Livre Fatigue Morel Henaff
Livre Fatigue Morel Henaff
Livre Fatigue Morel Henaff
Avant-Propos ___________________________________________________________ 7
Chapitre I. Concepts généraux sur la fatigue ________________________________ 11
1. Mise en évidence du phénomène de fatigue _________________________________ 11
2. Différents stades de l’endommagement ____________________________________ 12
2.1. Morphologie d’une surface de rupture ____________________________________________ 12
2.2. Modifications microstructurales induites par la déformation cyclique ____________________ 14
2.3. Amorçage de fissure __________________________________________________________ 16
2.4. Propagation de fissure_________________________________________________________ 17
3. Différentes approches en dimensionnement_________________________________ 18
3.1. Approche en durée de vie ______________________________________________________ 20
3.2. Approche en tolérance aux dommages ____________________________________________ 21
3.3. Comparaison des différentes approches ___________________________________________ 22
Chapitre II. Comportement cyclique, fatigue oligocyclique _____________________ 23
1. Comportement cyclique _________________________________________________ 23
1.1. Comportement monotone en traction _____________________________________________ 23
1.2. Comportement sous sollicitation cyclique. _________________________________________ 25
2. Durée de vie en fatigue oligocyclique ______________________________________ 31
3. Mécanismes d’accommodation et de rupture en fatigue plastique. ______________ 32
3.1. Accommodation _____________________________________________________________ 32
3.2. Fissuration _________________________________________________________________ 37
4. Modélisation du comportement cyclique ___________________________________ 37
Chapitre III. Durée de vie en fatigue - Endurance ____________________________ 41
1. Caractérisation du Comportement en Fatigue_______________________________ 41
1.1. Chargement_________________________________________________________________ 41
1.2. Diagramme d’endurance_______________________________________________________ 42
1.3. Aspects statistiques ___________________________________________________________ 44
2. Facteurs influençant la tenue en fatigue ____________________________________ 46
2.1. Influence de la contrainte moyenne ______________________________________________ 46
2.2. Influence du mode de répartition des contraintes ____________________________________ 51
2.3. Influence de l’état de surface ___________________________________________________ 52
2.4. Contraintes résiduelles ________________________________________________________ 52
2.5. Influence de la fréquence et du milieu ambiant. _____________________________________ 57
2.6. Influence de la température. ____________________________________________________ 58
3. Expressions mathématiques de la durée de vie ______________________________ 58
Table des matières
irrémédiablement ternie par ces catastrophes. En fait, les avancées résultant des
investigations menées par les ingénieurs britanniques profitèrent surtout à Boeing dans le
développement du 707.
Dans le même temps, une percée importante sur le plan de la description
mécanique des champs de contrainte et déformation associés à la présence d’une fissure
permit le développement d’outils de prédiction de plus en plus fiables. En effet, bien que
la rupture par fatigue ait été très tôt associée à la propagation de fissures, il n’existait pas
d’outils pour décrire les conditions de propagation de ces fissures à l’exception des
travaux d’Inglis et de Griffith limités à la rupture des matériaux fragiles. Irwin (1957)
montra que la singularité de contrainte en pointe de fissure pouvait être décrite à l’aide
d’un paramètre caractéristique, le facteur d’intensité de contrainte K. Les concepts de la
Mécanique Élastique Linéaire de la Rupture ont alors été appliqués à la description de la
propagation des fissures de fatigue. Paris et ses collaborateurs montrèrent ainsi que la
vitesse de propagation d’une fissure, da/dN, est corrélée à l’amplitude du facteur
d’intensité de contrainte. Cette description est aujourd’hui très largement adoptée. La
navette spatiale américaine constitue un exemple de structure où l’approche mécanique de
la rupture est utilisée pour prévenir les ruptures liées à la propagation de défauts type
fissure dans différents éléments structuraux.
- des facteurs liés à la nature même des matériaux utilisés, c’est-à-dire leur
microstructure et leurs caractéristiques mécaniques;
- des paramètres relatifs à l’environnement dans lequel est sollicité le matériau, c’est-à-
dire la nature des espèces présentes, leur pression, la température, etc., et leur
interaction avec le matériau déformé en pointe de fissure.
Une illustration du phénomène de fatigue est fournie par l’un des essais les plus
simples à mettre en œuvre, à savoir l’essai de flexion rotative. Cet essai consiste à
encastrer un arbre à une extrémité, et à le soumettre simultanément à un effort de flexion à
l’autre extrémité et à un mouvement de rotation de fréquence f (figure I-1). Au temps t=0,
le moment de flexion engendre pour une section droite une contrainte de traction σ max sur
la génératrice supérieure de l’arbre et une contrainte de signe opposé σ min sur la
génératrice inférieure. Au cours d’une période de rotation T=1/f, un élément de matière
situé initialement sur la génératrice supérieure est soumis à une contrainte longitudinale σ
qui décroît progressivement depuis σ = σ max à t=0 jusqu’à s’annuler à t=T/4, puis devient
négative et atteint sa valeur minimale σ min à t=T/2. La valeur de la contrainte croît
ensuite jusqu’à retrouver la valeur maximale σ max à la fin de la période de rotation. Le
point considéré sur cette génératrice subit donc une contrainte alternée sinusoïdale. C’est
cette variation de la contrainte au cours du temps qui conduit à la rupture de l’arbre au
bout d’un certain nombre de cycles de rotation.
σ
σmax
F
0 T/2 t
σmin
T=1/f
σmax
σmax
σmin
La rupture par fatigue peut être provoquée par des sollicitations de nature
différente. Les efforts mécaniques externes appliqués à une structure engendrent de la
fatigue mécanique. Les contraintes thermiques liées aux variations de température subies
par une structure engendrent de la fatigue thermique. Ce type d’endommagement est
caractérisé par un réseau de fissures de surface, peu profondes, appelé faïençage. Les
charges cycliques appliquées à des températures élevées par rapport à la température de
fusion du matériau causent un endommagement de type fatigue-fluage. Les variations de
température au cours du temps engendrent également des sollicitations thermiques
responsables du phénomène de fatigue thermique. Lorsque la température et la sollicitation
mécanique extérieure varient au cours du temps, on parle de fatigue thermomécanique.
Des sollicitations répétées en présence d’un milieu corrosif donnent lieu à de la fatigue-
corrosion. On peut encore citer le phénomène de fretting-fatigue qui résulte de contraintes
engendrées aux interfaces par le mouvement relatif de deux solides. Un très grand nombre
de ruptures en service peut être attribué à l’un ou l’autre de ces processus. Dans la majorité
des cas, ces ruptures se produisent pour des chargements répétés dont les maxima sont
largement inférieurs à la résistance statique du matériau et sans modification du
comportement macroscopique du composant concerné, ce qui rend ce mode
d’endommagement particulièrement sournois.
B
Lèvre de cisaillement
P
Site d’amorçage
A
Rupture finale
Figure I-3 : Rupture par fatigue d’un pied d’aube en titane (D. Bertheau, ENSMA).
Les figures I-3 et I-4 présentent des exemples de ruptures de pièces de turbine
terrestre. Les surfaces de rupture se caractérisent notamment par la présence de lignes
correspondant aux positions successives du front de fissure lors des cycles
d’arrêt/démarrage. La Figure I-4 illustre plus particulièrement le cas d’une fissure de coin
se propageant dans un premier temps dans l’épaisseur et en surface sur un côté de la pièce,
puis, lorsqu’elle devient traversante suivant l’épaisseur, en surface sur les deux côtés.
14 Chapitre I. Concepts généraux sur la fatigue
Figure I-4 : Rupture par fatigue d’un labyrinthe de turbine à gaz (D. Bertheau, ENSMA).
cyclique
intrusions
(a) (b)
Après amorçage, les fissures peuvent éventuellement se propager sous l’action des
sollicitations cycliques. Dans les polycristaux, les joints de grain peuvent jouer le rôle de
barrière pour freiner, voire empêcher la propagation des micro-fissures. A l’inverse, à
haute température ou en présence d’un environnement corrosif par exemple, les joints de
grain peuvent constituer des chemins de fissuration préférentiels.
En chargement uniaxial, la contrainte maximale de cisaillement macroscopique se
situe sur les plans dont la normale fait un angle de 45° par rapport à la direction
d’application de la charge. Par conséquent, les microfissures auront tendance à s’amorcer
suivant des mêmes plans (Figure I-9). Au cours des cycles suivants, certaines de ces
fissures vont se propager suivant ces bandes de glissement jusqu’à ce qu’une fissure
principale se dégage. Cette fissure principale change alors de direction pour se propager
suivant un plan macroscopiquement perpendiculaire à l’axe de sollicitation. Cette
transition d’un régime cristallographique, dit de stade I (Figure I-10), à un mode non
cristallographique appelé stade II (Figure I-11a) se fait à travers quelques grains : la
distance de propagation en stade I dépend de la microstructure, mais est généralement
limitée à l’équivalent de quelques tailles de grains à partir de la surface libre.
Dans des microstructures conduisant à une déformation hétérogène en pointe de
fissure, un autre mode de propagation, appelé pseudo-sade I (Figure I-11b), peut être
observé. Ce mode, au caractère cristallographique marqué, se traduit par une propagation
en stade I à l’intérieur d’un grain donné. Lorsque la fissure atteint le joint de grain, elle
reste stationnaire le temps d’amorcer la propagation en stade I dans le grain voisin suivant
un plan a priori différent. Il en résulte, à une échelle fine, un chemin de fissuration en « toit
d’usine ». Toutefois, le chemin de propagation macroscopique reste de type stade II, c’est-
à-dire macroscopiquement perpendiculaire à l’axe de sollicitation. Des facteurs tels que la
contrainte moyenne ou l’environnement conditionnent, pour un alliage donné, la
propension à une propagation suivant l’un ou l’autre mode.
Stade I Stade II
Stade II
Stade II
Stade I
Direction de propagation
(a) (b)
Figure I-10 : Propagation sous vide dans un monocristal d’alliage d’aluminium (Al-
4,5%Zn-1,25%Mg (a) propagation en stade I dans un monocristal revenu au pic de
dureté ; (b) propagation dans un monocristal à l’état sur-revenu ; la propagation
initialement en stade II bascule en stade I puis à nouveau en stade II (clichés J. Petit,
ENSMA).
(a) (b)
Figure I-11 : Propagation dans un alliage d’aluminium 2024T351 sollicité sous vide (a)
en stade II, (b) en pseudo-stade I (cliché J. Petit, ENSMA).
Amorçage
propagation
faible nombre de cycles) sont quant à elles souvent suffisamment élevées pour engendrer
des déformations plastiques. Dans ce cas, la durée de vie est déterminée en fonction de
l’amplitude de déformation. La détermination du nombre de cycles nécessaires à
l’amorçage et aux premiers stades de propagation d’une fissure dans un champ de
déformations associé à une concentration de contrainte constitue un exemple d’application
de ce type d’approche basée sur l’amplitude de déformation.
rivets
adhésif
Ces limitations ont motivé l’évolution vers le concept de tolérance aux dommages
au début des années 1970. Dans ce type d’approche, on suppose que tout matériau contient
potentiellement un défaut de type fissure, soit préexistant soit créé en service. La durée de
vie est alors définie comme le nombre de cycles requis pour faire propager ce défaut
jusqu’à une taille critique. Le choix de cette taille repose sur des critères tels que la
ténacité du matériau, la contrainte limite pour cette pièce, la déformation admissible etc.
On détermine ainsi soit la durée de vie résiduelle, soit des intervalles d’inspection en
liaison avec les techniques de contrôle non-destructifs. Le calcul de la durée de vie en
propagation se fait à l’aide de lois plus ou moins empiriques utilisant la mécanique
élastique linéaire de la rupture. De ce fait, l’approche du type tolérance aux dommages est
applicable en condition de plasticité confinée (small-scale yielding): la taille de la zone
plastifiée doit être réduite par rapport aux dimensions caractéristiques de la pièce criquée
(y compris la taille de la fissure) et le chargement est globalement élastique. Ce type
d’approche a été largement utilisé pour des applications critiques du point de vue de la
fatigue comme la construction aéronautique ou le nucléaire.
22 Chapitre I. Concepts généraux sur la fatigue
Enfin, les études sous chargement dit à amplitude constante constituent la base des
méthodologies de dimensionnement en fatigue. Cependant, la plupart des composants en
service subit des chargements dont l’amplitude varie au cours du temps. Le développement
de modèles capables de prédire avec précision la durée de vie sous spectre de chargement
complexe constitue aujourd’hui l’un des principaux défis à relever.
Ces différentes approches, ainsi que les outils nécessaires à leur mise en œuvre,
sont développés dans les chapitres suivants.
Chapitre II
1. Comportement cyclique
σ H
B’
σB’
Et B
σB
E
1
1
F
C
A
C’
D ε
εp εe
σ0
avec σ0 : limite d’élasticité initiale, ε0 = et α paramètre caractéristique du matériau. n
E
est alors appelé cœfficient d’écrouissage.
Cette relation peut encore s’écrire:
ε=εe +εp = σ + σ
E K
()
1/ n
Eq. II-2
1/ n
K
σ0
α= Eq. II-3.
σ0
E
σ
∆εp
∆σ ε
∆εp/2 ∆εe/2
∆εt/2
∆εt
Figure II-2 : Définition des différents paramètres caractérisant une boucle d’hystérésis.
σ min
- rapport de contrainte : R σ = (Eq. II-11).
σ max
σ 500
150
100
25
2
1
ε
Cycle 600
∆εp
∆εt
Les principaux types de comportement observés sur les alliages métalliques sont
schématisées sur la Figure II-4. Lorsque, sous des conditions de déformation imposée,
l’amplitude de contrainte augmente au cours du cyclage, on parle de durcissement (ou
consolidation) cyclique. Si, au contraire, l’amplitude de contrainte diminue, on utilise le
terme d’adoucissement (ou déconsolidation) cyclique. La consolidation est parfois très
importante, avec des niveaux de contrainte maximale pouvant excéder la résistance initiale
à la traction du matériau considéré. D’autres phénomènes, comme la relaxation de la
contrainte moyenne ou l’effet de la vitesse de déformation, peuvent également être
observés en fonction du paramètre de contrôle. L’effet rochet, encore appelé déformation
progressive ou fluage cyclique, est quant à lui observé sous des conditions de contrainte
imposée avec une contrainte moyenne non nulle. Ce type de comportement se manifeste
notamment sur les aciers inoxydable austénitique à température ambiante. Il se traduit par
une augmentation progressive de la déformation moyenne en fonction du nombre de
cycles. Une difficulté expérimentale liée à ce type de comportement réside dans le fait que,
lors d’un essai à force imposée, la contrainte vraie augmente fortement lorsque la
1. Comportement cyclique 27
déformation de rochet est importante. Il convient alors de mener les essais en contrôlant la
contrainte vraie.
Sous des conditions de contrainte imposée, la consolidation cyclique se traduit par
une diminution de la déformation plastique au fil des cycles jusqu’à atteindre une valeur
stabilisée. L’inverse se produit lorsque le matériau déconsolide cycliquement.
ε εmax σ σ
t t ε
εmin
(a)
Durcissement cyclique
σ σ
ε εmax
t t ε
εmin
(b) Adoucissement cyclique
εmax σ
σ
ε
εmin
t t ε
t
t ε
σmin
(d)
Effet « rochet »
Figure II-4: Représentation schématique des phénomènes de durcissement,
d’adoucissement cyclique, de relaxation de la contrainte moyenne et de l’effet « rochet ».
Le comportement cyclique d’un acier austénitique type 316L sous vide est présenté
sur la Figure II-5 sous la forme d’un diagramme bi-logarithmique en portant l’évolution de
l’amplitude de contrainte en fonction du nombre de cycles. L’utilisation d’une échelle
logarithmique permet de faire clairement apparaître les variations observées au cours des
premiers cycles. Toutefois, ce type de représentation ne doit pas faire perdre de vue que la
majeure partie de la durée de vie est caractérisée par une stabilité de l’amplitude de
contrainte. La stabilisation de l’amplitude de contrainte au bout d’un certain nombre de
28 Chapitre II. Comportement cyclique et fatigue oligocyclique
400
Amplitude de contrainte (MPa)
-4
350 ∆ε /2=3x10
p
-3
∆ε /2=2x10
p
-3
300 ∆ε /2=5x10
p
250
200 0 2 4 6 8
10 10 10 10 10
Nombre de cycles
Figure II-5: Exemple de consolidation cyclique à différents niveaux de l’amplitude
de déformation imposée (acier 316L, R. Alain, ENSMA).
1/ n '
∆ε ∆σ ∆σ
= + Eq. II-12
2 2E 2K '
σ ∆σ/2
∆σ/2
σ2
σ1
Courbe
ε de consolidation cyclique
ε1 ε2
∆ε/2
500
400
σ, σ (MPa)
300
a
200 2024-T3
E=74,5GPa
100 K'=590MPa
n'
=0.040
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
ε, ∆ε /2 (%)
t
(a)
30 Chapitre II. Comportement cyclique et fatigue oligocyclique
1200
monotone
1000
cyclique
σ, σ (MPa) 800
600
a
Ti-6Al-4V
400
E=117,4GPa
200 K'=1938MPa
n'
=0.108
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
ε, ∆ε /2 (%)
t
(b)
-1
10 -2
-5 1.67e
7.5e
ν=0.17 Hz 1.83e
-2 acier A286
Amplitude de déformation plastique
-2 -4
1.7e Hz 9.0e
-2
-2
-3
1.7e Hz 6.67e
10 -4 -2
ν=1.7e Hz 5.0e-3 5.0e -2
9.83e -2
-2 -1 -2 8.83e
-4
1.67e1.67e 1.75e
5.0e -3
3.33e
-3
10 -3
1.67e 8.33e
-2
-2
1.67e 8.5e
-3 -2
3.33e
-4
10
vide 20°C
vide 593°C
air 593°C
-5
10 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10
Nombre de cycles à rupture
Figure II-8 : Courbe de Manson-Coffin pour une acier à l’air et sous vide. Les lignes
β ∆ε
continues représente l’ajustement de la loi N f × f k −1 × p = C aux données
2
( )
expérimentales (D’après L. J. Coffin, 1972).
logarithmique, les points correspondant aux couples de valeur ∆εp-Nf se situent des droites
dont la pente est égale à c. Coffin et Manson proposèrent à l’origine une valeur unique de
c égale à -0.5. Expérimentalement on observe des valeurs comprises entre -0.8 et -0.5 en
fonction du matériau et des conditions de sollicitation considérés.
Afin de rendre compte de l’influence éventuelle de la fréquence, l’équation II-13
peut être transformée de la façon suivante :
(N f × f k −1 )β × ∆ε p 2 = C Eq. II-14.
plastique.
3.1. Accommodation
Les solutions solides de structure cubique centrée (c.c.) ou cubique à face centrée
(c. f. c.) à l’état recuit présentent une phase de consolidation puis une stabilisation bien
marquée à laquelle il est possible d’associer une contrainte de stabilisation ∆σ S . Ce
régime est atteint d’autant plus rapidement que l’amplitude de déformation imposée est
élevée (Figure II-9).
L’énergie de faute d’empilement constitue, avec l’amplitude déformation imposée
∆εp et la déformation plastique cumulée, un des facteurs gouvernant la structure de
dislocations au cours du cyclage. Une faible énergie de défaut d’empilement favorise la
formation d’arrangements planaires et hétérogènes. Inversement, une forte valeur de cette
énergie facilite le glissement dévié et conduit à la formation de structures
tridimensionnelles.
3. Mécanismes d’accommodation et de rupture en fatigue plastique. 33
σ σ, ∆σp/2 cyclique
∆εp1
σ−ε)
σ−ε
monotone (σ−ε
∆εp2
∆εp1> ∆εp2
N ou Σ ∆εp ε, ∆εp/2
30
20
10
−5
( γ ap < 6 × 10 ), la contrainte de cisaillement augmente avec γ ap . Le domaine B se
caractérise par un plateau, c’est-à-dire que la contrainte est indépendante de γ ap . Dans ce
domaine, des zones de glissement localisé, où la déformation plastique est largement
supérieure à la déformation cyclique globale du cristal, se forment : ce sont les bandes
persistantes de glissement (BPG). La fraction volumique de BPG augmente durant tout le
domaine B pour atteindre 100% à l’entrée du domaine C.
Glissement planaire
Glissement dévié
Cellules Echeveaux
n ge
éla
M
Arrangements planaires
Nf
∆σ/2)
prédéformé
Contrainte σ ((∆σ
∆σ
cyclique
Contrainte σ ((∆σ
∆σ
cyclique
recuit
Figure II-12: Comparaison courbes monotone et cycliques : (a) alliages sans effet
mémoire; (b) alliage à effet mémoire.
3. Mécanismes d’accommodation et de rupture en fatigue plastique. 35
3. 1. b. Influence de la précipitation
σ
∆σ d
∆σ p σres
σp
σ SS
Nou ∆ε p
Figure II-13 : Contribution de différents mécanismes de durcissement au cours de
la déformation cyclique (σSS : durcissement de solution solide, σp : durcissement initial
par précipitation, ∆σd : évolution du durcissement par les dislocations, ∆σp : évolution du
durcissement par précipitation) .
36 Chapitre II. Comportement cyclique et fatigue oligocyclique
La compétition entre ces différents processus est illustrée sur la Figure II-13. Le
durcissement initial est assuré par un durcissement de solution solide et un durcissement
par précipitation. Au cours de la déformation cyclique, ce dernier se dégrade
progressivement. Parallèlement, le durcissement engendré par les dislocations créées va
rapidement se développer puis se stabiliser. La superposition de ces deux processus résulte
en une phase initiale de consolidation de l’alliage, suivie d’une phase de déconsolidation.
3. 1. c. Effet Bauschinger
σF
contrainte Adoucissement
permanent
σR
Limite d’élasticité réduite
après inversion du sens de
chargement
σB
Traction Compression
3.2. Fissuration
Pour clore ce chapitre, une approche simple pour appréhender une description du
comportement cyclique est représentée par le modèle dit « composite », une description
détaillée des nombreuses approches développées dépassant le cadre de cet ouvrage. Ce
type de modèle est adapté pour le cas de structures polyphasées. Il peut également être
appliqué à la description du comportement de monocristaux monophasés (cf. Figure II-10).
En effet, la déformation cyclique macroscopique implique à une échelle microscopique la
formation de structure de déformation plus ou moins hétérogène. En effet, des zones de
fortes densité de dislocations vont se former en quelques cycles. Ces zones vont ensuite se
comporter comme un composant « dur » et des zones de faibles densité qui constitueront la
phase « molle ». Les relations décrivant le comportement macroscopique de ces
arrangements dépendent des hypothèses faites sur leurs relations géométriques. Pour
simplifier nous ne considèrerons ici qu’un montage en parallèle de deux types d’éléments
possédant un comportement parfaitement élastique-plastique.
Les éléments de type 1 et 2 possèdent respectivement un seuil d’écoulement σ1f et
σ2f et le même module d’élasticité E. On suppose en outre que chaque type d’élément
occupe 50% de l’aire totale. La Figure II-15 montre le comportement d’un tel assemblage
au cours d’un cycle partant d’un état de déformation nulle. Du fait de la disposition en
parallèle, chaque constituant se déforme de la même quantité, égale à la déformation
globale du matériau. La courbe contrainte-déformation présente une pente de valeur E/2
jusqu’au point C où le 2ème constituant se plastifie à son tour. Le « composite » se
comporte alors de façon parfaitement plastique, sans consolidation jusqu’au point D.
Après inversion du sens de chargement, le matériau se déforme dans un premier temps de
façon élastique jusqu’au point F où le composant 1 plastifie en compression, et ainsi de
suite.
38 Chapitre II. Comportement cyclique et fatigue oligocyclique
Zones de faible
densité de
dislocations
σ
Element 2
σ2f
C D
σ1f Element 1
B
E
A
εmin εmax
F
absolue (point F) que lors de la précédente mise en charge (point B), ce qui
traduit l’effet Bauschinger.
– Si l’on trace la courbe de traction monotone agrandie par un facteur 2, la courbe
obtenue se superpose avec une branche de la boucle.
– L’effet « mémoire » est implicitement contenu dans le modèle par le biais des
distributions de contraintes internes induites par les chargements précédents.
1.1. Chargement
Contrainte
1 cycle de sollicitation
σmax
contrainte maximale
∆σ
étendue de variation de la contrainte
σa
amplitude
de la contrainte
Temps
σm
contrainte moyenne
σ min
Le rapport de charge R défini par: R = Eq. III-1.
σ min
42 Chapitre III. Durée de vie en fatigue - Endurance
σ
σa ε
Rm σa t
σa
σD
limite de fatigue
10 2 10 4 10 6 10 8
Figure III-3: Diagramme de Wöhler.
1. Caractérisation du Comportement en Fatigue 43
– enfin une région dite d’endurance illimitée observée sous faibles contraintes et où la
rupture ne se produit pas en dessous d’un nombre donné de cycles (typiquement 107
voire 108 et 109), supérieur à la durée de vie envisagée de la pièce à concevoir.
σD
N
10 7
i) internes au matériau;
ii) dues ou liées à la préparation des éprouvettes ou pièces;
iii) extérieures à l’éprouvette.
σa
Courbe d’isoprobabilité de rupture à 50%
N50
Nombre de cycles N
• la méthode d’itération;
• la méthode des K éprouvettes non rompues.
Le nombre de cycles à rupture Nf est déterminé, comme nous l’avons vu, par
l’amplitude de contrainte appliquée σ a , mais dépend aussi du niveau de contrainte
moyenne σ moy . Cet effet de la contrainte moyenne est généralement d’autant plus marqué
que le nombre de cycles à rupture est faible (Figure III-6 a).
σa σa
σm = 10 4
σm 0
1
σm 10 7
2
σm
104 N 0 σm1 σm2 σm=Rm
(a) (b)
2. 1. a. Diagramme de Haigh
2. Facteurs influençant la tenue en fatigue 47
Re m
A
σ
=
σD pour
a
σ
σm=0
B
σm
Re Rm
Figure III-7 : Diagramme de Haigh.
En toute rigueur, la courbe joignant les points A et B doit être déterminée à partir
de données expérimentales (Figure III-6 b). En pratique cependant, le nombre d’essais
longs et coûteux doit être réduit. Pour concilier ces deux exigences, différentes
représentations ont été proposées pour établir la courbe AB à partir de la seule
connaissance de la limite d’endurance en sollicitations alternées symétriques et les
caractéristiques en statique du matériau (Re, Rm). On peut citer :
- la droite de Goodman :
σm
σa = σ D 1 − Eq. III-2;
Rm
- la droite de Söderberg :
48 Chapitre III. Durée de vie en fatigue - Endurance
σm
σa = σ D 1 − Eq. III-3;
Re
- la parabole de Gerber :
2
σ
σa = σ D 1 − m Eq. III-4;
Rm
Ces trois représentations sont comparées sur la Figure III-8. On constate que les
droites de Goodman et surtout Söderberg pénalisent fortement la durée de vie par rapport à
la représentation de Gerber. La confrontation de ces différentes représentations aux
données expérimentales fait en général ressortir un meilleur accord pour la parabole de
Gerber. Néanmoins il convient de noter que si celle-ci se révèle bien adaptée pour les
chargements de traction (σm>0), elle est inadaptée pour les contraintes moyennes en
compression.
