Corriges12 PDF
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Notes de cours
mardi 9 décembre 2014
I- Onde lumineuse
1. Sources lumineuses
où a (M, t) est appelée "amplitude de l'onde" (et α une constante non dénie !). Aussi, le champ ma-
gnétique B = Ec sera proportionnel à a.
et l'on prendra souvent K = 1 ! Remarquons que, ni a, ni I n'ont d'unités xées, ce qui est assez
inhabituel en physique.
3. Propagation de l'onde
Les distances de la source au point M étant très grandes devant la longueur d'onde dans le vide λ0 =
ω et les dimensions de la surface utile du récepteur, on peut considérer que, dans une petite
cT = c 2π
zone autour du point M , la distance à la source ne varie pas. Si l'amplitude est considérée constante, le
signal au point M reproduit le signal au point S avec ce retard et vaut
SM SM
a(M, t) = a S, t − = a0 . cos ω. t − − φ0
v v
d'où
LAB = (AB) = c. (tB − tA )
On peut donc interpréter le chemin optique comme le chemin parcouru dans le vide pendant la durée
réelle mise pour aller de A à B dans le milieu d'indice n.
où λ0 est la longueur d'onde dans le vide de la radiation émise par la source S et ϕsup qui prend en
compte les éventuels déphasages supplémentaires.
On admet que l'onde rééchie se déphase de π en plus par rapport à l'onde incidente :
• dans le cas d'une réexion sur un métal dite réexion métallique ;
• ou encore dans le cas d'une réexion d'un milieu d'indice n1 , sur un milieu d'indice plus élevé
n2 > n1 .
5. Stigmatisme et conjugaison
Stigmatisme dénition
deux points appartenant à la même surface d'onde de la source A (ou A0 par principe du retour inverse
de la lumière) sont à même chemin optique de A (ou de A0 ).
Aussi, le chemin optique est conservé entre deux points conjugués,
(AA0 ) = constante si A est conjugué avec A0
B Soit c la vitesse de propagation des ondes lumineuses dans le vide, le retard temporel dû à la propagation
du signal d'une source S jusqu'au point M est (SM
c
)
avec (SM ) le chemin optique. Au point M , les deux signaux
ont pour amplitudes respectives :
h i
• a1 (M, t) = a01 cos ω1 . t − (S1cM ) − ϕsup1 − φ1
h i
• et a2 (M, t) = a02 cos ω2 . t − (S2cM ) − ϕsup2 − φ2 .
B Si une seule source émet, l'intensité lumineuse au point M est :
a2
• I1 (M ) = a21 = 201 si c'est la source S1 qui émet,
a2
• ou I2 (M ) = a22 = 202 si c'est la source S2 qui émet.
L'intensité est donc sensiblement constante dans la zone éclairée de l'écran d'observation.
B Dans le cas où deux sources émettent, les deux amplitude s'additionnent (a(M, t) = a1 (M, t) + a2 (M, t)) et
on obtient l'intensité
I(M ) = a1 (M, t)2 + a2 (M, t)2 + 2. ha1 (M, t).a2 (M, t)i
2
a202
Dans cette formule, le premier terme est a201 = I1 , le second 2 = I2 et le dernier est appelé terme d'interférence.
B Le terme d'interférence est 2. ha1 (M, t).a2 (M, t)i
(S1 M ) (S2 M )
2.a01 .a02 . cos ω1 . t − − ϕsup1 − φ1 . cos ω2 . t − − ϕsup2 − φ2
c c
p (S1 M ) (S2 M )
= 4 I1 .I2 . cos ω1 . t − − ϕsup1 − φ1 . cos ω2 . t − − ϕsup2 − φ2
c c
qu'une formule trigonométrique permet de transformer en
p p
2 I1 .I2 . hcos [(ω1 − ω2 ) .t + ∆ϕ]i + 2 I1 .I2 . hcos [(ω1 + ω2 ) .t + ∆ϕ0 ]i
où ∆ϕ = −ω1 (S1cM ) −ϕsup1 −φ1 +ω2 (S2cM ) +ϕsup2 +φ2 et ∆ϕ0 = −ω1 (S1cM ) −ϕsup1 −φ1 −ω2 (S2cM ) −ϕsup2 −φ2 .
