Man Gues
Man Gues
Man Gues
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École Doctorale
Sciences et Technologies
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Laboratoire de Microbiologie et
Biotechnologies Microbiennes
N° d’ordre…………..
(LAMBM)
THÈSE Présentée
Spécialité : Microbiologie-Biotechnologie
Membres : Alfred S. TRAORE, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou (Directeur de thėse, Burkina Faso)
Le réseau bénéficie aussi du soutien de certains spécialistes des biotechnologies des universités du Nord : Université de la
méditerranée (France), Université Louis Pasteur de Strasbourg (France), Centre de Génétique Moléculaire de Gif-sur-Yvette-CNRS
(Paris France), Université de liège (Belgique), Faculté Universitaire de Gembloux (Belgique) , Université de Rome, Université
Agronomique de Wagenningen .
L'importance des biotechnologies dans la résolution des problèmes de développement socioéconomiques des pays de l’Afrique sub-
saharienne (Alimentation, Santé, Environnement, etc.) Justifie amplement la mise en place de cette formation. Elle est cogérée par un
comité pédagogique international africain, constitué par des enseignants, des chercheurs, tous spécialistes dans les divers domaines des
biotechnologies.
La mutualisation des expériences par toutes ces compétences est un atout majeur pour la formation des ressources humaines de qualité
au profit du continent africain et de l’humanité.
Pr. Alfred S TRAORE
Professeur titulaire de Biochimie Microbiologie
CRSBAN/UFR-SVT/Université de Ouagadougou
Chevalier de l’ordre du mérite
Officier de l’ordre des palmes académiques/ CAMES
Directeur pédagogique du CRSBAN
Chevalier de l’ordre national
Chevalier de l’ordre international
i
«Le merveilleux est la chose la plus noble dont nous puissions
véritable science.
Albert Einstein.
ii
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
J‟adresse toute ma reconnaissance aux enseignants du CRSBAN qui ont chacun à un
moment donné ou à un autre contribué efficacement à ma formation. Je pense en particulier au
Pr. Aboubakar S. OUATTARA, et aux Dr Cheik A.T. OUATTARA, Philippe NIKIEMA,
Marcel D. BENGALY, André Jules ILBOUDO, Marcel D. Imaël N. BASSOLE.
Mes sincères amitiés aux personnels techniques du CRSBAN qui ont contribué chacun à sa
façon à la réalisation de cette thèse, particulièrement à Benoît Sa TRAORE technicien de
laboratoire au CRSBAN.
J‟ai passé des bons moments avec les doctorants du CWBI : Rasoul de l‟université de
l‟Iran, Delia de l‟université de la Roumanie, wissal, Asma, Wafa de l‟université de la Syrie et du
Maroc, Irène du Centre Agro-Biotech de l‟université de Gembloux. J‟ai bénéficié également de
l‟expérience des chercheurs du CWBI: Christophe, Sabri, Julien, Slim. Que toutes ces personnes
recoivent le témoignage de mon amitié.
Je remercie mes aînés Docteurs pour leur encouragement : Dr. Fidèle TIENDREBEOGO,
Dr. Ynoussa MAIGA, Dr. Christel NADEMBEGA.
Mes remerciements vont aussi à tous les doctorants du CRSBAN pour leur soutien :
CHeikna ZONGO, Rakieta COMPAORE, Isidore O. Juste BONKOUNGOU, Zara NIKIEMA,
Léon NITIEMA, Zenabou SEMDE, François TAPSOBA, Monique SORO, Pauline
OUEDRAOGO, Clarisse COMPAORE, Assèta KAGAMBEGA, Oumar TRAORE, Nicolas
OUEDRAOGO, Joseph SAWADOGO, KOURAOGO Rakeita, Chaibou YAHOU, Joseph
MAKAYA. Merci et surtout bon courage à vous pour la suite de vos travaux.
Je remercie enfin tous mes amis pour leurs encouragements et leurs multiples soutiens :
Mr. Bienvenu Martin SOMDA, Hamidou ILBOUDO, Lucien BADO doctorants à l‟université de
Bobo Dioulasso, Denise ILBOUDO doctorante à l‟université de Milan (Italie), François
KIEMDE, Olivier OUEDRAOGO, Berthine DABIRE, Abel ILLA, Harouna SAMA, Mahamat
ABDELLATIF, Antoinette OUEDRAOGO, Fatouma ABDOULATIF, Cymphor MEDA.
Je remercie dernièrement ma très chère fiancée Flore W. D. Bissyandé, elle qui a supporté
mes multiples absences liées à la préparation de cette thèse, je voudrais qu‟elle trouve
aujourd‟hui une raison de se consoler.
v
Merci à tous ceux dont les noms n‟ont pu être cités mais qui, de loin ou de près, ont discrètement
mais efficacement, contribué à l‟aboutissement de ce travail.
La réalisation de l‟ensemble des travaux de la présente thèse a été rendue possible grâce à
l‟appui financier du Programme ISP / IPICS (International Sciences Programm/ International
Programm in the Chemicals Sciences, Suède), de l‟UEMOA (Union Economique et Monétaire
de l‟Afrique de l‟Ouest), de l‟IFS (Fondation Internationale pour la Science, Suède). Que ces
donnateurs soient assurés de me sincères remerciements.
vi
Résumé
Cette thèse a porté sur la valorisation des résidus de mangues par la biotransformation et
l‟optimisation des rendements de conversion de ces résidus en bioéthanol. Les travaux réalisés
s‟incrivent dans un axe de recherche des énergies renouvelables, notamment dans le domaine des
biocarburants.
L‟analyse chimique des résidus de mangues montre qu‟ils renferment 22,62% (g/g)
d‟hydrates de carbone, dont 5,7 % (g/g) de sucres réducteurs, substrats exploitables pour la
biofermentation. La sélection de microorganismes performants nécessaires pour la
transformation des carbohydrates de résidus de mangues en bioéthanol, a permis de retenir six
(6) souches levuriennes et deux (2) bactériennes. Ces souches qui ont été isolées par des
techniques standards de microbiologie présentent les atouts nécessaires pour leur utilisation en
fermentation éthanolique. Parmi les souches de levures caractérisées, la souche de levure S3 a
fourni une conversion maximale des résidus de l‟ordre de 12 g/L de bioéthanol.
L‟étude de l‟influence des paramètres environnementaux sur la performance des
microorganismes, a conduit à la sélection de ceux capables de s‟adapter aux facteurs externes par
la conservation de leurs propriétés métaboliques. Les souches de levures caractérisées (A1, S1,
S3, B1, W1, W6) sont thermo-tolérantes (45°C) et alcoolo-tolérantes (14 % v/v). Les souches
bactériennes (Bacillus sp1 (A1M1), Bacillus licheniformis) renferment des enzymes (α-
amylases) hydrolysant les polymères des polysaccharides complexes comme l‟amidon et ses
derivés. Les taux de sucres réducteurs dans les résidus de mangues ont été optimisés pour
atteindre 62 % à 78 % (g/g) sous l‟action des enzymes provenant d‟espèces de Bacillus.
Les procédés d‟optimisation combinant une saccharification du substrat par Bacillus
suivie d‟une fermentation par Saccharomyces sp, ont permis d‟obtenir des concentrations de
bioéthanol de l‟ordre de 14 à 16 g/L. Ces concentrations atteignent 18 à 21,75 g/L avec l‟ajout de
sels minéraux dans le milieu de fermentation. Il ressort de cette étude que les résidus de mangues
constituent une biomasse potentiellement valorisable par voies biotechnologiques. Cela
permettra de diversifier les sources d‟alcool à coût réduit en utilisant des substrats peu onéreux
que sont les résidus de mangues.
vii
Abstract
This study relayed on was the valorization of mango residues by their biotransformation
into bioethanol and the optimization of the conversion yield. The achieved works are oriented in
the research of the renewable energy, notably in the domain of biofuels.
The chemical analysis of mango residues showed 22.62% (g/g) of carbon hydrates, along
with 5.7% (g/g) of reducing sugars.
The selection of efficient microorganisms for the transformation of the carbohydrates of
mango residues into bioethanol, permitted to retain six (6) yeast strains and two (2) bacterial
strains. These strains that have been selected by microbiological standard technics, present the
necessary assets for their use in ethanolique fermentation. Among the selected yeast strains, S3
gave the highest conversion yield of the mango residues in the order to 12 g/L of bioethanol.
Indeed, the study of the influence of environmental parameters on the strains‟
performance drove to the selection of those capable to adapt to the external factors while keeping
their properties. The yeast strains selected (A1, S1, S3, B1, W1, W6) were found thermo-tolerant
(45°C) and alcoolo-tolerant (14 % v/v). The bacterial strains (Bacillus sp1 (A1M1), Bacillus
licheniformis) produced some enzymes (α-amylases) which can hydrolyze the polymers of the
polysaccharides complex as starch and its derivatives. The rates of reducing sugars in the mango
residues have been optimized to reach 62 % to 78 % (g/g) under the action of the enzymes issued
from the Bacillus strains. The processes of optimization which combined a saccharification of
the substrate by Bacillus strains followed by Saccharomyces fermentation, permitted to get
concentrations of bioethanol ranging from 14 to 16 g/L. These concentrations reached 18 to
21.75 g/L with the addition of mineral salts and nitrogen source in the medium of fermentation.
It appears from this study that mango residues constitute a biomass potentially valorizable by
biotechnical way. The process will allow to produce alcohol at low cost from various substrates
such as mango residues.
viii
Listes des articles et communications
a) Articles publiés
b) Communications
ix
3- M. K. SOMDA, A. SAVADOGO, C. A. T. OUATTARA, A. S. OUATTARA, A. S.
TRAORE. Valorization of agri-resources of Burkina Faso by the biofuels production.
x
Liste des abréviations
a) Organismes et institutions
xi
c) Lettres grecques
α: Alpha
ß: Bêta
μ: Vitesse spécifique de croissance
μmax : Vitesse spécifique de croissance maximale
xii
xiii
xiv
xv
xvi
INTRODUCTION
L‟épuisement à terme des réserves de pétrole brut ainsi que la prise en compte des
problèmes liés à l‟environnement ont conduit à rechercher des sources alternatives aux énergies
d‟origine fossile (Makkar et Cameotra, 2002). La crise pétrolière de 1973, l‟augmentation
progressive du prix du baril de pétrole, ainsi que les différentes crises économiques que traverse
le monde, ont créé une conjoncture favorable au développement des biocarburants par la
transformation des matières premières d‟origine végétale. Les plantes et les déchets agricoles sont
vis-à-vis de la biologie, sources de substances fermentescibles pour la production de bioéthanol,
pouvant être employé comme combustible (Alazard-Toux et al., 2006). La recherche sur les
énergies renouvelables prend de l‟essor dans l‟optique de préserver l‟environnement d‟une
exploitation non contrôlée.
Dans le contexte de developpement durable pour l'Afrique et le Burkina Faso en
particulier, la protection de l'écosystème figure parmi les priorités. En ce sens qu'il faut
promouvoir la gestion des déchets afin de réduire leur impact sur l'environnement. La biomasse
végétale accumulée constitue une source de déchets biologiques pouvant engendrer la pollution
environnementale. Ainsi il est nécessaire de gérer les déchets agro-industriels en y extraiant les
biomolécules qu‟ils renferment pour les valoriser si l‟on veut réduire cette pollution.
En effet plusieurs techniques de valorisation des résidus agro-industriels sont aujourd‟hui
connues dans le monde. Il s‟agit essentiellement de techniques de biotransformation.
Des techniques de biotransformation sont améliorées au Brésil et aux USA où la production de
bioénergie est axée sur la matière végétale à travers la synthèse de bioéthanol, par la
fermentation de différents sucres contenus dans les déchets (Sree et al., 2000; Kim et Dale 2004;
Farell et al., 2006; Baï et al., 2008). Ces sucres sont présents dans un état plus ou moins
polymérisé dans de nombreuses espèces végétales comme la bétterave, la canne à sucre, le blé, le
maïs, mais également dans le bois (Naim et al., 1983). Le Brésil a produit 14,2 millions de litres
d‟éthanol en 2004 par fermentation de la canne à sucre (Licht, 2005). L‟équipe de Lee en 1992
au Japon a pu amélorer la capacité fermentative de Zymomonas mobilis et obtenir ainsi 40 g/L
d'éthanol sur 100 g/L d'amidon (Lee et al., 1992).
En 2000, une autre équipe de chercheurs Japonais dirigée par Montesinos , a réussi à obtenir
67 g/L d'éthanol sur de la paille de blé, en utilisant successivement des α-amylases et
glucoamylases (Montesinos et Navarro, 2000) .
1
En effet l'amélioration du taux de sucres fermentescibles dans la matière brute est faite en
utilisant des enzymes spécifiques telles les α et ß amylases (Nakurama et al., 2002; Gupta et al.,
2003).
En Afrique, le Maroc a fait des essais de production de bioéthanol à partir de l‟amidon
essentiellement extrait du maїs en utilisant des α-amylases du champignon Candida tropicalis.
L‟utilisation de cette technique a permis d‟accroître le rendement de production de bioéthanol
jusqu‟à 56 g/L (Latifa et al., 2007). En Côte d'Ivoire, Yeboua (1989) utilisant l'hydrolysât
d'amidon de manioc a obtenu un rendement de 0,502 g d'éthanol pour 1 gramme de matière
utilisée.
Le Burkina Faso n‟est pas en reste dans cette dynamique de recherche sur les bioénergies à
travers la production d'alcool. De nombreuses expérimentations sont en cours pour la production
de bioéthanol à partir de la canne-à-sucre (Saccharum officinarum), et de la betterave
(Betavulgaris) et également la production des bioesters sur les grains de coton (Gossipum sp.).
