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Une méthode de formulation

des bétons de sable


à maniabilité et résistance fixées

Gilles CHANVILLARD
Docteur dp I Université de Sherbrooke
ingénieur des, (uvaux publics do I Etat
Olivier BASUYAUX
ln<jentpLu des. trni-aux publics de I Etat
Laboratoire aes G^onuUiriaux
ti-ule nationale des travaux puhlirs de IFtat

RESUME Introduction
Les bétons d e sable font partie d e s n o u - Formuler un béton consiste à choisir des constituants et
veaux matériaux d e Génie civil permettant
de valoriser d e s ressources naturelles e n
à les proportionner en vue d'obtenir des propriétés spé-
sable. Leurs propriétés spécifiques et res- cifiques. Dans le cas des bétons ordinaires, le j e u de
pectables les destinent à d e nombreuses constituants se réduit au m i n i m u m à un gravillon, un
applications identifiées dans le cadre d u
projet national SABLOCRETE, échu e n 1994. sable, un ciment et de l'eau. Dans ce cas, i l existe de
nombreuses m é t h o d e s de formulation permettant de
À l'inverse d e s bétons traditionnels, les
bétons d e sable ne font l'objet d'aucune viser les deux propriétés essentielles d'un béton : l ' o u -
méthode d e formulation alliant maniabilité et vrabilité et l a résistance, en se fixant g é n é r a l e m e n t l a
résistance. taille des plus gros granulats sur l a base de considéra-
Cet article propose donc u n e méthode, tions technologiques [1], [2], [3].
basée s u r l'optimisation d'une part, d e la
compacité, du squelette granulaire et, d'autre E n règle générale, l a d é m a r c h e consiste tout d'abord à
part, d e la pâte qui permet d e respecter
conjointement les critères d'ouvrabilité et d e déterminer le rapport eau/ciment de la pâte (phase conte-
résistance des bétons d e sable. nant le ciment et l'eau) qui permettra d'obtenir l a résis-
Le rôle essentiel d e s fillers e n substitution tance visée, en s'appuyant sur des formules de types
d'une partie d u ciment, mais également e n Féret ou Bolomey. Ensuite, i l faut optimiser la compa-
extension d u squelette granulaire total, est
mis e n évidence.
cité du squelette granulaire (dosage relatif du sable par
rapport au gravier), ce qui permet de minimiser le
Enfin, nous montrons que des bétons ouvra-
bles et d e très bonnes résistances mécani-
volume de pâte (ciment et eau) nécessaire pour combler
ques peuvent être formulés avec des maté- la porosité du squelette [4]. Enfin, le volume de pâte est
riaux é c o n o m i q u e s . ajusté de façon à obtenir l'ouvrabilité désirée, par écar-
M O T S C L É S : 32 - Formulation - Méthode - tement du squelette granulaire.
Sable - Béton hydraulique - Maniabilité -
Résistance (mater.) - Compacité - Optimisa- Aujourd'hui, l a gamme de constituants disponibles pour
tion - Filler - Ciment - Micro - Granulometrie
(granulante). formuler des bétons s'est étendue avec les adjuvants et
les ajouts. Les m é t h o d e s de formulation traditionnelles

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4047 - PP. 49-63 49
présentent alors des limitations évidentes. E n ce Caquot [11] a pu établir expérimentalement
qui concerne les résistances, une extension de la une relation m a t h é m a t i q u e entre la porosité
formule de Féret a d'ores et déjà été publiée, pre- d'un empilement granulaire, celui-ci étant
nant en compte le rôle des ajouts tels que la caractérisé par un diamètre d des éléments les
fumée de silice, les cendres volantes ou les f i l - plus fins et un diamètre D des éléments les
lers calcaires [5]. plus gros (équation 1).
Par contre, concernant l'ouvrabilité, l'approche
est plus délicate. E n effet, pour les bétons ordi-
naires, cette propriété a principalement été cor-
rélée au dosage en eau [6], [1], [3]. Dans le cas où p est une constante expérimentale.
0

des bétons contenant des adjuvants rhéologiques


Notons que la validité de cette équation est
(plastifiants, superplastifiants), i l faut plutôt
limitée aux mélanges dont les proportions de
considérer une notion de viscosité de pâte. A i n s i ,
chaque constituant dans l'étendue granulaire
dans la m é t h o d e des coulis [7], i l est fait l'hypo-
(E.G) sont également optimisées en termes de
thèse que deux bétons formulés avec des pâtes
compacité. Autrement dit, la compacité optimale
de viscosité identique auront m ê m e ouvrabilité
ne dépend pas uniquement de l'étendue granu-
quelle que soit la composition de ces pâtes. Cette
laire, mais également de la répartition granulo-
m é t h o d e permet rapidement d ' é t e n d r e des for-
métrique des grains.
mulations de bétons ordinaires vers des bétons à
hautes performances.
Les bétons de sable font partie de ces nouveaux Du béton traditionnel au béton de sable
bétons aux propriétés spécifiques intéressantes
Dans une d é m a r c h e de formulation d'un béton
(finesse granulométrique, ouvrabilité ...), pour
traditionnel, la compacité résulte principalement
lesquels la d é m a r c h e de formulation demeure
d'une optimisation du m é l a n g e gravillons - sable -
très empirique [8].
ciment. E n pratique, i l se trouve que, après une
Différentes approches ont déjà été envisagées [9, telle optimisation, le dosage en ciment nécessaire
10] pour appréhender les caractéristiques de à l'obtention d'une bonne compacité (ce qui
résistance des bétons de sable. Par contre, la permet de contribuer à la durabilité) est également
prise en compte de l'ouvrabilité comme critère suffisant en terme de résistance, moyennant bien
de formulation demeure complexe. E n effet, la sûr un dosage en eau adéquat (béton ouvrable).
pâte de ces bétons contient toujours, en supplé-
ment du ciment et de l'eau, un ou des fillers cal- Dans le cas des bétons de sable, l'étendue granu-
caires et un adjuvant rhéologique, de façon à laire est bornée supérieurement à 5 m m par l'ab-
limiter le dosage global en ciment au m ê m e sence de gros granulats. Il apparaît alors évident
ordre de grandeur que celui utilisé dans les qu'un mélange ciment - sable présentera une
bétons ordinaires. Par suite, le filler calcaire porosité plus élevée que la porosité d'un béton
(dont la granulométrie s'apparente à celle du traditionnel, c o n f o r m é m e n t à la formule de
ciment) intervient à deux niveaux dans la Caquot. Par suite, l'optimisation du dosage de
d é m a r c h e de formulation, d'une part dans l'opti- chaque constituant, pour la compacité, conduit à
misation de la compacité, et d'autre part dans les des dosages en ciment très élevés, de l'ordre de
3
propriétés de viscosité de la pâte qui conditionne 600 à 700 k g / m ; c'est le cas des mortiers.
l'ouvrabilité. Il n'est plus possible de dissocier
C'est pourquoi, un constituant de granulométrie
ces étapes.
voisine de celle du ciment est toujours utilisé
Nous proposons dans cette étude une m é t h o d e de dans la formulation d'un béton de sable. Cet
formulation qui allie les notions d'optimisation ajout, un filler généralement, permet de limiter le
de la compacité et de recherche d'une ouvrabilité dosage en ciment du béton et les p h é n o m è n e s
fixée, à partir d'un sable dont la granulométrie physiques associés, ainsi que son coût, bien sûr.
est i m p o s é e . L a prévision des résistances méca-
Enfin, pour augmenter la compacité du béton de
niques suit, avec une extension classique, des
sable, i l faut revenir sur l'étendue granulaire.
formules de type Féret.
Une voie possible, puisque l ' é t e n d u e granulaire
est bornée supérieurement, consiste à diminuer
Optimisation de la compacité le diamètre des éléments les plus fins.
Nous avons envisagé l'utilisation d'un consti-
Notion de compacité tuant très fin, un microfiller d ' é t e n d u e granulaire
0/10 um.
L a c o m p a c i t é d'un béton est définie comme le
volume o c c u p é par les éléments solides rapporté L a formulation d'un béton de sable relève alors
au volume total. Elle est bien sûr c o m p l é m e n - de l'optimisation de la compacité d'un mélange
taire à l a porosité. quaternaire : sable - ciment - filler - microfiller.