Bien entendu, la seconde moyenne est nulle :
hcos [(ω1 + ω2 ) .t + ∆ϕ0 ]i = 0
cqfd.
et hcos (∆ϕ)i =
6 0 pour peu que ∆ϕ soit constant.
donc
2π
∆ϕ(M ) = ∆(M ) + ϕsup
λ0
où on accepte que ϕsup = π dans le cas d'une réexion :
• sur un miroir métallique
• sur un dioptre d'indice supérieur
De la même façon,
" 2 #
− a2 + x x2 − a x + a2 /4 y2
1 1 y 2
S2 M ≈ d 1 + + =d 1+ +
2 d 2 d 2 d2 2 d2
Donc
x2 + a x + a2 /4 y2 x2 − a x + a2 /4 y2
2ax
δ ≈ SS1 − SS2 + d 1 + 2
+ 2
− d 1 + 2
+ 2
= SS1 − SS2 + d 2
2d 2d 2d 2d 2d
On trouve donc δ ≈ SS1 − SS2 + d .
ax
4. Franges
avec ∆ϕ = 2π ax
car il n'y a pas de déphasage supplémentaire. Aussi,
λ SS1 − SS2 + d
p 2π a x
I = I1 + I2 + 2 I1 I2 cos SS1 − SS2 +
λ d
qui n'est que fonction de x, donc invariante par translation suivant y : les franges sont rectilignes.
B L'intersection des surfaces iso-éclairement avec l'écran donne des hyperboles. Sur une petite distances, ces
hyperboles peuvent être considérées comme quasi-rectilignes.
Interfrange dénition
sur l'écran d'observation, la distance i entre deux franges consécutives de même nature est appelée
interfrange. C'est par exemple l'espace entre deux franges sombres consécutives.
remarque
Cette dénition n'a véritablement d'intérêt que si i est constant, c'est à dire si l'éclairement est une
fonction périodique d'une direction (par exemple x) du plan d'observation.
avec ∆ϕ = 2π ax
car il n'y a pas de déphasage supplémentaire. Aussi,
λ SS1 − SS2 + d
p 2π a x
I = I1 + I2 + 2 I1 I2 cos SS1 − SS2 +
λ d
5. Contraste
Technique à maîtriser
jeudi 11 décembre 2014
II- Méthodes
III- Exercices
1)
2
0A.f 0 0
1 1
= 0A
0A0
1
+ 0A , donc 0A0 = f 0 +0A
Ainsi, AA0 = AA0 = −0A + f0A.f
0 +0A
= − f 00A
+0A
. Le chemin optique
est : (AA ) = AA0 − e + n.e, soit
0
2
0A
(AA0 ) = − 0
+ (n − 1) .e
f + 0A
r
2) 2
(AH) + (HA0 ) = (AA0 ), donc (AH) = (AA0 ) − (HA0 ). Or (HA0 ) = HA0 = h2 + 0A d'après
0A.f 0
Pythagore. Donc, comme 0A0 = f 0 +0A
,
v
2 u 0
2 !
0A u 0A.f
(AH) = − 0 + (n − 1) .e − t h2 +
f + 0A f 0 + 0A
1) (AB) = f 0 + n.e.
2) C sont sur le même plan d'onde, donc (AB) = (AC) = f 0 + n.e.
(AP ) = A0 P .
On pose : P 0 la position de l'image du poisson vue par l'homme, et H 0 la position de l'image de l'homme
vue par le poisson.
1) d1 = HP 0 , avec HP1 = HS
0
1 + n , soit
SP
SP
d1 = HS + = 1, 65m
n
2) d2 = P H 0 , avec P H0
n = PS
n + 1 ,
SH
soit
d2 = P S + n.SH = 2, 20m
2) On doit éloigner deux "bips" de ∆t au moins, donc la fréquence des bips doit être f < N = ∆t
1
, soit
c
N= 1
= 0, 31M Hz
n.L. cos θ −1
2.6) Calcul de chemin optique dans le cas des trous d'Young à distance nie
On s'intéresse à deux sources qui sont à une distance a = S1 S2 , l'une de l'autre sur l'axe Ox. Ainsi, leurs
coordonnées sont S1 − a2 , 0, 0 et S2 + a2 , 0, 0 .
