens
Contraceptifs
oraux/progestatifs
Anti-inflammatoires
non strodiens
SI CHEC
Curetage endo-utrin doux et superficiel
dispositif intra-utrin au lvonorgestrel
FIGURE 6 Mnorragies fonctionnelles chez une patiente ayant un dsir de
grossesse.
e317
TABLEAU 4
RR Item 34
Options thrapeutiques
Hyperplasie endomtriale
Pathologie
Options thrapeutiques
Hyperplasie
Polype endomtrial
Polype
Myome sous-muqueux
ou interstitiel de moins
de 4 cm
Myome sous-muqueux
ou interstitiel de moins
de 4 cm
Myome de plus de 4 cm
Myome de plus de 4 cm
Adnomyose
Adnomyose
Malformation artrio-veineuse
z embolisation
QUESTION 5
Mme V., 38ans, G3P3, se plaint de mnorragies depuis 2ans. Elle ne prend aucun
traitement et na pas dantcdent chirurgical. Elle a prsent une thrombose veineuse
profonde du membre infrieur gauche il y a 5ans alors quelle prenait une contraception
par stroprogestatifs et quelle fumait 10cigarettes par jour. Elle ne fume plus et utilise
actuellement des prservatifs. Elle na pas de dsir de grossesse pour le moment.
QUESTION 1
QUESTION 3
QUESTION 2
QUESTION 4
QUESTION 6
Deux ans plus tard, elle vous demande
une strilisation tubaire.
Quelles informations lui dlivrez-vous?
QUESTION 7
Quelles sont les deux techniques
chirurgicales permettant la strilisation
tubaireet quels sont les dlais respectifs
defficacit?
e318
Syndrome prmenstruel
DIU au lvonorgestrel ac tranexanique
Contraceptifs oraux/progestatifs, AINS
Dfinition
Il sagit de lensemble des manifestations cycliques bnignes
pouvant toucher tous les appareils et apparaissant dans les jours
qui prcdent les rgles pour disparatre au dbut ou au cours de
la menstruation. Il est trs frquent, puisquil touche environ 40%
des femmes. La physiopathologie est incertaine: une des explications serait la fluctuation hormonale de 2epartie de cycle: tandis
que la scrtion dstrognes baisse, celle de la progestrone
augmente, puis chute son tour en labsence de grossesse. La
permabilit tissulaire semble jouer un rle, avec constitution dun
dme tissulaire interstitiel (mammaire, crbral et pritono-colique) secondaire une hyperstrognie relative. Il pourrait aussi
y avoir une fluctuation des neurotransmetteurs dans le cerveau
(la srotonine, en particulier).
Signes fonctionnels
Linterrogatoire doit rechercher la date de dbut des troubles et
ventuellement le contexte psycho-motionnel dclenchant, ce
qui sera utile pour le traitement par la suite. Les manifestations
sont multiples et varient selon les patientes, mais trois types de
symptmes se rencontrent presque systmatiquement :
une tension mammaire dintensit variable, de la lgre tension
la mastodynie gnant les mouvements du bras. Cette gne
peut tre prsente sur un sein normal ou en prsence dune
mastopathie fibrokystique;
des troubles abdomino-pelviens tels que pesanteur pelvienne,
ballonnements, voire troubles du transit, avec parfois une prise
de poids de 3-4kg;
des signes neuropsychiques comme lirritabilit, lasthnie, les
troubles de la concentration.
La dure de lpisode est variable (parfois dbutant ds le milieu
de cycle) mais lvolution est constante: les symptmes samendent
avec la survenue des rgles.
Il existe galement des pathologies prmenstruelles dites cata
mniales, sans syndrome prmenstruel proprement dit, de type
neurologiques (comitialit, migraine), urinaires (cystalgie) ou pulmo
naires (hmoptysie, asthme). Ce sont les fluctuations endocriniennes qui permettent un terrain particulier de sextrioriser. Il
faut donc traiter la pathologie mais galement limiter si possible
les variations hormonales (prescription par exemple de pilules
stroprogestatives en administration continue).
Examen physique
SI CHEC
Non recommand
Techniques de destruction de l'endomtre
TG 1 rollerball, TG 2 thermocoagulation
+
POUR EN SAVOIR
14
ossier
11/04/
10:04
Page
s
trorragie
Mnom
P. 532
s utrins
Fibrome
P. 540
triose
Endom
P. 545
yose
Adnom
P. 551
Monographie
531
RDP4_D
!531!_
R
DOSSIE
BSIP
Dossier
nignes
gies b
Patholo iques
log
gynco
iques du
Traitement
Pr Xavier
Deffieux*
Bclre,
92140 Clamart,
France
Antoine
scientif
on, Hpital
est leve
conseils
de la reproducti
t
avec les
prvalence
e et mdecine
car leur
ne en rappor vie
important
r pelvien
de
un enjeu
ou de douleu altrer la qualit
reprsentent de saignement
ent
it
lourdem
logiques
e
ie, ncess
peuvent
es gynco te un problm
et asthn
fait chez
et elles
anmie
souvent
gies bnign
triose)
confron
stic est
protections,
Les patholo sur quatre sera
une endom
port de
Leur diagno traitement le plus femme
yose ou
le
la
successifs, indsirables, etc.