50 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4047 - pp. 49-63
E n fait, i l est préférable de travailler en termes TABLEAU I
C o m p a c i t é s d e s c o n s t i t u a n t s avec et s a n s a d j u v a n t
d ' é t e n d u e granulaire. L a figure 1 illustre les gra-
nulométries de chacun des constituants retenus Sans adjuvant Avec adjuvant
dans cette étude. Les courbes granulométriques
des fillers calcaires sont issues des documenta- Microfiller calcaire 0,56 0,59
tions techniques des produits, et la courbe du
Filler calcaire 0,58 0,60
ciment a été obtenue par granulometrie laser.
Ciment 0,51 0,56
E x p é r i m e n t a l e m e n t , nous avons découplé deux
Microfiller siliceux 0,42 0,42
niveaux d'optimisation ; l'optimisation de la
c o m p a c i t é de la pâte (mélange filler - ciment - Filler siliceux 0,52 0,56
micro filler) et l'optimisation de la c o m p a c i t é du
mélange sable - pâte.
Il ressort de ce tableau I que seul le microfiller
Passant cumulé (%) siliceux est peu sensible au défloculant. Il pré-
1 0
° - Microfiller/ C i m e n t
- sente par ailleurs une c o m p a c i t é très faible (ceci
90 -
80 - calcaire Filler pouvant provenir du caractère anguleux de ses
70 - 'calcaire
60 -
grains obtenus par broyage de quartz). Nous
50 _ Sable naturel constatons é g a l e m e n t que les compacités des f i l -
40 -
30 _
lers calcaires sont supérieures à celles des fillers
20 - siliceux.
10 -
0L_ Nous avons alors retenu pour l'optimisation de
0,1 10 100 1000 10 000
la pâte uniquement les fillers calcaires. Deux
Diamètre (u.m)
m é l a n g e s binaires ont été réalisés, ciment - filler
Fig. 1 - Courbes granulométriques des matériaux utilisés. et ciment - microfiller.
Dans chacun de ces mélanges, nous avons fait
varier la proportion d'un des constituants de 0 à
Optimisation de la compacité de la pâte 100 % et mesuré, pour chaque dosage, la
demande en eau, toujours en assurant la satura-
Il s'agit de trouver les proportions des consti- tion en fluidifiant.
tuants filler - ciment - microfiller qui produisent
Les courbes obtenues sont en cloche et mettent
la meilleure compacité. Cette optimisation a été
facilement en évidence les proportions optimales
conduite par des mesures de demande en eau.
de chaque constituant (fig. 2).
Dans un malaxeur, conforme à la norme N F E N
196-1, on introduit environ 500 g de poudre. O n
Ciment (%)
ajoute progressivement de l'eau en malaxant à 100 80 60 40 20 0
petite vitesse. L e m é l a n g e passe alors d'un état 0,64
0,63.
de poudre à un état de boulettes humides, puis 0,62 ^62^-».^
devient une pâte lisse h o m o g è n e . Il s'agit bien 0,61^~
0,60
sûr d'une appréciation visuelle, mais un m ê m e 0,60
i 0,58 0,59
opérateur présente une variabilité réduite s ' i l
p r o c è d e suffisamment lentement [12]. L a quan- o•0,56 ' o , 5 6
1

O
tité d'eau nécessaire pour obtenir une pâte 'o,54
h o m o g è n e correspond à la demande en eau et
0,52
permet de calculer la c o m p a c i t é de la poudre (c)
1 1 1
0,50
selon l'équation. 20 40 60 80 100
Filler (%)
1
(2) Fig. 2 - Compacité du mélange ciment/microfiller calcaire.
P /Pe e
a et ß sont tes proportions optimales de ciment et de filler.
1 +

Pl P 2

L ' o p t i m u m de c o m p a c i t é du m é l a n g e ciment -
où P , P , Pp^ sont respectivement les masses
e p
microfiller est obtenu pour des proportions res-
d'eau, de poudre 1, de poudre 2 et p , p , p les t 2 e
pectives de 70 et 30 %.
masses volumiques de chaque poudre et de l'eau.
E n ce qui concerne le m é l a n g e ciment - filler
L e tableau I présente, pour chaque constituant, calcaire, nous n'avons pas pu mettre en évidence
les compacités avec et sans adjuvant fluidifiant une c o m p a c i t é optimale. C e c i s'explique par les
(dosé à 2 % d'extrait sec par rapport au poids de granulométries de ces deux constituants, qui sont
poudre de façon à assurer la saturation). très proches (fig. 1).

