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 23-455-D-30

Trois analyses céphalométriques usuelles


M. Dumitrache, K. Gabison, A. Atrtchine, C. Chabre

L’analyse céphalométrique est un élément important du diagnostic en orthopédie dentofaciale. Il existe


de nombreuses analyses ; toutes ont des finalités particulières et reflètent les conceptions de leur auteur
sur la croissance faciale et la thérapeutique. Nous exposons par le détail trois analyses parmi les plus
usuelles et les plus utilisées. Ces analyses sont illustrées chacune par leur application à un cas clinique. Il
s’agit des analyses céphalométriques de Ricketts, Delaire et Tweed.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Analyses céphalométriques ; Analyse de Ricketts ; Analyse de Delaire ; Analyse de Tweed

Plan • les analyses structurales, plus récentes et plus ambitieuses, qui


cherchent à déterminer et à expliquer les déséquilibres du crâne
■ Introduction 1 et de la face par la comparaison des différents éléments cranio-
faciaux du sujet étudié avec son idéal théorique.
■ Analyse céphalométrique de Ricketts–Gugino (M. Dumitrache) 1 Nous avons choisi dans cet article de présenter et développer
Introduction 1 trois analyses céphalométriques parmi les plus utilisées. Notre
Analyse céphalométrique de profil 2 choix s’est porté sur :
Analyse céphalométrique de face 3 • l’analyse de Ricketts, à la fois analyse dimensionnelle et typo-
■ Analyse céphalométrique de Delaire (K.Gabison) 5 logique, qui reflète les idées de son auteur sur la croissance
Introduction 5 faciale et les objectifs thérapeutiques d’équilibre dentofacial et
Analyse céphalométrique de profil 5 fonctionnel qui sont les siens ;
Analyse céphalométrique de face 9 • l’analyse de Delaire, sans doute l’analyse structurale la plus uti-
Conclusion 10 lisée, notamment par les chirurgiens et les orthopédistes ; elle
■ Analyse céphalométrique de Tweed (A. Atrtchine) 10 est l’aboutissement des conceptions de son auteur sur le déve-
Introduction 10 loppement et la croissance craniofaciale. Elle étudie les relations
Analyse céphalométrique de profil 11 d’équilibres entre la base du crâne, le complexe maxillaire et la
Conclusion 14 mandibule, et ce dans les trois dimensions de l’espace, et repré-
sente un véritable diagnostic morphologique et étiologique ;
• l’analyse de Tweed, analyse dimensionnelle, très marquée à son
origine par les concepts thérapeutiques de son auteur ; elle a
été par la suite complétée et enrichie de nombreux éléments
descriptifs.
 Introduction
L’analyse céphalométrie est un élément important du diagnos-
tic orthodontique. Elle aide le praticien dans la compréhension  Analyse céphalométrique
de la dysmorphie et le guide dans ses choix thérapeutiques.
Depuis l’origine de la céphalométrie, de nombreuses analyses de Ricketts–Gugino
céphalométriques ont été proposées. Chacune de ces analyses
reflète les conceptions de son auteur concernant la thérapeutique
(M. Dumitrache)
orthodontique, les modalités de croissance, l’équilibre dentaire et
facial recherché. Elles conduisent souvent à des options thérapeu-
Introduction
tiques bien précises. Depuis sa publication originelle en 1957 par R.M. Ricketts,
Classiquement, les analyses céphalométriques sont regroupées l’analyse de profil a été profondément remaniée pour s’éloigner
en trois grandes familles : de plus en plus de l’analyse de Downs dont elle s’était inspirée.
• les analyses typologiques, qui cherchent à déterminer la typo- Rapidement, Ricketts a complété sa méthode d’analyse de pro-
logie faciale de l’individu selon son type de croissance et son fil par une analyse de face [1] et des prévisions de croissance à
équilibre fonctionnel ; court et long terme de profil ainsi qu’une prévision tridimension-
• les analyses dimensionnelles, qui mesurent la position des dif- nelle des résultats thérapeutiques [2] . La forme actuelle de l’analyse
férentes structures de la face par rapport à des points ou/et céphalométrique a été légèrement modifiée par C.F. Gugino.
des lignes supposés stables, pour les comparer à des standards C’est une analyse à la fois dimensionnelle et typologique qui
idéaux ; existe sous deux formes : une forme manuelle simplifiée à dix ou

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 1


Volume 8 > n◦ 4 > novembre 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0860(13)64668-0
23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

• Point selle turcique (S) : centre géométrique de la selle turcique.


• Point basion (Ba) : point le plus inférieur du basioccipital, situé
à la limite antérieure du foramen magnum.
• Point cranial center (CC) : point situé à l’intersection de l’axe
facial point ptérygoïdien (Pt)–Gn avec la ligne Na–Ba. Pour
Ricketts, il est le centre géométrique de rayonnement de la
croissance craniofaciale.

Na Points du massif facial supérieur


• Point infraorbitaire (Or) : point le plus déclive du rebord latéro-
orbitaire.
Pt • Pt : milieu du segment déterminé par le point le plus posté-
Po Or
CC rieur et le point le plus supérieur du foramen shénopalatin. Il
DC correspond à l’image du foramen rond, sortie du nerf maxillaire.
• Point épine nasale antérieure (ENA) : pointe de l’épine nasale
R3 ENA
Ba antérieure.
E
A • Point épine nasale postérieure (ENP) : pointe de l’épine nasale
R2 R1 postérieure, située à l’extrémité du palais osseux à l’aplomb de
Xi
la fente ptérygomaxillaire.
• Point A : point le plus reculé de la concavité alvéolaire maxillaire
R4
antérieure.
Pm
Points mandibulaires
Pog
• Point pogonion (Pog) : point le plus antérieur de la symphyse
Me
Gn ceph
mandibulaire.
• Point superpogonion (Pm) : point situé au changement
d’inflexion du contour antérieur de la symphyse mandibulaire
entre le point le plus reculé du contour alvéolaire antérieur
Figure 1. Points, lignes et plans de l’analyse céphalométrique de
(point B) et le point pogonion. Il est toujours plus proche du
Ricketts de profil. Po : point porion osseux ; Pt : point ptérygoïdien ; Or :
point pogonion que du point B.
point infraorbitaire ; Na : point nasion ; CC : point cranial center ; DC :
• Point menton (Me) : point le plus inférieur de la symphyse
centre du col du condyle mandibulaire ; Ba : point basion ; ENP : point
mandibulaire.
épine nasale postérieure ; ENA : point épine nasale antérieure ; Pm : point
• Point gnathion céphalométrique (Gn ceph) : intersection du
superpogonion ; Pog : point pogonion ; Me : point menton ; Gn ceph :
plan facial et du plan mandibulaire.
Point gnathion céphalométrique ; R1 : point le plus postérieur du bord
• Point Xi : centre géométrique de la branche mandibulaire qui
antérieur de la branche mandibulaire ; R2 : intersection du bord postérieur
est assimilé à un rectangle passant par quatre points appelés R1,
de la branche mandibulaire avec l’horizontale passant par R1 ; R3 : point le
R2, R3 et R4 du contour de la branche et dont les petits côtés
plus inférieur de l’incisure mandibulaire ; R4 : intersection du bord inférieur
sont parallèles au plan de Francfort. Il correspond à peu près à la
de la branche mandibulaire avec la verticale passant par R3 ; ligne A–Pog :
lingula mandibulaire, site d’émergence du nerf mandibulaire.
limite antérieure de la denture ; ligne E : ligne passant par la pointe du nez
• Point R1 : point le plus postérieur du bord antérieur de la
et le pogonion cutané ou point le plus antérieur du menton ; ligne Xi–Pm :
branche mandibulaire.
axe du corps mandibulaire.
• Point R2 : intersection du bord postérieur de la branche mandi-
bulaire avec l’horizontale passant par R1.
à 11 facteurs et une forme beaucoup plus complexe, informatisée • Point R3 : point le plus inférieur de l’incisure mandibulaire.
pour faciliter son emploi. • Point R4 : intersection du bord inférieur de la branche mandi-
Chaque norme céphalométrique de l’analyse manuelle se carac- bulaire avec la verticale passant par R3.
térise par trois valeurs : sa moyenne, son écart-type et sa variation • Point DC : centre du col du condyle mandibulaire situé sur la
avec l’âge. Ces valeurs ont été établies au départ à partir d’un ligne Na–Ba.
échantillon de 2000 cas orthodontiques traités avec succès selon
les normes de la philosophie bioprogressive. Au cours du temps, Plan de référence
cet échantillon de départ a été considérablement enrichi par Le plan d’orientation est le plan de Francfort osseux déter-
des nouveaux cas, provenant des élèves de Ricketts [3, 4] qui miné par les deux points porions osseux et le point infraorbitaire
utilisaient le système informatique de Rocky–Mountain, pour gauche. C’est le plan de référence de Downs.
arriver à 60 000 cas témoins en 1977. Dans sa forme infor-
matisée, l’ordinateur permet le calcul individuel de la norme
céphalométrique en tenant également compte du sexe et de Lignes et plans
l’origine ethnique du patient. La moyenne est appelée « norme
clinique » tandis que l’écart-type est appelé « déviation clinique ». • Ligne Na–Ba : limite inférieure de la base du crâne représentant
La « normalité clinique » est définie par Ricketts comme étant une ligne de superposition.
l’intervalle étendu d’une déviation clinique de part et d’autre de la • Plan facial ou ligne Na–Pog : limite antérieure de la face.
norme clinique, ce qui représente 66 % de la population générale. • Axe facial ou ligne Pt–Gn ceph : axe général de croissance de la
face.
• Ligne A–Pog : limite antérieure de la denture.
Analyse céphalométrique de profil [5, 6] • Ligne Xi–Pm : axe du corps mandibulaire.
• Ligne Xi–ENA : orientation générale maxillomandibulaire.
Nous allons d’abord décrire les points céphalométriques puis • Ligne Xi–DC : axe du condyle mandibulaire.
les lignes et les plans de l’analyse de profil (Fig. 1). • Ligne E : ligne passant par la pointe du nez et le pogonion
cutané ou point le plus antérieur du menton.
Points • Plan mandibulaire : plan tangent à la partie inférieure de la
Points crâniens symphyse et à la région angulaire mandibulaire. Il ne passe
• Point porion osseux (Po) : point le plus haut du méat acoustique pas toujours par le point Me et coupe le bord basilaire de la
externe osseux. mandibule.
• Point nasion (Na) : point le plus antérieur de la partie médiane • Plan PTV ou verticale ptérygoïdienne : plan vertical tangent à
de la suture nasofrontale. la face postérieure de la fente ptérygomaxillaire.