(une femme e, une adnom
et comme t), le mdecin et
de travail
fibrom
des effets une infertilit)
s : arrts
avec un
vemen
es aspect
naux ayant
ou dfiniti
en proie
par de multipl traitements hormo enfants (voire
rairement
des
e des
sse (tempo
de prendr souhaitant encore avec une grosse
VOL. 64
re.
s
PRATICIEN
rsoud
DU
atible
Avril 2014
LA REVUE
des femme
difficile
t incomp
e parfois
est souven
efficace
un dilemm
ent face
se retrouv
Dossier
labor
ie obsttriqu
de gyncolog
* Service
c.aphp.fr
fieux@ab
xavier.def
531
Hystrectomie
e319
RR
Item 93
RADICULALGIE ET
SYNDROME CANALAIRE
Dr Emmanuelle Dernis, Dr Frdric Medina
Service de rhumatologie, centre hospitalier du Mans, 72037 Le Mans Cedex, France
edernis@ch-lemans.fr
objectifs
SAVOIR DIAGNOSTIQUER une radiculalgie
et un syndrome canalaire.
IDENTIFIER les situations durgence
et PLANIFIER leur prise en charge.
ARGUMENTER lattitude thrapeutique
et PLANIFIER le suivi du patient.
Radiculalgies
On distingue les radiculalgies communes dorigine discale ou
arthrosique et les radiculalgies symptomatiques secondaires
des affections infectieuses, inflammatoires ou tumorales.
Lombo-radiculalgies communes
1. Lombosciatique
La lombosciatique correspond une lombo-radiculalgie affectant les racines L5 ou S1. Elle affecte prfrentiellement lhomme
entre 30 et 40ans.
Interrogatoire: la lombosciatique se manifeste par une lombalgie
irradiant au membre infrieur au-dessous du genou. Lirradiation
dpend de la racine touche:
L5: fesse, face postro-externe de la cuisse, postro-externe ou
externe de la jambe, mallole externe ou gouttire prmallolaire,
dos du pied, gros orteil;
S1: fesse, face postrieure de la cuisse, creux poplit, face
postrieure de la jambe, tendon calcanen, rtromallolaire externe, plante ou bord externe du pied en direction du 5eorteil.
Parfois, le trajet est plus imprcis lorsque lirradiation est incomplte (irradiation tronque) ou peut concerner plusieurs territoires.
Examen physique: le syndrome rachidien se manifeste par une
attitude antalgique dans le plan sagittal (diminution ou perte de la
lordose lombaire) et dans le plan frontal (inclinaison latrale irrductible) ainsi que par une raideur lombaire dans le plan sagittal
(flexion-extension) et dans le plan frontal (inclinaisons latrales).
On retrouve des contractures musculaires paravertbrales. Certains signes orientent vers un conflit disco-radiculaire:
e321
TABLEAU 1
RR Item 93
Lombo-radiculalgie paralysante
z Dficit moteur o 3
Lombo-radiculalgie hyperalgique
TABLEAU 2
Pathologie infectieuse
z Spondylodiscite infectieuse
z Mningoradiculite (Lyme, VZV, HSV, VIH)
z Arthrite articulaire postrieure
infectieuse
Pathologie inflammatoire
z Spondyloarthrite
TABLEAU 3
Pathologie tumorale
e322
3. tiologie
Lombo-radiculalgie par hernie discale: la lombo-radiculalgie dorigine discale est surtout rencontre entre 30 et 40ans, avec une
prdominance masculine. Elle est voque par les donnes de
linterrogatoire et lexamen clinique. La douleur est de rythme
mcanique, monoradiculaire, impulsive la toux et associe
des lombalgies. On retrouve frquemment un facteur dclenchant (effort de soulvement). La douleur est augmente par la
station assise et par la mobilisation du rachis dans le plan
sagittal. Elle est soulage par le dcubitus. Le patient prsente
gnralement des antcdents rachidiens. Cliniquement on retrouve une attitude antalgique avec contractures paravertbrales
et raideur lombaire, un signe de Lasgue et un signe de la sonnette.
