Durcissement
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DURCISSEMENT PAR PRÉCIPITATION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM _____________________________________________________________________________
1. Découverte et évolution
de la technique
Lorsqu’ils sont maintenus à des températures inférieures à 250 oC,
après passage à haute température (450 oC ou plus), certains alliages
d’aluminium voient croître leur résistance mécanique (figure 1). La
découverte de ce phénomène de durcissement structural par vieillis-
sement des alliages légers par Wilm [1] en 1906 devait conduire au
développement du premier alliage industriel, le Duralumin, en 1916.
Les alliages d’aluminium durcis par précipitation (encore appelés
alliages à traitement thermique ou alliages trempants) ont
acquis, depuis cette date, une importance pratique considérable
grâce aux améliorations continuelles de leurs caractéristiques phy-
siques et mécaniques spécifiques (rapportées à la densité) et grâce
à leur aptitude à l’élaboration (par moulage ou par coulée semi-
continue ou continue), à la mise en forme à chaud ou à froid (par
corroyage et écrouissage) et à leur facilité de mise en œuvre (par
usinage, assemblage et formage). Leurs domaines d’application
privilégiés sont l’industrie des transports routiers ou ferroviaires,
l’industrie aéronautique et spatiale, l’armement, l’industrie méca-
nique, l’architecture, le bâtiment et le marché des conducteurs élec-
triques. Ce phénomène du durcissement structural n’est pas
spécifique des alliages d’aluminium mais existe également dans Figure 1 – Évolution schématique de la limite d’élasticité
d’autres alliages de métaux usuels tels que les alliages à base de d’un alliage d’aluminium à durcissement structural.
cuivre (comme par exemple, le cupro-béryllium), de magnésium En ce qui concerne les différents états de l’alliage, se reporter au paragraphe 2.1
(Mg-Pb, Mg-Sn, Mg-Zn-Al), de plomb (Pb-Sn) ou les super-alliages
à base de nickel ou de cobalt.
Du point de vue théorique, la première approche du mécanisme précipités, ainsi que sur les mécanismes de précipitation
de vieillissement des alliages trempés a été proposée en 1919 par (principalement par germination et croissance). Parmi les publica-
Merica [2] qui expliquait le durcissement par la précipitation d’une tions essentielles depuis cette période, on peut retenir les synthèses
phase nouvelle à basse température à partir d’une solution solide de Kelly et Nicholson [12] en 1963, de Brown et Ham [13] en 1971,
sursaturée de composition adaptée. En 1938, Guinier [3] et Preston et celles plus récentes de Verhoeven [14], Mondolfo [15], Lorimer
[4], sur la base de travaux menés indépendamment par diffraction [16], et Ardell [17]. Enfin, les possibilités nouvelles apportées par le
des rayons X, ont présenté le premier modèle structural expliquant calcul scientifique sur ordinateur depuis 1970 ont ouvert la voie aux
les premiers stades de la décomposition de la solution solide, recherches axées sur la simulation des microstructures des phases
dans des alliages Al-Cu et Al-Ag trempés, par la formation d’amas présentes dans des alliages durcis par précipitation, sur la prévision
planaires d’atomes de même nature, désormais appelés zones de quantitative de leurs propriétés mécaniques et, plus récemment, sur
Guinier-Preston ou zones GP. Mott et Nabarro [5], en 1940, puis le calcul des diagrammes de phases métastables dans certains
Orowan [6], en 1948, ont proposé les premières approches méca- systèmes binaires voire ternaires. L’ensemble de ces progrès a été
niques du durcissement structural en tenant compte des dislocations rendu possible par le développement simultané des méthodes expé-
dont le concept avait été proposé en 1934 [7] [8] [9]. En 1958, un rimentales et des modèles théoriques formalisant les mécanismes
progrès important dans la compréhension des aspects cinétiques de physico-chimiques complexes mis en jeu lors de ces transformations
la précipitation et des effets des paramètres du traitement thermique structurales.
a résulté de la prise en compte par Federighi [10] et De Sorbo et Le présent article traite exclusivement du durcissement par pré-
coll. [11] de la sursaturation en lacunes obtenue par les opérations cipitation dans les alliages d’aluminium mais les principes de
de mise en solution et trempe. À partir de la fin des années 50, de base restent évidemment applicables aux autres matériaux.
très nombreux travaux ont alors porté sur la modélisation du dur-
cissement par l’étude des interactions entre les dislocations et les
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2. Caractéristiques
de la précipitation
structurale
2.1 Critères de composition et séquence
de traitements thermiques des alliages
Considérons un alliage binaire aluminium-élément Al-M
(figure 2a ). Pour qu’il soit apte au durcissement par précipitation,
il faut que l’élément d’alliage dans la matrice d’aluminium à l’état
solide présente une solubilité croissante avec la température. Pour
simplifier, nous supposons qu’il existe pour cet alliage une réaction
eutectique à la température T E pour la concentration x E . Le rapport
des pentes moyennes du liquidus et du solidus, appelé coefficient
de partage, est alors inférieur à 1. Il s’agit du cas le plus général
pour les alliages d’aluminium à durcissement structural élaborés par
solidification classique (Diagrammes d’équilibre : alliages binaires
[M 70] dans ce traité). De nombreux alliages hypertrempés depuis
l’état liquide (c’est-à-dire solidifiés très rapidement) et aptes au dur-
cissement par précipitation (par exemple Al-Cr, Al-Zr) font toutefois
exception à cette règle et ont un coefficient de partage supérieur à 1.
À l’aide de la figure 2a, portons l’alliage de concentration x1
(concentration inférieure à la limite de solubilité x S de l’élément
d’addition) à une température T1 supérieure à la température de
solvus TS pendant une durée suffisante pour atteindre l’équilibre
thermodynamique et donc obtenir une mise en solution totale
des atomes de soluté M.
■ Si l’alliage est refroidi très lentement depuis la température
T1 jusqu’à une température inférieure à TS , la solution solide de M
dans l’aluminium, qui conserve sa structure cubique à faces centrées
(désignée par α), tend à se décomposer sous forme de particules plus
ou moins grossières du composé intermétallique stable Al M
dans la solution solide d’aluminium appauvrie en atomes M : c’est la
précipitation d’équilibre qui conduit à une structure proche de
celle d’un recuit, et qui est généralement sans intérêt du point de vue
du durcissement de l’alliage du fait de la taille grossière des pré-
cipités (de l’ordre du micromètre) et de leur trop faible nombre par
unité de volume d’alliage. Leur fraction molaire f m respecte la règle
des bras de leviers ou règle des segments inverses :
f m = BA ⁄ BC = ( x 1 – x 2 ) ⁄ [ ⁄ ( + ) – x 2 ] (1)
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Le degré de sursaturation en soluté obtenu après la trempe est Un chauffage ultérieur à température modérée (100 à 200 oC),
alors donné par ∆x = x 1 – x 2 . Après mise en solution (généralement appelé revenu (figure 2b), accentue encore la décomposition de la
effectuée entre 400 et 550 oC) et trempe, le durcissement par préci- solution solide par la dissolution des zones GP préalablement
pitation résulte alors de la décomposition de cette solution solide formées (réversion) et par la précipitation de particules très
sursaturée en éléments d’addition principaux. L’extension possible nombreuses (1016 à 1017/cm3 ) et très fines (taille moyenne comprise
de la solution solide est régie par les règles de Hume-Rothery [18]. entre 2 et 50 nm) qui durcissent encore l’alliage jusqu’à son maxi-
D’une part, elle est restreinte par l’effet de taille des atomes si la mum de résistance mécanique (figure 1). Ces précipités sont des
différence entre les rayons atomiques des atomes de soluté et de composés intermétalliques métastables (précipités de transition),
la matrice dépasse 15 %. D’autre part, la probabilité de formation qui possèdent désormais un réseau cristallin et une composition
du composé intermétallique stable AlX MY , qui restreint aussi l’éten- chimique propres (figure 3c), le plus souvent différents de ceux du
due de la solution solide, dépend de l’affinité chimique des éléments composé intermétallique d’équilibre stable AlX MY donné par les dia-
et est d’autant plus forte que l’élément de matrice est plus électro- grammes d’équilibre de phases. La fraction volumique de précipités
positif (par exemple Al) et que l’élément soluté est plus électronégatif métastables augmente aussi avec le degré de sursaturation ∆x et
(effet de valence électronégatif). avec la concentration relative en aluminium du précipité.
