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Préface ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
65 fiches : de « Alliés (stratégie des) » à « Zones d’incertitude »
Alliés (stratégie des) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Appréciative (démarche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Apprentissage (dynamique d’) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Argumentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Autonomie (cycle de l’) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Benchmarking. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Besoins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Blason . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Cadre de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Cerveaux (les trois) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Comportements (échelle des) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Contenu et relation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Coopération et coordination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Délégation (matrice de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Deming (roue de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Deuil (courbe du) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Diagnostic partagé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
DILO .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Double contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Drivers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
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VI
Le changement… autrement
L’évolution profonde du monde économique et de la société a bousculé les organisations
et l’ensemble de leurs acteurs. Du dirigeant au manager, du manager au collaborateur, nous
vivons tous des mutations très fortes, qu’elles soient technologiques, économiques ou
sociales. La globalisation a accéléré considérablement la compétition. La concurrence
exerce une pression constante sur les prix et sur les coûts, que ce soit dans le secteur
privé ou public. Les attentes du client sont plus difficiles à cerner, et donc à « satisfaire » ;
malin, avisé, agile, il sait ce qu’il veut, et il veut avoir accès tout aussi bien au luxe qu’au low
cost, au produit innovant mais aussi au « classique » ayant fait ses preuves… Son niveau
d’exigence s’élève régulièrement.
La société civile, quant à elle, vit une mutation considérable sous l’impact du numérique et
d’Internet. Au-delà des nouveaux modes de vie au travail et à la maison, le numérique a
transformé les rapports entre les générations. Les téléphones, smartphones, Tablet PC,
iPad, télévisions numériques, réseaux sociaux s’infiltrent dans notre quotidien ; ils boule-
versent nos business models comme nos vies personnelles. Les « digital natives », symboles
de ce monde nouveau, apportent avec eux de nouveaux modes de relation et de commu-
nication : la transparence, la coopération et l’émotion, qui mettent à mal la communication
institutionnelle et la langue de bois !
Bref, l’entreprise et l’organisation du travail du xxie siècle ne peuvent plus se penser avec
les modèles managériaux, les modalités de travail du xxe siècle. « Utiliser les “vieilles cartes”
ne suffit plus, et peut parfois mener à des impasses dangereuses. Dessinons donc de
nouvelles cartes ! 1 »
L’enjeu d’aujourd’hui est de préserver des équilibres subtils, comme le prônaient déjà de
grands entrepreneurs comme Antoine Riboud : « Les entreprises les plus performantes
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et le changement des rapports sociaux internes dans l’entreprise », et ceci dans un monde
où « le temps se réduit, la vitesse augmente et le monde se transforme en un grand village
mondial dans lequel il faut réinventer nos modes de vie ».
Gouverner autrement, s’organiser autrement, manager autrement, travailler autrement :
4 axes stratégiques pour toutes les organisations qui veulent exister de façon pérenne
dans ce monde nouveau.
Les entreprises qui réussiront leur « mue » dans ce nouvel écosystème seront celles où
l’innovation aura pris le pouvoir, où l’agilité sera naturelle et constante. Il ne s’agira pas
seulement de proposer de nouveaux produits ou services mieux adaptés, mais bien de
favoriser de nouveaux comportements avec ses usagers et ses clients, avec ses salariés et
ses dirigeants. La valeur ainsi créée constituera un atout concurrentiel certain.
La place des hommes et des femmes dans les organisations surgit comme une question
centrale pour réussir les transformations qu’imposent tout à la fois l’affirmation des
nouvelles puissances économiques, la question des ressources écologiques qui n’ouvrent
plus les mêmes horizons à l’économie mondiale, le nouveau rapport au temps au travers de
la déferlante technologique. La réaffirmation de cette place dans la réussite du dévelop-
pement économique devra se traduire en décisions de changement dans les organisations
du travail et dans le management. Trop d’intentions non suivies d’actions ont mis à mal la
confiance nécessaire à l’engagement de tous.
salariés, et l’engagement sans une confiance retrouvée. (Re)donner du sens au travail est
un objectif premier incontournable. L’accompagnement des salariés sur le terrain du travail
est un facteur clé du succès des changements, mais il faut rendre plus lisibles, plus acces-
sibles les outils et méthodologies nécessaires aux acteurs ayant en charge cet accompa-
gnement (managers, RH, consultants, formateurs, coachs) pour qu’ils exercent leur rôle
avec efficacité et « confort ». C’est l’objectif de cet ouvrage, qui propose une synthèse
validée par une longue pratique des principaux outils d’accompagnement du changement,
que celui-ci soit individuel ou collectif.