Deux situations reprsentent une urgence chirurgicaleet imposent un examen dimagerie en urgence :
la lombo-radiculalgie paralysante dfinie par un dficit moteur
o 3;
la lombo-radiculalgie associe un syndrome de la queue de
cheval.
La lombo-radiculalgie hyperalgique est dfinie par une douleur
rebelle un traitement morphinique bien conduit. lheure
actuelle, le traitement mdical permet rapidement de rduire
lhyperalgsie de sorte que cette situation reprsente rarement
une indication chirurgicale urgente.
Lombo-radiculalgie dorigine arthrosique: il sagit du diagnostic diff
rentiel principal de la lombo-radiculalgie commune discale. Il ny
pas de signe de conflit disco-radiculaire (impulsivit, facteur
dclenchant, signe de Lasgue et de Lri). La douleur est de
rythme mcanique et entrane parfois des rveils nocturnes lis
aux changements de position. Elle est aggrave par la station
debout statique, le dcubitus ventral ou dorsal et la rotationextension du rachis lombaire. La position en chien de fusil et
lantflexion lombaire soulagent la douleur. lexamen clinique,
il ny a pas de contracture paravertbrale majeure. On retrouve
des points lectifs paravertbraux.
Canal lombaire troit: il concerne surtout le sujet g de plus de
60ans. Il correspond une stnose acquise du canal rachidien
par prolifration ostophytique, hypertrophie du ligament jaune et
protrusion discale. Il peut toucher un ou plusieurs tages. Les
douleurs sont pluriradiculaires et bilatrales, associes des
paresthsies. La douleur apparat ou saggrave la marche (claudication la marche) du fait de laccentuation du rtrcissement
canalaire par la lordose en position debout et limite le primtre
de marche. La douleur est soulage par la position penche en
avant (signe du Caddie). Larrt de la marche soulage la douleur
en quelques minutes dautant plus que le patient sassoit. Lexamen neurologique est assez pauvre. Le diagnostic diffrentiel
est la claudication dorigine artrielle (artriopathie oblitrante
des membres infrieurs) imposant la palpation des pouls priphriques et la ralisation dun Doppler artriel au moindre
doute.
4. Examens complmentaires
Chez un adulte jeune, une lombo-radiculalgie commune typique
non complique ne ncessite aucun examen complmentaire.
Au contraire, chez un adolescent ou un patient de plus de
50ans, en cas de fivre, dantcdent de tumeur, de signes
neurologiques dficitaires ou de tableau clinique atypique, un
examen radiologique est ralis prcocement. En dehors de ces
cadres, il ny a pas lieu de demander dexamen dimagerie dans
les 7premires semaines dvolution de la lombo-radiculalgie
(recommandations de lANAES de 2000). Les examens dimagerie permettent de mettre en vidence le conflit discoradiculaire et sont raliss en vue dune intervention chirurgicale. Lexamen demander est une IRM ou dfaut un scanner
en fonction de laccessibilit de ces examens.
5. Traitement
Le traitement mdical comprend la prescription dantalgiques,
danti-inflammatoires non strodiens (AINS) et de myorelaxants.
Un repos au lit relatif peut tre ncessaire la phase aigu
lorsque la douleur est intense. Les infiltrations pridurales
peuvent tre utiles. La gurison est gnralement obtenue aprs
6 8semaines. Aprs amlioration des douleurs, une rducation
est indique afin de renforcer la musculature paravertbrale et
Lombo-radiculalgies symptomatiques
Il sagit de lombo-radiculalgies qui ne sont pas dues une
origine discale ou arthrosique mais des affections plus svres
(tableau2). linterrogatoire et lexamen clinique, on recherchera les signes dalerte orientant vers une radiculalgie symptomatique (tableau3). En cas de suspicion de lombo-radiculalgie
symptomatique il faudra raliser des radiographies standard et
un bilan biologique (hmogramme, VS, CRP, lectrophorse des
protides). Les autres explorations sont guides par lorientation
diagnostique (IRM, mylogramme, hmocultures, ponction lombaire, ponction-biopsie disco-vertbrale).
e323
RR Item 93
TABLEAU 4
2. tiologie
Hernie discale: elle concerne surtout le sujet jeune. La douleur
est de rythme mcanique avec parfois une recrudescence nocturne en cas de douleur intense. On retrouve classiquement un
facteur dclenchant. La douleur radiculaire est impulsive la
toux. lexamen physique, la douleur peut tre aggrave par la
compression axiale, extension et rotation homolatrale de la tte
(signe de Spurling) ou par la manuvre dtirement du membre
suprieur en arrire. Elle peut tre soulage par une traction cervicale.
Uncarthrose: elle concerne surtout les patients gs de plus de
40ans. Il sagit dune compression de la racine nerveuse par conflit
disco-ostophytique.