2 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


Trois analyses céphalométriques usuelles  23-455-D-30

Tableau 1.
Normes cliniques (NC) de l’analyse de profil avec les déviations cliniques (DC), les variations selon l’âge et le tableau permettant de déterminer le type facial.
NC 9 ans NC 12 ans NC 15 ans DC Variations avec l’âge Patient Dolico Méso Brachy
Mandibule
1 Axe facial 90◦ 90◦ 90◦ 4◦ Aucune
◦ ◦ ◦
2 Angle facial 87 88 89 3◦ + 1◦ /3 ans
◦ ◦ ◦ ◦
3 Angle mandibulaire 26 25 24 4 –1◦ /3 ans
◦ ◦ ◦ ◦
4 Hauteur étage inférieur 47 47 47 4 Aucune
5 Arc mandibulaire 26◦ 27,5◦ 29◦ 4◦ + 0,5◦ /an
Maxillaire
6 Convexité + 2 mm + 1 mm 0 mm 2 mm –1 mm/3 ans
Denture
7 Distance i/A–Pog + 1 mm + 1 mm + 1 mm 2 mm Aucune
8 Angle i/A–Pog 22◦ 22◦ 22◦ 4◦ Aucune
9 Distance 6 supérieure/PTV 12 mm 15 mm 18 mm 3 mm + 1 mm/an
Profil
10 Lèvre inférieure/ligne E 0 mm –0,75 mm –1,5 mm 2 mm –0,25 mm/an

PTV : verticale ptérygoïdienne ; A–Pog : limite antérieure de la denture.

• Plan occlusal : plan défini par l’intercuspidation uniquement • Position de la lèvre inférieure : distance entre la lèvre inférieure
des premières molaires et des prémolaires ou des molaires tem- et la ligne E. Les deux lèvres sont idéalement situées en arrière
poraires sans tenir compte de la position des incisives. de la ligne E et la lèvre supérieure est en retrait de 2 mm par
rapport à celle inférieure. Avec la croissance nasale et l’avancée
Analyse de profil « simplifiée » du menton, les lèvres s’éloignent de la ligne esthétique et le
profil se creuse.
Nous nous limitons à l’étude de la seule analyse simplifiée à dix
mesures. Elle comporte deux volets ; un volet dimensionnel et un Analyse typologique
volet typologique. La classification typologique en trois types faciaux, mésofacial,
brachyfacial ou dolichofacial joue un grand rôle dans la démarche
Normes céphalométriques
thérapeutique car elle permet d’estimer l’ancrage « naturel » lors
Le Tableau 1 propose les normes cliniques établies à l’âge de des mouvements dentaires, la biomécanique de traitement et
9 ans, de 12 ans et de 15 ans accompagnées des déviations cli- conditionne les choix thérapeutiques ainsi que le degré de conten-
niques et des variations avec l’âge. tion nécessaire.
Analyse mandibulaire. Elle comporte cinq valeurs. Cette classification se fait à partir des cinq valeurs de l’analyse
• Axe facial : angle inféropostérieur formé par la ligne Na–Ba et mandibulaire. Un sujet « mésofacial » est un sujet dont les cinq
l’axe facial. Il représente l’orientation de la direction de crois- valeurs sont situées au maximum d’une déviation clinique de
sance de la face. part et d’autre de la norme clinique. Un sujet « brachyfacial »
• Angle facial : angle inféropostérieur formé par le plan de présente un axe facial augmenté, un angle facial augmenté, un
Francfort et le plan facial. Il renseigne sur la position antéro- angle mandibulaire diminué, une hauteur de l’étage inférieur
postérieure de la mandibule et sur le type facial de croissance. diminuée et un arc mandibulaire augmenté dans tous les cas de
• Plan mandibulaire : angle antérieur formé par le plan de Franc- plus d’une déviation clinique. Dans le cas contraire, le sujet est
fort et le plan mandibulaire. Il donne la direction de croissance « dolichofacial ».
de la mandibule. La déviation clinique sert d’unité de mesure pour définir la ten-
• Hauteur de l’étage inférieur : angle antérieur formé par les lignes dance du schéma facial. La détermination du type facial consiste
Xi–ENA et Xi–Pm. Il mesure la divergence de l’étage inférieur. à porter dans le Tableau 1, dans l’une des trois colonnes corres-
• Arc mandibulaire : angle supéropostérieur entre les lignes pondant aux trois types faciaux, une ou plusieurs étoiles selon le
Xi–ENA et Xi–DC. Il indique la divergence entre le corpus et nombre de déviations cliniques par rapport à la norme clinique
le ramus mandibulaire et renseigne ainsi sur la morphologie de chacune des cinq valeurs clés. Il suffit ensuite de comparer
mandibulaire. le nombre total d’étoiles recueillies dans chaque colonne pour
Analyse maxillaire. Elle comporte une seule mesure. définir la typologie faciale.
• Convexité faciale : distance entre le point A et la ligne faciale.
Elle renseigne sur les rapports antéropostérieurs du maxillaire
par rapport à la mandibule. Pour déterminer la position sagittale Analyse céphalométrique de face [1, 5–7]
du maxillaire, cette valeur doit être confrontée à la position de
la mandibule donnée par l’angle facial. Nous allons d’abord définir les points céphalométriques fron-
Analyse dentaire. Elle comporte trois valeurs. taux puis nous allons voir les lignes et les plans utilisés dans
• Position de l’incisive inférieure : distance entre le bord libre de l’analyse (Fig. 2).
l’incisive inférieure et la ligne de référence de la denture A–Pog.
• Orientation de l’incisive inférieure : angle inféroantérieur Points
entre l’axe de l’incisive inférieure et la ligne A–Pog. Pour Points crâniens
l’incisive supérieure, il n’y a pas de mesure céphalomé- • Point zygomatique (ZR/ZL) : point le plus médial de la suture
trique mais la norme est que son axe soit parallèle à l’axe frontozygomatique droite (ZR) et gauche (ZL).
facial.
• Limite postérieure de la denture : distance entre la face distale Points du massif facial supérieur
de la première molaire maxillaire et le plan PTV. Elle permet • Point arcade zygomatique (AZ/ZA) : centre de l’image de
de situer la première molaire supérieure et donne des rensei- l’arcade zygomatique droite (AZ) et gauche (ZA).
gnements sur la possibilité d’évolution des secondes et des • Point jugal (JR/JL) : intersection entre la face latérale de la tubé-
troisièmes molaires ainsi que sur l’espace postérieur. rosité maxillaire et le processus zygomatique du maxillaire du
Analyse esthétique. Elle comporte une seule mesure. côté droit (JR) ou gauche (JL).

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 3


23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

• Plan occlusal : plan coupant le milieu de l’intercuspidation des


premières molaires, à droite et à gauche.
• Plan mandibulaire frontal ou ligne GA–AG ; il aide à déterminer
la symétrie verticale mandibulaire.

ZR ZL Boîtes

• Boîte nasale : rectangle construit de manière à passer par les


points CN, ANS et NC et dont le petit côté supérieur se super-
AZ ZA pose au plan Z.
• Boîte faciale : rectangle construit de manière à passer par les
points AZ, Me et ZA et dont le petit côté supérieur se superpose
NC également au plan Z.
JR CN ANS JL
Analyse de face simplifiée
6A 3B B3 Nous limitons notre exposé à la seule analyse simplifiée modi-
A6
6B 1A A1 B6 fiée par Gugino qui comporte 16 mesures. Il existe également un
1B B1 modèle d’analyse de face plus complexe, chirurgical, qui dérive de
GA AG
l’analyse de Ricketts modifiée par Grummons et Kappeyne Van de
Coppello (1987).

Normes céphalométriques
Le Tableau 2 propose les normes cliniques établies à l’âge de
Me
9 ans, de 12 ans et de 15 ans.
Figure 2. Points, lignes et plans de l’analyse céphalométrique de Analyse squelettique. Elle comporte huit valeurs.
Ricketts de face. ZR : suture frontozygomatique droite ; ZL : suture fron- • Largeur nasale : distance entre les points NC et CN.
tozygomatique gauche ; AZ : arcade zygomatique droite ; ZA : arcade • Proportion nasale : angle inférieur formé par les diagonales de
zygomatique gauche ; CN : cavité nasale du côté droit ; NC : cavité nasale la boîte nasale.
du côté gauche ; ANS : point épine nasale antérieure ; JR : processus Ces deux valeurs permettent de quantifier les proportions
zygomatique du maxillaire du côté droit ; JL : processus zygomatique nasales : la largeur et la hauteur. Une ventilation buccale peut être
du maxillaire du côté gauche ; GA : échancrure préangulaire droite ; AG : entre autres due à une diminution des voies aériennes osseuses,
échancrure préangulaire gauche ; Me : point menton. ce qui peut être une indication de distraction ou de disjonction
palatine.
• Proportion faciale : angle inférieur formé par les diagonales de la
• Point nasal (CN/NC) : point le plus externe de la cavité nasale
boîte faciale. Elle renseigne sur la typologie dans le sens frontal.
du côté droit (CN) ou gauche (NC).
• Relation maxillomandibulaire droite et gauche : distance hori-
• Point épine nasale antérieure (ANS) : pointe présumée de l’épine
zontale entre le point jugal et le plan facial frontal à droite et
nasale antérieure, au centre de la région losangique située sous
à gauche. Ces deux valeurs quantifient les décalages des bases
la cloison nasale.
osseuses dans le sens frontal. C’est l’équivalent de la convexité
Points mandibulaires dans l’analyse de profil.
• Point antégonial (GA/AG) : point le plus haut de l’échancrure • Largeur maxillaire : distance entre les points JR et JL. Elle aide à
préangulaire droite (GA) et gauche (AG). identifier une endognathie ou une exognathie maxillaire.
• Point menton (Me) : point le plus bas de la symphyse mandi- • Largeur mandibulaire : distance entre les points GA et AG.
bulaire. Elle permet une évaluation du type facial et des possibilités
d’expansion canine ou molaire au niveau de l’arcade mandi-
Points dentaires bulaire.
• Points incisifs : point le plus médian du bord libre de l’incisive • Médiane squelettique : distance au niveau du rebord basilaire
centrale maxillaire droite (1A) ou gauche (A1) et de l’incisive mandibulaire entre le plan sagittal médian théorique défini
centrale mandibulaire droite (1B) ou gauche (B1). plus haut et le plan sagittal médian clinique, c’est-à-dire le
• Points canins : pointe cuspidienne de la canine maxillaire droite plan passant par le milieu du jugum sphénoïdal et par le
(3A) ou gauche (A3) et de la canine mandibulaire droite (3B) ou point Me. C’est le témoin de la symétrie ou de l’asymétrie
gauche (B3). faciale.
• Points molaires : projection orthogonale du point le plus vesti- Analyse dentaire. Elle comporte aussi huit valeurs.
bulaire de la première molaire maxillaire droite (6A) ou gauche • Plan occlusal : différence de hauteur entre deux verticales
(A6) et de la première molaire mandibulaire droite (6B) ou allant du plan Z au plan occlusal et tangentes respective-
gauche (B6). ment au plus grand bombé des premières molaires maxillaires
droite et gauche. Une inclinaison du plan d’occlusion sou-
Plan de référence vent associée à une asymétrie squelettique est un facteur
aggravant dans les troubles de l’articulation temporomandibu-
Le plan d’orientation est le plan zygomatique déterminé par les laire.
points arcade zygomatique droit et gauche. C’est le plan ZA–AZ. • Largeur intermolaire mandibulaire : distance entre les pro-
jections orthogonales des points 6B et B6 le long du plan
Lignes et plans d’occlusion. Elle indique la possibilité de réaliser une expansion
molaire mandibulaire.
• Plan Z ou ligne ZR–ZL : plan indiquant la limite entre le crâne et • Largeur intercanine mandibulaire : distance entre les points 3B
la face. et B3 des canines en cours d’éruption. Cette mesure permet
• Plan sagittal médian théorique ou plan vertical passant par le de détecter tôt des problèmes d’éruption des canines man-
milieu du jugum sphénoïdal ; il aide à objectiver la symétrie dibulaires et d’étudier la possibilité d’une expansion canine
faciale. mandibulaire.
• Plans faciaux frontaux ou lignes ZR–GA/ZL–AG ; ils constituent • Distance 6 inf/plan dentaire frontal gauche et droite : distance
les limites latérales de la face. orthogonale respectivement entre le point 6B ou B6 et le plan
• Plans dentaires frontaux ou lignes JR–GA/JL–AG ; ils déter- dentaire frontal droit ou gauche. Ce sont les valeurs clés per-
minent les limites latérales de la denture. mettant de déterminer la possibilité d’une expansion au niveau