Actuellement ce moment, une politique basée sur la production de biocarburants à partir de
Jatropha (Jatropha curcas) est largement vulgarisée à travers tout le pays. Au Burkina Faso,
chaque année on enregistre une production importante de fruits (substrats très riches en
carbohydrates fermentescibles). En effet la production annuelle est d'environ 150000 tonnes dont
on estime 1/3 de pertes (Fogue, 1998). Ces pertes sont liées à plusieurs facteurs : le temps
d'écoulement des fruits sur le marché, les conditions de conservation et les attaques par les
parasites. Ces déchets peuvent aussi causer de sérieux problèmes sanitaires et environnementaux
(De Laroussilhe et al.,1980). Toutefois, les résidus issus de ces pertes sont susceptibles de servir
de matières premières dans la valorisation des déchets.
Des stratégies sont recherchées pour la valorisation des déchets de mangues issus non
seulement des pertes annuelles mais également de l‟activité industrielle. Elles visent aussi à
contribuer à la dépollution de l‟environnement et à améliorer l‟environnement sanitaire pour les
populations.
La principale voie de valorisation des mangues est assurée par les techniques de
transformation et de conservation dévelopées par des unités industrielles telles que : DAFANI,
CEAS, STATION MAYA etc. Mais ces unités gèrent une faible proportion des quantités
produites. Les pertes demeurent toujours importantes malgré les transformations susmentionnées
et les exportations.
2
Environ 3000 tonnes de mangues fraîches seulement sur 50000 tonnes de production, ont été
exportées vers l'Europe en 2002 (Rey et al., 2004).
Les résidus issus de différentes pertes et transformations industrielles sont susceptibles de
servir de matières premières en biotechnologie. La biotransformation de ces résidus de mangues
constitue donc une deuxième voie de valorisation de la production des fruits (mangues) au
Burkina Faso, à travers la production de divers solvants (bioéthanol) ou de biocombustibles
(biogaz, biocarburants).
Notre travail s‟incsrit dans cette dynamique de production de bioéthanol à partir des résidus
de mangues sous l‟action de microorganismes. L‟objectif général est de valoriser les déchets de
mangues par la biotransformation de sucres fermentescibles qu‟ils renferment et partant
contribuer du même coup à la dépollution de l‟environnement.
Pour ce faire nous nous donnons comme objectifs spécifiques:
La détermination de la composition chimique et macromoléculaire des résidus de
mangues, afin d'évaluer leur potentiel de bioconversion en alcool;
Le screening à partir de différents biotopes de la flore microbienne capable de convertir
les sucres en alcool dans des conditions de mésophilie (20-30°C) et de thermophilie (45-
50°C) avec des rendements économiquement intéressants;
L‟étude des conditions optimales de métabolisme des souches sélectionnées;
Le suivi de la cinétique de production de bioéthanol pour déterminer les souches les plus
performantes et l‟optimisation du rendement en bioéthanol, en utilisant des processus
simultanés d'hydrolyse et de fermentation dans le même milieu réactionnel.
3
Chapitre I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
4
I. GENERALITES SUR LES MANGUES
Le manguier (Mangifera indica) aujourd‟hui très apprécié en Afrique de l‟Ouest pour ses
fruits et son ombrage est pourtant d‟introduction récente en Afrique.
Originaire d‟Inde, le manguier a été signalé pour la première fois en Afrique de l‟Ouest,
au Sénégal, en 1824. C‟est à la fin du 19è siècle que les manguiers ont commencé à connaître une
diffusion significative, surtout dans les zones côtières. Leur extension deviendra importante
pendant la première moitié du 20è siècle. Une des variétés de manguiers “Amélie” introduite au
Mali vers 1890 fut à l‟origine de nombreux plants greffés qui furent largement diffusés dans les
pays limitrophes. Dès la fin des années 1940, des collections furent établies progressivement dans
toute la zone et, au cours de la décennie 1970-1980, chaque pays d‟Afrique de l‟Ouest
francophone possédait au moins une collection de manguiers (Rey et al., 2004), (Figure 1).
Le Mali fut le premier pays à exporter, vers la fin des années 1960, des mangues vers
l‟Europe. Il fut suivi par le Burkina, la Guinée, le Sénégal, et surtout la Côte d‟Ivoire, dont les
exportations, d‟environ 2500 tonnes au début des années 1990, ont été multipliées par 4,5 en
2000. Cette croissance rapide des exportations ivoiriennes a bénéficié de la présence d‟une façade
maritime et d‟un effet de masse créé par les exportations de bananes et d‟ananas. La varièté
“Amélie” a longtemps constitué l‟essentiel des exportations de mangue du Mali, du Burkina Faso
et de la Côte d‟Ivoire. Cependant dès 1971, des expéditions expérimentales de mangues colorées
furent réalisées avec succès. La consommation de mangues s‟augmentant en Europe, le choix
variétal s‟est progressivement resserré : Amélie, en début de campagne, puis Kent, Keitt et
Palmer (Rey et al., 2004). Parallèlement à cette évolution variétale, les techniques de
conditionnement se sont progressivement modernisées.
5
Figure 1 : Zone d‟extension du manguier en Afrique de l‟Ouest francophone (Rey et al., 2004).
: Site de production de mangues.
7
La mangue occupe la première place en terme de production et d‟exportation de fruits au
Burkina Faso. Sa production annuelle est d'environ 150000 tonnes dont 50000 tonnes de pertes
(Fogue et al., 1998). Ces pertes sont liées à plusieurs facteurs :
- les attaques parasitaires (mouches Tifridili), champignons (Aspergillus), insectes (fourmis) ,
(Dodd et al., 1998 ; Vayssieres et al., 2004);
- la mauvaise conservation : altérations physiologiques et mécaniques, microbiennes,
enzymatiques et non enzymatiques ( De Laroussilhe et al.,1980) ;
- les mauvaises techniques de conditionnement qui accroissent les pertes lors des transferts des
mangues sur les marchés.
Les infections fongiques latentes retrouvées dans la mangue sont celles causées par:
Alternata Alternaria (Prusky et al., 1983), Colletotrichum sp. (Peterson, 1986), Dothiorella sp.
(Johnson et al., 1991) et Subglutinans Fusarium (Ploetz, 1994), lequel est présent dans la pousse
penche et dans les différentes parties du panicule (Kumar, 1983). Ces contaminants latents
peuvent altérer des parties cellulaires de tissu de la plante tel que le cortex, le phloème, le xylème
et la moelle du parenchymateuse. Ils affectent la survie de la culture en diminuant la perméabilité
de la membrane (Kumar, 1983).
La mangue est le fruit du manguier Manguifera indica L., un des arbres fruitiers les plus
anciennement cultivés (De Laroushile, 1980).
Le manguier est une plante de la famille des Anacardiacées appartenant à l‟ordre des Sapindales
et qui serait originaire de l‟Asie du Sud ou de l‟archipel Malais (De Laroushile, 1980).
Selon De Laroushile (1980), la mangue est une drupe (fruit charnu), plus ou moins aplatie
latéralement selon la variété. Sa forme est très variable (oblongue, réniforme, elliptique, ovoïde,
cordiforme ou aplatie) avec à l‟extrémité un bec qui peut être de différentes formes. Certaines
variétés donnent des fruits qui peuvent avoir moins de 100 g pendant que d‟autres donnent des
fruits atteignant 1 kg. Des fruits de taille moyenne sont toutefois plus recherchés pour la
commercialisation.
De l‟extérieur vers l‟intérieur, la mangue comporte plusieurs parties qui sont la peau ou
épicarpe, la pulpe ou mésocarpe et le noyau ou endocarpe (Figure2).
8
La peau est assez mince chez les variétés cultivées et son épaisseur est généralement
inférieure à 1 mm. Elle est de couleur verte, devenant jaune à jaune-verdâtre chez certaines
variétés ou rouge-violacé, soit sur la totalité du fruit, soit par plage sur fond souvent jaune ou
orange. Elle présente des lenticelles plus ou moins apparentes.
La pulpe ou mésocarpe est de couleur jaune-orangée, avec une fermeté variable selon la
variété. L‟endocarpe ou noyau est plus ou moins garni de fibres extérieures qui peuvent pénétrer
dans la chair. Celles-ci sont plus ou moins nombreuses, dures et résistantes suivant les variétés.
La figure 2 illustre les différentes parties de la mangue. La condition recherchée chez les variétés
à grande valeur commerciale, est que même si les fibres se prolongent dans la chair, elles ne
doivent pas constituer une gêne à la consommation.
A maturité, les mangues de certaines variétés dégagent une odeur marquée, leur chair est
sucrée, très légèrement acidulée, avec une saveur variable. Les mangots (fruits des manguiers
sauvages) sont en général très fibreux et ont un goût nettement prononcé de térébenthine. Malgré
cela, ils sont très appréciés des populations locales. Ce goût de térébenthine persiste parfois
quoique atténué chez certaines variétés sélectionnées.
9
3.1 Caractéristiques des variétés
Selon Guira (2003), six variétés de manguiers greffés sont essentiellement cultivées dans
les vergers du Burkina Faso. Il s‟agit des variétés Amélie, Brooks, Kent, Keitt, Lippens et
Springfield.
Amélie est une variété à port ramassé en boule et à nouaison bonne et très étalée. C‟est
une variété de pleine saison. Ses fruits de forme arrondie ont un poids variant entre 300 et 600 g.
Leur peau est de coloration vert-orange pendant que la chair de coloration orange-foncée est
molle, fondante.
Brooks est une variété à port étalé. Elle donne de fortes récoltes avec une nouaison
abondante et groupée. C‟est une variété tardive dont les fruits oblongs de 450 à 910 g, sont sans
bec. La peau du fruit de couleur vert-jaunâtre, avec des lenticelles de taille moyenne, blanchâtres
est résistante et épaisse. La chair de couleur jaune-brillant est ferme, moyennement aromatique et
légèrement acidulée.
Keitt est une variété tardive à production bonne et régulière. Les arbres de cette variété
ont un port étalé avec de longues pousses. Ses fruits ovales, sont sans bec avec des poids moyens
de 500 à 700 g. Cueillis à demi-coloration, ils mûrissent en 10 jours.
La peau du fruit, à fond jaune-orange est colorée en rose-carminé sur le coté au soleil avec de
nombreuses lenticelles jaune-pâles à roux et une assez forte pruine lavande. Epaisse et assez
résistante, la peau ne se sépare pas aisément de la chair qui est de couleur orange à jaune-foncée.
La chair est relativement ferme, avec un nombre important de fibres de longueur moyenne près
de la base du noyau, mais fines et non gênantes.
Kent se caractérise par son port dressé à étalé avec des branches érigées peu ramifiées.
Variété de fin de pleine saison, elle donne régulièrement de bonnes récoltes. Ses fruits ovoïdes
sont sans bec, avec des poids moyens variant entre 440 et 740 g. La peau colorée de rouge-foncé
cramoisi en plein ensoleillement avec une légère pruine grisâtre, a une coloration à fond jaune-
verdâtre. Elle est épaisse et résistante et se sépare facilement de la chair. De couleur jaune intense
à jaune-orange, la chair est de consistance moyenne, sans fibres avec une saveur moyennement
aromatique.
Lippens a un port étalé parfois érigé, avec un développement végétatif moyen et un
feuillage peu épais. C‟est une variété de saison qui a un bon rendement avec des fruits
légèrement aplatis, avec un bec arrondi. Leur poids moyen est compris entre 200 et 350 g.
10
La peau est de coloration jaunâtre et la chaire juteuse. Les photos présentent un manguier (a) et
les différents types de mangues (b).
a b
Photos 1: Manguier (a) et fruits (b) ( Banfora, Mai 2008. Prises par SOMDA K. Marius)
11
En effet, la valorisation des résidus de mangue constitue un enjeu primordial dans un pays
comme le notre où la production agricole est concentrée sur des courtes périodes de récolte.
Vitamine C (mg/100 g) 3 13
Par ailleurs, des techniques de conservation et de transformation ont été développées par
certaines structures telles CEAS (Centre Ecologique Albert Schweitzer), STATION MAYA etc.,
afin de mieux valoriser ce fruit. Mais cela s'avère insuffisant compte tenu du faible taux
d'exportation. Environ 3000 tonnes de mangues fraîches ont été exportées vers l'Europe en 2002,
sur une production annuelle d'environ 150000 tonnes dont 1/3 de pertes (Rey et al., 2004).
12
Ainsi les résidus de mangue considérés comme déchets agro-industriels, peuvent constituer une
importante source de biomasse pour la production de bioéthanol.
La biomasse est l'ensemble de la matière organique d'origine végétale, animale ainsi que
les sous-produits de transformation (Beer et al., 2006).
Dans le domaine de l'énergie, le terme de biomasse regroupe l'ensemble des énergies
provenant de la dégradation de la matière végétale. Le terme «biomasse» désigne également l'énergie
récupérable à partir de différentes matières organiques (bois, déchets, cultures), par combustion ou par
tout autre procédé (http://www.actu-environnement.com,2011). La biomasse est une énergie
renouvelable tant que sa consommation ne dépasse pas l'accroissement biologique.
Cette biomasse d‟origine végétale provient initialement de l‟activité photosynthétique nécessitant
de l‟énergie :
En effet la biomasse formėe par photosyntėse peut constituer une fraction biodégradable
générant à nouveau de l‟énergie :
• La biomasse lignocellulosique, ou lignine, constituée par : le bois et les résidus verts, la paille,
la bagasse de canne à sucre, le fourrage. La valorisation se fait plutôt par des procédés par voie
sèche, dits conversions thermochimiques.
13
• La biomasse à glucides, riche en substances glucidiques facilement hydrolysables : céréales,
betteraves sucrières, cannes à sucre, résidus agro-industriels. La valorisation se fait plutôt par
fermentation ou par distillation dits conversions biologiques.