3. Examens complmentaires
Les radiographies standard du rachis cervical de face, de profil
et de trois quarts sont ralises en premire intention. Ils permettent danalyser les foramens vertbraux et de mettre en vidence larthrose cervicale. Le scanner inject ou lIRM cervicale
sont raliss en deuxime intention en cas de nvralgie cervicobrachiale rsistant au traitement mdical ou en urgence en cas
de signes de complication. Ils permettent dobjectiver un conflit
disco-radiculaire ou disco-ostophytique.
Causes traumatiques
Causes microtraumatiques
Causes endocriniennes
z Grossesse
z Diabte
z Hypothyrodie
z Acromgalie
Causes mcaniques
Cause idiopathique
e324
4. Traitement
Le traitement mdical comprend la prescription dantalgiques
classiques et dAINS ainsi quun repos par collier cervical. Dans les
formes rebelles on peut proposer une corticothrapie systmique
(0,5mg/kg/j pendant 2 3semaines). Les infiltrations cervicales
priradiculaires et foraminales sous contrle radiographique ou
scanographique sont de moins en moins proposes en raison du
risque dinfarctus mdullaire et daccident vasculaire crbral. Le
traitement chirurgical est rarement indiqu. Il est rserv aux
formes compliques ou en cas dchec du traitement mdical. Il
sagit de la rsection des ostophytes ou de la hernie discale.
Syndromes canalaires
Les syndromes canalaires rsultent de la compression des nerfs
priphriques dans des zones de passage troit. Le syndrome du
canal carpien est le syndrome canalaire le plus frquent.
le syndrome du tunnel radial: compression de la branche motrice du nerf radial lors de son trajet entre larticulation humroradiale et sa sortie du muscle supinateur;
la compression du nerf ulnaire au coude dans la gouttire pitro
chlo-olcranienne;
le syndrome de la loge de Guyon: compression du nerf ulnaire
du poignet.
2. Au membre infrieur
la mralgie paresthsique: compression du nerf cutan latral
dans un canal ostofibreux en regard de lpine iliaque;
le syndrome du tunnel tarsien: compression du nerf tibial
postrieur lors de son passage dans le tunnel tarsien;
le syndrome de Morton: compression du nerf digital dans le
tunnel intermtatarsien;
la nvralgie pudendale ou syndrome dAlcock: compression
du nerf honteux pudendal.
E. Dernis dclare participer ou avoir particip des interventions ponctuelles pour les
entreprises Abbvie, MSD, Roche et Pfizer. F. Medina dclare navoir aucun lien dintrts.
+
POUR EN SAVOIR
Dossier
DOSSIER
LG IE
ICU LA IEU RS
R
ORAD
LOMB RES INF
gie
ME MB
LOMBORADICULALGIE
adiculal
DES
lombor
Lomboradiculalgie
des membres
infrieurs
DES
MEMBRES
INFRIEURS
ue ?
une
omatiq
sympt ine discale
ig
une ou
Comm mmune, dor
et si co rosique ?
ou arth
e devant
nostiqu rs
e diag
rieu
Conduit bres inf
des mem
DOSSIER RALIS
SELON LES CONSEILS
DU DR GRALD
RAJZBAUM
Service de
rhumatologie,
groupe hospitalier
Paris-Saint-Joseph,
Paris, France.
douleur
grajzbaum@hpsj.fr
tic. La
dans la
ter le diagnos
origine
est
et dorien
lle son
le ? Quel
, son trajet ur prend-e
bilatra
douleur
e infrie
uni- ou
t tre
ie
du membr
re ? Est-elle?
ressent
ires peuven lgies
1)
lombai
adicula
e, et ntre imprcis,
(tableau
rgion
adicula
prcis
rs lombor
lombor
tre tronqu cas de trajet
ns rachison trajet
es douleu t avec des
r peut
re valeur
En
s affectio
antes
La douleu
du trajet. qui a la meilleu brlure,
,
en rappor ou avec dautreplus inquit
de
les
une partieplus distale
nes
type
mais
sies,
GRALD RAJZBAUM
que sur
la
commu
dcrite
rares
s ou parfois
paresth
douleur est souvent
s plus
lombotumeur
sies, de
MICHEL SAMSON
ants
cest la
dienne
alors de
ns, les
trice. Elle
de dysesth
mes import gique
infectio
On parle
Service de
localisa
pagner
atoires.
que les
ts, sympt re neurolo
ie,
ent
saccom
telles
e.
inflamm
llemen
galem
rhumatolog
e.
