Comlanvijude - Eggoh 1753 PDF
Comlanvijude - Eggoh 1753 PDF
Comlanvijude - Eggoh 1753 PDF
THÈSE
présentée par :
Jude C. EGGOH
soutenue le : 1er juillet 2009
RAPPORTEURS :
Mr Jean-Bernard CHATELAIN Professeur, Université Paris I Panthéon Sorbonne
Mr Christian AUBIN Professeur, Université de Poitiers
_____________________________________________________________________________________
JURY :
Mr Fulbert AMOUSSOUGA GERO Professeur, Université d’Abomey-Calavi
Mr Christian AUBIN Professeur, Université de Poitiers
Mr Jean-Bernard CHATELAIN Professeur, Université Paris I Panthéon Sorbonne
Mr Gilbert COLLETAZ Professeur, Université d’Orléans
Mr Jean-Paul POLLIN Professeur, Université d’Orléans, Président
Mr Gervasio SEMEDO Maître de Conférences, HDR, Université de Tours
Mr Patrick VILLIEU Professeur, Université d’Orléans
L’Université d’Orléans n’entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans les thèses ;
elles doivent être considérées comme propres
à leurs auteurs.
A mon père Noël, ma mère Gisèle, mes frères et sœurs, et à tous ceux qui me sont chers,
je dédie cette thèse.
Remerciements
Qu’il me soit permis ici de remercier très sincèrement Patrick Villieu et Fulbert
Amoussouga Géro pour m’avoir donné l’occasion de poursuivre mes études de doctorat
au Laboratoire d’Economie d’Orléans (LEO). Votre grande disponibilité, votre soutien
sans faille et vos conseils utiles et avisés m’ont été d’un atout précieux durant cette thèse.
J’ai beaucoup appris à vos côtés.
Depuis mon arrivée en France, jusqu’à ce moment précis le chemin parcouru a été
long, pénible et le quotidien parfois difficile. Cependant, dans mon entourage immédiat
j’ai pu compter sur certaines personnes à qui j’exprime ici ma profonde reconnaissance.
Je pense particulièrement à Dieudonné Sondjo, Sessi Tokpavi, Jules Houndji, Didier
Tébili et Leïla Ali-Aga. Je n’oublie pas mes aînés avec qui j’ai fait une partie de ce
chemin : Gilles-Armand Sossou, Denis Acclassato, Magloire Lanha et Edgard Gbinlo.
Merci pour votre soutien constant.
Introduction générale 1
i
TABLE DES MATIÈRES ii
Bibliographie 375
Table des …gures
vi
TABLE DES FIGURES vii
viii
LISTE DES TABLEAUX ix
5.1 Tests de racines unitaire sur données de panel (échantillon total) . . . . . . 281
5.2 Tests de racines unitaire sur données de panel (PRF) . . . . . . . . . . . . 282
5.3 Tests de racines unitaire sur données de panel (PRM) . . . . . . . . . . . . 283
5.4 Tests de racines unitaire sur données de panel (PRE) . . . . . . . . . . . . 284
5.5 Tests de cointégration sur panel (tests de Pedroni, 1999) . . . . . . . . . . 286
5.6 Estimation de la relation de cointégration à l’aide des DOLS (échantillon
global et PRF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289
5.7 Estimation de la relation de cointégration à l’aide des DOLS (PRM et PRE) 290
5.8 Synthèse des résultats de la causalité entre la …nance et la croissance . . . 293
5.9 Estimation de la relation de long terme entre la …nance et la croissance à
l’aide des PMG sur l’échantillon global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
5.10 Estimation de la relation de long terme entre la …nance et la croissance à
l’aide des PMG sur l’échantillon des pays à revenu faible . . . . . . . . . . 296
5.11 Estimation de la relation de long terme entre la …nance et la croissance à
l’aide des PMG sur l’échantillon des pays à revenu moyen . . . . . . . . . . 297
5.12 Estimation de la relation de long terme entre la …nance et la croissance à
l’aide des PMG sur l’échantillon des pays à revenu élevé . . . . . . . . . . . 298
Existe-t-il un lien entre le niveau de développement …nancier d’un pays et son taux de
croissance, ou son niveau de développement économique ? Des comparaisons simples entre
le taux de croissance économique et le niveau de développement …nancier (mesuré ici par
le ratio au PIB du crédit au secteur privé) fournissent les di¢ cultés que soulève une telle
interrogation. En e¤et, le taux de croissance moyen du PIB sur la période de 1960-2004 du
Ghana, de la Suisse et de la Taiwan est respectivement de 2,85%, 1,49% et 4,50%. Dans
le même temps, le niveau moyen de développement …nancier enregistré par chacun de ces
pays est respectivement 6,16%, 126,66% et 46,07%1 . On remarque à partir de l’analyse de
ces statistiques que le pays qui a le niveau de développement …nancier le plus élevé (la
Suisse) n’enregistre pas le taux de croissance le plus fort ; de même, malgré son taux de
croissance économique moyen très élevé, la Taiwan ne connaît pas un niveau de développe-
ment …nancier considérable comme la Suisse. Ce constat est plus accentué dans le cas du
Ghana où le niveau de développement …nancier reste encore très faible. A cette di¢ culté
d’associer directement la …nance à la croissance, il y a le fait que certains aspects des poli-
tiques de développement …nancier compromettent sérieusement la croissance économique.
De nombreux travaux fournissent la preuve de ce lien surprenant entre les politiques de
libéralisation …nancière et les crises …nancières. A cela, il faut ajouter les problèmes écono-
métriques que pose l’évaluation de la relation entre la …nance et la croissance, compte tenu
des di¢ cultés liées à la mesure du développement …nancier, la question d’endogénéité, et
la détermination de la nature de la causalité entre les deux variables2 .
Le secteur …nancier est de nos jours au cœur de l’économie réel. Cependant, le rôle de
la …nance dans la croissance économique a longtemps été occulté pour plusieurs raisons :
1
Source des données : Pen World Table (pwt) 6.2, et Beck, Demirgüç-Kunt, et Levine (2007).
2
Ces di¤érentes interrogations que suscite l’étude de la relation entre la …nance et la croissance motivent
en partie la présente thèse.
1
Introduction générale 2
nomie de développement”, dont trois lauréats du Prix Nobel, n’évoque à aucun niveau le
secteur …nancier. De même, Stein (1989) dans une revue de littérature sur l’économie du
développement ne discute pas le rôle de la …nance4 .
Les années soixante-dix constituent de façon générale un tournant dans la science éco-
nomique, compte tenu de la remise en cause du consensus keynésien et l’émergence de la
théorie monétariste. Ce changement au niveau de la vision globale a¤ecte la conception
du rôle de la …nance dans le développement. On peut donc penser que le monétarisme a
servi de socle pour l’éclosion du libéralisme …nancier. C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire
les contributions de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973) qui préconisent la libéralisation
…nancière comme une thérapie contre le sous développement économique5 . La libéralisa-
tion …nancière se dé…nit par opposition à la “répression …nancière” comme une politique
qui consiste à supprimer les plafonds de taux d’intérêt et l’encadrement du crédit : les
taux d’intérêt, les montants de crédit et les projets à …nancer sont désormais déterminés
par le marché, et les interventions publiques doivent être abolies ; l’indépendance des ins-
titutions …nancières, la libre circulation des capitaux et l’accroissement du processus de
désintermédiation …nancière. Les deux auteurs montrent que dans les pays à faible revenu,
et …nancièrement réprimés, une grande part des investissements se réalise par auto…nance-
ment compte tenu du faible niveau d’épargne ; puisque les rendements réels des encaisses
monétaires et quasi monétaires sont souvent négatifs, les agents économiques sont plus ten-
tés de détenir de la liquidité que d’investir ; ce qui aura des e¤ets négatifs sur la croissance.
Les développements théoriques de Mac Kinnon et Shaw ont été favorablement accueillis
par la communauté …nancière internationale, comme en témoignent les nombreuses poli-
tiques de libéralisation …nancières mises en œuvre dans les pays en développement. Le cas
du Chili, de l’Argentine et de nombreux pays de l’Amérique Latine a été édi…ant : à la
répression …nancière et au sous développement économique se sont substituées l’instabilité
économique et les crises …nancières. Face à l’échec des premières vagues de libéralisation, de
nombreux travaux s’e¤orcent d’identi…er les causes de ces résultats et proposent un analyse
4
Cependant, il faut noter qu’il a une évolution au niveau de la conception du rôle du secteur …nancier
au cours de ces dernières années, qui peut être illustrée non seulement par les nombreux articles publiés
sur le sujet, mais aussi par le fait que dans le dernier “Handbook of Economic Growth”(Aghion et Durlauf,
2005), un chapitre est consacré à l’étude de la relation entre la …nance et la croissance.
5
La théorie de la libéralisation …nancière conforte les développements réalisés par Hick (1969), Gurley
et Shaw (1955) et Goldsmith (1968) qui estiment que les aspects …nanciers du développement sont occultés
par la théorie keynésienne et que le secteur …nancier a¤ecterait favorablement le développement.
Introduction générale 4
critique de la théorie de Mac Kinnon et Shaw. Ainsi, les années quatre-vingts ont été plus
consacrées à la remise en cause de la théorie de la libéralisation. Les enseignements de la
littérature critique ont renforcé les analyses théoriques à venir sur le secteur …nancier. C’est
dans cet ordre d’idées qu’il faudra inscrire les développements théoriques réalisés dans le
cadre des modèles de croissance endogène, qui ont donné un regain d’intérêt à l’analyse de
la relation entre la croissance et la …nance. Un constat est à faire à ce niveau : le concept
de développement …nancier s’est substitué à celui de libéralisation …nancière.
Bien que de nombreux articles traitent du développement …nancier, peu d’entre eux
en fournissent une dé…nition précise. La dé…nition du développement …nancier que nous
retenons dans le cadre de cette thèse est celle de Levine (2004), selon laquelle, il y a dé-
veloppement …nancier, lorsque les instruments …nanciers, le marché et les intermédiaires
…nanciers réduisent sans pour autant éliminer les coûts d’obtention de l’information, de
mise en œuvre des contrats et de transaction, permettant ainsi au système …nancier de
mieux remplir les cinq fonctions suivantes : (i) fournir l’information ex ante sur les éven-
tuels investissements et les allocations du capital ; (ii) contrôler les investissements réalisés
et veiller à une bonne gestion des entreprises après l’octroi de crédit ; (iii) faciliter les
transactions, la diversi…cation et la gestion du risque ; (iv) mobiliser et mettre en commun
l’épargne ; (v) faciliter les échanges de biens et de services. Chacune de ces fonctions du sys-
tème …nancier peut in‡uencer les décisions d’investissement et d’épargne, et par conséquent
la croissance économique. Cependant, puisque les marchés sont imparfaits, et les lois, les
réglementations et les politiques varient dans le temps et suivant les pays, des améliorations
au niveau de l’une des fonctions peuvent avoir des implications di¤érentes sur l’allocation
des ressources et le bien-être, en fonction du rôle des autres frictions de l’économie. On
perçoit bien à travers cette dé…nition du développement …nancier, que ce dernier représente
un tout, et que certains aspects du développement …nancier peuvent se réaliser sans pour
autant avoir des conséquences favorables en termes de croissance économique.
– Objectifs de la thèse
les grands axes autour desquels s’articulent les discussions sur le sujet, la méthodologie
d’analyse utilisée dans le chapitre et en…n, les résultats obtenus. Dans la partie théorique
nous avons eu recours à deux classes de modèles : les modèles de croissance optimale et
les modèles à générations imbriquées. Dans la partie empirique consacrée à l’évaluation de
la relation entre la …nance et la croissance sur données de panel, nous utilisons une base
de données comportant 71 pays aussi bien développés qu’en développement sur la période
1960-2004. La variable endogène de notre analyse est le taux de croissance économique,
et le développement …nancier est mesuré à travers 5 indicateurs. Dans le chapitre 4, les
estimations sont réalisées au moyen des estimateurs “between” et “within” et sur panel
dynamique à l’aide de la technique des GMM (Méthode des Moments Généralisés) sur
panel dynamique. Ensuite, dans le chapitre 5, nous testons l’hypothèse de racines unitaires
(tests de Im, Pesaran et Shin, 2003, de Maddala et Wu, 1999 et de Pesaran, 2003), évaluons
l’existence de la relation de cointégration à l’aide des tests de Pedroni (2004), et estimons
…nalement la relation entre la …nance et la croissance à l’aide de la méthodologie des
Dynamiques OLS (Kao et Chiang, 2001) et des Pool Mean Group (Pesaran et al., 1999).
En…n, dans le dernier chapitre de la thèse nous testons l’hypothèse d’existence de non
linéarité entre la …nance et la croissance en estimant dans un premier temps des équations
dans lesquelles la variable de développement …nancier est croisée avec des variables de
politique économique ou des paramètres structurels, puis dans un second temps, à l’aide de
la méthodologie des Panel Smooth Threshold Regression (PSTR) développée par González
et al. (2005) et Fok et al. (2004).
Compte tenu des objectifs évoqués précédemment, la présente thèse est subdivisée en
deux parties comprenant chacune trois chapitres : une partie théorique et une partie em-
pirique.
Le chapitre premier est consacré à la genèse et à l’évolution des théories sur le rôle du
secteur …nancier dans le processus du développement et de la croissance. Cette revue de
littérature présente les principaux développements théoriques depuis les premières contri-
butions de Schumpeter (1911), jusqu’à celles réalisées vers la …n des années quatre-vingts.
La littérature sur le sujet montre qu’après les premières analyses favorables à une rela-
tion positive entre la …nance et la croissance, la contribution des auteurs d’inspiration
Introduction générale 7
keynésienne a montré que la croissance économique ne pourra pas avoir des sources …-
nancières, et que le développement du secteur …nancier se fait en réaction au secteur réel.
Cette vision théorique a permis la mise en place de politiques économiques peu favorables
au développement …nancier. Cependant, la …n des années soixante et le début des années
soixante-dix correspondent à un tournant de ce point de vue avec les analyses de Mac
Kinnon (1973) et Shaw (1973). On assiste à une critique de la vision keynésienne de la
…nance et à une proposition d’une nouvelle théorie du développement axée sur la …nance :
la libéralisation du secteur …nancier serait un élément fondamental a…n de sortir les pays
du sous développement économique. Cependant, le problème que posent ces politiques de
libéralisation …nancière est de vouloir répondre à toutes les questions de développement et
d’être applicables à tous les pays quelle que soit leur situation économique.
Mais force est de constater que les résultats des premières vagues de libéralisation …-
nancière n’étaient pas à la hauteur des attentes ; ce qui a favorisé l’éclosion de nouveaux
courants de pensée (les néo-structuralistes, une vision alternative de la politique des taux
d’intérêt et l’école de l’imperfection des marchés …nanciers) qui s’e¤orcent de révéler les
limites de la théorie de Mac Kinnon et Shaw. L’analyse critique montre que les aspects
institutionnels ont été occultés dans la mise en œuvre des politiques de libéralisation …-
nancière.
Ainsi, le bilan des politiques de libéralisation …nancière montre que l’échec de ces der-
nières peut être d’une part attribué aux conditions dans lesquelles ces politiques ont été
mises en œuvre, à la situation macroéconomique des pays concernés, et d’autre part à la
pertinence même de ces politiques de libéralisation : la libéralisation …nancière était-elle le
remède idéal pour régler les problèmes de développement ?
Cependant, malgré la pertinence de l’idée selon laquelle le secteur …nancier a¤ecterait
favorablement le secteur réel, l’analyse de la théorie de la libéralisation …nancière com-
porte des limites et soulève des interrogations. C’est pour combler ces insu¢ sances qu’on
va voir naître au cours des années quatre-vingt-dix, de nouveaux développements théo-
riques réalisés dans le cadre des modèles de croissance endogène qui prennent en compte
le développement …nancier : c’est l’objet du second chapitre.
Ensuite, nous élaborons un modèle à générations imbriquées dans lequel les intermé-
diaires …nanciers ont pour rôle de faciliter les échanges de biens entre les agents à capacité
d’investissement (les entrepreneurs) et les individus qui ont subi un choc défavorable et
qui doivent se débarrasser de leurs actifs illiquides. Ainsi, les intermédiaires …nanciers per-
mettent d’une part de déterminer le juste prix d’échange en fournissant une évaluation des
actifs au prix du marché et d’autre part d’éviter le retrait prématuré du capital de la sphère
productive, qui serait préjudiciable à la croissance7 . Les résultats obtenus suggèrent que le
développement de l’intermédiation …nancière favorise les investissements en actifs illiquides,
stimule la croissance et améliore de façon globale le bien-être des agents économiques ; en
bref, l’équilibre …nancier est préférable à l’équilibre non …nancier. Ainsi, l’impact négatif
du développement …nancier sur le niveau d’épargne est compensé par l’e¢ cacité des inves-
tissements liée à une meilleure allocation des ressources par des intermédiaires …nanciers ;
ce qui fait que l’e¤et du développement …nancier sur la croissance reste toujours positif.
7
La présente modélisation se distingue de celles de Bencivenga et Smith (1991) et de Levine (1991) par
le fait qu’elle ne décrit pas de façon formelle le comportement des intermédiaires …nanciers.
Introduction générale 9
Nonobstant l’e¤et positif de la …nance sur la croissance démontré à travers les deux
modèles théoriques précédents, un aspect important du développement …nancier souvent
occulté par les modèles classiques n’est pas pris en compte : l’innovation …nancière. Le
chapitre suivant s’attelle à la prise en compte d’une innovation …nancière caractérisée par
un processus dynamique dans un modèle de croissance endogène.
Par ailleurs, il est supposé que les produits …nanciers sont des biens non rivaux c’est-à-
dire qu’ils peuvent simultanément s’employer dans les secteurs …nancier et réel. La robus-
tesse de cette hypothèse est testée en comparant l’équilibre obtenu en cas de rivalité des
produits …nanciers à une situation de non rivalité. Les résultats suggèrent que les produits
Introduction générale 10
…nanciers non rivaux sont plus porteurs de croissance que les produits rivaux. L’analyse de
la dynamique transitoire réalisée dans la dernière partie de ce chapitre permet de décrire
les ajustements de court terme au niveau des di¤érentes variables a…n de converger vers
l’état stationnaire. Cette dynamique d’ajustement dépend du niveau du ratio de produits
…nanciers par unité de capital, qui peut se traduire par une croissance ou décroissance des
di¤érentes variables pour atteindre l’état stationnaire.
des spéci…cations de type quadratique ou prenant en compte des variables croisées avec
le développement …nancier a…n de tester l’hypothèse de non linéarité par rapport aux
paramètres structurelles (niveau de développement …nancier, capital humain et niveau
d’instabilité …nancière) d’une part et d’autre part par rapport aux variables de politique
économique (taux d’in‡ation et ratio au PIB des dépenses gouvernementales). Les résultats
obtenus à l’aide de cette approche polynomiale, montrent que non seulement les paramètres
structurels, mais aussi les politiques économiques mises en oeuvre peuvent a¤ecter la nature
de la relation entre la …nance et la croissance. Les conditions requises pour une relation
favorable entre la …nance et la croissance sont : des niveaux de développement …nancier,
d’instabilité …nancière et de capital humain inférieurs à des seuils données ; et des politiques
économiques visant à maîtriser l’in‡ation et à limiter le niveau des interventions publiques
à travers les dépenses gouvernementales. Cependant, la non linéarité entre la …nance et la
croissance peut être plus complexe. En e¤et, la relation entre la …nance et la croissance
fait apparaître des trappes, qui peuvent conduire à des équilibres multiples qu’il n’est pas
possible de mettre en évidence à travers les précédentes spéci…cations ; d’où la nécessité
de faire recours à d’autres techniques d’estimation : les PSTR (Panel Smooth Threshold
Regression) par exemple.
13
Chapitre 1
1.1 Introduction
14
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 15
sance économique, et que si des pays sont sous développés ont une croissance faible, ce
serait à cause de leur faible niveau de développement …nancier. Par conséquent, ils pré-
conisent des politiques de libéralisation …nancière comme thérapie au sous développement
et à la faible croissance économique. Ces développements théoriques reçurent un écho fa-
vorable de la part des institutions internationales (Banque Mondiale et Fonds Monétaire
International) et furent expérimentés dans de nombreux pays en développement. Les ré-
sultats de ces politiques ne se …rent pas attendre et le sous développement économique et
…nancier a laissé place à l’instabilité économique et aux crises …nancières. Face à l’échec
des premières vagues des politiques de libéralisation, de nombreux courants de littérature
élaborent dans les années 80, une analyse critique minutieuse de la thèse de Mac Kinnon
et Shaw, qui révèle les limites des politiques de libéralisation …nancière. A la …n des années
80, l’émergence de la nouvelle théorie de la croissance endogène a donné un regain d’intérêt
à l’étude de l’impact du développement …nancier sur la croissance économique.
La présente revue de littérature s’e¤orce de présenter une synthèse de la littérature
théorique sur la relation entre la …nance et la croissance. L’objectif de ce survey est de passer
en revue les di¤érentes contributions à l’analyse de la relation entre les secteurs …nancier et
réel. Cette revue prend surtout en compte les travaux réalisés depuis Schumpeter (1911),
jusqu’aux dernières contributions théoriques faites vers la …n des années 80.
Le plan du présent chapitre est le suivant : d’abord, nous présentons les contributions
pionnières, ensuite la théorie de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), ses prolongements et
ses limites ; en…n, la dernière section est consacrée à l’analyse des réalités économiques des
politiques de libéralisation …nancière dans les années 80.
technologies de production, et le rôle du banquier est primordial dans le choix de ces nou-
velles technologies. Pour Schumpeter, le développement …nancier stimule la croissance à
travers l’allocation e¢ cace des ressources.
Ainsi, la production nécessite du crédit, qui n’est facilement accessible que grâce au
développement …nancier. Dans ce processus de développement, Schumpeter (1959) iden-
ti…e le banquier comme l’agent principal et place ce dernier au cœur même de l’activité
économique en faisant remarquer :
Cependant, il faudra signaler que dans l’approche de Schumpeter, l’accent n’est pas
mis sur le processus de mobilisation de l’épargne mais plutôt sur l’octroi du crédit. La
banque assure le …nancement de l’entrepreneur innovateur par création monétaire (au cas
où l’épargne serait insu¢ sante)2 , sans s’assurer de l’existence d’une demande face à l’o¤re
d’une part et d’autre part sans pouvoir évaluer le risque lié à l’activité d’innovation de
l’entrepreneur.
A la suite de ces prémisses favorables au secteur …nancier, Keynes (1936) propose une
théorie du développement di¤érente de celle de Bagehot (1873) et de Schumpeter (1911,
1959), en mettant l’accent sur le rôle déterminant de l’investissement dans la production
globale et l’emploi. L’un des objectifs de la théorie keynésienne est d’examiner les conditions
dans lesquelles les mécanismes monétaires peuvent a¤ecter la dynamique de l’économie
réelle. Il apparaît donc ce qu’on peut appeler un “keynésianisme …nancier”(en reprenant
les termes de Chouchane-Verdier, 2001), dont l’objet est de mettre en évidence les ressorts
…nanciers de l’investissement. Aussi, contrairement aux néo-classiques3 , Keynes dans sa
théorie sur le taux d’intérêt et la préférence pour la liquidité recommande une baisse des
taux d’intérêt pour favoriser l’investissement4 . Cependant, il serait intéressant de noter
que, Keynes fait la di¤érence entre l’activité d’intermédiation …nancière censée supporter
2
En e¤et, selon Schumpeter, l’épargne n’est pas une condition nécessaire pour l’octroi de crédit, et il
appelle le crédit réalisé par création monétaire “crédit essentiel ”, en opposition au “crédit non essentiel ”
nourri par l’épargne.
3
Notons que selon la théorie néo-classique, la …nance ne serait pas essentielle pour l’investissement ; ceci
s’illustre par le concept de la neutralité de la …nance. Nous y reviendrons plus tard.
4
Il faut signaler que Keynes ajoute que l’e¤et favorable de la baisse des taux d’intérêt ne se produira
pas si la courbe de l’e¢ cacité marginale du capital est en dessous du taux d’intérêt.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 18
Il compare les bourses des valeurs aux casinos et préconise que leurs accès soient ren-
dus di¢ ciles pour l’intérêt du public. C’est dans cet ordre d’idée qu’il faut inscrire la
contribution de Minsky (1964b)5 qui estime que les intermédiaires …nanciers jouent un
rôle déterminant dans le déclenchement de l’instabilité …nancière, puisqu’en leur absence
la détresse …nancière des agents économiques qui enregistrent une baisse de leur revenu ne
se transmet pas au reste de l’économie.
En e¤et, la vision de Minsky du secteur …nancier reste proche sur plusieurs points de
celle de Keynes. Cependant, Minsky a¢ rme que l’investissement est un phénomène essen-
tiellement …nancier, dont la réalisation ne dépend pas principalement du taux d’intérêt,
mais plutôt du climat de con…ance des a¤aires (relation entre le banquier et l’entrepre-
neur). Un climat des a¤aires favorable engendre naturellement un boom économique, qui
peut aussi provoquer de l’instabilité …nancière selon Minsky. En e¤et, la théorie de l’insta-
bilité …nancière de Minsky s’inscrit dans le contexte d’économie en expansion. Ainsi, l’essor
économique accroît l’optimisme et les croyances s’écartent des niveaux convenables d’en-
dettement et de risque ; les prix des actifs s’élèvent et le niveau général de la spéculation
s’accroît6 . Selon Minsky, la crise …nancière résultant de l’euphorie économique entraîne un
resserrement des conditions de …nancement de l’investissement, l’accroissement de la prime
de risque, la baisse de la valeur des actifs …nanciers, la faillite des entreprises et en…n la
dépression économique. Le facteur …nancier aggravant de la dépression économique est le
caractère procyclique du crédit7 . Minsky accorde un rôle prépondérant à l’Etat qui doit
inverser les anticipations pessimistes des agents, et les prévisions défavorables des banques,
5
Cette classi…cation de l’oeuvre de Minsky avant Mac Kinnon (1974) et Shaw (1974), faisant plus
référence à ses premiers travaux est toutefois discutable dans la mesure ses travaux s’étendent sur une
période assez longue (Minsky, 1964a ; 1964b ; 1969 ; 1977 ; 1978 ; 1982 ; 1986), mais restent conformes à sa
vision initiale en ce qui concerne les déterminants …nanciers de l’investissement.
6
Voir Wolfson (2002) et Barnes (2007) pour plus de détails sur les di¤érences séquences (étapes) de la
théorie de l’instabilité de Minsky.
7
Le crédit procyclique par opposition au crédit contracyclique, traduit le fait que le crédit soit abon-
damment distribué en période d’expansion économique, et resserré en période de récession.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 19
qui en suspendant les crédits aggravent la situation de l’économie réelle. Par conséquent,
l’analyse de Minsky présente l’intérêt d’insister sur le rôle de l’incertitude, des anticipations
réalisées par les agents et du climat des a¤aires, sur les décisions d’investissement.
Selon Gurley et Shaw (1955), l’aspect …nancier du développement est parfois négligé
parce que le développement économique fait souvent référence aux questions relatives au
bien-être, au travail, à la production et au revenu. Ils présentent une théorie classique
d’analyse de l’impact des actifs monétaires sur le taux de croissance dans laquelle, ils
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 20
dressent une critique virulente contre le keynésianisme du fait de la non prise en compte
des aspects …nanciers du développement. Gurley et Shaw (1955) estiment que le modèle
keynésien n’est pas un instrument e¢ cace pour étudier le développement économique,
surtout dans ses aspects …nanciers qu’ils justi…ent comme suit :
Dans leur proposition de théorie …nancière, Gurley et Shaw (1955) suggèrent une théorie
de l’intérêt et du revenu qui autorise une accumulation de la dette pour la croissance, les
intermédiaires …nanciers non monétaires, la …nance directe et indirecte8 . Ils estiment que ces
éléments sont des outils meilleurs que la théorie d’analyse keynésienne du développement
économique fondée sur la préférence pour la liquidité à court terme. A l’équilibre, les actifs
illiquides accumulés sous forme de dette directe exercent une pression à la hausse sur le
taux d’intérêt. Ce qui fait qu’une politique économique axée sur le dé…cit et l’in‡ation ne
peut être compatible avec le développement …nancier.
sus d’industrialisation quand son niveau technologique sera plus élevé et les investissements
seront réalisés à grande échelle, puisque le secteur bancaire fournira le capital et l’esprit
d’entreprise nécessaire pour mener à bien le processus d’industrialisation. En…n, la Rus-
sie considérée comme un pays arriéré, a besoin d’un secteur …nancier actif et d’un e¤ort
considérable de la part du gouvernement pour mobiliser le capital à grande échelle en vue
de réaliser les investissements intensifs nécessaires pour que l’économie puisse entamer le
processus de l’industrialisation12 . L’analyse de Gerschenkron (1962) s’inscrit dans le même
ordre d’idée que Hicks (1969), qui estime que la révolution industrielle n’est pas associée
uniquement à la mise en application des technologies nouvelles découvertes mais aussi à
la révolution …nancière qui a favorisé l’accroissement massif des investissements. Il ajoute
que la plupart des technologies associées à la révolution industrielle ont été découvertes
bien avant, mais n’ont jamais été mises en œuvre, parce que leur adaptation à l’échelle
commerciale nécessite d’énormes investissements illiquides. Ce qui n’est pas possible en
l’absence d’intermédiaire …nancier.
treuses sur la croissance économique du pays concerné. Patrick (1966) estime qu’il y a trois
moyens par lesquels le développement …nancier peut in‡uencer la croissance économique :
d’abord par le biais des institutions …nancières qui favorisent une allocation e¢ ciente de la
richesse susceptible d’entraîner la croissance du taux d’accumulation du capital en incitant
à épargner et à investir ; ensuite la réalisation de nouveaux investissements, et en…n ces
institutions servent de courroie de transmission entre les épargnants et les investisseurs.
Malgré le fait que l’e¤et de “demand following”implique une causalité allant de la crois-
sance vers la …nance et l’e¤et de “supply leading”, entraîne une causalité du développement
…nancier vers la croissance, Patrick (1966) avance :
Les conclusions de Patrick (1966) ont inspiré de nombreuses études de causalité sur la
relation entre le développement …nancier et la croissance, qui ont conduit à des conclusions
plus ou moins tranchées. En e¤et, Cameron (1967) va dans le sens d’une relation réci-
proque entre la croissance économique et le développement …nancier et met en exergue le
rôle crucial de la qualité des services …nanciers et l’e¢ cience avec laquelle ils sont fournis.
Pour ce dernier, les intermédiaires …nanciers servent de véhicule pour canaliser les fonds
des épargnants vers les individus moins averses au risque qui disposent d’une compétence
entreprenariale leur permettant de rendre les fonds disponibles dans le futur. De plus les
intermédiaires …nanciers fournissent l’incitation aux investisseurs et créent les conditions
favorables pour une allocation plus e¢ ciente des richesses durant les premiers stades de
l’industrialisation. Il évoque par ailleurs le rôle déterminant des banques dans la majorité
des innovations techniques (à l’instar de Hick, 1969) et ajoute que les intermédiaires …nan-
ciers encouragent les investissements à grande échelle du fait de la baisse des coûts liés à
l’emprunt. De plus, le développement …nancier réduit la variabilité des taux d’intérêt dans
le temps et entre les régions liée aux ‡uctuations saisonnières. Cameron (1967) complète
son analyse théorique par des études de cas où il met l’accent sur l’interaction entre les
secteurs …nancier et réel au cours du processus d’industrialisation au XIXeme siècle dans
les pays comme : l’Angleterre, l’Ecosse, la Belgique, l’Allemagne, le Japon, la France et la
Russie. Il montre qu’en Ecosse, en Belgique, en Russie et au Japon, le système …nancier
a activement favorisé l’industrialisation (e¤et de “supply leading”) tandis qu’en France et
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 24
On peut également ajouter que le rôle des intermédiaires …nanciers dans une économie
se ramènerait à la résolution du problème de la double coïncidence posé par une économie
dans laquelle les échanges se réalisent par le troc. En e¤et, en absence d’intermédiaire
…nancier, il faudrait que le prêteur rencontre le demandeur de crédit qui puisse être d’accord
pour emprunter le montant proposé par le prêteur, au taux d’intérêt et pour la durée
qu’il souhaite ; ce qui n’est toutefois pas évident. Les intermédiaires …nanciers par contre
permettent de régler ce problème, en collectant et en centralisant l’épargne des agents
excédentaires et en octroyant des crédits aux agents dé…citaires13 .
Bien que manquant d’un cadre théorique pertinent et d’évaluation empirique concrète,
ces développements théoriques précurseurs ont été à l’origine de débats académiques in-
l’épargne par le système bancaire ; il a¢ rme : “ce n’est pas en augmentant le capital (…nancier) d’un pays,
mais en rendant une plus grande partie de ce capital actif et productif qu’il ne le saurait autrement, que
de judicieuses opérations bancaires permettant de développer l’industrie du pays.” (Adam Smith 1776, p.
288), op. cite, Guillard et Rajhi (1993).
15
Le théorème de MM est résumé par les deux propositions suivantes :
Proposition 1 : “The market value of any …rm is independent of its capital structure and is given by
capitalizing its expected return at the rate k appropriate to its class.”(Modigliani et Miller 1958, p. 268).
Proposition 2 : “The expected yield of share of stock is equal to the appropriate capitalization rate k for
a pure equity stream in the class, plus a premium related to …nancial risk equal to the debt-to-equity ratio
times the spread between k and r (debt cost).” (Modigliani et Miller 1958, p. 271).
16
Les deux théorèmes du bien-être économique sont les résultats fondamentaux de la théorie de l’équilibre
général telle que formulée par Arrow et Debreu. Sous un certain nombre d’hypothèses (concurrence pure et
parfaite, homogénéité et continuité des fonctions de production et des fonctions de demande), ils énoncent
les deux théorèmes suivants :
Premier théorème : pour toute dotation initiale, il existe un équilibre de marché en concurrence pure et
parfaite, et cet équilibre est un optimum de Pareto dans l’espace des répartitions des biens.
Second théorème : tout optimum de Pareto dans l’espace des répartitions des biens est atteignable en
situation de concurrence pure et parfaite moyennant une redistribution forfaitaire des dotations initiales.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 26
tenses sur le rôle des politiques …nancières dans le processus de développement. Toute cette
littérature, prônant que le développement …nancier est un élément essentiel à la croissance
économique a servi de prémisses à la théorie du développement économique axée sur la li-
béralisation …nancière de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), qui dénoncent les politiques
de répression …nancière préconisées par les keynésiens17 . Quels sont les fondements théo-
riques de la doctrine de Mac Kinnon (1973), Shaw (1973) et de leurs disciples ? En quoi
consiste-t-elle ? Et quelles en sont les implications économiques ?
Avec les développements théoriques de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), le concept
de développement …nancier prend une nouvelle envergure, et dépasse le cadre des débats
académiques. En e¤et, Mac Kinnon (1973) avec son paradigme de “répression …nancière”
fait un plaidoyer élogieux en faveur des politiques de libéralisation …nancière dans les pays
en développement, qui a reçu un écho très favorable auprès des organisations internationales
comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, comme en témoignent les
politiques de libéralisation …nancière “à tout va” prescrites comme thérapie inéluctable
pour régler les problèmes de faible croissance économique dans les pays en développement.
La répression …nancière se caractérise par la …xation des taux d’intérêt réels en dessous
de leur niveau d’équilibre de marché (taux d’intérêt plafonnés), des montants élevés des
réserves bancaires, l’obligation faite aux banques de …nancer prioritairement les projets
gouvernementaux peu rentables et un niveau d’in‡ation élevé. Elle est basée sur la théorie
de la croissance de la préférence pour la liquidité développée par Keynes (1936), qui avance
que pour assurer le plein emploi, le niveau d’équilibre du taux d’intérêt doit être plus bas
17
Il serait intéressant de signaler que le terme de “répression …nancière”est contestée par les keynésiens
qui font la distinction entre le …nancement bancaire et le …nancement par le marché, les placements
…nanciers et les activités de spéculation.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 27
que celui du taux de préférence de la liquidité. Ainsi les taux d’intérêt doivent être le plus
faible possible a…n d’éviter la chute des revenus. De plus, la répression …nancière va de la
main mise de l’Etat sur le système …nancier à la pure nationalisation des banques. Cette
situation “d’oppression …nancière”ne peut que générer selon Mac Kinnon (1973) et Shaw
(1973) de l’in‡ation couplée avec un ralentissement de la croissance économique18 .
Cependant, bien que l’argument avancé par les deux auteurs, se rejoigne dans la …nalité
il faudra noter des divergences sur certains points. En e¤et, selon Mac Kinnon (1973), le
faible niveau des taux d’intérêt, décourage le comportement d’épargne et donc d’investis-
sement des ménages qui préfèrent détenir leurs actifs sous forme d’encaisses réelles. Mac
Kinnon (1973) ne s’intéresse pas au marché du crédit bancaire mais plutôt à celui des
dépôts bancaires.
Par contre Shaw (1973), dans son modèle “d’intermédiation de la dette” s’intéresse
plus au marché du crédit. Contrairement à Keynes (1936), où les taux d’intérêt a¤ectent la
demande de monnaie, l’équilibre entre l’épargne et l’investissement permet de déterminer
le taux d’intérêt selon Shaw (1973). Ainsi, un faible niveau des taux d’intérêt servis par les
banques en décourageant l’épargne, réduit la base de fonds prêtable. Ce qui pénaliserait
l’investissement et par conséquent la croissance économique.
L’approche de Mac Kinnon est basée sur l’hypothèse d’absence de marché …nancier
organisé, et donc tous les agents économiques s’auto…nancent, sans qu’il ne soit nécessaire
de faire une distinction entre les épargnants (ménages) et les investisseurs (entreprises).
L’investissement est supposé indivisible et donc totalement auto…nancé par du capital préa-
lablement accumulé. L’augmentation des taux d’intérêt va permettre d’accroître la capacité
de …nancement (des investissements) des agents économiques. Ainsi, Mac Kinnon se situe
dans le cadre d’une économie primitive, sans développement …nancier et son modèle peut
être perçu comme un modèle à “monnaie externe”. Le rendement lié à la détention de la
monnaie, qui n’est rien d’autre que le taux d’intérêt moyen sur les dépôts (dans la for-
mulation de Mac Kinnon) joue un rôle important dans l’accroissement de l’investissement.
Par contre Shaw (1973) se situe dans le cadre d’un modèle à “monnaie interne”, où le
développement …nancier est déjà réalisé et la hausse des taux d’intérêt servis sur les dépôts
motiverait les agents économiques à accroître leur épargne ; ce qui élargirait la capacité
d’octroi de crédit du secteur bancaire.
La synthèse du modèle de Mac Kinnon et Shaw est présentée par la …gure 1.1 :
18
Pour une présentation détaillée des di¤érents modèles de répression …nancière, Cf. Fry (1982).
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 28
Fig. 1.1 –Les e¤ets de la répression …nancière sur l’épargne et l’investissement (Fry, 1978)
r
I
r3
S(g1)
S(g2)
S(g3)
E
r*
C D F’
r2
A B
r1
F
I1 I2 I* S, I
au segment (AB), qui pourrait se révéler pro…table mais reste non satisfaite. En e¤et, le
plafonnement des taux d’intérêt peut conduire les banques à adopter un comportement
de prudence (préférence des projets peu risqués et donc peu rentables) compte tenu de
l’incapacité légale de percevoir la prime de risque nécessaire au …nancement des projets
plus risqués.
Le relâchement de la contrainte …nancière (passage de F à F 0 ) qui se traduit par un
relèvement des taux d’intérêt (r1 à r2 ) qui a pour conséquence le rationnement des in-
vestissements à faible rentabilité qui précédemment étaient …nancés qui est illustré par la
zone hachurée de la …gure 1.1. En outre, r2 correspond à une situation d’administration
des taux d’intérêt, dont la hausse entraîne une réduction de la demande d’investissement
rationnée qui passe de (AB) à (CD). En…n, lorsque le taux d’intérêt s’établit à sa valeur
d’équilibre r , la demande d’investissement non satisfaite et l’administration à la baisse
des taux d’intérêt disparaissent.
L’analyse de Mac Kinnon et Shaw a pour but de montrer qu’une économie …nancière-
ment réprimée (taux d’intérêt en dessous de leur valeur d’équilibre) réduit l’épargne, …xe
l’investissement en dessous de son niveau optimal et favorise le …nancement de projets de
faibles qualités.
L’approche de Mac Kinnon et Shaw de la libéralisation …nancière peut se résumer à
travers la suppression des interventions directes de l’Etat, laissant au marché la tâche
de déterminer les prix d’équilibre. Aussi la libéralisation …nancière va de l’abolition de
la …nance informelle à l’intermédiation par le marché en passant par la libéralisation du
secteur bancaire (le décloisonnement des activités bancaires, la réduction des barrières à
l’entrée, la privatisation des banques) et en…n le développement du marché des capitaux.
A la suite des travaux de Mac Kinnon et de Shaw, un certain nombre d’auteurs étendent
l’analyse au-delà de son champ originel avec des spéci…cations bien précises. Ainsi, Kapur
(1976), Galbis (1977), Vogel et Buser (1976) développent des modèles macroéconomiques
dans lesquels la répression …nancière est exercée par les autorités nationales qui …xent
le taux d’intérêt sur les dépôts en dessous de sa valeur d’équilibre sur le marché, et la
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 30
libéralisation …nancière se traduit par un accroissement du niveau des taux d’intérêt réels.
Kapur (1976) développe un modèle dynamique de stabilisation des prix dans les éco-
nomies sous développées. Les principales caractéristiques de son modèle sont : la prise en
compte d’un système …nancier constitué de banques commerciales, le taux d’in‡ation ac-
tuelle dépend de l’in‡ation espérée et de l’excès de la demande par rapport à l’o¤re. Il
démontre qu’une politique de stabilisation à travers un accroissement des taux d’intérêt
sur les dépôts est plus e¢ cace à court terme qu’une politique axée prioritairement sur
la réduction du rythme de croissance de la masse monétaire et met l’accent sur l’impor-
tance d’intégrer dans un modèle dynamique l’e¤et in‡ationniste sous une forme qui fait
dépendre le taux d’in‡ation actuelle de l’espérance d’in‡ation mais aussi de la pression de
la demande sur l’o¤re. Pour Kapur (1976) une politique optimale de stabilisation doit viser
un accroissement des taux d’intérêt sur les dépôts et maintenir …xe le taux de croissance de
masse monétaire. Il ajoute que le taux de rémunération des dépôts doit croître mais il ne
peut excéder le taux de rendement du capital. Cependant, il est probable que les autorités
monétaires puissent en plus de l’objectif de forte croissance économique poursuivre celui
de réduction du taux d’in‡ation. Puisque dans ce cas de …gure, la politique économique
vise deux objectifs (hausse du taux de croissance et baisse du niveau d’in‡ation), selon la
“règle de Tinbergen19 ”, le taux d’intérêt sur les dépôts et le taux de croissance de masse
monétaire sont des instruments qui doivent être activement utilisés. Kapur (1976) suggère
fermement d’accroître d’abord le niveau des taux d’intérêt sur les dépôts. Une fois que cette
mesure aurait entraîné la baisse du taux d’in‡ation et accéléré la croissance économique,
les autres outils de politique économique peuvent être judicieusement utilisés.
Contrairement à la vision de Kapur (1976) selon laquelle l’accroissement des taux d’in-
térêt peut être perçu comme une politique de stabilisation, et celle plus traditionnelle de
Mac Kinnon et Shaw qui préconisent que la hausse des taux d’intérêt entraînerait une aug-
mentation de l’épargne (à travers un changement du comportement d’épargne des agents
économiques), Galbis (1977) met plutôt l’accent sur la réallocation de l’épargne entre le
secteur traditionnel et le secteur moderne. Il construit un modèle à deux secteurs compre-
nant un secteur traditionnel (où le rendement du capital est faible et les investissements
19
La règle de Tinbergen stipule qu’une politique économique e¢ cace et cohérente nécessite d’avoir autant
d’instruments (taux d’intérêt sur les dépôts, taux de croissance de la masse monétaire, etc.) que d’objectifs
(hausse du taux de croissance, baisse du niveau d’in‡ation, etc.).
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 31
Ces di¤érentes contributions qui con…rment le modèle théorique de Mac Kinnon (1973)
et Shaw (1973), bien qu’utilisant des hypothèses et des méthodologies di¤érentes et mettant
en évidence des mécanismes divers à travers lesquels la hausse des taux d’intérêt a¤ecte
l’économie réelle (politiques de stabilisation macroéconomique et des rendements d’actifs,
réallocation de l’épargne, dévaluation compétitive) aboutissent à la même conclusion : la
libéralisation …nancière améliore de façon globale la productivité de l’économie et favorise
la croissance. Cependant, il serait intéressant de renforcer ces conclusions théoriques à
l’aide de quelques estimations empiriques.
Toujours dans la lignée des disciples de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), Fry (1980)
présente une évaluation quantitative des coûts de la répression …nancière sur le niveau de
l’épargne et de l’investissement et sur le taux de croissance économique dans les pays en
développement. La répression …nancière est mesurée par des taux d’intérêt sur les dépôts
en dessous du niveau d’équilibre du marché. Sur l’échantillon de pays en développement,
l’épargne et la demande de monnaie (au sens large) sont positivement a¤ectées par le taux
d’intérêt réel sur les dépôts. Lorsque le taux d’intérêt n’est pas à son niveau d’équilibre,
un accroissement de l’épargne augmente l’o¤re réelle de crédit. La disponibilité du crédit
est un déterminant important non seulement pour le niveau d’investissement, mais aussi
pour la capacité d’utilisation de la totalité du stock de capital. Ainsi, le taux de croissance
est positivement a¤ecté par le taux d’intérêt selon Fry (1980) par deux canaux : le volume
de l’épargne et de l’investissement, puis la capacité d’utilisation du stock de capital qui
est mesurée par le ratio d’accroissement du capital rapporté à l’output. Les estimations
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 33
réalisées par Fry (1980) révèlent que le coût de la répression …nancière représente environ
0.5 point de croissance économique pour une baisse de 1% du taux d’intérêt réel sur les
dépôts en dessous du niveau d’équilibre du marché.
Fry (1978) montre à l’aide d’une analyse en coupe transversale sur un échantillon de 7
pays asiatiques22 , que la hausse des taux d’intérêt stimule l’épargne et la croissance éco-
nomique23 . Khatkhate (1982) présente l’expérience de la libéralisation …nancière du Sri
Lanka qui a débuté en 1977. Il montre qu’avant la libéralisation …nancière, la répression …-
nancière s’est traduite par un secteur …nancier peu développé, une progression chancelante
du PIB et une pression in‡ationniste élevée. Toujours au Sri Lanka, Athukorala et Raja-
patirana (1993) font également remarquer que la période post libéralisation (1978-1987) a
été marquée par un impact signi…catif du taux d’intérêt réel sur la plupart des indicateurs
d’épargne.
Boskin (1978) trouve sur la période 1929-1969, que les taux d’intérêt réels sont positi-
vement corrélés au niveau d’épargne aux Etats-Unis. Gupta (1986) examine le rôle de la
libéralisation …nancière en Inde et en Corée du Sud. Il observe des di¤érences aussi bien
dans les stratégies de libéralisation …nancière qu’au niveau des e¤ets dans ces deux pays : en
Inde, les taux d’intérêt nominaux ont un impact considérable sur l’épargne privée que sur
le niveau d’in‡ation alors qu’en Corée du Sud, c’est l’e¤et inverse qui est observé. Malgré
les di¤érences signi…catives qui existent entre les deux pays, les résultats obtenus montrent
que la libéralisation …nancière contribue au développement …nancier et améliore la crois-
sance économique. Les résultats de Gupta (1986) sont con…rmés par Laumas (1990), qui
trouve une relation positive entre l’investissement privé et le taux d’intérêt réel en Inde sur
la période 1954-1975. Aussi, Athukorala (1998) constate (sur la période 1955-1995 en Inde)
un impact positif du taux d’intérêt sur toutes les formes d’épargne. Par contre, Thirlwall
et Warman (1994) montrent que le taux d’intérêt a¤ecte uniquement l’épargne …nancière
au Mexique sur la période 1960-1990. De Melo et Tybout (1986) trouvent un lien posi-
tif entre le taux d’intérêt et l’investissement en Uruguay après la libéralisation …nancière,
22
Burma (1962-1969), Corée (1962-1972), Inde (1962-1972), Malaisie (1963-1972), Philippines (1962-
1972), Singapour (1965-1972) et Taiwan (1962-1972).
23
Cependant, il faudra noter qu’une étude semblable e¤ectuée sur un échantillon de pays d’Amérique
Latine ne révèle pas de lien entre les taux d’intérêt et le niveau d’épargne. Aussi, lorsque Fry (1978) estime
la fonction de demande de monnaie dans les pays asiatiques, il trouve que l’hypothèse de complémentarité
de Mac Kinnon (selon laquelle l’investissement serait prioritairement …nancé sur fond propre et la monnaie
serait un refuge de valeur pour l’épargne) n’est pas véri…ée.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 34
avec une hausse de l’investissement consécutive aux réformes …nancières. Aussi, Dailami
et Giugale (1991) montrent que la hausse des taux d’intérêt réels a¤ecte positivement le
ratio de l’investissement privé en Colombie et en Inde sur la période 1965-1985.
Des travaux connexes à ceux de l’école de la libéralisation …nancière montrent que les
taux d’intérêt a¤ectent plus l’e¢ cience c’est-à-dire la qualité des investissements que leur
quantité. Ainsi, Tybout (1983) trouve sur la période 1973-1976, qu’en Colombie, une aug-
mentation des taux d’intérêt a entraîné une amélioration de l’e¢ cacité de l’investissement
dans les grandes …rmes compte tenu du fait que ces dernières ont plus recours au …nan-
cement externe que les petites …rmes. A partir d’un échantillon de 34 pays sur la période
1965-1985, Gelb (1989) constate aussi que les taux d’intérêt réels a¤ectent plus la crois-
sance à travers une amélioration de la qualité ou de l’e¢ cience des investissements que par
un accroissement de la quantité des investissements. Cho (1988) montre que dans le cas de
la Corée, la libéralisation …nancière a favorisé l’e¢ cience de l’allocation des ressources par
la réduction des coûts d’accès au crédit. Aussi, Harris et al. (1992) trouvent qu’après la
libéralisation …nancière en Indonésie (qui a eu lieu en 1983), les petites …rmes ont amélioré
leur niveau d’investissement, comparativement aux grandes …rmes. En…n, Jaramillo et al.
(1993) suggèrent également que les …rmes équatoriennes ont amélioré en e¢ cience suite
aux réformes …nancières. Contrairement à l’Indonésie où l’e¢ cience a été observée unique-
ment dans les petites …rmes, en Equateur, les petites et les grandes …rmes ont progressé
en e¢ cience après la libéralisation …nancière.
Madagascar ; (iv) sur le plan de la liquidation des banques, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le
Kenya, le Rwanda et le Sénégal et en matière de création de banques privées, le Kenya, le
Nigeria, l’Ouganda et la Zambie.
En…n pour corroborer la thèse de Mac Kinnon (1973), Shaw (1973) et leurs disciples, le
Rapport de la Banque Mondiale 1989, fournit une analyse panoramique de la relation entre
la libéralisation …nancière et le développement, et formule des recommandations allant dans
le sens de la libéralisation du secteur …nancier a…n de permettre le décollage économique
des pays en développement25 . Malgré son plaidoyer de la libéralisation, le Rapport signale
qu’une libéralisation …nancière non contrôlée peut être préjudiciable, mais si elle se déroule
de façon séquentielle, elle produira des béné…ces substantiels.
25
Voir Collier et Mayer (1989) pour une présentation synthétique des grandes lignes et des recomman-
dations du Rapport de la Banque Mondiale de 1989.
26
Dans de nombreux pays sous développés …nancièrement, le secteur …nancier est caractérisé par une
surliquidité du système bancaire compte tenu du manque de transparence entre prêteurs et emprunteurs.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 36
Le début des années 80 a été marqué par l’échec des politiques de libéralisation …nan-
cière, qui suscitera une critique minutieuse de la part des opposants à la théorie de Mac
Kinnon et Shaw. Cette analyse critique sera structurée en trois étapes : nous présentons
d’abord une version alternative de l’approche des taux d’intérêt, nous évoquons ensuite le
dualisme entre la …nance formelle et la …nance informelle et en…n l’analyse de l’imperfection
des marchés …nanciers.
Cette approche vise à montrer que, contrairement à Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973),
la relation entre les taux d’intérêt réels, le niveau d’épargne et d’investissement n’est pas
toujours positive suite à la libéralisation …nancière. Dans ce registre, on retrouve les tra-
vaux d’un certain nombre d’auteurs d’inspiration néo-keynésienne, qui attaquent l’un des
points essentiels de la doctrine …nancière de Mac-Kinnon (1973) et Shaw (1973), selon le-
quel l’augmentation des taux d’intérêt serait favorable à l’épargne, à l’investissement puis
à la croissance économique. Dans la droite ligne de la théorie keynésienne, l’augmentation
du taux d’épargne aura un impact défavorable sur le multiplicateur keynésien et pénali-
sera le niveau d’investissement27 . Contrairement aux néo-classiques, l’investissement n’est
pas déterminé par le niveau d’épargne mais plutôt par la demande e¤ective, qui n’est rien
d’autre selon les termes propres de Keynes que “le produit attendu”qui dépend de l’antici-
pation des entrepreneurs. Aussi pour les keynésiens, l’investissement dépend négativement
du taux d’intérêt.
Morisset (1993) montre que l’accroissement des taux d’intérêt n’améliore pas néces-
sairement le niveau d’investissement à moins que les autorités publiques prennent garde
d’assurer que : (i) les dépôts bancaires soient des substituts étroits des actifs improductifs
27
Il faut rappeler que la formule du multiplicateur traditionnel de Keynes (k = 1=(1 c) = 1=s, où c est la
propension à consommer et s la propension à épargner) montre le multiplicateur est fonction décroissante
du niveau d’épargne.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 37
(cash et or) et des actifs étrangers que des biens capitaux ; (ii) le secteur …nancier assure
une allocation e¢ ciente du crédit domestique ; (iii) le ‡ux du crédit domestique au secteur
privé ne soit pas absorbé par les besoins du secteur public. Il montre que la libéralisa-
tion …nancière peut accroître les besoins …nanciers du secteur public et réduire la quantité
de fonds disponible pour le secteur privé. Aussi la libéralisation …nancière entraîne selon
Morisset (1993), la modi…cation de la composition du portefeuille des agents suite à l’ac-
croissement de la demande de monnaie (dépôts bancaires) et des biens capitaux, et amène
les agents à réduire leur demande de bonds de trésor ; cette situation conduira l’Etat à
…nancer le dé…cit auprès de la banque centrale. En e¤et, pour éviter la baisse des fonds do-
mestiques destinés à …nancer le dé…cit suite à la hausse des taux d’intérêt, l’Etat est obligé
d’augmenter la rémunération des bonds de trésor. Dans ce cas, la libéralisation …nancière
entraîne l’éviction des entreprises du marché du crédit et l’accroissement du service de la
dette publique. Il montre également que l’augmentation des taux d’intérêt peut entraîner
la transformation des biens capitaux en actifs monétaires.
Il réalise des simulations qui montrent que le niveau d’investissement privé a faiblement
varié en Argentine entre 1961 et 1982 malgré les mouvements haussiers des taux d’intérêt.
Morisset (1993) conclut que l’e¤et des politiques de taux d’intérêt sur la demande de biens
capitaux est faible, bien que l’impact global puisse être plus signi…catif au niveau de la
qualité des investissements qu’au niveau de la quantité.
Selon l’étude de Voridis (1993) sur la Grèce, les taux d’intérêt semblent être positive-
ment corrélés avec le niveau d’investissement entre 1963 et 1985 qui correspond à la période
de répression …nancière. Solimano (1989) montre à partir des données trimestrielles que
les taux d’intérêt élevés réduisent le pro…t qui à son tour abaisse l’investissement privé au
Chili entre 1977 et 1987. Dailami et Giugale (1991) trouvent que les taux d’intérêt réels
a¤ectent négativement le ratio d’investissement privé au Brésil, en Corée et en Turquie. On
retrouve également des études réalisées sur des échantillons plus larges qui révèlent que le
niveau de l’investissement ne s’est pas amélioré suite aux augmentations des taux d’intérêt.
Par exemple, Demetriades et Devreux (1992) trouvent une relation positive et signi…cative
entre les taux d’intérêt réels négatifs et l’investissement à l’aide d’une analyse en coupe
transversale portant sur 63 pays en développement entre 1962 et 1990. Aussi, Haque et
al. (1990) obtiennent des coe¢ cients négatifs et signi…catifs, mais faibles du taux d’intérêt
réel à travers une estimation en coupe transversale de l’investissement domestique pour 31
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 38
pays sur la période 1963-1987. En…n, Greene et Villanueva (1991) mettent également en
évidence une relation négative et signi…cative entre les taux d’intérêt réels sur les dépôts
et le ratio de l’investissement privé à partir d’un échantillon de 23 pays en développement,
sur la période 1975-1987.
Aussi, dans le cas du Chili par exemple, Velasco (1988) montre que malgré l’accrois-
sement important de l’intermédiation …nancière dû à la libéralisation …nancière, le taux
moyen d’épargne chilien est demeuré relativement stable (10,7% en moyenne sur la période
1974-1983 contre 12,6% entre 1966 et 1973). Même Gupta (1984), qui fait l’apologie de
la libéralisation …nancière, ne parvient pas à mettre en évidence un impact positif de la
hausse des taux d’intérêt sur l’épargne agrégée que dans quatre des douze pays qu’il étu-
die (Pakistan, Philippines, Sri Lanka et Thaïlande). Comme le souligne Gonzales-Arrieta
(1988), l’augmentation des taux d’intérêt réels semble a¤ecter de manière inverse l’épargne
…nancière (c’est-à-dire l’épargne constituée sous forme d’actifs …nanciers ou monétaires) et
l’épargne globale. En d’autres termes, la neutralisation réciproque des deux e¤ets (e¤et de
substitution et e¤et revenu) expliquerait pourquoi l’on constate généralement que l’épargne
globale demeure inchangée après la libéralisation …nancière.
30
Voir Dornbusch et Reynoso (1989, p. 206), pour une illustration graphique de cette assertion.
31
Le modèle de croissance kaleckien est un modèle de croissance souple, qui repose essentiellement
sur trois équations : une équation de détermination des prix ; une équation d’investissement qui dépend
essentiellement du taux d’utilisation des capacités, et une équation d’épargne. Dans le modèle kaleckien,
la croissance est tirée par la demande e¤ective.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 41
Taylor (1983) et Wijnbergen (1982, 1983) avancent trois arguments qui sont spéci…ques
à l’échec des politiques de libéralisation …nancière dans les pays en voie de développement
32
Par opposition à la …nance formelle, la …nance informelle regroupe toutes les transactions …nancières
non bancaires qui s’e¤ectuent en dehors des cadres institutionnels et réglementaires. Pour Adams et Fit-
chett (1994, p. 15), la distinction entre …nance formelle et …nance informelle n’est pas évidente dans la
mesure où ils avancent : “Au lieu d’une simple dé…nition dichotomique, il sera sans doute plus utile d’ima-
giner un continuum de transactions …nancières allant de simples prêts consentis à des parents ou amis,
jusqu’aux banques strictement réglementées par une banque centrale. . . ”
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 42
et montrent l’avantage que peuvent procurer les économies non organisées : (i) l’existence
des normes réglementaires en matière de réserves obligatoires peut entraîner une baisse
de l’intermédiation …nancière ; par contre, sur le marché …nancier non organisé, il n’existe
pas d’obligation de réserve. Les réserves obligatoires constituées par les banques sont, dans
les modèles néo-structuralistes, un obstacle à l’intermédiation …nancière. En e¤et, elles
réduisent l’o¤re réelle totale de crédit pour les entreprises. (ii) L’augmentation du taux
d’intérêt sur les dépôts entraînant un changement des actifs du secteur …nancier informel
vers le secteur …nancier structuré de crédit, peut réduire la demande d’encaisses monétaires,
ce qui a¤ecterait alors, à la baisse l’o¤re de prêts sur les marchés …nanciers informels,
provoquant ainsi une augmentation du taux d’intérêt nominal sur le marché informel.
(iii) La hausse des taux d’intérêt accroît le coût du capital productif, ce qui conduit à
une augmentation du niveau général des prix (in‡ation par les coûts) et à une baisse
de l’investissement et de la demande réelle. De plus, une augmentation de la propension
à épargner peut faire baisser davantage la demande e¤ective. Ce qui réduit le taux de
croissance de l’économie.
Cho (1990) fournit une note conceptuelle sur les divergences entre la vision de Mac
Kinnon et Shaw et celle des néo-structuralistes sur la libéralisation …nancière. Il conclue
que la vision de Mac Kinnon et Shaw et celle des néo structuralistes ne s’opposent pas sur
la question de la libéralisation …nancière, mais di¤ère sur la mise en œuvre : les premiers
voulant étendre la …nance formelle à celle informelle et les seconds la …nance informelle à
celle formelle.
“They di¤er not on …nancial liberalization itself but on the method of …nan-
cial liberalization. That di¤erence originates in their di¤erent perceptions of the
e¢ ciency of di¤erent …nancial submarkets in developing countries.”(Cho 1990,
p. 478).
Bu¢ e (1984) examine les e¤ets à court et à long terme des politiques économiques dans
un modèle simple où le marché informel joue un rôle central dans les o¤res marginales des
fonds prêtables. Son modèle met en évidence l’interaction entre le secteur …nancier et le
secteur réel en faisant ressortir le rôle joué par le secteur informel. Il conclut à l’instar
des théoriciens de la répression …nancière et des néo-structuralistes que les politiques de
contractions monétaires aboutissent à des restrictions de l’o¤re de la production. Il montre
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 43
que la libéralisation …nancière est une entreprise risquée, qu’il quali…e de “step in dark”qui
va échouer à court terme. Il démontre que l’accroissement du ratio de réserve obligatoire et
la baisse de l’encaisse réelle ont des e¤ets de contraction économique. L’accroissement des
réserves obligatoires réduit l’o¤re de fonds prêtables par les banques et oblige les …rmes à
lever les fonds sur le marché informel ; ce qui entraîne une hausse des taux d’intérêt sur ce
dernier. La baisse des encaisses réelles rehausse les taux d’intérêt sur le marché informel
compte tenu de la réduction de la richesse du secteur privé, qui résulte de la baisse de la
demande de dépôt et de l’o¤re de fonds prêtables sur le marché informel par les ménages.
Bu¢ e (1984) ajoute, à l’instar de Morisset (1991), que la condition nécessaire pour un
succès de la libéralisation …nancière est que la demande de dépôt soit un substitut parfait
des devises et des obligations étrangères que des fonds prêtables sur le marché informel.
Par ailleurs, pour les néo-structuralistes, l’e¤et revenu l’emporte sur l’e¤et de substi-
tution puisque l’augmentation des taux d’intérêt servis sur les dépôts consécutive à la
libéralisation …nancière entraîne une hausse de la demande de biens de consommation, qui
à son tour fera monter les prix qui a¤ecteront négativement la croissance économique.