• La biomasse oléagineuse, riche en lipides : colza (Brassica napsus), palmier à huile (Eleae
guineensis) dont la valorisation se fait par extraction.
(http://www.biomassenergycentre.org.uk,2011)
2. BIOETHANOL
La production d‟éthanol est controlée par différents facteurs qu‟on peut regrouper en trois
catégories : la maitière première ; les microorganismes et les technologies de mise en œuvre.
14
*La matière première : elle doit être un substrat riche en sucres susceptibles d‟être fermentés
(saccharose, glucose, fructose ou des composés cellulosiques ou amylacés).
Industriellement, les principales sources de matières premières les plus utilisées sont : les jus de
betterave, les mélasses de canne à sucre ou de bétterave, les égouts de sucrerie et les jus
d‟hydrolyse de diverses céréales (blé, maïs, riz et seigle).
*La distillation : elle consiste à récupérer du milieu réactionnel, l‟alcool qui s‟y trouve. C‟est
l‟étape la plus coûteuse dans la fabrication de l‟alcool et qui permet de récupérer l‟éthanol
provenant de la fermentation (Cardona et Sanchez, 1997).
L‟alcool d‟origine agricole (par voie fermentaire) est largement utilisé dans l‟industrie
agro-alimentaire, dans les industries chimiques, pharmaceutiques et parapharmaceutiques
(parfumérie). Egalement il peut être utilisé sous forme d‟éthanol hydraté, éthanol anhydre en
mélange avec l‟essence, le diesel, l‟ETBE (étyl-tertio-butyl-éther) ou l‟estérol.
15
Actuellement, les principaux pays producteurs d‟alcool sont le Brésil, les Etats-Unis et la France
(Fargione et al., 2008). Le tableau 2 présente la production du bioéthanol et autres formes de
biocarburant.
Ethanol
Huiles
PB : production brute d‟éthanol ou d‟huile par hectare, en valeur énergetique ; PN : production énergétique nette
par hectare (production brute diminuée de la quantité d‟énergie nécessitée, corrigée de la contribution des sous-
produits) ; tep : tonnes équivalent pétrole. Le gain en gaz à effet de serre (GES) est la diminution, exprimée en %, de
dégagement de GES quand on utilise le biocarburant au lieu d‟essence (cas de l‟éthanol) ou de gazole (huiles), sans
tenir compte du changement d‟usage des sols.
Sources d’informations : a/FAO (2008) valeurs mondiales; b/ Ballerini (2006); c/ 0,5 tep pour 1 000 litres ; d/
0,787 tep pour 1 000 litres ; e/ FAO (2008) moyenne de la fourchette; f/ Concawe et al. (2007); g/ Hill et al. (2006);
h/ Gosse (2008); i/ Fargione et al. (2008).
16
2.3.1 Avantages de l’utilisation du bioéthanol comme biocarburant
- L éthanol en remplaçant le plomb dans l‟essence, réduit les émissions de particules, notamment
de particules fines qui constituent une ménace pour la santé des enfants, des personnes agées
ainsi que des personnes atteintes de troubles respiratoires.
- Il est également utilisé à la place du benzène dans l‟essence (produit toxique cancérigène,
extrait de l‟essence),
- L‟éthanol est non toxique, soluble dans l‟eau et rapidement biodégradable.
- La plupart des obstacles à l‟incorporation du bioéthanol dans les carburants fossiles peuvent
facilement être surmontés.
L‟utilisation du bioéthanol comme biocarburant présente des atouts mais également des
inconvénients en certains points de son application :
17
III. PHYSIOLOGIE ET METABOLISME DES MICROORGANISMES IMPLIQUES
DANS LA PRODUCTION DE BIOETHANOL
Les bactéries du genre Bacillus de la famille des Bacillaceae regroupent environ 70 espèces
bactériennes. Ce sont des bacilles à Gram positif, aérobies à anaérobies. Leur culture sur milieu
solide se caractérise par des colonies polymorphes, productrices de catalase.
Ce sont des souches sporulantes dont l‟extrême résistance des spores leur confère un caractère
ubiquiste. Les espèces appartenant au genre Bacillus constituent un ensemble de souches
génétiquement et phénotypiquement très hétérogène selon Combet-Blanc (1995).
Les morphologies des sporanges et de la spore sont des critères importants du point de
vue de la systématique. Gordon et al. (1973) en fonction de ces critères; proposent de classer les
espèces appartenant au genre Bacillus en trois groupes :
Le groupe 1 comprend les espèces dont les spores sont ellipsoïdales et ne déforment pas le
sporange, mais la cellule mère contient la spore;
Le groupe 2 comprend les espèces dont les cellules ont également des spores ellipsoïdales
mais déformant le sporange;
Le groupe 3 comprend les espèces dont les spores sont sphériques et déformant le
sporange. Ce classement a été en grande partie conforté par les études nutritionnelles.
Les espèces du genre Bacillus ne sporulent que dans certaines conditions physiologiques
et, d‟une manière générale, en fin de phase de croissance. De plus, la proportion des cellules
sporulées varie considérablement suivant l‟espèce et même suivant la souche. Les spores
diffèrent des cellules végétatives par leur réfringence optique, leur composition chimique et leur
résistance aux agents physiques et chimiques. Chez certaines souches, l‟aptitude à sporuler peut
être perdue après une série de repiquages successifs (Combet-Blanc, 1995).
Les bactéries du genre Bacillus produisent des α-amylases et ß-amylases permettant de
dégrader les polymères glucidiques en glucose et en des molécules voisines telles :
18
fructose, mannose, galactose, tréhalose, saccharose… (Olsen, 2001). L‟habitat primaire des
Bacillus est le sol, mais on les retrouve dans les aliments où ils jouent des rôles utiles à néfastes
(Guiraud, 1998; Buchaman et Gibbous, 1975).
Les levures peuvent être définies comme des champignons unicellulaires mésophiles, de forme
ovoïdes se reproduisant par bourgeonnement ou fission, douées de pouvoir fermentaire. Elles
sont capables d‟assimiler un grand nombre de substrats carbonés mais incapables d‟utiliser
l‟amidon. Elles sont aérobies et anaérobies facultatives (Kreger-Van Rij, 1984).
Les cellules végétatives sont polymorphes et leur taille varie selon les espèces. Certaines
espèces peuvent former des associations cellulaires (pseudo mycélium) ou se présenter sous
forme de filaments (mycélium) à un certain stade de leur vie, elles sont ubiquistes dans la nature
et la majorité est non pathogène (Larpent et Larpent, 1990).
19
- une résistance à la pression osmotique;
A l‟exception de quelques genres, les bourgeons apparaissent dans des zones à proximité
des extrémités des grands axes des cellules. Certaines espèces de levures sphériques sont
caractérisées par un bourgeonnement multilatéral. Il ne se produit pas deux bourgeonnements au
même site, exception faite du bourgeonnement bipolaire (Leclerc et al., 1995).
20
La fusion d‟une cellule a avec une cellule α conduit à la formation d‟un zygote qui est
diploïde aα. Ce dernier peut à son tour se multiplier par bourgeonnement ou sporuler selon les
conditions du milieu (Leclerc et al., 1995).
Les levures ont un métabolisme de type fermentatif ou oxydatif selon l‟espèce considérée
et les conditions de culture. La première étape de transformation du glucose suit la voie
d‟Embden Meyerhof Parnas (EMP) aussi appelée glycolyse.
Cette étape qui se déroule dans le cytosol est commune pour la respiration et la fermentation. Elle
comprend une série de dix réactions, chacune catalysée par une enzyme spécifique.
La glycolyse conduit à la formation de deux molécules de pyruvate à partir duquel les voies de
respiration ou de fermentation seront activées.
3.1 La glycolyse
21
Le glucose est dégradé par la voie de la glycolyse ou encore voie d‟Embden-Meyerhof-Parnas
(EMP) caractérisée par un intermédiaire qui est le fructose-1,6-biphosphate (FBP). La synthèse
de cet intermédiaire nécessite 2 ATP (voire figure 3).
Une aldolase rompt ensuite la molécule de FBP en deux trioses phosphate : le D-glycéraldéhyde-
3 phosphate (G3P) et le dihydroxyacétone phosphate (DHAP) en équilibre l‟un avec l‟autre grâce
à la triose-phosphate-isomérase.
La partie suivante comporte une oxydation et deux étapes formatrices d‟ATP. Elle
transforme le G3P en 1,3-bisphosphoénolpyruvate et du pyruvate. La transformation du G3P en
acide pyruvique engendre 2 ATP.
Comme chaque molécule de glucose donne deux trioses phosphate, sa transformation en deux
molecules de pyruvate produit 4 ATP, soit un gain net de 2 ATP. Le bilan énergétique est positif
même si les oxydations s‟arrètent au stade du pyruvate ; cependant 2 molécules de NAD+ ont été
transformées en NADH au cours de l‟oxydation catalysée par la glycéraldéhyde-3 phosphate
déshydrogénase et doivent être régénerées.
Il s‟agit d‟un des impératifs des cellules : outre faire de l‟ATP et récupérer des intermédiaires
utiles aux synthèses (6 précurseurs métaboliques sont synthétisés au cours de la glycolyse : G6P,
F6P, PEP, pyruvate, DHAP et PGA), la cellule doit reoxyder tous ses coenzymes réduits. Cela se
déroule dans la chaîne respiratoire dans le cas d‟un métabolisme oxydatif et grâce à la réduction
du pyruvate en éthanol dans le cas d‟un métabolisme fermentaire en anaérobiose. La figure 3
illustre les différents mécanismes.
22
Figure 3 : Schéma métabolique de la glycolyse et du cycle de Krebbs (Poilpré, 2002).
3.2 Le métabolisme oxydatif
Avec P/O nombre de moles d‟ATP formées par atome d‟oxygène consommé.
23
Le rendement de la conversion du glucose en biomasse en métabolisme oxydatif dépend
de la souche. Guillou (1996) a fourni une équation permettant de calculer les besoins théoriques
de l‟anabolisme pour la synthèse de 1 g de cellules d‟après la composition de la levure en
protéines, en acides nucléiques, en lipides et en hydrates de carbone :
7,6 10-3 C6H12O6 + 14,5 NAD+ + 7,9 NH3 + NADPH 1gX + 4,7 CO2 + 14,5 NADH + 7,9 NADP+
Le rendement théorique limite correspondant à cette équation est Yx/s = 0,73 gxg-1. Cependant
les rendements pratiques les plus élevés obtenus sont de l‟ordre de 0,5 gxg-1.
La régénération des coenzymes réduits NADH et FADH2 produits dans la voie de la
glycolyse et le cycle de Krebs se fait dans la chaîne respiratoire.
L‟éfficacité de la chaîne respiratoire est illustrée par le rapport P/O qui représente le nombre de
moles d‟ATP formées par atome d‟oxygène consommé.
Il est également variable selon la souche de levure considerée. La valeur du rapport P/O
est fréquemment sujette à discussion. Pour Saccharomyces cerevisiae, un nombre inférieur à 2 est
souvent rapporté (Bruinenberg et al., 1985).
L‟éthanol est rejeté dans le milieu. Le glucose est utilisé comme source d‟énergie puisque
de l‟ATP est formé en excédent. Mais le rendement est médiocre car chaque molécule de
glucose aboutit à la formation de 2 molécules d‟ATP alors que son oxydation complète en CO2
et H2O par le métabolisme oxydatif aboutit à presque 19 fois plus d‟ATP (Cette voie est fonction
du type de cellule inpliquée).
24
La fermentation est en fin de compte le compromis trouvé par la cellule, moyennant des
oxydations incomplètes et une perte de matière carbonée tout en régénérant leurs NAD+. Le
bilan énergétique de la transformation du glucose en éthanol s‟écrit :
Le rendement théorique limite Yp/s de cette conversion est de 0,51 gramme d‟éthanol par
gramme de glucose.
Ce rendement ne tient pas compte du fait qu‟une partie du glucose est convertie en anaérobiose
et transformée en biomasse (environ 0,1 g/g d‟après Kapelli, 1986). Les rendements pratiques Y
p/s sont en général moins élevés de l‟ordre de 0,4 g/g.
D‟autres produits secondaires sont aussi formés au cours de la fermentation comme
l‟acétate, le succinate et surtout le glycérol. La formation de ce dernier semble illogique d‟un
point de vue énergetique puisqu‟elle dévie une partie du flux de carbone de la portion de la voie
EMP productrice d‟énergie. Schulze (1995) explique la synthèse par le déséquilibre que crèe
l‟anabolisme sur la balance redox. Car si les NAD+ consommés dans la voie EMP, est équilibrée
par la réaction finale de formation de l‟éthanol à partir de l‟acétaldéhyde, la consommation des
intermédiaires pour l‟anabolisme déséquilibre la balance vers une acccumulation NADH.
La production de glycérol permettrait d‟oxyder les coenzymes réduits et d‟équilibrer la
balance redox au détriment d‟une dissipation d‟énergie.
La production de l‟acétate et du succinate accentue également le déficit de la balance redox et
leur production serait également à l‟ origine de la production d‟une partie du glycérol (Schulze,
1995). Le glycérol produit aurait en outre un rôle protecteur et osmorégulateur dans la cellule
(Mager et Varela, 1993).
25
- Effet Crabtree observé sur les levures Crabtree positives. Une levure sera considérée comme «
Crabtree positive » si on observe pour de fortes concentrations de glucose une répression de son
métabolisme oxydatif et donc une formation d‟éthanol.