Le plan d'observation est le plan z = D, D est donc la distance des sources à l'écran. Un point d'observation
M a pour coordonnées (x, y, D).
Le milieu de propagation est l'air d'indice n = 1.
1) Déterminer le chemin optique (S1 M ).
2) En déduire (S2 M ).
3) Que vaut la diérence de chemin optique ∆ = (S1 M ) − (S2 M ) ?
q
−−−→2
1) (S1 M ) = S1 M . En remplaçant par les coordonnées précédemment données,
r
a 2
(S1 M ) = x+ + y2 + D2
2
soit : ! 12
2
x + a2
y 2
(S1 M ) = D. 1 + +
D D
2)
a2
" !#
1 x2 − x.a + 4 + y2
(S2 M ) = D. 1+
2 D2
3)
x.a
∆≈
D
2.7) Calcul de chemin optique dans le cas des trous d'Young à distance innie
On s'intéresse à deux sources qui sont à une distance a = S1 S2 , l'une de l'autre sur l'axe Ox. Ainsi, leurs
coordonnées sont S1 − a2 , 0, 0 et S2 + a2 , 0, 0 .
Le plan d'observation est le plan focal d'une lentille convergente de focale f 0 . Un point d'observation M a
pour coordonnées (x, y, D).
Le milieu de propagation est l'air d'indice n = 1.
1) Que vaut la diérence de chemin optique ∆ = (S1 M ) − (S2 M ) ?
1) La lentille conjugue le point M avec l'inni dans la direction qui fait un angle α avec l'axe optique.
Aussi, S1 et H sont dans le même plan d'onde : (S1 M ) = (HM ). La diérence de marche est
∆ = (S1 M ) − (S2 M ) = −S2 H
On s'intéresse à une onde plane issue de S à l'inni faisant un angle αi avec l'axe Oz . L'onde est incidente
sur un plan orthogonal à Oz contenant deux trous qui sont à une distance a = S1 S2 , l'un de l'autre sur l'axe
Ox. On observe l'onde plane émergente qui fait un angle αe avec l'axe Oz en M , à l'inni.
Le milieu de propagation est l'air d'indice n = 1.
1) Que vaut la diérence de chemin optique ∆ = (SS1 M ) − (SS2 M ) ?
1) La lentille conjugue le point M avec l'inni dans la direction qui fait un angle α avec l'axe optique.
Aussi, S1 et H sont dans le même plan d'onde : (S1 M ) = (HM ). La diérence de marche est
∆ = (SS1 ) + (S1 M ) − [(SH) + (HS2 ) + (S2 J) + (JM )]
La diérence de marche vaut ∆ = 2.e. cos θ = 2.e 1 − θ2
2 où θ = r
f0 est l'angle que font les rayons qui
vont interférer avec l'axe optique.
1) Calculs généraux :
1.a) E = 2.I0 . 1 + cos 2.π.∆ .
qλ q
1.b) ∆ = S1 M − S2 M = x − a2 2 + y2 + D2 − a 2
+ y2 + D2 .
x+ 2
2) On suppose de plus que D |x| et D |y|.
2.a) ∆ ≈ − a.x
D .
2.b) Les franges sont rectilignes, parallèles à (Oy).
2.c) i = λ.D
a .
On s'intéresse à deux sources qui sont à une distance a = S1 S2 , l'une de l'autre sur l'axe Ox. Ainsi, leurs
coordonnées sont S1 − a2 , 0, 0 et S2 + a2 , 0, 0 .
Le plan d'observation est le plan z = D, D est donc la distance des sources à l'écran. Un point d'observation
M a pour coordonnées (x, y, D).
Le milieu de propagation est l'air d'indice n = 1.
1) Montrer que la diérence de marche en fonction de x est
x.a
∆ = ∆0 +
D
où ∆0 est une constante.
2) En déduire que les franges sont rectilignes, parallèles à Oy.
3) Montrer que l'interfrange est i = λ.D a .
4) Pour visualiser à l'÷il nu les franges, il faut que l'interfrange soit susant, c'est à dire i > 100µm. Qu'est
ce que cela impose sur a ?