σa
A Parabole de Gerber
Droite de Goodman
Droite de Söderberg
B σm
Re Rm
2. 1. b. Diagramme de Goodman-Smith
σ σmax
B
A Rm
σa Re
σD
à σm
σa σm
σmin
45°
2. 1. c. Diagramme de Ros
R=-1/2 R=0 R=1/2
R=-1 σmax B
R=1
C
σmin
1000
104 cycles
106 Rm
Re 0,2%
500 7 106
10
s
e
yclc
σ , σ (MPa)
10 4
min max
7
10
-500
-1000
0 200 400 600 800 1000
σ (MPa)
m
(a)
500
3 ycl
es s
50
10 c 4 cycle
50
0
400
10
(MPa)
40 a(
Pa 00
cles s
0 M
(M 4
)
σ
300 5 cy
10 cle
max
30 )
6 cy
σ 00
s
P
0
c le
3
10
σ
m
a
200
7 c
y
20
10
20
0
100
10
0
10
2024 T3
0
0
-600 -400 -200 0 200 400 600
σ (MPa)
min
(b)
Figure III-11: Exemples de diagrammes (a) Goodman-Smith pour un acier, (b) Ros pour
un alliage d’aluminium 2024.
2. Facteurs influençant la tenue en fatigue 51
Le diagramme de Ros est très usité dans les pays anglo-saxons. On y reporte la
contrainte maximale en fonction de la contrainte minimale. En plus des points A et B, on
note un autre point particulier C correspondant au cas R=0 ( σ min = 0 ) (Figure III-10).
Généralement on trace également les courbes représentatives de valeurs particulières du
rapport de charge R.
La Figure III-11 présente deux exemples de prise en compte de l’effet de la
contrainte moyenne. Le diagramme de la Figure III-11 a est un diagramme de Goodman-
Smith tracé dans le cas d’un acier faiblement allié. Les extrema du cycle de contrainte
admissible y sont tracés pour différentes valeurs de la durée de vie. Sur le diagramme de
Ros de la Figure III-11 b, l’évolution de la contrainte maximale admissible est tracée en
fonction de la valeur minimale là encore pour différentes valeurs de la durée de vie. Les
valeurs de l’amplitude de contrainte σ a et de la contrainte moyenne σ m se retrouvent sur
les bissectrices du quadrant de gauche. Dans la pratique, ce sont le plus souvent ces
valeurs qui sont à prendre en compte, au même titre que la valeur du rapport de charge R.
Tous ces diagrammes ne constituent que des représentations différentes d’un même
comportement. Leur interprétation est plus ou moins aisée, mais l’analyse de tels
diagrammes doit toujours être cohérente avec le principe d’un abaissement de l’amplitude
de contrainte admissible lorsque la contrainte moyenne augmente.
Figure III-12: Répartition des contraintes à un instant donné du cycle sur la section
droite d’une éprouvette cylindrique de révolution sollicitée au même niveau de contrainte
en traction, flexion rotative ou flexion plane.
On constate généralement que, toutes choses étant égales par ailleurs, la limite de
fatigue σ D dépend du mode de sollicitation. Ces différences peuvent au moins en partie
être attribuées aux différences de répartitions de contrainte (Figure III-12). En traction
pure, la contrainte est uniforme sur toute section de l’éprouvette. Par contre, en flexion, il
existe un gradient de contrainte sur la section. En flexion rotative, tous les points de la
section situés à une même distance de l’axe de révolution subissent la même amplitude de
contrainte. Cette symétrie de révolution est perdue en flexion plane.
52 Chapitre III. Durée de vie en fatigue - Endurance
A titre indicatif le Tableau III-2 donne les coefficients de correspondance entre les
différents modes.
Tableau III-2 : Limite de fatigue mesurée pour différent modes de sollicitation par
rapport à la flexion rotative.
Il est bien établi que, quel que soit le mode de sollicitation, les microfissures
conduisant à la rupture s’amorcent le plus souvent en surface. C’est pourquoi tout
traitement mécanique ou physico-chimique de la surface peut influencer de manière
importante le comportement à l’amorçage. Ainsi, en introduisant des contraintes
superficielles en compression sans altérer de façon critique la surface, un écrouissage
superficiel par grenaillage par exemple peut augmenter de façon substantielle la durée de
vie. De la même façon, un polissage électrolytique peut avoir un effet bénéfique en
éliminant les défauts de surface, ou néfaste en modifiant les contraintes résiduelles de
surface et en facilitant l’émergence des bandes de glissement.
Les conditions d’usinage gouvernent également dans une large mesure la durée de
vie. Pour caractériser l’influence de l’état de surface sur la tenue de pièces à la fatigue on
introduit un facteur Ks appelé facteur d’état de surface. Ce facteur s’exprime par le rapport
de la limite d’endurance obtenue sur une pièce possédant un état de surface donné à la
limite d’endurance de la même pièce parfaitement polie dont l’état sert de référence :
σ DS
Ks = Eq. III-5
σD
avec
- σ DS : limite de fatigue de l’état de surface considéré ;
- σ D : limite de fatigue de l’état de surface de référence.
σ = σ ext + σ int
Dans le cas d’un chargement cyclique, la composante σ ext au sein du matériau est
la somme de la contrainte alternée σ a et de la contrainte moyenne σ m . La contrainte
interne σ int reste quant à elle inchangée. Elle ne modifie pas la valeur de l’amplitude de
contrainte σ a mais décale la valeur de la contrainte moyenne σ m , de sorte que :
σ a = σ a , ext
σ m = σ m, ext + σ int
Les sources de contraintes résiduelles sont multiples. Les principales sont décrites ci-
dessous.
La Figure III-13 présente l’exemple d’un trou dans une plaque sous contrainte.
Lorsque la contrainte au bord du trou dépasse la limite d’élasticité, une zone plastifiée est
créée. Après déchargement, cette zone déformée va se retrouver en compression car elle ne
peut s’insérer sans contrainte dans le matériau élastique l’entourant. Un champ de
contraintes résiduelles en compression est ainsi créé en fond d’entaille qui constitue le
point critique pour l’amorçage de fissure de fatigue, compensé par un champ en traction
loin de l’entaille. L’effet des contraintes de compression en fond d’entaille peut être
significatif.
Re 0,2%
+
-
Zone déformée
plastiquement
Après déchargement
Figure III-13 : Contraintes résiduelles dans une plaque au voisinage d’un trou.
La mise en forme de pièces par formage à froid, forgeage, laminage, etc., implique
des déformations plastiques qui génèrent un champ de contraintes résiduelles au sein du
2. Facteurs influençant la tenue en fatigue 55
Tableau III-3: Influence des conditions d’usinage sur l’endurance d’un acier XC48 à
l’état recuit.
On constate que les paramètres d’usinage influencent à la fois l’intensité des
contraintes résiduelles et la rugosité de la surface. Cependant, il n’est pas aisé d’évaluer la
contribution respective de chacun de ces facteurs puisque les surfaces les plus rugueuses
sont également celles où interviennent les plus fortes contraintes résiduelles en traction.
Après un recuit permettant d’éliminer totalement ou partiellement l’effet des contraintes
résiduelles, la diminution de la limite d’endurance se corrèle au niveau de rugosité.
7,0
6,0
Charge maxi en tonnes
5,5
5,0
4,5
standard
4,0 non galeté
galeté
3,5
5 6
10 10
Nombre de cycles
Figure III-14 : Influence du galetage sur la tenue en fatigue d’un vilebrequin automobile
(essais CETIM).
(v). Assemblages
Les trous expansés sont utilisés pour améliorer la résistance en fatigue des pièces
trouées. Le trou est percé avec un diamètre légèrement inférieur à la côte définitive. Un
goupille est emmanchée à force dans le trou, ce qui engendre des déformations plastiques
autour du trou. Il s’ensuit que le matériau élastique autour de cette zone déformée exerce
une pression sur celle-ci (Figure III-13). Cette méthode est très efficace car les contraintes
engendrées sont importantes (de l’ordre de la limite d’élasticité en compression du
matériau utilisé).
Une situation analogue aux précédentes est constituée par les structures assemblées par
boulonnage par exemple. Les contraintes résiduelles dépendent notamment des tolérances
dimensionnelles des constituants.
2. Facteurs influençant la tenue en fatigue 57
trou
Diamètre
supérieur à
celui du trou σres
Pression exercée par
le milieu élastique
entourant le trou
accélérés par rapport aux durées de vie des structures, il convient de prendre en compte ces
effets pour extrapoler les résultats de ces essais aux très longues durées de vie.
150
N2 +O (GP) Flexion
2
R=0.1
N2 +O (θ ")
2
125
N2 +H (GP)
2
σ (MPa)
100
a
75
50
4 5 6
10 10 10
Figure III-16 : Influence de l’environnement sur la durée de vie d’un alliage d’aluminium
AU4G (B. Bouchet et J. de Fouquet, ENSMA).
– la loi de Weibull:
N×(σa −σD )=C Eq. III-7
3. Expressions mathématiques de la durée de vie 59
– la loi de Basquin:
b
σa = σ'
f ×N Eq. III-8
– la loi de Bastenaire:
A × e − C((σ a − σ D )
N +B= Eq. III-9
σa − σD
avec a=1/8 à 1/15.
∆εe σ'
= f ×(2Nf )b Eq. III-13
2 E
Il existe un régime transitoire entre la fatigue plastique, où le dommage est
gouverné par l’amplitude de déformation plastique, et le domaine d’endurance limitée où
la durée de vie est déterminée essentiellement par l’amplitude de contrainte. Pour décrire
ce régime, on décompose l’amplitude de déformation totale en la somme d’une
composante « élastique » et d’une composante « plastique »:
∆ε t ∆εe ∆εp
= + Eq. III-14
2 2 2
En combinant l’équation la loi de Manson-Coffin et la loi de Basquin, on obtient:
∆ε t σ'
= f ×(2Nf )b +ε'
f ×(2Nf )c Eq. III-15
2 E
La durée de vie Nt à la transition entre le domaine « plastique » et le domaine « élastique »
est donnée par:
1
ε'E b−c
Nt = f Eq. III-16
σ'f
∆εt
2
ε'
f
c
Nt
σ'
f
E b
∆ εp
∆ εe
2
2 2Nf
Les courbes associées à ces lois, ainsi que le nombre de cycles à la transition Nt,
sont représentés sur la Figure III-17.
1
10
Ti-6Al-4V
σ '=1797M Pa; b=-0,0854
f
ε '=0,394; c=-0,6836
∆ ε /2, ∆ ε /2 ∆ ε /2 (% )
f
e
0
10
p
e
-1
10
1 2 3 4 5 6 7 8
10 10 10 10 10 10 10 10
Quatre paramètres sont donc à déterminer pour décrire un domaine de durée de vie
allant de la fatigue oligocyclique à la fatigue à grand nombre de cycles.
Par des critères énergétiques, Morrow a montré que :
− n'
b=
(1 + 5 × n ') Eq. III-17
Et :
c= 1 Eq. III-18.
(1+5×n ')
Il en découle :
n '= b Eq. III-19.
c
Si l’on considère des valeurs moyennes de b et c prises à –0.09 et –0.6
respectivement, l’équation Eq. III-19 donne n '≅0,15 qui correspond à la valeur moyenne du
coefficient d’écrouissage cyclique.
62 Chapitre III. Durée de vie en fatigue - Endurance
(
σa = σ' )
f − σ m × (2 N f )
b
Eq. III-20.
∆ε t (
σ'
= f
− σm )
× (2 N f )b + ε '
f × (2 N f )
c
Eq. III-21
2 E
∆εt
2
σm = 0
σ'
f
E
σm ≠ 0
σ'
f − σm
E
2Nf
Cet effet est également illustré sur la Figure III-19. Il apparaît que, pour des durées
de vie inférieures à la transition, la contrainte moyenne n’a quasiment pas d’effet. Dans ce
domaine, les effets de plasticité vont généralement tendre à surpasser les effets de
contrainte moyenne, du moins en l’absence de comportement particulier du matériau du
type effet « rochet ».
Dans le même ordre d’idée, Smith, Watson et Topper ont introduit le paramètre
d’équivalence suivant, appelé Paramètre de Smith , Watson et Topper et noté PSWT:
∆ε t
PSWT = σ max × ×E = (σ a + σ m ) × ∆ε t × E Eq. III-22
2 2
3. Expressions mathématiques de la durée de vie 63
1. Introduction
sollicitation multiaxiale
τa
τy
N
=1
04
N=
10 5
N = 10 6
to
σD N = 107
−1
τm
τy
to
Figure IV-1: Influence de la cission moyenne sur la limite de fatigue σD et les
−1
limites d’endurance (définies pour différentes durées de vie) en torsion .
σI σa
σm traction σII
0 σm
σa traction σI+σII > 0
σI
σa
σm compression σII
σa traction σI+σII < 0 0 σm
σI=0 τa
τm torsion σII=0
τa torsion σI+σII = 0 0 τm
σI σa
τm torsion σII
σa traction σI+σII = 0 0 τm
σI τa
σII
σm traction
τa torsion σI+σII> 0 0 σm
Figure IV-2 : Ensemble des effets possibles sur la résistance en fatigue lors de la
combinaison de contraintes moyennes et alternées pour des sollicitations de traction et
torsion .
Comme les propriétés élastiques du matériau sont supposées indépendantes du
temps, les caractéristiques de l’évolution dans le temps des charges appliquées à la
4. Formulation des critères d’endurance multiaxiale 69
structure sont identiquement reproduites à l’échelle locale. Les définitions relatives aux
différents types de chargement seront donc données au niveau des contraintes Σ ij .
La classe des chargements la plus étudiée en fatigue est celle des chargements
périodiques. A un instant t donné, l’état des contraintes peut être représenté par un point
dans l’espace des contraintes. Pour un chargement périodique ce point représentatif décrit
une courbe Ψ strictement fermée (Figure IV-3 a). La période T est le temps nécessaire
pour que la courbe Ψ soit parcourue une fois. Il s’agit du plus petit intervalle de temps T
vérifiant :
Σ ij ( t + T) = Σ ij ( t ) , ∀ t Eq. IV-1
De manière générale, lors des essais, les contraintes varient de manière sinusoïdale
avec le temps :
Σ ij ( t ) = Σ ij,m + Σ ij,a sin (ωt − ϕ ij ) Eq. IV-2
avec :
2π
- T=
ω
1
- Σ ij, a = max Σ ij ( t ) − min Σ ij ( t ) : amplitude de la contrainte Σ ij ( t )
2 t∈T t∈T
1
- Σ ij, m = max Σ ij ( t ) + min Σ ij ( t ) : valeur moyenne de la contrainte Σ ij ( t ) .
2 t∈T t∈T
Ainsi dans la cas d’une évolution sinusoïdale, les amplitudes et moyennes des
contraintes s’écrivent :
1 1
(
Σ ij, a = Σ ijA − Σ ijB et Σ ij,m = Σ ijA + Σ ijB
2 2
)
Eq. IV-5
Il est très important de signaler qu’au cours d’un chargement périodique affine, les
directions principales du tenseur des contraintes Σ( t ) varient.
Parmi les chargements affines, on peut distinguer les chargements proportionnels,
également appelés chargements radiaux. Le trajet de chargement dans l’espace des
contraintes est un segment porté par une droite issue de l’origine (Figure IV-3 c). Ces
chargements proportionnels sont les plus utilisés au cours d’essais de fatigue. Lors d’un
70 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
chargement radial, les directions principales du tenseur des contraintes Σ( t ) sont fixes.
Elles coïncident avec les directions principales du tenseur variation des contraintes ∆Σ et
celles du tenseur de l’état moyen des contraintes Σ m .
Σkl
Σ(t )
a)
Σij
ψ
Σkl Σkl
ΣA
ψ
ψ
ΣB
Σij Σij
b) c)
élémentaire (ou facette matérielle) défini par son vecteur normal unitaire n. Sur ∆ agit un
vecteur contrainte Σ n défini par :
Σn = Σ ⋅ n Eq. IV-6
N = (n ⋅ Σ n ) n N = (n ⋅ Σ ⋅ n ) n et C = Σ ⋅ n − (n ⋅ Σ ⋅ n ) n Eq. IV-7
max (n ⋅ Σ ⋅ n ) + min (n ⋅ Σ ⋅ n )
1
Nm = Eq. IV-8
2 t∈T t∈T
72 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
Φ
Σn
Φ’ C n
O
∆
Figure IV-5 : Evolution des vecteurs contrainte normale N et cission C associés au plan
matériel ∆.
La définition de la moyenne et de l’amplitude de la cission est beaucoup plus
délicate. En effet, à la différence de la contrainte normale qui conserve sa direction, la
cission change en direction et en norme au cours d’un même cycle. Pendant une période de
charge, C décrit une courbe fermée Φ'sur le plan ∆. C est donc est une fonction vectorielle
périodique du temps. Le problème est donc maintenant d’associer une amplitude et une
moyenne à cette fonction vectorielle.
Dans certaines approches, le diamètre d’une courbe plane est défini comme la
longueur de sa corde la plus longue et l’amplitude de la cission Ca est associée au
demi-diamètre de cette courbe fermée Φ'
. Dans ce cas :
1
Ca = max max C( t i ) − C( t j ) Eq. IV-9
2 t ∈T t j∈T
i
1
Cm = C ( t *i ) + C ( t *j ) Eq. IV-10
2
Cette méthode, bien qu’attrayante, peut conduire à des résultats ambigus puisque le
problème de double maximisation peut admettre plus d’une solution, ce qui signifie que la
4. Formulation des critères d’endurance multiaxiale 73
valeur moyenne Cm n' est pas unique. Cette ambiguïté est illustrée sur la Figure IV-6 où il
apparaît que deux cordes sont de longueur égale et donc deux moyennes différentes sont
possibles.
Une façon plus précise de définir les quantités Ca et Cm est de construire le plus
petit cercle circonscrit au trajet de chargement donc à la courbe Φ' (Figure IV-7). Ce
cercle est unique. Le vecteur C m dont l’extrémité est située au centre du cercle est unique
et le rayon du cercle définit également de manière unique l’amplitude Ca. La recherche du
centre du plus petit cercle circonscrit à la courbe s’exprime mathématiquement par un
problème min-max :
{
C m = min max t C( t ) − C'
C'
} Eq. IV-11
AB=AC
A Ca
Ca
D
C (t )
C m (2) B
O E
Ca C m (1)
Φ’
C
Ca
∆
Figure IV-6 : Exemple de trajet de chargement triangulaire conduisant à une ambiguïté
quant à la définition de la cission moyenne C m si l’amplitude de la cission Ca est estimée
à l’aide de la méthode de la plus grande corde.
74 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
A B
Cm
C(t) Ca
O
Γ
C
’
Max C (t ) − C '
t∈T
Figure IV-7 : Construction du plus petit cercle circonscrit au trajet de chargement par la
résolution d’un problème min-max.
Tm Ta
Ta
m
C(t) Φ'
O
L
Une autre quantité parfois utilisée en fatigue est le vecteur « cission résolue », noté
T. La cission résolue est la cission agissant sur une direction donnée du plan matériel ∆ et
est égale à la projection de la cission C sur cette direction (Figure IV-8). Si m est le
vecteur unitaire directeur de la direction L alors T est donnée par :
T = ( m ⋅ C) m Eq. IV-13
T ( t ) = m ⋅ C( t ) Eq. IV-14
1
Ta = max [m ⋅ C( t )] − min [m ⋅ C( t )] Eq. IV-15
2 t∈T t∈T
1
Tm = max [m ⋅ C( t )] + min [m ⋅ C( t )] Eq. IV-16
2 t∈T t∈T
Une confusion est souvent faite entre vecteur cission C et vecteur cission résolue
T. Dans le cas de chargements proportionnels, cette confusion n’engendre aucune erreur.
Par contre, dans le cas des chargements déphasés, et comme nous le verrons plus tard, ces
deux contraintes doivent être clairement distinguées.
2π 2π
Σ xx , a sint + Σ xx , m Σ xy, a sin t − δ + Σ xy, m o
Σ xx Σ xy o T T
2π
Σ = Σ yx o o Σ = Σ xy, a sin t − δ + Σ xy, m o o
T
o o o o o o
Eq. IV-17
où δ est le déphasage entre les composantes relatives à la traction et à la torsion.
76 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
Le vecteur unitaire normal n à un plan matériel ∆ passant par ce point O peut être
défini à l’aide de coordonnées sphériques θ et ϕ. Les coordonnées cartésiennes de n dans
Oxyz sont alors :
nx = sin θ cos ϕ ny = sin θ sin ϕ nz = cos θ Eq. IV-18
2π 2πt
N( t ) = Σ xx ,a sin t + Σ xx ,m cos 2 ϕ sin 2 θ + Σ xy,a sin − δ + Σ xy,m sin 2ϕ sin 2 θ
T T
Eq. IV-19
N a = sin 2 θ cos ϕ [ 2
xx ,a cos 2 ϕ + 4 2
xy ,a sin 2 ϕ + 2 xx ,a xy ,a sin (2ϕ) cos δ ] 1/ 2
Eq. IV-21
2π 2π xx ,m
C u ( t ) = f sin t + g cos t + − sin 2ϕ + xy,m cos 2ϕ sin θ Eq. IV-24
T T 2
2π 2π xx ,m xy,m
C v ( t ) = p sin t + q cos t + − cos 2 ϕ − sin 2ϕ sin 2θ Eq. IV-25
T T 2 2
xx , a
f = sin θ − sin 2ϕ + xy, a cos 2ϕ cos δ ; g = − xy,a sin θ cos 2ϕ sin δ ;
2
1
p = − sin 2θ
2
( xx ,a cos 2 ϕ + xy,a sin 2ϕ cos δ ; q = ) 1
2
xy,a sin 2θ sin 2ϕ sin δ
Eq. IV-26
traction
torsion
x
v
n u
x
y
y φ
O
z
θ O
∆
z
On peut montrer avec ces expressions que l’extrémité du vecteur cission décrit une
ellipse centrée au point de coordonnées ( Cu ,m , C v,m ) défini par (Figure IV-10):
xx ,m
C u ,m = − sin 2ϕ + xy,m cos 2ϕ sin θ Eq. IV-27
2
xx ,m xy,m
C v, m = − cos 2 ϕ − sin 2ϕ sin 2θ Eq. IV-28
2 2
Le demi grand axe et le demi petit axe de l’ellipse sont donnés par :
2
f ² + g ² + p² + q ² f ² + g ² + p² + q ²
a, b = ± − (f g − g p) 2 Eq. IV-29
2 2
78 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
2
f ² + g ² + p² + q ² f ² + g ² + p² + q ²
Ca = + − (f g − g p) 2 Eq. IV-30
2 2
où χ est un angle entre la direction du plus grand axe de l’ellipse et la ligne L d’action de
la cission résolue. Puisque a et b sont des fonctions de ϕ et θ alors Ta est fonction de ϕ, θ
et χ.
v
Ca
Φ'
Cr,m Cm
C(t) χ
M
Ta
u
L Cl,m
O
∆
Figure IV-10: Trajet elliptique décrit par l’extrémité du vecteur cission C issu d’un
chargement de traction-torsion sinusoïdal synchrone déphasé.
4. 2. c. Invariants de contrainte
4. Formulation des critères d’endurance multiaxiale 79
Le tenseur des contraintes peut être décomposé en une partie déviatorique et une
partie sphérique:
1
Σ = S + tr (Σ )I Eq. IV-33
3
où I est le tenseur unité d’ordre 2, tr Σ est le premier invariant du tenseur des contraintes
égal à
(
tr (Σ ) = Σ xx + Σ yy + Σ zz )
Eq. IV-34
2Σ xx − Σ yy − Σ zz
Σ xy Σ xz
3
2Σ yy − Σ xx − Σ zz
S = Σ − tr (Σ ) I
1
S= Σ yx Σ yz
3 3
2Σ zz − Σ xx − Σ yy
Σ zx Σ zy
3
Eq. IV-35
ΣH =
1
3
tr (Σ ) Σ H (t) =
1
3
[
Σ xx ( t ) + Σ yy ( t ) + Σ zz ( t ) ] Eq. IV-36
1 tr ( t )( ) tr ( t ) ( )
Σ H ,a = max − min
2 t∈T 3 t∈T 3
1 tr (Σ( t ) ) tr (Σ( t ) )
Σ H, m = max + min Eq. IV-37
2 t∈T 3 t∈T 3
1
J2 = S:S Eq. IV-39
2
Ce problème est similaire à celui rencontré avec la cission sur un plan mais cette
fois-ci l’espace est à cinq dimensions. Une fois la valeur de S déterminée, J 2,a est
m
obtenue par :
J 2, a = max S( t ) − S m = max
t∈T t ∈T
1
2
[ ][ ]
S( t ) − S m : S( t ) − S m Eq. IV-41
Σ xx ,a Σ xx ,m Σ xx ,a + Σ xx ,m
Σ H ,a = , Σ H ,m = Σ H,max =
3 3 3
Σ 2xx ,m
et J 2, m = + Σ 2xy,m
3
4. Formulation des critères d’endurance multiaxiale 81
2
1 Σ 2xx ,a Σ 2xx ,a 4 2
J 2,a = + Σ 2xy,a + + Σ 2xy,a − Σ xx ,a Σ 2xy,a sin 2 δ Eq. IV-42
2 3 3 3
5. Critères empiriques
Les essais de laboratoire les plus simples (flexion rotative, flexion plane, traction-
compression, torsion), dénommés également essais uniaxiaux, bien que la torsion ne
constitue pas un état de contrainte uniaxial, sont caractérisés par l’amplitude et la moyenne
de la sollicitation appliquée. La limite d’endurance est recherchée en fixant le niveau
moyen des contraintes et en faisant varier l’amplitude.
Il existe plusieurs lois empiriques qui décrivent l’influence d’une contrainte
moyenne sur la limite d’endurance pour des essais du type traction-compression ou
flexion. Dans un plan (contrainte moyenne, amplitude de la limite d’endurance appelé
aussi diagramme de Haigh), elles prennent le forme de droites, d’ellipses ou de paraboles.
Ces courbes ont la caractéristique commune de traduire l’effet de la contrainte moyenne
sur la tenue en fatigue (Figure IV-11):
Σa
σD −1
Limite d’endurance
(traction alternée)
M
Ge
ar
Go rb
in
od er
ma
n
Sö
de
rb
e
rg
Σm
Re Rm
Figure IV-11: Diagramme de Haigh en traction.
82 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
Σa Σm
- Droite de Söderberg + =1
σD −1
Re
Σa Σm
- Droite de Goodman + =1
σD −1
Rm
2
Σa Σ
- Parabole de Gerber + m =1
σD −1
Rm
2 2
Σa Σ
- Ellipse de Marin + m =1
σD −1
Rm
où σ D−1 représente la limite de fatigue en traction (ou en flexion) purement alternée (le
rapport de charge R vaut –1), Re est la limite d’élasticité, Rm la résistance à la traction, Σa
l’amplitude de la contrainte appliquée admissible et Σm la moyenne de la contrainte
appliquée.