4 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


Trois analyses céphalométriques usuelles  23-455-D-30

Tableau 2.
Normes cliniques (NC) de l’analyse de face avec les déviations cliniques (DC), les variations selon l’âge et le tableau permettant de déterminer le type facial.
NC 9 ans NC 12 ans NC 15 ans DC Variation avec l’âge Patient Dolico Méso Brachy
Analyse squelettique
1 Cavité nasale 25 mm 28 mm 31 mm 2 mm 1 mm/an
2 Proportion nasale 64◦ 64◦ 64◦ 3◦ Aucune
3 Proportion faciale 97◦ 97◦ 97◦ 4◦ Aucune
4 Relation maxillomandibulaire droite 10 mm 10 mm 10 mm 2 mm Aucune
5 Relation maxillomandibulaire gauche 10 mm 10 mm 10 mm 2 mm Aucune
6 Largeur maxillaire 58 mm 61 mm 64 mm 3 mm 1 mm/an
7 Largeur mandibulaire 76 mm 80,5 mm 85 mm 3 mm 1,5 mm/an
8 Médiane squelettique 0 mm 0 mm 0 mm 2 mm Aucune
Analyse dentaire
9 Plan occlusal 0 mm 0 mm 0 mm 2 mm Aucune
10 Largeur intermolaire mandibulaire 55 mm 55 mm 55 mm 2 mm Aucune
11 Largeur intercanine mandibulaire 24 mm 25,8 mm 27,6 mm 2 mm 0,6 mm/an
12 6 inférieure/plan dentaire (droite) 6 mm 8,4 mm 10,8 mm 2 mm 0,8 mm/an
13 6 inférieure/plan dentaire (gauche) 6 mm 8,4 mm 10,8 mm 2 mm 0,8 mm/an
14 Médiane dentaire 0 mm 0 mm 0 mm 1 mm Aucune
15 Relation molaire droite + 1 mm + 1 mm + 1 mm 1 mm Aucune
16 Relation molaire gauche + 1 mm + 1 mm + 1 mm 1 mm Aucune

coronaire de la largeur intermolaire mandibulaire. Elles sont les rachis. Les particularités d’un sujet atteint de dysmorphose sont
équivalents frontaux de la distance entre l’incisive inférieure et localisées par rapport à la construction idéale qui aurait dû être la
le plan A–Pog. sienne.
• Médiane dentaire : distance entre les milieux interincisifs maxil- Sa méthode tient compte des corrélations existant entre les dif-
laire et mandibulaire. C’est le décalage des médianes dentaires. férents segments : crâne, face, dents et rachis. Il individualise la
• Rapport intermolaire droite et gauche : distance le long du plan forme et la position des pièces osseuses pour montrer qu’elles sont
d’occlusion entre les projections orthogonales de 6A et de 6B le reflet de l’équilibre mécanique et fonctionnel existant. L’analyse
pour le côté droit ou d’A6 et de B6 pour le côté gauche. C’est architecturale de Delaire permet d’analyser avec une grande pré-
le surplomb molaire droit et gauche. Il est négatif dans les cas cision non seulement les grands syndromes craniofaciaux mais
d’inversé d’articulé latéral. aussi les dysmorphoses dentosquelettiques. Elle donne les condi-
tions d’équilibre optimal des constituants de la face maxillaire
Analyse minifrontale et mandibulaire par rapport au crâne, à la base du crâne et au
Lorsqu’il y a une déviation squelettique inférieure à 2 mm, rachis du patient. C’est par rapport à cet équilibre que le diagnos-
Gugino utilise cette analyse réduite pour établir la VTP frontale, tic des anomalies est réalisé et non pas par rapport à des moyennes
c’est-à-dire le plan de traitement visuel dans le sens frontal en statistiques.
conservant ou en changeant la forme d’arcade initiale en fonction Grâce à sa construction particulière, elle a l’originalité d’être
des objectifs de traitement. très visuelle. Par le cadre qu’elle forme du crâne et de la
L’analyse minifrontale comporte les cinq valeurs suivantes. face, il est possible d’identifier immédiatement le lieu des
• Les relations maxillomandibulaires droite et gauche. anomalies. Elle permet, en outre, la compréhension des fac-
• Les distances entre 36 ou 46 et le plan frontal de la denture. teurs fonctionnels grâce à l’analyse structurale des tissus durs
• La distance intercanine en denture mixte. et des tissus mous. L’étude de la forme et de la structure
interne des os permet une approche des facteurs fonctionnels
responsables des anomalies. La comparaison des clichés télé-
 Analyse céphalométrique radiographiques successifs d’un patient est réalisée à l’aide de
superpositions.
de Delaire (K.Gabison) L’analyse a évolué au cours des années, certains points ont été
simplifiés, le rachis cervical a davantage été pris en compte. En
Introduction 1994 l’analyse apparaît sous forme informatique [9, 10] , ce qui a
considérablement simplifié la réalisation des tracés et a permis de
En 1978, Delaire apporte un regard nouveau sur la céphalo- nouveaux « modes » d’analyse : topographique, orthognathique,
métrie. Sa grande expérience clinique et chirurgicale lui permet potentiel auxologique et la réalisation instantanée de superposi-
de mettre au point sa propre analyse architecturale craniofaciale. tions.
Pour Delaire, le squelette craniofacial est constitué d’un ensemble
musculosquelettique ayant pour rôles : de protéger les viscères,
supporter les muscles faciaux et cervicaux mais aussi d’assurer Analyse céphalométrique de profil [11]
une bonne ventilation aérienne supérieure. Son aspect extérieur
et son architecture reflètent non seulement son équilibre ou son Analyse architecturale
déséquilibre mais aussi les fonctions qu’il contribue à assurer [8] . Les points de repère et plans définis par Delaire ont été choisis
À l’état normal, les dimensions, positions, formes et struc- dans des zones stables, autant que possible dans le plan médian ;
tures internes des pièces squelettiques sont harmonieusement ils sont facilement repérables et ont une réelle valeur physiolo-
coordonnées et peuvent être représentées par une construction gique (Fig. 3).
géométrique.
Le tracé de l’analyse architecturale craniofaciale permet de défi- Lignes crâniennes
nir la position des pièces du squelette craniofacial humain grâce Elles sont au nombre de quatre et permettent de définir les
à des lignes, des alignements, des proportions et angulations qui particularités crâniennes du patient ainsi que les facteurs néces-
lient normalement les divers éléments du crâne, de la face et du saires à la localisation de la face en fonction du crâne du patient.

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 5


23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

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117,5° 21° M
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F6

Go F7

Ptm

Me Me’
Figure 4. Lignes crâniennes.
Figure 3. Tracé, points et plans de l’analyse de profil de Delaire. Op :
point occipital postérieur ; Sc : point sommet du crâne ; Br : point bregma ;
FM : point frontomaxillaire ; Na : point nasion ; M : point métanasion ; Clp : Angles.
point clinoïdien postérieur ; Cl : point interclinoïdien ; Cla : point clinoïdien • L’angle antérieur de la base du crâne est l’angle formé entre les
antérieur ; Oi : point occipital inférieur ; Om : point occipitomanduca- lignes C1 et C2. Il mesure 21 ± 1◦ .
teur ; Ct : point condylien temporal ; Pts : point ptérygoïdien supérieur ; • L’angle postérieur de la base du crâne est l’angle formé entre les
Bo : point de Bolton ; Od : point odontoïdien ; Ptm : point ptérygoman- lignes C1 et C4. Il mesure 117,5 ± 2,5◦ .
dibulaire ; Pti : point ptérygoïdien inférieur ; Np : point canal nasopalatin ; Proportions.
ENA : point épine nasale antérieure ; Pto : point ptérygo-oclusal ; Go : point Ligne crânienne C2. Elle permet de délimiter deux champs :
gonion ; Me : point menton. • l’un antérieur qui est le champ craniofacial ; il est le terrain de
construction de la face ;
• le second postérieur est le champ craniorachidien qui est le
« territoire » au-dessous duquel se trouvent les éléments sque-
L’architecture crânienne est représentée par deux triangles : un lettiques et musculaires qui portent le squelette céphalique.
triangle isocèle pour la voûte du crâne et un triangle rectangle Le point permettant de séparer ces deux champs est le point
représentant la base du crâne (Fig. 4). ATMp ; c’est un point construit, situé à l’intersection de C2 et de la
Ligne C1. Elle joint le point M (métanasion) au point Cl parallèle à la ligne ptérygoïdien supérieur–ptérygoïdien inférieur
(interclinoïdien) et se termine à l’extrémité postérieure au (Pts–Pti) passant par le point Atl. Le point Atl est situé au niveau
niveau du point Op (occipital postérieur). Le point M est situé du plus grand bombé de l’arc antérieur de l’atlas.
à l’union des sutures frontonasale, maxillonasale et fron- La normalité de cette proportion se situe entre 49 et 51 %.
tomaxillaire. Le point Cl est situé au centre du segment Le champ craniofacial peut lui même être divisé en deux
Cla–Clp : Cla (clinoïdien antérieur) et Clp (clinoïdien postérieur). champs :
Le point Op est l’intersection de cette ligne C1 avec le bombé • le champ maxillaire étendu de M au sommet de la fente ptéry-
externe de l’écaille de l’occipital. gomaxillaire et représente 30 % du champ craniofacial ;
Ligne C2. Elle passe par le point M et le point Ara (articulaire • le champ mandibulaire étendu du sommet de la fente pté-
antérieur) et se termine en un point nommé Oi (occipital infé- rygomaxillaire au point ATMp ; il représente 20 % du champ
rieur). Le point Ara est situé à l’intersection du bord inférieur craniofacial.
de l’apophyse basilaire de l’occipital et du bord antérieur du col Rapport hauteur du crâne sur la base de crâne. Il est de : lon-
du condyle mandibulaire. Le point Oi est obtenu en traçant la gueur C3/longueur C2 = 81 ± 2 %.
perpendiculaire à C2 passant par Op.
Ligne C3. C’est la perpendiculaire à C2 passant par le milieu Calcul de l’angle cranioadapté
de celle-ci. Elle coupe la corticale externe de la voûte du crâne au Les moyennes de référence de C1/F1 selon l’âge et le sexe sont :
point Sc (sommet du crâne). • avant la puberté (12–13 ans), pour les deux sexes = 85◦ (± 1◦ )
Ligne C4. Elle joint le point Clp au point Od (odontoïdien). • après la puberté et chez l’adulte :
Le point Od est situé sur le plus grand bombé du versant postéro- ◦ sexe féminin = 85◦ (± 1◦ ),
supérieur de l’apophyse odontoïde. ◦ sexe masculin = 90◦ (± 1◦ ).
Les variations individuelles de la forme du crâne L’angle cranioadapté C1/F1 est calculé pour un sujet donné à
(hauteur–longueur) et des angles « antérieur » et « postérieur » partir de la moyenne de référence à laquelle on ajoute le cor-
(sphénoïdal) de sa base conditionnent l’état « architectural » de la rectif angulaire (Tableau 3) calculé en fonction de ses mesures
face et plus particulièrement de son orientation sagittale de type crâniennes.
ortho-, cis-, ou trans-frontal. Angle cranioadapté = moyenne angle C1/F1 pour le
sujet + correctif angulaire.
Le degré de projection de la face est représenté par
Mesures crâniennes l’angle C1/F1 ; les sujets sont plus ou moins ortho-, cis- ou trans-
Elles servent au calcul de l’angle cranioadapté C1/F1. frontaux en fonction de leurs données crâniennes.