1)
∆ = SS1 + S1 M − SS2 − S2 M = ∆0 + S1 M − S2 M
q q
−−−→2 −−−→2
avec ∆0 = SS1 −S2 M et S1 M −S2 M = S1 M − S2 M . En remplaçant par les coordonnées précédemment
données, r r
a 2 a 2
∆ = ∆0 + x+ + y2 + D2 − x− + y2 + D2
2 2
soit : ! 12 ! 12
2 2
x + a2 x − a2
y 2 y 2
∆ = ∆0 + D. 1 + + − 1+ +
D D D D
2) En déduire que les franges sont donc rectilignes, parallèles à Oy, comme précédemment.
3) Montrer que l'interfrange est : i = λ.fa .
0
1) La lentille conjugue le point M avec l'inni dans la direction qui fait un angle α avec l'axe optique.
Aussi, S1 et H sont dans le même plan d'onde : (S1 M ) = (HM ). La diérence de marche est
∆ = (SS1 M ) − (SS2 M ) = SS1 − SS2 − S2 H
On voit que l'intensité ne dépendant que de x, les franges sont donc rectilignes, parallèles à Oy , comme
précédemment.
3) L'intensité lumineuse en M peut se réécrire sous la forme
p x
I(M ) = I1 + I2 + 2 I1 .I2 . cos 2π + ψ
i
où i est la période spatiale des franges, c'est à dire l'interfrange.
Résolution de problème
vendredi 12 décembre 2014
Cet exercice sera fait en demi-groupe lors de la séance de travaux dirigés.
Extraits de
http ://www.lunettes-experoptic.fr/verres-lunettes.htm
De quoi dépend l'épaisseur des lunettes ?
Enoncé
Correction
or JF 0 = f 0 et JK = e donc KF 0 = f 0 − e ainsi
(JKF 0 ) = n JK + KF 0 = (n − 1) e + f 0
Donc
d2
(n − 1) e + f 0 ≈ f 0 1 +
8
⇒
d2 0, 062
e= 0
= = 2, 3 mm
8 (n − 1) f 8 × (1, 5 − 1) × 0, 4
ce qui semble être un bon ordre de grandeur.
Travaux pratiques
vendredi 12 décembre 2014
Approche documentaire
vendredi 12 décembre 2014
Le document est à lire, l'exercice est à rendre. Arthur Lassus et Florence Lebon feront un exposé.
Début 1610, la communauté des astronomes est secouée par une découverte révolutionnaire : Galileo Galilei
a rendu publiques ses observations de quatre nouveaux objets célestes qui tournent autour de Jupiter. Kepler est
ébranlé par cette nouvelle que son ami Wackher von Wackenfels (auquel l'astronome a dédicacé un intéressant
traité sur la raison pour laquelle les cristaux de neige ont des formes régulières) lui a transmise. Les deux amis
entament sans tarder une discussion sur la nature possible des quatre corps célestes. Selon von Wackenfels, il
s'agit de nouvelles planètes du Système solaire, tandis que, pour Kepler, les quatre objets ne peuvent être que
des satellites d'une autre planète : il ne peut exister que six planètes !
Le Sidereus Nuncius (Le Messager céleste), publié le 4 mars de la même année, relate les sidérantes (et
sidérales) observations eectuées par Galilée lors des automne et hiver précédents. On y lit que la Voie lactée
n'est que l'eet d'ensemble produit par une multitude d'étoiles, que la surface de la Lune, bien loin d'être une
sphère brillante et lisse, est piquetée de montagnes, et que les objets dius que l'on distingue à l'÷il nu dans le
ciel sont des amas stellaires. Surtout, Galilée annonce que Jupiter possède, comme la Terre, des satellites, dans
ce cas au nombre de quatre. Le coup est dur pour les partisans d'Aristote et de Ptolémée.