Rappelons également qu’une cission moyenne n’a pas ou peu d’influence sur les
limites d’endurance en torsion ou en flexion (cf § chapitre IV.3).
Gough et Pollard ont été les premiers à proposer un critère de fatigue multiaxiale
qui n’étaient pas une simple extension des théories d’écoulement plastique au cas de la
fatigue. A partir d’un grand nombre d’essais en flexion-torsion alternée, ils ont proposé
une relation empirique permettant de corréler l’ensemble de leurs résultats. Cette relation
fait intervenir Σ a , l’amplitude de la contrainte de flexion, et Ta, l’amplitude de la
contrainte de torsion, ainsi que les limites d’endurance en flexion alternée et torsion
alternée notées respectivement σ fD et σ D to
. Différents types d’alliages métalliques ont
−1 −1
été testés. Pour les métaux ductiles, la courbe d’endurance coïncide avec le premier
quadrant de l’ellipse (Figure IV-12) d’équation :
Ta2 Σ a2
+ =1 Eq. IV-43
( ) ( )
to 2
σD
−1
σ fD
−1
2
Pour les métaux fragiles, la courbe d’endurance est donnée par l’arc de l’ellipse
(Figure IV-12) d’équation :
5. Critères empiriques 83
Ta2 σ fD Σ a2 σ fD Σa
−1 −1
+ −1 + 2− =1 Eq. IV-44
( )to
σD
−1
2 to
σD
−1 ( )
σ fD
−1
2 to
σD
−1
σ fD
−1
Ta Ta
σ Dto−1
σ Dto−1
Σa Σa
σ Df −1
σ Df −1
a) b)
Dans cet ouvrage, seuls quelques critères proposés dans la littérature scientifique
seront abordés. La liste est donc loin d’être exhaustive.
84 Chapitre IV. Dimensionnement en fatigue multiaxiale
où α et β sont des constantes matériau. Ces constantes peuvent être estimées à l’aide
d’essais uniaxiaux ; par exemple en déterminant la limite d’endurance en torsion alternée
to
σD et la limite d’endurance en flexion alternée σ fD .
−1 −1
to
2 σD
−1
−1
σ fD to
σD
−1 −1
α= ,β = Eq. IV-47
to 2 to 2
2 σD 2 σD
−1 −1
1− −1 1− −1
σ fD σ fD
−1 −1
L’utilisation de ce critère dans le cas d’un chargement de torsion avec cission moyenne
2πt
Σ xy = Σ xy,a sin + Σ xy,m conduit à:
T
(
Σ xy,a = β 2 − α 2 Σ xy,a + Σ xy,m 2 ) Eq. IV-48
Ce critère prévoit donc une influence de la torsion moyenne sur l’amplitude limite
de la torsion, ce qui est en désaccord avec la tendance générale des résultats
expérimentaux.
Cependant, le plan critique est choisi différemment. Il correspond ici au plan sur
lequel l’amplitude de la cission atteint son maximum :
Les constantes α et β peuvent être exprimées par exemple en fonction des limites
d’endurance en torsion et flexion alternées :
σ fD
to −1
σD −
α=
−1 2 ; to
β = σD Eq. IV-51
σ fD −1
−1
2
t
σ DA, B t
−1
C a (ϕ*, θ*) + N max (ϕ*, θ*) ≤ σ DA,B Eq. IV-53
2R m −1
t t
où Rm est la résistance à la traction. La limite de fatigue en cisaillement σ DA ou σ DB
−1 −1
est utilisée si le plan critique conduit à des fissures de type A ou B. En torsion, des fissures
t to
de type A apparaissent, par conséquent: σ DA = σ D .
−1 −1
86 Chapitre IV. Dimensionnement en fatigue multiaxiale
Surface
Type A Type B
Ce critère est peut-être le critère le plus connu en fatigue à grand nombre de cycles.
Il s’écrit :
J 2, a + α Σ H, m ≤ β Eq. IV-54
7. Critères de type Von Mises 87
σ fD
to 0
σD −
−1 3 to
α= , β = σD Eq. IV-55
σ fD −1
0
3
Σa Σm
alternée σ fD et la droite de Goodmann + = 1 , la limite σ fD peut être
−1 σ fD Rm 0
−1
estimée:
σ fD
σ fD = −1
Eq. IV-57
0 σ fD
−1
1+
Rm
σ fD
to −1
σD −
−1 3 to
α= ; β = σD Eq. IV-60
σ fD −1
−1
3
8. Approche mésoscopique
Cette approche est une des plus originales dans la modélisation de la fatigue
multiaxiale à grand nombre de cycles. Elle est issue de la constatation suivante :
l’amorçage est un phénomène local qui prend naissance à l’échelle des grains (échelle
microscopique ou mésoscopique). Les calculs effectués par l’ingénieur introduisent
implicitement un volume élémentaire représentatif de taille définie, entourant le point de la
structure où les calculs sont menés. Ce volume macroscopique contenant un grand nombre
de grains, les paramètres mécaniques locaux sont différents de ceux macroscopiques. Le
lien entre ces quantités est très difficile à établir; des hypothèses raisonnables doivent donc
être faites. Dans cette approche on suppose donc qu’avant l’amorçage, le matériau
s’adapte élastiquement à toutes les échelles.
Niveau de σ croissant
Transition
∆εe ~ ∆εp
interviennent également comme les joints de grain, les inclusions, les précipités, de sorte
que dans le volume, les paramètres locaux peuvent différer considérablement des quantités
macroscopiques. Mais ce sont justement ces paramètres locaux qui gouvernent l’amorçage
des fissures. Ce que perçoit l’ingénieur est en quelque sorte filtré par le volume
représentatif du macroélément. Il est donc très important d’essayer de connaître les
relations entre les paramètres macroscopiques de l’ingénieur et les paramètres locaux qui
interviennent dans le mécanisme d’amorçage des fissures de fatigue. Pour cela, il convient
de définir d’abord la notion de volume élémentaire représentatif noté VER: il s’agit d’un
volume suffisamment petit pour pouvoir distinguer les hétérogénéités et suffisamment
grand pour être représentatif du comportement macroscopique global. Ce volume est donc
le plus petit échantillon de matériau qui peut être considéré comme homogène.
l’échelle mésoscopique
σ ( y; x ) = σ el ( y; x ) + ρ ( y; x ) Eq. IV-62
8. Approche mésoscopique 91
D’où la relation:
σ ( y, x ) = A( y) : Σ ( x ) + ρ ( y, x ) Eq. IV-63
Dans le domaine de la fatigue à grand nombre de cycles, généralement aucune (ou peu de)
plastification n’est détectable à l’échelle macroscopique. En négligeant le terme E p , on
obtient:
E = E e = εe + ε p Eq. IV-65
On suppose également que le grain et la matrice élastique sont isotropes et possèdent les
mêmes coefficients élastiques, c’est-à-dire:
L=
ou encore
(
L ijkl = ijkl = λ δ ijδ kl + µ δ il δ jk + δ ik δ jl ) Eq. IV-66
( )(
Σ ij = 2µ ε ije + λ ε ekk δ ij + 2µ ε ijp + λ ε pkk δ ij ) Eq. IV-67
( )
Σ ij = 2µ ε ije + λ ε ekk δ ij + 2µ ε ijp Eq. IV-68
Le premier terme du membre de droite n’est autre que la composante (ij) du tenseur
des contraintes mésoscopiques σ . En effet, ε e vaut, par définition, −1 : σ , donc:
A = I ⇔ A ijkl =
1
2
(
δ ik δ jl + δ il δ jk ) Eq. IV-72
p
Le tenseur ρ , à l’image de ε , est un tenseur déviateur :
tr (σ) = tr (Σ )
1 1
σH = Eq. IV-75
3 3
8. 4. a. L’adaptation élastique
Dang Van a appliqué cette théorie aux cristaux défavorablement orientés qui se
plastifient durant la phase d’amorçage d’un essai de fatigue. Ces cristaux ne se rompent
pas (il n’y a pas d’amorçage de microfissures) si et seulement s’ils s’adaptent. La surface
seuil de non amorçage de fissure apparaît alors comme la frontière du domaine
d’adaptation potentielle du cristal pour tout chargement périodique. Ce domaine, qui
dépend du comportement élastoplastique du cristal, est défini dans l’espace des contraintes
locales, c’est-à-dire dans l’espace des contraintes σ du cristal, différentes des contraintes
Σ à l’échelle macroscopique de l’ingénieur.
D’après le théorème de Melan, il existe pour des temps suffisamment grands t > t1,
un champ d’autocontrainte ρ * fixe (c’est-à-dire indépendant du temps) tel que σ̂ (t )
donné par :
σˆ ( t ) = A : Σ( t ) + ρ * Eq. IV-76
8. 4. b. Formulation du critère
τˆ ( t ) + α σˆ H ( t ) ≤ β , ∀ t ∈ T Eq. IV-78
tr (Σ( t ) ) , ∀ t ∈ T
1
σˆ H ( t ) = σ H ( t ) = Eq. IV-80
3
En revanche, le calcul de τ̂ qui est moins immédiat est développé dans la suite.
8. Approche mésoscopique 95
Dang Van suppose que le critère de plasticité du cristal découle de la loi de Schmid
et qu’un seul système de glissement par grain est actif. Ce système est défini dans un
repère fixe par sa matrice d’orientation
a ij =
1
2
(
n i m j + n jm i ) Eq. IV-81
a ij σ ij − τ y ≤ 0 Eq. IV-84
τ* = −C m Eq. IV-85
τˆ ( t ) = C( t ) + τ* = C( t ) − C m Eq. IV-86
C,τ
Cycle
macroscopique
asymétrique
Cm
+ τ γ*
Γmin
Γmax Γ,γ
− τ γ*
Cycle
mésoscopique
adapté (symétrisé)
- en torsion alternée, on a:
to
τˆ ( t ) = σˆ xy ( t ) = Σ xy ( t ) = σ D sin ωt et σH(t) = 0
−1
to
max σ D
−1
[sin ωt + α × o = β ] to
β = σD
−1
Eq. IV-87
- en flexion alternée:
f f
σˆ xx ( t ) Σ xx ( t ) σ D−1 Σ xx ( t ) σ D−1
τˆ ( t ) = = = sin ωt et σ H ( t ) = = sin ωt
2 2 2 3 3
Eq. IV-88
d’où :
σ fD
to −1
σ fD σ fD σD −
max −1
sin ωt + α −1
sin ωt = β α=
−1 2 Eq. IV-89
t∈T 2 3 σ fD
−1
3
8. Approche mésoscopique 97
∀n , ∀m⊥n
1
2
( )
n i m j + n jm i σ ij − τ y ≤ 0 , Eq. IV-91
Sur un plan de normale n donnée, le trajet de la cission macroscopique C(t) est une
courbe fermée φ'(n ) (φ'(n ) est un segment de droite si le chargement est affine). Or, on
recherche les contraintes résiduelles dans le cycle adapté, c’est-à-dire un tenseur fixe ρ ∗
tel que les contraintes mésoscopiques σ̂ = Σ + ρ ∗ respectent à tout instant le critère de
plasticité du cristal.
En réalité, Dang Van choisit de construire la cission résiduelle τ∗ = ρ * .n sur
chaque plan de normale n. Pour cela, il suppose que, dans ce plan, le critère de plasticité
dans l’état adapté est un cercle centré à l’origine, de rayon τ y∗ , égal au rayon du plus petit
cercle circonscrit à la courbe ψ ′(n ) (Figure IV-16). Ceci l’amène tout naturellement à
∗
prendre pour cission résiduelle τ le vecteur MO, M étant le centre dudit cercle circonscrit
*
(Figure IV-16Il est facile de montrer qu’un tel choix de τ y∗ et τ assure que la cission
mésoscopique :
τˆ (n , t ) − τ ∗y (n ) = C (n , t ) + MO − τ ∗y (n ) ≤ 0 Eq. IV-93
τ* n = ρ*⋅ n
n − − = −
Trajet
C n, t macroscopique
− −
(cission)
τˆ n , t
Plan de − −
normale n Trajet microscopique
−
ti
σ H (t ) σ H (t )
a)
max [ τˆ(n, t ) ]
n
Torsion Traction
Compression
Traction
répétée
Trajet de chargement
complexe
σ H (t )
b)
1
(s − a ) : (s − a ) ≤ k 2 (b) Eq. IV-95
2
avec :
- s : déviateur des contraintes mésoscopiques ;
- a et b : respectivement paramètres d' écrouissage cinématique et isotrope ;
- k : limite d'élasticité en cisaillement, fonction croissante de b.
1
(S + ρ − a ) : (S + ρ − a ) − k 2 (b) ≤ 0
2
avec :
- S : déviateur des contraintes macroscopiques
− ρ : déviateur des contraintes mésoscopiques résiduelles.
La condition d’adaptation du cristal est vérifiée lorsque l’on peut trouver un tenseur
z* suffisamment petit et un terme k* suffisamment proche de ko, sa valeur initiale, tel
que :
∀t ≥ 0
1
2
( )( )
S ( t ) − z ∗ : S ( t ) − z ∗ ≤ (k ∗ ) 2 Eq. IV-96
k∗ =
1
2
Max
t
[S (t) − z ]: [S (t) − z ]
∗ ∗
Eq. IV-97
Dans l’espace du déviateur des contraintes macroscopiques S, z * est le centre et
2k * le rayon de l’hypersphère circonscrite à la courbe décrite par le tenseur S(t) (Figure
IV-18).
σ fD
to −1
σD −
−1 3 to
α= et β = σ D Eq. IV-98
σ fD −1
−1
3
2k *
z*
Skl
Le critère de Dang Van, sous la forme précédemment décrite, nécessite des temps
de calcul importants. Cependant, il est possible d’utiliser la méthode de calcul du centre de
l’hypersphère dans l’espace des déviateurs pour obtenir plus rapidement la cission
maximale. Cette valeur s’obtient grâce au critère de Tresca (demi-différence des deux plus
1
grandes contraintes principales : τ = Max σ I ( t ) − σ J ( t ) ) appliqué au tenseur S (t ) − z * .
2
1- On évalue Σ ij ( t ) ∀ 0≤t≤T
102 Chapitre IV. Dimensionnement en endurance multiaxiale
Le tenseur Σ est repéré par rapport à des axes fixes par rapport à la matière. Σ ij est
spatialement constant dans chaque volume V. La période T est définie comme le plus petit
intervalle de temps vérifiant:
∀t Σ (t + T) = Σ ( t )
trace Σ
Σ H (t) = 0≤t≤T
3
Sij ( t ) = Σ ij ( t ) − Σ H ( t ) δ ij 0≤t≤T
A partir d’ici, deux méthodes peuvent être adoptées pour estimer les deux
paramètres qui interviennent dans le critère. Rappelons qu’il nous faut évaluer les
contraintes locales dans l’état stabilisé σ̂ en fonction des contraintes macroscopiques Σ .
1ère méthode
3- On recherche sur chaque facette de normale n le plus petit cercle circonscrit au trajet
de chargement décrit par l’extrémité du vecteur cission macroscopique C.
4- La cission mésoscopique dans l’état stabilisé est calculée sur chaque facette à partir du
centre du cercle circonscrit:
τˆ ( t ) = C( t ) + τ *
5- A chaque instant, on recherche le plan subissant la plus forte cission:
max τˆ (n , t )
n
2ème méthode
(
Min Max J 2 Sij ( t ) − z ij )
z t ∈T
=
τˆ ( t ) =
1
2
[
Tresca ŝ ij ( t ) ]
Il est clair que:
[ ] 1
[
Tresca σˆ ij ( t ) = Tresca ŝ ij ( t ) =
2
]
Max σˆ I ( t ) − σˆ J ( t )
En opérant ainsi, les couples (τˆ , σˆ H ) se trouvent toujours dans la partie τ > 0 du
diagramme de Dang Van. Toutes les facettes susceptibles d’intervenir dans la vérification
du critère d’amorçage sont balayées automatiquement. Les couples (τˆ , σˆ H ) qui vérifient
la condition d ≥ 1, correspondent à des facettes bien déterminées. Par conséquent, le
critère est également directionnel.
1/ 2
1 2π π 2π
Ta2 = 5 (Ta (ϕ, θ, ψ) ) 2
dψ sin θ dθ d ϕ Eq. IV-100
8π 2 ϕ = 0 θ = 0 ψ = 0
1 2π π
N = N(ϕ, θ) sin θ dθ dϕ Eq. IV-101
4π ϕ = 0θ = 0
Les deux paramètres matériau α et β peuvent être identifiés à l’aide de deux limites
tr to
de fatigue par exemple en traction alternée σ D et en torsion alternée σ D .
−1 −1
tr
σD
to −1
σD −
to −1 3
β = σD , α=
−1 tr
σD 3
−1
βij est l’angle de déphasage entre la composante ij et une composante de référence (par
exemple Σ xx ).
8. Approche mésoscopique 105
1/ 2
Σ 2xx , a + Σ 2yy, a + Σ zz
2 2 2 2
, a + 3Σ xy, a + 3Σ xz , a + 3Σ yz, a
Ta2 =
1
( )
− Σ xx , a Σ yy, a cos β xx − β yy − Σ xx , a Σ zz, a cos (β xx − β zz )
− Σ yy, a Σ zz, a cos (β yy − β zz )
3
Eq. IV-104
Eq. IV-105
- la valeur moyenne:
T
1
xm = x ( t )dt
20
108 Chapitre V. Problème de calcul de durée de vie en fatigue multiaxiale d’amplitude variable
T 2
1
x 2
RMS = [x(t ) − xm ] dt
T 0
N0
I=
Ne
S S
t t
(amplitude)2
SPECTRE DE PUISSANCE
fréquence
Quand I tend vers 1, le signal est dit à « bande étroite » ; quand I tend vers 0, le signal est
dit à « bande large ».
I=0,99
I=0,70
I=0,30
Figure V-2: Exemple de trois séquences obtenues à partir d’un processus gaussien.
Dans la suite, nous répartirons les signaux en quatre groupes (Figure V-3):
• Signal d’amplitude constante. Les signaux périodiques sinusoïdaux, « triangle »,
« carré » relèvent de cet ensemble.
• Signal constitué de deux blocs de charge d’amplitude constante. Le deuxième bloc
est appliqué jusqu’à rupture. Les effets de séquence Haut-Bas ou Bas-Haut sont
ainsi étudiés expérimentalement.
• Séquences constituées de plusieurs blocs d’amplitude constante. La méthode des
blocs programmés de GASSNER est l’exemple le plus connu.
• Signal d’amplitude variable. Il s’agit de signaux relevés en service ou de séquences
de charge standard.
110 Chapitre V. Problème de calcul de durée de vie en fatigue multiaxiale d’amplitude variable
Pour mener à bien la résolution d’un problème de fatigue uniaxiale, l’utilisation des
paramètres statistiques n’est, en règle générale, pas suffisante. Par exemple, deux signaux
avec une même valeur moyenne et une même valeur R.M.S. peuvent conduire, lors
d’essais de fatigue, à des durées de vie complètement différentes.
L’utilisation d’autres méthodes de caractérisation du signal semble indispensable
dans le cadre d’un traitement ultérieur en fatigue. Ces méthodes doivent permettre d’isoler,
dans le signal, les évènements jugés responsables de l’endommagement en fatigue.
Il existe au moins une dizaine de méthodes de comptage différentes dont les plus
connues sont la méthode des dépassements de niveau et le comptage rainflow ou encore de
« la goutte d’eau ».
Les méthodes de comptage Rainflow rendent mieux compte de certains signaux,
notamment ceux dont la valeur moyenne varie fortement dans le temps. De plus, ces
méthodes se prêtent bien mieux que d’autres à une évaluation de l’endommagement car on
peut montrer qu’elles définissent des boucles d’hystérésis contrainte-déformation (Figure
V-4). Elles conduisent à des séquences de chargement plus sévères en comptant tous les
cycles d’amplitude importante, indépendamment de la présence de cycles de plus faible
intensité qu’elles comptent également.
S(t) 4 S (ou σ) 4
2 2
3 3
11 1
S(t) t ε
1 S (ou σ) 1
3 3
2 2
4 4
t ε
Avec les notations de la Figure V-4 la condition à remplir pour l’extraction d’un
cycle est:
Y ≤ X et Y ≤ Z
avec X = S4 − S3 , X = S3 − S 2 , X = S 2 − S1 .
A l’issue de ce traitement, c’est-à-dire lorsque tous les cycles ont été extraits à
l’aide de l’algorithme, il subsiste toujours une partie du signal, désigné comme le résidu
(Figure V-5), qu’il est impossible de réduire avec l’algorithme présenté. Le résidu apparaît
comme un signal dont les étendues de variation successives vont en croissant, puis en
décroissant. La transition d’étendue la plus importante est constituée des valeurs maximale
et minimale du signal. Les différentes versions du comptage Rainflow se distinguent en
particulier par leurs façons de traiter le résidu. Cette opération n’est pas à négliger car le
résidu contient toujours le plus grand des maxima et le plus petit des minima. Ces derniers
peuvent alors avoir un rôle primordial dans le cumul de l’endommagement. Pour ce qui est
de la méthode Rainflow AFNOR, le traitement du résidu consiste à former un signal en
raccordant le résidu avec lui-même. Ce signal est alors décomposé à l’aide de l’algorithme
décrit ci-dessus. Après cette opération, on peut constater que le résidu obtenu est le même
que celui utilisé pour fabriquer le signal traité. Les cycles extraits sont alors ajoutés à ceux
identifiés lors de la première phase du travail.
S(t) S(t)
t t
a) b)
Les résultats du comptage (les cycles extraits) sont consignés dans des matrices
« Classe de départ - Classe d’arrivée » ou « Valeur minimale Smin – Valeur maximale
Smax » ou « amplitude Sa – Valeur moyenne Sm ». Pour un calcul de durée de vie, la
dernière forme de stockage est la plus utilisée.
1. Sollicitation uniaxiale d’amplitude variable 113
Cette règle est utilisée dans des cas très divers du point de vue des matériaux et
structures (éprouvette lisse ou entaillée, composants mécaniques, structure soudée,…), des
chargements (signaux aléatoires, blocs programmés,...) comme du type de sollicitation
(traction, flexion, torsion).
n
D= Eq. V-1
N
k n
i
D= Eq. V-2
i =1 N i
Cette méthode de calcul simple s' est très largement répandue. Pourtant, la qualité
des prédictions est très variable. En particulier, pour des signaux centrés autour d' une
valeur moyenne globale (spectre à « bande étroite »), la règle de Miner conduit à des
résultats conservatifs (dans le sens de la sûreté). En revanche, lorsque le signal n'
est plus
centré autour d' une valeur moyenne (spectre à « bande large »), les prévisions sont
fortement non conservatives. Ces mauvais résultats sont généralement attribués à trois
défauts importants de cette règle:
De nombreux résultats expérimentaux ont montré que les cycles d' amplitude
inférieure à la limite d'
endurance peuvent causer un dommage non négligeable. Différents
auteurs ont donc tenté d' améliorer la règle de Miner en prenant en compte
l'
endommagement dû à tout ou partie des cycles sous la limite d' endurance. Les différentes
méthodes proposées sont regroupées ci-dessous et illustrées sur la Figure V-6:
c) Règle de Miner-Haibach:
La droite représentative de la courbe de Wöhler est prolongée par une droite de pente
plus faible. Haibach propose la valeur 2m-1 où m est la pente de la droite représentative de
la courbe de Wöhler dans un plan (LogΣ, LogN).
Afin de distinguer les cycles endommageants des cycles sans effet sur la durée de
vie, de nombreux essais ont été entrepris avec des signaux filtrés. Le niveau de filtrage est
souvent fixé à partir de la valeur de la limite d'
endurance du matériau ou de la structure
considérée. Il apparaît, d'
une manière générale, que les cycles d'
amplitude inférieure à 50%
de la limite d'
endurance n’induisent aucun dommage.
qualité des prédictions. Il propose de désigner la rupture par une valeur de la somme
n ≤1 (par exemple 0,1). De cette façon, les prédictions deviennent conservatives.
N
1. 3. b. Lois d'
endommagement non linéaires
a) Théorie unifiée
m
Σd Rm
= Eq. V-3
Σ d0 R m0
Σd
d b 2
Σ d0 1 Σd Σ Σ
=− − d Eq. V-4
dn a Σ d0 Σ d0 Σ d 0
où a et b sont des constantes du matériau. Les conditions aux limites Σd = Σd0 quand n = 0
m
Σd Σ
et = quand n = N, conduisent à l'
expression suivante de la courbe de
Σd 0 Rm
Wöhler:
a 1 1
N= − Eq. V-5
Σ
b
Σ Σ Σ
m
−1 −
Σd0 Σd0 Σd0 Rm
116 Chapitre V. Problème de calcul de durée de vie en fatigue multiaxiale d’amplitude variable
n
Σ d0 − Σ d N
D= = Eq. V-6
Σ d 0 − Σ dr m
Σ
Σ − Σ d0
Rm n
1+ 1−
Σ − Σ d0 N
dD ∆Σ β
=A Eq. V-7
dN (1 − D )a (∆Σ )
= BD b(∆Σ )∆Σ β
dD
Eq. V-8
dN
1. Sollicitation uniaxiale d’amplitude variable 117
Le premier modèle (1) prévoit une vitesse non nulle de l’endommagement pour D = 0 et
tendant vers l’infini à la rupture. Le second (2), au contraire, traduit une vitesse nulle pour
D = 0 et finie quand D = 1. Ce deuxième modèle a été proposé par Marco et Starkey ainsi
qu’Edwards. L’expérience montre que pour coller à la réalité, une loi de dommage doit
pouvoir prévoir une vitesse d’endommagement nulle à l’origine et finie à la rupture
(courbe (3) de la Figure V-7). Afin de regrouper certaines propriétés intéressantes des deux
premières lois, un nouveau modèle a été établi:
β
dD
dN
[
= 1 − (1 − D )β+1 ]
α (Σ max ,Σ moy ) Σ max − Σ moy
( )
M Σ moy (1 − D )
Eq. V-9
1
N= Eq. V-10
β
Σ max − Σ moy
(β + 1)(1 − α(Σ max , Σ moy ))
(
M Σ moy )
Tous les cas de charge traités dans la précédente partie concernaient des
sollicitations uniaxiales. L'extension au cadre plus général des chargements multiaxiaux
est extrêmement délicate car au moins deux composantes du tenseur des contraintes
varient au cours du temps. Dans le cas le plus général, toutes les composantes ont des
évolutions propres totalement découplées entre elles. La plupart du temps, on s' attache à
définir une déformation ou une contrainte "équivalente" à laquelle on fait subir un
comptage. Pour passer au calcul du nombre de cycles à rupture, on fait appel à un calcul et
à une loi de cumul d' endommagement. Encore une fois, la règle de Miner, du fait de sa
simplicité, est la plus employée.
