Ressuage
Ressuage
Ressuage
Laurent Josserand
Laurent JOSSERAND
Sujet :
Bien entendu, la palme des remerciements va à François de Larrard qui, plus qu’un
directeur de thèse, fut un réel soutien durant ces quatre années de travail en commun. Le sujet
qu’il m’a proposé fut enrichissant, motivant.
Je remercie également Jean Pierre Ildefonse, pour son soutien, ses remarques
constructives et, tout simplement pour sa gentillesse. Il n’a jamais cessé d’apporter son aide.
Une thèse ne se bâtit pas seul, de nombreuses personnes ont participé à ce travail. Ils
ne seront jamais assez remerciés pour leur soutien actif. Dans le désordre, je souhaite par
conséquent présenter ma gratitude aux personnes suivantes :
Chapitre I : INTRODUCTION
I.2. Conclusion 13
Introduction 15
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Introduction 80
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- Table des matières -
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
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Chapitre I : Introduction
CHAPITRE I
INTRODUCTION
Dans le cas du ressuage, les grains ont un mouvement d’ensemble vers le bas. Ce
mouvement force l’eau intergranulaire à percoler vers le haut. Ainsi, une fois le béton mis en
place dans son coffrage, une pellicule d’eau claire apparaît progressivement à sa surface. La
sédimentation des grains est très lente, par conséquent le débit d’eau ressuée est modeste.
Ainsi, la pellicule d’eau ne sera visible que si le débit d’évaporation à la surface du béton est
inférieur au débit d’eau ressuée.
Un des cas de ressuage les plus intriguants est le cas du ressuage localisé. Lorsque
l’eau remonte à la surface du béton, elle peut éventuellement entraîner avec elle les particules
les plus fines. Cette remontée de laitance se séparera naturellement par sédimentation une fois
arrivée à la surface. Le béton présentera alors dans sa masse des “trous de ver” (dénomination
des canaux d’écoulement plus ou moins verticaux à paroi sableuse). Dans ce dernier cas, le
béton présentera une ségrégation granulaire, uniquement dans sa partie haute. Au-dessus du
béton quasi homogène, nous trouverons le sédiment des grains expulsés par les canaux. Bien
entendu, les deux phénomènes (ressuage et ségrégation) peuvent avoir lieu en même temps.
Un fort surdosage en eau amène inévitablement à cette extrémité.
Que le ressuage se présente sous sa forme normale ou localisée, une pellicule d’eau
claire apparaît à la surface du matériau. Cette pellicule d’eau a, bien entendu, des
conséquences sur la qualité du béton, qui peuvent être positives ou négatives selon la
caractéristique considérée. Dans une optique d’amélioration constante de la qualité des
bétons, la connaissance des causes du ressuage ainsi que de ces effets est primordiale.
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Le principal intérêt qu’on peut prêter au ressuage est qu’il assure une bonne cure
humide de la pièce de béton. Cette protection de la surface permet ainsi, d’éviter toute
perturbation de l’hydratation locale du béton par dessiccation précoce. Cependant, dans le cas
d’une absence de ressuage, les désordres engendrés par l’absence d’une véritable cure peuvent
être importants. Une meilleure connaissance du ressuage permettrait ainsi de profiter
pleinement de « l’auto-cure » du béton en adaptant le traitement de surface au niveau de
ressuage attendu. Cette préoccupation pourrait même être prise en compte dès la formulation
du béton ce qui permettrait d’éviter tout traitement ultérieur (il est de notoriété que la cure des
bétons est souvent « oubliée » sur chantier).
Un autre aspect positif du ressuage est la portance à court terme du béton que ce
phénomène permet, comme pour certains bétons de remblayage. Le terme générique employé
désignant ces bétons à faibles dosages en ciment (< 50 kg.m-3), est « essorables ». Ces bétons
connaissent actuellement un grand développement pour le remblayage de tranchées. Dans ce
cas particulier, on cherche une vitesse de ressuage maximale pour une restitution à la
circulation la plus rapide possible. On utilise ainsi ce type de matériau pour le remplissage de
tranchées, uniquement en sols perméables ou avec interposition d’une couche coffrante
drainante.
En plus des effets précités, le ressuage induit, hélas, plusieurs effets néfastes qui vont
nuire à la qualité du béton à l’état durci
Dans une colonne de béton durci, on observe des variations de densité et de résistances
selon la hauteur [Loh et al. 1998, Giaccio & Giovambattista 1986, Hoshino 1989]. Sur le
paramètre résistance, ces variations peuvent atteindre 20 à 30 % [Loh et al. 1998], les densités
et les résistances les plus importantes étant en partie inférieure de l’élément. Selon ces
auteurs, c’est bien le ressuage qui est à l’origine de ce phénomène !
Lorsque le ressuage est important, on constate une accumulation d’eau sous les plus
gros granulats ou sous les armatures métalliques (figure I.1) [Giaccio & Giovambattista 1986,
Ash 1972, Hoshino 1989, Jennings et al. 1998] ; la pâte de ciment entourant ces éléments sera
plus poreuse : on parlera alors d’une auréole de transition de mauvaise qualité, ce qui
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Chapitre I : Introduction
entraînera une mauvaise adhérence locale des aciers ou des granulats vis-à-vis de la matrice
cimentaire.
Dans les cas sévères de ressuage, la forte porosité existant sous les granulats provoque
une microfissuration à peu près horizontale [Giaccio & Giovambattista 1986], ce qui
entraînera une certaine anisotropie du béton (variation de résistance suivant la direction de
charge de l’ordre de 25% [Giaccio & Giovambattista 1986]). En fait, c’est surtout pour la
résistance à la traction en partie haute de l’élément que la diminution est la plus nette [Ash
1972, Hoshino 1989].
Le ressuage est aussi associé à un tassement d’ensemble. Si l’on tient compte de l’effet
des pièces fixes [Powers 1968] comme les armatures métalliques, on trouvera, selon
POWERS, une différence de concentration en granulats sous et sur la barre d’acier; Les
grains butant sur les armatures. Ce type d’inhomogénéité peut être résolu par une vibration
supplémentaire après tassement [Clear & Bonner 1988, Tamimi & Rigdway 1994] mais cela
augmente le coût de la construction. Il est donc préférable de formuler des bétons peu
ressuants.
Un autre effet des pièces fixes est le phénomène de fissuration accidentelle du béton
frais par tassement, autrement nommé « cassure du béton frais » [Baron 1982]. Le béton est
un matériau qui, au repos, acquiert progressivement une certaine cohésion à l’état frais. Lors
du ressuage, le squelette granulaire descend et est cisaillé par les armatures métalliques. Ce
cisaillement produit des fractures dans le béton qui, si la cohésion développée est
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
suffisamment importante, ne se referment pas (figure I.2). L’on évoque souvent l’image d’un
cisaillement au couteau d’un yaourt. Cette fissuration accidentelle par tassement, profonde et
ouverte se produit généralement dans l’heure qui suit le coulage.
A ces effets sur bétons, s’ajoutent des effets particuliers aux coulis d’injections.
L’eau de ressuage se retrouve en partie haute des gaines de précontrainte ce qui peut
provoquer une perte de durabilité locale par corrosion des torons [Le Roy et al. 2000, Gelade
2002]. Il faut ajouter le fait que ces mêmes torons amplifient énormément le phénomène
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Chapitre I : Introduction
lorsqu’ils comportent des vides internes accessibles à l’eau (effets drainants). On notera enfin
un effet d’accélération du phénomène (effet Boycott) lorsque les gaines sont inclinées (ce qui
facilite le phénomène de localisation le long de la ligne supérieure de la gaine). Ce dernier
effet est détaillé dans le paragraphe III.1.2 de ce rapport.
Dans le cas d’un béton mis en place par pompage, Kaplan [Kaplan 2001] a montré
qu’un béton trop ressuant n’est pas pompable. En effet, au démarrage de la pompe, le béton
pénètre dans la tuyauterie poussant devant lui de la barbotine. Dans le cas de béton trop
sensible au ressuage, les granulats prennent de l’avance par rapport au béton, se noient dans la
barbotine et finalement sont à l’origine de la création d’un bouchon.
Parmi les bétons pompés, les bétons autoplaçant et autonivelant ont connu un fort
développement ces derniers temps. En fait, durant ces 30 dernières années, la fluidité
moyenne des bétons produits n’a fait qu’augmenter, passant de ferme à plastique puis à très
plastique. La fluidité de ces bétons n’a qu’une limite, la conservation de leur homogénéité.
Ainsi, les critères de ségrégation et de ressuage vont certainement connaître une importance
croissante dans les prochaines années.
Certains auteurs ont mis en évidence une corrélation entre qualité de malaxage et
ressuage [Soga et al. 1986, Ozkul & Baskoca 1997, Chopin 2002]. Un mauvais malaxage se
distinguerait d’un malaxage de qualité par un ressuage plus fort. Cette corrélation est
davantage détaillée dans le paragraphe II.3.1.3.
I.2. Conclusion
Nous pensons avoir montré l’intérêt d’une étude globale du ressuage. Du fait du rôle
important que joue le ressuage lors de la mise en œuvre des bétons ainsi que sur certaines de
ses caractéristiques à l’état durci, la prévision de l’intensité de ce phénomène en fonction de la
formulation du matériau est nécessaire. C’est bel et bien cette prévision que la profession
attend. Voilà par conséquent l’objectif de ce travail de recherche. Un second objectif est la
prévision des effets d’échelle, indissociables de ceux de la formulation. Ce sont ces effets qui
régissent en pratique la corrélation ressuage en laboratoire / ressuage sur chantier.
Si les objectifs sont atteints, pour tout béton en phase d’étude, le formulateur pourra
vérifier la sensibilité de son produit vis à vis du ressuage. Cette vérification pourra se faire
numériquement, c’est à dire à coût quasi-nul pour l’entreprise. Les formules reliant les
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Le domaine d’étude des matériaux dont on souhaite obtenir une prévision du ressuage
correspond aux bétons, mortiers et coulis, dans l’ordre des priorités définies. D’autre part,
nous nous limiterons au cas du ressuage homogène (non localisé).
Dans un premier temps, les diverses informations disponibles dans la littérature seront
regroupées dans le chapitre II qui constitue l’analyse bibliographique. Nous comparerons
alors, les diverses méthodes d’essai, les diverses modélisations, etc. Cette étude
bibliographique, réalisée au début de la thèse, met en évidence un manque de connaissances
expérimentales du phénomène et un manque de modélisations convaincantes.
Après avoir mis au point les protocoles expérimentaux nécessaires, nous présenterons
les résultats de plusieurs études expérimentales, objet du chapitre III. Cette base de donnée
permet ainsi d’augmenter et de compléter la connaissance pratique du ressuage. L’effet de la
hauteur du coffrage (qualifié d’effet d’échelle) est, par exemple, l’un des paramètres que nous
avons principalement étudié. Dans le quatrième chapitre, nous proposerons alors une
modélisation complète du phénomène prenant comme données celles de la formulation. La
comparaison avec l’expérience de la prévision permettra alors de définir un niveau de
confiance à accorder à cette modélisation.
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
CHAPITRE II
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
INTRODUCTION :
Un certain nombre de publications ont été faites depuis ; cependant, elles ne traitent
que d’une ou plusieurs particularités. Aucune publication récente n’a analysé et synthétisé les
connaissances actuelles disponibles. Une analyse de la bibliographie récente du sujet est donc
nécessaire.
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Au niveau visuel, le ressuage s’observe par une mince pellicule d’eau à la surface du
béton. Selon les conditions météorologiques, on assiste à une compétition entre le débit d’eau
ressuée et le débit d’eau évaporée [Al Fadhala & Hover 2000, Powers 1968, Wainright & Ait
Aider 1995]. Si ce dernier est plus faible, le phénomène de ressuage est visible, sinon, la
surface du béton au lieu d’être brillante, devient mate. La quantité d’eau ressuée sera de toute
façon égale à la quantité d’eau stagnante ajoutée à celle déjà évaporée.
En ce qui concerne le débit d’eau ressuée, la plupart des auteurs montrent qu’il est
constant dans une première partie puis décroît lentement jusqu’à s’annuler [Loh et al. 1998,
Powers 1968, Giaccio & Giovambattista 1986, Wainright & Ait Aider 1995]. Un exemple de
courbe « classique » est reproduit dans la figure suivante.
La caractérisation du ressuage se fera alors soit par mesure de la hauteur d’eau ressuée
Er (t) soit par mesure du tassement des constituants solides ∆H (t). Comme on le verra par la
suite dans ce rapport, il peut subsister des différences entre ces deux méthodes de mesure
[Clear & Bonner 1988, Khayat & Guizani 1997], du fait, probablement, d’une variation de la
teneur en air occlus au cours du ressuage (figure II.2).
- D’une part la vitesse initiale de ressuage (bleeding rate) que nous noterons VIR.
En fait, il s’agit bien de la pente de la partie linéaire. Dans l’exemple de la figure
II.1, on relève environ 1,1.10-3 m.min-1 c’est à dire 1,1 mm par minute.
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
Il peut aussi être exprimé en fonction de la teneur en eau initiale (E) du matériau.
Dans l’exemple précédent, prenons pour la formulation de la pâte de ciment, un
dosage en eau de E = 900 l.m-3 (volume d’eau par unité volumique de coulis). Ces
données permettent de calculer la valeur de la perte d’eau Er∞ qui serait de 5,2 %.
La relation liant les deux expressions étant :
1000 ∆H ∞
Er∞ = . (II.1)
E H
Il est des cas où la percolation verticale ascendante d’eau a lieu en des endroits
privilégiés. Des canaux d’écoulement drainent l’eau vers la surface. Cette forme de ressuage
est appelée « chanelled bleeding » en anglais [Loh et al. 1968]. Pour la traduction française,
nous la nommerons « Ressuage localisé ». Du fait de la ressemblance de ce phénomène avec
celui dit de « renard » observé en sol humide, nous aurions tout aussi pu utiliser le terme de
« renardage ».
Dans cette forme spéciale de ressuage, lorsque l’eau remonte à la surface du béton,
elle entraîne avec elle les particules les plus fines qui se déposent en surface [Giaccio &
Giovambattista 1986]. L’étude de cet effet est abordée dans le chapitre V de ce mémoire.
Gaccio et Giovambattista [Giaccio & Giovambattista 1986] estiment que l’appartion de ces
canaux correspond à des vitesses de ressuage dépassant 0,06 mm.min-1.
Ces mêmes auteurs estiment en outre, que la fissuration sous les gros granulats
apparaît lorsque la perte d’eau Er∞ dépasse 8 %. L’appellation « fissure » concerne ici des
poches d’eau présentes en partie inférieure des gravillons.
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
son volume, et celles se bornant à mesurer le tassement du squelette granulaire. Les diverses
méthodes sont détaillées dans la partie suivante.
En fait plusieurs auteurs [Clear & Bonner 1988, Powers 1968, Khayat & Guizani
1997] trouvent une différence notable entre les résultats obtenus par ces deux types de
méthodes. La mesure du tassement étant toujours inférieure à celle par prélèvement d’eau.
Dans le chapitre IV, on recherchera si l’air occlus n’aurait pas un rôle majeur dans
l’explication de cette différence.
La première idée est soit de mesurer le volume d’eau ressuée en place, ce qui n’est pas
toujours évident, soit d’effectuer un prélèvement pour le mesurer à part. Ce type de mesure
est plutôt destiné au laboratoire. En effet, il n’est pas très facile de mesurer le volume d’eau
ressuée d’un voile de béton de 3 ou 4 mètres de longueur. En fait, si l’on sait prédire
correctement les effets d’échelle, la mesure du ressuage dans un moule de dimension réduite
permettra la prédiction du ressuage à l’échelle 1.
Cette méthode assez simple consiste à prélever l’eau ressuée par le matériau à l’aide
d’une pipette ou d’une seringue, en inclinant légèrement le moule [ASTM C232 1987].
Deux minutes avant chaque prélèvement, on place une cale sous un coté du moule ce
qui permet l’accumulation d’eau de l’autre coté. On découvre celui-ci puis on effectue alors le
prélèvement. Enfin, on ôte la cale pour redonner au moule sa position verticale. Le
prélèvement est quant à lui mesuré dans un tube gradué.
Les critiques principales que l’on peut formuler viennent de cette inclinaison. Comme
nous le détaillerons plus loin, le ressuage est influencé par les vibrations extérieures. Le fait
de manipuler fréquemment le moule semble peu judicieux. Seul un opérateur ayant un certain
doigté peut réaliser cet essai dans de bonnes conditions de répétabilité et de reproductibilité.
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
Après serrage, le technicien arase le béton en cône, s’appuyant sur les rebords des
cylindres. Il place ensuite un tube gradué sous le moule. Celui-ci va recueillir l’eau ressuée.
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
- Lors d’un ressuage important, une certaine quantité d’eau peut être immobilisée
(figure II.5) et donc ne pas être comptabilisée.
Pour un béton ferme, cet essai, réalisé avec un dispositif limitant l’évaporation, est
certainement très intéressant surtout si la mesure d’eau est réalisée par pesée (ce qui permet
une augmentation de la précision de la mesure).
Soit on procède alors par prélèvement de l’eau ressuée (méthode ASTM C243), soit,
on utilise le type d’appareillage présenté en figure II.6. La réduction de section du moule
permet d’augmenter la précision sur la lecture de la hauteur d’eau.
Dans sa thèse sur la pompabilité des bétons, Kaplan propose d’utiliser cette même
méthode avec un type d’aéromètre à béton (appareillage relativement courant). L’utilisation
ce cette méthode semble convenable à des fins de discrimination des bétons non pompables
[Kaplan 2001]. Cela dit, la précision de la mesure est insuffisante pour notre objectif qui est
de relier le ressuage aux données de la formulation.
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
La miscibilité avec l’eau peut être négligée. En revanche, les différences de tension
superficielle entre le produit, l’eau, le béton et les parois de l’appareillage entraînent
l’accrochage d’un grand nombre de bulles d’eau. Ces bulles d’eau ne percolent pas jusqu’à la
surface et ne sont donc pas comptabilisées dans l’eau ressuée. Gelade estime à 3 mm le rayon
minimal que doit avoir une goutte pour franchir l’interface eau / liquide dense. Cet ordre de
grandeur se confirme expérimentalement à l’œil [Gelade 2002]. Enfin, cet essai est
globalement assez lourd. Le temps de mise en place est long ce qui fait reculer d’autant
l’échéance de la première mesure.
Certains laboratoires privés ont développé leur propre méthode. Par exemple, on peut
prélever directement à la seringue, l’eau ressuée d’une éprouvette 16x32. Cela ne coûte que le
temps de prélèvement. Sans prise en compte de l’évaporation, ce protocole ne peut donner
qu’un ordre de grandeur du ressuage obtenu.
Nous noterons que cette méthode est caduque lors d’utilisation de moule en carton. En
effet, par attraction capillaire, le carton absorbe une grande partie de l’eau de ressuage. En
revanche, la mesure de la hauteur de l’éprouvette de béton durci donne une indication sur
l’amplitude du phénomène. Cette méthode est cependant peu précise, d’autant plus que
certains auteurs évoquent un gonflement du matériau après ressuage (« post-bleeding
expansion ») [Powers 1968, Sawaide & Iketani 1992].
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Cette méthode dite « float method » fut proposée par Powers [Powers 1968]. Le
flotteur est dans ce cas un disque plat de 13 mm de diamètre et 3 mm d’épaisseur en bakélite
(figure II.7). Ce flotteur est surmonté d’un mât. L’altitude du sommet de ce mât est estimée
avec une lunette optique. Powers utilise ce même appareillage tant pour les coulis que pour
les mortiers ou bétons.
Cette méthode de mesure du ressuage ne semble pas présenter de défauts majeurs. Elle
est cependant assez sensible aux vibrations extérieures. L’étude préalable de la conception du
flotteur est indispensable. En effet, ce flotteur ne doit pas modifier la forme de la surface
solide et doit la suivre parfaitement dans sa descente. Dans le cas contraire, on peut assister à
un enfoncement de celui-ci [Gelade 2002].
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
Evidemment, si le miroir prend une inclinaison, la mesure est faussée. Khayat utilise
par conséquent deux faisceaux laser diamétralement opposés. D’autre part, la pellicule d’eau
ressuée étant fine, la modification de direction du faisceau suite au changement d’indice
n’aura qu’une incidence faible. Cet effet peut toutefois être diminué en enlevant une partie de
l’eau excédentaire.
Le matériau est introduit dans un moule placé en bout d’un bras tournant. Après
chaque période de rotation de l’ensemble, on recueille l’eau ressuée [Charonnat & Lemaire
1988, Le Roy et al. 1998, Gelade 2002]. La connaissance de la vitesse de ressuage mais aussi
de l’amplitude finale en fonction de l’accélération imposée permet :
- d’une part une meilleure précision des mesures par interpolation pour une valeur
d’accélération de 1.g .