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 20s - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4047 - PP. 49-63 51
Par suite, nous les avons considéré comme simi- Comment interpréter physiquement cette
laires du point de vue compacité, bien que le courbe ? S i l'on se déplace vers les dosages en
filler calcaire soit plus compact que le ciment. sable plus faibles que l'optimum, la pâte est mal
distribuée entre les grains de sable et l'eau doit
E n r é s u m é , l'optimisation de la compacité de la
localement combler la porosité des amas de pâte.
pâte conduit à un dosage relatif en microfiller de
A l'inverse, en cas de surdosage en sable, le
3/7 du dosage c u m u l é en ciment et filler.
volume des fines est insuffisant pour combler la
Remarquons cependant que ce dosage en micro-
porosité du sable et, par suite, un dosage en eau
filler n'est pas nécessairement optimum en
supplémentaire est nécessaire.
termes de c o m p a c i t é globale du béton de sable,
car i l est possible que la présence du sable A l'optimum, nous pouvons considérer que les
modifie la nature de l'empilement. fines se logent idéalement entre les grains et
autour des grains de sable et une quantité d'eau
minimale est requise pour obtenir l'ouvrabilité.

Optimisation de la compacité A ce stade, nous avons obtenu une formulation


du béton de sable optimisée du béton de sable, pour une ouvrabilité
donnée et pour une nature de pâte choisie. Cette
Il s'agit maintenant d'optimiser la compacité
formule est d o n n é e sous la référence F6 dans le
globale du m é l a n g e sable - pâte. E n pratique, tableau II.
cette approche ne peut pas être dissociée de la
notion d'ouvrabilité du béton. Nous avons vu sur la figure 2 que la compacité
maximale du m é l a n g e de fines est de 0,63. Pour
E n effet, l'optimisation de la compacité relève une maniabilité de 5 s, le volume de pâte de la
plutôt d'une d é m a r c h e visant à minimiser la 3
formule F6 est de 461 1/m et le volume de fines
quantité d'eau à ajouter au m é l a n g e des consti- 3
de 236 1/m , soit une compacité de 0,516. Cette
tuants secs pour atteindre une ouvrabilité fixée. compacité est inférieure à 0,63 puisqu'elle est
Par suite, les grandeurs relatives à la résistance calculée à partir d'un m é l a n g e présentant une
et à la durabilité sont également optimisées au certaine maniabilité.
regard du dosage en ciment retenu.
Nous avons donc la relation :
Pour ce faire, nous choisissons arbitrairement
[fines] = 0,516 x V (3)
une quantité de ciment et de filler calcaire et p â t e

nous en d é d u i s o n s la quantité de microfiller pour Cette relation doit être considérée avec certaines
constituer la pâte. Ensuite, en faisant varier la restrictions ; en particulier, elle dépend très cer-
quantité de sable, nous cherchons pour chaque tainement de la nature des fines (ciment, filler) et
m é l a n g e la quantité d'eau nécessaire pour peut également être sensible au niveau de mania-
assurer la maniabilité fixée. Nous obtenons alors bilité du béton (notion de dilution de la pâte).
une courbe d'isomaniabilité qui présente un
optimum correspondant au dosage de sable
désiré.
Formulation d'un béton de sable
Cette courbe est tracée à partir du volume de à maniabilité fixée
sable en abscisse, et du rapport du volume de
vides sur le volume solide en o r d o n n é e (fig. 3).
Influence de la granulométrie du sable
Dans la d é m a r c h e de formulation du béton tradi-
tionnel, l'optimisation de la compacité du sque-
(e + v)/(solide)
0,301 lette granulaire s'obtient par les choix de granulo-
métries des constituants, et par leur dosage relatif.
Dans le cas des bétons de sable, l ' é t e n d u e granu-
laire du sable est i m p o s é e et la distribution granu-
lométrique n'est pas simplement modifiable.

A i n s i , compte tenu des limitations annoncées


dans la formule de Caquot (équation 1), i l est
indispensable d'étudier l'influence de la distribu-
Maniabilité : 5 s au maniabilimètre à mortier tion granulométrique du sable pour ensuite pro-
selon la norme NF P 18 - 452
poser une m é t h o d e générale de formulation.
0,285
1500 1450 1400 1350 1300 Nous avons alors constitué quatre sables de dis-
Dosage en sable tributions granulométriques différentes à partir
Fig. 3 - Courbe d'isomaniabilité donnant le dosage en eau
du sable alluvionnaire naturel de base, par quar-
pour des dosages en sable variables à quantité de fines fixée. tage. Leurs courbes sont illustrées sur la figure 4.

52 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES • 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4047 - PP. 49-63
(L'annexe 2 présente les caractéristiques de ces Nous retrouvons un résultat obtenu par L o o t v œ t
sables). [13], qui avait travaillé avec cinq sables dans les-
quels i l avait incorporé des fines.
Ces sables ont été utilisés dans les m ê m e s pro-
portions que le sable de base afin de constituer
cinq bétons dont nous avons mesuré les maniabi- Maniabilité(s)
25 _
lités. Les résultats se sont avérés différents de
ceux obtenus à partir du m é l a n g e de base. Les
formulations réalisées à partir de ces cinq bétons
figurent dans le tableau II sous les appellations
F6, F 8 , F 9 , F10, F13 respectivement pour les
sables naturel, grossier, fin, moyen et moyen-fin.
Les différences entre les formules résultent du
pourcentage d'air occlus, qui a légèrement varié.
En caractérisant chaque sable par son module de
finesse (annexe 2), la courbe illustrée sur la
0 I ; i i i i i
figure 5 a été obtenue pour une m ê m e nature de 1,8 2 2,2 2,4 2,6 2,8 3
pâte et un m ê m e dosage en pâte. Rappelons que Module de finesse
plus le module de finesse (m ) est élevé, plus le
Fig. 5 - Évolution de la maniabilité en fonction du module
f

sable est grossier. de finesse du sable.