6 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


Trois analyses céphalométriques usuelles  23-455-D-30

Tableau 3.
Tableau pour calcul de l’angle cranioadapté (en fonction des facteurs crâniens de typologie faciale). Normes et influences de leurs variations sur la valeur de
l’angle C1/CF1.
Angle antérieur base du crâne (C1/C2)
16◦ = –2◦ 18◦ = –1◦ 23◦ = + 0,50◦ 25◦ = + 1,50◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
17 = –1,50 19 = –0,50 20 –22 = N 24 = + 1 26◦ = –1,50◦
Angle postérieur base du crâne (C1/C4)
100◦ = + 3,75◦ 107◦ = + 2◦ 122◦ = –0,50◦ 129◦ = –2,25◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
101 = + 3,50 108 = + 1,75 114 = + 0,25 123 = –0,75 130◦ = –2,50◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
102 = + 3,25 109 = + 1,50 124 = –1 131◦ = –2,75◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
103 = + 3 110 = + 1,25 115 –120 = N 125 = –1,25 132◦ = –3◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
104 = + 2,75 111 = + 1 126 = –1,50 133◦ = –3,25◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
105 = + 2,50 112 = + 0,75 121 = –0,25 127 = –1,75 134◦ = –3,50◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
106 = + 2,25 113 = + 0,50 128 = –2 135◦ = –3,75◦
Champ craniofacial/longueur totale C2
41 % = + 2◦ 45 % = + 1◦ 52 % = –0,25◦ 56 % = –1,25◦
◦ ◦ ◦
42 % = + 1,75 46 % = + 0,75 53 % = –0,50 57 % = –1,50◦
◦ ◦ ◦
43 % = + 1,50 47 % = + 0,50 49–51 % = N 54 % = –0,75 58 % = –1, 75◦
◦ ◦ ◦
44 % = + 1,25 48 % = + 0,25 55 % = –1 59 % = –2◦
Hauteur du crâne/longueur C2
63 % = –2◦ 71 % = –1◦ 85 % = + 0,25◦ 93 % = + 1,25◦
◦ ◦ ◦
65 % = –1,75 73 % = –0,75 87 % = + 0,50 94 % = + 1,75◦
◦ ◦ ◦
67 % = –1,50 75 % = –0,50 78–84 % = N 89 % = + 0,75 95 % = + 2◦
◦ ◦ ◦
69 % = –1,25 77 % = –0,25 91 % = + 1 96 % = + 2,25◦

Plus C1 s’ouvre et plus le sujet est transfrontal, plus C2 se ferme Options de tracé en cas de discordance des niveaux de Np,
et plus le sujet est transfrontal. Od, ENA et PTi. Chez les sujets dont tous les constituants du
Typiquement, chez les sujets a tendance classe II, on remarque crâne, du rachis et de la face sont bien équilibrés (même s’ils
une ouverture de l’angle C1/C4, une diminution de la hauteur de sont atteints d’une dysmorphose dentomaxillaire), le point ENAt
la voûte, une fermeture de l’angle antérieur de la base du crâne et (emplacement optimal du sommet de l’épine nasale antérieure)
un allongement de la base du crâne et plus particulièrement du est situé sur F5 au point de convergence (± 1 mm) des deux paral-
champ craniofacial. lèles à C1 passant par NP et Od et de la parallèle à C2 passant
par le gonion (Go), lui-même situé en regard de V2 (angle antéro-
inférieur de l’apophyse odontoïde de la 2e vertèbre cervicale).
Lignes faciales Si la parallèle à C1 passant par Od et la parallèle à C1 passant
L’analyse faciale comporte huit lignes dont quatre à orientation par Np sont distantes de plus de 2 mm, il faut tracer la ligne F4
verticale F1, F2, F3 et F5 et quatre à orientation horizontale ou différemment.
oblique F4, F6, F7 et F8 (Fig. 3). Il faut tracer en premier lieu la parallèle à C2 passant par Go et
Ligne F1. Elle part du point frontomaxillaire (FM) et fait un coupant F5 en ENAt. Deux situations peuvent alors se présenter.
angle avec la ligne C1 qui est l’angle cranioadapté C1/F1 mesuré • La parallèle à C2 passant par Go coupe F5 au même endroit
précédemment. Le point FM est un point construit sur C1, au (ENAt) que l’une des parallèles à C1. C’est alors celle-ci qui est
milieu de l’extrémité supérieure de l’apophyse montante du choisie comme correspondant le mieux à F4.
maxillaire. ◦ Si la parallèle à C2 coupe F5 au même point que la parallèle
Normalement, F1 passe par Np (versant antérieur de l’orifice à C1 passant par Np, l’anomalie est rachidienne.
d’entrée du canal nasopalatin), par l’hypomochlion de la canine ◦ Si la parallèle à C2 coupe F5 au même point que la paral-
maxillaire, le versant distal de sa couronne, l’apex de l’incisive lèle à C1 passant par Od, c’est cette ligne F4 qui est choisie.
inférieure et le point Me (situé à l’union de la courbe postéro- L’anomalie est alors d’origine maxillaire.
inférieure de la symphyse et du bord basilaire). • Les trois droites coupent F5 en trois points différents : trois
Ligne F2. Elle prolonge le segment Pts–Pti, vers le crâne options sont possibles et trois tracés différents sont effectués ; il
jusqu’au point bregma (Br) et vers le bord basilaire. faut alors choisir le tracé le plus adapté à l’ensemble du squelette
Ligne F3. La ligne F3 prolonge le segment ATMp–Atl (tracé facial.
précédemment) vers le bas, jusqu’au-dessous de l’angle mandibu- ◦ Option F4 par Np : la ligne F4 retenue est celle qui passe par
laire. Np.
Ligne F5. Cette ligne est tracée perpendiculairement à C1 ◦ Option F4 par F6–Pto : ENAt est localisée à l’intersection de
à partir d’un point Na’ situé en regard du point Na de 1 à F5 et de la parallèle à C2 passant par Pto (point ptérygoïdien
3 millimètres en avant de celui-ci en fonction de l’âge et du sexe inférieur situé dans le prolongement de l’axe de la fente pté-
du patient : rygomaxillaire à la hauteur de la partie la plus inférieure du
• 1 mm chez l’enfant jusqu’à 12 ans ; bord antérieur du ramus).
• 2 mm à partir de 12 ans (dans les deux sexes et chez les adultes ◦ Option F4 « automatique » : la parallèle à C1 passant par Od
de sexe féminin) ; coupe F5 en un point n◦ 1, la parallèle à C2 passant par Go
• 3 mm après la puberté dans le sexe masculin. coupe F5 en un point n◦ 2, le point x est situé sur F5, au milieu
Son extrémité inférieure est déterminée après le tracé de F4. du segment 1–2. La ligne X est parallèle à C1 et passe par x.
Ligne F4. Elle est tracée parallèlement à C1 en passant par le La parallèle à C1 passant par Np coupe F5 en un point n◦ 3,
point Np. le point y est le milieu du segment x–3 situé sur F5. La ligne Y
• En avant, son intersection avec la ligne F5 détermine le point est parallèle à C1 et passe par le point y.
épine nasale antérieure théorique (ENAt). Point inférieur de la ligne F5. Il peut être calculé grâce à la
• En arrière, la ligne passe normalement par la moitié supé- proportion suivante : Na’–ENAt = 45 % Na’–Met’.
rieure de l’arc antérieur de l’atlas et l’extrémité supérieure de De Met’, une perpendiculaire à F5 (parallèle à F4) est tracée qui
l’apophyse odontoïde. coupe F1 en Met (niveau optimal du menton osseux).

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 7


23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

Figure 5. Architecture faciale.


Figure 6. Compas masticateur.

