8 - KC Anus - SS - VD
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I. INTRODUCTION
Le cancer du canal anal est une tumeur rare (< 2 % des cancers colorectaux).
Il s’agit en grande majorité de carcinomes épidermoïdes.
La symptomatologie initiale est pauvre.
Le diagnostic est fait grâce au toucher rectal, avec confirmation par biopsie.
Son évolution est essentiellement locorégionale, souvent lente.
la radiothérapie a pris la place de la chirurgie dans la prise en charge thérapeutique
initiale du cancer épidermoïde du canal anal.
R-CT : principal objectif : l’amélioration du taux de conservation sphinctérienne, du
contrôle local et de la survie.
Cette combinaison est devenue le traitement de choix des tumeurs localement
avancées.
II. EPIDEMIOLOGIE
Les cancers du canal anal sont rares.
o 1,2% des cancers digestifs.
o Augmentation de l’incidence au cours des 30 dernières années.
Prédominance féminine,
L’âge moyen : 58 et 70 ans. Exceptionnel < 30 ans,
Son incidence croît rapidement après 65 ans.
Plus fréquent dans la race noire.
III. FACTEURS PREDISPOSANTS
Sexe féminin
Age sup à 65ans
Habitus sexuels : Homosexualité
IST
o Papillomavirus Et Oncogenèse
Le HPV paraît l’agent le plus impliqué. Le papillomavirus va entraîner des
lésions secondaires à une prolifération malpighienne.
Le HPV a la capacité de déréguler la croissance cellulaire et
d’intervenir sur la carcinogenèse. Il va infecter les cellules indifférenciées de la
membrane basale de l’épithélium à fort potentiel de prolifération.
o VIH : L’infection par le VIH favorisait la réplication du papillomavirus en
induisant une immunodéficience. Le mécanisme ne semble pas augmenter le
nombre de cas de cancer du canal anal, mais on a remarqué que, chez des
malades atteints de sida, les papillomes sont plus souvent le siège de dysplasies
et de carcinomes intraépithéliaux.
o Autres : Chlamydia trachomatis, le virus de l’herpès de type 2, syphilis
Tabac
IV. HISTOIRE NATURELLE
Rapports
o En arrière: le raphé ano-coccygien, puis le coccyx.
o Latéralement: les fosses ischiorectales.
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o En avant, chez la femme, la cloison rectovaginale, et chez l’homme, le fascia
inter-génito-rectal.
Drainage lymphatique :
Au-dessus : pararectal et pelvien.
Au-dessous : primitivement inguinal et secondairement pelvien.
Extension locale
En profondeur : le sphincter interne
Latéralement : les fosses ischioanales une fois l’appareil sphinctérien dépassé
En haut : l’ampoule rectale ;
En bas : la marge anale et les structures profondes du périnée
En avant :
o Chez la femme : la cloison vaginale.
o Chez l’homme : la prostate, les vésicules séminales, voire l’urètre et la vessie
En arrière : les tissus cellulograisseux précoccygiens.
Évolution régionale
Elle est avant tout lymphatique et secondairement veineuse.
Évolution à distance
Hématogène : moins fréquente →les tumeurs au niveau ou au-dessus de la ligne
pectinée.
Les métastases viscérales restent assez rares, atteignant par ordre de fréquence
décroissante: foie par voie porte; poumon ; os; revêtement cutané.
V. DIAGNOSTIC POSITIF :
1. Clinique :
Circonstances de découverte
o Signes cliniques assimilables à ceux de lésions des abcès.
o Lésion maligne sur une pièce d’hémorroïdectomie.
o Toucher rectal systématique
o La recherche d’une étiologie à des adénopathies inguinales.
o Les fistules, fissure ou hémorroïdes ne prédisposent pas au cancer, mais sont
parfois à l’origine de découvertes fortuites d’authentiques néoplasmes.
Signes fonctionnels : non spécifique
o Rectorragies la plupart du temps de faible abondance ;
o Emissions glaireuses ;
o Proctalgies, plus ou moins intenses selon qu’il y ait ou non atteinte du
sphincter
o Prurit anal pouvant être majeur ;
o Tuméfaction anale ;
o Modification du transit intestinal.
o Syndrome rectal.