TABLEAU II
Composition des bétons de sable (km/m ) 3

F4 F6 F8 F9 F10 F11 F12 F13 F14 F15 F16 F17 F18

C C C C C S S C C C C C C

Ciment 273 231 232 230 229 240 396 230 236 233 187 164 98

Filler 253 231 232 230 229 222 99 230 242 233 272 294 337

Microfiller 0 198 199 197 197 198 212 197 208 197 197 196 186

Poudre 526 659 664 656 655 659 707 658 685 664 656 653 621

Sable 1 530 1 432 1 433 1 426 1 423 1 439 1 385 1 429 1 360 1 413 1 435 1 435 1 439

Fluidifiant 11 13 13 13 13 13 14 13 14 13 13 13 12

Solide 2 067 2 105 2 110 2 096 2 091 2 111 2 106 2 100 2 059 2 091 2 105 2 101 2 073

Eau 199 164 165 163 163 165 178 164 169 165 158 158 178

Total 2 266 2 269 2 275 2 259 2 254 2 276 2 284 2 264 2 229 2 256 2 262 2 259 2 251

Maniabilité (s) 5 5 3,4 22,8 9 12,1

S : microfiller siliceux
C : microfiller calcaire

Les formules F1 et F2 correspondent aux formules F11 et F12 avec un filler calcaire.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 20s - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4047 - PP. 49-63 53
Notion d'épaisseur de pâte partir des cinq sables testés, i l faut tout d'abord
déterminer la relation entre la porosité du sable
Pour analyser cette relation entre le module de
et le module de finesse.
finesse du sable et la maniabilité, nous avons
d é t e r m i n é l'épaisseur moyenne de pâte enrobant Nos cinq sables ont les m ê m e s étendues granu-
chaque grain de sable [14]. laires et devraient, d ' a p r è s l'équation (1), avoir
les m ê m e s porosités. N é a n m o i n s , cette formule
E n effet, le volume de pâte peut être d é c o m p o s é n'est valable que pour des empilements opti-
en un volume de « pâte de remplissage » que misés au sens de Caquot. Il est donc nécessaire
l'on notera V , destiné à combler la porosité
P r d'obtenir les porosités par une autre m é t h o d e . L a
intrinsèque du sable, et un volume de « pâte plus directe consiste à effectuer une mesure en
d ' é c a r t e m e n t » noté V , destiné à écarter les
P e
laboratoire en suivant un mode opératoire précis
grains de sable et à conférer son ouvrabilité au (moule de taille suffisante fermé par un piston,
béton (fig. 6), pour un volume total unité. Cette fixé à une table vibrante) [12].
approche a déjà été adoptée pour des considéra- De façon théorique, i l est possible d'estimer les
tions de résistance [15], de module d'élasticité et porosités des sables à partir d'un logiciel d'opti-
de retrait [16] ou de fluage [17]. misation granulaire. N é a n m o i n s , cette méthode
nécessite de connaître les compacités propres de
chaque tranche granulaire des sables, qui se
détermine au laboratoire comme p r é c é d e m m e n t
[12]. Finalement, nous avons cherché une
m é t h o d e empirique qui permette d ' a c c é d e r à
l'ordre de grandeur de ces porosités à partir sim-
plement des courbes granulométriques des
constituants.

S'inspirant des travaux de Caquot, Faury a pro-


posé une m é t h o d e de formulation des bétons
b basée sur l'optimisation du squelette granulaire
total. Elle consiste à adopter une répartition
Fig. 6 - Schématisation d'un béton.
linéaire en puissance 1/5 du diamètre pour les
a) empilement compact : la pâte comble la porosité. grains compris entre 0 et D / 2 (situation optimale
b) empilement ouvrable : la pâte comble la porosité et
écarte le squelette granulaire. au sens de Caquot ) et à surdoser les éléments de
diamètre D pour prendre en compte le caractère
borné supérieurement de la granulométrie [2].
E n considérant que les grains de sable sont sphé-
riques, et que l'épaisseur de pâte qui les entoure L a courbe granulaire optimale de Faury a l'allure
dépend proportionnellement de la taille des représentée sur la figure 7.
grains, nous introduisons un « facteur d'exten- Nous avons alors cherché le sable « équivalent
sion granulaire ( F E G ) : k » de chaque grain. Faury » de chacun de nos cinq sables en utilisant
un calcul d'optimisation. C e sable équivalent est
celui dont la courbe granulométrique se rap-
proche le plus de celle du sable réel, en m i n i m i -
sant l'aire grisée illustrée sur la figure 8.
Cette approche consiste à postuler que l'empile-
ment granulaire d'un sable optimisé d ' é t e n d u e
granulaire 8 0 / D ' présente une porosité équiva-
C e coefficient k s'exprime en fonction des lente à celle du sable non optimisé 80/D.
volumes V (volume de pâte de remplissage) et
P r
C e sable équivalent Faury a un diamètre
V (volume de sable) (annexe 1) :
s
maximal D ' que nous pouvons alors utiliser
comme borne supérieure de l ' é t e n d u e granulaire
pour calculer la porosité, selon l'équation (1).
Pour valider notre hypothèse, nous avons pro-
cédé à des simulations à partir d'un logiciel
L e volume de pâte de remplissage est l u i directe- d'optimisation granulaire [12]. L a figure 9
ment lié à la porosité du sable (p ) : s
illustre les résultats obtenus en adoptant un coef-
ficient v de 0,47 dans l'équation (1), pour le
V P r = P •V
s s (5) 0

calcul des porosités des sables équivalents


Pour trouver une relation entre le facteur d'ex- Faury. L a sensibilité des deux méthodes à la dis-
tension granulaire ( F E G ) et la maniabilité à tribution granulaire des sables valide dans le cas

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Passant cumulé (%) Porosité
100 0,30

0,28 _

0,26 _

0,24

0,22
2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
Module de finesse

D/2 D
Fig. 10 - Evolution de la porosité en fonction du module
Diamètre (mm)
de finesse des sables.
Fig. 7 - Courbe granulaire de compacité optimale selon
Faury [2] avec YD/2 = 30 + 17,8. VD.
bien sûr pas un caractère intrinsèque mais
montre bien que, dans le cas de nos sables,
Passant cumulé (%) d ' é t e n d u e granulaire constante, plus le module
D' D
100 de finesse augmente, plus la porosité diminue.
Par suite, nous pouvons calculer le facteur d'ex-
tension granulaire de chaque m é l a n g e à partir
des relations (4) et (5) (fig. 11).