Le Groupe Bernard Julhiet, acteur de tout premier plan des ressources humaines et du
management depuis plus d’un demi-siècle, a voulu s’inscrire dans ce travail et soutenir
cette initiative au service de tous les acteurs du changement. Je suis persuadé que chaque
lecteur saura trouver dans cette mine d’outils les moyens pour répondre à ses nouvelles
exigences professionnelles.
Acteur innovant et impliqué, Bernard Julhiet Group encourage les travaux de recherche et
la production d’ouvrages qui contribuent à faire évoluer les sciences du management, et à
faire « bouger les lignes » de façon très opérationnelle.
« Pour s’améliorer il faut changer. Donc, pour être parfait, il faut changer souvent », sagesse
de Winston Churchill.
Alain Thibault
Président-directeur général, Bernard Julhiet Group
www.bernardjulhiet.tv
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Pourquoi ce livre ?
La liste des ouvrages traitant du changement dépasse largement la centaine, si l’on s’en
tient aux seuls ouvrages disponibles en français.
Alors, pourquoi ce livre ? D’abord, parce que, comme le dit si bien l’écrivaine Danièle
Sallenave, « écrire, c’est essayer d’ouvrir des brèches, des trouées, pour mieux voir,
mieux comprendre, mieux sentir. C’est une manière d’unifier, d’éclaircir sa vie1 ».
Ensuite, parce que beaucoup d’ouvrages existants ne présentent qu’un angle de vue
– celui de l’auteur : ses considérations, son expérience, sa méthodologie privilégiée.
Du point de vue du lecteur ou du praticien, ce foisonnement peut avoir un aspect
décourageant : « Pourquoi cette approche plutôt qu’une autre ? Combien faut-il lire de
livres pour se fabriquer sa propre boîte à outils ? »
C’est en partie cet écueil que veut combler ce livre : proposer, sous une forme compacte,
les apports les plus utiles des différentes disciplines – consulting, coaching, formation,
thérapie – travaillant sur la question du changement, que celui-ci soit de nature :
• collective (organisation, stratégie, processus, système d’information, système de
gestion des ressources humaines, métier, activité…) ;
• ou individuelle (comportements, relations, gestion des émotions, relations de
pouvoir, croyances, deuils…).
Par ailleurs, comme le dit Alain Thibault dans sa préface, le changement continue
d’être d’un maniement délicat. Comment expliquer l’écart entre le savoir existant et
ces difficultés persistantes ?
La première explication me paraît devoir être recherchée du côté du mode de forma-
tion et de sélection des élites. À ma connaissance, le changement en tant que tel ne
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fait pas partie des cursus de formation, à de très rares exceptions près. Au mieux, c’est
1. D. Sallenave, La Vie éclaircie – Réponses à Madeleine Gobeil. (Sauf indication contraire, les réfé-
rences des ouvrages cités se trouvent en fin d’ouvrage, dans les « sources bibliographiques ».)
une option, une discipline secondaire. Les cours dispensés dans les cursus supérieurs
sont centrés sur les aspects techniques, bien davantage que sur les dimensions
humaines et relationnelles. Or, comme le souligne Bertrand Martin, chef d’entreprise
ayant écrit un livre témoignage avec Vincent Lenhardt, « si les problèmes techniques
clairement posés trouvent pléthore de compétences intellectuelles pour les résoudre,
les difficultés essentielles proviennent de nous-mêmes et de nos relations avec nos
semblables1 ».
De même, le déclin des humanités comme mode de sélection, au profit des mathéma-
tiques ou des sciences dites « dures », conduit de plus en plus à voir l’homme au mieux
comme une « ressource », au pire comme un « coût ».
Une seconde explication réside dans la nature même du changement. Celui-ci est,
d’abord, affaire d’exécution. Or, cette dimension opérationnelle est souvent reléguée
au second plan, car jugée peu intéressante, intellectuellement parlant. Il faut ainsi
attendre la fin de carrière d’un stratège comme Jean-René Fourtou, ex-dirigeant du
cabinet de conseil Bossard, de Rhône-Poulenc, de Vivendi, pour qu’il « [se] demande
si le “comment faire” n’est pas le plus important. Je m’aperçois que des erreurs dites
“stratégiques” sont bien souvent des erreurs d’exécution et de mise en œuvre. Le savoir-
faire dans l’action est indispensable au succès de toute entreprise2 ».
Malgré la multiplication des discours reconnaissant l’importance du changement,
celui-ci reste une sorte de non-sujet, de non-discipline, renvoyé :
• soit à l’expérimentation, au tâtonnement, au « bon sens » ;
• soit aux seuls professionnels : consultants, coachs, formateurs, thérapeutes.