118 Chapitre V. Problème de calcul de durée de vie en fatigue multiaxiale d’amplitude variable
2. 2. a. Méthode de Macha
On suppose qu' en un point d' une pièce mécanique, un état de contrainte multiaxial
existe. L'évolution du tenseur des contraintes est définie à l' aide de six processus
stochastiques unidimensionnels:
X (t) = [X1 (t), X2 (t), X3 (t), X4 (t), X5 (t), X6 (t)] Eq. V-11
avec :
- X1 (t) = σxx (t)
- X2 (t) = σyy (t)
- X3 (t) = σzz (t)
- X4 (t) = σxy (t)
- X5 (t) = σxz (t)
- X6 (t) = σyz (t)
σxx(t)
σyy(t) σeq(t)
t t
σxy(t)
σ eq ( t ) = I η2 σ xx ( t ) + m η2 σ yy ( t ) + n η2 σ zz ( t ) + 2l η m η σ xy ( t ) + 2m η n η σ yz ( t ) + 2l η n η σ xz ( t ) +
l η l s σ xx ( t ) + m η m s σ yy ( t ) + n η n s σ zz ( t ) + (l η m s + m η l s )σ xy ( t )
B
+ (m η n s + n η m s )σ yz ( t ) + (l η n s + n η l s )σ xz ( t )
Eq. V-13
où σij (t) représente la valeur instantanée de la composante (i, j) des contraintes, et lη, mη,
nη, ls, ms, ns sont les cosinus directeurs des vecteurs η et s associés au plan critique.
120 Chapitre V. Problème de calcul de durée de vie en fatigue multiaxiale d’amplitude variable
lη ls
η = mη et s = ms Eq. V-14
nη ns
Afin de repérer le plan d' apparition de la fissure, on recherche les plus fortes
variations de la contrainte équivalente. La variance est utilisée car elle rend compte de la
moyenne des étendues prises par une variable aléatoire. Pour la contrainte équivalente de
l'
équation (Eq. V-13), elle s'écrit:
6 6
µ σeq = a k a l µ xkl Eq. V-15
k =1 l =1
où ak, al sont des fonctions non linéaires de lη, mη, nη, ls, ms, ns et B. Les coefficients µ xkl
sont les éléments de la matrice de covariance ( µ ) du tenseur des contraintes:
σ
( )2 ( )2 [
µ σeq = l η2 + Bl η l s µ x11 + m η2 + Bm η m s µ x 22 + 2l η m η + B(l η m s + m η l s ) 2 µ x 33 + ]
[
2(l η2 + Bl η l s )(m η2 + Bm η m s )µ x12 + 2(l η2 + Bl η l s ) 2l η m η + B(l η m s + m η l s ) µ x13 + ]
( )[
2 m η2 + Bm η m s 2l η m η + B(l η m s + m η l s ) µ x 23 ]
Eq. V-17
Une fois le plan critique repéré, il faut déterminer la durée de vie. Une méthode de
comptage est utilisée afin de décomposer le signal de σeq en cycles élémentaires. On a le
choix entre deux méthodes : comptage rainflow ou méthode des paires étendues. Les
auteurs font remarquer que ces deux calculs conduisent, la plupart du temps, à des résultats
semblables. A chaque cycle extrait, sont associées une amplitude σa et une contrainte
2. Sollicitation multiaxiale d’amplitude variable 121
moyenne σm. L' influence de cette dernière composante sur la durée de vie est traduite à
l'
aide d'une méthode de correction de la moyenne (exemple: parabole de Gerber). Le calcul
de l'endommagement est réalisé grâce aux règles de cumul linéaire de Miner ou de
Haibach. On estime de la sorte, pour une fréquence d' essai donnée, le temps nécessaire
pour atteindre la ruine du matériau. L'organigramme complet de la méthode est présenté à
la Figure V-9.
2. 2. b. Méthode de Robert
Comme Macha, Robert établit une méthode de calcul de la durée de vie qui permet
de considérer les chargements multiaxiaux d' amplitude variable. Pour estimer le nombre
de cycles à rupture, il étend un critère d'
endurance aux durées de vie limitées. Ce dernier
fait intervenir trois variables:
Robert a également proposé des modèles de calcul de durée de vie basées sur une
approche plan critique. Dans ce cas, les trois précédents paramètres sont remplacés par des
quantités établies à partir d’une facette critique (contrainte tangentielle alternée Ca,
contrainte normale alternée Na, contrainte normale moyenne Nm) mais la méthode de
calcul reste inchangée.
Robert précise que le cas des sollicitations multiaxiales aléatoires ne peut être traité
à l'aide de tous les critères d'endurance. Dans ce cas, intervient en effet le problème de
l'
extraction des cycles. Il faut pouvoir appliquer une méthode de comptage à une variable
représentative de l' évolution du tenseur des contraintes. La variable choisie pour
l'
application de la méthode de comptage est le vecteur contrainte tangentielle octaédrique
2
τoct dont le module τ oct est égal à J2 .
3
Rappelons que, sur la facette octaédrale dont la normale a pour composantes
1 1 1
, , dans le repère principal, le vecteur contrainte est caractérisé par une
3 3 3
I1 2
contrainte normale σoct = et par un cisaillement τoct = J 2 (I1 est le premier
3 3
invariant du tenseur des contraintes et J2 est le deuxième invariant du tenseur déviateur des
contraintes).
σ3
Facette octaédrale
v ∆
Facette octaédrale P(σ1(t),σ2(t),σ3(t))
ψ
v
τoctψ u
u
σ2 P’
P’
σ1
1
dk = Eq. V-18
Nk
où le nombre de cycles à rupture Nk est solution de l'
égalité :
1
Dψ = Eq. V-20
k Nk
D = Max D ψ
ψ
[ ] Eq. V-21
1
N= Eq. V-22
D
Le calcul des trois constantes (a, b, c) du critère est possible à l'
aide de 3 essais de calage
en endurance limitée : torsion alternée τ-1 (N), traction alternée σ-l (N) et traction répétée
pure σ0 (N). Elles valent :
3 1
a ( N) = Eq. V-23
2 τ −1 ( N)
3 3
b( N ) = − Eq. V-24
σ −1 ( N) τ −1 ( N)
6 3
c( N ) = − Eq. V-25
σ 0 ( N) σ −1 ( N)
124 Chapitre V. Problème de calcul de durée de vie en fatigue multiaxiale d’amplitude variable
Choix de ψ
Comptage du signal
Décomposition en « cycles »
boucle sur
boucle sur ψ Calcul de Nk l’ensemble des
cycles extraits
Endommagement élémentaire
dû à ce cyle : dk = 1 / Nk
et 1 permet de favoriser l’une ou l’autre des deux formulations (en pression hydrostatique
moyenne ou maximale). L’évolution de l’endommagement est alors régie par la loi :
β
dD A II
= Dα
dN M p moy ( ) Eq. V-26
( )
où M p moy est une fonction traduisant l’influence de la moyenne de la pression
hydrostatique sur la résistance en fatigue et AII est un terme de cisaillement représenté par
la contrainte équivalente de von Mises.
Dans le cas des chargements déphasés, le terme AII peut être estimé à partir du
trajet de charge dans l’espace des déviateurs en procédant à l’estimation du rayon de
l’hypersphère circonscrite au trajet de chargement.
Le critère d'
endurance de Dang Van s' est montré très efficace pour la résolution des
problèmes d' endurance illimitée liés aux chargements multiaxiaux d' amplitude constante.
Certains chercheurs ont essayé d' étendre ce critère au cas de l' endurance limitée en
réalisant un cumul de l'endommagement. En particulier, il est tentant d' utiliser le plan (τ,
p) afin d'évaluer le nombre de cycles à rupture associé à un chargement donné. On se
souvient que le critère fait intervenir deux paramètres mécaniques : l' amplitude de la
cission microscopique dans l' état adapté, que l'on notera simplement τ, et la contrainte
hydrostatique microscopique notée p. La droite seuil du critère a pour expression:
s
t−
α= 2 et β=t Eq. V-28
s
3
Cette méthode est d' utilisation simple mais on ne peut pas l' appliquer dans tous les
cas de charge. Avant d' utiliser le plan (τ , p), il faut avoir extrait des cycles de contrainte.
On a vu, pour les chargements complexes, que le problème du comptage des cycles était
ardu. En effet, la présence d' un déphasage associé au caractère variable des sollicitations
rend difficile la définition des cycles. Les chargements déphasés conduisent également à
l'
évolution de la position du plan qui subit la cission maximale. Au cours d' un chargement,
si deux cycles de contrainte sont tels que les cissions maximales associées s' appliquent sur
deux plans différents, alors le cumul de l' endommagement ne s' effectue pas sur la même
facette. Il est naturel de s'
interroger sur la validité d' un tel cumul du dommage.
2. 3. b. Loi d'
endommagement de Papadopoulos
2. Sollicitation multiaxiale d’amplitude variable 127
où klim correspond à une limite d' endurance généralisée. Elle est unique pour les
chargements qui admettent la même pression hydrostatique moyenne pm et le même
k*
rapport (pa est l'
amplitude de la pression hydrostatique) (Figure V-13):
pa
− αp m + β k *
k lim = Eq. V-34
k * pa
α+
pa
Rappelons que la droite seuil du critère d'
endurance a pour équation dans le plan (k, p):
k +αp = β
klim
k*
k*
pa
pm-pa pm pm+pa p
0
1
f (σ) = (s − a ) : (s − a ) − k 2 ≤ 0 Eq. V-37
2
où a est la variable tensorielle d’ordre deux d’écrouissage cinématique.
Les règles d'écrouissage isotrope et cinématique sont linéaires. Trois stades sont
distingués (Figure V-14).
Durcissement (I)
a=cεp et k =g εp:εp Eq. V-38
2. Sollicitation multiaxiale d’amplitude variable 129
S
εp = Eq. V-39
A
où A = c + 2µ + 2g
avec :
- c : paramètre d'
écrouissage cinématique,
- g : paramètre positif d'
écrouissage isotrope dans la phase de durcissement,
- µ : module de cisaillement macroscopique.
Saturation (II)
a=cεp et k=0 Eq. V-40
p
S
ε = Eq. V-41
C
où C = c + 2µ
Adoucissement (III)
p
a = cε et k = −h ε p : ε p Eq. V-42
p
S
ε = Eq. V-43
B
où B = c + 2µ − 2g
avec h : paramètre positif d'
écrouissage dans la phase d'
adoucissement.
∆S
2 2 k lim r
N R = p ln +q − Eq. V-46
∆S ∆S ∆S
− k lim − k lim
2 2 2 2 2 2
avec :
c + 2µ 1 1
- p= +
4 2 g h
c + 2µ 1
- q=
4 2
c + 2µ k 0
- r=
4 2 g
où k0 est la limite d'
élasticité initiale du cristal, et est un coefficient qui permet de lier la
p
déformation plastique cumulée à rupture Ω R et klim:
1 1 1 k
Ω pR = + + k lim − 0 Eq. V-47
g h g
D
DR
N
0 NR
1
Ωp
Figure V-15: Evolution du dommage normalisé D = .
Ω Rp
1. Caractérisation de la propagation
2a
Figure VI-1 : Eprouvette CCT (Center Crack Tension) pour essai de fissuration.
a
∆σ élevée
∆σ basse
Pente da/dN
a0
N
10000 20000 30000 40000
Figure VI-2: Evolution de la longueur de fissure en fonction du nombre de cycles
appliqués.
1. Caractérisation de la propagation 135
a i+1
a da/dN
ai
N
Ni N i+1
Figure VI-3 : Détermination de la vitesse de propagation da/dN.
La représentation la plus simple des données ainsi collectées consiste à tracer un
graphe donnant l’évolution de la longueur de fissure a en fonction du nombre de cycles
appliqués N, comme le montre la Figure VI-2. Pour un chargement à amplitude constante,
le taux de croissance de la fissure dépend de l’amplitude de contrainte appliquée. On peut,
à partir de ce type de graphe, déterminer en différents points de la propagation une vitesse
de propagation, définie comme la tangente à la courbe a-f(N), notée da/dN et exprimée en
m/cycle. La méthode la plus simple de détermination de cette vitesse est la méthode de la
sécante. Elle consiste à assimiler la tangente à la sécante entre deux points proches (Figure
VI-3):
da ≈ ∆a = ai+1−a i Eq. VI-1.
dN ∆N Ni+1− Ni
Cette valeur est affectée au point où la longueur de fissure correspond à la longueur
moyenne a entre les deux points:
a +a
a = i i+1 Eq. VI-2.
2
L’ASTM (American Society for Testing of Materials) préconise d’utiliser un
polynôme de degré n.
On peut alors tracer l’évolution de la vitesse de propagation da/dN en fonction de
la longueur de fissure a (Figure VI-4 a). La vitesse de propagation croît avec la longueur
de fissure jusqu’à la rupture finale ou l’arrêt de l’essai. En outre, pour une longueur de
fissure donnée, la vitesse est d’autant plus élevée que l’amplitude de contrainte appliquée
est importante. Il s’ensuit entre autre que l’on peut décrire un même intervalle de variation
de vitesse de propagation da/dN avec des valeurs différentes de a et ∆σ. La même
remarque pourrait s’appliquer si l’on faisait varier les dimensions de l’éprouvette utilisée
pour obtenir les données.
136 Chapitre VI. Propagation des fissures de fatigue
Même
intervalle
da/dN
∆σ basse
Même courbe
∆K - da/dN
Longueur de fissure a
a0 ∆K
En chaque point on calcule ∆K (∆σ
∆σ,a)
∆σ
(a) (b)
Dans les conditions de service, les fissures de fatigue se développent selon une
direction qui est, à l’échelle macroscopique, perpendiculaire à l’axe de la contrainte
principale. Dans de très nombreux cas, le chemin de fissuration sera donc perpendiculaire
à la direction de traction qui tend à ouvrir la fissure. Ce type d’ouverture est appelé mode
I. Les autres modes, appelés II et II (Figure VI-5 b et c), sont toutefois envisageables.
La Figure VI-6 considère le cas d’une fissure de longueur 2a dans une plaque
soumise en mode I à une contrainte S à l’infini. La théorie de l’élasticité permet de décrire
le champ de contrainte au voisinage de la pointe de fissure à l’aide des relations suivantes :
2πr 2
(
σxx = S πa ×cos θ× 1−sin θ sin 3θ
2 2
)
σyy = S πa ×cos θ×(1+sin θ sin 3θ )
2πr 2 2 2
Eq. VI-3
On constate que lorsque r tend vers 0, les contraintes tendent vers l’infini. En
réalité les contraintes en pointe de fissure seront finies du fait de l’activation de la
plasticité en pointe de fissure, notamment pour les matériaux ductiles.
σyy
τxy
σxx
y
x r
θ
2a
Par ailleurs, les fissures se développant dans des tôles minces seront généralement
traversantes suivant l’épaisseur, avec un front de fissure rectiligne. Par contre, dans des
pièces plus massives, les fissures ne sont pas nécessairement traversantes et le front de
fissure possède une forme particulière. Une fissure traversante, avec un front de fissure
rectiligne et perpendiculaire à la surface de la pièce, est traitée comme un problème
unidimensionnel (1D) dans la mesure où la valeur de K est constante sur le front et qu’il
n’a qu’une direction de propagation. C’est le type de fissure que l’on retrouve sur des tôles
minces. Un tel traitement n’est plus possible pour une fissure partiellement traversante
(fissure en coin par exemple). Dans ce cas, la valeur de K varie le long du front de fissure
et le problème devient bidimensionnel (2D). Les fissures tridimensionnelles constituent un
cas encore plus complexe.
rupture
Les valeurs de Kmax et Kmin sont les valeurs du FIC calculées au maximum et au
minimum du cycle respectivement pour une même valeur de la longueur de fissure a:
Vitesse de
da/dN propagation
(m/cycle) I II III
à 50 Hz
10-5
Forte Faible Forte
1 mm/minute
10-7
m
1 mm/heure
10-9
da 1 mm/jour
= C × ∆K m
dN 1 mm/semaine
10-11
∆K seuil ∆K
K max → K Ic
140 Chapitre VI. Propagation des fissures de fatigue
La courbe ainsi obtenue présente généralement une allure décrite sur la Figure VI-7
et constituée de 3 domaines caractéristiques, désignés I, II, et III:
• dans le domaine II, la courbe présente généralement une partie linéaire sur un assez
large intervalle. Cette linéarité traduit une dépendance en loi puissance de la vitesse de
propagation par rapport à l’amplitude de facteur d’intensité de contrainte ∆K:
m
da
= C × ∆K Eq. VI-9
dN
Cette loi puissance est communément appelée loi de Paris et le domaine de vitesses de
propagation dans lequel cette relation est vérifiée est appelée domaine de Paris.
Il convient de souligner que, même si des expressions similaires peuvent être
obtenues de manière théorique, cette relation reste avant tout empirique. C et m sont
donc des paramètres dépendant certes du matériau considéré, mais aussi des conditions
d’essai (rapport de charge, environnement, …);
Sur la Figure VI-7 sont également indiquées les vitesses de propagation exprimées
sous la forme distance de propagation/temps pour un chargement à 50Hz, qui représente
une fréquence relativement élevée pour les machines servo-hydrauliques couramment
utilisées. Il apparaît que le temps nécessaire pour faire propager la fissure d’1 mm varie
entre 1 minute pour la partie supérieure du domaine de Paris, et 1 semaine pour le
voisinage du seuil. Par conséquent les données de propagation au voisinage du seuil sont
extrêmement coûteuses à acquérir en terme de temps d’essai. Il convient donc, avant
d’entamer la détermination de vitesses de propagation dans ce domaine, de s’interroger sur
les conditions d’opération de la structure et la durée de vie visée.
2. Endommagement en pointe de fissure 141
Irwin, en faisant l’hypothèse d’une zone plastifiée circulaire, définit alors le rayon
rp de la zone plastifiée par:
2
rZP = 1 K Eq. VI-10
2π σ y
soit une taille de zone plastifiée inférieure d’un facteur 3 à celle obtenue en contraintes
planes pour une même valeur de KI. Ceci est observé expérimentalement entre le cœur et
la surface d’une éprouvette épaisse.
En réalité, la zone plastifiée possède une forme complexe. Les observation
expérimentales (méthodes optiques, mesures de microdureté) comme les calculs par la
méthode des éléments finis font apparaître deux « ailes de papillon » (ou haricots)
symétriques par rapport au plan de fissuration. Cette forme est retrouvée analytiquement
en introduisant un critère de plasticité dans la solution en pointe de fissure. Ainsi,
l’application du critère de von Mises en pointe d’une fissure sollicitée en mode I conduit à:
2
1 KI 3
rZP = × 1 + sin 2 θ + cos θ (Eq. VI-12) en état de contrainte plane et
4π σ y 2
142 Chapitre VI. Propagation des fissures de fatigue
2
rZP =
1 KI
4π σ y
×
3 2
2
( )
sin θ + 1 − ν 2 (1 + cos θ ) (Eq. VI-13) en état de déformation
plane.
Les relations ci-dessus ne concernent que le cas d’une fissure soumise à une
sollicitation monotone. Or, au cours d’un cycle de fatigue, après l’alternance et même
lorsque la contrainte nominale reste positive, il se produit une déformation plastique de
compression au voisinage de la pointe de fissure. Ce phénomène est illustré sur la Figure
VI-8 dans l’hypothèse d’un matériau parfaitement plastique pour lequel la limite
d’élasticité en compression est égale à l’opposé de la limite en traction.
Comportement élasto-plastique
σ Chargement
σy
σ 4 2
2 4
Étendue du domaine
ε “élastique”
1
t σy
= 2σ
1
3
- σy
σ 3
B C D
σy D C B ZP monotone σy
ZP A
cyclique A
R M r
O e
- σy
F E - σy E F
Cette zone plastifiée cyclique est 4 fois plus petite que la zone plastifiée monotone
dans le cas d’un chargement R=0. D’une manière générale le rapport entre zone plastifiée
monotone et cyclique est donné par :
(1−R )2
ρ(cyclique/ monotone)= .
4
En réalité la limite d’élasticité n’est pas constante au sein de la zone plastifiée et
varie en fonction de l’adoucissement ou du durcissement de l’alliage considéré. Ceci
explique au moins en partie les disparités entre observations expérimentales (microdureté,
diffraction RX, MET etc.) et modèles théoriques. Il reste néanmoins que ces relations
permettent d’estimer le volume de matière endommagé en pointe de fissure et sont de ce
fait utilisées dans de nombreux modèles théoriques.
µm
1µ 1µm
(a) (b)
Figure VI-9: Exemple de stries de fatigue dans un alliage d’aluminium de la série 2000
(a) à l’air du laboratoire, (b) passage air/vide au cours de la propagation (thèses D.
Fournier et B. Bouchet, ENSMA).
(a)
(d)
(b) (e)
(c) (f)
Figure VI-10: Mécanisme de Laird.
2. Endommagement en pointe de fissure 145
2 cycles 2 cycles
Parmi les facteurs modifiant les vitesses de propagation, le rapport de charge est
particulièrement important puisque lié au chargement mécanique. L’influence de ce
rapport se traduit par un décalage des courbes da/dN-∆K vers les faibles valeurs de ∆K
pour une valeur donnée de la vitesse de propagation da/dN lorsque la valeur de R
augmente, comme le montre la Figure VI-12. Ce décalage est tout particulièrement marqué
au voisinage du seuil, c’est-à-dire dans le domaine des vitesses lentes, et aux fortes valeurs
de ∆K, lorsque Kmax approche la ténacité du matériau Kc. La valeur de ∆Kseuil est donc
fortement dépendante du rapport de charge. L’explication aujourd’hui la plus
généralement admise (bien qu’encore controversée) pour rendre compte de cet effet du
rapport de charge R fait appel au mécanisme de fermeture de fissure introduit par Elber.
En effet, Elber a mis expérimentalement en évidence qu’une fissure de fatigue, même
sollicitée en traction ondulée (R>0), demeurait fermée pendant une fraction du cycle
autour du minimum de charge (Figure VI-13). Suivant le principe qu’une fissure ne peut se
propager que lorsqu’elle est totalement ouverte, seule une partie supérieure du cycle
contribue effectivement à l’avancée de la fissure.
146 Chapitre VI. Propagation des fissures de fatigue
da/dN
(m/cycle)
R croisssant
R faible
(typiquement 0.1)
∆K
Fissure
∆Keff
ouverte
∆K
Fissure partiellement
fermée
∆K eff
U= Eq. VI-16
∆K
Ce rapport U quantifie donc la part de l’effort global transmise à la pointe de
fissure et contribuant donc effectivement à l’endommagement de fatigue : si U=1,
∆K eff = ∆K , si U<1, ∆K eff < ∆K . Enfin, Elber a montré que les données expérimentales
de fermeture relatives à l’alliage d’aluminium considéré dans son étude pouvaient être
décrites à l’aide de la relation:
2. Endommagement en pointe de fissure 147
0,1 Kmax 0,18 Kmax 0,26 Kmax 0,36 Kmax 0,56 Kmax Kmax
fermée Fissure
totalement
a ouverte
ouverte
entaille
Figure VI-14 : Simulation par la méthode des éléments finis de l’évolution de l’ouverture
le long d’un front de fissure dans une éprouvette CCT (d’après Chermahini).
Dans la pratique, la prédiction de la valeur du rapport U en fonction des conditions
de chargement est difficile du fait de la complexité des processus mis en jeu, notamment
au voisinage du seuil. Des descriptions phénoménologiques, identifiées sur la base d’essais
de laboratoire, peuvent de ce fait difficilement être étendues au cas de défauts sur structure
où l’intensité des différents mécanismes peut varier.
3. Seuil de propagation
induite par plasticité prévaut en réalité dans les domaine des valeurs de K élevées.
D’autres mécanismes ont depuis été identifiés (Figure VI-16) pour rendre compte des
effets de fermeture au voisinage du seuil.
Le mécanisme de fermeture induite par la présence d’oxyde (Figure VI-16 b)
s’appuie sur l’observation qu’à l’air, même à température ambiante, un film d’oxyde se
développe sur les surfaces rompues. Ce film, bien plus épais que la couche d’oxyde
obtenue sur un échantillon poli exposé dans les mêmes conditions d’environnement,
présente dans le domaine des vitesses lentes une épaisseur du même ordre de grandeur que
le déplacement cyclique des lèvres de la fissure ∆CTOD, entraînant ainsi une remise en
contact prématurée des parois de la fissure lors de la décharge. Il s’agit donc en réalité
d’une non-refermeture provoquée par un effet « coin ». La surépaisseur est en outre liée à
un déplacement résiduel en mode II qui, lors de la remise en contact des lèvres, provoque
un déchirement du film d’oxyde et entraîne ainsi l’exposition de métal nu au milieu
oxydant et la formation d’un nouveau film. C’est la répétition de ce processus sous
l’action des sollicitations cycliques qui conduit à la formation d’une surépaisseur d’oxyde.
Ces effets sont particulièrement marqués pour les aciers au voisinage du seuil, même à
température ambiante, mais sont significatifs sur la plupart des alliages.
Sillage plastique
Déplacement
mode II
contact
Développement d’une
couche d’oxyde effet
« coin »
La dernière source de fermeture est la fermeture induite par la rugosité des surfaces
(Figure VI-16 c). En effet, en présence d’un déplacement résiduel en mode II au voisinage
de la pointe de fissure, la remise en contact des surfaces rompues se produit
prématurément du fait du relief de ces surfaces. Il s’agit là encore d’un mécanisme de non-
fermeture, mais dont les effets sont équivalents.
L’intensité de ces deux derniers mécanismes de fermeture prépondérants au
voisinage du seuil ne peut plus être décrite à l’aide d’une relation aussi simple que la
relation Eq. VI-17.
150 Chapitre VI. Propagation des fissures de fatigue
2
da =C ∆K − 1−e−λk ×(K −K
dN ouv min )−∆K eff,seuil Eq. VI-18
Le paramètre k représente le taux de développement de la fermeture et λ la
longueur du sillage, éventuellement différente de la longueur de fissure, notamment dans
le cas d’une fissure émanant d’une entaille.
Les vitesses mesurées dans un environnement actif tel que l’air ambiant sont, pour
la plupart des métaux à l’exception de l’or, supérieures à celles obtenues dans un
environnement inerte (vide, argon sec,…). Cette différence est attribuée à la présence
d’humidité dans l’air ambiant. Les molécules de vapeur d’eau adsorbées sur les surfaces
mises à nu en pointe se dissocient et libèrent de l’hydrogène. L’hydrogène pénètre au sein
de la zone plastifiée où il va fragiliser le métal par un mécanisme encore mal connu. Ce
processus séquentiel est schématisé sur la Figure VI-17. Un exemple d’action de l’air
ambiant sur les cinétiques de propagation est présenté sur la Figure VI-18 dans le cas d’un
acier faiblement allié.