Signes physiques
o Inspection de la marge anale
Permet de différencier le cancer de la marge anale entièrement visible,
du cancer du canal anal avec extension à la marge.
o Toucher rectal
Préférable sous anesthésie générale ou neuroleptanalgésie.
Permet d’évaluer :
La taille de la tumeur en hauteur, largeur et épaisseur ;
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La topographie de la lésion et son extension au bas-rectum ;
Le degré d’atteinte circonférentielle ;
Le degré de sténose canalaire ;
L’envahissement du sphincter souvent difficile à reconnaître ;
L’infiltration régionale, à la cloison rectovaginale chez la
femme, à la prostate chez l’homme, et aux fosses ischiorectales
latéralement ;
La présence d’adénopathies sous forme de nodules durs
pararectaux ou pelviens, sans oublier d’examiner les aires
inguinales.
o Toucher vaginal : à la recherche de fistule rectovaginale
o Examen clinique : Hépatomégalie suspecte, ganglion de Troisier.
2. Examens complémentaires :
a. Anuscopie - Rectoscopie
Visualiser la lésion et de pratiquer des biopsies profondes multiples.
Au début : le cancer peut se présenter comme un petit nodule ou une ulcération d’un
pli. L’induration associée est le meilleur signe en faveur de la malignité.
À un stade plus évolué :
o Tumeurs principalement végétantes avec extension à la partie basse du rectum
ou de la marge anale ;
o Ulcérations bordées d’un bourrelet induré ;
o Formes infiltrantes dont l’extension en circonférence entraîne une sténose plus
ou moins importante du canal anal.
o Formes fistulisantes.
b.Histologie
Il distingue les carcinomes épidermoïdes des autres formes. Les différents types
histologiques sont décrits dans la classification de la World Health Organisation
(WHO):
Cancers épidermoïdes :
o à grandes cellules kératinisant
o non kératinisant (transitionnel)
o basaloïde.
Adénocarcinomes :
o de type rectal - glandes anales
o sur fistule anorectale.
Carcinomes à petites cellules
Carcinomes indifférenciés
Autres tumeurs (sarcomes - lymphomes - mélanomes ...).
VII.BILAN D’EXTENSION
Clinique :
Examen proctologique (TR+anuscopie) : Extension de la tumeur
o En hauteur : par rapport à la marge et à la zone de transition anorectale,
l'envahissement du bas rectum.
o Circulaire : fixation à l'espace anococcygien et aux fosses ischio-rectales et ses
rapports avec la prostate ou le vagin
Recherche d’Adp périrectale + Palpation des aires inguinales
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Examen gynécologique: TV + frottis cervical avec recherche de lésion HPV
associées.
Examen général : Masse pelvienne, HMG, Adp sus-claviculaire, Condylomes
Morphologie :
L’IRM ano-rectale : examen de choix pour évaluer l’extension loco-
régionale et ganglionnaire, avec des données en terme de sensibilité proches de
celles de la TEP, notamment depuis l’acquisition des séquences de
perfusion/diffusion.
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NB : nombre de ganglions à examiner histologiquement : au moins 12 sur un
curage péri-rectal et pelvien ou au moins 6 sur un curage inguinal. Si les
ganglions examinés sont indemnes, même si ce nombre n’est pas atteint,
classer pN0.
Métastases à distance (M)
MX : non évaluées
M0 : pas de métastase
M1 : métastases à distance
Stade 0 : in situ
Stade I : T1 N0 M0
Stade II : T2, T3 N0 M0
Stade III :
o a : T4 N0 M0/T1 T2 T3 N1 MO
o b : T4N1M0/N2/N3
Stade IV : métastatique
X. TRAITEMENT
1. But
Guérir le patient par l'obtention d'un contrôle locorégional de la maladie
Guérir en conservant un anus fonctionnel
Prévenir l'évolution métastatique
Le traitement repose pour les formes limitées sur la radiothérapie et pour les formes
étendues sur une association radio-chimiothérapique et/ou chirurgicale.
2. Moyens
→Radiothérapie exclusive
Le volume cible anatomo-clinique comporte la tumeur primitive ainsi que le
mesorectum inférieur pour les petites tumeurs.
Elle est étendue au Vx iliaques internes et aux gg inguinaux dans les formes
localement avancées.