Au cours du maintien de l’alliage à température ambiante ou à La précipitation du composé intermétallique d’équilibre dans la
basse température après la trempe (figure 2b), la solution solide matrice appauvrie au maximum en soluté n’est le plus souvent
sursaturée est donc métastable. Au cours de cette phase, appelée possible que lors d’un traitement de surrevenu (figure 1) effectué
maturation ou encore vieillissement naturel, l’alliage durcit pro- à assez haute température (généralement supérieure à 160 oC)
gressivement et spontanément et la solution solide se décompose pendant une durée de traitement excédant celle qui conduit au maxi-
pour donner naissance à la formation de petits amas d’atomes de mum relatif de durcissement. L’adoucissement relatif de l’alliage est
soluté (les zones de Guinier-Preston ou zone GP) en très grande alors régi par la coalescence des précipités, dont les plus gros
densité (de l’ordre de 1017 à 1018/cm3) : c’est la préprécipitation. (dotés d’une taille de l’ordre du micromètre) deviennent alors
Ces amas ou essaims d’atomes sont toujours situés aux nœuds du visibles en microscopie optique à fort grandissement : la micros-
réseau de la matrice aluminium et sont constitués de petites portions tructure tend de ce fait à se rapprocher de celle de l’état recuit, le
de plans cristallographiques du réseau d’aluminium enrichis en plus stable du point de vue thermodynamique, qui est atteint en
atomes de soluté (figure 3b). Ces zones GP introduisent des dis- pratique après maintien de quelques heures entre 250 et 400 oC.
torsions élastiques dans le réseau de la matrice. L’enrichissement Nota : le détail des températures et des durées des différentes étapes du traitement
chimique local en soluté et les déformations élastiques qui en thermique décrites précédemment est donné dans l’article Traitements thermiques des
alliages d’aluminium [M 1 290] de ce traité.
résultent expliquent que dans certains cas cette précipitation soit
facilitée par la présence de défauts de structure - tels que les
dislocations - qui favorisent une diffusion plus élevée des atomes
solutés ou accommodent des champs de déformation élastique
adaptés.
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2.2 Caractéristiques chimiques ■ Enfin, des précipités sont cohérents si, au-delà des relations
d’épitaxie, il y a continuité géométrique des réseaux cristallogra-
et structurales des précipités phiques de la matrice et des précipités dans toutes les directions
cristallographiques. Seules la nature et la disposition des atomes sur
Nota : le lecteur se reportera utilement à l’article Cristallographie géométrique [A 1 305]
le réseau sont modifiées (figure 6a). L’écart à la cohérence δ dans un
du traité Sciences fondamentales. plan cristallographique est donné par la différence relative des
Les notions d’ordre, de relations d’orientation et de cohérence sont distances réticulaires dhkl et d h′ ′k ′l ′ de ce plan dans la matrice (plan
trois notions essentielles permettant de décrire les caractéristiques hkl, selon la notation de Miller) et dans le précipité (plan h ’k ’l ’) :
et certaines propriétés des précipités présents dans une matrice.
δ = 2 ( d hkl – d h′ ′ k ′ l ′ ) ( d hkl + d h′ ′k ′ l ′ ) (2)
■ Une phase est ordonnée si ses différents atomes constitutifs
sont disposés selon le motif géométrique de la structure cristallo- Cet écart est à l’origine de distorsions élastiques dans les
graphique du composé et si à chaque site cristallographique est réseaux cristallographiques des deux phases.
assignée une nature chimique de l’atome. Il s’agit dans ce cas de Dans les alliages d’aluminium, la précipitation cohérente est le
l’ordre à grande distance (figure 4). S’il existe des fluctuations ou un premier stade de la précipitation homogène pendant ou après la for-
écart par rapport à l’assignation chimique, le composé n’est mation de zones GP. Les précipités cohérents sont nécessairement
ordonné qu’à courte distance. À l’extrême, si les atomes sont dis- très petits (jusqu’à 5 nm) à moins que l’écart à la cohérence ne soit
posés de manière aléatoire sur le réseau cristallographique, la très faible (ce qui est le cas par exemple de la phase δ’-Al3 Li). Pour
phase est désordonnée ; c’est le cas des solutions de substitution les zones GP, cet écart est faible (0,1 à 1 %).
décrites précédemment et de certains composés intermétalliques.
Les précipités ordonnés sont généralement constitués de composés Lorsque l’écart à la cohérence est, ou devient, trop élevé, des dis-
définis stœchiométriques à domaine de composition chimique locations sont géométriquement nécessaires aux interfaces
précipité-matrice pour accommoder les distorsions élastiques. Ce
( et de Al M ) restreint (cas de la majorité des composés
mécanisme s’observe pour des précipités possédant un très fort
d’équilibre). Les précipités métastables, apparaissant au cours des écart à la cohérence, ce qui est fréquent pour une précipitation hété-
traitements de maturation ou de revenu, sont souvent ordonnés. rogène induite par des défauts cristallographiques et peut également
résulter d’un grossissement trop important de précipités initialement
■ Une autre caractéristique importante de la précipitation struc-
cohérents.
turale est l’existence presque systématique de relations d’orienta-
tions cristallographiques préférentielles entre la matrice et les
précipités formés par précipitation homogène ou par précipitation
hétérogène sur les dislocations, les joints de sous-grains, voire sur
certains joints de grains ou de phases présentes dans la matrice.
Cela se traduit notamment par des relations d’épitaxie, c’est-à-dire
des relations de parallélisme entre les plans ou les directions
cristallographiques de la matrice et ceux des précipités (figure 5).
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3. Méthodes expérimentales
d’étude de la précipitation
structurale
3.1 Métallographie optique et microscopie
Nota : pour plus de renseignements, le lecteur se reportera aux articles Métallographie
[M 90] et Traitements thermiques des alliages d’aluminium [M 1 290] dans ce traité.