2
H
1
M 5
4
3
H
Transport
1) accès des espèces actives en pointe de
fissure
2) adsorption physique
3) adsorption chimique et dissociation
4) pénétration et diffusion de
Réaction de fragilisation
l’hydrogène en pointe de fissure
qui est communément appelé fatigue-corrosion pure. Il recouvre les cas où l’exposition à
un environnement induit une perte de résistance à la fissuration sous sollicitation cyclique
et un changement de mode d’endommagement par le biais de processus physico-chimiques
en pointe de fissure et reflété par le changement dans la forme de la courbe, alors même
que cette exposition ne produit aucun effet sous charge statique. Cette perte de résistance
est notamment observée pour des valeurs de Kmax inférieures à celles correspondant au
seuil de fissuration sous contrainte KICSC. Le comportement représenté sur la Figure
VI-19b) correspond au cas où la valeur de Kmax dépasse la valeur de KICSC. Le dommage de
corrosion sous contrainte vient alors s’ajouter au dommage de fatigue pure, sans couplage.
Enfin le comportement de la Figure VI-19c), dit comportement mixte, constitue une
combinaison des deux comportements précédemment décrits.
L’influence de l’environnement est modulée en fonction de la température. En
particulier la nature des espèces chimiques impliquées peut changer lorsque la température
augmente ou diminue. Ainsi, à hautes températures, l’oxygène peut constituer l’espèce
agressive vis à vis de la résistance à la propagation.
La sensibilité à un environnement donné dépend fortement de la nature du
matériau. Ainsi l’oxygène est plus actif pour le cuivre que pour l’aluminium, ce dernier
étant surtout sensible à la vapeur d’eau.
-7
10
30NCD16
vide
air ambiant
10 -8
da/dN(m/cycle)
-9
10
˜ x40
-10
10
-11
10
2 4 6 8 10
∆K eff (MPavm)
Kmax=Kcsc
Kmax=Kcsc
(∆K)
(∆
log(∆ (∆K)
(∆
log(∆ (∆K)
(∆
log(∆
(a) (b) ( c)
La Figure VI-21 met par ailleurs en évidence les couplages pouvant s' établir entre les
effets de fermeture et l’action de l' environnement. En effet, il apparaît une moindre
dépendance de la valeur seuil par rapport à la limite d’élasticité sous air que sous vide. Ces
couplages sont illustrés sur la Figure VI-22. La température de revenu, en contrôlant
notamment la limite d’élasticité influence la dépendance de la valeur seuil vis à vis du
rapport de charge R. En outre, pour une condition de revenu donnée, l’action de l’air
ambiant cette dépendance.
12
∆K à R=0.1
seuil
10 ∆K à R=0.7
seuil
∆K
∆ K (MPa x m )
eff, seuil
1/2
8 Fer
ARMCO
seuil
2
0 1 2 3 4
10 10 10 10 10
µ m)
Taille de grain (µ
10
∆K , air
seuil
∆K , vacuum
seuil
∆K , air
8 eff,seuil
∆K , vacuum
m )
1/2
eff,seuil
x
(M Pa
6
eff,seuil
4
∆K , ∆K
th
0
500 600 700 800 900 1000 1100 1200
(MPa x m )
1/2
6
5
seuil
seuil de propagation ∆ K
2
revenu 200°C - essai air
revenu 500°C - essai air
1 revenu 200°C - essai vide
revenu 500°C - essai vide
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Rapport de charge R
(
∆K eff seuil MPa m ) (
∆K eff seuil MPa m ) (
∆K eff seuil MPa m )
mesurée estimée à partir de estimée à partir de
Eq. VI-19 modèle basés sur les
dislocations
Système d’alliage
Fe 3,0±0,6 3,3 2,6
Al 1,4±0,6 1,2 0,6
Ni 2,2±0,6 1,9 0,9
4. Fissures courtes
da/dN
Fissures courtes
émanant d’entaille
Fissures longues
Fissures courtes
ou naturelles
a (longueur de fissure) ou K
Figure VI-23 : Comportement des fissures courtes.
courtes dans un alliage d’aluminium 7075. On voit que, pour les deux tailles de grain
considérées, les vitesses de propagation des fissures courtes sont initialement élevées puis
diminuent avant de rejoindre la courbe déterminée à partir de fissures longues. Le
minimum de vitesse est observé lorsque la taille de fissure est comparable à la taille de
grain. On en déduit que les joints de grain jouent le rôle de barrière microstructurale dans
la propagation des fissures courtes tant qu’elles restent confinées à l’intérieur de quelques
grains.
10-4
da/dN (m/cycle)
Fissures courtes
Fissures longues
10-5
dg2
10-6 dg2≈a2
dg1
dg1≈a1
10-7
1 5 10 40
∆K (MPa x m ½)
Figure VI-24 : Influence de la taille de grain sur le comportement des fissures courtes
dans l’alliage 7075 T6 (d’après J. Lankford).
indépendant de la taille de fissure. Cependant, sur la base de données obtenues sur fissures
courtes Kitagawa et al. ont démontré qu’il existe une taille critique de défaut en dessous
de laquelle Kseuil décroît lorsque la longueur de fissure a diminue. En dessous de cette
taille critique, le seuil est caractérisé par une amplitude de contrainte ∆σ seuil assimilable à
la limite de fatigue ∆σD mesurée sur éprouvettes lisses (matériau sans défaut). Le
diagramme de Kitagawa-Takahashi consiste donc à porter dans une représentation bi-
logarithmique log(a)- log(∆σ) une droite horizontale correspondant à la limite de fatigue
∆σ=∆σD et la droite correspondant à l’équation :
∆K
∆σ= seuil ×a −1/ 2 .
β π
Ces deux segments de droite délimitent un domaine de non-rupture et un domaine
de rupture (Figure VI-25). L’intersection des deux droites définit la taille critique de défaut
ac :
2
∆K seuil
a c = 12 Eq. VI-20
β π ∆σ D
(∆σ)
log(∆σ)
rupture
∆σD 2
1 ∆Kseuil −1/2
∆σ= ×a
∆K eff β π
∆σ= seuil ×a −1/2
β π
non-rupture
ac log (a)
FC FL a
∆K seuil = ∆K seuil × Eq. VI-21
a + a0
FC FL
où ∆K seuil et ∆K seuil désignent les seuils fissures courtes et fissures longues
respectivement.
Par ailleurs, la confrontation avec les données expérimentales fait ressortir un
meilleur accord lorsque la valeur effective du seuil de propagation Keff seuil est utilisée
pour décrire le domine où la tenue en fatigue est contrôlée par la taille de défaut.
Toutefois, les résultats expérimentaux font apparaître une évolution plus progressive
autour de la transition (Figure VI-25).
On voit donc que les approches en fissures courtes permettent de faire le lien entre
les approches en durée de vie et les approches en tolérance aux défauts. Toutefois, les
données expérimentales sur les fissure courtes demeurent extrêmement délicates à établir,
ce qui restreint encore l’application d’approche fissures courtes en dimensionnement.
Chapitre VII
Lois de propagation
Pour réaliser un calcul de durée de vie en propagation, il faut disposer d’une loi de
propagation permettant de prédire les cinétiques de croissance des défauts en fonction de
l’amplitude de chargement appliquée, mais aussi de tous les facteurs affectant la
propagation. Dans ce chapitre nous nous limiterons essentiellement à la formulation de la
propagation de fissures longues en stade II.
Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, les facteurs influençant la
propagation peuvent se regrouper en deux catégories:
– les facteurs intrinsèques (module d’Young, limite d’élasticité, propriétés
cycliques, paramètres microstructuraux) ;
Face à ses multiples influences, qui peuvent en outre donner lieu à des couplages
complexes, il n’est pas étonnant de constater qu’aucune théorie ne permette de prédire les
cinétiques de propagation sous différentes conditions de sollicitations, même pour un
matériau donné.
Une loi de propagation se doit donc de relier la vitesse de propagation à ces
paramètres à l’aide d’une expression de la forme:
da =f (∆K,R,m ,....)
dN i
– les lois théoriques issues de modèles qui, si elles intègrent généralement des
effets intrinsèques, ont l’inconvénient de rarement prendre en compte le rôle des
différents facteurs extrinsèques;
1. Modèles théoriques
Le premier type de ces modèles repose sur la théorie des dislocations. Sous l’effet
de la concentration des contraintes les dislocations tendent à sortir de la zone plastifiée en
pointe de fissure. Cependant le matériau exerce une contrainte de friction qui s’oppose à
ce mouvement. En écrivant les conditions d’équilibre à chaque cycle, on peut en déduire la
valeur du déplacement en pointe de fissure. C’est la démarche initialement suivie par
Weertman, qui suppose en outre que l’avancée de la fissure se produit lorsque le
déplacement cumulé atteint une valeur critique. Il aboutit à la relation suivante:
∆K 4
da =A× Eq. VII-1
dN µσ02U
δa
da =∆ε × =
dN p
π2
8 2R
( )
k 2 1+
π2
32 2R p ( )
k 2∆ε2n ∆ε2n +1×a
p Eq. VII-4
Il en découle :
1
εp β 2
1 × da =7,5× × R Eq. VII-6
ρ dN εf ρ
162 Chapitre VII. Lois de propagation
da 7,5 ∆K 4
= × Eq. VII-7
dN 16 ε f E 2 σ 2y ρ
Différents auteurs ont repris cette approche qui consiste à assimiler le matériau en
pointe de fissure à une micro-éprouvette de fatigue plastique. La limite de ce type
d’approche réside dans la détermination du paramètre ρ, distance caractéristique liée à la
microstructure sur laquelle est sommé le dommage.
Lanteigne et Baïlon assimilent la pointe de fissure à une entaille de rayon ρ. La
progression de la fissure au cours d’un incrément se fait sur une distance égale à 4ρ. Cette
valeur est déduite de l’analyse en Mécanique Elastique Linéaire de la Rupture qui montre
que le taux de triaxialité des contraintes est maximal à cette distance. En utilisant une
description du champ de déformation et en appliquant la loi de Manson-Coffin en fond
d’entaille, ils obtiennent, pour un chargement à R=0, une loi de la forme:
da = 4 ×
( )( )
0,2× 1−ν2 ∆K 2 −∆K 2th β
1
Eq. VII-8
dN 1 −1 π 3CEσ'
yε '
f
β
ρ
∆K th ≈12,4× ρEσ'
y ∆ε 0 Eq. VII-9.
Ce modèle n’est a priori valide que pour un chargement à R=0 et ne prend pas en
compte le comportement réel du matériau, en particulier l’écrouissage cyclique. En outre,
ce modèle n’est valide que pour des conditions de propagation telle que : N f ≥1 en pointe
de fissure. Lorsque le nombre de cycle sur lequel on cumule le dommage Nf devient
inférieur à l’unité, la progression de la fissure devient continue et la loi de propagation se
réduit à:
da =
( )
1−ν2 ∆K 2
× Eq. VII-10
dN π 3 Eσ' y
da = s =
(
s ∆K eff ) 2
β
Eq. VII-11
dN Ns 1
(Eσ'yε'fd) β
2
da = s × ∆K eff Eq. VII-12
dN ε'f d Eσ' y
4
ξ 2 ∆K
da = eff Eq. VII-13
dN 2s E
et
2
da =ξ ∆K eff Eq. VII-14
dN E
respectivement.
L’ajustement des relations Eq. VII-13 et VII-14 aux données expérimentales fait
ressortir que le paramètre ξ , intégrant plusieurs caractéristiques microstructurales, ne
dépend que faiblement de la microstructure. Ainsi, dans une microstructure fine, la faible
valeur de d sera compensée par une augmentation de σ' y . La relation Eq. VII-14 se révèle
bien adaptée pour décrire la propagation en milieu inerte pour un grand nombre d’alliages
ξ2
métalliques. Il ressort néanmoins que le facteur ne varie que faiblement d’un alliage à
2s
l’autre.
164 Chapitre VII. Lois de propagation
Ces modèles, bien qu’utiles pour appuyer les lois phénoménologiques utilisées,
possèdent par ailleurs d’évidentes limitations. Par exemple, on peut observer sur les
équations Eq. VII-7, 12 et VII-16 que la vitesse de propagation suit une évolution
inversement proportionnelle à la limite d’élasticité, toutes choses étant égales par ailleurs.
Une telle dépendance n’est pas vérifiée dans la pratique, en particulier dès lors que les
effets de fermeture sont pris en compte.
2. Lois empiriques
Le but de ces lois est de décrire le plus simplement possible les variations
observées expérimentalement en fonction d’un certain nombre de paramètres. Le premier
exemple est la loi de Paris évoquée plus haut:
da =C×∆K m Eq. VII-17
dN
Dans le cas du matériau utilisé dans leurs investigations, à savoir l’alliage 2024T3,
Paris et ses collaborateurs trouvèrent m 4. L’avantage de cette relation est qu’elle permet
une estimation aisée de la durée de vie en propagation par intégration. Par contre, elle ne
prend pas explicitement en compte l’influence des paramètres intrinsèques au matériau
(facteurs métallurgiques), ni l’influence des paramètres extrinsèques (rapport de charge).
Ces influences sont implicitement prises en compte dans les paramètres C et m. Par
conséquent les valeurs de ces paramètres sont fortement dépendantes des conditions
expérimentales utilisées pour leur détermination et doivent donc être étendues avec
prudence à d’autres conditions. Enfin, nous avons vu que cette loi est inadaptée pour
décrire la propagation au voisinage du seuil ou la propagation à fortes valeurs de Kmax.
Différentes formulations ont été proposées pour pallier ces manquements.
2. Lois empiriques 165
Cette loi constitue une tentative d’extension de la loi de Paris pour rendre compte
de l’effet du rapport de charge sur les vitesses de propagation. Elle s’exprime comme suit:
[ ]
da =C ∆K×(1−R )m−1 n pour R≥0
dN
da =C K
dN max [ n
]
×(1−R )1−m pour R≤0 , avec 0<m≤1
Eq. VII-18
-3
10
10
-4 R=-0.30
R=0.00
R=0.50
-5
10 R=0.75
da/dN (m/cycle)
-6
10
-7
10
-8
10
-9
10
-10
10
1 10 100
1/2
∆ K (M Pa x m )
Différentes raisons motivent le choix d’une expression différente pour les rapports
de charge négatifs. Tout d’abord, l’utilisation de Kmax à la place de ∆K limite le décalage
des courbes vers la droite du diagramme et fait converger le faisceau de courbes obtenues
à différents R. Ensuite, le décalage des courbes est gouverné par le terme (1−R )m −1
lorsque R≥0 . Ainsi, lorsque m augmente, le décalage diminue pour une valeur de R
donnée et vice versa (Figure VII-2). Cette dépendance du décalage par rapport à m doit
être maintenue pour R≤0 . Enfin, l’utilisation de ce terme entraîne un décalage moins fort
pour une valeur négative de R donnée que pour la valeur opposée de R, ce qui est en
accord avec les observations expérimentales.
166 Chapitre VII. Lois de propagation
L’une des modifications les plus connues de la loi de Paris est la loi de Forman :
m
da =C× ∆K
Eq. VII-19
dN [(1−R )Kc −∆K]
Il s’agit en fait d’une amélioration de la loi de Walker puis qu’elle rend compte de
l’évolution asymptotique de la partie supérieure de la courbe de propagation lorsque Kmax
tend vers Kc.
-4
10
10
-5 R=0.50
R=0.75
-6
10
da/dN (m/cycle)
10
-7 R=0.10
-8
10
-9
10
-1 0
10
-1 1
10
1 10 100
1/2
∆ K (M Pa x m )
Figure VII-3 : Application de la loi de Forman dans le cas d’un alliage d’aluminium.
da =C× ∆K 2 −∆K 2
dN seuil ((1+∆K )
[Kc −K max ] ) Eq. VII-20
p
∆K
1− th
dN
[( ) ]
da =C× 1−f ∆K
1−R
n ∆K
K
q
Eq. VII-21
1− max
K crit
où C, n, p et q sont des constantes dépendantes du matériau et ajustées aux données
expérimentales.
Par ailleurs la fonction f, qui précisément rend compte des effets de fermeture, est
donnée par :
Kop
(
max R,A0 + A1×R +A 2×R 2 + A3×R 3 si R ≥0 )
f= = A0 + A1×R si −2≤R <0
K max A0 −2×A1 si R <−2
Les coefficients sont :
1
S α
A0 =(0,825−0,34α +0,05α 2 )× cos π max
2 σ0
S
A1=(0,415−0,071α )× max
σ0
A 2 =1−A0 −A1−A3
A3 =2A0 +A1−1 .
α représente le rapport de confinement entre contrainte plane et déformation plane et
Smax
est le rapport entre la contrainte maximale appliquée et la contrainte
σ0
d’écoulement.
Cette loi rend compte des comportements asymptotiques et intègre l’influence du
rapport R par l’intermédiaire notamment de la fonction f. On remarquera au passage que la
( )
définition du facteur 1−f est équivalente à celle du rapport U d’Elber.
1−R
La relation Eq. VII-21 fait intervenir la valeur du seuil pour le rapport R considéré.
Cette valeur est donnée par:
1
a 2
a +a 0
∆K th =∆K 0× (1+CseuilR ) Eq. VII-22
1−f
(1−A0 )×(1−R )
avec :
– ∆K0 : valeur du seuil pour R=0 ;
– a : longueur de fissure;
On peut noter que cette expression est similaire à celle proposée par El Haddad et al. (Eq.
VI-21).
168 Chapitre VII. Lois de propagation
1
α=1.5
0,8
0,6
max
/K
ouv
0,4
K
S σ =0.3
/σ
max 0
0,2
S σ =0.5
/σ
max 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1
R
3,00
2,50
(MPa x m )
1/2
2,00
seuil
∆K
1,50
1,00
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
R
où :
2. Lois empiriques 169
– t : épaisseur ;
– t0 : épaisseur de référence (déformations planes).
-3
10
R=0.70
-4
10
-5
10
R=0.00
-6
10
da/dN (m/cycle)
-7
10
-8
10
-9
10
-10
10
-11
R=0.50
10
1 10 100
1/2
∆ K (M Pa x m )
Figure VII-6 : Application de la loi NASGRO pour un alliage d’aluminium 2024 T351.
Cette loi est attrayante puisqu’elle couvre tout le domaine de propagation, depuis le
seuil jusqu’à la rupture, et intègre sur la base de phénomènes physiques l’influence du
rapport de charge R. L’identification de l’ensemble des paramètres requiert toutefois un
nombre important d’essais, y compris dans le domaine des basses vitesses. Néanmoins une
large base de donnée, couvrant différents types d’alliages, est disponible et est par exemple
intégrée dans le logiciel AFGROW.
dN
( )
log da =C1×arctanh{C2×[log(∆K )+C3 ]}+C4 Eq. VII-23
170 Chapitre VII. Lois de propagation
1. Concentration de contrainte
σyy
σentaille
σnom
2h x
ρ
2a
circulaire Kt est égal à 3. Dans le cas d’une plaque de largeur finie, la présence d’un tel
défaut entraîne une valeur de Kt comprise entre 2 et 3. Pour les entailles les plus courantes
on a :
K =1+ 1 Eq. VIII-1
t
2
ρ
2ρ 1+ 2
2ρ d
A +B
D−d d
avec :
- D : diamètre extérieur ou largeur extérieure de l’éprouvette;
- d : diamètre ou largeur à fond d’entaille;
- ρ : rayon à fond d’entaille;
- A et B paramètres liés à la nature de la sollicitation.
L’indice t signifie que la détermination de ces facteurs est réalisée dans le cadre de
la théorie de l’élasticité. Kt ne dépend que de la géométrie, essentiellement du rapport
entre le rayon d’entaille et une dimension caractéristique de la pièce (largeur sur la Figure
VIII-1). De nombreuses valeurs du facteur Kt ont été calculées et sont disponibles sous
formes d’abaques (abaques de Peterson par exemple).
Par définition, les valeurs de Kt ne sont valables que tant que la contrainte
maximale au voisinage de l’entaille n’excède pas la limite d’élasticité σy. Lorsque la
contrainte dépasse σy, l’écoulement plastique local modifie la forme du champ lié à
l’entaille et entraîne une diminution de la concentration de contrainte (relaxation) : un
matériau ductile possède donc une capacité d’adaptation à l’effet d’entaille. Pour un
matériau fragile en revanche, la rupture en présence d’une entaille pourra se produire pour
une contrainte appliquée relativement faible.
Notons enfin que le facteur de concentration de contrainte Kt est relié au facteur
d’intensité de contrainte KI par la relation:
[
K t = lim 1 K t σnom πρ
ρ→0 2
] Eq. VIII-2
Même si le comportement global de la pièce entaillée n’est que peu affecté par la
présence d’une entaille, on constate que la durée de vie sous sollicitation alternée est
fortement abaissée par rapport à une pièce lisse (sans entaille). Il est donc essentiel de
pouvoir quantifier et prédire cette diminution de la tenue en fatigue.
L’effet d’entaille sur la durée de vie se quantifie à l’aide du coefficient Kf défini par:
σ (K =1)
Kf = D t Eq. VIII-3
σD(K t )
avec σD limite de fatigue sur éprouvettes lisses ou pièces entaillées.
2. Cœfficient de réduction de durée de vie Kf 173
K −1
q= f Eq. VIII-4
K t −1
Le facteur q varie entre 0 pour un matériau non sensible à l’entaille et 1 en
l’absence d’adaptation. Dans ce dernier cas, qui correspond à celui d’un matériau
parfaitement fragile, l’effet de l’entaille sur la tenue en fatigue est égal dans ce cas à l’effet
théorique déduit de la valeur de Kt.
Il existe des formulation empiriques ou dérivées de l’expérience pour estimer Kf.
Neuber et Peterson ont proposé des relations similaires:
K t −1
Kf = 1+ Eq. VIII-5
γ
c
1+
ρ
où c est une longueur caractéristique dont la valeur est liée à la résistance et la ductilité du
matériau. Ainsi, pour les aciers doux, c vaut environ 0,25mm alors que sa valeur est
voisine de 0.025mm pour les aciers à haute résistance. Par ailleurs, l’exposant γ vaut 1
selon Peterson et ½ selon Neuber.
K
La Figure VIII-2 présente les variations du rapport f en fonction à rayon à fond
Kt
d’entaille pour différentes valeurs de Kt et de a selon l’expression proposée par Neuber. Ce
graphe fait ressortir une plus grande sensibilité à l’effet d’entaille des aciers à haute
résistance. Cette sensibilité à l’effet d’entaille est d’autant plus marquée que le rayon à
fond d’entaille est faible.
L’introduction de deux facteurs distincts de concentration de « contrainte » Kσ et
de concentration de « déformation » Kε permet de prendre en compte les effets de
plasticité. Ces deux facteurs sont liés au facteur de concentration de contrainte élastique
théorique par la relation:
K t = K σ×Kε Eq. VIII-6.
∆σ ∆ε
K f = K σ×K ε = × Eq. VIII-7,
∆S ∆e
174 Chapitre VIII. Fatigue des composants entaillés
1,00
a=0.025mm
0,90
K =2
t
3
0,80 K =2
5 t
t
K /K
a=0.25mm
3
f
0,70
5
0,60
0,50
0,1 1 10
ρ (mm)
Kf
Figure VIII-2 : Rapport en fonction du rayon en fond d’entaille pour différentes
Kt
valeurs de Kt et de a selon Neuber.
Si on admet que sous chargement cyclique, l’amorçage des fissures sur des
éprouvettes lisses et des éprouvettes entaillées d’un même alliage interviendra au bout
d’un même nombre de cycles dès lors que la quantité K f (∆S × ∆e ) sur éprouvettes
entaillées est égale à la quantité (∆σ )
× ∆ε sur les éprouvettes lisses. Les durées de vie
des deux types d’éprouvettes peuvent alors être corrélées sur un même graphe. Les
résultats obtenus sur éprouvettes lisses peuvent être utilisés pour tracer des courbes
maîtresses. La vérification de ce principe est illustrée sur la Figure VIII-3 dans le cas
d’alliages d’aluminium. La valeur de Kf est estimée à partir de la relation de Peterson (Eq.
VIII-5) avec a=0,071 mm. Il apparaît que les points expérimentaux relatifs aux résultats
sur éprouvettes entaillées sont très proches de la courbe maîtresse déduite des données sur
éprouvettes lisses (Figure VIII-3a) à l’aide de la relation Eq. VIII-8.
2. Cœfficient de réduction de durée de vie Kf 175
4
10
2024 T4
7075 T6
éprouvettes lisses
(MPa)
1/2
∆σ ∆ε E)
(∆σ
3
10
0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10
2N
f
(a)
4 4
10 10
7075 T6 K =2,00, K =1,92
t f 2024 -T6
K =4,00, K =3,00
t f
K =4,00, K =3,00
(MPa)
(MPa)
t f K =2,00, K =1,92
t f
1/2
1/2
∆ S ∆ e E)
3
1/2 10
Donc: K (∆S ∆e E) = K ∆S
f f
3
10
K (∆
K (∆
f
2
10
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
2N 2N
f f
(b) (c)
Figure VIII-3: Prédiction des durées de vie sur éprouvettes entaillées à partir de courbes
maîtresses.
Kt , Kε , Kσ
Kε Kt Kσ
Domaine
Kε
élastique Domaine
élasto-plastique
Kt Kσ Kε
Kσ
σy σs
Figure VIII-4: Evolution des facteurs concentration de contraintes et de déformations
locales comparées au facteur de concentration de contrainte élastique.
Neuber a démontré, dans un cas de sollicitation particulier, que cette relation reste
valable même lorsque la contrainte locale en fond d’entaille dépasse la limite d’élasticité.
Il propose donc de l’étendre à tous les types de chargement. En d’autres termes, même si
au-delà de la limite d’élasticité la valeur de K ε augmente et celle de K σ diminue, le
produit de ces deux quantités reste constant. Toutefois, cette règle n’est a priori applicable
que dans le cas où la contrainte nominale reste dans le domaine de déformation élastique.
Dans ce cas, qui est de fait le plus couramment rencontré dans la pratique, la
relation Eq. VIII-10 peut s’écrire:
3. Approches fondées sur l’amplitude locale de déformation 177
(K t ×S)2
σ×ε= Eq. VIII-11
E
La règle de Neuber exprimée par la relation Eq. VIII-11 peut être interprétée
graphiquement. Le terme de droite représente le comportement en fond d’entaille d’un
matériau parfaitement élastique. La contrainte locale vaut donc K t ×S . Le terme de droite
correspond au double de l’aire (1) sous-tendue sous la courbe de traction de ce matériau
jusqu’à cette valeur de la contrainte (Figure VIII-5). La solution est obtenue en égalant
l’aire (2), correspondant à la moitié du terme de gauche de Eq. VIII-11, à l’aire (1). Cette
procédure peut facilement être implantée en post-traitement d’un calcul par la méthode des
éléments finis.
Kt x S
1 2
ε
(Kt x S)/E
Par ailleurs, lorsque l’écrouissage peut être décrit à l’aide d’une loi de Ramberg-
Osgood, la relation Eq. VIII-11 s’écrit:
σ2
σ×ε= +σ σ n
E K
1
[] Eq. VIII-12
On obtient :
σ2
+ σ
2E 2 K
σ[]
1 (
n =
K t ×S)2
2E
Eq. VIII-13.
