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Abstract
Art's main purpose is to be visualised and, at the same time, read by its specta-
tor. Thus, the type of communication achieved by the artist is a verbal one.
The present study focuses on the work of art which is being investigated from
the perspective of its method of construction and the discursive functions it develops.
The study has both a theoretical and a transdisciplinary approach. On the one hand it
describes the ways in which a work of art is created and, on the other hand, it identifies
its communicative functions. The methods of research employ theoretical resources
from pragmatics and sociolinguistics.
Résumé
L’art a comme but la visualisation et, en même temps, sa lecture par le spectateur.
Ainsi, la communication que l’artiste réussit instituer est une communication verbale.
Cette étude a comme thème de recherche l’œuvre d’art, investiguée à partir de
la perspective des modalités de construction et des fonctions discursives qu’elle déve-
loppe.L’ouvrage ‒ ayant un caractère théorétique et une approche transdisciplinaire ‒
se propose, d’une part, de décrire la façon dont l’œuvre d’art se constitue et, d’autre
part, d’identifier ses fonctions communicatives. Comme méthodologie, on explorera
les ressources théoriques de provenance pragmatique et sociolinguistique.
1. Introduction. Objectifs
1 Le titre du tableau est un nom propre. « La classe référentielle désignée par le nom propre est,
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tiques et pragmatiques» (Stancu, 2006, p. 208). L’étiquetage d’une peinture est un acte
de langage performatif, parce qu’il « définit et identifie le sujet représenté » (Hoek,
2001, p. 45).
Cette étude a comme thème de recherche l’œuvre d’art, investiguée à partir de la
perspective des modalités de constructionet des fonctions discursives qu’elle développe.
Cet article ayant un caractère théorétique et une approche transdisciplinaire ‒
se propose, d’une part, de décrire la façon dont l’œuvre d’art se constitue et, d’autre
part, d’identifierses fonctions communicatives.
Comme méthodologie, on explorera les ressources théoriques de provenance
pragmatique et sociolinguistique.
2. Le contexte pragmatique
[…] ainsi, pour exister l’objet matériel qu’une publicité constitue, une toile ou
une sculpture doit provoquer une interaction à travers laquellele spectateur règle le
registre où il interprétera. Il s’agitd’une étape préalable de la communication propre-
ment-dite, étape qui constitue le cadre invisible à partir duquel se réalise la communi-
cation (Pedler, 2001, p. 95-96).
Le tableau est un texte qui a deux structures (Cf. Felecan, 2015, p. 51-52): la
structure de surface et la structure de profondeur. La structure de surface représente la
partie visible, un espace du signifiant, ayant comme instance l’artiste et le public.
L’attitude du récepteur est d’analyser l’œuvre d’art. La structure de profondeur reflète
la partie invisible, un espace du signifié, ayant comme instance seulement le récepteur.
Son attitude est d’interpréter l’œuvre d’art.
(communiquer) provient du latin communicare «être en liaison avec». «La communication (avec tout ce
qu’elle inclut ‒ partenaires, informations, le message qu’elle véhicule, le code qui serve à la construction
du message) est influencée de la fonction elle-même, de l’existence de la relation, de sa nature sociale»
(Slama-Cazacu,1973, p. 10).
3 « L’homme possède une raison qui lui permet de penser le monde et de transmettre ce qu’il
ressent, en lui donnant une forme extérieure matérielle, orale ou écrite » (Biville, 2017, p. 5).
4 « À l'écrit, l'émetteur est le rédacteur du message et le récepteur le lecteur » (Cocula,
Peyrotet,1986, p. 23). Dans ce livre, voir aussi Les fonctions de la communication verbale écrite.
5Cf. Les classifications des divers types de communication (Pădurean, 2012, p. 43).
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Le canal
(le support pictural, le titre)
Code
(signes picturaux, la manière de travail,
le courant artistique dont l’œuvre fait partie,
la société)
La toile, le tableau, les couleurs représentent des signes qui font partie d’un
système de signes8. À partir de la communication la signification prend également nais-
sance. On considère que «le signe est au centre d’une triple conceptualisation: référen-
tielle, structurelle et situationnelle » (Charaudeau, 1992, p. 11). Ainsi, on prendra
comme exemple pour notre analyse le tableau Guernica (Pablo Picasso, 1937):
- conceptualisation référentielle qui consiste dans la perception personnelle de
la réalité;
6«L’œuvre se limite à un discours écrit comme objet d’art en soi » (Schapiro, 2000, p. 204).
7Cf. Les fonctions du langage chez Jakobson (1973).
8 Le tableau est « un va-et-vient du signifiant au signe » (Lichten, 2004, p. 47).
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Par la représentation d’une époque9, d’un lieu, d’une société, l’art a une fonc-
tion sémantique (Cf. Carani,1982, p. 13).