Van Wijnbergen (1983a) montre que si la transformation des actifs s’e¤ectue en de-
hors du secteur o¢ ciel (par exemple au niveau des prêts informels), l’augmentation des
taux d’intérêt sur les dépôts aura des e¤ets de contraction à court terme compte tenu de
“l’e¤et Cavallo33 ”, qui peuvent avoir un impact négatif sur la croissance et accroître le
niveau d’in‡ation. En intégrant dans un modèle de croissance de Keynes-Wicksell34 , les
caractéristiques du secteur …nancier dans les pays en développement (absence de marché
boursier, prédominance du marché informel), Van Wijnbergen (1983b) met l’accent sur le
canal de transmission de la politique monétaire à la sphère réelle à travers le coût du capi-
tal d’exploitation. Il montre que la négligence de ce canal dans l’analyse des politiques de
rationnement de crédit conduit à une sous estimation de l’in‡ation et à une surestimation
du niveau de production et de l’amélioration des comptes courants. Cependant, il montre
33
L’e¤ et Cavallo concerne l’impact stag‡ationniste des tentatives de contrôle de l’in‡ation par contrac-
tion de la masse monétaire. La hausse du taux d’intérêt résultant d’une contraction de la masse monétaire,
élève les coûts …nanciers, décourage l’investissement, et ralentit le niveau d’activité. Cet e¤et a été mis
en évidence dans le cadre d’un modèle évaluant les e¤ets stag‡ationnistes des politiques monétaires de
stabilisation en Corée du Sud par Van Wijnbergen (1982a).
34
Le modèle monétaire de croissance de Keynes-Wicksell se distingue des modèles de croissance néoclas-
siques par la spéci…cation d’une fonction d’investissement indépendante et dans lequel les prix changeraient
uniquement en réponse à l’excès de demande sur le marché des biens et services. Pour plus de détails sur
le modèle monétaire de croissance de Keynes-Wicksell, se référer à Fisher (1972) et Stein (1969, 1970) qui
sans nul doute est l’auteur de la désignation Keynes-Wicksell.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 44
que le “credit crunch”peut avoir des e¤ets stag‡ationnistes et conduire à la baisse du stock
de capital à l’état stationnaire.
Aussi, Van Wijnbergen (1983a) estime que les problèmes d’asymétrie d’information
sont quasi inexistants sur le marché informel parce que les prêts ne sont accordés qu’à des
individus d’une même communauté où l’information circule très vite.
Malgré les développements théoriques des néo-structuralistes, de nombreux éléments
attestent que le marché du crédit informel ne fournit pas une meilleure intermédiation que
les banques : en e¤et, les néo-structuralistes attribuent le faible niveau d’intermédiation du
système …nancier à l’existence de réserves institutionnelles. Cependant, il faut signaler que
les réserves sont indispensables compte tenu de l’activité de transformation de maturité
des ressources bancaires (les banques e¤ectuent des prêts à long terme à partir des dépôts
à court terme). Kapur (1992) montre que les fonctions économiques d’accroissement de la
liquidité et de création du seigneuriage remplies par les réserves obligatoires sont ignorées
par les néo-structuralistes. Il ajoute que, lorsqu’on intègre la fonction de seigneuriage des
réserves à l’analyse, toute la critique néo-structuraliste de la libéralisation …nancière s’ef-
fondre, et la prise en compte de l’accroissement de la liquidité consécutive à la libéralisation
a des e¤ets positifs sur le bien-être et la croissance. De plus, les activités …nancées par les
prêts informels sont souvent des activités illégales et les prêteurs ne sont pas protégés en
cas de faillite des emprunteurs. Ceci rend le marché …nancier informel très volatile par
rapport aux rumeurs sur les faillites. On peut aussi penser qu’il n’y pas de perte d’inter-
médiation liée à la constitution des réserves obligatoires dans les pays en développement,
car ces dernières sont utilisées pour …nancer les prêts gouvernementaux orientés vers les
projets prioritaires. Aussi, l’idée selon laquelle le secteur informel serait plus e¢ cient que la
…nance formelle reste sans fondement empirique car on ne dispose pas de données précises
pour tester cette assertion. Il faut aussi ajouter que la …nance informelle ne peut servir
qu’à de micro projets de faible envergure, et que pour de grands projets d’investissement
et de développement le recours au …nancement bancaire est indiscutable.
Christensen (1993) établit les conditions qui doivent être remplies pour une viabilité
de la …nance informelle à savoir : faibles coûts de transactions, d’information et de ges-
tion, réserves minima pour assurer la fonction de transformation …nancière, les garanties
nécessaires en cas de défaut. Il trouve que ces conditions ne sont pas remplies par le mar-
ché …nancier informel et ajoute qu’une complète intermédiation …nancière informelle ne
peut exister même si les agents sont libres de choisir entre la …nance formelle et la …nance
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 45
informelle.
“Are banks special, and really all that di¤erent from butcher shop ?”
Sur les marchés …nanciers, les crédits sont échangés contre des promesses futures de
remboursement. Le non respect de cette promesse accroît le risque lié à l’emprunt.
Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l’espérance de rendement de la banque croît moins
vite que le taux d’intérêt. De ce fait, il n’y a pas de mécanismes compétitifs qui puissent
établir l’égalité entre l’o¤re et la demande de fonds prêtables et le crédit sera en permanence
rationné puisque l’o¤re de fonds prêtables est fonction de l’espérance de rendement tandis
que la demande dépend du taux d’intérêt36 . Le taux d’intérêt qui maximise le pro…t de la
banque est inférieur au taux d’intérêt d’équilibre et par conséquent, certains emprunteurs
seront rationnés37 . En e¤et, les banques sont préoccupées par les intérêts du prêt, mais
35
Le rationnement de crédit désigne le fait que parmi des demandeurs de crédit supposés identiques,
certains obtiennent le crédit et d’autres ne l’obtiennent pas, bien que ces derniers soient prêts à payer des
taux d’intérêts plus élevés. Le rationnement du crédit fait aussi référence à une situation où une certaine
catégorie d’individus est incapable d’accéder au marché du crédit compte tenu du taux d’équilibre du
marché.
36
Dans l’analyse traditionnelle, l’o¤re et la demande de fonds prêtables sont fonction du taux d’intérêt.
Ceci implique qu’au taux d’intérêt d’équilibre (qui égalise l’o¤re et la demande de crédit) il n’y a pas de
rationnement.
37
Des explications antérieures sont fournies sur le rationnement du crédit : la probabilité de défaut
s’accroît à mesure que le nombre d’emprunteurs augmente ; voir Stiglitz (1970, 1972) et Ja¤ee et Russell
(1976) sur l’impact défavorable du mélange des bons et des mauvais emprunteurs.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 46
aussi le niveau de risque encouru. Ainsi, le taux d’intérêt …xé par la banque peut a¤ecter
le risque global qu’elle encoure soit par l’e¤et de sélection adverse38 qui se traduit par
l’exclusion des emprunteurs potentiels ou soit par l’e¤et d’incitation39 . Ces deux e¤ets liés
aux problèmes d’asymétrie d’information sur les marchés …nanciers sont résolus par les
banques selon Stiglitz et Weiss (1981) en rationnant à chaque date certains agents même
si ces derniers sont prêts à payer des taux d’intérêt plus élevés. Les banques ne feront donc
pas de crédit puisque la probabilité de défaut associée aux nouveaux prêts est élevée. Le
modèle de Stiglitz et Weiss (1981) contredit donc l’assertion de Blejer and Khan (1984)
selon laquelle, l’augmentation des taux d’intérêt est sensé non pas agir sur le rationnement
du crédit mais plutôt sur la mobilisation de l’épargne :
“Any e¤ect exerted by the rate of interest rate on private investment is not
direct within this rationing framework but, rather, occurs via the channel of
…nancial saving.”(Blejer and Khan 1984, p. 386).
d’o¤re de crédit apparaît comme une fonction décroissante du taux d’intérêt au delà de r .
Puisque le taux d’équilibre du marché du crédit (rm ), est supérieur au taux optimal de la
banque (r ), il apparaît ainsi une situation de rationnement du crédit correspondant à une
demande de crédit non satisfaite (Z).
Le quadrant II décrit l’évolution du pro…t anticipé de la banque ( ) en fonction du taux
d’intérêt : le pro…t de la banque croît jusqu’au taux optimal et décroît par la suite.
Dans le quadrant III, est représentée l’o¤re de crédit comme une fonction croissante
du pro…t anticipé par les banques. Tant que r r , l’o¤re de crédit croît avec le pro…t
anticipé. Au-delà de (r ), le pro…t anticipé et l’o¤re de crédit diminuent ; ce qui se traduit
par un retournement vers le haut de la courbe d’o¤re.
Ainsi, contrairement aux théoriciens de la libéralisation …nancière, Stiglitz et Weiss
(1981) montrent que l’augmentation des taux d’intérêt à son niveau d’équilibre compétitif
(rm ), bien que faisant disparaître le rationnement du crédit, va entraîner une baisse du pro…t
anticipé des banques d’une part et d’autre part, va amener les entrepreneurs à choisir des
projets de plus en plus risqués, qui accroissent la faillite des banques et réduisent en …n de
compte la croissance économique.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 48
Bien que le rationnement de crédit à la Stiglitz-Weiss (1981) soit une illustration pra-
tique des problèmes d’asymétrie d’information sur le marché …nancier, son existence (du
rationnement) semble être un phénomène intrinsèque au fonctionnement du secteur …-
nancier selon les auteurs. En e¤et, Bester (1985) propose par exemple une solution aux
problèmes de rationnement de crédit en permettant aux banques d’utiliser de façon compé-
titive le taux d’intérêt et les garanties pour sélectionner les emprunteurs ; ce qui n’est pas le
cas chez Stiglitz et Weiss où le rationnement se fait en fonction du taux d’intérêt qui maxi-
mise le pro…t de la banque. De façon spéci…que, les emprunteurs moins risqués acceptent
des garanties élevées contre des taux d’intérêt faibles. La situation contraire est observée
au niveau des emprunteurs risqués. Aussi les banques peuvent utiliser les collatéraux pour
permettre aux entrepreneurs non risqués de se révéler. L’équilibre de rationnement est
souvent mélangeant40 (le cas de Stiglitz et Weiss, 1981), alors que le mécanisme d’auto-
sélection proposé par Bester (1985) à travers les garanties41 et le taux d’intérêt permet à
la banque de sélectionner le bon risque du mauvais, et d’obtenir un équilibre séparateur
sans rationnement de crédit42 .
Par contre, Hellwig (1987) montre qu’une légère modi…cation dans la séquence des jeux
peut avoir des implications majeures en ce qui concerne l’équilibre de Bester43 . Hellwig
considère un jeu à deux étapes de Rothschild et Stiglitz (1976) et Wilson (1977) dans un
modèle comparable à celui de Bester, où dans un premier temps la partie non informée
(les banques) o¤rent des contrats de dettes aux emprunteurs, et dans un second temps, les
entrepreneurs choisissent parmi les o¤res disponibles. Les résultats obtenus montrent que
le seul candidat pour l’équilibre séquentiel dans des stratégies pures de cette mise en œuvre
est l’équilibre séparateur de Bester (1985). Cependant, si la proportion des “bons risques”
dans la population est élevée, l’équilibre séparateur n’est pas Pareto optimal par rapport à
40
L’équilibre mélangeant n’est pas viable parce qu’il existe à tout moment des contrats plus pro…tables
qui attirent uniquement les bons risques.
41
Il serait intéressant de faire remarquer qu’il y a une hypothèse sous-jacente au modèle de Bester (1985),
qui est que les bons risques disposent de fortes garanties. Cette hypothèse, propre à tous les modèles avec
collatéraux est discutable.
42
Toutefois, étant donné que le niveau de taux d’intérêt débiteur ne peut être in…ni tout comme la richesse
des individus (collatéraux), il subsiste des situations pour lesquelles les contrats incitatifs séparateurs
cessent d’être optimaux (Deshons et Freixas, 1987).
43
Cette conclusion n’est pas uniquement valable chez Bester (1985) mais aussi pour tous les contrats
prenant en compte l’asymétrie d’information, avec des mécanismes de révélation où les résultats obtenus
dépendent fondamentalement de l’interaction stratégique entre agents informés et agents non informés sur
le marché.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 49
l’équilibre mélangeant. Hellwig (1987) étend le processus à un jeu à trois étapes, et montre
que si dans un premier temps les banques annoncent leur préférence en ce qui concerne
les taux d’intérêt, l’équilibre mélangeant domine l’équilibre séparateur44 . Ainsi, l’équilibre
de rationnement de Stiglitz et Weiss peut persister malgré l’existence d’un mécanisme
séquentiel de sélection du risque.
de Williamson de façon endogène46 ; par contre, chez Stiglitz et Weiss (1983) et Bester
(1985), le contrat de dette est exogène et est réalisé en particulier par les banques. Ainsi,
selon Williamson, le rationnement de crédit n’est pas lié aux causes évoquées par Stiglitz
et Weiss (1981) et Bester (1985), mais intrinsèquement lié à la nature du contrat de dette.
L’asymétrie d’information sur le marché peut avoir d’autres conséquences que le ration-
nement de crédit comme l’évoquent les auteurs précédents. Une contribution intéressante a
été réalisée par De Meza et Webb (1987), qui va dans ce sens. Les deux auteurs construisent
un modèle, où l’asymétrie d’information entre prêteurs et emprunteurs n’entraîne pas le
rationnement de crédit, mais conduit à un excès d’investissement47 par rapport à son ni-
veau socialement admissible48 . La di¤érence fondamentale entre le modèle de De Meza et
Webb et celui de Stiglitz et Weiss (1981), est que la rentabilité moyenne des projets varie
dans le premier, alors qu’elle est constante dans le second49 . Aussi, contrairement à Stiglitz
et Weiss (1981), dans le modèle de Meza et Webb, les taux d’intérêt élevés n’attirent pas
les mauvais risques. Par conséquent, ce n’est pas l’asymétrie d’information qui conduit au
rationnement du crédit dans le modèle de Stiglitz et Weiss (1981) selon De Meza et Webb,
mais plutôt la nature du contrat de dette comme le suggère Williamson (1986, 1987) ; De
Meza et Webb (1987) montrent que le …nancement par action est le mode de …nancement
optimal.
En…n, Tybout (1983) montre que le comportement de l’investissement dans des éco-
nomies en développement où les entreprises sont soumises au rationnement de crédit peut
46
Comme dans le modèle de Diamond (1984), l’intermédiation …nancière dans le modèle de Williamson
permet d’éviter la duplication des coûts de monitoring. Les résultats de Boyd et Prescott (1986), puis Boyd
et Smith (1992) s’inscrivent dans le même ordre d’idées.
47
Un résultat semblable est obtenu par Bu¢ e (1991), qui trouve qu’en fonction de la source de l’asy-
métrie d’information, l’équilibre de rationnement peut être caractérisé par un sous investissement ou un
surinvestissement.
48
La condition pour obtenir ce surinvestissement à l’équilibre est que l’o¤re de fonds par le système
bancaire ne soit pas une fonction décroissante du taux de rendement des dépôts (cette situation correspond
aux hypothèses du modèle de MacKinnon – Shaw). De Meza et Webb (1987) montrent qu’en taxant les
intérêts sur les dépôts, le niveau d’investissement peut revenir à son niveau optimal. Aussi, contrairement au
modèle de Bester (1985), le modèle de De Meza et Webb (1987) est caractérisé par un équilibre mélangeant
comme chez Stiglitz et Weiss (1981).
49
En e¤et, dans le modèle de De Meza et Webb (1987), tous les projets ont le même rendement Rs en
cas de succès et Rf en cas d’échec, avec Rs > Rf . Ce qui di¤érencie les projets c’est leur probabilité de
succès (ou d’échec) : ainsi, si i et j sont deux entrepreneurs tels que pi (Rs ) > pj (Rs ), l’entrepreneur i a
un meilleur projet que l’entrepreneur j. Par contre chez Stiglitz et Weiss (1983), tous les projets ont la
même espérance de rendement, mais la dispersion du rendement di¤ère : pi (Ris ) Ris + (1 pi (Ris )) Rif = a
constant, pour tout projet i. Aussi, contrairement au modèle de Bester (1985), le modèle de De Meza et
Webb (1987) est caractérisé par un équilibre mélangeant comme chez Stiglitz et Weiss (1981).
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 51
être décomposé en deux e¤ets : l’e¤et coût qui accroît le coût d’opportunité marginal des
ressources …nancières et l’e¤et liquidité qui réduit la substituabilité entre les ressources
internes et les ressources externes. Bien que, ces deux e¤ets contribuent à réduire le ni-
veau d’investissement dans les …rmes sous rationnement, il est di¢ cile de déterminer lequel
prédomine entre l’e¤et coût et l’e¤et liquidité.
Cho (1986) réalise une contribution alternative qui justi…e en partie l’échec des poli-
tiques de libéralisation …nancière en prenant en compte les imperfections des marchés …nan-
ciers sans faire référence au rationnement du crédit à la Stiglitz et Weiss (1981). En e¤et,
il estime que l’échec des politiques de libéralisation …nancière est surtout lié à l’ine¢ cience
des marchés boursiers. Cho (1986) avance que le dé…cit économique à lui seul ne saurait
expliquer les politiques de répression …nancière, mais plutôt le faible niveau de développe-
ment, les problèmes structurels, les imperfections du marché boursier et la prépondérance
des prêts bancaires dans le …nancement des entreprises. La répression …nancière serait liée à
l’imperfection de l’information et l’ine¢ cience de l’allocation du capital. Il identi…e 2 types
de contraintes sur le marché du crédit où di¤érents taux d’intérêt peuvent s’établir suivant
les caractéristiques des emprunteurs : les contraintes exogènes qui sont d’ordre légal ou
institutionnel, comme le plafonnement des taux d’intérêt ; les contraintes endogènes liées
aux coûts de l’information qui permettent d’appréhender le risque de chaque client. Pour
Cho (1986), même si la libéralisation bancaire supprime le plafonnement des taux d’intérêt
et assure la compétitivité bancaire, l’amélioration de l’e¢ cience de l’allocation du capital
n’est pas garantie si les contraintes informationnelles ne sont pas levées50 . Ces imperfec-
tions au niveau du système d’information peuvent faire que l’espérance de rendement du
prêt octroyé par la banque à une entreprise i peut être supérieure à celle d’une entreprise
j, malgré que l’entreprise j soit plus productive que l’entreprise i51 . Cette situation est
décrite par la …gure 1.3.
Cho (1986) suppose 5 groupes d’emprunteurs dont les productivités sont di¤érentes et
classées dans l’ordre suivant : R1 < R2 < R3 < R4 < R5 . Il montre que l’imposition du
plafonnement des taux d’intérêt (l’ordre de préférence de la banque est 1, 2, 3, 4 et 5) et
50
Il faudra noter à ce niveau que la littérature sur la libéralisation …nancière met en plus en exergue
l’élimination des contraintes exogènes pour atteindre une allocation e¢ ciente des ressources et néglige dans
une grande partie les contraintes endogènes.
51
Cette situation est liée au fait que la banque dispose de peu d’information sur l’entreprise j compara-
tivement à l’entreprise i. En e¤et, l’espérance de pro…t dépend du niveau de risque. Les entreprises plus
risquées ont des espérances de pro…t plus élevée et des évaluations de la rentabilité de la banque plus faible.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 52
EΠ2
EΠ3
hc
EΠ4
EΠ1
EΠ5
* * * * * r
r r1 r2 r3 r4 r5
hc
“. . . free interest rate regimes alone are not su¢ cient for full allocative ef-
…ciency of capital when imperfect information prevails. Banks would avoid …-
nancing new, productive groups of borrowers, who may be perceived to be risky
even though the banks are risk neutral and free from interest rate ceilings.”(Cho
1986, pp. 196-197).
“... equity …nance is free from adverse selection and moral hazard e¤ects
while debt …nance is subject to them in presence of asymmetric information.”
(Cho 1986, p. 197).
Cho (1986) conclut qu’en absence de marché boursier, si le gouvernement n’est pas cor-
rompu et a le même niveau d’information que les agents économiques, il pourrait accroître
l’e¢ cience de l’allocation du crédit en obligeant les banques à emprunter aux groupes d’en-
trepreneurs rationnés. Mankiw (1986), montre aussi que l’ine¢ cience dans les mécanismes
d’allocation du crédit sur le marché …nancier due au fait que les emprunteurs ont plus d’in-
formation sur leur risque que les prêteurs, peut être améliorée par l’intervention de l’Etat.
Il fustige les augmentations de taux d’intérêt liées à la libéralisation …nancière en avançant
que de faibles variations du taux sans risque peuvent entraîner de grandes modi…cations
dans la prise du risque, dans l’allocation du crédit et dans l’e¢ cience de l’équilibre du mar-
ché. Ainsi, Mankiw (1986) suggère que les marchés …nanciers ne peuvent pas fonctionner
de façon libre comme le préconisent certains auteurs et que l’intervention de l’Etat est très
importante, surtout pour assumer la fonction de prêteur en dernier ressort.
La réalité des politiques du “laisser faire” en matière …nancière dans les années 70 a
été di¤érente des “prophéties de bonnes perspectives”prescrites par Mac Kinnon et Shaw.
Dès le début des années 70, les taux d’intérêt s’élèvent sans précédent, témoignant de
l’exubérance de la concurrence entre les banques et de la frénésie dans la prise du risque.
Les résultats ne se …rent pas attendre. . . Le cas du Chili et de nombreux pays d’Amérique
Latine est assez édi…ant. La faillite des entrepreneurs a¤aiblit les banquiers, qui à leur tour
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 54
…rent faillite et l’Etat fut obligé de procéder à de nouvelles vagues de nationalisation des
banques dans ces pays. Comme le soulignent si bien Demetriades et Andrianova (2003, p.
11) :
encore le Venezuela en 1989 et le Mexique au début des années 90, puis un grand nombre
de pays africains au cours des années 90 expérimentent les réformes …nancières. Comme
conséquence, le secteur réel des pays concernés a été sévèrement touché et les économies
plongées dans de longues récessions. Dans l’ensemble, la libéralisation …nancière a eu dans
les pays ci-dessus cités des e¤ets déstabilisateurs et a été abandonnée. Au cours des années
90, de sérieuses crises …nancières ont frappé l’Argentine, l’Equateur, la Thaïlande, la Rus-
sie, la Turquie, l’Uruguay, la Colombie, le Kenya et la Corée du Sud ; dans tous ces pays,
l’instabilité …nancière est liée à la rapidité du processus de libéralisation …nancière. Plus
particulièrement, en ce qui concerne la Corée du Sud, la crise de Novembre 1997, intervient
après une séquence de politiques de libéralisation à savoir : la dérégulation des taux d’in-
térêt, l’ouverture du marché des capitaux, la libéralisation des échanges avec l’extérieur,
l’octroi de nouvelles licences bancaires et le démantèlement des mécanismes de monitoring
gouvernemental (Arestis et Stein, 2005).
bancaires, marquée par une diminution importante des revenus d’intermédiation au pro…t
des revenus liés aux opérations de marché et de change53 . Miotti et Plihon (2001) pré-
sentent de façon synthétique les principaux facteurs à l’origine des crises bancaires dans
les pays émergents dans le contexte d’un processus de libéralisation …nancière. En e¤et, la
libéralisation …nancière a deux principaux e¤ets sur l’environnement des banques : elle fa-
vorise le développement des marchés …nanciers et entraîne un accroissement des pressions
concurrentielles sur les banques. Subissant une baisse du rendement de leurs opérations
traditionnelles, les banques tentent de compenser cette érosion en se tournant vers des
opérations à e¤ets de levier et à rendements élevés de nature spéculative. Il en résulte
une hausse de la rentabilité à court terme des banques, contrepartie d’une prise de risque
importante. Ce comportement est favorisé par l’utilisation de nouveaux instruments …nan-
ciers (produits dérivés) et par le développement des opérations en devises allant de pair
avec les entrées de capitaux. Les banques et le système …nancier, mal contrôlés par des
dispositifs de surveillance prudentielle inadaptés, sont fragilisés par ces prises de risque
excessives qui aboutissent à l’émergence de bulles spéculatives et à une accélération de la
création monétaire. Ainsi, la crise du système bancaire et …nancier apparaît comme un
processus d’ajustement permettant de corriger les déséquilibres macroéconomiques qui se
sont produits à la suite de la libéralisation …nancière.
En…n, Stiglitz (2000) fort de son expérience d’Economiste en Chef à la Banque Mon-
diale, dénonce la précocité de la libéralisation …nancière et du marché des capitaux, en
ce sens que le manque de réglementation préalable du système …nancier serait à la base
des récentes crises en Amérique Latine, en Asie et en Russie. Il met en évidence l’e¤et
déstabilisateur à court terme de l’a- ux massif des capitaux qui est loin de générer de la
croissance économique. Il souligne aussi le caractère pro-cyclique des ‡ux de capitaux et
remet en cause l’argument selon lequel l’ouverture des marchés …nanciers permettrait la
diversi…cation et accroîtrait la stabilité.
Ainsi, des doutes réels sur l’impact des politiques de libéralisation …nancière sur la
croissance peuvent naître, comme on l’aperçoit chez Lucas (1988), qui dans son essai sur les
mécanismes du développement avance que l’importance de la …nance dans le développement
est pour la plupart du temps surestimée :
53
Force est de constater qu’on retrouve les mêmes symptômes au niveau des dernières crises …nancières
de 2008.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 57
Compte tenu des di¢ cultés liées à la mise en oeuvre des politiques de libéralisation …-
nancière, et des e¤ets dévastateurs consécutifs aux crises …nancières, il serait intéressant de
repenser une nouvelle politique …nancière pour le développement et la croissance, qui s’ar-
ticule autour des institutions, et qui va au-delà de l’orthodoxie …nancière souvent prônée.
Ainsi, puisque Acemoglu et al. (2002) et Ball (1999) montrent que les dotations institu-
tionnelles et le bon fonctionnement des institutions favorisent la réussite des politiques
macroéconomiques, ces dernières (les institutions) peuvent aussi être déterminant dans le
succès des politiques …nancières. En e¤et, compte tenu du fait que la libéralisation …nan-
cière est critiquée aussi bien dans ses fondements théoriques, que dans sa mise en œuvre,
Arestis et Stein (2005) estiment que l’échec de cette dernière est principalement lié à des
problèmes institutionnels ; ils avancent :
Arestis et Stein (2005) proposent une vision alternative du système …nancier désagrégé
en 5 composantes institutionnelles interactives et opérant dans des contextes institutionnels
précis : (i) la composante normative qui édite les codes de “bonne conduite”et encourage
la probité dans le secteur bancaire ; (ii) la composante chargée de la supervision qui se
concentre sur les récompenses et les sanctions des di¤érents acteurs du système …nancier ;
(iii) les règlements, qui constituent le cadre légal permettent de mettre en place les règles
d’opérations et d’interactions entre les di¤érentes institutions dans le système …nancier ;
(iv) la capacité des di¤érentes institutions de fonctionner de façon e¢ cace, a…n de d’at-
teindre les objectifs d’une organisation …nancière dans les limites des normes et des règles
établies ; (v) en…n, les organisations sont des structures …nancières légalement reconnues,
qui regroupent des personnes soumises aux mêmes règles et ayant des objectifs communs.
Aussi, la …nance institutionnelle basée sur les organisations réglementées, préconisée
par Arestis et Stein (2005) remet en cause le fait que les mêmes politiques de libéralisation
…nancière soient identiquement applicables à di¤érents pays. Ainsi, puisque les fondements
institutionnels sont variables suivant les pays et le niveau de développement, le fait de
mettre ces derniers au cœur de la …nance permettrait de dé…nir des politiques plus ciblées
qui auront des e¤ets plus favorables en termes de croissance et de développement.
1.6 Conclusion
tournant de ce point de vue avec les analyses de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973) : la
libéralisation …nancière serait un élément fondamental a…n de sortir les pays du sous dé-
veloppement économique. Cependant, le problème que pose ces politiques de libéralisation
…nancière est de vouloir répondre à toutes les questions de développement et d’être appli-
cables à tous les pays quelle que soit leur situation économique. On peut penser que dans
les années 70, les auteurs de la théorie de la libéralisation …nancière ont voulu élaborer
une théorie économique, facile à comprendre et à mettre en oeuvre sans pour autant se
préoccuper des conditions de son applicabilité. En e¤et, certains pays sous développés sont
confrontés à des problèmes d’ordre structurel et institutionnel et n’ont nécessairement pas
besoin de libéraliser leur système …nancier ; ainsi, dans ces pays les réformes indispensables
pour le développement doivent s’e¤ectuer au niveau du secteur réel.
C’est dans ces conditions que les premières vagues de libéralisation …nancière ont été
mises en oeuvre. Force est de constater que le développement économique prévu n’était
pas au rendez-vous, et les di¤érentes crises …nancières apparues dans ces pays sont venues
remettre en cause ces théories et ont sans doute favorisé l’éclosion de nouvelles critiques de
la libéralisation. Cependant, malgré le caractère utopique de certains courants de pensées
(les néo-structuralistes), l’analyse critique révèle que la libéralisation …nancière ne pourra
être une panacée pour le développement, et au lieu de l’améliorer, elle peut l’empirer.
En dépit des di¤érents courants de littérature qui se sont longtemps opposés aux poli-
tiques de libéralisation …nancière, compte tenu de l’échec de ces dernières, on peut recon-
naître quelle que soit sa sensibilité par rapport à la question, que le secteur …nancier joue
un rôle déterminant dans le développement économique de nos jours. L’échec des politiques
de libéralisation …nancière peut être d’une part attribué aux conditions dans lesquelles ces
politiques ont été mises en œuvre (libéralisation …nancière interne et externe simultané-
ment), à la situation macroéconomique des pays concernés (fort niveau d’endettement et
de dé…cit), et d’autre part à la pertinence même de ces politiques de libéralisation : la libé-
ralisation …nancière était-elle le remède idéal pour régler les problèmes de développement ?
La libéralisation …nancière est une bonne politique uniquement pour les pays qui ont
atteint un certain niveau de développement et qui possèdent des capacités de production ;
les seuls cas de réussite des politiques libéralisation …nancière unanimement reconnus sont
ceux de certains pays asiatiques. Ces pays présentaient déjà de bonnes perspectives de dé-
veloppement et avaient besoin de …nancements stables pour soutenir l’e¤ort de croissance.
1. La …nance : enjeu primordial pour la croissance et le développement 60
Par contre dans les autres pays la libéralisation …nancière n’a pas eu les e¤ets escomptés
et a plutôt contribué à la dégradation de la situation économique de ces pays.
Développement …nancier et
croissance endogène
2.1 Introduction
61
2. Développement …nancier et croissance endogène 62
En e¤et, dans le cadre de leurs activités, les banques collectent l’épargne des agents
excédentaires, empruntent aux agents à besoin de …nancement, détiennent de la liquidité
pour faire face aux demandes de retrait, réduisent l’auto…nancement des investissements,
transforment les actifs liquides à faible rentabilité en actifs illiquides à forte rentabilité et
facilitent les transactions …nancières entre les di¤érents types d’agents. Les intermédiaires
…nanciers permettent à l’économie de réduire la fraction de l’épargne qui est détenue sous
forme d’actifs liquides improductifs et empêchent la mauvaise allocation du capital compte
tenu des besoins de liquidité. Aussi, ils peuvent modi…er la composition des portefeuilles
pour favoriser la consommation tout en facilitant l’accumulation du capital et la croissance
économique.
(1983). Dans la suite des travaux réalisés par Geenwood et Jovanovic (1990), Bencivenga
et Smith (1991) et Levine (1991), ce modèle démontre qu’il existe un lien positif entre
le secteur …nancier et le taux de croissance du capital par tête à l’état stationnaire. Les
résultats obtenus suggèrent que l’équilibre …nancier est préférable à l’équilibre non …nancier.
Le présent chapitre est structuré de la façon suivante : nous présentons d’abord une re-
vue de la littérature des principales contributions théoriques qui intègrent le développement
…nancier dans les modèles de croissance endogène, ensuite un modèle simple de croissance
endogène qui met en évidence le phénomène d’équilibres multiples entre la …nance et la
croissance, et en…n dans la dernière section nous prenons en compte l’intermédiation …nan-
cière dans le cadre théorique d’un modèle de croissance endogène à générations imbriquées.
Dans cette section, nous réalisons une synthèse de la littérature théorique qui prend
en compte le développement …nancier dans les modèles de croissance endogène à travers
l’allocation des ressources, la comparaison du système …nancier orienté banques au système
…nancier orienté marchés, la diversi…cation et le partage du risque, la spécialisation et la
division du travail, et l’asymétrie d’information. Nous présentons en…n quelques modélisa-
tions de l’intermédiation …nancière dans le cadre des modèles de croissance endogène.
inférieure au seuil de capital requis pour intégrer le réseau8 . Ainsi, le niveau d’épargne
élevé dans les économies sous développées se justi…e selon Greenwood et Jovanovic (1990)
par la volonté de toucher des rendements du capital certains et plus élevés qui nécessitent
la dotation d’un minimum requis en capital a…n de payer les charges inhérentes à l’adhésion
au réseau9 .
Puisque la croissance du capital est plus élevée au niveau des agents appartenant au ré-
seau que ceux qui sont en dehors, Greenwood et Jovanovic (1990) montrent que l’émergence
des intermédiaires …nanciers accroît les inégalités puisque certains individus accroissent leur
niveau de richesse de part leur participation aux activités d’intermédiation et d’autres du
fait de leur faible niveau de richesse initial, resteront en dehors du réseau et conserveront
leurs faibles revenus. Il s’ensuit que les “pauvres” resteront vraisemblablement en dehors
du réseau d’échange jusqu’au moment où ils seront capables de supporter les coûts inhé-
rents à l’intégration du réseau (ce qui est peu probable), ou que les coûts de participation
au réseau se réduisent largement. On pourrait donc penser que : les pauvres seront toujours
pauvres et les riches resteront riches et accroîtront le niveau de leur richesse...
Mais tel n’est pas le cas. Greenwood et Jovanovic (1990) démontrent qu’à long terme,
compte tenu de l’émergence des intermédiaires …nanciers, le secteur non intermédié va
s’atrophier (compte tenu de l’augmentation de la production et de la baisse des coûts
inhérents à la participation au réseau), un grand nombre d’agents intègreront le réseau
d’intermédiaires …nanciers, les taux de rendement convergeront vers ceux du secteur inter-
médié et les inégalités seront considérablement réduites10 .
Cependant, l’allocation des ressources productives est facilitée aussi bien par les banques,
que par les marchés …nanciers. Le paragraphe suivant présente les avantages comparatifs
8
L’existence d’un seuil minimal chez Greenwood et Jovanovic (1991) peut être perçue comme une mise
en évidence d’équilibres multiples dans la relation entre le développement …nancier et la croissance. Il serait
intéressant de faire remarquer que dans les modèles de Bencivenga et Smith (1991) et Levine (1991), l’e¤et
de seuils n’existe pas.
9
La dichotomie entre économie développée et économie sous développée peut ainsi être entrevue par
le fait que l’une est caractérisée par un faible niveau d’épargne et des rendements en capital plus élevés
tandis que l’autre enregistre un niveau d’épargne élevé avec des rendements d’investissement très faibles.
10
On retrouve des résultats semblables à ceux de Greenwood et Jovanovic (1991), chez Banerjee et New-
man (1993), et Aghion et Bolton (1993). En e¤et, Banerjee et Newman (1993) montrent que l’orientation
d’une économie vers le développement ou la stagnation dépend de la répartition initiale des revenus. Aussi,
Aghion et Bolton (1993) trouvent qu’il faut une masse critique d’agents su¢ samment riches pour sortir
du piège de la pauvreté ; il s’ensuit une période où les inégalités s’accroissent entre les individus ayant pu
…nancer des projets grâce aux emprunts accordés en fonction de leur richesse. Lorsque le nombre d’agents
ayant passé le seuil devient majoritaire, les inégalités décroissent. Ces résultats con…rment en partie ceux
les travaux Kuznets (1955).
2. Développement …nancier et croissance endogène 67
des systèmes …nanciers dominés par les banques par rapport aux systèmes …nanciers orien-
tés marchés.
coûts) le système …nancier centralisé (orienté banques) est plus porteur de croissance que
le système …nancier décentralisé.
Aussi, Allen et Gale (1997) démontrent que les banques fournissent une meilleure allo-
cation du risque dans le temps que les marchés …nanciers ; toutefois, leur e¢ cacité dépend
de façon cruciale du degré de compétition sur les marchés. En e¤et, si les marchés …nan-
ciers sont très compétitifs, la désintermédiation …nancière serait élevée : ce qui réduirait
la capacité des banques dans l’allocation e¢ ciente du risque. Boot et Thakor (1997) étu-
dient également l’interaction entre la banque et le marché12 . Leur théorie de l’architecture
du système …nancier est principalement basée sur deux types d’asymétrie d’information :
la connaissance imparfaite de la qualité des projets d’investissement des emprunteurs et
l’existence probable d’un aléa de moralité. Tandis que le deuxième type d’asymétrie d’in-
formation peut être résolu par les banques (à travers le monitoring bancaire), le premier est
plus e¢ cacement réglé par les marchés …nanciers. Comme résultat, Boot et Thakor (1997)
montrent qu’une structure …nancière équilibrée consiste en une combinaison optimale entre
le système bancaire et le marché …nancier. Curieusement, dans cette structure, si le système
12
Voir également Vaubourg (2000) pour plus de détails sur le partage du système …nancier entre banques
et marchés.
2. Développement …nancier et croissance endogène 69
En…n, l’analyse comparative des di¤érents systèmes …nanciers a été e¤ectuée par Amable
et Chatelain (1996) à partir de l’intensité de la concurrence dans le secteur bancaire. Ils
proposent un arbitrage entre les e¤ets négatifs de la concurrence imparfaite et l’activité
de contrôle des banques. En e¤et, un système très concentré est associé à des coûts d’éta-
blissement et des marges d’intermédiation élevées ; ce qui peut constituer un frein pour
le développement …nancier. Cependant, les auteurs montrent que les banques universelles
(caractéristique d’un système bancaire en concurrence imparfaite) exercent un pouvoir de
contrôle important sur les grandes entreprises ; ce qui contribue à une hausse moyenne de la
productivité et améliore le niveau d’épargne et de croissance. En particulier, sous certaines
conditions sur les coûts …xes de la banque, les e¤ets de l’accroissement de la productivité
peuvent largement compenser les e¤ets négatifs de la concurrence imparfaite. Toutefois,
ils ajoutent que lorsque le contrôle est peu e¢ cace, les e¤ets négatifs de la concurrence
imparfaite prédominent. En…n, la contribution de Amable et Chatelain (1996) révèle que
les systèmes bancaires purement concurrentiels ne sont pas les seuls porteurs de croissance
et justi…e en partie la forte croissance observée sur une longue période au Japon et en
Allemagne dont les systèmes …nanciers sont dominés par les banques universelles.
rigides à rendement élevé. Aussi, faudra-t-il ajouter que l’un des avantages du développe-
ment …nancier c’est de favoriser la diversi…cation du risque comparativement à l’univers
du sous développement …nancier où les risques sont concentrés. Dans ce courant de littéra-
ture, Acemoglu et Zilibotti (1997) considèrent un environnement dans lequel les marchés
sont imparfaits, où il existe des coûts liés à la production des actifs qui accroissent les
opportunités de diversi…cation. Dans le modèle, ils rendent endogène l’imperfection des
marchés …nanciers et examinent l’impact de la diversi…cation du risque sur le développe-
ment économique par le biais de l’accumulation du capital. Les propriétés fondamentales
prises en compte dans leur modèle sont : (i) les projets risqués sont à rendements élevés
et nécessitent un niveau consistant d’investissement initial ; (ii) les projets certains sont à
rendement faible ; (iii) les individus sont averses au risque. Le désir d’éviter les investisse-
ments risqués lié à l’aversion des individus au risque abaisse le niveau du capital et la non
diversi…cation du risque introduit une grande incertitude dans le processus de croissance.
Ils démontrent que l’équilibre décentralisé est ine¢ cient et que l’économie prend beaucoup
de temps pour traverser le stade primitif d’accumulation puisque les individus ne prennent
pas en compte l’impact de nouvelles opportunités de diversi…cation.
(1990) et Caballero (1990), qui peut conduire à espérer une augmentation du taux de
croissance économique en situation d’autarcie13 . Par contre si l’on suppose que l’intégration
…nancière conduit à l’inexistence de l’incertitude au niveau agrégé, le risque disparaît et
l’intégration …nancière aura pour e¤et dans chaque pays l’élimination des ‡uctuations de
revenu compte tenu de l’absence d’incertitude qui entraîne la réduction de l’épargne de
précaution et donc du taux de croissance économique.
A l’instar de Devereux et Smith (1994), Obstfeld (1994) analyse l’impact d’une complète
diversi…cation du risque sur la croissance économique à l’aide d’un modèle stochastique en
temps continu dans lequel le partage international du risque peut entraîner des gains au
niveau du bien-être à travers son impact sur l’espérance de consommation. Comme chez
Devereux et Smith (1994), le mécanisme qui relie la diversi…cation du risque à la croissance
économique est la transformation des portefeuilles d’actifs sécurisés à faible rendement, en
actifs risqués dont le rendement est élevé. Les choix individuels s’e¤ectuent entre l’accumu-
lation du capital (capital risqué ou non risqué) et le prêt à taux sans risque. En situation
d’économie fermée, Obstfeld (1994) trouve que deux équilibres sont envisageables : l’un où
il y a les deux types d’investissement en capital et l’autre où il y a l’investissement risqué
uniquement. Par contre, en cas d’intégration …nancière, on obtient un équilibre caractérisé
uniquement par des actifs risqués à rendement élevé. Ainsi, les résultats obtenus par Obst-
feld (1994) révèlent que les pays qui expérimentent l’intégration …nancière réalisent des
gains substantiels en termes de croissance moyenne de la consommation et de bien-être.
L’une des particularités de l’article de Obstfeld (1994) est de prendre en compte le degré
d’aversion au risque. Ainsi, il trouve que le degré d’aversion au risque a un e¤et semblable
sur la croissance que le risque de rendement lié à un actif non sécurisé.
une vision alternative basée sur le fait que l’industrialisation favorise la division du travail et
la spécialisation qui vont entraîner l’extension du crédit (vision Schumpéterienne) et en…n
de compte l’émergence des intermédiaires …nanciers pour éviter la duplication des coûts
de monitoring14 . Une telle vision est sans doute inspirée de North (1987) qui estime que la
spécialisation et la division du travail sont indispensables pour la croissance économique :
Galetovic (1996) montre que les marchés …nanciers se développent au cours des pre-
mières étapes de l’industrialisation, puisque la spécialisation des …rmes accroît le nombre de
transactions qui nécessitent le crédit. En e¤et, sans intermédiaire …nancier, les gains de la
spécialisation seront absorbés par les coûts liés au monitoring et le niveau d’intermédiation
devient un indicateur du degré de spécialisation. Pour cet auteur, l’émergence des inter-
médiaires …nanciers contribue à la croissance parce que l’économie a atteint préalablement
un niveau de spécialisation appréciable. Il montre que la spécialisation est une condition
nécessaire pour la croissance, et une croissance soutenue ne peut exister sans l’émergence
d’intermédiaires …nanciers ; les intermédiaires …nanciers deviennent la deuxième condition
nécessaire pour l’existence d’une croissance économique durable. Lorsque les …rmes se spé-
cialisent, les intermédiaires émergent de façon endogène parce qu’ils évitent la duplication
des coûts de monitoring. Ainsi, selon Galetovic (1996), c’est la spécialisation qui entraîne
l’émergence des intermédiaires …nanciers.
du développement économique est qu’en leur absence, la division du travail serait limitée
par le risque que cette dernière implique. Cette interaction peut conduire à des équilibres
multiples où le faible équilibre sera caractérisé par une absence d’intermédiaire …nancier,
une technologie non spécialisée et une faible croissance économique. La situation contraire
sera observée au niveau du second équilibre. En e¤et, selon Cooper et John (1988), il y a
une complémentarité entre les marchés …nanciers et le type de technologie, puisque leur
combinaison peut être utilisée à des …ns de diversi…cation ; ce que met en évidence Saint-
Paul (1992). Il faut cependant noter que pour ce dernier, l’équilibre sans intermédiaire
…nancier peut être préférable si les coûts de transaction sont très élevés comparativement
aux coûts de la ‡exibilité puisque de nombreuses ressources seront consacrées à des ac-
tivités …nancières qui à priori n’amélioreront pas le niveau d’utilité des individus. En…n,
Saint-Paul (1992) montre que les économies bloquées dans la trappe de sous développe-
ment sont caractérisées par un seul équilibre (l’équilibre non …nancier), tandis que pour des
économies se situant au niveau de l’étape intermédiaire deux équilibres sont envisageables :
l’équilibre …nancier et l’équilibre non …nancier ; pour les économies qui ont un niveau de
développement élevé seul l’équilibre …nancier existe.
Des résultats semblables ont été obtenus par Carranza et Galdon-Sanchez (2004), qui
montrent que le développement …nancier a¤ecte la variabilité de la production au cours
du processus de développement. Ainsi, ils trouvent qu’aux premiers stades du dévelop-
pement, les économies sont caractérisées par un seul équilibre tandis qu’on observe des
équilibres multiples lorsqu’elles sont à l’étape intermédiaire. Cette multiplicité des équi-
libres s’explique selon ces auteurs par la complémentarité stratégique entre les secteurs
réel et …nancier liée, à l’assouplissement des contraintes de liquidité et à l’accroissement du
rendement des investissements. Ces équilibres multiples sont observés dans leur modèle en
cas d’imperfection sur le marché du crédit, alors qu’ils sont absents lorsque ce marché est
supposé transparent.
Les travaux de Deidda (2006) aboutissent à des conclusions similaires à celles de Saint-
Paul (1992), dans la mesure où il montre que compte tenu des coûts inhérents au dé-
veloppement …nancier, ce dernier peut avoir un impact ambigu sur la croissance. Plus
particulièrement, au cours de la période de transition (qui permet de passer d’une écono-
mie autarcique, à une économie …nancièrement développée), Deidda (2006) trouve que le
développement …nancier a¤ectera positivement la croissance si la technologie de production
2. Développement …nancier et croissance endogène 74
utilisée dans le secteur réel est moins productive et moins capitalistique que celle utilisée
par les ménages ; ce qui est presque impossible. Ainsi, le développement …nancier peut
avoir lieu sans avoir des gains immédiats en termes de croissance économique. Par contre,
lorsque le développement …nancier est soutenable, le marché du crédit devient de plus en
plus compétitif et e¢ cient, et favorise la croissance15 .
trouvent que les interventions publiques ont un e¤et ambigu sur la croissance économique ;
ils ajoutent que la libéralisation peut permettre d’éviter l’équilibre à faible taux de crois-
sance, mais lorsque l’équilibre à taux de croissance positif est atteint, l’impact de la libé-
ralisation …nancière devient moins évident.
maturité), plus important est l’e¤et sur le taux de croissance de la réduction des coûts de
transaction18 .
Zilibotti (1994) intègre également dans un modèle de croissance endogène, les imper-
fections liées au fonctionnement des marchés …nanciers à travers les coûts de transaction.
Il estime que le coe¢ cient du capital et les coûts d’intermédiation dépendent négativement
du niveau de développement …nancier. Ainsi, il trouve que pour de faibles niveaux de déve-
loppement …nancier, les coûts d’intermédiation sont élevés et l’économie est bloquée dans
la trappe à pauvreté ; par contre l’amélioration du niveau de développement …nancier est
accompagnée d’une réduction des coûts d’intermédiation qui permet aux …rmes d’adopter
des technologies plus e¢ cientes et d’améliorer la croissance. Des résultats semblables à
ceux de Zilibotti (1994) sont obtenus par Khan (1999), qui montre que la réduction des
coûts d’intermédiation accroît le rendement des investissements.
Cependant, Shi (1996) montre que l’asymétrie d’information sur le marché des biens
capitaux peut accroître la croissance économique à long terme. Cet e¤et d’accélération
de la croissance se produit quand les nouveaux biens capitaux sont très productifs et ne
coûtent pas plus cher à produire que les anciens biens capitaux de basse qualité19 . Dans
ces conditions, l’asymétrique d’information incite les agents à se lancer dans des projets à
haut risque dont le succès crée un accroissement rapide des connaissances et une croissance
18
Cependant, Bencivenga et Smith (1995) montrent que la réduction des coûts de transaction n’accroît
pas le ratio des transactions …nancières dans la richesse totale mais accroît le taux de croissance à l’équilibre
toutes choses étant égales par ailleurs.
19
Les résultats du modèle de Shi (1996) reposent sur trois principales hypothèses : (i) la production des
biens capitaux de grande qualité est plus risquée que celle des biens capitaux de faible qualité ; (ii) les
agents peu quali…és peuvent fournir davantage d’e¤ort pour élaborer les biens capitaux de grande qualité ;
(iii) en…n, les connaissances peuvent se transmettre d’une génération à une autre moyennant un coût.
2. Développement …nancier et croissance endogène 77
Bien que l’intermédiation …nancière ait fait l’objet d’importantes contributions théo-
riques à partir des années 90, il faudra cependant noter que très peu de modélisations de
l’activité et du processus d’intermédiation ont été adoptées dans les modèles de croissance.
Ceci est sans nul doute lié à la di¢ culté de traduire le comportement …nancier à travers
une formalisation macroéconomique pertinente.
Cependant, Roubini et Sala-i-Martin (1992, 1995) réalisent l’une des premières modé-
lisations de l’intermédiation dans un modèle de croissance endogène. En l’occurrence, ils
mettent plus en exergue la répression …nancière en utilisant une fonction d’utilité à la Si-
drauski (1967) dans laquelle ils introduisent un indicateur de développement …nancier. Il
suppose que l’utilité marginale de la monnaie est une fonction décroissante du niveau de
développement …nancier. La fonction d’utilité est :
h i1
(F )
u (c (t) ; m (t)) = c (t) m (t) = (1 ); (2.1)
où c(t) est la consommation par tête, m(t) est l’encaisse réelle par tête, et sont des para-
mètres positifs. F re‡ète le niveau de sophistication des services …nanciers et (F ) traduit
0
la plus ou moins grande substituabilité entre la monnaie et la consommation. (F ) < 0
00
et (F ) > 0 ; ce qui signi…e que plus le niveau de développement …nancier est élevé,
moins s’e¤ectue la substituabilité des biens de consommation en monnaie et les agents
économiques préfèrent détenir les actifs non monétaires. A l’aide d’une technologie de pro-
0
duction de type : Yt = (F ) Kt , où (F ) est l’e¢ cience marginale du capital, (F ) > 0,
ils trouvent que la fonction de demande de monnaie se présente sous la forme suivante :
mdt = (F ) ct = Rt ; (2.2)
avec Rt le taux d’intérêt nominal. La demande de monnaie est une fonction décroissante
du niveau de sophistication …nancière de l’économie. Ceci peut s’expliquer par le fait que
le développement …nancier réduit le coût de transformation des actifs non liquides en actifs
liquides. En…n le taux de croissance économique est donné par l’expression suivante :
1
g = c=c
_ = (1 (1 ) ( + )) ( (F ) (1 ) (1 )) ; (2.3)
2. Développement …nancier et croissance endogène 78
g = c=c
_ = ( (F ) (1 ) )= : (2.4)
A partir d’une fonction de production de type \AK”de Rebelo (1991), il obtient un taux
de croissance à l’état stationnaire g :
It
g=A =A s ; (2.6)
Yt
(où s est la propension à épargner et le taux de dépréciation du capital). L’équation
ci-dessus montre que le taux de croissance g est une fonction croissante de la proportion
de l’épargne intermédiée . Toutefois, Pagano (1993) reste très peu explicite sur le contenu
théorique et l’explication du paramètre :
Amable et Chatelain (1995) estiment que le concept d’e¢ cacité est vague puisqu’il
peut abriter toutes les imperfections possibles a¤ectant les fonctions d’épargne et d’investis-
sement. Ils présentent de manière pédagogique le type de mécanismes qui entrent en jeu, en
négligeant l’endogénéité des variables en cause. En supposant (S 1 ) l’épargne des ménages
et (S 2 ) l’épargne des entreprises (l’auto…nancement), 1 la part de l’épargne des ménages
2. Développement …nancier et croissance endogène 79
dirigée vers les banques, 2 la partie des ressources traitées par le système …nancier parve-
nant aux …rmes, et 3 la part des ressources …nancières des entreprises (auto…nancement
S 2 et …nancement externe 2 1S
1
) qui sera réellement investie, Amable et Chatelain (1995)
obtiennent à partir de l’équilibre sur le marché des biens et services, l’équation suivante :
1
It = 3 2 1 St + St2 : (2.7)
Les di¤érentes formes d’e¢ cacité dans le modèle de Amable et Chatelain (1995) peuvent
être expliquées de la façon suivante : (1 1) correspond à une fuite de l’épargne hors du
système …nancier. Cette fuite est d’autant plus importante que le système …nancier couvre
mal le risque de liquidité ou que l’on est en présence d’une concurrence imparfaite sur
le marché des dépôts. 2 dépend tout d’abord des coûts de fonctionnement du système
…nancier dans son ensemble (ces coûts sont liés aux réserves obligatoires, à l’assurance sur
les dépôts, à la fonction de prêteur en dernier ressort et à la reglémentation bancaire). Il
dépend ensuite des risques lié à l’asymétrie d’information (une partie de l’épargne n’est pas
utilisée car les projets sont jugés trop risqués) et …nalement, des imperfections liées à la
concurrence imparfaite sur le marché du crédit (les banquiers préfèrent ne pas transformer
en engagements toutes les ressources collectées). Quant à 3, il traduit plusieurs phéno-
mènes tels que le risque d’illiquidité des entreprises (elles préfèrent conserver un capital
liquide par crainte de faillite) ou le risque d’irréversibilité de l’investissement, ou encore un
coût d’agence. De plus, les entreprises utilisent une partie de leurs ressources à d’autres
…ns que l’investissement.
Ainsi, comme on peut le remarquer, Amable et Chatelain (1995) désagrègent l’e¢ cacité
de Pagano (1993) en trois types d’e¢ cacité : (i) l’e¢ cacité avec laquelle l’épargne des
ménages est transférée aux banques ; (ii) l’e¢ cacité avec laquelle le système …nancier alloue
l’épargne aux entreprises ; (iii) et l’e¢ cacité avec laquelle les entreprises transforment leur
ressources en investissement.
la qualité des ressources réelles utilisées par la banque. On suppose que 'j croît avec la
quantité de la main d’œuvre employée par la banque (vj ), alors 'j = 'j (vj ), avec '0j > 0.
Comme les banques sont symétriques, on a à l’équilibre vj = (1 u) =n ; (u est la pro-
portion de la main d’oeuvre utilisée dans le secteur réel et n le nombre de banques dans
l’économie). La technologie d’intermédiation …nancière permet d’exprimer, par conséquent,
la dynamique de l’accumulation du capital, comme chez Pagano (1993). Au niveau de la
banque individuelle et au niveau agrégé, cette dynamique se résume comme suit :
:
K_ j = 'j Sj ) K = 'S; (2.8)
1 u
avec : S = Y C et ' = ' n
; '0 > 0:
K_ t 'St (1 ") (1 u)
g= = = (1 )A '; (2.10)
Kt Kt " u
'0 1 u
où A est un paramètre constant de la technologie de production et " = ' n
: La règle de
Keynes-Ramsey donne :
1
g= [ A (1 ") ' ]: (2.11)
Comme on peut si bien le remarquer au niveau des équations (2.10) et (2.11), le dévelop-
pement du secteur …nancier (qui se traduit par un accroissement de ' qui est une fonction
croissante de (1 u) la proportion de main d’oeuvre utilisée dans le secteur bancaire)
est positivement associé à la croissance économique. En plus, le modèle de Berthelémy et
Varoudakis (1994, 1996) fait apparaître le phénomène d’équilibres multiples qui peuvent
2. Développement …nancier et croissance endogène 81
En…n, King et Levine (1993) construisent un modèle de croissance endogène dans lequel,
ils intègrent l’innovation technologique et le système …nancier. Le modèle de croissance en-
dogène de King et Levine (1993) établit le lien entre la …nance, l’entreprise et la croissance
économique comme le suggèrent Schumpeter (1911) et Knight (1951). La vision des mé-
canismes de transmission de la …nance à la croissance évoquée par King et Levine (1993)
di¤ère de celles existantes sur deux plans : d’une part, contrairement aux modèles tradi-
tionnels (Pagano, 1993 ; Berthelémy et Varoudakis, 1994), il n’est pas nécessaire que les
institutions …nancières exercent principalement leur in‡uence via le taux d’accumulation
du capital physique ; d’autre part, ces institutions jouent un rôle indispensable dans l’éva-
luation, la gestion et la recherche des activités qui conduiront à accroître la productivité ;
ce qui n’est pas le cas dans les autres développements théoriques. Plus précisement, dans
le modèle de King et Levine (1993), les intermédiaires …nanciers permettent d’évaluer et
de révéler la valeur de marché des …rmes puis de mutualiser le risque lié à la détention des
actions des entreprises évaluées.
A partir d’un modèle Schumpétérien caractérisé par un progrès technique à la Grossman
et Helpman (1991), une réduction des coûts liée à l’innovation conforme à Aghion et Howitt
(1991) et un secteur des biens intermédiaires semblable à celui de Romer (1990), King et
Levine (1993) établissent la condition d’équilibre sur le marché boursier qui est donnée par
2. Développement …nancier et croissance endogène 82
l’expression suivante20 :
v = = (r + ); (2.12)
Malgré les imperfections qui existeraient dans les développements théoriques qui éva-
luent l’impact du développement …nancier sur la croissance économique, il faudra cependant
reconnaître le mérite de ces modèles de croissance endogène qui ont réussi à déterminer
les mécanismes par lesquels le développement …nancier peut améliorer la croissance écono-
mique à savoir : l’épargne, l’intermédiation …nancière, le taux d’intérêt, le capital humain,
la spécialisation, l’apprentissage par la pratique, l’accumulation des connaissances et en-
…n les choix technologiques. La section suivante est consacrée à l’élaboration d’un modèle
simple de croissance endogène qui prend en compte le développement …nancier, et qui met
en évidence le phénomène d’équilibres multiples entre la …nance et la croissance.
20
Pour plus de détails sur la démarche méthodologique du modèle qui a conduit à obtenir la valeur de
marché d’une …rme innovante en fonction du taux de croissance et des autres paramètres du modèle, se
référer à King et Levine (1993).
2. Développement …nancier et croissance endogène 83
Dans cette section, nous nous situons dans le cadre très simpli…é d’un modèle de crois-
sance endogène avec un développement …nancier sans fondement microéconomique. La
production est réalisée à l’aide d’une technologie de type Cobb-Douglas. Le secteur …nan-
cier qui a pour rôle de transformer l’épargne en investissement, prélève une certaine partie
des ressources productives pour son activité. La fonction de production se présente sous la
forme suivante :
F (Kt ; Ht ; z) = Yt = A K t Kt ((1 z) Ht )1 ; (2.13)
0 1
avec un paramètre positif inférieur à l’unité, et la condition : (z) = z > 0 ; cette
condition traduit le fait que le taux de transformation de l’épargne en investissement est
une fonction croissante de la quantité de ressources prélevées par le secteur …nancier, c’est-
à-dire du niveau de développement …nancier. Cependant, la technologie de transformation
de l’épargne en investissement exhibe des rendements d’échelle décroissants au niveau du
secteur …nancier (compte tenu de l’hypothèse < 1) ; ce qui traduit une augmentation non
proportionnelle de l’e¢ cacité de l’intermédiation suite à l’accroissement de la main d’oeuvre
disponible dans le secteur …nancier. Il faudra signaler dans la présente modélisation la
transformation de l’épargne en investissement dépend d’un facteur z, qui est sans fondement
microéconomique. Le secteur …nancier n’est pas modélisé dans cette partie mais joue un
rôle d’externalité à travers la transformation de l’épargne en investissement.
La technologie de transformation de l’épargne en investissement adoptée reste conforme
aux propriétés proposées par Berthelémy et Varoudakis (1994)21 . Cependant, ces derniers
ne spéci…ent pas la forme fonctionnelle de 'j (:). La présente modélisation o¤re l’avan-
tage de dé…nir la forme fonctionnelle de la technologie de transformation de l’épargne en
investissement.
La dynamique d’accumulation du capital est la suivante :
1
k_ t = z Akt (1 z)1 ct : (2.17)
Les ménages sont supposés avoir un horizon temporel in…ni (ménages dynastiques ou
altruistes qui se préoccupent non seulement de leur consommation présente mais aussi de
la consommation des générations à venir). Nous supposons que la population ne croît pas
et est normalisée à l’unité pour des raisons de simplicité. Ainsi, les agents maximisent
21
Les auteurs supposent que 'j (vj ) la technologie de transformation est une fonction croissante de vj ,
la proportion de la main d’oeuvre utilisée par la banque j.
2. Développement …nancier et croissance endogène 85
la valeur actualisée de leur utilité future qui est fonction du niveau de la consommation
instantanée : Z 1
U0 = U (ct ) exp( t)dt; (2.18)
t
où > 0 est le taux de préférence pour le présent ou encore le taux d’escompte psycholo-
gique ; ct désigne le niveau de consommation à l’instant t, (consommation normalisée car
la population est supposée égale à l’unité). La fonction d’utilité de l’agent représentatif est
supposée de type CRRA (Constant Relative Risk Aversion), dont la forme générale est la
suivante :
c1t 1
1
pour 6 1
=
U (ct ) = (2.19)
log(ct ) pour = 1;
avec le coe¢ cient d’aversion relative au risque > 0. L’inverse du coe¢ cient d’aversion
1
relative au risque est l’élasticité de substitution intertemporelle.
Le programme de maximisation que va résoudre le plani…cateur social (compte tenu de
la présence d’une externalité au niveau de la technologie de production) est :
Z 1 1
ct 1
maxU0 = exp( t)dt; (2.20)
(ct ;z) 0 1
s=c
1
k_ t = z Akt (1 z)1 ct :
c1t 1 1
Hc + z Akt (1 z)1 ct : (2.21)
1
Les conditions de premier ordre sont :
@Hc 1
= c z = 0; (2.22)
@c
@Hc 1
= z 1
(1 z)1 Akt c (1 ) (1 z) z Akt = 0; (2.23)
@z
_ = 1
A (1 z)1 z : (2.24)
k_ 1 h ci
g2 (z) = = z A (1 z)1 : (2.28)
k k
c
En remplaçant k
par l’expression obtenue à l’équation (2.26), on a :
1 +1
g2 (z) = 2 A (1 ) (1 z) z : (2.29)
A partir des expressions de g1 (z) et g2 (z), nous allons déterminer le niveau d’équilibre du
développement …nancier z et le taux croissance à l’équilibre. Le niveau d’équilibre de z est
donné par l’équation caractéristique suivante :
1 1 1
2 A (1 ) (1 z) z +1
= A (1 z)1 z : (2.30)
0.25 0.06
g1(z) g1(z)
0.2 g2(z) 0.05 g2(z)
0.04
0.15
0.03
0.1
0.02
0.05
0.01
g
g
0
0
-0.05
-0.01
-0.1
-0.02
-0.15 -0.03
-0.2 -0.04
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6
z z
0.12 0.04
g1(z) g1(z)
g2(z) 0.035 g2(z)
0.1
0.03
0.08
0.025
0.06 0.02
g
0.04 0.015
0.01
0.02
0.005
0
0
-0.02 -0.005
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
z z
générée dans le secteur réel par des externalités d’apprentissage par la pratique liées à la
formation du capital. Les entreprises utilisent une technologie à rendements constants et le
stock de capital intermédié par le secteur …nancier ne correspond pas strictement à l’épargne
accumulée par les ménages. Puisque l’e¢ cacité du secteur …nancier dépend positivement de
la main d’oeuvre employée (qui est prélevée dans le secteur réel), il existe donc une externa-
lité exercée par le secteur réel sur le secteur …nancier. De même, le secteur …nancier a¤ecte
le secteur réel par l’accroissement du volume d’investissement. Ainsi, l’interaction entre le
secteur réel et le secteur …nancier peut générer des phénomènes d’équilibres multiples.