- En culture continue, Fiechter et al. (1981) ont demontré qu‟il existait chez Saccharomyces
cerevisiae un taux de dilution critique au-delà duquel la levure commence à produire de
l‟éthanol. Ce taux dépend fortement de la souche utilisée et du mode opératoire utilisé;
- Lei et al. (2001) fournit une autre interprétation du shift du métabolisme des levures (oxydatif /
oxydo-réductif) basée sur le phenomène d‟overflow au niveau des nœuds pyruvate et
acétaldéhyde. Au niveau du nœud pyruvate, l‟enzyme pyruvate désydrogénase à une affinité
plus forte pour le pyruvate que l‟enzyme pyruvate décarboxlyase, mais sa vitesse maximale est
plus faible. Aux faibles flux glycolytiques, le pyruvate est converti via la pyruvate
désydrogénase vers le cycle de krebbs. Quand le flux glycolytique dépasse une valeur critique,
la pyruvate désydrogénase est saturée et l‟acétaldéhyde est formé. Il en est de même au niveau
du noeud acétaldéhyde. Celui-ci est préférentiellement converti en acétate mais lorsque
l‟acétaldéhyde déshydrogénase est saturée, l‟acétaldéhyde serait transformé en éthanol. La
figure 4 illustre les voies métaboliques de respiration et de fermentation.
26
Figure 4 : Schéma recapitulatif des voies métaboliques (respiration et fermentation) et
voies annexes pouvant conduire à la production des sous-produits
(Castro-Martinez, 2007).
La voie des pentoses phosphates illustrée dans la figure 5 part du glucose-6-phospate avec
deux oxydations successives aboutissant au ribulose-5-phosphate. A partir de celui, il se
produit deux isomérisations qui fournissent les intermédiaires essentiels que sont le ribose-5-
phosphate et le xylulose-5-phosphate. Une succession d‟échanges de chaînons carbonés a lieu
à partir du ribose-5-phosphate et du xylulose-5-phosphate, catalysés par des transaldolases et
transcétolases et aboutissant au fructose-6-phosphate et à un triose-3-phosphate.
27
Figure 5 : Schéma métabolique simplifié de la voie des pentoses phosphates.
(Ben-Chaabane, 2006).
4. Besoins nutritionnels
Les levures nécessitent différents substrats pour leur développement. Ces substrats selon
leur concentration dans le milieu de culture et leur nature vont avoir un effet activateur ou
inhibiteur sur la croissance.
28
Par contre, le genre Saccharomyces n‟a pas la capacité à fermenter le lactose, le melibiose, la
cellobiose, ni les sucres à 5 atomes de carbone comme la xylose ou l‟arabinose (Jones et al.,
1981). Ces deux genres de levures peuvent assimiler l‟éthanol, l‟acide lactique, l‟acide
succinique, entre autres.
En ce qui concerne les mécanismes d‟assimilation des sucres, selon Gaunt et al. (1988),
chez certaines levures comme Brettanomyces anomalus le glucose pénètre par transport actif;
alors que pour Gancedo et Serrano (1989) le transport du glucose se fait par diffusion facilitée
comme chez Saccharomyces. Géros et al. (1997) ont mis en évidence deux types de transporteurs
du glucose chez les levures (précisement Dekkera anomala): un transporteur de faible affinité qui
accepte aussi le fructose et un transporteur à haute affinité qui accepte le galactose, mais pas le
fructose.
Les levures du genre Saccharomyces peuvent également croître en présence de l‟éthanol
comme source de carbone, mais il faut d‟abord transformer l‟éthanol en acétate. Elles peuvent
aussi utiliser l‟acide acétique comme source carbonée jusqu‟à 3% v/v pour des valeurs de pH
comprises entre 3 à 6 (Géros et al., 2000).
L‟azote représente environ 10% du poids sec de la cellule. Il joue un rôle capital car il
entre dans la constitution de molécules simples (acides aminés, nucléotides, vitamines et
coenzymes) essentielles au fonctionnement cellulaire.
Les études menées par Ribérau-Gayon et al. (1998) sur Saccharomyces ellipsoideus ont
montré que plus les levures sont riches en azote, plus forte est leur activité fermentaire et au
contraire plus faible est leur activité respiratoire. Cela pourrait s‟expliquer par la forte synthèse
d‟enzymes impliquées dans le processus de fermentation. L‟azote peut être utilisé par les levures
sous plusieurs formes (inorganique ou organique).
Les levures comme Brettanomyces bruxellensis et B. intermedius ont la capacité d‟utiliser les
nitrates contrairement aux genres Saccharomyces, Kluveromyces, Pichia… pour lesquels la seule
source d‟azote inorganique assimilée est l‟ion ammonium (Larpent, 1991).
L‟espèce Brettanomyces anomalus possède les enzymes nitrate réductase et nitrite
réductase. Cependant, ces enzymes sont inhibées par un excès d‟ammonium, ce qui favorise
l‟utilisation de sources d‟azote organique plutôt que minéral.
29
En règle générale, le sulfate d‟ammonium et le phosphate di-ammonique sont les sels les
plus utilisés comme source d‟azote, puisqu‟ils apportent en même temps le soufre et le phosphore
nécessaire à la cellule (Brock, 1970). Enfin, l‟utilisation et l‟assimilation de l‟azote ammoniacal
et de l‟azote aminé varient selon la levure utilisée et sont affectées par de nombreux facteurs à
savoir, l‟aération, la concentration de substrat carboné, ainsi que par la propre concentration de la
source azotée.
Les études réalisées par Aguilar-Uscanga et al. (2000) sur les besoins nutritionnels de
Saccharommyces cerevisiae, et de Brettanomyces bruxellensis ont mis en évidence que le sulfate
d‟ammonium a une influence significative sur la consommation de glucose, la croissance et la
production d‟éthanol. Dans leurs conditions expérimentales, ces auteurs ont observé un effet
inhibiteur sur la croissance de ces levures lorsque la concentration en sulfate d‟ammonium
excède 2 g/L.
Les oligo-éléments sont essentiels pour la cellule, puisqu‟ils réagissent comme cofacteurs
de diverses enzymes impliquées dans le métabolisme microbien. Ils sont nécessaires en très
petites quantités mais un excès peut provoquer une dénaturation d‟enzymes, une perturbation de
la morphologie et de la physiologie cellulaire, ainsi que de la vitesse de croissance (Blackwell et
al., 1995).
30
Par rapport aux facteurs de croissance, la plupart des levures sont considérées comme auxo-
autotrophes, puisqu‟il a été montré qu‟elles peuvent toujours avoir une croissance en l‟absence
complète de vitamine. Cependant la présence de ces vitamines est positive. Par exemple, en
milieu carencé en thiamine, la population levurienne finale est très faible (10% de la population
normale) et la transformation des sucres est extrêmement lente. De même en ce qui concerne la
biotine, Castro-Martinez (2007) a montré que son absence retarde beaucoup plus la fermentation
de sucre que la croissance.
La croissance microbienne est influencée par les constituants du milieu de culture et par
les facteurs physico-chimiques (température, pH, oxygène, etc…). Donc la connaissance de ces
facteurs environnementaux pour une levure donnée va permettre de connaître sa distribution
écologique et de contrôler son développement.
5.1 Effet de la température
5.2 Effet du pH
32
Le pH externe, peut influer sur la vitesse avec laquelle les molécules sont transportées vers
l‟intérieur de la cellule et des valeurs de pH extrêmes peuvent endommager la membrane
cellulaire et provoquer la mort cellulaire (Liu et al., 2003).
33
5.4.1 Effet de l’éthanol
L‟éthanol est le produit principal de la fermentation alcoolique. Son action est très
négative sur le développement des levures, sur la viabilité cellulaire, sur sa propre synthèse
(Charpentier, 1993). L‟inhibition de la croissance par l‟éthanol commence autour de 20 à 40 g/L
(Casey et Ingledew, 1986). Chez Saccharomyces la concentration inhibitrice (vitesse de
croissance = 0) est de l‟ordre de 70 à 110 g/L (Casey et Ingledew, 1986) selon l‟espèce. Pour la
production de l‟éthanol, la concentration inhibitrice peut aller jusqu‟à plus de 15% (v/v) pour
Saccharomyces cerevisiae (Hayashida et Ohta, 1981). Enfin, l‟effet de l‟éthanol sur la viabilité
cellulaire est moins marqué que sur la croissance elle-même (Casey et Ingledew 1986). L‟éthanol
peut aussi conduire à l‟inhibition de la fermentation (Moulin et al., 1984). Les facteurs qui ont
une influence sur la sensibilité de la levure à l‟éthanol sont la température, l‟aération et la
composition du milieu de culture.
Ainsi, plus la température de fermentation est élevée (30-40°C), plus la croissance, la
viabilité et la production d‟éthanol sont sensibles à l‟éthanol (Aldiguier et al., 2004).
L‟augmentation de l‟aération en condition de production d‟éthanol améliorerait les vitesses de
production d‟éthanol et diminuerait son effet inhibiteur sur la croissance. L‟effet inhibiteur de
l‟éthanol ajouté sur le taux de croissance et la vitesse spécifique de production dépend aussi des
conditions d‟aération. Pour ces deux paramètres, l‟effet inhibiteur de l‟éthanol diminue en
condition aérobie par rapport à l‟anaérobiose (Aguilera et Benitez, 1985).
La composition du milieu doit contenir des lipides et vitamines qui vont avoir un impact sur la
tolérance à l‟éthanol (Alfenore et al., 2002). Ces composés protégeraient la surface membranaire
de la cellule microbienne.
A ce jour les mécanismes d‟inhibition de l‟éthanol ne sont pas bien élucidés bien qu‟ayant fait
l‟objet de nombreux travaux.
Les premières études ont été faites par Nagodawithana et Steinkraus (1976) qui ont
démontré que l‟éthanol produit durant la fermentation était plus toxique pour les
microorganismes que s‟il est ajouté au milieu de culture. Par la suite, il a été montré que l‟éthanol
avait un effet inhibiteur sur les enzymes impliquées dans la glycolyse, spécialement sur
l‟hexokinase (Novak et al., 1981). On pense alors que l‟accumulation de l‟éthanol à l‟intérieur de
la cellule serait due à un problème de gradient de diffusion de l‟intérieur vers l‟extérieur.
34
Mais cette théorie est contradictoire avec les résultats obtenus par Millar et collaborateurs
(1982) qui ne font pas état d‟effet inhibiteur de l‟éthanol au-dessous de 10%.
Strehaiano (1984) suggère que le problème d‟inhibition serait lié à d‟autres métabolites excrétés
par la levure tels que l‟acétate, les alcools supérieurs (Pampulha et Loureiro, 1989). L‟éthanol
perturbe aussi le flux transmembranaire de protons, qui tend à tamponner le pH du cytosol. Ainsi,
l‟activité ATPasique est alors activée pour rétablir un gradient électrochimique entre le milieu
cellulaire et extracellulaire, en dépensant plus d‟énergie.
Cette perte énergétique peut atteindre un niveau supérieur aux capacités cellulaires de
compensation. Le cytoplasme s‟acidifie et les perméases glucidiques deviennent inactivées c‟est
l‟arrêt de croissance (Leao et Van Uden, 1982).
Enfin, l‟explication la plus probable est donnée par Charpentier (1993). Cet auteur
explique le phénomène d‟inhibition par la présence de sites d‟action de l‟éthanol dans les sites
membranaires mitochondrial et cytoplasmique.
Ainsi, les molécules d‟éthanol pénètrent à l‟intérieur de la membrane cytoplasmique pour
s‟associer aux molécules d‟acides gras des phospholipides en se substituant aux molécules d‟eau.
Ce comportement entraîne une altération de la fluidité et de la perméabilité membranaire, causant
la mort cellulaire.
35
Sur l‟effet conjoint de l‟éthanol et de l‟acide acétique Pampulha et Loureiro (1989) ont
observé que le pH interne est indépendant de la concentration en acide acétique dissocié et du pH
externe. Par contre, il dépend de la concentration en acide acétique non dissociée.
De ce fait, quand le pH interne décroît, la vitesse de fermentation diminue et devient nulle pour
un pH interne de 4,8. Lorsque la concentration en éthanol est supérieure ou égale à 8%,
l‟inhibition est plus importante et elle devient complète pour un pH interne de 5,5.
D‟autres auteurs ont souligné que l‟acide acétique diminue la tolérance des levures à
l‟éthanol: Ramos et Madeira (1990), ont observé que la concentration critique en éthanol passe de
11% sans acide acétique à 0% pour 1% d‟acide acétique.
Le dioxyde de soufre (SO2) est le plus ancien additif utilisé en vinification. Le rôle
principal du SO2 est de sélectionner la flore fermentaire, les levures étant plus résistantes que les
bactéries. Il est aussi un antioxydant et un solvant.
Le dioxyde de soufre est une molécule qui peut se présenter sous différentes formes
chimiques en fonction du pH. Ces formes sont illustrées dans la figure 6. Des constantes de
dissociation régissent le passage d‟une forme à l‟autre.
Le dioxyde de soufre libre est la forme principale qui agit sur la croissance des micro-
organismes, ce qui fût confirmé par Ingram et Buttke (1984). Selon Macris et Markakis (1974)
seule la forme H2SO3 de la partie libre est active vis-àvis des levures. La forme HSO3-
(majoritaire dans le vin), se combine d‟autant plus que le pH est élevé.
36
Figure 6 : Les différentes formes de l’anhydride sulfureux (Castro-Martinez, 2007).
37
Romano et Suzzi (1992) ont établi une liste des levures de vinification tolérantes au
dioxyde de soufre telles que : Saccharomyces, Saccharomycodes, Torulaspora,
Zigosaccharomyces et Brettanomyces/Dekkera. Concernant plus particulièrement le
Brettanomyces, son comportement varie selon l‟oxygène et la concentration du SO2 ajouté au
milieu de culture. DU-Toit et collaborateurs (2005) rapportent que des concentrations entre 0,25
et 0,35 mg/L de SO2 moléculaire inhibent la croissance de Brettanomyces bruxellensis après un
jour d‟incubation. Par contre, la présence d‟oxygène diminue l‟effet du SO2 chez Brettanomyces.
