Laminage À Chaud
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Techniques de lIngnieur, trait Matriaux mtalliques M 3 060 1
MTALLURGIE DES TLES LAMINES SUR TRAINS CONTINUS __________________________________________________________________________________
1.1 Dfinition des produits plats La filire d'laboration des aciers pour produits plats a fortement
volu depuis vingt ans. l'heure actuelle, la plus grosse partie des
produits plats suit une filire dite classique ou filire fonte dont un
Les principales normes franaises qui dfinissent les produits synoptique simplifi est donn sur la figure 1 : l'acier liquide est la-
plats en acier obtenus par laminage continu sont rpertories et bor au convertisseur oxygne partir de fonte de hauts four-
passes en revue en [Doc. M 3 060] attache cet article. Il convient neaux et d'un peu de ferrailles. Seuls les aciers inoxydables, les
cependant, de se rfrer en premier lieu la norme franaise, d'ori- aciers lectriques grains orients et quelques aciers spciaux for-
gine europenne, caractre gnral NF EN 10079 dc. 1992 Dfini- tement allis rejoignent la filire classique au stade du laminage
tion des produits en acier, qui a pour but de dfinir les produits en chaud, aprs laboration au four lectrique.
acier d'aprs : La production de fonte (cf. article [M 7 300] de ce trait [19])
leur forme et leurs dimensions ; s'opre dans des units amont qui regroupent :
le traitement des matires premires, minerais et charbons
leur aspect et leur tat de surface. (calibrage, homognisation) ;
En particulier, son paragraphe 5.1 donne la dfinition des produits la cokerie ;
plats : l'agglomration ;
les hauts fourneaux ;
le prtraitement ventuel de la fonte.
Produits de section droite presque rectangulaire et dont la lar- Les qualits demandes la fonte sont essentiellement expri-
geur est trs suprieure l'paisseur. Leur surface est techni- mes en termes de rgularit de composition et de temprature. Le
quement lisse mais peut galement, dans certains cas (par prtraitement de la fonte a pour objet de rduire les quantits de
exemple : tles larmes), prsenter intentionnellement certains soufre et de phosphore en amont de l'acirie.
creux ou reliefs rgulirement espacs.
Les hauts fourneaux modernes fonctionnent avec des tempratu-
res de vent leves (1 350 C), de fortes pressions au gueulard
(2,5 bar) et des injections massives de charbon pulvris aux tuy-
Dans l'ensemble des produits plats, cette norme distingue :
res (jusqu' 200 kg par tonne de minerai) qui permettent d'conomi-
les produits plats non revtus (lamins chaud ou lamins ser le coke.
froid) ;
L'affinage de la fonte (cf. article [M 7 650] de ce trait [20]) seffec-
les aciers magntiques ; tue au convertisseur par soufflage d'oxygne pur. Le rglage mtal-
les produits plats destins l'emballage ; lurgique et thermique est obtenu par pilotage de la hauteur de
lance, ajout de ferrailles et brassage par de l'argon.
les produits plats revtus lamins chaud ou froid ;
La mise nuance de l'acier passe dsormais de plus en plus par
les tles profiles ; des installations spcialises de traitement en poche. Le contrle
prcis des laitiers, du brassage mtal-laitier, des quantits et de la
les produits composites (tles et bandes plaques, tles sand-
forme des lments d'addition a pour objet d'assurer au mtal rgu-
wiches, panneaux sandwiches).
larit et homognit de composition ainsi qu'une meilleure pro-
Pour dfinir compltement les produits plats non revtus, obte- pret inclusionnaire. Il faut souligner galement l'importance prise
nus par laminage continu, il convient d'ajouter aux normes de pro- par les procds de dgazage sous vide qui, associs un traite-
duits numrs dans le [tableau A en Doc. M 3050], les normes ment l'oxygne, ont permis de dcarburer l'acier des teneurs
suivantes relatives aux dimensions et tolrances : extrmement basses. Ces procds nouveaux ont ouvert la voie
de nouveaux produits aux proprits d'emploi particulirement
NF EN 10051 ; intressantes.
NF EN 10131 ; La coule continue (cf. articles [M 7 810] et [M 7 812] de ce trait
NF EN 10140 ; [21] [22]) s'est gnralise dans le cas des produits plats : les machi-
nes produisent des lingots plats, appels brames , dont lpais-
dont le libell est donn en dtail dans la partie Documentation . seur est de lordre de 250 mm et la largeur de lordre de 1 2 m. Elle
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Cokerie
Train continu
Coule continue Acirie Haut fourneau
bandes chaud
Prparation
des minerais
Ligne
de reconditionnement Bobines
Tles lamines
de bobines
chaud
Dcapage Skin-pass Refendeuse Couronnes
Cisailles Feuilles
lectro-revtement
Recuit Skin-pass
Bobinage chaud
Tles lamines
pour relaminage
Recuit continu Bobines
froid
+ skin-pass Autres revtements Finissage Couronnes
Feuilles
Train continu Recuit galvanisation
bandes froid + skin-pass
Dgraissage Recuit
Fer blanc
Bobines
Skin-pass tamage Couronnes
Feuilles
Recuit continu
exige que les aciers soient pralablement calms , c'est--dire laminage et dclassements lis une chauffe insuffisante en niveau
dsoxyds l'tat liquide par un petit ajout d'aluminium, ce qui per- ou en homognit.
met d'viter l'effervescence rsultant du dgagement de monoxyde
de carbone lors de la solidification qui est incompatible avec la soli- Le dgrossisseur amne la brame une paisseur intermdiaire
dification continue. C'est galement une tape de traitement mtal- (bauche) par laminage horizontal tout en contrlant la largeur par
lurgique part entire tant dans la phase liquide que dans la phase laminage vertical. Le dgrossissage est ralis en continu sur une
de solidification. L'objectif est une qualit accrue en termes de pro- succession doutils ou par des va-et-vient sur un outil unique rver-
pret, dfauts de surface et sant interne. sible.
Le rchauffage d'appoint en rives est un procd rcent destin
compenser le dficit thermique qui se cre par refroidissement pr-
1.2.2 Laminage au train bandes frentiel des rives de l'bauche l'air libre. Il est ralis par brleurs
ou, mieux, par induction.
Pour de plus amples renseignements, se reporter larticle
[M 7940] de ce trait [23]. La cisaille bouter ralise l'boutage de tte et de queue
d'bauche pour assurer un engagement-dgagement correct en
Les tapes successives que nous allons dcrire permettent de aval. L'boutage, indispensable en tte, optionnel en queue, repr-
transformer la brame en une bande mince et large bobine chaud, sente 3 7 points de mise au mille.
ayant les caractristiques gomtriques et mtallurgiques ainsi que
ltat de surface requis par sa transformation ultrieure. Le train finisseur comporte une succession de cages horizontales
qui :
Le ou les fours de rchauffage ont pour fonction :
amnent l'bauche l'paisseur finale demande par le client,
d'amener la brame (froide ou encore chaude) la temprature dans le sens long et dans le sens travers (contrle du profil
minimale ncessaire sa dformation ; d'paisseur) ;
d'assurer la mise en solution de certains lments d'alliage, contrlent la planit finale de la bande ;
principalement les lments prcipits (cf. 2.1.4.2) ; fixent l'aspect de surface.
d'assurer une homognit de chauffage compatible avec les
exigences de dispersion sur caractristiques mcaniques et La temprature de laminage doit tre compatible avec les exigen-
gomtriques ; ces de caractristiques mcaniques comme on le verra aux
deffacer les dfauts de surface par oxydation, tout en minimi- paragraphes 3 et 4.
sant la perte au feu. La table de sortie, qui se termine par des bobineuses, a pour
Au plan conomique, le rchauffage est une opration cot fonction d'amener la bande temprature requise par le bobinage,
direct lev et qui peut gnrer des cots indirects par incidents de en suivant le chemin thermique impos par la mtallurgie. Des sys-
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tmes de refroidissement par projection d'eau permettent ce pilo- rement longue, les laisser se refroidir lentement. Pour garder la
tage thermique. surface du mtal brillante et propre, toute l'opration se fait sous
Le conditionnement en bobine conduit un fort ralentissement de atmosphre contrle, rductrice : mlange azote et hydrogne ou
la phase finale du refroidissement. hydrogne pur.
Le couple chemin thermique-temprature de bobinage a une Une variante consiste recuire le mtal en bobines desserres :
importance dcisive sur les caractristiques mcaniques finales du c'est le recuit expans. En contrlant l'atmosphre qui circule libre-
produit. ment entre les spires, on peut alors procder des recuits de dcar-
buration.