Facteur d'extrusion granulaire


1,176 ,_

1,174 y = -0,0052 In (x) + 1,1801

1,172

80 um D' / 2 1,170

1,168
Fig. 8 - Détermination du sable équivalent Faury.
1,166

1,164
Porosité (logiciel René - LCPC)
0,3 1,162
10 15 20 25
Maniabilité (s)

Fig. 11 - Évolution du facteur d'extension granulaire en


fonction de la maniabilité des bétons de sable.

Nous obtenons alors une relation entre la mania-


bilité et le facteur d'extension granulaire (pour
une pâte donnée).
0,24 0,26 0,28 0,3
Physiquement, ce résultat est réconfortant. E n
Porosité du sable équivalent Faury
effet, nous obtenons que plus l'épaisseur de pâte
Fig. 9 - Comparaison des porosités calculées. est importante, ce qui correspond à des facteurs
d'extension granulaire élevés, plus le béton de
sable est maniable. Il traduit bien le fait que
présent la m é t h o d e empirique p r o p o s é e comme
l ' é c o u l e m e n t du béton résulte d'un mouvement
première estimation des porosités.
relatif des grains les uns par rapport aux autres et
Par suite, ayant en m é m o i r e la figure 5 qui que, lorsque les grains sont plus distants, leur
mobilité est accrue car les interactions sont
montre la relation entre la maniabilité et le
réduites.
module de finesse des sables, i l est intéressant de
relier les porosités calculées et le module de L e but étant de prendre en compte la maniabilité
finesse (annexe 2). Cette d é p e n d a n c e est illustrée comme critère de formulation et d'en déduire les
sur la figure 10. Cette corrélation ne présente volumes de sable et de pâte correspondants, nous

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 20s - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4047 - PP. 49-63 55
pouvons établir la relation (6) suivante, en injec- L a valeur moyenne du rapport [air]/[eau] calculé
tant (5) dans (4) et en résolvant en V : s pour chaque béton réalisé avec un microfiller est
de 0,287 (écart type de 0,0045 sur 15 mesures).
1 On en déduit alors :
3
(6)
P + ks
=> V a i r = 0,287.V eau

À partir de cette relation (6), i l est également


Notons que ce coefficient dépend certainement
possible d'exprimer V en fonction de k, soit :
p e
de la maniabilité recherchée. E n effet, plus le
V = 1- V - V dosage en eau sera diminué, moins bonne sera la
pe s ' pr maniabilité et la quantité d'air piégé augmentera.
3
k - 1
d'où V (7) E n suivant cette d é m a r c h e , les compositions théo-
pe 3
P + k s
riques coïncident tout naturellement très bien
Finalement, le volume total de pâte s'écrit, avec avec les résultats expérimentaux déjà présentés.
(5) (6) et (7) :

Validation 1
3
Ps + k - 1
V = V + V = 3
(8)
p pr pe P + k
s
Les formulations réalisées par la d é m a r c h e d'op-
timisation de la compacité ont donné, suivant le
type de sable, les résultats de la figure 5.
Proposition d'une méthode de formulation
Il est alors possible, à partir de la m é t h o d e pro-
Nous sommes à présent en mesure de déterminer posée ci-dessus, de redéfinir un m é l a n g e pour
c o m p l è t e m e n t la formule du béton à partir des obtenir la maniabilité désirée.
données initiales, à savoir : la maniabilité recher-
chée et le d i a m è t r e du sable équivalent Faury. A i n s i , le béton constitué de sable fin donnait une
maniabilité de 23 s. L a porosité de ce sable cal-
E n effet, connaissant D ' (Faury), on calcule la culée à l'aide du sable équivalent Faury vaut :
porosité du sable d ' a p r è s l'équation (1).
f2
2
80 >P-
0,47 280
P = 0,47 \ ^ 1 060) = 0.
S

Une maniabilité de 5 s, au manibilimétre à mor-


À partir de la figure 11, on déduit le facteur tier, donne (fig. 11) un facteur d'extension gra-
d'extension granulaire en fonction de la mania- nulaire de k = 1,1717.
bilité t visée.
O n déduit ensuite le volume de sable de l'équa-
k = - 0,0052 L n (t) + 1,1801 tion (5).
Ensuite, d ' a p r è s (5) on calcule le volume de 1 000 3

sable 3
= 529 1/m
0,280 + 1,1717
1 000 ,
V
s = —"73 (1 / m ) 3 Vient ensuite le volume de pâte, c o m p l é m e n t à
3
P + k s l'unité du volume de sable
puis le volume de pâte V p = 471 1/m 3

V p = 1 000 - v s
Cette pâte est d é c o m p o s é e en une partie de rem-
L a compacité du m é l a n g e de fines étant de 0,516 plissage et une partie d ' é c a r t e m e n t .
(équation 3), le volume de fines vaut alors : L e mélange de fines ayant une compacité de
[fines] = 0 , 5 1 6 . V 0,516, son volume vaut alors :
p

3
[fines] = 0,516. V = 243 1/m
C e volume est d é c o m p o s é en ciment, filler et p

microfiller suivant les résultats obtenus précé-


Ce volume contient le ciment et les deux fillers
demment, c'est-à-dire :
avec la proportion suivante pour le microfiller :
microfiller = 3(ciment + filler)/7 3
et ciment = filler (faute d'objectifs en résistance) microfiller = — (ciment + filler) soit, en prenant
des dosages en filler et en ciment identiques :
Il reste enfin le volume de vides 3
ciment - filler = 243 k g / m -» microfiller =
3
V v i d e s = V - p [fines] 208 kg/m
3
qui doit être réparti entre l'eau, l'air et le super- V = (243 + 243 + 208) x 2 % / l , 1 6 = 12 1/m
s p

plastifiant (extraits secs). (soit 2 % d'extraits secs).