- d’autre part, de manière indirecte, une meilleure connaissance du vieillissement du
matériau qui a lieu en cours d’essai.
Pour ces raisons, cette méthode est précieuse pour des travaux de recherche. En fait,
l’idée de départ est qu’un matériau présentant peu de ressuage après centrifugation n’en
présentera quasiment pas lors du cas réel de mise en place. Par conséquent, il s’agit là d’un
bon essai discriminant, différenciant bien les formules « à risque » de celles stables (tant vis à
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
vis du ressuage homogène que de celui localisé). Nous noterons, cependant, que les auteurs
cités ont uniquement pratiqué cet essai sur pâte de ciment.
Inspiré de la méthode américaine C232 présentée en II.2.1.1, le béton est versé dans un
moule cylindrique puis couvert de façon étanche. On alterne ensuite période de vibration et
période de repos. Les mesures successives par prélèvement d’eau ressuée suivent le protocole
de la norme C232 (inclinaison du moule, interposition d’une cale, aspiration de l’eau) [Bielak
1990].
Une source radioactive est placée d’un coté de l’éprouvette en cours de ressuage. Cette
source émet des rayons gamma qui sont partiellement absorbés par le béton. De l’autre coté
24
Chapitre II : Synthèse bibliographique
de l’éprouvette, un détecteur mesure le flux de photons gamma qui ont traversé le matériau.
L’étalonnage de l’appareil, réalisé avec le moule vide servant à la mesure du ressuage, permet
d’obtenir le flux de photons N0 que reçoit le détecteur en l’absence de béton. La compacité est
alors obtenue par [Gelade 2002]:
1 N
Φ= . ln 0 − L.µ E .ρ E (II.1)
L (µ S . ρ S − µ E . ρ E ) N
Pour une altitude définie, la loi de Terzaghi relie la contrainte totale σ exercée à la
contrainte effectivement reprise par le squelette granulaire σ’, l’eau reprenant alors le
complément. En notant U la pression interstitielle, la loi de Terzaghi s’écrit :
σ ( z ) = σ ′(z ) + U ( z ) (II.2)
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Munis des essais précités qui leur sont propres, les auteurs ont réalisé des campagnes
de mesure, identifiant l’influence de tel ou tel paramètre. Pour plus de clarté dans la
présentation de cette partie, les différents paramètres influents seront classés en deux
catégories :
- ceux non intrinsèques au matériau. Il s’agit ici des divers paramètres extérieurs
(température , dimensions du coffrage, vibrations …) ;
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
Certains auteurs ont utilisé des moules de différentes hauteurs pour leur mesure de
ressuage. Lorsque le ressuage ne localise pas, la vitesse semble indépendante de la hauteur
[Loh et al. 1998] [Tan et al. 1997] ce qui n’est pas confirmé par d’autres publications
[Schiessl & Weber 1992]. En revanche, selon les deux premiers auteurs, l’amplitude du
phénomène est augmentée (figure II.13).
Figure II.13 : Amplitude du ressuage en fonction de la hauteur pour une pâte de ciment
Φ0 = 0,39 [Tan et al. 1987].
L’effet d’une telle inclinaison sur pâte de ciment a été rapporté à maintes reprises [Le
Roy et al. 2000]. En effet, les tests de ressuage de coulis d’injection pour gaines de
précontrainte réalisés dans des gaines transparentes permettent de visualiser ce phénomène.
Lorsque l’on regarde ce ressuage par le haut, on voit l’eau ressuer selon un schéma en arête de
poisson (figure II.14).
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Notons ici, que dans le cas de gaines de précontraintes injectée au coulis de ciment où
les torons sont non gainés (non recouvert individuellement d’une gaine PVC), la localisation
est déjà initiée par ces drains : l’eau trouve au centre des torons des chemins préférentiels
d’écoulement. L’instabilité causée par le départ de fines n’a pas lieu ici puisque les torons
jouent un rôle de filtres.
Les auteurs définissent alors une énergie de malaxage qu’ils relient à l’affaissement du
béton, son air occlus et sa vitesse de ressuage (figure II.15).
28
Chapitre II : Synthèse bibliographique
Sur chantier, les différents engins en place transmettent des vibrations au sol qui lui-
même les propage. Le béton, une fois coulé, subira ces vibrations résiduelles avec plus ou
moins d’intensité. Il est évident que cette vibration permettra lors du tassement du squelette
granulaire un meilleur réarrangement des grains et, par conséquent une augmentation de
l’amplitude du ressuage. Bielak et Schissel ont développé un test de ressuage avec plusieurs
phases de vibrations (exposé en II.2.3.2.) ce qui permet de caractériser la sensibilité de la
formule à cette sollicitation [Bielak 1990].
II.3.1.5. Effet des conditions météorologiques
A dosage en eau et ciment constants, l’influence des granulats est très faible [de
Larrard & Ferraris 1998]. Le ressuage de mortiers non adjuvantés diffère peu de celui de
bétons non adjuvantés, toujours à dosage en eau et ciment constants. Si bétons et mortiers
sont adjuvantés de la même façon, le ressuage est aussi identique.
29
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
caractéristiques du ressuage [Suhr & Schöner 1990]. Selon ces auteurs, c’est leur influence
sur le développement d’ettringite primaire qui en est la cause principale.
Si l’on remplace une partie du ciment par du laitier, Olorunsogo [Olorunsogo 1998]
relève une légère augmentation de la vitesse de ressuage. Il relève de même une augmentation
notable de l’amplitude. D’autres auteurs confirment expérimentalement les mêmes évolutions
[Wainright & Ait Aider 1995]
L’ajout de fumée de silice permet une meilleure stabilité empêchant tout ressuage [de
Larrard & Ferraris 1998]
L’effet des adjuvants est relativement peu abordé dans la littérature. Powers trouve
expérimentalement une réduction de la vitesse initiale de ressuage (-20%) avec l’utilisation de
chlorure de calcium. L’amplitude est elle aussi diminuée par cet adjuvant (- 40%) [Powers
1968]. de Larrard et Ferraris [de Larrard & Ferraris 1998] évoquent de forts ressuages pour
les bétons contenant un superplastifiant à saturation et un dosage faible à modéré en ciment.
Khayat et Guizani [Khayat & Guizani 1997] ont étudié expérimentalement l’effet d’un
adjuvant modificateur de viscosité (le « Welan gum »). Cet adjuvant, même introduit en faible
quantité, réduit considérablement l’amplitude et la vitesse de ressuage (figure II.2).
Enfin, concernant l’effet de l’air occlus, Powers [Powers 1968] et Hoshino [Hoshino
1989] évoquent une diminution de la vitesse de ressuage avec une augmentation de la teneur
en air occlus. Clear et Bonner [Clear et Bonner 1988] proposent une modélisation de cet
effet que nous présenterons dans la partie II.4.5.
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Chapitre II : Synthèse bibliographique
- Dans le cas de suspension à faibles concentrations (indice des vides supérieur à 100
[Kelly & Spotiswood 1982] ), on assiste à une sédimentation libre des grains. Les grains
sont suffisamment dispersés dans la phase liquide pour ne pas être perturbés dans leur chute.
Cette sédimentation peut être assez bien décrite par la loi de Stokes (1851). On notera dans ce
cas des vitesses de chutes différentes entre les grains suivant leur taille.
- Dans le cas de suspension à fortes concentrations (cas des bétons, mortiers et même
de certains coulis), un autre phénomène vient perturber la sédimentation. Lors du tassement
du squelette granulaire, l’eau s’évacue en percolant à travers lui jusqu’à la surface. Cette
migration de l’eau est liée à la perméabilité du matériau. Dans le cas de suspensions à fortes
concentrations, cette perméabilité n’est plus suffisante et donc ne permet pas une évacuation
rapide de l’eau. Le terme habituellement consacré à ce cas de figure est celui de
consolidation.
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L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Tableau II.1 : Indices des vides des matériaux hydrauliques utilisés dans le génie civil.
A la vue des valeurs inscrites dans le tableau II.1, il apparaît que la grande majorité
des bétons, mortiers et coulis ont un indice des vides inférieur à 2. Les diverses modélisations
traitant le ressuage comme de la sédimentation gênée apparaissent alors peu adaptées. En
règle générale, toute modélisation ne faisant pas intervenir la perméabilité du matériau,
directement ou indirectement semblent vouée à l’échec.
Nous noterons ici, que certaines modélisations de sédimentation gênée (donc à vitesse
constante) utilisent la perméabilité. Bien que ces modélisations ne prédisent pas toute la
courbe de ressuage, elles pourront donner éventuellement une bonne prédiction de sa vitesse
initiale. En ce qui concerne les modèles de consolidation, deux familles se distinguent :
La plupart des théories que l’on trouve dans la littérature partent du principe qu’au
moment du coulage, à une altitude donnée, toute la pression due au poids du béton situé au-
dessus est reprise entièrement par le fluide. Cette pression se transfère alors graduellement au
squelette granulaire. Ainsi, à un temps infini, le fluide subit uniquement sa pression
hydrostatique, le squelette granulaire reprenant alors le complément (figure II.18) [Clear &
Bonner 1988].
32
Chapitre II : Synthèse bibliographique
σ(z) étant la pression totale exercée par le poids du béton, u(z), la pression reprise par
le fluide.
Si on utilise la notation bien connue des mécaniciens des sols, nous écrirons :
à t infini, σ ( z) = σ ′ ( z) + u ( z) où u ( z ) = ρ w .g . z (II.2)
z
d’où σ ′( z ) = ( ρ S − ρ W ).g .∫ Φ( z ).dz (II.3)
0
σ’(z) peut alors être vu comme la part de pression reprise par le squelette granulaire à
la fin de la période de ressuage. Φ(z) est alors la compacité stable à l’altitude z. La nouvelle
répartition dans la hauteur des compacités après ressuage se fait au détriment de la partie
haute, où la compacité est nulle (l’eau devient claire), pour la partie basse, qui voit sa fraction
volumique solide augmenter.
Une fois ces notations posées, nous pouvons exposer les diverses modélisations qui
nous semblent avoir un réel intérêt pour l’étude en cours. Pour améliorer la présentation, ces
propositions sont groupées par affinités et sont exposées avec nos propres notations.
Powers et Steinour sont parmi les premiers a avoir pris à bras le corps le problème. A
partir de la loi de Kozeny - Carman, ces auteurs déterminent dans un premier temps la
perméabilité du milieu granulaire:
ρ w .g.(1 − Φ )3
K= (II.4)
k 0 .η.Φ 2 .( ρ s .S w )
2
33
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
[ρ S .Φ 0 + ρ W .(1 − Φ 0 )].g.z
h( z ) = z − + cste (II.5)
ρ W .g
Le gradient de charge devient alors, en notant dS la densité des grains solides ( rapport
de ρS par ρW ) :
dh
= Φ 0 .(d S − 1) (II.6)
dz
La loi de Darcy permet alors d’obtenir, dans le cas d’un moule vertical cylindrique, la
vitesse initiale du fluide, identique dans toute la hauteur de l’éprouvette. Celle-ci est
l’opposée de la vitesse initiale de ressuage.
Q g.( ρ s − ρ w )( . 1 − Φ)
3
= (II.8)
k 0 .η.( ρ s .S w ) .Φ
2
S
34
Chapitre II : Synthèse bibliographique
Q g.( ρ s − ρ w ).(1 − φ − ω i )
3
= (II.9)
k 0 .η.( ρ s .Sw ) .φ
S 2
où ωi est, selon l’auteur la quantité d’eau qui ne prend pas part à la percolation à
travers la pâte de ciment. En quelque sorte, ωi est la fraction d’eau immobile qui fut l’objet
de maintes discussions à l’époque [Powers 1968, Harris 1977]. Nous y ajouterons notre
propre pierre dans la troisième partie du chapitre IV. ωi varie selon Powers de 24 à 32 %
suivant la floculation, la forme et l’hydratation des grains. Cependant, nous garderons un œil
critique sur les points suivants :
- la surface spécifique de l’enveloppe des grains varie au cours du temps et est difficile
à déterminer. Powers propose d’utiliser la surface mesurée au turbidimètre de Wagner
[Powers 1968].
Muni de cette modélisation, Steinour montra que les valeurs prédites de vitesse
initiale de ressuage ne s’éloignent guère de la réalité [Steinour 1945]. En revanche, cette
modélisation ne donne aucune information sur l’évolution du ressuage dans le temps.
∆H C 2
. k .[ e − e m ]
2
Pour les pâtes de ciment : Capacité = = (II.10)
H ρc
∆H ∆H p p
Pour les bétons : ≥ . (II.11)
H H V
35
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
p
où ∆Hp est l’amplitude du ressuage de la pâte de ciment et est la proportion
V
volumique de pâte dans le béton.
Nous remarquons que ces deux dernières formules ignorent les éventuels effets
d’échelle.
L’équation II.3 écrite plus haut est reprise pour être comparée à Py(Φ)
z
σ ′( z ) = ( ρ S − ρ W ).g .∫ Φ( z ).dz (II.3)
0
Le graphique de la figure II.20 [Yang & Jennings 1996, Gelade 2002] montre la
répartition des compacités théoriques. Ce modèle définit une hauteur critique Hc (présence du
seuil) en dessous de laquelle la consolidation a effectivement lieu. Cette théorie a été validée
avec des expériences sur des suspensions d’alumine (forcément très floculées) [Gelade 2002].
En revanche, sur pâte de ciment, Gelade a montré que le modèle n’était pas adapté [Gelade
2002].
36
Chapitre II : Synthèse bibliographique
1 + e0 ∂ k ∂σ ′ ∂e ∂e
. . (1 + e ). . − γ S + γ W + =0 (II.12)
γ W ∂a 1 + e ∂e ∂a ∂t
∂σ ′
constitue ici la loi de comportement du squelette granulaire. Clear définit la
∂e
1 1 ∂σ ′
compressibilité de celui-ci notée mV [Clear & Bonner 1988]: = . (II.13)
mV Φ 0 ∂e
∂σ ′
= − β 0 − β 1 .t (II.14)
∂e
37
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
β 1 = 0), ils introduisent dans leur fonction de compressibilité une loi d’évolution avec le
temps empirique (rigidification du matériau). Malgré cela, la précision du modèle sur la
prévision de l’amplitude est toujours limitée…
Une publication en marge des précédentes [Clear & Bonner 1988] propose de
discrétiser le tassement en deux parties distinctes :
∆u = B. ∆σ (II.15)
1
où B est un coefficient égal à (II.16)
Cf
1 + (1 − Φ).
mv
avec Cf, coefficient de compressibilité du fluide (air + eau) [Pa-1] , Φ la compacité et
mv la compressibilité du squelette granulaire déjà définie plus avant.
Hélas, les auteurs en restent à ce stade. On aurait aimé une prise en compte de l’effet
de l’air occlus dans le modèle de Toorman. Cela aurait constitué un modèle général très
intéressant. Cette modélisation semble être tout à fait satisfaisante pour décrire le rôle des
bulles d’air dans le ressuage. N’oublions pas que la compressibilité de ces bulles d’air induit
un tassement d’ensemble du béton sans entraîner d’eau de ressuage. Ce peut être l’explication
des différences observées entre le volume d’eau ressuée et le volume du tassement, mais il n’y
a pas actuellement de confirmation publiée.
38
Chapitre II : Synthèse bibliographique
Au bilan, des différents modèles exposés, il apparaît un paramètre essentiel qui est la
perméabilité du milieu granulaire. Une recherche bibliographique des différents modèles de
prédiction de ce coefficient s’impose.
Pour alléger les notations, l’habitude est d’introduire la perméabilité relative k [m2],
intrinsèque au matériau, pour s’affranchir de l’influence du fluide.
η
k= .K (II.17)
ρ W .g
où η est la viscosité du fluide et ρW sa masse volumique.
(d10 )2
k = C. (II.18)
10 5
où C est un coefficient variant de 100 à 150
7
−12 1− Φ
k = 1,16.10 . (II.19)
0,117
Kozeny proposa alors, en 1927, une relation faisant intervenir les deux paramètres-
clefs :
39
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
k = C.
(1 − Φ)
3
(II.20)
Σ W2
k=
(1 − Φ )3 (II.21)
5.Φ 2 .Σ W2
Cette relation est actuellement assez utilisée. Par exemple, c’est à partir de cette
équation qu’est calculée la surface spécifique de Blaine des liants (Norme NF P 15-442). Cela
dit, la relation n’est pas réputée pour sa précision.
- les effets d’échelle sont peu étudiés. Par conséquent, on peut se demander si un
essai de laboratoire représente effectivement les conditions du chantier ;
- les effets des adjuvants ne sont pratiquement pas abordés dans les articles actuels ;
Une partie importante du travail de thèse consistera à augmenter la base de donnée des
connaissances expérimentales sur le phénomène. Dans un premier temps, il parait raisonnable
de se limiter au cas du ressuage homogène. Pour la modélisation du ressuage des matériaux,
nous essaierons de couvrir l’ensemble des matériaux hydrauliques (bétons, mortiers et coulis).
Cela dit, la priorité sera donnée aux bétons et mortiers. La modélisation générale proposée par
Toorman, Tan et al. semble très intéressante, car très physique. Leur modèle fait intervenir
deux paramètres : la perméabilité et la compressibilité du milieu granulaire.
40
Chapitre II : Synthèse bibliographique
formulation. En revanche, peu de résultats d’essais sont disponibles pour vérifier voire valider
cette modélisation. Des essais à compacité et à surface spécifique variables devront donc être
conduits.
Enfin, une ébauche d’étude du phénomène de localisation pourra être menée. En effet,
ce phénomène fait partie des principaux centres d’intérêt de la profession.
41
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
CHAPITRE III
ETUDES EXPERIMENTALES
Les conditions que doit remplir la méthode de mesure du ressuage sont les suivants :
Comme nous l’avons vu dans le chapitre II, les méthodes existantes ne sont pas jugées
suffisamment précises pour notre étude qui vise à relier ressuage et formulation. Les
méthodes de mesure que nous proposons ici, bien qu’extrêmement simples, semblent un peu
plus précises.
44
Chapitre III : Etudes expérimentales
Le protocole que nous avons utilisé à l’ESEM est détaillé en annexe B. Le choix fait
est de prélever tout bonnement l’eau, sans toucher au moule, dans des sillons préalablement
tracés sur la surface du béton. Ces sillons ont une profondeur plus faible à mesure qu’on se
rapproche des bords de l’éprouvette (voir figure III.1).
Ainsi, l’eau ressuante, est drainée par ces sillons vers le centre du moule ou elle peut
être prélevée toutes les 5 à 30 minutes suivant le type de données voulues.
L’eau prélevée est pesée, en même temps qu’est relevée la masse totale du moule
(figure III.3). Celui-ci étant placé sur une balance pendant tout l’essai. L’évolution dans le
temps de la somme des deux masses donne la quantité d’eau évaporée ce qui permet, après
linéarisation, une correction de la mesure. La partie II.1.3 détaille la méthode de
dépouillement utilisée.
45
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
4 - pose d’une plaque en caoutchouc sur le moule entre chaque prélèvement pour
limiter quelque peu l’évaporation. Celle-ci se réduit alors environ au tiers. Dans ce
cas, en début d’essai, on ne remplira pas complètement le moule afin d’éviter que
la plaque soit en contact avec l’eau de ressuage. D’autre part, on notera que si la
plaque est plus froide que le béton, un phénomène de condensation sous la plaque
fait apparaître des gouttelettes d’eau.
5 - réalisation de trois essais en même temps sur la même gâchée de béton dans trois
hauteurs différentes de moules pour identifier l’occurrence éventuelle d’une
localisation. L’absence de localisation est validée si les trois essais donnent la
même vitesse initiale de ressuage (cf chapitre V).
Cette méthode très simple et peu coûteuse n’est cependant pas exempte de défauts. En
effet, le tracé de sillons dans un coulis ou mortier très fluide est difficile, les sillons ayant
tendance à se refermer. Dans ce cas, on peut s’y reprendre à 2 ou 3 fois dans le temps pour les
tracer en profitant du raidissement progressif du matériau. D’un autre côté, les gravillons
d’un béton ferme gênent ce tracé en s’opposant au passage de l’outil à rainurer. Lors de ce
tracé, on sera obligé d’ôter les gravillons des rainures ce qui peut causer la création d’un point
bas autre que le centre de l’éprouvette. Dans tous les cas, le tracé de sillons devra être terminé
dans les 10 minutes après démarrage de l’essai. Ces sillons ne seront plus retouchés par la
suite.
Cette méthode possède tout de même une répétabilité acceptable (voir figure suivante)
puisque l’écart quadratique moyen sur VIR est de 5,1 %.