Qu’il puisse y avoir un corpus de connaissances conséquent, des savoir-faire éprouvés,
des méthodologies fiables ne semble trouver d’écho ni au sein des lieux d’enseigne-
ment ni au sein des organisations.
À cela s’ajoute sans doute une certaine spécificité française. Je ne crois pas forcer le trait
en disant que les Français ne sont pas le peuple le plus à l’aise du monde avec le change-
ment ; particularité qui trouve sa première illustration dans le monde académique.
Le vertige nous guette quand on dresse – même approximativement – la liste des
auteurs ayant apporté une contribution significative au sujet : Chris Argyris, Richard
Bandler, Gregory Bateson, Éric Berne, Ludwig von Bertalanfy, William Bridges, David
Cooperrider, Edwards Deming, Robert Dilts, Peter Drucker, Milton Erickson, Heinz von
Foerster, Ernst von Glasersfeld, John Kötter, Kurt Lewin, James March, Abraham
Maslow, Henry Mintzberg, Giorgio Nardone, Carl Rogers, Marshall Rosenberg, Robert
Rosenthal, Will Schutz, Peter Senge, Steve de Shazer, Herbert Simon, Claude Steiner,
Frederick Taylor, Paul Watzlawick, Michaël White…
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« Les Français, combien de divisions ? », aurait demandé l’« humaniste » Joseph Staline
si le sujet l’avait intéressé. Parmi eux, soyons justes, on peut citer Michel Crozier, Edgar
Morin, Jean-Christian Fauvet. Mais les deux premiers sont allés chercher leur inspira-
tion outre-Atlantique (sociologie américaine du travail et des organisations pour le
premier ; cybernétique, systémique, constructivisme pour le second) et leurs apports,
incontestables, sont encore loin d’être intégrés dans leur propre pays. Quant à la
sociodynamique de Fauvet, qui la connaît en dehors du petit monde des consultants ?
Aussi, c’est pour donner accès à ces savoirs, ces savoir-faire, ces « ficelles » que j’ai
écrit ce livre : regrouper en un seul volume les principaux outils, concepts et méthodes
servant de base à l’accompagnement du changement, collectif comme individuel.
J’ai puisé dans deux décennies d’allers-retours entre théorie et pratique, avec une
croyance forte : la théorie n’est pas l’ennemie de la pratique. Elle en est la sœur
siamoise, la confidente, l’indispensable accompagnatrice. La théorie, c’est savoir que
l’on a une paire de lunettes sur les yeux qui nous fait voir la réalité d’une certaine façon.
Utiliser ces notions, ce n’est pas avoir plus raison que celui qui ne les utilise pas : c’est
être plus rapide, plus efficace, mais surtout plus « humain ».
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Méthode
Changement collectif
La notion
La « stratégie des alliés » est le concept central de la sociodynamique. La sociodyna-
mique est une méthode de conduite du changement, inventée et développée par
Jean-Christian Fauvet dans les années 1970, au sein de feu le cabinet Bossard
Consultants.
Sa finalité est de gérer l’énergie déployée par les acteurs sur un projet de changement
donné. Cette énergie peut être à la fois positive (il l’appelle la « synergie ») et négative
(appelée « antagonisme »). Pour Fauvet, il n’est pas suffisant de dire que tel acteur (ou
groupe d’acteurs) est pour ou contre un projet. La réalité est plus complexe : il peut
être pour et contre à la fois… ou ni l’un ni l’autre.
Un acteur peut être à la fois plus antagoniste et plus synergique qu’un autre : c’est-à-
dire développer à la fois plus d’énergie pour et plus d’énergie contre un projet donné.
Un « allié », au sens sociodynamique du terme, est donc un acteur injectant davantage
de synergie que d’antagonisme.
Quelqu’un qui propose des alternatives à celles du projet développe de l’antagonisme, mais
aussi de la synergie, puisque son intention est que le projet avance. Il est donc fondamental
de ne pas se laisser aveugler par l’antagonisme, et de bien voir l’énergie qui est derrière cette
opposition.
10
Une grande entreprise du secteur de l’énergie vit depuis quelques années des réorganisa-
tions nombreuses. Protégée par son statut, son organisation a pendant longtemps davantage
été utilisée pour satisfaire les besoins de ses personnels que pour s’adapter à son environ-
nement.
La réglementation européenne faisant progressivement la chasse aux monopoles, l’entre-
prise doit adapter son organisation à marche forcée.