Le mécanisme d‟action antimicrobienne du dioxyde de soufre n‟est pas complètement
élucidé. En 1987, Ough et Crowell, ont proposé le mécanisme suivant: le SO2 pénètre dans la
cellule par transport actif. Après, dans le cytosol, il peut directement se lier aux molécules
carbonylées, les rendant inaptes à emprunter les voies métaboliques normales qui leur sont
destinées. Une autre possibilité du dioxyde de soufre est de s‟intégrer à la place du soufre dans
les protides soufrés, ce qui les dénature (Yang, 1973). Finalement, la forme active du SO2 diffuse
librement dans la cellule et se retrouve sous forme de HSO3- au pH interne qui est autour de 7 ce
qui s‟accompagne d‟une accumulation de sulfite chargé qui réagit avec les constituants cellulaires
et conduit à la mort cellulaire (Gunnison, 1981).
Cependant, ces mécanismes restent du domaine des hypothèses. Beech et Thomas (1985)
résument les actions intra et extracellulaires du dioxyde de soufre de la manière suivante:
limitation des substances nutritives et de l‟oxygène, adsorption, peroxydation des lipides,
inhibition de la glycolyse, destruction de la thiamine, dommages sur les protéines post-
structurelles, élimination des intermédiaires des cofacteurs et des vitamines, transformation de
l‟ADN et de l‟ARN, mutations (Dorange et Dupuy, 1972).
Au niveau métabolique, le dioxyde de soufre agit en se combinant au glucose et à la
dihydroxyacétone-P, au pyruvate et à l‟acétaldéhyde, à l‟acide oxaloacétique et à l‟acide
α-cétoglutarique.
38
Dans ce sens, la concentration en glucose et l‟aération dans le milieu de fermentation jouent un
rôle important. Ainsi, divers mécanismes de régulation ont été décrits chez les levures
(Saccharomyces, Brettanomyces) tels que: l‟effet Pasteur, l‟effet Crabtree et l‟effet Custer.
39
4) La phase de décélération ou phase de freinage : elle intervient au fur et à mesure que le
substrat s‟épuise ou que des produits toxiques s‟accumulent. La population continue à croître
mais le temps de génération augmente.
5) La phase stationnaire maximale : au cours de cette phase, la population microbienne
n‟évolue plus (μ=0) donc la population demeure stationnaire. Il y a un équilibre entre le nombre
de nouvelles cellules et le nombre de cellules qui meurent. Cette phase peut durer plusieurs
heures et même plusieurs jours.
6) La phase de début de décroissance : elle correspond à un début de disparition des
cellules.
7) La phase de décroissance exponentielle de la population : cette phase apparaît lorsque
le milieu devient fortement défavorable à la multiplication des micro-organismes et entraîne leur
mort rapide (Manry, 2005).
40
CHAPITRE II: MATERIEL ET METHODES
41
A. Matériel d’étude
L‟étude s‟est intéressée aux sites de vente, de stockage et de transformation des mangues.
Pour ce faire, nous nous sommes intéressés aux régions par excellence de production de mangue
au Burkina Faso: Houet (Bobo-Dioulasso), Comoé (Banfora), Kénédougou (Orodora) et Centre
(Ouagadougou). Ces différentes régions ont des conditions agroclimatiques différentes. Les
différentes zones de production sont mentionnées dans la figure 8.
42
2. Prospections et collecte des échantillons de mangues.
Des prospections ont été conduites dans toutes les zones productrices de mangues au Burkina
Faso et dans les centres de transformation des mangues (DAFANI, CEAS). Cinq Cent Cinquante
(550) échantillons de résidus frais de mangues (peau, chaire, noyau) ont été collectés sans
distinction de variétés. Le poids moyen pour chaque échantillon est l‟ordre de 1kg.
La taille des échantillons par site a été fonction de la quantité de résidus rencontrés sur le site.
Pour ce faire, dans la zone Ouest, plus grande zone de production (75% de la production
nationale), 400 échantillons ont été retenus, dont 100 à Bobo-Dioulasso, 150 à Banfora et 150 à
Orodora.Dans la région du centre et dans les centres de transformation, respectivement 50 et 100
échantillons ont été rassemblés. Ces échantillons conditionnés dans des sacs en plastique sont
achéminés au laboratoire. Le tableau 3 présente la repartition des zones d‟échantillonnage.
B. Méthodologie
Les échantillons ont été triés par variété avant toute analyse. Une portion des résidus de
mangues ( noyau délipidé et pulpe ) est broyée séparement à l'aide d'un broyeur électrique. Les
filtrats frais obtenus sur une unité de filtration en verre à partir des broyats, sont stockés dans des
flacons de 500 ml et conditionnés à +4°C pour bloquer toute action microbienne en toute
utlisation. Ainsi la détermination des paramètres physico-chimiques et composition
macromoléculaire, portera sur les résidus de broyats frais ainsi que sur les filtrats pour
comparaison. Par ailleurs une autre portion des échantillons collectés est séchée à l‟étuve à 90°C
pendant 72 heures jusqu‟à obtention d‟un poids constant à 0,2% près.
43
Elle est ensuite broyée puis tamisée (tamis de maille: 2 mm) pour faciliter la conservation en vue
des essais de fermentation. La pulpe et le noyau délipidé sont traités séparement.
44
I : EVALUATION DES PARAMETRES PHYSICO-
CHIMIQUES ET MACROMOLECULAIRES
DES RESIDUS DE MANGUES
45
1. Analyses des paramètres chimiques et composition macromoléculaire des échantillons
Toutes les opérations sont réalisées en duplicata lors des analyses portant sur les résidus de
broyats du noyau délipidé et de la pulpe des échantillons de mangues frais traités séparement.
1.1 Détermination du pH
Ces paramètres ont été déterminés à partir de 10 g d'échantillon frais, par pesée differentielle,
après passage à l'étuve (Heraeus T5042) à différentes températures en fonction du temps
(méthode AOAC, 1990).
Une quantité de 10 g de broyat de chaque échantillon a été pesée dans une capsule en aluminium
préalablement tarée. La capsule a été placée ensuite pendant 24 heures dans une étuve (Heraeus
T5042) à 105° C. Après refroidissement de la capsule dans un dessiccateur pendant 30 minutes,
l‟ensemble a été pesé à nouveau à la balance électronique (Denver Instrument Company).
L‟opération a été répétée jusqu‟à l‟obtention d‟un poids constant à 0,2 % près.
Les taux ou pourcentages d‟humidité et de matière sèche sont déterminés par les formules
suivantes :
% Hum (g/g) = (mo-m)/mo x 100
46
Les cendres totales ont été déterminées par incinération. Un étuvage à 105°C pendant 24
heures des échantillons, est suivi par une calcination au four à moufle. Un creuset contenant le
résidu à 105°C est remis dans le four. La température est alors augmentée progressivement
jusqu‟à 550°C pendant 5 heures. Après refroidissement pendant 30 minutes au dessiccateur le
creuset est pesé à la balance électronique. L‟opération est répétée jusqu‟à l‟obtention d‟un poids
constant à 0,2 % près. Le taux de cendres exprimé en pourcentage en masse est donné par la
formule suivante :
Elle a été réalisée par dosage spectrophotométrique des échantillons, à l'aide d'un
spectrophotomètre lecteur de plaque couplé à un ordinateur muni d'un logiciel KC Junior intégré.
La lecture des densités optiques a été faite à 540 nm et 460 nm respectivement pour les sucres
totaux et les sucres reducteurs. Les concentrations des sucres sont calculées à partir de deux
courbes d'étalonnage établies respectivement avec du D-glucose et du maltose comme standards.
1.3.1 Dosage des sucres totaux
En milieu acide à chaud, les liaisons glycosidiques des carbohydrates sont hydrolysées.
Les oses simples ainsi libérés subissent une déshydratation intramoléculaire pour donner des
dérivés furfuraux (furfural ou hydroxyméthyl furfural). La fonction aldéhyde se condense ainsi en
milieu acide avec l‟hydroxyle d‟un composé phénolique pour donner des acétals ou hémi-acétals
de couleur rougeâtre qui absorbent dans le visible (450-500 nm). Les hexoses sont transformés en
5- hydroxyméthyl furfural, et les pentoses en furfural. Cette méthode permet ainsi de doser tous
les glucides totaux d‟un matériel biologique.
47
Une gamme de concentrations de la solution standard de D-glucose à 0,05 mg/ml (0,5 g
de glucose dans 100 ml d‟eau distillée) a été utilisée pour établir une courbe étalon des sucres
totaux. Aux différentes concentrations de glucose ont été ajoutées; 0,5 ml de phénol 5% et 2 ml
de H2SO4. Après 15 min d‟incubation au bain marie ‟ bouillant” puis 15 min d‟incubation à
l‟obscurité, on lit l‟absorbance (densité optique) à 492 nm au spectrophotomètre lecture de plaque
(type µquant) couplé à un ordinateur avec un logiciel KC junior intégré.
Pour le dosage des échantillons, 0,5 ml de phénol 5% est ajouté à 0,5 ml de l‟échantillon
préalablement préparé. Après homogénéisation, on ajoute 2 ml du H2SO4 (75%). Le mélange est
ensuite traité comme le standard ayant servi à construire la courbe d‟étalonnage. L‟essai est fait
en duplicata. La concentration des sucres totaux est déduite à partir de courbe étalon des sucres
totaux (annexe 12) avec le D-Glucose comme sucre de référence (Fox et Robyt, 1991).
Prendre 0,1 g des résidus bien broyé et y ajouter 5 ml de 1 N KOH. Bien homogénéiser la
solution à la température ambiante et la neutraliser ensuite avec 5 ml de 1 N HCl.
48
Bien s‟assurer que la solution est neutre à l‟aide d‟un papier pH. Mettre ensuite le
mélange en ébullition au bain-marie pendant 15 min. Réajuster le volume du mélange à 10 ml.
Centrifuger le mélange et prendre le surnageant. Filtrer au besoin le surnageant et
l‟utiliser pour le dosage de l‟amidon. Pour le dosage prélever 0,05 ml de cette solution et ajouter
4,85 ml d‟eau distillée et 0,1 ml de réactif I2/KI puis incuber comme précédemment pendant 10
minutes avant la lecture des densités optiques à 580 nm.
La teneur en amidon a été déterminée en utilisant une courbe étalon (annexe 14) avec une
solution d‟amidon à 5 mg/ml comme sucre de référence (Jarvis et Walker, 1993).
49
II : SCREENING DES MICROORGANISMES
FERMENTATION
50
1. Procédé d’isolement et de sélection des souches de levures et bactéries
Les souches (levures et bactéries) ont été conservées à 4ºC et repiquées à des intervalles
réguliers (1 mois) dans le bouillon nutritif de conservation (Annexe 1). Le bouillon nutritif
additionné à du glycérol (20 % v/v) à raison de 1,5 ml par cryotube sert de milieu de conservation
des souches.
L‟isolement et la sélection des souches des levures ont été effectués sur la gélose de
Sabouraud additionnée de Chloramphénicol ou Gentamicine, antibiotiques antibactériens à large
spectre. Le pH est ajusté à 6 ± 0,2 (Composition du milieu : Annexe 2). La gentamicine ou le
chloramphénicol sont ajoutés respectivement à raison de 0,40 g/l et de 0,50 g/l dans le milieu
Sabouraud après autoclavage à 121° C pendant 15 minutes et refroidissement de ce dernier dans
des conditions stériles. Le test à la cycloheximide a également été utilisé pour confirmer le genre
de levure à sélectionner.
51
Les milieux gélose, farine Maїs et YEPD (Yeast extract Peptone Dextrose), (Annexes 3
et 4), ont servi de milieux de confirmation et de purification (par triple repiquage successif) des
souches de levures isolées sur le milieu sabouraud. Le pH est ajusté à 6 ± 0,2.
La sélection des bactéries du genre Bacillus a été conduite sur milieu PCA (Plate Count
Agar).
1.2.3 Milieu pour l’étude de la tolérance à l’alcool
Après stérilisation, le mlieu synthétique minimum (Annexe 5) a été utilisé pour cette
étude.
Le milieu de Clark et Lubs (Annexe 6) a été utilisé pour mettre en évidence la production
d‟acétoïne par les souches bactériennes.
Le milieu utilisé pour ce test est un milieu liquide contenant le glucose synthétique
comme source de carbone (Annexe 8).
52
1.3 Isolement
La technique des stries serrées a été utilisée pour l‟isolement des levures et bactéries. A
cet effet 0,1 ml de la culture pré-enrichie a été repiqué sur le milieu gélosé Sabouraud contenant
du chloramphénicol et incubé 24 à 72 heures en aérobiose à 30 °C. Les bactéries ont été isolées
sur milieu PCA. Les colonies sélectionnées au niveau du quatrième quadrant, ont été
ensemencées par stries sur un nouveau milieu gélosé.
Après croissance, les souches ont été purifiées par trois repiquages successifs par
étalement et la pureté partielle a été confirmée par l‟obtention de culture homogène et par
observation à l‟état frais et après coloration de GRAM. Les souches pures ont été réensemencées
trois fois par stries sur milieu gélosé et dans du bouillon. Les souches pures obtenues, ont été
utilisées pour les tests de caractérisation.
L‟identification partielle des souches pures a été basée sur la détermination de leurs caractères
morphologiques, culturaux, biochimiques et physiologiques.
53
Le peroxyde d‟hydrogène formé au cours du métabolisme est un agent antimicrobien qui
exerce son activité inhibitrice sur les bactéries dépourvues de catalase ou de pseudo-catalase.
La peroxydase permet à certaines souches (levures ou bactéries) qui n'ont pas de catalase, de
tolérer l'oxygène, mais cette tolérance reste à vérifier quand au peroxyde d‟hydrogène.