et peut
caract
ismes
diculair
matiqu doit permettre
ant le
de fourmi
ue ou
rhumat
plurira
mode
groupe hospitalier
confirm
parfois
tique
algie sympto
bi- voire r la date et le
aire (sciatiq
her car
radicul
he diagnos
troncul
peut tre
hant,
Paris-Saint-Joseph,
une douleur
recherc
prcise
Elle
.
dmarc
ne
de
atteinte chidien
dclenc
La
Paris, France.
de la douleurogatoire permetr (vnement
atre une
que, son
extrara
aire.
tre de
de reconn une origine
radicul
Linterr de la douleu
re mcani
uels
grajzbaum@hpsj.fr
permet
) ou
ue
Hernie discale.
te comme tique doit
son caract nnel, dventou de
crurale
de surven progressif),
ue
fonctio
ent interpr
diagnos
lgie
au
chroniq
sement
faussem la conduite
ie
adicula
brutal
retentis
ns :
la douleur
lombor
Ainsi,
t, son
o, de lombalges
questio
lomboradiculalgies
des membres infrieurs sont un motif de consultation quotidien.
discale,
une
G. Rajzbaum
intensi
lumbag
hernie
ion.
re deux
ond-elle
ents de
cas de
dune
rpond
nt
la dfcat
e?
dclare des
r corresp
antcd
formes
communes
regroupent les douleurs dorigine discale ou arthrosique,
lgie. En
rareme
ne, sagit-il ?
toux ou Les
adicula
ent que
la douleuou symptomatiqu
des
ve la
interventions pour
lombor
lgie commu autre cause
finalem
ne
dehors
avec en
des
composantes plus ou moins intriques. Les progrs de limagerie ont
t impulsi
adicula
ne sont
commu
e ? Dune
ponctuelles
est souven
tismes
de lombor
arthros
algie aigu,
considrablement
simplifi la dmarche diagnostique, mais une bonne interprtation
en cas
? Dune
Les trauma une radicul
e.
AbbVie, Amgen,
discale
dans
une :
voie publiqudes images suppose une analyse clinique rigoureuse pralable. Malgr tout, il reste
hernie
Ipsen et MSD.
en cause graves de la
comm
de gravit e,
ts
ulalgie
signes
acciden
des difficilesdecliniquement
la statiqu
des
et sur le plan de limagerie ; la concordance radio-clinique est
te
dclare
chercas
Lomboradic
que
frquen
M. Samson
frquente
recher
he un trouble
/
est plus
ner et
essentielle,
et touteantalgi
discordance
manifeste doit attirer lattention du mdecin.
la plus
homme
e discale
navoir aucun
ou une
Exami du rachis recherc
une attitude
jeunes)
en
lgie dorigin40 ans. Le rapport icales.
rachidi
Le enne,
mcanisme
lien dintrts.
Lexam
adicula
chirurg
30 et
s des sujets du conflit discoradiculaire conduisant une radiculalgie est probablement
ation
lombor
entre
sries
discale
La
e
les
non sympune dform herniesmultifactoriel,
quantifi compression et traction de la racine, et une agression chimique
re.
sujet jeune, on 1,5 dans
o tre
sassocient
ndiscales
e des
chez le
de
e peut
taire lombai
(apanag
en tomode
est denvir
uses hernies
segmen
et de lindice
rsultant
de laollibration
dehe
cytokines pro-inflammatoires au contact de la hernie discale.
ique.
enne lombair
femme
nombre les tudes faites
raideur
rachidi
de trs
ce magnt ntent
e doigts-s
re recherc
s par
Il existe
La raideur de la distanc
rsonan
lombai
Grald Rajzbaum
ues, rvle
ie par
, des zones
rgion
lgies reprse dit
mesure
e
tomatiq
tbraux
on de la
en imager
adicula
par la
et dinvali et
sonnett
rie ou
r. La palpati muscles paraversigne de la
n
sitomt
ies et lombor au travail
e social
un
Schbe
ture des
la pressio
Les lombalg dinaptitude ce context ionnelles
llement
aire
une contrac et ventue
re cause
.1 Face
r radicul
s profess ts unieuses
378 Conduite
diagnostique
la premi
f P.
f P. 384 Prise- en charge thrapeutique f P. 388 Infiltrations
en France x de maladie
doulour
de la douleu
restrein pro45 ans
r le retentis ,
uction
tableau
en 1999,
avant
391 Kinsithrapie
P. 393
Traitement
chirurgical de la hernie
prcise
f P.
f de
discale
(reprod
moteur
).
ique, deux ont t crs
hernie
permet
dficit
tbrale
entier
s
conom
lgies par
her un
gnral
paraver
corps
douleur
de la marche
adicula
ises au
de recherc inte (pour les
du rgime
charges
Ltude
ou L4,
nnel et
ns transm manuelle de
t aux lombor
algie L3
fonctio
e talon-po
vibratio
quemen
la
ntion
Vol. 66 _ Avril 2016
sement
lpreuv
de radicul (flexion de
s par des
ent par
En cas
par la manute
voque
notamm
ou S1).