Dans une des régions concernées, le chef de projet élabore une première « carte des parte-
naires », afin d’identifier a priori les acteurs synergiques et les acteurs antagonistes. (À ce
© Groupe Eyrolles
stade, il est important de souligner que la stratégie des alliés se veut une démarche dyna-
mique et non statique. Certes, elle cartographie la position synergique des acteurs, mais
11
c’est pour mieux tenter de la faire évoluer : un acteur synergique dont on ne s’occupe pas
peut rapidement baisser en énergie ; un acteur antagoniste peut très bien, lui aussi, évoluer,
pour peu que l’on ait écouté et intégré ses desiderata. La stratégie des alliés vise à faire
bouger les positions.)
Les projets de rapprochement d’entités ne suscitent guère d’opposition, car des garanties
ont été données sur le droit pour chacun de rester dans son département. Mais ils ne susci-
tent guère non plus d’enthousiasme. Le premier travail va donc consister à identifier les
acteurs susceptibles d’être intéressés par les opportunités offertes par ces rapprochements.
Dans un second temps, il s’agira d’accompagner le DRH dans la mise en œuvre de la stratégie
des alliés. Il devra en particulier veiller à ne pas donner trop d’importance aux quelques voix
qui tonnent contre cette nouvelle politique. Si des tentatives sont évidemment nécessaires
vis-à-vis des opposants, afin de voir si leurs positions sociodynamiques peuvent bouger
(augmentation de la synergie et/ou baisse de l’antagonisme), il faudra, si ce n’est pas le cas :
• réduire le temps passé avec eux, tenter de réduire leur pouvoir d’influence, afin qu’ils ne
« contaminent » pas les autres ;
• et, surtout, consacrer l’essentiel du temps à identifier les actions susceptibles de renforcer
les alliés, les soutenir, les encourager, les valoriser.
12
Méthode
Changement collectif
La notion
La démarche appréciative – appelée en anglais Appreciative Inquiry – est une
démarche positive d’accompagnement du changement. Pour en apprécier toute l’ori-
ginalité, il faut remonter à ses origines.
Pendant longtemps, et encore majoritairement aujourd’hui, la médecine et sa fille la
psychologie se sont intéressées essentiellement aux pathologies, c’est-à-dire à ce qui
va mal chez l’individu. Le travail du médecin, du thérapeute, dans cette perspective,
consiste à identifier les maux et à les soigner : par les médicaments pour le médecin,
par la parole pour le thérapeute.
Dans les années 1950 à 1970, un certain nombre de psychologues américains – Abraham
Maslow, Carl Rogers, Paul Watzlawick, Milton Erickson, entre autres – ont inversé le
questionnement. Au lieu de se demander pourquoi les individus allaient mal, ils ont
cherché à comprendre pourquoi ils allaient bien ; au lieu de chercher les pathologies,
les souffrances, les échecs, les insuffisances, ils ont cherché les points forts, les réus-
sites, les ressources, les compétences.
Voilà ce que dit Guy Ausloos, thérapeute québécois, à ce propos. Il parle du « côté
négatif de notre culture, une culture du pessimisme, de la culpabilisation ou du négati-
visme, ce besoin que nous avons toujours de chercher ce qui ne va pas, au lieu de s’in-
téresser à ce qui fonctionne. Dans les années 1970, début des années 1980, on me
faisait remarquer que je ne travaillais pas comme il fallait parce que je ne questionnais
pas suffisamment ce qui n’allait pas. Nous avons cette culture qui nous fait regarder ce
qui ne va pas1 ».
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2. Découverte
Révéler les ressources,
les réussites,
les succès
5. Déploiement 3. Devenir
1. Définition
Déployer et Imaginer le futur
Choisir le thème
piloter les actions désiré
positif du
priorisées
changement
4. Décision
Prioriser et allouer
les ressources
1. Le passage qui suit, ainsi que les citations sont tirés de J. Pagès (cf. « Pour aller plus loin »). Les
Anglo-Saxons se sont fortement emparés de la démarche appréciative et la littérature à son sujet est
volumineuse. En français, à ma connaissance, il n’existe que les livres de Jean Pagès et de Pierre-
Claude Élie (Québécois).
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1. Cette mission a été réalisée par Victor Bouzard, consultant coach du Groupe Bernard Julhiet à
Lyon. Je le remercie de bien avoir voulu en témoigner.
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Concept
Changement collectif
La notion
La capacité d’apprentissage est la principale métacompétence d’une entreprise et
d’un individu : d’elle dépend l’ensemble des autres apprentissages. Autant dire qu’elle
devrait être au cœur des préoccupations des entreprises.