54
Si la réaction est positive (VP+), il se forme un anneau rouge en surface. Une réaction négative
(VP-) se traduit par un anneau jaune en surface. Les souches VP+ produisent des quantités moins
importantes d‟acides organiques et une proportion non négligeable de pyruvate est transformée
en produit neutre (l‟acétoïne est réduite en général en butanediol). C‟est la fermentation
butanediolique.
Pour le test RM, à deux tubes contenant chacun 1 ml de la culture, on ajoute deux (02) à
trois (03) gouttes de rouge de méthyle. Une coloration rouge traduit une réaction positive (RM +)
et une coloration jaune, une réaction négative (RM-). Les souches RM+ produisent des acides
organiques par la voie des acides mixtes.
Ces tests permettent de révéler la nature des produits issus de la fermentation des sucres
(acides organiques ou acétoïne). Chez les bactéries anaérobies facultatives, ces tests permettent
de mettre en évidence la fermentation acide mixte conduisant à la formation de nombreux acides
organiques et la fermentation butanediolique qui aboutit à la production de l‟acétoïne, précurseur
du butanediol.
55
2.8 Etude de la fermentescibilité des sucres
Elle a été effectuée dans des tubes de Hungate contenant le milieu de base (annexes 9-10)
stérilisé à 120 °C pendant 15 minutes. Le pH est ajusté à 7,2. Les solutions de sucres et de bleu
de bromothymol stérilisées par filtration à l‟aide d‟un filtre millipore (0,22 μm) ont été ajoutées
au milieu de base stérile de manière à obtenir une concentration finale de sucre de 5 grammes par
litre (Combet-Blanc, 1995). Les sucres testés sont le glucose, le fructose, le saccharose et le
lactose et une suspension levurienne en phase exponentielle de croissance a été utilisée. Deux
tubes ont été utilisés pour chaque sucre testé. Après inoculation, la surface d‟un des deux tubes a
été recouverte d‟huile de paraffine pour révéler la production de gaz.
Deux témoins ont été réalisés, un contenant le milieu neuf stérile et l‟indicateur coloré, un
autre contenant le milieu neuf stérile. Lorsque la souche concernée fermente le sucre testé, la
culture initialement verte vire au jaune après 24 à 72 heures. Un test négatif se traduit par une
culture bleu-verte. Trois repiquages successifs ont permis de confirmer les résultats obtenus.
Le suivi de la biomasse a été fait par trois méthodes différentes. Ces méthodes apportent
des informations complémentaires et leur combinaison augmente la fiabilité de nos résultats. Le
suivi de la biomasse a été effectué tout au long du processus de sélection des souches.
57
4. Traitement des données
La moyenne des valeurs numériques de la densité optique (DO) des différentes cultures
ainsi que celles des témoins a été obtenue grâce à un tableur Excel 2007.
Le rendement YX/S (g biomasse/g substrat) en biomasse par rapport au sucre est défini par :
Xf: biomasse finale; Xo: biomasse initiale ; So: concentration initiale en sucre; Sf: concentration
finale en sucre.
Le rendement YP/S (g produit/g susbtrat) en produit (éthanol) par rapport au sucre est
défini par :
58
III: ETUDE DE L’INFLUENCE DE PARAMETRES
ENVIRONNEMENTAUX SUR LA BIOMASSE
MICROBIENNE ET LA FERMENTATION
59
Le but de cette étude est de vérifier l‟influence des facteurs du milieu réactionnel sur
l‟évolution de la biomasse microbienne et de la fermentation.
La technique utilisée a été celle décrite par Obire (2005) pour étudier la tolérance à
l‟alcool de l‟espèce Saccharomyces cerevisiae isolée de différents biotopes.
Après stérilisation, des volumes appropriés d‟éthanol ont été ajoutés au milieu de culture
par filtration à l‟aide d‟un filtre millipore (0,22 μm) conduisant respectivement à des
concentrations alcooliques de 0%, 5%, 7,5%, 10%, 12% et 18% (v/v). La croissance des souches
a été réalisée pendant 24 heures à 30 °C. Des milieux alcooliques non ensemencés ont été utilisés
comme témoins et pour chaque concentration donnée, la croissance a été réalisée dans trois tubes
pour chaque souche. Un volume de 100 µl de chaque suspension bactérienne en phase
exponentielle de croissance, a été utilisé comme inoculum.
La tolérance à l‟alcool a été appréciée à travers la croissance des souches pendant 24
heures en mesurant l‟absorbance à 600 nm à l‟aide du spectrophotomètre type « µQuant » couplé
à un ordinateur équipé du logiciel KC Junior susmentionné. Les mesures ont été effectuées en
triple pour chaque souche et pour chaque mesure.
La viabilité des souches dans l‟alcool a été testée en repiquant la culture réalisée entre 10
et 15 % (v/v) d‟alcool sur milieu gélosé. Une croissance positive témoigne de la viabilité de la
souche concernée à la concentration alcoolique testée. . Les valeurs des DO liées aux différentes
concentrations d‟alcool après 24 heures ont été utilisées pour tracer une courbe de tendance afin
de déterminer l‟effet de l‟alcool sur chacune des souches retenues. La pente de ces courbes donne
l‟effet de l‟alcool sur les souches.
Le tracé de la courbe de tendance définie par log10 (DO‟/DO) en fonction du temps t a permis
de déterminer les paramètres cinétiques de croissance durant la phase exponentielle de
croissance : la vitesse maximale de croissance µmax et le temps de génération t1/2.
60
t1/2 = 0,69/ µmax
L‟analyse de nos données a été basée sur la comparaison des paramètres cinétiques de
croissance déterminés durant la phase exponentielle de croissance.
En fermentation alcoolique le pH est un paramètre très important, réputé agir sur l‟activité
métabolique de la levure et moduler la synthèse des acides formés au cours de la fermentation. Il
nous a donc paru indispensable d‟étudier le rôle du pH sur les souches de levure sélectionnées
compte tenu des incidences possibles sur le procédé de fermentation (pertes de productivité,
modification de la composition des milieux de fermentation). Pour cela, des cultures en batch ont
été realisées à différents pH. Cette étude a été réalisée dans des fermenteurs type « Biolafite » de
500 ml de volume utile. L‟ensemencement est effectué à l‟aide au minimum d‟un inoculum de
5.105 UFC/mL à partir des souches de levures sélectionnées en fin de phase de latence. La
température de fermentation a été fixée à 30 °C, l‟agitation est de 150 tours/min. La souche de
levure a été ensemencée dans une série d‟erlenmeyers contenant le milieu synthétique avec 20
mM de glucose dont le seul paramètre variable est le pH (pH allant de 3,5 à 7,5). Ces milieux ont
été préparés avec des solutions tampons (tampon acétate de pH variant de 3 à 6 et tampon
phosphate de pH variant de 6 à 9). L‟intensité de la croissance pour chaque pH est évaluée par la
mesure de la densité optique à 600 nm au spectrophotomètre pendant 24 heures, (KONLANI et
al., 1996).
61
IV : PROCÉDÉ D’OPTIMISATION DE LA
PRODUCTION DE BIOÉTHANOL
62
1. Procédé simultané de saccharification et de fermentation (SSF) des résidus de mangues
Le distillat a été collecté à l‟aide d‟un distillateur à 78°C. L‟éthanol produit a été recolté
et son volume mesuré dans un cylindre cubique. La quantité d‟éthanol produit est déterminée en
multipliant le volume de distillat collecté à 78°C par la concentration d'éthanol (concentration
théorique : 0,8033 g/ml). La concentration en g/L est équivalente au rendement de 100 g de
substrat (Humphrey et Okafoagu, 2007). Le volume et la densité optique de l‟éthanol produit ont
été déterminés. La concentration est déterminée à l‟aide d‟une courbe standard donnant la
concentration de l‟éthanol (g/L) en fonction de la densité optique (600 nm) selon la méthode
préconisée par Humphrey et Okafoagu (2007).
63
1.3 Détermination du pourcentage d'éthanol par spectrométrie
Une courbe standard donnant la densité optique (600 nm) en fonction du pourcentage en
l'éthanol a été realisée. Une série de pourcentages croissants de solution d'éthanol variant de 2 à
20 % (v/v) a été préparée. La densité optique pour chacune des solutions a été mesurée
permettant d‟etablir la courbe standard DO = f [% alcool (v/v)]. Le pourcentage d'éthanol
produit a été obtenu en utilisant l‟équation de la courbe standard.
64
2. Etude de l’effet des sels minéraux et de l’azote sur les potentialités des souches et
l’optimisation de la fermentation
Certains sels ont été retenus pour leurs effets positifs connus sur la croissance et la
production d‟éthanol. La biomasse est suivie par densitométrie à 600 nm au spectrophotomètre.
L‟acool est recueilli par distillation à 78°C. Le volume et la densité optique ont été determinés.
La concentration est déterminée à l‟aide d‟une courbe standard donnant la concentration de
l‟éthanol (g/L) en fonction de la densité optique sur la base de la méthode préconisée par
Humphrey et Okafoagu (2007). L‟étude de l‟effet des sels minéraux a été effectuée selon la
méthode de Boudjelal et Nancib (2001).
Le milieu synthétique de fermentation (Annexe 3 sans Agar) a été utilisé comme milieu
de base pour étudier l‟effet de NaCl. Une gamme de concentrations de NaCl de l‟ordre de 2 à
20‰ (g/L) a été realisée dans des erlermeyers. Un volume de 200 µl de chaque inoculum
levurien a été ensemencé dans un milieu de 100 ml. Les cultures contenant 20 mM de glucose
sont placées sous agitation (150 rpm). La densité optique est suivie pendant 24 heures. La
biomasse ainsi que le taux d‟alcool produit sont évalués toutes les heures.
Les cultures levuriennes sont réalisées sur le même milieu synthétique de base. Dans ce
cas seule la concentration de FeSO4 varie graduellement de 0,01 à 0,1g/L. Les cinétiques de
fermentation et de production de biomasse ont été suivies pendant 24 heures.
65
2.4 Effet de KH2PO4/K2HPO4
Les concentrations de MnSO4 dans le milieu de culture varient de 0,1 à 0,8 g/L. Pendant
la technique a été utilisée. Les cinétiques de fermentation et de production de biomasse ont été
evaluées pendant 24 heures.
Afin d‟améliorer la production d‟alcool par les souches levuriennes, le milieu synthétique
de base a été enrichi avec différentes concentrations en extrait de levure respectivement : 5 à 30
g/L. Le même procédé a été appliqué pour le suivi de la fermentation et de la production de
biomasse.
66
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSIONS
67
Partie 1 : Etude de la composition chimique et
macromoléculaire de la biomasse
(mangues et résidus)
68
1. Composition chimique et macromoléculaire des résidus de mangues
% Humidité (g/g) 76,36 ± 0,2 83,10 ± 0,5 76,50 ± 0,27 78,78 ± 0,29
% Matière sèche totale (g/g) 23,64 ± 0,32 16,90 ± 0,45 23,49 ± 0,35 21,22 ± 0,26
% Cendres (g/g) 2,03 ± 0,1 1,60 ± 0,3 2,71 ± 0,43 3,01 ± 0,16
% Sucres réducteurs (g/g) 2,81 ± 0,4 2,36 ± 0,38 2,82 ± 0,47 5,70 ± 0,29
% Sucres totaux (g/g) 6,38 ± 0,2 4,56 ± 0,3 6,34 ± 0,4 10,39 ±0,26
% Amidon (g/g) 0,79± 0,2 0,74± 0,11 0,65± 0,25 0,33± 0,15
Noyau
% Sucres totaux (g/g) 19,81± 0,3 20,40± 0,11 20,12± 0,13 22,62± 0,2
% Amidon (g/g) 18,22± 0,27 18,77± 0.13 18,51± 0,23 21,81± 0,18
La mesure du pH des échantillons de résidus de mangue montre que les variétés Amélie
(A) et sauvage (S) présentant des valeurs moyennes respectives de 4,48 ± 0,4 et 4,71 ± 0,36 sont
moins acides que celles de Zill (3,61± 0,3) et Brook (3,51± 0,38). Les travaux d‟Akubor (1996)
ont montré que la variété sauvage a un pH de 5,12; de même ceux de Hossain et collaborateurs
(2001) indiquent des pH compris entre 4 à 6 pour différentes variétés de mangues.
69
Le pH est lié à l‟acidité totale de la pulpe, due à la présence des acides organiques. Le taux
d‟acides organiques peut augmenter suite à une oxydation incomplète du glucose; par ailleurs une
forte proportion d‟acides organiques peut engendrer un pH acide. Ces pH acides offrent un
avantage au développement des levures et moisissures par rapport aux autres microorganismes.
Les taux d‟humidité compris entre 83,10 ± 0,5% et 76,36 ± 0,2% varient d‟une manière
inversement proportionnelle à ceux de la matière sèche totale. Les taux de matière sèche totale
obtenus dans les quatre variétés de mangue varient de 16,90 ± 0,45% à 23,64 ± 0,32%. Ces
résultats sont en corrélation avec ceux obtenus par Hossain et collaborateurs (2001) qui
indiquent que le taux de matière sèche totale pour la mangue fraîche se situe entre 17,60% à et
23,50%. D‟autres recherches antérieures menées par Colin et collaborateurs (1981) avaient
montrés des valeurs comprises entre 14,37% et 20,35%.
Les taux de cendres restent faibles avec une moyenne comprise entre 1,60 ± 0,3% et
3,01± 0,16%. Les taux de matière sèche varient de 16,90 ± 0,45 à 23,64 ± 0,32 témoignant une
forte teneur en eau, car il existe une corrélation entre ces deux paramètres. Askar et
collaborateurs (1972) ont montré que l‟augmentation de la teneur en matière sèche résulte d‟une
diminution de celle en eau et vice-versa. La teneur eau élevée prédisposérait la mangue fraîche à
une prolifération microbienne.