Ligne F6. Cette ligne est parallèle à C2 à partir de ENAt ; elle


coupe F2 en Pto et F3 en Got (gonion théorique). • Ligne « occlusale » : elle joint les deux points Occl 1 et Occl 2
Ligne F7. Elle est tracée de Me à Go puis prolongée jusqu’à (points situés aux deux extrémités du segment de droite
son intersection avec F4 en un point nommé Om (point occipi- représentant les faces occlusales des prémolaires et molaires
tomanducateur). supérieures).
Ligne F8. Elle passe par les points Om et Pto, puis est prolon-
gée jusqu’à son intersection avec F5. Lignes orthognatiques mandibulaires
Normalement, elle s’aligne sur le plan d’occlusion. Chez • Ligne F1 m : elle joint FM à Me.
l’enfant en denture temporaire et au début de la denture mixte, il • Ligne « basilaire » mandibulaire : elle joint Me au point No (par-
est cependant normal qu’elle passe un peu en dessous de celui-ci. tie la plus concave de l’encoche préangulaire).
Finalement, l’architecture faciale est représentée par deux paral- • Ligne postérieure du ramus : elle joint Arp (point articulaire
lélogrammes de dimensions sensiblement égales, ouverts en avant postérieur) à Tgp (partie la plus bombée du bord postérieur du
et dont les côtés postérieurs coïncident [8] (Fig. 5). ramus). En bas, elle s’arrête à son intersection avec F6.
L’appareil manducateur est schématisé par un triangle (compas Pour avoir une classe I squelettique, F1M et F1m doivent se
masticateur) ouvert en avant dont le côté supérieur aligne le palais superposer.
osseux et le sommet de l’apophyse odontoïde et le côté inférieur Les cinq facteurs principaux conditionnant l’état de la mandi-
suit le bord basilaire (Fig. 6). bule et les rapports maxillomandibulaires sont :
• la longueur du ramus ;
• l’orientation de son bord postérieur ;
Analyse architecturale « orthognatique »
• la longueur du corps ;
Des tracés complémentaires permettent la quantification des • la position sagittale du menton par rapport à l’articulation fron-
anomalies mises en évidence par l’analyse architecturale. Pour tomaxillaire ;
préciser la nature exacte des anomalies faciales, il convient non • la valeur de l’angle mandibulaire.
seulement de distinguer les atteintes alvéolaires et squelettiques
mais d’individualiser l’état et le développement de ses principaux Lignes orthognatiques dentaires
territoires d’accroissement. Ligne d1. Elle est tracée à partir de Np à 110◦ par rapport à
Le maxillaire et la mandibule comprennent chacun F4, et est arrêtée à son intersection avec F8. Normalement, l’axe
trois principaux territoires faciaux de croissance spécifique : de l’incisive supérieure et d1 coïncident. En début de dentition
• le maxillaire comprend le postmaxillaire, le nasomaxillaire et mixte, les incisives centrales maxillaires peuvent être situées légè-
l’arcade alvéolodentaire maxillaire ; rement en arrière de la ligne. Elles se placent progressivement sur
• la mandibule comprend le ramus, le corpus et l’arcade alvéo- la ligne avec l’accroissement vertical des procès alvéolaires et sont
lodentaire mandibulaire. L’analyse orthognatique comporte alignées en fin de denture mixte.
six lignes faciales dont trois lignes maxillaires et trois lignes Ligne incisive supérieure. C’est le grand axe de l’incisive cen-
mandibulaires ainsi que quatre lignes dentaires et deux lignes trale maxillaire du sujet.
rachidiennes. Ligne d2. Elle est tracée perpendiculairement à la ligne
No–Me, à partir du point Imt (point incisivomentonnier théo-
Lignes orthognatiques maxillaires rique. Ce point Imt est tracé de la manière suivante : deux
• Ligne F1 M : elle joint FM à NP et s’arrête au niveau du plan perpendiculaires sont élevées à partir de No–Me tangentiellement
d’occlusion. Sa longueur et sa version sont analysées. Dans les aux plus grands bombés antérieur et postérieur de la symphyse.
classes II, on constate souvent une version antérieure de ce seg- Ces deux parallèles délimitent ainsi un segment de droite corres-
ment. pondant au diamètre symphysaire. Le point Imt est situé à l’union
• Ligne « palatine » : elle joint ENA et ENP ; elle permet de diag- des deux tiers antérieurs et du tiers postérieur de ce segment.
nostiquer les dolichomaxillies sagittales. Normalement, d2 et l’axe de l’incisive mandibulaire coïncident.

8 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


Trois analyses céphalométriques usuelles  23-455-D-30

Ligne incisive inférieure. C’est le grand axe de l’incisive cen- Superposition n◦ 1


trale mandibulaire du sujet. Elle permet d’avoir une vue globale de la croissance du sque-
Ligne d3. Elle est tracée perpendiculairement à F4, à partir du lette craniofacial en se plaçant le plus près possible du centre
point ENA. Chez le sujet orthofrontal, elle est tangente à la face de croissance de celui-ci. Le point d’enregistrement est Sa’ (point
vestibulaire de l’incisive maxillaire et coïncide donc avec F5. construit à l’intersection de C1 et de sa perpendiculaire passant
par le point sellion antérieur situé à la partie la plus anté-
Lignes rachidiennes
rieure de la selle turcique). La ligne de superposition est la
Ligne V2. Parallèle à F4 à partir du point V2 (angle antéro- ligne C1.
inférieur de la 2e vertèbre cervicale). Chez le sujet normal, elle est
située à hauteur du point Go ; elle permet d’évaluer le potentiel Superposition n◦ 2
auxologique du ramus
Elle permet de différencier les accroissements de la base du
Ligne V3. Parallèle à F4 à partir du point V3 (angle antéro-
crâne, du maxillaire et de la mandibule en se plaçant au niveau
inférieur de la 3e vertèbre cervicale). Normalement située au
d’un point commun à ses trois éléments, soit au sommet de la
niveau du bord supérieur du corps de l’os hyoïde, elle renseigne
fente ptérygomaxillaire. Le point d’enregistrement est FM et la
sur la position du massif lingual.
ligne de superposition est la ligne C2.

Analyse structurale Superposition n◦ 3


Au-delà de l’analyse architecturale, le praticien doit observer le Elle permet de visualiser les mouvements du maxillaire par
cliché téléradiographique sans calque et étudier l’état des éléments rapport à sa base d’implantation crânienne. Pour cela, le point
squelettiques crânien, facial, rachidien et de tous les tissus mous d’enregistrement est le milieu de la suture frontomaxillaire FM et
visibles sur le cliché. Cette étude structurale permet de compren- la ligne de superposition est C1.
dre les influences fonctionnelles subies par le squelette [11] .
Superposition n◦ 4
Étude des structures osseuses
Cette superposition permet d’individualiser les accroissements
Au niveau de la voûte du crâne, on regarde : du palais primaire, palais secondaire et de l’arcade alvéolodentaire
• l’état des sutures frontopariétale et occipitopariétale pour maxillaire. Pour cela le point d’enregistrement est le point Np et
vérifier l’absence de retard de fermeture ou prématurité de fer- la ligne de superposition est ENA–ENP.
meture ;
• l’épaisseur des os de la voûte pour rechercher d’éventuels Superposition n◦ 5
épaississements, amincissement ou impressions digitiformes
Elle a pour but de mettre en évidence les accroissements des
symptomatiques de grands syndromes.
branches montantes et horizontales de la mandibule. Le point
Au niveau de la base du crâne, on observe :
d’enregistrement choisi est le point cm (canal mandibulaire qui
• le sinus frontal : ses dimensions, sa forme, l’état de ses parois qui
est à la jonction de ces deux unités squelettiques) et la superpo-
sont le reflet de l’activité du mésethmoïde cartilagineux et des
sition est effectuée sur la ligne J–No. J est un point construit à
forces occlusales transmises par le pilier antérieur du maxillaire ;
l’intersection des deux lignes suivantes :
• la lame criblée qui peut être déformée dans les craniosténoses ;
• la parallèle au bord postérieur du ramus, passant par la partie la
• le sinus sphénoïdal dont la taille pourrait être influencée par le
plus concave du bord antérieur du ramus ;
type de mastication ;
• la parallèle à la ligne Me–No, passant par la partie la plus distale
• l’articulation occipitorachidienne et la colonne cervicale
du collet de la dernière molaire en occlusion.
peuvent être le siège d’anomalies dont la responsabilité dans
les dysmorphoses faciales doit être déterminée.
Superposition n◦ 6
Au niveau de la mandibule, on observe :
• le condyle, sa forme, sa hauteur, son orientation et la largeur Elle permet de mesurer les variations des incisives et de la
de son col ; première molaire inférieure par rapport au bord basilaire de la
• le coroné, sa hauteur par rapport au condyle ; mandibule.
• la position du canal mandibulaire au niveau du ramus ; Le point d’enregistrement est le point Imt (décrit dans le para-
• la hauteur et la largeur du ramus, l’angle mandibulaire et la graphe sur les lignes dentaires) et la ligne de superposition est
forme de la symphyse. Me–No.

Étude des parties molles


On observe : Analyse céphalométrique de face [9]
• le système glosso-vélo-pharyngé, la position de l’os hyoïde qui
doit être normalement situé en regard du disque intervertébral La téléradiographie de face permet d’étudier le patient dans sa
C3–C4 ou de la moitié supérieure du corps de la quatrième dimension transversale mais aussi verticale (Fig. 7). La face nor-
vertèbre cervicale ; male présente une bonne symétrie en « miroir », transversale et
• l’état du massif lingual : son volume global, ses rapports avec la verticale, ainsi que de bonnes proportions de ses différents consti-
voûte palatine, le voile et la paroi postérieure du pharynx [10] ; tuants.
• la forme et la lumière pharyngées ;
• la musculature labiomentonnière. En effet, sa contraction pro- Points, plans et lignes
voque une résorption de la corticale antérieure symphysaire et
donne un aspect en goutte d’autant plus marqué que la pointe La symétrie des sujets est étudiée par rapport au plan sagittal
du menton est bas située. médian, plan qui passe par des points antérieurs et des points
postérieurs.
Les points antérieurs sont :
Superpositions • 1 : milieu de la base de la crista galli, en regard de l’image pro-
Les superpositions ont pour but de comparer deux périodes et jetée du planum sphénoïdal ;
d’objectiver l’efficacité des traitements réalisés. Pour cela, elles • 2 : milieu de la lame perpendiculaire de l’ethmoïde ;
doivent préciser la nature, le siège exact et l’importance des modi- • 3 : milieu de l’épine nasale antérieure et de la suture médiopa-
fications observées. latine ;
Les lignes et les points utilisés par Delaire ont été choisis dans • 4 : milieu du segment interapical des incisives supérieures ;
des zones stables pendant la croissance et ont la possibilité de • 5 : point interincisif médian supérieur ;
mettre en évidence les principaux phénomènes qui se produisent • 6 : point interincisif médian inférieur ;
au cours de la croissance soit spontanément, soit sous l’influence • 7 : milieu du segment interapical des incisives inférieures ;
de la thérapeutique [9] . • 8 : milieu du menton osseux.

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 9


23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

Technique de l’analyse frontale en « miroir »


19
Analyse faciale antérieure
On trace la ligne de référence horizontale passant par les
points 10 et 10 milieux des sutures frontomalaires, puis on étend
cette droite jusqu’à l’intersection avec la corticale externe de la
20 voûte du crâne en un point TG temporal gauche et un point TD
temporal droit.
On trace la ligne de référence verticale qui est perpendiculaire
9’ à la ligne horizontale précédente passant par le point milieu de
9
la base de la crista galli. Cette ligne coupe le sommet du crâne en
10 10’ haut en un point Sc et en bas en un point Mi (partie inférieure de
18 1 18’
la mandibule).
Du côté droit, on trace un cadre passant par les points TD, SC,
2
1, et Mi. Un autre cadre de même dimension est ensuite tracé
11 11’
du côté gauche (il ne passe pas obligatoirement par TG). Le terri-
12’
12 toire délimité par ces deux cadres est ensuite occupé par une grille
13 13’ orthogonale dont la médiane verticale passe normalement par la
3 ligne SC–Mi et une des horizontales coïncide avec TD–TG.
22 14 21 14’ 22’ Les décalages transversaux des points repères 12,12 , 13,13 ,
16 4 16’ 15,15 , 16,16 (et ceux des points médians s’ils ne sont pas situés
17 17’ sur la « médiane ») sont mesurés, d’un côté, habituellement le
5 droit, puis de l’autre, par rapport à la ligne verticale médiane
15 6 15’ (passant par 1).
Les décalages verticaux des points repères 11,11 , 14,14 , 15,15 ,
7 17,17 sont mesurés par rapport à la ligne horizontale de référence
(passant par 10–10 ).