La microscopie optique, du fait de son pouvoir de résolution
insuffisant, n’est utilisée en pratique que pour la visualisation de la
Figure 6 – Schémas de cohérence entre précipités et matrice précipitation grossière sur des échantillons polis puis éventuelle-
ment attaqués par des réactifs acides spécifiques. Les images
obtenues sont celles de figures d’attaque, riches d’enseignements
sur la distribution des phases les plus grossières telles que les phases
hors solution (phases non dissoutes lors des traitements d’homo-
généisation après élaboration de l’alliage), les phases précipitées aux
joints de grains et de sous-grains et les dispersoïdes. La
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microscopie électronique à balayage sur coupes polies, grâce séquences de précipitation très complexes [23] [24] [25]. Cette
au contraste chimique résultant des différences de numéro atomique méthode est cependant d’un usage limité car elle n’est applicable
moyen accessible en imagerie par électrons rétrodiffusés, permet qu’à l’étude de monocristaux.
d’accéder à une information similaire avec une résolution spatiale La diffusion centrale des rayons X, ou des neutrons, aux
accrue tout en évitant l’attaque chimique. Ces deux techniques petits angles, permet de suivre les premiers stades de la démixtion
peuvent être aisément couplées à des dispositifs d’analyse des dans les alliages trempés (formation des zones GP, précipitation
contrastes et des morphologies de l’image. Les fractions volumiques métastable) et d’estimer la taille moyenne des amas ou des précipités
de précipités et les paramètres géométriques de taille, de forme et fins à partir de l’étude quantitative des spectres. L’utilisation de détec-
de répartition peuvent alors être déterminés quantitativement de teurs à localisation linéaire [26] permet l’étude de la cinétique de
manière objective. décomposition de la solution solide de manière plus rapide et plus
La microscopie électronique en transmission permet quant sensible que l’usage de films photographiques ou de compteurs.
à elle une caractérisation cristallographique précise (structure cris- Plus courante, la diffraction en retour des rayons X sur des
tallographique, relations d’orientation et d’épitaxie entre phases), échantillons massifs permet la mesure précise du paramètre de
géométrique (morphologie, taille et distribution des phases dans la maille de la matrice. Ce dernier évolue avec la teneur de la solution
gamme privilégiée des très forts grandissements) et chimique solide en atomes de soluté (loi de Vegard) et informe donc sur l’état
(éléments principaux) des phases présentes dans l’alliage. La réso- d’avancement de la précipitation dans les systèmes simples. La
lution spatiale en image est suffisante pour visualiser dans certains même méthode permet de caractériser rapidement les phases
cas les plans et les colonnes d’atomes constitutifs de la microstruc- majeures présentes dans l’alliage (phases hors solution grossières,
ture par interférences des faisceaux d’électrons diffractés. La réso- dispersoïdes, phases précipitées grossières associées à des traite-
lution spatiale en analyse cristallographique (par diffraction des ments de surrevenu prolongés ou à des recuits). Dans ce cas, on
électrons) ou chimique (par analyse en énergie des photons X émis utilise également les méthodes de diffraction des rayons X en
par l’échantillon ou par analyse en énergie des électrons transmis) transmission sur des échantillons préalablement amincis (méthode
atteint quelques nanomètres. Ces niveaux de résolution sont néces- Seeman-Bohlin en transmission par exemple) ou avec des chambres
saires pour la caractérisation de la plus grande majorité des préci- de diffraction telle que la chambre de Guinier ou de Debye-Scherrer.
pités apparaissant dans les alliages d’aluminium trempants. Ils La majorité de ces méthodes n’est cependant que de peu d’utilité
s’avèrent pourtant insuffisants dans certains cas comme celui de pour la caractérisation de la précipitation structurale, compte tenu
l’étude des premiers stades de la préprécipitation des alliages de l’étalement des pics de diffraction ou des effets de diffusion
Al-Mg-Si, Al-Zn-Mg, Al-Cu-Mg. La microscopie électronique en trans- résultant de la très petite taille des précipités ou encore des
mission, qui est basée sur la diffraction des électrons, est particu- contraintes internes. Néanmoins dans la plupart des cas, les progrès
lièrement bien adaptée à l’étude des relations d’orientation des considérables des détecteurs (à diodes, linéaires, courbes) associés
précipités vis-à-vis de la matrice et à celle des défauts de structure à une informatique de pilotage et de retraitement permettent
(dislocations, distorsions élastiques de réseau, caractérisation des aujourd’hui d’analyser quantitativement les spectres de diffraction
joints de grain, etc.). Comme nous le verrons pas la suite (§ 6), la et d’en faciliter une exploitation précise grâce à leur comparaison
connaissance de ces paramètres est essentielle pour la caractérisa- automatique à des bases de données cristallographiques.
tion des mécanismes du durcissement structural et explique que la
microscopie en transmission soit à ce jour un outil de base pour
l’étude de la précipitation.
La microscopie ionique à émission de champ permet de
3.3 Méthodes physiques macroscopiques
prendre la relève de la microscopie électronique en transmission en
visualisant à l’échelle atomique les sites cristallographiques et les Elles exploitent des variations macroscopiques de propriétés phy-
défauts de structure (lacunes, atomes interstitiels, dislocations) des siques (électriques, thermiques, dimensionnelles, etc.) du matériau
métaux et alliages. Combinée à la spectrométrie de masse à temps en fonction de son état de démixtion structurale.
de vol, l’identification chimique, atome par atome, est possible et L’analyse enthalpique différentielle est une méthode calori-
donne des informations ultimes particulièrement adaptées à l’étude métrique très sensible qui permet de mesurer directement la chaleur
des zones GP [20] ou de tout précipité de très faibles dimensions [21]. dégagée ou absorbée par un échantillon d’alliage, au cours d’une
transformation de phase exothermique (précipitation) ou endother-
mique (dissolution des précipités ou réversion des zones GP) occa-
sionnée par une montée en température à vitesse imposée ou par
3.2 Diffraction des rayons X un palier isotherme contrôlé. Cette technique peut permettre, après
et des neutrons étalonnage, une détermination quantitative de la fraction massique
de phases formées dans la matrice par précipitation homogène [27]
Nota : pour plus de renseignements, le lecteur se reportera à l’article Métallographie par ou hétérogène [28]. Elle permet également de déterminer avec pré-
diffractions de rayons X, d’électrons et de neutrons [M 100] dans ce traité.
cision les températures de transformation de phases que l’on étudie
La richesse des relations existant entre la structure cristallogra- aussi par l’analyse thermique différentielle (article Microcalori-
phique et les paramètres de précipitation font des méthodes de métrie [P 1 200] dans le traité Analyse et Caractérisation) et qui sont
diffraction (y compris la diffraction des électrons décrite au para- indispensables pour la définition des conditions de mise en solution
graphe 3.1) des outils de prédilection pour l’étude microstructurale des alliages.
des alliages métalliques. Ces techniques sont utilisées pour la carac- Le pouvoir thermoélectrique utilise l’effet Seebeck, résultant
térisation cristallographique et, dans certains cas, pour la détermina- des effets Thomson et Peltier (articles Couples thermoélectriques
tion de la morphologie, de la fraction volumique et de la taille des [B 2 590] dans le traité Mesures et Contrôle, et L’état métallique,
précipités présents dans le système étudié. structures électroniques et propriétés physiques [M 40] dans ce
La méthode de précession de Buerger [22] s’apparente le plus traité). Il est extrêmement sensible à la composition moyenne des
à la diffraction des électrons par microscopie électronique en trans- solutions solides [29]. Sa mesure, très influencée par des
mission et permet d’obtenir des coupes polaires ou des coupes concentrations même faibles de la solution solide en certains élé-
d’ordre supérieur du réseau réciproque de la matrice et des familles ments de transition introduits par les impuretés (Fe) ou les disper-
de précipités en épitaxie avec celle-ci, sans effets de distorsions ni soïdes (Mn, Cr), peut néanmoins être exploitée pour l’étude de la
de double diffraction inhérente à la diffraction des électrons. On en décomposition de la solution solide dans certains alliages d’alumi-
tire des informations précieuses sur la nature, la structure et l’orien- nium à durcissement structural [29] [30] [31] [32] [33]. L’étude quan-
tation des précipités dans la matrice, notamment dans le cas de titative de la précipitation structurale reste cependant difficile dans
la mesure où la taille et la cohérence des précipités peuvent avoir
une incidence complexe sur le signal enregistré.