46
Chapitre III : Etudes expérimentales
L’idée de cette méthode est de profiter des progrès récents des capteurs de
déplacement sans contact de plus en plus utilisés dans le domaine du génie civil. La
proposition est d’utiliser ici, un télémètre laser. Bien entendu, ce ne sera plus la hauteur d’eau
ressuée qui sera mesuré mais le tassement du squelette granulaire. L’inconvénient majeur du
protocole précédent est le tracé des sillons, peu aisés à réaliser dans le cas de bétons très
fluides. Dans cette nouvelle méthode, comme dans les études de Powers et de Khayat, nous
disposons à la surface du béton frais un flotteur dont nous mesurons l’enfoncement.
L’utilisation d’un capteur de déplacement sans contact est donc indispensable. Powers
utilisait une méthode visuelle, ce qui obligeait la présence d’un technicien tout au long de
l’essai. De manière à éviter cette présence et à multiplier par 10 (environ) la précision de la
mesure, nous utiliserons un télémètre laser (la précision d’un tel dispositif correspond à une
incertitude inférieure à 10 µm !).
Une source laser est placée au-dessus de l’échantillon, dirigée vers le flotteur. Cette
source émet un faisceau de 100 Hz de fréquence (30 nm de longueur d’onde). Après réflexion
sur le flotteur, ce faisceau est capté pour être analysé. Connaissant le retard de phase obtenu,
on en déduit la position du flotteur. La précision obtenue est alors meilleure que 10 µm (en
fait, le micron peut être affiché) alors que la course de ce capteur est légèrement supérieure à
20 mm.
47
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Le capteur doit être couplé à un système d’acquisition de mesure, permettant soit une
lecture visuelle du tassement, soit une impression sur table traçante en cours d’essai, soit enfin
une acquisition informatique. Dans le cas d’un choix d’acquisition informatique, le calcul de
la vitesse de ressuage pourrait alors se faire automatiquement.
Pour des raisons économiques et pratiques, un seul essai a été conduit dans la thèse.
Les remarques que l’on peut formuler concernant l’essai sont les suivantes :
- l’eau de ressuage ne doit pas être traversée par le laser car pas assez limpide ;
- la surface visée par le laser peut être très réduite (moins de 1 cm2) ;
Malheureusement, nous n’avons pas pu faire un usage intensif de cette méthode, pour
des questions de coût de l’appareillage.
Le premier protocole d’essai qui est proposé est celui qui a servi à l’obtention de
toutes les courbes de ressuage obtenues au cours de cette thèse. Le système par double pesée
permet la correction de la mesure vis-à-vis de l’évaporation. La méthode choisie est la
suivante :
On trace la somme des deux masses (bécher et moule) en fonction du temps (figure
III.7). La courbe obtenue est assez linéaire en moyenne. Par la méthode des moindres carrés,
on en détermine la pente moyenne exprimée en gramme par minute. Pour cet exemple de
l’essai conduit avec la formule M4 dans un moule de 17 cm de hauteur, l’évaporation ainsi
mesurée vaut – 4,7 mg.min-1 .
48
Chapitre III : Etudes expérimentales
- Ne pas chercher à prélever une quantité trop faible mais espacer les prélèvements
49
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
- Prélever l’eau (si possible) en une seule fois. Ne pas chercher à récupérer une
quantité infime restée dans le creux central.
- une seconde région où la vitesse décroît plus ou moins lentement pour tendre vers
zéro.
Muni de cette courbe de vitesse, on peut définir alors la Vitesse Initiale de Ressuage
(VIR) comme la valeur maximale de cette courbe. En effet, la première région est un artefact
causé par la présence de sillons. Dans le cas d’utilisation d’un autre protocole expérimental,
cet artefact n’apparaît pas (figure II.1). Cela dit, ça ne réduit pas l’intérêt de la méthode.
Comme l’artefact est court, son influence est peu importante. Dans l’exemple de la figure
III.9, la vitesse initiale de ressuage est ainsi estimée à 0,044 mm.min-1. Dans l’exemple de la
figure III.10, VIR = 0,02 mm.min-1
50
Chapitre III : Etudes expérimentales
Tous les dispositifs de mesures de perméabilité existants se basent sur la loi de Darcy
exprimant la vitesse de percolation du fluide entre deux points en fonction de la différence de
charge hydraulique imposée. La mesure se fait habituellement sur des échantillons de sols
mais peut tout aussi bien se pratiquer sur des échantillons de béton, mortier ou coulis.
L’idée générale est donc de mesurer à la fois le débit et la perte de charge du matériau.
Les protocoles expérimentaux associés sont généralement très simples. Deux principes se
dégagent : les perméamètres à charge variable et ceux à charge constante. Un exemple d’essai
à charge constante est proposé ci-dessous :
51
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
52
Chapitre III : Etudes expérimentales
L’avantage principal de cet essai est d’obtenir pour la même gâchée de matériau une
portion de sa courbe K = f (Φ) et d’autre part, une « idée » de la compressibilité de celui-ci.
En revanche, ce dispositif ne nous met pas à l’abri de localisations, qui restent possibles lors
de la mise en pression du piston. En effet, si l’incrément de pression exercé est trop important,
il s’ensuit un déplacement brutal d’eau susceptible de provoquer l’apparition de canaux
d’écoulement. Des canaux verticaux ont étés observés sur quelques échantillons de béton. En
fait, lors du chargement oedométrique, la contrainte exercée se répercute immédiatement sur
l’eau créant une différence de charge importante. C’est probablement lors de ces premiers
instants, où le squelette n’est pas encore « préconsolidé », que la localisation risque le plus de
se produire.
Plusieurs mini-campagnes expérimentales ont étés menées pour cerner les lois
qualitatives d’influence. Certains paramètres, comme les dimensions du coffrage, la
température, sont indépendants de la formulation et exerce une influence notable. D’autres,
comme la compacité, la surface spécifique, sont complètement intrinsèques à la formulation.
Dans un premier temps, nous restreignons l’étude aux paramètres de la première catégorie
53
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Dans certains cas (par exemple si le diamètre du moule est trop faible), le frottement
du béton contre les parois du moule devient non négligeable et réduit ainsi le tassement du
squelette granulaire. Les essais de Gelade sur coulis [Gelage 2002] ont pratiquement tous
présenté une scission du matériau en plusieurs parties. L’élancement qu’il a utilisé était de
l’ordre de 0,05.
D
≥ 0,24 (III.1)
H
Cette règle nous est suggérée par la modélisation suivante. Considérons une partie de
la colonne en béton qui serait en équilibre à l’intérieur du moule. Ce morceau aurait une
hauteur maximale M que l’on pourrait calculer de la manière suivante.
La partie de colonne est en équilibre mécanique, ce qui signifie une égalité entre son
poids déjaugé et le frottement induit contre la paroi. Cette stricte égalité vient bien du fait que
l’on cherche à calculer sa hauteur maximale. En notant ρB la masse volumique du béton, le
poids déjaugé P est alors :
π .D 2
P = ( ρ B − ρ W ).g . .M (III.2)
4
Pour une altitude donnée, la pression horizontale exercée par le béton sur le moule est
inférieure à la pression verticale. Si l’on place l’origine d’altitude en partie inférieure du
morceau de colonne, la résultante des forces de frottement T est inférieure à :
M
M2
T ≤ ∫ µ .ρ B .g.(M − z ).π .D.dz = µ .ρ B .g.π .D. (III.3)
0
2
54
Chapitre III : Etudes expérimentales
(ρ B − ρ W )
M= .D (III.4)
2.µ .ρ B
De manière à éviter que ce type de phénomène se produise, nous devons imposer une
hauteur H du moule inférieure à M ce qui revient à :
D 2.µ .ρ B
≥ (III.5)
H (ρ B − ρ W )
Dans le cas d’un frottement acier / béton, le coefficient de frottement diffère peu de
0,07 [Djelal et al. 2001]. La masse volumique d’un béton ρB avoisine généralement 2400
kg.m-3 . L’application numérique amène au résultat (III.1).
Compte tenu de l’incertitude tant sur la mesure de vitesse que sur celle de l’amplitude,
seul l’essai sur petit diamètre s’écarte significativement du lot. Les trois autres essais sont
identiques pour les deux paramètres de ressuage. L’essai sur grand diamètre accuse un retard
un peu plus important à cause de la formation de flaques. On doit alors attendre le
débordement de ces flaques pour que l’eau ressuée suive les sillons jusqu’au point de
prélèvement. Un tracé des sillons « plus ramifié » aurait donné meilleure satisfaction.
Dans ces essais, aucune localisation n’est observée. Dans le cas présent, l’élancement
critique est certainement compris entre 0,22 et 0,44 ce qui est compatible avec la proposition
(III.1). Pour information, les courbes de vitesse de ressuage des quatre essais sont données
dans la figure III.20.
55
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Comme il ne s’agit pas d’un objectif majeur de la thèse, nous en resterons là. Cela dit,
il serait souhaitable de connaître plus précisément le coefficient de frottement. Il est en effet
possible que la valeur limite de 0,24 proposée diffère de façon non négligeable d’un béton à
l’autre.
D’après Powers [Powers 1968], la hauteur du moule ne devrait pas avoir d’influence
sur la vitesse de ressuage. En revanche, concernant l’amplitude finale du phénomène,
certaines publications ont montré un effet d’échelle notable. Dans le but de confirmer et/ou
d’éclaircir ces points, le ressuage de plusieurs formulations a été mesuré dans des moules de
hauteurs différentes. A titre d’exemple la figure suivante montre les courbes de ressuage d’un
même mortier (formule M1) coulé dans des moules de différentes hauteurs.
En revanche, comme on peut le voir sur la figure III.21, un très net effet d’échelle est
observé sur l’amplitude du phénomène. L’amplitude finale du ressuage croît avec la hauteur.
La courbe obtenue, présentée en figure III.22 est toujours du même type, à savoir convexe,
quel que soit le matériau considéré (coulis, mortiers, bétons adjuvantés ou non). La convexité
mesurée de la courbe d’amplitude finale fonction de la hauteur initiale confirme les résultats
de la bibliographie. Cet effet d’échelle sera plus longuement étudié dans la partie concernant
l’effet vieillissant de la modélisation.
III.3.3. Température
56
Chapitre III : Etudes expérimentales
température du béton a été mesurée à 32°C. La diminution dans le temps de cette température
n’a, en revanche, pas été mesurée.
Que la température ait une influence sur la vitesse de ressuage semble logique si on le
rapporte à la viscosité de l’eau qui varie aussi avec la température. Les tables de viscosité
indiquent, en effet, une variation de près de 35% entre 20 et 30°C. Notons que la vitesse
initiale de ressuage est proportionnelle à la perméabilité du matériau qui, elle-même, est
inversement proportionnelle à la viscositée de l’eau (cf chapitre II.4.6). Les deux essais
conduits à 19°C donnent une vitesse initiale de ressuage environ égale à 0,06 mm.min-1 . Pour
la même température, les tables donnent une viscosité de l’eau de 1,03.10-3 Pa.s alors qu’à
32°C, la viscosité est de 0,78.10-3 Pa.s. On s’attend par conséquent à ce que la vitesse initiale
1,03
de ressuage pour 32°C soit égale à * 0,06 = 0,08 mm.min-1 ce que nous obtenons
0,78
effectivement par l’expérience (figure III.23).
La vitesse initiale de ressuage est donc augmentée alors qu’en revanche, l’amplitude
expérimentale est diminuée. Cette diminution devient assez importante lorsque le ressuage est
long. La figure III.24 montre la modification de l’effet d’échelle avec ce changement de T°.
On comprend, à partir de cette courbe que l’effet responsable de la convexité de la courbe
dépend de la température du béton. Cette dépendance sera, elle aussi, plus longuement
détaillée dans la partie du chapitre IV dédiée à l’étude du vieillissement du matériau.
III.3.4. Malaxage
Le type de malaxeur, mais aussi le temps de malaxage, peuvent avoir une influence sur
la valeur de la vitesse ou de l’amplitude du phénomène. Une étude sommaire fut conduite sur
le béton B43. Les courbes obtenues figurent en annexe D. Différents protocoles de malaxage
furent utilisés :
- une bétonnière de chantier (40 l) comportant une seule vitesse de rotation. Quatre
durées totales de malaxage furent testées : 30’’ ; 1’ ; 3’ ; 6’
Dans tous les essais, le volume de béton gâché était de 10 litres. La quantité d’air
occlus de chaque essai fut mesurée (voir figure III.25). En revanche, la maniabilité du béton
ainsi gâché ne l’a pas été, mais fut appréciée à l’œil : le malaxage au malaxeur planétaire fut
semble-t-il, plus efficace puisque le béton ainsi gâché avait une consistance légèrement plus
fluide que ceux obtenus avec la bétonnière.
57
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Concernant la vitesse de ressuage, seule la durée de malaxage a joué dans notre étude
(figure III.26). Bétonnière ou malaxeur, cela ne change rien. Cependant, on notera que l’effet
de l’absorption d’eau par les granulats peut masquer les phénomènes en jeu. En effet, pour
tous les essais, les granulats sont introduits dans le malaxeur à l’état sec. Aucune
préhumidification n’a été effectuée.
Comme d’habitude, ces courbes sont convexes. L’évolution suit l’allure présentée
dans le schéma figure III.27 bis. La modélisation proposée dans le chapitre suivant nous
indiquera que l’amplitude finale dépend de deux facteurs :
- un facteur de consolidation ;
- un facteur de vieillissement.
Le second facteur ayant une influence importante qui dépend de la hauteur initiale du
moule. Pour les moules de faible hauteur, le vieillissement n’a pas le temps d’intervenir. Pour
les moules de grande hauteur, c’est le vieillissement qui à lui seul, stoppe le phénomène.
58
Chapitre III : Etudes expérimentales
Dans notre étude sur le temps de malaxage, pour les faibles hauteurs où l’aspect
temporel n’intervient pas, on remarque que l’amplitude est indépendante du temps de
malaxage. Ceci ne semble pas être contraire à la logique. Par contre, pour les hauteurs plus
importantes, la vitesse de ressuage diminuant avec le temps de malaxage (figure III.25), le
phénomène sera plus long. Le vieillissement sera donc d’autant plus présent (figure III.26).
Seul l’essai à 45’’ de malaxage détonne ce qui semble normal compte tenu du fait que
l’essai s’est déroulé au retour des vacances de Noël. Le laboratoire n’ayant pas encore atteint
sa température habituelle. Or, il a été montré expérimentalement que plus l’ambiance est
froide, plus le ressuage dure et par conséquent, plus l’amplitude finale est grande.
En fait, nous savons qu’un vieillissement s’exerce sur l’amplitude du phénomène mais
nous ignorons s’il influence aussi la vitesse de ressuage. D’où l’idée de réaliser des mesures
de ressuage décalées dans le temps.
La figure III.28 montre le résultat de notre étude réalisée sur la formule M12. Toutes
les 20 minutes, un prélèvement de mortier est réalisé pour mesurer son ressuage sur les 60
premières minutes. (Ne disposant que de trois moules identiques, nous sommes obligés
d’imposer une rotation de 60 min par moule). Entre chaque prélèvement, l’ouverture de la
bétonnière est couverte avec un linge humide.
Sur la figure précédente, une légère diminution de la vitesse avec le temps d’attente est
mise en évidence. La vitesse perd près de 25% au bout de deux heures de repos. De manière à
savoir si l’évaporation est à l’origine de cette diminution, la même étude a été conduite sur
une formule similaire, remplaçant le ciment par du filler calcaire (formule M46). Aucune
baisse n’a été observée, la vitesse de ressuage oscille autour d’une valeur constante proche de
0,015 mm.min-1 ici (figure III.29).
Figure III.29 : VIR comparées des 2 mortiers avec les temps d’attente
59
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Il est bien évident que les divers paramètres de formulation influencent en premier lieu
le ressuage. La diversité des bétons, des matériaux utilisés pour leur confection, leurs dosages
respectifs font que cette étude ne pourra qu’être partielle.
Afin d’identifier l’influence de cet unique paramètre, quatre bétons ont étés testés
(M32, B34, B35, B36). Les dosages en ciment et en eau sont identiques pour ces quatre
formulations. Le tableau suivant reprend les formulations ainsi que les résultats obtenus.
Tableau III.2 : Résultats des essais à rapport G/S variable (les dosages sont donnés en kg par
m3 de béton)
Bien que cela paraisse évident, il convient de vérifier l’augmentation des deux
paramètres (vitesse et amplitude) avec le dosage en eau de la formule.
Tableau III.3 : Résultats des essais à quantité d’eau variable (dosages en kg par m3 de béton)
60
Chapitre III : Etudes expérimentales
Formule M5 M48 M6
Sable 0/2,5 1395,0 1383,8 1371,9
Filler calcaire 516,7 512,5 508,1
Eau 232,5 256,3 264,3
Air occlus 5,8% 4,0% 3,8%
Vitesse de ressuage 0,0068 0,0101 0,0120
[mm/min]
Amplitude [mm] pour 2,4 3 3,7
H = 17 cm
Le dosage en ciment est un paramètre très sensible. Une faible variation de celui-ci
entraîne des conséquences notables. Pour mettre en évidence cet effet, quatre formulations
correspondant à quatre dosages en ciment différents sont choisies. L’idéal est de se fixer une
teneur en eau constante pour les quatre formules. Hélas, la mise en place des mortiers n’est
possible que sous certaines conditions de maniabilité (ni trop fluide, ni trop ferme). De même
la mesure du ressuage n’est possible qu’entre deux valeurs limites de teneur en eau (ressuage
trop faible pour être mesurable, localisation de l’écoulement). Nous avons, par conséquent
choisi d’adapter le dosage en eau des formules pour atténuer les effets du dosage en ciment.
61
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
H = 17 cm
Tableau III.5 : Résultats des essais à dosage en SIKA 22S variable (les dosages sont exprimés
en pourcentage de la quantité de ciment)
Les valeurs reportées dans le tableau II.5 montrent un léger entraînement d’air par
l’adjuvant (lignosulfonate). Dans la plage des dosages couramment utilisés pour ce produit
(moins de 0,5% du dosage en ciment), cet adjuvant n’a aucun effet sur la vitesse de
ressuage (voir figure III.33). En revanche, un fort surdosage réduit cette vitesse jusqu’à
l’annuler (figure III.34).
62
Chapitre III : Etudes expérimentales
L’explication de la chute de la vitesse initiale pour les surdosages en SIKA 22S peut
provenir en partie de la consistance du produit : L’adjuvant a une viscosité supérieure à celle
de l’eau (voir tableau III.6). En revanche, le volume d’air entraîné ne semble pas suffisant
pour expliquer une telle diminution.
Tableau III.6 : Temps d’écoulement d’1 litre de liquide au cône de Marsh (muni d’un ajutage
de 4,76 mm)
Nature du liquide Eau Eau Sika 22S Optima Chrysotard Mélange 50% eau +
100 50% optima 100
Température 17 °C 32 °C 18°C 18°C 18°C 18°C
Temps d’écoulement [s] 33 29,5 49,5 54,5 29,1 38,4
La même démarche que celle utilisée pour tester l’effet du plastifiant est reprise ici. La
formule de base à laquelle est ajoutée le superplastifiant est toujours la formule M38 (cf.
Annexe B). Le principe d’utiliser des dosages courants (environ 1% du poids de ciment) mais
aussi des dosages massifs est également repris (voir tableau III.7).
Tableau III.7 : Résultats des essais à dosage en OPTIMA 100 variable (les dosages sont
exprimés en pourcentage de la quantité de ciment)
63
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Tout comme le plastifiant, les résultats montrent un léger entraînement d’air pour des
dosages « courants ». Pour des forts dosages, la fluidité du mortier devient telle que l’air
arrive tout de même à s’évacuer gravitairement.
* Avertissement : ce paragraphe présente les résultats obtenus avec l’OPTIMA 100 de CHRYSO. Cet
adjuvant (polymère à base de phosphonates modifiés) ne peut représenter à lui-seul l’ensemble de la gamme des
superplastifiants utilisés. La fiche technique fournie par l’entreprise est insérée dans l’annexe A.
En conclusion,
64
Chapitre III : Etudes expérimentales
- à partir d’un certain dosage critique (ici inférieur à 1,5 % du poids de ciment), un
surdosage n’a aucun effet sur le ressuage ;
- l’amplitude est très légèrement augmentée (pour une hauteur initiale du moule
égale à 17 cm) ;
- la durée totale du ressuage est augmentée. Ceci pourrait être explicable par la
réduction de la cinétique d’hydratation du ciment.
Certaines formules dont le ressuage a été mesuré ont aussi été testées dans l’oedomètre
développé au cours de cette thèse. C’est le cas des formules M1 à M7. L’oedomètre présenté
dans la seconde partie de ce chapitre permet d’obtenir :
65
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
les points à fonds blanc correspondent à des essais indirects par ressuage.
- les compacités des essais menés avec l’oedomètre sont plus importantes que celle
du ressuage puisque l’on précompacte le matériau avant la première mesure ;
- les points obtenus par ressuage se placent « dans l’alignement » de ceux obtenus
avec l’oedomètre.