La situation décrite par les …gures 2.1.1 et 2.1.2 illustre ces phénomènes. En e¤et, le
premier équilibre est caractérisé par un faible taux de croissance et un faible niveau de
développement …nancier tandis qu’au niveau du second équilibre, le secteur …nancier est
développé et la croissance économique forte. Ces résultats mettent en évidence les phé-
nomènes de trappe de sous développement et de trappe à pauvreté dans la relation entre
le secteur …nancier et le secteur réel. Une taille initialement réduite du secteur …nancier
résulte d’un faible niveau de prélèvement des ressources productives dans le secteur réel,
implique d’une part une e¢ cacité réduite dans la transformation de l’épargne en inves-
tissement, et d’autre part une faible externalité du secteur …nancier sur le secteur réel ;
il s’ensuit une contraction continue du secteur …nancier jusqu’à “l’équilibre bas”, où la
croissance et le développement …nancier sont faibles. En revanche, un niveau initialement
élevé de développement …nancier accroît l’e¢ cacité du système …nancier et l’externalité
exercée sur le secteur réel. Il en résulte un niveau de croissance élevé avec des répercus-
sions favorables sur la productivité du travail dans le secteur bancaire qui lui permet de
concurrencer le secteur réel sur le marché du travail et de maintenir l’emploi à un niveau
élevé24 .
L’analyse des di¤érentes …gures précédentes révèle que les résultats obtenus varient sui-
vant les valeurs du coe¢ cient d’aversion au risque ( ). Ainsi, à partir de la …gure 2.1.1
où le coe¢ cient d’aversion au risque est relativement faible (l’élasticité de substitution
intertemporelle forte) on remarque qu’on a deux équilibres pour lesquels les niveaux de dé-
veloppement …nancier et de croissance économique sont respectivement supérieurs à ceux
Varoudakis (1994). Aussi, contrairement à ces deux auteurs, le secteur …nancier n’a pas été modélisé ici.
24
Cependant, la présente modélisation ne met pas en évidence les mécanismes par lesquels une économie
peut passer de “l’équilibre bas” à “l’équilibre haut”.
2. Développement …nancier et croissance endogène 89
dans le cadre théorique des modèles à générations imbriquées. L’objectif étant de montrer
que, quel que soit le modèle théorique de base, l’amélioration du développement …nancier
a¤ecte positivement la croissance économique.
0.2 0.05
g1(z) g1(z)
g2(z) g2(z)
0.04
0.15
0.03
0.1
0.02
g
g
0.01
0.05
0
-0.01
-0.05 -0.02
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
z z
L’analyse se base sur une structure de préférences des individus conforme à celle de
Diamond et Dybvig (1983). Cette formulation tout en restant semblable aux modèles à
25
Les …gures ci-dessus sont réalisées pour les valeurs suivantes des paramètres : A = 0:04 ; rho = 0:02 ;
alpha = 0:5 ; sigma = 1:
2. Développement …nancier et croissance endogène 91
générations imbriquées utilisés par Levine (1991) et Bencivenga et Smith (1991) se distingue
par la manière dont les intermédiaires …nanciers permettent d’établir l’équilibre sur le
marché …nancier ; l’économie est constituée de trois séquences de générations qui survivent
au même moment. Le temps est aussi subdivisé en trois périodes qui correspondent à
la durée de vie de chaque individu. A t = 0, le stock de capital K0 est détenu par la
vieille génération, tandis qu’en ce moment la génération moyenne et la jeune génération
ne disposent pas de capital ; le capital est donc accumulé par les individus qui sont à la
troisième période de la vie. En t = 1, le stock de capital K1 est détenu par la vieille
génération de la période (t = 1) qui n’est rien d’autre que la moyenne génération de la
période précédente, qui disparaîtra (à la …n de la troisième) après avoir consommé tout
son stock de capital. Il sera supposé que le capital se déprécie complètement à la …n de la
troisième période.
La population croît au taux n ; ce qui implique que Nt+1 = (1 + n)Nt , c’est-à-dire
la nombre de jeunes en t + 1 est égal (1 + n) fois le nombre de jeunes en t. Ce même
raisonnement est valable au niveau de toutes les générations. Dans le modèle, il est supposé
qu’il n’y a ni legs, ni héritage et que les individus à la …n de leur existence consomment
toute la richesse accumulée durant la vie active. Ainsi, l’individu qui naît à t = 0, travaille
durant toute la première période de sa vie, gagne un salaire wt , qui lui servira à réaliser ses
choix d’investissement à t = 1. La consommation durant toute cette période est supposée
nulle. L’individu ne pourra consommer à la …n de la période 2 ou de la période 3 que
suivant son type.
Chaque jeune a une dotation unitaire de travail, dont l’o¤re est inélastique ; ce qui veut
dire qu’au cas où les entrepreneurs solliciteront plus de travail que l’o¤re, l’individu ne
pourra pas o¤rir au-delà d’une unité de travail. A l’âge 2 et 3, les individus ne disposent
plus de force de travail.
Soit Ci la consommation à l’âge i. La fonction d’utilité de chaque agent est :
où est une variable aléatoire spéci…que à chaque individu dont la réalisation est e¤ective
à partir de l’âge 2. La distribution de probabilité de est la suivante :
(
1 avec la probabilité
= (2.32)
0 avec la probabilité 1 :
2. Développement …nancier et croissance endogène 92
Dans le présent modèle, deux types d’investissement sont possibles dans l’économie.
L’investissement est réalisé à t = 1. Les individus peuvent choisir entre un actif liquide
convertible à toute date en bien de consommation moyennant un rendement certain et
un actif illiquide qui ne rapporte qu’à la …n de la deuxième période. Ainsi, les individus
peuvent investir dans les actifs liquides qui procurent une rentabilité certaine rt constante
quelle que soit la période (t + 1 ou t + 2) et qui peut être liquidé à tout moment. Ces
investissements peuvent être réalisés dans des actifs de type dépôts à vue, ou des biens de
consommation courante non périssables et fortement demandés par le marché.
Les actifs illiquides rapportent Rt à la …n de t+2, c’est-à-dire une unité d’investissement
en actifs illiquides rapporte au bout de 2 périodes Rt unités de biens capitaux qui sont
utilisés dans le processus de production. Ces actifs sont constitués d’investissement à terme
dans des biens capitaux qui ne rapportent qu’à l’échéance. La durée de deux périodes
correspond au cycle de production qui n’est rien d’autre que la période requise pour que le
capital soit productif. Si le rendement à toute date antérieure à t+2 est nul, le risque couru
en investissant dans les illiquides devient très élevé. Dans ces conditions, seuls les individus
qui ont une forte préférence pour le risque réaliseront des investissements à terme. A…n de
permettre aux individus quelle que soit leur relative sensibilité au risque d’investir dans les
actifs illiquides nous supposons que ces actifs rapportent un rendement résiduel x à la …n
2. Développement …nancier et croissance endogène 93
En e¤et, si rt > x, les agents vont tous investir dans les actifs illiquides et retirer leur
capital au cas où ils seront de type 0. Cette situation ne pose plus de problème d’arbitrage
ou de choix entre actifs liquides et actifs illiquides et engendre une instabilité du capital
nécessaire à la production, puisque les individus après avoir expérimenté le choc de liquidité
peuvent retirer sans perte leur capital des circuits de production26 .
Soit une technologie de production de type Cobb-Douglas dont la forme générale est la
suivante :
Yt = F (Kt ; Lt ) = A K t Kt Lt1 ; (2.33)
Cette fonction de production est à rendement d’échelle croissant ; ce qui suppose qu’à long
terme le taux de croissance de l’économie ne s’annule pas. Cette formulation de la fonction
de production est souvent adoptée par de nombreux auteurs et il su¢ t de poser B = AL1t
pour retrouver la fonction de production de type “AK”de Rebelo (1991).
social et le rendement privé du capital devient de plus en plus faible. Lorsque tend vers
1, le rendement privé coïncide avec le rendement social, puisqu’il n’y a plus d’externalité
due au capital physique. Dans ce cas, on retrouve encore la fonction de production de type
“AK”de Rebelo (1991) et le taux de croissance compétitif est e¢ cient. Mais, pour < 1,
le taux de croissance compétitif est en dessous de l’optimum social. Ainsi, le paramètre
est très utile pour mesurer l’importance de l’externalité dans le processus de production.
(1 + n)2
Lt = : (2.35)
1
En particulier, quand n = 0, l’o¤re de travail devient : Lt = : A chaque date, si l’on
suppose le salaire wt comme donné, l’entrepreneur choisira Lt de telle sorte que le pro…t
soit maximal :
Lt = arg max AKt Lt1 wt Lt : (2.36)
Lt
On a donc :
wt = (1 ) AKt Lt : (2.37)
2
wt = (1 ) (1 + n) AKt : (2.38)
( Rt r t )
Proposition 1 En posant = (1 )(rt x)
on obtient la proportion optimale d’investisse-
rt ( 1)
ment en biens capitaux suivante : q1 = ( Rt rt ) (x rt )
:
Preuve.
Ce qui revient à :
( Rt rt ) rt + ( Rt rt ) qt
) = = : (2.46)
(1 ) (rt x) rt + (x rt ) qt
On obtient : qt [( Rt rt ) + (x rt )] = rt ( 1) d’où :
rt ( 1)
qt = : (2.47)
( Rt rt ) (x rt )
2
Kt+2 = Rt qt (1 ) (1 + n) AKt : (2.49)
2. Développement …nancier et croissance endogène 97
On remarque que le taux de croissance est d’autant plus élevé que la proportion des inves-
tissements en actifs illiquides est forte. Ainsi, il faudra des intermédiaires …nanciers dont le
rôle serait d’inciter (ou de créer un environnement propice) à l’accroissement des investisse-
ments en capital. Le taux de croissance est également fonction croissante de la proportion
des individus de type 1 (c’est-à-dire ceux qui investissent en actifs illiquides).
Les intermédiaires …nanciers interviennent dans ce modèle pour jouer les rôles suivants :
(i) rendre possible la relation d’échanges et de transactions …nancières entre les agents de
type 1 et les agents de type 0 ; (ii) accroître l’utilité des agents de type 0 en augmentant leur
consommation par l’évaluation des actifs à leur valeur du marché compte tenu de l’o¤re et
de la demande ; (iii) permettre aux agents de type 1 d’accroître leur investissement en actifs
illiquides et de réduire les investissements en biens de consommation ; ce qui accroîtrait leur
utilité.
Ainsi, l’émergence des intermédiaires …nanciers dans l’économie aura pour impact d’ou-
vrir un marché secondaire après que les individus aient connu leur type28 . Ce marché per-
mettra aux agents de type 0 de se débarrasser de leurs investissements en biens capitaux
et d’acquérir des biens de consommation courante. Quant aux agents de type 1, ils pour-
ront par l’ouverture de ce marché accroître leurs investissements en actifs illiquides et se
28
Il serait intéressant de faire remarquer à ce niveau qu’en absence d’intermédiaire …nancier, les agents
de type 0 se contentent de la valeur résiduelle de leur investissement en actifs illiquides et du rendement
des actifs liquides, tandis que les agents de type 1 perçoivent à la …n de la troisième période le rendement
des investissements initiaux en actifs liquides et illiquides.
2. Développement …nancier et croissance endogène 98
débarrasser de leur bien de consommation. Pour que la transaction soit possible, il fau-
dra que l’utilité de chaque type d’individu soit supérieure à celle qu’il avait en absence
d’intermédiaire …nancier ; ce qui veut dire que le nouvel équilibre serait Pareto optimal.
qt 6 : (2.54)
Cette condition implique que les deux catégories d’agents tirent intérêt de la transaction et
par conséquent voudront échanger. Ceci parce que si l’équilibre avec intermédiaire …nancier
n’est pas Pareto optimal, la catégorie d’agent qui perdrait à l’échange n’accepterait pas
de participer à la transaction ; dans ces conditions l’équilibre avec intermédiaires …nanciers
ne pourra pas se réaliser. Ainsi, après connaissance de leur type, les agents de type 0
souhaiteront consommer plus (donc se débarrasser de leurs biens capitaux), alors que les
agents de type 1 désireront consommer moins (en échangeant leurs biens de consommation
contre des biens capitaux). La présence des intermédiaires …nanciers permettra aux agents
de type 0 qui expérimentent un choc de liquidité d’obtenir après échange une quantité
(1 qt )
(1 ) t t
rw de biens de consommation courante, en plus du produit des placements en actifs
liquides (1 qt ) wt rt . Quant aux agents de type 1, la transaction e¤ectuée avec les agents
de type 0, leur permet d’obtenir des investissements supplémentaires en actifs illiquides
29
Le même raisonnement peut être e¤ectué, en supposant que les agents de type 1 o¤rent des biens de
consommation courante ; on aboutit à des résultats identiques.
2. Développement …nancier et croissance endogène 99
(1 )qt Rt
qui rapportent wt en plus du rendement des investissements initiaux en actifs
illiquides qt Rt wt . Le programme à maximiser en présence d’intermédiaires …nanciers est
le suivant :
(1 qt ) wt rt qt wt Rt
max (1 ) ln + ln : (2.55)
06qt 61 1
max (1 ) ln (1 qt ) + ln qt : (2.56)
06qt 61
Ce qui donne : qt = :
2 1
Kt+2 = qt Rt (1 ) (1 + n) A Kt : (2.58)
contraire, avec l’intervention des intermédiaires …nanciers les agents ne retirent plus du
capital productive de la sphère de production (x n’apparaît plus dans l’expression de qt ).
Il reste à montrer que l’équilibre avec intermédiaires …nanciers est préférable à l’équi-
libre sans intermédiaire …nancier, c’est-à-dire que (i) la proportion d’investissement en
biens capitaux en autarcie …nancière est inférieure à celle réalisée avec l’intervention des
intermédiaires …nanciers et que (ii) le taux de croissance avec intermédiaires est supérieur
à celui sans intermédiaire.
( 1) rt ( Rt rt )
> avec = : (2.60)
( Rt rt ) (x rt ) (1 ) (rt x)
[( Rt rt ) (x rt ) ] > ( 1) rt : (2.61)
( Rt rt )
( Rt rt ) (x rt ) (2.62)
(1 ) (rt x)
( Rt rt )
> 1 rt :
(1 ) (rt x)
2
(1 )( Rt rt ) (rt x) (x rt ) ( Rt rt )
> ( Rt rt ) rt (1 ) (rt x) rt ; (2.63)
(1 ) rt2
x< : (2.66)
(1 ) rt + ( Rt rt )
2 2
1 = Rt qt (1 ) (1 + n) A et 2 = Rt (1 ) (1 + n) A : (2.67)
2.4.6 Discussions
Cette évaluation théorique, bien qu’aboutissant aux mêmes résultats que les travaux de
Bencivenga et Smith (1991) et Levine (1991) présente une certaine di¤érence au niveau de
la conception du rôle des intermédiaires …nanciers dans l’économie. En e¤et, dans le modèle
de Bencivenga et Smith (1991), les intermédiaires …nanciers collectent l’épargne des agents,
qu’ils se chargent de placer en actifs liquides ou illiquides suivant l’appréhension qu’ils ont
du type des déposants. Ils ont ensuite pour mission, de rémunérer les agents en fonction
de la maturité des dépôts. Ainsi, les intermédiaires …nanciers jouent un rôle d’assurance
dépôts dans un environnement où les individus ont des incertitudes sur la date où ils
connaîtront des chocs de liquidité. Chez Levine (1991), le marché …nancier inhibe les chocs
technologiques et permet à l’économie de déterminer la proportion optimale du revenu à
allouer en actifs illiquides. Ainsi, le marché boursier permet aux individus de se couvrir
2. Développement …nancier et croissance endogène 102
contre le risque de liquidité, en permettant aux entrepreneurs qui enregistrent des chocs
négatifs de vendre leurs parts d’actifs illiquides aux investisseurs.
Dans le présent modèle, le rôle primordial joué par les intermédiaires …nanciers est la
vulgarisation de l’information. Ainsi, ils facilitent le contact entre les agents qui connaissent
des chocs, qui désirent consommer et ceux qui veulent investir. Les intermédiaires …nanciers
fonctionnent en quelque sorte comme des commissaires priseurs qui permettent la confron-
tation de l’o¤re et de la demande d’investissements liquides et illiquides. Ce faisant, l’utilité
des agents (quel que soit leur type) s’accroît. Ainsi, les intermédiaires …nanciers facilitent
comme dans le cas de Bencivenga et Smith (1991), et Levine (1991) les investissements en
actifs illiquides, qui stimulent la croissance économique.
L’impact du taux d’épargne sur la croissance économique reste discutable voire ambigu,
si l’on fait une comparaison entre les résultats théoriques obtenus et la réalité. En e¤et,
Pagano (1993) identi…e l’épargne comme le canal par lequel le développement …nancier
a¤ecte la croissance économique. Par contre, l’introduction des marchés …nanciers peut
réduire l’aversion ou l’exposition au risque des individus face aux chocs de liquidité et donc
faire baisser l’épargne de précaution. Ainsi, dans les modèles de croissance endogène, la
baisse du taux d’épargne entraîne une réduction du taux de croissance et révèle que le
développement …nancier peut dans certaines conditions ralentir la croissance économique.
Des résultats analogues sont obtenus par Devereux et Smith (1994), qui montrent que la
réduction du niveau de risque via le développement des marchés …nanciers internationaux
peut réduire les taux d’épargne et de croissance. Toutefois, il faut signaler que la baisse
du taux d’épargne consécutive au développement …nancier peut ne pas avoir un impact
négatif direct sur la croissance si elle s’accompagne d’un accroissement de l’e¢ cacité des
investissements liée à un partage du risque et une bonne sélection des projets. Ainsi, si l’e¤et
induit de l’e¢ cacité des investissements l’emporte sur celui de la baisse du taux d’épargne,
le développement …nancier a¤ectera toujours positivement la croissance économique.
La prise en compte du comportement d’épargne des agents dans la relation vise non
seulement à évaluer l’impact du développement …nancier sur la croissance par le canal de
2. Développement …nancier et croissance endogène 103
l’épargne mais aussi à montrer le caractère général des résultats que nous avons obtenus
dans le paragraphe précédent qui suggèrent que le niveau de croissance est plus élevé dans
les économies caractérisées par l’existence d’intermédiaires …nanciers.
Dans ce paragraphe, compte tenu du fait que nous prenons en compte le comportement
d’épargne des agents, on peut donc admettre qu’il existe une consommation en première
période. La fonction d’utilité des agents économiques dans ce cas de …gure se présente sous
la forme suivante :
où est le taux d’escompte psychologique ; tous les autres paramètres sont les mêmes
que ceux dé…nis précédemment. Cette fonction d’utilité est basée sur une hypothèse sous
jacente selon laquelle, les individus substituent de la même manière une consommation en
deuxième ou en troisième période à une consommation en première période.
Nous supposons ici que les décisions de consommation et d’investissement sont prises de
façon simultanée, c’est-à-dire, lorsque l’individu perçoit son revenu, il décide de la propor-
tion à consommer et des parts à investir en actifs illiquides et liquides, avant de connaître
son type. L’objectif est de comparer l’équilibre établi en situation d’autarcie …nancière à
celui obtenu suite à l’émergence des intermédiaires …nanciers.
2. Développement …nancier et croissance endogène 104
Proposition 5 La proportion du revenu qta investie en actifs illiquides est donnée par
l’expression suivante :
h i
(1 )x Rt
x+ rt
+ Rt + r t
qta = h i ; (2.70)
(1 )x Rt
1+ x+ rt
+ Rt + rt
( + 1)
avec
(1 ) (rt x) Rt x
= et = : (2.71)
( Rt rt ) (1 ) rt
Preuve. Les conditions de premier ordre par rapport à pt et qt issues de (2.69) donnent :
1 (1 )x Rt
=qt : = + ; (2.72)
1 pt qt qt x + p t r t q t Rt + pt rt
1 (1 ) rt rt
=pt : = + : (2.73)
1 pt qt qt x + p t r t q t Rt + pt rt
(1 )x Rt (1 ) rt rt
+ = + ; (2.74)
qt x + p t r t qt Rt + pt rt qt x + p t r t qt Rt + pt rt
(1 ) (rt x) qt x + p t r t
) = : (2.75)
( Rt rt ) qt Rt + pt rt
En posant :
(1 ) (rt x) Rt x
= et = ; (2.76)
( Rt rt ) (1 ) rt
2. Développement …nancier et croissance endogène 105
) qta = : (2.79)
1 + ( + 1)
En remplaçant par son expression, on obtient :
h i
(1 )x Rt
x+ rt
+ Rt + r t
qta = h i : (2.80)
(1 )x Rt
1+ x+ rt
+ Rt + rt
( + 1)
a Kt+2 2
1 = = Rt qta (1 ) (1 + n) A : (2.81)
Kt
Situation avec intermédiaires …nanciers :
La situation avec développement est caractérisée par une réallocation optimale entre
investissements liquides et illiquides compte tenu du choc subi par l’individu de telle sorte
que l’espérance d’utilité soit maximale. Ici, les individus procèdent à des échanges d’actifs
(liquides ou illiquides) suivant leur type. Le programme de maximisation dans ce cas de
…gure est le suivant :
p t rt qt Rt
max ln (1 pt qt ) wt + (1 ) ln wt + ln wt : (2.82)
(pt ;qt ) 1
Les conditions de premier ordre par rapport à pt et qt donnent :
1
=qt : = ; (2.83)
1 pt qt qt
1 1
=pt : = : (2.84)
1 pt qt pt
A partir des deux conditions de premier ordre précédentes on a :
1
pt = qt : (2.85)
2. Développement …nancier et croissance endogène 106
En remplaçant pt par son expression dans l’une des conditions de premier ordre, on a :
qtf = : (2.86)
1+
Le taux de croissance de l’économie en présence d’intermédiaires …nanciers est fourni par
l’expression suivante :
f Kt+2 2
2 = = qtf Rt (1 ) (1 + n) A 1
: (2.87)
Kt
Nous nous situons à présent dans le cas où la décision de consommation est antérieure
à celle d’investissement ; cela signi…e que lorsque les individus perçoivent leur revenu, ils
consomment d’abord une partie, et le reste qui constitue de l’épargne est investi en actifs
liquides et illiquides. Nous proposons également ici de comparer la situation avec intermé-
diaires …nanciers à celle sans intermédiaire …nancier.
investir toute la partie de leur revenu non consommée, et par conséquent thésaurisent
un certain montant de leur épargne. Soit ( < 1) la proportion d’épargne investie de
façon globale ; par conséquent une fraction (1 ) de l’épargne disparaît des circuits
30
d’investissement .
Soit st le niveau d’épargne réalisée par chaque individu en t. Le programme que va
résoudre chaque agent sera de maximiser l’utilité par rapport au niveau d’épargne et par
rapport au niveau à la proportion d’épargne consacrée aux investissements en biens capi-
taux. Il faudra bien remarquer que contrairement à l’hypothèse qui est faite précédemment
où qt représente la fraction du revenu investi en actifs illiquides, qt est dans ce cas de …gure
la proportion de l’épargne consacrée aux biens capitaux.
Le programme à maximiser est :
ln [(1 qt ) s t r t + qt s t Rt ]g : (2.88)
Preuve.
sat > sft ; (2.94)
implique que :
wt > wt : (2.95)
+ 1+
est véri…ée quel que soit < 1: Ce qui est vrai par hypothèse.
Ainsi, le niveau d’épargne en situation d’autarcie …nancière est supérieur à celui réalisé
en situation de développement …nancier ; ce qui est en concordance avec la plupart des
résultats obtenus dans la littérature.
Pour = 1, c’est-à-dire les individus accordent le même poids aux consommations
présentes et futures, on se retrouve dans la situation décrite par Bencivenga et Smith (1991),
où ils obtiennent (st = wt =2). En e¤et, plus le coe¢ cient d’escompte psychologique est
élevé (les individus sont patients), le niveau d’épargne convergera vers son niveau maximal
qui est de wt =2:
Sous l’hypothèse de parfaite transparence des marchés …nanciers ce qui implique l’équi-
libre entre l’o¤re et la demande d’actifs illiquides (resp. liquides), et en remplaçant sft par
son expression, le programme de maximisation précédent devient :
wt (1 qt ) r t wt qt Rt wt
max ln + (1 ) ln + ln :
06qt 61 1+ 1 1+ 1+
(2.96)
On obtient très facilement la même proportion d’investissement en actifs illiquides que
précédemment au cas où nous avons supposé qu’il n’y avait pas de consommation en
première période ; c’est-à-dire q = . Le taux de croissance économique ici reste conforme
à celui obtenu à partir de l’équation (2.59). Ce qui con…rme le fait que les résultats que
nous avons obtenus dans les paragraphes précédents (paragraphes 2.4.4 et 2.4.5) ne sont
pas liés à l’hypothèse d’absence de consommation au cours de la première période. Ainsi,
la conclusion qu’on peut tirer en cas de non simultanéité des décisions de consommation et
2. Développement …nancier et croissance endogène 109
En…n, on peut avancer que quelle que soit la spéci…cation, la tendance générale des
résultats reste identique : l’équilibre …nancier est préférable à l’équilibre non …nancier,
puisqu’il procure un taux de croissance plus élevé. Cependant, il faudra signaler que ce
modèle présente une limite principale qui est de ne pas intégrer les coûts de transaction
liés à l’émergence des intermédiaires …nanciers. En e¤et, la prise en compte de ces coûts
peut modi…er les résultats et rendre sous certaines conditions, l’équilibre …nancier non
e¢ cient.
2.5 Conclusion
Somme toute, la prise en compte du développement …nancier dans les modèles de crois-
sance endogène est une avancée remarquable par rapport aux contributions sur la libéra-
lisation …nancière réalisée par Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973) et leurs disciples. Ainsi,
à travers la revue de littérature qui prend en compte le développement …nancier dans les
modèles de croissance endogène plusieurs canaux peuvent être identi…és à savoir : une
meilleure allocation des ressources, une bonne diversi…cation et un partage du risque, une
spécialisation et une réduction des imperfections de l’intermédiation …nancière. Ces di¤é-
rents facteurs ont motivé les modélisations proposées à travers les modèles de croissance
optimale et à générations imbriquées.
A l’aide d’un modèle à agent représentatif, nous montrons que l’interaction entre le
secteur réel et le secteur …nancier peut générer des phénomènes d’équilibres multiples, en
2. Développement …nancier et croissance endogène 110
raison d’une externalité réciproque. Deux équilibres stables sont possibles : un premier
équilibre marqué par une faible croissance et un secteur …nancier peu développé, et un
second équilibre où la croissance économique est forte et le secteur …nancier développé.
Ainsi, chaque pays se situera au niveau de l’un des équilibres en fonction de son niveau
initial de développement …nancier.
3.1 Introduction
111
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 112
White (2002), qui dénoncent le manque d’étude empirique concernant les conditions dans
lesquelles l’environnement économique (politique de régulation …nancière, de taxation, la
stabilité macroéconomique, la maturité technologique) peut stimuler l’innovation …nan-
cière, et l’inexistence de données empiriques sur le sujet. En guise d’illustration, Frame et
White (2002) avancent que Cohen et Levin (1989) ont utilisé 251 articles et ouvrages pour
réaliser un survey sur l’innovation technologique tandis que pour réaliser la même étude sur
l’innovation …nancière ils ne disposent que 24 articles. En désespoir de cause, ils avancent :
“Everybody talks about …nancial innovation, but (almost) nobody empirically
tests hypotheses about it”. (Frame and White 2002, p. 1).
optimale à la demande des agents, aux besoins du marché, aux contraintes légales et institu-
tionnelles, et en…n, aux changements de l’environnement macroéconomique. Ainsi, puisque
l’innovation …nancière joue un rôle primordial dans la promotion du capital risque, dans
l’accroissement de la liquidité et dans le transfert des risques, elle serait un maillon essentiel
dans le processus de croissance économique, ou encore pour reprendre les termes de Van
Horme (1985), la pierre angulaire du système …nancier :
“One of the bedrocks of our …nancial system is …nancial innovation, the life
blood of e¢ cient and responsive capital markets.”(Van Horme 1985, p. 621).
Aussi, pour Merton (1992), l’innovation …nancière est sans doute la machine qui amène
le système …nancier à améliorer la performance du secteur réel :
Par ailleurs, selon Abraham (1988), l’innovation …nancière se caractérise par un pro-
grès technique endogène et incorporé. Elle peut présenter un caractère aussi disruptif que
continu, est induite par la demande au moins autant que par l’o¤re, économise la main
d’oeuvre et accroît l’intensité capitalistique dans le secteur …nancier. Il ajoute que quand la
réduction des coûts suscitée par l’innovation …nancière n’est pas retenue au sein du secteur
…nancier, mais répercutée sur les clients, elle in‡uence l’activité économique si l’environ-
nement macroéconomique et institutionnel est favorable également aux autres facteurs de
la croissance.
L’innovation …nancière peut aussi être considérée comme un processus intégré qui com-
mence par l’invention et aboutit à la di¤usion ; cette di¤usion s’e¤ectue selon Miller (1986)
suite à des bouleversements au niveau de l’environnement économique. Elle va avant tout
de l’invention qui connaît un succès explosif par rapport aux produits existants, à une forte
adhésion de la part de la clientèle. L’innovation …nancière étant la translation de l’innova-
tion industrielle dans le secteur bancaire, elle répond aux standards édités par Schumpeter
(1911). A cet égard l’innovation …nancière consiste à créer de nouveaux produits …nanciers
ou à améliorer les produits existants ; ce qui peut correspondre à la mise œuvre de nouveaux
moyens de paiements (les di¤érentes cartes électroniques par exemple), à la création et la
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 115
distribution de la monnaie par de nouveaux circuits fondés sur les NTIC (nouvelles tech-
nologies de l’information et de la communication), la banque par Internet, la banque par
téléphone, la banque à domicile, etc. A titre illustratif, on peut noter que les innovations
…nancières intervenues sur le marché hypothécaire au cours de ces dernières années ont été
un facteur déterminant de la forte croissance qu’ont enregistrée les Etats-Unis (Brender et
Pisani, 2004). En e¤et, le système …nancier américain a profondément changé avec l’essor
de la titrisation. En liant étroitement le coût du crédit hypothécaire aux mouvements des
marchés obligataires, la titrisation a permis d’amortir les e¤ets des chocs successifs et de
relancer la croissance par le biais de la demande des ménages1 .
De façon concrète, s’il faut citer les innovations …nancières, on peut faire référence
à Abraham (1988) et Silber (1983) qui présentent une liste de nouveaux produits …nan-
ciers mis sur le marché au cours de la décennie 80. Abraham (1988) classe les innovations
…nancières en Grande Bretagne en 5 grandes catégories à savoir :
– Le système de paiement : GAB, banque à domicile, paiement giro électronique, etc.
– La gestion de trésorerie : technique de cash management, comptes courants avec
rémunération au taux du marché, compte “épargne-emprunt”, swaps d’intérêt, etc.
– Les opérations …nancières et de crédit : crédits à moyen terme à taux variable, prêts
hypothécaires à taux ‡ottants, warrants, options sur futurs, …nancement du capital
risque, leasing, etc.
– La structure des marchés et les organisations institutionnelles : organisation des mar-
chés secondaires pour les nouveaux instruments, marchés des prêts d’accession à la
propriété par les banques de dépôt, accès des sociétés de crédit immobilier au marché
de gros, etc.
– Les supermarchés …nanciers : big bang boursier etc.
Silber (1983) réalise une investigation des innovations de pratiques et de produits …nan-
ciers entre 1970 et 19822 . A la suite de Silber (1983), Finnerty et Emery (2002) répertorient
80 nouvelles innovations …nancières à partir de 2000 qu’ils classent en 4 catégories à savoir :
(i) les innovations de dettes ; (ii) les actifs boursiers favoris ; (iii) les titres convertibles et
1
Il faut cependant faire remarquer que cet e¤et positif de l’innovation …nancière est très limité dans
le temps : la récente crise du subprime en dit long sur les potentielles dérives d’une innovation …nancière
excessive, peu contrôlée et mal réglementée.
2
Voir le tableau 3.1 situé en annexe du Chapitre 3.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 116
Nous identi…ons trois principales causes de l’innovation …nancière à savoir : les contraintes
réglementaires, l’accroissement des coûts et la concurrence dans le secteur …nancier, et les
problèmes d’asymétrie d’information.
Silber (1983) explique que la principale raison de l’innovation …nancière est le contour-
nement de la réglementation bancaire. Pour ce dernier, l’innovation …nancière vise à réduire
les contraintes …nancières (qui peuvent être aussi bien internes, qu’externes) qui pèsent sur
les …rmes. De nouvelles sources de mobilisation et d’utilisation des fonds sont inventées,
puisque les changements exogènes de l’environnement stimulent la recherche de nouvelles
politiques d’action. Dans la mesure où le développement de nouveaux produits …nanciers
est coûteux, le stimulus de l’innovation …nancière peut être interprété comme un accrois-
sement des coûts liés au respect des contraintes existantes4 .
En e¤et, pour Abraham (1988) et Bhatt (1988), l’innovation …nancière est indispensable
à la croissance puisqu’elle a été utilisée pour contenir l’explosion des coûts dans le secteur
…nancier et ensuite pour o¤rir de nouvelles possibilités de pro…ts dans un environnement
caractérisé par une réglementation contraignante, une demande plus diversi…ée de part la
clientèle et en…n une diminution des marges d’intermédiation compte tenu de l’exacerbation
de la concurrence bancaire. L’innovation …nancière selon Bhatt (1988) c’est également
“l’adaptation créative”de la technologie bancaire à l’environnement économique. Ainsi, la
division internationale du travail prônée par Adam Smith (1776) comme source potentielle
d’accroissement de la production serait possible grâce à l’innovation …nancière.
(2001), et est le fruit des activités des entrepreneurs. De ce fait, les forces économiques qui
déterminent les innovations …nancières sont les mêmes que pour les innovations en général.
Ross (1989) montre que l’innovation …nancière permet de réduire les problèmes d’asy-
métrie d’information (par l’élaboration des produits …nanciers qui facilitent l’accès à l’in-
formation ; ce qui réduit les coûts d’agence et de monitoring). Des conclusions semblables
sont faites par Chen (1995), qui estime que l’innovation …nancière joue un rôle important
dans l’économie en réduisant les coûts de transaction, en o¤rant un meilleur partage du
risque et en réalisant des plus-values …nancières.
D’autres causes secondaires de l’innovation …nancière ont été identi…ées par Frame et
White (2002) : la technologie sous jacente (l’innovation technologique accroît les parts de
marché et entraîne l’innovation …nancière) ; les conditions macroéconomiques (‡uctuations
des prix, des taux d’intérêt, des taux de change : en e¤et, l’instabilité macroéconomique
accroît l’innovation …nancière) ; la régulation …nancière (contraintes légales) ; la politique de
taxation (trop de taxes impliquent l’innovation …nancière), qu’on retrouve également chez
Miller (1986) et Cooper (1986) ; les changements dans les conditions de l’environnement
macroéconomique (exemple : la …n du régime de Bretton Woods de change …xe au début
des années 70).
Malgré le rôle positif de l’innovation …nancière largement relaté par la littérature, Mayer
(1986) signale un certain nombre de limites liées à leur développement excessif. En e¤et,
l’innovation …nancière : (a) accroît l’émission des titres de pacotille de la part des sociétés
dont la situation …nancière n’est pas satisfaisante ; (b) rend plus volatile le prix des actifs ;
(c) illustre une liquidité illusoire voire apparente du système …nancier ; (d) concentre le
risque dans quelques institutions …nancières ; (e) encourage la participation des banques
commerciales dans les activités …nancières d’investissement qui détériorent la qualité du
portefeuille des banques ; (f ) accroît l’inexpérience au niveau de la …xation du prix des
nouveaux instruments …nanciers ; (i) limite la possibilité de l’autorité …nancière de super-
viser le système …nancier et de garantir la solvabilité des institutions …nancières. A cela
on peut ajouter le fait que l’innovation …nancière favorise la création de sociétés écrans et
d’institutions …nancières spécialisées dans le blanchiment.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 118
Aussi, Pesendorfer (1995) nuance l’e¢ cacité de l’innovation …nancière, puisqu’il trouve
également qu’il peut y avoir un e¤et de “redondance” c’est-à-dire que les nouveaux titres
sont des combinaisons des titres existants et n’améliorent pas toujours l’utilité des agents
économiques. Il montre également que la complémentarité entre les innovations …nancières
existantes et les intermédiaires …nanciers peut entraîner une ine¢ cience sur le niveau de
l’innovation …nancière. Selon Pesendorfer (1995), l’e¢ cience est atteint, s’il y a un seul
type d’intermédiaire ou si les coûts de fonctionnement sont nuls.
En…n, en ce qui concerne les perspectives, Merton (1995) présage que l’avenir de l’in-
novation …nancière ne sera pas caractérisé par de nouvelles introductions de produits, mais
par des changements structurels et institutionnels.
_ = F (u L) ; (3.1)
où u est la fraction du travail (L) employé dans le secteur …nancier, F , et sont des
constantes.
Les intermédiaires …nanciers quant à eux favorisent le transfert des fonds des prêteurs
vers les emprunteurs. Les prêteurs sont les ménages tandis que les emprunteurs sont les
producteurs de biens de consommation. L’e¢ cacité de la transformation de l’épargne en
investissement ( = =L , 0 < < 1)5 dépend du stock de produits …nanciers par
5
Le paramètre dans le modèle de Chin et Chou (2001) correspond à ' dans le modèle de Berthélemy
et Varoudakis (1994, 1996) et à dans le modèle de Pagano (1993).
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 119
tête ajusté qui est un indicateur du degré de sophistication du secteur …nancier. La loi
d’accumulation du capital est décrite par l’équation suivante :
(t)
K_ (t) = AK (t) (uY (t) L (t))1 C (t) K (t) : (3.2)
L (t)
Le niveau du capital par tête à l’état stationnaire est donné par l’expression suivante :
1
A 1
k = uY : (3.3)
+n+
On constate que dans le modèle de Chin et Chou (2001), le stock de capital par tête à
l’état stationnaire est fonction croissante de l’e¢ cacité de la transformation de l’épargne en
investissement. Contrairement à Berthelémy et Varoudakis (1994, 1996), le stock de capital
par tête à l’état stationnaire est fonction croissante de la proportion de la main d’oeuvre
employée dans le secteur réel ; ce qui veut dire que l’utilisation d’une fraction élevée de
ressources productives dans le secteur …nancier pénaliserait la croissance économique6 .
Chou et Chin (2001, 2004) identi…ent deux canaux à travers lesquels le secteur …nancier
peut a¤ecter la croissance économique : l’innovation …nancière et l’accumulation du capital.
Ils montrent que seule l’innovation …nancière peut conduire à la croissance économique de
long terme à travers son rôle de capital risque qui se traduit par l’innovation technologique,
tandis que l’activité de transformation de l’épargne en investissement du secteur …nancier
ne peut avoir que des e¤ets temporaires sur le sentier de croissance qui s’estompent à l’état
stationnaire.
A l’issue de cette littérature qui fait état du rôle indéniable de la …nance (à travers
l’innovation …nancière) dans le développement et la croissance, il apparaît important de
se demander pourquoi le développement …nancier n’est pas pris en compte à part entière
dans la technologie de production par la théorie de la croissance ? Peut-être à cause de
son caractère immatériel et des di¢ cultés liées à sa quanti…cation (à l’instar du capital
social) ? En e¤et, les facteurs traditionnels utilisés dans la théorie de la croissance que sont
le travail et le capital sont bien tangibles et facilement quanti…ables ; ces caractéristiques
ont-elles guidé leurs choix comme facteurs déterminants de la croissance ? Ce chapitre de
notre thèse tente d’intégrer dans un cadre théorique l’innovation …nancière pour combler
en partie le vide lié à la non prise en compte du secteur …nancier dans la technologie de
6
Il faudra noter que dans le modèle de Chin et Chou (2001), le taux de croissance à l’état stationnaire
n’est pas in‡uencé par les paramètres du secteur de l’innovation …nancière.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 120
production et redonner à ce dernier toute la place qui est la sienne dans le processus de
développement économique. Ainsi, nous allons au-delà du rôle de levier d’ajustement entre
l’épargne et l’investissement, en décrivant non seulement une équation dynamique sur le
processus de production de l’innovation …nancière, mais aussi en intégrant cette dernière
dans la technologie de production.
L’introduction d’un indicateur de développement …nancier dans la fonction de produc-
tion met en évidence le rôle de relance économique que joue le secteur …nancier. En e¤et, en
facilitant l’accès des ménages et des entreprises au crédit, en réduisant le risque, en accrois-
sant les rendements et en rompant la contrainte de liquidité, le développement …nancier
permet aux individus de consommer aujourd’hui leur revenu futur ; ce qui est le cas dans
les pays développés où les individus ont plus de facilités à accéder au crédit a…n d’acquérir
les biens. Ce mécanisme est quasi absent dans les pays à faible niveau de développement
…nancier où l’encaisse préalable est la règle pour l’acquisition des biens de consommation.
Ainsi, le développement …nancier, en impulsant la demande et la production entraîne la
croissance économique.
Frame et White (2002) soulignent bien le rôle de la …nance dans le processus de pro-
duction en ces termes :
“Since …nance is an input for virtually all production activity and much
consumption activity, improvements in the …nancial sector will have positive
direct rami…cations throughout the economy. Further, since better …nance can
encourage more saving and investment and can also encourage better (more
productive) investment decisions, these indirect positive e¤ects from …nancial
innovation are yet greater still”. (Frame et White 2002, p. 4).
Toutefois, il ne faut pas occulter le fait que le rôle de relance de la production qui
justi…e la prise en compte d’un indicateur de développement …nancier dans la fonction de
production peut être considéré sous certaines conditions comme une externalité, puisque cet
aspect ignoré par l’agent économique individuel, est perçu uniquement par le plani…cateur
social.
Dans la suite de ce chapitre, nous apportons des éléments de réponse aux questions
suivantes : l’innovation …nancière a-t-elle toujours un e¤et positif sur la croissance écono-
mique ? Le marché permet-il une allocation optimale des ressources entre le secteur …nancier
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 121
et le secteur réel ? Pour reprendre la question de Jones (2000), à quel moment “la main
invisible d’Adam Smith”devient-elle chancelante ?
7
Nous reviendrons sur la distinction que nous faisons entre le développement …nancier et l’innovation
…nancière dans la suite du chapitre.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 122
Les ménages sont supposés avoir un horizon temporel in…ni (ménages dynastiques ou
altruistes qui se préoccupent non seulement de leur consommation présente mais aussi de
la consommation des générations à venir). Nous supposons que la population ne croît pas
et est normalisée à l’unité pour des raisons de simplicité. Ainsi, les agents maximisent
la valeur actualisée de leur utilité future qui est fonction du niveau de la consommation
instantanée : Z 1
U0 = U (ct ) exp( t)dt; (3.4)
t
où > 0 est le taux de préférence pour le présent ou encore le taux d’escompte psycholo-
gique ; ct désigne le niveau de consommation à l’instant t ; (consommation normalisée car
la population est supposée égale à l’unité). La fonction d’utilité de l’agent représentatif est
supposée de type CRRA (Constant Relative Risk Aversion), dont la forme générale est la
suivante :
c1t 1
1
pour 6 1
=
U (ct ) = (3.5)
log(ct ) pour = 1;
avec le coe¢ cient d’aversion relative au risque > 0. L’inverse du coe¢ cient d’aversion
1
relative au risque est l’élasticité de substitution intertemporelle.
On suppose que le secteur …nancier comprend les innovateurs …nanciers et les intermé-
diaires …nanciers. Le développement …nancier se traduira par une amélioration conjointe
de l’innovation …nancière (nouveaux produits …nanciers) et de l’intermédiation …nancière.
z indique le stock de produits …nanciers (mesure la taille du système …nancier).
Le rôle du secteur …nancier dans ce modèle est double : d’une part, le secteur …nancier
génère des externalités qui accroissent l’e¢ cacité marginale du capital et d’autre part
améliore la transformation de l’épargne réalisée par les ménages en crédit consenti aux
entreprises. En e¤et, l’innovation …nancière peut conduire non seulement à l’invention de
nouveaux produits …nanciers mais aussi à l’amélioration de ceux existants. Les produits
…nanciers sont supposés être des biens non rivaux ; contrairement au stock de capital par
travailleur, ils peuvent s’employer indi¤éremment dans les secteurs réel et …nancier. Ceci
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 123
s’explique par le fait que l’utilisation du produit …nancier dans la production des biens de
consommation n’empêche pas qu’il soit employé comme intrant pour fabriquer de nouveaux
produits …nanciers ou pour l’amélioration de ceux existants.
Nous supposons que la fabrication de nouveaux produits …nanciers est décrite par
un processus d’innovation qui n’est pas la destruction créatrice comme dans le modèle
d’Aghion et Howitt (1992). Le secteur …nancier tel que présenté ici peut être assimilé au
secteur de la recherche et développement dans le modèle de Uzawa (1965), Lucas (1988)
et Romer (1990).
En e¤et, le secteur …nancier utilise le capital par unité de travail (qui se partage entre les
deux secteurs) et les anciens produits …nanciers pour innover. L’innovation …nancière prend
en compte l’o¤re de nouveaux services …nanciers (par exemple la banque par téléphone
ou par internet, les DAB, les titres …nanciers etc.), la mise à disposition de nouvelles
options …nancières et en…n l’amélioration des produits …nanciers existants pour fabriquer
de nouveaux produits. Nous supposons que le processus de fabrication de ces nouveaux
produits …nanciers est régi par une dynamique dont l’équation est la suivante :
Nous supposons que les entreprises sont symétriques et disposent d’une technologie de
production dont la forme est la suivante :
8
Une hypothèse centrale a été faite dans ce modèle qu’il convient de signaler. En e¤et, dans la plupart des
modèles à deux secteurs (à l’exception du modèle d’Uzawa, 1965), le capital est souvent utilisé uniquement
dans la sphère de la production [Lucas (1988), Romer (1990), Jones (1995), Chin et Chou (2001), etc.] tandis
que le travail est employé dans les deux secteurs. Contrairement à ces modèles, nous faisons l’hypothèse
que le capital peut être employé aussi bien dans le secteur …nancier que dans le secteur réel.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 124
libre keynésien d’égalité entre l’investissement et l’épargne étant le cas extrême de la grande
perfection des intermédiaires …nanciers, nous supposons à la suite de Pagano (1993), Ber-
thélemy et Varoudakis (1994, 1996) et Roubini et Sala-i-Martin (1995) que l’e¢ cacité du
secteur …nancier se trouve aussi dans sa capacité à transformer l’épargne en investissement.
Pour ce faire, nous postulons que l’épargne est investie dans une proportion (zt ; kt ): Ainsi,
It = (zt ; kt )St ; avec (zt ; kt ) > 0. De façon générale, on suppose (:) < 1, le système
…nancier ne transforme pas toute l’épargne collectée ; il y a donc des pertes liées à l’inter-
médiation. Le développement …nancier vise par ailleurs à réduire ces pertes. La dynamique
d’accumulation du capital peut se présenter sous la forme suivante :
d’intermédiation est plus e¢ cace ; ou encore, les entreprises qui disposent d’un important
stock de capital béné…cient d’un faible niveau d’intermédiation. Ainsi, une légère amélio-
ration de la procédure d’intermédiation entraîne une croissance de l’investissement plus
élevée dans les pays à faible dotation capitalistique que dans les pays à forte dotation capi-
talistique, compte tenu du fait que les opportunités d’investissement sont plus élevées dans
les premiers que dans les seconds.
Aussi, on a : (0; kt ) = 0 et (zt ; 0) = 1: Pour des raisons de simplicité, nous postulons
zt
que (:) est une fonction dont la forme générale est la suivante : (zt ; kt ) = kt
, où
est une constante positive.
La dynamique d’accumulation du capital représentée par l’équation (3.12) peut être
écrite de la façon suivante :
zt
k_ t = A [(1 ut )kt ] zt1 ct : (3.13)
kt
Pour des raisons de simplicité, comme dans l’équation précédente, nous supposons dans la
suite que = 0:
Le secteur …nancier à travers l’activité d’innovation …nancière peut accroître l’e¢ cience
au niveau microéconomique et globalement au niveau macroéconomique. En e¤et, il amé-
liore la proportion de l’épargne et l’investissement, contribue à une allocation e¢ ciente du
capital et sa meilleure utilisation possible. Il aide aussi à la collecte et à la di¤usion de l’in-
formation, puisque dans un environnement économique caractérisé par l’imperfection des
marchés …nanciers, l’information est très coûteuse et les individus peuvent ne pas vouloir
emprunter ou prêter. De plus, si le système …nancier est faiblement développé, les entre-
preneurs seraient contraints d’auto…nancer les projets. Ce qui va amener à entreprendre
des projets moins e¢ cients. Le problème supplémentaire que pose le sous développement
…nancier est que le capital accumulé préalablement à l’investissement peut être érodé par
un taux d’in‡ation élevé. D’un point de vue microéconomique et au niveau agrégé, tout
cela signi…e qu’une économie …nancièrement développée, peut être capable de transformer
pour une quantité d’input et de capital donné en un niveau d’output plus élevé.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons postulé une technologie de production qui
est fonction croissante de z, le niveau de développement …nancier de l’économie. Une telle
hypothèse est également faite par Roubini et Sala-i-Martin (1992, 1995), mais avec une
technologie de production linéaire.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 127
On peut aussi mentionner qu’il y a d’autres facteurs qui peuvent a¤ecter positivement
la productivité du capital. Ces facteurs qui ont été mis en exergue dans le cadre de la
littérature sur la croissance endogène, à savoir le stock de connaissances avec Romer (1990),
ou les dépenses publiques avec Barro (1990) et Barro et Sala-i-Martin (1990a). Nous faisons
dans le cadre de ce modèle abstraction de tous ces éléments et supposons que (z) est
fonction croissante de z uniquement9 .
Dans cette partie, il est non seulement pris en compte l’e¤et de relance économique du
développement …nancier mais aussi le potentiel de transformation de l’épargne en inves-
tissement du secteur …nancier. Le programme que va résoudre le plani…cateur social est le
suivant :
Z 1
c1t 1
max U0 = exp( t)dt; (3.14)
(ct ;ut ) 0 1
s=c
zt
k_ t = A ((1 ut )kt ) zt1 ct ;
kt
z_t = B(ut kt ) zt1 :
contrôle sont :
@Hc zt
= c = 0; (3.16)
@c kt
@Hc zt
= Az 1 k (1 u) 1
+ B u 1
k z1 = 0: (3.17)
@u kt
Le long du sentier de croissance équilibrée, toutes les variables croissent au même taux g ;
en posant zk = z=k on a :
k_ h ci
1 1
= zk A(1 u) k z = g; (3.18)
k k
z_
= Bu zk = g: (3.19)
z
Les conditions de premier ordre par rapport aux variables d’état donnent :
h i
_ = + g A (1 u) zk 1 +
gzk ; (3.20)
g +
_ = + A (1 ) (1 u) zk (1 ) g: (3.21)
zk
En…n, les conditions de transversalité sont :
A partir des équations (3.25) et (3.26), on peut déterminer l’expression du taux de crois-
sance économique g. Ce résultat peut être obtenu également par graphique à partir de
l’égalité ci-après :
1 1
B + ( + )g 1 + 1
u = (1 u )1 + : (3.27)
g A
On remarque bien qu’il soit très di¢ cile de déterminer analytiquement l’expression du
taux de croissance de l’économie, il existe puisque, si tous les paramètres du modèle sont
connus, on peut calculer la valeur du taux de croissance. En utilisant les deux équations
caractéristiques du niveau de développement …nancier, on peut déterminer à l’aide des
simulations la sensibilité du niveau d’équilibre de développement …nancier et de croissance
par rapport à certains paramètres du modèle.
Les …gures ci-dessous (FIG. 3.1) relatent les di¤érents cas qu’on peut obtenir suivant
les valeurs de : La première …gure (Fig. 3.1.1) pour laquelle = 0:5 reste identique pour
des valeurs de relativement petites ; une telle situation est observable pour des valeurs
de proches 1. Dans ce cas de …gure, on remarque que les taux de croissance sont rela-
tivement plus élevés. Ce qui implique, pour des économies où les individus ont une forte
élasticité de substitution intertemporelle, que l’équilibre entre la …nance et la croissance
est caractérisé par des taux de croissance élevés. Ce constat se con…rme à partir de l’ana-
lyse des …gures 3.1.2, 3.1.3 et 3.1.4, qui révèle que le taux de croissance est une fonction
décroissante de l’élasticité de substitution intertemporelle ( ). Cependant, l’impact sur le
niveau de développement …nancier par unité de capital reste relativement faible. Ce résul-
tat fournissant di¤érentes con…gurations d’équilibre entre le développement …nancier et la
croissance économique reste toutefois trivial dans la règle de Keynes-Ramsey.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 130
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 g2(z) 0.09 g2(z)
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
g
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 10 20 30 40 50 60 0 5 10 15 20 25 30 35 40
z z
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 g2(z) 0.09 g2(z)
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
g
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
z z
Il faudra cependant signaler que les …gures sont très peu sensibles aux modi…cations de
(voir Fig 3.2). Toutefois, lorsqu’on fait varier ; pour donné, on obtient des …gures qui
montrent bien que le taux de croissance est fonction croissante du paramètre de spillover.
Ces résultats restent très proches de ceux obtenus à la …gure 3.1.
11
gi est la réciproque de zki (:) par rapport à g: Les valeurs des paramètres sont : = = 0:5 ; = 0:4 ;
A = 1 ; B = 0:15 ; = 0:02:
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 131
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 g2(z) 0.09 g2(z)
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
g
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
z z
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 g2(z) 0.09 g2(z)
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25
z z
A…n d’a¢ ner l’analyse précédente, nous procédons à l’étude de la statique comparative
à l’état stationnaire qui nous permettra de déterminer l’impact des di¤érents paramètres
sur l’allocation du capital entre le secteur …nancier et le secteur réel. Mais avant, nous
présentons la proposition suivante.
Proposition 8 La proportion du capital par unité de travail dans le secteur …nancier est
une fonction croissante du taux de croissance.
12
gi est la réciproque de zki (:) par rapport à g. Les valeurs des paramètres sont les suivantes : = =
0:5 ; = 5 ; A = 1 ; B = 0:15 ; = 0:02:
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 132
Preuve.
(1 )
+ +( + )
g
u = (1 )
: (3.28)
+( + 1) + g
20 1 3
!
@u 1 6B g2 C (1 ) 7
= 2 4@ 2AT + + 5 > 0; (3.29)
@g T g2 +( + )
g
+( + ) g
(1 )
avec T = +( + 1) + g :
La conséquence immédiate de cette proposition est que l’utilisation d’une forte propor-
tion de capital par unité de travail dans le secteur …nancier est un signe de l’accroissement
du développement …nancier et par conséquent favorise la croissance économique. Ainsi, le
développement économique passera par le développement …nancier qui se manifeste par
l’importance des ressources productives consacrées au secteur …nancier, qui améliore le ni-
veau de l’innovation …nancière. Puisque la proportion de capital dans le secteur …nancier
a¤ecte la croissance économique, les paramètres du modèle impactent de la même manière
le taux de croissance et la proportion de ressource consacrée au secteur …nancier.
Sur les …gures suivantes nous présentons les statiques comparatives à l’état stationnaire
qui relatent l’évolution de la proportion du capital par unité de travail dans le secteur
…nancier (u) et dans le secteur réel (v) en fonction des di¤érents paramètres du modèle.
Ainsi, comme le montre la …gure 3.3, la proportion de ressources productives employée
dans le secteur …nancier est fonction décroissante de , et tandis qu’elle croît avec le
taux de croissance (g), et . A partir des résultats obtenus sur la fraction de ressource
allouée au secteur …nancier, on déduit facilement les implications en ce qui concerne le
secteur réel.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 133
FIG 3.3 Impact des di¤érents paramètres sur l’allocation du capital entre le
secteur …nancier le secteur réel à l’état stationnaire13
1 0.7
u
0.9 v 0.65
0.8
0.6
0.7
0.55 u
0.6
v
(u,v)
(u,v)
0.5 0.5
0.4
0.45
0.3
0.4
0.2
0.35
0.1
0
0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
alpha taux de croissance
0.9
0.7
u
u
v
0.65 v 0.8
0.6 0.7
0.55
0.6
(u,v)
(u,v)
0.5
0.5
0.45
0.4
0.4
0.3
0.35
0.2
0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08 0.09 0.1
beta
rho
1 0.75
0.9 0.7
0.8 0.65
u
0.7 v
0.6
0.6 u 0.55
v
(u,v)
(u,v)
0.5 0.5
0.4 0.45
0.3 0.4
0.2 0.35
0.1 0.3
0 0.25
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
sigma phi
13
Pour les simulations ci-dessus, on pose : = = 0:5 ; = 0:4 ; g = 0:05 ; = 0:02 ; = 1:
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 134
Puisque la proportion de capital par unité de travail utilisée dans le secteur …nancier
est une fonction décroissante de l’aversion au risque des individus, (fonction croissante de
l’élasticité de substitution intertemporelle), la croissance sera plus forte dans les écono-
mies où les agents sont moins averses au risque ; ce qui témoigne d’un climat de con…ance
entre les agents économiques. Cependant, il ne faudra pas perdre de vue que l’élasticité
de substitution doit être à un niveau adéquat pour que l’économie n’aborde pas des dyna-
miques instables ou n’enregistre pas des équilibres sous optimaux. On remarque que pour
sigma proche de 1.3, toutes choses étant égales par ailleurs, les ressources se répartissent
de façon équitable entre le secteur …nancier et le secteur réel. Ce résultat montre bien que
le comportement des agents économiques in‡uence fortement le niveau de d’innovation …-
nancière. Cet état de chose est corroboré par le fait que le taux d’escompte psychologique
a un impact négatif sur le niveau d’innovation …nancière et donc sur la croissance écono-
mique. En e¤et, pour des niveaux élevés du taux d’escompte psychologique, les individus
consomment plus aujourd’hui que demain c’est-à-dire épargnent moins compte tenu de
leur anticipation du futur. Ce comportement des agents économiques a pour conséquence
immédiate d’atrophier le système …nancier (compte tenu du faible niveau d’épargne) et
de réduire par la suite le taux de croissance économique. En ce qui concerne le paramètre
, son impact est globalement positif sur l’allocation des ressources dans le secteur …nan-
cier ; en e¤et, l’accroissement de , favorise le détournement des facteurs de production du
secteur réel vers le secteur …nancier à des …ns de croissance économique. Le coe¢ cient
accroît l’allocation des ressources en faveur du secteur …nancier et pour des valeurs de
proches de 0.75, les ressources se répartissent équitablement entre les deux secteurs. En…n,
a¤ecte négativement la proportion de ressources allouées dans le secteur …nancier et par
conséquent le taux de croissance économique.
Ainsi, par le truchement de politiques économiques appropriées, l’état peut agir sur le
comportement des agents et les paramètres de l’économie pour stimuler ou freiner l’inno-
vation …nancière a…n de maintenir la croissance économique à un niveau optimal.
Résolution du programme
zk = z: (3.32)
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 136
Les résultats obtenus après la résolution du programme ci-dessus sont (voir Annexe 2, pour
une résolution détaillée du programme) :
(1 )
u = (1 )
: (3.33)
+( + 1) + g
Le niveau du stock de produits …nanciers d’équilibre compétitif est donné par les expres-
sions suivantes :
1
g+ 1+
zk3 = 1
: (3.34)
A (1 u )
1
B
zk4 = u: (3.35)
g
Compte tenu du fait que le taux de croissance ne peut être analytiquement déterminé
dans tous les cas, la proposition précédente est démontrée graphiquement. On justi…e par
ce fait la non internalisation du développement …nancier par le marché. La …gure 3.4 ci-
dessous montre bien que le taux de croissance de l’équilibre compétitif et le niveau de
développement …nancier (correspondant au point A) sont inférieurs à ceux de l’équilibre
optimal (correspondant au point B). Il faudra cependant signaler que les …gures obtenues
sont globalement invariantes suite aux modi…cations des paramètres et représentent la
tendance d’équilibre général qui se dégage. Les équilibres ci-dessous varient suivant le
degré de substituabilité de la consommation dans le temps. Ainsi, à une forte élasticité de
substitution correspondent un niveau de croissance et de développement …nancier élevé.
Ce qui s’observe sur la …gure ci-dessous puisque, les niveaux d’équilibre s’abaissent lorsque
l’élasticité de substitution passe de 1/5 à 1/15. La sous optimalité de l’équilibre privé
justi…e les interventions publiques dont l’objectif est d’agir sur les paramètres a…n de faire
converger l’économie vers l’équilibre optimal.
15
FIG 3.4 Comparaison de l’équilibre compétitif et de l’équilibre optimal
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 0.09
B g2(z) g2(z)
g3(z) g3(z)
0.08 0.08
g4(z) g4(z)
0.07 0.07
B
0.06 0.06
A
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
A
0.02 0.02
0.01 0.01
0 5 10 15 20 25 30 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
z z
Il est très facile de montrer que l’allocation des ressources à l’équilibre privé est infé-
rieure à celle de l’équilibre social. Lorsque le paramètre d’externalisation (ou de spillover)
tend vers 0, l’équilibre social converge vers l’équilibre compétitif ; ce qui est conforme
aux résultats théoriques souvent obtenus. On peut à présent évaluer la divergence entre
l’optimum social établi par le plani…cateur et l’équilibre compétitif et voir comment cette
divergence varie suivant certains paramètres du modèle. Cette évaluation se fera en repré-
sentant sur une même …gure la di¤érence entre l’allocation sociale et privée en fonction du
paramètre d’externalisation et d’un autre paramètre du modèle.
Comme on peut si bien l’observer sur la …gure 3.5, la di¤érence entre l’optimum social
et l’optimum privé est positive dans tous les cas ; ce qui veut dire que le plani…cateur
social alloue mieux les ressources que le marché. On remarque que la divergence est une
fonction croissante de ; lorsque ce dernier est associé aux paramètres , et : Aussi,
cette divergence ne varie pas suivant les paramètres , et : Ce qui veut dire que ces trois
paramètres ne sont pas des leviers d’action e¢ caces pour réduire l’écart entre l’équilibre
compétitif et l’équilibre social. Ce qui n’est pas le cas du coe¢ cient d’aversion au risque
. En e¤et, a¤ecte la di¤érence entre l’allocation privée et sociale, qui est d’autant plus
élevée que le coe¢ cient d’aversion au risque est élevé.
Ces résultats sont très proches de ceux obtenus par Jones (1995) où la divergence de
l’allocation des ressources entre le secteur réel et celui de la recherche est très peu sensible
à la contribution du travail dans la production, tandis que cette divergence est fortement
in‡uencée par le paramètre qui mesure le degré d’externalité du processus de recherche et
développement dans le temps. Chou (2003) montre que le paramètre de mesure de l’e¤et
de spillover dans la création du capital social et le paramètre qui capte l’e¤et de “standing
on the shoulders of giants” dans le secteur de la recherche et développement in‡uencent
favorablement la divergence de l’allocation des ressources (le travail) entre le secteur de la
recherche et développement et celui de la production (plus ils sont élevés, plus la divergence
s’accroît), tandis que le paramètre qui quanti…e l’e¤et de “stepping on toes”dans le secteur
de la recherche et développement n’a¤ecte pas l’allocation du travail entre les di¤érents
secteurs.