Le 8 avril, Kepler reçoit, par l'intermédiaire de Julien de Médicis, le livre Sidereus Nuncius, accompagné
d'une lettre où Galilée le prie instamment d'exprimer son opinion sur l'ouvrage. Si Galilée tenait vraiment au
soutien de Kepler, il paraît étrange qu'il ait été si indiérent à ses demandes pressantes et ne lui ait pas fait
parvenir de lunette. Kepler a nalement l'occasion de contrôler les découvertes de Galilée grâce à l'Electeur
Ernst de Cologne, duc de Bavière. Celui-ci se rend à Prague pour discuter avec d'autres princes des divergences
entre le Duc Rodolphe et son frère Matthias - divergences qui déboucheront sur la guerre de Trente Ans - et
emporte avec lui un bon instrument qu'il prête quelques jours à l'astronome. Kepler observe le ciel avec la lunette
de l'Électeur les soirs du 30 août au 9 septembre 1611. Il consigne ses observations dans un rapport intitulé
Narratio de Jouis satellibus. Tous les observateurs présents, raconte-t-il, ont noté à la craie sur un tableau ce
qu'ils ont vu. Les diérents comptes rendus ont été comparés : ils conrment les armations du Nuncius. Le
Narratio est publiée à Florence la même année et devient un témoignage supplémentaire en faveur de Galilée.
Kepler tirera un autre prot de la lecture du Nuncius. Galilée, dans l'introduction de son livre, donne une
première et vague explication du grossissement permis par la lunette, ce qui incite Kepler à traiter de façon
systématique, par la méthode de l'optique géométrique, les problèmes liés aux lentilles et à leur combinaison.
Nombre de ses successeurs verront dans le livre qui rassemble ces études le premier traité d'optique moderne.
Kepler écrit le premier ouvrage d'optique géométrique
L'÷uvre, rédigée entre août et septembre 1610 et imprimée en 1611, est intitulée Dioptricae, en référence à
l'astronome Geminus qui a utilisé ce terme pour qualier l'observation eectuée avec des instruments optiques
tels que le dioptre. La place consacrée au fonctionnement des lentilles mérite d'être soulignée : au début du XVIIe
siècle, il est presque inconvenant qu'un philosophe naturel, tenu d'étudier les phénomènes réels, s'interroge sur le
fonctionnement des lentilles. Les miroirs ou les sphères, gures parfaites, méritent l'intérêt des scientiques ;
mais quel bénéce tirerait un chercheur rationnel d'un objet tel que la lentille, qui est de forme hybride et
qui déforme l'image du monde ? Les lentilles sont laissées aux lunetiers ou, si l'on en croit le succès du De
magia universalis (1593) de Délia Porta, à qui veut stupéer et émerveiller un auditoire à l'aide de tours et
d'artices : les lentilles sont des instruments destinés au magicien, et non au scientique. Au début du XVIIe
siècle, même un dispositif qui nous paraît scientique par excellence, telle la lunette astronomique, est, pour
nombre de personnes, un instrument trompeur : il altère la réalité et ne peut être compté parmi les moyens
de connaissance sérieux.
Galilée ne s'est pas attardé sur le mécanisme par lequel ses instruments donnent un certain grossissement,
et les premières lunettes astronomiques sont construites par les artisans qui fabriquent les lunettes de vue.
Les observations qu'il eectue en automne 1609 bouleversent cette convention. Les résultats exceptionnels qu'il
obtient à l'aide de sa lunette attirent l'attention des esprits les plus rationnels sur la théorie des lentilles, suscitant
une compétition entre ceux qui commencent à se spécialiser dans la construction de divers types de lunettes.
La première ÷uvre qui place l'étude des lentilles parmi les vraies sciences sous le nom de Dioptrique n'est
autre que le Dioptricae de Kepler. Le livre est constitué d'une succession de 141 théorèmes, classés en quatre
catégories diérentes : les dénitions, les axiomes (théorèmes qui ne nécessitent pas de démonstration), les pro-
blèmes (théorèmes étayés par une démonstration expérimentale) et les propositions (théorèmes qui découlent
d'axiomes et de dénitions via des démonstrations fondées sur la logique aristotélicienne). Dans le Dioptricae,
Kepler reprend de nombreux thèmes déjà abordés dans l'Optica, mais dans un langage plus dépouillé et rigou-
reux. Outre la présentation approfondie de thèmes, par exemple articulés autour de la réfraction, signalons aussi
de nouvelles avancées, telle la découverte de la réexion totale. Kepler, expérimentant divers prismes, remarque
l'existence d'un angle de réexion totale : si l'angle d'inclinaison du rayon est supérieur à cette valeur, la lumière
ne traverse plus le cristal et est entièrement rééchie.