La figure suivante reprend les valeurs obtenues avec les mortiers M5 et M6 de filler
calcaire où seul le dosage initial en eau est différent. L’alignement des points obtenus par
ressuage et par l’oedomètre se confirme.
Enfin, pour clore provisoirement l’étude, nous avons cherché à connaître l’influence
de la floculation. Pour ce faire, nous avons comparé les résultats obtenus avec les mortiers M4
et M7. La formule de M7 est identique à celle de M4 mais contient en plus un superplastifiant
(l’OPTIMA 100 de CHRYSO). L’alignement de l’ensemble des points confirme
l’indépendance de la vitesse de ressuage signalée dans les paragraphes III.4.4 et III.4.5 avec
l’utilisation ou non de ce superplastifiant.
Nous verrons dans le chapitre IV.3 comment relier la perméabilité aux paramètres du
matériau comme par exemple sa compacité. Des différentes études précédentes, nous
concluons à la validité de l’équation II.21 qui relie vitesse de ressuage et perméabilité:
V IR = K .Φ 0 .(d S − 1) (II.21)
L’essai de perméabilité indirect par ressuage est plus « doux » qu’un essai
perméamétrique dans le sens où le gradient de charge imposé est plus faible. Ainsi, grâce à cet
essai, nous avons accès à la perméabilité homogène (non localisée) du matériau pour des
compacités faibles.
66
Chapitre III : Etudes expérimentales
Figure III.42 : Compacité stable versus contrainte effective de différents mortiers (formules
M2, M3, M4, M48). Un essai concernant un béton 0/8 gâché au filler calcaire est aussi reporté
σ′
Φ = λ . ln 5 + Φ A (III.6)
10
où λ est la pente de la droite de tendance,
et ΦA est la compacité « stable » sous une pression de 1 bar
Dans le chapitre IV.4, nous détaillerons davantage ces courbes. Elles nous permettront
d’obtenir une loi de comportement du squelette granulaire reliant compacité et contrainte
effective.
67
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
CHAPITRE IV
MODÉLISATION DU
RESSUAGE HOMOGÈNE
INTRODUCTION :
80
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
σ(z) étant la pression totale exercée par le poids du béton, u(z), la pression reprise par
le fluide. La modélisation précédente peut ainsi se résumer, de façon simplifiée comme suit :
Figure IV.2 :
Dans le cas réel, les bétons contiennent de l’air occlus qui demeure après le serrage.
De plus, la particularité des bétons est de présenter une évolution chimique rapide de ses
constituants.
Dans un premier temps, nous allons écrire les différentes équations régissant cette
consolidation en ignorant ces deux effets. Par la suite, nous chercherons à estimer, voire à
quantifier chacun d’eux.
Enfin, il ne restera qu’à étudier plus finement les lois d’évolution de la perméabilité K
et de la compressibilité Cs du squelette granulaire avec les données de la formulation.
81
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
- la séquence de mise en place du béton est ignorée. A l’instant initial, le béton est
considéré comme homogène, ayant pour dosage des constituants, ceux de la
formulation ;
- le milieu est biphasique. Nous ne tiendrons compte que des fractions volumiques
solide et liquide dont la somme fera 100%. C’est l’hypothèse habituelle de
saturation qui correspond à l’absence d’air occlus ;
V .β w .∆p (IV.1)
82
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
liquide
solide
∂F ( Z ) Φ 0 ∂F ( z ) ∂F ( Z ) ∂F ( z ) ∂F ( z )
= . et = + vS . (IV.5)
∂Z Φ ∂z ∂t ∂t ∂z
83
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
dσ
d’où + Φ.γ S + (1 − Φ ).γ W = 0 (IV.7)
dz
∂ρ
+ div( ρ . v) = 0 quel que soit t. (IV.8)
∂t
∂ (1 − Φ ) ∂ [(1 − Φ ).v W ]
+ =0 (IV.9)
∂t ∂z
∂Φ ∂ (Φ.v S ) ∂Φ S ∂Φ ∂v S
+ = 0 c’est à dire +v . + Φ. =0 (IV.10)
∂t ∂z ∂t ∂z ∂z
Le débit de percolation du fluide s’exprime alors par la loi de Darcy reliant ce débit au
gradient de charge imposé. A l’instant t, la charge hydraulique s’écrit :
U
h( z , t ) = +z (IV.11)
γW
1 ∂U
D’où (1 − Φ ).(v W )
− v S = − K .grad (h ) = − K . + 1 (IV.12)
γ W ∂z
σ ′(Φ ) = σ − U (IV.13)
84
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Au bas de la colonne de béton, les vitesses des deux phases sont nulles. Par
conséquent,
(
(1 − Φ ). v W − v S = −v S ) (IV.14)
K ∂σ ′
v S = − K .Φ.(d S − 1) − . (IV.15)
γ W ∂z
∂Φ ∂ K .Φ ∂σ ′ ∂Φ
− K .Φ 2 .(d S − 1) + . . =0 (IV.16)
∂t ∂z γ W ∂Φ ∂z
1 ∂σ ′
Notons enfin = la dérivée de la loi de comportement. CS est en quelque sorte
C S ∂Φ
la souplesse du squelette granulaire pris comme un ressort.
Une écriture plus commode pour l’intégration de l’équation (IV.16) peut se faire en
utilisant soit la variable Lagrangienne Z, soit la hauteur solide a.
∂Φ ( Z ) ∂v S ∂Φ ( Z ) Φ 2 ∂v S
+ Φ. = + . =0 (IV.17)
∂t ∂z ∂t Φ 0 ∂Z
85
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
∂Φ Φ 2 ∂ K .Φ ∂Φ
− K .Φ.(d S − 1) + . =0 (IV.18)
∂t Φ 0 ∂Z γ W .C S .Φ 0 ∂Z
1
∂
Φ + ∂ K .Φ.(d S − 1) + K .Φ ∂Φ
. =0 (IV.19)
∂t ∂Z Φ0 γ W .C S .Φ 02 ∂Z
1
∂
Φ + ∂ K .Φ.(d − 1) + K .Φ . ∂Φ = 0 (IV.20)
S
∂t ∂a γ W .C S ∂a
En résumé :
∂Φ ∂ K .Φ ∂Φ
• − K .Φ 2 .(d S − 1) + . =0 (IV.16)
∂t ∂z γ W .C S ∂z
1
∂
• Φ + ∂ K .Φ.(d S − 1) + K .Φ ∂Φ
. =0 (IV.19)
∂t ∂Z Φ0 γ W .C S .Φ 0 ∂Z
2
1
∂
• Φ + ∂ K .Φ.(d − 1) + K .Φ . ∂Φ = 0 (IV.20)
S
∂t ∂a γ W .C S ∂a
Φ(a, t ) doit vérifier à tout moment la relation (IV.20). Tout le problème se réduit à la
résolution de cette équation implicite à deux variables a et t.
86
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
K (Φ 0 ) ∂Φ
vS t =0 = V IR = − K (Φ 0 ).Φ 0 .(d S − 1) − . (IV.21)
Z =H
γ W .C S ∂z t =0
Z =H
A l’état initial, il n’y a pas de gradient de compacité dans la colonne de béton. Le cas
contraire va à l’encontre de l’hypothèse de l’homogénéité du béton frais.
Le ressuage du béton peut être obtenu à tout instant par l’expression suivante :
t
∆H (t ) = − ∫ v SZ = H .dt (IV.23)
0
Notons qu’à la surface du béton, la compacité n’a aucune raison de changer. Elle reste
constante égale à Φ0 . Il ne reste alors plus qu’à intégrer (IV.15) pour obtenir :
K (Φ 0 ) t ∂Φ
γ W .C S ∫0 ∂Z
∆H (t ) = V IR .t + . .dt (IV.24)
Z =H
Cette équation décrit bien la courbe de ressuage. Celle-ci est assez linéaire dans sa
∂Φ
première partie car le terme reste nul assez longtemps. En effet, la consolidation
∂Z Z = H
démarre par le bas de la colonne. A la fin de la courbe ce terme prend une valeur non nulle,
négative
87
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
A un temps infini, la dérivée temporelle de l’équation (IV.19) est nulle ce qui permet
d’écrire :
Φ ∂Φ
Φ.(d S − 1) + . = cste (IV.25)
γ W .C S (Φ).Φ 0 ∂Z
∂Φ
= γ W .C S (Φ).Φ 0 .(1 − d S ) (IV.26)
∂Z
Φ( Z ) = Φ 0 + γ W .C S .Φ 0 .(1 − d S )(
. Z − H0 ) (IV.27)
−γ W . S 0 .Φ 0 .(1− d S ).( Z − H 0 )
C (Φ )
88
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
ΦC −Φ
−5 λ
C S (Φ ) = λ .10 . exp
(IV.30)
Dans cette forme plus complète, λ est la même constante, ΦC est une compacité
dépendant entre autres de la granulométrie du mélange granulaire. Si elle est obtenue par
ajustement d’une courbe expérimentale de ressuage, nous la noterons ΦB. Si elle est issue du
modèle détaillé dans la quatrième partie de ce chapitre, nous noterons effectivement cette
compacité ΦC. Cette notation sera respectée dans toute la suite du mémoire.
H0
Φ0
∆H ∞ = H 0 − ∫ 0
Φ
.dZ (IV.31)
Dans l’exemple de la figure précédente, avec la forme exponentielle choisie pour CS,
l’amplitude du ressuage après calcul vaut 9,2 mm c’est à dire 0,92 % de la hauteur initiale.
Analytiquement, avec cette forme exponentielle, l’amplitude finale du phénomène s’écrit
λ 1 − e − A. H 0 C (Φ )
alors ∆H ∞ = . H 0 − où A = γ W .Φ 0 .(d S − 1). S 0 .
Φ0 A λ
Pour résoudre l’équation (IV.20) exprimée en hauteur solide a, s’écrivant pour une
couche d’épaisseur ∆a, nous allons donc discrétiser la hauteur de la colonne de béton en N
couches d’épaisseur ∆Z.
H0
A t = 0 : ∆Z =
N
89
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Nous utilisons le paramétrage en hauteur solide a qui reste constant dans le temps.
L’épaisseur solide de chaque couche sera alors :
Φ 0 .H 0
∆a = (IV.32)
N
K .Φ ∂Φ
Soit : Γ(a, t ) = −v S = . + K .Φ.(d S − 1) , (IV.33)
γ W .C S ∂a
1
∂
∂Γ
(20) s’écrit alors : = − Φ c’est à dire :
∂a ∂t
90
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Γi +1, j − Γi , j 1 1 1
=− . − (IV.34)
∆a
∆t Φ i , j +1 Φ i , j
Nous pouvons alors écrire les 2 équations de base pour l’algorithme de calcul :
1
Φ i , j +1 = et (IV.35)
1 ∆t
− .(Γi +1, j − Γi , j )
Φ i , j ∆a
K .Φ i , j (Φ − Φ i −1, j )
+ K .Φ i , j .(d S − 1)
i, j
Γi , j = . (IV.36)
γ W .C S ∆a
Dans ces deux dernières équation, K et CS sont toujours des fonctions de Φ. Pour
simplifier la résolution numérique, nous prendrons pour K et CS leur valeur réactualisée :
Γ Φ Γ Φ
c.l.
o : calcul de la compacité x
x : calcul de Γ
c.l. : conditions aux limites c.l.
t t + ∆t
figure IV.6 : exemple de progression du calcul entre 2 pas de temps pour 5 couches
91
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Afin que le calcul converge, le pas de temps ∆t utilisé doit être inférieur à un ∆t
critique. Les cas de non-convergence ont leur origine au second pas de temps du calcul. La
non convergence apparaît si :
Γ3, 2 − Γ2, 2 ≥ Γ2, 2 − Γ1, 2 (IV.37)
1
La condition limite inférieure amène Γ1, 2 = 0 donc Γ2 , 2 ≤ . Γ3,2 .
2
1 γ .C (Φ ).(∆a )
2
Avec les mêmes données que celles utilisée dans la figure IV.4, on trace alors
l’évolution du ressuage au cours du temps. La forme choisie pour CS est la forme
exponentielle. La forme d’évolution choisie pour K est par exemple (voir partie III) :
(a) (b)
92
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Le pas de temps utilisé pour ce calcul est de 50 secondes. La colonne de béton a été
divisée en 10 tranches.
La proposition qui est faite ici est d’utiliser une méthode de résolution dite implicite.
L’équation (IV.20) s’écrit en fait F(Φ ) = 0 où la fonction F constitue l’ensemble du premier
membre. Pour trouver la racine d’une telle équation, plusieurs méthodes itératives existent :
- la méthode par dichotomie : non abordée ici car jugée trop lente
- Enfin, une méthode intermédiaire facile à implanter et jugée la plus rapide des
trois.
93
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
La courbe représentative de F est alors approximée par la droite passant par les points
1 et 2. Cette droite coupe l’axe des abscisses en Φ3.
F (Φ 1 ).Φ 2 − F (Φ 2 ).Φ 1
Φ3 = (IV.41)
F (Φ 1 ) − F (Φ 2 )
L’erreur commise par cette méthode peu orthodoxe semble trés faible. En pratique, on
n’observe pas de différence entre les courbes obtenues par les méthodes explicite et implicite.
Le programme implanté sous MATLAB est lui aussi fourni dans l’annexe E.
Une étude du ressuage sous forme adimensionnelle semble appropriée. En effet, elle
générera des courbes maîtresses à partir desquelles, toutes les autres pourront être déduites.
IV.1.8.1. Notations :
94
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Φ K (Φ )
κ = κ (φ ) = (IV.42)
Φ0 K (Φ 0 )
Z t v S .TS
ς= τ= υ= (IV.45.46.47)
H TS H
∂φ ∂ (φ .υ )
+ φ. =0 (IV.48)
∂t ∂ζ
(IV.15) se réécrit :
κ (φ ) ∂φ
υ = −κ (φ ).φ .α − .φ . (IV.50)
cs(φ ) ∂ς
Dans cette dernière équation (IV. 50), on retrouve le premier terme qui est un terme de
sédimentation. Le second correspond toujours à un phénomène de consolidation. Reste alors à
réécrire l’équation IV.19 pour obtenir l’équation générale suivante :
1
∂
φ ∂ κ (φ ) ∂φ
+ κ (φ ).φ .α + .φ . = 0 (IV.51)
∂τ ∂ζ cs(φ ) ∂ς
95
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Pour l’instant, nous n’avons pas pris en compte d’effet vieillissant sur la
compressibilité du matériau. Par conséquent, l’implantation sous MATLAB de l’algorithme
de résolution n’a pas été réalisée. Cela dit, la résolution de cette équation ne semble pas poser
de problèmes majeurs. La méthode reste toujours la même.
Toute l’étude précédente ignore la présence d’air entraîné lors du malaxage. Bien qu’à
la mise en place, on cherche à éliminer la plus grande partie de ce volume d’air, il en reste
toujours de 0,5 à 4 % dans le cas de bétons, voire jusqu’à 8 % pour les mortiers. A ce stade de
l’étude, on est en droit de ce demander si ce volume d’air a une influence sur le phénomène,
comme tendrait à le montrer l’article de Clear et Bonner [Clear & Bonner 1988]. L’air peut
effectivement jouer un rôle de « vase d’expansion ». Certains auteurs comme Popovics ont
observé que la hauteur d’eau ressuée ne représente que 80 % du tassement des constituants
solides. Ceci indiquerait alors obligatoirement la présence d’un constituant compressible.
A l’instant initial, si l’on ne tient pas compte de l’air occlus, la contrainte totale (∆σ)
se transmet entièrement à l’eau. Si l’on en tient compte, cette contrainte se transmet à l’eau
qui, étant la phase continue, comprime l’air. S’ensuit un tassement d’ensemble qui peut
comprimer légèrement le squelette granulaire. Au cours du temps, le ressuage se passe de la
même façon qu’en l’absence d’air entraîné, en tenant compte du fait que l’air se décomprime
progressivement puisque la pression interstitielle décroît. On résume alors cette modélisation
comme suit :
Nous noterons que ce schéma rhéologique est simplifié. Il ignore l’influence des plus
petites bulles, qui pourraient agir directement sur le squelette granulaire, comme de petits
ballons de baudruche. Cependant, la simplicité du modèle proposé permet d’écrire des
équations relativement simples, dont la suite dira si elles sont représentatives des phénomènes
étudiés.
96
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Les mêmes hypothèses que celles énoncées dans la première partie sont réutilisées.
L’hypothèse H4 est modifiée par l’introduction de la fraction volumique gazeuse.
L’hypothèse H2 donnant les conditions initiales du système ne tient plus. En effet, à t = 0, les
bulles d’air se compriment instantanément en bas de colonne. Ainsi, à l’instant initial, en
partie basse, la compacité doit être majorée et le pourcentage d’air minoré.
- Les bulles d’air sont insérées dans le squelette granulaire. A une altitude donnée,
elles suivent le mouvement des grains solides avec la même vitesse qu’eux. La
faible déformabilité des bulles rendra, en effet, difficile leur remontée dans un
matériau au repos à squelette granulaire compact comme le béton.
Nous sommes conduits à introduire en plus une loi de comportement du milieu gazeux
qui constitue l’hypothèse H7.
- L’air occlus est un gaz parfait. Cette hypothèse simplifie grandement l’étude en
négligeant l’effet de la tension superficielle. Cette approximation semble
acceptable en l’absence d’entraîneur d’air qui stabilise des bulles de très petites
tailles. En notant Ψ la fraction volumique d’air, nous écrirons alors :
∆U ∆Ψ ∆U p +U
+ =0 ou encore = − atm (IV.53)
p atm + U Ψ ∆Ψ Ψ
97
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
rapport que l’on peut considérer comme constant pour des pressions interstitielles
modérées. La mesure expérimentale de l’air occlus donne alors l’équation suivante, exprimant
la loi de comportement des bulles d’air entraînées :
∆U p 1
= − mesure = − (IV.54)
∆Ψ Ψ0 Ca
Ψ.(1 − Ψ ).∆U
∆Ψ = − (IV.55)
p atm + U + (1 − Ψ ).∆Ψ
dσ
+ Φ.γ S + (1 − Φ − Ψ ).γ W = 0 (IV.56)
dz
∂σ ′ ∂U ∂σ
+ − =0 (IV.57)
∂z ∂z ∂z
∂σ ′ ∂Φ ∂U ∂Ψ
C’est à dire : . + . + Φ.γ S + (1 − Φ − Ψ ).γ W = 0 (IV.58)
∂Φ ∂z ∂Ψ ∂z
on obtient l’équation suivante qui constitue l’équation d’équilibre des trois phases.
Toute modification de Ψ aura une incidence sur Φ .
98
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
1 ∂Φ 1 ∂Ψ
. − . + Φ.γ S + (1 − Φ − Ψ ).γ W = 0 (IV.59)
C S ∂z Ca ∂z
∂ (1 − Φ − Ψ ) ∂ [(1 − Φ − Ψ ).v W ]
+ =0 (IV.60)
∂t ∂z
+
[
∂ (Φ + Ψ ) ∂ (Φ + Ψ ).v S
=0
] (IV.61)
∂t ∂z
1 ∂U
(1 − Φ − Ψ ).(v W )
− v S = − K . + 1 (IV.62)
γ W ∂z
La même démarche est réutilisée pour aboutir à l’équation (IV.63) qui corrige
(IV.15) :
K ∂σ ′
− v S = K .[Φ.(d S − 1) − Ψ ] + . (IV.63)
γ W ∂z
∂ (Φ + Ψ ) ∂ K .(Φ + Ψ ) ∂Φ
− K .(Φ + Ψ ).[Φ.(d S − 1) − Ψ ] + . =0 (IV.64)
∂t ∂z γ W .C S ∂z
99
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
1 ∂Φ 1 ∂Ψ
. − . + Φ.γ S + (1 − Φ − Ψ ).γ W = 0 (IV.65)
C S ∂z Ca ∂z
1 1 ∂Φ γ
+ . + γ S − γ W + W .Φ − Ψ0 .γ W = 0 (IV.67)
C S Ca.Φ 0 ∂z Φ0
100
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
∂Ψ
de la forme = −Ca.ρ W .g . Par différence avec l’état initial, nous obtenons une prévision
∂z
de l’influence de l’air occlus sur l’amplitude du phénomène :
Ψ0 H 2
Différence d’amplitude estimée = 5
.( ρ B − ρ W ).g .