Ainsi, on trouve une justi…cation théorique aux interventions publiques qui ont pour
objectif de pallier les insu¢ sances du marché et de permettre à l’équilibre compétitif de
converger vers le niveau socialement admissible. Aussi, il faudra remarquer que cette diver-
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 139
1
gence est fonction croissante de (le paramètre de spillover) et décroissante de (l’élas-
ticité de substitution intertemporelle). Pour rendre e¢ caces les interventions publiques, les
leviers sont ainsi bien identi…és. Dans ce cas, le seul paramètre d’action à associer avec
l’e¤et de spillover est l’élasticité de substitution intertemporelle. En e¤et, pour un degré
donné d’externalité liée au développement …nancier, puisque les paramètres , et n’in-
‡uencent pas la divergence allocative, le seul paramètre sur lequel on peut agir a…n de faire
converger l’équilibre privé vers l’optimum social est l’élasticité de substitution intertempo-
relle des individus (réduire le coe¢ cient d’aversion au risque). Ce qui permettra d’assurer
l’optimalité de la solution compétitive. Ce résultat est bien en concordance avec ceux ob-
tenus précédemment (en l’occurrence le résultat de la …gure 3.4), où un faible niveau du
coe¢ cient d’aversion au risque correspond à un taux de croissance et un développement
…nancier plus élevés.
Après avoir évalué la divergence entre l’optimum privé et l’optimum social, nous levons
l’hypothèse de non rivalité des produits …nanciers en étudiant le cas où les produits …nan-
ciers utilisés dans le secteur …nancier ne peut l’être dans le secteur des biens et services.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 140
FIG 3.5 Divergence entre l’optimum privé et l’optimum social dans l’allocation
du capital par unité de travail entre les secteurs …nancier et réel16 .
0.08 0.15
0.075
Divergence en u
Divergence en u
0.07 0.1
0.065
0.06 0.05
0.055
0.05 0
1 1
1 1
0.8 0.8
0.5 0.6 0.5 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
phi 0 0 phi 0 0
alpha beta
0.4 0.12
0.1
0.3
Divergence en u
Divergence en u
0.08
0.2 0.06
0.04
0.1
0.02
0 0
1 1
2 0.02
0.5 1.5 0.5 0.015
1 0.01
0.5 0.005
phi 0 0 phi 0 0
sigma rho
16
Les di¤érentes valeurs des paramètres pour la …gure ci-dessus sont : = = 0:5 ; = 0:4 ; = 2;
= 0:02.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 141
L’une des hypothèses majeures de ce chapitre est de supposer que les produits …nan-
ciers sont non rivaux c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés indi¤éremment par le secteur
…nancier et le secteur réel. Dans la littérature théorique, on peut rappeler que dans les
modèles à deux secteurs de Uzawa (1965) et Mulligan & Sala-i-Martin (1993), les facteurs
sont supposés rivaux, tandis que Lucas (1988) et Romer (1990) estiment que le stock de
connaissances est un bien non rival. Pour réconcilier la littérature sur le caractère rival ou
non des facteurs de production, nous comparons dans le présent paragraphe les équilibres
obtenus dans le cas précédent (produits …nanciers non rivaux) au cas où les produits …nan-
ciers seraient rivaux. Pour ce faire, nous résolvons le programme en supposant cette fois-ci
que les produits …nanciers sont rivaux c’est-à-dire qu’ils ne peuvent s’utiliser simultanément
dans les deux secteurs. Le programme du plani…cateur social est :
Z 1 1
ct 1
max U0 = exp( t)dt; (3.39)
ct ;ut ;vt 0 1
s=c
k_ t = zk A [(1 ut ) kt ] [(1 vt ) zt ]1 ct ;
z_t = B (ut kt ) (vt zt )1 ;
où vt est la proportion de produits …nanciers utilisée dans le secteur …nancier ; les autres
paramètres sont dé…nis précédemment. Les résultats obtenus à l’issue de la résolution du
programme sont présentés en annexe 3 du présent chapitre. L’une des implications de
l’allocation compétitive des produits …nanciers entre les deux secteurs est décrite par la
proposition suivante :
Proposition 10 A taux de croissance économique égal, toutes choses étant égales par
ailleurs, l’allocation des ressources entre les secteurs …nancier et réel se fait de façon iden-
tique que les produits …nanciers soient rivaux ou non.
Preuve. La preuve de cette proposition est facilement obtenue en comparant les ex-
pressions (3.64) et (3.133).
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 142
0.09 0.09
g1(z) g1(z)
0.08 g2(z) 0.08 g2(z)
g3(z) g3(z)
0.07 g4(z) 0.07 g4(z)
B
0.06 0.06
0.05 0.05
g
0.04 0.04
0.03 0.03
A
0.02 0.02
A
0.01 0.01
0 2 4 6 8 10 12 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
z z
L’équilibre A est celui obtenu au cas où les produits …nanciers sont rivaux et l’équilibre
B correspond à une situation de non rivalité. La conclusion immédiate que l’on peut tirer
à l’issue de l’examen de ces …gures est que le taux de croissance économique est plus
élevé lorsque les produits …nanciers sont non rivaux. Quant au niveau de développement
…nancier, il reste sensiblement identique dans les deux cas. Ainsi, il est recommandable
pour une économie qui vise un objectif de croissance économique de plus développer des
produits …nanciers non rivaux que rivaux. Ces résultats sont à la limite contre intuitifs
dans la mesure où la spécialisation des facteurs n’est pas privilégiée, puisqu’il est souvent
préférable d’avoir des facteurs spécialisés (rivaux) pour accélérer la croissance économique ;
ce qui n’est pas le cas au niveau des produits …nanciers.
A…n de montrer que les résultats obtenus précédemment ne sont pas dus à l’e¤et de
spillover, nous supposons par la suite que = 0. Dans ce cas de …gure, il est possible de
17
Les valeurs des paramètres pour la …gure 3.6 sont les suivantes : A=1 ; B=0.15 ; = = 0:5 ; = 0:4 ;
= 0:02:
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 143
déterminer l’expression analytique du taux de croissance quand les produits …nanciers sont
rivaux (voir annexe 3 du présent chapitre). Les résultats obtenus sont représentés ci-dessous
(FIG 3.7) où nous remarquons que le taux de croissance en cas de rivalité des facteurs est
inférieur celui de l’équilibre avec des produits …nanciers non rivaux.
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 g2(z)
0.09 g2(z)
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
g
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
z z
0.1 0.1
g1(z) g1(z)
0.09 g2(z) 0.09 g2(z)
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
g
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
z z
18
Les valeurs des paramètres sont les suivantes : = = 0:5 ; A= 1 ; B= 0:15 ; = 0:02:
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 144
Il faudra cependant remarquer que l’une des rares études de dynamique transitoire
dans un modèle de croissance endogène à deux secteurs a été réalisée par Villieu (1998).
En e¤et, Villieu (1998) étudie de façon analytique la dynamique transitoire dans un modèle
à deux secteurs19 qui autorise une représentation graphique de l’ajustement permettant une
interprétation intuitive comparable à celle du modèle de croissance néoclassique habituel20 .
Aussi Rajhi (1993) met en évidence les propriétés de point selle dans son modèle endogène
à deux secteurs prenant en compte les dépenses publiques dans la détermination du capital
humain, mais ne décrit pas les dynamiques transitoires à l’instar de Villieu (1998).
19
Ce modèle est une adaptation particulière du modèle à deux secteurs de Rebelo (1991).
20
Pour plus de détails sur la représentation graphique de la solution générale du système d’équations
di¤érentielles caractéristiques d’un modèle de croissance endogène à deux secteurs, se référer à Villieu
(1998).
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 145
21
Pour une présentation de la méthodologie d’étude de la dynamique transitoire “time-elimination me-
thod ” et de ses résultats appliqués au modèle d’Uzawa (1965) et Lucas (1988), se référer à Mulligan et
Sala-i-Martin (1993). Aussi la “méthode d’élimination du temps” est discutée en détail dans Mulligan
(1991).
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 146
L’étude de la stabilité du système dynamique peut s’e¤ectuer par le calcul des valeurs
propres et des vecteurs propres du système linéarisé autour de l’état stationnaire. Nous
trouvons dans tous les cas (quelle que soit la valeur des paramètres) qu’il y a une valeur
propre négative et deux valeurs propres positives22 ; ceci implique que le modèle est lo-
calement stable et il existe un point (ou sentier) selle. Le système n’admet donc qu’une
seule trajectoire convergente associée à l’unique valeur propre stable. Le modèle est donc
localement stable au sens du sentier selle.
Remarque : Le présent modèle de croissance endogène est localement stable sur le sentier
selle à l’instar des modèles de Uzawa (1965) et Lucas (1988), et de Rebelo (1991). Bien
que ce résultat n’a pas fait l’objet d’une démonstration formelle, il provient de nombreuses
simulations e¤ectuées qui permettent de conclure qu’il n’a pas de valeurs des paramètres
pour lesquelles le modèle soit instable. Des résultats analogues ont été obtenus par Mulligan
et Sala-i-Matin (1993) et Villieu (1998).
22
Les valeurs propres et les vecteurs propres sont calculés à partir de la matrice jacobienne qui est décrite
en annexe du chapitre.
23
Il faut noter à ce niveau que les valeurs initiales des di¤érentes variables doivent appartenir à l’ensemble
de stabilité de l’équilibre stationnaire.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 147
La dynamique transitoire des variables du modèle est décrite par la …gure 3.8 qui pré-
sente en abscisse la distance entre z=k et sa valeur à l’état stationnaire (z=k) , où z=k
représente la taille du système …nancier rapportée au capital “produits …nanciers par unité
de capital”. La droite verticale passant par zéro correspond à l’état stationnaire peut être
considérée comme la ligne marginale qui sépare les pays qui ont une faible dotation de
produits …nanciers par unité de capital (à gauche) et les pays où cette dotation est éle-
vée (à droite) ; le niveau de ce ratio dépend aussi bien du niveau de capital que du stock
de produits …nanciers. Ainsi, l’ajustement de la variable d’état qui permet de converger
vers l’état stationnaire peut se faire soit par le truchement du stock de produits …nanciers
ou soit par le niveau du capital physique. Sous l’hypothèse que le niveau de capital est
constant, dans les pays qui ont une faible dotation de produits …nanciers par unité de ca-
pital [z=k < (z=k) ], quand z=k va s’accroître au cours du temps (ie. une amélioration du
développement …nancier), le niveau d’allocation des ressources dans le secteur …nancier (u)
et la consommation par unité de capital vont augmenter. Cette relation est illustrée par
les …gures 3.8.2 et 3.8.1, qui mettent en évidence un processus d’ajustement des produits
…nanciers (secteur …nancier) et un saut de la consommation pour que le ratio c=k s’ajuste
sur la trajectoire correspondant à la valeur initiale de la variable. Ainsi, l’ajustement se
traduira par un accroissement de la part des ressources allouées au secteur …nancier (u)
et du ratio de la consommation au capital (ck ) dans les pays qui ont une faible dotation
initiale en produits …nanciers. Une analyse identique peut s’e¤ectuer en supposant que le
stock de produits …nanciers est constant et l’ajustement s’e¤ectue par le niveau de capi-
tal physique ; dans ce cas, les conclusions sont contraires à celles obtenues précédemment.
Cependant, lorsque le niveau de capital et le stock de produits …nanciers varient simulta-
nément les conclusions deviennent moins évidentes ; mais l’équilibre basculera dans le sens
de la variable qui enregistre la variation la plus forte.
Après avoir présenté la dynamique transitoire qui met en exergue l’ajustement à court
et moyen termes des variables a…n d’atteindre l’état stationnaire, il serait intéressant d’éva-
luer l’évolution du taux de croissance de certaines variables d’intérêt dans le temps. Comme
le montre la …gure 3.9, on constate que les taux de croissance de la production et de la
consommation sont caractérisés par une évolution semblable, qui se traduit une décrois-
sance et une constance à long terme. La situation est légèrement di¤érente au niveau du
taux de croissance du capital : au cours des premières étapes du processus d’ajustement, on
observe une hausse du taux de croissance jusqu’à la valeur maximale ; ensuite la deuxième
étape est caractérisée par une baisse du taux de croissance, et en…n à long terme ce dernier
devient constant. L’évolution du taux de croissance de l’innovation …nancière dans le temps
est caractérisée quant à elle par une croissance à court terme et une évolution constante à
long terme. On remarque que toutes les variables ont des taux de croissance constants à
long terme, dont les niveaux sont présentés à la …gure 3.9. Il faut ajouter que les trajec-
toires obtenues restent globalement stables en ce sens qu’elles sont très peu a¤ectées par
les variations des paramètres du modèle.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 149
0.05 0.8
0.04
0.7
0.03
0.6
0.02
0.5
0.01
c/k
u
0 0.4
-0.01
0.3
-0.02
0.2
-0.03
-0.04 0.1
-0.2 -0.15 -0.1 -0.05 0 0.05 0.1 0.15 0.2 -0.2 -0.1 0 0.1 0.2 0.3
log[(z/k)/(z/k)*] log[(z/k)/(z/k)*]
0.22 0.03
0.2
0.025
Taux de croissance de la consommation
Taux de croissance du capital
0.18
0.02
0.16
0.015
0.14
0.01
0.12
0.005
0.1
0.08 0
-0.2 -0.15 -0.1 -0.05 0 0.05 0.1 0.15 0.2 -0.2 -0.1 0 0.1 0.2 0.3
log[(z/k)/(z/k)*] log[(z/k)/(z/k)*]
0.07 0.18
0.17
Taux de croissance de l'innovation financière
0.065
Taux de croissance de la production
0.16
0.06 0.15
0.14
0.055
0.13
0.05 0.12
0.11
0.045
0.1
0.04 0.09
-0.2 -0.15 -0.1 -0.05 0 0.05 0.1 0.15 0.2 -0.2 -0.15 -0.1 -0.05 0 0.05 0.1 0.15 0.2
log[(z/k)/(z/k)*] log[(z/k)/(z/k)*]
24
Pour = 0:8 ; = 0:3 ; = 0:5 ; A = 1 ; B = 0:15 ; =5; = 0:02:
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 150
0.2 0.14
0.13
0.195 0.12
Taux de croissance de la production
0.19 0.1
0.09
0.185 0.08
0.07
0.18 0.06
0.05
0.175 0.04
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Année Années
0.066 0.044
Taux de croissance de l'innovation financière
0.064 0.042
Taux de croissance de la consommation
0.062 0.04
0.06 0.038
0.058 0.036
0.056 0.034
0.054 0.032
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Année Année
3.5 Conclusion
3.6 Annexes
Le long du sentier de croissance équilibré, toutes les variables croissent au même taux g.
k_ hz i h ci
1 1
= A(1 u) k z = g; (3.46)
k k k
z_
= Bu zk = g: (3.47)
z
Les conditions de premier ordre par rapport aux variables d’état donnent :
_ = z z 1 z
A [(1 u)k] z 1 c + A(1 u) k 1 1
z
k2 k k
Bu k 1z1 ; (3.48)
h i
= + g A (1 u) zk1 +
gzk : (3.49)
z 1 z
_ = A [(1 u)k] z 1 c + A [(1 u)k] (1 )z
k k k
B(uk) (1 )z ; (3.50)
g +
= + A (1 ) (1 u) zk (1 ) g: (3.51)
zk
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 153
_
= + g A (1 u) zk1 +
gzk ; (3.54)
_ g +
= + A (1 ) (1 u) zk (1 ) g: (3.55)
zk
_
1 1 +
= + g A (1 u) zk ; (3.56)
_ g2 (1 ) (1 u)
= g (1 ) g: (3.57)
A zk1 +
(1 u) 1u u
On sait que :
_ c_
= = g; (3.58)
c
1h 1 1 +
i
g = A (1 u) zk g : (3.59)
1 1 +
A (1 u) zk = + ( + ) g: (3.60)
_ _ _ _
= or = g, donc = g: (3.61)
On a donc :
g2 (1 ) (1 u)
g (1 )g = g: (3.62)
A zk1 +
(1 u) 1u u
En remplaçant A zk1 +
(1 u) 1
par + ( + ) g (d’après 3.60) dans l’expression ci-
dessus, on obtient :
(1 ) (1 )
h i + = + (1 )+ : (3.63)
+( + ) u u g
g
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 154
c1t 1 zt
Hc + Azt1 [(1 ut )kt ] ct (3.72)
1 kt
h i
+ B(ut kt ) zt1 ;
zt
= zk = z: (3.73)
kt
_ = @Hc
= Azz 1 (1 ut ) kt 1
Bu k 1 1
z ; (3.76)
@k
@Hc
_ = = Az(1 )zt (1 ut ) kt Bu k (1 )z : (3.77)
@z
En…n, les conditions de transversalité sont :
Entre autres, le taux de croissance des variables d’état est décrit par :
k_ c
= Az 1 (1 u) k 1
; (3.80)
k k
z_
= B(ut kt ) zt : (3.81)
z
Sur le sentier de croissance équilibrée, toutes les variables croissent au même taux constant ;
on a donc :
y_ c_ k_ z_
= = = = g: (3.82)
y c k z
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 156
B u 1 z B u 1
= 1
= z
1 k
: (3.83)
A z(1 u) k A z(1 u)
u_
Puisque u
= 0 ; ceci implique en prenant la dérivée logarithmique de l’expression précédente
que :
_ _
= : (3.84)
c z
En remplaçant par son expression et en posant ck = k
et zk = k
, les deux expressions
précédentes deviennent :
_ A z(1 u) 1
= A zzk1 (1 ut ) zk Bu zk1 ; (3.87)
B u 1
= A zzk1 (1 u) A zzk1 (1 u) 1 u; (3.88)
= A zzk1 (1 u) 1 : (3.89)
_ B u 1
= z Az(1 )zk (1 ut )
A z(1 u) 1 k
Bu (1 )zk ; (3.90)
1
B (1 )u (1 ut )zk
= Bu (1 )zk : (3.91)
_ _
= : (3.92)
implique que :
1
B (1 )u (1 ut )zk
A zzk1 (1 u) 1
= + Bu (1 )zk : (3.93)
z_
On sait que : g = z
= Bu zk ; On peut donc à partir de l’expression précédente de déduire
que :
(1 ) (1 u)
A zzk1 (1 u) 1
= g + (1 )g: (3.94)
u
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 157
Les technologies de production des biens …nals et de l’innovation …nancière dans ce cas
de …gure sont les suivantes :
et
z_t = B (ut kt ) (vt zt )1 : (3.110)
c1t 1 zt
Hc + A [(1 u) k] [(1 v) z]1 c (3.112)
1 kt
h i
+ B (uk) (vz)1 : (3.113)
B (1 ) v
u
zk1 (1 )g
= = : (3.118)
A (1 ) 1 v
1 u
zk1 +
A (1 )v 1 v
1 u
zk +
_
= A (1 v)1 (1 u) zk1 +
+ A (1 v)1 (1 u) zk1 +
zk ck
B v 1 u zk1 ; (3.122)
_ h i
= (1 ) A (1 v)1 (1 u) zk +
+ A (1 v)1 (1 u) zk +
zk 1 ck
B (1 ) v1 u zk : (3.123)
_ 1
1 v
= A (1 v)1 (1 u) zk1 +
+ g A u zk1 +
; (3.124)
1 u
1
1 v
= + g A zk1 +
: (3.125)
1 u
_ g g
= (1 ) A (1 v)1 (1 u) zk +
+
1 v 1 + zk
A u 1 u
zk
(1 ) g; (3.126)
2
(1 ) 1 u g
= (1 )g g ; (3.127)
1 v 1
u A u 1 u
zk1 +
g g2
= (1 ) : (3.128)
1 v 1
v A u 1 u
zk1 +
On sait que :
_ c_ _ _ _
= = g et = ) = g; (3.129)
c
" #
1
1 1 v
g = A zk1 +
g donc, (3.130)
1 u
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 160
1
1 v
A zk1 +
= + ( + ) g: (3.131)
1 u
A partir des équations (3.127), (3.129), (3.130) et (3.131) on peut déduire :
(1 ) 1 u g2
(1 )g g = g: (3.132)
u u [ + ( + ) g]
On retrouve la même expression de u que précédemment :
(1 )
+ +( + )
g
u = (1 )
: (3.133)
+( + 1) + g
Ainsi, le fait de supposer que l’innovation devienne rivale ne modi…e pas le résultat au
niveau de l’allocation du capital dans les deux secteurs. A partir des expressions (3.119) et
(3.133), on détermine très facilement l’expression de v :
(1 ) u
v = avec = : (3.134)
1+ (1 )1 u
A partir des deux expressions suivantes de zk , on peut déterminer graphiquement le taux
de croissance.
" #1 1
1 +
+ ( + )g 1 v
z1k = ; (3.135)
A 1 u
1
B 1
z2k = u (v ) : (3.136)
g
g
ck = A (1 u ) (1 v )1 (zk )1 : (3.137)
(zk )
Pour = 0 on a :
_ 1
1 v
= A zk1 ; (3.138)
1 u
_ g
= (1 ) ; (3.139)
v
u
= B (1 ) zk : (3.140)
v
_ 1
_ 1 v u
= )A zk1 = B (1 ) zk : (3.141)
1 u v
u 1
B (1 ) B (1 ) (1 ) 1 v
) zk1+ = v
= (3.142)
1 v 1 A (1 ) 1 u
A 1 u
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 161
2 ! 1+1 3
c_ 1 B (1 ) (1 )
g= = 4A 5: (3.143)
c A (1 )
_ _
On trouve très facilement (en posant = = g) que :
(1 )g
v= ; (3.144)
+ g
et
(1 )
u = (1 )
: (3.145)
+( + 1) + g
où kt et zt sont des variables d’état prédéterminées, k(0) et z(0) sont donnés et ct et ut des
z
variables de contrôle forward. On stationnarise le système en posant : zk = k
et x = kc . La
dynamique d’accumulation de ut est obtenu de la façon suivante :
D’après l’équation (3.83) on sait que :
1 1
Bu zk
= : (3.147)
A zk1 +
(1 u) 1
_ _
Puisque = ; en di¤érenciant l’équation ci-dessus, on obtient :
u_ z_k z_k u_
( 1) =( ) ( 1) : (3.148)
u zk zk 1 u
z_k
En remplaçant zk
par son expression on a :
u_ u( 1) h i
( 1) + =( + ) Bu zk A(1 ut ) zk1+ + xzk : (3.149)
u 1 u
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 162
u( + ) h i
u_ = h i Bu zk A(1 ut ) zk1+ + xzk : (3.150)
u( 1)
( 1) + 1 u
A 1 1 +
x_ = x(1 u) zk + 1 xA(1 u) zk1+
+ + 1 x2 zk x: (3.152)
Pour des raisons de simplicité dans l’écriture de la matrice jacobienne, nous remplaçons zk
par h : 8
>
>
> h_ = Bu h1 A(1 ut ) h2+ + xh1+ ;
>
>
< u_ = ( ( 1)+ ( )1) Bu h A(1 ut ) h1+ + xh ;
[ u + 1=u 1 ] (3.154)
>
> x_ = A x(1 u) 1 h1 + + 1 xA(1 u) h1+
>
>
>
: + + 1 x2 h x:
Soient (h ; u ; x ) les valeurs des variables à l’état stationnaire (coordonnées du point
d’équilibre). Le système linéarisé autour de l’état stationnaire se présente sous la forme
suivante. 2 3 2 3
h_ h h
6 7 6 7
6u_ 7 = J 6u u 7 (3.155)
4 5 4 5
x_ x x
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 163
a = B (1 ) (u ) (h ) A (2 + ) (1 u ) (h )1+ + (1 + ) x (h ) :(3.157)
u ( + ) h i
1
b = h i B (u ) (h ) A (1 + ) (1 u ) (h )
u ( 1)
( 1) + 1 u
u ( + ) 1
+h i x (h ) : (3.158)
u ( 1)
( 1) + 1 u
1
A (1 + ) x (1 u) (h )
c = + 1 (1 + ) Ax (1 u ) (h )
+ +1 (x )2 (h ) 1
: (3.159)
1
d = B (u ) (h )1 + A (1 u) 1
(h )2+ : (3.160)
1
( 1)
( 1) (u )2
(u )2
+ 1 2 h i
( (u )
1) 1+
e = ( + )h i2 B (u ) (h ) A(1 u ) (h ) + x (h )
( 1) ( 1)
(u )
+ 1=(u ) 1
(u ) ( + ) h i
1
+h i B (u ) h + A (1 u) 1
(h )1+ : (3.161)
(u )( 1)
( 1) + 1 (u )
A
f = (1 ) x (1 u) 2
(h )1 +
+ +1 x A(1 u) 1
(h )1+ : (3.162)
g = (h )1+ : (3.163)
( + )
i = h i (h ) : (3.164)
( 1) ( 1)
u
+ 1=u 1
A
l = (1 u) 1
(h )1 +
+ 1 A(1 u ) (h )1+
+2 + 1 (x ) (h ) : (3.165)
A partir de la matrice jacobienne, on détermine les valeurs propres et les vecteurs propres26 .
On obtient deux valeurs propres positives et une valeur propre négative (' ). On détermine
26
Nous ne présenterons pas ici la méthodologie de détermination des valeurs propres et des vecteurs
propres qui reste conforme à celle de résolution des systèmes d’équations di¤érentielles.
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 164
Les tableaux suivants présentent la liste des innovations …nancières entre 1970 et 1982
répertoriées par Silber (1983). Ces tableaux font référence au premier paragraphe de la
première section du chapitre (Qu’est-ce que l’innovation …nancière ?).
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 165
A. Cash Management
1. Money Market Mutual Funds 1(a)
2. Cash Management/Sweep Accounts 1(a), 3
3. Money Market Certi…cates 1(a), 4
4. Debit Card 1(a), 3
5. NOW Accounts 1(a)
6. ATS Accounts 1(a), 3
7. Point of Sale Terminals 3
8. Automated Clearing Houses 3
9. CHIPS (Same Days Settlement) 3
10. ATM (Automated Teller Machines) 3
B. Investment Contracts
(i) Primary Market
1. Floating Rate Notes 2
2. Deep Discount (Zero Coupon) Bonds 1(a), 1(c), 2
3. Stripped Bonds 1(a), 1(c), 2
4. Bonds with Put Options or Warrants 1(a), 2
5. Floating Prime Rate Loans 2
6. Variable Rate Mortgages 2
7. Commodity Linked (Silver) Bonds 2
8. Eurocurrency Bonds 1(a), 5
9. Interest Rate Futures 2
10. Foreign Currency Futures 5
11. Cash Settlement (Stock Index) Futures 4
12. Options on Futures 2, 4
13. Pass-Through Securities 4
3. Innovation …nancière dans un modèle de croissance endogène 166
(ii) Consumer-Type
1. Universal Life Insurance 2
2. Variable Life Policy 1(b)
3. IRA/Keogh Accounts 1(c), 4
4. Municipal Bonds Funds 1(c), 4
5. All-Saver Certi…cates 1(a), 4
6. Equity Access Account 1(b), 2
C. Market Structures
1. Exchanges-Traded Options 6
2. Direct Public Sale of Securities
-Green Mountain Power Co. 2
-Shelf Registration 2, 4
3. Electronic Trading
-NASDAQ 3
-GARBAN 3
4. Discount Brokerage 4
5. Interstate Depository Institutions 3, 4
D. Institutional Organization
1. Investment Bankers/Commodity Dealers 1(a), 2
-Salomon/Phibro, Goldman
-Sachs/J. Aron, DLJ/ACLI
2. Brokers/General Finance 6
-Shearson/Amex, Bache/
-Prudential Schwab/Bank of America
3. Thrifts with Commercial Banks 1(a), 2, 3
4. Financial Center (Sears Roebuck) 6
Notes : 1. In‡ation : (a) Niveau des taux d’intérêt, (b) Niveau général des prix, (c) E¤ets
des taxes ; 2. Volatilité des taux d’intérêt ; 3. Avancée technologique ; 4. Initiative legislative ; 5.
Internationalisation ; 6. Autres.
Deuxième partie
167
Chapitre 4
4.1 Introduction
168
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 169
positivement associée au développement …nancier. A cet e¤et, la question qui reste posée
est l’arbitrage entre le développement …nancier et l’instabilité …nancière a…n d’assurer une
croissance optimale. Les travaux de Guillaumont et Kpodar (2006) et Loayza et Rancière
(2006) prennent en compte l’instabilité …nancière dans l’analyse de la relation entre la
…nance et la croissance. Les résultats obtenus suggèrent que l’instabilité …nancière a¤ecte
négativement la relation entre la …nance et la croissance à court terme3 . Nous proposons ici
un approfondissement de ces travaux en analysant le lien entre le développement …nancier,
l’instabilité …nancière et la croissance économique, aussi bien à court terme, qu’à long terme
a…n de concilier les deux courants de littérature qui s’opposent sur le sujet. Une autre
contribution de ce chapitre réside en l’adoption d’une mesure alternative de l’instabilité
…nancière, qui est appréhendée à travers l’écart-type de la tendance cyclique des variables
de développement …nancier.
Sur le plan méthodologique, nous avons eu recours aux techniques d’estimation sui-
vants : les méthdodes d’estimation “between”, “within”, les 2OLS et en…n la méthode des
moments généralisés sur panel dynamique. A partir d’un échantillon de 71 pays pris sur la
période 1960-2004, et de 5 indicateurs de développement …nancier, nous trouvons que le
développement …nancier est positivement associé à la croissance économique aussi bien à
court terme, qu’à long terme.
Lorsque l’instabilité …nancière est intégrée dans l’équation de la régression, les résultats
obtenus suggèrent qu’il existe une relation positive entre le développement …nancier et la
croissance à long terme ; aussi l’instabilité …nancière est sans incidence sur la croissance
et sur le lien entre cette dernière et le développement …nancier. Par contre, à court terme,
l’instabilité …nancière est négativement corrélée à la croissance, et a¤ecte défavorablement
la relation entre la …nance et la croissance ; cependant la corrélation entre la …nance et la
croissance reste positive. En conséquence, l’instabilité …nancière n’a d’e¤ets négatifs qu’à
court terme, et donc ces relations négatives (entre la croissance et l’instabilité d’une part,
et d’autre part entre l’instabilité et le lien entre la …nance et la croissance) ne sauraient
motiver la mise en oeuvre de politiques défavorables au développement …nancier.
La suite du présent chapitre est organisée de la manière suivante : la première section est
consacrée à la littérature empirique qui étudie la relation entre la …nance et la croissance ;
dans la deuxième section nous procédons à l’évaluation empirique de la relation entre le
développement …nancier et la croissance économique à travers une analyse sur données
inter-individuelles et sur données de panel.
La présente revue de littérature fournit une synthèse des travaux empiriques réali-
sés depuis King et Levine (1992)4 . En e¤et, les premières études ont été faites en coupe
4
Il faudra noter que les études empiriques consécutives au travail inaugural de King et Levine (1992)
sur la relation vertueuse entre la croissance économique et le développement …nancier aboutissent aussi
bien à des résultats connexes que contradictoires.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 171
Au cours de la dernière décennie, King et Levine (1992) ont été sans doute les premiers
auteurs à se pencher sur l’analyse empirique de la relation entre la croissance économique et
le développement …nancier. Ils utilisent la méthodologie de Barro (1991) pour tester entre
autres l’hypothèse de convergence du PIB sous contrôle des variables de développement
…nancier. Comme indicateurs de développement …nancier, ils ont retenu :
– la taille du système …nancier (surface …nancière) mesurée par le ratio M1/PIB, le
passif liquide des institutions …nancières/PIB, le passif quasi liquide /PIB et le crédit
domestique au secteur privé /PIB ;
– l’importance relative des di¤érentes institutions …nancières mesurée par trois ratios
à savoir : l’importance des banques de dépôt par rapport à la Banque Centrale dans
l’allocation des crédits domestiques, les actifs de la Banque Centrale/PIB et les dépôts
auprès des banques commerciales rapportés au PIB.
Les résultats obtenus par King et Levine (1992) à partir d’une estimation sur des
données inter-individuelles portant sur 119 pays entre 1960 et 1989, révèlent que la plupart
des indicateurs de développement …nancier sont non seulement corrélés entre eux mais
aussi positivement associés au taux de croissance. Par ailleurs, les auteurs montrent que
cet e¤et positif du développement …nancier sur la croissance s’e¤ectue aussi bien à travers
5
Compte tenu du fait que la présente revue de littérature est prioritairement consacrée aux études
réalisées sur données de panel, les analyses e¤ectuées sur les séries temporelles mettant en évidence la
causalité et la cointégration ne sont pas évoquées ici. Elles sont abordées dans le prochain chapitre.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 172
l’accroissement du volume que par l’e¢ cacité de l’investissement6 . Les résultats de King
et Levine (1992) con…rment également l’impact négatif de la répression …nancière sur la
croissance, dans la mesure où ils trouvent que les pays qui ont des taux d’intérêt faibles
(taux d’intérêt administrés) enregistrent également une croissance plus lente.
Abondant dans le même sens que King et Levine (1992), Roubini et Sala-i-Martin (1992)
réalisent une évaluation empirique de l’impact de la répression …nancière sur la croissance
économique sur un panel d’une cinquantaine de pays sur la période de 1960 à 1985 à l’aide
d’une analyse inter-individuelle. A cet e¤et, ils utilisent quatre indicateurs de répression
…nancière à savoir le niveau des taux d’intérêt7 , un indice de distorsion sur les marchés
…nanciers8 , le ratio des réserves obligatoires (qui est mesuré par le rapport des réserves
des banques commerciales à l’o¤re de la monnaie “M1 et quasi monnaie”) et en…n le taux
d’in‡ation. Les résultats obtenus suggèrent dans l’ensemble que la répression …nancière
a¤ecte négativement la croissance économique. Roubini et Sala-i-Martin (1992) trouvent
également que le passage d’une économie faiblement réprimée par les taux à une économie
fortement réprimée implique une perte de l’ordre de 1,4% de point de croissance, tandis
que cette perte s’élève à 3,1% en ce qui concerne les distorsions aux marchés …nanciers.
En…n, les auteurs montrent qu’un accroissement du ratio des réserves de la banque centrale
de 1% entraîne une baisse du taux de croissance de 2,02%, alors que la perte s’élève à 0,5%
de croissance pour une hausse annuelle du taux d’in‡ation de 10%.
Notons également que King et Levine (1993a) remarquent que le taux de liquidité est
fortement corrélé au taux de croissance du PIB et que sa valeur dans les pays à forte
croissance (4,5% en moyenne) est le triple de celle des pays à faible croissance (-0,5%) ;
ce constat reste véri…é pour la plupart des indicateurs …nanciers et de croissance. Comme
précédemment (King et Levine, 1992), ils trouvent aussi que les niveaux de développe-
ment …nancier élevés sont associés à une amélioration future du taux d’accumulation et
une e¢ cience au niveau de l’a¤ectation du capital. De plus, en régressant les variables de
6
L’e¢ cacité de l’investissement est mesurée par le rapport entre la variation du PIB par tête et la
variation du stock de capital.
7
L’indicateur de répression par les taux est supposé élevé lorsque le taux d’intérêt dans les années 70
est inférieur à -5%, moyen lorsque le taux d’intérêt est compris entre -5% et 0 et faible lorsque le taux
d’intérêt est positif.
8
Se référer à Agarwala (1983) pour plus de détails sur la description de la construction de la variable
mesurant les distorsions sur le marché …nancier. Cette variable à l’instar de celle mesurant la répression
par les taux d’intérêt a trois modalités.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 173
développement …nancier pris à leur niveau initial sur les indicateurs moyens de croissance
économique, ils concluent que le développement …nancier permet de bien prévoir la crois-
sance économique dans les 10 à 30 années à venir. Pour illustrer la portée économique de
leurs résultats, King et Levine (1993a), suggèrent que si en 1970 le Zaïre avait augmenté
la part du crédit domestique alloué à l’économie de 26% à 57% (niveau moyen de cet in-
dicateur dans les pays développés en 70), son taux de croissance augmenterait de 0,9% de
plus chaque année et qu’en 1980, son niveau de PIB réel par habitant serait supérieur de
9% à celui observé.
Ce résultat étant valide toutes choses étant égales par ailleurs, il faut signaler qu’un
environnement macroéconomique stable et bien réglementé est nécessaire pour atteindre
un tel objectif.
Savvides (1995) étudie à l’aide d’un modèle à e¤ets …xes appliqué à un panel de 28
pays africains de 1960 à 1987, l’impact d’un certain nombre de variables exogènes sur la
croissance économique au nombre desquelles, on retrouve une variable …nancière (liquidité
du système …nancier/PIB). Il trouve qu’une augmentation de l’indicateur de développement
…nancier de 10% entraînera toutes choses étant égales par ailleurs une hausse du taux de
croissance de 1,8%.
Des résultats semblables sont obtenus par Odedokun (1996), à partir d’un échantillon
de 71 pays en développement sur des périodes assez variables mais s’étendant entre les
années 60 et 809 . La variable de développement …nancier utilisée dans le cadre de cette
étude est le passif liquide des banques ou le ratio de la masse monétaire (M2) au PIB.
Les résultats obtenus suggèrent que dans 85% des cas le développement …nancier a¤ecte
positivement la croissance. Il montre également que l’intermédiation …nancière contribue
approximativement dans les mêmes proportions à la croissance du PIB que les exportations
et le ratio de formation de capital sur le PIB, et aussi contribue plus à la croissance que le
facteur travail. De plus, Odedokun (1996) trouve que le développement …nancier améliore
plus le taux de croissance du PIB dans les pays à bas revenu que dans les pays à revenu
élevé.
9
Il faut signaler que le travail d’Odedokun (1996), bien que portant sur séries temporelles n’étudie pas
la causalité entre la …nance et la croissance, mais se préoccupe de la corrélation entre l’intermédiation
…nancière et la croissance au niveau de chaque pays.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 174
Les critiques suscitées par les études en coupe transversale ont conduit à l’utilisation des
techniques économétriques plus performantes dans l’évaluation du lien entre la croissance
économique et le développement …nancier. Au nombre de ces techniques, nous pouvons
citer les GMM en panels dynamiques. Comparés aux analyses en coupe transversale, les
GMM en panels dynamiques permettent de prendre en compte aussi bien la dimension
individuelle que temporelle et o¤rent entre autre l’avantage de mieux cerner la relation
entre le développement …nancier et la croissance économique (compte tenu du caractère
dynamique du modèle). La contribution des GMM et des variables instrumentales per-
met également de contrôler les biais liés aux estimations e¤ectuées avec les MCO (biais
d’endogénéité, biais de simultanéité et biais de variables omises) et d’a¢ ner les résultats
obtenus.
C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire la contribution de Beck, Levine et Loayza (2000)
qui évaluent la relation empirique entre des indicateurs de développement …nancier et
des mesures de performance économique (taux de croissance économique, productivité
globale des facteurs, l’accumulation du capital physique, et le taux d’épargne privée) à l’aide
d’une analyse en coupe transversale et de la technique des GMM, sur 63 pays entre 1960
et 1995. Les résultats obtenus suggèrent que les indicateurs de développement …nancier
sont positivement associés à la productivité globale des facteurs, au taux de croissance
économique et au taux d’accumulation du capital : par exemple une augmentation de
1% de la part du crédit alloué au secteur privé entraînera toutes choses étant égales par
ailleurs une hausse de 0,296% de la productivité globale des facteurs, de 1,443% du taux
de croissance économique et de 3,005% du taux de croissance du capital. Par contre, ils
obtiennent une relation non signi…cative entre les indicateurs de développement …nancier
et le taux d’épargne10 .
S’inscrivant dans le même ordre d’idées que Beck et al. (2000), Rioja et Valen (2004)
trouvent également une relation positive entre les indicateurs de développement …nancier et
les sources de la croissance sur un échantillon de 74 pays sur la période 1961 à 1995 suivant
le niveau de revenu (pays à revenu faible, moyen et élevé). Ils montrent que la croissance
est plus sensible aux variations du développement …nancier pour des niveaux de revenu
élevé. En ce qui concerne l’e¤et sur la productivité, les résultats obtenus suggèrent que le
développement …nancier a un impact signi…catif dans les pays à revenu intermédiaire et à
10
Ce résultat n’est pas surprenant compte tenu de l’ambiguïté du lien entre le développement …nancier
et le taux d’épargne que nous avons évoquée au chapitre 1.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 175
revenu élevé ; ce qui n’est pas le cas dans les pays à faible revenu. En…n, le taux de croissance
du capital se révèle être fortement a¤ecté par le développement …nancier dans les pays à
faible revenu, tandis que cet impact reste très limité dans les pays à revenu intermédiaire
et à revenu élevé. Rioja et Valen (2004) concluent que le développement …nancier a¤ecte
la croissance économique dans les pays à faible revenu par le biais de l’accumulation du
capital tandis que dans les pays à revenu élevé c’est l’accroissement de la productivité qui
sert de courroie de transmission.
La plupart des études qui se sont focalisées sur l’analyse du lien entre la croissance
économique et le développement …nancier utilisent des ratios mesurant l’état du système
bancaire ; ces indicateurs occultent une partie du développement …nancier enregistré au
cours de ces dernières années dans de nombreux pays émergents qui s’est traduit par une
ascension des marchés …nanciers en l’occurrence des bourses de valeurs. Pour mieux cerner
le développement …nancier, certaines études intègrent des indicateurs de mesure de la taille
et de la liquidité du marché boursier.
son plus pertinente pour justi…er la divergence entre les résultats de Harris (1997) et ceux
d’Atje et Jovanovic (1993), qui est sans doute le fait que les deux études ont été réalisées
sur des périodes et des échantillons di¤érents.
mique, qui reste robuste à la suite d’une grande variété d’expériences de sensibilité. Aussi,
Henry (2000) utilise la méthodologie des études événementielles pour évaluer l’impact de
la libéralisation des marchés boursiers sur l’investissement privé. Il trouve à partir d’un
échantillon de 11 pays en voie de développement qui ont libéralisé leur marché boursier
que, 9 ont enregistré des taux de croissance de l’investissement privé supérieurs à leur taux
médian avant la libéralisation au cours de la première année. Au cours de la deuxième et
de la troisième années après la libéralisation, ce nombre est de 10 sur 11 et de 8 sur 11,
respectivement. Le taux de croissance moyen de l’investissement privé trois années après
la libéralisation du marché des actions excède la moyenne de l’échantillon de 22%.
En…n, Shen et Lee (2006) étudient la relation entre le développement …nancier et la
croissance économique dans 48 pays entre 1976 et 2001. Les résultats obtenus par ces deux
auteurs suggèrent que seul le marché boursier a¤ecte positivement la croissance écono-
mique, alors que la relation entre les indicateurs du secteur bancaire et le taux de croissance
est négative. Ces résultats sont largement a¤ectés par les variables de contrôle utilisées et
le regroupement des pays par zone géographique. La conclusion fondamentale que l’on
peut tirer à partir du travail de Shen et Lee (2006), est que les divergences au niveau des
résultats sur la …nance et la croissance économique peuvent être non seulement liées aux
di¤érences au niveau des périodes d’étude, des échantillons de pays, ou des méthodologies,
mais peuvent être attribuées à la diversité des variables de contrôle utilisées.
suit la croissance en articulant cette causalité par la proposition suivant laquelle c’est la
prospérité des entreprises qui entraîne la croissance économique. Keynes (1936) et Chick
(1983, 1986) argumentent que, bien que la croissance puisse être contrainte par le crédit
dans les systèmes …nanciers moins développés, dans les systèmes …nanciers avancés, le
développement de la …nance (ou du crédit) n’est qu’une réponse endogène aux exigences
en matière de demande. Ces développements théoriques ont galvanisé l’attaque menée par
Arestis et Demetriades (1998) contre l’article de King et Levine (1993a). Pour ce faire,
ils montrent que l’analyse menée par King et Levine (1993a) est fondée sur des bases
de causalité fragiles. Ils démontrent que, puisque la corrélation entre l’indicateur moyen
de développement …nancier et son niveau initial est élevée, on ne peut déduire que la
…nance prédit la croissance à partir d’une régression prenant en compte le niveau initial du
développement …nancier14 . L’analyse de sensibilité15 e¤ectuée par Arestis et Demetriades
(1998), les amène à in…rmer les résultats de King et Levine (1993a) et à conclure que
pour le moment la …nance n’entraîne pas la croissance. Les auteurs proposent en lieu et
place d’une analyse en coupe transversale, une étude par pays (analyse en série temporelle)
puisque le sens de la causalité selon eux est fortement lié aux facteurs institutionnels qui
sont di¤érents d’un pays à un autre.
Le papier de Levine et Zervos (1998) a fait également l’objet d’une analyse critique
de la part de Zhu, Ash et Pollin (2004). Ces auteurs montrent que les résultats de Levine
et Zervos (1998) sont peu robustes à des spéci…cations alternatives de l’échantillon. En
e¤et, Zhu et al. (2004) utilisent de nombreuses méthodes16 pour tester la sensibilité des
résultats, et montrent que la relation positive entre les indicateurs de marché boursier et
la croissance économique obtenue par Levine et Zervos (1998) est liée à la présence dans
l’échantillon de certains pays asiatiques (dragons de l’Asie : Corée du Sud, Taiwan, Hong-
14
Les conclusions de King et Levine (1993a) en terme de prévision sont basées sur des régressions qui
prennent en compte le niveau initial du développement …nancier. Il serait intéressant de faire remarquer
aussi que, bien que ces auteurs aient réalisé une étude qui reste proche d’une analyse de corrélation, leurs
conclusions laissent penser à la causalité.
15
Ces deux auteurs utilisent la même base de données que King et Levine (1993a) et montrent d’une
part que les résultats obtenus en utilisant le niveau moyen de la variable de développement …nancier sont
plus signi…catifs que ceux obtenus avec le niveau initial ; d’autre part, le niveau initial de développement
…nancier n’est plus signi…catif lorsque le niveau moyen de développement …nancier est présent dans la
même équation de régression.
16
Les méthodes de Belsley et al. (1980), la méthode de Hadi (StataCorp 2002), la méthode de régression
sur les médianes, l’exclusion de Taiwan et la Corée de l’échantillon, et en…n l’utilisation de dummy pour
les dragons de l’Asie.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 179
Kong, Singapour), dont la croissance économique est drainée par le dynamisme de leur
marché boursier. Toutefois, l’analyse de Zhu et al. (2004) loin de contredire totalement les
résultats de Levine et Zervos (1998), ne fait que con…rmer l’hypothèse selon laquelle, la
relation entre le développement …nancier et la croissance économique dépend fortement de
l’échantillon étudié.
De Gregorio et Guidotti (1995) alimentent la controverse dans la mesure où ils trouvent
aussi des résultats qui révèlent une relation négative et signi…cative entre le développement
…nancier et la croissance économique dans 12 pays d’Amérique Latine entre 1960 et 1985.
Ce résultat peut s’expliquer par l’échec des politiques de libéralisation …nancière extrêmes
mises en oeuvre dans les années 70 et 80 d’une part, et d’autre part compte tenu de l’e¤et
négatif des crises …nancières qui ont touché l’Amérique Latine.
Ram (1999) obtient également des résultats qui ne concordent pas avec la vision tradi-
tionnelle selon laquelle, le développement …nancier promeut la croissance économique. Une
analyse basique de corrélation réalisée par l’auteur révèle sur un échantillon de 95 pays sur
la période 1960-1990, une corrélation positive entre le ratio de liquidité et le taux de crois-
sance économique dans 39 cas (dont 9 apparaissent signi…catifs). La corrélation négative
est obtenue dans 56 pays parmi lesquels on observe16 cas de signi…cativité ; ce qui permet
à Ram (1999) de conclure que la relation fréquente entre le développement …nancier et
la croissance économique est faible ou quelquefois négative. Aussi, Akimov, Wijeweera et
Dollery (2006) montrent que dans les pays en transition caractérisés par un taux d’in‡a-
tion élevé et des marchés boursiers peu développés, le ratio de la masse monétaire au PIB
n’est pas positivement associé au taux de croissance économique. Des valeurs traduisant
un faible degré de corrélation entre le développement …nancier et la croissance économique
sont obtenues par Benhabib et Spiegel (2000).
Trabelsi (2002) obtient également à partir d’un panel de 69 pays entre 1960 et 1990,
une relation positive entre la …nance et la croissance en coupe transversale ; cette rela-
tion devient non signi…cative, lorsque les estimations sont réalisées sur données de panel.
L’auteur justi…e ce paradoxe apparent par le fait que dans les pays en développement, il
n’y a pas de secteur entrepreneurial privé capable de transformer les fonds disponibles en
projets rentables à court terme17 . En…n, sur un panel de 11 pays du MENA (Moyen-Orient
17
La justi…cation de la non signi…cativité des résultats sur données de panel serait plus robuste si
Trabelsi (2002) faisait recours à d’autres indicateurs de développement …nancier. On peut aussi estimer
que ce résultat est lié au biais de simultanéité qui peut prévaloir dans une telle estimation. Il faudra
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 180
et Afrique du Nord) entre 1979 et 2003, Naceur et Ghazouani (2006) obtiennent des ré-
sultats qui renforcent davantage l’idée selon laquelle, il n’existe pas de relation positive
signi…cative entre les indicateurs du secteur bancaire, du marché boursier et le taux de
croissance économique. Naceur et Ghazouani (2006) attribuent ce résultat au faible niveau
de développement …nancier dans les pays du MENA qui pénalise la croissance économique.
propres) seront …nancés par des fonds spéculatifs. Le …nancement des activités risquées
et les faillites qui en découlent vont réduire de façon brutale la liquidité du marché, et
les agents qui détenaient des actifs liquides vont vouloir s’en débarrasser18 . Le marché
va s’inonder et l’euphorie …nancière va se transformer en panique bancaire. L’analyse de
Minsky montre que dans une économie capitaliste caractérisée par un développement …-
nancier non maîtrisé, l’endémique tendance vers l’euphorie va générer des comportements
cycliques d’endettement qui à leur tour vont conduire aux crashs …nanciers.
Les éléments suivants peuvent expliquer l’instabilité …nancière selon Mayer (1999) :
l’expansion du crédit, de la monnaie, les ‡uctuations de la valeur des biens capitaux et
l’accroissement des problèmes d’aléa de moralité au niveau des entreprises, les problèmes
d’assurance dépôts, l’incomplétude des marchés …nanciers et la myopie des investisseurs
face au risque. Aussi, l’instabilité …nancière est souvent associée à la dérégulation …nancière,
à l’expansion sans contrôle du crédit, et à une forte proportion des crédits étrangers. Les
causes de l’instabilité …nancière ne se limitent pas uniquement à la sphère …nancière :
Henry (2004) identi…e la non soutenabilité des politiques macroéconomiques, la fragilité
du système …nancier, la faiblesse institutionnelle et les imperfections dans la structure des
18
Cette vision rejoint celle de Mishkin (1978) qui estime que le déclin de la liquidité des consommateurs
(consécutif au re‡ux de fonds compte tenu de la faillite de certaines entreprises) met en danger leur
solvabilité et les poussent à réduire leurs achats.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 182
Bien que les facteurs ci-dessus cités contribuent essentiellement au déclenchement des
crises, dans la littérature contemporaine, de nombreux auteurs mettent l’accent sur le fait
que l’instabilité …nancière et la récurrence des crises proviennent de la libéralisation …nan-
cière. En e¤et, la libéralisation …nancière, au lieu d’entraîner le développement …nancier
qui engendrera la croissance économique peut dégénérer en instabilité …nancière dans cer-
tains cas. De nombreuses études fournissent l’évidence empirique du lien surprenant entre
la libéralisation …nancière et la récurrence des crises19 .
rendent endogène le développement …nancier, ils trouvent que son impact net sur la crois-
sance à travers les variables “Bank assets”et “Central bank”est respectivement de 0,297%
et de 0,127%. En…n, Demirgüç-kunt et Detragiache (1999) montrent que les deux e¤ets se
compensent dans les pays qui libéralisent leur système …nancier à partir d’une situation
positive des taux d’intérêt, tandis que ceux qui débutent à partir d’une situation …nancière
quasi réprimée terminent par des crises bancaires. Ainsi, Demirgüç-kunt et Detragiache
(1999) plaident pour une libéralisation graduelle accompagnée par un développement ins-
titutionnel.
Kaminsky et Reinhart (1999) dans une analyse empirique des crises jumelles trouvent
que la libéralisation …nancière et l’augmentation des possibilités d’accès au marché inter-
national des capitaux jouent un rôle majeur dans les premières phases du déclenchement
des crises jumelles. Plus précisément, en examinant les sources de 76 crises de change et de
26 crises bancaires, ils trouvent que les crises bancaires et de change sont très liées après la
libéralisation …nancière (ce qui n’est pas le cas lorsque les crises surviennent avant la libé-
ralisation …nancière, dans les années 70 par exemple), avec le fait que les crises bancaires
débutent avant les crises de change. De plus, ils trouvent qu’au niveau de plus de 20 pays,
la libéralisation …nancière est antérieure aux crises bancaires et aux crises de change23 .
Des résultats semblables sont obtenus par Bon…glioli & Mendicino (2004) qui utilisent
pratiquement la même approche que Demirgüç-kunt & Detragiache (1999) et Kaminsky &
Reinhart (1999), et trouvent par ailleurs à partir d’un échantillon de 90 pays sur la période
1975-1999 que les crises bancaires ont des conséquences sévères en terme de croissance dans
les pays qui ont des institutions très peu développées.
La quanti…cation de l’instabilité …nancière est quasiment absente dans les travaux de
Demirgüç-kunt & Detragiache (1999) et Kaminsky & Reinhart (1999) puisque les crises ne
sont appréhendées que par leur date de survenance à travers des variables dichotomiques ;
ce qui ne permet pas toujours d’évaluer l’ampleur des di¤érentes crises …nancières ou de
réaliser des comparaisons.
Une brève recherche sur le rôle de l’instabilité …nancière dans la relation entre la …-
nance et la croissance montre que le sujet a été très peu discuté dans la littérature. Les
23
Il serait intéressant de noter que la contribution de Kaminsky et Reinhart (1999), bien que fournissant
l’évidence que la libéralisation …nancière contribue à la fragilisation des systèmes …nanciers, ne mesure pas
l’impact de cette dernière sur la croissance économique.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 184
deux travaux qu’on retrouve et qui traitent de cette question en combinant l’e¤et néga-
tif de l’instabilité …nancière et l’e¤et favorable du développement …nancier sont ceux de
Guillaumont et Kpodar (2006) et de Loayza et Rancière (2006). Si la majorité des travaux
s’accordent sur le fait qu’il existerait une relation positive entre la …nance et la croissance,
le consensus semble également être établi sur le lien négatif entre l’instabilité …nancière et la
croissance. Si on sait que le développement …nancier est souvent à associé à de l’instabilité,
le choix d’une politique de croissance basée sur le secteur …nancier devient discutable.
En e¤et, la littérature économique montre que les périodes de crise …nancière sont
souvent précédées d’expansion du crédit à l’économie qui se traduit par une hausse des
indicateurs de développement …nancier. La plupart des modèles théoriques qui prennent
en compte la fragilité …nancière dans l’évaluation de l’impact du développement …nancier
sur la croissance montrent à long terme une relation positive et une relation négative à
court terme. Cet impact négatif à court terme est lié à l’instabilité …nancière, à la vola-
tilité des marchés boursiers et à la récurrence des crises bancaires. Ce qui signi…e que le
développement …nancier n’est pas seulement porteur de croissance économique mais aussi
d’instabilité …nancière. Cet aspect a été pris en compte par Loayza et Rancière (2006) qui
intègrent à l’analyse du lien entre la croissance économique et le développement …nancier
la fragilité …nancière sur un échantillon de 82 pays de 1960 à 2000.
Les résultats obtenus par ces derniers suggèrent une relation positive entre la …nance et
la croissance à long terme contre une relation négative à court terme. Loayza et Rancière
(2006) estiment que cet impact di¤érencié de la …nance sur la croissance en fonction de
l’horizon est fortement lié à la fragilité …nancière qu’ils mesurent à travers la récurrence
des crises …nancières (nombre de crises …nancières que connaît chaque pays sur la période
1960-2004) et la volatilité de l’indicateur de développement …nancier (écart-type du taux de
croissance de la variable de développement …nancier). Ils réalisent une étude de sensibilité
qui révèle que les pays qui ont une fréquence de crises bancaires élevée sur la période d’étude
sont caractérisés par un impact négatif élevé à court terme du développement …nancier sur
la croissance économique. Ce constat est également véri…é pour les pays à forte volatilité
de l’indicateur de développement …nancier.
A l’aide de l’estimateur des GMM système, ils trouvent en intégrant les variables de
fragilité …nancière dans chaque régression que cette dernière a¤ecte défavorablement aussi
bien la croissance économique, que la relation entre la …nance et la croissance. Ainsi, le
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 185
Jayaratne et Strahan (1996) trouvent que la dérégulation du système bancaire aux Etats-
Unis a amélioré la qualité des prêts25 , qui à son tour a encouragé l’accumulation du capital.
Des résultats semblables sont obtenus par Romero De Avila Torrijos (2003) pour l’Union
Européenne, et Guiso et Zingales (2002) pour l’Italie.
Wurgler (2000) montre que les marchés …nanciers améliorent l’e¢ cacité de l’allocation
du capital, puisque le développement …nancier accroît le niveau d’investissement dans les
industries qui ont de bonnes perspectives de croissance comparativement à celles qui sont
en déclin. Il trouve également que l’e¢ cience de l’allocation du capital est négativement
corrélée à la prépondérance de l’Etat dans l’économie et positivement associée à la précision
de l’information spéci…que sur les …rmes côtées en bourse et au degré de protection des
actionnaires minoritaires. Les résultats de Wurgler (2000) sont con…rmés par les travaux de
Galindo, Schiantarelli et Weiss (2007), qui montrent que la libéralisation …nancière améliore
l’allocation de l’investissement, c’est-à-dire accroît l’investissement dans les …rmes qui ont
les plus fortes rentabilités du capital.
A…n de fournir des informations sur les mécanismes par lesquels le développement
…nancier a¤ecte la croissance, Beck, Demirguc-Kunt, Leaven et Levine (2004, 2005) appro-
fondissent le débat en véri…ant si le développement …nancier favorise plus la croissance des
petites …rmes que des grandes en utilisant l’approche développée par Rajan et Zingales
(1998)28 . Pour ce faire, ils dé…nissent la taille des …rmes d’une industrie comme une me-
sure spéci…que de la technologie de production en incluant l’intensité capitalistique et les
économies d’échelle. L’étude couvre la période 1980-1990 et porte sur 36 industries dans 44
pays. Les résultats indiquent que les petites …rmes croissent plus vite que les grandes dans
une économie qui connaît une amélioration de l’intermédiation …nancière ; ce qui explique
la forte croissance des industries organisées sur la base de petites …rmes comparativement
à celles organisées sur les grandes …rmes.
En s’inspirant également de l’approche de Rajan et Zingales (1998), Fisman et Love
(2004) montrent que le développement …nancier n’a¤ecte pas les entreprises qui dépendent
du …ancement externe à court et moyen termes, mais facilite la réallocation des ressources
dans les industries qui ont de bonnes opportunités de croissance. Cependant, ils trouvent
qu’à long terme, les économies …nancièrement développées seront dépendantes du …nance-
ment externe. Ce qui rejoint les résultats obtenus par Rajan et Zingales (1998). Demirgüç-
kunt et Maksimovic (1998) montrent par ailleurs que le développement des marchés bour-
siers cumulé avec un environnement légal et institutionnel stable sont souvent associés à
une croissance des …rmes qui ont recours à des …nancements externes à long terme. Les
27
Cependant, contrairement à Rajan et Zingales (1998), Claessens et Laeven (2005) montrent que la
croissance des industries qui dépendent du …nancement externe n’est ni liée à la taille du système …nancier,
ni à la concentration bancaire, mais est fortement assujettie à l’intensité de la concurrence bancaire. Plus
la concurrence bancaire est forte, plus élevée est la croissance enregistrée par les industries qui ont recours
au …nancement externe.
28
L’approche Rajan et Zingales (1998) consiste entre autres à calculer un indicateur de développement
…nancier ajusté qui est égal au produit de la part du …nancement externe de la …rme j par l’indicateur
de développement …nancier traditionnel du pays k (où la …rme j est implantée). Beck et al. (2004, 2005)
remplacent dans la régression de Rajan et Zingales (1998) la part de …nancement externe par celle de
…rmes de petites tailles dans l’industrie j.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 188
résultats obtenus par Love (2003) suggèrent également que le développement …nancier ré-
duit la contrainte …nancière pour les …rmes, facilite l’accès au …nancement externe, o¤re de
bonnes opportunités d’investissement, améliore l’allocation du capital et stimule la crois-
sance. Les conditions indispensables à la croissance des …rmes ont été identi…ées par Carlin
et Mayer (2003) à travers une étude réalisée sur un échantillon de 27 industries dans les
pays de l’OCDE. Ils trouvent qu’une bonne transparence de l’information et un environ-
nement caractérisé par une concentration de l’actionnariat facilitent le …nancement par
actions et améliorent la valeur ajoutée des …rmes, tandis que la concentration bancaire
a¤ecte négativement la croissance. Des résultats semblables ont été obtenus par Henchiri
et Pollin (2008).
Toutefois, il faut noter que la critique qu’a suscitée la théorie du droit de la …nance
a été à la hauteur de son retentissement. Le premier problème que pose cette théorie se
accordent aux droits de propriété privée par rapport à ceux des pouvoirs publics a¤ecteraient le dévelop-
pement des marchés …nanciers ; quant au mécanisme d’adaptation, il stipule que les systèmes …nanciers les
plus évolutifs, c’est-à-dire les systèmes qui s’adaptent rapidement aux conditions socio-politiques sont plus
aptes à promouvoir le développement …nancier de manière plus e¢ cace que les systèmes rigides. Il serait
intéressant de faire remarquer que les deux mécanismes sont interdépendants.
30
Des résultats identiques à ceux de Levine et Beck (2000) ont été obtenus par Levine (1999).
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 190
situe au niveau de la classi…cation des systèmes juridiques, compte tenu du fait que les
règles de droit et leurs applications changent peu au cours du temps. En e¤et, si l’origine
légale qui a¤ecte l’importance des marchés boursiers ne varie pas dans le temps, alors
son utilisation comme variable instrumentale pour régler les problèmes d’endogénéité n’est
pas possible lorsqu’on e¤ectue une analyse sur données de panel prenant en compte la
dimension temporelle.
Aussi, la théorie du droit de la …nance ne permet pas d’expliquer pourquoi le Japon,
la Corée et le Taiwan, des pays dont l’origine légale relève du droit français et germanique
ont de nos jours des niveaux de développement …nancier comparables à ceux des pays dont
l’origine légale relève du common law (comme la Malaisie, la Thaïlande, Hong Kong et Sin-
gapour). Beck et Levine (2003a) font également remarquer que les mécanismes politiques
et adaptatifs faisant partie intégrante de la théorie du droit de la …nance, fournissent des
résultats contradictoires lorsqu’on compare les systèmes juridiques français et germanique.
En…n, pour Rajan et Zingales (1999, 2003), mis à part la Grande-Bretagne, tous les pays
développés ont en 1913 des niveaux de développement …nancier semblables, indépendam-
ment de leur origine légale. Ainsi, les deux auteurs ajoutent que, compte tenu du fait que
le développement …nancier varie dans le temps et selon les pays, il ne pourra être expliqué
uniquement par une origine légale constante, mais plutôt par les contextes politiques qui
traduisent le soutien à la croissance des institutions …nancières et des groupes d’intérêt31 .