56 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS

ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4 0 4 7 - p p . 49-63


L e volume de vides s'obtient alors par Estimation de la résistance
' vides - = Vp ~~
y - L[fines]
" " ^ J -- V
» P ~= 216 1/
S
S P ± ; M
en compression
3 3
Dans la d é m a r c h e de formulation d'un béton de
-» V„„ = = 168 1/m -> V„ , = 48 1/m .
;
1,287 sable, nous avons m o n t r é que les volumes de
pâte et de sable sont fixés par rapport au critère
Ce m é l a n g e a été réalisé (formule F14 du d'ouvrabilité. Il faut maintenant prendre en
tableau II) et nous avons mesuré une maniabilité compte la résistance comme d e u x i è m e critère de
de 7 s, soit donc une réelle amélioration puis- formulation.
qu'elle est passée de 23 s à 7 s. L a différence
entre le résultat obtenu et celui recherché s'ex-
Nous pouvons alors faire varier le rapport . —
plique par le fait que nous ne connaissons pas
ciment
exactement le volume d'air piégé avant la réali-
pour agir sur la résistance sans effet majeur sur
sation du béton.
l'ouvrabilité. Pour le vérifier, trois m é l a n g e s ,
dont les formulations sont calculées à partir de
Validation 2 cette m é t h o d e , ont été réalisés avec des rapports
Cas d'un sable d'étendue granulaire 0,08/2,5 mm Filler/Ciment (F/C) différents. Les résultats
Pour étendre la m é t h o d e à tout type de sable, apparaissent dans le tableau III.
nous avons constitué un béton à partir du sable TABLEAU III
de base mais restreint à une étendue granulaire I n f l u e n c e d u r a p p o r t F/C s u r l ' o u v r a b i l i t é d u b é t o n
de 80 Ltm/2,5 m m . Sa courbe granulométrique
F/C Formulation Sable Maniabilité (E+v)/(C+F+MF)
est illustrée sur la figure 12 (l'analyse granulo-
métrique est reportée en annexe 2). 0,25 F1 1 439 5" 0,318

L e diamètre équivalent D ' de Faury a été calculé 0,925 F2 1 385 5" 0,311
et vaut D ' = 1,77 m m . C e qui donne une porosité
1,45 F16 1 435 6"5 0,320
de 0,253 (équation 5).
1,8 F17 1 435 5" 0,321
Pour une maniabilité de 5 s, k = 1,1717 et nous
obtenons le m é l a n g e suivant :
Nous constatons que le rapport F / C n'influe pas
kg/m 3
de façon majeure sur la maniabilité, et pouvons
alors dire que le ciment et le filler jouent sensi-
Sable 1 423 blement le m ê m e rôle dans l'empilement en
Ciment 238
termes de compacité et de maniabilité au niveau
du béton de sable.
Filler 238
L'estimation de la résistance se fera à partir de la
Microfiller 204
formule de Féret modifiée [5] :
Eau 167
K
(9)
Superplastifiant 12 e + v
1 +
c (1 + K ) 2

L a maniabilité de ce mélange a été m e s u r é e


égale à 5,5 s (formule F 1 5 , tableau II). L e où e, v et c sont les volumes d'eau, d'air et de
résultat est donc très satisfaisant. ciment.

57
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4 0 4 7 - PP. 49-63
K est une constante caractéristique de l'associa- Notons que la résistance sur cubes surestime la
tion ciment - granulats résistance par rapport aux cylindres convention-
nels d ' é l a n c e m e n t 2. Une valeur de 0,8 est géné-
K est le coefficient caractérisant l'activité des
2
ralement adoptée pour le rapport cylindre/cube,
fillers. dans le cas des bétons de résistance normale.
Des travaux antérieurs sur les bétons de sable Aucune information n'est disponible actuelle-
formulés avec les m ê m e s ciment et filler [ 18] ont ment pour les bétons de sable de la présente
montré que l'activité du filler calcaire utilisé étude.
dépend du rapport F / C , selon un modèle sim- Différents bétons de maniabilité voisine de 5 s
plifié bilinéaire pour le coefficient K (fig. 13), 2 ont été caractérisés d'un point de vue de leur
proposé dans [5]. résistance afin d ' é v a l u e r l'apport du microfiller.
Les formules de ces bétons sont données dans le
tableau II sous les références figurant dans le
tableau I V .
L e rapport F / C varie de 1 à 1,8 et le rapport
( F + M F ) / C de 1,8 à 3.

Il est alors aisé de calculer le coefficient K pour 2

l'ensemble des formules contenant un microfiller


en inversant la formule de Féret (tableau I V ) :
fe + v 1 A
1,5 3 K = K - 1 (10)
F/C
2
1
K
Fig. 13 Évolution du coefficient d'activité du filler (K ) en
2

fonction du rapport F/C. L a figure 14 illustre la d é p e n d a n c e entre les


coefficients K et le rapport (F + M F ) / C des
2

Pour évaluer l'influence du microfiller sur la m é l a n g e s pour les deux types de microfiller tes-
résistance, nous avons tout d'abord réalisé un tés, siliceux ou calcaire. L a courbe de référence
béton de sable n'utilisant pas de microfiller afin d'activité du filler calcaire est également repré-
de pouvoir prendre K égal à 0,2, puis nous avons
2
sentée sur cette figure 14.
m e s u r é sa résistance. Cette dernière nous a permis
de calculer la constante du m é l a n g e K = 406 M P a Il apparaît clairement que les microfillers appor-
(tableau II, formule F4). tent un réel gain de résistance. Nous constatons
en effet que K passe de 0,2 à 0,3 pour un rap-
2

A partir de cette valeur, nous avons pu calculer les port F / C égal à 0,8. Physiquement, ce gain résul-
coefficients K de chaque m é l a n g e réalisé à partir
2 terait de la multiplication des sites de nucléation
de microfiller et ayant fait l'objet de mesures de pour les hydrates du ciment et ceci d'autant plus
résistance à 28 jours sur cubes de 4 c m de côté, que le filler est fin et bien dispersé [19]. B i e n
issus de prismes 4 x 4 x 16 c m selon la norme que nous ayons une relation sensiblement
N F E N 196-1 (tableau I V ) . linéaire entre le coefficient K et le rapport 2

TABLEAU IV
Résistances en compression des bétons de sable en fonction des paramètres de formulation