Le premier temps d’irradiation doit délivrer une dose comprise entre 36 et 45 Gy.
La deuxième séquence délivre une irradiation comprise entre 15 et 25 Gy.
Elle peut être apportée soit par radiothérapie externe soit par curiethérapie
interstitielle.
La dose est adaptée à la réponse initiale de la tumeur primitive à la première séquence
thérapeutique
→Association radio-chimiothérapique
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Radiothérapie externe pelvienne + chimiothérapie concomitante la 1ère semaine selon
le protocole : 5 FU – Mitomycine C, ou 5FUcisplatine.
→Association radio-chirurgical
La RT pelvienne préopératoire ou la RCT préopératoire est suivie d'une amputation
abdomino-périnéale (AAP) après 6 semaines de délai.
→Chimiothérapie exclusive
L'association de 5 Fluorouracile (600 à 1000 mg/m2) de J1 à J5 ou J6 et de
Mitomycine C (10 à 15mg renouvelés tous les 28 jours).
L'association 5 Fluorouracile et cisplatine peut être une alternative.
→Chirurgie
Amputation ano-rectale + curage ganglionnaire hémorroïdal sup, moy et inf.
Le curage inguinal de nécessité est limité, en présence d'adénopathies malignes, ou
suspectes, à leur exérèse.
Il peut être réalisé avant ou après l'irradiation inguinale.
Il expose à la survenue d'une lymphocèle persistante et à l'apparition d'un
lymphoedème.
3. Indications dans les carcinomes épidermoïdes
RCT par 5 FU-MITOMYCINE C > la RT seule pour les tumeurs localement
avancées
L'amputation abdomino-périnéale est réservée aux échecs des traitements
conservateurs, ou aux complications graves.
Stades T1 N0
Traitement conservateur du sphincter
RT exclusive
Stade T2 N0/T2N1/T2N3/T3
L’association RCT concomitante exclusive avec association 5FU : Mitomycine reste le
traitement de premier choix
Option : RT exclusive pour les T2N0 faible avec tumeur < 3 cm.
Les patients mauvais répondeurs ou dans l’impossibilité de conserver un sphincter
fonctionnel se verront proposer un traitement préopératoire et une AAP
Stade T4
RCT préopératoire suivie 6 semaines plus tard d’une AAP reste la référence
La chirurgie ne peut être évitée que pour de très rares patients excellents répondeurs
aux traitements initiaux conservant un sphincter fonctionnel après le traitement
d’induction.
Tumeurs métastatiques d'emblée
Chimiothérapie exclusive.
Chirurgie fonctionnelle (colostomie de décharge pour incontinence)
XI. SURVEILLANCE
o Examen clinique, avec touchers pelviens, anuscopie, palpation inguinale, tous
les 4 mois pendant 2 ans, puis tous les 6 mois pendant 3 ans puis annuellement
o Les biopsies itératives sont à éviter en raison des risques de nécrose après
radiothérapie
o En cas de tumeur localement :echo hépatique/Rx poumon / an pdt 5ans
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La difficulté de la surveillance est liée à l'aspect remanié du canal anal après
traitement conservateur et aux complications locales que peuvent entraîner des
biopsies de contrôle itératives
XII. PRONOSTIC
Taille tumorale :
o Si taille > 4cm : facteur pronostique
o Elle est corrélée à la survie, au taux d’échec local, de conservation
sphinctérienne, et parfois même aux complications tardives.
Envahissement ganglionnaire surtout les métastases ganglionnaires inguinales
initiales.
Métastases à distance surtout les métastases extra-pelviennes est fortement corrélée à
un pronostic péjoratif.
Histologie : c’est surtout le degré de différenciation qui intervient.
Réponse initiale au traitement : La qualité de la réponse tumorale, et surtout
l’existence d’une réponse complète après la première séquence, sont retrouvées
comme des facteurs pronostiques significatifs.
Âge :
XIII. CONCLUSION
Le cancer du canal anal est une tumeur rare dont l’incidence s’est accrue au cours des
dernières années.
Sa symptomatologie initiale est pauvre et les formes cliniquement évoluées sont
fréquentes.
Le diagnostic repose sur le toucher rectal, avec confirmation histologique par biopsie.