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La conductivité électrique et, inversement, la résistivité élec- plus loin dans ce paragraphe). La figure 7 donne les courbes d’éner-
trique sont régies par l’état d’avancement de la décomposition de gie libre de formation molaire G des différentes phases en fonction
la solution solide. La concentration en soluté exerce un effet supé- de la concentration x de l’élément d’addition aux températures TH
rieur d’un ordre de grandeur à celui de la fraction volumique de (haute température, légèrement inférieure à la température du
précipités sur ces propriétés de transport [34]. La mesure de la solvus TS) et TB (basse température de revenu, inférieure à TR tem-
conductivité électrique en surface et celle de la résistivité électrique pérature de réversion des zones GP). Sur cette figure, le diagramme
à température ambiante sont couramment utilisées dans l’industrie d’équilibre de phases du système résulte de la minimisation de son
comme moyen non destructif et rapide de contrôle de l’état de énergie libre dans tout le domaine de températures considérées.
trempe et de revenu dans les demi-produits (pièces non finies) en
alliages d’aluminium destinés respectivement aux applications ■ La courbe G(α) donne la variation d’énergie libre molaire de Gibbs
aéronautiques et électriques [35]. La résistivité électrique (figure 12) de la solution solide α en fonction de la concentration en soluté, ainsi
augmente d’abord rapidement puis lentement pendant la maturation que celle des zones GP car ces dernières ont la même structure cris-
sous l’effet de la formation des zones GP, probablement par diffusion talline que la matrice. La courbe présente une double concavité avec
des électrons par les amas d’atomes formés [36]. Elle décroît ensuite un minimum absolu au voisinage de la concentration en soluté à
progressivement lors du revenu corrélativement à l’appauvris- l’équilibre xs (aux faibles valeurs de x ) et un minimum relatif proche
sement de la matrice en soluté, pour atteindre sa valeur minimale de la concentration moyenne en soluté au voisinage des zones GP
après surrevenu poussé ou recuit. La résistivité électrique dépend (pour un domaine de valeurs de x plus élevées).
enfin de la surface des précipités et donc de leur facteur de forme
(rapport de la grande dimension à la petite dimension) [37] [38].
La dilatométrie différentielle permet enfin de suivre les ciné-
tiques et les domaines de transformations de phases lors des trai-
tements thermiques par mesure des variations dimensionnelles
(contractions ou dilatations) induites par la maturation ou le revenu
des alliages [34]. Les effets sont toutefois généralement plus faibles
sur les alliages légers industriels (en particulier, ceux des systèmes
ternaires Al-Cu-Mg et Al-Mg-Si) que sur les alliages binaires consti-
tutifs (Al-Cu, Al-Mg, Al-Si), du fait de la compensation des effets
individuels inhérents aux écarts de rayons atomiques des différents
types d’atomes de soluté relativement à celui de la matrice
d’aluminium et de la précipitation de différents types de phases
métastables [39].
4. Mécanismes de précipitation
4.1 Précipitation par germination
et croissance
Selon la théorie classique de Gibbs [40] étendue aux transforma-
tions de phases à l’état solide par Turnbull et Fischer [41], la ger-
mination, étape initiale de la précipitation, suppose la formation,
à partir de la matrice, de germes stables, riches en soluté (de compo-
sition très différente de celle de la solution solide) et dotés d’une
interface définie avec la matrice. Les germes peuvent résulter de fluc-
tuations statistiques de composition de taille suffisante (de l’ordre
du nanomètre) au sein de la solution solide avec une cinétique de
formation très rapide en présence de lacunes en sursaturation
(précipitation homogène), ou se former préférentiellement sur les
défauts du réseau ou les interfaces préexistantes entre les différents
grains ou les particules (précipitation hétérogène). La croissance
ultérieure des germes et des précipités est régie par la diffusion des
atomes de soluté vers les germes, qui est thermiquement activée
à la température du revenu tant que la solution solide est sursaturée.
Les mécanismes de précipitation proposés incluent la prise en
compte de facteurs thermodynamiques et d’effets cinétiques et
s’appliquent à la plupart des alliages d’aluminium durcis par
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de contrôle mixte. Il s’ensuit l’existence d’un gradient de concen- ■ L’hypothèse d’une croissance régie par le transport de soluté à
tration en soluté dans la matrice à partir de l’interface entre la matrice l’interface entre la matrice et le précipité ne peut s’appliquer stricte-
(de concentration initiale x 0 égale à celle de l’alliage) et le précipité ment qu’aux tout premiers stades de la précipitation, avec des
(de concentration xp), caractérisé par une concentration x i à l’inter- germes de taille critique très petite. Dans ce cas, le gradient de
face (figure 13a). concentration à l’interface est nul (xi = x 0). On montre alors que le
rayon r du précipité augmente linéairement avec le temps t :
Si D est le coefficient d’hétérodiffusion du soluté dans la matrice,
on a : r = M ’ [(x0 – xα)/ (xp – x0)] t
D = D 0′ exp ( – Q ⁄ RT ) avec M ’ paramètre de mobilité tel que rM ’/D soit adimensionnel,
avec D 0′ constante, xα concentration de la solution solide en équilibre avec le
précipité de concentration xp [54].
Q énergie d’activation de la diffusion,
T température thermodynamique de la diffusion. ■ Dans le cas plus général où la croissance est contrôlée par la
diffusion du soluté dans la matrice (la reaction d’interface étant très
Si r est le rayon du précipité supposé sphérique, sa vitesse de
rapide), la concentration à l’interface x i est égale à la concentration
croissance dr/dt est alors donnée par [54] :
xα de la solution solide en équilibre avec le précipité et la loi de crois-
dr /dt = (D/r )(x0 – x i )(xp – x i ) sance de précipité de rayon r est parabolique :
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Figure 15 – Création de zones dénudées en précipités Figure 16 – Effets de différents paramètres du traitement thermique
par appauvrissement en lacunes aux joints de grains sur la largeur des zones dénudées en précipité
(ou à toutes autres interfaces incohérentes) par appauvrissement en lacunes
métastables (figure 17). La largeur des zones dénudées, régie par lente et revenu à basse température résultent initialement de
la diffusion du soluté piégé dans les particules formées par préci- l’appauvrissement en lacunes du bord du joint de grain. Dans un
pitation hétérogène, diminue avec la vitesse de trempe et augmente deuxième temps, ells se développent par l’appauvrissement en
alors avec la durée t et la température Tr du revenu proportionnel- soluté, sous l’effet de la diffusion du soluté vers les précipités gros-
lement à la quantité (Dt )1/2 où D est le coefficient d’hétérodiffusion siers de la phase d’équilibre se formant aux joints de grains et vers
du soluté dans l’aluminium. Le profil de concentration en soluté peut les zones GP et les précipités métastables se formant dans la matrice
être mesuré expérimentalement en microscopie électronique [65] [66]. Ce mécanisme, représenté sur la figure 18, explique aussi la
[66]. Il peut également être calculé dans le cas où le précipité du formation de précipités de transition sensiblement plus grossiers
joint de grain joue le rôle d’une plaque collectrice en soluté tapissant que les précipités de la matrice à la limite de la zone dénudée.