La présente section est consacrée à une évaluation empirique sur données de panel de
la relation entre le développement …nancier et la croissance économique. Elle s’inscrit non
seulement dans la suite des travaux de Beck, Levine et Loayza (2000) et Rioja et Valen
(2002), mais aussi prend en compte l’instabilité du développement …nancier à l’instar de
Loayza et Rancière (2006) et Guillaumont et Kpador (2006).
L’originalité de cette démarche réside d’une part dans la réconciliation de l’analyse de
l’impact du développement …nancier et de son instabilité sur la croissance économique,
31
Il faudrait à toutes …ns utiles signaler que cette revue de littérature n’est pas exhaustive, et que certains
aspects empiriques de la relation entre la …nance et la croissance restent occultés.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 191
La présente étude couvre la période de 1960 à 2004 et porte sur un panel constitué
de 71 pays aussi bien développés qu’en développement. Les variables …nancières utilisées
sont celles qu’on rencontre couramment dans la littérature sur le sujet. Les variables de
contrôle (le taux d’in‡ation, le degré d’ouverture, le capital humain et le taux des dépenses
gouvernementales) sont utilisées non seulement pour tenir compte des spéci…cités indivi-
duelles des pays mais aussi pour évaluer l’impact de l’environnement macroéconomique sur
la croissance économique. Nous introduisons accessoirement dans l’équation le niveau ini-
tial du PIB de chaque pays pour tester l’hypothèse de convergence (la beta convergence).
Trois types d’indicateur de développement …nancier sont utilisés : des indicateurs mesu-
rant la taille du système …nancier (BANK, DEP et CENT), un indicateur d’intermédiation
…nancière (PRIV) et un indicateur évaluant la profondeur du système …nancier (LIQ).
services …nanciers fournis par les intermédiaires …nanciers. Il traduit simplement le fait que
les banques commerciales sont plus aptes à identi…er les investissements rentables, à réaliser
un meilleur monitoring, à faciliter la gestion du risque et la mobilisation de l’épargne que
les Banques Centrales. L’indicateur BANK mesure la taille relative32 du système …nancier.
En ce qui concerne les autres indicateurs, il faut signaler que le calcul des ratios des
indicateurs de développement …nancier au PIB pose des problèmes de cohérence temporelle
puisque les deux catégories de variables ne sont pas mesurées sur la même période. En e¤et,
le PIB est une variable de ‡ux donc mesuré sur toute l’année, tandis que les indicateurs
…nanciers sont des variables de stock et par conséquent mesurés à la …n de l’année. Pour
régler ce problème, on prend la moyenne sur deux périodes de l’indicateur de développement
…nancier dé‡até par l’indice des prix à la consommation correspondant, qu’on rapporte au
PIB dé‡até par l’indice moyen annuel des prix à la consommation. On obtient la formule
suivante utilisée par Beck et Demirgüç-Kunt, et Levine (1999) pour calculer les ratios de
développement …nancier :
Ces deux précédents indicateurs mesurant la taille absolue du système …nancier four-
nissent la contribution de la Banque Centrale et des banques de second rang dans le produit
intérieur brut. Tandis que les indicateurs de mesure de la taille du système …nancier ne
distinguent pas si les créances des intermédiaires …nanciers sont sur le secteur public ou le
secteur privé, l’indicateur suivant PRIV se concentre sur les créances sur le secteur privé.
-PRIV est le rapport entre le montant de crédit accordé aux entreprises privées par
les banques de second rang et le PIB. Cet indicateur de développement …nancier mesure
le degré d’intermédiation de l’économie. En excluant le secteur public, cet indicateur met
en évidence la proportion des ressources consacrée aux investissements privés. Comme on
peut le remarquer, le ratio PRIV représente une partie du ratio DEP. Le dernier indica-
teur de développement …nancier utilisé dans cette thèse est une mesure de la liquidité de
l’économie :
-LIQ est le rapport du passif liquide de l’économie au PIB. Cet indicateur prend en
compte la masse monétaire (M 2) et le passif liquide des institutions …nancières. Le passif
liquide est une mesure de la “profondeur …nancière” ou de la taille globale du système
…nancier34 .
De façon générale, les deux indicateurs les plus utilisés dans la littérature pour mesurer
le développement …nancier, sont le rapport au PIB soit des passifs liquides ou M 3 (ou
parfois M 2), que nous avons appelé (LIQ), soit des crédits accordés par les intermédiaires
…nanciers (hors banque centrale et agences gouvernementales) au secteur privé (PRIV),
puisque ces statistiques ont l’avantage d’être disponibles pour de nombreux pays en dé-
veloppement sur une longue période. En e¤et, ces deux indicateurs n’ont pas la même
signi…cation. Le premier a l’avantage de part sa généralité de prendre en compte l’e¤et sur
le développement de la monétarisation de l’économie (réduction des coûts de transaction,
e¤et de conduit selon Mac Kinnon, 1973). Le second, parce qu’il exclut le crédit au secteur
public, rend compte plus précisément du rôle des intermédiaires …nanciers dans le …nance-
ment des secteurs productifs. Mais, ces indicateurs sont partiels puisqu’ils laissent de côté
34
A titre illustratif et a…n de faciliter la compréhension des di¤érents ratios de développement …nancier,
on peut remarquer que la structure du bilan des banques de second rang et des banques centrales se
présente comme suit : les banques de second rang ont à leur actif les billets, les réserves obligatoires, les
réserves libres et les crédits accordés aux secteurs non …nanciers et à leur passif les dépôts, les comptes
sur livrets et les titres. En ce qui concerne les banques centrales, elles ont à l’actif l’or et les devises, les
avances au trésor, les titres publics et privés et au passif les comptes créditeurs des institutions …nancières,
et les billets.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 194
le …nancement par le marché …nancier qui commence à être de plus en plus important dans
certains pays en développement.
-La variable endogène GROWTH, le taux de croissance du PIB par tête au prix de
référence de 1996 est la variable utilisée pour mesurer la performance économique. On
peut toutefois aussi utiliser le taux de croissance de l’investissement brut, du capital ou du
revenu ; soit le ratio de l’investissement au PIB. A priori nos estimations ne sou¤rent pas
de biais de variables omises, puisque nous utilisons une batterie de variables de contrôle
couramment rencontrées dans la littérature sur le sujet, qui permettent de prendre en
compte les spéci…cités de chaque pays :
-EDUC est l’indicateur de capital humain. Il est évalué par le nombre moyen d’années
de scolarisation de la population de plus de 25 ans35 .
-POP est le taux de croissance de la population.
-GOV est le ratio de dépenses gouvernementales au PIB.
-OPEN, le degré d’ouverture de l’économie est mesuré par le ratio des exportations et
des importations au PIB.
-INFL est le taux d’in‡ation calculé à partir de l’indice de prix à la consommation. Il
faut cependant noter qu’il peut également être calculé à l’aide du PIB dé‡até.
L’idée étant que si le développement …nancier était stable, il serait caractérisé par une
tendance cyclique qui a une variabilité faible ; par conséquent, nous supposons que la forte
volatilité de la composante cyclique du développement …nancier est synonyme d’instabi-
lité …nancière. Par exemple, une augmentation brusque du ‡ux d’entrée non anticipé de
la liquidité va entraîner une forte variabilité de la composante cyclique de l’indicateur de
développement …nancier correspondant. La même situation est observable en cas de re-
‡ux massif de liquidité. Nous décomposons les variables de développement …nancier en
composante cyclique et déterministe à l’aide du …ltre d’Hodrick et Prescott36 . L’indicateur
d’instabilité …nancière correspond à l’écart-type de la composante cyclique de la variable
de développement …nancier. Lorsque nous travaillons sur des données inter-individuelles
(estimateur “between”) ou sur panel où les données sont prises à des intervalles d’ampli-
tude septennale, il su¢ t simplement de calculer les écarts-types sur les périodes considérées.
Cet indicateur d’instabilité …nancière mesure de la même manière une instabilité …nancière
liée à une ‡uctuation à la hausse ou à la baisse du développement …nancier. Par contre
sur données de panel d’amplitude annuelle, nous calculons l’instabilité …nancière sur des
fenêtres glissantes de 5 ans ; par conséquent, nous perdons les 5 premières observations.
Ce cas de …gure n’interviendra qu’au niveau du chapitre 6 (estimation sur PSTR “Pa-
nel Smooth Threshold Regression”) quand l’indicateur d’instabilité …nancière sera pris en
36
On peut toutefois utiliser d’autres …ltres pour l’extraction de la composante cyclique du développement
…nancier à savoir : le …ltre de Baxter-King et le …ltre de Christiano-Fitzgerald. Le programme (macro)
utilisé pour réaliser la décomposition à l’aide du …ltre HP est celui élaboré par Ladiray (2001). Le paramètre
de lissage a été …xé à 100 puisque nous travaillons sur des données à fréquence annuelle. La macro est
disponible en libre accès à l’adresse suivante : http ://www.unige.ch/ses/sococ/eda/sas/welcome.html.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 196
compte. L’analyse descriptive des variables d’instabilité …nancière et la relation entre ces
dernières et le taux de croissance, de même que le lien avec les variables de développement
…nancier sont présentés en annexes 1 et 2 du présent chapitre.
Le paragraphe suivant présente l’analyse de la statistique descriptive sur les variables
de développement …nancier et sur le taux de croissance économique.
Les tableaux 4.1 et 4.2 présentent respectivement les statistiques descriptives et les
corrélations entre les variables …nancières et le taux de croissance économique. Comme on
peut le remarquer, le taux de croissance économique moyen de l’échantillon sur la période
d’étude (1960-2004) est de 1,90% ; la valeur minimale moyenne du taux de croissance est
enregistrée en Sierra Léone (-1,32%), tandis que le maximum est en Thaïlande (4,77%). En
ce qui concerne les indicateurs de développement …nancier, la Suisse enregistre les valeurs
maximales pour la prépondérance des banques de second rang par rapport à la banque
centrale (98,97%), le rapport entre l’actif des banques de second rang et le PIB (139,20%)
et le ratio de crédit au secteur privé (126,66%). Le niveau de liquidité le plus élevé est
enregistré au Japon (137,66%). Par contre Haïti a enregistré la valeur la plus faible de
la variable BANK (28,63%), la Sierra Leone, le plus faible niveau de crédit à l’économie
(4,63%), le Rwanda, la plus faible valeur du ratio de l’actif des banques de second rang au
PIB (6,31%) et en…n El Salvador la plus faible liquidité du secteur bancaire (8,72%). En ce
qui concerne la variable CENT, sa valeur moyenne la plus faible est obtenue aux Pays-Bas
(0,77%) et la Syrie enrégistre la valeur la plus élevée (33,78%)37 .
En ce qui concerne la relation entre les variables, on remarque qu’il y a une corréla-
tion positive et signi…cative dans la plupart des cas entre les variables de développement
…nancier et le taux de croissance économique. Aussi, une forte corrélation positive et signi-
…cative est observée entre les variables de développement …nancier. Par contre, la variable
37
Ce dernier résultat con…rme la conjecture faite précédemment selon laquelle, la variable CEN T peut
être un indicateur de sous-développement …nancier et donc devra enregistrer sa valeur la plus élevée dans
les pays sous-développés, caractérisés par une forte répression …nancière.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 197
CENT a¢ che une corrélation négative avec les autres indicateurs de développement …nan-
cier. Quant à l’in‡ation, elle est négativement corrélée avec le taux de croissance, et avec
toutes les variables …nancières (sauf la variable CENT). On peut donc dire que les résultats
obtenus à l’issue de l’analyse de corrélation entre les di¤érentes variables corroborent la
thèse de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), dans la mesure où les indicateurs de dévelop-
pement …nancier sont positivement corrélés avec le taux de croissance économique, tandis
qu’une corrélation négative est observée avec les variables de répression …nancière (CENT
et INFL)38 .
Comme on peut le remarquer sur les …gures (4.1, 4.2, 4.3, 4.4 et 4.5), les droites de
régression qui matérialisent la relation entre le taux de croissance économique et le déve-
loppement …nancier ont des pentes positives, témoignant de la relation positive entre les
deux variables. Par contre, la pente de la droite de régression de la variable CENT sur le
38
Pour plus de détails sur les statistiques descriptives des variables et l’analyse de corrélation, se référer
aux tableaux 4.15 et 4.16 situés en annexe du présent chapitre (annexe 1).
39
Les équations des di¤érentes régressions sont les suivantes : GROW T H = 0:688 + 0:031 BAN K ;
GROW T H = 0:385+0:033 LIQ ; GROW T H = 0:618+0:029 DEP ; GROW T H = 0:754+0:032 P RIV ;
GROW T H = 1:935 0:020 CEN T ; il faudra signaler que tous les coe¢ cients directeurs sont signi…catifs
au seuil d’erreur de 1% à l’exception de celui de la variable CEN T qui reste largement non signi…catif.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 198
GROWTH 1
BANK 0.2850 1
(0:0160)
LIQ 0.5302 0.5472 1
(< :0001) (< :0001)
CENT -0.0580 -0.7717 -0.1809 1
(0:6306) (< :0001) (0:1310)
DEP 0.5117 0.6527 0.9071 -0.2801 1
(< :0001) (< :0001) (< :0001) (0:0180)
PRIV 0.4851 0.6631 0.8711 -0.3549 0.9730 1
(< :0001) (< :0001) (< :0001) (0:0024) (< :0001)
INFL -0.2313 -0.3547 -0.3825 0.2267 -0.3552 -0.3484 1
(0:0522) (0:0024) (0:0010) (0:0572) (0:0024) (0:0029)
Notes : La statisque calculée ici correspond au coe¢ cient de corrélation de Pearson. Les coe¢ cients de
corrélation sont calculés à partir des moyennes individuelles et non sur des données de panel. Les valeurs
entre parenthèses sont les p-values du test de signi…cativité des coe¢ cients de corrélation.
JPN
IRL
LKA
MUSPRT
CYP
GRC
NOR
GHA IND
PAKPAN AUT
EGY MARDOM ITA ISL
ISR BEL FRA
FIN
USA
CAN
CHL DNK AUS GBR
NLD
SYR SWE
2
COL BRB
IRN CRI TTO
PRYECU PHLNZL ZAF CHE
ETH NPL
URY SLV GTM CIV
ARG HND PER
BFA
BOL
RWA JAM GMBGAB
BDI VEN
HTI NGA KEN
0
TGO
SEN
NER
MDG SYC
SLE
-2
20 40 60 80 100
bank
IRL JPN
LKA
PRTMUS CYP
GRC
GHA NOR
IND
DOM ISL PANPAKFIN MARAUT EGY
BELITA
ISR FRA
USA
CAN
CHL AUS
SYRDNK GBR
SWE NLD
2
COL BRB
CRI TTO
PHL IRN CHE
PRY
ECU
NPL ZAF NZL
ETH
SLV GTM
PERCIV URY
RWABFA
ARG
GAB HND JAM
GMB
BOL
BDINGA VEN
HTI KEN
0
TGO
SEN
NER
MDG SYC
SLE
-2
30 60 90 120
liq
IRL JPN
LKA
MUS
CYP PRT
GRC
NOR
AUT ISL DOM IND PAK GHA
PAN EGY
FRA BEL
FIN ISRITA
MAR
USA
CAN
GBR
NLD AUS DNK CHL
SWE SYR
2
BRB
COL
TTO CRI IRN
CHE PHL
ZAF NZL PRY NPL
ECU
ETH
SLVGTM URY
CIV
PER
BFAGABRWA
HNDARG
GMB JAM
BOL
VEN BDI
KEN NGA HTI
0
TGO
SEN
NER
SYC MDG
SLE
-2
10 20 30
cent
THA
MYS SGP
4
IRL JPN
LKA
MUS CYP PRT
GRC
GHA DOM IND PAK NOR
MAR ISLEGY
PANFIN BEL
ISRITA AUT
FRA
CAN USA
SYR CHL AUS
SWEDNK GBR NLD
2
COL BRB
PRY CRIIRN TTO
ECU PHL NZL ZAF CHE
NPLETH
SLV GTM URY
CIV
RWABFA PERARG
GAB
HNDJAM
GMB
BOL
BDINGA VEN
HTI KEN
0
TGO
SEN
NER
MDG SYC
SLE
-2
30 60 90 120
dep
THA
MYS SGP
4
IRL JPN
LKA
MUS CYP PRT
GRC
GHA DOM NOR
INDPAK
EGY BEL ISL PANFIN ITA AUT
MAR ISR FRA
CAN USA
SYR CHL AUS
SWEDNK GBRNLD
2
TGO
SEN
NER
SYC
MDG
SLE
-2
30 60 90 120
priv
Fig. 4.6 –Développement …nancier et croissance économique par groupe de pays suivant
le niveau moyen de revenu entre 1960-2004.
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
BANK LIQ CENT DEP PRIV GROWTH
taux de croissance économique est non signi…cative ; ce qui va dans le même sens que les
résultats de la table de corrélation, où on a une relation non signi…cative entre la variable
CENT et le taux de croissance économique.
Compte tenu de la forte hétérogénéité qui peut exister au sein de l’échantillon, liée
aux divergences des caractéristiques individuelles et aux di¤érences dans les niveaux de
développement et de revenu, nous nous proposons de comparer le niveau des variables de
développement …nancier entre des groupes de pays plus ou moins homogènes. Pour ce faire,
la répartition des pays choisie est celle des classes de pays suivant le niveau de revenu. Trois
catégories sont identi…ées : les pays à faible revenu, les pays à revenu moyen et les pays à
revenu élevé40 .
La …gure 4.6 ci-dessus montre que le développement …nancier est plus élevé dans les
pays à revenu élevé que dans les pays à faible revenu. Aussi, le niveau moyen de la variable
40
Voir le tableau 4.26 de l’annexe pour une classi…cation des pays de l’échantillon suivant le niveau de
revenu selon les critères de la Banque Mondiale (2006).
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 202
CENT se révèle être plus faible dans les pays développés que dans les pays à revenu faible.
En ce qui concerne le taux de croissance économique, nous remarquons que son niveau
moyen sur la période d’étude (1960-2004) est plus élevé dans les pays à revenu élevé que
dans les pays à faible revenu. Ce résultat est contraire à l’hypothèse de convergence absolue
selon laquelle le taux de croissance doit être plus élevé dans les pays en développement que
dans les pays développés. Toutefois, il faudra faire remarquer que cette situation se traduit
par le fait que la période d’étude inclut les trente glorieuses au cours desquelles, les pays
développés ont réalisé une croissance économique exceptionnellement élevée. Ces résultats
rejoignent ceux de Pritchett (1997) qui montre que depuis 1970, on oberve une divergence
entre les pays à revenu faible et les pays à revenu élevé, dans la mesure où la croissance
des seconds reste très élevée alors celle des premiers est encore insu¢ sante pour favoriser
le rattrapage.
L’origine juridique est dé…nie suivant la vision de La Porta et al. (1997, 1998) et en
référence à la classi…cation de Djankov et al. (2007, 2008). Ces auteurs montrent que le
développement …nancier d’un pays peut s’expliquer par les règles et les lois qui régissent
41
L’estimateur “between” permet souvent d’obtenir des e¤ets de long terme, alors que l’estimateur
“within” fournit des e¤ets de court terme (Baltagi et Gri¢ n, 1984). Cependant, Pirotte (1999) montre
que l’estimateur “between”converge vers l’estimateur de long terme si la dimension individuelle tend vers
l’in…ni.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 203
les contrats …nanciers et renvoient donc à l’origine de son système juridique. De plus de
nombreux travaux fournissent l’évidence selon laquelle, le système juridique d’origine “com-
mon law”serait plus porteur de développement …nancier et de croissance économique que
les pays dont l’origine légal est de type “civil law”. Nous distinguons ici trois grandes
catégories d’origine légale : le système juridique d’origine “common law”, le système juri-
dique d’origine “civil law”et les systèmes juridiques “droit civil scandinave”et “droit civil
germanique”, que nous mettons dans la catégorie “AUTRES”. Ces systèmes juridiques
hérités du cadre juridique romain relèvent de longues dates42 et peuvent être considérés
comme exogènes au système économique et …nancier, d’où leur utilisation comme variables
instrumentales du développement …nancier pour régler les problèmes d’endogénéité.
fournit des résultats un peu controversés. L’hypothèse nulle d’égalité des moyennes entre
les trois groupes de pays suivant l’origine légale (ENGLISH, FRENCH, et AUTRES) est
rejetée ; donc on peut à priori conclure à une di¤érence au niveau du développement …-
nancier entre les pays dont les systèmes juridiques sont d’origine “common law”, “civil
law”, et droit civil germanique et scandinave. Cependant, lorsqu’on focalise l’analyse sur
la comparaison entre les pays d’origine légale “common law” et “civil law”, l’hypothèse
nulle ne peut être rejetée qu’au niveau de la variable LIQ. Ce dernier résultat permet
d’émettre des doutes quant à la supériorité du système juridique “common law”en terme
de développement …nancier par rapport au système juridique “civil law”.
Notes : ENGLISH = Common law (27 pays), FRENCH = Code civil (36 pays), AUTRES =
Systèmes légaux d’origine germanique et scandinave (8 pays). E = moyenne des pays common law ;
F = moyenne des pays civil law ; A = moyenne des pays dont les systèmes légaux sont d’origine
germanique et scandinave. Les statistiques de Fisher sont présentées pour les tests d’analyse de variance
(ANOVA). signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%. A…n de contrôler le seuil de risque lié à la réalisation des tests d’hypothèse
simple d’égalité entre E et F , nous comparons la p-value des statistiques de Fisher au seuil d’erreur
de 5%/3. Les valeurs entre crochets sont les p-values.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 205
L’analyse précédente est approfondie en examinant lequel des systèmes juridiques est
plus porteur de développement …nancier. Pour ce faire, nous estimons le développement
…nancier à partir des variables dummy de l’origine légale ; l’origine légale de type scandinave
et germanique est mise en référence et par conséquent, son e¤et est captée par la constante.
A l’instar de Levine et al. (2000), nous contrôlons la régression par le niveau initial du PIB
par tête. Les résultats présentés dans les tableaux 4.4 et 4.5 montrent que les systèmes
légaux d’origine germanique et scandinave sont plus porteurs de développement …nancier.
Dans le même temps, le code civil est moins favorable au développement …nancier que
le “common law”et les systèmes juridiques germanique et scandinave. Aussi, comme chez
Levine et al. (2000), lorsque la régression est contrôlée par le niveau initial du PIB par tête,
les résultats deviennent moins signi…catifs. Ces résultats permettent également de conclure
qu’en moyenne, l’origine légale contribue signi…cativement à l’explication des variabilités
au niveau du développement …nancier entre les pays.
La relation entre la …nance et la croissance suivant l’origine légale est ensuite étudiée au
moyen de simples régressions linéaires. Nous discrétisons chaque variable de développement
…nancier suivant l’origine légale dans l’équation de croissance. Le tableau 4.6 présente
les résultats des régressions réalisées à partir de l’estimateur “between”. Ces résultats
suggèrent que la relation entre la …nance et la croissance est plus forte dans les pays
de type “common law” que ceux de type “civil law”, ou d’origine juridique scandinave
ou germanique. Aussi, malgré le niveau moyen de développement …nancier relativement
élevé dans les pays de type germanique et scandinave, et la forte contribution de l’origine
légale dans la détermination du développement …nancier de ces derniers, la relation entre
la …nance et la croissance semble être plus faible dans ces pays. Toutefois, une remarque
supplémentaire mérite d’être faite en ce qui concerne les résultats obtenus : en e¤et, la
di¤érence entre les coe¢ cients de développement …nancier obtenus suivant l’origine légale
est virtuelle, car elle est non signi…cative au seuil d’erreur de 5%. En d’autres termes les
coe¢ cients de la variable de développement obtenus dans les pays de type “common law”
ne sont pas statistiquement di¤érents de ceux obtenus dans les pays de type “civil law”, ou
d’origine scandinave et germanique. Ainsi, la conclusion selon laquelle la croissance est plus
sensible aux variations du développement …nancier dans les pays d’origine légale “common
law” reste pour le moment fondée sur des bases statistiques fragiles. Dans le paragraphe
suivant, nous évaluons la relation entre la croissance et la …nance, en instrumentant cette
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 206
Notes : La variable endogène est le développement …nancier. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%. ENGLISH = Common law, FRENCH = Code civil, AUTRES = Système
légal d’origine germanique et scandinave est mis en référence et pris en compte dans la constance de
la régression.
Notes : La variable endogène est le développement …nancier. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%. ENGLISH = Common law, FRENCH = Code civil, AUTRES = Système
légal d’origine germanique et scandinave est mis en référence et pris en compte dans la constance de
la régression. PIB INITIAL = logarithme du niveau du PIB en 1960.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 208
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont
les écarts-types. Les t de student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White.
signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur
de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 209
2
corrélées avec le terme d’erreur. Ce test suit une loi de à (r k) degrés de liberté, avec
r le nombre d’instruments et k le nombre de régresseurs (ou coe¢ cients estimés).
On observe dans la plupart des cas que les indicateurs de développement …nancier
sont positivement corrélés à la croissance économique. Plus précisément, une hausse de 1%
du développement …nancier (BANK, LIQ, DEP, PRIV) améliore respectivement le taux
de croissance économique de 1,466%, 1,280%, 1,882% et 1,671%. En ce qui concerne la
variable CENT son impact apparaît comme non signi…catif sur la croissance économique.
Compte tenu des divergences qui caractérisent les di¤érentes études sur le sujet (périodes
d’étude di¤érentes, échantillons di¤érents, diversité au niveau des variables de contrôle), il
n’est pas possible d’obtenir des résultats identiques. Toutefois, c’est la tendance générale
et la signi…cativité des résultats qui constituent les éléments majeurs. A titre d’exemple,
Levine, Loayza et Beck (2000), puis Beck, Levine et Loayza (2000) obtiennent à partir
des régressions inter-individuelles des coe¢ cients qui sont de 3,222 pour l’indicateur de
crédit du secteur bancaire, 2,173 pour la variable mesurant la liquidité de l’économie et
en…n 9,641 pour l’indicateur de prépondérance des banques de second rang par rapport à
la Banque Centrale.
Les résultats obtenus précédemment peuvent donner lieu à des interprétations plus in-
téressantes qui se résument comme suit : prenons par exemple un pays comme la Côte
d’Ivoire dont le niveau moyen sur la période d’étude de la part de crédit alloué au secteur
privé dans le PIB est de 26,33% contre 31,96% pour l’ensemble de l’échantillon. Si ce pays
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 210
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. L’hypothèse nulle du test de Hansen est que les instruments soient non corrélés avec le
résidu. Les valeurs critiques du test de sur-identi…cation de Hansen (2 degrés de liberté) sont : 10%
= 4.61 ; 5% = 5.99. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 211
Cette conception expérimentale, mérite d’être prise avec précaution car elle ignore tous
les autres paramètres de l’environnement macroéconomique, ne tient pas compte de la
conjoncture économique nationale et internationale, ni de la stabilité politique et n’indique
pas comment l’accroissement de la variable de développement …nancier peut être e¤ec-
tué. Toutefois, cet exemple suggère uniquement qu’un changement dans le développement
…nancier peut avoir des répercussions signi…catives sur la croissance économique, toutes
choses étant égales par ailleurs. Dans le paragraphe suivant, nous intégrons l’instabilité
…nancière a…n d’analyser l’interaction de cette dernière sur la relation entre la …nance et
la croissance.
44
Ce résultat est obtenu de la façon suivante : ln(31; 96)-ln(26; 33) = 0; 193 et 0; 193 1; 671 = 0; 324 ; où
1; 671 est le coe¢ cient de la variable P RIV dans l’équation estimée en sur des données inter-individuelles
(tableau 4.7). On obtient l’accroissement supplémentaire du PIB par habitant sur une période de 40 ans
(entre 1960 et 2000) de façon très simple : 0; 324 40 = 12; 952:
45
0,186 est obtenu de la façon suivante : 1,280*[ln (42; 38) ln (36; 65)] ; où 1,280 est le coe¢ cient de la
variable LIQ dans le tableau 4.7.
46
Une analyse semblable a été e¤ectuée par King & Levine (1993b) pour le Zaïre, puis Levine et al.
(2000), et Beck et al. (2000) pour l’Argentine et le Mexique.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 212
Les résultats des estimations prenant en compte l’instabilité …nancière con…rment l’hy-
pothèse selon laquelle, le développement …nancier exerce un e¤et positif sur la croissance
économique. Le premier constat qu’on peut faire à partir des résultats du tableau 4.8 est
que l’instabilité …nancière est sans e¤et sur la croissance économique, dans la mesure où
les coe¢ cients obtenus sont non signi…catifs dans tous les cas. Ensuite, l’examen du coef-
…cient des variables de développement …nancier suite à la prise en compte de l’instabilité
…nancière, révèle que l’e¤et induit de l’instabilité …nancière a¤ecte peu la relation entre la
…nance et la croissance ; plus précisément, on observe une légère baisse de certains coe¢ -
cients des indicateurs de développement …nancier. Ainsi, le tableau 4.8 montre que, suite
à la prise en compte de l’instabilité …nancière, l’e¤et du développement …nancier sur la
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 213
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. L’hypothèse nulle du test de Hansen est que les instruments soient non corrélés avec le
résidu. Les valeurs critiques du test de sur-identi…cation de Hansen (2 degrés de liberté) sont : 10%
= 4.61 ; 5% = 5.99. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 214
croissance économique passe de 1,46% à 1,34% pour la variable BAN K, de 1,28% à 1,19%
pour la variable LIQ, de 1,88% à 1,62% pour la variable DEP , et de 1,67% à 1,49% pour
la variable P RIV ; soit une baisse respective de 7,98%, 7,03%, 13,76% et 10,71% environ47 .
Dans les cas précédents, on remarque clairement que malgré la non signi…cativité de l’in-
stabilité …nancière à long terme, elle amoindrit l’e¤et positif du développement …nancier
sur la croissance économique. En ce qui concerne les coe¢ cients obtenus pour la variable
CEN T , ils sont non signi…catifs dans les deux cas. Ces résultats suggèrent de façon glo-
bale, que le développement …nancier a une incidence positive sur la croissance économique
à long terme, alors que l’e¤et défavorable de son instabilité est négligeable. Toutefois, on
peut remarquer que la baisse du coe¢ cient du développement …nancier, après la prise en
compte de la variable d’instabilité …nancière est peu signi…cative, et les coe¢ cients obtenus
sous les deux régimes (présence et absence d’instabilité) sont proches.
On peut donc avancer que l’instabilité …nancière n’a¤ecte pas le taux de croissance à
long terme ; de même elle a un e¤et relativement faible sur la relation entre la …nance et
la croissance à long terme. On peut donc à priori penser que l’instabilité …nancière n’a
d’incidence qu’à court terme ; toutefois cette assertion reste à véri…er par la suite.
Bien que l’analyse de l’impact des variables de contrôle sur la croissance économique ne
soit pas l’objet de cette étude, il faut signaler au passage que l’hypothèse de convergence
conditionnelle est véri…ée (au sens de la beta-convergence) dans la plupart des cas compte
tenu du coe¢ cient négatif du niveau du PIB initial. En ce qui concerne le taux d’in‡ation,
nous remarquons que son impact sur la croissance économique est signi…cativement négatif.
L’accroissement de la part des dépenses gouvernementales dans le PIB bien qu’ayant un
coe¢ cient négatif, se révèle être sans e¤et signi…catif ; aussi l’indicateur de mesure des
échanges commerciaux a un impact non signi…catif sur la croissance économique. En ce qui
concerne la variable mesurant le nombre moyen d’années de scolarisation de la tranche de la
population de plus de 25 ans, on constate qu’elle est positivement associée à la croissance
économique dans tous les cas ; ce qui signi…e que les investissements en capital humain
sont béné…ques pour la croissance à long terme. Ces résultats restent conformes à ceux
obtenus dans la plupart des études qui utilisent des variables de contrôle dans l’évaluation
47
Loayza et Rancière (2006) trouvent que l’e¤et induit de la fragilité …nancière implique une baisse de
l’impact du développement …nancier de l’ordre de 6,6% pour l’indicateur de volatilité …nancière et une
augmentation de 1,3% pour l’indicateur de la récurrence des crises. Ces résultats sont obtenus à partir des
estimations sur panel dynamique, et par conséquent, ne permettent pas de faire de bonnes comparaisons
avec les résultats ci-dessus qui sont issus des régressions sur des moyennes individuelles.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 215
Bien que les résultats précédents révèlent l’existence d’une relation positive entre la
…nance et la croissance, il serait intéressant de tester leur sensibilité en reprenant les
mêmes régressions mais en utilisant le niveau moyen de développement …nancier par sous
de groupes de pays plus ou moins homogènes. Dans le cadre de ce chapitre, trois groupes
de pays sont formés suivant le niveau de revenu (pays à faible revenu, pays à revenu moyen
et pays à revenu élevé)48 . Les résultats obtenus au niveau des di¤érents groupes de pays
en ce qui concerne la relation entre le développement …nancier et la croissance économique
sont présentés dans le tableau 4.9.
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. PRF = Pays à revenu faible ; PRM =
pays à revenu moyen ; PRE = pays à revenu élevé. La classi…cation dans les di¤érentes catégories de
pays est celle de la Banque Mondiale 2006. Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. Les t de
student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White. signi…catif au seuil d’erreur
de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 217
cause l’idée selon laquelle cette variable est un indicateur de répression …nancière. Aussi,
on peut également noter que les coe¢ cients obtenus au niveau du tableau 4.9 (estimateur
“between” suivant le niveau de revenu des pays) restent très proches de ceux obtenus au
tableau 4.7.
Au vu de ces résultats, on peut avancer que la relation entre la …nance et la croissance
dans les pays à faible revenu peut être inexistante (cas de la non signi…cativité des résultats)
et devenir positive, lorsque les pays atteignent un certain niveau de revenu ; la corrélation
au niveau des pays à revenu moyen est supérieure à celle observée sur la moyenne de
l’échantillon. Cette situation fait penser à l’exitence d’un seuil de revenu en dessous duquel
la …nance est sans relation avec la croissance. Au-delà de ce seuil la relation entre les
deux indicateurs devient positive. Des résultats semblables ont été obtenus par Deidda et
Fattouh (2002) et Rioja et Valen (2004).
En ce qui concerne l’analyse de la sensibilité des équations de régression comportant
des indicateurs d’instabilité …nancière, la tendance générale des résultats est conservée,
puisque les résultats obtenus au niveau des di¤érents groupes de pays restent très proches
avec ou sans la prise en compte de l’instabilité …nancière qui se révèle non signi…cative
dans tous les cas (voir tableau 4.23 en annexe 4 du présent chapitre).
Les résultats précédents suggèrent globalement une relation positive entre le dévelop-
pement …nancier et la croissance économique à long terme. Ainsi, contrairement à de
nombreux auteurs (De Gregorio & Guidotti (1995) et Arestis & Demetriades (1998), par
exemple), toutes choses étant égales par ailleurs, nous pouvons donc conclure que la …nance
est positivement corrélée à la croissance économique à long terme à travers l’accroissement
de l’allocation des ressources par les banques de second rang, une forte liquidité de l’écono-
mie, par l’augmentation de l’actif du système bancaire et des prêts aux entreprises, et aussi
par de nombreux autres indicateurs de développement …nancier que notre analyse ne prend
pas en compte. La conséquence immédiate de ce résultat est qu’en moyenne, les pays où la
croissance est forte auront des niveaux de développement …nancier élevés, tandis que dans
les pays à faible niveau de développement …nancier, la croissance économique sera plus
faible49 . Ce constat se véri…e à travers l’analyse de la sensibilité où nous remarquons que la
relation entre la …nance et la croissance est aussi bien positive dans les pays à revenu moyen
et élevé (croissance économique forte et développement …nancier élevé), alors que dans les
49
Cette conclusion n’est qu’un corollaire du signe positif et de la signi…cativité du coe¢ cient traduisant
l’élasticité du croissance économique par rapport au développement …nancier.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 218
pays à faible revenu cette relation est non signi…cative (croissance économique faible et
développement …nancier faible). Lorsque les pays passent de la catégorie des pays à revenu
faible au groupe des pays à revenu moyen, la relation entre la …nance et la croissance passe
de la non signi…cativité du coe¢ cient à une sensibilité élevée et signi…cative.
La robustesse des résultats obtenus à l’aide de l’estimateur “between” peut être éga-
lement testée en estimant à nouveau les équations de croissance sur des moyennes prises
à intervalles réguliers de 7 ans. Le but est de comparer les résultats obtenus sur un panel
avec une périodicité septennale avec ceux fournis par l’estimateur “between”. En e¤et, les
estimations inter-individuelles occultent les ‡uctuations qui sont susceptibles d’exister dans
la relation entre la …nance et la croissance dans le temps, ‡uctuations que les évaluations
sur panel prennent en compte. Cette méthodologie d’analyse de la sensibilité des résultats
obtenus avec l’estimateur “between” a été utilisée par plusieurs auteurs au nombre des-
quels nous pouvons citer Ranciere, Tornell et Westermann (2006). A…n de contrôler les
problèmes d’endogénéité qui existent dans la relation entre la …nance et la croissance, nous
utilisons l’estimateur des 2OLS, en instrumentant le niveau de développement …nancier
par sa valeur retardée de 7 ans. Les résultats présentés dans le tableau 4.10, suggèrent que
le développement …nancier est positivement associé à la croissance. Aussi, on remarque
que les coe¢ cients du développement …nancier obtenus sur panel à l’aide des 2OLS sont
proches de ceux issus de l’estimation inter-individuelle ; ce qui amène à conclure que les
résultats obtenus précédemment sont globalement robustes. Par ailleurs, la signi…cativité
des variables Dummy (qui fournissent par ailleurs une évaluation des cycles économiques
mondiaux) traduit une baisse de l’impact des composantes endogènes dans l’explication de
la croissance économique dans le temps.
Comme on peut bien le remarquer au niveau du tableau 4.11, les variables d’instabi-
lité …nancière deviennent signi…catives ; ce qui n’est pas le cas au niveau de l’analyse sur
des données inter-individuelles. On peut donc déduire que l’instabilité du développement
…nancier a¤ecte négativement la croissance économique à court et à moyen termes tandis
qu’à long terme, son e¤et devient négligeable. Cependant, on peut noter que malgré une
légère baisse des coe¢ cients des indicateurs de développement …nancier, la croissance est
positivement plus sensible aux variations de la …nance, qu’elle ne l’est négativement par
rapport à l’instabilité …nancière. Au vu des résultats obtenus à l’issue de l’analyse sur
panel, nous pouvons tirer la conclusion suivante : (i) le développement …nancier a¤ecte
favorablement la croissance économique aussi bien à court terme, qu’à long terme ; (ii)
l’instabilité …nancière a¤ecte négativement la croissance économique à court terme tandis
qu’à long terme cet e¤et est non signi…catif ; (iii) en…n, malgré l’e¤et négatif de l’insta-
bilité …nancière à court terme, on remarque que l’impact du développement …nancier sur
la croissance reste toujours positif. Ainsi, on peut penser que la crainte de l’instabilité
…nancière ne doit pas être une raison su¢ sante pour mettre en place des politiques de
limitation du développement …nancier ; toutefois, ces résultats méritent d’être con…rmés à
l’aide d’autres techniques d’estimation. C’est dans cet ordre d’idées qu’il faut inscrire les
estimations réalisées à l’aide des modèles à e¤ets …xes et à e¤ets aléatoires (voir annexe 3,
tableaux 4.19, 4.20, 4.21, et 4.22) qui révèlent une corrélation positive entre la …nance et
la croissance, contre une relation négative entre cette dernière et l’instabilité …nancière. Le
test de Hausman qui discrimine entre le modèle à e¤ets …xes et le modèle à e¤ets aléatoires
permet de choisir dans tous les cas le modèle à e¤ets …xes. Cependant, nous constatons que
contrairement aux variables DEP et PRIV qui enrégistrent des coe¢ cients plus faibles au
niveaux des estimations à e¤ets …xes et aléatoires (comparativement aux régressions “bet-
ween”), les coe¢ cients obtenus pour les variables BANK et LIQ au niveau des estimations
à e¤ets …xes, aléatoires et inter-individuelles sont proches.
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont
les écarts-types. Les t de student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White.
signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur
de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 222
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont
les écarts-types. Les t de student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White.
signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur
de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 223
Les grandes lignes des motivations de la méthodologie des GMM en panel dynamique
se retrouvent de façon globale chez Arellano et Bond (1991), Arellano et Bover (1995)
puis Bond et Blundell (1997). Plus précisément, Levine et al. (2000) et Beck et al. (2000)
fournissent les arguments qui justi…ent l’utilisation de la méthode des moments généralisés
pour étudier la relation entre le développement …nancier et la croissance économique. Les
deux premiers points qui vont suivre visent à justi…er l’adoption d’une structure de panel
pour analyser de la relation entre la …nance et la croissance, et le troisième point four-
nit les motivations de l’utilisation de la méthodologie des moments généralisés sur panel
dynamique.
Deuxièmement, dans les régressions de type “between”, les e¤ets inobservables spéci-
…ques aux pays sont automatiquement intégrés dans le terme d’erreur ; ceci peut conduire
à obtenir des coe¢ cients biaisés lorsque ces e¤ets inobservables sont corrélés avec les va-
riables explicatives. Les estimations sur panel sont capables de prendre en compte les e¤ets
spéci…ques aux pays et de réduire le biais des coe¢ cients estimés.
Notes : Variance Between=variance sur la moyenne des données individuelles et Variance Wi-
thin=variance sur données en panel. Variance totale=Variance Within + T*Variance Between, où T
est la dimension temporelle.
se situe en “between”, on peut facilement intégrer le niveau initial du PIB sans qu’il n’y
ait de problèmes particuliers. Lorsqu’on passe à un modèle sur panel, on a au niveau de
l’équation de régression une parfaite corrélation entre les e¤ets …xes individuels et le niveau
initial du PIB. On peut à priori penser qu’un estimateur “within”pourra régler le problème
compte tenu du fait qu’en centrant les variables à leur moyenne on élimine les e¤ets …xes
individuels et le PIB initial. Mais, en plus du fait que l’estimateur “within” est ine¢ cace,
on peut soupçonner des problèmes d’endogéneité au niveau de l’équation liés à une causalité
des variables exogènes (plus particulièrement de la variable de développement …nancier)
vers la croissance. Une démarche alternative consiste à postuler une équation dynamique
(modèle autorégressif).
Il faut ajouter que la méthode des GMM sur panel dynamique présente l’avantage de
générer les instruments à partir des variables explicatives ; ce qui n’est pas le cas au niveau
des méthodes traditionnelles de variables instrumentales (2SLS, ou 3SLS), qui nécessitent
le choix de variables théoriques, corrélées avec l’explicative et non corrélées avec le résidu ;
ce qui n’est pas toujours facile à trouver. Toutefois, il faut signaler qu’à certains égards cet
50
Voir Arellano et Bond (1990) et Sevestre (1984, 2002) pour les limites de l’estimateur d’Anderson et
Hsiao (1982).
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 226
avantage peut être considéré comme inconvénient dans la mesure où il n’y a pas de justi…-
cation économique valable de ces instruments. Dans le paragraphe suivant, nous présentons
la méthodologie des GMM sur panel dynamique.
L’équation à estimer dans le cas d’un panel homogène avec e¤ets …xes individuels se
présente sous la forme suivante :
0
yi;t yi;t 1 = 0 + i + Xi;t + "i;t ; (4.3)
où yi;t est le logarithme du produit intérieur brut par habitant, Xi;t représente un vecteur
de variables d’informations conditionnelles associées aux autres facteurs qui contrôlent
la croissance, i l’e¤et individuel …xe et en…n "i;t est le terme d’erreur qui est un bruit
blanc. La prise en compte des anticipations, des phénomènes d’ajustement et d’hystérèse
au niveau des variables macroéconomiques conduit à spéci…er des modèles dynamiques. La
forme dynamique de l’équation ci-dessus se présente comme suit :
0
yi;t = 0 + i + yi;t 1 + Xi;t + "i;t : (4.4)
0
yi;t yi;t 1 = 0 + i +( 1) yi;t 1 + Xi;t + "i;t : (4.5)
Les modèles dynamiques se caractérisent par la présence d’une ou de plusieurs valeurs re-
tardées de la variable endogène parmi les variables explicatives. Dans ce modèle, la présence
de la variable dépendante retardée ne permet pas d’utiliser les techniques économétriques
standard. L’estimation des modèles dynamiques par les méthodes classiques (OLS et Wi-
thin) donne des estimateurs biaisés et non convergents à cause de la corrélation entre la
variable endogène retardée yi;t 1 et "i;t , lorsque les termes d’erreur sont autorégressifs.
Pour ce faire, nous proposons deux méthodes d’estimation alternatives : les méthodes de
Arellano et Bond (1991) et de Blundell et Bond (1998).
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 227
Compte tenu des biais de simultanéité et d’endogéneité qui peuvent résulter de l’esti-
mation d’une équation dynamique par la méthode des OLS, l’équation dynamique (4.4)
peut être estimée à l’aide de la méthode des moments généralisés sur panel dynamique.
Cette méthode permet entre autres de contrôler les e¤ets spéci…ques individuels et tem-
porels, et de pallier les biais d’endogénéité des variables. L’estimateur GMM sur panel
dynamique a été développé par Holtz-Eakin, Newey et Rosen (1990), Arellano et Bond
(1991) et Arellano et Bover (1995). Il existe deux types d’estimateurs des moments géné-
ralisés : l’estimateur d’Arellano et Bond (1991) ou GMM en di¤érence et l’estimateur de
Blundell et Bond (1998) ou GMM system 51 .
Arellano et Bond (1991) proposent une estimation en di¤érence dont le but est d’éli-
miner un éventuel biais de variables omises lié aux e¤ets spéci…ques, dont l’équation se
présente sous la forme suivante :
0
(yi;t yi;t 1 ) = (yi;t 1 yi;t 2 ) + (Xi;t Xi;t 1 ) + ("i;t "i;t 1 ) : (4.6)
Bien que cette spéci…cation en di¤érence première permette d’éliminer l’e¤et …xe individuel,
elle introduit un nouveau biais : par construction le nouveau terme d’erreur ("i;t "i;t 1 ) est
corrélé avec la variable dépendante retardée (yi;t 1 yi;t 2 ). Les di¤érences premières des
variables explicatives du modèle sont instrumentées par les valeurs retardées (en niveau)
de ces mêmes variables. Le but est de réduire les biais de simultanéité et le biais introduit
par la présence de la variable dépendante retardée en di¤érence.
Sous l’hypothèse que les termes d’erreur "it sont indépendants et que les variables
explicatives Xit sont faiblement exogènes (c’est-à-dire que les variables explicatives sont
supposées non corrélées avec les réalisations futures des termes d’erreur), Arellano et Bond
(1991) proposent les conditions des moments suivantes qui s’appliquent pour l’équation en
di¤érence première :
En utilisant ces conditions sur les moments, Arellano et Bond (1991) proposent l’estima-
teur des GMM en deux étapes. Dans une première étape, les termes d’erreur sont supposés
indépendants et homoscédastiques dans le temps et selon les individus. Dans une seconde
étape, les résidus obtenus précédemment sont utilisés pour construire un estimateur e¢ cace
de la matrice de variance-covariance en relâchant l’hypothèse d’indépendance et d’homos-
cédasticité. L’estimateur des GMM en deux étapes est plus e¢ cient que l’estimateur de
la première étape. On peut aussi, pour améliorer l’e¢ cience de l’estimateur des GMM en
deux étapes utiliser l’estimateur des GMM itératifs.
Le problème avec cet estimateur est qu’il sou¤re de la faible corrélation des instruments
avec les régresseurs, qui entraînent des biais considérables dans les échantillons …nis, et sa
précision est asymptotiquement faible. Plus précisément, les valeurs retardées des variables
explicatives sont des faibles instruments de l’équation en di¤érence première. Par ailleurs,
la di¤érenciation de l’équation en niveau élimine les variations inter-pays et ne prend en
compte que les variations intra-pays.
L’estimateur des GMM system permet de lever ces limites. Il combine l’équation en dif-
férence première (4.6) simultanément avec l’équation en niveau (4.4) par les GMM. Dans
l’équation en niveau, les variables sont instrumentées par leurs di¤érences premières52 .
Blundell et Bond (1998) ont testé cette méthode à l’aide des simulations de Monte Carlo.
Ces auteurs ont trouvé que l’estimateur des GMM system est plus e¢ cient que l’estima-
teur des GMM en di¤érence. Ce dernier produit des estimateurs biaisés pour les petits
échantillons. Le biais est d’autant plus important que les variables sont persistantes dans
le temps, que les e¤ets spéci…ques sont importants et que la dimension temporelle du panel
est faible.
Pour l’équation en niveau, on utilise des conditions additionnelles de moments suivantes
en supposant que les variables explicatives sont stationnaires :
Les conditions de moments ci-dessus (4.9) à (4.10) combinées avec la Méthode des Moments
Généralisés permettent d’estimer les coe¢ cients e¢ cients du modèle. Blundell et Bond
52
Seule la di¤érence première la plus récente est utilisée, l’utilisation d’autres di¤érences premières
retardées entraînerait une redondance des conditions de moments (Arellano et Bond, 1995).
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 229
(1998) trouvent aussi que l’estimateur des GMM system est plus performant que celui en
di¤érence première. Ce dernier donne des résultats biaisés pour des échantillons de taille
…nie lorsque les instruments sont faiblement corrélés.
L’e¢ cacité de l’estimateur des GMM repose sur la validité des hypothèses suivantes : (i)
les instruments sont bien adaptés (valides) et (ii) les termes d’erreur sont non autocorrélés.
Pour tester la validité des variables retardées comme instruments, Arellano et Bond (1991),
Arellano et Bover (1995) et Blundell et Bond (1998) suggèrent le test de sur-identi…cation
de Sargan/Hansen. Pour véri…er l’hypothèse de non corrélation des termes d’erreur, ces
auteurs suggèrent un test d’autocorrélation de second ordre, car par construction le terme
d’erreur en di¤érence première est corrélé au premier ordre, mais il ne doit pas l’être au
second ordre53 .
Les résultats obtenus suite à l’estimation à l’aide de la méthodologie des GMM system
sur panel dynamique respectent de façon globale la tendance des résultats des estimations
inter-individuelles et sur panel statique. En e¤et la plupart des indicateurs de développe-
ment …nancier a¤ectent favorablement la croissance économique comme on peut bien le
remarquer au niveau du tableau 4.11. En e¤et, une hausse des indicateurs de développe-
ment …nancier BAN K, LIQ, CEN T , DEP et P RIV de 1% entraîne toutes choses étant
égales par ailleurs, une augmentation respective du taux de croissance de 2,23%, 3,27%,
0,70%, 1,77% et 1,39%. Ces résultats restent très proches de ceux obtenus par Levine et
al. (2000) et Beck et al. (2000) sur panel dynamique. Toutefois, la relation entre la …nance
et la croissance semble être plus forte sur panel dynamique que sur des données inter-
individuelles et sur panel statique. Ce qui pourra remettre en cause l’idée souvent avancée
selon laquelle le lien entre la …nance et la croissance serait plus fort à long terme qu’à court
terme ; cependant, il serait plus judicieux d’avancer que l’amélioration signi…cative de la
relation entre la …nance et la croissance suite à l’utilisation des GMM sur panel dynamique
est due à la correction des biais de variables omises dans l’équation de la croissance.
5,74%, 11,36% et 13,46% respectivement pour les variables BAN K, LIQ, DEP et P RIV .
Bien que les coe¢ cients obtenus soient légèrement inférieurs à une situation où l’insta-
bilité …nancière n’est pas prise en compte, on remarque facilement que le développement
…nancier reste toujours positivement associé à la croissance, malgré les e¤ets négatifs de
l’instabilité …nancière. On peut donc déduire comme au niveau des estimations réalisées à
l’aide des 2OLS, que la croissance est sensible (positivement) à la …nance à court terme,
alors qu’elle est négativement a¤ectée par l’instabilité …nancière. Ainsi, à l’issue de cette
analyse on peut tirer la conclusion suivante : l’instabilité …nancière a¤ecte négativement
la croissance économique et la relation entre cette dernière et le développement …nancier
uniquement à court terme. A long terme, l’instabilité …nancière devient sans e¤et sur la
croissance économique, tandis que cette dernière reste toujours positivement associée au
développement …nancier. Par conséquent, la crainte de l’instabilité …nancière et ses e¤ets
négatifs en terme de perte de points de croissance ne pourra être une raison su¢ sante pour
mettre en place des politiques qui ont pour conséquence de restreindre ou de limiter le dé-
veloppement …nancier. Toutefois, il est souhaitable que le développement …nancier soit le
plus stable possible et se réalise dans un environnement macroéconomique adéquat (faible
niveau de dé…cit et d’endettement, taux d’in‡ation bas).
En ce qui concerne l’étude de la sensibilité des résultats obtenus sur panel dynamique
à l’aide des GMM system, elle est e¤ectuée en retirant les variables macroéconomiques (à
savoir : le taux d’in‡ation, le ratio des dépenses gouvernementales rapportées au PIB, le
variable mesurant le degré d’ouverture de l’économie) de l’équation de régression56 . Les
résultats obtenus sont présentés au niveau des tableaux 4.24 et 4.25 situés à l’annexe
du présent chapitre. La tendance générale des résultats est conservée ; ce qui permet de
conclure à leur robustesse57 .
56
Cette méthode d’analyse de la sensibilité des résultats a été utilisée par Levine et al. (2000) et Beck
et al. (2000).
57
L’analyse de la sensibilité a été également e¤ectuée à l’aide des GMM sur panel dynamique en ré-
partissant les pays suivant le niveau de revenu. Les résultats obtenus, bien que n’étant pas présentés ici
suggèrent que la croissance est plus sensible aux variations de la …nance dans les pays à revenu moyen,
que dans les pays à revenu faible et élevé.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 232
Notes : a La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%.
b
La statistique AR2 représente le test d’autocorrélation d’ordre 2. Les valeurs reportées dans
le tableau sont les p-values de la statistique AR2. Ces valeurs montrent bien qu’on a une absence
d’autocorrélation à l’ordre 2. Bien que les statistiques AR1 ne sont pas présentées ici, elles valident
l’hypothèse d’autocorrélation à l’ordre 1 des termes d’erreur.
c
Les valeurs présentées dans le tableau représentent les p-values du test de Sargan/Hansen. Ces
valeurs permettent d’accepter largement l’hypothèse nulle de validité des instruments.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 233
Notes : a La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%.
b
La statistique AR2 représente le test d’autocorrélation d’ordre 2. Les valeurs reportées dans
le tableau sont les p-values de la statistique AR2. Ces valeurs montrent bien qu’on a une absence
d’autocorrélation à l’ordre 2. Bien que les statistiques AR1 ne sont pas présentées ici, elles valident
l’hypothèse d’autocorrélation à l’ordre 1 des termes d’erreur.
c
Les valeurs présentées dans le tableau représentent les p-values du test de Sargan/Hansen. Ces
valeurs permettent d’accepter largement l’hypothèse nulle de validité des instruments.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 234
4.4 Conclusion
4.5 Annexes
GROWTH 1
BANK 0.285 1
(0.016)
LIQ 0.530 0.547 1
(<0.01) (<0.01)
CENT -0.058 -0.771 -0.180 1
(0.630) (<0.01) (0.131)
DEP 0.511 0.652 0.907 -0.280 1
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.018)
PRIV 0.485 0.663 0.871 -0.354 0.973 1
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01)
INFL -0.231 -0.354 -0.382 0.226 -0.355 -0.3484 1
(0.052) (<0.01) (<0.01) (0.057) (<0.01) (<0.01)
GOV -0.150 -0.158 -0.182 0.172 -0.155 -0.201 -0.014 1
(0.209) (0.187) (0.128) (0.149) (0.195) (0.092) (0.903)
OPEN 0.228 0.098 0.193 -0.146 0.112 0.115 -0.237 -0.129
(0.050) (0.413) (0.105) (0.223) (0.348) (0.335) (0.046) (0.283)
POP -0.374 -0.425 -0.543 0.250 -0.645 -0.630 0.163 0.096
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.03) (<0.01) (<0.01) (0.173) (0.424)
EDUC 0.399 0.594 0.599 -0.347 0.677 0.670 -0.058 -0.127
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.625) (0.288)
sBANK -0.411 -0.685 -0.659 0.446 -0.723 -0.719 0.514 0.079
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.510)
sLIQ -0.314 0.232 0.610 0.031 0.403 0.399 -0.019 -0.029
(<0.01) (0.051) (<0.01) (0.791) (<0.01) (<0.01) (0.872) (0.805)
sCENT -0.199 -0.667 -0.267 0.849 -0.328 -0.386 0.365 0.120
(0.09) (<0.01) (0.02) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.315)
sDEP -0.426 0.507 0.537 -0.181 0.636 0.601 -0.137 0.032
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.129) (<0.01) (<0.01) (0.252) (0.789)
sPRIV -0.434 0.526 0.507 -0.224 0.649 0.689 -0.139 -0.056
(<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.060) (<0.01) (<0.01) (0.245) (0.638)
PIB0 0.224 0.567 0.491 -0.408 0.620 0.642 -0.082 -0.222
(0.060) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.062)
Notes : La statisque calculée ici correspond au coe¢ cient de corrélation de Pearson. Les coe¢ cients de
corrélation sont calculés à partir des moyennes individuelles et non sur des données de panel. Les valeurs
entre parenthèses sont les p-values du test de signi…cativité des coe¢ cients de corrélation.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 238
GROW-
TH
BANK
LIQ
CENT
DEP
PRIV
INFL
GOV
OPEN 1
POP 0.009 1
(0.934)
EDUC 0.039 -0.697 1
(0.742) (<0.01)
sBANK -0.183 0.512 -0.569 1
(0.125) (<0.01) (<0.01)
sLIQ 0.157 -0.181 0.283 -0.201 1
(0.189) (0.129) (0.01) (0.09)
sCENT -0.187 0.228 -0.345 0.668 0.033 1
(0.118) (0.05) (<0.01) (<0.01) (0.783)
sDEP 0.207 -0.535 0.561 -0.351 0.491 -0.097 1
(0.08) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.420)
sPRIV 0.118 -0.535 0.570 -0.405 0.459 -0.155 0.895 1
(0.327) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (0.190) (<0.01)
PIB0 0.004 -0.664 -0.539 0.136 -0.386 0.445 0.501 0.843 1
(0.969) (<0.01) (<0.01) (0.254) (<0.01) (<0.01) (<0.01) (<0.01)
Notes : La statisque calculée ici correspond au coe¢ cient de corrélation de Pearson. Les coe¢ cients de
corrélation sont calculés à partir des moyennes individuelles et non sur des données de panel. Les valeurs
entre parenthèses sont les p-values du test de signi…cativité des coe¢ cients de corrélation.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 239
où est le paramètre de lissage. Plus est élevé, plus la tendance de long terme sera lisse).
Hodrick et Prescott montrent que le programme de minimisation peut être réécrit sous
la forme suivante :
X
T
2
X
T 1
2
2
M in 1 Xt XtP + 2
2 P
Xt+1 XtP XtP XtP 1 : (4.13)
(XtP ) t=1 t=2
2
2 2
avec = 2
2 ; 1 et 2 sont respectivement la variance de la composante tendancielle XtP
1
et de la composante cyclique XtC .
La résolution de ce programme de maximisation donne la série …ltrée :
(1 L)2 (1 L 1 )
XtHP = Xt : (4.14)
1 + (1 L)2 (1 L 1 )
Le …ltre HP peut rendre donc stationnaire des séries potentiellement intégrées jusqu’à
l’ordre 4 (voir King et Rebelo, 1993). La plupart des séries économiques étant rarement
intégrées d’un ordre supérieur à 2, le …ltre HP a ainsi tendance à surdi¤érencier les séries ;
ce qui a¤ecte les statistiques de second ordre (variance et covariance).
Le paramètre de lissage est constant et …xé par Hodrick et Prescott à 1600. Cette
valeur s’explique par le fait que le cycle américain peut raisonnablement présenter des
variations de l’ordre de 5% par trimestre ; par contre la tendance de long terme ne devrait
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 240
pas ‡uctuer de plus de 1/8eme de point sur la même période. Le rapport des deux variations
2
5%
donne = 2
2 = 1=8%
= 1600:
1
En appliquant cette méthodologie à chacune de nos variables de développement …nan-
cier, nous les décomposons en composantes cyclique et tendancielle, et nous calculons par
la suite l’écart-type de la composante cyclique qui est une mesure de l’instabilité …nancière.
De façon formelle, on posant sF IN la mesure d’instabilité …nancière associée à la variable
de développement …nancier F IN , on a :
p
sF IN = V ar (F IN C ) avec F IN = F IN P + F IN C : (4.15)
Lorsque l’analyse porte sur les moyennes individuelles (“between”), nous calculons l’écart-
type de la composante cyclique sur toute la période d’étude c’est-à-dire entre 1960 et
2004. Par contre, pour des estimations réalisées sur panel dynamique, où les données sont
regroupées par périodicité septennale, les écarts-types sont calculés par période régulière
de 7 ans. En…n, lorsque nous considérons toute la dimension temporelle (1960-2004) pour
une analyse sur panel (modèle à e¤ets …xes par exemple), l’instabilité …nancière est calculée
sur des fenêtres glissantes de 5 ans ; par exemple l’instabilité …nancière en 1965 est calculée
à partir des données comprises entre 1960 et 1965 ; et l’instabilité de 1966 à partir des
données entre 1961 et 1966. Dans ce cas de …gure, on perd les données relatives aux 5
premières années.
L’analyse des statistiques descriptives montre qu’en moyenne, l’instabilité …nancière est
plus forte au niveau de la variable BAN K, alors que le plus faible niveau d’instabilité est
observé au niveau de la variable CEN T . Toutefois, mis à part l’instabilité de la variable
CEN T , toutes les autres mesures sont du même ordre de grandeur. Compte tenu de la
méthodologie de calcul de l’instabilité …nancière, elle peut être liée à une croissance ou une
décroissance de l’indicateur de développement …nancier.
Cet indicateur d’instabilité …nancière met en lumière la principale limite des travaux qui
assimilent uniquement l’instabilité …nancière au nombre de crises …nancières qui frappent
un pays au cours d’une période donnée, ou la survenance ou non d’une crise …nancière. Une
autre limite de l’indicateur des crises …nancières comme mesure d’instabilité …nancière est
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 241
qu’il ne comptabilise que l’instabilité liée au re‡ux massif de capitaux, tandis que l’entrée
massive de capitaux ou une amélioration brutale de l’indicateur de développement …nancier
n’est pas considérée comme de l’instabilité …nancière.
L’analyse préliminaire de la relation entre l’instabilité …nancière et le développement
…nancier est faite à l’aide des scatters plots (voir …gures 4.7, 4.8, 4.9, 4.10, et 4.11). Ces
…gures montrent qu’à l’exception de la variable BAN K, l’instabilité …nancière est positi-
vement associée au développement …nancier. Ainsi, dans les pays qui ont un niveau élevé
de la variable BAN K, l’instabilité de cette dernière est faible, tandis que pour les autres
indicateurs de développement …nancier, les valeurs élevées d’instabilité …nancière sont en-
registrées dans les pays …nancièrement développés.
Ainsi, bien qu’il soit très simpli…cateur de tirer des conclusions tranchées quant à la
relation entre les trois variables, (plus précisement, l’e¤et de l’instabilité …nancière sur la
relation entre le développement …nancier et la croissance économique), on peut remarquer
que la tendance qui se dégage conduit plus à une indétermination, puisque la relation entre
le développement …nancier et la croissance économique est souvent positive, et l’instabilité
…nancière étant couramment positivement associée au développement …nancier, avec des
e¤ets négatifs sur la croissance. D’où la nécessité de prendre en compte ces trois variables
à travers des régressions économétriques rigoureuses.