Les bobines chaud peuvent tre vendues l'tat de tles Le recuit sur base est de plus en plus supplant par le recuit
chaud ou relamines froid. continu. Dans ce cas, les bobines sont droules et la bande passe
Nous allons envisager successivement ces deux cas. au travers d'un ou de plusieurs fours sous atmosphre contrle. Ce
procd, utilis depuis longtemps pour le fer blanc ou la tle galva-
nise, s'est considrablement dvelopp au cours des vingt derni-
1.2.3 Finissage des tles chaud res annes. Ces units incorporent en entre le dgraissage
(lectrolytique ou flamme) et, en sortie, un bac de galvanisation
pour les tles galvanises, une unit de survieillissement pour les
Les bobines chaud subissent des oprations de fractionnement tles nues et un skin-pass. Le survieillissement, par un chauffage
et de prsentation (parachvement) qui peuvent tre : modr de la bande, permet de rduire la quantit de carbone en
un reconditionnement en bobines (boutage, cisaillage de solution dans le mtal et donc sa sensibilit au vieillissement. Le
rives, mises poids, etc.) ; skin-pass a les mmes fonctions que dans le cas des tles chaud.
un refendage en couronnes de plus faibles largeurs ;
un cisaillage en feuilles. Au stade final, la tle est de plus en plus souvent revtue d'une
fine couche protectrice constitue d'un ou de plusieurs matriaux
Il arrive souvent que l'on confonde les larges bandes refendues et organiques ou minraux. On assiste actuellement un trs rapide
les feuillards. Il s'agit pourtant, au sens strict, de deux produits diff- dveloppement de ces lignes de revtement ; outre la classique
rents, mme si les dimensions finales des couronnes issues de lar- opration d'tamage du fer blanc, on peut citer l'lectrozingage de
ges bandes et de feuillards peuvent tre identiques (en paisseur et tles, le vernissage, le laquage, etc.
en largeur). Par dfinition, une large bande a une largeur suprieure
600 mm (cf. 1.1), alors qu'un feuillard est lamin chaud et Les outils de parachvement sont analogues, dans leurs fonc-
froid dans une largeur infrieure, et souvent trs infrieure, tions, ceux dcrits prcdemment, dans ce paragraphe, pour les
600 mm. Ce laminage en faible largeur permet dobtenir des tol- produits chaud (cf. 1.2.3).
rances dimensionnelles plus strictes (cf. [Doc. M 3 060]).
Avant de subir ces oprations de parachvement, la bande
chaud peut tre dcape et skin-passe si le produit vis l'exige. 1.3 Proprits d'emploi des tles
Le dcapage (cf. article [M 7 950] de ce trait [24]) permet d'limi-
ner la couche mince et adhrente d'oxydes forms chaud la sor-
tie du train (calamine). Cette couche est dcolle et dissoute dans Suivant quels critres l'utilisateur juge-t-il de la qualit des tles
des bains dacide (sulfurique ou plus frquemment chlorhydrique) qui lui sont proposes ? On peut en noncer sept principaux :
dans lesquels la bande passe en continu avant d'tre soigneuse- les proprits mcaniques ;
ment rince, sche et le plus souvent huile. les tolrances dimensionnelles (y compris la planit) ;
la sant interne ;
L'opration de skin-pass (cf. article [M 7 950] de ce trait [24]) l'tat de surface (aspect et finition) ;
consiste le plus souvent ajuster la limite d'lasticit en relaminant l'aptitude au formage ;
trs lgrement froid la bande, ce qui permet, en outre, de corriger laptitude aux assemblages ;
sa planit et son aspect de surface. L'crouissage donn au mtal l'aptitude aux revtements.
au cours de cette opration est ajust dans un but prcis que nous
expliciterons au paragraphe 4.2.3 pour les produits froid. Le poids accord chacun de ces critres dans un jugement glo-
bal de la qualit dpend videmment beaucoup de l'usage final
auquel la tle est destine.
1.2.4 Relaminage et recuit des tles froid
1.3.1 Proprits mcaniques
On trouvera ci-dessous une description des oprations de fabrica-
tion spcifiques aux tles froid. L'effet mtallurgique de ces opra-
tions sera dtaill au paragraphe 4. Il en sera abondamment question dans les paragraphes suivants.
Ces proprits sont mesures l'aide d'essais dont les modalits
Les trains froid, gnralement tandems (3 5 cages) et quips sont normalises avec prcision. Les plus couramment utiliss sont
de dispositifs sophistiqus de contrle de l'paisseur et de la pla- les essais de duret, de pliage et de rsilience (cf. article [M 120] de
nit des bandes, produisent des tles crouies dont la ductilit rsi- ce trait [25]).
duelle est trs faible.
Les lubrifiants de laminage utiliss pour produire les faibles pais-
seurs (fer blanc, notamment) rendent parfois ncessaire le dgrais- 1.3.2 Tolrances dimensionnelles
sage des bandes avant recuit. Dans les installations modernes, le
dcapage et le train froid sont directement coupls pour rduire Les tles sont commandes en dimensions nominales autour
les dlais de fabrication. desquelles une certaine dispersion est admise. Une tle livre trop
au-dessous des dimensions nominales risque d'tre inutilisable
Le recuit a pour objectif de restaurer les proprits de ductilit du parce que le format de la pice n'y serait plus inscriptible ou parce
mtal lamin froid. que la pice n'aurait pas la rsistance mcanique spcifie.
Dans sa version classique, le recuit sur base, le recuit consiste l'inverse, une tle surdimensionne donne des chutes ou un poids
porter les bobines serres, disposes en piles, une temprature de mort excessifs. La tendance naturelle des utilisateurs est donc de
l'ordre de 700 C et, aprs une priode d'homognisation ncessai- chercher obtenir des tolrances dimensionnelles faibles.
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Pour satisfaire cette tendance, les producteurs doivent utiliser au 1.3.4 tat de surface
mieux les dispositifs fixant ou corrigeant de faon automatique les
dimensions des produits dont sont quips les outils de production. Pour les tles lamines chaud dcapes et les tles lamines
Ces dispositifs se sont particulirement dvelopps au cours des froid, diverses finitions superficielles peuvent tre demandes,
dernires annes, au stade du laminage chaud et aussi du lami- variant du lisse au rugueux. Quand le formage de la tle fait interve-
nage froid pour les tles minces : nir un frottement entre matrice et serre-flan d'un outil d'emboutis-
gnralisation de la rgulation automatique d'paisseur et des sage, une certaine rugosit superficielle est ncessaire pour que ce
systmes automatiques de prrglage l'engagement ; frottement soit contrlable sans grippage. Par contre, quand la pice
dveloppement d'outils de rgulation de largeur dans les doit subir un revtement mince et brillant (un chromage, par exem-
dgrossisseurs des trains bandes chaud et des procdures ple), une surface lisse est souvent demande.
d'galisation optimale pour les tles paisses. Le fini est obtenu par un choix adapt de la microgomtrie de
surface des cylindres de la ou des dernires cages de laminoir (skin-
Il peut, cependant, tre ncessaire d'liminer, au stade du para- pass notamment) qui travailleront la tle. C'est en effet cette micro-
chvement, les feuilles ou les fractions de bobines trop loignes gomtrie qui s'imprimera plus ou moins compltement dans la
des valeurs nominales. Cette pratique est videmment coteuse, de tle selon l'effort et les tractions de laminage qui lui seront alors
sorte que la fixation des tolrances dimensionnelles dites normales appliqus. De nouveaux procds de gravage des cylindres sont
rsulte d'un compromis. apparus rcemment (gravage par micro-impacts laser, par lectro-
Des tolrances dites spciales, plus serres, peuvent tre deman- rosion par faisceau d'lectrons) et tendent se substituer au pro-
des pour certains produits, mais font alors l'objet d'un surprix en cd classique par grenaillage.
relation avec la svrit de la demande. Le choix de la finition est donc une opration dlicate supposant
une bonne connaissance de l'emploi final de la tle. Les appareils et
Les exigences de planit peuvent se discuter en des termes les mthodes de mesure de la microgomtrie superficielle des
analogues : les laminoirs, convenablement exploits (choix des tles ne font, l'heure actuelle, l'objet d'aucune normalisation sp-
bombs des cylindres, des taux de rduction par cage, ajustement cifique aux tles : les mesures sont en effet trs dlicates et les rela-
de la lubrification, etc.) permettent de produire des tles satisfaisant tions entre leurs rsultats, d'une part, et les proprits d'emploi des
les exigences courantes en matire de planit. tles, d'autre part, ne sont pas clairement tablies. Les spcifica-
Des garanties plus sres peuvent tre obtenues l'aide des dispo- tions concernant le fini des tles sont donc dfinies par conventions
sitifs de correction de la planit dont sont quips les laminoirs particulires entre le producteur et son client.