tout le joint de grain. Dans ce cas, le profil de concentration cor- Les zones dénudées en précipités sont toujours plus larges aux
respond à celui obtenu au voisinage d’un précipité de matrice lors joints de grains qu’aux joints de sous-grains. Ces derniers consti-
de sa croissance contrôlée par la diffusion de soluté (figure 13b). tuent en effet des puits de lacunes moins efficaces et sont le site
Le gradient de concentration s’établit entre la concentration de la de précipitation hétérogène de phases métastables semi-cohérentes
solution solide à l’équilibre xα (contre le précipité de joint de grain) qui sont souvent moins riches en soluté que la phase d’équilibre
et la concentration initiale de la solution solide après démixtion x 0 ; stable et sont donc en équilibre avec une matrice moins appauvrie
la concentration à la distance z est donnée par : en soluté (figure 7). Ces zones dénudées jouent un rôle important
x (z ) = xα + (x 0 – xα) erf [z/(2(Dt)1/2 )] dans les mécanismes de fragilisation ou de corrosion intergranulaire
des alliages [66], en particulier s’ils sont traités par revenu au voi-
z sinage du maximum du durcissement structural (articles Traitements
2
avec erf ( z ) = ----------- exp ( – y 2 ) dy . thermiques des alliages d’aluminium [M 1 290] et Alliages d’alumi-
π 0 nium corroyés [M 438] [M 439] [M 440] dans ce traité).
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Les alliages ternaires dans lesquels la teneur relative en cuivre couches d’atomes de silicium entourés de deux couches d’atomes
est en excès par rapport à celle correspondant à la coupe quasi de magnésium [81]. À ce stade, les zones GP en aiguilles pourraient
binaire Al-Al2 CuMg [par exemple, les alliages 2017 Duralumin ou aussi correspondre à une phase de transition cohérente appelée
2024] présentent une séquence de coprécipitation mixte : β’’ [82]. La phase ′ conserve la morphologie des zones GP et
précipite sous forme d’aiguilles puis de bâtonnets [83] [84] le long
zones GP → θ″ → θ′ → θ-Al 2 Cu des directions [100] Al . La phase -Mg 2 Si existe sous forme de
solution solide initiale → plaquettes formées par surrevenu ou de lattes formées par préci-
zones GPB → S′ → S-Al 2 CuMg pitation hétérogène par trempe lente (figure 35).
Les alliages de teneur en magnésium en excès par rapport à
5.1.3 Aluminium-cuivre-magnésium-silicium celle de la coupe quasi binaire Al-Mg 2 Si contiennent une plus
grande densité de zones GP de tailles surcritique après maturation
prolongée. Cela conduit à une augmentation de la densité de pré-
Plusieurs séquences de coprécipitation sont possibles suivant les cipités β’ formés par revenu et donc à une augmentation du niveau
teneurs respectives en cuivre, en magnésium et en silicium libre maximal de la résistance mécanique.
(abstraction faite des atomes de soluté piégés par les dispersoïdes
ou par les phases hors solution non dissoutes après la trempe). À l’inverse, les alliages dont la teneur en silicium est en excès par
rapport à celle de la coupe Al-Mg 2 Si ont, après maturation et revenu,
Une addition, même faible, de silicium (Si = 0,25 %) à un alliage une distribution de précipités de phases β ’ dotée d’une taille
Al-2,5 % Cu-1,2 % Mg conduit à une plus grande stabilité des zones moyenne supérieure et d’une densité inférieure à celles observées
GPB, à une distribution plus fine et plus dense des précipités de en l’absence de maturation préalable au revenu. Dans ces cas, la
phase S’ après revenu à haute température – sans modification de maturation conduit donc à un potentiel de durcissement plus faible.
leur nature [77]. Ces résultats sont liés à une forte interaction entre On explique ce phénomène par une cinétique de dissolution des
les atomes de silicium et les lacunes [78] [79] qui a pour effet un zones GP plus lente dans les alliages de ce domaine de compositions.
piégeage efficace des lacunes après la trempe et la formation rapide Cette cinétique conduit à une sursaturation trop faible après matu-
des zones GPB (§ 4.1.2.1). ration pour fournir la densité maximale de précipitation lors du
Dans les alliages à teneur en silicium libre sensiblement égale à revenu [85].
la teneur en magnésium (0,3 % < Si = Mg < 1 %), la solution solide Dans le cas particulier des alliages de moulage du système
se décompose suivant la séquence (les étapes entre parenthèses Al-Si-Mg à fort excès en silicium, seule la part de silicium libre (hors
sont seulement susceptibles d’être présentes) : particules grossières eutectiques de silicium) est à prendre en
solution solide initiale → (zones GP) → λ’ → λ-Al5 Cu2 Mg 8 Si7 compte pour le durcissement structural.
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thermiques de l’alliage. Les morphologies associées aux épitaxies Si le rapport Li/Cu est inférieur à 1, la séquence de précipitation
les plus courantes [25] [88] [90] sont respectivement des particules devient :
équiaxes ou petites plaquettes pour η 1 , des plaquettes parallèles
solution solide initiale → δ’-Al3 Li → T’ → T1-Al2 CuLi
aux plans {111}Al pour η 2 et enfin des lattes dirigées suivant les
directions <110>Al pour η 4 .
La phase T’ (également appelée T′B ou θ′ du fait de sa similitude
La phase T’, parfois appelée X, possède une structure cubique et avec la phase d’équilibre TB-Al7,5 Cu4 Li [102] ou avec la phase métas-
existe sous forme de polyèdres équiaxes (cuboïdes) en épitaxie avec table θ’-Al2 Cu) précipite dans la matrice à l’état sous-revenu sous
les plans {100}Al dans les alliages ternaires relativement chargés en
forme de plaquettes parallèles aux plans {100}Al (figure 37) [59] [106]
magnésium (Mg > 2 %) et traités par revenu à basse température
[24]. Elle précipite aussi dans les alliages ternaires ou quaternaires [107]. Sa germination homogène ne nécessite pas d’écrouissage
traités par surrevenu (T > 180 oC) après une trempe rapide [25] [95]. entre la trempe et le revenu ; tout comme la phase θ’, sa germination
Son absence des régions proches des zones dénudées en précipités est accélérée par des éléments nucléants (§ 5.6) tel que le
aux joints de grains serait compatible avec une germination de cette cadmium [107].
phase sur les amas de lacunes.