8 Analyse faciale postérieure


Figure 7. Tracé, points et plan sagittal médian de l’analyse de face de
De même un cadre droit est tracé, passant par TD, Sc, Od et Mi.
Delaire.
Un cadre de même dimension est tracé pour le côté opposé ; il ne
passe pas forcément par TG. Une grille est tracée à l’intérieur du
cadre.
Les décalages transversaux des points repères 12,12 , 15,15 ,
16,16 , 22,22 (et ceux des points médians s’ils ne sont pas situés
sur la « médiane ») sont mesurés d’un côté (habituellement le
Les points postérieurs sont : droit) puis de l’autre, par rapport à la ligne verticale passant par
• 19 : suture (interpariétale) sagittale médiane ; 21 (et C).
• 20 : (lambda) intersection des sutures interpariétales (sagittale Les décalages verticaux des points repères 11,11 , 15,15 , 17,17 ,
médiane) et occipitopariétales ; 22,22 sont mesurés par rapport à la ligne horizontale de référence
• 21 : (axis) : milieu du sommet de l’apophyse odontoïde de la (passant par 10–10 ).
2e vertèbre cervicale. L’harmonie transversale du sujet est définie par rapport aux
Les points latéraux sont : rapports transversaux normaux de référence.
• 9 et 9 : rebords orbitaires supérieurs ; De chaque côté, la largeur optimale de la fosse nasale égale
• 10 et 10 : milieux des sutures frontomalaires ; un tiers de la distance séparant le point orbitaire externe de la
• 11 et 11 : bords supérieurs des arcades zygomatiques ; ligne médiane : rapport arcade–face d’Izard, selon lequel la lar-
• 12 et 12 : bords externes des arcades zygomatiques ; geur maximale de l’arcade dentaire supérieure égale la moitié du
• 13 et 13 : bords latéraux des orifices pyriformes ; diamètre bizygomatique osseux.
• 14 et 14 : plancher nasal ; Les décalages latéraux des points de repère sont évalués par
• 15 et 15 : angles mandibulaires ; rapport aux limites normales des fosses nasales et de l’arcade
• 16 et 16 : faces externes des dernières molaires en occlusion ; dentoalvéolaire maxillaire. En cas de réduction des dimensions
• 17 et 17 : faces occlusales des molaires ; transversales des orifices piriformes des fosses nasales et de la voûte
• 18 et 18 : eminencia arcuata (sommet des canaux semi- palatine, on peut suspecter une respiration buccale.
circulaires supérieurs) ;
• 22 et 22 : sommet des apophyses mastoïdes.
Le plan sagittal médian est perpendiculaire aux lignes horizon- Conclusion
tales de la face suivantes et les coupe en leur milieu :
Cette analyse permet une évaluation claire et très complète des
• Orb.S : rebords orbitaires supérieurs passant par les points
anomalies orthodontiques et squelettiques. L’analyse informati-
rebords orbitaires supérieurs (9 et 9 ) ;
sée facilite considérablement l’utilisation de cette analyse.
• Oe : milieux des sutures frontomalaires passant par les points
milieux des sutures frontomalaires (10 et 10 ) ;
• Ear : deux eminencia arcuata (sommet des canaux semi-
circulaires supérieurs) passant par les points sommets des  Analyse céphalométrique
canaux semi-circulaires supérieurs (18 et 18 ) ; de Tweed (A. Atrtchine)
• Pl.n : plancher nasal (14 et 14 ) ;
• Om : faces occlusales des molaires (17 et 17 ) ; Introduction
• Go : angles mandibulaires (15 et 15 ) ;
• Mas D et G : sommet des apophyses mastoïdes (22 et 22 ) ; En 1936, Charles H. Tweed décide de remettre en cause le dogme
• Zyg.e. D et G : bords externes des arcades zygomatiques (12 et de son maître E. Angle concernant le refus des traitements avec
12 ) ; extraction, en raison des limites qu’il observe pour les traitements
• Ln. D et G : bords latéraux des orifices pyriformes (13 et 13 ) ; sans extraction, du point de vue du résultat esthétique et de la
• Ext.m D et G : faces externes des dernières molaires en occlusion stabilité thérapeutique.
(16 et 16 ) ; Pour Tweed, la verticalité de l’axe de l’incisive mandibulaire sur
• Go D et G : plus grands bombés externes des angles mandibu- sa base osseuse constitue la pierre angulaire de l’équilibre facial et
laires (15 et 15 ). constitue un objectif thérapeutique fondamental, conditionnant

10 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


Trois analyses céphalométriques usuelles  23-455-D-30

Tableau 4.
Formule de Tweed.
FMA < 20◦ > 20◦ < 30◦ > 30◦
Na (hypodivergent) (normodivergent) (hyperdivergent)
FMIA 68◦ 65◦

IMPA 92 maximum

FMA : angle plan de Francfort/plan mandibulaire ; FMIA : angle axe incisive/plan


FMA FMIA Z de Francfort ; IMPA : angle axe incisive/plan mandibulaire.

• FMIA : Frankfort–mandibular incisor angle : angle axe inci-


sive/plan de Francfort ;
• IMPA : incisor–mandibular plane angle : angle axe incisive/plan
IMPA mandibulaire.
Frankfort–« mandibular plane angle »
L’angle FMA constitue un des critères céphalométriques les plus
importants, au niveau diagnostique et pronostique. Il décrit le
Figure 8. Points, lignes et plans de l’analyse céphalomé- schéma squelettique et l’interaction entre les dimensions verticale
trique de Tweed. FMA : Frankfort–mandibular plane angle ; FMIA : et sagittale, en évaluant la divergence faciale et la direction de
Frankfort–mandibular incisor angle ; IMPA : incisor–mandibular plane angle. croissance de l’étage inférieur de la face [13] .
Les normodivergents constituent la normalité et présentent des
valeurs comprises entre 22 et 28◦ .
la réussite esthétique et la stabilité du traitement [12, 13] . En 1954, • Un FMA inférieur à 22◦ caractérise les hypodivergents et signe
il propose le « triangle de diagnostic », qui constitue le noyau un défaut de croissance verticale de la face antérieure et/ou un
originel de son analyse céphalométrique et résume à lui seul excès de croissance de la face postérieure.
une part essentielle des données faciales [14] . L’analyse dépasse • Un FMA supérieur à 28◦ caractérise les hyperdivergents. Il tra-
l’approche descriptive, qui se limite à l’identification du siège et de duit une croissance verticale excessive de la face antérieure
la nature des anomalies, en étant d’emblée à vocation thérapeu- et/ou un défaut de croissance de la face postérieure.
tique, en contribuant à définir les objectifs de traitement, grâce Son évolution au cours du traitement constitue un excellent
à l’évaluation céphalométrique de la position thérapeutique de indicateur du contrôle vertical de la mécanique orthodontique.
l’incisive mandibulaire.
« Incisor–mandibular plane angle »
Par la suite, l’analyse de Tweed s’est enrichie en inté-
grant les apports de plusieurs auteurs, pour devenir le système L’angle IMPA permet d’évaluer l’orientation de l’axe de
d’analyse diagnostique différentiel de Tweed–Merrifield. Sa ver- l’incisive mandibulaire par rapport au plan mandibulaire.
sion moderne se combine à une « analyse de l’espace total », qui Pour Tweed, la verticalité de l’incisive mandibulaire sur sa base
évalue les déficits dentaires à l’arcade mandibulaire, ainsi qu’à une osseuse (norme de 87◦ ) conditionne l’équilibre et l’harmonie du
« analyse craniofaciale », qui évalue le déséquilibre squelettique profil de l’étage inférieur de la face.
et facial de profil. L’ensemble constitue un raisonnement analy- Lorsque le FMA est supérieur à la norme, une compensation
tique, diagnostique et stratégique, tout en permettant de calculer peut s’avérer nécessaire en redressant davantage l’incisive mandi-
un index de difficulté de traitement. bulaire. A contrario, lorsque le FMA est inférieur à la norme, la
compensation consiste à permettre à l’incisive mandibulaire de
rester dans sa position initiale, en veillant à ne pas la vestibulo-
verser davantage.
Analyse céphalométrique de profil
Frankfort–« mandibular incisor angle »
L’analyse de Tweed commence par la construction d’un système L’angle FMIA permet d’évaluer la position de l’incisive infé-
géométrique de référence, dont le fameux triangle, à partir d’un rieure par rapport au reste de la face [14, 16, 17] . Il constitue un
ensemble de points de repère. Des mesures sont ensuite réalisées et indicateur de l’équilibre facial et exprime le degré d’équilibre et
comparées à des normes céphalométriques établies sur des échan- d’harmonie entre la limite antérieure de la denture et la face infé-
tillons de patients sélectionnés par Tweed pour leur conformité à rieure.
son idéal esthétique. Tweed aime les profils plats, avec un men- Cet angle perd de sa signification diagnostique lors de variations
ton légèrement proéminent : « I look with loving eyes on a prominent extrêmes du schéma facial vertical (FMA). Son emploi est donc
mandible ». limité pour des angles FMA compris entre 20◦ et 32◦ .
Pour les détracteurs de cette analyse, la décision d’extraire qui Tweed ne vise pas une face idéale abstraite, mais recherche un
en découle souvent reste donc subordonnée à l’acceptation de équilibre tenant compte de la diversité biologique. C’est pourquoi
cet idéal esthétique. En réalité, aujourd’hui, les objectifs théra- il envisage la position optimale de l’incisive mandibulaire en fonc-
peutiques céphalométriques sont beaucoup plus individualisés tion du schéma facial, évalué grâce au FMA, avec la « formule de
que par le passé, permettant une meilleure prise en compte de Tweed » (Tableau 4).
l’esthétique faciale. Chez les normodivergents, la valeur de 68◦ est un objectif thé-
rapeutique optimal, et 65◦ est la limite inférieure du compromis
acceptable. Les variations individuelles de FMA, dans l’intervalle
Triangle de diagnostic compris entre 20 et 35◦ , sont compensées au niveau de IMPA qui
Le triangle de Tweed permet de relier le domaine de l’occlusion diminue à mesure que la face devient plus longue.
à celui de la face, en permettant l’évaluation de la situation spa- Chez les hyperdivergents, le point B est structurellement posté-
tiale de l’incisive mandibulaire, dans le sens sagittal et vertical [15] rieur ; un objectif de FMIA de 65◦ est suffisant. Chez ces patients,
(Fig. 8). la diminution du FMIA est plus en rapport avec l’augmentation
Ce triangle céphalométrique a pour côtés : du FMA qu’avec l’IMPA, qui peut paraître proche de la normalité.
• le plan de Francfort, ligne de référence horizontale ; Le repositionnement de l’incisive mandibulaire est nécessaire du
• le plan mandibulaire, passant par le point menton Me et le fait du problème vertical.
point gonion ; Chez les hypodivergents, le décalage sagittal est fréquemment
• l’axe de l’incisive mandibulaire la plus antérieure. faible, l’évaluation de la position de l’incisive inférieure par rap-
Il permet de définir trois angles supplémentaires : port au reste de la face perd de son intérêt ; l’angle IMPA est l’angle
• FMA : Frankfort–mandibular plane angle : angle plan de Franc- de référence. IMPA ne doit pas excéder 92◦ pour des raisons de
fort/plan mandibulaire ; stabilité de l’incisive inférieure.