modernes. Pour les produits lamins en bandes, on a assist, au L'aspect de surface des produits plats, et surtout des tles lami-
cours des vingt dernires annes, la gnralisation des dispositifs nes froid pour pices visibles, est un paramtre fondamental de
de contreflexion des cylindres de travail des laminoirs chaud et leur qualit. En effet si, pour les tles paisses, des rparations loca-
froid et au dveloppement de nouvelles technologies de cages de les (par meulage) sont admises pour autant que l'paisseur ne soit
laminoirs conues pour une meilleure matrise de la planit (cages pas trop entame, les tles fines qui reoivent des revtements, des-
dites sexto , cages cylindres croiss, cylindres frette gonfla- tins tout la fois protger le mtal de la corrosion et amliorer
bles hydrauliquement...). Ces actionneurs peuvent tre utiliss en l'esthtique des pices, doivent tre pratiquement exemptes de
rgulation grce au dveloppement parallle de jauges de mesure dfauts de surface, au moins sur la face visible.
de la planit en ligne au dfil.
En effet, ces revtements minces et brillants, loin de masquer les
Pour les tles paisses, on a assist galement la gnralisation dfauts, rvlent au contraire les plus infimes irrgularits de sur-
du planage chaud en ligne aprs laminage, en relation notamment face. Les dfauts craindre peuvent se ranger en quelques grandes
avec le dveloppement des procds de refroidissement acclr catgories :
dans la chaude de laminage. dfauts d'origine acirie, qui se combattent par des soins
appropris au stade de l'laboration et de la coule du mtal, et qui
Pour rpondre des exigences trs serres, il peut tre cependant
peuvent tre corrigs, s'ils ne sont pas trop profonds, au stade de
ncessaire de procder, au niveau des parachvements, des op-
l'criquage de la brame ;
rations de replanage froid et de tri. Ces oprations ont un caractre
systmatique pour certaines catgories de produits (fer blanc, par dfauts d'origine thermique (calamine incruste, collage au
exemple). cours du recuit) qui sont justiciables d'une surveillance troite des
tempratures et des atmosphres auxquelles est soumis le mtal ;
rouille qui se dveloppe aisment en cas de condensation de
l'humidit atmosphrique ou de mouillage accidentel, tant que le
1.3.3 Sant interne mtal n'est pas protg par une huile approprie ;
dfauts d'origine mcanique (rayures, empreintes, brisures,
L'absence de vices cachs susceptibles de compromettre l'emploi etc.) qui existent de faon endmique dans toutes les usines pro-
normal de la tle est toujours implicitement garantie. Cela vise duits plats et dont la frquence doit tre rduite, dans des limites
essentiellement la prsence ventuelle, dans le mtal, d'amas gros- acceptables, par une action incessante sur l'tat mcanique et la
siers d'inclusions non mtalliques (cf. article [M 220] de ce trait propret des installations et par la vigilance des oprateurs.
[26]) ou de tout autre grave solution de continuit dont les effets
pourraient se manifester au cours du formage, du soudage ou du
revtement des pices, ou encore par une rupture prmature de la 1.3.5 Aptitude au formage
pice en service.
Cest principalement au stade de l'laboration et de la coule du L'aptitude des tles aux oprations de formage simples telles que
mtal que l'on peut combattre ces dfauts potentiels : emploi de le pliage ou le cintrage peut tre estime partir des proprits
rfractaires adapts et de qualit tous les stades, mode d'labora- mcaniques couramment mesures sur ces produits (cf. 1.3.1). II
tion contrl, dsoxydation bien rgle du mtal, solidification sans n'en est pas de mme pour les oprations complexes, au premier
incident de la brame de coule continue. rang desquelles l'emboutissage, qui fait appel des proprits sp-
cifiques. L'aptitude d'une tle l'emboutissage (cf. article [M 695]
Pour les tles paisses, un examen non destructif par ultrasons de ce trait [27]) dpend en effet de la nature des sollicitations
est pratiqu en ligne de faon systmatique pour garantir la sant qu'elle subit durant l'opration. Pour les zones de la pice qui sont
interne du produit livr. dformes en retreint, on peut montrer que la capacit de dforma-
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tion de la tle sans striction ni dchirure est d'autant meilleure que adhrence du revtement au support implique la livraison d'une
le coefficient moyen d'anisotropie plane, not r , est plus lev. Ce surface propre et non oxyde.
coefficient caractrise, dans un essai de traction simple, le rapport
entre la diminution de largeur et la diminution d'paisseur de la Des traitements de conversion tels que la phosphatation et la
tle : il dpend principalement de la texture cristallographique de la chromatation sont effectus avant l'application de revtements
tle [32] [34]. Pour les tles chaud, exemptes de texture si elles organiques. Les caractristiques superficielles des tles (physico-
sont lamines dans le domaine austnitique, ce coefficient est en chimie notamment) sont prendre en compte pour optimiser la
gnral voisin de 1. Par contre, il peut atteindre des valeurs sup- qualit des couches de conversion.
rieures 2 pour les tles froid lamines et recuites qui prsentent La galvanisation chaud met en jeu des phnomnes de diffu-
une texture favorable (cf. 4). sion dans le systme fer-zinc. Ces phnomnes sont gouverns par
Pour les zones de la pice qui sont dformes en expansion, la les tempratures du bain de zinc et de la tle, la dure d'immersion,
texture a peu d'influence sur l'emboutissabilit. Par contre, une la composition du bain de zinc, en particulier sa teneur en alumi-
valeur leve du coefficient d'crouissage, not n, est favorable la nium et, aussi, par l'analyse du mtal revtir. Les caractristiques
ralisation de dformations importantes sans localisation de la des revtements galvaniss dpendent galement des conditions
dformation. Pour les aciers extra-doux, la valeur de n dpend prin- d'essorage la sortie du bain de zinc et, ventuellement (cas de la
cipalement de la taille du grain dont elle est une fonction croissante. fabrication des alliages fer-zinc), des conditions de traitement ther-
Les aciers multiphass, notamment les aciers ferrito-martensitiques mique d'alliation.
double phase (cf. 3 et 4) qui prsentent un vaste domaine
Llectrozingage fait appel des phnomnes de germination et
d'crouissage ont galement un excellent comportement en expan-
de croissance des dpts de zinc ou d'alliages base de zinc. Les
sion.
paramtres prendre en compte sont les proprits de surface de la
tle (proprit, par exemple), la composition chimique et la temp-
rature du bain, les paramtres lectrochimiques (densit courant) et
1.3.6 Aptitude lassemblage le rgime hydrodynamique des solutions.
L'aptitude l'tamage fait intervenir les mmes familles de para-
Le mode d'assemblage le plus frquemment appliqu aux tles
mtres. Le dpt lectrolytique est suivi d'un chauffage trs court,
est actuellement le soudage sous toutes ses formes. La soudabilit
de l'ordre dune seconde, qui provoque la fusion du revtement.
est un sujet trs vaste, qui fait l'objet d'un dveloppement spar
dans l'article [M 715] de ce trait [28]. Nous nous bornerons don-
ner ici quelques ides trs schmatiques.
Les aciers extra-doux non allis ou faiblement allis (cf. article 1.4 Spcification des tles
[M 308] de ce trait [29]) sont, de par leur analyse, toujours rputs par lutilisateur
soudables. Les besoins des utilisateurs vont en fait plus loin que
cette notion d'aptitude gnrale au soudage. En effet, l'utilisateur
apprcie les matriaux qui peuvent tre souds trs grande la lumire de ce qui prcde, il est ais de dgager les principes
cadence, avec de larges plages de rglage des paramtres de sou- suivant lesquels un utilisateur doit exprimer ses besoins au produc-
dage, des prcautions particulires (prchauffage, dtentionne- teur.
ment) rduites, et qui garantissent nanmoins l'obtention d'un joint
soud rsistant et tenace. Ces souhaits conduisent le producteur Il doit les exprimer en termes de proprits demploi : quand il
slectionner des basses teneurs en lments qui accroissent la s'agit des proprits mesurables, faisant l'objet d'une normalisation
trempabilit et la fragilit de l'acier (principalement le carbone et les solide, le recours aux dsignations normalises s'impose. Quand les
impurets interstitielles). critres dfinissant certaines proprits sont moins tablis, des con-
ventions particulires peuvent tre discutes. Enfin, l'utilisateur
D'autres modes d'assemblages tels que sertissage, agrafage, etc. obtient toujours un meilleur service s'il indique de surcrot, de faon
(cf. article [B 5 535] rfrence [35]), surtout appliqus aux produits dtaille, les diverses phases de la mise en uvre du matriau com-
minces, requirent des proprits de ductilit qui sont les mmes mand.
que celles dfinissant l'aptitude au formage du matriau.