R b Rb
(MPa) (e + v)/c F/C MF/C (F + MF)/C K 2 (MPa)
mesuré calculé

F1 54,98 2,74 0,924 0,824 1,748 0,597 405,86 0,500 0,2 56,08

F2 75,28 1,75 0,250 0,535 0,785 0,323 405,86 0,574 0,0625 73,78

F16 48,43 3,47 1,453 1,053 2,505 0,832 405,86 0,514 0,2 49,02

F17 45,47 3,97 1,795 1,199 2,994 0,999 405,86 0,534 0,2 45,35

F4 40,29 2,61 0,924 - 0,924 0,200 405,86 0,2 40,26

F11 64,59 2,71 0,924 0,824 1,748 0,802 405,86 0,749 0,2 64,74

F12 81,94 1,72 0,250 0,535 0,785 0,407 405,86 0,731 0,0625 82,17

Le détail des formules des bétons est donné dans le tableau II sous la même référence 0,530 K M F moyen calcaire
MF = microfiller ; C = ciment ; F = filler 0,740 K M F moyen siliceux

58 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 2 0 5 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1 9 9 6 - RÉF. 4047 - PP. 49-63
(F + M F ) / C , i l nous est apparu nécessaire R calculé (MPa)
b

d'éviter de regrouper sous un m ê m e constituant 80


le filler et le microfiller, et préférable de séparer
l'activité de chacun des fillers, sachant que le
filler calcaire plafonne à une valeur de l'ordre de
0,2. Nous pouvons alors envisager une relation
de la forme suivante :

MF
K 2 — K F (H)

60 80
où K et K seraient les coefficients d'activité
R mesuré (MPa)
F M F
b

de chacun des fillers.

(
Fig. 15 - Corrélation entre les résistances calculées et les
F F résistances mesurées.
0,25 - si - < 0,8
c c Cette figure 15 montre que nous pouvons estimer
0,2 sinon
la résistance en compression avec une erreur
L e coefficient K étant connu à partir des formu-
F
faible dans un domaine de résistance relative-
lations, nous pouvons déduire K (tableau I V ) . M F ment étendu, lorsque l ' o n caractérise bien les
constituants qui entrent dans la formulation.
Les valeurs obtenues sont de l'ordre de 0,53 pour
le microfiller calcaire et de l'ordre de 0,74 pour
le microfiller siliceux.
Synthèse de la méthode
Nous pouvons alors utiliser la formule de Féret
modifiée suivante : de formulation
K
(12)
R b =
[e + v] \2 Présentation globale
1 +
, F MF L e cahier des charges prescrit la maniabilité et la
[c] 1 + ^ • K + —— K,MF
F F
C C résistance.

(les lettres minuscules entre crochets représen- Les constantes suivantes caractérisent les m a t é -
tent des volumes, les majuscules, des masses). riaux utilisés :
L a courbe de la figure 15 montre la corrélation >* D ' : D i a m è t r e équivalent Faury
entre la résistance mesurée sur les formulations
réalisées (en abscisse) et la résistance calculée »- K : Constante caractéristique de l'associa-
grâce à la formule de Féret modifiée (en ordon- tion ciment - granulat
née). L'erreur obtenue, sur quatre points seule-
>- K M F : Coefficient d'activité du microfiller
ment, est inférieure à 2 %. Les valeurs des résis-
tances estimées sont données dans le tableau I V . >- K F : Coefficient d'activité du filler

59
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1996 - RÉF. 4 0 4 7 - PP. 49-63
Maniabilité —» k Cette formule a été réalisée, la maniabilité
m e s u r é e est de 4 s, la résistance de 47 M P a et la
1 s
S a b l e ^ p = 0,47 — s ' Ps +k J
teneur en air de 3,7 % , ce qui est satisfaisant.
D'J J
' i
V f i n e s = 0,516.V ^V =l-V p p s
Domaine de validité
Nous avons finalement envisagé de pousser
I
notre m é t h o d e de formulation dans ses limites.
v fines =v v v c+ F+ MF E n effet, l'optimisation étape par étape, de la
/1 3 \ I vides p fines
compacité conduit systématiquement à des résis-
=c —+=— + 7
tances supérieures à 40 M P a .
lPc PFJ
10 F CHOIXDEC , T A i n s i , nous avons formulé un béton avec un cri-
>v ,v ,v
F mf SP
tère de résistance de 30 M P a , ce qui conduit à la
' PF formule F18 du tableau I L L a résistance m e s u r é e
Les m é l a n g e s réalisés ont m o n t r é que à 28 jours a été de 17 M P a seulement, ce qui
[air] = 0,287. montre qu'un seuil de validité a été franchi.
[eau]
Nous avons retracé la figure 14 avec cet essai
Le R désiré peut donc être obtenu par un calcul
b
supplémentaire correspondant à un rapport
itératif au niveau du choix de C , ou par résolu- (F + M F ) / C de 5,35. Il s ' a v è r e (fig. 16) que l'ap-
tion à l'aide d'un logiciel de type tableur équipé proximation linéaire de K en fonction de ce rap-
2

d'un solveur. port, n'est plus valable. L'approximation serait


plutôt du type bilinéaire ou parabolique avec un
optimum de K pour le rapport (F + M F ) / C = 3.
Validation expérimentale
2

Soit à réaliser un b é t o n ayant une maniabilité de


y = - 0,0578 x + 0,4604 x
2

5 s et une résistance de 50 M P a . L e sable utilisé


est un sable naturel ayant une étendue granulaire
80 (J.m/5 m m , son D ' équivalent Faury est de
2 210 p:m (annexe 2).
F + MF calcaire
Le facteur d'extension granulaire et la porosité p s

Interpolation polynomiale
obtenus sont :

80 ,0.2 Apport du microfiller calcaire


IPs = G\47 : 0,242
^2 2 1 0 ,
[k = - 0,0052.1n(Maniabilité) + 1,1801 = 1,1717
Les volumes de sable et de pâte se déduisent de 0 1 2 3 4 5 6
k et de la porosité : Rapport (F + MF) / C
Fig. 16-Évolution des coefficients d'activité des fillers calcaires.
1 000 3
= 540 1/m
Cette valeur serait donc le rapport limite fixant
V = 1 000 - V = 460 1/m 3 le seuil minimal de dosage en ciment en considé-
p s

rant le dosage en microfiller comme égal aux 3/7


Le volume de fines vaut : de (ciment + filler) à :