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 11


23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

Appliqué de manière rigide, le repositionnement incisif conduit • la hauteur faciale postérieure, qui correspond à la hauteur du
très fréquemment à des extractions de prémolaires. Aujourd’hui, ramus, mesurée comme la distance millimétrique entre le plan
considérant qu’un repositionnement incisif trop important ris- mandibulaire et le point Articulare ;
querait de conduire à un profil trop « plat » en fin de traitement, • la hauteur faciale antérieure, qui correspond à la distance milli-
des compromis sur le repositionnement incisif sont la règle. métrique entre le point menton et le plan palatin, la moyenne
étant de 65 mm pour un enfant de 12 ans.
Analyse du sens sagittal FHI participe à la description du schéma squelettique vertical,
en fournissant des informations parfois plus précises que le FMA.
L’évaluation de la position sagittale des bases osseuses se fait
Dans l’intervalle de normalité compris entre 0,65 et 0,75, le
grâce aux angles SNA, SNB et ANB proposés par Riedel en 1952 [18]
sens vertical peut être contrôlé orthodontiquement. Au-delà de
(Fig. 8), ainsi que par la mesure linéaire AoBo proposée par Jacob-
ces limites, le recours à la chirurgie est à envisager.
son en 1975 [19, 20] .
• Avant traitement, l’étude des variations spontanées de FHI per-
Sella–nasion–point A (SNA) met d’éclairer le pronostic du traitement des classes II, chez qui
Cette variable angulaire permet de déterminer la position anté- on souhaite un différentiel de croissance au profit de la hau-
ropostérieure du maxillaire, évaluée par le point A, par rapport à teur faciale postérieure. Une augmentation de FHI traduit une
la base du crâne, estimée par la ligne SN. SNA permet de révéler croissance verticale du ramus plus rapide que la croissance ver-
une éventuelle protrusion ou rétrusion maxillaire. ticale antérieure. Cette rotation antérieure, qui tend à fermer le
Une valeur de 78 à 82◦ est considérée comme normale en fin de compas mandibulaire, est favorable au traitement des classes II
croissance. et à la correction de la convexité du profil. FHI peut ainsi être
considéré comme un critère décisionnel essentiel dans le choix
Sella–nasion–point B (SNB) d’un traitement avec ou sans extraction.
Cette variable angulaire permet de déterminer la position anté- • En cours du traitement, une diminution du FHI signe un défaut
ropostérieure de la mandibule, estimée par le point B, relativement de contrôle du sens vertical, qui correspond à une égression
à la base du crâne, et donc une éventuelle protrusion ou rétru- molaire.
sion mandibulaire. Une valeur de 80 à 84◦ est considérée comme • En fin de traitement des cas de classe II, une augmentation de
normale en fin de croissance. FHI exprime une fermeture des plans horizontaux qui traduit
Une valeur inférieure à 74◦ ou supérieure à 84◦ oriente vers un un bon contrôle du sens vertical. On observe alors une meilleure
traitement orthodonticochirurgical. participation du menton à l’équilibre du profil.
Point A–nasion–point B (ANB)
Cet angle, calculé en faisant la différence de SNA et SNB, mesure Évaluation des tissus mous et du profil
le décalage relatif des bases osseuses et permet de déterminer la L’harmonie du profil est évaluée à l’aide de l’angle Z (Fig. 8),
classe squelettique : mais également par la mesure de l’épaisseur des tissus mous.
• classe I squelettique : ANB compris entre 0◦ et 4◦ ;
• classe II squelettique : ANB supérieur à 4◦ ; Angle Z
• classe III squelettique : ANB inférieur à 0◦ (point B en avant de Merrifield [22] décrit la ligne Z comme la ligne de profil tangente
A). au pogonion cutané et à la lèvre la plus proéminente.
Plus la valeur de l’angle◦ ANB augmente, plus le décalage de Cette ligne révèle la convexité faciale et l’harmonie du profil,
classe II squelettique augmente et plus le traitement devient dif- en intégrant simultanément le sens vertical et le sens sagittal.
ficile, en particulier lorsque SNB est diminué. L’évaluation esthétique peut se faire soit en mesurant l’angle
qu’elle forme avec le plan de Francfort, soit directement en étu-
Projections des points A et B sur le plan d’occlusion (AoBo)
diant la relation de la ligne Z avec le nez.
La mesure angulaire du décalage des bases squelettiques peut L’étude des variations de l’angle Z en fonction du schéma facial
s’avérer biaisée car le point Na est sujet à des phénomènes de remo- (FMA) montre ainsi que la convexité du profil augmente avec la
delage par apposition et résorption qui peuvent modifier à eux divergence faciale. Les valeurs idéales se situent entre 75 et 78◦ , à
seuls les valeurs de SNA, SNB et ANB, pour une même relation modérer avec l’âge et le sexe.
maxillomandibulaire. L’étude de la relation de la ligne Z avec le nez permet de distin-
La variable linéaire AoBo correspond à la distance séparant les guer deux situations.
projections orthogonales de A et B sur le plan d’occlusion. Elle • La ligne Z passe par le nez : le profil est rectiligne, esthétique-
permet de valider et de préciser le décalage des bases osseuses. ment favorable. Un tel profil avant traitement ne doit pas être
Par convention, un signe négatif est affecté lorsque le point B modifié ; les extractions sont évitées à la mandibule. Le reposi-
est en avant de A : tionnement incisif à l’aide de la formule de Tweed n’est pas pris
• classe I squelettique : AoBo compris entre – 2 mm et + 2 mm ; en compte : il constitue un déficit virtuel, théorique.
• classe II squelettique : AoBo supérieur à 2 mm ; • La ligne Z passe en avant du nez : le profil est convexe. Les
• classe III squelettique : AoBo inférieur à – 2 mm. extractions de prémolaires ne sont pas contre-indiquées ; le
repositionnement incisif est pris en considération comme défi-
Analyse du sens vertical cit absolu de la zone antérieure de l’arcade mandibulaire.
FMA
« Upper lip thickness » (UL)
Il a été décrit avec le triangle de diagnostic.
Cette épaisseur est mesurée entre la face vestibulaire de l’incisive
« Occlusal plane » (OP) centrale maxillaire et le point le plus proéminent de la lèvre supé-
L’angle que forme le plan d’occlusion de Downs (passant par rieure.
le milieu du recouvrement des premières molaires et le milieu La lèvre supérieure s’amincit au cours de la maturation mais
du recouvrement incisif) avec le plan de Francfort présente un s’épaissit au cours du recul des incisives maxillaires (approxi-
intervalle de normalité compris entre 8◦ et 12◦ . mativement 1 mm d’épaississement pour chaque 4 mm de recul
Cet angle a une grande importance du point de vue de la stra- incisif).
tégie thérapeutique. Avant traitement, un angle OP supérieur à
« Total chin thickness » (TC)
12◦ préfigure une difficulté mécanique au cours du nivellement
ainsi que pour la mécanique de classe II. Au cours du traitement, Cette épaisseur est mesurée entre la ligne NB et le pogo-
une augmentation de l’angle OP révèle une absence de contrôle nion cutané. Le menton augmente en volume au cours
vertical et serait un facteur de récidive des traitements de classe II. de la maturation, plus chez les hypodivergents que chez
les hyperdivergents, et plus chez les hommes que chez les
Facial Height Index (FHI) femmes.
L’index de hauteur facial, décrit par André Horn en 1992 [21] , est L’harmonie de la répartition des tissus mous est évaluée en cal-
le quotient de deux variables : culant TC–UL :