Les traitements de revenus effectués à une température supérieure
à la température de dissolution de η’ (140 oC à 160 oC, selon la teneur
5.4.3 Aluminium-lithium-magnésium
en cuivre de l’alliage) favorisent la précipitation de phase η dans les
Le magnésium reste en solution dans la matrice à l’état
alliages à teneur en zinc et en cuivre suffisamment élevée
sous-revenu et donne lieu, lors de revenus à haute température
(Zn/Mg > 3). La densité des précipités de phase η (essentiellement
(200 oC), à la précipitation dispersée et peu durcissante de bâtonnets
selon les relations d’épitaxie de η 1 et η 2) après revenu à haute tem-
de phase Al 2 LiMg suivant les directions <110> de la matrice
pérature (140 à 180 oC) est augmentée par un prérevenu effectué à
(figure 37), selon la séquence simple [108] :
plus basse température (100 à 120 oC), de façon à donner lieu à la
germination préalable de précipités η’. De tels traitements de double solution solide initiale → δ’-Al3 Li → Al2 LiMg
revenu favorisent aussi une distribution plus grossière des précipités
de la phase η aux joints de grains et sont utilisés pour obtenir des
compromis intéressants entre la résistance à la corrosion sous 5.4.4 Aluminium-lithium-cuivre-magnésium
contrainte et la résistance mécanique sur les alliages industriels
(7075, 7010, 7050) traités aux états T 7X (article Traitements ther- Par rapport aux systèmes ternaires précédents (Al-Li-Mg, Al-Li-Cu,
miques des alliages d’aluminium [M 1 290] dans ce traité). Al-Cu-Mg), la séquence de précipitation peut être modifiée par l’addi-
tion d’un élément quaternaire si sa teneur dépasse 0,2 % en Cu, 0,3 %
en Mg ou 0,5 % en Li [109] [110].
5.4 Alliages d’aluminium au lithium Les alliages à teneur en lithium comprise entre 1,5 et 3 % et à rap-
port de teneur Cu/Mg compris entre 1 et 2 (en particulier, les alliages
L’étude de la précipitation dans les alliages de ce système a fait 2091 et 8090) sont durcis par coprécipitation suivant la séquence :
l’objet de plusieurs publications de synthèse [96] [97] [98].
δ′-Al 3 Li T 2 -Al 6 Cu(Li, Mg) 3
solution solide → → ou
5.4.1 Aluminium-lithium initiale
zones GPB → S′-Al 2 CuMg S-Al 2 CuMg
La séquence de décomposition est la suivante [99] :
solution solide initiale → δ’-Al3 Li → δ-AlLi La précipitation homogène d’aiguilles très fines de phase S’
suivant les directions [100] Al est favorisée par un rapport
La phase ′ -Al 3 Li est ordonnée (structure L12) et cohérente avec (Cu + Mg)/Li élevé et/ou une maturation prolongée avant le revenu
la matrice. Elle est présente en très forte fraction volumique (jusqu’à en l’absence d’écrouissage après la trempe, ce qui s’expliquerait par
30 % pour une teneur en lithium de 3 %, ce qui, comparé aux alliages une forte interaction entre les lacunes et les atomes de lithium [111].
précédents, est 3 à 4 fois plus élevé), sous forme de précipités sphé- Comme dans le cas du système Al-Cu-Mg (§ 5.1.2), la phase S’ pré-
riques en épitaxie avec la matrice (figure 37). Elle est présente dès cipite sous forme d’aiguilles suivant [100] Al ou de lattes orientées
les premiers stades de la maturation après la trempe dans les alliages suivant [100] Al avec des facettes parallèles aux plans {102} Al
contenant plus de 1 % de lithium en masse. L’existence de zones GP (figure 38). Il s’agit d’une précipitation hétérogène très durcissante
dans ce système n’est pas établie et très controversée [100] [101]. favorisée par un écrouissage entre la trempe et le revenu à une
La phase -AlLi précipite dans la matrice sous forme de température supérieure à 150 oC.
plaquettes à l’état fortement surrevenu. Les alliages à teneurs en lithium et en cuivre sensiblement équi-
valentes (Li-Cu ≈ 2 à 3,5 %) et à teneur en magnésium faible
(0,2 % < Mg < 0,8 %) sont durcis par coprécipitation complexe
5.4.2 Aluminium-lithium-cuivre suivant le schéma [109] [110] [112] :
Si le rapport des teneurs Li/Cu est élevé (Li/Cu > 15), la séquence δ′-Al 3 Li T 1 -Al 2 CuLi ou
de coprécipitation est :
solution solide → T′-AlLiCu ( θ′ ou T ′B ) → S-Al 2 CuMg ou
solution solide initiale → δ’-Al3 Li → T1-Al2 CuLi
initiale zones GPB → S ′ -Al 2 CuMg T 2 -Al 6 Cu(LiMg) 3
La phase T1 , de même structure que la phase d’équilibre de
composition Al2 Cu Li [102], précipite de manière essentiellement L’addition de magnésium en très faible teneur provoque une plus
hétérogène sur les dislocations, les joints de sous-grains, ou même grande finesse de la précipitation de la phase T’ (θ’ ou T′B à l’état
aux joints de grains (à l’état sous-revenu), sous forme de fines sous-revenu ainsi qu’une extension de son domaine de stabilité par
plaquettes hexagonales (figure 37) dans les plans {111}Al [103] rapport à la phase T1 [109] [112]. La phase T2 précipite quant à elle
[104] [105]. Sa germination est donc fortement favorisée par un dans la matrice sans procurer d’incrément de durcissement dans les
écrouissage entre la trempe et le revenu. alliages contenant 1 % en masse de magnésium [110].
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Dans les alliages à teneur en cuivre plus élevée (Cu/Mg > 3 à 5), 5.7 Influence des éléments
l’addition d’argent favorise la précipitation de fines plaquettes hexa-
gonales de phase en épitaxie suivant les plans {111}Al [118]. Cette de transition secondaires
phase, de structure probablement hexagonale [119] [120], à des sur la précipitation
caractéristiques morphologiques et structurales semblables à celles
de la phase T1-Al2 CuLi. Elle est relativement stable après revenu à Tous les alliages d’aluminium de corroyage industriels et certains
haute température (200 oC) et conduit à un durcissement important, alliages de moulage contiennent des éléments de transition secon-
par exemple dans l’alliage de moulage K01 ou A201 [121]. daires en faible quantité (0,05 à 0,8 % en masse), destinés à affiner
le grain de coulée (Ti, Zr) et à inhiber ou retarder la recristallisation
des demi-produits (pièces non finies) lors de leur mise en forme à
5.5.3 Aluminium-zinc-magnésium-argent chaud ou lors de la mise en solution ultérieure (Mn, Cr et Zr). Il s’agit
et aluminium-zinc-magnésium-cuivre-argent toujours d’éléments à faible solubilité et à très faible diffusivité dans
l’aluminium à l’état solide. Leur coefficient de partage (§ 2.1) est
L’addition d’argent en quantité suffisante (de 0,15 à 0,5 % en supérieur à 1 (Cr, Ti, Zr) ou égal à 1 (Mn). De ce fait, ces éléments
masse) aux alliages Al-Zn-Mg et Al-Zn-Mg-Cu modifie leur réponse secondaires sont généralement présents en solution solide à l’état
au revenu, en favorisant la germination homogène de la phase de brut de coulée semi-continue ou de moulage, en étant répartis pré-
transition ′ responsable du durcissement maximal. Pour les férentiellement au cœur des branches de dendrites d’aluminium
alliages exempts de cuivre, cela permet d’obtenir une résistance (article Solidification [M 786] dans ce traité). Lors de l’homogénéisa-
mécanique relativement élevée associée à des zones dénudées tion ou à défaut lors de la mise en solution, ils précipitent essen-
étroites en précipités après revenu entre 100 et 120 oC, même en tiellement au cœur de ces branches de dendrites primaires
l’absence de traitement de prérevenu effectué au-dessous de la (initialement sursaturées en éléments de transition) sous forme de
température de réversion des zones GP [122]. Pour les alliages particules dispersées (dispersoïdes) de phases binaires ou ternaires.