Le choix des moyens de production et des consignes de fabrica-
Signalons nanmoins deux volutions rcentes qui ont justifi
tion est du ressort du producteur, car il est clair que, suivant le lieu
des adaptations du couple tle/procd de soudage :
et le temps, des circuits et des procds diffrents peuvent donner
le dveloppement de procds trs haute nergie, soudage des produits prsentant des proprits finales quivalentes. L'utili-
laser notamment, qui a accru les possibilits d'assemblage des pro- sateur doit tre inform, sa demande, des caractristiques princi-
duits minces ; pales du schma retenu et subordonner son accord aux rsultats
l'utilisation, de plus en plus frquente, de l'assemblage par col- d'essais convenus conduisant l'agrment du circuit de fabrication
lage, essentiellement dans l'industrie automobile. L'aptitude au col- dfini par le producteur.
lage fait appel des proprits de surface, principalement la
composition chimique de l'extrme surface, qui doit favoriser les
liaisons avec les composants organiques des colles.
2. Principes gnraux
1.3.7 Aptitude aux revtements gouvernant les proprits
La dfinition de cette aptitude est trs variable suivant la nature
mcaniques des tles
du revtement considr et la mission qu'on lui assigne. Nous nous
bornerons mentionner ici quelques exemples montrant la spcifi-
Les proprits de mise en uvre des tles vont dpendre en
cit de chaque problme.
grande partie de la microstructure obtenue aprs laminage. Il existe
Pour satisfaire aux diffrents usages de l'acier, on fait de plus en des relations entre certains paramtres descriptifs de la microstruc-
plus appel divers types de revtements : organiques, mtalliques, ture et les grandeurs simples caractrisant les proprits de l'acier
maux, etc. Dans le cas des revtements par peintures ou vernis, partir des essais de traction et de rsilience (cf. article [M 245] de ce
outre les exigences de surface dj voques (cf. 1.3.4), la bonne trait [30]). Ces relations, complexes, doivent tenir compte de ph-
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9 10 11 12 13 14
500 Indice de grosseur de grain G
+ 50
400 P
N dissous
C dissous
300
0
200 50 Variation de limite d'lasticit
5 10 15 20 Mn Rp0,2 (MPa)
d 1/2 (mm1/2)
20
50
40
a facteurs d'analyse
Variation
60 de temprature
de transition T (C)
80
Temprature + 50
de transition Perlite : + 2,2 C par %
Charpy V (C)
Figure 3 Lois de Petch appliques un acier extra-doux lamin Durcissement par crouissage
chaud Durcissement par prcipitation
0
50 Variation de limite d'lasticit
Les atomes en solution solide ont un effet durcissant inversement Rp0,2 (MPa)
proportionnel leur taille. L'effet le plus important, ainsi que le Affinement
montre la figure 4, est obtenu avec le carbone et l'azote. du grain
avec % Cs et % Ns teneurs en carbone et en azote en Ces effets du premier ordre peuvent tre moduls par les param-
solution dans la ferrite, tres de morphologie de la perlite : grosseur des colonies et espace-
ment interlamellaire. La duret de la perlite, et donc celle du
% Cem et % Per teneurs en carbone sous forme
mlange ferrite-perlite, augmentent lorsque la distance interlamel-
respectivement de cmentite et de per-
laire diminue selon une loi identique celle de Hall-Petch. Inverse-
lite,
ment, on pourra augmenter fortement la ductilit de la perlite avec
D taille du grain ferritique (mm). un traitement de globularisation. La rsilience des aciers forte
teneur en perlite peut tre, quant elle, amliore par un affinement
de la taille des colonies de perlite.
2.1.4 Effet des particules de seconde phase
La cmentite tertiaire a un faible rle sur la rsistance des tles
chaud ; c'est surtout la rsilience qui peut tre fortement dtriore
2.1.4.1 Perlite et cmentite
par une prcipitation grossire et continue le long des joints de
Les proprits de la perlite vont varier en premier lieu avec la pro- grain. Le rle de cette cmentite devient trs important lorsque la
portion de cette phase. La figure 5 a montre l'volution des courbes tle est destine tre relamine froid et recuite. Les proprits
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nergie (daJ)
F /S0 (MPa)
35
0,01
0,11
800 30
1,03
Teneur en C % Teneur en C %
25
600 0,48
0,34 20
0,22
400 0,21 15
0,31
10 0,43
200 0,06
0,53
5 0,63
0,67
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 150 100 50 0 50 100 150 200 250
L /L0
F charge applique S0 section initiale Temprature (C)
a courbes de traction d'prouvettes d'aciers au C diverses b influence de la teneur en carbone sur la forme de la courbe de transition
teneurs en carbone de la rsilience Charpy V d'aciers 1 % Mn et 0,3 % Si
Figure 5 volution des courbes de traction daciers teneur croissante en carbone [3]
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Bainite
suprieure
Tt = 650 400 C
Cmentite
Bainite
infrieure
Tt = 550 300 C
Cmentite
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Temprature
de transition (C) Duret (HV) Duret (HRc)
100 1 000
68
900
80
65
800
60
700 60
600
40
500 50
20
400 40
La martensite est une phase extrmement dure et trs peu ductile. Tableau 1 Influence des paramtres dlaboration
La duret de la martensite varie exclusivement avec la teneur en car-
des tles sur leurs proprits finales
bone en solution ainsi que le montre la figure 10. Au-del d'une cer-
taine teneur en carbone, on peut voir apparatre de l'austnite
rsiduelle la temprature ambiante : le mtal est donc biphas et Il faut agir de la manire suivante sur :
lon observe que sa duret n'augmente plus. Cet effet est favoris Pour
par l'ajout d'lments stabilisant l'austnite (Mo, Si). favoriser : la taille les lments en les particules de
du grain solution solide seconde phase
Dans le cas des produits lamins au train bandes, on ne cherche
jamais obtenir une structure entirement martensitique. L'objectif Majorer les teneurs Donner aux
est, pour certains produits, d'allier la ductilit de la ferrite la en P, N, C. Mn carbonitrures ou
et ventuellement autres prcipits
rsistance de la martensite dans une structure dite double Affiner en mtaux une taille
phase (cf. 3 et 4). la rsistance le grain en solution solide optimale de
de substitution lordre de
dans la ferrite quelques
nanomtres
2.3 Synthse Majorer la teneur Limiter le
en manganse et durcissement
diminuer la teneur par prcipita-
en tout autre tion. Diminuer
Le tableau 1 rsume les actions possibles sur la taille du grain, les lment fortement
lments en solution solide et les particules de seconde phase, sui- la tnacit Affiner en solution solide, limportance
le grain surtout interstitielle de la phase
vant que l'on veut favoriser la rsistance, la ductilit ou la tnacit.
perlitique ainsi
Les exigences que l'on demande aux tles d'aujourd'hui vont de que celle des
plus en plus dans le sens de la recherche d'un meilleur compromis phases silicates
et sulfures
rsistance/ductilit. On s'oriente donc vers des structures composi-
tes qui combinent les proprits des diffrentes phases : ductilit de Minimiser les viter la fois les
la ferrite et rsistance de la martensite, par exemple. Viser teneurs en lment prcipitations
un grain en solution solide, trop fines et les
la ductibilit de taille
Le paragraphe suivant montrera comment les objectifs de carac- particulirement particules de
tristiques mcaniques sont obtenus pour chaque grande catgorie moyenne interstitielle grande taille
d'utilisation. (C, N, P)
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3. Tles lamines chaud infrieure par accident Ar3. Un laminage achev dans ces condi-
tions peut, en effet, conduire au dfaut dit gros grains , s'il est
suivi d'un bobinage haute temprature (croissance anormale d'un
petit nombre de grains la surface de la tle par un phnomne de
type crouissage critique , d'o apparition du dfaut peau
3.1 Les grandes familles de tles lamines orange lors du formage ultrieur).
chaud
La prsence de manganse est ncessaire pour assurer la forma-
tion de sulfures mixtes de manganse et de fer peu fusibles aux
Il existe une trs grande diversit d'aciers lamins au train continu tempratures usuelles de laminage (< 1 300 C). Une teneur de
larges bandes et vendus l'tat de tles chaud. On peut nan- l'ordre de 0,2 0,3 % assure largement cette fonction vu les teneurs
moins les regrouper en cinq grandes catgories : en soufre actuelles. Mais il faut mentionner aussi l'action favorable
les aciers pour emboutissage et formage froid pour lesquels de cet lment sur la tendance au vieillissement et son action sur la
on garantit une valeur minimale de l'allongement et une plage pour temprature de dbut de transformation de l'austnite en ferrite.