Cette règle peut être étendue aux chargements cycliques en remplaçant les valeurs
de contraintes par les amplitudes correspondantes et en considérant les paramètres de la loi
de Ramberg-Osgood cyclique:
178 Chapitre VIII. Fatigue des composants entaillés
(∆σ2 )2
∆σ ∆σ
1
n' (K t ×∆S )
2
+ 2 2 = 2 Eq. VIII-14
2E 2 K' 2E
σ
σ x ε=constante
A
Boucle
d’hysteresis
∆σ x ∆ε=constante
∆ε ε
D’une manière plus générale, l’équation Eq. VIII-11 peut être résolue
graphiquement. Il existe a priori une infinité de couples de valeurs (∆σ,∆ε ) solutions du
problème pour une valeur donnée de ∆S. Cette indétermination est levée en considérant
que le couple solution appartient nécessairement à la courbe de consolidation cyclique du
matériau. La Figure VIII-6 illustre cette résolution. On considère tout d’abord les valeurs
des contraintes et déformation locales créées par une mise en charge jusqu’à une valeur
nominale Smax. Ces valeurs sont obtenues au point A qui représente le point d’intersection
(K t ×Smax )2
entre la courbe de consolidation et l’hyperbole donnée par : σ×ε= =cons tan te .
E
Si maintenant le sens du chargement nominal est inversé jusqu’à une valeur en
compression Smin, l’amplitude de contrainte nominale vaut : ∆S=Smax −Smin . Les
amplitudes de contraintes et déformations locales engendrées en fond d’entaille sont σ et
ε respectivement. Pour déterminer ces valeurs, l’origine du plan contraintes-déformations
est placée en A. On utilise la courbe de consolidation et l’hyperbole de Neuber
(K t ×∆S)2
représentant la condition ∆σ×∆ε= =cons tan te pour trouver le point B de
E
coordonnées ε- σ correspondant au fond d’entaille sous la contrainte nominale Smin.
3. Approches fondées sur l’amplitude locale de déformation 179
Tous les chargements ultérieurs sont ainsi déterminés de la même manière. Cette approche
peut être aisément implantée dans les codes de calcul. Dans le cas de chargement à
amplitude variable, il convient d’intégrer un calcul de cumul de dommages.
Glinka a proposé une approche énergétique basée sur le calcul des contraintes et
déformations locales en présence d’une entaille, encore appelé critère EDE (Energie de
Déformation Equivalente). En supposant que les contraintes en fond d’entaille restent
uniaxiales et purement élastiques, l’énergie de déformation par unité de volume locale est
donnée par :
ε σ2
Wlocale = σ(ε )dε= Eq. VIII-15
0 2E
ε S2
Wno min ale = S(e)de= Eq. VIII-16
0 2E
Kt x S
1 2
ε
(Kt x S)/E
180 Chapitre VIII. Fatigue des composants entaillés
Si l’on compare les valeurs obtenues par les deux approches en utilisant une loi de
Ramberg-Osgood, on a:
(∆σ2 )2
∆σ ∆σ
1
n' (K t ×∆S )
2
+ 2 2 = 2 Neuber
2E 2 K' 2E
(∆σ2 )2
∆σ ∆σ
1
(
n ' K ×∆S 2
t )
+ 2 2 = 2 EDE
2E 1+ n ' K ' 2E
Les deux expressions ne diffèrent donc que par le facteur du deuxième terme du
membre de gauche de chacune des relations. Compte-tenu des valeurs usuelles de n’, on a :
1 < 1 . Il s’ensuit que, pour une valeur de ∆S donnée, la valeur de ∆σ requise pour égaler
2 1+ n '
le terme de droite sera plus élevée dans la règle de Neuber que dans le cas EDE.
Cette surestimation des valeurs locales par la règle de Neuber peut se visualiser en
comparant la Figure VIII-5 et la Figure VIII-7. En effet, il apparaît clairement que, pour
égaler l’aire (1) déterminée par le chargement global et identique dans les deux approches,
3. Approches fondées sur l’amplitude locale de déformation 181
y σyy
r
θ x
ρ
a 2a
l
c 2c
l l
l
a
Figure VIII-9: Nomenclature pour les différentes entailles : bord, interne, profonde.
4. Approches fondées sur la mécanique de la rupture. 183
Lorsqu’une fissure se propage à partir d’entailles telle que celles représentées sur la
Figure VIII-9, sa « force motrice » est affectée par le champ de contrainte lié à l’entaille.
Lorsque la fissure atteint une taille suffisante, l’effet de l’entaille ne se fait plus sentir et
l’on retrouve les conditions de propagation d’une fissure longue. La prise en compte de
l’effet d’entaille et la détermination du facteur d’intensité de contrainte en pointe de
fissure dans le gradient de contrainte engendré par l’entaille sont nécessaires à une
description réaliste des conditions de propagation.
Considérons une plaque contenant un trou circulaire de rayon c avec une fissure de
fatigue émanant du trou et se propageant sous un chargement d’amplitude constante ∆S à
R=0. Lorsque la longueur de fissure est petite par rapport au rayon du trou c, la solution
analytique pour le facteur d’intensité de contrainte est donnée par:
a
c
1,0 1,2 1,4 1,6
6,0 2c
2a
S
4 ,0
K K=β×S πa
S× πc K=1,12×Kt×S π
0
2 ,0
Solution numérique
0
0 0,2 0,4 0,6
c
Les comportements prédits par ces équations sont comparés aux résultats
numériques sur la Figure VIII-10. Ainsi, lorsque la fissure se développe, la solution
numérique suit dans un premier temps la solution de Eq. VIII-23 puis, après un régime
transitoire se rapproche du comportement prédit par Eq. VIII-22. On observe donc une
transition d’un régime de propagation contrôlé par l’état local de contrainte en fond
d’entaille à un régime gouverné par la contrainte nominale. Cette transition se produit à
l’intersection des courbes correspondantes pour une longueur de fissure:
c
0=
[ ]
(1,12K t /β)2 −1
Eq. VIII-25
Il s’ensuit que, pour les fissures longues, l’entaille n’a d’importance que dans la
mesure où sa taille doit être prise en compte dans la longueur totale de la fissure pour le
calcul du facteur d’intensité de contrainte.
Afin de décrire le comportement transitoire prédit par les calculs numériques,
différents auteurs ont proposé des formulations qui étendent la relation Eq. VIII-23. Par
exemple, Lukas et Klesnil ont montré que la relation :
constitue une bonne approximation des résultats numériques pour les faibles valeurs de
/ ρ et des valeurs du facteur de concentration de contrainte Kt>3.
En réalité dans le cas d’entailles profondes (Figure VIII-9), c et a ont des
définitions différentes, ce qui conduit à l’expression plus générale:
c
0= 2
Eq. VIII-27
1,12×K t
±1
β
Les premiers stades de la propagation peuvent être affectés par l’effet d’entaille.
Ainsi la propagation peut s’arrêter après qu’une fissure se soit amorcée et se soit propagée
au sein de la zone affectée par l’entaille.
Nous avons vu que les fissures longues se propagent dès lors que ∆K >∆Kseuil et
que les fissures courtes peuvent se propager à des valeurs de K inférieures à Kseuil.
4. Approches fondées sur la mécanique de la rupture. 185
(∆σ)
log(∆σ)
Entaille aigue
Entaille émoussée
-1/2
1
log (l)
Figure VIII-11: conditions de propagation pour une fissure émanant d’une entaille.
Le point de tangence avec le diagramme de Kitagawa indique les conditions de
propagation. Il apparaît que l’amplitude de contrainte S nécessaire pour faire propager
une fissure à partir d’une entaille aiguë est plus faible que celle requise lorsque le rayon
d’entaille est plus élevé. Une dépendance inverse est observée pour les longueurs de
défauts. Ainsi, pour une entaille aiguë, la fissure doit atteindre une certaine longueur avant
de pouvoir se propager d’elle-même; la longueur requise en présence d’une entaille à fort
rayon sera plus faible.
1. Aspects phénoménologiques
Les différents niveaux de charge d'un spectre interagissent entre eux de façon
complexe. La compréhension des effets d’histoire de chargement sous spectre nécessite de
considérer des chargements simplifiés par rapport aux spectres réels. Le cas le plus
simple , mais toutefois riche d’enseignement, est constitué par une surcharge décrite ci-
après.
∆K
Kpic
Kmax
∆Kbase
a a
da/dN da/dN
S
S
N N
a a
da/dN da/dN
S S
N N
a da/dN
(da/dN)0
S
aR
(da/dN)min
S NR
N a
N0 NS a* aR
– l'
état de contrainte (déformations planes, contraintes planes ou mode mixte): on
constate expérimentalement que le retard est plus prononcé sur des tôles minces,
où l’état de contraintes planes prédomine, que sur des pièces de plus forte
épaisseur en déformations planes prédominantes. Empiriquement, cette
différence peut s’expliquer par des tailles de zones plastifiées plus importantes
en contraintes planes qu’en déformation planes.
Figure IX-4 : Effets de surcharges répétées sur la surface de rupture dans un acier
faiblement allié (simulation de spectres hélicoptères, G. Hénaff).
1. 3. a. Changements de niveaux
1. 3. b. Sous-charge
1. 3. c. Effets combinés
variable.
L’idée de base dans ce type d’approche est que les variations aléatoires de
l’amplitude de contrainte vues en pointe de fissure peuvent être décrite à l’aide de la valeur
moyenne de l’amplitude du facteur d’intensité de contrainte définie par:
n
∆K i
∆K moy = i=1 Eq. IX-1
n
où ∆Ki représente l’amplitude du facteur d’intensité de contrainte au cycle i au sein d’une
séquence de n cycles. On peut noter au passage que pour un chargement d’amplitude
constante ∆K on a : ∆K moy =∆K.
2.Modèles de propagation sous chargement à amplitude variable. 193
Dans ce type d’approche, l’avance au cours d’une séquence est supposée être la
somme des avancées élémentaires au cours de chaque cycle de la séquence:
n
∆a séquence = ∆a i
i =1
Les modèles diffèrent par la méthode utilisée pour estimer l’avance élémentaire en
fonction de l’histoire de chargement. Ils s’appuient sur les causes supposées du retard.
Ainsi, les modèles empiriques sont basés sur des effets d’interaction entre la zone
plastifiée créée lors de la surcharge et la zone plastifiée courante associée au chargement
de base. D’autres modèles, basés sur le concept de fermeture, se proposent de déterminer
l’évolution de la charge à l’ouverture au cours de la séquence. Quelques modèles
caractéristiques de ce type d’approche sont décrits dans le paragraphe suivant.
plastifiées
λ
R0
Cp = Eq. IX-2
R pic
où R0 désigne la taille de la zone plastifiée courante, Rpic est la taille de la zone plastifiée
créée par la surcharge et λ est un paramètre propre au matériau.
Il en découle:
2λ
K
Cp = max
K pic
=1
τ
()
2λ
Eq. IX-3
λ
R0
Cpi = avec βi =a 0 + R pic −ai Eq. IX-4.
βi
Le retard disparaît lorsque Cpi =1 , c’est-à-dire lorsque la zone plastifiée courante vient
tangenter l’extrémité de la zone plastifiée créée par la surcharge. La confrontation des
prédictions avec les données expérimentales montre que le paramètre λ dépend de
plusieurs paramètres d’essai.
ai βi
R0
a0
Rpic
K min eff
R eff = Eq. IX-5
K max eff
avec:
K min eff =K min −K R et K max eff =K max −K R Eq. IX-6.
ai Req
R0
a0
Rpic
2
KR
La taille de la zone plastifiée équivalente R eq est donnée par R eq = 1 où α décrit
απ σ y
l’état de contrainte.
Il s’ensuit : K R = απ ×σ y× a 0 + R pic −a i , soit encore:
ai−a 0
K R =K pic× 1− Eq. IX-8.
R pic
a −a
K R =φ K pic× 1− i 0 −K max Eq. IX-9
Rpic
avec:
∆Kseuil0
1−
K max
φ= Eq. IX-10
(τcrit −1)
où ∆Kseuil0 représente la valeur du seuil pour R=0 et τcrit la valeur critique du taux de
surcharge entraînant un arrêt de la propagation.
La valeur de Kpic est remise à jour chaque fois que la charge maximale excède la
précédente valeur maximale, ou lorsque la zone plastifiée courante s’étend au-delà de la
zone créée par la dernière surcharge. Par ailleurs, ce modèle utilise la valeur de
τcrit comme paramètre « matériau » pour contrôler l’effet d’histoire de chargement. A titre
indicatif, on a τcrit =2,0 pour les aciers, τcrit =2,7 pour les alliages de titane et τcrit =3,0
pour les alliages d’aluminium. Dans ce modèle, AFGROW rend compte également des
effets de sous-charges éventuelles en compression en modifiant la taille de la zone
plastifiée créée par la surcharge de la façon suivante:
σcomp
R pic = 1−0,9×abs ×R pic Eq. IX-11.
σpic
AéroSpatiale)
P P
Pmax ref
Pmin ref
t t
n cycles n cycles
eq
Figure IX-8 : Principe du modèle PREFFAS.
(i). La fissure se propage à chaque cycle par formation de strie. Ce modèle est donc
(ii). Ce modèle repose sur le concept de ∆K eff introduit par Elber. Au cycle i,
l'
incrément de fissuration est donné par:
m =C× K
∆ai =C×∆Keff (
maxi −K ouvi ) Eq. IX-12.
(iv). Au cycle i, on considère toutes les valeurs K max j (j < i). A une valeur Kmaxj est
( )
associée une valeur K min k définie par : K min k = inf K min p (Figure IX-9). A ce
p= j+1ài
couple correspond une valeur de Kouvj :
198 Chapitre IX. Propagation sous chargement à amplitude variable
(
K ouv j =K max j −U(R)× K max j −K min k ) Eq. IX-14
K
avec U(R )=A× min,k +B
K max, j .
Finalement:
(
K ouv,i = sup K ouv, j ) Eq. IX-15
j=1ài −1
avec :
K
U(R )=A× min,k + B Eq. IX-16
K max, j
(v). On suppose enfin qu’il n’y a pas d’effet d’évanescence, c’est-à-dire que la valeur
de Kouvi est supposée indépendante de l’avancée de la fissure entre les cycles
fournissant les valeurs d’histoire permettant de la calculer et le cycle i considéré.
- un premier essai conduit sous chargement à amplitude constante avec une valeur
du rapport de charge faible (typiquement R=0,1) ;
Kmaxi
Kmaxj
∆Keffi
Kouvi
Kmini
Kminj Kmink
n n
∆a = m
∆a i =C× ∆Keff Eq. IX-17.
i =1 i =1 i
[
∆a =C×β f(a) πa ]m×i=n1∆Peffm i Eq. IX-18.
n
Le terme m est défini comme l’efficacité de la séquence notée EF.
∆Peff
i =1 i
L’efficacité est donc un terme caractéristique du spectre considéré et intégrant les
caractéristiques « matériau » par le biais de l’exposant de la loi de Paris. On a donc:
[
∆a =C× f(a) πa ]m×EF . Eq. IX-19
Eq. IX-20.
En égalant les relations Eq. IX-9 et Eq. IX-10 on en déduit le nombre de cycles Neq
du chargement équivalent :
200 Chapitre IX. Propagation sous chargement à amplitude variable
EF
N eq =
(
(a×R ref + b)× Pmax eq −Pmin eq m) Eq. IX-21.
2Pmin
U=B× 1+α Eq. IX-16
R m + R 0 ,2
Les Figure IX-10 et Figure IX-11 présentent des exemples d’application du modèle
PREFFASS à deux types d’alliages et deux types de spectre. Le premier exemple (Figure
IX-10 ) concerne deux alliages d’aluminium utilisés en construction aéronautique et un
spectre de type mini-Twist représentatif du chargement vu par un intrados de voilure
d’avion de transport. Sur les essais de calibration, il apparaît que l’alliage 2124 présente
une meilleure résistance à la fissuration que l’alliage 2618 (alliage du Concorde),
principalement par le biais d’effets de fermeture plus marqués pour une valeur de R
donnée. Cette meilleure résistance du 2124 se trouve confirmée pour les essais sous
spectre, où la durée de vie obtenue pour cet alliage est environ 3 fois supérieure à celle
mesurée pour l’alliage 2618. On note également que les prédictions fournies par le modèle
PREFFASS pour le 2618 sont proches de celle obtenue par un calcul de cumul simple ne
prenant pas en compte les effets d’interaction, ce qui traduit un faible effet retard induit
par les surcharges au sein du spectre. En revanche la différence entre les deux calculs est
bien marquée dans le cas de l’alliage 2124, ce qui traduit des effets d’interaction plus
importants.
4. Approches basées sur les effets de fermeture de fissure 201
10-3 10
-3
U=0,63+0,37 R U=0,71+0,29 R
-5
da/dN(m/cycle)
-5
da/dN(m/cycle)
10 10
-6 -6
10 10
-7
10 sans surcharge 10
-7
sans surcharge
avec surcharge
avec surcharge
-8 -8
10 10
5 6 7 8 9 10 20 30 40 5 6 7 8 9 10 20 30 40
1/2 1/2
∆ K (MPa x m ) ∆ K (MPa x m )
55
50
longueur de fissure (mm)
45
40
35
40CDV12
R=0,01
τ=1,7/1000 cycles
C /C =2,2
1 2
-8 2,4
-6 da/dN=7,5x10 ∆K
10 eff
U=0,75+0,25 R
da/dN (m/cycle)
-7
10
R=0.01
τ=1,7/1000cycles
P
-8
10
10 100
∆ K (MPa x m )
1/2 t
70
40 CDV 12
60 expérience
SEI
longueur de fissure (mm)
PREFFAS
50
40
30
20
10 4 5 5 5
0 5 10 1 10 1,5 10 2 10
Nombre de vols
entre les deux approches réside essentiellement dans les développements numériques et les
temps de calcul nécessaires à leur mise en œuvre.
Smax Smin
y y
x x
c ρ ω
c
W W
ασ0 ασ0
σ x σ x
−σ 0
−ασ0 −ασ0
(a) Contrainte maximale (b) Contrainte minimale
compression la plus forte pour ouvrir totalement la fissure, ce qui définit le point
d’ouverture. La contrainte à l'ouverture σouv est donc calculée en fonction de l' histoire de
chargement et de la longueur de fissure; la valeur de σouv est à son tour utilisée pour
évaluer Keff et donc l' incrément de fissure via une loi de propagation da/dN = f( Keff).
On suppose que les données de propagation obtenues pour toute valeur du rapport R se
regroupent sur une courbe unique lorsqu’elles sont exprimées en fonction de Keff .
FASTRAN utilise un facteur de confinement pour modifier la contrainte
d’écoulement afin de prendre en compte l’état de contrainte local. La valeur de ce facteur
varie entre 1 pour un état de contrainte plane et 3 pour un état de déformation plane. La
valeur de ce facteur peut être différente pour la compression. Les contraintes d’écoulement
en traction et en compression sont alors données par:
σy + σm σ y + σm
σ 0 (traction ) = α et σ 0 (compression ) = β Eq. IX-22.
2 2
50
α<2
1<α α=2
40
α=1
longueur de fissure c (mm)
essais
30
20
10
2024-T3
spectre TWIST
0
0 5 10 15 20 25 30
3
Nombre de vols (x10 )
Figure IX-13 : Comparaison des prédictions de FASTRAN avec des données d’essais
pour un spectre TWIST appliqué à un alliage d’aluminium (D’après JC Newman Jr).
1. Motivations et Objectifs
σmax)
Log (σ
σmax(R)
p
σmax(0,1)
R=0,1 R Ν)
Log (Ν
105
La durée de vie N1 associée à une amplitude de contrainte ∆σ1 est liée à la durée
de vie N2 obtenue pour une amplitude ∆σ 2 par la relation:
p
∆σ1 N
= 1.
∆σ 2 N2
Le point obtenu sur la courbe à R=0,1 pour une durée de vie de 105 cycles sert de
référence (Figure X-1). Cette durée de vie est sélectionnée car elle est représentative des
objectifs de durée de vie pour différents appareils. Le rapport R=0.1 est quant à lui choisi
pour les raisons suivantes:
- il est représentatif des chargements avions car la fatigue des éléments de fuselage est
liée aux cycles de pressurisation de la cabine pour lesquels le rapport de charge est :
R=0 ; de même, la majeure partie de l’endommagement de l’intrados et extrados de la
voilure lié à un cycle sol-air-sol est proche des conditions R=0.
- les essais de fatigue sont le plus souvent conduits à R=0,1.
( )q
avec : f(R)= 1−R , où l’exposant q est un paramètre du matériau considéré.
0.9
Ces relations donnent alors la durée de vie moyenne exprimée sous la forme :
p
IQF
N=105× Eq. X-2
((1−R )/0.9)q×σmax(R )
avec p=4.5 et q=0.6 pour les alliages d’aluminium.
Enfin, des essais technologiques « en pyramide » conduisent à une expression de la
valeur moyenne de l’IQF en fonction de paramètres supposés indépendants :
– E : effet d’échelle;
Taille de défaut
Rupture
Essai échelle 1
Défaut
initial
Figure X-2 : Défaillance prématurée en présence d’un défaut par rapport à un essai
grandeur nature.
Tenue de la structure
Charge extrême
CND
VISUEL
Charge limite
Période d’inspection
Temps de service
(a)
Longueur de fissure
Intervalle d’inspection
Temps de service
Période d’inspection
(b)
Figure X-3 : Tenue en fatigue d’un détail structural en service (a) évolution de la
résistance de la structure en fonction du temps de service ; (b) évolution de la taille de
défaut, définition de la période d’inspection.
Suivant ce concept, toute structure doit pouvoir, à tout moment au cours de son
utilisation, supporter une charge limite fixée lors de la conception. On considère cette
charge limite comme la valeur maximale des efforts susceptibles d’être vu en service,
même avec une probabilité extrêmement faible (cas de la vague séculaire pour une
1. Motivations et Objectifs 211
structure off-shore par exemple). Cette charge limite ne doit toutefois pas engendrer la
ruine de la structure à tout instant de sa durée d’utilisation. La charge extrême est ensuite
définie comme le produit de la charge limite par un facteur de sécurité (typiquement 1.5).
En présence de fissures, la résistance est inférieure à la résistance initiale déterminée lors
de la conception, de sorte que la rupture pourrait survenir pour des charges proches de la
charge limite (Figure X-3 a). La tolérance aux dommages consiste à garantir la capacité
d'une structure à supporter un endommagement sous forme de fissures, sans conséquence
catastrophique, même sous cette charge extrême, et ce jusqu' à ce que la pièce défaillante
soit détectée et réparée ou que la structure arrive au terme de sa durée de vie. Il faut donc
disposer d’une courbe donnant l’évolution de la taille du défaut en fonction du chargement
appliqué à la structure, depuis une taille correspondant généralement au seuil de détection,
jusqu’à la taille critique pour laquelle la résistance résiduelle ne permet plus de supporter
la charge limite. Une telle courbe est schématisée sur la Figure X-3 b. Elle permet de
définir la période durant laquelle les inspections doivent être menées. L’intervalle
d’inspection est généralement défini comme une fraction arbitraire de cette période
d’inspection.
Taille de dé faut
2
2
1 1
Période d’inspe ctio n Pé riode d’inspe ctio n
Taille c ritique
à la cha rge limite
Vale ur « sûre » Taille c ritique
de dé te ction à la cha rge limite
1 2
e nt e nt
1
é lé m nt 2 é lé m
t
é lé me
en
ém
él
N ombre de vols
Taille de défaut
À justifier en durée de
vie sûre
Structure à chemin
Structure non d’effort unique
tolérante aux tolérante aux
dommages dommages
Période
d’inspection
Taille critique
Valeur « sûre » à la charge limite
de détection
Taille critique à
la charge limite
Valeur « sûre »
de détection
Nombre de vols
Figure X-4 : Tolérance aux dommages appliqué aux structures redondantes et à chemin
unique d’effort.
212 Chapitre X. Tolérance aux dommages
Mise à jour
Justification en TolDom
Analyse en TolDom
Identification
des points critiques
Détectabilité
Validation par essais sur détails
du dommage
structuraux
et structure complète
Mesures sur structure Spectre de chargement
Période d’inspection
Intervalle d’inspection
Retour d’expérience
L’analyse en tolérance aux dommages doit par conséquent fournir les éléments
suivants:
- l'
évolution de la résistance résiduelle en fonction de la taille de fissure;
- la taille de fissure admissible;
- le temps de propagation depuis le seuil de détection;
- la taille de défaut initial admissible dans une nouvelle structure;
- l'
intervalle d'
inspection ou de remplacement.
La justification en tolérance aux dommages inclut, outre l’analyse décrite ci-
dessus, la procédure d’inspection, les essais sur éprouvettes technologiques et sur structure
complète, avec remise à jour en continu en fonction du retour d’expérience (Figure X-5).
2. Résistance résiduelle 213
2. Résistance résiduelle
80 250
2024 T851
TA6V
70
20°C
200
60
)
)
1 /2
1/2
K (MP axm
K (MP ax m
50 150
150°C
C
40
25°C
100
-100°C
30
20 50
2 4 6 8 10 12 14 0 10 20 30 40 50
Pour une structure à chemin de charge unique telle qu’un panneau non raidi, le
diagramme de résistance résiduelle en déformations planes est constitué d’une seule
courbe. La procédure d’identification du diagramme implique la détermination de la
contrainte à rupture σf pour la taille de défaut critique a c en utilisant la relation:
té nacité
té nacité
aciers
aciers
Figure X-7 : Influence de l’épaisseur (a), la limite d’élasticité (b), la température (c) et la
vitesse de chargement (d) sur la valeur de la ténacité.
2. Résistance résiduelle 215
Résistance résiduelle σf
Taille de défaut a
Figure X-8 : Diagramme de résistance résiduelle pour un panneau non raidi.
rivets
2a
2r
(a)
2r 2r
β= K L
σ πa
(b) 2a (c) 2a
rivets
2a
R ésistance résiduelle σ f
2r
Positio n d u ra id isse ur
Pannea u no n ra id i
Taille de défaut a
requis pour atteindre ap constitue une donnée essentielle. Cette courbe est obtenue par
intégration de la loi de propagation, identifiée sur éprouvette normalisée, permettant de
prédire la vitesse de propagation en fonction de l’amplitude de contrainte. Il est clair que
plus la description de la courbe de propagation est précise, plus la prédiction du temps H
sera réaliste. Un trop grand conservatisme s’avère très vite pénalisant en terme de
dimensionnement ou d’intervalle d’inspection.
Taille de défaut
Résistance résiduelle
Résistance Durée de vie en propagation
initiale ap
σp
a0
σmax H
ai
Taille de défaut Temps
ap ac
t1 t2
ai: taille de défaut initial
a0: seuil de détection CND
Examen visuel
Moyens CND
sophistiqués
Période d’inspection courte
mais moyens d’inspection peu coûteux
B A B
Épaisseur de paroi
Fissure traversante
2c
moment, la variation de facteur d’intensité de contrainte est telle que la fissure se propage
de façon quasi-instantanée jusqu’à atteindre le point B. Dès lors la fissure est considérée
comme traversante avec une longueur initiale égale à 2c. La valeur du facteur correctif β
se trouve modifiée. Cette modification peut éventuellement conduire à la rupture. Sinon, la
nouvelle valeur du facteur d’intensité de contrainte contrôle la propagation stable de la
fissure.