Dans la communication verbale, le titre a une fonction de signalisation10,ce que
reflète l’œuvre.
l’univers, son système de repérage au milieu de ce qui l’entoure » (Christin, 1995, p. 77).
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d’inviter le spectateur dans son espace personnel, dans son univers intérieur14. Il a son
propre code et ses propres signes15 picturaux, ce qui fait que chaque peinture est in-
comparable16.
L’émetteur17choisit les méthodes de communications par technique, touche et
couleur. L’action qu’il exerce est personnelle, individualisée, réussissant à transformer
l’objet de l’univers environnant et de le transposer, ultérieurement, dans l’art. Cepen-
dant, il ne se sert pas toujours de la réalité qui l’entoure dans la création d’œuvres
d’art; il invente des signes18 nouveaux qui, en peinture, deviendront des symboles19
(Cf. Passeron,1982, p. 262).
Par le moyen sélectif et la disposition des éléments du langage plastique qu’il
réalise dans l’intérieur du tableau et qui lui confère, en même temps, un sens, l’artiste
«crée sa propre sémiotique: il institue ses oppositions dans des traits qu’il fait lui-
même signifiants dans leur ordre » (Benveniste, 2000, p. 50).
Le peintre crée la réalité, reflétant non seulement sa maîtrise, son talent, sa cul-
ture, ses convictions et ses valeurs sociales, mais « il esquisse en même temps, briève-
ment, la mentalité, la psychologie et la culture du destinataire» (Coteanu, 1973, p. 65).
3.3. Le message (< du lat. missus, « envoyé »), « information, nouvelle trans-
mise à qqn. ; toute séquence de discours produite par un locuteur dans le cadre de la
communication linguistique » (Le Petit Larousse Illustré, 2002, s.v. message).
14 « L’artiste place le spectateur dans le champ de son regard, les yeux du peintre le prennent, le
environnante, soit une valeur singulière. Chaque artiste est unique dans sa façon d’être, conférant au signe
l’originalité (Cf. Charaudeau, 1992, p. 15).
16 « Si la peinture de Raphaël semble se situer au-delà de n’importe quelle possibilité de
réalisation d’une copie, il est dû au fait qu’il inventa ses propres règles pendant qu’il peignait, en
proposant des fonctions de signes neufs et imprécis accomplissant ainsi un acte d’institution de codes »
(Eco, 2003, p. 195).
17 Chaque touche, couleur, par le moyen de les ordonner et de les disposer sur la toile sont des
nom propre qui ne désigne que lui-même, ensemble codé qui renvoie circulairement au code pour trouver
son sens » (Marin, 1972, p. 34).
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3.4. Le canal (< du lat. canalis, de canna, « roseau, tuyau »), « voie par la-
quelle transite l’information, moyen de communication entre émetteur et récepteur,
dans la théorie de la communication » (Le Petit Larousse Illustré, 2002, s.v. canal).
L’objet sur lequel l’artiste peint est une forme sémiotique d’expression.
La diversité du support pictural (toile, papier, carton, bois, pierre, mur,etc.)
aide à l’organisation et à la transmission du contenu des idées d’une œuvre d’art.
3.6. Le récepteur (< lat. receptor, de recipere, « recevoir »), « personne qui re-
çoit et décode le message (par opposition à émetteur) » (Le Petit Larousse Illustré,
2002, s.v. récepteur).
La communication de l’œuvre au spectateur s’effectue aussi par un relais ver-
bal et visuel (Cf. Berger, 1976, p. 40). Le tableau suscite chez l’interlocuteur une
double lecture: regarder l’image et lire le mot.
Si le rôle de l’émetteur est de transmettre, le rôle du récepteur est d’interpréter.
«La transmission et la réception sont dans une étroite interdépendance» (Ionescu-
Ruxăndoiu, 2003, p. 18).
21 La variété des signes et la différence entre eux confèrent un sens à la peinture : « le sens se
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4.Conclusion
L’art a comme but la visualisation et, en même temps, sa lecture par le spectateur.
Ainsi, la communication que l’artiste réussit à institue reste une communication verbale.
La peinture ne représente pas seulement un objet esthétique, transféré aux autres,
mais il totalise certaines fonctions dans un discours dont le but est d’être compris.
L’évolution socio-économique détermine des changements dans la mentalité
collective.
De l’intention du peintre jusqu’à la réception du spectateur, la communication
peut supporter diverses transformations.
BIBLIOGRAPHIE
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tru, Bazele epistemice ale comunicării, ediția a II-a revăzută și adăugită, Bucu-
rești, Editura Tritonic, 2013.
23Le spectateur doit participer affectivement au processus de la communication. « L’artiste n’est
pas seul à accomplir l’acte de création, car le spectateur établit le contact de l’œuvre avec le monde
extérieur en déchiffrant et en interprétant ses qualifications profondes et par là ajoute sa propre
contribution au processus créatif » (Duchamp, 1994, p. 189).
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