Al-Zn-Mg-Cu, l’addition d’argent à des alliages du type 7075 ou la Celles-ci sont généralement constituées des phases d’équilibre
substitution d’argent à une partie du cuivre (cas de l’alliage A-Z74) incohérentes avec la matrice dans les systèmes Al-Cu-(Mg)-Mn
permet d’augmenter le niveau de la résistance mécanique après un (phase Al 20 Cu 2 Mn 3 ), Al-Mg-Si-(Cu)-Mn (phase Al 20 Mn 3 Si 2 ),
revenu à une température relativement haute (supérieure à 120 oC) Al-Cu-Cr (phase Al7 Cr) et Al-Mg-(Zn)-Cr (phase Al18 Cr2 Mg3). Leurs
seulement si ce revenu est effectué immédiatement après la tailles, de l’ordre de 50 à 500 nm [131] [132], dépendent des
trempe directe ou étagée (en l’absence de maturation), ou si la conditions d’homogénéisation ou de la mise en solution. Dans le cas
montée à la température de revenu est très rapide [123]. Dans les des alliages contenant du zirconium des familles Al-Cu-Mg-(Si)-Zr,
alliages chargés en cuivre, l’addition de zinc est susceptible de sta- Al-Zn-Mg-(Cu)-Zr et Al-Li-Cu-(Mg)-Zr, les dispersoïdes sont
biliser le domaine de précipitation de la phase (§ 5.5.2). constitués de particules de phase Al3 Zr en faible fraction volumique
Dans tous ces alliages, le mécanisme de modification de la pré- et de très petite taille (10 à 40 nm), de structure cubique, en relation
cipitation est interprété par l’interaction privilégiée entre les lacunes d’orientation avec la matrice et qui restent cohérentes avec la matrice
de trempe et les atomes d’argent et de magnésium. tant que la structure reste non recristallisée.
Ces éléments de transition ont différents effets sur la précipita-
tion dans les alliages d’aluminium à durcissement structural.
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■ La germination hétérogène de phases d’équilibre est favorisée pas toujours aisée. Ainsi, même dans les alliages binaires simples,
aux interfaces incohérentes entre les particules de dispersoïdes et la comme par exemple ceux du système Al-Cu, et dans le cas de trai-
matrice si la trempe est insuffisamment rapide, et ce d’autant plus tements thermiques de revenu isotherme monopalier, l’enchaî-
facilement que la sursaturation est importante. Cela explique la plus nement des différentes phases précipitant aux températures des
grande sensibilité à la trempe des alliages à haute résistance (par revenus [expression (4)] conduit à une évolution souvent complexe
exemple, Al-Zn-Mg-Cu) contenant du chrome et à un degré moindre de la dureté (figure 22) ou de la limite d’élasticité. Néanmoins, les
du manganèse par rapport à celle des alliages au zirconium. Une telle différents mécanismes physiques régissant le durcissement struc-
précipitation par germination hétérogène peut aussi intervenir lors tural à échelle microscopique sont bien définis et peuvent être uti-
d’un surrevenu. lisés pour décrire de manière satisfaisante le durcissement de
certaines familles d’alliages d’aluminium trempants à partir des
■ Les interfaces incohérentes entre les particules de dispersoïdes et caractéristiques fines (précises) de la précipitation structurale. Les
la matrice sont des puits à lacunes pouvant conduire à une cinétique difficultés pour modéliser l’évolution de la limite d’élasticité résultent
ralentie de la précipitation lors de la maturation ou de revenus alors moins de la connaissance de la précipitation structurale et des
après trempe. mécanismes physiques microscopiques de durcissement, gou-
La cinétique de précipitation à basse température n’est cependant vernés par les interactions entre les dislocations du réseau et les
pas affectée par la présence de ces éléments secondaires, notam- phases précipitées, que du passage du comportement microscopi-
ment par la fraction de ceux-ci restant en solution dans la matrice, que local au comportement macroscopique global. Ce dernier doit
en raison de la faible énergie d’interaction entre les lacunes et les alors intégrer des caractéristiques moyennes de l’alliage telles que
atomes de ces éléments de transition. En revanche, on constate un la texture cristallographique, la morphologie et la taille de grains,
ralentissement de la cinétique de croissance de la phase θ’-Al2 Cu les contraintes internes, ou encore des caractéristiques locales telles
lors du revenu à haute température (170 oC ou plus) ainsi qu’un que les gradients de composition chimique, le gradient de texture,
ralentissement de la coalescence de cette phase dans les alliages la variation de taille et de morphologie de grains entre le cœur et
Al-Cu-Mn [56] [60]. Cet effet, qui existe aussi dans les alliages la peau des demi-produits ou des produits finis.
Al-Cu-(Cr, Mn, etc.) élaborés par solidification rapide, pourrait À l’échelle la plus fine, c’est-à-dire à celle du réseau cristallin, la
s’expliquer par la ségrégation de ces éléments secondaires à l’inter- limite d’élasticité vraie d’un alliage est définie par la contrainte
face entre la phase θ’ et la matrice (§ 4.1.2.2). seuil nécessaire à l’écoulement irréversible des dislocations
déjà présentes dans le réseau ou émises par des sources activées
par la contrainte appliquée au matériau. Le durcissement structural
par précipitation n’est alors que l’une des composantes susceptibles
6. Mécanismes physiques d’accroître cette contrainte seuil. Il constitue néanmoins un facteur
essentiel. Les principales autres composantes sont citées ci-après.
du durcissement
■ La nature de la solution solide : la présence d’atomes solutés, en
par précipitation substitution aux atomes d’aluminium dans son réseau cristallin
(figure 3a), de taille et de module différents de ceux de l’aluminium
(gros atomes de magnésium ou petits atomes de cuivre), génère des
6.1 Modélisation du durcissement structural distorsions élastiques et des forces de friction de réseau, s’opposant
au déplacement des dislocations. Ces distorsions et ces forces
Les séquences de précipitation décrites précédemment s’accom- peuvent en outre modifier l’énergie de faute d’empilement des
pagnent de modifications importantes des propriétés d’emploi des dislocations et par conséquent leur aptitude à changer de plan de
alliages. Parmi les propriétés physiques et mécaniques de première glissement afin d’éviter un obstacle (article L’état métallique : pro-
importance pour les utilisateurs, la limite d’élasticité ou la dureté priétés atomiques [M 35] dans ce traité).