Dans les cas où les inspections ne peuvent être mises en œuvre (difficulté
d’accessibilité des zones susceptibles de présenter des criques par exemple), on est amené
à formuler une hypothèse sur la taille ai d’un défaut initial éventuellement présent dans la
structure. Le temps H requis pour faire croître la fissure de sa taille initiale ai à la taille
critique ap correspondra à la durée de vie disponible pour cette structure: on parle alors
d’approche en « durabilité ». Dans ce type d’approche, la structure ou la pièce devra être
retirée après un temps d’utilisation H/2.
L'
inconvénient de cette procédure réside dans le surcoût engendré. Comme le
temps de propagation H doit être le plus long possible, le dimensionnement s' en trouve
alourdi et plus coûteux. De plus, la pièce devra impérativement être rebutée après H/2.
Le problème majeur réside dans l' hypothèse du défaut initial. Dans le meilleur des
cas, il correspondra à la taille de défaut maximale permettant de passer les tests de qualité.
Cette approche trouve néanmoins un sens dans les structures soudées qui comportent
effectivement des défauts (porosité, fusion incomplète, …).
Par ailleurs, les tailles de défaut initial à prendre en compte dans un
dimensionnement en durabilité peuvent correspondre au domaine de fissures courtes.
L’utilisation de données fissures longues peut par conséquent conduire à des résultats
non-conservatifs.
L'essai de surcharge (proof test) est à envisager dans les cas où la ténacité est
faible. Dans de tels cas, la taille de défaut admissible ap est inférieure au seuil de détection
ad. Cette procédure est également retenue pour des structures très importantes en taille
telles que les pipelines. Au bout d' un temps d'utilisation donné, on retire une pièce que l'on
soumet à un essai de surcharge caractérisé par une contrainte σsurcharge supérieure à σp
(Figure X-14). Il y aura rupture si un défaut de taille supérieure ou égale à asurcharge est
présent dans la pièce. Dans le cas contraire, la taille maximale de défaut présent dans la
structure est asurcharge. Par conséquent, la structure peut opérer sans danger pendant un
temps H correspondant à la propagation de asurcharge à ap. On conduit ensuite des essais
réguliers à intervalle H. La durée de vie peut être étendue tant qu' aucune rupture n' est
observée.
Les essais de surcharge sur des structures autres que des réservoirs sous pression
sont parfois délicats à mettre en œuvre. Une solution peut consister à refroidir la pièce
durant l'essai de façon à abaisser la ténacité du matériau. La même taille asurcharge peut
ainsi être estimée à des niveaux de contrainte inférieurs (Figure X-14 b et c).
220 Chapitre X. Tolérance aux dommages
ad
ap
a surcharge H
N ou Temps
(a)
σ résiduelle σ résiduelle
Résistance résiduelle nominale
Résistance résiduelle durant
σ surcharge l’essai de surcharge
σp T ambiante
σ surcharge
À froid
(b) (c)
L'analyse en tolérance aux dommages doit fournir les informations pour mettre en
œuvre les inspections: ce n'est donc qu'une étape du processus de prévention de la rupture.
La justification en tolérance aux dommages consiste à démontrer que les exigences de
tolérance aux dommages peuvent être satisfaites. Pour répondre à cet objectif, on utilise
essentiellement des approches analytiques. Des essais, notamment en grandeur nature, sont
nécessaires pour valider cette analyse.
L'analyse se déroule généralement suivant le schéma suivant :
– Calcul de la durée de vie en propagation cycle par cycle en utilisant des données
en chargement à amplitude constante;
– Si un modèle d'interaction est utilisé il doit être validé par des essais (modèles
conservatifs);
La validation finale est le retour d' expérience sur la détection de fissures et les
spectres de chargement relevés. Les calculs sont ensuite remis à jour et les intervalles
d'inspection sont réévalués.
Généralement l' analyse de la résistance résiduelle est conduite dans le cadre de la
Mécanique Élastique Linéaire de la Rupture en utilisant le facteur d' intensité de contrainte
K.
Calcul de facteur
Spectre d’intensité
de contrainte Données
de chargement de ténacité
σ K=βσ πa Kc
K
KIc
t épaisseur
Calcul
en propagation
Résistance
résiduelle
Données de
propagation a
da/dN R3 >R2 >R1
Évaluation
de la durée de vie
a
∆Κ
On suppose en outre que la propagation se fait essentiellement par fatigue (et non
par fluage ou corrosion sous contrainte par exemple) sans toutefois exclure des formes
d'
interactions entre ces différents modes d’endommagement.
222 Chapitre X. Tolérance aux dommages
L'
analyse de résistance résiduelle repose généralement sur un critère lié à la
ténacité KIc ou Kc. La résistance résiduelle est obtenue par :
da
= f (∆K, R , …) Eq. X-6
dN
La limite d'
élasticité peut intervenir notamment lorsque des effets d'
interaction sont
à prendre en compte. Toutefois les analyses menées négligent parfois les effets « retard »
afin d’obtenir des prédictions conservatives.
D'
autres difficultés doivent être prises en compte si l'
environnement change en
cours d'
utilisation (transport terrestre, ponts, avions, plate-formes off-shore et autres
4. Mise en œuvre de l’analyse en tolérance aux dommages 223
structures soumises aux conditions météorologiques). Par exemple, une aile remplie de
carburant s'
échauffe alors que l'
avion stationne sous le soleil. Durant la phase de montée
où la plupart des charges sont rencontrées le matériau est chaud, l'
air est chaud et la teneur
en humidité élevée. Durant le vol de croisière la structure et le carburant redescendent à -
55°C. La vitesse de propagation par fatigue à ce moment est diminuée d'
un rapport 3
environ par rapport à la propagation à l'
air humide. Lors de la descente la structure est
froide mais l'
air est chaud et chargé en humidité plus éventuellement en certains polluants,
ce qui induit des vitesses largement supérieures et des comportements plus complexes. Par
conséquent, les changements d'
atmosphères mettent en défaut les lois de propagation qui
ne peuvent rendre compte des changements de mécanismes dépendants du temps. Ces
phénomènes sont le plus souvent appréhendés à l’aide de règles "ingénieur" adaptées au
cas considéré. Dans le cas d’un matériau donc le comportement en propagation peut être
décrit par une loi type Paris, en supposant en outre que le changement d'
environnement
n'
affecte que le cœfficient C et pas l'exposant m, une valeur moyenne du facteur Cmoy
pondérée par la durée d’exposition de la structure dans chaque type d'
atmosphère.
En outre, en fatigue-corrosion, le comportement en propagation peut difficilement
être décrit par des lois de type Paris, notamment en présence de plateau (cf. Figure VI-19),
qui en outre ne peuvent rendre compte de l’influence de la fréquence. Il convient alors
d’utiliser des données tabulées associées à une procédure d’interpolation.
4. 1. b. Facteurs géométriques
• utilisation des fonctions de poids en liaison avec les calculs éléments finis
de la structure non fissurée.
224 Chapitre X. Tolérance aux dommages
K K K
σij = flex fij(θ)+ tract fij(θ)= total fij(θ) Eq. X-8
2πr 2πr 2πr
σ σ
K = β flex × flex + β tract × tract × σ total πa = β total σ total πa
σ total σ total
Le facteur βtotal devient donc une moyenne pondérée par les contraintes
respectives de flexion et traction des facteurs correctifs élémentaires.
a≥c a≤c
Direction a
Direction a
Φ Φ
Direction c Direction c
da
N = aa f Eq. X-9
0 f (∆K, R , …)
intégration numérique, le pas a n'
Dans l' est pas infinitésimal mais fini. D'après la Figure
X-17 on voit que l'
erreur commise n' est pas trop importante car elle se compense sur le pas
(gauche/droite). Une procédure de calcul typique est présentée sur la Figure X-18.
Chargement à amplitude variable. Comme dans ce cas l' amplitude de charge change à
chaque cycle, l'intégration décrite ci-dessus doit être réalisée cycle par cycle, et non pas par
paquet de cycles. Il convient également de prendre en compte les éventuels effets
d'interaction, notamment l’effet "Retard", à l’aide des modèles décrits dans le chapitre
précédent.
∆ a
Longueur de fissure, a
Initialisation
a j=a 0; N=0 ;
ai =a j
ai
βi = f
W
da
= F(∆K i , R ,...)
dN i
a j=a i +∆a i
( )
Si a j<a c continuer
4. 1. d. Sources d'
erreur
• les erreurs relatives aux hypothèses sur la nature du défaut (par exemple
en considérant un défaut semi-circulaire au lieu d’un défaut réel semi- elliptique);
L’influence de ces différents types d’erreur sur les durées de vie calculées
est donnée à titre indicatif dans le Tableau X-1.
Tableau X-1 : Principales sources d’erreurs et influence sur les durées de vie calculées.
Les principales possibilités pour améliorer la tolérance aux dommages d’un élément
structural sont:
Une ténacité plus élevée permettra d'augmenter la taille de défaut maximale af mais
n'aura guère d'influence sur le temps H car l'essentiel de la durée de vie est consommée
durant les premiers stades de la propagation. Cette solution n'
est réellement bénéfique que
dans le cas où elle permet de rendre ap détectable par les moyens de CND. La recherche
d’un alliage offrant une meilleure résistance à la propagation sous des spectres
228 Chapitre X. Tolérance aux dommages
représentatifs des sollicitations vues en service, bien que plus délicate, présente
potentiellement des gains en durée de vie plus substantiels.
On peut toutefois observer que les progrès réalisés dans ce domaine sont parfois mis
à profit pour augmenter les charges admissibles (et ainsi réduire les coûts et/ou la masse)
plutôt que pour réduire le risque de rupture.
EXERCICES ET PROBLEMES RESOLUS
Exercice 1
La durée de vie en fatigue est séparée en deux stades: un stade d' amorçage
correspondant à un nombre de cycles Na(∆σ) et un stade de propagation correspondant à
Np(∆σ) où ∆σ désigne le niveau d' amplitude de contrainte imposée.
1 °) On suppose que, pour chacun de ces deux stades d’endommagement, la règle
de cumul de dommages de Miner peut s’appliquer. Selon cette règle, chaque cycle
introduit un dommage élémentaire. On a donc amorçage ou rupture dès que le dommage
cumulé est égal à 1.
On considère un chargement de fatigue à deux niveaux présenté sur la figure1. Un
niveau i est caractérisée par l’amplitude de contrainte appliquée ∆σi et le nombre de cycles
réalisés à ce niveau de sollicitation Ni avec i=l, 2. On suppose également connus, pour
chaque niveau de chargement ∆σi, les durées de vie à l’amorçage Na (∆σi) et en
propagation Np(∆σi).
∆σ
Niveau 1: ∆σ1, N1
Niveau 2: ∆σ2, N2
t
Figure 1.
Solution
Nai'
1°) Pour l’amorçage, la règle de Miner s’écrit : =1 , où Na i' désigne le nombre de
N
i a (∆ σi )
cycles « dépensés » au niveau i pour amorcer (éventuellement différent de Ni).
N p'
De la même façon, la règle de Miner pour la propagation s’écrit : i =1 .
i p σi )
N (∆
Cependant, il convient de ne pas perdre de vue que l’endommagement est séquentiel, c’est-à-dire
que l’amorçage précède forcément la phase de propagation. Compte-tenu de cette remarque 2 cas
de figure peuvent se présenter :
- 1er cas : l’amorçage se produit au premier niveau de chargement. Une partie des cycles appliqués
à ce niveau seront donc disponibles pour la propagation (figure 2).
- 2ème cas : le premier niveau n’a pas permis d’amorcer une fissure. Il faudra donc consacrer une
partie des cycles du deuxième niveau pour compléter la phase d’amorçage. Seule une fraction des
N'
p
cycles de ce niveau ( 2 ) contribueront donc à la propagation (figure 3).
N2
∆σ
N'
a 1
amorçage propagation
Niveau 1
Niveau 2
t
Figure 2.
Exercices & problèmes résolus 231
∆σ
N'
p2
amorçage propagation
Niveau 1
Niveau 2
t
Figure 3.
La frontière entre les 2 cas se situe à: N 1 = N a (∆σ1 ) . Considérons chacun des deux cas.
1er cas. Après amorçage, N1− Na cycles contribuent à la propagation. En appliquant la règle de
1
N1− Na (∆σ1) N2
Miner en propagation, on obtient : + =1
Np(∆σ1) Np(∆σ2 )
Np(∆σ2 )
D’où: N 2 = ×[Na (∆σ1)− N1]+ Np(∆σ2 )
Np(∆σ1)
ème N Na '
2 cas. L’application de la règle de Miner pour l’amorçage donne: 1 + 2 =1 , où
Na(∆σ1) Na (∆σ2 )
Na ' représente le nombre de cycles encore requis au niveau 2 pour achever l’amorçage.
2
Na(∆σ2 )
N' = Na (∆σ2 )− .
a2 N (∆σ )
a 1
N 2 − N'
a2
La rupture interviendra pour : =1
Np(∆σ2 )
N (∆σ )
D’où: N 2 = Na (∆σ2 )+ N p(∆σ2 )− a 2 ×N
N (∆σ ) 1
a 1
2°)
232 Exercices & problèmes résolus
2 50
2 00
Rupture
1 50
N (x10 )
3
2
1 00
50
Non-Rupture
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
3
N (x10 )
1
Exercices & problèmes résolus 233
Problème 1
I- On étudie l'
influence d’un traitement thermique sur le comportement en fatigue
plastique à déformation totale imposée sous un chargement alterné symétrique d' un acier
type 35NiCrMo16.
On considère deux traitements thermiques différents, notés A et B et définis
comme suit :
- austénisation à 875 °C pendant 1/2 heure dans les deux cas.
puis - pour A : refroidissement air + trempe -196°C 1/2h + revenu 200°C 2h.
- pour B : refroidissement air .
1°) La figure 1 présente des boucles d’hystérésis relevées pour 3 valeurs différentes
de l’amplitude de déformation totale imposée ∆ε t / 2 . Pour chaque valeur de ∆ε t / 2 ,
déterminer la valeur de ∆εp / 2 , ∆εe / 2 et ∆σ/ 2 .
σ (MPa)
2000
1000
-2 -1 1 2 ε (%)
-2000
Figure1.
2°) Pour les deux états considérés le comportement monotone et cyclique est
déterminé pour des valeurs identiques de la déformation totale (εt ou εt/2). Les résultats
obtenus sont donnés dans les tableaux suivants.
234 Exercices & problèmes résolus
ÉTAT A ÉTAT B
Déformation( R monotone R cyclique Déformation R monotone R cyclique
%) (MPa) (MPa) (%) (MPa) (MPa)
0.25 500 500 0.25 500 500
0.50 1000 1000 0.50 820 1000
0.75 1450 1215 0.75 1076 1410
1.00 1667 1430 1.00 1256 1615
1.25 1784 1588 1.25 1385 1820
1.50 1843 1686 1.50 1564 1923
1.75 1653 2000
γR
(%)
10
N=50 cycles
0
1e-3 1e-2 1e-1 1 ∆εp/2 (%)
Figure 2.
II- Les résultats des essais de fatigue obtenus pour l' état A à amplitude de
déformation imposée sont donnés dans le tableau II. Les valeurs des amplitudes de
∆εe ∆ε p
déformation élastique et plastique ont été déterminées au 50ème cycle pour
2 2
∆εtot
chaque niveau de sélectionné.
2
Déterminer les valeurs des cœfficients et des exposants. En particulier comparer les
valeurs de σ'
f et ε'
f avec les valeurs de contrainte vraie et déformation vraie à rupture en
chargement monotone :σf =3150 MPa et εf = 0.63.
III - Le diagramme de Goodman de l' acier 35NiCrMo16 traité à 1300 MPa est
donné ci-dessous. Déterminer la limite de fatigue pour une contrainte moyenne nulle et
une contrainte moyenne de 1000 MPa.
236 Exercices & problèmes résolus
σm+/- σa (MPa)
1000
500
0
1000 2000 σm (MPa)
-500
Figure 3.
Solution
1°)
2500
état A
2000
1500
R (MPa)
Rcyc (M Pa)
500
0
0 0,5 1 1,5 2
déformation (en % )
Exercices & problèmes résolus 237
2500
état B
2000
R (M Pa) 1500
1000
Rmon (MPa)
500
Rcyc (M Pa)
0
0 0,5 1 1,5 2
déformation (en % )
2°)
A B
Re 1700 1090
0.2%
R'
e 1400 1600
0.2%
3°) Il convient de vérifier que l’on a : R =K×epn . Pour cela on trace sur un diagramme bi-
logarithmique la contrainte en fonction de la déformation cyclique.
Les points décrivant les courbes de consolidation cyclique pouvant être interceptés par
une même droite, la loi proposée est adaptée pour décrire le comportement. On trouve :
monotone cyclique
K
2875 5200
(MPa)
n 0.085 0.22
238 Exercices & problèmes résolus
1900 état A
1700
Contrainte (MPa)
1500
1300
monotone
1100 cyclique
1000
-3 -2
10 10
ε
p
2
10
∆ε
t
∆ε
p
1
10
∆ε (%)
∆ε
e
p
∆ε ,∆ε
e
∆ε ,∆ε
t
0
10
-1
10
0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10
N
f
ε'
f =34×10−2 ;c=-0.787
σ'f =1,65×10
−2
d’où σ' f =3300MPa ; b=-0.115.
E
f est comparable à εf et que σ'
On constate que ε' f est équivalent à σf .
σm+/- σa (MPa)
0
1000 2000 σm (MPa)
-500
où k et n sont les paramètres de la loi d’écrouissage cyclique peut se mettre sous la forme :
∆σ=k '×∆εnp et R un paramètre de résistance du matériau considéré.
L’objectif de cet exercice est d’examiner l’applicabilité de ce modèle à la
description du domaine de fatigue oligocyclique et polycyclique.
En supposant ∆εp <<1 , l’expression ci-dessus peut être simplifiée en :
2
π2 k '
da = ∆ε2pn +1×a
dN 8 2R
1°) On suppose que, sous un chargement à ∆εp constant, la fissure croît d’une
longueur initiale a0 à une longueur af en un nombre de cycles Nf suivant la loi de Tomkins.
En déduire la relation reliant ∆εp , Nf, a0 et af. Comparer cette relation à la loi de Manson-
Coffin, notamment en utilisant les données du tableau ci-dessous.
Alliage n -c -b
Acier doux 0.236 0.591 0.133
Acier 4130 0.187 0.621 0.118
Acier 4340 0.213 0.556 0.126
Acier inox austénitique 310 0.288 0.579 0.148
Acier inox austénitique 304 0.165 0.794
(∆εp >0.4%)
Acier inox austénitique 1.207 0.139
(
304 ∆εp <0.4% )
Alliage aluminium 1 0.227 0.693 0.125
Alliage aluminium 2 0.137 0.590 0.06
Alliage aluminium 2 0.084 0.803
Nickel 0.306 0.584 0.145
Inconel 0.124 0.790 0.102
Alliage Titane 0.370 0.530 0.184
Alliage Cuivre 0.237 0.634 0.153
Tableau 1.
Exercices & problèmes résolus 241
α
k '= k 0 + ,
d
(a) Stade II
(b)
Stade I
Inclusion Stade II
Inclusion
λ
Figure 1 : représentation schématique des 2 processus d’amorçage
dans les deux cas au mécanisme présenté sur la figure 1 b. Selon la théorie de Mura et
Tanaka, le nombre de cycles à l’amorçage en stade I NistadeI est donné par:
Montrer que, pour une valeur de ∆εp fixée, la durée de vie totale Nf est dans ce
cas liée à la taille de grain d par une relation de la forme:
a
Nf =A'× 1 +f (d )×ln f
d d
2°) Montrer que, lorsque la taille de grain est faible (figure 1 a), la durée de vie Nf
est donnée par une relation de la forme :
a
N f = f (d ) × ln f ,
λ
Tableau 2.
Exercices & problèmes résolus 243
Solution:
2
π2 k'
1I - 1°) La loi de propagation peut s’écrire : da = × ×∆ε2pn +1×dN .
a 8 2R
Cette relation peut être intégrée pour a variant entre a0 et af et N variant entre 0 et Nf.
2
af π2 k ' Nf
da = × 2 n +1
×∆εp × dN
a0 a 8 2R 0
1
2 2 n +1
1 8 2R a
Après intégration on obtient: ∆ε p × N f 2 n +1 = × × ln f
π2 k' a0
∆ε p c si l’on suppose
On trouve donc une expression similaire à la loi de Manson-Coffin =ε'
f ×N '
2 f
af
que le rapport est indépendant de la valeur de ∆εp .
a0
On établit ainsi une relation entre l’exposant de la loi de Manson-Coffin et le coefficient de la loi
d’écrouissage cyclique avec:
c= −1 . Comme n varie en fonction de l’alliage considéré, l’exposant c de la loi de Manson-
2n +1
Coffin n’est donc pas une constante comme l’avait initialement proposé Coffin.
La comparaison des valeurs prédites de l’exposant c et les valeurs mesurées est présentée sur la
figure ci-dessous. On constate une relativement bonne corrélation, avec un grand nombre de
valeurs de c comprises entre –0,5 et-0,8.
244 Exercices & problèmes résolus
0,8
-c (modèle)
0,6
0,4
0,2
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
-c (expérimental)
2°) En remplaçant ∆εp par son expression en fonction de ∆σ , la loi de propagation devient:
π2
( )
−1 2n +1
da = × 1 2×k 'n ×∆σ n ×a .
dN 8 2R
On retrouve donc une expression comparable à la loi de Basquin moyennant la même hypothèse
que précédemment. En particulier, l’exposant de la loi de Basquin b est relié à n par la relation :
b= −n . Le graphe ci-dessous confronte les valeurs calculées et prédites de l’exposant de la loi
2n +1
de Basquin. On observe une relativement bonne corrélation, même si les valeurs calculées sont
supérieures aux valeurs mesurées.
Exercices & problèmes résolus 245
0,30
0,25
0,20
-b (calculée)
0,15
0,10
0,05
0,00
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
-b (expérimentale)
k '(d )
2 +1
2n'
Par conséquent, pour ∆εp fixée et en posant : f (d )= 8 ×∆εp ' , on a bien:
n
π2 2R
a
Nf =A'× 1 +f (d )×ln f
d d
a
Soit: Nf =f (d )×ln f
λ
246 Exercices & problèmes résolus
d
()
Soit: A'× 1 =f (d )×ln d
λ
4°) a- L’amplitude de déformation totale ∆ε t est fixée. Lorsque la taille de grain diminue, la
limite d’élasticité augmente par conséquent l’amplitude de déformation plastique diminue.
c- L’application numérique fournit les résultats suivants :
d k’ Nf (stade Nf Nf
f(d)
(µm) (MPa) I) (λ=10µm) (λ=40µm)
2,00
20 984 8344 4,76 x104 3,60 x104
x104
3,28
50 920 3825 2,18 x104 1,57 x104
x104
1,58
100 888 2774 1,58 x104 1,20 x104
x104
8,64
200 865 2480 1,41x104 1,07 x104
x103
stade I
λ =1 0 µ m
λ =4 0 µ m
5
10
N
f
4
10
1 1 1 1 1 1 1 1 2
2 10 3 10 4 10 5 10 6 107 108 10
9 1010
d (µ m)
Ces résultats sont reportés sur un diagramme donnant la durée de vie en fonction de
la taille de grain. Dans tous les cas, la durée de vie correspond au minimum obtenue par
l’un ou l’autre modèle. Ainsi, les faibles tailles de grain engendrent des durées de vie à
Exercices & problèmes résolus 247
l’amorçage importante en stade I. C’est donc l’amorçage sur inclusion qui gouverne la
durée de vie. Lorsque la taille de grain croît, l’écart entre les deux mécanismes décroît
jusqu’à la transition. Le passage à un amorçage en stade I se traduit par une plus forte
dépendance de la durée de vie par rapport à la taille de grain. On note en outre que lorsque
la taille d’inclusion λ croît, la taille de grain à la transition augmente également.
On considère la tenue en fatigue d’une pièce contenant une entaille caractérisée par
son facteur de concentration de contrainte Kt. Lors d’une surcharge, on introduit des
contraintes résiduelles au voisinage de cette entaille. On note Ssur et esur les valeurs
nominales de la contrainte et de la déformation de la surcharge appliquée à la pièce lors de
la surcharge, et σsur et εsur les valeurs locales en fond d’entaille. On applique ensuite à
cette pièce un chargement de fatigue caractérisé par une amplitude σa = 50 MPa et une
contrainte moyenne σmoy = 100 MPa.
1°) On suppose que le comporte élasto-plastique est décrit par une courbe bi-
linéaire avec une limite d’élasticité de 300MPa et un module plastique H, c’est-à-dire que
σy
la partie « plastique » de la courbe est obtenue par : σ−σy =H× ε− . Montrer qu’alors,
E
en appliquant la règle de Neuber, σsur est racine d’une équation du second degré.
Application numérique : Kt=2,5 ; Ssur =200 MPa ;E=210 000 MPa ; H=E/20 ;
σy =300MPa .
2°) Montrer qu’avec la règle d’énergie de déformation équivalente, σsur est donnée
par :
σsur [
2 = H (K ×S )2 −σ2 +σ2
E t sur y ] y
(Indice: séparer l’intégration en deux domaines de part et d’autre de σy .Le résultat peut
également être obtenu graphiquement par un calcul d’aire).
Solution
2 −19×300×σ −(2,5×200)2 =0
Application numérique: 20σsur sur
La résolution donne: σsur =323,6MPa
σ
2°) La règle d’énergie de déformation équivalente s’écrit : 0 sur σ×dε=
(K t ×Ssur )2 .
2E
σ σ (K ×S )
En séparant l’intégrale on obtient : 0 y σ×dε+ sur σ×dε= t sur .
2
σ y 2E
2E 2H sur y 2E
Soit finalement: σsur [
2 = H (K ×S )2 −σ2 +σ2 .
E t sur y y ]
Ce résultat peut être obtenu graphiquement par un calcul d’aire (figure ci-dessous).
σ2y σ2y σσy σ2y
L’aire 1 est donnée par : Aire1=σ yε− = + −
2E E H H
(
L’aire 2 quant à elle vaut : Aire2= 1 σ−σ y
2
) σ−Hσ y
Aire1+ Aire2=
σ2y σσ y σ2y
E
+
H H
− +
σ2y σσ y σ2y σ2 σ2y 1 1
− + = +
2H H 2H 2H 2 E H
− ( )
Cette aire est ensuite égalée à celle sous-tendue sous la courbe du matériau idéalement élastique et
on retrouve le résultat précédent.
Application numérique : σsur =313MPa
On trouve une valeur inférieure à la valeur fournie par la règle de Neuber.