2
er le psoas
n 97) ou
aires L5
n 98).
(tableau
peut concern
radicul
(tableau
ons
moteur
lourdes
questi
Linter
s
le dficit
tique.
la
: les bonne diagnos
gatoire la dmarche permet de dcrire
Interro
cl de
ux. Il
Cest ltape
tre rigoure
re doit
rogatoi
BSIP
SOMMAIRE
2. tiologie
Le syndrome du canal carpien est idiopathique dans plus de
50% des cas. Les causes sont listes dans le tableau4.
3. Examens complmentaires
lectromyogramme: il reprsente lexamen de rfrence. Il permet
dobjectiver latteinte du nerf mdian et dliminer une autre pathologie. La stimulodtection montre un ralentissement de la conduction motrice et/ou sensitive du nerf mdian au canal carpien. Elle
analyse galement lamplitude et la dure des rponses voques
motrices et sensitives. Cet examen peut tre normal dans les
formes dbutantes.
Autres examens: lchographie permet une analyse morpho
logique et dynamique du nerf mdian. Elle montre un paississement du nerf mdian lentre du canal carpien, un aplatissement
la partie distale du canal carpien et un bombement palmaire
du rtinaculum des flchisseurs. Elle permet ventuellement de
mettre en vidence la cause de la compression du nerf mdian:
tnosynovites des flchisseurs, tumeur synoviale.
La radiographie du poignet peut mettre en vidence une anomalie
osseuse (masse calcifie, fracture des os du carpe).
4. Traitement
Le traitement tiologique est mis en uvre chaque fois que
possible.
Dans les formes sensitives pures, on privilgie le traitement
mdical en premire intention: infiltrations cortisoniques intra
canalaires, attelle nocturne de repos.
Le traitement chirurgical est indiqu dans les formes svres
(dficit moteur ou amyotrophie) et dans les formes rsistant au
traitement mdical. Il consiste en la section du ligament annulaire
sur son versant ulnaire. Cette section peut tre ralise par
technique classique (ouverture palmaire) ou par technique endo
scopique.
Vol. 66
377
_ Avril 2016
378
Mais aussi :
Portier A., Rajzbaum G. Nvralgie cervico-brachiale : frquente et parfois
trs douloureuse. Rev Prat 2016;66(5)549-54.
Liverneaux P, Gouzou S. Syndrome du canal carpien et autres syndromes
canalaires. Rev Prat 2013;63(9):1258-62.
e325
RR
FOCUS
Item 93
Voir litem complet page e321
et sur larevuedupraticien.fr
E. Dernis dclare participer ou avoir particip des interventions ponctuelles pour les
entreprises Abbvie, MSD, Roche et Pfizer. F. Medina dclare navoir aucun lien dintrts.
e326
l Douleur thoracique
RR
Item 117
LE HANDICAP PSYCHIQUE
(VOIR ITEM 54 ET 115)
Dr Cllia Quils1, 2, Pr Christophe Lanon3
1. Centre hospitalier Charles-Perrens, F-33000 Bordeaux, France
2. Universit de Bordeaux, F-33000 Bordeaux, France
3. Ple psychiatrie universitaire, CHU Sainte-Marguerite, F-13274 Marseille Cedex 09, France
cquiles@ch-perrens.fr
objectifs
VALUER le handicap psychique de ladulte.
ANALYSER les implications du handicap
en matire dorientation professionnelle
et son retentissement social.
VALUER le handicap psychique de lenfant
et de ladolescent en matire dintgration scolaire
et darticulation entre le secteur sanitaire et
mdico-social. ARGUMENTER les principes
dorientation, de prise en charge et daide (MDPH
Auxiliaire de vie scolaire collectif et individuel,
Mdico-social intgration scolaire, etc) pour
les enfants porteurs de handicap psychique
ARGUMENTER les principes dutilisation
et de prescription des principales techniques
de remdiation cognitive.
ARGUMENTER les principes dutilisation et de
prescription des principales techniques ducatives
et dentranement cognitif chez les enfants
porteurs de handicap psychique.
chances, la participation et la citoyennet des personnes handicapes, a dfini la notion de handicap: Constitue un handicap,
au sens de la prsente loi, toute limitation dactivits ou restriction
de participation la vie en socit subie dans son environnement
par une personne en raison dune altration substantielle, durable
ou dfinitive dune ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles,
mentales, cognitives ou psychiques, dun polyhandicap ou dun
trouble de sant invalidant .