URY
GHA GMB
CHL ECU NER
8
SLE MUS
ETH
NGA ARG VEN
6
RWANPL
BOL BDI CRIJAM HND
PRY
SYR GTM
IRN SYC PER
GAB
SLV COLPHL
KEN ISR
LKA MARDOM NZL DNK
EGY MDG
4
PAK TTO
HTI THAPRT
PANGRC TGO
SEN BFA
CIV ISL
AUS
BRB
ITA CYP
2
IND SWE
NOR
BELMYS
ZAF
IRL
JPNFIN
SGP
USA
CAN GBR
FRA
AUT
CHE
NLD
0
30 50 70 90
bank
VEN MYS
10
CYP
GBR JPN
IRL
URY ITA
SLV THA
TTO BRB EGY
ARG ISR BELNLD SGP
NGABOL
CHL PHL MUSAUT
GMB
COL
PER PAK
PAN
JAM CAN
HTI
TGO ISL
ETHLKAKEN FIN SYC
MAR
GAB
GHA
SLE ECU
PRY CRI
HND SWE USA
DNK
NOR FRA
NERBFA DOM
CIV ZAF
BDI SEN
MDG
GTM
NPL IND AUS
RWA
0
40 60 80 100 120
liq
SYR
CHL
6
URY
IRN
EGY
JAM
4
MUS
GMBECU
BOL
SYC
PRT
ISR MDG
NGA GHA
DNK LKA
GRC
GTM ARGCRI ITA ETH
2
PAN
PAK HTI
TTO PHLKEN
BEL THASWE
GAB
VEN
NER HND
SLV CYP
BDI
MYS BRBCIV SEN
DOM
PRY MAR
ISLCOL
NZL
AUS RWA
NOR
PERZAF JPN
TGO NPL IND
IRL
BFA
FIN
GBR
AUT
FRA
CHE
NLD SGP CAN USA
0
10 20 30
cent
VEN DNK
BEL
10
SWE
URY
THA
PAN GBR PRT
CHL NZL
ISL FIN SGP
5
PHL MYS
SLV ECU CYP
ISRITA
GMB
LKA SYC NOR
BOL MAR
TTO GRC IRL USAFRA NLD CHE
GAB JAM
SYR JPN
NPLPER
BFA
NGA ARG
IRN BRB
TGO SEN
CRI
HNDCIVPAKMUS CAN
EGY
ETH AUS ZAF
PRY
GHA DOMKEN AUT
NER
BDI
HTI MDG IND
COL
GTM
RWA
SLE
0
20 40 60 80 100 120
dep
15
DNK
VEN
10
SWE
THA
URY GBR PRT
CHL PANFIN
NZL
ISL
5
BEL SGP
PHL MYS CYP
SLV ECU NOR ITA
BOLIRN
JAM BRB IRLUSA FRANLD CHE
LKA
ARG
GAB
GMB EGY
GRC ISRZAF JPN
BFATGOMAR
PER
SEN
TTO
CIV CAN
SYCHND AUS
ETH
GHA
NGA
BDI
PRY
DOM KEN
CRI PAK MUS AUT
SYR
NER
HTI COL
GTM
MDG
RWA
SLE NPL IND
0
20 40 60 80 100 120
priv
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf les variables Inf l et P op qui sont égales à : ln(1+variable). Les e¤ets …xes individuels
ne sont pas présentés dans ce tableau. F inance représente la variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T ,
ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. Les t de student
sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 246
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf les variables Inf l et P op qui sont égales à : ln(1+variable). Les e¤ets …xes individuels
ne sont pas présentés dans ce tableau. F inance représente la variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T ,
ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. Les t de student
sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 247
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf les variables Inf l et P op qui sont égales à : ln(1+variable). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. Les t de student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White.
signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil
d’erreur de 10%. Dans le cas du modèle à e¤ets aléatoires, c’est la statistique de Wald qui suit une loi
de Chi2, qui permet de tester la signi…cativité globale de la régression. Le test de Hausman permet
dans tous les cas de choisir le modèle à e¤ets …xes.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 248
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf les variables Inf l et P op qui sont égales à : ln(1+variable). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. Les t de student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White.
signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil
d’erreur de 10%. Dans le cas du modèle à e¤ets aléatoires, c’est la statistique de Wald qui suit une loi
de Chi2, qui permet de tester la signi…cativité globale de la régression. Le test de Hausman permet
dans tous les cas de choisir le modèle à e¤ets …xes.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 249
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. PRF=Pays à revenu faible ; PRM=pays
à revenu moyen ; PRE=pays à revenu élevé. La classi…cation dans les di¤érentes catégories de pays est
celle de la Banque Mondiale 2006. Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. Les t de student
sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 250
Notes : a La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%.
b
La statistique AR2 représente le test d’autocorrélation d’ordre 2. Les valeurs reportées dans
le tableau sont les p-values de la statistique AR2. Ces valeurs montrent bien qu’on a une absence
d’autocorrélation à l’ordre 2. Bien que les statistiques AR1 ne sont pas présentées ici, elles valident
l’hypothèse d’autocorrélation à l’ordre 1 des termes d’erreur.
c
Les valeurs présentées dans le tableau représentent les p-values du test de Sargan/Hansen. Ces
valeurs permettent d’accepter largement l’hypothèse nulle de validité des instruments.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 251
Notes : a La variable endogène est le taux de croissance. Toutes les variables exogènes sont en
logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la variable
BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses sont les
écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif
au seuil d’erreur de 10%.
b
La statistique AR2 représente le test d’autocorrélation d’ordre 2. Les valeurs reportées dans
le tableau sont les p-values de la statistique AR2. Ces valeurs montrent bien qu’on a une absence
d’autocorrélation à l’ordre 2. Bien que les statistiques AR1 ne sont pas présentées ici, elles valident
l’hypothèse d’autocorrélation à l’ordre 1 des termes d’erreur.
c
Les valeurs présentées dans le tableau représentent les p-values du test de Sargan/Hansen. Ces
valeurs permettent d’accepter largement l’hypothèse nulle de validité des instruments.
4. Développement …nancier, instabilité …nancière et croissance 252
Notes : La classi…cation ci-dessus est faite en référence à celle réalisée par la Banque Mondiale
en 2006 selon laquelle les pays à faible revenu ont un niveau de revenu inférieur à 875 dollars par
habitant ; les pays à revenu intermédiaire ont un niveau de revenu par tête compris entre 876 et 10725
dollars et les pays à revenu élevé ont un niveau de revenu supérieur à 10726 dollars.
Chapitre 5
5.1 Introduction
Les analyses en coupe transversale et sur panel dynamique bien que permettant de
déterminer les variations relatives du taux de croissance suite aux modi…cations du niveau
de développement …nancier, ne fournissent pas d’indication précise sur le sens causal de la
relation entre les deux variables. A priori, on pourrait penser que les résultats fournis par
une analyse sur données de panel permettraient de tirer des conclusions de causalité du
développement …nancier vers la croissance économique ; mais tel n’est pas le cas, dans la
mesure où ces résultats traduisent plus l’idée de la corrélation, que de causalité entre les
deux variables.
En e¤et, de nombreux arguments théoriques développés par plusieurs auteurs amènent à
comprendre que le problème de la causalité entre le développement …nancier et la croissance
économique ne peut être uniquement résolu à l’aide des analyses en coupe transversale ou
à partir des régressions sur données de panel : (i) Luintel et Khan (1999), avancent que les
conclusions de la plupart des études en coupe transversale ou sur données de panel sont
actuellement basées sur de la corrélation partielle qui peut di¢ cilement être interprétée
comme de la causalité ; (ii) Levine et Zervos (1996) reconnaissent que les régressions en
coupe transversale sou¤rent d’insu¢ sances liées à des problèmes de mesures statistiques
et donc ne peuvent trancher la question de causalité entre le développement …nancier et la
253
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 254
croissance économique qui constitue le point focal des débats sur le sujet. Ils recommandent
d’approfondir les analyses en utilisant des régressions sur des données en séries temporelles ;
(iii) Quah (1993) montre que l’absence de sentier de croissance équilibrée à travers les pays
viole l’hypothèse de base de l’analyse en coupe transversale et sur panel1 ; (iv) en…n, Evans
(1995) fait ressortir l’hétérogénéité des coe¢ cients à travers les pays, comme principale
limite des études e¤ectuées en coupe transversale. De plus, il ajoute que l’agrégation masque
d’importantes divergences à travers les pays.
1966, cette question a été activement explorée (compte tenu du grand nombre de travaux
qui ont été réalisés sur la causalité entre la …nance et la croissance), mais la divergence
observée dans les résultats fait que cette interrogation demeure toujours d’actualité. Le
fondement même de ce questionnement réside dans le fait que l’identi…cation précise du sens
de causalité permettra de mettre en œuvre soit une politique d’o¤re de services …nanciers
ou une politique axée sur la demande, selon le pays ou l’échantillon de pays.
La suite du présent chapitre est organisée comme suit : la première section est consacrée
à la revue de littérature, ensuite nous présentons les di¤érentes méthodologies et en…n les
résultats des estimations de la causalité et la cointégration entre la …nance et la croissance.
La présente revue de littérature sera structurée suivant les deux grands axes métho-
dologiques qu’on rencontre dans la littérature. D’abord, nous présentons les résultats des
études réalisées sur séries temporelles, puis celles sur données de panel.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 256
Nous classons les contributions sur séries temporelles étudiant la causalité entre la
…nance et la croissance en deux catégories : les travaux de première génération et les
travaux de seconde génération. Les travaux de première génération prennent en compte les
études réalisées dans les années quatre-vingts ; la seconde génération d’études comprend
les estimations réalisées à partir de la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix.
La principale limite de ces travaux de première génération (Fritz, 1984 et Jung, 1986)
est d’avoir supposé la stationnarité au niveau des séries étudiées alors que la situation
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 257
inverse reste probable. On peut aussi estimer que la dimension temporelle pour certains
pays de l’échantillon est relativement faible pour tirer des conclusions rigoureuses.
Après ces études empiriques de Fritz (1984) et de Jung (1986), il faudra attendre 10 ans
pour voir des analyses similaires de causalité ou de cointégration entre le développement
…nancier et la croissance économique. Nous classons ces nouvelles études dans les travaux
de deuxième génération.
Dans la littérature empirique sur le développement …nancier, si on admet que King &
Levine (1992, 1993) sont les chefs de …l des études en panel, la remise en cause de cette
démarche qui suppose l’homogénéité de la relation entre les deux variables est principa-
lement menée par Demetriades & Hussein (1996) et Arestis & Demetriades (1997). Ces
derniers estiment que la relation entre la …nance et la croissance ne saurait se généraliser
à un ensemble de pays, et que pour des conclusions plus rigoureuses, il serait intéressant
de réaliser des analyses sur séries temporelles par pays.
L’analyse de la littérature sur le sujet montre qu’il n’est pas évident d’identi…er clai-
rement les études qui valident l’hypothèse de “demand-following”ou de “supply-lending”,
parce que pour la plupart du temps les estimations sont réalisées sur de nombreux pays ;
de ce fait, des résultats souvent divergents émergent. De plus, pour le même pays, la na-
ture de la causalité entre la …nance et la croissance peut être di¤érente selon les variables
utilisées. Toutefois, pour des raisons de synthèse au niveau de la littérature, nous tentons
de regrouper les di¤érents travaux suivant la tendance générale qui se dégage des résultats
obtenus.
elle est plus marquée de la croissance vers la …nance (15 et 9 cas respectivement suivant
l’indicateur de développement …nancier contre 7 et 4 dans le sens inverse). Des résultats
semblables traduisant une causalité plus fréquente de croissance vers la …nance, sont ob-
tenus dans 12 pays industrialisés par Arestis et Demetriades (1996). Toutefois, les cas de
causalité réciproque sont plus élevés dans les pays industrialisés que dans les pays en déve-
loppement. Ces deux travaux ont été approfondis par Arestis et Demetriades (1997), qui
prennent en compte dans l’étude de la causalité entre la …nance et la croissance, une me-
sure de développement des marchés boursiers (capitalisation boursière rapportée au PIB)
dans 3 pays (l’Allemagne, les USA et la Corée du Sud). Tandis que les résultats suggèrent
plus une causalité unidirectionnelle de la …nance vers la croissance en Allemagne, ils ne
fournissent pas pour les USA une évidence su¢ sante d’une causalité du développement …-
nancier vers la croissance, alors que la causalité de la croissance vers l’indicateur du secteur
bancaire est validée. Quant à la Corée du Sud, les résultats obtenus sont contradictoires :
la croissance cause la …nance, alors que les taux d’intérêt réels ont un impact négatif sur
la croissance.
Luintel et Khan (1999) concluent à l’existence à long terme de la relation de causa-
lité réciproque entre le développement …nancier et la croissance économique à partir d’un
échantillon de 10 pays, en intégrant des variables supplémentaires dans l’analyse comme
le taux d’intérêt et le stock de capital par tête. En outre, Luintel et Khan (1999) trouvent
qu’à long terme, le développement …nancier est favorablement a¤ecté par le niveau du taux
d’intérêt réel et que le niveau du PIB par tête s’accroît lorsque le niveau du stock de capital
par tête augmente dans la plupart des pays. Khalifa Al-Yousif (2002) met également en
évidence la relation entre le développement …nancier et la croissance sur un échantillon de
30 pays de 1979 à 1999. Bien que les résultats obtenus par ce dernier montrent l’existence
d’une causalité réciproque entre les deux variables, la causalité de la croissance vers la
…nance est plus fréquente que la relation inverse quel que soit l’indicateur de développe-
ment …nancier utilisé. Des résultats semblables mettant en évidence une causalité de la
croissance vers la …nance ont été obtenus par Waqabaca (2004) pour le Chili, puis Ang &
Mckibbin (2007), Balachandher, Nair et Santha (2005) et Ibrahim (2007) pour la Malaisie.
Lorsque la causalité existe, elle peut être un phénomène de court terme ou de long
terme. Ainsi, tandis que la causalité à long terme peut être favorisée par la spécialisation
industrielle selon Fisman et Love (2004a), elle dépend à court terme de l’allocation e¢ cace
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 259
des ressources.
Nous présentons ensuite les di¤érents résultats obtenus au niveau des pays du MENA
et de l’OCDE, a…n de déduire la tendance générale qui se dégage.
Les résultats de Al-Tamimi, Al-Awad et Charif (2001) et Boulila et Trabelsi (2004) sont
con…rmés par les travaux de Abu-Bader et Abu-Qarn (2006). Ces derniers trouvent à partir
d’un échantillon de 5 pays du MENA sur la période 1960-2004 qu’il n’y a pas de relation
de causalité à court terme entre la …nance et la croissance et que la relation de long terme
reste toujours relativement faible. En cas de cointégration des séries, ils montrent que la
causalité est soit bidirectionnelle ou soit va plutôt de la croissance vers la …nance.
Contrairement à la plupart des travaux réalisés les pays du MENA, Darrat (1999)
trouve à partir d’une étude réalisée sur 3 pays (Arabie Saoudite, Turquie et Emirat Arabes-
Unis) sur la période 1964-1993 une causalité allant de la …nance vers la croissance dans
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 260
ces pays aussi bien à court terme qu’à long terme3 . Un résultat identique est obtenu par
Ghali (1999) pour la Tunisie à partir d’une étude réalisée sur la période 1963-1993 qui
utilise comme indicateurs de développement …nancier les ratios de liquidité bancaire et de
crédit au secteur privé au PIB. Hussein (1999) montre également que le développement
…nancier a un impact positif sur la croissance à long terme en Egypte. Toujours en ce
qui concerne l’Egypte, Abu-Bader et Abu-Qarn (2005) trouvent à partir d’une étude sur
la période 1960-2001, que le développement …nancier cause la croissance à travers deux
canaux : l’amélioration de l’e¢ cience des investissements et l’accroissement des ressources
à investir. Ces résultats suggèrent selon Abu-Bader et Abu-Qarn (2005) que les réformes
…nancières mises en œuvre dans les années 90 ont été sans doute à la base de l’amélioration
des performances économiques en Egypte. Aussi, Muhammad et Qayyum (2007) montrent
à partir d’une étude réalisée sur le Pakistan entre 1961 et 2005, que le développement
…nancier a¤ecte positivement la croissance uniquement à long terme.
Halicioglu (2007) trouve pour la Turquie sur la période 1968-2005 que, le développement
…nancier a un e¤et positif sur la croissance économique à long terme ; par contre à court
terme, il n’y a pas de causalité entre la …nance et la croissance. Ce résultat est contraire
à ceux de Ünalmis (2002) et de Acaravci, Ozturk et Acaravci (2007) qui montrent qu’en
Turquie, le développement …nancier a un impact positif sur la croissance à court terme,
alors qu’à long terme, il n’existerait pas de relation entre les deux variables. Cependant,
Kar et Pentecost (2000) trouvent que la croissance cause la …nance en Turquie.
Dal Colle Stievano (2004) trouve à partir d’un échantillon de 20 pays (dont 18 membres
de l’OCDE), peu d’évidence pour une causalité allant du développement …nancier vers la
3
Toutefois, on peut avancer que l’échantillon utilisé par Darrat (1999) est peu représentatif des pays
du MENA.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 261
croissance économique. Des résultats semblables sont obtenus par Neusser et Kugler (1998).
En e¤et, ces derniers montrent que malgré l’existence d’une relation de long terme entre
la …nance et la croissance4 dans 13 pays de l’OCDE, la relation de causalité à court terme
reste véri…ée dans peu de cas. Neusser et Kugler (1998) justi…ent ce résultat par le fait
que la mobilité internationale du capital peut rendre la croissance non dépendante du
secteur …nancier domestique à court terme, en l’occurrence pour les pays où la corrélation
entre l’épargne et l’investissement est inférieure à 50%. Les études réalisées par Shan,
Morris et Sun (2001), puis Shan et Morris (2002) sur les pays de l’OCDE conduisent à
des résultats identiques5 . En e¤et, à partir d’un échantillon comportant 9 pays de l’OCDE
plus la Chine, Shan, Morris et Sun (2001) trouvent que dans la moitié des cas la causalité
est bidirectionnelle entre la …nance et la croissance, alors que dans 3 pays les résultats
suggèrent une causalité allant uniquement de la croissance vers la …nance. La tendance de
ces résultats est con…rmée par Shan et Morris (2002) qui montrent à partir d’un échantillon
plus large (19 pays de l’OCDE plus la Chine), que dans 10 cas il n’y a pas de causalité entre
la …nance et la croissance, dans 4 pays, ils obtiennent une causalité réciproque et dans 4
pays la croissance cause la …nance sans que le réciproque ne soit véri…ée. Dans deux pays
seulement, Shan et Morris (2002) trouvent une causalité allant du développement …nancier
vers la croissance économique.
On retrouve chez Singh (1997), trois raisons qui justi…ent l’ine¢ cacité du développement
…nancier dans la croissance économique : d’abord, la volatilité inhérente et arbitraire du
processus d’évaluation des marchés boursiers dans les pays en développement sont des
entraves pour l’e¢ cacité de l’investissement ; ensuite, les interactions entre les marchés
…nanciers et les marchés de change à la suite des chocs économiques défavorables peuvent
renforcer l’instabilité macroéconomique et réduire la croissance à long terme ; en…n, le
développement des marchés boursiers est susceptible de déséquilibrer les systèmes existants
en l’occurrence le système bancaire dans les pays en développement.
Toutefois, dans certains cas la …nance a un impact positif sur la croissance, bien que
l’e¤et soit marginal dans les cas étudiés ci-dessus. Ainsi, dans un certain nombre de tra-
4
Il serait intéressant de faire remarquer que Neusser et Kugler (1998) utilisent comme indicateur de
développement …nancier la valeur ajoutée des institutions …nancières, des compagnies d’assurance et des
fonds de pension, et comme indicateurs de croissance économique le taux de croissance et la productivité
globale des facteurs du secteur manufacturier des pays concernés.
5
Il faudra noter que ces deux études utilisent une variante du test de non causalité de Granger développé
par Toda et Yamamoto (1995).
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 262
vaux que nous abordons par la suite, le développement …nancier se révèle être un élément
déterminant pour la croissance.
Rousseau et Vuthipadadorn (2005) étudient la causalité entre des indicateurs des sec-
teurs …nancier et réel dans 10 pays asiatiques sur la période 1950-2000. Les résultats obtenus
bien que variant suivant les pays suggèrent globalement une causalité souvent fréquente
des indicateurs de développement …nancier vers le taux de croissance de l’investissement ;
la relation inverse est aussi souvent observée. Ainsi, Rousseau et Vuthipadadorn (2005)
avancent que l’investissement peut être identi…é comme le principal canal par lequel le dé-
veloppement …nancier a¤ecte l’activité économique dans les pays émergents, et peut avoir
6
Ces résultats valident l’assertion de Hicks (1969) qui estime que le secteur …nancier a permis au cours de
la révolution industrielle l’adoption à grande échelle de technologies qui existeraient bien avant en Grande
Bretagne ; et si cette expansion technologique n’avait pas lieu précédemment c’est à cause du faible niveau
de développement …nancier.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 263
Arestis, Demetriades et Luintel (2001) constatent à partir d’une étude réalisée sur
5 pays développés que, malgré l’existence d’une relation de causalité allant aussi bien des
indicateurs du marché boursier et de ceux du secteur bancaire vers la croissance, les seconds
a¤ectent plus la croissance économique que les premiers. Ces résultats peuvent laisser
penser que les systèmes …nanciers orientés banques seraient plus porteurs de croissance
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 264
économique que ceux orientés marchés. Toutefois, il serait plus intéressant d’analyser ce
résultat comme une forte causalité du secteur bancaire vers la croissance et ensuite un
impact de cette dernière sur le marché boursier. Ce qui peut expliquer la faible causalité
des indicateurs du secteur boursier vers la croissance. Par contre, Aka Brou (2003) trouve
à partir d’un échantillon composé de 26 pays (en majorité des pays développés) que les
indicateurs du marché boursier causent plus fréquemment la croissance économique que
ceux du secteur bancaire. Aussi, Hu (2002) fait remarquer qu’en Taiwan sur la période
1976-1998, c’est la croissance économique qui stimule le développement du secteur bancaire,
alors que le marché boursier cause la croissance.
à court terme pour les pays asiatiques, dans la mesure où ils détectent 5 cas de causalité
unilatérale de la …nance vers la croissance, contre 2 cas de la croissance vers la …nance.
A l’issue de cette revue de littérature qui fait état de la nature de la relation entre la
…nance et la croissance suivant les pays, on remarque que la causalité dans les di¤érents pays
peut être liée aux caractéristiques économiques, à l’appartenance à une zone géographique
comme (le cas pays du MENA par exemple) et aussi à leur niveau de développement
économique et …nancier. Ainsi, on peut dégager la structure suivante susceptible de décrire
l’évolution de cette relation selon les di¤érentes étapes du développement ; nous identi…ons
pour ce faire quatre étapes :
– d’abord l’étape primitive : à ce niveau les économies sont sous développées …nanciè-
rement et il n’existe pas de relation entre le développement …nancier et la croissance.
Il faudra donc un choc positif qui peut provenir aussi bien du secteur …nancier que
du secteur réel pour permettre à l’économie d’atteindre l’étape suivante que nous
appelons l’économie de trappe ;
– au niveau des économies de trappe, la causalité est unilatérale mais reste fragile pou-
vant aller soit de la …nance vers la croissance, soit de la croissance vers la …nance ;
toutefois on remarque que c’est la causalité du développement …nancier vers la crois-
sance qui reste la plus fréquemment véri…ée pour les économies qui sont dans ce cas
de …gure ;
– les économies en décollage : à ce niveau la trappe de sous développement est franchie,
et on observe une causalité réciproque entre la …nance et la croissance ;
– les économies développées : l’achèvement du processus de développement se traduit
dans certains cas aussi par une causalité réciproque entre la …nance et la croissance.
Toutefois, la causalité de la …nance vers la croissance est dominée par la relation
inverse. Cette situation est liée en partie au développement des marchés …nanciers qui
n’est qu’une conséquence de la croissance économique. De plus, le développement des
marchés …nanciers rend les économies développées peu dépendantes de leur système
bancaire ; ce qui a¤aiblit la causalité du développement …nancier (indicateurs du
secteur bancaire) vers la croissance économique. Ainsi, on remarquera que dans les
pays développés, une faible causalité allant des indicateurs du secteur bancaire vers
la croissance, et cette dernière cause les indicateurs de développement des marchés
boursiers.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 266
Au cours de ces dernières années, des extensions des études empiriques de causalité sur
série temporelle entre …nance et la croissance ont été faites par la prise en compte de la
dimension individuelle, à travers les études de causalité ou de cointégration sur données de
panel. Les résultats obtenus sont moins variables que ceux des travaux précédents.
Dans ce courant de littérature, Rousseau et Wachtel (2000) étudient la causalité sur
panel entre les indicateurs du marché boursier, du secteur bancaire et la croissance éco-
nomique sur un échantillon de 47 pays, à l’aide de l’approche VAR sur panel utilisant les
méthodologies de Holtz-Eakin et al. (1988) et d’Arellano et Bond (1991). Les résultats sont
très favorables à une causalité du développement …nancier vers la croissance économique.
La causalité positive exercée par le développement …nancier s’illustre par des fonctions de
réponse qui révèlent une augmentation dans un horizon temporel de 5 ans du niveau de
l’output de 0,48%, 0,41% ou 0,22% respectivement suite à une hausse de 1% du turnover
(ratio des actions négociées au PIB), de M3 ou de la capitalisation boursière. Les résultats
obtenus par Rousseau et Wachtel (2000) en ce qui concerne le marché boursier sont en
opposition avec ceux de Filer, Hanousek et Campos (2003), qui montrent à partir d’un
échantillon de 70 pays que les indicateurs du marché boursier ne causent pas la croissance.
Ils concluent que les marchés boursiers sont indispensables dans les économies modernes,
mais non essentiels à la croissance économique.
A l’instar de Rousseau et Wachtel (2000) et Filer et al. (2003), Hurlin et Venet (2004)
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 267
La plupart des approches économétriques sur séries temporelles emploient les techniques
de causalité à la Granger (1969), à la Sims (1972), ou la Johansen (1988). En e¤et, Calderon
et Liu (2003) estiment que les études existantes n’examinent pas la simultanéité du rapport
de causalité ; c’est-à-dire que les tests de causalité utilisés fournissent peu d’évidence sur
le niveau de chaque composante dans le rapport de causalité (…nance vers croissance,
croissance vers …nance et causalité instantanée entre la …nance et la croissance). Calderon
et Liu (2003) utilisent le test de décomposition de Geweke9 sur un panel de 109 pays sur la
période 1960-1994 pour étudier la dépendance linéaire entre le développement …nancier et
la croissance économique. Les résultats obtenus par ces derniers révèlent que la causalité du
développement …nancier vers la croissance économique domine la dépendance linéaire entre
les deux variables sur l’ensemble de l’échantillon. Cependant, les résultats obtenus au niveau
des sous échantillons constitués de pays en développement et pays industrialisés di¤èrent.
8
La méthodologie des PANIC (Panel Analysis of Nonstationnarity in the Indosyncratic and Common
component) consiste à décomposer chaque série du panel en la somme d’une composante déterministe,
d’une composante commune et d’une composante individuelle.
9
Contrairement à l’approche de Geweke, les di¤érents tests de causalité n’évaluent pas le degré de
dépendance ou l’ampleur des réactions entre les di¤érentes variables. L’approche de Geweke est plus
complète puisqu’elle exige la mesure de la dépendance et de la rétroaction linéaire entre les variables.
Geweke (1982) développe une approche pour tester le degré de la dépendance, selon laquelle la dépendance
et la rétroaction linéaire entre deux séries chronologiques x et y peuvent être mesurées comme la somme
de rétroaction linéaire de x à y, de rétroaction linéaire de y à x, et de rétroaction linéaire instantanée
entre x et y. Pour plus de détails sur la décomposition de Geweke, se référer à Geweke (1982), Chong and
Calderon (2000) et Calderon et Liu (2003).
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 269
L’étude e¤ectuée dans le cadre du présent chapitre de la thèse s’inscrit dans le pro-
longement des travaux de troisième génération qui étudient la relation de causalité entre
la …nance et la croissance sur données de panel10 . En particulier, la démarche méthodolo-
gique utilisée ici s’inspire de l’article de Apergis et al. (2007). La présente étude utilise des
variables de développement …nancier plus diversi…ées, des variables de contrôle di¤érentes
et porte sur un échantillon plus large. Aussi, nous utilisons divers tests de racine unitaire
pour prouver la robustesse des résultats. Contrairement à Apergis et al. (2007) qui testent
la sensibilité de leurs résultats sur les pays de l’OCDE et les pays non membres de l’OCDE,
nous procédons à une répartition de notre échantillon en trois groupes de pays : les pays à
revenu faible, les pays à revenu moyen et les pays à revenu élevé.
10
Il serait intéressant de faire remarquer que les travaux de troisième génération qui étudient la cau-
salité entre la …nance et la croissance restent peu développés comparativement aux travaux de deuxième
génération.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 270
Les tests de racine unitaire que nous utilisons ici sont ceux de Im, Pesaran et Shin
(2003), de Maddala et Wu (1999)11 , et de Pesaran (2003). L’objectif de ce paragraphe
n’est pas de présenter de façon détaillée les tests de racine unitaire sur panel, mais de
relater de façon très brève, l’intuition de ces di¤érents tests12 . Il serait intéressant de faire
remarquer que les premiers tests de racine unitaire sur panel ont été réalisés par Levin
et Lin (1992, 1993). Toutefois, ces tests de première génération présentent la limite de ne
contrôler l’hétérogénéité du panel que par la présence d’e¤ets …xes individuels et temporels,
en supposant l’homogénéité de la racine autorégressive sous l’hypothèse alternative. En
e¤et, il est peu probable qu’en cas de rejet de l’hypothèse de racine unitaire, que l’on
ne puisse accepter l’hypothèse alternative d’une racine autorégressive commune à tous
les individus. Les contributions de IPS (2003), MW (1999) et Pesaran (2003) permettent
d’apporter des solutions à ce problème.
où i est l’e¤et …xe individuel et i est un paramètre constant. Le test d’hypothèse d’IPS
est :
H0 : i = 0; 8 i = 1; :::; N , contre
H1 : i < 0; 8 i = 1; :::; N1 et i = 0; 8 i = N1 + 1; :::; N:
En cas d’absence d’autocorrélation des résidus qui sont indépendants et identiquement
2
distribués ("it N 0; "i ), IPS proposent la statistique t_barN T dé…nie par la moyenne
des N statistiques individuelles de Dickey-Fuller :
1 X
N
t_barN T = tiT ; (5.2)
N i=1
11
IPS pour Im, Pesaran et Shin et MW pour Maddala et Wu par la suite.
12
Pour plus de détails sur les tests de racine unitaire sur panel, se référer à Im, Pesaran et Shin (2003),
Maddala et Wu (1999), ou encore pour des surveys bien founis sur le sujet à Banerjee (1999) ou Hurlin et
Mignon (2005).
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 271
De façon plus générale, lorsqu’on autorise l’autocorrélation des résidus (à l’instar de IPS),
le modèle à estimer se présente sous la forme suivante :
pj
X
yi;t = i + i yi;t 1 + i;j yi;t j + "i;t ; i = 1; 2; :::; N ; t = 1; 2; :::; T: (5.5)
j=1
La statistique du test de IPS pour T et N …nis sur panel non cylindré est (c’est cette
formulation qui est plus généralement retenue) :
p h P i
N t_barN T N 1 N i=1 E [t it (p i ; 0) = i = 0]
Wtbar (p; ) = q P N (0; 1) : (5.6)
N 1 N i=1 V ar [tiT (pi ; 0) = i = 0]
Pour T et N grands, ou encore dans le cas d’un panel cylindré et les résidus sont corrélés
a
du même ordre pour tous les individus, la statistique Wtbar (p; ) converge vers Ztbar :
– Le test de MW (1999)
Le test de MW repose sur la signi…cativité des tests individuels de racine unitaire en
combinant les p-values des N tests individuels de racine unitaire indépendants :
X
N
2
PM W = = 2 ln i (2N ) : (5.7)
i=1
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 272
Si les statistiques des tests individuels de racine unitaire sont continues, les p-values i
(i = 1; 2; :::; N ) sont indépendants et distribués suivant une normale centrée réduite N (0; 1).
2 2
Ainsi, sous l’hypothèse nulle 2 ln i suit un (2) et est distribué suivant un (2N ).
Pour des valeurs de N élevées, Choi (2001) propose une statistique standardisée, qui se
présente sous la forme suivante :
p
1 X
1 N
N fN E [ 2 ln ( i )]g
ZM W = p = p [ 2 ln ( i ) 2] ;
V ar [ 2 ln ( i )] 2 N i=1
1 X
N
= p [ln ( i ) + 1] : (5.8)
N i=1
Breitung (2000) trouve que le test IPS n’est pas puissant lorsque les trends individuels
sont pris en compte, et ce test est très sensible à la spéci…cation d’une tendance déter-
ministe. Par contre, le test de MW a l’avantage comparativement au test de IPS que sa
valeur ne dépende pas des di¤érents retards des tests ADF individuels. De plus, Maddala
et Wu (1999) trouvent que les tests de MW sont meilleurs à ceux d’IPS13 . Pour ces raisons,
lorsque les tests de IPS et de MW conduisent à des résultats contradictoires, nous allons
nous …er au test de MW.
Pesaran considère exactement le même modèle et la même structure de test que IPS
(1997) à la di¤érence près qu’il introduit un facteur commun t :
1 X
N
CIP S (N; T ) = ti (N; T ) : (5.11)
N i=1
1 X
N
CIP S (N; T ) = t (N; T ) ; (5.12)
N i=1 i
et augmenté par les termes habituels des spéci…cations ADF standard. Le modèle CADF
devient alors :
p p
X X
yi;t = i + i yi;t 1 + ci yt 1 + di;j yt j + i;j yi;t j + vi;t : (5.14)
j=0 j=0
Les distributions des statistiques moyennes CIP S (N; T ) et CIP S (N; T ) sont identiques
à celles du cas précédent.
Pedroni propose sept tests de cointégration, dont quatre sont basés sur la dimension within
(intra) et trois sur la dimension between (inter). Les deux catégories de tests reposent sur
l’hypothèse nulle d’absence de cointégration : i = 1 8i, où i désigne le terme autorégressif
des résidus estimés sous l’hypothèse alternative. La distinction entre les deux catégories de
tests se situe au niveau de la spéci…cation de l’hypothèse alternative :
– pour les tests fondés sur la dimension intra, l’hypothèse alternative est : i = <1
8i; alors que ;
– pour les tests fondés sur la dimension inter, l’hypothèse alternative est : i < 1 8i:
On constate que le test basé sur la dimension inter est plus général dans la mesure où
il autorise la présence d’hétérogénéité entre les individus sous l’hypothèse alternative. Les
tests fondés sur la dimension within (intra) sont : la statistique panel , la statistique panel
, la statistique panel t (non paramétrique) et la statistique panel t (paramétrique). En ce
qui concerne les tests basés sur la dimension between (inter) il y a : la statistique groupe
, la statistique groupe t (non paramétrique) et la statistique groupe t (paramétrique).
– Les tests fondés sur la dimension between (group mean panel cointegration statistics) :
avec
ki
1X X 1X 2
T T
^i = s
1 ^ i;t ^ i;t s ; s^2i ^ ; (5.24)
T s=1 ki + 1 t=s+1
T t=1 i;t
1 X^ 2 2 1X 2
N T
^ 2i = s^2i + 2 ^ i ; ~ 2N;T L ^ ; s^ 2 ^ ; (5.25)
N i=1 11i i i T i=1 i;t
ki
1 X 2 ^ 2 1X 2 2X X
N T T
2 s
s~N;T s^i ; L11i = ^i;t + 1 ^i;t ^i;t s : (5.26)
N i=1 T t=1 T s=1 ki + 1 t=s+1
où ^ i;t , ^ i;t et ^i;t sont les résidus obtenus à partir des régressions suivantes : ^"it = ^i^"it 1+
Pi P ^
^ i;t , ^"it = ^i^"it 1 + kk=1 ^i;k ^"it k + ^ i;t , et en…n yi;t = M
m=1 mi xmi;t + ^i;t .
Les statistiques sont construites sur la base des relations de cointégration et d’un certain
nombre d’estimateurs de paramètres de nuisance. Le paramètre de nuisance L ^ 2 correspond
11i
eme
à la i composante de la décomposition de Cholesky de la matrice de variance-covariance
2
des résidus. i et s2i désignent respectivement les variances individuelles contemporaines
et de long terme.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 277
L’estimateur des DOLS en panel proposé par Kao et Chiang (1998, 2001) s’inspire de
l’estimateur en série temporelle de Stock et Watson (1993). Considérons le modèle à e¤ets
…xes d’une régression en panel :
où yit est une matrice de dimension (1; 1), est le vecteur des pentes de dimension (k; 1),
i est l’e¤et …xe individuel, uit est le terme d’erreur supposé stationnaire. On suppose
également que xit , un vecteur de dimension (k; 1), est un processus intégré d’ordre 1, pour
tout i, tel que :
xit = xi;t 1 + "it : (5.28)
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 278
Selon Kao et Chiang (1998), le processus fuit g peut être projeté sur f"it g pour obtenir :
j=+1 j=+1
X X
uit = cij "i;t+j + vit ; avec kcij k < 1; (5.29)
j= 1 j= 1
fvit g est un processus stationnaire de moyenne nulle, fvit g et f"it g ne sont ni correlés pour
les valeurs contemporaines, ni avec les termes en retards et les termes futurs (lags et leads).
Dans la pratique, les lags et les leads sont tronqués et on a :
j=q2
X
uit = cij "i;t+j + vit : (5.30)
j= q1
L’hypothèse faite par Kao et Chiang (1998, 2001) sur les lags et les leads (q1 et q2 ), est que
q3
ces deux paramètres tendent vers l’in…ni avec T à un taux approprié, c’est-à-dire : T1 ! 0;
q23 P
T
! 0 et T 1=2 kcij k ! 0: En remplaçant uit par son expression dans l’équation de
jjj>q1 ou q2
régression standard, on a :
j=q2
X
yit = i + x0it + cij "i;t+j + vit : (5.31)
j= q1
Par conséquent, l’estimateur des DOLS est obtenu à partir de la régression suivante :
j=q2
X
yit = i + x0it + cij xi;t+j + vit : (5.32)
j= q1
On peut bien remarquer que l’équation caractéristique de l’estimateur des DOLS est une ex-
tension d’une régression standard dans laquelle on intègre les lags et les leads des variables
exogènes en di¤érence dans la relation de cointégration a…n de reproduire asympthotique-
ment des estimateurs sans biais et d’éviter les problèmes liés à l’estimation des paramètres
de nuisance.
Pesaran, Shin et Smith (1999) proposent l’estimateur Pooled Mean Group (PMG) qui
suppose une homogénéité des coe¢ cients à long terme contre une hétérogénéité à court
terme. En e¤et, l’hypothèse d’homogénéité des coe¢ cients à long terme repose sur le fait
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 279
que les contraintes budgétaires, les conditions d’arbitrage ou encore les technologies de pro-
duction identiques a¤ectent de la même manière les di¤érents groupes de pays. Par contre
l’hétérogénéité de court terme révèle l’existence d’une di¤érence au niveau de la spéci…ca-
tion de la dynamique dans chaque pays. En e¤et, l’estimateur PMG est un intermédiaire
entre l’estimateur MG (qui consiste à estimer des équations séparées pour chaque pays et
examiner la distribution des coe¢ cients estimés, en particulier la moyenne des coe¢ cients)
et l’estimateur DFE (seuls les e¤ets individuels qui peuvent être …xes ou aléatoires per-
mettent de prendre en compte l’hétérogénéité de l’échantillon, alors que les coe¢ cients des
variables exogènes sont supposés constants). Le modèle “Autoregressive Distributed Lag”
ARDL (p; q; q; ::::; q) postulé par Pesaran et al. (1999) se présente comme suit :
p q
X X
0
yit = ij yi;t j + ij xi;t j + i + "it ; (5.33)
j=1 j=0
Les résultats des tests de racine unitaire sur l’échantillon d’étude14 sont présentés dans
le tableau 5.1. Nous calculons deux statistiques de IPS : la première sans autocorrélation
des résidus (sous l’hypothèse que les tiT sont i:i:d:) et la deuxième prend en compte l’au-
tocorrélation ; ensuite la statistique de MW et celle de Choi (2001), puis celle de Pesaran
(2003). Nous faisons l’hypothèse d’un modèle avec une constante et sans “trend”pour les
statistiques individuelles ADF15 . Comme on peut le remarquer au niveau du tableau 5.1,
on ne peut rejeter l’hypothèse nulle de racine unitaire dans plusieurs cas. Les résultats
obtenus suggèrent que les variables sont non stationnaires en niveau mais stationnaire en
di¤érence première à l’exception des variables BANK, CENT, et du taux d’in‡ation qui
sont stationnaires en niveau. Ainsi, on peut avancer que les séries sont I(1), et nous auto-
risent à réaliser les tests de cointégration entre le développement …nancier et la croissance
économique sur données de panel, lorsque les variables sont toutes intégrées du même ordre.
Toutefois, lorsqu’on réalise des tests de stationnarité sur di¤érents groupes de pays
suivant le niveau de revenu (pays à faible revenu, pays à revenu moyen et pays à revenu élevé
respectivement au niveau des tableaux 5.2, 5.3 et 5.4), on constate que la variable BANK
n’est stationnaire en niveau que pour l’échantillon constitué de pays à revenu élevé, alors
qu’on ne peut rejeter l’hypothèse nulle d’existence de racine unitaire pour cette variable au
niveau des deux autres groupes de pays. En ce qui concerne la variable CENT, malgré les
résultats parfois contradictoires entre les tests de IPS et de MW, on peut conclure que cette
variable est I(1) uniquement au niveau des pays à revenu faible. Quant aux variables GOV
et OPEN, elles sont non stationnaires en niveau et stationnaires en di¤érence première
dans tous les cas. En ce qui concerne le taux d’in‡ation, la stationnarité observée au
niveau de l’échantillon globale est conservée pour les di¤érents sous-groupes de pays ; par
conséquent le taux d’in‡ation ne peut être pris en compte dans l’étude de la relation
de cointégration. Le test de racine unitaire de deuxième génération (CIPS de Pesaran,
2003) fournit des résultats très proches de ceux obtenus au niveau des tests de première
14
La base de données est la même que celle du chapitre 4. Il faut ajouter que les données utilisées ici
sont en fréquence annuelle.
15
Les di¤érents tests de racine unitaire sont réalisés à partir des codes Matlab élaborés par Hurlin (2004),
disponibles à l’adresse : http ://www.univ-orleans.fr/deg/masters/ESA/CH/churlin_R.htm.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 281
génération. Cependant, on observe une légère divergence au niveau des deux générations
de test en ce qui concerne la variable BANK (échantillon global), les variables BANK et
CENT (échantillon des pays à revenu faible), et la variable CENT (échantillon des pays
à revenu élevé). La relation de cointégration ne pouvant être étudiée lorsque les variables
ne sont pas intégrées du même ordre, les estimations ne sont réalisées pour les variables
BANK et CENT que dans certains cas.
Tab. 5.1 –Tests de racines unitaire sur données de panel (échantillon total)
PIB 9.374 (1) 9.262 (1) 94.52 (0:99) -2.817 (0:99) -1.707 (0:60)
BANK -3.208 (0:00) -3.261 (0:00) 185.02 (0:00) 2.553 (0:00) -1.968 (0:16)
LIQ 4.514 (1) 4.385 (1) 100.31 (0:99) -2.473 (0:99) -1.816 (0:40)
CENT -3.906 (0:00) -4.030 (0:00) 219.79 (0:00) 4.616 (0:00) -2.052 (0:07)
DEP 5.550 (1) 5.399 (1) 105.73 (0:99) -2.151 (0:98) -1.575 (0:83)
PRIV 3.264 (0:99) 3.093 (0:99) 140.27 (0:52) -0.102 (0:54) -1.632 (0:74)
OPEN 2.347 (0:99) 2.304 (0:98) 138.31 (0:74) -0.693 (0:75) -1.753 (0:51)
GOV -2.041 (0:02) -2.039 (0:02) 172.59 (0:04) 1.815 (0:03) -1.805 (0:42)
INFL -39.02 (0:00) -38.96 (0:00) 649.32 (0:00) 30.104 (0:00) -2.479 (0:01)
PIB -37.101 (0:00) -37.026 (0:00) 638.496 (0:00) 29.461 (0:00) -3.072 (0:01)
LIQ -29.726 (0:00) -29.603 (0:00) 582.126 (0:00) 26.116 (0:00) -2.964 (0:01)
DEP -24.155 (0:00) -24.037 (0:00) 549.722 (0:00) 24.193 (0:00) -2.930 (0:01)
PRIV -23.089 (0:00) -22.982 (0:00) 534.196 (0:00) 23.272 (0:00) -3.000 (0:01)
OPEN -43.777 (0:00) -43.574 (0:00) 645.566 (0:00) 29.881 (0:00) -3.209 (0:01)
GOV -44.929 (0:00) -44.911 (0:00) 653.934 (0:00) 30.377 (0:00) -3.631 (0:01)
PIB 1.986 (0:97) 1.909 (0:97) 48.762 (0:07) 1.504 (0:06) -1.100 (0:99)
BANK -0.612 (0:27) -0.625 (0:26) 39.263 (0:32) 0.384 (0:35) -2.391 (0:01)
LIQ 2.174 (0:98) 2.153 (0:98) 26.343 (0:88) -1.138 (0:87) -1.543 (0:79)
CENT -1.705 (0:04) -1.720 (0:04) 43.065 (0:19) 0.832 (0:20) -2.359 (0:01)
DEP 1.795 (0:96) 1.780 (0:96) 25.030 (0:91) -1.292 (0:90) -1.109 (0:99)
PRIV 2.826 (0:99) 2.777 (0:99) 24.495 (0:92) -1.355 (0:91) -0.815 (0:99)
OPEN -0.353 (0:36) -0.365 (0:35) 42.835 (0:20) 0.805 (0:21) -1.976 (0:22)
GOV -0.359 (0:35) -0.360 (0:35) 35.702 (0:48) -0.035 (0:51) -1.611 (0:71)
INFL -21.58 (0:00) -21.58 (0:00) 165.78 (0:00) 15.295 (0:00) -3.776 (0:01)
PIB -22.525 (0:00) -22.371 (0:00) 160.816 (0:00) 14.709 (0:00) -3.281 (0:01)
BANK -23.109 (0:00) -23.013 (0:00) 165.786 (0:00) 15.295 (0:00) -3.561 (0:01)
LIQ -21.138 (0:00) -21.090 (0:00) 165.786 (0:00) 15.295 (0:00) -3.298 (0:01)
CENT -12.741 (0:00) -12.672 (0:00) 137.569 (0:00) 11.970 (0:00) -3.566 (0:01)
DEP -15.264 (0:00) -15.229 (0:00) 158.619 (0:00) 14.450 (0:00) -3.272 (0:01)
PRIV -16.163 (0:00) -16.126 (0:00) 164.399 (0:00) 15.132 (0:00) -3.632 (0:01)
OPEN -19.630 (0:00) -19.487 (0:00) 163.280 (0:00) 15.000 (0:00) -3.611 (0:01)
GOV -26.070 (0:00) -26.070 (0:00) 165.786 (0:00) 15.295 (0:00) -3.848 (0:01)
PIB 5.540 (1) 5.490 (1) 37.502 (0:98) -2.053 (0:98) -1.576 (0:79)
BANK -1.476 (0:07) -1.497 (0:07) 66.783 (0:25) 0.619 (0:26) -2.066 (0:11)
LIQ 2.490 (0:99) 2.431 (0:99) 43.140 (0:95) -1.539 (0:93) -1.707 (0:60)
CENT -3.829 (0:00) -3.874 (0:00) 99.947 (0:00) 3.646 (0:00) -2.207 (0:03)
DEP 1.481 (0:93) 1.410 (0:92) 60.836 (0:44) 0.076 (0:46) -1.747 (0:54)
PRIV -2.059 (0:02) -2.105 (0:02) 84.406 (0:02) 2.227 (0:01) -1.876 (0:34)
OPEN 1.886 (0:97) 1.849 (0:96) 50.823 (0:79) -0.837 (0:79) -1.521 (0:85)
GOV -2.116 (0:02) -2.115 (0:02) 80.235 (0:04) 1.847 (0:03) -1.930 (0:25)
INFL -28.32 (0:00) -28.24 (0:00) 271.70 (0:00) 19.325 (0:00) -3.595 (0:01)
PIB -22.801 (0:00) -22.781 (0:00) 272.280 (0:00) 19.378 (0:00) -3.252 (0:01)
BANK -26.991 (0:00) -26.891 (0:00) 267.366 (0:00) 18.929 (0:00) -3.723 (0:01)
LIQ -18.246 (0:00) -18.194 (0:00) 251.670 (0:00) 17.497 (0:00) -3.011 (0:01)
DEP -16.234 (0:00) -16.157 (0:00) 235.942 (0:00) 16.061 (0:00) -3.186 (0:01)
PRIV -15.168 (0:00) -15.082 (0:00) 224.151 (0:00) 14.985 (0:00) -3.027 (0:01)
OPEN -29.425 (0:00) -29.316 (0:00) 270.447 (0:00) 19.211 (0:00) -3.125 (0:01)
GOV -29.723 (0:00) -29.694 (0:00) 276.310 (0:00) 19.746 (0:00) -3.687 (0:01)
PIB 8.385 (1) 8.326 (1) 8.261 (1) -3.934 (1) -1.679 (0:62)
BANK -3.409 (0:00) -3.451 (0:00) 78.981 (0:00) 3.438 (0:00) -2.151 (0:07)
LIQ 3.164 (0:99) 3.019 (0:99) 30.830 (0:95) -1.581 (0:94) -1.738 (0:54)
CENT -0.981 (0:16) -1.131 (0:12) 76.778 (0:00) 3.208 (0:00) -1.667 (0:64)
DEP 6.471 (1) 6.279 (1) 19.872 (0:99) -2.724 (0:99) -1.212 (0:98)
PRIV 5.387 (1) 5.586 (1) 31.369 (0:95) -1.525 (0:93) -0.981 (0:99)
OPEN 2.283 (0:98) 2.257 (0:98) 36.656 (0:83) -0.974 (0:83) -1.633 (0:68)
GOV -1.729 (0:04) -1.728 (0:04) 56.658 (0:13) 1.111 (0:13) -1.990 (0:20)
INFL -17.11 (0:00) -17.09 (0:00) 211.83 (0:00) 17.289 (0:00) -3.700 (0:01)
PIB -19.218 (0:00) -19.218 (0:00) 205.400 (0:00) 16.618 (0:00) -2.987 (0:01)
LIQ -12.688 (0:00) -12.610 (0:00) 164.669 (0:00) 12.372 (0:00) -2.791 (0:01)
DEP -10.396 (0:00) -10.339 (0:00) 155.161 (0:00) 11.380 (0:00) -2.382 (0:01)
PRIV -8.944 (0:00) -8.918 (0:00) 145.644 (0:00) 10.388 (0:00) -2.585 (0:01)
OPEN -25.942 (0:00) -25.849 (0:00) 211.837 (0:00) 17.289 (0:00) -3.245 (0:01)
GOV -21.930 (0:00) -21.930 (0:00) 211.837 (0:00) 17.289 (0:00) -3.430 (0:01)
Echantillon global
Statistique panel - - 20.012 19.272 19.832
Statistique panel - - -16.698 -16.815 -16.777
Statistique panel t (non para) - - -27.248 -26.799 -26.977
Statistique panel t (para) - - -25.789 -25.898 -25.410
Groupe panel - - -16.725 -16.578 -16.722
Groupe panel t (non para) - - -34.361 -32.980 -33.769
Groupe panel t (para) - - -32.150 -31.390 -31.064
Pays à revenu faible
Statistique panel 10.562 10.592 10.835 10.150 10.595
Statistique panel -11.423 -11.830 -11.986 -11.724 -11.751
Statistique panel t (non para) -18.725 -19.037 -18.883 -18.172 -18.374
Statistique panel t (para) -16.739 -17.118 -17.183 -16.860 -15.805
Groupe panel -11.362 -11.852 -12.016 -11.607 -11.855
Groupe panel t (non para) -22.628 -23.573 -22.791 -21.680 -22.597
Groupe panel t (para) -19.583 -20.438 -20.185 -19.323 -18.031
Pays à revenu moyen
Statistique panel 6.114 - 5.979 5.535 5.593
Statistique panel -11.154 - -11.173 -11.093 -11.005
Statistique panel t (non para) -18.944 - -18.355 -17.794 -17.867
Statistique panel t (para) -16.914 - -16.973 -16.314 -15.954
Groupe panel -10.394 - -10.604 -10.444 -10.332
Groupe panel t (non para) -22.470 - -22.113 -21.713 -21.675
Groupe panel t (para) -19.290 - -19.905 -19.080 -18.504
Pays à revenu élevé
Statistique panel - 11.197 11.019 10.689 10.753
Statistique panel - -7.829 -7.453 -7.545 -7.554
Statistique panel t (non para) - -13.043 -12.634 -12.814 -12.843
Statistique panel t (para) - -13.168 -11.894 -12.804 -12.836
Groupe panel - -7.380 -7.339 -7.375 -7.369
Groupe panel t (non para) - -15.906 -16.370 -16.224 -16.283
Groupe panel t (para) - -15.809 -15.207 -15.992 -16.062
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 287
Le modèle à estimer en supposant que le lag et le lead des variables exogènes sont égaux
à 1, à l’aide des DOLS se présente sous la forme suivante :
X
1 X
1
yit = i+ 1 Fit + j+3 Fi;t+j + 1 Xit + j+3 Xi;t+j + ui;t ; (5.35)
j= 1 j= 1
où X = [Gov Open] est une matrice de variables exogènes comportant le ratio des dépenses
gouvernementales et le taux d’ouverture. Cette spéci…cation est seulement valable pour les
variables cointégrées. La synthèse des résultats de l’estimation de la relation de cointégra-
tion entre le développement …nancier et la croissance économique à l’aide des DOLS est
présentée dans les tableaux 5.6 et 5.7. Nous présentons uniquement dans ces deux tableaux
les valeurs des coe¢ cients de long terme des variables ; par conséquent les e¤ets …xes in-
dividuels et les coe¢ cients des autres variables du modèle ne sont pas reportés dans les
tableaux16 .
Les résultats obtenus à l’aide des DOLS con…rment l’existence d’une relation de long
terme entre le développement …nancier et l’output au niveau de l’échantillon global. Des ré-
sultats signi…catifs sont également obtenus pour les variables de contrôle (GOV et OPEN).
Des résultats suggérant l’existence d’une relation de long terme entre la …nance et l’output
sont obtenus en ce qui concerne les di¤érents sous groupes de pays (pays à revenu faible,
pays à revenu moyen et pays à revenu élevé). Cependant, l’intensité de lien varie suivant le
niveau de revenu : les coe¢ cients obtenus au niveau des pays à revenu élevé sont supérieurs
à ceux des pays à revenu moyen et faible ; par exemple le coe¢ cient de la variable LIQ
est de 0,108 au niveau des pays à revenu faible, contre 0,398 et 0,647 respectivement au
niveau des pays à revenu moyen et élevé. La tendance générale des résultats est conservée
16
Les coe¢ cients des variables non présentés dans les tableaux 5.6 et 5.7 (e¤ets …xes individuels, variables
en di¤érence, lag des variables en di¤érence, lead des variables en di¤érence) peuvent être fournis sur
demande.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 288
lorsqu’on contrôle l’e¤et de la taille de l’échantillon en rapportant les coe¢ cients à leur
écart-type. On peut toutefois faire des tests complémentaires de comparaison des coe¢ -
cients a…n de tirer des conclusions plus robustes quant à la di¤érence de la relation de long
terme entre la …nance et la croissance au niveau des sous groupes de pays. Ces résultats se
rapprochent de ceux obtenus au chapitre précédent, où nous montrons que la sensibilité de
la croissance par rapport à la …nance est faible dans les pays à bas revenu. Ainsi, quel que
soit le niveau du revenu du pays, il existe un sentier de croissance à long terme caractérisé
par une relation positive entre l’output et le développement …nancier.
Les résultats obtenus sont semblables à ceux d’Apergis et al. (2007) et de Dufrénot et
al. (2007). En e¤et, Apergis et al. (2007) trouvent qu’il existe une relation de long terme
entre le développement …nancier et la croissance économique aussi bien dans les pays de
l’OCDE, que dans les pays non membres de l’OCDE. Par contre, les résultats de Dufrénot
et al. (2007) suggèrent que la relation de long terme entre la …nance et de croissance n’est
possible que dans les pays de l’OCDE, alors que l’hétérogénéité des pays non membres de
l’OCDE ne favorise pas l’existence d’une telle relation.
Echantillon global
Notes : Nous ne présentons dans ce tableau que les coe¢ cients des variables d’intérêt. Le R2
within est plus pertinent dans une telle estimation car il donne une idée de la part de la variabilité
intra-individuelle dans la variable dépendante expliquée par les variables explicatives. Les valeurs entre
parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1%. signi…catif au seuil d’erreur
de 5%. signi…catif au seuil d’erreur de 10%. PRF = pays à revenu faible.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 290
Tab. 5.7 –Estimation de la relation de cointégration à l’aide des DOLS (PRM et PRE)
Notes : Nous ne présentons dans ce tableau que les coe¢ cients des variables d’intérêt. Le R2
within est plus pertinent dans une telle estimation car il donne une idée de la part de la variabilité
intra-individuelle dans la variable dépendante expliquée par les variables explicatives. Les valeurs entre
parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1%. signi…catif au seuil d’erreur
de 5%. signi…catif au seuil d’erreur de 10%. PRM = pays à revenu moyen ; PRE = pays à revenu
élevé.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 291
Nous estimons deux équations réciproques pour tester aussi bien la causalité de la …nance
vers la croissance, que celle de la croissance vers la …nance. Les résultats obtenus à l’issue
des estimations sont récapitulés dans le tableau 5.8 qui présente uniquement les coe¢ cients
à correction d’erreur. Les coe¢ cients des autres variables à long terme sont présentés dans
les tableaux 5.9, 5.10, 5.11, et 5.12 situés en annexe du présent chapitre17 .
Les résultats du tableau 5.8 montrent que les coe¢ cients de correction d’erreur ( ) sont
négatifs et signi…catifs ; ce qui implique que l’hypothèse nulle d’absence de causalité entre
la …nance et la croissance est rejetée dans tous les cas. Plus particulièrement, on remarque
au niveau de l’échantillon globale que non seulement la …nance cause la croissance, mais
la relation réciproque est également véri…ée ; toutefois, la relation de la croissance vers la
…nance semble dominer celle de la …nance vers la croissance. Cette tendance se conserve au
niveau des di¤érents sous groupes de pays répartis suivant le niveau de revenu. Cependant,
l’intensité du lien de causalité varie suivant le niveau de revenu : la causalité de la …nance
vers la croissance est plus forte dans les pays à revenu faible que dans les pays à revenu
moyen et élevé ; par contre en ce qui concerne la relation de la croissance vers la …nance, elle
semble être plus intense dans les pays à revenu moyen18 . On peut aussi déduire que malgré
l’existence d’une relation de causalité réciproque dans les pays à revenu élevé, l’intensité
du lien est plus faible comparativement aux autres catégories de pays.
17
Le programme utilisé pour implémenter les PMG est celui élaboré par Pesaran et al. (1999) disponible
à l’adresse : http ://www.econ.cam.uk/faculty/pesaran. Les résultats des coe¢ cients de court terme par
pays sont disponibles sur demande ; de même que les résultats des estimations réalisées à l’aide des MG
(mean group), des DFE (dynamic …xed e¤ects) et des SFE (static …xed e¤ects).
18
Comme au niveau des estimations réalisées à l’aide des DOLS, ces résultats restent robustes suite au
contrôle de l’e¤et taille en rapportant les coe¢ cients à leur écart-type.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 292
Les résultats fournis par l’étude de la relation de causalité entre la …nance et la crois-
sance vont dans le même sens que ceux obtenus par Apergis et al. (2007), et con…rment
la plupart des travaux récemment réalisés : il existe une relation de causalité réciproque
entre la …nance et la croissance quel que soit le niveau de revenu du pays ; ce qui di¤ère,
c’est l’intensité de cette causalité.
Les implications de politique économique qui découlent de ces résultats sont que les
mesures visant l’amélioration du développement …nancier se traduiront par des e¤ets posi-
tifs en terme de croissance. L’impact positif du développement …nancier sur la croissance
économique est d’autant plus élevé dans les pays à faible niveau de revenu. De même, des
mesures favorisant la stabilité du cadre macroéconomique, le niveau d’ouverture, l’inves-
tissement dans des dépenses gouvernementales productives, bref la croissance économique
aura des e¤ets positifs importants sur le développement …nancier à long terme. Ainsi, la
causalité réciproque entre les deux variables suggère que les politiques économiques doivent
viser le développement …nancier et la croissance économique a…n d’accroître l’interaction
entre les deux secteurs.
5.5 Conclusion
Echantillon global
DF!Y - -0.014 - -0.048 -0.049
(0:002) (0:007) (0:007)
Y!DF - -0.090 - -0.092 -0.087
(0:011) (0:010) (0:009)
Pays à revenu faible
DF!Y -0.117 -0.112 -0.074 -0.106 -0.103
(0:029) (0:030) (0:034) (0:028) (0:030)
Y!DF -0.152 -0.110 -0.074 -0.095 -0.080
(0:039) (0:027) (0:026) (0:022) (0:015)
Pays à revenu moyen
DF!Y -0.080 -0.030 - -0.035 -0.053
(0:017) (0:005) (0:005) (0:007)
Y!DF -0.162 -0.104 - -0.132 -0.122
(0:019) (0:014) (0:020) (0:017)
Pays à revenu élevé
DF!Y - -0.021 -0.023 -0.016 -0.017
(0:003) (0:003) (0:002) (0:002)
Y!DF - -0.089 -0.073 -0.038 -0.036
(0:022) (0:029) (0:009) (0:013)
Notes : Les coe¢ cients de correction d’erreur ( ) sont reportés dans le tableau ci-dessus. Les valeurs
entre parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil
d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 294
entre les deux variables semble être plus forte dans les pays à revenu faible et moyen que
dans les pays à revenu élevé.