Exercices & problèmes résolus 249
σ
Kt x Ssur
H 1
σy
E
2
0
ε
3°) Lors de la décharge, le matériau entourant la zone plastifiée autour de l’entaille voit un trajet
en contrainte de valeur K t ×Ssur . On applique donc le même trajet pour le matériau dans la zone
plastifiée comme le montre la figure ci-dessous pour la règle de Neuber.
On a donc: σres =σsur −K t ×Ssur
Kt x Ssur
σsur
0
ε
σ res
250 Exercices & problèmes résolus
Application numérique:
L’application de la règle de Neuber conduit à : σres =−176MPa .
Neuber
Le triangle de suspension est un élément de train (donc une pièce de sécurité) qui
assure la liaison entre le châssis et la roue. Lors du développement de l’un de ses
véhicules, les ingénieurs d’un grand constructeur automobile français ont conçu un bras de
suspension à l' aide d' outils de dimensionnement en fatigue. Un prototype a donc été
fabriqué et, pour vérifier la qualité du dimensionnement, un banc a été conçu. De plus, une
méthode d' équivalence en fatigue a permis de définir un chargement représentatif des
sollicitations que doit subir ce composant en clientèle.
Deux zones « sensibles » ont pu être identifiées sur ce composant mécanique. Elles
seront représentées par les deux chargements qui y ont été enregistrés.
Le but de cette étude est de déterminer laquelle des deux zones devra être traitée en
priorité.
Les chargements 1 et 2 sont définis par les évolutions (dans un repère local):
2°) Pour les deux cas de charge, tracer les cercles de Mohr relatifs à l’instant t’
du cycle où les contraintes sont maximales. En déduire les valeurs littérales du
cisaillement maximal.
3°) Le matériau utilisé est un acier mi-dur (type C36) dont les limites
d'
endurance en torsion alternée t-1 et traction alternée s-1 sont connues :
t-1 = 170 MPa, s-1 = 240 MPa
a) Calculer pour l’acier C36 les constantes du critère de Dang Van .
b) Déterminer les deux paramètres cission résolue mésoscopique dans l’état adapté et
contrainte hydrostatique en fonction du temps pour les deux chargements.
Représenter la droite « seuil d’endurance » et les deux trajets de charge dans le plan
du critère.
4°) Pour chacun des deux cas de charge calculer les coefficients de sécurité
représentatifs de la distance du chargement à la droite seuil d'
endurance. Déduisez-en la
zone du composant à redimensionner en priorité.
5°) Dans cette zone et en supposant que les composantes Σ11, Σ22 et Σ12
conservent la même relation de proportionnalité que précédemment, donnez les amplitudes
du chargement limite qui permettrait de conduire à la tenue en fatigue du composant.
Solution
1°)
1
Chargement 1 ∀t ∈ T Σ 22 (t ) = Σ11 (t ) Σ 22 (t ) = k 1Σ11 (t )
5
1
Σ12 (t ) = Σ11 (t ) Σ12 (t ) = k 1'Σ11 (t )
2
1
Chargement 2 ∀t ∈ T Σ12 (t ) = Σ11 (t ) Σ12 (t ) = k 2 Σ11 (t )
3
Les deux chargements sont bien entendu proportionnels (ou radiaux). Le repère principal n’évolue
pas au cours du temps et la position du plan de cisaillement maximal reste le même.
2°) Dans un repère lié à la pièce, le tenseur des contraintes d’ordre deux au point critique peut
être représenté par une matrice (3*3). Pour les deux chargements, cette matrice s’écrit :
Σ11 (t ) Σ12 (t ) 0
Chargement 1 Σ(t ) : Σ12 (t ) Σ 22 (t ) 0
0 0 0
280 140 0
ou encore à l’instant t’ du cycle où les contraintes sont maximales: Σ (t '
) : 140 56 0 en
0 0 0
MPa
Les trois contraintes principales ont pour expression :
2 2
Σ + Σ 22 Σ11 − Σ 22 2 Σ +Σ Σ11−Σ22
Σ I = 11 + + Σ12 , ΣII = 11 22 − 2 , Σ =0
+Σ12 III
2 2 2 2
252 Exercices & problèmes résolus
Après la construction des tri-cercles de Mohr, la valeur de la cission maximale se déduit aisément:
2
Σ I − Σ II Σ11 − Σ 22 2
C max = , ou encore : C max = + Σ12
2 2
C
Σ − Σ II
C max = I
2
Σ II Σ III ΣI
Σ11 (t ) Σ12 (t ) 0
Chargement 2 Σ(t ) : Σ12 (t ) 0 0
0 0 0
210 70 0
ou encore à l’instant t’ du cycle ou les contraintes sont maximales Σ (t '
) : 70 0 0 en
0 0 0
MPa
Les trois contraintes principales ont pour expression:
2 2
Σ Σ11 2 , Σ = Σ11 − Σ11
ΣI = 11 + +Σ12 II 2
2 , Σ =0
+Σ12 III
2 2 2
Après la construction des tri-cercles de Mohr, la valeur de la cission maximale se déduit aisément:
Exercices & problèmes résolus 253
2
Σ − Σ II Σ11 2
C max = I ou encore C max = + Σ12
2 2
3°) Le matériau utilisé est un acier mi-dur (type C36) dont les limites de fatigue en torsion
alternée σ Dto−1 et traction alternée σ Dtr−1 sont connues:
to tr
σD = 170 MPa , σ D = 240 MPa
−1 −1
Dans le cas d’un chargement radial alterné Σ m = 0 , les contraintes mésoscopiques sont
identiques aux contraintes macroscopiques. Ceci nous permet d’identifier facilement les
constantes du critère à partir des deux essais de référence:
- en torsion alternée, on a:
to
τˆ ( t ) = σˆ 12 ( t ) = Σ12 ( t ) = σ D sin ωt et σ H ( t ) = 0
[ ]
−1
to to
max σD sin ωt + α × o = β β = σD = 170 MPa
−1 −1
f
σˆ ( t ) Σ11 ( t ) σ D−1
- en traction compression alternée : τˆ ( t ) = 11 = = sin ωt
2 2 2
f
Σ ( t ) σ D−1
et σ H ( t ) = 11 = sin ωt
3 3
σ fD
to −1
σ fD σ fD σD −
d’où : max −1
sin ωt + α −1
sin ωt = β α=
−1 2
t∈T 2 3 σ fD
−1
3
Déterminer les deux paramètres cission résolue mésoscopique dans l’état adapté et contrainte
hydrostatique en fonction du temps pour les deux chargements. Représenter la droite « seuil
d’endurance » et les deux trajets de charge dans le plan du critère.
Chargement 1
Ce chargement étant purement alterné, la cission résolue dans l’état adapté τˆ(t ) se déduit
directement de la cission résolue macroscopique C (t ) agissant sur le système de glissement le
plus sollicité:
τˆ ( t ) = C( t ) − C m avec C m = 0
2 2
Σ11 − Σ 22 2 1 − k1
c’est-à-dire τˆ ( t ) = + Σ12 ,ou encore τˆ ( t ) = Σ11 + k1'2 .
2 2
La contrainte hydrostatique mésoscopique dans l’état adapté est simplement égale à la contrainte
tr (Σ( t ) )
1
hydrostatique macroscopique : σ
ˆ H (t ) = σ H (t ) =
3
254 Exercices & problèmes résolus
1
Soit : σ
ˆ H (t ) = Σ11 (1 + k 1 ) .
3
Chargement 2
Ce chargement n’est plus purement alterné, la cission résolue dans l’état adapté τˆ(t ) se déduit de
la cission résolue macroscopique C (t ) agissant sur le système de glissement le plus sollicité en
faisant intervenir la cission macroscopique moyenne C m agissant sur ce même système de
glissement:
τˆ ( t ) = C( t ) − C m avec C m ≠ 0
1
c’est-à-dire τˆ ( t ) = Σ11 − Σ11,m + k 22
4
La contrainte hydrostatique mésoscopique dans l’état adapté est à nouveau égale à la contrainte
tr (Σ( t ) )
1
hydrostatique macroscopique: σ
ˆ H (t ) = σ H (t ) =
3
1
Soit: σ
ˆ H (t ) = Σ11
3
τˆ ( t )
Chargement 1
Chargement 2
σˆ H (t )
4°) Afin de quantifier la sévérité d’un chargement, on a parfois recours à un coefficient dit de
sécurité qui permet de représenter la position du point le plus critique du chargement par rapport à
la droite seuil d’endurance. Plusieurs formulations de ce coefficient sont possibles et nous
τˆ ( t )
choisirons la suivante: d = Max
t∈T β − α σ H (t)
2
1 − k1
Σ11 ( t ) + k1'2
2
Pour le chargement 1, d devient d1 = Max , et finalement
t∈T Σ11 ( t ) + Σ 22 ( t )
β−α
3
d1 = 1.792
Exercices & problèmes résolus 255
1
Σ11 ( t ) − Σ11,m + k 22
4
Pour le chargement 2, d prend l’expression : d 2 = Max , et
t∈T Σ11 ( t )
β−α
3
finalement d 2 = 0.57
Avec cette définition du coefficient de sécurité, la valeur 1 correspond au cas où le point critique
d’un chargement appartient à la droite seuil d’endurance.
d1 étant supérieur à 1 et d2 inférieur à 1, il est clair que la zone de la pièce soumis au chargement 1
doit être traitée en priorité.
5°) Le chargement limite qui permet de conduire à la tenue en fatigue du composant répond à
la condition suivante:
τˆ ( t )
d = Max =1
t∈T β − α σ H (t )
Si on suppose dans cette zone critique que les composantes Σ11, Σ22 et Σ12 conservent la même
relation de proportionnalité que précédemment, il suffit d’appliquer un même coefficient à toutes
les composantes et en particulier à Σ11 pour obtenir les paramètres du chargement conduisant à la
tenue en fatigue.
2
1 − k1
Σ11 ( t ) + k1'2
2
Max =1
t∈T Σ11 ( t ) + Σ 22 ( t )
β−α
3
On en déduit aisément les amplitudes de chacune des composantes du chargement limite:
* β
Σ11,a = = 191 MPa
2
1 − k1 1 + k1
+ k 1'2 + α
2 3
Σ*22,a = k1Σ11
*
, a = 38 MPa
Σ12
*
,a = k1'Σ11
*
, a = 96 MPa
120
100
80
K (MPa x m )
1/2
60
Ic
40
20
0
-60 -40 -20 0 20 40 60
Température (°C)
-4
10
-5
10
-6
10
da/dN (m/cycle)
-7
10
-8
10
-9
10
-10
10
1 10 100
1/2
∆K (MPa x m )
Solution :
1°) A 20°C la ténacité déterminée d’après le graphe est: 70MPa m .
K c2
La taille de défaut critique est donnée par: a c = .
β 2 × σ 2max × π
70 2
D’où: a c = = 32,2 × 10 − 3 m = 32,2mm .
2 2
1,1 × 200 × π
2°)
-4
10
-5
10
-6
10
da/dN (m/cycle)
3x10-7
-7
10
-8
10
-9
10
-10
10
∆Kseuil=3MPa x m 1/2 17,44
1 10 100
1/2
∆K (MPa x m )
A R=0 on a: ∆σ = 200MPa .
Il s’ensuit: ∆K = ∆σ × β πa = 200 × 1,1 × π × 2 × 10 − 3 = 17,45MPa m .
On lit ensuite sur le diagramme: da / dN = 3 × 10 −7 m / cycle .
258 Exercices & problèmes résolus
Pour que la fissure cesse de progresser, il faut que l’amplitude du facteur de contrainte soit
inférieure à la valeur seuil. Sur le diagramme on lit: ∆K seuil = 3MPa m .
∆K seuil 3
Il vient donc: ∆σ seuil = = = 34,4MPa .
β πa 0 1,1 π × 2 × 10 − 3
da = C × ∆K m × dN = C × β × ∆σ × πa ( )m dN .
m
( )m dN .
−
Soit : a 2 da = C × β × ∆σ × π
La relation précédente est intégrée pour une longueur de fissure a variant entre a 0 et a c d’une
( )
m m 2 m
D’où : a f 1− 2 − a 01− 2 = C × β × ∆σ × π N f .
2−m
Dans le cas particulier où m=4, cette relation peut s’écrire :
Nf =
1
C
(
× β × ∆σ × π
−m 1
)
−
1
a0 af
.
Exercices & problèmes résolus 259
Nf =
1
(
× 1,1 × 200 × π )− 4 1
−
1
≈ 7210 cycles .
3 × 10 −12 2 × 10 − 3 32,2 × 10 − 3
1
5°) A 0°C la ténacité vaut : K Ic = 45MPa × m 2 . Par conséquent la taille critique de défaut est
45 2
alors: a c (0°C ) = = 13,3 mm .
1,12 × 200 2 × π
3 × 10 −12
Par ailleurs le facteur de la loi de Paris vaut : C(0°C ) = = 2,5 × 10 −12 .
1,2
On a donc:
N f (0°C ) =
1
−12
(
× 1,1 × 200 × π )− 4 1
−3
−
1
≈ 7350 cycles .
2,5 × 10 2 × 10 13,3 × 10 − 3
Il apparaît donc que les vitesses de propagation plus lentes font plus que compenser la diminution
de la taille de défaut critique.
Solution
On a:
da =8,715×10−12×∆K 4 =8,715×10−12×π4×∆σ4×a 2 .
dN
La relation précédente peut encore s’écrire:
da =8,715×10−12×π4×∆σ4 =8,715×10−12×π4×∆σ4×dN .
a2
L’amplitude contrainte étant constante, on peut donc intégrer les deux membres de l’équation
précédente. Le membre de gauche est intégré pour a variant entre a 0 et a f , le membre de droite
[
On obtient: Nf = 8,715×10−12×π4×∆σ4 ] × a1 − a1
−1
0 f
.
2
K Ic
Il faut ensuite déterminer la valeur de a f à partir de la ténacité du matériau. On a: a f = 1 .
π σ
L’application numérique donne donc:
La rupture par fatigue d’un élément de fuselage fut à l’origine des catastrophes du
Comet. Dans ce problème on s’intéresse donc à la tenue en fatigue d’un fuselage que l’on
assimile à un cylindre à paroi mince de diamètre D et d' épaisseur e. En négligeant les
efforts repris par les raidisseurs notamment, on considère que ce cylindre n’est soumis
qu’à la pression interne.
Les dimensions du fuselage sont : D=3,7m, e=091mm. La pression au sein de la
cabine est:
P =0,057 MPa.
Le facteur d’intensité de contrainte se développant en peau est donné par:
K =βσ πa , où β est un facteur correctif sans dimension. Par simplification on prend ici
β=1.
Par ailleurs, l'alliage d'
aluminium utilisé pour réaliser le fuselage possède comme
limite d’élasticité: σ y = 350MPa .
1°) En prenant en compte la présence de hublots, comme le montre la figure ci-
dessous, déterminer l'expression de la contrainte σ à prendre en compte pour le calcul des
facteurs d'
intensité de contrainte en fonction de P pression de la cabine, e et D dimensions
du fuselage. En déduire le sens de propagation des fissures.
1m
P D
25 cm
Exercices & problèmes résolus 261
2°) La figure ci-dessous donne pour un alliage 7000 l' évolution de Kc en fonction
de l'épaisseur de tôle. En déduire le ratio entre Kc(e) et KIc. On suppose ensuite que ce
ratio est le même pour l' alliage de la série 2000 utilisé pour réaliser les éléments de
fuselage. En déduire la valeur de Kc.
Kc α t1/2
120
100
Kc MPa x m1/2
80
60
40
KIc =37MPa x m1/2
20
0 2 5 10 15
t (mm)
Figure 1.
3°) Calculer la taille de la zone plastifiée en contrainte plane à l'
aide de la relation :
2
1 K
ry = . En déduire la taille critique de défaut en contraintes planes.
2π σ y
4°) On suppose que le comportement en fatigue de l' alliage DTD 546 utilisé pour le
da
Comet peut être décrit à l'aide d'une loi de Paris : = C × ∆K m .
dN
En déduire l' expression reliant la taille de défaut initial ai en fonction du défaut
critique ac (calculé en C. P.), du nombre de cycles de pressurisation de la cabine Np et les
autres paramètres du problème ( e, D, P, C, m, …).
5°) Le comportement en fissuration de l' alliage DTD 546 et mesuré sur le fuselage
est donné sur la figure ci-dessous. Vérifier que ce comportement est correctement décrit
par une loi de Paris en prenant m 4 et C = 10−9 et pour une vitesse de propagation da/dN
exprimée en m/cycle.
262 Exercices & problèmes résolus
-2
10
-3
10
da/dN (m/cycle)
-4
10
-5
10
-6
10
10 100
1/2
∆K(MPa x m )
Pour les fuselages rompus par accident (désignés Yoke Peter et Yoke Yoke) ou lors
d’essais de pressurisation périodiques (Yoke Uncle), le nombre de cycles de
pressurisations sont connus et fournis dans le tableau 1.
Solution :
1°) Pour un cylindre à paroi mince soumis à une pression interne, les contraintes tangentielles et
longitudinales sont données par:
pD pD
σt = et σl = , respectivement.
2e 4e
On a donc: σl = 1 σt .
2
Le mode I d’ouverture étant le plus critique, les fissures seront donc sollicitées par la contrainte
tangentielle et se propageront suivant une génératrice du cylindre.
pD 2 pD
En outre, du fait de la présence des hublots, on a: σt = 4× = × .
3 2e 3 e
Exercices & problèmes résolus 263
2 2
c = 1 78 K
3°) La taille de défaut critique vaut donc: a c = 1 =0,0811m .
π σt π 154,5
Par ailleurs la taille de zone plastifiée correspondante vaut:
( )
2 2
Kc
R ZP = 1 = 1 78 =7,9×10−3m .
2π σy 2π 350
En appliquant la correction d’Irwin on obtient la taille réelle de défaut conduisant à la rupture :
a r =a c −R ZP =81,1−7,9=73,2mm .
dN
( )
da =C× ∆σ πa m , avec : ∆σ= 2× ∆p×D .
3 e
m
da 2 ∆p × D m
Il vient donc : = C× × × πa .
dN 3 e
m m
1 2 ∆p × D m
Cette relation peut encore s’écrire : da = C × × × π dN .
a 3 e
On intègre cette relation entre la taille de défaut initiale ai et la taille de défaut finale ar :
ar m m Np
1 ∆p×D m
da =C× 2× × π × dN .
ai a 3 e 0
1− m 1− m ∆p×D
m
m
On obtient alors pour m≠ 2 : ai 2 −a r 2 = m−2× C× 2× × π ×N p .
2 3 e
Dans le cas particulier où m=4, la taille de défaut initial est donc donnée par :
4
1 2 ∆p × D
1
= + C× × × π2 × N p .
ai a r 3 e
-2
10
-3
10
da/dN (m/cycle)
-4
10
m=4
-5
10
-6
10
10 100
1/2
∆K(MPa x m )
On vérifie ensuite qu’une droite de pente 4 intercepte correctement les points expérimentaux.
On obtient, compte-tenu des résultats précédents:
4 −1
1 2 0,057 × 3,7
a i (m ) = + 10 − 9 × × × π2 × Np
−3 3 0,91 × 10 − 3
73,2 × 10
[
Soit: a i (m ) = 13,66 + 5,62 × N p −1 . ]
Les tailles de défauts initiaux sont données dans le tableau ci-dessous.
On constate que ces tailles de défauts sont faibles. Par conséquent de tels défauts ne pouvaient
être détectés par les moyens de l’époque.
Exercices & problèmes résolus 265
Les liaisons à l’aide d’éléments de type chape sont couramment utilisées dans les
structures aéronautiques. Toutefois la tenue en fatigue de ces éléments est faible,
notamment du fait de l’apparition de dommage par fretting-corrosion au niveau de la
liaison entre la goupille et le trou de la chape. De ce fait, les contraintes fixées par la
conception et devant être supportées par la chape en service sont relativement faibles. Il en
résulte que les fissures de fatigue croissent relativement lentement et qu’il est possible de
développer une approche de type tolérance aux dommages pour ce type de composant. Ce
type d’approche requiert une description de la croissance des défauts de type fissure. L’une
des principales difficultés réside alors dans la détermination des facteurs d’intensité de
contrainte pour les différentes géométries de défauts, notamment 2D, susceptibles d’être
rencontrées dans des détails structuraux. L’objet de problème est d’utiliser les
fonctionnalités du logiciel AFGROW (que l’on peut télécharger gratuitement sur le site
http://afgrow.wpafb.af.mil) pour réaliser des prédictions qui seront confrontées à des
données expérimentales issues de la littérature.
Données du problème :
Les essais de fatigue sont conduits sur des chapes en 2024-T3 (R0.2%=638 MPa ;
Rm=478 MPa ; A%=20.4%) sous chargement à amplitude constante. Les dimensions des
chapes sont données sur la figure1. Le diamètre du trou est de 25 mm. Les conditions
d’essais sont fournies dans le tableau 1. Les longueurs de fissure sont mesurées par un
dispositif optique de chaque côté du trou et sur les deux faces de la chape, soit en 4 points.
Les fissures artificielles sont introduites à l’aide d’un trait de scie de profondeur 1mm et
d’épaisseur 0.2mm. Pour les fissures traversantes une entaille est créée sur un seul côté du
trou. Pour les fissures en coin, l’entaille est faite à 45° de la surface jusqu’à une
profondeur de 1 mm. Les résultats d’essais sont fournis sur les figures 2 et 3.
40
25 140
2024-T3
Kt≈2.8
60
10
a
σm= 80 MPa
b σa = 40 MPa
10 20 30 40
Nombre de cycles (x103)
70
60
50
σ (MPa)
a
40
30
20
4 5 6
10 10 10
Nombre de cycles
(a)
70 65
60
60
55
50
50
σ (MPa)
σ (MPa)
45
a
a
40 40
35 naturelles
30 naturelles traversante
traversante 30 coin
coin
20 25
3 4 5 3 4
10 10 10 10 10
(b) ( c)
Figure 3: résultats en durée de vie totale (a), en durée de vie en propagation de 2 mm à
rupture (b) et en durée de vie en propagation de 5 mm à rupture (c).
Travail à réaliser :
5. Comparer les durées de vie sous un spectre constitué d’une surcharge caractérisée
un taux τ=1,7 et appliquée tous les 1 00 cycles, sans prendre en compte les effets
268 Exercices & problèmes résolus
6. Evaluer l’impact d’un changement de matériau vers un alliage 7075 T351 pour le
même composant et le même type de chargement qu’à la question précédente.
Solution :
1°) Il faut rentrer les données dans le menu « Input ». On sélectionne le modèle Single
Edge Crack in a Lug pour la fissure traversante et Single Corner Crack in a Lug pour la fissure
en coin. On rentre ensuite les dimensions de la chape et du défaut considéré. A priori on ne retient
pas la possibilité de maintenir le rapport a/c constant au cours de la propagation de la fissure en
coin.
Exercices & problèmes résolus 269
On peut éditer les valeurs des différents paramètres de la loi NASGRO pour cet alliage:
3°) Compte tenu des données fournies, le chargement appliqué pour les essais sur fissures
artificielles est défini comme suit:
σ max = 120MPa; R = 0,3 .
Ces valeurs sont introduites dans la menu Spectrum, Constant Amplitude Loading.
270 Exercices & problèmes résolus
4°) La difficulté relative à l’hypothèse quant à la forme et la taille du défaut initial se pose
pour les fissures naturelles. On peut supposer que celles-ci sont indépendantes du niveau de
chargement et faire l’ajustement sur un niveau puis le valider sur les autres niveaux.
Le rapport de charge étant maintenu constant on a:
σa σmax σm
(MPa) (MPa) (MPa)
30 60 60
40 80 80
50 100 100
60 12 120
En prenant a i = c i = 200µm on obtient les résultats fournis. L’accord est bon aux faibles
amplitudes de contraintes mais les durées de vie sont sous-estimées aux plus fortes valeurs de
l’amplitude. En outre, diminuer la taille de défaut conduit rapidement à des conditions de non-
propagation aux faibles amplitudes de contraintes.
65
60 Fissures naturelles
µm
hyp; a =c 200µ
55 i i
50
σ (MPa)
45
a
40
35
calcul
30 expérience
25 4 5 6
10 10 10
Nombre de cycles
Exercices & problèmes résolus 271
55
75 µm
50
σ (MPa)
45
120 µm
a
40
35 calcul
expérience 200 µm
30
25 4 5 6
10 10 10
Nombre de cycles
4°) Il convient dans un premier temps de construire le spectre à l’aide du menu Input
Spectrum. On sélectionne l’option Create new spectrum, puis on crée un spectre à deux niveaux.
Le premier niveau est constitué d’un cycle avec une valeur de référence égale à 1,7, le second de
1000 cycles avec une valeur égale à 1. On entre ensuite 90 dans la fenêtre Spectrum maximum
value. On sélectionne enfin l’option Without retardation ou Willenborg pour décrire les effets de
spectre.Les résultats ainsi obtenus sont présentés ci-dessous. On constate que la prise en compte
des effets de surcharge augmente la durée de vie d’un facteur 4 environ.
-2
2,00 10
2024 T3
c SEI
c Willenborg
Longueur de fissure (m)
-2
1,50 10 a SEI
a Willenborg
-2
1,00 10
-3
5,00 10
0
0,00 10 4 5 5 5 5
0 5 10 1 10 1,5 10 2 10 2,5 10
Cycles
S. E. I. : sans effet d’interaction.
272 Exercices & problèmes résolus
-2
2,00 10
c 7075
a 7075
-2 c 2024
1,50 10
Longueur de fissure (m)
a 2024
-2
1,00 10
-3
5,00 10
0
0,00 10 4 5 5 5 5
0 5 10 1 10 1,5 10 2 10 2,5 10
Cycles
5°) En appliquant la même procédure que précédemment, on obtient les résultats de propagation
présentés ci-dessus.
Il apparaît que l’alliage 2024 offre une meilleure une meilleure tolérance aux dommages
que l’alliage 7075. En utilisant le modèle de Willenborg, cette moindre résistance à la propagation
s’explique par des effets de rapport R moins marqués sous chargement à amplitude constante.
Index 273
INDEX
G parabole de Gerber_______________ 50
plan de cisaillement critique _______ 85
glissement ______________________ 14 pression hydrostatique ____________ 81
principe de redondance ___________ 21
I principe de similitude ___________ 141
proof test _____________________ 222
intervalle d’inspection ___________ 213 propagation ____________________ 12
intrusions ______________________ 14 pseudo-sade I de propagation_______ 17
J R
Bibliographie
Ouvrages en français
• Techniques de l’Ingénieur, Les essais de fatigue, par P. Rabbe, H-P Lieurade et André
Galtier.
Ouvrages étrangers
• High-cycle metal fatigue -from theory to applications, edited by Ky Dang Van and
Ioannis Vassileiou Papadopoulos, CISM Courses and lectures N°. 392, International
Centre for Mechanical Sciences, SpringerWienNework.
• Fatigue damage, crack growth and life prediction, Fernand Ellyin, Chapman & Hall