Deux auteurs japonais, I. Nonaka et H. Takeuchi, ont montré que l’apprentissage est un
processus circulaire :
« Je suis conscient
« Nous sommes plusieurs
Savoir de ce que je sais
à partager le même
explicite ou ne sais pas. »
savoir, et nous
le savons. »
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Au départ, l’individu sait des choses, dispose de connaissances, mais ne sait pas forcé-
ment qu’il les possède. Son savoir est individuel et implicite. Afin de donner de la
puissance à ce savoir, il faut lui faire prendre conscience de ce qu’il sait. Ainsi, il peut
plus facilement mobiliser ce savoir, pour lui et pour les autres. De tacite, son savoir
doit devenir explicite.
En animation de groupe, on amène les participants à réfléchir sur un sujet, sur ce qu’ils en
ont vu, appris, compris. On favorise la prise de conscience. C’est le premier mouvement.
Sur un séminaire de plusieurs jours, faire réfléchir les participants sur ce qu’ils ont vu,
entendu, retenu de la journée précédente permet de mettre en place cette boucle d’ap-
prentissage :
• les participants ont appris quelque chose, mais ne savent pas encore quoi. Les y faire
réfléchir permet de passer du tacite à l’explicite ;
• le fait que chacun partage avec le groupe peut faire écho chez certains. Les autres participants
voient ainsi ce que chacun a retenu : mon savoir devient celui du groupe, celui du groupe
devient le mien. L’ensemble de cette connaissance partagée devient un savoir collectif.
Comment une entreprise peut-elle intégrer ces principes dans ses pratiques ?
• Les directions des ressources humaines et les services de formation devraient
penser l’apprentissage dans la durée – surtout dans le domaine des compétences
comportementales (management, leadership) –, et pas simplement sur la durée d’un
stage. Ce sont davantage des parcours qu’il convient de construire que des modules
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• De nombreuses entreprises n’ont pas fait évoluer leurs pratiques, qui reposent sur
des stages de formation, animés par des intervenants externes. Or, quantité d’autres
modalités existent (coachings individuels, coachings d’équipes, groupes d’analyse
de la pratique, conférences, ateliers d’approfondissement, etc.), encore relative-
ment peu utilisées alors qu’elles sont souvent moins coûteuses et plus efficaces.
Une PME fortement implantée sur le marché des parfums industriels est confrontée à un
changement d’environnement concurrentiel : de nouveaux entrants arrivent, proposant des
produits innovants à des tarifs plus compétitifs.
L’entreprise est caractérisée par un management de type familial : un système de promotion
interne privilégiant les cadres maison ; une mise en avant de l’expertise, du métier ; un fort
attachement au père fondateur ; une culture de la qualité (voire de la surqualité) ; etc.
Suite à une conférence, le directeur général et son comité de direction demandent au DRH
de « moderniser la culture managériale », afin de répondre à ces nouveaux enjeux.
Le DRH, lui-même issu de cette culture, s’attelle à la tâche, pas forcément convaincu au
départ. Après de longs échanges préparatoires, celui-ci va mettre en place un dispositif
assez innovant pour une entreprise de cette taille, fait de séminaires, d’ateliers thématiques,
d’accompagnement d’équipes, de coachings individuels et, dans un second temps, de
groupes de pratiques, proposés aux cadres volontaires.
4e niveau d’apprentissage :
« J’approfondis des situations 1er niveau d’apprentissage :
professionnelles qui me « J’apprends des éléments
sont spécifiques. » de théorie et de pratique. »
Accompagnement Séminaire
individuel de formation
Processus
d’apprentissage
Ateliers thématiques
Groupes de pratique Intersession
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Quelles que soient les modalités, les 2 principes-clés en matière d’apprentissage sont :
• une inscription dans la durée : des compétences, des savoir-faire nouveaux ne s’ac-
quièrent pas en une fois ;
• la plus grande variété possible dans les modalités proposées : formation « clas-
sique », binômage, conférences, tutorat, coaching individuel et d’équipe, transfert
de compétences du manager ou d’experts, lectures…
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Outil
Changement collectif
La notion
L’argumentaire est un outil de communication, basé sur un jeu de questions-réponses.
Il est notamment utilisé dans la vente et en management de projet.
L’utilisation que j’en propose concerne des projets de changement : changement de
stratégie, d’organisation, d’outil, de système d’information.
Une des difficultés auxquelles peut être confronté un pilote de changement au démar-
rage de son projet est le manque d’alignement des différentes cibles : la direction a un
point de vue, l’encadrement un autre, les salariés encore un autre.
L’argumentaire présente un double avantage :
• en termes de contenu, il fournit des réponses aux questions que les gens se posent
au démarrage d’un projet : pourquoi ce changement ? Qu’est-ce que ça va changer ?