la limite d'lasticit et la rsistance la traction ; Des teneurs plus faibles entraneraient une remonte sensible du
les aciers de construction qui couvrent des marchs ainsi point Ar3 (une diminution de 0,1 % de la teneur en manganse
divers que le matriel roulant, les profils pour construction mtalli- entrane une lvation d'environ 20 C du point Ar3 ) et, par cons-
que et les pices de structure automobile et pour lesquels on garan- quent, une augmentation du risque d'apparition du dfaut gros
tit, outre une certaine formabilit, une valeur minimale de la limite grains .
d'lasticit et, ventuellement, de la rsilience ; Le mtal est classiquement dsoxyd avant coule (calmage)
les aciers pour petits tubes souds o les exigences concer- avec une petite addition d'aluminium qui est bnfique deux
nent principalement les caractristiques aprs formage et traite- gards :
ment et les tolrances gomtriques ;
la propret inclusionnaire est grandement amliore car l'alu-
les aciers pour appareils pression o, outre des garanties de
mine Al2O3 dcante gnralement de faon aise ;
rsistance la traction et de rsilience l'ambiante, peuvent ven-
tuellement tre exiges des valeurs de rsistance haute tempra- moyennant un bobinage haute temprature (cf. 4), l'azote
ture ou de rsilience basse temprature ; prcipite au cours du refroidissement de la bobine sous forme de
les aciers de spcialit rpondant aux besoins de marchs limi- nitrure d'aluminium AlN, ce qui rduit considrablement le vieillis-
ts en tonnage mais trs prcis quant leur exigences, parmi les- sement de lacier dont lazote libre est un facteur important.
quels on peut citer les tles chaud pour maillage, les tles pour Le mme effet peut tre obtenu par une addition en faible quan-
gros tubes souds et les tles dites forte teneur en carbone tit de titane. Une addition de 0,015 % permet de piger totalement
(aciers durs structures essentiellement perlitique). l'azote (voire une partie du soufre) et donc d'obtenir un acier non
Dans la suite de ce texte, on se concentrera sur les aciers forma- vieillissant sans avoir recours un bobinage haute temprature.
bles basse teneur en carbone, aciers pour emboutissage et for- En outre, les particules de TiN formes permettent d'viter le dfaut
mage froid et aciers de construction, qui constituent la majeure gros grains si le laminage est termin une temprature voisine
partie de la production actuelle des tles chaud. de Ar3.
Finalement, une analyse type, sur laquelle nous allons dcrire (cf.
3.2.2) les effets des conditions de laminage chaud est celle du
3.2 Tles chaud pour emboutissage tableau 2.
La teneur en carbone usuellement vise la coule est voisine de Les trois autres paramtres importants du schma de laminage
0,07 %. Une teneur plus leve donnerait, sans aucun avantage, une chaud, la temprature de rchauffage de la brame TR, la rduction
phase carbure trop abondante. Une teneur plus faible impliquerait, d'paisseur dans la phase de finissages et la vitesse de refroidisse-
par le jeu de l'quilibre carbone-oxygne dans l'acier liquide, une ment VR sur la table d'arrosage, ne jouent qu'un rle trs limit dans
teneur finale en oxygne leve dfavorable au rendement des le cas des tles chaud pour emboutissage.
additions dsoxydantes et qui compromettrait la propret inclusion- Lacier ne contenant pas d'lment de microalliage, il n'est donc
naire du mtal. En outre, elle conduirait une augmentation de la pas ncessaire de rchauffer haute temprature pour garantir la
temprature Ar3 de dbut transformation de l'austnite en ferrite et remise en solution de ces lments. De plus, l'acier recristallise faci-
donc du risque d'une temprature de fn de laminage lgrement lement au cours du laminage (la temprature TR et la rduction
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20 m 20 m
Figure 13 Micrographie optique typique dun acier HR55 [1] Figure 14 Structure micrographique dun acier double phase [1]
en manganse infrieures celles des aciers ferrito-perlitiques que, qui apparat sombre, est rpartie de faon rgulire aux joints
dcrits au paragraphe 3.3.1. de grain de la matrice ferritique quiaxe. Ce type de microstructure
favorise la rpartition uniforme de la dformation plastique au sein
Ces aciers sont obtenus en modulant le refroidissement aprs
du mtal au cours de la transformation froid.
laminage selon un schma de type III sur la figure 11. Aprs forma-
tion de la ferrite dans la phase initiale de refroidissement, on provo-
Outre une rsistance leve et un excellent allongement la rup-
que alors la transformation bainitique de l'austnite restante,
ture, les aciers double phase prsentent l'avantage d'avoir une
enrichie en carbone, par un refroidissement trs rapide suivi d'un
courbe de traction sans palier et un coefficient d'crouissage lev :
bobinage basse temprature, typiquement 500 C.
ils sont donc particulirement bien adapts la ralisation
Les microstructures obtenues sont extrmement varies suivant d'emboutis difficiles.
la composition de lalliage, les conditions de laminage et le niveau
de rsistance vis. La proportion de bainite varie de 20 % 50 % et
sa morphologie va de la bainite en latte la bainite granulaire. La
figure 13 montre une microstructure typique pour un acier de rsis-
tance la traction garantie 540 MPa. 4. Tles lamines froid
Des niveaux de rsistance encore suprieurs peuvent tre obte-
nus en ajoutant un peu de niobium un acier haute rsistance,
bnficiant ainsi des effets propres aux aciers haute limite d'las-
ticit.
4.1 volution rcente des nuances
et des procds de fabrication
3.3.4 Aciers double phase
On peut obtenir une formabilit encore plus leve en utilisant la Les avantages techniques et conomiques de la coule continue
martensite comme phase dure dans la matrice ferritique. Les aciers de l'acier, par rapport la coule classique en lingot, ont conduit par
conus selon ce principe sont appels aciers double phase. Ils sont ncessit la disparition des aciers effervescents et la gnralisa-
obtenus suivant un principe mtallurgique comparable celui des tion des aciers calms l'aluminium.
aciers haute rsistance, mais il faut avoir recours une composi-
tion plus allie pour obtenir une trempe martensique de laustnite Pour les aciers ordinaires, le recuit se pratiquait, dans un pass
non transforme avec les vitesses de refroidissement accessibles
rcent, exclusivement par empilement de bobines, mise sous cloche
sur un terrain larges bandes [8].
et chauffage sous atmosphre protectrice : c'est le recuit sur base.
Deux types de composition sont classiquement utiliss :
soit des compositions allies (C + Mn + Si + Cr + Mo) stabilisant Par contre, depuis longtemps dj, le fer blanc, les aciers inoxyda-
laustnite et permettant le bobinage temprature leve (580C bles, les aciers proprits magntiques sont recuits par chauffage
typiquement). Ces compositions contiennent souvent beaucoup de la vole d'une bande traversant un four : c'est le recuit continu.
silicium (typiquement plus de 1 %) ce qui peut tre dfavorable pour Cette technique, qui s'est tendue depuis vingt ans environ
la soudabilit et prsente linconvnient de donner une calamine l'ensemble des aciers, prsente en outre l'avantage de pouvoir tre
adhrente, pouvant donc construire des dfauts daspect lors du associe dans la foule un traitement de revtement de la tle.
rchauffage des brames ; L'intrt fondamental de ce procd appliqu aux tles minces des
soit des compositions peu allies (C + Mn + P + Cr) vitant cet aciers dits ordinaires, est qu'il rpond une proccupation cons-
inconvnient mais ncessitant un refroidissement trs rapide et un tante des sidrurgistes : liminer toute discontinuit dans un pro-
bobinage basse temprature (200 C typiquement) difficile rali- cessus de fabrication et tendre au maximum vers le continu-continu
ser industriellement. (couplage amont avec le dcapage et le laminage froid, aval avec
La figure 14 prsente une microstructure typique, obtenue avec le le skin-pass, le cisaillage des rives, l'inspection, l'huilage et le mar-
deuxime type de composition : on note que la phase martensiti- quage).