10 2
Pour les faibles hauteurs, l’influence est négligeable, pour les fortes hauteurs,
l’influence sera importante. L’exemple de la figure IV.11 montre l’évolution numérique dans
la hauteur et dans le temps de la compacité et de l’air occlus d’un béton sous les hypothèses
suivantes :
- dS = 2,8 - H = 0,7 m
- Φ0 = 0,7 - Ψ0 = 7 %
- CS(Φ0) = cste = 6.10-6 Pa-1 - K(Φ0) = cste = 5.10-6 m.s-1
- Ca = 7.10-7 Pa-1
L’enseignement principal que nous tirons de ce travail est que la prise en compte de
l’air entraîné aura un intérêt différent si l’on cherche à étudier le ressuage dans des moules de
petite ou grande hauteur :
- pour les petites hauteurs (moins de 50 cm), l’effet peut être négligé
- pour les grandes hauteurs (supérieures à 2 m), l’effet devient très important. Il conduit
à une réduction du ressuage selon la hauteur du moule ce qui constitue en soi un effet
d’échelle ! ! !
D’autre part, nous allons voir dans la suite que l’air occlus a une influence importante
sur la prévision de la perméabilité et, par conséquent, sur la vitesse initiale de ressuage.
101
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
K (Φ 0 ) ∂Φ
v S = − K (Φ 0 ).[Φ 0 .(d S − 1) − Ψ0 ] − . (IV.68)
γ W .C S ∂z t =0
Z =H
A l’état initial, un gradient de compacité dans la colonne de béton est présent. Dans la
partie supérieure de la colonne de béton, ce gradient est très faible car la pression interstitielle
n’est pas suffisante pour comprimer notablement l’air occlus. Nous aurons donc par
approximation :
Cette dernière relation reprend et affine celle exprimée par l’équation IV.22 déjà
obtenue par d’autres auteurs. C’est cette relation que nous utiliserons pour le dépouillement
de l’ensemble des courbes de ressuage. Cela dit, les différences de valeur obtenues sont
minimes. Les valeurs de Φ 0 .(d S − 1) s’échelonnent en général entre 1 et 1,5 alors que dans le
même temps Ψ0 ne dépasse pas 0,05.
102
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
La modélisation proposée prédit plutôt, quant à elle, une courbe concave. En effet,
imaginons une colonne de béton de hauteur H dont l’amplitude du ressuage est notée B. Une
colonne de béton de hauteur 2.H peut être virtuellement scindée en 2 parties superposées. La
partie haute de hauteur H aura une amplitude de ressuage égale à B (ce sont les mêmes
conditions que lors du premier exemple). La partie basse aura une amplitude de ressuage
supérieure à B puisque davantage comprimée.
103
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
1
Avec = g (Φ ).h(ξ ) où la fonction g est détaillée dans le paragraphe IV.4.
CS
106
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
- si l’on choisit ce modèle tel quel, on obtient théoriquement l’effet secondaire suivant :
après stabilisation, la raideur du ressort continuera à augmenter, ce qui provoquera un
déplacement dans le sens contraire (décompaction du squelette). Ce problème peut
alors se résoudre en utilisant une écriture incrémentale.
t
dσ ′
Sans effet vieillissant, σ’ est équivalent à ∫
0
dt
.dt . C’est à dire, avec la définition de
CS :
t t
dσ ′ dΦ 1 dΦ
σ′= ∫ . .dt = ∫ . .dt (IV.70)
0
dΦ dt 0
C S dt
ξ) à la fonction CS(Φ)
Avec effet vieillissant, on accole simplement la fonction h(ξ
identique au cas précédent.
t
1 1 dΦ
σ′= ∫ . . .dt (IV.71)
0
C S h(ξ ) dt
t t
1 dΦ
σ′= ∫
T
Nous avons par conséquent : . exp χ . .dt (IV.72)
0
C S dt
107
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
∂ 1
t t
K T χ dΦ
v = − K .Φ.(d S − 1) −
∂z ∫0 C S
S
. . exp . .dt (IV.73)
γW dt
Ceci permet alors de corriger (IV.19) et (IV.20). Par exemple, (IV.20) devient :
1 t Tt
∂
Φ ∂ K .Φ ∂ e χ dΦ
K .Φ.(d S − 1) +
γ W ∂a ∫0 C S dt
+ . . .dt = 0 (IV.74)
∂t ∂a
La vitesse initiale de ressuage n’a aucune raison d’être modifiée : (IV.22) est toujours
valable.
K (Φ 0 ) ∂ 1
t t t
T χ dΦ
∆H (t ) = K (Φ 0 ).Φ 0 .(d S − 1).t + .∫ ∫ . exp . .dt .dt (IV.75)
γW
0 ∂Z 0 C S dt
Z =H
Si Tχ est infini, on retrouve bien (IV.24) décrivant le modèle sans effet vieillissant.
108
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
La même technique développée dans la partie IV.1.6 de ce chapitre peut tout à fait être
réutilisée. On introduit de même la fonction Γ, opposée de la vitesse granulaire. Les même
conditions aux limites régissent le problème. On introduit de plus la fonction Vl(Z,t) pour
améliorer la présentation du calcul.
t
t Tχ
e dΦ
Vl ( Z , t ) = ∫ . .dt (IV.76)
0
C S dt
L’algorithme de calcul se base alors sur les trois équations suivantes modifiant (IV.35)
et (IV.36).
1
Φ i , j +1 = , (IV.77)
1 ∆t
− .(Γi +1, j − Γi , j )
Φ i , j ∆a
t
Tχ
exp
Vl i , j = Vl i , j −1 + .(Φ i , j − Φ i , j −1 ) et (IV.78)
C sij
K i , j .Φ i , j (Vl i , j − Vl i −1, j )
Γi , j = K i , j .Φ i , j .(d S − 1) + . (IV.79)
γW ∆a
La résolution numérique sous forme implicite trouve cette fois-ci son plein intérêt. La
technique utilisée est celle développée dans le paragraphe IV.1.7 . Son implantation ne pose
aucun problème. Les mêmes données permettent effectivement d’obtenir la courbe
précédente.
109
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Exemple de résolution :
Le mortier dont le ressuage théorique est étudié dans la figure IV.7 est à nouveau
réétudié en ajoutant un effet vieillissant. Toutes les données sont identiques. Le temps
caractéristique de vieillissement est pris égal à 3000 secondes (50 min) pour l’exemple
présent.
Comme on peut le voir sur la figure IV.16, l’introduction d’un effet vieillissant n’a
aucune incidence sur la pente à l’origine de la courbe de ressuage. En revanche, l’amplitude
est fortement diminuée.
La courbe de vitesse de ressuage fait cette fois-ci apparaître une sorte de palier
constant lors des premières minutes du phénomène (mieux visible sur la figure IV.18). Si l’on
agrandit la courbe figure IV.7b (sans introduction de l’effet vieillissant), on remarque que ce
palier existait déjà sur une durée équivalente. C’est en fait la chute de la vitesse avec le temps
qui est plus brutale avec l’introduction de l’effet vieillissant.
Nous avons aussi accès pour tout instant à la compacité locale, quelle que soit la
hauteur considérée (figure IV.17).
On ne retrouve pas cette fois-ci, pour un temps infini, la même forme de Φ(Z) décrite
dans la figure IV.4 avec pour CS le modèle exponentiel. Le phénomène a été « bloqué » avant
sa « fin naturelle ». En revanche, plus la hauteur initiale du matériau sera faible, moins le
ressuage durera longtemps et plus la forme de Φ(Z) sera proche de celle décrite en IV.1.5.
Comme nous allons le voir, l’introduction de cet effet vieillissant répond bien au
problème de la convexité expérimentales des courbes d’amplitude en fonction de la hauteur
initiale. La figure IV.18 donne le ressuage de ce même mortier pour cinq hauteurs initiales
différentes.
110
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
L’allure type des courbes obtenues est conforme à celle des courbes expérimentales.
On remarque ici que le palier initial de vitesse est d’autant plus long que la hauteur du moule
est importante. Expérimentalement, on observe en effet un tel palier mais légèrement incliné !
Dans le chapitre III, nous avons mis en évidence une légère diminution de la perméabilité
avec le temps. Cet effet est certainement à l’origine de l’inclinaison observée. Une prise en
compte est proposée en IV.4.2.
La figure IV.19 donne l’allure des courbes d’amplitude obtenues pour différents temps
caractéristiques du vieillissement.
Pour des moules de très faible hauteur, le temps caractéristique du vieillissement est
trop important pour avoir une influence notable. L’amplitude du ressuage reste inchangée. En
revanche, plus la hauteur est importante, plus le phénomène sera long et plus le vieillissement
prendra de l’importance.
Muni de cette nouvelle modélisation, nous pouvons comparer les résultats prédits et
ceux observés. Nous réaliserons cette comparaison à travers l’exemple de la formule B51 qui
correspond à un béton classique à 350 kg de ciment.
Pour alimenter le programme écrit sous MATLAB, nous avons besoin de Φ0, MVR,
K(Φ0), b, ΦB et Tχ . A ce stade du mémoire, les évolutions de certains des paramètres avec les
données de la formulation sont inconnues. Par conséquent, nous ajustons au mieux leur valeur
de manière à nous rapprocher autant que possible des courbes expérimentales. Les deux
premiers paramètres ne posent pas de problème, connaissant la formulation :
111
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
K(Φ0) est déterminé grâce aux vitesses initiales de ressuage expérimentales. K(Φ 0) =
2,08.10-7 m.s-1 . Le modèle décrit dans la troisième partie donne, de son coté, une valeur très
proche (1,82.10-7 m.s-1). Le coefficient b définissant l’influence de la compacité n’est
accessible expérimentalement qu’au prix d’expériences à teneur en eau variable, qui n’ont pas
été conduites. Faute de mieux, nous prenons le coefficient b que nous prédit la modélisation
décrite dans la partie IV.3.2.4. d’où b = 40,7.
- la vitesse expérimentale décroît lentement avant de chuter (ce phénomène est bien
visible pour les éprouvettes de grande hauteur). La vitesse théorique, par contre,
reste plutôt stable avant de chuter, elle aussi. En fait, nous avons introduit une
perméabilité du matériau dont le seul paramètre est Φ. Or, il est clair qu’un effet
temporel est présent. Cet effet peut avoir comme origine le développement des
hydrates du ciment qui ralentit la percolation d’eau avec le temps. Un tel
phénomène peut facilement être pris en compte dans le modèle en rajoutant à K
une fonction de t.
L’introduction d’un tel paramètre amènerait bien entendu une meilleure précision dans
la modélisation (et notamment dans la détermination de Tχ ). Cette proposition est reprise
112
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
dans le paragraphe IV.4.2. Dans ce paragraphe, les figures IV.40 et IV.41 proposent une prise
en compte de cet effet sur la formule du béton B51. L’identification expérimentale du
paramètre c est possible : Dans le chapitre III, nous avons réalisé des essais de ressuage à
démarrages différés qui permettent effectivement d’accéder à ce paramètre.
γ W .H 2 .C S (Φ 0 )
TS = (IV.44)
Φ 0 .K (Φ 0 )
Pour une valeur de hauteur initiale H donnée, nous définissons le rapport des deux
temps caractéristiques (de consolidation et de vieillissement) noté µ :
TS
µ (H ) = (IV.81)
Tχ
Φ 0 .K (Φ 0 ).Tχ
Hcr = (IV.82)
γ W .C S (Φ 0 )
Dans l’exemple du mortier de la figure IV.19, sa valeur est d’exactement 270 mm pour
un choix du temps caractéristique de vieillissement égal à 3000 s. Pour le B51 , nous
obtenons Hcr = 14 mm.
113
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Nous avons, dans la partie précédente, modélisé le ressuage d’un béton à partir de trois
paramètres-clefs intrinsèques au matériau hydraulique : sa perméabilité, sa compressibilité et
son temps caractéristique de l’effet vieillissant. L’estimation quantitative du ressuage passe
par l’estimation de ces trois paramètres à tout moment de l’essai.
IV.3.1. Introduction
L’étude bibliographique exposée dans le chapitre II nous a indiqué que seul le modèle
de Kozeny-Carman semblait avoir un intérêt pour notre étude. Cela dit, l’analyse
bibliographique et les expériences réalisées ont montré qu’il était nécessaire de l’améliorer.
Ceci est l’objet de cette partie de chapitre.
Tout écoulement d’eau subit une perte de charge entre l’amont et l’aval. Cette perte est
due, d’une part à la viscosité du fluide et d’autre part aux obstacles rencontrés. Le passage à
travers un matériau poreux constitue bel et bien une source de diminution de la charge où les
deux effets précédents sont mêlés.
Darcy proposa en 1856 une loi déterminant cette perte de charge en fonction du débit
d’eau imposé. Dans le cas d’un écoulement unidirectionnel, l’expression proposée pour un
milieu poreux homogène est la suivante :
Q.L.
∆H = (IV.82)
K
114
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Dans cette expression, Q est le volume de liquide traversant une section unité en une
seconde. ∆H est la différence de charge entre l’amont et l’aval. L est la distance les séparant.
Enfin, K est le coefficient de proportionnalité intrinsèque au matériau poreux. Tout le
problème se ramène à relier K aux caractéristiques du matériau comme par exemple sa
compacité, sa surface spécifique, … Ceci fait l’objet de cette partie.
En fait, comme l’eau contourne les grains lors de son écoulement, la distance
curviligne qu’elle parcourt est plus grande que la distance L. Après observation
d’écoulements colorés artificiellement, Carman évalue cette distance notée Le à 2.L .
- le volume utilisé par l’eau pour son écoulement. Celui-ci est égal à A.L.ε E en notant εE
la fraction volumique utilisée par l’eau mobile. mobile (appelée « porosité
cinématique » par les hydrogéologues) ;
- la surface de contact entre l’eau mobile et le solide immobile. Cette surface est égale à
A.L. ∑ E en notant ΣE la surface volumique hydrodynamique présentée à l’écoulement
d’eau.
Pour déterminer cette fraction volumique d’eau, il faut faire l’inventaire de l’ensemble
des fractions volumiques immobiles. Sous l’hypothèse de non-ségrégation des constituants
solides et gazeux, ni les grains ni les bulles d’air occlus ne se déplacent.
115
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
~
Nous allons par conséquent définir la compacité hydrodynamique Φ comme la
fraction volumique immobile :
~
ε E =1− Φ (IV.83)
~
Kozeny prenait pour Φ directement la fraction volumique solide du matériau, c’est à
dire Φ. Comme l’air occlus ne participe pas à l’écoulement, nous comptabilisons cette
~
quantité comme immobile : Φ est donc au moins égal à Φ + Ψ .
Vers 1940, Steinour [Steinour 1945], puis Powers [Powers 1968] firent remarquer
qu’une partie de l’eau entourant les grains solides ne participait pas à l’écoulement. Cette
fraction immobile notée wi par Powers fit couler beaucoup d’encre. Plusieurs publications
furent rédigées pour proposer une modélisation de ce facteur. Powers puis Harris [Harris
1977], proposèrent finalement une relation de proportionnalité avec la fraction volumique
solide.
~
Φ ′ = Ψ + ∑ α i .Φ i (IV.84)
i
Deux hypothèses fortes sont émises ici : on suppose, d’une part, l’absence de fines
dans la zone d’eau immobile crée par des gros grains. Il s’agit là d’un terme du second ordre
que nous négligerons. D’autre part, on suppose une micro-rugosité des grains constante avec
le temps. Ce dernier point peut toutefois sembler convenable dans la période dite
« dormante » du béton frais. Nous y reviendrons en fin de chapitre. Les ordres de grandeurs
des α i (obtenus par ajustement du modèle décrit ci-après avec les expériences) sont donnés
avec les caractéristiques des matériaux fournis en annexe A.
116
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Nous cherchons à déterminer ici, la surface totale frottante présentée à l’eau mobile
par unité de volume de béton. Contrairement à la fraction volumique d’eau mobile, peu
d’écrits abordent ce sujet [Powers 1968].
Ne reste donc que l’effet des grains solides à prendre en compte. Dans ce cas la
relation s’écrit : ∑ E = Φ. ∑ S .
∑ S désigne alors la surface volumique des grains secs. Celle-ci se mesure aisément,
pour les grains fins, par la méthode BET (méthode de Brunauer, Emmet et Teller par
adsorption de gaz).
Le problème que nous devons soulever ici, est que cette méthode surestime la surface
présentée à l’écoulement d’eau. En effet, cette méthode de mesure par adsorption d’azote
prend en compte toute la surface solide y compris les pores ouverts des grains. Du fait qu’une
pellicule d’eau immobile gomme le relief granulaire, la vraie surface à prendre en compte est
sans doute diminuée.
La méthode de Blaine par écoulement d’air n’est par forcément judicieuse puisqu’elle
utilise la formule de Kozeny-Carman non modifiée. L’utiliser pour notre étude qui vise à
améliorer cette formule, c’est un peu tourner en rond ! De plus, elle ne permet pas non plus la
prise en compte des grains supérieurs à 80 µm, du fait qu’elle se pratique sur une poudre. Or,
il vaut mieux éviter d’utiliser une méthode pour les fines et une autre pour les granulats, à
cause des difficultés posées par la continuité des calculs à la limite de taille des deux
matériaux.
La proposition simplificatrice que nous ferons est la suivante : prendre comme surface
volumique des grains secs, la surface volumique notée ∑ b , présentée par des billes ayant le
même diamètre que celui des grains. La connaissance de la granulométrie des matériaux
solides composant le béton permettra le calcul direct de cette surface. Ce calcul fait l’objet de
la partie suivante.
Pour mémoire, dans le cas du ciment CEM I 52,5 N CE CP2 NF de Beffes, la masse
volumique réelle (mesurée au pycnomètre à hélium) fut de 3128 kg.m-3 . Les surfaces données
par les trois méthodes sont reprises dans le tableau suivant :
117
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
TABLEAU IV.2 : Comparaison des valeurs de surface selon la méthode utilisée pour le
ciment CEM I 52,5 N CE CP2 NF de Beffes (CALCIA)
La surface volumique d’un grain est égale à sa masse volumique multipliée par sa
surface spécifique massique: ∑ S = MVR.S S . Comme les dosages des constituants d’un béton
sont exprimés en masse, le calcul doit passer par l’intermédiaire de la surface spécifique
massique.
118
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
(a) (b)
6
dS bi = − .dDi (IV.87)
ρ S .Di2
∞ ∞
6
Sb = ∫ . p' (Di ).dDi peut aussi s’écrire S b = ∫ S bi . p' (S bi ).dS bi (IV.88)
0
ρ S .Di 0
La seconde relation (IV.88) s’intègre plus facilement que la première. Elle ne nécessite
pas le choix d’un diamètre d’interpolation. Lorsqu’on l’intègre par partie, on obtient :
∞
S b = [S bi . p(S bi )] − ∫ p(S bi ).dS bi
∞
0
(IV.89)
0
Les deux bornes du premier terme sont nulles. L’intégration par la méthode des
trapèzes du second membre ne pose pas de problème. Ainsi,
∞
p (S bi +1 ) + p (S bi )
S b = −∑ .(S bi +1 − S bi ) (IV.90)
0 2
La surface spécifique des différents matériaux solides (granulats, fines, …) est ainsi
obtenue, ce qui nous donne accès à la surface volumique de béton : ∑ E = Φ.MVR.S b . Le
tableau IV.3 donne les valeurs calculées sur des matériaux utilisés lors de la thèse.
Matériau Sb [ m2.kg-1 ]
Ciment CEM I 52,5 N CE CP2 NF de Beffes 261
Filler calcaire MEAC 487
Cendres volantes 334
Sable alluvionnaire 0/4 4,9
Gravillon alluvionnaire 3,15/8 0,57
Gravillon alluvionnaire 8/20 0,20
119
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
La vitesse d’un point du fluide situé à une distance r de l’axe d’un tube de section
circulaire de diamètre D est la suivante :
ρ W .g.∆H D 2
v(r ) = . − r 2 (IV.91)
4.η.Le 4
L’équation précédente n’est valable que si le diamètre du tube est supérieur à 10 fois
la taille des molécules du fluide, ce qui est notre cas. Prenons l’exemple le plus défavorable
d’un matériau de compacité 0,8 et de surface volumique 1 200 000 m-1. L’épaisseur moyenne
caractéristique du film d’eau (définie par la moitié du rapport du volume d’eau par la surface
volumique solide) serait de 83 nm. L’hypothèse est donc vérifiée. D’un autre côté,
l’écoulement doit être laminaire. La qualification de l’écoulement s’obtient en calculant son
nombre de Reynolds Re. L’écoulement sera laminaire si Re est inférieur à 2000.
ρ w .D.v f
Re = (IV.92)
η
120
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
π .D 2 ρ W .g.∆H .D 2
Q = ∫∫ v(r ).r.dr.dθ = . (IV.93)
S 4 32.η.Le
ρ W .g.∆H .D 2
v moyen = (IV.94)
32.η.Le
ρ W .g.∆H .δ 2
v moyen = (IV.95)
k 0 .η.Le
δ
Dmoyen = 4. 2 . (IV.96)
k0
Dans le cas d’un tube circulaire, le coefficient k0 est égal à 2. Dans le cas d’une
conduite à section carrée, ce coefficient vaut 1,78 selon Powers. Carman propose 2,5 pour la
modélisation du milieu poreux.