Pourquoi maintenant ? Quels impacts cela aura-t-il sur l’organisation, l’emploi, les
pratiques de travail ? Il donne le sens du changement, sa signification ;
• en termes de processus, il permet au pilote, à travers l’élaboration des réponses,
d’une part, de sensibiliser les décideurs aux questions que les gens se posent sur le
terrain et, d’autre part, de les animer autour des réponses. À travers cela se construit
une représentation partagée du changement :
– la base de l’entreprise entend ce que veut faire la direction ;
– la direction entend les questions que se posent les salariés.
L’argumentaire va donc au-delà de la communication : c’est, dans son processus autant
que dans son contenu, un véritable outil de conduite du changement.
Il présente d’autres avantages :
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• pour un peu que le changement concerne plusieurs sites, il permet de diffuser les
mêmes réponses partout, les mêmes messages. Il évite ainsi pas mal de déperdition
de contenu (cf. « Communication ») ;
• il permet de monter un réseau de relais de communication et, ainsi, d’élargir le
cercle des alliés (cf. « Alliés (stratégie des) »), c’est-à-dire le nombre de personnes
qui vont injecter de l’énergie dans le projet.
Une filiale d’un grand groupe agroalimentaire accueille un nouveau directeur industriel.
Celui-ci fait le tour des usines, et constate un certain retard en matière d’organisation indus-
trielle : pas de gestion des compétences ; pas de communication visuelle ; peu d’outils de
progrès (type 5 S) ; une répartition des rôles tirant l’encadrement vers le bas ; etc. Après
quelques semaines de réflexion, la décision est prise de mettre en place des équipes auto-
nomes1.
Pour la culture de l’entreprise, le changement culturel est profond et les interrogations
nombreuses, y compris au niveau des cadres.
Une fois le projet structuré, il est présenté aux usines : comités de direction, encadrement,
opérateurs. C’est l’occasion d’employer l’argumentaire. Les réunions d’information sont utili-
sées pour relever les questions que tous se posent. Le chef de projet en fait un relevé
exhaustif et propose des premiers éléments de réponse au comité de pilotage. Les réponses
sont redescendues aux usines, qui peuvent s’en servir dans leur communication avec les
opérateurs.
Ce travail permet aussi d’aligner l’ensemble des acteurs de la communauté industrielle, puis,
progressivement, des autres directions, sur les finalités et le sens du projet. Le projet, stric-
tement industriel au départ, devient peu à peu un projet d’entreprise ; puis il est cité en
exemple au niveau du groupe, qui envoie les responsables d’autres filiales y puiser des
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Argumentaire
Nom du projet :
C. Bénéfices du projet :
Ce que le projet va apporter : à l’entreprise, à l’encadrement, au personnel.
D. Inconvénients du projet :
Un projet crée quelque chose de nouveau, et remet donc en cause une ancienne situation, dont
certaines catégories bénéficiaient. Les identifier permet d’anticiper les résistances.
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H. Ce que les salariés et les managers doivent faire pour que le projet fonctionne
(exemple : changer de comportements, utiliser de nouveaux outils…) :
Donner des exemples concrets de ce que vont devoir faire les acteurs : quels changements de
comportements, de pratiques, d’attitudes vont-ils devoir opérer ?
I. Les objectifs minimaux du projet tels que demandés par le(s) sponsor(s) du projet :
La base du projet, sachant que, bien entendu, le projet peut aller au-delà.
J. Les réactions probables des salariés et des managers que le projet doit anticiper :
Incite à se mettre à la place des cibles du changement.
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Chef de projet :
Équipe projet :
Autres acteurs :
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Concept
Changement individuel et collectif
La notion
L’autonomie est une notion essentielle, complexe et ambiguë :
• essentielle, car tous les managers rêvent de collaborateurs parfaitement autonomes ;
• complexe, car elle sollicite l’intériorité des individus et, à ce titre, supporte mal les
injonctions (cf. « Double contrainte ») : on ne décrète pas l’autonomie ;
• ambiguë, car elle est souvent confondue avec l’indépendance, alors qu’elle en est le
dépassement.
J’utilise la définition proposée par l’analyse transactionnelle, selon laquelle l’auto-
nomie est la forme la plus aboutie d’un fonctionnement fondé sur des liens multiples.
L’autonomie n’y est plus vue comme un état statique, mais comme un processus, une
dynamique.
Ce processus comporte 4 stades : la dépendance, la contre-dépendance, l’indépen-
dance et, enfin, l’autonomie, aussi appelée « interdépendance ».
Stade 0 : la dépendance
La dépendance est qualifiée de « stade 0 » car elle ne comporte aucune forme d’auto-
nomie.