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ce schma doprations plus compact, vient s'ajouter le gain de sage donn. Des examens en microscopie lectronique montrent
temps norme ralis au niveau du recuit. que cet accroissement du durcissement provient d'une augmenta-
tion de la densit de dislocations et d'une diminution de la taille des
Exemple : pour des tles destines de l'emboutissage profond, il cellules. Ainsi, toutes choses gales par ailleurs, une augmentation
faudra de cent cent vingt heures pour un traitement par recuit sur des teneurs en lments en solution solide par rapport une com-
base seul, alors que sept dix minutes suffisent par recuit continu en position de rfrence conduit aux mmes effets qu'une augmenta-
intgrant toutes les oprations aval. tion du taux d'crouissage du mtal de rfrence.
Les capacits compares des fours de recuit varient ainsi de 2 4 t/h
pour un recuit sur base de type monopile (charge de 80 100 t avec
quatre bobines empiles) contre 70 200 t/h pour un recuit continu de 4.2.1.2 Particules de deuxime phase
tles minces.
Les aciers extra-doux contiennent toujours une certaine quantit
Au cours de ces vingt dernires annes, la ncessit de produire de particules de deuxime phase sous forme d'inclusions (oxydes,
des aciers hautement emboutissables et non vieillissants par recuit sulfures de manganse ou de titane) ou de prcipits (cmentite,
continu a conduit une monte en rgime de la production d'aciers nitrure d'aluminium, carbures ou carbonitrures allis de titane, nio-
dits sans interstitiels. Le dveloppement du dgazage sous vide de bium... et, dans certains cas, phosphures). La fraction volumique de
l'acier liquide et des procdures permettant d'obtenir l'acirie des ces particules est typiquement de l'ordre de 5 x 103 (cmentite),
aciers trs basses teneurs en carbone et en azote n'a fait qu'acc- 103 (carbures allis dans les tles durcissement structural) ou 5 x
lrer cette tendance en diminuant de ce fait les quantits d'lments 104 (nitrure d'aluminium, carbures allis dans les aciers sans
d'alliage comme le titane ou le niobium ncessaires au pigeage de interstitiels).
ces interstitiels.
On peut faire une certaine distinction entre les grosses particu-
Enfin, le souci constant des constructeurs automobiles d'allger les (taille suprieure 100 nm) et les particules fines (taille inf-
les vhicules a conduit au dveloppement de tles froid dites rieure quelques dizaines de nanomtres) :
haute rsistance HR et trs haute rsistance THR . Les niveaux
de rsistance, qui peuvent dpasser 1 000 MPa, sont obtenus au dans le cas de particules grossires telle la cmentite forme,
prix d'une diminution contrle de la formabilit ; ces tles prsen- par exemple, lors du bobinage haute temprature d'un acier calm
tent donc un excellent compromis rsistance-formabilit , l'aluminium, le laminage froid conduit la fragmentation des
notamment pour les pices de structure. particules et la formation de chapelets aligns dans la direction de
laminage. Les structures de dislocations dans la matrice sont modi-
fies au voisinage de ces particules en raison des contraintes locales
et ces rgions deviennent souvent des sites prfrentiels de germi-
4.2 Effets mtallurgiques des diffrentes nation de nouveaux grains lors du recuit ;
oprations de fabrication en revanche, les particules finement disperses ont tendance
rendre plus uniforme la distribution des dislocations. Le durcisse-
ment rsultant du laminage diminue lorsque le nombre de particu-
l'tat lamin chaud, la microstructure des aciers extra-doux les augmente, du moins pour une fraction volumique de particules
est constitue pour l'essentiel d'un ensemble de grains ferritiques de deuxime phase reprsentative des tles pour emboutissage ;
quiaxes dont les orientations cristallographiques sont le plus sou- enfin, l'effet des particules dpend de leur rpartition dans la
vent rparties de faon quasi alatoire. bande chaud ; l'influence des particules rparties aux joints de
Le laminage froid, qui a pour but principal de fixer l'paisseur et grains (AlN, par exemple) n'est pas la mme que celle des particules
la planit de la tle et aussi de dfinir l'tat de surface, durcit con- rparties uniformment dans la matrice (carbures allis, par exem-
sidrablement le mtal en introduisant des modifications importan- ple).
tes dans la structure cristalline des grains. l'tat lamin froid, la
tle n'est plus apte subir des dformations froid supplmentai-
res (emboutissage, par exemple). L'opration de recuit a pour objet 4.2.1.3 Texture
de rgnrer la microstructure par recristallisation, ce qui adoucit le
Pour de plus amples renseignements, on pourra se reporter aux
mtal et modifie l'anisotropie cristallographique : on obtient ainsi
rfrences [32] [34] dans ce trait.
de bonnes proprits plastiques adaptes au procd de mise en
forme ultrieure. Les tles lamines chaud dans le domaine austnitique ont en
gnral une texture peu marque et toujours du mme type
(essentiellement : {100} <110>, {332} <113> et {332} <110>). Dans ces
4.2.1 Laminage froid conditions, les textures de laminage froid obtenues pour des taux
d'crouissage significatifs sont toujours groupes autour de trois
Au cours du laminage froid, la gomtrie de la dformation est ensembles d'orientations ayant chacune un axe commun.
impose : allongement dans la direction du laminage, amincisse-
Ces ensembles, dsigns en abrg par : fibre <110> (ou fibre
ment dans la direction normale au plan de laminage et pratique-
), fibre {111} (ou fibre ) et fibre {100} , ont des lments
ment pas de dformation dans la direction transverse. Du point de
communs : l'orientation {111} <110> et lorientation {100} <110>. Ces
vue microscopique, les grains s'allongent dans la direction de lami-
deux orientations constituent, avec lorientation intermdiaire {211}
nage tandis que, dans la direction perpendiculaire au plan de lami-
<110> et l'orientation {111} <211> de la fibre {111}, les orientations
nage, la taille des grains diminue.
dominantes des textures de laminage froid.
On notera enfin que le laminage froid ne se borne pas allonger
le grain du mtal : il allonge galement les porosits ventuelles et Dans le cas d'un acier calm l'aluminium possdant une faible
gnre des alignements ou chapelets d'inclusions dans la direction texture initiale hrite du laminage chaud, le dveloppement de la
de laminage. texture se fait progressivement avec le taux de laminage, au moins
jusqu' des taux de rduction de l'ordre de 60 %. La densit volumi-
4.2.1.1 lments en solution solide que dorientation, cest--dire la fraction volumique du mtal ayant
une orientation donne, crot rgulirement sur les trois fibres prin-
La prsence d'lments en solution solide (Mn, Si, P, C, N...) favo- cipales. Une stabilisation de certaines orientations (en particulier de
rise la formation de cellules de dislocations pour de faibles taux de la fibre {111}) apparat pour les plus forts taux de laminage (sup-
dformation et augmente le durcissement pour un taux d'crouis- rieurs 80 %).
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11 1 000 s 11
100 s
10 10
Densit d'orientation
Densit d'orientation
0s 15 s
0s 5s
9 15 s 9
0s
100 s
8 8
5s
7 7
6 6
15 s
5 5
0s
4 5s 4
= 55
3 3 = 45
2
100 s 15 s
2 1 000 s 2
1 100 s 1
1 000 s
0 10 20 30 40 50 60 70 80 0 10 20 30 40 50 60 70 80
1
a fibre b fibre
et angles d'Euler
Figure 15 volution de la densit des fibres et avec la dure de recuit 700 C dune tle dacier extra-doux lamin froid 80 % [4]
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La croissance des grains continue spontanment lorsqu'on pour- sgrges qui exerce une force de freinage. Il en rsulte une diminu-
suit le recuit aprs la recristallisation totale. La force motrice de tion de la mobilit de l'interface.
recristallisation n'existe plus, mais le cristal possde cependant un Dans le cas des aciers, le carbone en solution a une influence par-
excs d'nergie localis dans les joints de grains et n'est pas dans ticulirement nfaste sur la texture de recristallisation puisqu'il
son tat le plus stable. La force motrice lie l'nergie des joints de favorise la formation des composantes {100} au dtriment de {111} et
grains permet la croissance de certains grains (en gnral les plus {110}. Il est donc ncessaire de diminuer la concentration du carbone
gros) au dtriment des grains voisins. Il en rsulte un accroissement en solution en favorisant la formation de prcipits aptes le
de la taille moyenne des grains. piger : cmentite dans les aciers calms l'aluminium, carbures de
Le droulement de ces ractions mtallurgiques fondamentales titane ou de niobium dans les nuances sans interstitiels au titane ou
est fortement affect par la prsence de certaines impurets rsi- au niobium.