Par conséquent, le débit d’eau traversant le milieu poreux se modélise par la somme
des débits traversant les N tubes. La somme des sections des tubes multipliée par leur
longueur Le étant égale au volume utilisé par l’eau pour son écoulement, nous obtenons :
L ρ W .g .∆H .δ
2
Q = A.ε E . . (IV.97)
Le k 0 .η.Le
Le calcul de δ se fait par sa définition, à savoir le rapport de la section des tubes par
leur périmètre ou, autrement dit, le rapport du volume d’eau mobile par la surface de contact.
A.L.ε E
δ= (IV.98)
A.L. ∑ E
3
1 − Ψ − ∑ α i .Φ i
ρ .g i
K= W . (IV.99)
η k 0 .τ .(Φ. ∑ b )
2
121
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
3
1 − Ψ − ∑ α i .Φ i
ρ .g i
K = k. W avec k = (IV.100)
η k c .(Φ. ∑ b )
2
ε
Si l’on avait pris, comme le proposait Kozeny, comme valeur du diamètre
(1 − ε ). ∑
hydraulique δ, on aurait obtenu la formulation habituelle de Kozeny-Carman à savoir :
k=
ε3
ou k=
(1 − Φ)
3
(IV.101)
k c .(1 − ε ) . ∑ 2 k c .(Φ. ∑ )
2 2
La différence très nette entre les valeurs de α pour les ciments et celles des autres
granulats peut être expliquée par une hydratation de surface rapide des grains de ciment. Cette
hydratation augmente quelque peu le volume solide et piège une certaine quantité d’eau. En
somme, deux principales causes peuvent être différenciées :
- d’une part, de l’eau a réagi avec le ciment, indiquant une consommation d’eau et donc
une augmentation de volume solide ;
122
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
On peut, pour des questions pratiques n’utiliser la formule K(Φ) donnée en équation
IV.100 qu’au premier ordre en Φ, c’est à dire linéarisée autour de K(Φ0). Le développement
limité de cette équation au premier ordre donne alors :
2 − 2.Ψ0 + α .Φ 0
où b= (IV.103)
(1 − Ψ0 − α .Φ 0 ).Φ 0
Dans les partie IV.2.6. et IV.4.2 de ce chapitre, pour raffiner l’étude, nous émettons la
possibilité d’introduire un effet temporel conduisant à une réduction de la perméabilité avec le
temps (équation IV.80).
Cet effet pourrait avoir deux origines : d’une part une augmentation progressive de la
fraction volumique solide Φ (réaction chimique) ce qui conduit à une augmentation du
paramètre α C (coefficient α du ciment) dans le temps. D’autre part, une augmentation de la
micro-rugosité des grains de ciment du fait du développement progressif des hydrates.
Avec la définition suivante de l’erreur quadratique moyenne, celle commise ici est de
22,2 %.
N
N .∑ (K exp − K théo )
2
i =1
EM = N
(IV.104)
∑K
i =1
théo
123
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Lorsque l’on regarde de près quelle sont les formulations qui amènent une erreur
importante, on s’aperçoit qu’il s’agit des coulis. Si on exclut les coulis du domaine visé par la
thèse, l’erreur quadratique moyenne est ramenée à 17,5 %.
α C .Φ C + α S .Φ S
α= (IV.105)
Φ
Evidemment, on s’aperçoit sur la figure IV.28 que les erreurs du modèle sont
maximales aux extrémités. Or, le paramètre α est un paramètre très sensible : une faible
variation de sa valeur entraîne une forte variation de la perméabilité. En somme, le modèle
prédictif ainsi « calé » est assez bon pour l’étude des mortiers et des bétons, mais moins
adapté à l’étude de granulats seuls ou de coulis. Notre étude visant à prévoir le ressuage des
mortiers ou bétons, nous excluons simplement les essais sur coulis et nous en restons là. Si un
organisme souhaite utiliser la modélisation présentée ici pour obtenir une prévision de la
vitesse de ressuage de coulis, il pourra, par exemple, « caler » les coefficients α des
matériaux sur des formulations très riches en fines. Malgré cette présence d’un phénomène du
second ordre, compte tenu des incertitudes de mesure de la vitesse de ressuage mais aussi de
celles concernant la mesure de la granulométrie, de la masse volumique réelle et de la surface
spécifique, il semble illusoire de chercher à affiner plus avant le modèle.
124
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Ψ + ∑ α i .Φ i
q= i
(IV.106)
Σ b .Φ
(1 − q.Σ E )3
k= (IV.107)
k c .(Σ E )
2
Le bilan sur plus de 50 formulations montre que c’est la masse totale de fines qui
influence le plus ce diamètre hydrodynamique. La figure IV.29 reprend l’ensemble des
calculs de q effectués.
125
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Notre premier objectif est ici de relier la compressibilité du matériau aux données de
sa formulation. Pour ce faire, nous avons choisi de réaliser un certain nombre d’expérience
dans un oedomètre. Cet appareillage a déjà été présenté dans le chapitre III.2. L’intérêt de ce
dispositif expérimental est principalement de simplifier le problème. En effet, la faible
épaisseur de matériau compacté dans l’oedomètre permet de supposer que sa compacité est la
même en tout point du matériau.
Il s’agit là d’un problème récurrent bien connu des mécaniciens des sols qui étudient
des matériaux plutôt argileux ou limoneux. La compressibilité de ces matériaux ainsi que les
pressions qu’ils subissent in-situ peuvent entraîner des tassements assez importants, sources
de désordres de surface.
131
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
lors de cette thèse, l’oedomètre basse pression présenté dans le troisième chapitre de ce
mémoire.
Avant d’étudier en détail les résultats que nous avons obtenus avec cet appareillage, il
convient de rappeler succinctement les points-clés du modèle d’empilement compressible, qui
constitue une aide précieuse pour le dépouillement des essais.
de Larrard et Sedran [de Larrard 1999, Sedran 1999] ont développé un modèle
prédictif de la compacité réelle d’un empilement granulaire. Ce modèle prend en compte la
granulométrie de celui-ci mais aussi la forme et la texture des grains par l’intermédiaire d’un
paramètre β i appelé compacité propre virtuelle. Son intérêt principal est de prendre aussi en
compte les conditions de mise en place de celui-ci (compactage, serrage, …). Aussi, les
auteurs ont défini un indice de serrage, qualifiant le protocole utilisé, qui sera
exceptionnellement noté Is dans ce mémoire (au lieu de K, symbole utilisé dans la publication
en référence, mais réservé dans le cas présent à la perméabilité). Le tableau IV.4 nous en
donne quelques ordres de grandeur.
L’indice de serrage et la compacité du matériau sont reliés par la loi Is(Φ) ci-dessous :
y
i
β
i
Is(Φ) = ∑ (IV.109)
i 1 1
−
Φ γ
i
Dans cette équation, yi est la teneur massique de la classe granulaire i dans le mélange.
γi est la compacité virtuelle de ce mélange sous l’hypothèse que i est la classe dominante. Ce
dernier paramètre est obtenu facilement par l’équation suivante :
βi
γi = (IV.110)
i −1 1 n βi
1 − ∑ 1 − β i + bij .β i 1 − ∑
j
.y − 1 − a ij . . y j
j =1
β j = i +1 β j
j
132
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Les coefficients aij sont des coefficients correcteurs relatifs à l’effet de desserement
induit par les grains fins (granulat j) sur les plus gros (granulat i). Les auteurs relient ces
coefficients aux diamètres moyens des deux granulats :
1, 02
dj
a ij = 1 − 1 − (IV.111)
d i
Les coefficients bij sont, quant à eux, des coefficients correcteurs relatifs à l’effet de
paroi que les gros grains (granulat j) induisent sur les plus fins (granulat i). Les auteurs relient,
de même, ces coefficients aux diamètres moyens des deux granulats :
1, 50
d
bij = 1 − 1 − i (IV.112)
d j
En notant Φ A la compacité stable sous une pression de 1 bar, l’équation type obtenue
est de la forme (avec σ’, la contrainte effective exprimée en pascal) :
σ′
Φ = λ . ln 5 + Φ A (IV.113)
10
où λ est la pente de la droite de tendance.
Ce qui est fâcheux à ce stade de l’étude, c’est que la loi de comportement obtenue ne
débute que pour une contrainte de 0,2 bar (20 kPa). Sous 0,2 bar, les forces de frottement du
piston oedométrique réduisent la fiabilité de la mesure. A cette contrainte correspond déjà une
compacité assez importante pour le matériau, largement supérieure à la compacité après
gâchage. Nous supposerons par conséquent que la loi de comportement est extrapolable à des
faibles compacités comme celles existant pendant le ressuage.
133
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Σb
λ= + 0,005 (IV.114)
55.10 6
1,2.10 38
σ′= (IV.115)
(Σ b )6, 47
Cette loi permet alors de modifier (IV.113) en une nouvelle loi de comportement qui
est cette fois corrélée à la formulation du matériau.
σ ′.Σ b6, 47
Φ = λ ln 5
− 87,7 + Φ *
(IV.116)
10
134
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Hélas, si l’on prend pour l’étude numérique du ressuage, cette loi de compressibilité
telle quelle, l’amplitude prédite est systématiquement minimisée. Lorsque que l’on étudie le
matériau lors du ressuage, celui-ci apparaît légèrement plus compressible. Nous excluons une
erreur sur la loi de comportement à l’oedomètre, validée sur près de 17 formules. L’erreur
provient obligatoirement :
Dans la partie IV.2. de ce chapitre, nous avons construit un modèle de ressuage dans
lequel une loi de comportement du squelette granulaire est introduite sous la forme de
l’équation IV.72 :
135
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
t t
1 dΦ
σ′= ∫
T
. exp χ . .dt (IV.72)
0
CS dt
Le problème majeur qui est soulevé, est que la compressibilité et le vieillissement sont
deux paramètres indissociables. Pour découpler expérimentalement ces deux derniers
paramètres, la seule possibilité est d’étudier l’amplitude du ressuage en modifiant
l’importance qu’ils vont prendre dans le déroulement du phénomène. Par exemple, l’étude
du ressuage d’un même matériau dans deux hauteurs différentes permet de jouer sur le temps
et donc sur l’importance que va prendre le vieillissement. L’utilisation inverse du modèle
permettra alors d’obtenir les deux paramètres.
Cette fonction nous est suggérée par celle obtenue au moyen d’essais oedométriques.
Une autre hypothèse émise est que la loi de variation de λ avec la formulation est la même
qu’il s’agisse de ressuage ou d’une compression oedométrique. En résumé, nous faisons peser
arbitrairement le poids de la différence des deux lois de comportement sur Φ A . Pour éviter
les confusions nous notons alors pour le ressuage Φ B la valeur correspondant à Φ A dans
l’essai oedométrique.
Pour valider cette théorie, la figure suivante reprend les différentes valeurs de Φ B
obtenues et les compare par rapport à leur valeur théorique Φ C nouvellement introduite.
L’erreur commise par la modélisation semble assez faible.
136
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Les figures IV.37 et IV.38 reprennent ces considérations sur l’exemple de l’essai
concernant la formule B51. Différentes valeurs du paramètre c ont été testées, le temps de
vieillissement Tχ a été adapté pour maintenir la bonne amplitude
Notons que si nous choisissons c > 6.10-5 s-1 , il est impossible de trouver un temps de
vieillissement Tχ qui satisfasse la condition finale d’amplitude (figure IV.37). En d’autres
termes, nous mettons en évidence trois types d’arrêt du ressuage (hors phénomène de
localisation) :
- arrêt par consolidation (valable pour les très faibles hauteurs de moule) ;
137
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Le tableau suivant reprend les différents résultats obtenus. Pour simplifier le problème, nous
avons choisi de négliger l’effet temporel sur la perméabilité (c = 0). Dans ces conditions, Il
n’est, bien entendu, pas raisonnable de chercher à relier ce temps de vieillissement à la
formulation. Cependant, dans les grandes lignes, il est clair que ce temps caractéristique
augmente :
Lorsque l’on remplace la totalité du ciment par du filler calcaire (formules M5 et M6),
on constate que Tχ est considérablement augmenté, alors que si le remplacement est fait avec
des cendres volantes (formule M2), sa valeur est voisine de celle avec ciment ! Le
développement de réactions chimiques n’explique donc pas tout. Cependant, si l’on tient
compte de la perte de perméabilité incarnée par le coefficient c, l’écart de temps
caractéristique Tχ entre les formules avec filler calcaire et les autres se resserre.
138
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Le ciment choisi est un CEM I 52,5 N CE CP2 du Havre (Lafarge). Le sable est un
sable marin 0/4 légèrement « creux » (son passant à 160 µm est de 2,8 %, son module de
finesse atteint 2,57). La courbe granulométrique du béton sans sablon correcteur aura
quasiment une discontinuité entre 80 et 160 µm. Les gravillons 6,3/10 et 10/14 utilisés sont
issus de la carrière de Pontreaux (roche massive de type gneiss). La formule de la première
série (appelée série LJ dans cette étude) est donnée dans le tableau suivant.
Les teneurs en eau successives furent : 195, 203, 207 l.m-3 . L’affaissement au cône
d’Abrams ainsi que la teneur en air occlus sont mesurés et reportés dans la figure IV.39.
Le troisième essai avec 207 litres d’eau a présenté une remarquable localisation avec
une vitesse initiale de ressuage (V.I.R.) de 0,18 mm.min-1. Les vitesses initiales de ressuage
sont tracées dans la figure suivante.
Figure IV.40 : Vitesse initiale de ressuage en fonction du dosage en eau (série LJ)
Une seconde série d’essai appelée LJbis est alors lancée ayant comme objectif de
repousser le dosage en eau amenant une localisation. Pour ce faire, une correction du sable
jugé trop creux a été apportée par ajout d’un sablon (le Palvadeau). Le module de finesse de
celui-ci n’est que de 0,75. La formule choisie pour la seconde série est reportée dans le
tableau IV.7. Quatre essais ont étés conduits avec 194, 196, 200 et 221 litres d’eau.
Ciment CEM I 52,5 Sablon Palvadeau Sable 0/4 Gravillon 6,3/10 Gravillon 10/16
360 95 717 300 689
139
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
La modélisation comme les essais décrits dans le chapitre III.4.1 indiquent une
indépendance de la vitesse initiale de ressuage avec le rapport G/S. Seuls influent les masses
d’eau, de ciment et des granulats. En conséquence, les deux séries ayant un dosage en ciment
pratiquement égal, à dosage en eau constante, elles auront logiquement la même vitesse
initiale de ressuage. Nous superposons alors les courbes tracées dans les figures IV.40 et
IV.42 pour vérifier que l’ajout de sablon correcteur ne modifie pas VIR, sauf pour le mélange
ayant présenté une localisation.
Nous comparons ces données expérimentales avec celles issues du modèle prédictif de
VIR. Pour ce faire, nous sommes conduits à faire des hypothèses sur la valeur de α des
matériaux utilisés (cf tableau IV.8). Le coefficient α du ciment étant inconnu, deux valeurs
de calcul sont proposées. Les coefficients correspondant aux granulats sont pris égaux à 1,06
qui est une valeur moyenne pour les granulats (au sens de nos connaissances actuelles). La
figure IV.43 trace l’évolution de la vitesse initiale de ressuage théorique pour les deux choix
du paramètre α du ciment (1,3 et 1,4). Un choix de α égal à 1,2 aurait mieux convenu mais
n’est pas raisonnable au regard des ordres de grandeurs de ce paramètre. Pour les ciments, ce
paramètre avoisinerait 1,4. La surface volumique du ciment est estimée sans sa courbe
granulométrique. Les surfaces des autres granulats sont effectivement calculées par
intégration de leur courbe granulométrique.
Seules deux gâchées ont été réalisées sur la base de la formule LJbis avec deux
niveaux de teneur en eau. Les formules sont respectivement nommées LJter1 et LJter2. Pour
chacune d’elles, le ressuage a été mesuré dans 5 moules de différentes hauteurs (80, 170, 320,
1000, 3000 mm de hauteur). Le malaxage a été réalisé dans un malaxeur différent de celui
utilisé pour la série Ljbis du fait de l’augmentation nécessaire du volume à malaxer.
Ciment Palvadeau Sable 0/4 Grav. 6,3/10 Grav. 10/16 Eau totale
140
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Pour ces essais conduits avec la seconde formule LJter2, nous devons compléter les
informations de la figure IV.46 par des observations visuelles :
141
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
- une fuite est apparue au bas de l’éprouvette de 100 cm de hauteur. Cette fuite peut
effectivement expliquer les légères faiblesses de sa vitesse de ressuage et de son amplitude.
La quantité d’ « eau ressuée manquante » avoisine en fait environ 20 % ;
- on peut être marqué aussi par le retard sur l’évolution du ressuage de cet essai. En
fait, ce retard est assez habituel lorsque l’on fait des mesures sur grand diamètre. La pente des
sillons tracés est généralement peu marquée. Par conséquent, dans le cas de faible ressuage, la
formation de flaques, dont on doit attendre le débordement pour que l’eau parvienne au
centre, est longue.
La figure IV.48 trace l’évolution des amplitudes réelles pour les deux essais. La
diminution du dosage en eau se traduit effectivement par une diminution de l’amplitude du
ressuage, surtout visible pour les grandes hauteurs. Pour aller plus loin, nous pouvons étudier
la première formule avec les modèles décrits dans ce chapitre. Une fois les paramètres calés
avec les résultats de cette formule, nous verrons si la modélisation nous prédit correctement
les amplitudes obtenues avec la seconde formule (LJter2).
142
Chapitre IV : Modélisation du ressuage homogène
Les évolutions de l’amplitude avec la hauteur sont tracées en figure IV.49 pour les
deux essais. L’amplitude correspondant à l’éprouvette de 100 cm de hauteur pour LJter2 se
confirme comme étant anormalement basse. La fuite observée en bas d’éprouvette peut
effectivement être la cause de cet effet.
Seuls 3 paramètres ont été calés sur les courbes expérimentales de LJter1 :
IV.5.3. Conclusion
143
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
l’amplitude théorique du ressuage dans des moules de grande hauteur semble donc
inabordable à l’heure actuelle.
144
Chapitre V : Ressuage localisé
CHAPITRE V
Depuis le début de ce mémoire, nous avons envisagé le cas d’un ressuage homogène.
Cette hypothèse décrit un mouvement d’eau à vitesse constante pour tout point d’un plan
horizontal.
Sous certaines conditions qui restent encore à définir, il peut arriver que le ressuage se
localise. L’eau ne remonte plus de façon homogène mais emprunte des cheminées
d’écoulement constituées d’un assemblage de gros grains dépourvus de fines. Dans ce cas de
figure, la cinétique du ressuage est considérablement accélérée (figure V.1). Les « tunnels »
ainsi formés agissant comme des drains. Giaccio et Giovambattista [Giaccio &
Giovambattista 1986] pensent que l’on est en présence de ce phénomène si la vitesse initiale
du ressuage dépasse 0,06 mm.min-1.
Notons que des drains involontaires peuvent être introduits artificiellement avant
coulage du béton. Par exemple, on peut citer des torons de précontrainte non gainés. S’ils ne
sont pas horizontaux, ils participeront à l’accélération du ressuage, l’eau claire percolant à
travers les torons.
151
L. JOSSERAND - Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
De plus, si ces cheminées se créent contre des parois du coffrage, elles altéreront la
qualité du parement de béton. Le parement ne présentera plus, par conséquent, un relief
homogène. Les gains lavés, constituant les cheminées d’écoulement créeront une différence
de couleur aisément visible (photos V.2 et V.3).
D’autre part, lors de la création des tunnels, l’eau, en percolant, entraîne avec elle les
particules les plus fines. Cette remontée de laitance se séparera naturellement par
sédimentation une fois arrivée à la surface. Une coupe de béton présentant ce type de ressuage
présentera plusieurs zones. Par ordre décroissant d’altitude nous trouverons :
Dans la zone supérieure, constituée d’eau et de fines, une séparation par la taille des
grains mais aussi par leur masse volumique a lieu. Voilà pourquoi on trouve généralement
une fine couche de calcite lorsque l’on utilise un ciment coupé au filler calcaire. De part sa
couleur, elle est aisément visible. Par conséquent, le béton présentera une mauvaise résistance
de surface à l’abrasion et un risque accru de fissuration de peau. Le ressuage localisé conduit
ainsi à une ségrégation des constituants solides dans une zone limitée à la partie supérieure du
moule. Dans le cas d’un béton très fluide, cette ségrégation peut avoir lieu dans la hauteur
complète de l’échantillon, triant les grains par taille et/ou par masse volumique. Cependant, ce
152
Chapitre V : Ressuage localisé
type de ségrégation est causé par d’autres phénomènes indépendants du ressuage [de Larrrard
1998].