1. Je reprends ici certains éléments de mon précédent livre. Cf. « Pour aller plus loin ».
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À ce stade, les liens sont forts et inégaux. La relation va dans un seul sens : il y a un
« donneur » (le parent, le hiérarchique) et un « receveur » (l’enfant, le nouvel arrivant).
Stade 1 : la contre-dépendance
C’est le début du processus d’autonomisation, et il démarre par… l’opposition, commen-
cement du détachement.
Durant l’enfance, il y a deux moments de contre-dépendance : la « petite adoles-
cence », vers 2 ans, et l’adolescence proprement dite.
L’enfant est en opposition avec ses parents. Pour s’affirmer, il s’oppose : les parents disent
« blanc », il dit « noir » ; ils proposent des vacances à la mer, l’adolescent « préfère » des
vacances à la montagne. C’est l’adolescent « en révolte » contre la société, contre ses
parents, qui trouve « tout nul ».
En fait, pour être juste, il faut nuancer cette vision de la contre-dépendance. D’abord,
la majorité des adolescents ne font pas de crise d’adolescence. Ensuite, le stade de
contre-dépendance, sa durée, son intensité vont dépendre largement de la réponse
de l’environnement. La crise de l’adolescence est en réalité une crise de la distance
parentale.
Dans une équipe, le contre-dépendant est la personne qui adopte une attitude de « grogne »,
de refus ou de contre-pied plus ou moins systématique, exprimant par là une demande
cachée d’exister davantage ; d’être davantage respectée, entendue, de trouver sa place (ce
que Will Schutz appelle le besoin de « contrôle » : cf. « Inclusion, contrôle, ouverture »).
Si un collaborateur en est à ce stade, c’est que son manager n’a pas su trouver la bonne
distance, n’a pas su lui offrir sa juste place. Un outil comme le management situationnel
(cf. fiche correspondante) peut l’y aider.
Les liens sont aussi forts qu’au stade précédent et aussi inégaux : même si c’est dans
l’opposition, l’individu a tout autant besoin de repères pour exprimer sa position.
Le caractère déconcertant de la contre-dépendance réside dans le fait que l’individu
(ou l’équipe) envoie deux messages, en apparence opposés :
• l’un, explicite, d’opposition ;
• l’autre, implicite, exprimant une demande de reconnaissance et d’intégration.
Si l’environnement (parents, responsable hiérarchique) n’entend que le premier
message, l’opposition risque non seulement de durer, mais de se renforcer. Si, inverse-
ment, l’environnement entend la demande latente, et y répond, alors l’évolution se fera
beaucoup plus facilement vers l’étape d’après : l’indépendance.
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Stade 2 : l’indépendance
Dans la vie courante, cette période se situe à l’entrée dans l’âge adulte.
Le jeune adulte éprouve le besoin d’exister par lui-même, de voir s’il est capable de tenir
debout tout seul. Les liens familiaux lui pèsent, il rejette massivement les conseils de ses
proches. Il cherche moins des connaissances – surtout celles des autres – que des expé-
riences : il ne veut pas savoir, il veut expérimenter, quitte à se tromper. Aussi, vouloir lui
éviter les erreurs… est une erreur.
Tout ce qui peut le maintenir en situation de sujétion est rejeté. Seuls les liens amicaux,
plus égalitaires, sont recherchés.
Dans le milieu professionnel, c’est l’expert qui estime n’avoir de comptes à rendre à personne,
qui coopère le moins possible. Le collaborateur « indépendant » sait ce qu’il a à faire, il
perçoit son chef, voire ses collègues, comme une gêne et ce, d’autant plus qu’il s’estime
– souvent à juste titre – compétent.
L’indépendance est l’univers du « non-lien » : non-lien avec les parents ; non-lien avec
son responsable hiérarchique ou avec les autres services.
L’indépendance, comme la contre-dépendance, peut être ambiguë, car elle ne rechigne
pas à ce que des liens cachés subsistent : c’est le jeune adulte qui accepte l’argent que
lui donnent ses parents, d’autant plus volontiers si ceux-ci ont le bon goût de ne pas en
parler ; ce sont certaines minorités régionales « indépendantistes » qui, tout en ayant
un discours haut en couleur, ne refusent pas les aides financières de leur État ou des
institutions internationales.
Ces liens cachés, malgré tout, sont souvent mal vécus, et se transforment parfois en
violence.
Le jeune adulte qui devient parent se trouve placé face à un nouvel être en totale dépen-
dance vis-à-vis de lui, ce qui l’amène à reconsidérer les liens avec ses propres parents. Le lien
intergénérationnel se (re)fait.