Ces résultats suggèrent qu’une politique visant la croissance économique doit promou-
voir le développement …nancier, de même qu’une politique de développement …nancier doit
prendre en compte les aspects non …nanciers de la croissance. Ainsi, la causalité entre le
développement …nancier et la croissance économique doit être appréhendée à travers une
logique de réciprocité, a…n d’espérer une relation étroite entre les deux variables à long
terme. Par conséquent, quel que soit le niveau de revenu du pays, la croissance écono-
mique cause le développement …nancier, et le développement …nancier cause la croissance
économique, et les deux concourent au développement économique.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 295
5.6 Annexes
Tab. 5.9 –Estimation de la relation de long terme entre la …nance et la croissance à l’aide
des PMG sur l’échantillon global
Variable endogène y
Finance 0.717 1.416 1.106
(0:188) (0:621) (0:425)
Gov -1.639 -0.120 -0.117
(0:321) (0:065) (0:059)
Open -0.169 0.006 0.012
(0:165) (0:05) (0:050)
Coe¢ cient EC ( ) -0.014 -0.048 -0.049
(0:002) (0:007) (0:007)
Variable endogène DF
y 0.720 0.966 1.053
(0:048) (0:033) (0:052)
Gov 0.349 0.186 0.420
(0:042) (0:055) (0:089)
Open 0.061 0.072 -0.016
(0:047) (0:052) (0:064)
Coe¢ cient EC ( 0 ) -0.090 -0.092 -0.087
(0:011) (0:010) (0:009)
Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 296
Variable endogène y
Finance 0.229 0.198 -0.219 -0.040 -0.089
(0:059) (0:051) (0:046) (0:042) (0:039)
Gov 0.038 0.113 0.231 0.012 0.027
(0:037) (0:047) (0:064) (0:037) (0:031)
Open 0.067 0.061 0.143 0.140 0.088
(0:063) (0:051) (0:100) (0:059) (0:054)
Coe¢ cient EC ( ) -0.117 -0.112 -0.074 -0.106 -0.103
(0:029) (0:030) (0:034) (0:028) (0:030)
Variable endogène DF
y 0.150 0.290 1.992 -0.122 2.123
(0:096) (0:130) (0:503) (0:150) (0:262)
Gov 0.490 0.445 1.853 0.548 0.320
(0:083) (0:066) (0:373) (0:049) (0:105)
Open 0.197 0.502 1.217 0.109 0.524
(0:064) (0:104) (0:520) (0:097) (0:224)
Coe¢ cient EC ( 0 ) -0.152 -0.110 -0.074 -0.095 -0.080
(0:039) (0:027) (0:026) (0:022) (0:015)
Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 297
Variable endogène : y
Finance 0.585 0.367 0.254 0.260
(0:047) (0:128) (0:088) (0:039)
Gov 0.221 -0.202 -0.163 -0.052
(0:019) (0:144) (0:117) (0:085)
Open -0.064 -0.271 -0.174 -0.125
(0:044) (0:165) (0:137) (0:084)
Coe¢ cient EC ( ) -0.080 -0.030 -0.035 -0.053
(0:017) (0:005) (0:005) (0:007)
Variable endogène : DF
y 0.158 0.854 0.959 1.132
(0:022) (0:062) (0:035) (0:071)
Gov -0.198 0.129 0.048 -0.174
(0:036) (0:094) (0:063) (0:119)
Open -0.012 -0.248 0.078 -0.081
(0:035) (0:088) (0:062) (0:084)
Coe¢ cient EC ( 0 ) -0.162 -0.104 -0.132 -0.122
(0:019) (0:014) (0:020) (0:017)
Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
5. Causalité et cointégration entre la …nance et la croissance 298
Variable endogène : y
Finance 0.028 0.041 0.385 0.306
(0:191) (0:055) (0:253) (0:222)
Gov -2.294 -2.021 -2.419 -2.580
(0:491) (0:456) (0:654) (0:679)
Open -0.069 0.036 -0.106 -0.102
(0:195) (0:171) (0:246) (0:234)
Coe¢ cient EC ( ) -0.021 -0.023 -0.016 -0.017
(0:003) (0:003) (0:002) (0:002)
Variable endogène : DF
y 0.431 1.912 1.282 2.744
(0:077) (0:356) (0:168) (0:310)
Gov 0.473 2.342 1.736 -3.243
(0:123) (0:356) (0:306) (0:450)
Open 0.336 1.367 -0.858 0.153
(0:100) (0:344) (0:282) (0236)
Coe¢ cient EC ( 0 ) -0.089 -0.073 -0.038 -0.036
(0:022) (0:029) (0:009) (0:013)
Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
Chapitre 6
6.1 Introduction
299
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 300
L’objet de ce chapitre est d’identi…er les variables macroéconomiques qui sont à l’origine
de la non linéarité de la relation entre le développement …nancier et la croissance. Pour
ce faire, la démarche que nous adoptons ici peut être décrite en trois étapes : d’abord
nous e¤ectuons des régressions non paramétriques (de type kernel, loess et lowess) pour
mettre en évidence la relation non linéaire entre le développement …nancier et la croissance
économique ; ensuite, nous réalisons de simples régressions non linéaires (ie. comportant des
variables de développement …nancier croisées avec les indicateurs macroéconomiques) a…n
de déterminer les variables qui sont signi…catives dans l’explication de cette non linéarité ;
en…n dans la dernière section du présent chapitre, nous étudions la non linéarité entre le
développement …nancier et la croissance économique à l’aide de la méthodologie des PSTR
(panel smooth threshold regression).
Les résultats obtenus à l’aide des régressions non linéaires et des PSTR suggèrent que la
relation entre la …nance et la croissance est non linéaire et possède de forts e¤ets de seuils.
Cette hétérogénéité de la relation entre la …nance et la croissance peut dépendre aussi
bien des paramètres structurels du pays que les politiques économiques mises en oeuvre.
Plus précisement, les économies caractérisées par un faible niveau d’instabilité …nancière et
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 301
La suite du présent chapitre est organisée de la façon suivante : d’abord dans une
première partie, nous présentons une brève revue de littérature des travaux qui se sont
intéressés à l’analyse de la non linéarité entre le développement …nancier et la croissance
économique ; nous réalisons ensuite des graphiques non paramétriques a…n de mettre en
évidence la relation non linéaire entre la …nance et la croissance ; en…n nous présentons une
approche polynomiale simple d’étude de la non linéarité entre les deux variables, puis une
évaluation sur PSTR.
Bien qu’il n’y ait pas une structuration précise et une unanimité des résultats au niveau
des di¤érents travaux qui s’intéressent à l’analyse de la non linéarité entre le développe-
ment …nancier et la croissance économique, on peut bien constater que, tandis que certains
auteurs estiment que le développement …nancier est la source de la relation non linéaire
entre la …nance et la croissance, d’autres pensent que le développement économique serait
la variable qui conditionnerait la non linéarité1 . Toutefois, ce qui est frappant au niveau
de la littérature sur le sujet, c’est que les études qui utilisent les mêmes catégories de
variables comme indicateurs de seuils conduisent parfois à des résultats contradictoires,
qu’on ne pourrait simplement pas attribuer à la divergence au niveau des échantillons de
pays utilisés. Aussi, les auteurs ne justi…ent pas souvent l’utilisation de tel ou tel indicateur
comme variable de seuil. En e¤et, Khan et Senhadji (2003) s’interrogent sur les critères
suivant lesquels, les pays doivent être regroupés pour étudier la non linéarité entre le déve-
loppement …nancier et la croissance économique. Ils avancent que ces critères peuvent être
dé…nis par rapport au développement économique ou …nancier ou suivant les performances
de croissance, et conduire à des résultats di¤érents :
or growth performance ? Each one may well lead to quite a di¤erent result.”
(Khan et Senhadji 2003, p. 104).
En adoptant une démarche similaire à celle de Kpodar (2006), nous structurons cette
revue de littérature en trois parties : d’abord, nous présentons les travaux qui soutiennent
la thèse selon laquelle le développement …nancier serait la source de la non linéarité de la
relation entre la …nance et la croissance ; ensuite, nous relatons les travaux qui utilisent le
développement économique comme variable de seuil ; et en…n dans la troisième partie, nous
présentons les résultats de quelques travaux qui utilisent une approche semi-paramétrique
pour estimer la relation entre le développement …nancier et la croissance économique.
Berthélemy et Varoudakis (1995, 1996)2 sont sans doute les premiers auteurs à fournir
une évidence empirique à l’existence d’équilibres multiples entre le développement …nancier
et la croissance économique à travers les clubs de convergence3 . Ils utilisent des tests de
stabilité successifs (tests de Chow) pour identi…er de façon endogène les seuils entre le
développement …nancier et la croissance économique suivant le niveau d’éducation4 (c’est-
à-dire qu’ils déterminent d’abord le seuil du taux de scolarisation, indicateur de capital
humain), puis dans chaque sous groupe les seuils de développement …nancier. Les auteurs
mettent en évidence des trappes de sous développement à travers l’estimation d’un modèle
de croissance (entre 1960 et 1985) par rapport au niveau initial du développement …nancier
2
Bien qu’on puisse constater que Berthélemy et Varoudakis utilisent parfois des indicateurs de déve-
loppement …nancier couplés avec ceux de développement économique pour étudier la non linéarité entre la
…nance et la croissance, le facteur déterminant de la linéarité chez ces deux auteurs est le développement
…nancier.
3
Selon Berthélemy et Varoudakis (1995), l’hypothèse de convergence globale implique la stabilité struc-
turelle de la relation entre le développement …nancier et la croissance sur les di¤érents groupes de pays.
Tester donc l’hypothèse d’équilibres multiples, en liaison avec le développement du secteur …nancier, contre
l’hypothèse nulle de convergence globale des économies, revient à tester la stabilité des coe¢ cients de la
relation entre le développement …nancier et la croissance sur des groupes de pays avec des niveaux de
développement …nancier di¤érents.
4
Sur chaque sous échantillon constitué suivant le niveau d’éducation, des tests de stabilité de Chow
sont réalisés a…n de déceler les ruptures au niveau de chaque sous groupe entre le développement …nancier
et la croissance économique.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 303
Les résultats obtenus par Berthélemy et Varoudakis (1995, 1996) à l’issue de l’estimation
sur chaque sous groupe de pays suggèrent une absence d’e¤et du développement …nancier
sur la croissance économique dans les groupes C, D et E. Ainsi, dans les pays qui ont un
taux de scolarisation relativement bas et un faible niveau de développement …nancier, la
croissance économique n’est pas sensible aux variations du développement …nancier. Ces
pays sont donc bloqués dans la trappe à pauvreté. Par contre au niveau du groupe B,
on a un e¤et considérable des variations de la croissance par rapport au développement
…nancier, alors qu’au niveau du groupe A, cet e¤et est modéré. Les résultats obtenus au
niveau des groupes A et B peuvent s’interpréter comme un plafonnement progressif de
l’e¤et du développement …nancier sur la croissance, et une réduction de la sensibilité de la
croissance par rapport à la …nance dans les pays très développés.
Des résultats semblables à ceux Berthélemy et Varoudakis (1995, 1996), sont obtenus
par Mihcis (2005) qui trouve qu’il existe un seuil dans la relation entre la variable de
liquidité de l’économie et le taux de croissance. En e¤et, pour des niveaux de la variable
de développement …nancier inférieur à 43%, la relation entre la …nance et la croissance est
négative, alors qu’elle devient positive pour des valeurs supérieures au seuil.
S’inscrivant toujours le même ordre d’idée que leurs travaux précédents, Berthélemy et
Varoudakis (1998) trouvent une relation négative entre le développement …nancier (mesuré
par M2/PIB5 ) et le taux de croissance économique pour des économies …nancièrement
5
L’accroissement du ratio (M 2=P IB) serait nuisible à la croissance économique dans une économie
…nancièrement réprimée selon Berthélemy et Varoudakis (1998). Toutefois, il faudra dire que cette vision
n’est pas conforme à la littérature sur le sujet car le rapport de la masse monétaire au PIB est un indicateur
de développement …nancière et non de répression …nancière.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 304
réprimées, qui reste non signi…cative suite aux réformes …nancières, en utilisant un panel
de 82 pays sur la période 1960-1990. Ils avancent que ce résultat se justi…e par l’existence
d’e¤ets de seuil associés aux équilibres multiples dans la relation de long terme entre la
…nance et la croissance de la façon suivante :
Ce résultat les amène à conclure que l’interaction entre la …nance et le secteur réel
génère deux équilibres stables : un premier équilibre associé à un faible niveau de crois-
sance avec un secteur …nancier peu développé et un deuxième équilibre caractérisé par une
forte croissance et un niveau de développement …nancier élevé. Entre ces deux équilibres,
il y a un équilibre instable qui dé…nit l’e¤et de seuil entre le développement …nancier et
la croissance économique. Ceci con…rme les travaux précédemment réalisés par Berthé-
lemy et Varoudakis (1995) à travers l’identi…cation des clubs de convergence à partir du
développement …nancier.
Berthélemy et Varoudakis (1998) identi…ent deux canaux à travers lesquels le secteur
réel in‡uence la croissance : le premier repose sur la qualité de l’allocation des ressources
à l’investissement et a¤ecte la croissance à travers la productivité du capital. Le second
est lié à la mobilisation de l’épargne par le système …nancier, qui détermine le volume
d’investissement et donc par ce biais aussi la croissance. Cependant, on peut toutefois
trouver d’autres explications à l’ine¢ cience des résultats de Berthélemy et Varoudakis
(1998). En e¤et le modèle estimé sur panel comporte une valeur retardée de la variable
endogène dans les explicatives ; ce qui pose un problème d’endogénéité compte tenu de la
corrélation entre la variable retardée et le terme d’erreur qui rend l’estimateur des MCO
biaisé en cas d’autocorrélation des résidus. Ce qui peut être le cas dans le modèle de
Berthélemy et Varoudakis (1998). Aussi, on peut dire que cette non signi…cativité serait
un problème spéci…que à leur échantillon, ou liée à la variable de développement …nancier
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 305
qui n’est pas prise en compte par le niveau initial du PIB par tête.
A l’instar de Khan et Senhadji (2000), Favara (2003) trouve une relation positive en
coupe transversale entre le développement …nancier (le degré de liquidité bancaire et le taux
de crédit au secteur privé) et la croissance économique sur un échantillon de 85 pays entre
1960 et 1998, qui s’e¤rite lorsque l’endogenéité des variables …nancières est prise en compte
par l’utilisation des variables instrumentales qui traduisent l’origine légale (voir La Porta et
al. 1997, 1998). Ce résultat signi…e que contrairement à Levine, Loayza et Beck (2001), les
composantes exogènes du développement …nancier n’a¤ectent pas la croissance économique.
Aussi, lorsque le ratio d’investissement est pris en compte dans l’équation de régression,
l’impact des indicateurs de développement …nancier sur le taux de croissance économique
se réduit de moitié : ce résultat permet à Favara (2003) de conclure que l’e¤et de la …nance
sur la croissance s’e¤ectue par une amélioration de l’e¢ cacité (c’est-à-dire la rentabilité)
et du volume des investissements de 50% respectivement. Lorsque les estimations sont
réalisées sur panel dynamique à l’aide de la méthodologie des GMM, Favara (2003) trouve
qu’il n’y a pas de relation entre le développement …nancier et la croissance. Il avance que le
développement …nancier ne permet pas une bonne prévision de la croissance et conclut que
les interprétations conventionnelles d’une relation positive entre le développement …nancier
et la croissance ne sont souvent basées que sur des estimations en coupe transversale.
En utilisant une approche non paramétrique, Favara (2003) trouve qu’il existe une non
linéarité entre les indicateurs de développement …nancier et le taux de croissance. Aussi, les
panels hétérogènes révèlent que les pentes sont di¤érentes d’un pays à un autre et amènent à
des conclusions ambiguës quant à l’impact du développement …nancier sur la croissance. Ce
résultat permet à Favara (2003) d’a¢ rmer que les régressions traditionnelles qui ignorent
la relation dynamique et l’hétérogénéité des pentes suivant les pays sont mal spéci…ées et
tendent à surestimer l’importance du développement …nancier dans la détermination du
taux de croissance économique.
Gra¤ et Karmann (2003, 2006) étudient la non linéarité entre la développement …nan-
cier et la croissance économique par rapport à qualité institutionnelle (mauvaise qualité
institutionnelle et bonne qualité institutionnelle), puis le type de système …nancier (sys-
tème …nancier orienté banque et système …nancier orienté marché). Ils trouvent que dans
les pays disposant d’institutions de bonne qualité, la relation entre le développement …nan-
cier et la croissance est positive, alors que cette relation est négative pour des pays sous
développés institutionnellement7 . Gra¤ et Karmann (2003, 2006) concluent que le dévelop-
pement …nancier ne peut promouvoir la croissance économique que dans un environnement
institutionnel favorable8 . En ce qui concerne les résultats obtenus quant à la sensibilité par
rapport au type de système …nancier, ces derniers sont non signi…catifs. En…n, à l’aide
d’une régression à la Hansen (1999) et en utilisant comme variable de seuil le dévelop-
pement …nancier, Gra¤ et Karmann (2003, 2006) mettent en évidence le phénomène de
trappe à pauvreté (à l’instar de Berthélemy et Varoudakis, 1996 et Mihcis, 2005) dans
7
Des résultats semblables sont obtenus par Demetriades et Law (2004), qui montrent que la qualité
institutionnelle joue un rôle déterminant dans la relation entre la …nance et la croissance. En particulier,
la sensibilité de la croissance est plus élevée dans les pays à revenu moyen, suite à l’amélioration de
l’environnement institutionnel.
8
Gra¤ et Karmann (2003) montrent l’environnement institutionnel intervient de façon déterminante
dans la non linéarité entre le développement …nancier et la croissance économique, dans la mesure où,
lorsque la même analyse a été e¤ectuée sur le capital humain et la croissance économique, les résultats
sont non signi…catifs.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 308
la mesure où ils trouvent que le lien entre la …nance et la croissance est plus faible dans
les pays qui ont un faible niveau de développement …nancier, que les pays …nancièrement
développés.
L’analyse de la robustesse des résultats obtenus sur un échantillon large peut conduire à
estimer à nouveau l’équation de la régression sur des sous groupes plus ou moins homogènes.
Cette analyse de sensibilité montre souvent que la relation entre le développement …nancier
et la croissance économique varie suivant les groupes de pays. C’est dans ce cadre qu’il
faudra inscrire les contributions de Rioja et Valen (2002, 2004a) qui, bien que n’étudiant
pas de façon formelle la non linéarité entre le développement …nancier et la croissance
économique, trouvent à travers des estimations sur 3 groupes de pays (pays à faible revenu,
pays à revenu moyen et pays à revenu élevé) que le développement …nancier a un impact
faible ou non signi…catif sur la croissance dans les pays à faible revenu, alors que dans les
pays à revenu moyen et élevé, l’e¤et est positif et signi…catif. Aussi, Demetriades et Law
(2004) trouvent que l’e¤et direct du développement …nancier sur la croissance économique
est plus élevé dans les pays à revenu moyen que dans les pays à revenu élevé et faible9 .
Deidda et Fattouh (2002) identi…ent également une relation non linéaire entre la …nance
et la croissance à l’aide d’un modèle à changement de régime10 . La variable de transition
étant le niveau de revenu, ils trouvent que malgré la relation positive entre le développement
…nancier et la croissance économique dans le modèle à seuil, cette dernière est signi…cative
uniquement au niveau des pays à revenu élevé. Dans les pays à faible revenu, l’impact du
développement …nancier sur la croissance est non signi…catif. Les résultats de Deidda et
Fattouh (2002) con…rment la plupart des études de sensibilité qui évaluent sur des sous
groupes de pays plus ou moins homogènes l’impact du développement …nancier sur la
croissance.
9
Les résultats de Rioja & Valen (2002, 2004a) et Demetriades & Law (2004) sont conformes à ceux que
nous avons obtenus au chapitre 4 à partir de l’estimation de la relation entre la …nance et la croissance
sur di¤érents sous groupes de pays répartis suivant le niveau de revenu.
10
L’analyse de Deidda et Fattouh (2002) porte sur des données en coupe transversale et peut être
approfondie en utilisant des données de panel permettant de prendre en compte la dimension temporelle.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 309
Toutefois, la méthodologie utilisée par Deidda et Fattouh (2002) soulève une critique
fondamentale, qu’on retrouve chez Kpodar (2006). En e¤et, le test de Hansen (1996) sup-
pose l’exogénéité des variables explicatives. Or si le développement …nancier n’est pas exo-
gène par rapport à la croissance économique, l’utilisation d’un modèle à seuil à la Hansen
(1996) peut fournir des résultats biaisés. Aussi, le fait que les estimations soient réalisées
en coupe transversale (données prises à la moyenne 1960-1989), n’autorise pas un pays à
passer de la catégorie des pays à faible revenu à celle des pays à revenu élevé ; ce qui n’est
pas réaliste ou encore très simpli…cateur comme hypothèse si on sait qu’au cours de la
période, certains pays qui étaient à faible revenu sont devenus à revenu élevé, ou tout au
moins à revenu intermédiaire.
…nancier a un e¤et positif sur la croissance dans tous les groupes ; cet e¤et est faible ou
non signi…catif dans les pays à faible revenu comparativement aux pays à revenu élevé, où
il est considérable.
Toutefois, Gaytan et Rancière (2004) estiment que la classi…cation de la Banque Mon-
diale peut être inappropriée pour prendre en compte de la non linéarité entre le dévelop-
pement …nancier et la croissance économique. Pour ce faire, ils utilisent une classi…cation
des pays en déciles suivant le niveau moyen du revenu par tête. Les résultats obtenus à
partir de la classi…cation par décile révèlent que dans les faibles déciles du revenu par tête,
la relation entre le développement …nancier et la croissance est négative, alors que dans les
déciles où le revenu par tête est élevé, cette relation est positive. Cependant, la multitude
d’équilibres que génère cette spéci…cation est di¢ cile à interpréter économiquement.
Les résultats obtenus par les auteurs à l’issue de l’analyse à partir des déciles les au-
torisent à adopter une spéci…cation non linéaire quadratique11 . Si on suppose que ( )
est le coe¢ cient du développement …nancier dans l’équation du taux de croissance, son
expression en fonction du niveau de revenu retardé se présente sous la forme suivante :
2
= 0 + 1 yi;t 1 + 2 yi;t 1 , où yi;t 1 est le niveau retardé du PIB, 0; 1 et 2 sont des
paramètres constants. Cette nouvelle spéci…cation présente l’avantage de ne pas dépendre
de groupes …xes de pays et permet de mettre en évidence une multitude de seuils dans la
relation entre le développement …nancier et la croissance économique. Les résultats de la
spéci…cation quadratique montrent qu’il existe trois seuils dans la relation entre le déve-
loppement …nancier et la croissance économique : en e¤et, dans les pays dont le niveau
de revenu est inférieur au premier seuil, la relation entre le développement …nancier et la
croissance est négative ; pour les pays dont le niveau de revenu est compris entre le premier
et le second seuil cette relation est positive, et atteint son maximum au second seuil. En…n,
au-delà du troisième seuil, le développement …nancier a¤ecte à nouveau négativement la
croissance. Ainsi, la tendance générale qui se dégage des travaux de Gaytan et Rancière
(2004) est que la relation entre le développement …nancier et la croissance est relativement
faible dans les pays à revenu faible et élevé, tandis que dans les pays à revenu moyen, cette
relation est forte.
11
L’évolution du coe¢ cient de taux de croissance par rapport au développement …nancier suivant les dé-
ciles montrent plus une courbe sinusoïdale qu’une parabole comme le suppose la spéci…cation quadratique.
Toutefois, cette spéci…cation peut être considérée comme appropriée car on sait que le développement
limité au voisinage de zéro d’une fonction sinusoïdale est un polynôme.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 311
Kpodar (2006) utilise également le niveau de revenu comme variable de seuil entre le
développement …nancier et la croissance. L’argument avancé par ce dernier pour justi…er
l’utilisation d’un indicateur de développement économique comme variable de transition est
le fait que le PIB par tête prend déjà en compte dans une certaine mesure le développement
…nancier, car ce dernier in‡uence le taux de croissance économique12 . La méthodologie
utilisée consiste à déterminer de façon endogène les di¤érentes ruptures à l’aide des tests
de Chow glissants13 , et l’étude porte sur un échantillon de 116 pays sur la période 1966-
2000. Les résultats obtenus suggèrent que pour des niveaux de revenus inférieurs à 2560
dollars (pour le ratio des crédits octroyés au secteur privé par les banques commerciales sur
le PIB et la part des actifs des banques commerciales dans le PIB) et 1800 dollars (pour
le ratio des actifs liquides au PIB), le pays ne pourra pas béné…cier des e¤ets favorables
du développement …nancier sur la croissance14 . Le fait que le seuil du ratio des actifs
liquides au PIB soit inférieur aux autres variables …nancières suggère, ainsi l’importance
de la liquidité dans les pays à faibles revenus.
Kpodar (2006) utilise aussi une spéci…cation non linéaire qui impose d’une part une
relation quadratique entre l’impact marginal du développement …nancier et le niveau ini-
tial du PIB (à l’instar de Gaytan et Rancière, 2004), et d’autre part la prise en compte de
la variable de développement …nancier au carré dans l’équation de régression. Les résul-
tats obtenus suggèrent que l’impact marginal du développement …nancier sur la croissance
croît dans un premier temps, atteint un maximum, puis décroît suivant le niveau de dé-
veloppement économique ; ce qui illustre l’existence d’une relation en \U ” renversé entre
le développement …nancier et la croissance, qu’on retrouve aussi chez Gaytan et Rancière
(2004).
12
On peut noter que l’argument avancé par Kpodar (2006) pour justi…er l’utilisation du niveau de revenu
comme variable de transition occulte la réciprocité de la relation entre le développement …nancier et la
croissance économique.
13
La principale limite de l’utilisation des tests de Chow glissants pour déterminer des di¤érents régimes
est la possibilité d’aboutir à un grand nombre de seuils, di¢ ciles à interpréter économiquement. Ainsi,
le choix des seuils admissibles n’est pas évident. On retrouve ces problèmes dans les résultats de Kpodar
(2006).
14
On peut noter que les seuils obtenus par Kpodar (2006) sont supérieurs à celui de Deidda et Fattouh
(2002). Cet écart dans les résultats peut être lié non seulement à la divergence des échantillons et des
périodes d’estimation, mais aussi au fait que le premier réalise les estimations sur panel dynamique, alors
les seconds mènent une analyse en coupe transversale.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 312
Ketteni, Mamuneas, Savvides et Stengos (2007) estiment que la plupart des travaux sur
la non linéarité de la relation entre le développement …nancier et la croissance économique
ne prennent pas en compte les résultats de Kalaitzidakis et al. (2001) et Mamuneas et al.
(2006), qui montrent qu’il existe une relation non linéaire entre le taux de croissance et
deux de ses principaux déterminants : le niveau de revenu et le capital humain. Ainsi, ces
auteurs utilisent les modèles semi-paramétriques partiellement linéaires pour montrer que
la relation entre le développement …nancier et la croissance économique devient linéaire si
la non linéarité entre la croissance économique et les autres déterminants de la croissance
est préalablement purgée. Toutefois, il serait intéressant de constater que la démarche et
les résultats de Ketteni et al. (2007) posent la question de l’ordre de la non linéarité entre
la croissance et les autres variables : en d’autres termes, faut-il purger la non linéarité
entre la croissance et le capital humain (ou le niveau initial du revenu), avant d’estimer la
relation avec le développement …nancier, ou bien l’inverse ? Dans tous les cas, la question
qu’on se pose le plus souvent n’est pas de déceler l’ordre de la non linéarité, mais de savoir
si la relation entre le développement …nancier et la croissance est linéaire ou pas. En e¤et,
si la non linéarité qui existerait entre le développement …nancier et la croissance est purgée
par des spéci…cations quadratiques au niveau des autres déterminants de la croissance, il
15
Voir Linton et Nielsen (1995) et Yatchew (1998) pour plus de détails sur cette méthodologie.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 313
va de soi que la relation entre les deux variables devienne linéaire. Vue sous cet angle, les
résultats obtenus par Ketteni et al. (2007) con…rment plus l’existence de la non linéarité
entre la …nance et la croissance, qu’ils ne la contredisent. On peut donc aussi penser que,
si la non linéarité de la relation entre la …nance et la croissance est préalablement purgée,
cette dernière serait linéaire avec le niveau initial du revenu et le capital humain. Ce qui
remettrait en cause les résultats de Kalaitzidakis et al (2001) et Mamuneas et al. (2006).
La démarche jusqu’ici adoptée consiste à supposer que le lien fonctionnel (forme linéaire
par exemple) qui existe entre le développement …nancier et la croissance économique. Cette
démarche appelée “approche paramétrique”couramment utilisée dans la littérature a tou-
tefois recours une hypothèse forte : celle fondée sur la forme fonctionnelle postulée ex ante.
Au cas où la forme fonctionnelle est mal spéci…ée, les résultats obtenus seraient biaisés.
Une approche alternative consiste à ne pas postuler une forme fonctionnelle précise entre la
variable explicative et la variable expliquée : c’est “l’approche non paramétrique”. Bien que
le principe des régressions non paramétriques daterait du XIXeme siècle selon Hurlin (2005),
les premières applications modernes se feront avec les travaux de Rosenblatt (1956), Parzen
(1962), Nadaraya (1964) et Waston (1964). Plus récemment, Cleveland & Devlin (1988)
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 314
généralisent ces méthodes à travers la régression locale polynomiale. Dans la littérature des
estimations non paramétriques, deux grandes approches sont à distinguer : les régressions
de type noyau (Kernel) et les régressions de type local (LOESS et LOWESS). Il faut noter
que les régressions non paramétriques n’ont pas pour but d’estimer des coe¢ cients ou de
mesurer le degré de covariation entre les variables mais permettent d’obtenir un meilleur
ajustement du nuage de points matérialisant la relation entre les deux variables. L’objectif
de cette partie loin de présenter une vision panoramique des techniques d’estimation non
paramétrique, fournit un bref aperçu sur ces méthodes d’estimation qui sont utilisées. Nous
proposons une analyse non paramétrique de la relation entre la …nance et la croissance à
travers les régressions non paramétriques de type Kernel, Loess et Lowess.
où K(:) désigne une fonction Kernel, est un paramètre de lissage (bandwidth parameter)
et N la taille de l’échantillon. Ainsi, pour tout point xi , i 2 [1; :::; N ], la fonction de lien
se dé…nit comme la somme pondérée des observations yi dont le poids wi (x0 ) dépend de
x x
K( t 0 )
x0 . Pour wi (x0 ) = PN K xt x0 on a la forme réduite de la fonction de lien qui se présente
( )
~ PN
i=1
robustesse pour les valeurs extrêmes de la variable exogène. Une solution alternative, plus
robuste pour les valeurs extrêmes consiste à utiliser les régressions locales.
Soit à estimer la relation yi = f (xi ) + "i , où f (xi ) est inconnue. L’objectif de la
régression locale consiste à approximer la fonction uniquement au voisinage de chaque
point x0 . Les premières méthodes de régression locale LOESS “Locally Weighted Running-
Line”ont été proposées par Cleveland (1979). En e¤et, si on suppose que l’approximation
de f (:) se fait par une fonction a¢ ne dont la forme générale est : f~ (x0 ) = a
^ (x0 ) + ^b (x0 ) x0 .
^ (x0 ) et ^b (x0 ) en minimisant à chaque instant comme pour
L’objectif est de déterminer a
la méthode des MCO la somme des carrées des résidus au voisinage de x0 de la manière
suivante :
2 3
n o X
a^ (x0 ) ; ^b (x0 ) = ArgM in 4 [yi a (x0 ) b (x0 ) xi ]2 5 : (6.2)
fa^(x0 );^b(x0 )g xi 2V (x0 )
La principale di¤érence avec la régression Kernel est que la valeur de f (x0 ) estimée n’est
pas une moyenne pondérée mais une valeur prévue par une droite de régression. Par contre
la méthode LOESS nécessite plus de temps de calcul, car pour N observations, il faudra
e¤ectuer N régressions. Dans le cadre de la régression LOESS, le paramètre de lissage
permet de déterminer le voisinage V (x0 ) dans lequel la régression doit s’e¤ectuer à
dim[V (x0 )]
travers le rapport suivant : = N
; 8 x0 . On remarque bien que pour tendant
vers 0, l’estimateur de la fonction de lien sera peu précis (forte variance) compte tenu du
caractère étroit du voisinage. Par contre pour des valeurs de proche de 1, la fonction de
lien est a¢ ne et on se trouve dans de cadre d’une régression ordinaire.
Cleveland & Devlin (1988) proposent une extension des régressions LOESS en pondé-
rant chaque point par une fonction de poids de type Kernel : ce sont les modèles LOWESS
“Locally Weigthed Regression and Smoothing Scatterplots”. Ainsi, on peut dire que les ré-
gressions LOWESS constituent une synthèse des modèles de type Kernel et des modèles
LOESS. On remarque très facilement que pour K (:) = 1, la régression LOWESS est iden-
^ (x0 ) et ^b (x0 ) des modèles LOWESS sont
tique à la régression LOESS. Les estimateurs a
déterminés de la façon suivante :
2 3
n o X xi x0 5
a^ (x0 ) ; ^b (x0 ) = ArgM in 4 [yi a (x0 ) b (x0 ) xi ]2 K : (6.3)
^
fa^(x0 );b(x0 )g xi 2V (x0 )
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 316
Les régressions non paramétriques ont été améliorées et approfondies par les estimations
semi-paramétriques développées par Bowman & Foster (1992), Wand & Jones (1993) et
Wand (1994). Toutefois, malgré leur grande portée théorique, les techniques d’estimation
semi-paramétriques ne seront pas traitées dans la présente thèse. D’autres extensions non
paramétriques pour estimer des fonctions de régression multivariée ont été faites par Hastie
& Tibshirani (1990) à travers les modèles additifs généralisés (GAM) qui sont une version
non paramétrique des modèles linéaires généralisés (GLM).
Les …gures suivantes (FIG. 6.1) présentent les régressions Loess traduisant la relation
non paramétrique entre le développement …nancier et la croissance économique à long terme
(analyse sur le niveau moyen des variables entre 1960 et 2004)16 . Les autres …gures obtenus
à partir des régressions non paramétriques de type Kernel ou Lowess sont présentées en
annexes du présent chapitre.
où git est le taux de croissance du pays i à l’année t, i est l’e¤et …xe individuel, fit est
l’indicateur du développement …nancier, zit est un vecteur de variables de contrôle, et en…n
2
"it le terme d’erreur qui est indépendant et identiquement distribué i:i:d:(0; ). Cette
forme fonctionnelle illustre bien une certaine non linéarité entre le développement …nancier
et la croissance économique. L’hypothèse nulle du test de linéarité consiste à tester : H0 :
1 = ::: = m = 0. Si l’hypothèse nulle est rejetée, on peut conclure à l’existence de la non
linéarité entre la …nance et la croissance. L’élasticité17 traduisant la sensibilité du taux de
17
Il serait intéressant de faire remarquer que la dé…nition de l’élasticité est un peu di¤érente de celle
couramment utilisée dans la littérature, puisque le taux de croissance n’est pas pris en logarithme. Ainsi,
l’élasticité traduit ici plus l’idée de la sensibilité du taux de croissance par rapport aux variations de la
…nance. Elle peut être considérée comme une semi-élasticité.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 319
@git X1
m
j
eit = = 0+ (j + 1) j fit : (6.5)
@fit j=1
La spéci…cation sous forme non linéaire adoptée, bien qu’elle soit apparemment simple, tra-
duit une relation non constante et concave entre le développement …nancier et la croissance
économique. Cette relation permet de capter l’hétérogénéité dans temps et selon les pays,
en fonction du niveau de développement …nancier. Nous nous limitons ici à l’estimation
d’un modèle quadratique c’est-à-dire m = 1 ; donc l’équation à estimer est :
2
git = i + 0 fit + 2 fit + zit + "it : (6.6)
où xit est la variable qui conditionne la non linéarité entre la …nance et la croissance19 . En
e¤et, si l’élasticité du taux de croissance par rapport au développement …nancier est une
fonction croissante de la variable macroéconomique ( 1 positif et signi…catif), cela signi…e
18
Il serait intéressant de faire remarquer qu’il est possible d’identi…er dans la littérature économique
d’autres variables qui a¤ecteront la relation entre la …nance et la croissance. Notre analyse toutefois se
consacre uniquement aux variables macroéconomiques ci-dessus citées, que nous jugeons plus pertinentes.
19
En conditionnant la non linéarité à une variable macroéconomique di¤érente du développement …nan-
cier, on n’obtient plus une relation concave entre la …nance et la croissance.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 320
que la relation entre la …nance et la croissance est forte dans les pays où l’indicateur
macroéconomique est élevé. Dans le cas contraire ( 1 négatif et signi…catif), la relation
entre la …nance et la croissance est plus forte pour les pays qui ont un faible niveau de
la variable macroéconomique. En cas de non signi…cativité du coe¢ cient 1, on conclut
que la variable macroéconomique en question ne conditionne pas la non linéarité entre la
…nance et la croissance.
La spéci…cation adoptée ici ne permet pas d’identi…er le seuil de développement …nancier
ou d’une autre variable à partir duquel la …nance a¤ecte favorablement la croissance.
Cependant, elle permet de déceler le niveau au-delà duquel, la sensibilité de la croissance
suite aux variations du développement …nancier devient négative.
En ce qui concerne la méthodologie d’estimation utilisée ici, elle s’inspire par ailleurs de
Khan & Senhadji (2000, 2003), qui estiment la relation entre le développement …nancier et
la croissance économique à partir d’une équation quadratique. En e¤et, nous utilisons des
régressions “pooled”sur des données d’une périodicité de 7 ans. Les estimations ne prennent
pas en compte les e¤ets …xes individuels censés capter les di¤érences entre les pays ; ceci
pour deux raisons : (i) la prise en compte des e¤ets individuels tend à dominer les autres
facteurs de croissance dans la présente spéci…cation ; ce qui rend les autres coe¢ cients
peu signi…catifs dans la régression ; (ii) le niveau initial du PIB, bien que mesurant la
convergence dans l’équation à estimer tend à prendre en compte la di¤érence entre les
pays, c’est-à-dire les e¤ets …xes individuels ; de ce fait, l’estimation d’un modèle sans e¤et
…xe individuel ne doit pas signi…cativement modi…er la tendance générale des résultats20 .
Nous testons dans la suite, la non linéarité d’abord par rapport aux variables structurelles,
puis par rapport aux variables de politique économique.
Les résultats de l’estimation de l’équation quadratique présentés dans le tableau 6.1 sus-
citent deux commentaires : (i) d’abord, on peut remarquer que conformément aux résultats
précédents le développement …nancier est positivement associé à la croissance économique.
20
Des arguments semblables sont utilisés par Khan et Senhadji (2003) pour justi…er les régressions
“pooled” qu’ils ont réalisées.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 321
De plus cette relation semble signi…cativement s’améliorer (en terme de l’intensité du lien
entre la …nance et la croissance) comparativement aux estimations précédentes (estimateur
“between”et données de panel). (ii) Aussi, on constate que le coe¢ cient de la variable de
développement …nancier au carré est négatif et signi…catif sauf au niveau des variables
CENT et BANK, où on ne peut rejeter l’hypothèse nulle de linéarité. La signi…cativité des
coe¢ cients quadratiques con…rme l’hypothèse de l’existence d’une certaine non linéarité
entre le développement …nancier et la croissance économique.
Ces résultats traduisent également l’existence d’une relation “en cloche”entre le déve-
loppement …nancier et la croissance économique. Toutefois, une interprétation alternative
plus plausible est que cette concavité de la relation entre la …nance et la croissance re-
‡ète simplement une plus grande sensibilité de la croissance à …nance dans les pays à
faible niveau de développement …nancier que dans les pays …nancièrement développés. Par
conséquent, une amélioration du développement …nancier aura des e¤ets positifs supérieurs
dans les pays à faible niveau de développement …nancier, que dans les pays …nancièrement
développés. Ainsi, l’estimation d’une équation de type quadratique permet une bonne spé-
ci…cation du modèle dans la mesure où elle fournit une meilleure appréhension de la relation
entre les variables de développement …nancier (LIQ, DEP et P RIV ) et la croissance éco-
nomique.
On peut penser qu’au cours d’une première phase, la …nance est positivement corrélée à
la croissance (pour des niveaux de développement …nancier inférieurs à un seuil donné où le
degré de corrélation est maximal). Ensuite, au cours de la deuxième phase, l’amélioration
du développement …nancier n’est plus positivement associée à la croissance économique.
Ce constat se véri…e, puisque les pays à revenu élevé malgré leur développement …nancier
enregistrent des élasticités de la croissance par rapport au développement …nancier plus
faibles que celles des pays à faible revenu où le secteur …nancier est faiblement développé.
Les résultats similaires ont été obtenus au niveau de l’analyse théorique du chapitre 2 (pa-
ragraphe 2), où la relation entre la …nance et la croissance économique est marquée par
deux équilibres suivant le niveau de développement …nancier. Ces résultats sont semblables
à ceux obtenus par Khan & Senhadji (2000, 2003) qui trouvent un lien négatif signi…catif
entre les indicateurs de développement …nancier au carré et le taux de croissance, tan-
dis que la relation entre la …nance et la croissance est positive. On remarque également
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 322
Variables (1) BAN K (2) LIQ (3) CEN T (4) DEP (5) P RIV
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Les estimations ci-dessus sont réalisées à partir
des données moyennes calculées sur des intervalles d’amplitude 7 (sept) ans.Toutes les variables exogènes
sont en logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 323
2 2
1.5
1.5
1
1
0.5
0.5
0
0
-0.5
-0.5 -1
1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5 6
Liq Dep
2
Elasticité par rapport à Priv
1.5
0.5
-0.5
-1 0 1 2 3 4 5 6
Priv
que les résultats obtenus à partir de l’estimation de l’équation quadratique con…rment les
régressions non paramétriques réalisées précédemment.
La détermination du seuil à partir duquel l’amélioration du développement …nancier
est négativement associée à la croissance peut se faire à partir de la représentation gra-
phique de l’élasticité de la croissance par rapport à la …nance en fonction de la variable
de développement …nancier concernée (voir FIG. 6.2). Comme on peut bien le remarquer,
le seuil de la variable LIQ est de 81%, alors qu’au niveau des deux autres indicateurs de
développement …nancier (DEP et P RIV ), ce seuil s’établit à 50%21 .
En ce qui concerne l’indicateur du capital humain, on remarque que les indicateurs de
développement …nancier conservent un signe positif (à l’exception de la variable CEN T )
et que la variable F inance EDU C a un signe négatif et signi…catif (voir tableau 6.2). Ce
résultat ne remet pas en cause l’e¤et positif du capital humain sur la croissance économique,
mais illustre le fait que dans les pays qui disposent d’un stock important de capital humain
21
Les seuils a¢ chés sur la …gure sont en logarithme.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 324
1.5 1.5
Elasticité par rapport à Bank
0.5 0.5
0 0
-0.5 -0.5
-1 -1
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12
Capital Humain Capital Humain
1.5 1.5
Elasticité par rapport à Dep
0.5 0.5
0 0
-0.5 -0.5
-1 -1
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12
Capital Humain Capital Humain
la croissance est moins sensible aux variations du développement …nancier. Ce résultat peut
également s’expliquer par le fait que les niveaux élevés de capital humain se retrouvent
dans les pays …nancièrement développés et à revenu élevé, où la croissance réagit moins
proportionnellement à l’amélioration du développement …nancier. Ainsi, le seuil de capital
humain au-delà duquel la sensibilité de la croissance décroît est d’environ 9 (voir FIG.
6.3). Ce qui signi…e que pour les pays où la population de plus de 25 ans a en moyenne 9
années d’étude, l’amélioration du développement …nancier n’a pas d’e¤et positif en terme
de croissance.
L’analyse de la non linéarité par rapport à l’instabilité …nancière révèle que le coe¢ -
cient de la variable F inance est positif et signi…catif, alors que le coe¢ cient de la variable
F inance sF in est négatif. Les résultats du tableau 6.3 suggèrent dans une large tendance
que l’instabilité …nancière peut être une source de non linéarité entre le développement
…nancier et la croissance économique. Ainsi, dans les pays où le niveau d’instabilité …nan-
cière est faible, la croissance économique est plus sensible aux variations du développement
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 325
En résumé, les résultats obtenus ci-dessus valident l’hypothèse de non linéarité entre
la …nance et la croissance conditionnellement aux variables structurelles suivantes : le
développement …nancier, l’instabilité …nancière et le capital humain. Ainsi, pour les pays
présentant des valeurs élevées de ces variables, la relation entre la …nance et la croissance
serait négative. La situation inverse est observée dans les pays qui enregistrent des valeurs
faibles de ces paramètres structurels.
Dans le paragraphe suivant, nous testons également l’hypothèse de la non linéarité
entre la …nance et la croissance, mais cette fois-ci par rapport à des variables de politique
économique.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 326
Variables (1) BAN K (2) LIQ (3) CEN T (4) DEP (5) P RIV
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Les estimations ci-dessus sont réalisées à partir
des données moyennes calculées sur des intervalles d’amplitude 7 (sept) ans.Toutes les variables exogènes
sont en logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 327
Variables (1) BAN K (2) LIQ (3) CEN T (4) DEP (5) P RIV
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Les estimations ci-dessus sont réalisées à partir
des données moyennes calculées sur des intervalles d’amplitude 7 (sept) ans.Toutes les variables exogènes
sont en logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 328
1.5 1
Elasticité par rapport à Bank
0.5
0
0
-0.5 -0.5
0 5 10 15 0 5 10 15
Instabilité de Bank (sBank) Instabilité de Liq (sLiq)
0.2
Elasticité par rapport à Cent
0.1 0.5
0
0
-0.1
-0.2 -0.5
0 5 10 15 0 5 10 15
Instabilité de Cent (sCent) Instabilité de Dep (sDep)
Elasticité par rapport à Priv
0.5
-0.5
0 5 10 15
Instabilité de Priv (sPriv )
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 329
L’analyse de la non linéarité entre la …nance et la croissance s’e¤ectue ici par rapport
à deux variables de politique économique : le taux d’in‡ation et le ratio des dépenses
gouvernementales. Les résultats obtenus à partir des tableaux 6.4 et 6.5 montrent que les
coe¢ cients des variables de développement …nancier ont les signes attendus à l’exception
de la variable CEN T . En plus, on constate que les variables de développement …nancier
conservent un signe positif, alors que les variables F inance IN F L et F inance GOV
ont un signe négatif. Ces résultats suggèrent que les politiques économiques axées sur la
réduction de l’in‡ation et des dépenses gouvernementales créent un environnement macroé-
conomique propice à une relation positive entre le développement …nancier et la croissance
économique. Les seuils au-delà desquels, l’accroissement du taux d’in‡ation et des dépenses
gouvernementales dégrade la relation entre la …nance et la croissance sont déterminés à
partir des …gures (6.5 et 6.6). Les résultats obtenus montrent que pour des niveaux d’in-
‡ation supérieurs à un seuil compris entre 12% et 20% environ (FIG. 6.5), l’amélioration
du développement …nancier serait négativement associée à la croissance. Ce résultat est
proche de celui de Rousseau et Wachtel (2002) qui trouvent que pour des taux d’in‡ation
supérieurs à un seuil compris entre 13 et 25%, la …nance est sans relation avec la croissance.
En ce qui concerne le ratio des dépenses gouvernementales, ce seuil s’établit entre 55% et
90% (voir FIG. 6.6).
Ainsi, on constate que non seulement les paramètres structurels, mais aussi les politiques
économiques mises en oeuvre peuvent a¤ecter la nature de la relation entre la …nance et la
croissance. Les conditions structurelles requises pour une relation favorable entre la …nance
et la croissance sont : des niveaux de développement …nancier, d’instabilité …nancière et
de capital humain inférieurs à des seuils données ; et des politiques économiques visant à
maîtriser l’in‡ation et à limiter le niveau des interventions publiques à travers les dépenses
gouvernementales.
Il serait intéressant de faire remarquer que la non linéarité entre la …nance et la crois-
sance peut être plus complexe. En e¤et, la relation entre la …nance et la croissance fait
apparaître des trappes, qui peuvent conduire à des équilibres multiples qu’il n’est pas pos-
sible de mettre en évidence à travers les précédentes spéci…cations ; par exemple, il faut
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 330
que les pays atteignent un certain niveau de développement …nancier pour espérer une re-
lation positive entre la …nance et la croissance ; d’où la nécessité de faire recours à d’autres
techniques d’estimation : les PSTR par exemple.
Variables (1) BAN K (2) LIQ (3) CEN T (4) DEP (5) P RIV
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Les estimations ci-dessus sont réalisées à partir
des données moyennes calculées sur des intervalles d’amplitude 7 (sept) ans.Toutes les variables exogènes
sont en logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 331
Tab. 6.5 –Modèle non linéaire conditionnellement au ratio des dépenses gouvernementales
au PIB
Variables (1) BAN K (2) LIQ (3) CEN T (4) DEP (5) P RIV
Notes : La variable endogène est le taux de croissance. Les estimations ci-dessus sont réalisées à partir
des données moyennes calculées sur des intervalles d’amplitude 7 (sept) ans.Toutes les variables exogènes
sont en logarithme sauf la variable Inf l qui est égale à : ln(1+taux d’in‡ation). F inance représente la
variable BAN K, ou LIQ, ou CEN T , ou P RIV ou DEP selon le cas. Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ;
signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 332
1.5 1
Elasticité par rapport à Bank
0.5
0
0
-0.5
-0.5
-1 -1
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Taux d'inf lation Taux d'inf lation
1 1
Elasticité par rapport à Dep
0 0
-0.5 -0.5
-1 -1
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Taux d'inf lation Taux d'inf lation
1.5 1.5
Elasticité par rapport à Bank
1
1
0.5
0.5
0
0 -0.5
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
Gov Gov
1.5 1.5
Elasticité par rapport à Dep
1
1
0.5
0.5
0
0
-0.5
-0.5 -1
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
Gov Gov
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 333
où git est le taux de croissance du pays i à l’année t, i est l’e¤et …xe individuel, fit est
l’indicateur du développement …nancier, zit un ensemble de variables de contrôle, et en…n
2
"it le terme d’erreur qui est indépendant et identiquement distribué i:i:d:(0; ). Ce modèle
de base a été remis en cause par un certain nombre d’auteurs à savoir Deidda & Fattouh
(2002), Favara (2003), puis Rousseau & Wachtel (2002) qui estiment qu’il existe une non
linéarité dans la relation entre la croissance et le développement …nancier. En e¤et, les
modèles d’estimation en coupe transversale ou sur panel qui servent à estimer la relation
entre la …nance et la croissance reposent sur des hypothèses discutables : ils supposent que
l’impact du développement …nancier sur la croissance économique est identique pour tous
les pays et conserve une valeur constante dans le temps.
La prise en compte dans les régressions des variables instrumentales ne règle pas dé…ni-
tivement le problème dans la mesure où l’e¤et conditionnel entre le développement …nancier
et la croissance est supposé être homogène pour tous les pays. De plus, le modèle implique
22
La méthodologie des PSTR bien que récente a fait l’objet de quelques études au nombre desquelles
nous pouvons citer les travaux de Colletaz & Hurlin (2006) qui étudient la relation entre le stock du capital
privé et sa productivité, Fouquau et al. (2008) qui revisitent le paradoxe de Feldstein-Horioka (relation
entre investissement et épargne), Minéa & Villieu (2007) qui étudient la relation entre l’investissement
public et le dé…cit budgétaire.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 334
que tout au long de la période d’étude l’impact du développement …nancier sur la croissance
reste constant. Ce qui paraît très peu réaliste car l’e¤et du développement …nancier sur la
croissance au début des années 60 serait di¤érent de son e¤et dans les années 2000. L’une
des solutions envisageables est de supposer que le panel est hétérogène et que le paramètre
( i ) est une variable aléatoire (modèle à coe¢ cient aléatoire de Swamy, 1960). Toutefois,
cette méthode révèle également ses limites dans la mesure où elle tient uniquement compte
de la divergence de l’élasticité entre les individus, et occulte les variations du paramètre
( i ) dans le temps.
Une démarche alternative pour régler les problèmes posés ci-dessus a été apportée par
Hansen (1999) qui propose d’introduire des seuils dans un panel linéaire “panel threshold
regression”(PTR). Le mécanisme de transition proposé par Hansen (1999) s’e¤ectue entre
les di¤érents régimes. A chaque date, si pour un pays, la variable de transition est inférieure
à certain seuil, le modèle est di¤érent de celui estimé au cas où la variable de transition
est supérieure au seuil. Ainsi, la forme générale d’un PTR est la suivante :
Ainsi, selon l’équation du PTR ci-dessus, toutes choses étant égales par ailleurs (ie les
autres variables du modèle étant supposées constantes), une variation de l’indicateur de
développement …nancier d’une unité entraînerait une variation du taux de croissance de
0 unités pour qit < c ; cette variation sera de 0 + 1 pour des valeurs de la variable de
transition supérieures ou égales au seuil (qit c).
Pour estimer ce modèle, Hansen (1999) propose après élimination des e¤ets …xes (en
centrant les variables par rapport à leur moyenne) de choisir la valeur de la variable de
seuil qui minimise la somme du carré des résidus. Pour des raisons de proportionnalité de
la taille des échantillons des deux régimes, Hansen (1999) recommande une troncature de
l’échantillon de base de 1% ou de 5%, alors que la valeur proposée par González et al.
(2005) est de 15%. Toutefois, cette exclusion de certaines observations de “l’univers des
valeurs possibles” de c, peut conduire à écarter des pays de l’échantillon ; c’est pour cette
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 335
raison que Fouquau (2006) autorise que la taille minimum de chaque régime soit d’au moins
T =2, où T est la dimension temporelle de chaque pays.
La validation du PTR passe inéluctablement par le test de non linéarité qui consiste à
véri…er l’égalité des pentes sur les deux régimes, soit 0 = 0 + 1 contre 0 6= 0 + 1 ;
ce qui revient encore à tester l’hypothèse 1 = 0 contre 1 6= 0. La réalisation de ce test
d’hypothèse fait déboucher sur une di¢ culté communément appelée dans la littérature,
le “problème de Davies”, identi…ée par Davies (1977, 1987) et récemment documentée
par Luukkonen, Saikkonen et Teräsvirta (1988), Andrews & Ploberger (1994) et Hansen
(1996). En e¤et, le “problème de Davies”peut se résumer par le fait que sous l’hypothèse
nulle ( 1 = 0), le modèle ne contient plus des paramètres de nuisance c’est-à-dire que,
le paramètre de seuil n’est pas identi…é et par conséquent, les tests classiques ont une
distribution non standard. En d’autres termes, sous l’hypothèse nulle, il y a disparition de
paramètres mis en jeu dans l’hypothèse testée et qui sont présents sous H1 . Pour régler
ce problème, Hansen (1996) propose d’utiliser une approche par boostraps pour simuler la
distribution asymptotique du test de ratio de vraisemblance23 .
Bien que le PTR règle en partie les problèmes d’hétérogénéité posés par les régressions
standard sur panel, ces derniers persistent en partie, car rien ne garantit l’homogénéité
au niveau de chaque régime. Ainsi, le fait que le nombre de régimes au niveau du PTR
soit limité réduit sa portée dans la modélisation de la non linéarité a…n de prendre en
compte l’hétérogénéité. Puisqu’un modèle sur panel à quelques seuils semble être simple
pour appréhender la relation entre le développement …nancier et la croissance économique,
on peut à priori penser que la prise en compte d’un nombre in…ni de seuils pourrait être
une solution envisageable.
La méthode conventionnelle utilisée dans la littérature économétrique pour régler la
persistance de l’hétérogénéité liée au faible nombre de seuils, est le recours aux modèles à
transition lisse24 . Cette technique jusque là utilisée pour les données en série temporelle a
été appliquée aux données de panel par González et al. (2005) et Fok et al. (2004). Ainsi, ces
derniers proposent une extension des PTR “panel threshold regression” de Hansen (1999)
par la méthodologie des panels à transition lisse entre les di¤érents régimes appelée PSTR
23
Pour plus de détails sur le test d’hypothèse de non linéarité sur PTR, voir Hansen (1996). Le lecteur
intéressé par les PTR à plusieurs régimes peut toutefois se référer à Hansen (1999).
24
Les premières tentatives de modélisation des transitions lisses (smooth) remontent sans doute aux
travaux de Chang & Tong (1986), qui réalisent une extension des modèles TAR (Threshold Autoregressive)
à travers les STAR (Smooth Threshold Autoregressive).
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 336
“panel smooth transition regression”. Ainsi, le PSTR peut être considéré comme un PTR
avec un grand nombre de seuils, et une transition lisse entre les di¤érents régimes.
Supposons alors le cas simple d’un PSTR à deux régimes extrêmes et une seule fonction
de transition pour illustrer la relation entre le développement …nancier et la croissance
économique :
git = i + 0 fit + 1 fit (qit ; ; c) + zit + "it : (6.12)
Par rapport aux spéci…cations précédentes (analyse sur panel ou PTR), l’utilisation de
méthodologie des PSTR présente un certain nombre d’intérêts théoriques. Ainsi, le prin-
cipal avantage du PSTR est qu’il permet à l’élasticité du taux de croissance par rapport
au développement …nancier de varier selon le pays et dans le temps26 ; il fournit également
une approche paramétrique de l’hétérogénéité de l’impact du développement …nancier sur
la croissance et de son instabilité dans le temps. Par exemple, si la variable de transition
qit est di¤érente de celle de développement …nancier fit , l’élasticité du taux de croissance
économique par rapport au développement …nancier dans le ieme pays à la date t est donnée
par l’expression suivante :
@git
eit = = 0 + 1 (qit ; ; c) : (6.14)
@fit
Selon la dé…nition de la fonction de transition, pour 1 > 0 on a : 0 eit 0 + 1 et
pour 1 < 0 on a : 0 + 1 eit 0 puisque 0 (qit ; ; c) 1. On remarque bien que
l’élasticité dans ce cas de …gure peut être également perçue comme la moyenne pondérée
des paramètres 0 et 1, obtenus au niveau des deux régimes extrêmes. Ainsi, le PSTR
25
La fonction de transition logistique a été également utilisée par Colletaz & Hurlin (2006), Fouquau et
al. (2008) et Minéa & Villieu (2007). Cependant, une fonction exponentielle peut également être utilisée
comme fonction de transition.
26
La variation de l’élasticité dans le temps et selon le pays du taux de croissance par rapport au déve-
loppement …nancier était déjà possible avec l’équation quadratique du paragraphe précédent. Toutefois,
il existe une di¤érence dans l’évaluation des élasticités entre les deux approches qu’on peut facilement
remarquer.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 337
permet d’évaluer avec une plus grande précision l’impact du développement …nancier sur
la croissance économique.
Un autre avantage du PSTR est que la valeur de l’élasticité du taux de croissance par
rapport au développement …nancier à une date donnée pour un pays donné peut être di¤é-
rente de la valeur des paramètres sous les deux régimes extrêmes c’est-à-dire 0 et 0+ 1.
Comme on peut l’observer au niveau de l’équation (6.14), ces paramètres (obtenus entre
les deux régimes extrêmes) ne correspondent pas directement à l’impact du développement
…nancier sur la croissance économique. Par exemple, le paramètre 0 correspond à l’élasti-
cité du taux de croissance par rapport au développement …nancier uniquement lorsque la
fonction de transition (qit ; ; c) tend vers 0. Par contre, lorsque (qit ; ; c) tend vers 1,
l’élasticité correspond à la somme des deux paramètres 0 et 1. Entre ces deux régimes
extrêmes on a un très grand nombre de coe¢ cients dé…nies à partir d’une pondération
moyenne de 0 et 1. Toutefois, il est important de faire remarquer qu’il est généralement
très di¢ cile d’interpréter les valeurs obtenues entre les deux extrêmes. Il est donc préférable
d’interpréter le signe des paramètres qui indiquent une baisse ou une hausse de l’élasti-
cité. Ainsi, ces paramètres pourront seulement nous indiquer si l’impact du développement
…nancier sur la croissance s’est accru ou si ce dernier a baissé.
La …gure 6.7 présente pour des valeurs di¤érentes des paramètres, la forme des fonctions
de transition. Sur la première …gure, nous avons des fonctions de transition à deux régimes
(c’est-à-dire un seuil), tandis que sur la deuxième …gure on a des fonctions de transition à
trois régimes (c’est-à-dire 2 seuils). Comme on peut bien l’observer au niveau de la …gure
6.7, pour des valeurs élevées de , la transition devient de plus en plus brusque et la
fonction de transition (qit ; ; c) tend vers la fonction indicatrice (qit ; c). Ainsi, quelle
que soit la valeur de m pour tendant vers l’in…ni, le PSTR converge vers un PTR. Par
contre, lorsque tend vers 0, la fonction de transition (qit ; ; c) devient une constante et
l’estimation d’un PSTR rejoint celle d’un panel à e¤ets …xes individuels.
Le développement précédent est fondé sur l’hypothèse selon laquelle, il n’existe qu’une
seule fonction de transition. Une généralisation des PSTR peut être e¤ectuée en admettant
que l’on peut avoir r fonctions de transition soit r + 1 régimes extrêmes, dont la forme
générale est la suivante :
X
r
git = i+ 0 fit + j fit j qit ; j ; cj + zit + "it ; (6.15)
j=1
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 338
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
gamma=1
gamma=1
gamma=2 gamma=2
0.1 0.1
gamma=10 gamma=10
0 0
-5 0 5 -3 -2 -1 0 1 2 3
Fonction de transition avec m=1 et c=0 Fonction de transition avec m=2, c1=1 et c2=-1
@git X
r
eit = = 0 + j j qit ; j ; cj , 8i; 8t: (6.16)
@fit j=1
@git X
r X
r
@ j qit ; j ; cj
eit = = 0 + j j qit ; j ; cj + j fit , 8i; 8t; (6.17)
@fit j=1 j=1
@fit
où
" ! #
@ j qit ; j ; cj Y
m
@ Y
m
= j exp j (qit cjz ) (qit cjz )
@fit z=1
@qit z=1
" !# 2
Y
m
1 + exp j (qit cjz ) ; (6.18)
z=1
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 339
1 (qit c)
(qit ; = 0; c) = + + !; (6.21)
2 4
où ! est le reste du développement de Taylor. En remplaçant l’expression ci-dessus dans
l’équation (6.12), on obtient :
1 (qit c)
git = i + 0 fit + 1 + + ! fit + zit + "it : (6.22)
2 4
Ce qui implique :
1 c
git = i + 0 + 1 1 fit + 1 qit fit + zit + ("it + 1 fit !) : (6.23)
2 4 4
1 c
En posant : 0 = 0 + 2 1 4 1 , 1 = 14 et "it = ("it + 1 fit !), l’équation précédente
devient :
git = i + 0 fit + 1 qit fit + zit + "it : (6.24)
2 m
git = i + 0 fit + 1 qit fit + 2 qit fit + ::: + m qit fit + zit + "it : (6.25)
non contraint (modèle à deux fonctions de transition). Comme précédemment, les trois tests
d’hypothèse (LM , LMF et pseudo LRT ) sont utilisés. La procédure d’identi…cation du
nombre optimal de fonctions de transition est la suivante : soit un PSTR à r fonctions de
transition, le test d’hypothèse est : H0 : r = r contre H1 : r = r + 1. Si H0 est rejetée, le
test continue et la prochaine étape est : H0 : r = r + 1 contre H1 : r = r + 2. La procédure
continue jusqu’à ce que l’hypothèse nulle soit acceptée. Compte tenu du caractère séquentiel
du test, il est recommandé à chaque étape de la procédure de réduire le seuil d’acceptation
(signi…cant level) d’un facteur constant , tel que 0 < < 0 pour éviter que le modèle soit
très large. González et al. (2005) postulent = 0:5. Après la détermination du nombre de
fonctions de transition, la question qui se pose est l’identi…cation des seuils optimaux au
niveau de chaque fonction.
estimateurs.
En ce qui concerne le choix des variables de transition, il serait intéressant de faire
remarquer que la littérature empirique sur la non linéarité de la relation entre le dévelop-
pement …nancier et la croissance économique reste très peu explorée. Bien que quelques
travaux théoriques arrivent à prouver qu’il existe des équilibres multiples dans le lien entre
la …nance, les variables qui conditionnent la détermination de ces équilibres restent à identi-
…er. Les variables de transition utilisées ici sont identiques à celles de la section précédente.