Revenons au cas du ressuage localisé. Comme cela est observé, une grande quantité
d’eau, arrive à la surface du béton en empruntant des tunnels. Ceux-ci sont assez
généralement situés sur le pourtour de la surface, près des bords. On voit alors, dans certains
cas, une sorte de bouillonnement local d’où sort une sorte de crème (coulis peu dense). La
présence des canaux plutôt en périphérie du coffrage semble logique. En effet, « l’effet de
paroi » des gravillons contre le coffrage, décrit par de Larrard [de Larrard 1998], réduit
localement leur proportion dans le mélange. Le mélange granulaire est donc localement moins
compact. La perméabilité initiale est, par conséquent, plus élevée en périphérie.
Enfin, un point commun relevé sur les différents essais ayant présenté une localisation
est la cinétique de formation des canaux. Ceux-ci commencent à se former généralement entre
¼ et ½ heure après coulage systématiquement. Leur formation est très rapide : elle ne dure pas
plus d’un quart d’heure. Par la suite, ces canaux n’évoluent plus et le ressuage diminue
graduellement (figure V.5). Le délai de démarrage de la localisation a été mesuré par Loh et
al. sur pâte de ciment et mortiers[Loh et al. 1998]. Selon ces auteurs, plus la dilution est
importante, plus le phénomène commence tôt.
On peut penser qu’à ce stade, l’eau excédentaire suit une trajectoire de percolation
moins rectiligne que la verticale (figure V.6). Son chemin à parcourir à travers un matériau
dense étant plus court, le débit de ressuage est donc plus rapide. Si l’on suppose que ni la
compressibilité, ni le vieillissement du matériau ne sont changés par les canaux,
l’augmentation de vitesse conduit à une augmentation d’amplitude conséquente (figure V.6).
153
L. JOSSERAND - Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
La localisation n’a jamais été observée, lors de la thèse, sur des éprouvettes de hauteur
inférieure à 20 cm. Ce phénomène n’apparaît que pour des hauteurs importantes. Les deux
essais conduits lors de la thèse dans une éprouvette de 3 m ont localisé. Environ 50 % de ceux
conduits dans une hauteur de 1 m ont aussi localisé.
Cet effet de la hauteur a été observé à maintes reprises lors de notre étude et confirme
les remarques faites par Gaccio [Giaccio & Giovambattista 1986]. Celui-ci, pour une formule
de béton donnée n’a pas observé de localisation sur des éprouvettes ASTM C232 (hauteur
réduite). En revanche, ce même béton a présenté une localisation dans des coffrages de 2 à 3
mètres de hauteur. Nous avons fait exactement les mêmes constatations lors de l’étude du
ressuage de la formule LJter1 qui s’est déroulée au LCPC (voire chapitre IV.5) (figure V.7).
Figure V.7 : Ressuage selon la hauteur du moule pour l’essai LJter1 réalisé au LCPC
On peut penser que la vitesse initiale de ressuage joue un grand rôle dans l’initiation
de ce phénomène. Un béton présentant une vitesse de ressuage élevée (mesurable dans une
éprouvette de faible hauteur) aura naturellement un risque de localisation plus fort.
Expérimentalement, lors d’essais au LCPC de Nantes, les deux bétons testés (LJter1 et
LJter2) ont présenté une localisation sur l’éprouvette de 3 m de hauteur. La vitesse de
ressuage homogène la plus faible des deux essais a été trouvée égale à 0,012 mm.min-1 .
Gaccio [Giaccio & Giovambattista 1986] a proposé une borne de 0,06 mm.min-1 pour définir
154
Chapitre V : Ressuage localisé
le risque de localisation. Cette borne doit donc éventuellement être revue à la baisse selon le
béton considéré, sa hauteur de coulage, …
V.2.3. Granulométrie
La première série d’essai (LJ) fut effectuée à dosage en eau variable avec un sable
légèrement creux (son passant à 160 µm est de 2,8%). La granulométrie de la formule
présente alors une quasi-absence de grains entre 80 et 160 µm. La localisation fut claire avec
un dosage à 207 litres d’eau (figure V.10). L’ajout d’un sablon correcteur, dont le module de
finesse est égal à 0,75 ici, dans la seconde série (LJbis) permet alors de repousser ce dosage
en eau critique au-delà de 220 litres.
Figure V.10 : Vitesse initiale de ressuage pour les deux séries d’essai (H = 32 cm)
Notons ici que l’ajout de sablon correcteur ne modifie pas véritablement la vitesse de
ressuage (ce qui correspond bien à la logique décrite par le modèle de perméabilité présenté
dans la partie IV.3).
155
L. JOSSERAND - Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
156
Chapitre VI : Conclusions générales
CHAPITRE VI
CONCLUSIONS GENERALES
« Les sots admirent et aiment les opinions qu’ils ont à chercher sous des termes mystérieux. »
Ce mémoire résume une recherche menée dans le laboratoire génie civil de l’ESEM
(Ecole Supérieure de l’Energie et des Matériaux). L’objectif initial était de cerner
qualitativement les paramètres qui influencent sur le ressuage et, dans la mesure du possible
prévoir quantitativement cette influence. L’objectif à long terme est définir théoriquement,
pour une formule donnée, un niveau de sévérité du ressuage.
Si ce lien entre formulation et ressuage n’avait pas été fait, c’est en grande partie par
manque d’un dispositif pratique et fiable de mesure de celui-ci. D’un autre coté, la présence
d’effets d’échelle, l’influence du malaxage et de la température font que ce lien est dépendant
des conditions dans lesquelles se déroule l’essai.
159
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
formulation, c’est l’effet d’échelle, régit par la hauteur du coffrage, qui semble le plus
important. La mise en évidence et la prédiction de cet effet peut ainsi permettre de reproduire
en partie en laboratoire les effets qui ont lieu sur chantier.
Enfin, nous avons proposé deux méthodes de mesure du ressuage. L’une par
prélèvement d’eau après avoir tracé des sillons à la surface du matériau, l’autre par mesure du
tassement du squelette granulaire au moyen d’un télémètre laser. Nous avons, de plus, mis au
point un appareillage spécifique destiné à mesurer à la fois la loi de comportement du
squelette granulaire et sa perméabilité. La première méthode de mesure du ressuage permet le
tracé de la courbe de débit d’eau ressuée en fonction du temps, courbe qui s’avère très riche
en informations.
Nous avons mis en évidence la présence d’un effet vieillissant que nous prenons en
compte à travers un temps caractéristique Tχ . Ce paramètre macroscopique est représentatif
de l’évolution physico-chimique du matériau. La connaissance de cette valeur permet une
comparaison qualitative entre matériaux. Cela permet, par exemple, de visualiser l’effet
microscopique d’un adjuvant dans la période dormante du béton.
160
Chapitre VI : Conclusions générales
La porte est ainsi ouverte pour la prise en compte de l’effet du ressuage dans d’autres
phénomènes comme le développement de la résistance mécanique [Lecomte et al. 2001], la
diffusivité des agents agressifs ou l’esthétique du parement. La prévision de la vitesse initiale
de ressuage peut permettre aussi un classement a priori des bétons en termes de pompabilité
[Kaplan 2001].
Aspect expérimental :
Nous avons proposé un protocole de mesure du ressuage par prélèvement d’eau dans
des sillons préalablement tracés. Le modèle proposé permet, pour toute étude une certaine
souplesse :
Ö il est possible de remplacer les gravillons par une masse équivalente de sable. La vitesse
initiale du ressuage sera, en principe, inchangée. Par contre, l’amplitude finale sera modifiée.
Cela dit, si seule la vitesse de ressuage apparaît comme être le paramètre critique pour les
propriétés du matériau, la connaissance de l’amplitude n’est pas nécessaire. Dans ce cas, la
mesure du ressuage sur béton devient inutile ;
Ö dans le cas d’une étude sur matériau trop fluide, le dosage en eau peut être réduit pour
raison pratique. Le résultat de la mesure pourra alors ensuite être corrigé par le modèle. Les
essais conduits au LCPC de Nantes, décrits en IV.5, le montrent ;
Ö des essais simultanés sur 3 hauteurs différentes permettent de définir avec certitude si le
ressuage est homogène ou localisé. La connaissance du risque de localisation que présente
une formulation est, pour le professionnel, une information importante. Plus encore, des essais
simultanés dans un nombre conséquent de moules de différentes hauteurs permettent
d’identifier la hauteur critique au-delà de laquelle le ressuage localise. Si la hauteur de
coulage en une passe sur chantier dépasse cette hauteur critique, le professionnel a toutes les
chances d’obtenir les différentes pathologies liées à la localisation du ressuage (mauvais
parement, mauvaise résistance).
161
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
L’influence de l’air occlus est abordée dans ce rapport. Une modélisation de cet effet
est proposée au prix d’hypothèses qui doivent être vérifiée expérimentalement. La vérification
expérimentale semble assez lourde à mener et n’a pas pu être réalisée dans cette thèse. Si les
hypothèses formulées se vérifient, une implantation numérique d’un modèle prenant en
compte non seulement l’effet vieillissant mais aussi l’effet de l’air occlus pourrait alors être
menée.
162
Chapitre VII : Références bibliographiques
CHAPITRE VII
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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[Maggion et al. 1996] MAGGION R., BONNAMY S., LEVITZ P., VAN DAMME H.
: « A scaling model of the microstructural evolution in C3S / C-S-H pastes. », H. Jennings et
al. (eds.) , The modelling of microstructure and its potential for studying transport properties
and durability, pp 137 – 155
[Mansoutre et al. 1999] MANSOUTRE S., COLOMBET P., VAN DAMME H. : « Water
retention and granular rheological behavior of fresh C3S paste as a function of
concentration. », Cement and concrete research n°29, may 1999, pp 1441-1453
[Nehdi et al. 1998] NEHDI H.M., MINDNESS M., AITCIN C.M. : « Rheology of
high performance concrete : effect of ultrafine particles. », Cement and concrete research,
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[Nicolay 1990] NICOLAY J. : « Testing of cement, cement paste and conrete, including
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[Powers 1968] POWER T.C. : « The properties of fresh concrete. », J. Wiley & Sons,
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[Sawaide & Iketani 1992] SAWAIDE M., IKETANI J. : «Rheological analysis of the
behavior of bleed water from freshly cast mortar and concrete. »,A.C.I. Materials Journal, Vol
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166
Chapitre VII : Références bibliographiques
[Schiessl & Weber 1992] SCHIESSL P., WEBER J.W. : « Bleeding of concrete. »
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[Suhr & Schöner 1990] SUHR S., SCHÖNER W. : « Bleeding of cement paste. »,
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[Tan et al. 1997] TAN T.S., LOH C.K., YONG K.Y., WEE T.H. : « Modelling of
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[Tan et al. 1987] TAN T.S., WEE T.H., TAN S.A., TAM C.T., LEE S.L. : « A
consolidation model for bleeding of cement paste. », Advances in cement research, 1987, 1,
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[Tanaka et al. 1999] TANAKA I., SUZUKI N., ONO Y., KOISHI M. : « A comparison
of the fluidity of spherical cement with that of broad cement and a study of the properties of
fresh concrete using spherical cement. », Cement and Concrete research n°29, 1999 pp 553-
560
[Wainright & Ait Aider 1995] WAINRIGHT P.J. , AIT AIDER H. : « The influence of
cement source and slag additions on the bleeding of concrete. », Cement and concrete research
vol 25 n°7 pp 1445-1456
[Wainright & Rey 2000] WAINRIGHT P.J. , REY N. : « The influence of ground
granulated blastfurnace slag (GGBS) additions and time delay on the bleeding of concrete. »,
Cement and concrete research vol 22, 2000, pp 253-257
[Yang & Jennings 1996] YANG M., JENNINGS H.M. : « Theorical and experimental
investigations of sedimentation. », Advanced Cement Based Matérial, juin 96.
167
L.JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Annexe C : Expérimentations
- Formules des mélanges (dosages en kilo par m3 de matériau)
- Air occlus, affaissement et vitesse initiale de ressuage (VIR)
expérimentaux
- Compacité, surface volumique, perméabilité et VIR théoriques
- Erreur relative sur la prévision de la vitesse initiale de ressuage
168
- Annexe A : Caractéristiques des matériaux -
Tamisâts cumulés en %
Diamètre en micron
0,63 0,3 0 0 0 1
0,8 0,8 0 0 0 2,5
1 1,5 10 0 0,5 4
1,25 2,5 11 1,1 1,0 6
1,6 3,8 13 5,5 2,2 9
2 5,1 16 10,5 3,8 12
2,5 6,6 18 14,9 6,1 16
3,15 8,6 20 18,2 9,0 20
4 11,5 23 21,2 12,9 25
5 15,3 25 25,0 17,1 30,5
6,3 20,6 29 30,2 23,0 36
8 27,5 34 36,0 29,0 42
10 35,2 40 41,1 37,6 48
12,5 43,7 48 47,3 45,2 56
16 53,9 60 56,3 55,5 62
20 63,7 70 65,6 64,2 68
25 73,7 82 75,3 72 75
31,5 83,2 92 85,1 80 79
40 91,2 96 93,2 88 84
50 96,4 100 97,6 95 89
63 99,1 100 99,1 99 95
80 99,9 100 99,9 100 98
100 100 100 100 100 100
169
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Sables :
Nom S1 S2 S3 S4 S5
d/D 0/4 0/2,5 0/4 0/0,5 0/4
MVR [kg.m-3] 2650 2640 2650 2640 2610
Carrière SANDILLON SANDILLON JARGEAU ? CHARPENTIER
2 -1
SS Calculée [m .kg ] 4,9 5,5 5,2 * 15,8 5,2
Alphabar 1,15 1,1 1,04 1,06* 1,06*
Absorption [%] 0,8% 0,8% 0,8% n.m. 0,7%
Compacité propre 0,800 0,784 n.m. 0,588 0,692
Tamisâts cumulés en %
Diamètre en micron
63 0,4 0,5 2,5 1,1
80 0,7 0,8 6,2 1,3
100 3 3,5 14 1,5
125 6 7,0 26 1,8
160 9 10,4 39 2,8
200 11 12,8 57 6
250 14,5 16,8 73 11
315 17,8 20,7 86,4 19,4
400 23 26,7 95,3 31
500 29 33,6 100 44
630 37,1 43,0 100 54
800 45 52,2 100 63
1000 53 61,5 100 70,5
1250 61,9 71,8 100 76,2
1600 72 83,5 100 82
2000 80 92,8 100 87
2500 86,1 99,9 100 90,7
3150 92 100 100 94,2
4000 96,3 100 100 97,7
5000 99,1 100 100 99,8
6300 100 100 100 100
170
- Annexe A : Caractéristiques des matériaux -
Gravillons :
Nom G1 G2 G3 G4 G5
d/D 3,15/8 5/12,5 8/20 6,3/10 10/14
MVR [kg.m-3] 2500 2560 2551 2600 * 2600 *
Carrière SANDILLON SANDILLON SANDILLON PONTREAUX PONTREAUX
SS Calculée 0,57 0,29 0,20 0,30 0,19
alphabar 1,09 1,12 1,06 1,06* 1,06*
Absorption [%] 1,0% 1,0% 1,1% n.m. n.m.
Compacité propre 0,725 0,703 0,669 0,647 0,676
Tamisâts cumulés en %
Diamètre en mm
0,63 0 0 0 0 0
0,8 1 0 0 0 0
1 1 0 0 0 0
1,25 2 0 0 0 0
1,6 3 0 0 0 0
2 5 0,4 0 0 0
2,5 7 0,8 0 0,7 0
3,15 12 1,6 0 1,3 0
4 22 2,2 0 2,1 0,6
5 44 3 1,4 5 1
6,3 79 6,5 3,6 13 1,5
8 94 32,3 8,3 54 3,7
10 99 71 23,2 88,3 11
12,5 100 98,6 47,6 98 60
16 100 100 73,5 100 94
20 100 100 95,8 100 100
25 100 100 99,6 100 100
31,5 100 100 100 100 100
171
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Le protocole suivant est identique pour mortier et béton. La salle dans laquelle s’effectue
l’essai doit être régulée en température et humidité. Une température constante de 20°C est
conseillée, une hygrométrie au moins égale à 50% est aussi conseillée. L’important est que la
vitesse d’évaporation doit rester constante, si possible à une valeur faible.
MATERIEL NECESSAIRE
Mesurer précisément les diamètres et hauteurs des moules (si ce n’est déjà fait). Mettre un peu
d’eau dans le fond des béchers. A la fin du malaxage, le chronomètre est mis en route. Il ne sera
plus touché avant la fin des essais.
MISE EN PLACE
Verser le matériau dans le moule de plus grande hauteur en au moins trois couches, chacune
vibrée si nécessaire. Dans le cas de hauteurs importantes, on augmentera le nombre de couches de
manière à serrer le matériau le mieux possible. Le matériau ne sera pas arasé. La surface de
celui-ci devra être à 1 ou 2 cm sous le niveau maximal.
Placer ce premier moule rempli sur la balance précise au dixième. Noter immédiatement le temps
écoulé au chronomètre ainsi que la masse du bécher sur la balance au 100ième . Par la suite, le
moule ne devra pas subir de mouvements.
* Le choix conseillé serait trois moules PVC étanches de diamètre 94 mm et de hauteur 150,
300 et 500 mm
176
- Annexe B : Protocole de mesure du ressuage -
Tracer immédiatement des sillons sur la surface du mortier. Ces sillons ont pour point bas le
centre de la surface. Dans le cas de grandes surfaces, on créera des ramifications. Estimer la
hauteur totale du mortier. Faire la tare de la balance sur laquelle est posé le moule puis couvrir
ensuite avec la plaque de caoutchouc.
Remplir le moule de hauteur moyenne en serrant le mortier de la même manière que pour le
premier moule. Poser ce moule à côté de la balance (on n’utilise la double pesée que pour le
moule de grande hauteur). Noter immédiatement le temps écoulé depuis la fin de malaxage et la
masse du bécher correspondant à ce moule. Tracer les sillons puis couvrir.
DEROULEMENT DE L’ESSAI
Remettre immédiatement la plaque pour couvrir le moule. Toutes ces opérations ne doivent pas
occasionner de vibrations. Procéder de même, à la suite avec les 2 autres moules.
Prendre régulièrement des mesures jusqu’à l’arrêt du ressuage. Cet arrêt est défini lorsque l’on ne
peut plus mesurer d’eau ressuée et que l’on obtient une surface du matériau mate. L’intervalle de
mesures sera choisi de façon à ce que la différence de ressuage mesurée entre deux mesures
successives soit inférieure au dixième du ressuage maximum.
