Cours 3 - Phrase PDF
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- critères sémantiques : la phrase = l’expression plus ou moins complexe, mais
offrant un sens complet = complétude sémantique. MAIS critère pas toujours
pertinent (cf. les relations anaphoriques : Marie est fatiguée. Elle a beaucoup
travaillé. ou encore les phrases elliptiques : Jean mange des pommes et Marie des
bananes.)
Les vrais critères syntaxiques (= 2 propriétés particulières de la phrase) :
La phrase est un syntagme. Comme tout syntagme, elle a une tête et des dépendants. Le
schéma d’une phrase canonique est le suivant :
schéma 1 (version préliminaire) SN(sujet) + SV(tête - verbe conjugué)
schéma 2 (version finale) sujet + tête prédicative
La phrase est un syntagme dont la tête est toujours syntagmatique, se distinguant ainsi
des autres syntagmes, dont la tête est lexicale. (N => SN, V => SV, Prép => SP, Adj =>
SAdj, Adv => SAdv, ?? => Ph).
Les phrases suivantes respectent toutes le schéma 1 : Pierre dort. Pierre mange des
tomates. Le petit chat est de bonne humeur ce matin. Il y a une licorne sur le campus. C’est
bien.
Phrase canonique : quelle que soit la simplicité ou la complexité interne de chacun des
deux constituants, on retrouve l’analyse bipartite. Cette structure canonique est
perceptible/visible à travers 3 repères :
• ordre linéaire des mots : l’ordre relatif distingue le sujet, qui canoniquement
précède le verbe (cf. Le chasseur a tué le lion. vs. Le lion a tué le chasseur.) ;
• accords (ex. accord entre le sujet et le verbe tête cf. Je dors/Nous dormons, accord
entre le sujet et l’adjectif attribut du sujet cf. Jean est beau/Marie est belle) ;
• marques morphologiques spéciales dans certaines langues : marques casuelles en
latin, allemand (cf. cas nominatif pour le sujet).
Structure de la phrase (version mise à jour, car schéma 1 insuffisant !) => deux
caractéristiques principales :
! présence d’un sujet => soit il est réalisé explicitement par une forme lexicale
(dans la plupart des cas), soit il est implicite (pas réalisé lexicalement) et rendu explicite
uniquement par la forme du verbe (les phrases à l’impératif : Viens ici ! Entrez ! Partons à
la montagne !). Donc, la plupart des phrases attendent un sujet, sauf les phrases à
l’impératif.
Structure interne du sujet : SN (pronom faible, pronom indéfini quelqu’un, nom propre,
déterminant et nom avec ou sans ajouts), SV (infinitif), Ph (introduite par que)
Le sujet peut être inversé (=> inversion du sujet) :
(4) Ont participé à la discussion le président et tout le directoire. (inversion d’un
sujet long)
(5) Le livre que lit Paul est un best-seller. / Comment va Paul ? (inversion associée à la
présence d’un mot relatif ou interrogatif initial)
(6) Avez-vous l’heure ? (interrogation totale avec inversion du clitique sujet)
! présence d’une tête prédicative => généralement un verbe (conjugué), mais
aussi une autre catégorie si prédicative.
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Le prédicat (concept sémantique) décrit des situations, auxquelles participent des
entités (= ses arguments). Notion cruciale pour la définition de la phrase, car toutes les
phrases ont une tête prédicative.
- La plupart des phrases sont verbales (la tête = un verbe, et dans la plupart des cas ce
verbe est conjugué/fléchi) :
• verbe fléchi (la plupart des cas)
• verbe non fléchi : infinitifs (7) et participes présents (8) avec sujet réalisé :
(7) Et [grenouilles] de sauter. / [Paul] venir ici ! // Où aller ? Que faire ?
(8) [Paul] ayant terminé, ...
- Il existe des phrases (non canoniques) sans verbe => phrases averbales :
(9) Intéressant(e), votre remarque !
(10) Divins, ces gâteaux !
(11) Superbe, cette robe !
(12) Peut-être que Paul viendra. Dommage qu’il ne soit pas venu !
=> Dans ce cours, on mettra l’accent sur les phrases verbales (à verbe conjugué) avec
sujet.
3. Classification des phrases
Critère 1. La structure interne des phrases
A. Phrases verbales vs. averbales
(13) Paul [mange une tomate]SV. = phrase à tête verbale
(14) [Magnifique]SAdj, ce gâteau ! = phrase à tête non verbale
B. Phrases simples vs. complexes : une phrase complexe est une phrase qui
compte une autre phrase (subordonnée ou coordonnée) parmi ses constituants
(15) [Paul viendra [quand il pourra]].
(16) [Paul espère [qu’il partira]].
(17) [[Paul viendra demain] et [il restera deux heures]].
C. Phrases complète vs. incomplète (si certains constituants manquent dans la
phrase, comme en (18) et (19)) :
(18) Où veux-tu [que j’aille _ ] ? = ph. avec extraction
(19) Paul mange une pomme et [Marie _ une banane]. = ph. elliptique (l’élément
manquant est récupéré à partir d’un antécédent dans le contexte)
Critère 2. Les relations entre les phrases
Phrases indépendantes (et racines) vs. liées
! phrase liée subordonnée/enchâssée (incluse dans une phrase
racine/matrice ; en plus, elle a une fonction grammaticale dans la phrase à
laquelle elle appartient : sujet (20a), complétive (20b), ajout relative
(20c), ajout circonstancielle (20d))
(20) a. [Qu’il ne soit pas avec moi] me déprime.
b. Je veux [que Marie vienne].
c. La fille [que j’ai rencontrée] est très intelligente.
d. [Qu’il vienne ou non], je serai là de toute façon.
! phrases liées coordonnées :
(21) [Jean dort] et [Marie travaille].
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! phrases liées juxtaposées :
(22) Jean dort, Marie travaille.
(23) a. Plus il fait chaud, moins on travaille.
b. Tu auras beau faire, tu n’arriveras à rien.
Critère 3. Les types de phrases
Quatre types de phrases : déclarative, interrogative, exclamative, impérative
Chaque phrase (simple ou complexe, racine ou subordonnée) appartient à un des quatre
types ci-dessous :
1. Phrase déclarative (ou assertive) – c’est le type par défaut ; s’il s’agit d’une
phrase indépendante, elle commence généralement par un sujet (Jean viendra.) ; s’il
s’agit d’une phrase subordonnée, elle commence par un introducteur subordonnant
(généralement, une conjonction de subordination : Je crois [que Jean viendra].)