Le handicap nest donc pas un tat, mais une situation de
handicap dorigine physique, sensorielle, mentale, cognitive ou
psychique. Les fonctions psychiques sont donc bien reconnues
dans cette dfinition comme des sources de handicap (la loi de
2005 a ainsi reconnu le handicap psychique).
Deux notions diffrentes doivent tre distingues: le handicap
mental et le handicap psychique.
La situation de handicap dorigine mentale est relie une
altration cognitive globale entranant une efficience intellectuelle
diminue (souvent non volutive dans le temps). Prsente ds la
naissance, il sagit dune situation de handicap durable, ncessitant des soins mdicaux habituellement peu frquents, essentiellement de nature diminuer limpact du handicap. Lexemple
dune personne souffrant dun retard mental dans le cadre dune
trisomie21 peut tre cit.
La situation de handicap dorigine psychique est relie une
altration cognitive spcifique ou des biais cognitifs (voluant
par pousses dans le temps) perturbant lorganisation des activits et des relations sociales. Le handicap psychique est donc
secondaire un trouble psychiatrique. Apparaissant ladolescence ou lge adulte, ce handicap est volutif, et requiert des
soins mdicaux indispensables, permettant de stabiliser le trouble
psychiatrique (tels les psychotropes) et de diminuer limpact du
handicap (telle la remdiation cognitive, par exemple).
Le handicap psychique fait partie des premires causes de
handicap selon lOMS. On estime 700000 le nombre de personnes prsentant un handicap psychique en France. Il sagit de
la premire cause de mise en invalidit par la Scurit sociale.
e327
RR Item 117
Trois niveaux (dficience, limitations et restriction de participation), de complexit croissante et en interaction les uns avec les
autres, constituent le modle de lOMS du handicap. Il existe par
ailleurs deux catgories de facteurs susceptibles dinfluencer la
cascade de consquences menant des dficiences aux restrictions
de participation:
les facteurs personnels (conceptions issues de la psychologie
de la sant: le stress peru, le soutien social peru, le contrle
peru et les stratgies dadaptation);
et les facteurs environnementaux (lments du contexte de vie
de lindividu).
Ces facteurs peuvent constituer des obstacles ou des facilitateurs
de la participation la vie sociale.
1. Dficience
Les dficiences correspondent au dysfonctionnement des
structures anatomiques. Les altrations cognitives retrouves dans
les troubles psychiatriques appartiennent ce type de dysfonctionnement et svaluent par des tests neuropsychologiques,
indispensables dans tout bilan de troubles psychiatriques svres.
Les altrations cognitives contribuent fortement au pronostic
fonctionnel des troubles psychiatriques.
2. Limitation dactivit
Les limitations dactivit dsignent les difficults quune personne
peut rencontrer pour mener une activit, cest--dire ce que la
personne est capable ou non de faire. Ainsi, les limitations dactivits peuvent concerner diffrentes tches de la vie quotidienne, ou encore les comptences sociales et professionnelles.
3. Restriction de participation
Les restrictions de la participation dsignent les problmes
quune personne peut rencontrer pour participer une situation de la vie relle. Il ne sagit pas de ce que la personne est
capable de faire ou pas, mais surtout de ce quelle fait rellement (fig.1).
Dficiences
Problme
de sant
Limitation
d'activits
Facteurs
personnels
Facteurs
environnementaux
Restriction
de participation
e328
La rhabilitation psychosociale comporte lensemble des stratgies qui permettent aux sujets souffrant de troubles psychiatriques de rcuprer leur fonctionnement social et instrumental
dans la plus large mesure possible en utilisant des procds
dapprentissage et des mesures prothtiques. La rhabilitation
inclut donc la remdiation, la radaptation, la rinsertion.
Problme
de sant
1. Logement
Il existe plusieurs possibilits de logement pour les personnes
souffrant de handicap psychique, en fonction des possibilits du
sujet. Le logement peut ainsi tre ordinaire, ou alors adapt (maisons
relais, rsidences daccueil) ou encore en appartement communautaire ou associatif. Afin de maintenir lautonomie dans ce logement
et dans la vie quotidienne, il existe des possibilits daccompagnement la vie sociale sous la forme:
dun service daccompagnement la vie sociale (SAVS);
ou dun service daccompagnement mdico-social pour adultes
handicaps (SAMSAH).
Le SAMSAH propose, en plus de laccompagnement dans la
vie quotidienne pour les activits sociales et professionnelles, un
accompagnement dans le suivi mdical et paramdical du patient.
Des aides mnagres peuvent sajouter.