V f i n e s = 0,516 x 460 = 237 1/m 3


C > 0,53F

L a résolution par le solveur d'EXCEL donne la Le volume de fines étant toujours de l'ordre de
3
formulation suivante : 170 1/m , nous obtenons le seuil de validité de
cette m é t h o d e pour un dosage minimal en ciment
Matériaux 1/m 3
kg/m 3
d'environ 140 k g / m . 3

Ciment 63 194
Filler 101 273
Microfiller 74 200 Conclusion
Superplastifiant 11 13
L a formulation d'un béton de sable présente une
Sable 539 1 430 difficulté majeure par rapport à celle d'un béton
Eau 164 164 traditionnel. E n effet, i l n'est pas possible d'opti-
miser séparément les compacités, d'une part, du
Air 47 squelette granulaire et, d'autre part, de la pâte en

60 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS


ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1 9 9 6 - RÉF. 4 0 4 7 - p p . 4 9 - 6 3
vue de satisfaire des critères d ' o u v r a b i l i t é et de Nous montrons é g a l e m e n t que le recours à un
résistance, du fait des interactions entre les granu- microfiller, siliceux ou calcaire, d ' é t e n d u e gra-
lométries des constituants ciment - filler - sable. nulaire 0/10 Ltm permet d ' a m é l i o r e r très sensi-
blement les performances des bétons de sable.
Nous proposons dans cet article une approche
progressive qui permet, dans un premier temps, B a s é e sur des concepts physiques simples, l'ex-
de satisfaire le critère d'ouvrabilité, en propor- tension de cette m é t h o d e , qui donne des résultats
tionnant le volume de pâte et le volume de sable, satisfaisants pour les b é t o n s de sable, est actuel-
connaissant la granulometrie de ce dernier et lement à l ' é t u d e pour les bétons traditionnels et
pour une nature de pâte optimisée. pour les bétons renforcés de fibres, notamment
pour les aspects d ' o u v r a b i l i t é .
Ensuite, la formulation de la pâte est e l l e - m ê m e
ajustée par l'intermédiaire du rapport filler/ciment
afin de viser une résistance en compression.

Remerciements

Les auteurs remercient M. H. Billhouet, Ingénieur général des Ponts et Chaussées,


président du projet national SABLOCRETE, d'avoir associé I'ENTPE aux travaux sur la
formulation des bétons de sable.

ANNEXE 1
C a l c u l d u facteur d'extension granulaire

Soit N le nombre de sphères contenues d a n s le volume de sable V . s

Soit j le nombre de classes granulaires de l'empilement, n, le nombre de sphères de rayon r, d a n s la classe i.

Le v o l u m e de la classe i s'écrit :

V, = ^ . ^ itif

On définit p, la proportion de la classe i dans le volume V s par :

V i
p, = ~ avec X Pi = 1

V s peut alors s'écrire :

Pi Pi

PiV s

d'où n, =
;;*rf

Le v o l u m e du squelette dilaté V s + V p < peut alors s'écrire

Vs + V , = £ n,.|*rXf
p

soit:V s + V .=
p X PLYl.4 I c [ k n ] 3 = k 3 V s

1 - 1
3*?

donc : 1 + k = 1 + £

V p 3 I 1> : -- v
V s - vPi
S

et finalement : k

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ANNEXE2
C a r a c t é r i s t i q u e s dos sables

Tamis (mm) Sable f i n Sable f i n - moyen Sable moyen Sable grossier Sable naturel Sable 0/2,5
% de passant

0,080 - - - - - -
0,100 5,00 3,00 5,00 2,50 2,30 4,00
0,125 7,90 6,00 7,50 5,50 3,00 8,00
0,160 10,00 10,00 10,00 10,00 7,30 12,00
0,200 20,00 20,00 16,70 15,00 12,20 17,00
0,250 32,50 28,00 23,20 19,00 19,30 22,00
0,315 44,00 37,00 30,00 23,00 32,10 27,50
0,400 52,50 45,00 38,00 27,00 45,30 35,00
0,500 61,50 55,00 46,20 32,00 54,40 40,00
0,630 70,00 62,00 55,00 40,00 60,30 50,00
0,800 74,25 70,00 62,00 45,00 63,00 57,00
1,000 79,00 75,00 68,00 53,00 64,50 65,50
1,250 84,00 80,00 75,00 59,00 66,80 73,00
1,600 87,50 84,00 80,00 70,00 68,90 80,00
2,000 90,70 88,00 85,00 76,00 71,70 100,00
2,500 94,00 92,00 90,00 82,00 75,80 100,00
3,150 96,00 94,00 93,50 88,00 80,20 100,00
4,000 98,00 96,00 96,50 97,00 87,70 100,00
5,000 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00

Module de finesse 1,98 2,19 2,40 2,86 2,58 2,38


D' Faury (u.m) 1 060 1 322 1 493 2715 2 210 1 769
Porosité * 0,280 0,268 0,262 0,232 0,242 0,253

* Calculé selon la formule de Caquot : p = 0,47Í ^7 J


s

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laire à la résistance en compression du béton,
Materials and structures, 26, pp. 505-516.

A Method for Formulating Sand Concretes Having Specified Workability and Strength Values
G CHANVILLARD - O BASUYAUX

S a n d concretes are a m o n g the n e w civil engineering materials by which natural resources of sand are put to
valuable use Their specific respectable properties mark t h e m for use in m a n y applications, identified in the course
of the Sablocrete national project, completed in 1994

By contrast with conventional concretes, there is no mix design method for t h e m that reconciles workability and
iltlSliil8^^
This article proposes such a method b a s e d on optimizing the c o m p a c t n e s s both of the granulai skeleton and of the
paste, thereby simultaneously meeting workability and strength requirements for s a n d concretes

The essential role of the fillers which replace part of the conient. but also extend the total granular skeleton, is

Finally it is s h o w n that workable concretes having very g o o d mechanical strength values c a n be formulated with
low-cost mateiials

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BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 1 9 9 6 - RÉF. 4 0 4 7 - p p . 4 9 - 6 3

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