177
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
178
- Annexe B : Protocole de mesure du ressuage -
179
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
184
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
192
- Annexe D : Résultats expérimentaux -
197
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Cso=exp((Fc-Fo)/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs(phi0)
T(1)=0 ; % initialisation des variables
delta=0 ; ressu(1)=0 ;
vecteuru=ones(N,1);
compacit(1:N,1)=Fo*vecteuru ; % Quelle que soit l'altitude, le
% béton est initialement homogène
gama=ko*Fo*(ds-1)*vecteuru ;
gama(1)=0;
% Boucle temporelle
for j=2:Nt ;
200
- Annexe E : Programmes numériques -
Cso=exp((Fc-Fo)/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs(phi0)
T(1)=0 ; % initialisation des variables
precis=0.000001 ; % valeur de limite de la précision recherchée
for i=1:N
compacit(i,1)=Fo ;
dphi(i)=(N-i)*0.0001 ;
end ;
% Boucle temporelle
for j=2:Nt
% Calcul de F1(phi1)
for i=2:N
Kfi=ko*(1-b*(phi1(i)-Fo))*phi1(i); % =K*phi
Csi=exp((Fc-phi1(i))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
gama(i)=Kfi*(ds-1) ;
gama(i)=gama(i)+Kfi*(phi1(i)-phi1(i-1))/gw/Csi/Da ;
end ;
gama(1)=0;
for i=1:N-1
F1(i)=(1/phi1(i)-1/compacit(i,j-1))/Dt+(gama(i+1)-gama(i))/Da ;
end ;
res1=max(abs(F1));
% Calcul de F2(phi2)
for i=2:N
Kfi= ko*(1-b*(phi2(i)-Fo))*phi2(i); % =K*phi
Csi=exp((Fc-phi2(i))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
gama(i)=Kfi*(ds-1) ;
gama(i)=gama(i)+Kfi*(phi2(i)-phi2(i-1))/gw/Csi/Da ;
201
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
end ;
gama(2)=0;
for i=1:N-1
F2(i)=(1/phi2(i)-1/compacit(i,j-1))/Dt+(gama(i+1)-gama(i))/Da ;
end ;
res2=max(abs(F2));
% boucle d’itération
while [residu>precis, iter<20]
iter=iter+1;
% Calcul de phi3
for i=1:N-1
if phi1(i)==phi2(i)
phi3(i)=phi1(i);
else if F1(i)==F2(i)
phi3(i)=phi1(i);
else phi3(i)=(F1(i)*phi2(i)-F2(i)*phi1(i))/(F1(i)-F2(i));
end
end ;
phi3(N)=Fo ;
% Calcul de F3(phi3)
for i=2:N
Kfi= ko*(1-b*(phi3(i)-Fo))*phi3(i); % =K*phi
Csi=exp((Fc-phi3(i))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
gama(i)=Kfi*(ds-1) ;
gama(i)=gama(i)+Kfi*(phi3(i)-phi3(i-1))/gw/Csi/Da ;
end ;
gama(1)=0;
for i=1:N-1
F3(i)=(1/phi3(i)-1/compacit(i,j-1))/Dt+(gama(i+1)-gama(i))/Da ;
end ;
end ;
for i=1:N-1
compacit(i,j)=phi3(i);
end ;
compacit(N,j)=Fo;
202
- Annexe E : Programmes numériques -
Cso=exp((Fc-Fo)/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs(phi0)
for i=1:N % initialisation des variables
compacit(i,1)=Fo ; Vl(i,1)=0 ;
gama(i)=ko*Fo*(ds-1) ;
end ;
gama(1)=0 ; T(1)=0 ;
% Boucle temporelle
for j=2:Nt ;
% Détermination de la compacité
for i=1:N-1 ;
compacit(i,j)=1/(1/compacit(i,j-1)-(gama(i+1)-gama(i))*Dt/Da) ;
compacit(N,j)=Fo;
end
% Détermination du vieillissement
for i=1:N ;
Csi=exp((Fc-compacit(i,j))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
Vl(i,j)=Vl(i,j-1)+exp(T(j)/Tx)*(compacit(i,j)-compacit(i,j-1))/Csi ;
end
203
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
end
ressu(j)=delta/H ;
end
Cso=exp((Fc-Fo)/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs(phi0)
for i=1:N % initialisation des variables
compacit(i,1)=Fo ; Vl(i,1)=0 ;
dphi(i)=(N-i)*0.0001 ;
end ;
T(1)=0 ;
% Boucle temporelle
for j=2:Nt
% Calcul de F1(phi1)
for i=1:N ;
Csi=exp((Fc-phi1(i))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
Vl(i,j)=Vl(i,j-1)+exp(T(j)/Tx)*(phi1(i)-compacit(i,j-1))/Csi ;
end
for i=2:N
Kfi=ko*(1-b*(phi1(i)-Fo))*phi1(i); % =K*phi
gama(i)=Kfi*(ds-1) ;
gama(i)=gama(i)+Kfi*(Vl(i,j)-Vl(i-1,j))/gw/Da ;
end ;
gama(1)=0;
for i=1:N-1
204
- Annexe E : Programmes numériques -
F1(i)=(1/phi1(i)-1/compacit(i,j-1))/Dt+(gama(i+1)-gama(i))/Da ;
end ;
res1=max(abs(F1));
% Calcul de F2(phi2)
for i=1:N ;
Csi=exp((Fc-phi2(i))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
Vl(i,j)=Vl(i,j-1)+exp(T(j)/Tx)*(phi2(i)-compacit(i,j-1))/Csi ;
end
for i=2:N ;
Kfi=ko*(1-b*(phi2(i)-Fo))*phi2(i); % =K*phi
gama(i)=Kfi*(ds-1) ;
gama(i)=gama(i)+Kfi*(Vl(i,j)-Vl(i-1,j))/gw/Da ;
end
gama(2)=0;
for i=1:N-1
F2(i)=(1/phi2(i)-1/compacit(i,j-1))/Dt+(gama(i+1)-gama(i))/Da ;
end ;
res2=max(abs(F2));
% boucle d’itération
while [residu>precis, iter<20]
iter=iter+1;
% Calcul de phi3
for i=1:N-1
if phi1(i)==phi2(i)
phi3(i)=phi1(i);
else if F1(i)==F2(i) phi3(i)=phi1(i);
else phi3(i)=(F1(i)*phi2(i)-F2(i)*phi1(i))/(F1(i)-F2(i));
end
end
end ;
phi3(N)=Fo ;
% Calcul de F3(phi3)
for i=1:N ;
Csi=exp((Fc-phi3(i))/lambda)*1E-5*lambda ; % =Cs
Vl(i,j)=Vl(i,j-1)+exp(T(j)/Tx)*(phi3(i)-compacit(i,j-1))/Csi ;
end
for i=2:N
Kfi=ko*(1-b*(phi3(i)-Fo))*phi3(i); % =K*phi
gama(i)=Kfi*(ds-1) ;
gama(i)=gama(i)+Kfi*(Vl(i,j)-Vl(i-1,j))/gw/Da ;
end ;
gama(1)=0;
for i=1:N-1
F3(i)=(1/phi3(i)-1/compacit(i,j-1))/Dt+(gama(i+1)-gama(i))/Da ;
end ;
205
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
res1=residu ;
else
phi2=phi3;
F2=F3;
res2=residu ;
end
end ;
for i=1:N-1
compacit(i,j)=phi3(i);
end ;
compacit(N,j)=Fo;
206
- Annexe G : Résumé à l’usage des programmeurs -
NOTATIONS UTILISEES
Notations latines :
a : Hauteur solide [ m ]
aij : Coefficient de desserrement (modèle d’empilement compressible) [ / ]
b : Coefficient d’influence de la compacité sur la perméabilité au premier ordre [ / ]
bij : Coefficient de paroi (modèle d’empilement compressible) [ / ]
C : Masse de ciment par unité volumique de béton [ kg ]
c : Coefficient d’influence du temps sur la perméabilité au premier ordre [ / ]
Ca : Compressibilité de l’air occlus [ Pa-1 ]
CS : Compressibilité du squelette granulaire [ Pa-1 ]
cS : Compressibilité adimensionnelle du squelette granulaire [ / ]
D : Diamètre de la colonne cylindrique de béton [m]
di : Diamètre de la classe granulaire i [m]
dS : Densité moyenne des grains solides [ / ]
E : Masse d’eau par unité volumique de béton [ kg ]
e : Indice des vides du squelette granulaire [ / ]
Er : Hauteur d’eau ressuée [ m ]
Er∞ : Perte d’eau [ % ]
G : Masse de gravillon par unité volumique de béton [ kg ]
g : Accélération de la pesanteur [ m.s-2 ]
H : Hauteur de la colonne de béton [ m ]
h : Charge du fluide [ m ]
Is : Indice de serrage du modèle d’empilement compressible
K : Perméabilité du squelette granulaire [m.s-1 ]
k : Perméabilité relative [ m2 ]
kC : Constante de KOZENY [ / ]
MVR : Masse volumique réelle [kg.m-3 ]
N : Nombre de couche de discrétisation [ / ]
p : Variable de pression [Pa ]
p(di) : passant cumulé à travers le crible de maille di [/]
q : Diamètre hydrodynamique [ m ]
S : Masse de sable par unité volumique de béton [ kg ]
Sb : Surface spécifique correspondant à l’enveloppe des grains pris comme billes
[m2.m-3 ]
t : Variable temporelle [ s ]
T : Température du béton [°C ]
TS : Temps caractéristique de la consolidation [ s ]
207
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Notations grecques :
208
- Annexe G : Résumé à l’usage des programmeurs -
Données nécessaires :
- par matériau :
granulométrie p (di) (passant = fonction du diamètre) ;
6 6 p(d i ) + p(d i +1 )
surface volumique obtenue par Σ b = ∑ − . ;
i d
i d i +1 2
MVR, α , Abs (absorption).
- pour la formulation :
les teneurs massiques des matériaux yi pour 1 m3 de béton ;
Eau totale Et ;
Température de service T (°C).
0,368.FA − 0,0988.CA
Ψ = (1 + 0,882. pl + 0,0683.sp − 0,00222.SL ). [/]
100
1
- Densité moyenne des grains secs : dS = [/]
1000.Vimb
- Surface volumique : Σ b = d s .∑ Vimb .Σ bi [m-1]
i
- viscosité de l’eau : ( )
η (T°) = 0,21 + 1,51. exp −0, 03.T .10 −3 [Pa.s]
Vimb .(1 − Ψ )
- Compacité : Φ= [/]
(Vimb + Et − Eab )
209
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
3° ) calcul de la perméabilité
3
α i .yi
1 − Ψ − ∑
9810 i MVRi .Vimb
K= . [m.s-1]
η 5.(Φ.Σ b )
2
4° ) calcul de VIR
V IR = K .[Φ.(d S − 1) − Ψ ] [m.s-1]
210
- Annexe G : Résumé à l’usage des programmeurs -
Données nécessaires :
- par matériau :
granulométrie p (di) (passant = fonction du diamètre) ;
compacité propres β i des classes granulométriques du matériau
6 6 p(d i ) + p(d i +1 )
surface volumique obtenue par Σ b = ∑ − . ;
i d
i d i +1 2
Masse volumique réelle MVR, coefficient d’absorption Abs.
- pour la formulation :
les teneurs massiques des matériaux yi pour 1 m3 de béton ;
Eau totale Et ;
Hauteur du moule H.
1
- Densité moyenne des grains secs : dS =
1000.Vimb
- Surface volumique : Σ b = d s .∑ Vimb .Σ bi
i
Vimb .(1 − Ψ )
- Compacité initiale : Φ0 =
(Vimb + Et − Eab)
Σb
- coefficient λ : λ= + 0,005
55.10 6
- Compacité Φ* : utilisation du M.E.C. avec Is = 9
- Compacité Φ C : Φ C = [6,71. ln (Σ b ) − 90,9].λ + 1,04.Φ *
Φ C −Φ 0
λ
- Compressibilité initiale : Cs 0 = λ.10 . exp−5
γ .Cs 0 .Φ 0 .(d S − 1)
- Coefficient A : A= W
λ
λ 1 − exp − A. H
- Amplitude du ressuage : ∆H = . H −
Φ0 A
211
- Annexe G : Notations -
NOTATIONS UTILISEES
Notations latines :
a : Hauteur solide [ m ]
aij : Coefficient de desserrement (modèle de De Larrard) [ / ]
b : Coefficient d’influence de la compacité sur la perméabilité au premier ordre [ / ]
bij : Coefficient de paroi (modèle de De Larrard) [ / ]
C : Masse de ciment par unité volumique de béton [ kg ]
c : Coefficient d’influence du temps sur la perméabilité au premier ordre [ / ]
Ca : Compressibilité de l’air occlus [ Pa-1 ]
CS : Compressibilité du squelette granulaire [ Pa-1 ]
cS : Compressibilité adimensionnelle du squelette granulaire [ / ]
D : Diamètre de la colonne cylindrique de béton [m]
di : Diamètre de la classe granulaire i [m]
dS : Densité moyenne des grains solides [ / ]
E : Masse d’eau par unité volumique de béton [ kg ]
e : Indice des vides du squelette granulaire [ / ]
Er : Hauteur d’eau ressuée [ m ]
Er∞ : Perte d’eau [ % ]
G : Masse de gravillon par unité volumique de béton [ kg ]
g : Accélération de la pesanteur [ m.s-2 ]
H : Hauteur de la colonne de béton [ m ]
h : Charge du fluide [ m ]
Is : Indice de serrage du modèle d’empilement compressible
K : Perméabilité du squelette granulaire [m.s-1 ]
k : Perméabilité relative [ m2 ]
kC : Constante de KOZENY [ / ]
MVR : Masse volumique réelle [kg.m-3 ]
N : Nombre de couche de discrétisation [ / ]
p : Variable de pression [Pa ]
p(di) : passant cumulé à travers le crible de maille di [/]
q : Diamètre hydrodynamique [ m ]
S : Masse de sable par unité volumique de béton [ kg ]
Sb : Surface spécifique correspondant à l’enveloppe des grains pris comme billes
[m2.m-3 ]
t : Variable temporelle [ s ]
T : Température du béton [°C ]
TS : Temps caractéristique de la consolidation [ s ]
191
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Notations grecques :
192
- Annexe G : Notations -
Données nécessaires :
- par matériau :
granulométrie p (di) (passant = fonction du diamètre) ;
6 6 p(d i ) + p(d i +1 )
surface volumique obtenue par Σ b = ∑ − . ;
d i d i +1
i 2
MVR, α , Abs (absorption).
- pour la formulation :
les teneurs massiques des matériaux yi pour 1 m3 de béton ;
Eau totale Et ;
Température de service T (°C).
1
- Densité moyenne des grains secs : dS = [/]
1000.Vimb
- Surface volumique : Σ b = d s .∑ Vimb .Σ bi [m-1]
i
− viscosité de l’eau : (
η (T°) = 0,21 + 1,51. exp −0, 03.T .10 −3 ) [Pa.s]
- fraction d’eau absorbée : Eab = ∑ y . Abs
i
i i [/]
Vimb .(1 − Ψ )
- Compacité : Φ= [/]
(Vimb + Et − Eab )
3° ) calcul de la perméabilité
3
α i .yi
1 − Ψ − ∑
9810 i MVRi .Vimb
K= . [m.s-1]
η 5.(Φ.Σ b )
2
4° ) calcul de VIR
193
L. JOSSERAND – Thèse de Doctorat Ressuage des bétons hydrauliques
Données nécessaires :
- par matériau :
granulométrie p (di) (passant = fonction du diamètre) ;
compacité propres β i des classes granulométriques du matériau
6 6 p(d i ) + p(d i +1 )
surface volumique obtenue par Σ b = ∑ − . ;
i d
i d i +1 2
Masse volumique réelle MVR, coefficient d’absorption Abs.
- pour la formulation :
les teneurs massiques des matériaux yi pour 1 m3 de béton ;
Eau totale Et ;
Hauteur du moule H.
1
- Densité moyenne des grains secs : dS = [/]
1000.Vimb
- Surface volumique : Σ b = d s .∑ Vimb .Σ bi [m-1]
i
Vimb .(1 − Ψ )
- Compacité initiale : Φ0 = [/]
(Vimb + Et − Eab)
Σb
- coefficient λ : λ= + 0,005 [/]
55.10 6
- Compacité Φ* : utilisation du M.E.C. avec Is = 9 [/]
- Compacité Φ C : Φ C = [6,71. ln (Σ b ) − 90,9].λ + 1,04.Φ * [/]
Φ C −Φ 0
- Compressibilité initiale : Cs 0 = λ.10 . exp−5 λ
[Pa-1]
γ .Cs 0 .Φ 0 .(d S − 1)
- Coefficient A : A= W [m-1]
λ
λ 1 − exp − A. H
- Amplitude du ressuage : ∆H = . H − [m]
Φ0 A
194
RESSUAGE DES BETONS HYDRAULIQUES
RESUME :
Le ressuage des bétons hydrauliques correspond à l’apparition d’une pellicule d’eau claire à la
surface du béton, dans les premières heures après le coulage. Le niveau de ressuage obtenu
conditionne la qualité du matériau à l’état frais (pompabilité, cassures du béton frais, auto-
cure, portance à court terme…) comme à l’état durci (résistance, durabilité, aspect du
parement).
Il apparaît que le ressuage correspond à une consolidation du matériau granulaire sous son
poids propre. Une amélioration de la modélisation de ce phénomène décrit par TOORMAN
est proposée, prenant en compte la diminution dans le temps de la compressibilité du squelette
granulaire. Cette prise en compte permet une description correcte des effets d’échelle
rencontrés sur l’amplitude du phénomène. D’un autre côté, la compressibilité du squelette
granulaire est appréhendée par la mise au point d’un oedomètre-perméamètre.
En revanche, concernant le débit initial d’eau ressuée, aucun effet d’échelle n’est relevé sauf
dans le cas de formation de chenaux verticaux d’écoulement. Une adaptation du modèle de
KOZENY-CARMAN est proposée pour la prévision de ce débit. Le modèle est alors validé
sur 53 formules contenant principalement des bétons et des mortiers. Il pourra constituer dans
l’avenir un outil intéressant pour la formulation de béton.
Mots clefs :
Ecole Supérieure de l’Energie et des Matériaux - 8 rue léonard de Vinci - 45072 ORLEANS Cedex 2
BLEEDING OF CONCRETE
SUMMARY :
The bleeding of concrete is an upward displacement of water which leads to the appearance of
a layer of clear water at its top surface. A severe bleeding may impair the final quality of fresh
concrete (pumpability, differential settling, self-curing, short term bearing capacity …) as for
the hardened concrete (strength, durability, aesthetics of the concrete surface).
The aim of this work is to understand the phenomenon and to propose a mathematical model,
linking bleeding properties with concrete mix-design. We also studied the effect of external
parameters like scale effect, temperature and mixing energy. A new experimental method for
bleeding measurement was proposed for these studies. This method consists in making tracks
on the top layer of the concrete sample and sucking the water from these tracks.
Bleeding seems to originate in the self-weight consolidation of the granular skeleton. On the
basis of TOORMAN’s model, we took into account the decrease of the granular
compressibility against time. This new model allows us to predict correctly the scale effect we
experimentally observed on bleeding capacity. On the other hand, we designed a special
odometer to study the compressibility of the granular skeleton. This odometer allows us to
measure the permeability of the concrete under stress.
We did not observe a scale effect on the initial bleeding rate except in the case of channelling.
The KOZENY-CARMAN’s model was adapted to concrete. This new model was tested with
53 different mix-compositions of concrete, mortar and slurries. This model can be an
interesting tool for the sake of good quality mixes.
Keywords :
Ecole Supérieure de l’Energie et des Matériaux - 8 rue léonard de Vinci - 45072 ORLEANS Cedex 2
RESUME : « RESSUAGE DES BETONS HYDRAULIQUES »
Le ressuage des bétons hydrauliques correspond à l’apparition d’une pellicule d’eau claire à la
surface du béton, dans les premières heures après le coulage. Le niveau de ressuage obtenu
conditionne la qualité du matériau à l’état frais (pompabilité, cassures du béton frais, auto-cure,
portance à court terme…) comme à l’état durci (résistance, durabilité, aspect du parement).
Le travail présenté dans ce document a pour objectif de comprendre le phénomène, de le modéliser et
de le relier à la formulation du matériau. Toutefois, l’effet de paramètres extérieurs à la formulation a
aussi été étudié (effet d’échelle, température, qualité du malaxage). Ces études ont nécessité le
développement d’un protocole expérimental de mesure du ressuage. Celui-ci consiste à prélever l’eau
ressuée dans des sillons préalablement tracés à la surface du béton. Ce protocole a été validé par des
essais de répétabilité.
Il apparaît que le ressuage correspond à une consolidation du matériau granulaire sous son poids
propre. Une amélioration de la modélisation de ce phénomène décrit par TOORMAN est proposée,
prenant en compte la diminution dans le temps de la compressibilité du squelette granulaire. Cette
prise en compte permet une description correcte des effets d’échelle rencontrés sur l’amplitude du
phénomène. D’un autre côté, la compressibilité du squelette granulaire est appréhendée par la mise au
point d’un oedomètre-perméamètre.
En revanche, concernant le débit initial d’eau ressuée, aucun effet d’échelle n’est relevé sauf dans le
cas de formation de chenaux verticaux d’écoulement. Une adaptation du modèle de KOZENY-
CARMAN est proposée pour la prévision de ce débit. Le modèle est alors validé sur 53 formules
contenant principalement des bétons et des mortiers. Il pourra constituer dans l’avenir un outil
intéressant pour la formulation de béton.
Mots clefs : Ressuage, Béton frais, Sédimentation, Consolidation, Perméabilité, compressibilité, effet
d’échelle.
The bleeding of concrete is an upward displacement of water which leads to the appearance of a layer
of clear water at its top surface. A severe bleeding may impair the final quality of fresh concrete
(pumpability, differential settling, self-curing, short term bearing capacity …) as for the hardened
concrete (strength, durability, aesthetics of the concrete surface).
The aim of this work is to understand the phenomenon and to propose a mathematical model, linking
bleeding properties with concrete mix-design. We also studied the effect of external parameters like
scale effect, temperature and mixing energy. A new experimental method for bleeding measurement
was proposed for these studies. This method consists in making tracks on the top layer of the concrete
sample and sucking the water from these tracks.
Bleeding seems to originate in the self-weight consolidation of the granular skeleton. On the basis of
TOORMAN’s model, we took into account the decrease of the granular compressibility against time.
This new model allows us to predict correctly the scale effect we experimentally observed on bleeding
capacity. On the other hand, we designed a special odometer to study the compressibility of the
granular skeleton. This odometer allows us to measure the permeability of the concrete under stress.
We did not observe a scale effect on the initial bleeding rate except in the case of channelling. The
KOZENY-CARMAN’s model was adapted to concrete. This new model was tested with 53 different
mix-compositions of concrete, mortar and slurries. This model can be an interesting tool for the sake
of good quality mixes.
Keywords :
Polytech’Orléans - Ecole Sup. de l’Energie et des Matériaux - 8 rue léonard de Vinci - 45072 ORLEANS Cedex 2