(figure 22) sont tout particulièrement sensibles à l’état de précipi-
tation. Le durcissement structural, qui résulte de la précipitation ■ Les dislocations initialement présentes dans le grain (dislocations
de fines particules de phases métastables ou stables, présente en de trempe ou obtenues par écrouissage à froid avant le traitement de
outre un intérêt pratique particulier à la fois parce qu’il permet revenu) : celles-ci constituent autant d’obstacles dans la matrice et
d’atteindre un niveau important de caractéristiques mécaniques s’opposent au déplacement des dislocations. De façon analogue, de
mais aussi parce que celui-ci peut être ajusté et contrôlé par simple faibles tailles de grains ou de cellules d’écrouissage limitent le dépla-
traitement de revenu final (figure 1) effectué soit sur demi-produits cement des dislocations sur de grandes distances et limitent le mou-
(avant découpage, usinage mécanique ou chimique, assemblage, vement de nouvelles dislocations par effet de contrainte en retour ou
etc.), soit sur pièces finies (après mise en forme, assemblage, etc.). d’obstacle des premières dislocations émises dans un plan de glis-
Après revenu au maximum du durcissement, certains alliages d’alu- sement. En toute rigueur, ces paramètres n’affectent pas la limite
minium industriels à durcissement structural peuvent ainsi posséder d’élasticité vraie de l’alliage, c’est-à-dire la contrainte d’écoulement
une limite d’élasticité multipliée approximativement par un facteur de la première dislocation émise. Ils concernent en pratique la limite
4 par rapport à celle du même alliage à l’état brut de trempe fraîche d’élasticité conventionnelle de l’alliage mesurée à 0,2 % d’allonge-
et une charge à la rupture multipliée par un facteur 20 par rapport ment plastique résiduel.
à celle de l’aluminium non allié recuit pour dépasser par exemple
■ Les contraintes internes du réseau, générées par la trempe
700 MPa dans le cas des alliages durs les plus performants obtenus
rapide de l’alliage après mise en solution ou par la déformation
par un procédé d’élaboration conventionnel.
avant revenu. Elles sont introduites au même titre que les disloca-
La prévision du durcissement structural des alliages d’alu- tions précédentes et sont la manifestation élastique des déforma-
minium binaires, et a fortiori industriels (ternaires ou quarternaires), tions plastiques macroscopiques ou des incompatibilités de
est cependant souvent limitée par l’absence d’une précipitation stric- déformation locales de grain à grain liées aux opérations de trempe
tement séquentielle et par l’existence d’une coprécipitation de plu- et d’écrouissage à froid. À l’échelle microscopique, ces contraintes
sieurs types de phases métastables dont certaines peuvent être peuvent favoriser ou s’opposer au glissement des dislocations (res-
présentes avec des morphologies, des relations d’orientation et des pectivement en s’additionnant ou en se soustrayant à la contrainte
écarts à la cohérence avec la matrice différents (cas du système appliquée).
Al-Zn-Mg-Cu). Les traitements de revenus industriels optimisés pour
l’obtention de compromis de propriétés en résistance mécanique et ■ L’orientation relative du grain par rapport à la direction de la
en résistance à la corrosion sous tension résultent en outre de contrainte appliquée à l’alliage (effet de texture cristallographique).
doubles revenus pour lesquels la caractérisation précise des phases Celle-ci définit le niveau de la contrainte résultante effectivement
en présence (par exemple, en termes de fraction volumique) n’est appliquée aux dislocations dans leurs plans de glissement (les
4 plans {111} de la matrice, dans le cas de l’aluminium).
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avec K1 constante,
b norme du vecteur de Burgers de la dislocation (article L’état
métallique : propriétés atomiques [M 35] de ce traité),
fV fraction volumique des précipités,
r rayon moyen des précipités.
Cette expression est utilisée pour expliquer par exemple le
durcissement par zones GP d’un alliage ternaire Al-Zn-Mg lors d’un
traitement de revenu à 120 oC (figure 25). Cependant, comme on va
le voir par la suite (§ 6.2.2 et 6.3), sur la base d’une corrélation linéaire
entre ∆σ et (f V r )1/2, des résultats analogues, obtenus sur des alliages
similaires, ont pu également être interprétés différemment.
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Lors du cisaillement, plusieurs mécanismes peuvent gouverner En régime de coalescence (à fraction volumique donnée), cette
le durcissement (§ 6.3.1, 6.3.2 et 6.3.3) : la création de nouvelles expression conduit à un maximum de durcissement pour des par-
interfaces entre les précipités et la matrice, la modification de ticules de faible taille et on a donc une diminution de la contribution
l’énergie des dislocations (différence de largeur de dissociation des de ce mode de durcissement. Or, cette évolution ne s’observe géné-
dislocations provoquée par la différence des énergies de faute ralement pas macroscopiquement, ce qui laisse supposer que ce
d’empilement des précipités et de la matrice) et la création de mécanisme ne fournit qu’une très faible contribution au durcisse-
fautes de structure dans les précipités (parois d’antiphase, défauts ment. L’augmentation de la limite d’élasticité d’alliages Al-Zn et
d’empilement, défauts d’ordre complexe). Al-Zn-Mg en cours de revenu a pourtant été attribuée au durcisse-
ment chimique, mais sur la base d’un autre modèle [150] [151] [152]
aboutissant à la formule suivante :
6.3.1 Durcissement par incrément de surface
3/ 2
(durcissement chimique) ∆ σ = K3 γ s ( f V r ) 1/ 2 (6)
La création d’une interface précipité/matrice supplémentaire dS Cette interprétation, proposée pour des alliages Al-Zn-Mg
apparaissant au cisaillement (figure 26) nécessite l’apport d’éner- décomposés en précipitation de zones GP ou de phases η’ [153],
gie γ s dS où γ s est l’énergie superficielle de l’interface du précipité permet par exemple d’évaluer l’énergie superficielle d’interface
qui s’oppose à sa création et contribue à freiner le mouvement des nécessaire au cisaillement de η’ (600 mJ/m2 ) et à celui des zones
dislocations [13] [148] [149]. L’accroissement de la limite d’élasti- GP (340 mJ/m2 ) (figure 28).
cité vraie qui en résulte est donné par :
1/ 2 1/ 2
∆ σ = K 3 γ s f V r –1
6.3.2 Durcissement par différence d’énergie
de faute d’empilement
avec K3 constante.
L’énergie de faute d’empilement d’un cristal est à l’origine de la
dissociation en deux dislocations partielles. Selon la nature de la
phase dans laquelle glisse la dislocation, la séparation de ces par-
tielles est plus ou moins prononcée et gêne son mouvement [154]
[155]. Ce comportement explique par exemple le durcissement des
alliages Al-Ag décomposés en zones GP (figure 29). L’expression
est similaire à l’expression (6) :
3/ 2
∆ σ = K4 ∆ γ F ( f V r ) 1/ 2
avec K 4 constante,
∆ γ F différence des énergies superficielles de faute d’empile-
ment de la matrice et des précipités.
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avec K 5 constante,
∆ γ P énergie superficielle de la paroi d’antiphase.
Cette expression surestime la contrainte d’écoulement. La
deuxième dislocation de la paire tend effectivement à diminuer
l’énergie du cisaillement en effaçant les parois d’antiphase créées
par la première dislocation [13].
La précipitation cohérente et ordonnée de la phase δ’- Al 3 Li
gouverne le durcissement de l’alliage binaire Al-Li et constitue un
exemple typique, avec les superalliages à base nickel, de ce
mécanisme de créations de parois d’antiphase [161] [162] [163].
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Figure 34 – Précipitation structurale dans les alliages Figure 35 – Précipitation structurale dans les alliages
des systèmes Al-Cu-Mg et Al-Cu-Mg-Si des systèmes Al-Mg-Si et Al-Mg-Si-Cu
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Figure 37 – Précipitation structurale dans les alliages des systèmes Al-Li et Al-Li-Cu
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