Nous étudions la non linéarité entre la …nance et la croissance en utilisant les variables
structurelles, puis les variables de politique économique comme variables de transition.
33
où git est le taux de croissance économique, fi;t 1 la variable de développement …nancier,
qui est également utilisée comme variable de transition dans ce cas de …gure, j (:) la j eme
fonction de transition, zit un ensemble de variables de contrôle, et en…n "it le terme d’erreur
2
qui est indépendant et identiquement distribué i:i:d:(0; ) ; les modèles 1 à 5 utilisent
respectivement les variables BAN K, LIQ, CEN T , DEP et P RIV comme indicateur de
32
Nous n’utilisons pas ici le capital humain comme variable de transition parce que cette donnée n’est
disponible que sur des intervalles d’amplitude 5 ans.
33
Nous utilisons la variable de développement …nancier retardée pour contrôler les problèmes d’endogé-
néité entre la …nance et la croissance. Une démarche semblable a été utilisée par González et al. (2004)
pour l’estimation de la relation entre le ratio de l’investissement au capital et le cash ‡ow rapporté aux
actifs.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 345
développement …nancier. Comme nous l’avons annoncé dans la méthodologie, nous réalisons
successivement les tests de non linéarité, les tests de choix des fonctions de transition
appropriées et procédons à l’estimation du PSTR.
Le tableau 6.6 présente les résultats du test de non linéarité entre le développement
…nancier et la croissance mais en utilisant dans le cas particulier les indicateurs de déve-
loppement …nancier comme variable de transition. Par exemple, pour le modèle 1, il est
question d’étudier la non linéarité entre le taux de croissance et la variable BAN K, en
utilisant la même variable (BAN K) dans la fonction de transition. Une démarche iden-
tique est adoptée pour tous les autres modèles. Ainsi, comme on peut le remarquer au
niveau du tableau 6.6, l’hypothèse de non linéarité avec pour transition les variables de
développement …nancier est validée dans tous les cas. Au niveau des cinq (5) variables de
développement …nancier, une seule fonction de transition est su¢ sante pour purger la non
linéarité, parce que l’hypothèse alternative H1 : r = 2 est rejetée dans tous les cas. En
particulier, les résultats obtenus suggèrent d’ores et déjà une fonction de transition à un
seuil pour les modèles 1 et 3. Pour les autres modèles le choix de la fonction de transition
adéquate (entre une fonction à un seuil et une fonction à deux seuils) se fera à partir des
résultats du tableau 6.7. L’analyse du tableau 6.7 montre que suivant les critères d’infor-
mation AIC, BIC et de la somme du carré des résidus34 , il faudra utiliser une fonction de
transition à un seuil pour les modèles 2, 4 et 5. Ainsi, pour toutes les variables de déve-
loppement …nancier, le modèle optimal pour prendre en compte la non linéarité sur PSTR
doit comporter une fonction de transition avec un seuil.
Notes : Pour des raisons de simplicité, nous ne présentons dans le tableau ci-dessus que les statistiques
de la version de Fisher du Multiplicateur de Lagrange (LMF ). Toutefois, il est intéressant de souligner
que la statistique LM et celle de pseudo LRT proposée par Colletaz et Hurlin (2006), conduisent aux
mêmes résultats que la statistique LMF . Pour chaque modèle (ie. pour chaque variable de transition), la
procédure de test est la suivante : premièrement on teste le modèle linéaire (r = 0) contre un modèle à un
seuil (r = 1). Si l’hypothèse nulle est rejetée, on teste le modèle à un seuil contre un modèle à deux seuils
(r = 2). La procédure continue jusqu’à ce que l’hypothèse d’un seuil additionnel ne soit pas rejetée. La
statistique de LMF a une distribution asymptotique sous H0 de Fisher : F [mK; T N N (r + 1)mK],
où m est le nombre de paramètres de centrage et K le nombre de variables explicatives. Les valeurs entre
crochets sont les p-values. qit est la variable de transition et n est le nombre de paramètres de centrage.
Tab. 6.7 –Choix du modèle optimal : détermination du nombre optimal de seuil (variable
de transition : développement …nancier)
Tab. 6.8 –Estimation des paramètres pour le modèle …nal du PSTR avec pour variable
de transition le développement …nancier
Paramètre de centrage cj
1 ere fonct. de trans. 4.211 3.136 2.679 3.448 3.542
eme
2 fonct. de trans. - - - - -
10.524 2.138 2.595 1.063 5.000
Coe¢ cients des variables de contrôle
Pop -0.154 -0.240 -0.156 -0.268 -0.235
(0:122) (0:122) (0:122) (0:122) (0:124)
In‡ -3.601 -4.705 -3.952 -2.597 -4.798
(0:944) (0:952) (0:929) (0:428) (0:944)
Gov -2.728 -2.499 -2.548 -4.814 -2.637
(0:407) (0:425) (0:414) (0:943) (0:416)
Open -0.972 -0.535 -0.899 -0.511 -0.656
(0:375) (0:385) (0:374) (0:386) (0:383)
Notes : Pour chaque modèle, et pour chaque valeur de m, le nombre optimal de fonctions de transitions
est déterminé de façon séquentielle. Pour la j eme fonction de transition, j = 1; :::; r les m paramètres de
centrage cj et la valeur de la pente correspondante ( j ) sont reportés dans le tableau ci-dessus. Les
écarts-types des coe¢ cients entre parenthèses sont corrigés du biais d’hétéroscédasticité par la méthode
de White. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au
seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 348
Les résultats présentés dans le tableau 6.8 montrent que les coe¢ cients ( 0 ) sont po-
sitifs alors que les coe¢ cients ( 1 ) sont négatifs. Ainsi, l’accroissement du développement
…nancier a un e¤et négatif sur l’élasticité du taux de croissance par rapport à la …nance.
Ceci signi…e que malgré la relation positive entre le développement …nancier et la croissance
économique, la sensibilité de la croissance économique par rapport à la …nance est forte
dans les économies …nancièrement sous développées que dans les économies …nancièrement
développées. Autrement dit, le développement …nancier a¤ecterait plus la croissance éco-
nomique dans les pays peu développés …nancièrement35 . En ce qui concerne le modèle 3,
malgré l’e¤et non signi…catif de la variable CEN T sur la croissance économique (coe¢ -
cient non signi…catif), on remarque que l’accroissement de CEN T augmente l’élasticité
(en valeur absolue) du taux de croissance par rapport à la variable CEN T .
2.5 3
Elasticité par rapport à Bank
0 0
0 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
Bank (en logarithme) Liq (en logarithme)
0
Elasticité par rapport à Cent
-0.5
1
-1 0
-1.5 -1
-2 -2
0 1 2 3 4 0 1 2 3 4 5
Cent (en logarithme) Dep (en logarithme)
Elasticité par rapport à Priv
2.7
2.6
2.5
2.4
2.3
2.2
2.1
2
0 1 2 3 4 5
Priv (en logarithme)
modèle à 1 seuil et le modèle à 2 seuils, le critère BIC (3,32 pour le modèle à 1 seuil et
3,34 pour le modèle à 2 seuils) préconise une fonction de transition à un seuil38 .
Les résultats de l’estimation du modèle PSTR utilisant comme variable de transition
l’instabilité …nancière présentés au tableau 6.10 révèlent que les coe¢ cients 0 sont positifs
39
et signi…catifs, alors les coe¢ cients 1 sont négatifs ; ce qui signi…e que l’accroissement de
l’instabilité …nancière a un e¤et négatif sur la sensibilité de la croissance par rapport à la
…nance. Ainsi, bien que la …nance soit positivement associée à la croissance, cette dernière
38
Le critère AIC et la somme du carré des résidus fournissent des résultats qui vont dans ce sens.
39
Les résultats du modèle 3 ne sont pas présentés parce que l’instabilité de la variable CEN T ne peut
être utilisée comme transition.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 351
serait plus sensible aux variations du développement …nancier dans les pays caractérisés par
un faible niveau d’instabilité …nancière. L’examen des pentes des fonctions de transition
révèle qu’un PTR pourrait modéliser la non linéarité de la relation entre la …nance et la
croissance lorsque l’instabilité …nancière est utilisée comme variable de transition compte
tenu des valeurs élevées de . Par conséquent la transition entre les deux régimes extrêmes
est brutale comme le suggère la …gure 6.9. Le seuil d’instabilité …nancière au-delà duquel
on observe ce basculement est compris entre 7 et 12%. Toutefois, malgré l’e¤et négatif
de l’instabilité, le présent modèle n’arrive pas à reproduire une sensibilité négative de la
croissance par rapport à la …nance pour des niveaux élevés de l’instabilité …nancière.
A partir des résultats issus de l’utilisation des variables de développement …nancier et
d’instabilité …nancière dans les fonctions de transition, on peut déduire que les paramètres
structurels peuvent être à la base de la non linéarité entre la …nance et la croissance,
c’est-à-dire expliquer les di¤érences de sensibilité de la croissance dans les pays face aux
variations du développement …nancier.
Notes : Pour des raisons de simplicité, nous ne présentons dans le tableau ci-dessus que les statistiques
de la version de Fisher du Multiplicateur de Lagrange (LMF ). Toutefois, il est intéressant de souligner
que la statistique LM et celle de pseudo LRT proposée par Colletaz et Hurlin (2006), conduisent aux
mêmes résultats que la statistique LMF . Pour chaque modèle (ie. pour chaque variable de transition), la
procédure de test est la suivante : premièrement on teste le modèle linéaire (r = 0) contre un modèle à un
seuil (r = 1). Si l’hypothèse nulle est rejetée, on teste le modèle à un seuil contre un modèle à deux seuils
(r = 2). La procédure continue jusqu’à ce que l’hypothèse d’un seuil additionnel ne soit pas rejetée. La
statistique de LMF a une distribution asymptotique sous H0 de Fisher : F [mK; T N N (r + 1)mK],
où m est le nombre de paramètres de centrage et K le nombre de variables explicatives. Les valeurs entre
crochets sont les p-values. qit est la variable de transition et n est le nombre de paramètres de centrage.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 352
Tab. 6.10 –Estimation des paramètres pour le modèle …nal du PSTR avec pour variable
de transition l’instabilité …nancière
Paramètre de centrage cj
1 ere fonct. de trans. 10.961 6.541 5.016 6.541
eme
2 fonct. de trans. - - - -
1004.3 474.75 1257.19 474.75
Coe¢ cients des variables de contrôle
Pop -0.216 -0.269 -0.259 -0.269
(0:124) (0:124) (0:124) (0:124)
In‡ -4.041 -5.353 -5.142 -5.353
(0:948) (0:956) (0:953) (0:956)
Gov -2.693 -2.631 -2.549 -2.631
(0:478) (0:488) (0:492) (0:488)
Open -0.897 -0.622 -0.623 -0.622
(0:398) (0:406) (0:408) (0:406)
Notes : Pour chaque modèle, et pour chaque valeur de m, le nombre optimal de fonctions de transitions
est déterminé de façon séquentielle. Pour la j eme fonction de transition, j = 1; :::; r les m paramètres de
centrage cj et la valeur de la pente correspondante ( j ) sont reportés dans le tableau ci-dessus. Les
écarts-types des coe¢ cients entre parenthèses sont corrigés du biais d’hétéroscédasticité par la méthode
de White. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au
seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 353
1.2 0.95
0.9
Elasticité par rapport à Bank
1.1
0.7 0.65
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Instabilité de Bank (sBank) Instabilité de Liq (sLiq)
0.95
0.9
Elasticité par rapport à Dep
0.8
1.45
0.75
1.4 0.7
0.65
1.35
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Instabilité de Dep (sDep) Instabilité de Priv (sPriv)
Deux variables de politique économique sont utilisées pour étudier la non linéarité sur
PSTR entre le développement …nancier et la croissance économique : le ratio des dépenses
gouvernementales et le taux d’in‡ation.
Le tableau 6.11 présente les résultats des tests de non linéarité entre la …nance et la crois-
sance, en utilisant comme variable de transition le ratio au PIB des dépenses gouverne-
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 354
mentales. Les résultats obtenus montrent que la relation entre la …nance et la croissance
est non linéaire lorsque le ratio des dépenses gouvernementales est utilisé comme variable
de transition. De plus, une seule fonction de transition est su¢ sante pour purger la non
linéarité entre les deux variables. Cependant, les résultats du tableau 6.11 ne permettent
pas de choisir entre une transition à un seuil et une transition à deux seuils. Par contre
l’analyse des critères d’information et de la somme du carré des résidus du tableau 6.12
montre qu’une fonction de transition à un seuil est mieux adaptée pour modéliser la non
linéarité entre la …nance et la croissance lorsque la transition est assurée par le ratio des
dépenses gouvernementales.
Les résultats de l’estimation du PSTR sont fournis par le tableau 6.13. Comme on peut
le remarquer, les coe¢ cients 0 sont positifs, alors que les coe¢ cients 1 sont négatifs et
signi…catifs pour tous les modèles. Ainsi, l’accroissement du ratio au PIB des dépenses gou-
vernementales a un e¤et négatif sur la sensibilité de la croissance par rapport à la …nance ;
ce qui signi…e qu’une politique économique axée sur des interventions publiques à travers
l’augmentation des dépenses gouvernementales créerait des conditions peu propices à des
e¤ets favorables des politiques de développement …nancier sur la croissance économique.
Ce résultat peut s’expliquer par le fait que des ratios des dépenses publiques élevés ca-
ractérisent souvent des systèmes économiques, où le secteur …nancier est réprimé et dans
lesquels la …nance a¤ecte peu la croissance économique.
En ce qui concerne la transition entre les di¤érents régimes, les valeurs relativement
faibles des pentes suggèrent d’une part que la structure du PSTR est adaptée pour modé-
liser la non linéarité entre le développement …nancier et la croissance économique, lorsque
la variable de transition est le ratio des dépenses gouvernementales. Cette transition lisse
est illustrée par la …gure 6.10 qui décrit l’évolution de l’élasticité du taux de croissance par
rapport à la …nance en fonction du ratio au PIB des dépenses gouvernementales.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 355
Tab. 6.11 – Test de non linéarité (variable de transition : ratio des dépenses gouverne-
mentales)
Notes : Pour des raisons de simplicité, nous ne présentons dans le tableau ci-dessus que les statistiques
de la version de Fisher du Multiplicateur de Lagrange (LMF ). Toutefois, il est intéressant de souligner
que la statistique LM et celle de pseudo LRT proposée par Colletaz et Hurlin (2006), conduisent aux
mêmes résultats que la statistique LMF . Pour chaque modèle (ie. pour chaque variable de transition), la
procédure de test est la suivante : premièrement on teste le modèle linéaire (r = 0) contre un modèle à un
seuil (r = 1). Si l’hypothèse nulle est rejetée, on teste le modèle à un seuil contre un modèle à deux seuils
(r = 2). La procédure continue jusqu’à ce que l’hypothèse d’un seuil additionnel ne soit pas rejetée. La
statistique de LMF a une distribution asymptotique sous H0 de Fisher : F [mK; T N N (r + 1)mK],
où m est le nombre de paramètres de centrage et K le nombre de variables explicatives. Les valeurs entre
crochets sont les p-values. qit est la variable de transition et n est le nombre de paramètres de centrage.
Tab. 6.12 –Choix du modèle optimal : détermination du nombre optimal de seuil (variable
de transition : ratio des dépenses gouvernementales)
SCR 88135 88133 88005 88005 89188 89177 87906 87903 87969 87964
AIC 3.344 3.344 3.342 3.343 3.356 3.356 3.341 3.342 3.342 3.342
BIC 3.357 3.360 3.356 3.358 3.369 3.372 3.355 3.357 3.355 3.358
Obs. 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 356
Tab. 6.13 –Estimation des paramètres pour le modèle …nal du PSTR avec pour variable
de transition le ratio des dépenses gouvernementales
Paramètre de centrage cj
1 ere fonct. de trans. 2.723 2.666 2.457 2.495 2.479
eme
2 fonct. de trans. - - - -
2.989 2.824 2.907 2.713 2.526
Coe¢ cients des variables de contrôle
Pop -0.163 -0.235 -0.148 -0.242 -0.233
(0:122) (0:121) (0:122) (0:122) (0:122)
In‡ -3.747 -4.985 -4.111 -4.700 -4.647
(0:943) (0:946) (0:932) (0:942) (0:943)
Gov -2.704 -2.646 -2.569 -2.457 -2.631
(0:416) (0:418) (0:430) (0:417) (0:488)
Open -0.915 -0.511 -1.180 -0.585 -0.613
(0:375) (0:385) (0:371) (0:385) (0:383)
Notes : Pour chaque modèle, et pour chaque valeur de m, le nombre optimal de fonctions de transitions
est déterminé de façon séquentielle. Pour la j eme fonction de transition, j = 1; :::; r les m paramètres de
centrage cj et la valeur de la pente correspondante ( j ) sont reportés dans le tableau ci-dessus. Les
écarts-types des coe¢ cients entre parenthèses sont corrigés du biais d’hétéroscédasticité par la méthode
de White. signi…catif au seuil d’erreur de 1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au
seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 357
Fig. 6.10 – Elasticité de la croissance par rapport à la …nance en fonction du ratio des
dépenses gouvernementales
Elasticité par rapport à Bank
2
1.8 0.5
1.6
1.4 0
1.2
1 -0.5
1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Ratio des dépenses gouvernementales Ratio des dépenses gouvernementales
Elasticité par rapport à Cent
1
0.5
0.5
0
0
-0.5 -0.5
-1
1.5 2 2.5 3 3.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Ratio des dépenses gouvernementales Ratio des dépenses gouvernementales
1.5
Elasticité par rapport à Priv
0.5
-0.5
-1
1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Ratio des dépenses gouvernementales
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 358
L’équation à estimer sur PSTR pour mettre en évidence la non linéarité entre la …nance
et la croissance, lorsque le taux d’in‡ation est utilisé comme variable de transition est la
suivante :
X
r
git = i + 0 fi;t 1 + j fi;t 1 j Inf lit ; j ; cj + zit + "it : (6.34)
j=1
Les tests de non linéarité entre le taux de croissance et les variables de développement
…nancier en utilisant le taux d’in‡ation comme variable de transition sont présentés au
tableau 6.14. Les résultats obtenus valident l’hypothèse de la non linéarité entre la …nance
et la croissance par rapport au taux d’in‡ation. Plus précisément, la non linéarité entre les
deux variables peut être modélisée par 2 transitions à un seuil ou une transition à deux
seuils pour la variable BAN K ; en ce qui concerne les variables LIQ, le choix s’e¤ectuera
entre 2 fonctions de transition à 1 seuil et 2 fonctions de transition à 2 seuils, alors que
pour la variable CEN T , on choisira entre 2 fonctions de transition à 1 seuil et 3 fonctions
de transition à 2 seuils. En…n, pour les variables DEP et P RIV , 2 transitions à 1 seuil
et une transition à 2 seuils sont candidates pour purger la non linéarité entre la …nance
et la croissance. Le choix de la fonction de transition appropriée pour chaque modèle est
e¤ectué à partir du tableau 6.15, sur la base des critères d’information. En e¤et, pour les
modèles 1, 4 et 5, les résultats du tableau 6.15 suggèrent qu’on peut utiliser deux fonctions
de transition à un seuil chacun. Par contre pour les modèles 2 et 3, il faut respectivement
2 et 3 fonctions de transition à deux seuils.
Le tableau 6.16 présente les résultats de l’estimation du PSTR …nal de la relation entre
la …nance et la croissance en utilisant comme variable de transition le taux d’in‡ation.
Comme on peut bien le remarquer les coe¢ cients 0 sont positifs, alors que les coe¢ cients
1, 2 et 3 sont négatifs. Ainsi, par exemple en ce qui concerne les modèles 1, 4 et 5,
un accroissement du taux d’in‡ation s’accompagne de deux mouvements à la baisse de la
sensibilité de la croissance par rapport à la …nance. Plus précisément en se référant à la
…gure 6.11, pour des niveaux d’in‡ation inférieurs à 8%, la sensibilité la croissance par
rapport à la …nance s’établit à 1,84 environ, alors que pour des taux d’in‡ation compris
entre 8 et 20% cette élasticité est d’environ 1 ; en…n pour des taux d’in‡ation supérieurs
à 20%, la croissance n’est plus sensible aux variations du développement …nancier. Une
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 359
analyse semblable peut être faite pour les modèles 4 et 5. En ce qui concerne le modèle
2, bien que les résultats du tableau 6.16 montrent que l’accroissement du taux d’in‡ation
entraîne deux e¤ets à la baisse sur l’élasticité ; compte tenu de la forme des fonctions de
transition (à deux seuils), cet e¤et n’a pu se matérialiser sur la …gure 6.11. Cependant, on
observe une baisse de la sensibilité de la croissance par rapport à la …nance pour des taux
d’in‡ation supérieurs à 12%. Quant au modèle 3, pour des niveaux d’in‡ation inférieurs
à 20%, l’élasticité de la croissance par rapport à la …nance est croissante avant de baisser
et s’établir à 0,4 environ. La hausse de l’élasticité consécutive à l’accroissement du niveau
d’in‡ation peut s’expliquer par la corrélation positive entre le taux d’in‡ation et la variable
CEN T .
De façon globale, les résultats obtenus à l’issue de l’étude de la non linéarité entre la
…nance et la croissance en utilisant l’in‡ation comme variable de transition révèlent que
dans des économies caractérisées par des niveaux d’in‡ation élevés, la croissance est peu
sensible aux variations du développement …nancier. Ainsi, une politique économique qui
a pour objectif d’accroître la sensibilité de la croissance par rapport à la …nance doit non
seulement limiter les dépenses gouvernementales comme nous l’avons montré précédem-
ment, mais aussi lutter contre l’in‡ation.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 360
Notes : Pour des raisons de simplicité, nous ne présentons dans le tableau ci-dessus que les statistiques
de la version de Fisher du Multiplicateur de Lagrange (LMF ). Toutefois, il est intéressant de souligner
que la statistique LM et celle de pseudo LRT proposée par Colletaz et Hurlin (2006), conduisent aux
mêmes résultats que la statistique LMF . Pour chaque modèle (ie. pour chaque variable de transition), la
procédure de test est la suivante : premièrement on teste le modèle linéaire (r = 0) contre un modèle à un
seuil (r = 1). Si l’hypothèse nulle est rejetée, on teste le modèle à un seuil contre un modèle à deux seuils
(r = 2). La procédure continue jusqu’à ce que l’hypothèse d’un seuil additionnel ne soit pas rejetée. La
statistique de LMF a une distribution asymptotique sous H0 de Fisher : F [mK; T N N (r + 1)mK],
où m est le nombre de paramètres de centrage et K le nombre de variables explicatives. Les valeurs entre
crochets sont les p-values. qit est la variable de transition et n est le nombre de paramètres de centrage.
Tab. 6.15 –Choix du modèle optimal : détermination du nombre optimal de seuil (variable
de transition : taux d’in‡ation)
SCR 88202 88473 88472 88005 88398 87975 88398 88666 88928 88984
AIC 3.345 3.349 3.351 3.349 3.349 3.348 3.353 3.354 3.350 3.352
BIC 3.361 3.369 3.374 3.371 3.368 3.359 3.362 3.366 3.366 3.368
Obs. 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053 3053
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 361
Fig. 6.11 –Elasticité de la croissance par rapport à la …nance en fonction du taux d’in‡ation
2
Elasticité par rapport à Bank
1.4
1
2
1 0.5
0
0
5 10 15 20 25 30 35 40 0 10 20 30 40
Taux d'Inflation Taux d'Inflation
Elasticité par rapport à Priv
0.5
-0.5
0 10 20 30 40
Taux d'Inflation
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 362
Tab. 6.16 – Estimation des paramètres pour le modèle …nal du PSTR avec pour variable de
transition le taux d’in‡ation
Notes : Pour chaque modèle, et pour chaque valeur de m, le nombre optimal de fonctions de transitions est
déterminé de façon séquentielle. Pour la j eme fonction de transition, j = 1; :::; r les m paramètres de centrage cj et la
valeur de la pente correspondante ( j ) sont reportés dans le tableau ci-dessus. Les écarts-types des coe¢ cients entre
parenthèses sont corrigés du biais d’hétéroscédasticité par la méthode de White. signi…catif au seuil d’erreur de
1% ; signi…catif au seuil d’erreur de 5% ; signi…catif au seuil d’erreur de 10%.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 363
brutales entre les di¤érents régimes dans le relation entre la …nance et la croissance sug-
gèrent entre autres l’existence d’équilibres multiples suivant les di¤érents régimes. Ce qui
con…rme les résultats théoriques obtenus au niveau du chapitre 2, où nous trouvons que
la relation entre le développement …nancier et la croissance peut être régie par des équi-
libres multiples. Bien que l’évolution de l’élasticité du taux de croissance par rapport au
développement …nancier par pays ne soit pas présentée ici, nous remarquons qu’elle est
décroissante dans le temps et plus volatile dans les pays en développement que dans les
pays développés.
En…n de façon globale, les résultats obtenus à l’issue des estimations sur PSTR révèlent
que la sensibilité de la croissance par rapport à la …nance dépend non seulement des
paramètres structurels, mais aussi des politiques économiques mises en oeuvre. Ainsi, dans
les économies caractérisées par un faible niveau d’instabilité …nancière et de développement
…nancier dans lesquelles les politiques mises oeuvre visent à réduire le ratio des dépenses
gouvernementales et le niveau d’in‡ation, la croissance est plus sensible aux variations du
développement …nancier.
Les résultats obtenus sur PSTR peuvent être comparés à ceux de l’approche polyno-
miale, bien que les démarches méthodologiques soient di¤érentes. Ainsi, les estimations
sur PSTR valident les résultats du modèle polynomial dans la mesure où l’hypothèse de
non linéarité est acceptée dans les deux cas. De plus, on constate que les di¤érents seuils
obtenus à partir de chacune des deux méthodologies restent généralement proches.
6.6 Conclusion
consensus sur les variables qui sont susceptibles d’expliquer la non linéarité entre les deux
variables, nous avons postulé que cette relation peut dépendre aussi bien des paramètres
structurels de l’économie, que des politiques économiques mises en oeuvre ; ainsi, deux va-
riables structurelles à savoir le développement …nancier, l’instabilité …nancière et le niveau
de capital humain, puis deux variables de politique économique telles que le ratio au PIB
des dépenses gouvernementales et le taux d’in‡ation ont été identi…ées41 . Cette hypothèse
a été testée à l’aide des régressions non linéaires simples prenant en compte des variables
croisées (approche polynomiale), et aussi à l’aide de la méthodologie des panels smooth
threshold regression.
Les résultats obtenus à partir de l’approche polynomiale montrent que la relation entre
la …nance et la croissance est non linéaire, et que la sensibilité de la …nance par rapport à
la croissance serait forte dans les pays caractérisés par de faibles niveaux des variables de
transition ; l’accroissement des variables de transition implique une décroissance de cette
sensibilité qui devient négative au-delà d’un certain seuil. Cependant, bien que l’approche
polynomiale mette en évidence une relation hétérogène entre la …nance et la croissance,
elle n’a pu décrire la nature de la transition entre les di¤érents régimes. C’est pour pallier
cette insu¢ sance que nous avons eu recours à des méthodes économétriques qui permettent
de mieux modéliser la non linéarité comme les PSTR. Les résultats obtenus à l’issue des
estimations sur PSTR con…rment ceux de l’approche polynomiale et montrent que le chan-
gement de régimes est brutal lorsque l’instabilité …nancière et le taux d’in‡ation sont
utilisés dans la fonction de transition, alors que la transition peut être caractérisée par un
“continuum”de régimes lorsque la non linéarité dépend du ratio au PIB des dépenses gou-
vernementales ou du niveau de développement …nancier. Ainsi, à partir de ces résultats,
on peut déduire que, dans les économies caractérisées par un faible niveau d’instabilité
…nancière et de développement …nancier dans lesquelles les politiques mises oeuvre visent
à réduire le ratio des dépenses gouvernementales et le niveau d’in‡ation, la croissance est
plus sensible aux variations du développement …nancier.
Cependant, on peut noter que la plupart des variables de transition utilisées dans
les fonctions de transition a¤ectent à la baisse l’élasticité de la croissance par rapport
à la …nance ; par conséquent il serait intéressant d’identi…er également des variables de
transition qui conditionnent la non linéarité et dont l’accroissement entraîne des e¤ets à la
41
On peut toutefois retrouver dans la littérature d’autres variables qui conditionnent la non linéarité de
la relation entre la …nance et la croissance.
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 366
6.7 Annexes
Lowess smoother
4
2
growth
0
-2
20 40 60 80 100
bank
bandwidth = .4
Lowess smoother
4
2
growth
0
-2
0 50 100 150
liq
bandwidth = .4
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 368
Lowess smoother
4
2
growth
0
-2
0 10 20 30 40
cent
bandwidth = .4
Lowess smoother
4
2
growth
0
-2
0 50 100 150
dep
bandwidth = .4
6. Non Linéarité entre le Développement Financier et la Croissance 369
Lowess smoother
4
2
growth
0
-2
0 50 100 150
priv
bandwidth = .4
Conclusion générale
370
Conclusion générale 371
Les résultats précédents sont approfondis au chapitre 3 à l’aide d’un modèle de crois-
sance endogène dans lequel le secteur …nancier est caractérisé par une dynamique de l’in-
novation …nancière semblable à celle du secteur de la recherche et développement ou de
l’accumulation des connaissances dans les modèles de Lucas (1988), Romer (1990) et Jones
(1995). Nous montrons que l’équilibre entre le niveau de croissance économique et le stock
de produits …nanciers dépend des paramètres de l’économie. Ainsi, les recommandations
de politique économique en vue d’une croissance économique plus forte visent d’une part
à accroître la proportion du capital alloué au secteur …nancier et l’e¤et de spillover lié au
phénomène d’innovation …nancière et d’autre part inciter les agents à réduire leur aversion
par rapport au risque et leur taux d’escompte psychologique. Les résultats obtenus sug-
gèrent également que l’optimum atteint par le plani…cateur social est supérieur est celui
obtenu à travers une allocation compétitive des ressources ; ce qui justi…e la portée des
interventions publiques dont le but est de corriger les imperfections liées au marché.
Dans la deuxième partie de cette thèse, nous avons procédé à une évaluation empirique
Conclusion générale 372
Les résultats obtenus au niveau des deux chapitres empiriques précédents montrent
Conclusion générale 373
que le lien entre la …nance et la croissance dépendrait du niveau de revenu des pays. Ces
résultats empiriques que l’on retrouve également dans de nombreux travaux sont soutenus
par les modèles théoriques prenant en compte le développement …nancier qui mettent en
évidence l’existence d’équilibres multiples dans la relation entre la …nance et la croissance.
Pour ce faire, le dernier chapitre de cette thèse est consacré à l’étude de la non linéarité
de la relation entre la …nance et la croissance par rapport aux paramètres structurelles
(développement …nancier, instabilité …nancière et taux de scolarisation) d’une part, et
d’autre part par rapport aux variables de politique économique (taux d’in‡ation et ratio des
dépenses gouvernementales). Deux approches méthodologiques ont été utilisées : l’approche
polynomiale et l’approche sur PSTR.
Les résultats obtenus à partir de l’approche polynomiale montrent que la relation entre
la …nance et la croissance est non linéaire, et que la sensibilité de la …nance par rapport
à la croissance serait forte dans les pays caractérisés par de faibles niveaux des variables
de transition ; l’accroissement des variables de transition implique une baisse de cette sen-
sibilité qui devient négative au-delà d’un certain seuil. Cependant, malgré que l’approche
polynomiale mette en évidence une relation hétérogène entre la …nance et la croissance, elle
n’a pu décrire la nature de la transition entre les di¤érents régimes. C’est pour pallier cette
insu¢ sance que nous avons eu recours à des méthodes économétriques qui peuvent mieux
modéliser la non linéarité comme les PSTR. Les résultats obtenus à l’issue des estimations
sur PSTR con…rment ceux de l’approche polynomiale et montrent que le changement de
régimes est brutal lorsque l’instabilité …nancière et le taux d’in‡ation sont utilisés dans la
fonction de transition, alors que la transition peut être caractérisée par un “continuum”de
régimes lorsque la non linéarité dépend du ratio au PIB des dépenses gouvernementales ou
du niveau de développement …nancier. A partir de ces résultats, on peut déduire que, dans
les économies caractérisées par un faible niveau d’instabilité …nancière et de développement
…nancier dans lesquelles les politiques mises en oeuvre visent à réduire le ratio des dépenses
gouvernementales et le niveau d’in‡ation, la croissance est plus sensible aux variations du
développement …nancier.
Des prolongements possibles sont envisageables à la présente thèse. Mis à part les
aspects théoriques que nous ne traitons pas dans cette thèse (questions d’asymétrie d’in-
formation, de monitoring, de coût de transaction, etc.), il serait intéressant de prendre en
Conclusion générale 374
compte le cadre institutionnel à travers des modèles de croissance endogène qui intègrent
le développement …nancier. En e¤et, bien que cet axe de recherche ait fait l’objet d’études
empiriques, il reste à le formaliser de façon théorique. On peut également supposer d’autres
dynamiques de l’innovation …nancière (au niveau du chapitre 3) basée sur de la destruction
créative comme chez Aghion et Howitt (1992).
Dans le cadre de la présente thèse, l’évaluation empirique n’est focalisée que sur les
indicateurs du secteur bancaire. Il serait intéressant d’étendre les estimations réalisées
aux autres composantes du développement …nancier à savoir : les indicateurs du marché
boursier (les variables mesurant la taille du marché actions, du marché des obligations et
un indicateur mesurant l’importance du marché des produits dérivés) et les indicateurs du
marché des assurances. On peut également penser à l’élaboration d’un indicateur composite
de développement …nancier qui prend en compte aussi bien le secteur bancaire que les
marchés …nanciers.
En…n, compte tenu du fait que la relation entre le développement …nancier et la crois-
sance économique est cointégrée et non linéaire, on pourra toutefois approfondir la présente
thèse en réalisant des tests de cointégration sur panel non linéaire entre les deux variables.
Bibliographie
ABRAMOVITZ, M. (1956). “Resource and Output Trends in the United States since
1870”, American Economic Review, Papers and Proceedings of the American Economic
Associations, Vol. 46, pp. 5-23.
ADAMS, D.W. ET FITCHETT, D. A. (1994). Finance Informelle dans les Pays en Déve-
loppement, Presse Universitaires de Lyon.
375
Bibliographie 376
AKA, B. (2003). “Financial Development and Growth : Theory and Time Series Evidence
from 26 Countries”, 20th Symposium on Banking and Monetary Economics, Birmingham,
5 et 6 Juin 2003, GDR Economie Monétaire et Financière.
AKA, B. (2006). “On the Duration of the Financial System Stability under Liberalization”,
Emerging Markets Review, Vol. 7, N 2, pp. 147-161.
AKERLOF, G. (1970). “The Market for ‘Lemons’: Quality Uncertainty and the Market
Mechanism”, Quarterly Journal of Economics, Vol. 84, pp. 488-500.
ALLEN, F. ET GALE, D. (1994). Financial Innovation and Risk Sharing, MIT Press,
Cambridge, MA.
AMABLE B. ET CHATELAIN J-B. (1996) “La Concurrence Imparfaite entre les Inter-
médiaires Financiers est-elle toujours Néfaste à la Croissance Economique”, Revue Econo-
mique, Vol. 47, N 3, pp. 765-775.
AMABLE, B. ET CHATELAIN, J-B. (1995a). “E¢ cacité des Systèmes Financiers et Dé-
veloppement Economique”, Economie Internationale, N 61, pp. 99-130.
ATHUKORALA, P. (1998). “Interest Rates, Saving and Investment : Evidence from India”,
Oxford Development Studies, Vol. 26, N 2, pp .153-169.
ATTANASIO, O., GUISO, L. ET JAPPELLI, T. (2001). “The Demand for Money, Finan-
cial Innovation, and the Welfare Cost of In‡ation : An Analysis with Households’Data”
Centre for Studies in Economics and Finance, Working Paper N 3.
AUBIN, C., BERDOT, J-P, GOYEAU, D., ET LEONARD, J. (2008). “Le Système Finan-
cier Chinois : le Double Dé… de la Transition et de la Soutenabilité de la Dette Publique”,
Economie Appliquée, N 4, pp. 47-81.
BAGEHOT W. (1873). Lombard Street : A Description of the Money Market, London, H.S.
King.
Bibliographie 380
BAI, J. ET NG, S. (2004). “A Panic Attack on Unit Roots and Cointegration”, Econome-
trica, Vol. 72, pp. 1127-1177.
BALTAGI, B. H., ET GRIFFIN, J. M. (1984). “Short and Long Run E¤ects in Pooled
Models”, International Economic Review, Vol. 25, pp. 631-645.
BALTAGI, B. (2005). Econometric Analysis of Panel Data, 3rd Edition, New York : John
Wiley & Sons.
BANERJEE, A. (1999). “Panel Data Unit Roots and Cointegration : An Overview”, Oxford
Bulletin of Economics and Statistics, Vol. 61, pp. 607-629.
BECK, T. ET LEVINE, R. (2004). “Stock Markets, Banks and Growth : Panel Evidence”,
Journal of Banking and Finance, Vol. 28, N 3, pp. 423-442.
BECK, T., (1998). “Financial Dependence and International Trade”, World Bank, Policy
Research Working Paper 2604.
BECK, T., LEVINE, R. ET LOAYZA, N. (1999). “Finance and the Source of Growth”,
World Bank, Policy Research Working Paper 2057.
BECK, T., LEVINE, R. ET LOAYZA, N. (2000). “Finance and The Sources of Growth”,
Journal of Financial Economics, Vol. 58, N 1-2, pp. 261-300.
BESTER, H. (1985). “Screening vs. Rationing in Credit Markets with Imperfect Informa-
tion”, American Economic Review, Vol. 75, N 4, pp. 850-855.
BHATT, V. V. (1988). ‚On Financial Innovation and Credit Market Evolution”, World
Development, Vol. 16, N 2, pp. 281-292.
Bibliographie 384
BLACK, D. G. (1986). “Success and Failure of Futures Contracts : Theory and Empirical
Evidence”, Salomon Brothers Centre for the Study of Financial Institutions Monograph
Series in Finance and Economics 1986 : 1.
BLANCHARD, P. (2000). “L’Econométrie des Données de Panel avec SAS : Une Intro-
duction”. ERUDITE, Document de Travail N 2000-01.
BOND, S. ET MEGHIR, C. (1994). “Dynamic Investment Models and the Firm’s Financial
Policy”, Review of Economic Studies, Vol. 61, pp. 197-222.
BONFIGLIOLO, A. ET MENDICINO, C. (2004). “Financial Liberalization, Bank Crises
and Growth : Assessing the Links”, SSE/EFI Working Paper Series in Economics and
Finance, N 567.
BOOT, A. W. ET THAKOR, A. V., (1997). “Financial system architecture”, Review of
Financial Studies, Vol. 10, pp. 693-733.
BOSKIN, M. (1978). “Taxation, Saving, and the Rate of Interest”, Journal of Political
Economy, Vol. 86, N 2, pp.3-27.
BOULILA, G. ET TRABELSI, M. (2004). “The Causality Issue in the Finance and Growth
Nexus : Empirical Evidence from MENA Countries”, Review of Middle-East Economics and
Finance, Vol. 2, N 2, pp. 123-138.
BOURBONNAIS, R. (2002). Econométrie. Edition Dunod, Paris, 2002.
BOURBONNAIS, R. AND TERRAZA M. (2004). Analyse des Séries Temporelles : Ap-
plication à l’économie et à la Gestion, Edition Dunod, Paris.
BOURGAIN, A. ET PIERETTI, P. (2002). “Finance et Dynamique de Croissance : Quelques
Considérations Théoriques et une Application Empirique au Luxembourg”, Centre de Re-
cherche en Economie Appliquée (CREA), Document de Recherche N 2-1.
BOWMAN, A. ET FOSTER, P. (1992), “Density Based Exploration of Bivariate Data”,
Department of Statistics, University of Glasgow Technical Report N 92-1.
BOYD, J. ET PRESCOTT, E. (1986). “Financial Intermediary-Coalitions”, Journal of
Economic Theory, Vol. 38, pp. 211-232.
BOYD, J. ET SMITH, B. (1992). “Intermediation and the Equilibrium Allocation of In-
vestment Capital”, Journal of Monetary Economics, Vol. 30, pp. 409-432.
BREITUNG, J. (2000). “The Local Power of Some Unit Root Tests for Panel Data”, in B.
Baltagi (ed.), Nonstationary Panels, Panel Cointegration, and Dynamic Panels, Advances
in Econometrics, Vol. 15, JAI, Amsterdam, 161-178.
BRENDER, A. ET PISANI, F. (2004). La Nouvelle Economie Américaine, Ed. Economica.
BUFFIE, E. (1984). “Financial Repression, the New Structuralists, and Stabilization Policy
in Semi-Industrialized”, Journal of Development Economics, Vol. 14, pp. 305-322.
Bibliographie 386
BUFFIE, E. (1991). “Credit Rationing and Capital Accumulation”, Economica, New Se-
ries, Vol. 58, N 231, pp. 299-316.
BURKETT, P. ET DUTT, A. (1991). “Interest Rate Policy, E¤ective Demand, and Growth
in LDC’s”, International Review of Applied Economics, Vol. 5, N 2, pp 127-153.
CHICK, V. (1986). “The Evolution of the Banking System and the Theory of Saving,
Investment and Interest”, Economies et Sociétés, Série MP, 3 (1986). Reimprimé dans
ARESTIS, P. ET DOW, S. (eds.), On Money, Method and Keynes : Selected Essays, Vic-
toria Chick, (London : Macmillan, 1992).
CHO, Y. (1986). “Ine¢ ciencies from Financial Liberalization in the Absence of Well- Func-
tioning Equity Markets”, Journal of Money, Credit and Banking, Vol. 18, N 2, pp. 191-209.
CHO, Y. (1988). “The E¤ect of Financial Liberalization on the E¢ ciency of Credit Allo-
cation”, Journal of Development Economics, Vol. 29, pp. 101-110.
CHOI, I. (2001). “Unit Root Tests for Panel Data”, Journal of International Money and
Finance, Vol. 20, pp. 249-272.
CHOU, Y. (2003a). “A Pedagogical Tool for Illustrating the Real Impact of Financial
Sector”, Document de Recherche N 888, Université de Melbourne.
CHOU, Y. (2003b). “Modelling the Impact of Network Social Capital on Business and
Technological Innovations”, Document de Recherche N 890, Université de Melbourne.
CHOW, G. (1960). “Tests of Equality between Sets of Coe¢ cients in two Linear Regres-
sions”, Econometrica, Vol. 28, pp. 591-605.
COMPTON, R. (2007). “On the Evolution of Financial Development and Economic Growth”,
University of Manitoba, Mimeo.
CUNY, C. J. (1993). “The Role of Liquidity in Futures Market Innovations”, The Review
of Financial Studies, Vol. 6, N 1, pp. 57-78.
DAGENAIS, M. (1969). “A Threshold Regression Model”, Econometrica, Vol. 37, pp. 193-
203.
DARRAT, A. (1999). “Are Financial Deepening and Economic Growth Causally Related ?
Another Look at the Evidence”, International Economic Journal, Vol. 13, N 3, pp. 19-35.
DENIZER, C., IYIGUN, M., ET OWEN, A. (2000). “Finance and Macroeconomic Vola-
tility”, World Bank Policy Research Working Paper 2487.
EASTERLY, W., ISLAM, R., ET STIGLITZ, J. (2000). Shaken and Stirred. Explaining
Growth Volatility, presented at the ABCDE Conference, World Bank.
EBOUE, C. (1998). “La Libéralisation Financière dans les Pays en Développement : Une
Evaluation Préliminaire du Cas Africain”, Banque Monde & Institut de Développement
Economique, Gestion Macroéconomique, Nouvelles Approches et Enjeux de Politique Eco-
nomique.
ESCHENBACH, F. (2004). “Finance and Growth : A Survey of the Theoretical and Em-
pirical Literature”, TI 2004-039/2, Tinbergen Institute Discussion Paper.
FRITZ, R. (1984). “Time Series Evidence of the Causal Relationship between Financial
Deepening and Economic Development”, Journal of Economic Development, Vol. 9, pp.
91-111.
FRY, M. (1969). “Interest rate policy in Turkey”, Hacettepe Bulletin of Social Sciences
and Humanities, Vol. 1, N 2, pp. 132-150.
FRY, M. (1970). “Bank lending practices and economic planning in Turkey”, Hacettepe
Bulletin of Social Sciences and Humanities, Vol. 2, N 2, pp. 258-265.
FRY, M. (1971). “Sectoral investment and credit policies in Turkey”, METU Studies in
Development. N 2, pp. 179-197.
FRY, M. (1972). Finance and Development Planning in Turkey. (Leiden : Brill, 1972).
FRY, M. (1978). “Money and Capital or Financial Deepening in Economic Development ?”,
Journal of Money, Credit and Banking, Vol. 10, N 1, pp. 464-475.
FRY, M. (1979). “Financial Development : Theories and Recent Experience”, Oxford Re-
view of Economic Policy, Vol. 5, N 4, pp. 13-28.
FRY, M. (1980). “Saving, Investment, Growth and Cost of Financial Repression”, World
Development, Vol. 8, N 4, pp. 317-327.
FRY, M. (1988). Money, Interest, and Banking in Economic Development, The John Hop-
kins University Press, Baltimore.
FRY, M. (1989). “Financial Development : Theories and Recent Experience”, Oxford Re-
view of Economic Policy, Vol.5, N 4, pp. 13-28.
GELB, A. (1989). “Financial Policies, Growth and E¢ ciency”, World Bank PPR Working
Paper, N 202, Washington, DC.
GHALI, K. (1999). “Financial Development and Economic Growth : the Tunisian Expe-
rience”, Review of Development Economics, Vol. 3, N 3, pp. 310-322.
GIOVANNINI, A. (1985). “Saving and the Real Interest Rate in LDC’s”, Journal of De-
velopment Economics, Vol. 18, pp 197-217.
Bibliographie 396
GUPTA, K. (1984). Finance and Economic Growth in Developing Countries, Croom Helm,
London.
GUPTA, K. (1986). “Financial Development and Economic Growth in India and South
Korea”, Journal of Economic Development, Vol. 11, N 2, pp. 41-62.
HALICIOGLU, F. (2007). “The Financial Development and Economic Growth Nexus for
Turkey”, EERI Research Paper Series N 6.
HANSEN, B. (1996). “Inference When a Nuisance Parameter Is Not Identi…ed under the
Null Hypothesis”, Econometrica, Vol. 64, pp. 413-430.
HARRISSON, P., SUSSMAN, O. ET ZEIRA, J. (1999), “Finance and Growth : Theory and
Evidence”, Washington, DC : Federal Reserve Board (Division of Research and Statistics),
Mimeo.
Bibliographie 399
HENRY, P. (2000). “Do Stock Market Liberalizations Cause Investment Booms ?”, Journal
of Financial Economics, Vol. 58, pp. 301-334.
HURLIN, C (2004). Testing Granger Causality in Heterogeneous Panel Data Models with
Fixed Coe¢ cients, Document de Recherche, LEO, N 2004-05, Université d’Orléans.
HURLIN, C. (2001). Econométrie des Données de Panel. Méthodes Linéaires Simples. Ecole
Doctorale Edocif, Université Paris IX Dauphine.
HURLIN, C. ET MIGNON, V. (2005). “Une Synthèse des Tests de Racine Unitaire sur
Données de Panel”, Economie et Prévision, Vol. 3-4, N 169, pp. 253-294.
HUSSEIN, K. (1999). “Finance and growth in Egypt”, Paper prepared for the Workshop
on Financial Development Organized by EPIC and ECES. Caire, Egypte.
IBRAHIM, M. (2007). “The Role of the Financial Sector in Economic Development : the
Malaysian Case”, International Review of Economics, Vol. 54, pp. 463-483.
Bibliographie 401
IM, K., PESARAN, H. ET SHIN, Y. (2003). “Testing for Unit Roots in Heterogeneous
Panels”, Journal of Econometrics, Vol. 115, N 1, pp. 53-74.
IRELAND, P. N. (1992). “Endogenous Financial Innovation and the Demand for Money”,
Federal Reserve Bank of Richmond, Working Paper, N 92-3.
JACQUE, L. (2001). “Financial Innovations and the Dynamics of Emerging Capital Mar-
ket”, Fletcher School of Law and Diplomacy, Tufts University and HEC School of Mana-
gement, Mimeo.
KAMINSKY, G. ET REINHART, C. (1999). “The Twin Crises : the Causes of Banking and
Balance-of-Payments Problems”, American Economic Review, Vol. 89, N 3, pp. 473-500.
KAO, C. (1999). “Spurious Regression and Residual-based Tests for Cointegration in Panel
Data”, Journal of Econometrics, Vol. 90, N 1, pp. 1-44.
KAPUR, B. (1992). “Formal and Informal Financial Markets, and the Neo-Structuralist
Critique of the Financial Liberalization Strategy in Less-Developed Countries”, Journal of
Development Economics, Vol. 38, pp. 63-77.
KEELEY, C. (1990). “Deposit Insurance, Risk, and Market Power”, American Economic
Review, Vol. 80, pp.1183-1200.
Bibliographie 403
KETTENI, E., MAMUNEAS, T., SAVVIDES, A. ET STENGOS, T. (2007). “Is the Finan-
cial Development and Economic Growth Relationship Nonlinear ?”, Economics Bulletin,
Vol. 15, N 14, pp. 1-12.
KHAN, A. (1999). “Financial Development and Economic Growth”, Federal Reserve Bank
of Philadelphia, Working Paper N 99-11
KIMBALL, M. (1990). “Precautionary Saving in the Small and in the Large”, Econome-
trica, Vol. 58, pp. 53-73.
KING, R. ET LEVINE, R (1993a). “Finance and Growth : Schumpeter Might Be Right ?”,
Quarterly Journal of Economics, Vol. 108, pp. 717-737.
Bibliographie 404
KNOLL, M. (2004). “The Ancient Roots of Modern Financial Innovation : The Early
History of Regulatory Arbitrage”, University of Pennsylvania Law School, Working Paper,
49.
LELAND, H. (1968). “Saving and Uncertainty : The Precautionary Demand for Saving”,
Quarterly Journal of Economics, Vol. 82, pp. 465-473.
LERNER, J. (2002). “Where Does State Street Lead ? A First Look at Finance Patents,
1971-2000”, Journal of Finance, Vol. 57, pp. 901-930.
LERNER, J. (2004). “The New Financial Thing : The Sources of Innovation before and
After State Street”, NBER Working Paper N 10223.
LEVIN, A. ET LIN, C. (1992). “Unit Root Test in Panel Data : Asymptotic and Finite
Sample Properties”, University of California at San Diego, Discussion Paper N 92-93.
LEVIN, A. ET LIN, C. (1993). “Unit Root Test in Panel Data : New Results”, University
of California at San Diego, Discussion Paper N 93-56.
LEVIN, A., LIN, C. ET CHU, C. (2002). “Unit Root Test in Panel Data : Asymptotic and
Finite Sample Properties”, Journal of Econometrics, Vol. 108, pp. 942-963.
LEVINE, R. (1991). “Stock Markets, Growth, and Tax Policy”, Journal of Finance, Vol.
46, N 4, pp. 1445-1465.
LEVINE, R. (1997). “Financial Development and Economic Growth : Views and Agenda”,
Journal of Economic Literature, Vol. 35, pp. 688-726.
LEVINE, R. (1998). “The Legal Environment, Banks, and Long-Run Economic Growth”,
Journal of Money, Credit, and Banking, Vol. 30, N 3, pp. 596-613.
LEVINE, R. (1999). “Law, Finance, and Economic Growth”, Journal of Financial Inter-
mediation, Vol. 8, N 1-2, pp. 36-67.
LEVINE, R. (2003). “More on Finance and Growth : More Finance more Growth”, Reserve
Bank of St. Louis Review, Vol. 85, pp. 31-46.
Bibliographie 406
LEVINE, R., ET ZERVOS, S. (1993). “What We Have Learned about Policy and Growth
from Cross-Country Regressions ?”, American Economic Review, Vol. 83, N 2, pp. 426-430.
LI, Q. ET WANG, S. (1998). “A Simple Consistent Bootstrap Test for a Parametric Re-
gression Function”, Journal of Econometrics, Vol. 87, pp. 145-165.
MAC KINNON, R. (1973). Money and Capital in Economic Development, the Brookings
Institution, Washington, D. C.
MADDALA, G. ET WU, S. (1999). “A Comparative Study of Unit Root Tests with Panel
Data and a New Simple Test”, Oxford Bulletin of Economics and Statistics, Vol. 61, pp.
631-652.
MANKIW, N. (1986). “The Allocation of Credit and Financial Collapse”, Quarterly Jour-
nal of Economics, Vol. 101, N 3, pp. 455-470.
MASWANA, J-C. (2006). “An Empirical Investigation around the Finance-Growth Puzzle
in China with a Particular focus on Causality and E¢ ciency Considerations”, MPRA Paper
Bibliographie 408
MINEA, A. ET VILLIEU, P. (2008). “Un réexamen de la relation non linéaire entre dé…cits
budgétaires et croissance économique”, Revue Economique, Vol. 59, N 3, pp. 561-570.
MINSKY, H. P. (1964b). “Financial Crisis, Financial Systems and the Performance of the
Economy”, In Private Capital Markets, éd. Prentice-Hall.
MINSKY, H. P. (1969). “Private Sector Asset Management and the E¤ectiveness of Mo-
netary Policy : Theory and Practice”, Journal of Finance, Vol. 24, N 2, pp. 223-238.
MINSKY, H. P. (1982). In‡ation, Recession and Economic Policy, Ed. Wheatsheaf Edition
Américaine, Can "It" Happen Again ? Essays on Instability and Finance, Ed. M. E. Sharpe.
MINSKY, H. P. (1986). Stabilizing an Unstable Economy, New Haven and London : Yale
University Press.
MISHKIN, F. (1978). “The Household Balance Sheet and the Great Depression”, Journal
of Economic History, Vol. 38, pp. 918-937.
MULLIGAN, C., B. (1991). “A Note on the Time-Elimination Method for Solving Recur-
sive Dynamic Economic Models”, NBER Technical Working Paper, N 116.
NADARAYA, E. (1964). “On Estimating Regression”, Theory of Probability and its Ap-
plications, Vol. 9, pp. 141-142.
PESARAN, H., SHIN, Y. ET SMITH, R. (1999). “Pooled Mean Group Estimation and
Dynamic Heterogeneous Panels”, Journal of the American Statistical Association, Vol. 94,
N 446, pp. 621-634.
RAJHI, T. (1993). “Croissance Endogène avec Externalités des Dépenses Publiques”, Revue
Economique, Vol. 44, N 2, pp. 335-368.
RAMSEY, J. B. (1969). “Tests for Speci…cation Errors in Classical Linear Least Squares
Regression Analysis”, Journal of the Royal Statistical Society, Series B 31, 350-371.
REBELO, S. (1991). “Long-Run Policy Analysis and Long-Run Growth”, Journal of Po-
litical Economy, Vol. 99, N 3, pp. 500-521.
RIOJA, F. ET VALEV, N. (2002). “Finance and the Sources of Growth at Various Stages
of Economic Development”, University of Georgia State, Andrew Young School of Policy
Studies, Working paper 02-17.
RIOJA, F. ET VALEV, N. (2004a). “Does One Size Fit All ? A Reexamination of the
Finance and Growth Relationship”, Journal of Development Economics, Vol. 74, pp. 429-
447.
RIOJA, F. ET VALEV, N. (2004b). “Finance and the Sources of Growth at Various Stages
of Economic Development”, Economic Inquiry, Vol. 42, pp. 127-140.
Bibliographie 413
RITTENBERG, L. (1991). “Investment Spending and Interest Rate Policy : The Case of
Financial Liberalization in Turkey”, Journal of Development Studies, Vol. 27, N 2, pp.
151-167.
ROBINSON, J. (1952). The Generalisation of the General Theory, in her The Rate of
Interest and Other Essays, London : Macmillan.
ROMER, P. (1986). “Increasing Returns and Long-Run Growth”, Journal of Political Eco-
nomy, Vol. 94, N 5, pp. 1002-1037.
ROMER, P. (1990b). “Are Nonconvexities Important for Understanding Growth ?”, Ame-
rican Economic Review, Vol. 80, N 2, pp.97-103.
ROMERO DE AVILA TORRIJOS, D. (2003). “Finance and Growth in the EU : New Evi-
dence from the Liberalisation and Harmonisation of the Banking Industry”,. ECB Working
Paper N 266. Available at SSRN : http ://ssrn.com/abstract=457534.
SCHUMPETER, J. (1950). Capitalism, Socialism and Democracy, 3rd Edition, New York :
Harper & Brothers.
SHI, S. (1996). “Asymmetric Information, Credit Rationing, and Economic Growth”, The
Canadian Journal of Economics, Vol. 29, N 3, pp. 665-687.
SIDRAUSKI, M. (1967). “Rational Choice and Patterns of Growth in a Monetary Eco-
nomy”, American Economic Review, Vol. 57, pp. 534-544.
SILBER, W. (1983). “The Process of Financial Innovation”, American Economic Review,
Vol. 73, N 2, pp. 89-95.
SIMS, C. A. (1972). “Money, Income and Causality”, American Economic Review, Vol. 62,
pp. 540-552.
SINGH, A. (1997). “Financial Liberalisation, Stock Markets and Economic Development”,
Economic Journal, Vol. 107, N 442, pp. 771-782.
SMITH, A. (1776). Recherches sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations, Ed.
Flammarion, Paris, 1991.
SMITH, C., SMITHSON, C. ET WILFORD, D. (1990). Managing Financial Risk, Harper
Business, New York.
SOLIMANO, A. (1989). “How Private Investment Reacts to Changing Macroeconomic
Condition”, Washington, D. C. : World Bank, PPR Working Paper WPS 212.
SOLOW, R. (1956). “A Contribution to the Theory of Economic Growth”, Quarterly Jour-
nal of Economics, Vol. 70, pp. 65-94.
SOUMYA G. D. ET JAYDEEP, M. (2008). “Does Stock Market Development Cause Eco-
nomic Growth ? A Time Series Analysis for Indian Economy”, International Research Jour-
nal of Finance and Economics, Vol. 21, pp. 142-149.
STEIN, J. (1969). “‘Neoclassical’ and ‘Keynes-Wicksell’ Monetary”, Journal of Money,
Credit, and Banking, Vol. 1, pp. 153-171.
STEIN, J. (1970). “Monetary Growth Theory in Perspective”, American Economic Review,
Vol. 60, pp. 85-106.
STENGOS, T. ET LIANG, Z. (2004). “Financial Intermediation and Economic Growth : A
Semiparametric Approach”, In New Trends in Macroeconomics, Editeur : Springer Berlin
Heidelberg (2005), pp. 39-52.
STERN, N. (1989). “The Economics of Development : A Survey”, Economic Journal, Vol.
99, pp. 597-685.
Bibliographie 417
STIGLITZ, J. (1970). “Perfect and Imperfect Capital Market”, paper presented to the
New Orleans meeting of Econometric Society, Dec. 1970.
STIGLITZ, J. (1972). “On the Optimality of Stock Market Allocation of Investment”,
Quarterly Journal of Economics, Vol. 86, N 1, pp. 25-60.
STIGLITZ, J. (1985). “Credit Markets and the Control of Capital”, Journal of Money
Credit and Banking, Vol.17, N 2, pp.133-152.
STIGLITZ, J. (1989). “Financial Markets and Development”, Oxford Review of Economic
Policy, Vol. 5, N 4, pp. 55-68.
STIGLITZ, J. (2000). “Capital Market Liberalization, Economic Growth, and Instability”,
World Development, Vol. 28, N 6, pp. 1075-1086.
STIGLITZ, J. ET WEISS, A. (1981). “Credit Rationing in Markets with Imperfect Infor-
mation”, American Economic Review, Vol. 71, N 3, pp. 393-410.
STOCK, J. ET WATSON, M. (1993). “A Simple Estimator of Cointegrating Vectors in
Higher Order Integrated Systems”, Econometrica, Vol. 61, N 4, pp. 783-820.
TADESSE, S. (2002). “Financial Architecture and Economic Performance : International
Evidence”, Newspaper of Financial Intermediation, Vol. 11, pp. 429-454.
TAYLOR, L (1983). Structuralist Macroeconomics : Applicable Models for the Third World,
New-York, Basic Books.
TEMPLE, J. (1999). “The New Growth Evidence”, Journal of Economic Literature, Vol.
37, pp. 112–156.
TERASVIRTA, T. (1994). “Speci…cation, Estimation, and Evaluation of Smooth Transi-
tion Autoregressive Models”, Journal of the American Statistical Association, Vol. 89, pp.
208-218.
THIRLWALL, A. ET WARMAN, F. (1994). “Interest Rates, Saving, Investment and
Growth in Mexico 1960-90 : Tests of the Financial Liberalisation Hypothesis”, Journal
of Development Studies, Vol. 30, N 3, pp. 629-647.
TOBIN, J. (1956). “The Interest-Elasticity of Transactions Demand for Cash”, Review of
Economics and Statistics, Vol. 38, pp. 241-247.
TOBIN, J. (1965). “Money and Economic Growth”, Econometrica, Vol. 33, N 4, pp. 671-
684.
Bibliographie 418
VAN HORNE, J. (1985). “Of Financial Innovations and Excesses”, Journal of Finance,
Vol. 40, N 3, pp. 620-631.
VAUBOURG, A-G. (2000). “Essai sur l’Architecture des Systèmes Financiers : Analyse
Théorique et Empirique du Partage entre Banque et Marché”, Thèse de Doctorat de
Sciences Economiques, Université d’Orléans, Novembre 2000, 316 p.
VORIDIS, H. (1993). “Ceilings on Interest Rates and Investment : The Example of Greece”,
Review of Economics and Statistics, Vol. 75, N 2, pp. 276-283.
WHITED, T. (1998). “Why Do Investment Euler Equations Fail ?”, Journal of Business
& Economic Statistics, Vol. 16, No. 4, pp. 479-488.
WORLD BANK (1989). World Development Report 1989, Oxford University Press, New
York.
ZHU, A., ASH, M. ET POLLIN, R. (2004). “Stock Market Liquidity and Economic Growth :
A Critical Appraisal of the Levine/Zervos Model”, International Review of Applied Eco-
nomics, Vol. 18, N 1, pp. 1-8.
Abstract
This thesis analyses the relationship between financial development and growth through theoretical and
empirical assessments. (i) The theoretical contribution can be sum up in three points: at first we show by means
of a simple model of endogenous growth that financial development and growth relationship can be
characterized by multiple balances. Then, using overlapping generation’s model, we find that financial
equilibrium is better than non financial equilibrium as far as the share of income invested and growth are more
raised at the level of the first balance than the second. Finally, by taking into account financial innovation in
endogenous growth model, we show that the allocation of productive resources in financial sector increases its
efficiency and the externality effect on real sector, which improve the economic growth. (ii) The empirical
assessments show at first a positive link between finance and growth. In spite of the relationship between
financial development and its instability, this last has negative impact on growth only in short run. As for the
causality between both variables, it is bi-directional as well in developed and developing countries. Finally, we
show that finance and growth relationship is non-linear; what confirms theoretical results obtained through the
multiple balances. The non-linearity can depend not only on structural parameters, but also on economic
policies. Then, we can identify the structural characteristics and the economic policies that allow narrow
relationship between real and financial sectors.
Keywords: Financial development; Endogenous growth; Dynamic panel; Causality and cointegration on
panel data; Panel threshold analysis.