En entreprise, c’est un collaborateur à la fois compétent, indépendant, et en même temps
coopérant avec les autres, qui a intégré le fait que la coopération est non seulement indis-
pensable, mais la condition de sa propre efficacité (cf. « Coopération et coordination »).
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Autrement dit, l’autonomie, loin d’être l’antinomie du lien, en est la forme la plus
aboutie.
collaborateur
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Expert
• Ex. : collaborateur « contestataire » ;
• Ex. : expert ; jeune adulte adolescent
• Besoin : (se) montrer sa capacité • Besoin : trouver sa place, son rôle ;
à tenir debout tout seul ; contrôle contrôle
• Demande cachée : se (re-)lier • Demande cachée : exister par
• Liens : faibles, égaux et repoussés soi-même
• Gain : synergies, échanges • Liens : forts, inégaux et repoussés
• Deuil : confort de la solitude • Gain : responsabilité
• Accompagnement : lâcher prise sur • Deuil : confort de l’opposition,
le contrôle (manager), faire expérimenter de l’irresponsabilité
le lien • Accompagnement : accepter le
désaccord, alimenter en information
(si méconnaissances), inciter
à proposer, rappeler au besoin
les termes du « contrat »
Le cycle de l’autonomie
(Source : N.-K. Symor, repris par V. Lenhardt)
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Accompagnement individuel
Le cycle de l’autonomie est un outil utilisé en coaching, en management : lorsqu’un
collaborateur peine à trouver sa place ; lorsqu’un manager éprouve des difficultés de
management avec certains de ses collaborateurs. Des hypothèses peuvent être faites,
permettant d’identifier les besoins à satisfaire et les deuils à accompagner [cf. « Deuil
(courbe du) »].
Au stade de la dépendance, le besoin immédiat de l’individu est d’être pris en charge.
Pour le faire progresser, il va falloir diminuer petit à petit cette prise en charge, et
l’accompagner pour qu’il lâche le confort dans lequel il se trouvait ; en ayant conscience,
en même temps, que l’étape d’après va peut-être se traduire par de la contre-dépen-
dance, c’est-à-dire une opposition plus ou moins marquée. Le manager peut aider son
collaborateur à davantage exprimer son point de vue, lui confier davantage de respon-
sabilités.
Au stade de la contre-dépendance, la grogne exprimée par un collaborateur peut être
le signe qu’il cherche sa place. Selon l’attitude du manager, le collaborateur aura plus
ou moins de facilité à évoluer vers le stade d’après.
On voit tout l’intérêt de cette lecture en termes de processus de croissance :
• en temps normal, un désaccord peut être perçu comme une opposition ;
• en termes de processus, il apparaît beaucoup plus comme une demande cachée,
latente, souvent inconsciente, de pouvoir s’exprimer, trouver une place, sa place.
La violence dans les banlieues peut être vue soit comme la manifestation d’un rejet de la
société, soit – à l’opposé – comme une demande cachée « d’en être » : on ne veut pas sortir
de la société, mais y être davantage intégré ; comme la société ne me fait pas de place, pour
retrouver une dignité je la rejette à mon tour. Selon la grille de lecture choisie, les réponses
à apporter ne seront pas les mêmes.
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Accompagnement collectif
Une équipe suit la même évolution qu’une personne. L’outil ci-après peut être utilisé
comme outil de diagnostic par l’équipe.
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Stade 1
Stade 0 Contre- Stade 2 Stade 3
Dépendance dépendance Indépendance Autonomie
Résultats,
performance 0 1 2 3
Liens, coopérations,
échanges de 0 1 2 3
bonnes pratiques
Compétences 0 1 2 3
Responsabilisation,
initiative, force 0 1 2 3
de proposition
Management 0 1 2 3
Les équipes de production d’un site industriel appartenant à un grand groupe métallurgique
sont engagées dans une démarche de TPM1. Déjà très avancées, les équipes en sont arrivées
au dernier stade du référentiel TPM. Elles souhaitent s’engager dans une démarche d’auto-
nomie collective.
Les responsables industriels acceptent le principe proposé par le consultant, à savoir que
l’autonomie ne se décrète pas, et que c’est aux équipes elles-mêmes de définir le niveau
d’autonomie auquel elles souhaitent parvenir.
Des séminaires sont organisés pour toutes les lignes de production, au cours desquels sont
mélangés la production et les supports (maintenance, qualité, appui technique…). Pendant
trois jours, les équipes ainsi mélangées – elles expérimentent le lien et la coopération – réali-
sent leur propre diagnostic, définissent leur cible et les actions à mener.
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