Enfin, il est aussi possible de demander lintervention dinfirmiers
domicile, voire de soins mdicaux ambulatoires, afin de complter
le suivi mdical ambulatoire. Ces diffrents dispositifs ont pour
objectif de favoriser un travail de rhabilitation psychosociale en
condition cologique.
2. Travail et aides financires
En fonction de la svrit de son handicap, le patient peut
travailler en milieu ordinaire, avec recherche demploi standard,
ou bien bnficier de la reconnaissance de qualit de travailleur
handicap (RQTH) accorde par la MDPH, permettant un amnagement de poste.
Si le travail en milieu ordinaire est impossible, la RQTH permet
galement le travail en milieu protg, soit en entreprise adapte,
soit en tablissement et service daide par le travail (ESAT) qui
peut sassocier temporairement un foyer dhbergement pour
travailleurs handicaps.
Si le travail nest pas possible, le patient peut bnficiersoit
dune pension dinvalidit (verse par la Scurit sociale) sil a
dj travaill, soit dune allocation pour adulte handicap (AAH),
accorde par la MDPH.
Dficiences
Limitation
d'activits
Restriction
de participation
Pharmacothrapie
Neurostimulation lectrique
Remdiation cognitive
Radaptation psychosociale
Rhabilitation psychosociale
e329
RR Item 117
Message de l'auteur
Les questions poses portant sur cette item
sintgreront parfaitement dans lesprit de
transversalit de lECN. Elles pourront
facilement tre intgres tout cas clinique
portant sur une pathologie psychiatrique ou
pathologie susceptible dengendrer un
handicap psychique.
Les questions pourraient par exemple tre
les suivantes, partir dun cas clinique:
quelles sont les dficiences prsentes par
ce patient?
quelles sont les limitations prsentes par
ce patient?
e330
+
POUR EN SAVOIR
Collge national universitaire des enseignants de psychiatrie (CNUP),
Association pour lenseignement de la psychiatrie (AESP). Le Rfrentiel
de psychiatrie, Tours: Presses universitaires Franois-Rabelais, 2014.
Franck N. Remdiation cognitive dans la schizophrnie. Encyclopdie
mdico-chirurgicale 2014;37-820-A-55.
Union nationale des amis et familles de malades psychiques.
http://www.unafam.org/
RR
FOCUS
Item 117
La remdiation cognitive,
une technique de prise en charge
diffrencier de la thrapie
cognitivo-comportementale
Dr Cllia Quils1, 2, Pr Christophe Lanon3
1. Centre hospitalier Charles-Perrens, F-33000 Bordeaux, France
2. Universit de Bordeaux, F-33000 Bordeaux, France
3. Ple psychiatrie universitaire, CHU Sainte-Marguerite, F-13274 Marseille Cedex 09, France
cquiles@ch-perrens.fr
a remdiation cognitive a pour objectif de diminuer les altrations cognitives des sujets souffrant de trouble psychiatrique. La thrapie cognitivo-comportementale a pour objectif
de modifier les distorsions cognitives ou biais cognitifs, conduisant aux ides dlirantes. Il ne sagit pas dans ce dernier cas
daltrations cognitives dans le sens o elle ne porte pas sur des
processus de pense, mais sur des contenus de pense (pour
distinguer ces deux aspects, prenons lexemple de la lecture
dun texte; si je me pose des questions sur lhistoire que je suis
en train de lire, alors je me pose des questions sur le contenu de
la pense; si je me pose des questions sur la vitesse de ma
lecture, mes capacits de comprhension, alors je me pose des
questions sur les processus de pense).
Certains programmes, tel le Michaels game, jeu de cartes au
cours duquel le patient doit trouver des hypothses alternatives
aux explications donnes par le personnage Michael sur des
situations auxquelles il est confront, permettent de travailler la
fois les biais cognitifs (erreurs de raisonnement par les hypothses alternatives) et les altrations cognitives (par exemple, ici,
la flexibilit cognitive).
Les altrations des processus de pense telles que les altrations
cognitives sont accessibles via les programmes de remdiation
cognitive. Les biais cognitifs, portant sur des contenus de pense,
sont accessibles via la thrapie cognitivo-comportementale.
Les techniques de remdiation cognitive sapparentent celles
de la rducation et proposentsoit un entranement des processus
altrs, soit un renforcement des processus prservs destins
compenser les altrations.
Les altrations cognitives se manifestent par des altrations
non spcifiques aux troubles psychiatriques (pouvant se retrouver
dans les maladies neurologiques, par exemple) ou par des altrations spcifiques aux troubles psychiatriques.
Concernant les altrations non spcifiques, elles peuvent toucher comme dans les maladies neurologiqueslattention et la
vitesse de traitement de linformation, la mmoire, les fonctions
excutives.
e331