La teneur en sucres réducteurs de la variété Amélie double celle des trois autres variétés.
Les teneurs moyennes se situent entre 2,36 ± 0,38% et 5,70 ± 0,29% et sont proches de valeurs
présentées par Hossain et collaborateurs (2001) qui sont de 6,58% à 10,35% pour la pulpe
fraîche. Elles sont comparables également aux valeurs obtenues dans d‟autres fruits tels que la
banane, l‟orange, l‟ananas qui varient de 4 à 15 % (Akubor, 1996).
Les faibles taux de sucres réducteurs dans les mangues sont dus à leur dégradation par des
enzymes ou l‟action microbienne. Les sucres sont alors fermentés et les alcools se condensent
avec les acides pour donner des esters. La conséquence est une perte d‟eau, de sucres, d‟acides et
de saveur. Les déchets de mangues peuvent donc en même temps constituer une source pour le
prélèvement des souches de microorganismes utilisateurs de sucres.
Les pourcentages en sucres totaux varient de 4,56 ± 0,3% à 10,39 ± 0,26% pour la pulpe
et de 19,81± 0,3% à 22,62 ± 0,2% pour le noyau. Ces valeurs pour la pulpe sont faibles par
rapport à celles trouvées par Hossain et collaborateurs en 2001 (18,70% à 26,85%) et par Akubor
en 1996 (21%), tandis que celles obtenus pour le noyau sont comparables aux données des
mêmes auteurs.
70
Egalement ces valeurs de la pulpe sont également faibles comparées à celles trouvées par Traoré
et Konlani (1989) dans la mélasse (38,57%).
Le taux d‟amidon dans la pulpe varie de 0,33± 0,15 à 0,79± 0,2 et est largement inferieur
à celui contenus dans le noyau (18,22± 0,27 à 21,81± 0,18).
Les teneurs en sucres totaux dans les résidus de la pulpe révélées dans nos travaux sont
inférieures à celles du noyau. Cette différence peut s‟expliquer par la forte proportion d‟amidon
dans le noyau (difficilement dégradables).
71
Partie 2 : Isolement des souches de bactéries
72
1. Isolement et identification phénotypique des souches levuriennes
La sélection basée sur des critères morphologiques et culturaux, a permis de sélectionner 20 souches. Les caractéristiques
essentielles des souches rétenues sont résumées dans le tableau 5.
Tableau 5 : Principales caractéristiques des souches de levures rétenues
Souches levuriennes
Formation de voile blanche/ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+
Sédiment
Coloration de GRAM + + + + + + + +/+ +/+
Oxydase /Catalase +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+
Substrats métabolisés
Acétate de sodium - - - - - - - - -
Arabinose + + + + + + + + +
Fructose + + + + + + + + +
Galactose + + + + + + + + +
Glucose + + + + + + + + +
Lactose + + + + + + + + +
Mannose + + + + + + + + +
Raffinose + + + + + + + + +
Nitrate + + + + + + + + +
Amidon - - - - - - - - -
*Lodder(1971)
73
Sur milieu solide il y‟a formation de colonies rondes, blanchâtres et mates ayant un diamètre
moyen de 2 à 4 mm avec des contours ronds. La couleur blanchâtre des colonies évolue vers le
gris au fur et à mesure que se prolonge la durée de conservation. Au microscope on observe des
cellules ovoïdes ou associées par paire formant des pseudo-mycéliums. En plus, on observe en
milieu liquide la formation d‟un voile blanchâtre avec un dépôt de sédiments au fond du tube ; le
milieu trouble s‟éclaircit au bout de 72 heures. Parmi les sources de carbone mises à la
disposition des souches, seuls l‟amidon et le lactose ne sont pas métabolisés. Les différents
examens de caractérisation ont permis de rassembler les caractéristiques essentielles afin de
regrouper et classer des souches isolées.
Les caractères des souches sélectionnnées (Tableau 5) se rapprochent de ceux publiés par
Obisanya (1987) sur les levures. Les caractéristiques obtenues des levures ont permis de réaliser
leur identification partielle par la clé dichotomique de Lodder (1971). Au regard des résultats du
tableau 5, les souches S1, S2 pourraient appartenir au genre Schizosaccharomyces et S3, S4, A1,
B1, W1, W2, W5, W6 au genre Saccharomyces.
La capacité à fermenter et la performance de ces souches ont été testées en milieu
glucosé et en milieu contenant les résidus de mangues comme hydrate de carbone. L‟article 1
(Somda et al., 2010) rapporte les détails expérimentaux, les résultats majeurs obtenus sur les
caractéristiques de 04 souches de levures sélectionnées (S1, S2, S3, S4) et la capacité à
fermenter les résidus de mangues de 02 souches de levures (S1, S3). Il en resort que les colonies
obtenues sont lisses, de forme sphéroïdes, de diamètre compris entre 2 à 5mm, et pourvues
d‟ascospores (4 et 8); pourraient appartenir respectivement au genre Saccharomyces et
Schizosaccharomyces. Elles présentent les atouts nécessaires pour leur utilisation en
fermentation. Les souches S1 et S3 rétenues, possèdent des rendements de biomasse de l‟ordre
respectif 0,36 et 0,28; ainsi que des rendements en alcool de 0,46 et 0,39.
74
75
76
77
78
79
80
81
82
2. Sélection et identification phénotypique des souches bactériennes
Les résultats obtenus sur les bactéries et présentés dans le tableau 6 montrent que ce sont
des bacilles Gram positif ou négatif, aérobies anaérobies facultatifs, douées ou non d‟une
mobilité. Leur culture sur milieu solide se caractérise par des colonies polymorphes. Ces souches
ont un métabolisme respiratoire et fermentaire. Elles sont productrices de catalase, d‟oxydase,
mais toutes productrices d‟acétoïne. Ce sont des souches non sporulantes ou sporulantes dont
l‟extrême résistance des spores leur confère un caractère ubiquiste. A la différence des souches de
levures, elles ont la capacité ou non de métaboliser l‟amidon. La production de catalase par les
souches permet d‟exclure B. anthracis et B. cereus var. mycoïdes.
Tableau 6: Caractéristiques morphologiques, biochimiques et physiologiques des souches
bactériennes rétenues
ø = 1 mm ø ≤ 2 mm ø = 2 mm ø ≤ 2 mm
Forme Bacilles Bacilles Bacilles Bacilles Bacilles
Regroupement chaînettes chaînettes Chaînettes chaînettes chaînettes
Gram + + - - +/-
Oxydase + + + + +
catalase + + + + +
Mobilité + + + + +/-
VP + + - - +/-
RM - - + + +
Sporulation + + - - +/-
Amidon + - - +/- +/-
Glucose +G +G +G +G +G
Fructose +G +G +G +G +G
Saccharose +G +g +G +G +G
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*Bergey manuel of determinative bacteriology
+G : Utilisation avec production de gaz ; +g : Faible production de gaz ; + : test positif ; - : test négatif
Sur la base des critères définis dans le "Bergey‟s Manual of determinative Bacteriology",
les caractéristiques globales morphologiques, biochimiques et physiologiques relatives aux
Bacillus (Gram, catalase, oxydase, sporulation, respiration, mobilité) permettent d‟affilier les
souches bactériennes sélectionnées au genre Bacillus.
Ces souches peuvent être affiliées à la famille des Bacillaceae. Elles pourraient appartenir
probablement au genre Bacillus car elles possèdent des caractères retrouvés chez Bacillus
subtilis, Bacillus pumilis et Bacillus licheniformis (Buchaman et Gibbons, 1975). Les souches de
Bacillus sélectionnées ont été utilisées pour l‟hydrolyse des glucides non réductibles afin
d‟améliorer le taux de sucres réducteurs et d‟optimiser le rendement de la fermentation.
84
Partie 3 : Etude des paramètres
environnementaux sur les potentialités
des souches isolées
85
L‟étude réalisée sur l‟effet de différents facteurs environnementaux concernant la
croissance de souches du genre Saccharomyces a permis de confirmer que cette croissance
microbienne est influencée notamment par les constituants du milieu de culture et mais également
par les facteurs physico-chimiques (température, alcool, etc…). Parmi ces facteurs l‟influence de
la température est principale. Le tableau 7 présente l‟influence de la température sur les
performances cinétiques de deux souches de levures rétenues pour leur performance.
Tableau 7 : Paramètres cinétiques de deux souches levuriennes à 40, 42 to 45°C en présence
80g/l de glucose.
Paramètres Souches levuriennes
cinétiques W6 B1
Yx/s (g X/g S) 0,14 ± 0,03 0,12 ±0,01 0,11 ±0,01 0,17±0,04 0,1 ±0,04 0,08 ±0,04
YE/s (g E/g S) 0,35 ±0,04 0,21 ±0,01 0,18±0,01 0,30±0,04 0,24 ±0,05 0,16±0,08
Les résultats obtenus montrent que les souches sont thermotolérantes car capables de
supporter des températures variant de 40°C à 45°C et qu‟elles tolérent également des dégrés
alcooliques de 12°. Cette tolérance aux températures élevées pourrait s‟expliquer par la synthèse
de certains groupes de protéines. Hiraishi et collaborateurs (2006) ont observé ce même
phénomène de thermotolérance chez certaines levures, et ont mis en souligné l‟implication des
protéines.
Les résultats des paramètres cinétiques montrent que la souche W6 présente des
rendements de biomasse de 0,14 ± 0,03 et 0,11 ±0,01 et d‟éthanol de 0,35 ±0,04 et 0,18±0,01
respectivement à 40°C et 45°C. Quant à la souche B1, elle possède des rendements lègèrement
inférieurs de biomasse de 0,17±0,04 et 0,08 ±0,04 et d‟éthanol de 0,30±0,04 et 0,16±0,08.
L‟étude des facteurs environnementaux sur les souches a permis d‟accroître leurs
potentialités fermentaires dans le processus de fermentation simultanée. Les principaux résultats
(Somda et al., 2011a) ont montré que l‟hydrolyse enzymatique ( par la souche Sb1) des résidus
de mangues, a permis d‟obtenir 62% de conversion de substrats en sucres réductibles. A la suite
de la fermentattion simultanee, les souches levuriennes W6 et B1 ont fournis des rendements
alcooliques de l‟ordre respectif de 0,35 et 0,30 (g/g).
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Partie 4 : Optimisation du procédé de
production de bioéthanol
94
Cette étude qui venait en complément à l‟étude sur la recherche des souches thermo-
tolérantes et alcoolo-tolérantes a été réalisée dans le but d‟optimiser le rendement en bioéthanol
en utilisant un processus simultané d‟hydrolyse et de fermentation.
Le procéde d‟hydrolyse de la matière première en vu d‟accroître le taux de sucres réducteurs, a
fournit les résultats consignes dans le tableau 8.
Tableau 8 : Cinétique de l‟hydrolyse des carbohydrates des résidus de mangues et de libération
des sucres réducteurs
% sucres réducteurs
Temps d’hydrolyse B. licheniformis Bacillus A1M 1
(min) Amylase (-) Amylase (+) Amylase (-) Amylase (+)
0 2 0 0 0
20 4 8 2 5
40 5 15 3 10
60 5 19 5 17
80 5 22 6 24
120 5 49 5 46
160 5 78 6 62
200 5 78 6 62
240 5 78 6 62
95
Tableau 9 : Production d‟éthanol par les souches levuriennes
Souches de levures W1 B1 A1 S3
Concentration en 19-21,75 10,1 14,4 16
Ethanol (g/l)
La production d‟alcool par les souches rétenues est de l‟ordre de 10,1 à 19. Mais l‟influence
positive des élements minéraux (notamment l‟azote) aditionnés de manière controlée dans le
milieu de fermentation, a permis d‟optimiser la concentration de l‟éthanol à 21,75.
Les résultats issus du procédé d‟optimisation de la production d‟éthanol (Somda et al., 2011b),
montrent que les souches levuriennes A1 et A3 produisent des concentrations alcooliques
respectives de 14,4 g/l et 16 g/l. Quant à la souche B1, elle produit un taux nettement inférieur
aux autres souches avec une concentration de 10,1 g/l. Par ailleurs l‟introduction controlée des
sels minéraux a permis d‟accroitre la performance fermentative des souches. Ainsi l‟apport de
l‟azote dans le milieu réactionnel révèle son influence positive selonSomda et al. (2011c). Cela
s‟est traduit par la hausse de la concentration d‟alcool de 19 a 21,75 g/l au niveau de la souche
W1 (rétenue pour sa performance).
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Partie 5 : Discussion générale
115
1. Composition chimique et macromoléculaire des mangues et résidus
La composition des mangues et résidus est très favorable à leur valorisation. Les résidus
(pulpe et noyau) renferment 4,56% à 22,62% de glucides totaux (Tableau 4), comprenant:
amidon, glucose, fructose, cellulose, pectines. A ce titre ils constituent une excellente source de
bioénergie ou biocaburant. L‟équipe de Gopalan et ses collaborateurs en 1999 ont trouvé un taux
inférieur au nôtre dont 15,9% de carbohydrates dans les résidus de mangues. Par ailleurs Ajila et
ses collaborateurs en 2007 par l‟hydrolyse acide réalisée sur les noyaux de mangue ont obtenu
une valeur supérieure (28,2%). Ainsi la teneur en cabohydrates des résidus mangues, montre
qu‟ils peuvent constituer une source importante de biomasse au même titre que les principales
sources déjà existantes que sont les résidus de céréales (maïs, sorgho, blé, mil, riz), de tiges des
plantes (canne à sucre), de tubercules (bétterave, patate, igname) et surtout de fruits (mélasse,
papaye, orange…) mais aussi d‟herbes renpentes (Ibeto et Okpara, 2010).