Le point central du Dioptricae reste l'étude des phénomènes liés aux lentilles. À l'aide de l'optique géo-
métrique, Kepler explique comment on grossit ou réduit une image grâce à un choix adéquat de lentilles. En
particulier, après avoir reconstitué le schéma optique de la lunette galiléenne, il propose un nouveau montage
pour cette lunette : au lieu d'utiliser une lentille concave et une convexe, il aligne deux lentilles convexes. Grâce
à cette combinaison optique, l'image est bien plus nette. D'aucuns objecteront que l'on obtient une image ren-
versée, mais cela ne perturbe certainement pas Kepler, qui a passé tant d'heures à observer des images inversées
dans les chambres obscures, acceptant même l'idée que notre rétine reçoit des images à l'envers. L'astronome
étudie aussi des systèmes à trois lentilles ou plus, encore utilisés à l'heure actuelle dans les téléobjectifs modernes.
Kepler, conscient d'avoir écrit une ÷uvre compliquée, lance, dès l'introduction, un avertissement : Je t'ore,
ami lecteur, un livre mathématique, c'est-à-dire un livre qui n'est pas facile à comprendre et qui présume non
seulement un esprit intelligent, mais une certaine vivacité intellectuelle et un incroyable désir d'apprendre les
causes des choses. Le mérite de Kepler, qui ne mit que deux mois pour rédiger ce chef-d'÷uvre, en est d'autant
plus grand. Le manuscrit, présenté à l'Électeur Ernst de Cologne en septembre, aurait dû paraître peu après ;
fort heureusement, les problèmes liés à son impression retardent grandement sa publication. Ce délai se révèle
favorable car, entretemps, Galilée a obtenu un précieux résultat qui fait vaciller l'image géocentrique du cosmos :
il a observé les phases de Vénus. Suivant l'usage de l'époque, Galilée a breveté sa découverte en diusant
dans toute l'Europe une anagramme qui recèle la clé de ses observations et dont, pendant de nombreux mois,
les astronomes les plus célèbres chercheront en vain la signication.
Galilée observe les phases de Vénus à la lunette astronomique
Finalement, le premier janvier 1611, Galilée révèle la solution : de même que la Lune, Vénus présente des
phases diérentes. Le Dioptricae n'est pas encore publié et Kepler en prote pour expliquer, dans l'introduction,
la signication de ce phénomène pour l'astronomie : ces phases montrent que le Système solaire est décrit par
le modèle de de Copernic, mais pas par celui de Ptolémée. Si Vénus tournait autour de la Terre le long d'un
épicycle, l'on ne verrait, depuis la Terre, que des croissants de lumière sur Vénus, et non la face complète de
la planète éclairée. La Terre ne peut être le centre du monde. La possibilité d'écarter avec certitude le modèle
géocentrique, qui parut intouchable pendant des siècles, fascine Kepler, qui écrit : Ô tube [la lunette], qui sais
tant de choses, plus précieux que n'importe quel sceptre. Celui qui te tient dans sa main droite ne connaît ni
roi ni maître dans l'÷uvre divine.
Enoncé
1) Lunette de Galilée
1.a) Refaire le schéma de la lunette de Galilée. On fera apparaître les foyers des lentilles, on tracera la
marche d'un rayon incident sur la lunette avec un angle α non nul par rapport à l'axe optique et qui émerge de
celle-là avec un angle α0 par rapport à l'axe optique.
1.b) Exprimer le grossissement G = αα . L'image est-elle retournée ?
0
2) Lunette de Kepler
Mêmes questions.
3) Expliquer le phénomène de réexion totale expérimenté par Kepler avec un prisme.
4) Les phases de Vénus observées à la lunette par Galilée
4.a) Relier les diérentes phases de Vénus (c1 à c5) à des congurations de Vénus, de la Terre et du Soleil,
soit dans le système de Ptolémée (congurations a1 à a10), soit dans le système de Copernic (congurations b1
à b12).
4.b) En quoi cela permet-il de choisir entre les systèmes de Ptolémée et de Copernic ?
Correction
1) Lunette de Galilée
1.a) Le schéma de la lunette de Galilée est donné sur la gure suivante :
2) Lunette de Kepler
2.a) Le schéma de la lunette de Kepler est donné sur la gure suivante :
Devoir surveillé