duelles ou ajoutes intentionnellement dans le but d'obtenir certai- Contrairement aux carbures de titane ou de niobium, les particu-
nes proprits d'emploi. Ces impurets (C, S, Al, Ti, Nb, N, Mn...) les de cmentite sont relativement peu stables ; au cours du recuit,
demeurent en solution, sgrgent aux dfauts (dislocations, joints il se produit une dissolution de ces particules qui constituent des
de grains) ou forment des prcipits. Par ailleurs, pour des tempra- sources de carbone. Le carbone ainsi libr diffuse dans la matrice
tures de recuit suprieures la temprature de transformation de la et engendre une dgradation de la texture.
ferrite en austnite, la recristallisation peut interfrer avec le chan-
gement de phase. D'autres lments tels que l'azote, le manganse et le phosphore
ont galement une influence sur la recristallisation. La plupart des
lments modifient l'tat de prcipitation et n'agissent pas unique-
4.2.2.4 Effets des prcipits ment en tant qu'lment en solution mais galement par le biais de
Rappelons que les prcipits couramment rencontrs sont la la prcipitation.
cmentite (Fe3C) dans les aciers bas carbone, le nitrure d'alumi-
nium (AlN) dans les nuances calmes Al, les carbures et carbonitru- 4.2.2.6 Effet de la transformation ferrite-austnite
res allis dans les aciers dispersodes et les aciers sans interstitiels
(TiC, Ti4C2S2, TiS, TiN...) et les phosphures dans les nuances microal- Une amlioration sensible de la texture a t mise en vidence
lies et rephosphores (FeTiP, NbFeP). lorsque la temprature de recuit excde lgrement la temprature
Ac1 de dbut transformation de la ferrite en austnite. L'augmenta-
Nous avons vu que l'influence des particules sur la recristallisa- tion des orientations {111} au dtriment de {100} a t interprte de
tion est conditionne par leur taille et leur fraction volumique. Lors- la faon suivante. La germination des grains d'austnite se ferait
que l'acier contient de grosses particules indformables, la rgion d'abord partir des grains ferritiques d'orientations diffrentes de
au voisinage immdiat de ces particules se dforme davantage par {111}, ce qui conduirait une augmentation relative de la fraction
rapport au reste de la matrice. La germination se fait prfrentielle- volumique des grains {111} dans la ferrite. Au refroidissement, les
ment dans cette zone de dformation o la densit de dislocations et grains ferritiques forms au cours de la transformation inverse de
l'nergie stocke sont leves. De tels effets ont t mis en vidence l'austnite en ferrite adopteraient prfrentiellement l'orientation
dans des aciers calms l'aluminium, o les joints de grains de la des grains ferritiques n'ayant pas subi la transformation {111}.
bande chaud sont dcors par des bandes de cmentite qui se
fracturent lors du laminage froid pour former des chapelets de Une forte dgradation de la texture est observe lorsque la tem-
grosses particules. Au cours du recuit, la germination a lieu au voi- prature de recuit excde la temprature Ac3 de fin de la transfor-
sinage de ces particules et l'orientation des germes est alatoire. mation de la ferrite en austnite. Dans ce cas, la totalit de la ferrite
est transforme en austnite et la germination des grains ferritiques
Contrairement aux grosses particules, les petites particules ralen- au cours de la transformation inverse est alatoire.
tissent le processus de recristallisation ; les petites particules de
seconde phase interagissent avec les joints de grains et s'opposent
leur dplacement. On peut, par un choix appropri du diamtre et 4.2.3 Skin-pass
de la fraction volumique des particules, bloquer slectivement la
germination et la croissance des germes dans les grains o l'nergie
stocke est la plus faible (par exemple les grains de la fibre {100}). Le skin-pass a trois fonctions principales, toutes essentielles pour
Cette slectivit des orientations est conditionne par la taille des l'obtention des proprits finales de la tle :
particules, qui est dtermine par les conditions du laminage effacer le palier de la courbe de traction ;
chaud et les possibilits de coalescence au cours du recuit. imprimer la tle sa rugosit dfinitive ;
ventuellement, corriger sa planit.
La prsence d'une texture {111} marque, pour des aciers calms
l'aluminium bobins froid (aluminium et azote non prcipits) et Nous ne nous intresserons ici qu'au premier aspect, le seul
soumis au recuit lent, peut qualitativement s'expliquer par avoir des implications mtallurgiques importantes, les deux autres
l'influence des prcipits de nitrure d'aluminium AlN. La formation ayant t voqus au paragraphe 1.3.
de fins prcipits AlN au dbut du recuit bloque la recristallisation Si l'on dforme par emboutissage une tle d'acier extra-doux
qui ne dbute que lorsque l'accroissement de la taille des particules calm l'aluminium, recuite mais non skin-passe, on observe dans
par coalescence est dj suffisant pour permettre la formation et la les zones faiblement dformes l'apparition de lignes de forme irr-
croissance des germes {111}. Cette composante crot de faon privi- gulire, appeles vermiculures (figure 16), en dpression par rap-
lgie jusqu' ce que la taille des prcipits atteigne une valeur per- port la surface de la tle et qui traduisent des htrognits de
mettant le dveloppement des composantes de plus faible nergie dformation locale.
stocke {100}. L'avantage acquis par les grains {111} est d'autant plus
On peut observer des lignes analogues, mais de formes plus go-
important que la coalescence est lente. Des considrations analo-
mtriques, sur une prouvette de traction prleve dans un mtal
gues expliquent le rle des carbures dans les aciers sans interstitiel.
recuit. Elles prennent alors le nom de bandes de Lders. Elles sont
visibles pendant toute la dformation plastique charge quasi cons-
4.2.2.5 Effet des lments en solution solide tante, appele palier de limite d'lasticit, qui est caractristique de
En raison des diffrences de taille et de structure lectronique tout acier extra-doux l'tat recuit. Le phnomne est d'autant plus
entre les soluts et les atomes de fer, la prsence des lments en intense que le mtal est grains plus fins.
solution solide augmente l'nergie interne du mtal. Cette nergie Ce phnomne se manifeste parce que la tle recuite possde une
peut tre rduite si les soluts diffusent et se concentrent aux inter- structure faible densit de dislocations, et parce que ces disloca-
faces telles que les joints de grains ou les parois cellulaires. Une tions sont ancres par des atomes interstitiels (carbone dans le cas
interface entrane dans son dplacement le nuage d'impurets des aciers calms l'aluminium). Le dbut de la dformation plasti-
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Les aciers calms l'aluminium sont utiliss dans les deux filires
de recuit, sur base et continu, les aspects mtallurgiques tant tou-
tefois diffrents. Nous traiterons donc successivement ces deux cas.
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nage dit froid . Habituellement, cette exigence est ralise pour 4.3.2.2 Ralisation industrielle
une temprature de bobinage infrieure 600 C. Au train chaud, pour assurer la prcipitation de AlN dans la
Il existe galement une contrainte en termes de temprature de bande lamine chaud, le schma le plus couramment pratiqu ne
fin de laminage chaud : celle-ci doit, en effet, tre suprieure au diffre du schma classique que par une temprature de bobinage
point de dbut de transformation de l'austnite en ferrite (Ar3), si on plus leve. La prcipitation va se produire au cours du refroidisse-
ment du mtal pendant l'opration de laminage. En fait, compte
veut viter une dgradation de la ductilit et de la valeur de r sur le tenu du cycle thermique et de cintiques de prcipitation diffrentes
produit final. pour le nitrure d'aluminium dans l'austnite et dans la ferrite, cette
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Temprature (C)
Maintien
700
Refroidissement lent
600
Chauffage
500 Refroidissement rapide
400 Survieillissement
300
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les teneurs en carbone et en manganse sont rduites (respec- l'influence des prcipits (quantit, taille) ;
tivement de 0,05 % 0,02 % et de 0,28 % 0,14 % environ). l'effet de la taille des grains l'tat lamin chaud.