Nos résidus de mangues renferment des composés difficilement métabolisables, mais
l‟hydrolyse enzymatique a permis d‟obtenir 17,46% carbohydrates bioconversibles (Somda et al.,
2011b), soit un rendement de bioconversion de l‟ordre de 0,78. Ce résultat est inferieur à celui de
Rowan et ses collaborateurs au Maryland, qui en 2009 ont pu valoriser par procédé enzymatique
le Kudzu (Pueraria montana var lobata), une plante parasite des cultures de champ en optimisant
le taux de carbohydrates utilisables à 37 %. La paille du blé contenant de l‟hémicellulose a été
analysée en Inde par Nigam (2000). Le processus d‟hydrolyse leur a permis d‟obtenir un taux de
25 % de sucres simples bioconversibles (glucose, arabinose), supérieur au nôtre. Le taux de
sucres fermentescibles obtenu dans les déchets de mangues (17,46 %) répresente une valeur
moyenne comparée aux autres types de déchets agro-industriels. En effet il varie en fonction de la
nature des résidus et du procédé de transformation utilisés. Ainsi Les travaux de Chantata et
collaborateurs en 2008, ont montré que l‟enveloppe de la pomme après extraction du jus
constituait un déchet agro-industriel valorisable, car elle répresente 15-30 % de carbohydrates
fermentescibles. Pour la rationalisation des déchets agricoles, l‟équipe de Yamaji et ses
collaborateurs (2006) ont établi un processus d‟hydrolyse enzymatique permettant d‟obtenir 30 %
de carbohydrates réductibles à partir de résidus (son) des céréales. Au Nigéria Akin-Osanaiye et
collaborateurs en 2008, ont montré que les résidus de fruit de papaye contiennent 20,82 % de
carbohydrates réductibles. Ces résidus peuvent être valorisés.
116
En Algérie Boujelal et Nacib (2001) ont trouvé que les déchets de dattes renferment 55 %
de sucres totaux. Au Burkina Faso, Traoré et konlani (1989) ont pu montrer que les résidus de
mélasse renfermeraient plus de 25 % de sucres réducteurs.
L‟amélioration par moyen enzymatique du pourcentage de glucides fermentescibles dans
les résidus de mangues ainsi que les travaux de ces différents auteurs sur les résidus agro-
industriels, confirment que les résidus de mangues pourraient être exploités par la voie
biotechnologique.
117
Les souches appartiennent au groupe des levures, à la classe des ascomycètes, à l‟ordre
des endomycétales, à la famille des Saccharomycetaceae, à la sous famille des
Saccharomycetoideae, au genre Saccharomyces.
Les caractéristiques globales morphologiques, biochimiques et physiologiques montrent
que les souches bactériennes rétenues pourraient être affiliées à la famille des Bacillaceae. Elles
pourraient appartenir probablement au genre Bacillus car elles possèdent des caractères retrouvés
chez Bacillus subtilis, Bacillus pumilis et Bacillus licheniformis (Buchaman et Gibbons, 1975).
Les souches ayant des caractéristiques similaires à celles du genre Bacillus ont été également
isolées par certains auteurs au cours de la fermentation des graines de Parkia biglobosa (Jideani
et Okere, 1991) et de Bi-kalga (Bengaly, 2001). L‟habitat primaire des Bacillus est le sol, mais on
les retrouve dans les aliments où ils jouent divers rôles (Guiraud, 1998).
Les espèces appartenant au genre Bacillus constituent un ensemble de souches
génétiquement et phénotypiquement très hétérogène (Combet-Blanc, 1995). Les bactéries du
genre Bacillus produisent des α-amylases à action endomoléculaire leur permettant de dégrader
les polymères glucidiques en glucose et en des molécules voisines. La ß-amylase à action
exomoléculaire est excrétée par Bacillus subtilis (Bengaly, 2001). Egalement les enzymes
hydrolysant les polymères des glucides comme les amylases, sont produites par ces bactéries
(O‟Toole, 1999).
118
Ces résultats mettent également en évidence une variabilité importante entre les souches
d‟un point de vue cinétique, même si les tendances sont les mêmes pour toutes. Toutes les
souches n‟ont pas la même sensibilité à l‟éthanol. L‟augmentation de la temperature, du pH et de
la concentration en alcool a un effet négatif sur la croissance et l‟activité fermentaire des souches
testées. Obire et collaborateurs (2005) au Nigeria, ont montré que la bactérie Zymomonas mobilis,
isolée du vin de palme était moins sensible à l‟alcool que Saccharomyces et que celle-ci pouvait
tolérer 15% d‟alcool dans un milieu de pH4. Des souches de Saccharomyces survivant à 55°C,
ont été obtenues par Rikhvanov et collaborateurs (2001), gràce à l‟adaptation des cellules à des
températures graduelles. Edgardo et collaborateurs (2008) ont également pu sélectionner des
souches de Saccharomyces capables de croître et de fermenter le glucose (20%) à 45°C, en
procédant à l‟adapation des ces souches.
L‟effet de l‟éthanol et du pH sur la synthèse de biomasse peut être expliqué par la
consommation de substrat pour l‟énergie de maintenance. Lorsqu‟il y a une concentration critique
d‟éthanol, le stress de la cellule augmente globalement les pertes d‟énergie observables par une
diminution de quantité de biomasse formée. Ainsi, l‟influence négative de l‟éthanol sur le
développement des micro-organismes peut s‟expliquer par une augmentation de l‟énergie de
maintenance de ces derniers (Torija et al., 2002). Cette énergie de maintenance est dépensée pour
assurer les fonctions de motilité, les régulations ATPasiques pour le maintien du potentiel
transmembranaire, les flux de relargage d‟excès de substrat (Torija et al., 2002). Cette dépense
d‟énergie pourrait conduire à ralentir ou arreter la croissance cellualire.
Par ailleurs, l‟action inhibitrice de l'éthanol pouvait être liée à la perméabilité de la membrane
des cellules modifiant la solubilité en lipides de la membrane (Leao et Van Uden, 1982).
L'éthanol peut également empêcher l‟action de l‟hexokinase et de quelques enzymes
impliquées dans la synthèse des acides aminés. Des insuffisances métaboliques sur la
reproduction peuvent alors être constatées (Nagodawithana et al., 1977). Des études réalisées sur
la tolérance de souches de bactéries lactiques ont permis d‟établir une relation entre la tolérance à
l‟alcool et la constitution lipidique membranaire (Kalmar et Lonvaud, 2001). Cette étude a
montré que la teneur en phosphore, en acides gras saturés des extraits lipidiques de la membrane
diminue quand la concentration en éthanol augmente dans le milieu de culture. En même temps,
celle des acides gras insaturés, certains glycolipides et la longueur moyenne des acides gras
totaux augmentent.
119
Des études rapportées par Nedwell (1999) sur l‟effet de la température ont montré qu‟une
augmentation de ce paramètre favorise la croissance des microorganismes par l'augmentation de
la fluidité de membrane et donc l'augmentation du système de transport des protéines.
Des comparaisons entre les résultats obtenus dans notre étude et ceux de travaux menés
par différents auteurs ont permis de confirmer l‟importance des paramètres environnementaux sur
le développement des souches de levures.
120
La souche W1 conservant sa stabilité dans l‟hydrolysat de mangues, a produit 14,2 à 17,5
g/L de bioéthanol sous l‟effet de MnSO4 et 18 g/L en présence de FeSO4. Quant à l‟azote, il a
exercé une influence plus positive sur l‟activation de la souche W1 permettant d‟obtenir une
concentrattion éthanolique de 21,75 g/L.
Le procédé SSF (saccharification simultanée et fermentation) éffectuant l‟hydrolyse
enzymatique et la fermentation éthanolique en une seule étape a montré une réduction de
l‟inhibition de l‟enzyme par le glucose qui est consommé par les micro-organismes fermentaires
au fur et à mesure de son apparition. Il en résulte souvent une augmentation des taux et vitesses
d‟hydrolyse et de production globale en éthanol. Par ailleurs, les risques de contamination
microbienne de l‟hydrolysat riche en glucose sont amoindris. Les principaux inconvénients de la
SSF sont la différence des températures optimales de l‟hydrolyse enzymatique (50°C) et de la
fermentation éthanolique (30°C à 35°C) et l‟impossibilité de recycler les levures. Le rendement
est fonction de la tolérance des souches à l‟alcool liberé dans le milieu. Pour une meilleure
tolérance à l‟alcool, la disponibilité des acides gras et leur incorporation dans des fractions de
glycolipides spécifiques au niveau membranaire seraient d‟une grande importance (Kalmar et
Lonvaud, 2001). La concentration en acide cis-vaccénique et en hopanoïdes rares dans la
membrane sont responsables de la haute tolérance à l‟éthanol. Les Hopanoïdes sont des acides
gras pentacycliques présents dans les membranes plasmiques des bactéries pour réguler leur
fluidité. Chez les eucaryotes c'est le cholestérol qui joue un rôle similaire (Buchholz et al., 1987).
Des études menées par certains auteurs tels Nigam et collaborateurs (2000) sont
parvenues à atteindre un rendement 0,41 (g/g) d‟éthanol (80,4% de rendement théorique)
supérieur au nôtre en utilisant des enzymes provenant de Pichia stipitis sur de l‟hemicellulose de
la paille de blé. Oyeleke et Jibrin (2009) au Nigeria ont pu valoriser les déchets agricoles, en
procédant simultanément à une saccharification de la paille de maïs et de mil par Aspergillus
niger suivi d‟une fermentation de Zymomonas mobilis. Des concentrations éthanoliques
respectives de 26,83 g/L et 18,31 g/L ont été obtenues sur la paille de maïs et de mil. Cette
production d‟alcool à partir de la paille de maïs est supérieure à celle issue de mangues que nous
avons enregistrée (21,75 g/L), et peut s‟expliquer selon Gunasekran et Chandra (2007) par la
présence de pyruvate décarboxylase et d‟alcool déshydrogenase chez Zymomonas mobilis,
facilitant une fermentation avec un fort taux d‟éthanol.
121
Lekneth et collaborateurs (1994) ayant travaillé sur les sucres du sorgho, obtinrent une
concentration de 27,7 g/L, concentration supérieure à la nôtre. L‟équipe de Suresh et
collaborateurs (1999) en utilisant une hydrolyse par des α-amylases de Bacillus subtilis suivie
d‟une fermentation de S. cerevisiae, ont pu obtenir des concentrations de 34 g/L sur la paille de
blé et 27 g/L sur les résidus de tiges de sorgho.
La concentration de l‟éthanol produit à partir des résidus de mangues obtenue dans notre
étude (21,75 g/L) est nettement supérieure à celle de Palmarola-Adrados et collaborateurs (2005).
Ces auteurs ont pu produire un taux d‟éthanol de 13 g/L sur la paille de blé.
122
CONCLUSION GENERALE ET
PERSPECTIVES
123
Conclusion
124
Perspectives
L‟implantation d‟une unité pilote de production industrielle est un enjeu majeur dont
l‟avenir repose en grande partie sur les retombées de l‟essor des biotechnologies.
Les résultats obtenus au cours de nos travaux sont encourageants et méritent d‟être
approfondis par :
- La maîtrise du comportement physiologique de la levure en condition de forte teneur en éthanol
par la quantification de l‟efficacité métabolique fermentaire;
- L‟investigation et l‟identification des phénomènes entraînant les inhibitions, toxicités et létalité
des souches;
- L‟identification des cibles moléculaires impliquées dans l‟adaptation de la levure à de fortes
teneurs en éthanol (>15%) ;
- La réalisation d‟une identification complète des souches de levures performantes obtenues
reposant sur des caractérisations génétiques et biomoléculaires;
- L‟adaptation des souches à supporter des dégrés alcooliques élevés par des transferts de gènes
de résistance à l‟alcool.
125
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140
ANNEXES
141
ANNEXES
Peptone (Difco) 10 g
Glucose (Difco) 20 g
Agar (Difco) 10 g
Eau distillée qsp 1000 ml
pH 6 ± 0,2
142
Annexe 3 : Milieu YEPD
Extrait de levure 5g
Glucose 20 g
Ethanol X ml
Eau distillée qsp Y ml
pH 6 ± 0,2
143
Annexe 6 : Milieu de Clark et Lubs
Peptone (Difco) 6g
Glucose (Difco) 20 g
K2HPO4 5g
Eau distillée qsp 1000 ml
pH 7 ± 0,2
Extrait de levure 5g
Agar 20 g
Amidon 10 g
Eau distillée qsp 1000 ml
pH 7 ± 0,2
Extrait de levure 3g
Peptone 5g
Glucose 20 g
Eau distillée qsp 1000 ml
pH 7 ± 0,2
144
Annexe 9 : Milieu de base pour l’étude de la fermentescibilité des sucres
Extrait de levure 5g
K2HPO4 1g
MgCl2 (6H2O) 0,4 g
NH4Cl 1g
FeSO4 (7H2O) 5 mg
Solution d‟oligoéléments 1 ml
Tween 80 1 ml
Sucre 3g
Eau distillée qsp 1000 ml
pH 7 ± 0,2
Extrait de levure 3g
Peptone 1g
(NH4)2SO4 0,4 g
MgSO4 1g
K2HPO4 5 mg
Solution d‟oligoéléments 1 ml
Eau distillée qsp 1000 ml
pH 7 ± 0,2
145
Annexe 11 : Courbe étalon montrant corrélation entre le poids-sec et la densité optique à
600 nm pour Saccharomyces sp isolée du ferment de dolo (bière locale).
146
Annexe 12 : Courbe étalon des sucres totaux
147
Annexe 13 : Courbe étalon des sucres réducteurs
148
Annexe 14 : Courbe étalon de l’amidon total
149