12 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


Trois analyses céphalométriques usuelles  23-455-D-30

• si TC–UL est supérieur à 0, le profil est harmonieux, la réparti- en cours de croissance, il faut rajouter l’augmentation prévisible
tion des tissus mous est équilibrée ; de la longueur d’arcade postérieure, fonction de l’âge et du sexe
• si TC–UL est inférieur à 0, il y a une dysharmonie des tissus (1,5 mm par an et par côté jusqu’à 14 ans chez les filles et 16 ans
mous et nécessite une compensation par repositionnement des chez les garçons).
incisives mandibulaires, afin de rétablir l’équilibre de l’étage L’encombrement (ED–EN) est le seul déficit étudié dans la zone
inférieur de la face. postérieure. Un surplus d’espace dans ce secteur peut servir pour
diminuer les déficits plus antérieurs.
Analyse de l’espace total Déficit dentaire total
Merrifield élabore l’analyse de l’espace total en poursuivant la Le déficit dentaire total correspond à la somme des déficits anté-
réflexion de Tweed sur l’importance de la position de l’incisive rieurs, moyens et postérieurs. Un déficit total supérieur à 5,5 mm
mandibulaire et en appliquant ce principe aux autres zones de la oriente vers des extractions, sauf si une expansion est indiquée.
denture. Pour lui, la denture présente des limites individuelles qui La localisation des extractions est fonction de la localisation des
ne peuvent pas être modifiées : les tentatives d’expansion ne sont déficits.
pas stables. Chacun des déficits est multiplié par un coefficient qui tient
L’analyse de l’espace total permet le calcul quantitatif de la dys- compte de sa participation individuelle à la difficulté du trai-
harmonie dentomaxillaire, dont les trois composantes sont : le tement. La somme de ces déficits pondérés par leur coefficient
repositionnement incisif, l’encombrement et le nivellement de la correspond à la difficulté dentaire.
courbe de Spee.
Cette analyse constitue un raisonnement diagnostique et stra- Analyse craniofaciale
tégique permettant de quantifier et de localiser les déficits ou les
L’incorporation de l’analyse craniofaciale à l’analyse cépha-
surplus d’espace à l’arcade mandibulaire, en définissant trois sec-
lométrique de Tweed correspond à une évolution majeure, qui
teurs : antérieur (incisivocanin), moyen (prémolaires et premières
permet d’optimiser l’analyse diagnostique et l’orientation thé-
molaires) et postérieur (deuxième et troisième molaires).
rapeutique, en dépassant la seule étude des arcades dentaires
Secteur antérieur et des déficits occlusaux. Désormais, le choix et la localisation
L’espace disponible correspond à l’espace entre les faces distales d’éventuelles extractions sont déterminés en précisant la localisa-
des canines. tion et l’incidence de la dysharmonie faciale.
Les déficits étudiés sont : La dysharmonie faciale est décrite à l’aide de six variables cépha-
• l’encombrement (ED–EN) qui correspond à l’espace nécessaire lométriques, qui permettent d’évaluer les différentes composantes
déficitaire pour l’alignement des dents du secteur. Ce déficit est du handicap squelettique et facial dans les dimensions verticales
« absolu » ; il doit être corrigé sans compromis ; et horizontales. Ces variables ont été choisies pour leur influence
• l’espace nécessaire au repositionnement incisif ; le reposi- sur la difficulté de traitement.
tionnement incisif est un objectif thérapeutique « virtuel », à Composante squelettique verticale
relativiser en fonction de l’esthétique faciale [15] , analysée par Le handicap vertical est évalué à l’aide de trois variables, FMA,
l’étude de la ligne Z et des tissus mous. Il ne constitue un défi- FHI et OP.
cit absolu que si la ligne Z est en avant du nez. Il est alors Les normodivergents ne présentent pas de difficulté dans le sens
calculé grâce à la formule de Tweed. L’espace nécessaire au repo- vertical. Une dysharmonie verticale accroît la complexité du cas
sitionnement incisif est calculé en sachant que chaque degré de et la difficulté verticale augmente avec l’éloignement par rapport
repositionnement consomme 0,8 mm au niveau du périmètre aux limites de l’intervalle de normalité, que ce soit dans le sens
de l’arcade mandibulaire ; de l’hypodivergence ou de l’hyperdivergence.
• la dysharmonie des tissus mous. Chaque degré d’écart par rapport aux limites de l’intervalle de
Si UL est supérieur à TC, la quantité (UL–TC) constitue un défi- normalité du FMA (> 22◦ et < 28◦ ) est multiplié par un coefficient 5.
cit. Ce déficit est multiplié par deux car tout comme lors du recul De la même manière, l’écart à la normalité des deux autres varia-
de l’incisive inférieure, la rétraction consomme de la place des bles d’analyse du sens vertical, FHI (> 0,65 et < 0,75) et OP (> 8◦
deux côtés de l’arcade. et < 12◦ ), est multiplié par un coefficient 3. La somme de ces trois
Le recul nécessaire à la correction des tissus mous est comparé à écarts affectés de leurs coefficients est égale à la difficulté liée au
celui lié au repositionnement incisif. Si ce dernier est le plus grand, sens vertical.
la correction du profil s’effectue par le seul repositionnement inci-
sif. Dans le cas contraire, même si une indication d’extraction n’a Composante squelettique horizontale
pas été posée pour corriger l’encombrement, elle peut l’être en vue Le handicap horizontal est évalué à l’aide de deux angles, ANB
de la correction du profil. et SNB.
La difficulté de traitement des cas de classe II est directement
Secteur moyen proportionnelle à l’amplitude du décalage des bases mesuré par
L’espace disponible est mesuré de la face distale de la canine à ANB. Chaque degré au-dessus de 6◦ est multiplié par un coeffi-
la face distale de la 1ère molaire. cient 15.
Les déficits étudiés sont : L’évaluation de SNB est elle aussi importante. En effet, un ANB
• l’encombrement (ED–EN) qui correspond à l’espace nécessaire élevé associé à un petit SNB rend la dysharmonie squelettique plus
déficitaire pour l’alignement des dents du secteur ; délicate à gérer que si un ANB élevé est causé par un grand SNA.
• la profondeur de la courbe de Spee. Son nivellement augmente Chaque degré au-dessous de 78◦ est multiplié par un coefficient 5.
la longueur d’arcade. L’espace nécessaire est calculé grâce à la La somme des deux écarts affectés de leurs coefficients est égale
formule de Baldridge, en additionnant 0,5 à la moyenne des à la difficulté liée au sens horizontal.
profondeurs droite et gauche ;
• l’amplitude millimétrique du décalage de classe II. En effet, la Déficit facial
classe II peut être corrigée par un réaménagement de l’espace Le déficit facial est décrit à l’aide d’une seule variable,
dans la zone moyenne, avec mésiogression des premières l’angle Z, qui constitue un indicateur facial intégrant les handi-
molaires mandibulaires. Cette mesure ne constitue pas un défi- caps verticaux et horizontaux. On peut remarquer que l’analyse
cit absolu car la classe II peut aussi être corrigée différemment craniofaciale ne prend pas en compte l’angle FMIA. L’angle Z lui a
(traction intermaxillaire, recul molaire, chirurgie). été substitué car il constitue le meilleur indicateur de l’équilibre de
la face et donc le critère déterminant dans la décision d’extraire.
Secteur postérieur Lorsque la ligne Z passe au niveau du nez, le déficit facial est
La limite antérieure du ramus constitue la limite postérieure de faible, voire nul. Par conséquent, toutes les conclusions issues de
la denture. Sur une téléradiographie de profil, l’espace disponible l’analyse de l’espace total sont à relativiser.
est donc mesuré en avant de cette limite, jusqu’à la face distale de La difficulté liée au déficit facial est calculée en multipliant par
la première molaire, le long du plan d’occlusion. Chez le patient 2 l’écart par rapport à l’intervalle de normalité (> 70◦ et < 80◦ ).

EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 13


23-455-D-30  Trois analyses céphalométriques usuelles

Difficulté totale cranio-facio-dentaire [6] Loreille JP, Delaire J, Caillard P, Sarazin J. Céphalométrie et ortho-
La somme de la difficulté dentaire de l’analyse de l’espace total dontie. Paris: SNPMED; 1992316.
et de la difficulté totale craniofaciale constitue la difficulté totale [7] Grummons DC, Kappeyne van de Coppello MA. A frontal asymmetry
cranio-facio-dentaire. L’utilisation de cet index de difficulté per- analysis. J Clin Orthod 1987;21:448–64.
met de définir trois niveaux de difficulté de traitement : [8] Delaire J. La croissance céphalique dans les classes II. In: Patti A,
• facile de 0 à 60 ; editor. Traitement des classes II de la prévention à la chirurgie. Paris:
Quintessence International; 2000.
• de difficulté moyenne de 60 à 120 ;
[9] Delaire J. Diagnostic des dysmorphoses dento-maxillo-faciales.
• difficile quand supérieur à 120.
Apport de l’analyse architecturale informatisée. AOS
Pour ce dernier niveau, l’apport de la chirurgie orthognathique 1994;(187):477–511.
doit être envisagé. [10] Haroun A. Intérêts de l’analyse architecturale et structurale informa-
tisée Tridim dans le traitement des classes II div 2 hyper-divergentes.
Conclusion Bull UNIODF 2006;(31):16.
[11] Delaire J. L’analyse architecturale et structurale cranio-faciale de
Parallèlement à l’évolution des concepts thérapeutiques et des Delaire. In: Céphalométrie et orthodontie. Paris: Editions SNPMD;
principes mécaniques, l’analyse céphalométrique de Tweed a 2006.
subi plusieurs évolutions importantes depuis le fameux triangle. [12] Tweed CH. Indications for the extractions of teeth in orthodontic pro-
Aujourd’hui, le système d’analyse Tweed–Merrifield constitue un cedure. Am J Orthod 1944;30:405.
processus de réflexion et d’organisation des données du patient [13] Tweed CH. The Francfort Mandibular plane Angle in orthodontic diag-
qui donne au clinicien une image précise des différents problèmes, nosis, classification, treatment planning and prognosis. Am J Orthod
intra- et interarcades ainsi que ceux en rapport avec les différentes 1946;32:175–230.
[14] Tweed CH. The Francfort Incisor Angle (FMIA) in orthodontic diag-
dimensions du schéma squelettique et facial.
nosis, treatment planning and prognosis. Angle Orthod 1954;24:
Sa simplicité d’emploi, ainsi que son intérêt dans le cadre de
121–96.
l’orientation thérapeutique, expliquent son succès auprès des pra- [15] Margolis HI. A basic facial pattern and its application in clinical ortho-
ticiens. dontics. The maxillofacial triangle. Am J Orthod 1947;33:631–41.
[16] Margolis HI. The axial inclination of the mandibular incisors. Am J
Orthod 1943;29:571–94.
 Références [17] Riedel RA. An analysis of dentofacial relationship. Am J Orthod
1957;43:103–19.
[1] Grummons D, Ricketts RM. Frontal cephalometrics: practical appli- [18] Riedel RA. The relation of maxillary structures to cranium in maloc-
cations, part 2. World J Orthod 2004;5:99–119. clusion and in normal occlusion. Angle Orthod 1952;22:142–5.
[2] Ricketts RM. Perspectives in the clinical application of cephalometrics. [19] Jacobson A. The wits appraisal of jaw disharmony. Am J Orthod
The first fifty years. Angle Orthod 1981;51:115–50. 1975;67:125–38.
[3] Ricketts RM, Bench RW, Hilgers JJ, Schulhof R. An overview of [20] Jacobson A. An application of the wits appraisal. Am J Orthod
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[4] Ricketts RM, Gugino CF, Bench RW, Hilgers JJ, Schulhof RJ. Biopro- [21] Horn A. Facial height index. Am J Orthod Dentofacial Orthop
gressive therapy. Denver: Rocky Mountain; 1980. 1992;102:180–6.
[5] Lejoyeux E. Analyse céphalométrique. EMC (Elsevier Masson SAS, [22] Merrifield LL. The profile line as an aid in critically evaluating facial
Paris), Odontologie, 23-455-E-20, 1998 : 10p. esthetics. Am J Orthod 1966;52:804–22.

M. Dumitrache, Ancien assistant hospitalo-universitaire.


K. Gabison, Ancien assistant hospitalo-universitaire.
A. Atrtchine, Assistant hospitalo-universitaire.
C. Chabre, Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier (cl.chabre@free.fr).
UFR d’odontologie de l’Université Paris 7, 5, rue Garancière, 75006 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Dumitrache M, Gabison K, Atrtchine A, Chabre C. Trois analyses céphalométriques usuelles. EMC -
Médecine buccale 2013;8(4):1-14 [Article 28-600-M-10].

Toute référence à cet article doit porter la mention : Dumitrache M, Gabison K, Atrtchine A, Chabre C. Trois analyses céphalométriques usuelles. EMC -
Odontologie/Orthopédie Dentofaciale 2013;8(4):1-14 [Article 23-455-D-30].

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14 EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale


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3 cas clinique

Clinique 1
Analyse céphalométrique de Ricketts-Gugino.
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Clinique 2
Analyse céphalométrique de Delaire.
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Clinique 3
Analyse céphalométrique de Tweed.
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1 « Au quotidien »
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