Ces gains d'gale amplitude n'ont pas la mme origine :
le gain d la morphologie de la phase carbure est associ 4.4.2 Influence du carbone
une meilleure slectivit des orientations {111} pendant la
recristallisation ;
le gain d l'augmentation de la temprature de recuit est Dans les aciers IFS, le carbone et l'azote sont sous forme de car-
associ une croissance de grains (renforcement de la texture de bures (TiC) et de nitrures (TiN) stables au recuit. La taille et la
dpart) ; rpartition des carbures, contrles par la composition chimique et
une matrice de plus grande puret favorise ces mcanismes les paramtres du laminage chaud, jouent un rle important sur la
seuls ou conjugus augmentant ainsi les gains cits prcdemment. texture de recristallisation, tout fait diffrent de celui de la cmen-
tite dans les aciers calms l'aluminium.
Contrairement au coefficient d'anisotropie, les autres proprits
recherches pour les tles minces en acier calm l'aluminium Le pigeage total du carbone sous forme de carbure de titane et/
recuites en continu, telles que la limite d'lasticit, la rsistance la ou de niobium dans les aciers IFS conduit des nuances non vieillis-
traction et l'allongement dpendent non seulement de la micros- santes. Par consquent, un traitement de survieillissement en ligne
tructure obtenue en fin de maintien mais galement de l'volution aprs le recuit n'est pas ncessaire, contrairement aux aciers calms
de cette microstructure au cours du refroidissement et du survieillis- l'aluminium.
sement. Plus prcisment, c'est dans cette dernire partie du cycle
de recuit que la prcipitation du carbone en solution va se produire
et confrer la tle une faible sensibilit au vieillissement (cf. article 4.4.3 Influence du titane
[M 240] de ce trait [33]).
Les sensibilits les plus faibles au vieillissement sont obtenues en Le titane ne sert pas seulement au pigeage du carbone sous
optimisant la fois : forme de carbures, mais il joue aussi un rle dterminant sur la for-
mation de la texture de recristallisation, probablement directement
les conditions de survieillissement (maintien suffisamment en tant qu'lment en solution solide et indirectement en tant
long une temprature optimale de l'ordre de 350 C) ; qu'lment contrlant (entre autres paramtres) la taille des prci-
la composition de l'acier dont la teneur totale en carbone doit pits.
tre d'au moins 0,015 % pour viter une prcipitation trop lente et
donc une sensibilit ultrieure au vieillissement exacerbe.
4.4.4 Influence des prcipits
4.4 Tles froid pour emboutissage Il semble assez clair, aujourd'hui, que la taille des prcipits est
directement implique dans le mcanisme de formation de la tex-
extra-profond. Aciers sans interstitiels ture dans ces aciers, pour les faibles teneurs en lments en excs.
Dans la littrature sur le sujet, il est en effet gnralement admis que
les prcipits de taille infrieure quelques dizaines de nanomtres,
L'laboration de l'acier dans les convertisseurs l'oxygne per- c'est--dire, dans les aciers IFS, les carbures de titane et/ou de nio-
met aujourd'hui de rduire la teneur en azote quelque 20 30 ppm bium, sont susceptibles d'avoir un effet significatif sur la recristalli-
et le dgazage sous vide permet d'atteindre des teneurs en carbone sation et la formation de la texture. On constate une amlioration de
d'environ 30 ppm. Ces dernires avances technologiques rendent la texture avec une augmentation de la taille des prcipits.
possible la production d'une nouvelle classe d'aciers hautement
emboutissables, les aciers sans interstitiels, etc., dits IFS pour
Interstitial Free Steel [16].
4.4.5 Influence de la taille de grain initiale
4.4.1 Principe mtallurgique La taille du grain initial dans la bande chaud semble avoir de
l'importance sur les textures et la valeur du coefficient d'anisotropie
aprs recuit qui samliore lorsque le grain initial s'affine. Cela serait
D'une manire gnrale, l'obtention de bonnes proprits d au fait qu'aprs le laminage froid la population de sous-grains
d'emboutissage ncessite de rduire la quantit d'lments intersti- d'orientation {111} favorables l'emboutissage est plus intense au
tiels en solution dans la matrice lors de la recristallisation, en parti- voisinage des joints de grains de la tle chaud, car ce sont des
culier le carbone et l'azote. Dans les aciers IFS, ces interstitiels sont sites privilgis de germination pour la recristallisation.
stabiliss par l'addition d'lments tels que le niobium et le titane
qui pigent l'azote, le soufre et le carbone sous forme de prcipits Une autre interprtation peut tre que la dformation htrogne
stables . On cherche toutefois viter que les prcipits aient un dans les bandes de cisaillement est plus dveloppe dans le cas de
effet durcissant trop important en diminuant leur quantit et en aug- gros grains. Or, c'est dans ces zones, structure htrogne, que
mentant leur taille. germent les grains d'orientation {110} qui ne sont gure favorables
une valeur leve du coefficient d'anisotropie r .
Ces aciers offrent des proprits de ductilit et d'emboutissabilit
exceptionnelles et correspondent aujourd'hui une qualit haute- Aussi, un grain fin au laminage chaud est souhaitable pour
ment emboutissable des tles minces lamines froid et recuites en lemboutissabilit de la tle aprs laminage froid et recuit. Dans
continu. cette optique, les prcipits de carbure de titane ou de niobium dans
la tle chaud sont bnfiques. Une prcipitation dans la bande
Enfin, ces nuances, qui sont non vieillissantes, ne ncessitent pas chaud provoque, comme on la vu paragraphe 2.1.4.2 un affinement
de traitement de survieillissement particulier la sortie du recuit du grain ferritique.
continu.
l'origine des mcanismes responsables des proprits de ces
aciers, quatre principaux facteurs sont supposs jouer un rle 4.4.6 Grandes classes daciers sans interstitiels
important :
l'absence de carbone en solution solide d'insertion ; Les nuances d'aciers IFS peuvent tre classes en quatre
l'influence du titane en solution solide de substitution ; familles :
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4.5.3 Aciers double phase rsiduelle se trouve dans un tat mtastable, stabilise par la sursa-
turation en carbone et par les contraintes internes. Lors de la dfor-
Les aciers double phase, dj prsents au paragraphe 3.3.4, se mation plastique de l'acier, l'austnite rsiduelle se transforme en
caractrisent par la prsence d'une phase dure (martensite et/ou martensite en consommant de l'nergie lastique. Si on compare la
bainite), qui leur confre une rsistance trs leve, la ductilit tant courbe de traction d'un acier TRIP avec celle d'un acier double phase
assure par la ferrite. sans austnite rsiduelle, la consommation d'nergie lastique sup-
plmentaire se traduit par une augmentation de la surface sous la
condition d'avoir les outils de production adquats (grande courbe de traction. En consquence, niveau de rsistance simi-
varit de vitesses de refroidissement), il est possible de raliser laire, l'acier avec austnite rsiduelle aura un allongement suppl-
une grande diversit de qualits. Ainsi, on peut obtenir diffrents mentaire.
compromis entre les trois proprits principales, rsistance, forma-
bilit et soudabilit. La microstructure optimale dpend du niveau de rsistance, mais
elle doit avoir trois constituants : ferrite, bainite et austnite. La mar-
Dans la plupart des aciers avec de la martensite, la contribution
tensite est viter car elle rend difficile le contrle de la teneur en
dominante est celle du carbone en solution solide dans la marten-
austnite rsiduelle et diminue la ductilit.
site, mais on peut obtenir un durcissement additionnel par les
autres mcanismes. En gnral, la morphologie des phases consiste en une matrice
ferritique avec des lots de bainite qui contiennent des grains d'aus-
Exemple : des conditions de recuit conduisant un grain austniti-
tnite rsiduelle. Les grains d'austnite doivent tre bien rpartis et
que plus fin, peuvent diminuer la taille de grain martensitique finale de
de petite taille pour augmenter la stabilit. La teneur en bainite
faon augmenter la rsistance du mtal.
dpend du niveau de rsistance atteindre et la teneur en austnite
Dans les aciers avec de la martensite revenue basse tempra- est celle qui optimise la ductilit.
ture (< 250 C) ou de la bainite infrieure, le mcanisme dominant La soudabilit de ces aciers est limite et moins bonne que celles
est le durcissement structural provoqu par les carbures prcipits. des aciers double phase et de rsistance similaire, compte tenu de
L'importance de ces mcanismes de durcissement est dtermine la composition chimique relativement charge en silicium, manga-
par la microstructure du mtal, qui peut tre contrle par la compo- nse et carbone. En consquence, cette mtallurgie est plus intres-
sition chimique et le traitement thermique au recuit continu. sante pour l'laboration de hauts niveaux de rsistance avec une
ductilit accrue.
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